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Construction d’un protocole expérimental en vue

d’évaluer les contraintes du port de harnais de canicross


dans la course du chien
Adèle Dessetz

To cite this version:


Adèle Dessetz. Construction d’un protocole expérimental en vue d’évaluer les contraintes du port de
harnais de canicross dans la course du chien. Sciences du Vivant [q-bio]. 2023. �dumas-04356400�

HAL Id: dumas-04356400


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Ecole Nationale Vétérinaire, Agroalimentaire et de l’Alimentation
____________________________________________________________________________________

ANNEE 2023 - Thèse n°103

CONSTRUCTION D’UN PROTOCOLE EXPERIMENTAL EN VUE


D’EVALUER LES CONTRAINTES DU PORT DE HARNAIS DE
CANICROSS DANS LA COURSE DU CHIEN

THÈSE
pour l’obtention du diplôme d’État de

DOCTEUR VETERINAIRE

présentée et soutenue publiquement devant

l’UFR de Médecine de l’Université de Nantes

le 27 octobre 2023

par
Adèle DESSETZ

Sous la direction de
Claude GUINTARD

Président du jury : Monsieur Patrick LUSTENBERGER, Professeur à la Faculté de Médecine


de Nantes

Membres du jury : Monsieur Claude GUINTARD, Professeur à Oniris

Monsieur Eric AGUADO, Professeur à Oniris

Membres invités : Monsieur Antony LE MOIGNE, Triple champion du monde de canicross


et représentant d’I-DOG®

ONIRIS – VetAgroBio Nantes


ECOLE NATIONALE VETERINAIRE,
AGROALIMENTAIRE ET DE L’ALIMENTATION
Site de la Chantrerie
101 Route de Gachet
44307 Nantes Cédex 3
1
Ecole Nationale Vétérinaire, Agroalimentaire et de l’Alimentation
____________________________________________________________________________________

ANNEE 2023 - Thèse n°103

CONSTRUCTION D’UN PROTOCOLE EXPERIMENTAL EN VUE


D’EVALUER LES CONTRAINTES DU PORT DE HARNAIS DE
CANICROSS DANS LA COURSE DU CHIEN

THÈSE
pour l’obtention du diplôme d’État de

DOCTEUR VETERINAIRE

présentée et soutenue publiquement devant

l’UFR de Médecine de l’Université de Nantes

le 27 octobre 2023

par
Adèle DESSETZ

Sous la direction de
Claude GUINTARD

Président du jury : Monsieur Patrick LUSTENBERGER, Professeur à la Faculté de Médecine


de Nantes

Membres du jury : Monsieur Claude GUINTARD, Professeur à Oniris

Monsieur Eric AGUADO, Professeur à Oniris

Membres invités : Monsieur Antony LE MOIGNE, Triple champion du monde de canicross


et représentant d’I-DOG®

ONIRIS – VetAgroBio Nantes


ECOLE NATIONALE VETERINAIRE,
AGROALIMENTAIRE ET DE L’ALIMENTATION
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ENSEIGNANTS – CHERCHEURS ET ENSEIGNANTS à ONIRIS
Directrice générale : Laurence DEFLESSELLE

Département BPSA Biologie, Pathologie et Sciences de l’Aliment

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Pharmacologie et Toxicologie Yassine MALLEM (Pr) Meg-Anne MORICEAU (CERC)
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Physiologie fonctionnelle, Lionel MARTIGNAT (Pr)
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cellulaire et moléculaire Grégoire MIGNOT (MC)
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pathologique Jérôme ABADIE (MC) Frédérique NGUYEN (MC)

Clément CATANEO (MC)


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Biochimie alimentaire industrielle Alix KHALIL (MC)
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Nicolas BROSSAUD (PRAG) Aurore CALVEL (PRAG)

Département SAESP Santé des Animaux d’Elevage et Santé Publique

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Elevage, nutrition et santé des François BEAUDEAU (Pr) Ségolène CALVEZ (MC HDR)
animaux domestiques Christine FOURICHON (Pr) Aurélien MADOUASSE (MC)
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Médecine des animaux d’élevage
Raphaël GUATTEO (Pr) Mily LEBLANC MARIDOR (MC)
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Hygiène et qualité des aliments Sofia STRUBBIA (MC)
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3
Département DSC Sciences cliniques

Responsable : Catherine IBISCH – Adjoint : Marion FUSELLIER

Eric BETTI (MC)


Anatomie comparée Claude GUINTARD (MC)
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Pathologie chirurgicale et Caroline TESSIER (MC)
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anesthésiologie Gwénola TOUZOT-JOURDE (MC)
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Dermatologie, parasitologie des


Jacques GUILLOT (Pr) Sabrina VIEU (AERC)
carnivores et des équidés,
Emmanuel BENSIGNOR (Pr Ass) Maria Dolores SANCHEZ (AERC)
mycologie

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Médecine interne, imagerie Jack-Yves DESCHAMPS (Pr)
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médicale et législation Françoise ROUX (Pr)
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professionnelle vétérinaire Juan HERNANDEZ-RODRIGUEZ (Pr Ass)
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Biotechnologies et pathologie de Jean-François BRUYAS (Pr) Djemil BENCHARIF (Pr)


la reproduction Françis FIENI (Pr) Lamia BRIAND (Pr)

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Langues et communication Linda MORRIS (PCEA)
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Ian NICHOLSON (ENS. Cont.)
Patricia JOSSE (Ens. Cont.)

Pr Ag : Professeur Agrégé, Pr : Professeur, MC : Maître de Conférence, MCC : MC contractuel, PLPA : Professeur Lycée Professionnel
Agricole, PCEA : Professeur Certifié Enseignement Agricole, HDR : Habiliter à Diriger des Recherches, CERC : Chargé d’Enseignement et de
Recherche Contractuel, Ens. Cont. : Enseignant Contractuel

4
Remerciements du jury

Au professeur Patrick LUSTENBERGER,


Pour m’avoir fait l’honneur d’accepter la présidence du jury de cette thèse,
Hommages respectueux.

Au professeur Claude GUINTARD,


Pour m’avoir encadrée, aidée et accompagnée tout au long de ce travail,
Pour avoir su me rassurer et me motiver dans des moments de doute,
Ma plus sincère gratitude.

Au professeur Eric AGUADO,


Pour avoir accepté le rôle d’assesseur de cette thèse au pied levé,
Mes sincères remerciements.

A Antony LE MOIGNE,
Pour avoir initié ce beau projet,
Pour tout l’investissement engagé dans ce travail,
Pour toutes les informations et tous les conseils qui ont nourri cette thèse,
Ma plus sincère gratitude.

A tous les canicrosseurs qui ont pris part à cette étude ainsi qu’à leurs chiens,
Ce travail n’aurait pas été possible sans votre participation.
Pour le temps que vous nous avez accordé et pour l’égard que vous avez porté à notre
projet,
Mes sincères remerciements.

5
Table des matières
Remerciements du jury................................................................................................................................... 5
Index des annexes......................................................................................................................................... 10
Index des figures ........................................................................................................................................... 11
Index des tableaux ........................................................................................................................................ 13
Introduction .................................................................................................................................................. 14
Partie 1 : Physiologie du chien de sport et étude bibliographique ............................................................... 15
1.1 Historique et généralités sur le canicross .....................................................................................15
1.1.1 Historique du sport ..................................................................................................................15
1.1.2 Compétition et réglementation ...............................................................................................16
1.1.3 Races pratiquant communément la traction ...........................................................................19
1.1.3.1 Les grands types de chiens souvent rencontrés ..............................................................19
1.1.3.2 Les lignées de chiens de traîne : l’Alaskan Husky ............................................................22
1.1.3.3 Les lignées de chiens de traîne : des races européennes plus récentes .........................23
1.2 Connaissances sur la physiologie du chien de course...................................................................25
1.2.1 Evolution et génétique : du loup au chien de sport (Fischer et al., 2018) ...............................25
1.2.1.1 La domestication du loup : une date encore discutée ....................................................25
1.2.1.2 Le loup, un animal taillé pour la course ...........................................................................25
1.2.1.3 Déterminisme génétique de la capacité sportive ............................................................26
1.2.1.3.1 Génétique des caractères physiques et physiologiques .............................................26
1.2.1.3.2 Génétique des caractères psychologiques et comportementaux ..............................28
1.2.2 Les allures : des variations de vitesse impliquant des variations de force appliquées sur les
membres du chien ................................................................................................................................29
1.2.2.1 Description des allures ....................................................................................................29
1.2.2.2 Lien entre variations de vitesse et de force.....................................................................31
1.2.2.3 Répartition des forces de réaction avant/arrière-main et facteurs de variation ............31
1.2.3 Modifications physiologiques au cours de la course ...............................................................32
1.2.3.1 Des fibres musculaires utilisant différentes voies métaboliques : une répartition propre
à l’espèce canine ...............................................................................................................................32
1.2.3.2 Modification du métabolisme chez les animaux entraînés .............................................33
1.2.3.3 Le travail musculaire contribue de différentes manières au déplacement .....................34
1.2.3.3.1 Générer et empêcher le mouvement .........................................................................34
1.2.3.3.2 Convertir plusieurs formes d’énergie .........................................................................34
1.2.4 Préparation du chien de sport : modalités d’entraînement et d’alimentation .......................35
1.2.4.1 La nutrition de base du chien sportif ...............................................................................36
1.2.4.1.1 Des besoins énergétiques quantitatifs importants et variables .................................36
1.2.4.1.2 Les besoins énergétiques qualitatifs : les nutriments essentiels................................37
1.2.4.1.3 Conseils sur les pratiques générales d’alimentation du chien sportif ........................39
6
1.2.4.2 Quelques pratiques de supplémentation étudiées, au cours ou en dehors des
entraînements ..................................................................................................................................39
1.2.4.2.1 Lutte contre la déhydratation.....................................................................................40
1.2.4.2.2 Aide au maintien des réserves et apport d’énergie ...................................................40
1.2.4.3 Différentes pratiques d’entraînement : l’échauffement et la récupération,
l’entraînement fractionné ou continu ..............................................................................................41
1.2.5 Affections fréquentes chez le chien de canicross et prévention .............................................41
1.2.5.1 Les affections locomotrices : principales atteintes et facteurs de risque .......................42
1.2.5.2 Les autres grands types d’affections ...............................................................................44
1.2.5.2.1 Atteintes digestives ....................................................................................................44
1.2.5.2.2 Atteintes liées à l’effort physique ...............................................................................44
1.3 Les harnais de canicross : origines, types et risques.....................................................................47
1.3.1 Origines des harnais .................................................................................................................47
1.3.2 Différents types retrouvés aujourd’hui dans ce sport .............................................................48
1.3.3 Réglages du harnais et risques liés à un mauvais ajustement .................................................51
1.4 Etudes sur la course et/ou la traction et protocoles préexistants................................................54
1.4.1 Etudes du déplacement du chien ............................................................................................54
1.4.2 Etudes des harnais canins ........................................................................................................56
Partie 2 : Etude expérimentale, évolution des objectifs de l’étude et mise en place d’un protocole
évaluant les réglages des harnais ................................................................................................................. 59
2.1 Objectifs initiaux de l’étude, ébauche de protocoles et évolution ...............................................59
2.1.1 Naissance du projet .................................................................................................................59
2.1.2 Evolution du protocole.............................................................................................................60
2.1.2.1 Terrain d’étude : du tapis de course au circuit extérieur ................................................60
2.1.2.2 Paramètres évalués : de l’acquisition vidéo aux capteurs de pression ...........................62
2.1.2.3 Objectifs visés : de la comparaison de modèles au réglage des harnais .........................63
2.2 Matériel et méthodes ...................................................................................................................65
2.2.1 Procédé du premier essai expérimental : étude « préliminaire » ...........................................65
2.2.1.1 Binômes maître-chien......................................................................................................65
2.2.1.2 Matériel d’acquisition ......................................................................................................65
2.2.1.3 Design de l’essai...............................................................................................................68
2.2.1.4 Difficultés rencontrées et modification à apporter au protocole ...................................69
2.2.2 Procédé du seconde essai expérimental : étude « définitive » ...............................................70
2.2.2.1 Binôme maître-chien .......................................................................................................70
2.2.2.2 Matériel d’acquisition ......................................................................................................70
2.2.2.3 Design de l’essai...............................................................................................................70
2.2.3 Procédé de traitement des données en vue d’une étude statistique .....................................72
2.2.3.1 Traitement de données quantitatives .............................................................................72

7
2.2.3.1.1 Angles articulaires ......................................................................................................72
2.2.3.1.2 Pression sous le harnais ..............................................................................................73
2.2.3.2 Traitement des données qualitatives ..............................................................................74
2.2.3.2.1 Aisance du chien pendant la course et ressenti du coureur ......................................74
2.2.3.2.2 Rotation du harnais sur le poitrail du chien ...............................................................74
2.3 Résultats........................................................................................................................................75
2.3.1 Etude statistique des données préliminaires : variabilité et dépendance des paramètres.....75
2.3.1.1 Angles articulaires ...........................................................................................................75
2.3.1.1.1 Analyse de la répartition des valeurs d’angles ...........................................................75
2.3.1.1.2 Analyse de la dépendance des paramètres : mise en place d’un test ANOVA ...........77
2.3.1.1.3 Analyse de la dépendance des paramètres : résultats du test ANOVA ......................79
2.3.1.2 Pression sous le harnais ...................................................................................................80
2.3.1.2.1 Analyse de la répartition des valeurs de pression ......................................................80
2.3.1.2.2 Analyse de la dépendance des paramètres : mise en place du test ANOVA ..............81
2.3.1.2.3 Analyse de la dépendance des paramètres : résultats du test ANOVA ......................81
2.3.2 Etude statistique des données définitives : variabilité et effet du réglage du harnais ............82
2.3.2.1 Angles articulaires ...........................................................................................................82
2.3.2.1.1 Analyse de la répartition des valeurs d’angles ...........................................................82
2.3.2.1.2 Analyse de l’effet de la caméra sur les valeurs d’angles ............................................84
2.3.2.1.3 Analyse de l’effet du moment sur les valeurs d’angles ..............................................85
2.3.2.1.4 Analyse de l’effet du réglage sur les valeurs d’angles ................................................86
2.3.2.2 Pression sous le harnais ...................................................................................................88
2.3.2.2.1 Analyse de la répartition des valeurs de pression ......................................................88
2.3.2.2.2 Analyse de l’effet du réglage du harnais sur les valeurs moyennes de pression .......89
2.3.2.2.3 Analyse de l’effet du côté sur les valeurs moyennes de pression ..............................90
2.3.2.2.4 Analyse de l’effet du réglage du harnais sur les valeurs maximales de pression .......92
2.3.2.2.5 Analyse de l’effet du côté sur les valeurs maximales de pression .............................93
2.3.3 Etudes des données qualitatives..............................................................................................94
2.3.3.1 Etude préliminaire : temps d’équipement et temps de passage ....................................94
2.3.3.2 Etude définitive : modifications du réglage du harnais ...................................................94
2.4 Discussion .....................................................................................................................................96
2.4.1 Synthèse des résultats obtenus et conséquences sur le protocole .........................................96
2.4.1.1 Données qualitatives : exigences du protocole et temps d’acquisition ..........................96
2.4.1.2 Angles articulaires ...........................................................................................................97
2.4.1.2.1 Effet chien ...................................................................................................................97
2.4.1.2.2 Effet moment de la foulée ..........................................................................................97
2.4.1.2.3 Effet réglage................................................................................................................98
2.4.1.3 Capteurs de pression .......................................................................................................99
8
2.4.1.3.1 Effet chien ...................................................................................................................99
2.4.1.3.2 Effet réglage................................................................................................................99
2.4.1.3.3 Effet côté ..................................................................................................................100
2.4.2 Biais et manques du protocole testé .....................................................................................102
2.4.2.1 Binôme maître-chien .....................................................................................................102
2.4.2.2 Matériel et lieu d’acquisition .........................................................................................102
2.4.2.2.1 Marqueurs articulaires .............................................................................................102
2.4.2.2.2 Capteurs de pression ................................................................................................102
2.4.2.2.3 Terrain d’étude .........................................................................................................102
2.4.2.3 Déroulement de l’acquisition ........................................................................................103
2.4.2.4 Paramètres étudiés........................................................................................................103
Conclusion................................................................................................................................................... 104
Bibliographie et sitographie ........................................................................................................................ 105
Annexes....................................................................................................................................................... 109

9
Index des annexes

Annexe 1 : Extrait du protocole préliminaire rédigé avec le CTCPA - Description des harnais testés........109
Annexe 2 : Extrait du protocole préliminaire rédigé avec le CTCPA - Paramètre envisagé et acquisition
statistique associée .....................................................................................................................................110
Annexe 3 : Exemple de formulaire inclus dans le protocole préliminaire - Enregistrement des données
concernant les chiens inclus dans l'étude...................................................................................................111
Annexe 4 : Exemple de formulaire inclus dans le protocole préliminaire – Enregistrement des
déplacements du harnais durant la course ................................................................................................112

10
Index des figures
Figure 1 : Attelage canin du XIXème siècle en France ..................................................................................15
Figure 2 : Distances à parcourir sur les courses CNEAC en fonction de la catégorie d'âge du participant ..17
Figure 3 : Modèles de muselière autorisés ou non en course FFSLC ............................................................17
Figure 4 : Distances maximales autorisées en course FFSLC selon la catégorie d'âge et la température
extérieure......................................................................................................................................................18
Figure 5 : Chien esquimau canadien .............................................................................................................18
Figure 6 : Laïka de Iakoutie ...........................................................................................................................18
Figure 7 : Diagramme des effectifs de race de chiens partenaires de canicross selon un sondage .............19
Figure 8 : Photo de Sophie Rocheteau, championne fédérale 2022, et son chien Sky ................................20
Figure 9 : Diagramme des effectifs de races de chiens partenaires de canicross selon un sondage ...........21
Figure 10 : L'Alaskan Husky, une race d'apparence variable et aux croisements multiples .........................22
Figure 11 : Eurohound ..................................................................................................................................23
Figure 12 : Photo d'Opale, Greyster partenaire d'Antony Le Moigne ..........................................................24
Figure 13 : Exemples de gènes impliqués dans la croissance et le développement du chien ......................27
Figure 14 : Schéma d'un cycle de foulées au pas ..........................................................................................29
Figure 15 : Schéma d'un cycle de foulées au trot .........................................................................................30
Figure 16 : Schéma d'un cycle de foulées au galop rapide dit cyclique ou rotatoire (les membres se posent
au sol dans le sens horaire ou anti-horaire) .................................................................................................30
Figure 17 : Schéma de quelques forces s'appliquant sur le membre quand il se pose au sol ......................31
Figure 18 : Direction et amplitude relative de la force (longueur des flèches) au cours de la phase d'appui
......................................................................................................................................................................32
Figure 19 : Schématisation du stockage (a.) et de la restitution (b.) de l'énergie élastique au sein des
muscles. Exemple d'un saut chez l'homme ..................................................................................................35
Figure 20 : Echelle d'état corporel chez le chien ..........................................................................................37
Figure 21 : Exemples de compositions de croquettes dites "pour chien sportif" de trois marques
différentes.....................................................................................................................................................38
Figure 22 : Exemple de protections pour coussinets ....................................................................................43
Figure 23 : Harnais esquimau - Ancien harnais H-back.................................................................................47
Figure 24 : Harnais type bricole - Ancien harnais de pulka...........................................................................48
Figure 25 : Différents types de harnais .........................................................................................................50
Figure 26 : Schémas d'une traction horizontale (en haut) et d'une traction désaxée (en bas) ....................51
Figure 27 : Vérification du réglage du tour de cou .......................................................................................51
Figure 28 : Vérification de la longueur du harnais ........................................................................................52
Figure 29 : Vérification de l'ajustement à la cage thoracique ......................................................................52
Figure 30 : Illustration d'une mesure d'extension du carpe par goniométrie ..............................................55
Figure 31 : Exemple de marqueurs articulaires réfléchissants .....................................................................56
Figure 32 : Harnais comparés lors de l’étude et montage tapis/harnais en tension ....................................57
Figure 33 : Tests sur tapis de physiothérapie ...............................................................................................60
Figure 34 : Tests sur tapis roulant d'équine ..................................................................................................61
Figure 35 : Tests sur tapis de force ...............................................................................................................62
Figure 36 : Positionnement des marqueurs sur le côté droit du chien........................................................66
Figure 37 : Photographies légendées du système de capteurs de pression .................................................67
Figure 38 : Position des capteurs sur deux chiens, en vue latérale (en haut) et en vue dorsale (en bas) ...67
Figure 39 : Installation des câbles le long de la longe, jusqu'au boitier et à l'ordinateur, portés par le
coureur..........................................................................................................................................................68
Figure 40 : Schéma du parcours du chien (ligne grise) et de la position des différentes caméras (croix
rouge)............................................................................................................................................................68

11
Figure 41 : Schéma du second terrain utilisé, le parcours du chien est représenté (ligne grise) ainsi que les
caméras (croix rouges)..................................................................................................................................71
Figure 42 : Exemple de courbes de pression obtenues sur un chien au pas ................................................73
Figure 43 : Répartition des valeurs d'angles articulaires en extension maximale (moyenne et intervalle de
confiance) pour chaque chien ......................................................................................................................76
Figure 44 : Répartition des valeurs d'angles articulaires chez un des chiens aux différents moments de la
foulée ............................................................................................................................................................77
Figure 45 : Vérification de la normalité et de l'indépendance des résidus - Exemple de l'angle fémoro-
tibial en extension.........................................................................................................................................78
Figure 46 : Vérification de la normalité et de l'indépendance des résidus - Exemple de l'angle sacro-
fémoral du chien 4 ........................................................................................................................................78
Figure 47 : Répartition des valeurs de pression, de moyennes à maximales, en fonction des capteurs .....80
Figure 48 : Vérification de la normalité des résidus pour les capteurs du sternum (a.) et de l'épaule (b.) .81
Figure 49 : Répartition des valeurs d'angles en fonction du réglage, pour les angles en extension et aux
moments "pose pied" et "quitte pied" .........................................................................................................83
Figure 50 : Vérification de la normalité des résidus - Exemple de l'angle tibio-tarsien en extension (a.) et
de l'angle huméro-ulnaire en "pose pied" (b.) .............................................................................................84
Figure 51 : Vérification de la normalité des résidus - Exemple de l'angle scapulo-huméral en réglage
normal (a.), de l'angle sacro-fémoral en réglage "lâche" (b.) et de l'angle tibio-tarsien en réglage "serré"
(c.). ................................................................................................................................................................85
Figure 52 : Vérification de la normalité des résidus - Exemple de l'angle huméro-ulnaire en extension (a.)
et de l'angle fémoro-tibial en "quitte pied" (b.) ...........................................................................................86
Figure 53 : Valeurs moyennes et intervalles de confiance des pressions sous les capteurs ........................88
Figure 54 : Répartition des valeurs de pression moyennes à maximales sous les capteurs.........................89
Figure 55 : Vérification de la normalité des résidus - Exemple des valeurs moyennes des flancs gauche (a.)
et droit (b.). ...................................................................................................................................................89
Figure 56 : Vérification de la normalité des résidus - Exemple des valeurs moyennes des épaules en
réglage serré (a.) et des flancs en réglage lâche (b.). ...................................................................................91
Figure 57 : Vérification de la normalité des résidus - Exemple des valeurs maximales du sternum (a.) et du
flanc droit (b.). ..............................................................................................................................................92
Figure 58 : Vérification de la normalité des résidus - Exemple des valeurs maximales des épaules en
réglage lâche (a.) et des flancs en réglage serré (b.). ...................................................................................93

12
Index des tableaux
Tableau I : Sélection de morphotypes aux aptitudes et caractéristiques physiques différentes .................26
Tableau II : Les différentes allures chez le chien...........................................................................................29
Tableau III : Caractéristiques métaboliques des deux grands types de fibres musculaires..........................33
Tableau IV : Principales affections locomotrices chez le chien de trait et facteurs de risque ......................42
Tableau V : Classification du degré de déshydratation et signes cliniques associés chez le chien...............45
Tableau VI : Différents modèles de harnais utilisés pour différentes activités canines ...............................49
Tableau VII : Quelques critères de réglage des harnais ................................................................................51
Tableau VIII : Exemples de matériel utilisé pour l'étude de la locomotion du chien ...................................55
Tableau IX : Paramètres envisagés lors de la construction du protocole .....................................................62
Tableau X : Position des marqueurs articulaires...........................................................................................65
Tableau XI : Description des différents réglages réalisés pour comparaison ...............................................71
Tableau XII : Moments du cycle de foulée retenus pour les mesures d'angles articulaires .........................72
Tableau XIII : Repères utilisés pour la mesure de chaque angle articulaire .................................................72
Tableau XIV : Paramètres qualitatifs reliés à une gêne du chien dans notre étude .....................................74
Tableau XV : p-values associées à l'effet chien sur les valeurs d’angles articulaires ....................................79
Tableau XVI : p-values associées à l'effet du moment sur les valeurs d'angles articulaires .........................79
Tableau XVII : p-values associées à l'effet chien sur les valeurs de pression ...............................................81
Tableau XVIII : p-values associées à l'effet caméra sur les valeurs d'angles articulaires ..............................84
Tableau XIX : p-values associées à l'effet moment sur les valeurs d'angles articulaires ..............................85
Tableau XX : p-values associées à l'effet réglage sur les valeurs d'angles articulaires .................................86
Tableau XXI : Comparaison des valeurs d'angle des réglages "Normal" et "Lâche" - p-values associées ....87
Tableau XXII : Comparaison des valeurs d'angle des réglages "Serré" et "Lâche" - p-values associées.......87
Tableau XXIII : Comparaison des valeurs d'angle des réglages "Normal" et "Serré" - p-values associées ...87
Tableau XXIV : p-values associées à l'effet réglage sur les valeurs moyennes de pression..........................90
Tableau XXV : p-values issues du test de Tukey sur les valeurs moyennes de pression...............................90
Tableau XXVI : p-values associées à l'effet côté sur les valeurs moyennes des pressions des épaules et des
flancs .............................................................................................................................................................91
Tableau XXVII : p-values associées à l'effet réglage sur les valeurs maximales de pression ........................92
Tableau XXVIII : p-values issues du test de Tukey sur les valeurs maximales de pression ...........................92
Tableau XXIX : p-values associées à l'effet côté sur les valeurs maximales de pression des épaules et des
flancs .............................................................................................................................................................93
Tableau XXX : Signes de gêne du chien notés associés à la modification du réglage du harnais .................94

13
Introduction

Le canicross est une discipline sportive consistant à pratiquer la course à pied, tracté
par un chien. Le développement de cette discipline et de toutes ses variantes (caniVTT,
canitrotinette, canitrail, …) entraîne un regain en popularité de la traction canine, pratique
historique délaissée peu à peu par la plupart des sociétés.

L’apparition de la notion de bien-être animal a largement participé à ce déclin incluant,


entre autres, le questionnement sur le confort du harnais. Les types de harnais d’attelage
canin sont diverses même s’ils ont assez peu évolué depuis l’apparition de la traction,
supposant que le bon sens et l’expérience ont permis d’obtenir un modèle-type fonctionnel
et acceptable. Cependant, peu de travaux étudient et comparent les effets de ces harnais sur
le chien au cours d’un exercice. Cette question préoccupe le milieu du canicross car la
physiologie du chien de sport est complexe et les affections liées à la pratique sont
nombreuses. Pour les prévenir au mieux, il est nécessaire de bien comprendre le
fonctionnement de l’animal sportif. Si les connaissances sont loin d’être aussi développées
qu’en médecine humaine, ou même qu’en médecine équine, les études sur les chiens de sport
se multiplient ces dernières décennies.

Le but de cette étude est de construire un protocole expérimental permettant


d’évaluer les effets du port de harnais au cours d’une course de canicross. Elle a été
demandée et réalisée en partenariat avec I-DOG®, concepteur et vendeur de matériel de
sport canin. Leur objectif est de récolter des données scientifiques sur lesquelles s’appuyer
pour la confection de futurs modèles de harnais.

14
Partie 1 : Physiologie du chien de sport et étude
bibliographique

1.1 Historique et généralités sur le canicross

Le canicross est défini par la FFSLC (Fédération Française des Sports et Loisirs Canins)
de la façon suivante : « discipline ayant comme spécificité l’union d’un seul chien et d’un
coureur à pieds reliés entre eux de façon bien définie, effectuant de concert le même effort
physique sur un parcours tracé à l’avance ». Antony Le Moigne en parle comme de « l’union
de l’énergie d’un chien et d’un humain au service d’une même discipline qu’est la course à
pied » (Le Moigne & France 3 Normandie, 2016). Ce sport est relativement récent et ne cesse
de gagner en popularité.

1.1.1 Historique du sport

La traction canine remonte au Paléolithique, période de domestication de l’espèce.


Les principaux berceaux sont la Sibérie nord-orientale et l’Amérique du Nord, régions où le
chien est resté le compagnon de travail principal quand les autres régions du monde l’ont
remplacé par des animaux plus imposants (bœuf, renne, cheval, …). En Europe, l’attelage
canin n’est arrivé que tardivement, au XIXe siècle, période pendant laquelle les classes les
plus pauvres ne peuvent s’offrir les services d’autres animaux.

Figure 1 : Attelage canin du XIXème siècle en France


D’après (attelage-patrimoine, 2019)

15
Avec l’expansion de cette pratique, un débat éthique a émergé et perduré tout au long
du XXe siècle pour aboutir à la notion de bien-être animal. De nombreux vétérinaires furent
moteur dans la mise en place de bonnes pratiques en traction canine (Chevallier, 2013).

De nos jours, la traction canine est essentiellement devenue récréative. Parmi les
activités impliquant les chiens de trait, voici quelques exemples :
- L’attelage de travail, aujourd’hui rare et limité à certaines régions historiques de
traction. Il s’inscrit plutôt dans le cadre de traditions culturelles et permet de
conserver les anciennes races canines utilisées pour le trait.
- Les sports de traîne sur neige (sprints, courses de moyenne et longue distance).
- Les concours d’attelage.
- Le caniVTT.
- Le canicross et le canimarche.

La compétition d’attelage est arrivée en France assez récemment, en 1978. Elle se


développe à partir de 1984, quand le ministère de la Jeunesse et des Sports reconnaît
officiellement la discipline. Le canicross dérive de l’attelage mono-chien. Les bases de cette
activité sportive en France viennent de Gilles PERNOUD, vétérinaire. Au début des années 80,
le syndicat de notre profession organise la première course de canicross à Paris. En 2005, la
SCC (Société Centrale Canine) reconnait officiellement le canicross comme discipline sportive
(Lasbleiz, 2004).

Les équipements ont évolué avec le temps pour s’adapter au chien et à l’activité
réalisée. Dans les années 90 notamment, du matériel spécifique au canicross commence à se
développer, avec pour objectif de limiter les blessures et assurer le confort du chien
(Chevallier, 2013). Le bien-être animal est depuis une notion juridique et ces pratiques
sportives sont encadrées par des règlements.

1.1.2 Compétition et réglementation

La réglementation spécifique du canicross est notamment définie par trois


fédérations :
- La Fédération Française des Sports et Loisirs Canin (FFSLC) est la principale,
- La Fédération Française des Sports de Traîneau (FFST),
- La Commission Nationale Education et Activités Cynophiles (CNEAC).

Chaque fédération a son propre règlement (FFST, 2019 ; CNEAC et SCC, 2022 ; FFSLC,
2022). Ils diffèrent plutôt sur des points de détails organisationnels : catégories des courses
(selon l’âge du maître), aide dont peut bénéficier un enfant pendant une course, répartition
des points d’eau sur le parcours selon la température, distance parcourue selon le type de
course, ordre de départ différent, objets interdits plus ou moins détaillés, …

16
Figure 2 : Distances à parcourir sur les courses CNEAC en fonction de la catégorie d'âge du participant
D’après (CNEAC & SCC, 2022)

Mais les grands principes de la réglementation sont les mêmes : les chiens de toutes
les races sont admis, exceptés ceux de catégorie 1, sous réserve d’être identifiés, vaccinés et
d’avoir atteints un âge limite. Les chiens de catégorie 2 doivent porter une muselière
conforme : protégeant autrui mais n’empêchant pas le chien de boire et respirer.

Figure 3 : Modèles de muselière autorisés ou non en course FFSLC


D’après (FSLC, 2022)

Toujours concernant le matériel, certains types de harnais sont interdits. La longe


reliant le chien et le coureur doit mesurer une certaine longueur.

Les courses ne peuvent avoir lieu que si la température extérieure n’excède pas un
seuil fixé par les différents règlements. Une note vétérinaire du règlement FFSLC de 2015 cite
Dominique GRANDJEAN (vétérinaire ayant mené de nombreux travaux en médecine sportive
canine) : « à partir de 21°C, on sort de la zone de confort thermique du chien et il faut être
vigilant » (FFSLC, 2023). Des zones d’abreuvement et de rafraîchissement doivent être
prévues sur la course. La distance maximale parcourue par un chien dans la journée, et donc
le nombre de courses quotidiennes, est également limitée.

Le juge de course et/ou le vétérinaire officiel peut décider à tout moment de


disqualifier un coureur ou d’annuler la course s’il estime que les conditions ne sont pas
satisfaisantes. Les contrôles anti-dopage sont sous la responsabilité du vétérinaire.

17
Figure 4 : Distances maximales autorisées en course FFSLC selon la catégorie d'âge et
la température extérieure
D’après (FSLC, 2022)

Le respect de l’animal est un point très important sur lequel tous les règlements
insistent. Le coureur est responsable de son chien quoi qu’il arrive et ne doit pas concourir si
son animal n’est pas en capacité. Des sanctions sont prévues en cas de mauvais traitement
(empêcher l’abreuvement du chien, violence, …). Les chiens doivent être mis à l’honneur
autant que les conducteurs. Une charte internationale existe concernant le bien-être des
chiens d’attelage : Mush with PRIDE (Mush with PRIDE, 2023). Il n’est pas obligatoire d’en être
signataire pour participer aux courses.

Certaines courses ne sont pas accessibles à toutes les races de chien. Par exemple, la
FCI reconnaît 5 races de chiens de traîneau, seules à pouvoir obtenir un certificat d’aptitude
pour concourir à l’international en course de traîneau : Husky de Sibérie, Malamute de
l’Alaska, Chien esquimau canadien, Chien du Groenland et Samoyède (FCI, 2023). La FFPTC
(Fédération Française de Pulka et Traineau à chiens) reconnait 6 races nordiques acceptées
en compétition, le Laïka de lakoutie étant ajouté à la liste précédente (FFPTC, 2023).
Appartenir à une race nordique n’est pour autant pas une condition suffisante pour participer
à une course : le chien doit être physiquement apte (hauteur d’épaule suffisante, âge requis,
morphologie adaptée, …) et doit bien sûr avoir la volonté de pratiquer le sport.

Figure 5 : Chien esquimau canadien Figure 6 : Laïka de Iakoutie


D’après (Club canin canadien, 2023) D’après (SCC, 2023)

18
Au contraire, il n’existe pas de critère de races dans les règlements de canicross.
Malgré cela, certaines races sont plus représentées que d’autres dans les clubs et en
compétition.

1.1.3 Races pratiquant communément la traction

La plupart des fédérations de canicross ne fixent pas de critère de race pour la


participation aux compétitions. Le règlement FFSLC dit par exemple : « Sont admis à participer
tous les chiens sans distinction de race et de pedigree, (sauf chien de catégorie 1) » (FFSLC,
2023).

1.1.3.1 Les grands types de chiens souvent rencontrés

Toutefois, certaines races sont particulièrement présentes dans les clubs ou en


compétition car ont un tempérament et une conformation bien adaptés à la pratique. Une
enquête récente s’est penchée sur la répartition des races de chiens dans le milieu du
canicross (Fontaney, 2019). Près de 400 pratiquants de canicross ont été sondés via un
questionnaire, tous étaient licenciés FFSLC. Les chiens partenaires de sport appartenaient à
58 races différentes. Les effectifs de race de cette étude sont donnés ci-dessous pour illustrer
le propos mais ne se veulent pas représentatif de la situation globale.

Figure 7 : Diagramme des effectifs de race de chiens partenaires de canicross selon un sondage
D’après (Fontaney, 2019)

19
Historiquement, les chiens nordiques sont les chiens de traction par excellence. Leur
sélection a commencé il y a des milliers d’années avec les premiers attelages. Ils se
rencontrent encore largement en canicross. Ils correspondent dans l’enquête à environ 12%
de l’effectif. Le Husky de Sibérie fait partie des 5 races les plus citées.

Les races de type « berger » sont de très bons chiens de travail et font souvent de bons
partenaires de canicross. Ce sont les races les plus citées dans le sondage (36%), avec en tête
le Berger Australien et le Border Collie.
Ce résultat n’est pas surprenant étant donné que ce sont des races très répandues en
France. Le Berger Australien est « le chien préféré des Français » depuis plusieurs années,
avec plus de 20 000 nouvelles inscriptions au LOF (Livre des Origines Français) en 2022 (SCC,
2023). Les licenciés interrogés n’avaient, pour la plupart (70% environ), pas choisi leur chien
spécifiquement pour la pratique du canicross. Ils pratiquent donc leur sport avec le chien de
famille.

Figure 8 : Photo de Sophie Rocheteau, championne fédérale 2022,


et son chien Sky
D’après (FFSLC, 2023)

Les chiens de type « chasse » ont une puissance et une volonté les rendant également
populaires dans ce sport. Regroupés dans la catégorie « chiens d’arrêts et rapporteurs de
gibiers », ils représentent 20% de l’effectif de l’étude. Le Braque Allemand à poil court est la
5ème race la plus citée.

20
Enfin, des lignées de chiens sélectionnées pour la traction et pour les sports mono-
chiens sont apparues par la suite. La sélection de ces races étant plus récentes et particulières,
elles ne sont pas reconnues par la FCI ou la SCC. 7% des répondants courent avec un chien
issu de ces lignées. La grande majorité des propriétaires de ces chiens les ont choisis
spécifiquement pour la pratique de ce sport et sont de niveau confirmé.

Un autre sondage par questionnaire, ayant recueilli un peu moins de 200 réponses
dénombrent 48 races différentes de chiens partenaires. Les licenciés FFSLC restent
majoritaires mais n’ont pas été les seuls licenciés de canicross sondés. Plus d’un tiers des
chiens (37%) font partie des races « communément rencontrées » citées précédemment
(Mallet, 2019). Les effectifs et pourcentages obtenus dans les deux sondages présentent des
différences. Les races de bergers notamment semblent moins représentées que dans la
précédente étude (24% contre 36%). Mais les races n’étant pas classées selon le même
modèle, il est difficile de comparer ces résultats. Les chiens croisés sont comptés à part dans
un questionnaire tandis que l’autre réuni chiens de race pure et types raciaux dans les mêmes
effectifs.

Figure 9 : Diagramme des effectifs de races de chiens partenaires de canicross selon un


sondage
D’après (Mallet, 2019)

Cependant, des tendances se retrouvent : les races rencontrées sont multiples dans ce
sport. Les races « spécialisées traction » (chiens nordiques et lignées de canicross) ne sont pas
les plus répandues et semblent plus courantes chez les coureurs confirmés voire de haut
niveau. Les chiens types bergers sont largement répandus dans ce sport.

Nous allons voir plus en détails quelles sont ces lignées de canicross et d’où viennent-
elles.

21
1.1.3.2 Les lignées de chiens de traîne : l’Alaskan Husky

Tout d’abord, parlons de l’Alaskan Husky, race de référence dans les sports de traîne.
Elle est apparue au XXème siècle et est issue de nombreux croisements entre des chiens
nordiques et bien d’autres types de chiens. Des études génétiques ont mis en évidence des
marqueurs d’une dizaine de races différentes dans le génome de l’Alaskan Husky (Huson et
al., 2010). Parmi les races ayant participé à la création de ces lignées, on peut citer le
Malamute d’Alaska, le Husky de Sibérie mais aussi le Setter Irlandais, le Braque de Weimar ou
encore le Berger Allemand. La diversité de ces origines explique que les individus de cette
race sont d’apparences très variables. En effet, la sélection est principalement basée sur la
performance et non sur une esthétique.

Figure 10 : L'Alaskan Husky, une race d'apparence variable et aux croisements multiples
D’après (Huson et al., 2010)
A) Chiens de sprint : Alaskan Husky « traditionnels » et croisés Alaskan Husky x
Pointer
B) Chiens de sprint avec 25% ou plus de Pointer dans leur pedigree
C) Chiens d’endurance, Alaskan Husky « traditionnels »

Deux types d’Alaskan Husky ont été sélectionnés indépendamment pour performer
dans les deux types de courses de traîneaux. Ont ainsi été obtenus des chiens dits « de sprint »
et des chiens dit « d’endurance ». Leurs génomes ont été comparés : dans les deux cas, leur
génétique provient majoritairement des races nordiques. Une proportion plus élevée de
marqueurs provenant de races de chasse a été trouvée chez les chiens d’endurance en
comparaison aux chiens de sprint. Ce sont surtout les bergers et les lévriers qui contribuent à
la génétique restante de ces derniers (Huson et al., 2010).

22
1.1.3.3 Les lignées de chiens de traîne : des races européennes plus récentes

Les Européens ont par la suite créé leurs propres croisements à partir des races
importées du continent nord-américain. En les croisant avec des races locales, ils ont cherché
à sélectionner des chiens encore plus performants dans les sports de traîne et plus adaptés
au sport mono-chien.

L’Eurohound (ou Scandinavian Hound) provient de croisements réalisés en Scandinavie


entre les meilleurs Alaskan Husky importés et des chiens de chasse dont notamment le
Pointer Anglais mais aussi le Setter Anglais ou des Braque. Si les croisements datent des
années 80, le nom de la race ne serait apparu que plus tard, dans les années 90, quand la
musheuse Ivana Nolke démarre son élevage. Elle trouvait ce nom plus en accord avec les
racines européennes de ses chiens. Tout comme l’Alaskan Husky dont il est issu, l’apparence
de l’Eurohound est très variable (Howling Dog Alaska, 2023).

L’ESD (European Sled Dog) est issu des mêmes croisements que l’Eurohound mais les
individus d’origine étaient différents, donnant une seconde lignée évoluant indépendamment
de la première (Fontaney, 2019).
Ce sont des chiens élancés et musclés, réputés pour être plus rapide que l’Alaskan Husky
(Mallet, 2019).

Figure 11 : Eurohound
D’après (Buena Media Plus, 2023)

23
Le Greyster vient de Norvège et est issu de croisements entre des Greyhound et des
Braques Allemand à poil court. Ce savant mélange proviendrait de Lena Boysen, musheuse
norvégienne, qui commence en 1988 à élever des Greyster : 25% Greyhound et 75% Braque
Allemand. Certains ne semblaient pas convaincus de son idée et pensaient que le côté
« Greyhound » rendrait les chiens plus intéressés par la chasse que par la course (Boysen,
2023). L’expérience semble leur donner tort, de nombreux canicrosseurs sont aujourd’hui
adeptes de cette race. Ce sont des chiens rapides et puissants, adaptés aux courses de longue
distance (Mallet, 2019).

Figure 12 : Photo d'Opale, Greyster partenaire


d'Antony Le Moigne
Photo de Delphine Le Moigne

Si certains chiens sont donc connus pour être prédisposés à la course, il est possible de
pratiquer le canicross avec tous les chiens. A condition, avant tout, qu’ils aient envie de
pratiquer la traction, qu’ils soient entraînés pour cela et d’utiliser un matériel adapté.

Avant d’aborder la question de l’équipement, et notamment des harnais, nous allons


discuter des particularités physiologiques du chien de course.

24
1.2 Connaissances sur la physiologie du chien de course

Cette prédisposition du chien pour la course semble remonter aux origines de cette
espèce. Nous évoquerons donc le sujet de la domestication canine, avant celui du
fonctionnement du déplacement. L’importance de la préparation à l’activité physique sera
ensuite abordée, ainsi que les affections fréquentes qu’elle permet de prévenir.

1.2.1 Evolution et génétique : du loup au chien de sport (Fischer et al., 2018)

1.2.1.1 La domestication du loup : une date encore discutée

La domestication du loup et la divergence entre le loup et le chien sont des questions


qui occupent les scientifiques depuis de nombreuses années. On sait aujourd’hui que le loup
est la première espèce animale domestiquée par l’homme. Sa domestication a été facilitée
par son caractère social plus développé que chez d’autres mammifères. Tous les chiens
descendent du loup.

La date de domestication admise par le plus grand nombre, ces dernières décennies,
était de 14 000 ans. Mais des découvertes datant des années 2000 semblent la remettre en
question. Des restes de canidés portant des éléments en faveur d’une domestication
repoussent cette date de plusieurs milliers voire dizaines de milliers d’années. Des simulations
informatiques sur l’évolution du génome du loup estiment que la divergence des espèces date
de 27 000 ans. La question de cette datation reste donc encore ouverte aujourd’hui.

De nombreux ossements de chiens vieux de 10 000 à 14 000 ans ont été découverts et
montrent que cette espèce est très répandue à la fin du Paléolithique et présente déjà des
tailles très diverses. L’hypothèse de plusieurs épisodes de domestication est majoritaire, à
partir de populations de loups elles-mêmes très diverses morphologiquement. Les études sur
les génomes tendent à mettre en évidence quatre populations fondatrices a minima.

1.2.1.2 Le loup, un animal taillé pour la course

Le loup est un animal adapté à la course et à la vitesse. Le loup d’Europe court à une
vitesse de 6 à 13 km/h en moyenne. Il parcourt des distances quotidiennes importantes
(jusqu’à 64 km). Il se déplace donc en général beaucoup pour maintenir son territoire, qui
peut s’étendre sur plusieurs centaines de kilomètres, ainsi que pour chasser. Lorsqu’une
meute chasse les gros gibiers, elle les poursuit parfois sur de très longues distances pour
fatiguer les proies.
La course est donc une activité qui occupe une grande partie du temps du loup.
L’itinérance et la chasse ne sont en revanche plus des activités essentielles de la vie du chien.
La question d’une possible modification de l’appareil locomoteur au cours de l’évolution se
pose.
25
Les premiers critères de sélection du chien semblent se baser essentiellement sur la
docilité. Les critères « visuels » sont arrivés bien plus tard. Cependant, la condition physique
est sûrement restée un caractère recherché, volontairement ou non, le chien ayant
longtemps été un « outil » de travail pour l’homme avant tout.

1.2.1.3 Déterminisme génétique de la capacité sportive

1.2.1.3.1 Génétique des caractères physiques et physiologiques

Chez le chien, trois caractéristiques semblent liées génétiquement : la forme du bassin,


les os des membres et la forme du crâne. Au fil du temps et des choix de l’homme, elles ont
été sélectionnées dans un sens ou dans l’autre, aboutissant à deux grands morphotypes. Un
mécanisme de régulation existerait donc, orientant la sélection dans deux directions
différentes chez le chien : le développement de la force ou de la vitesse.

La forme de la poitrine est également de deux types : à section ronde ou ovale, ce qui
modifie la répartition du poids du corps entre les antérieurs et les postérieurs.

Tableau I : Sélection de morphotypes aux aptitudes et caractéristiques physiques différentes


D’après (Fischer et al., 2018)
Morphotype Caractéristiques Aptitude Forme de la Répartition du poids du
squelettiques sélectionnée poitrine corps
Chiens de type Os trapus Force Section ronde Poids porté sur les
force antérieurs
Chiens de type Profil plus fin et Rapidité Section ovale Liberté de mouvement
vitesse élancé → Indice de accrue.
hauteur sur Les pattes sont placées
pattes supérieur sous le corps au trot et les
postérieurs se posent dans
les traces des antérieurs.

Le chien de sport peut se définir comme « un chien qui pratique un exercice physique
quel qu’il soit » (Fontaney, 2019). De nombreux critères influencent la performance sportive
du chien de canicross, dont par exemple : la puissance de traction, la vitesse, l’endurance, la
thermorégulation, la sociabilité ou encore la capacité d’apprentissage. La performance
dépend donc de critères physiques mais aussi de la capacité mentale du chien. Il est très
difficile de déterminer quelle part de l’inné ou de l’acquis régit réellement la performance
sportive d’un individu, d’autant que l’héritabilité de ces caractères est peu connue chez le
chien.

26
La taille des chiens par exemple a un impact sur la dissipation de la chaleur (via le
rapport surface/volume du corps) et est en partie sous la dépendance de gènes régulateurs
de facteurs de croissance, tel que le facteur IGF1 par exemple. Nous avons également vu
précédemment les caractères liés qui déterminent deux types de profil physique de chien,
dont l’un semble plus propice à la vitesse (Fischer et al., 2018).

Certains facteurs génétiques liés aux performances sportives des chiens ont été
récemment étudiés. C’est le cas par exemple d’une mutation du gène de la myostatine qui
entraîne une hypermusculation et une augmentation de la performance chez les Whippet.

Figure 13 : Exemples de gènes impliqués dans la croissance et le développement du chien


D’après (Fontaney, 2019)

Une autre découverte récente concerne la génétique des chiens sportifs :


l’identification de PEPs (Performance Enhancing Polymorphisms) dans cette espèce en 2018.
Les PEPS peuvent être définis comme « des exemples de variation génétique naturelle
affectant les résultats de défis sportifs » (Ostrander et al., 2009). Chez l’homme, ils font l’objet
de nombreux articles cherchant à comprendre la part de déterminisme génétique dans les
performances sportives.

L’étude en question compare les génomes complets de chiens « de chasse sportifs » et


de terriers aux génomes de chiens « de village » du monde entier. Des gènes sélectionnés
positivement chez les chiens sportifs ont été mis en évidence et concernent le système
cardiovasculaire, le développement et le fonctionnement musculaire, la résistance à la fatigue
et des capacités neurologiques pouvant être liées à l’apprentissage.

27
En plus de la mutation du gène de la myostatine, une mutation du gène TRPM3 a été
reliée à la performance chez les Whippet et peut être à l’origine d’une meilleure oxygénation
des muscles (Kim et al., 2018).

Concernant les capacités mentales, il est très difficile d’en déterminer la part venant de
la génétique car elles sont également très dépendantes de facteurs extrinsèques comme
l’environnement ou l’éducation. Certains auteurs se sont penchés sur la question.

1.2.1.3.2 Génétique des caractères psychologiques et comportementaux

L’étude citée dans le paragraphe précédent a mis en évidence un gène (ROBO1) qui
serait impliqué dans la plasticité cérébrale et qui est positivement lié à l’aptitude du chien à
performer en agility (Kim et al., 2018). Les capacités mentales pourraient donc être, au moins
en partie, sous la dépendance de la génétique.

Des différences comportementales ont été mises en évidence entre certaines races
(peur de l’homme, dominance, volonté de jouer ou chasser, hyperattachement …) sans que
l’origine génétique ne soit encore déterminée. Des corrélations ont été trouvées, entre des
loci de gènes codant pour la taille des chiens de petit format et le caractère anxieux et peureux
(van Rooy et al., 2014).

Ces variabilités de comportement ont été retrouvées dans une autre étude entre mâles
et femelles, selon l’âge du chien ainsi qu’entre des races de travail et d’autres races de chien.
Les mâles montrent plus de signes d’intérêt et d’agressivité envers les hommes et leurs
congénères et moins de signes de peur et d’éducabilité. Les races de travail présentent des
scores d’intérêt pour l’homme et d’éducabilité plus élevés. Ils se montrent plus agressifs et
moins peureux que les races « sans travail »(Eken Asp et al., 2015).

Les hypothèses de comportement liées à la race et au sexe semblent se vérifier. Les


canicrosseurs peuvent orienter leur choix de partenaire en fonction de ces critères.
Mais, à nouveau, les facteurs extrinsèques sont difficilement évaluables et ne peuvent
être soustraits. De plus, l’héritabilité des quelques caractères connus est très variable d’une
étude à l’autre, ce qui ne rend pas plus clair l’impact de la génétique sur le comportement
(van Rooy et al., 2014).

La génétique joue bel et bien un rôle dans la capacité sportive, même si l’étendue de
celui-ci est difficile à évaluer. Chez le chien, cette génétique semble être le produit de son
origine lupine et de la sélection de l’homme depuis des millénaires. Ce phénomène reste
encore peu connu car complexe et dépendant de nombreux paramètres.

28
Après avoir discuté de l’origine et de la génétique du chien de sport, nous allons
maintenant aborder le fonctionnement de la course, de la physiologie à la pathologie en
passant par l’entraînement et la préparation à l’exercice.

1.2.2 Les allures : des variations de vitesse impliquant des variations de force
appliquées sur les membres du chien

Pour comprendre la locomotion du chien, il est nécessaire d’évoquer les différentes


allures de déplacement possibles et le fonctionnement du système musculosquelettique en
réponse aux contraintes qu’elles représentent.

1.2.2.1 Description des allures

Martin Fischer définit l’allure comme une séquence régulièrement répétée de


membres en mouvement. Le chien peut adopter plusieurs allures qui peuvent être divisées
en deux catégories.

Tableau II : Les différentes allures chez le chien


D’après (Decamp, 1997 ; Fischer et al., 2020)
Allures symétriques
Les deux côtés du corps font les mêmes mouvements mais décalés dans le temps. Ce décalage
détermine l’allure. Elles correspondent au pas, au trot et à l’amble.
Pas :
Décalage d’un quart de cycle de foulée entre la pose des membres du même côté.

Figure 14 : Schéma d'un cycle de foulées au pas


D’après (Fischer et al., 2020)

29
Trot :
Décalage d’une moitié de cycle de foulée entre la pose des membres du même côté.

Figure 15 : Schéma d'un cycle de foulées au trot


D’après (Fischer et al., 2020)

Allure asymétrique : Le galop


Ce sont les antérieurs et les postérieurs qui se posent en décalé. La phase de suspension est plus ou
moins longue, permettant de différencier le galop lent du galop rapide. Cette phase peut être doublée
à vitesse élevée, c’est ce qu’on appelle le galop double suspension.
Le dos est très sollicité dans cette allure, notamment par mobilisation du rachis (Wachs et al., 2016). La
flexion de celui-ci lorsque les antérieurs se posent puis son extension quand les postérieurs touchent le
sol permettent la projection du corps de l’animal vers l’avant.

Figure 16 : Schéma d'un cycle de foulées au galop rapide dit cyclique ou rotatoire (les membres se posent au
sol dans le sens horaire ou anti-horaire)
D’après (Fischer et al., 2020)

Un cycle de foulées est généralement nécessaire pour passer d’une allure à une autre.
Ce changement se fait en accélérant le membre en oscillation, c’est-à-dire en suspension. Il
se fait plus ou moins rapidement selon les races et les individus, l’entraînement ayant
probablement un impact. Le chien a la capacité de passer directement du repos au galop avec
une période de transition particulière, nommée le half-bound. Celui-ci se retrouve
fréquemment sur des démarrages de courses au galop telles que les courses de canicross.

30
1.2.2.2 Lien entre variations de vitesse et de force

Pour comprendre l’importance de l’allure dans la course, il est nécessaire de noter que
les variations de vitesse impliquent des variations des forces en jeu dans le mouvement.

Les forces de réaction du sol changent en fonction de la vitesse. Ce sont les membres
qui entrent en contact avec le sol lors du déplacement. Les forces qui vont se répercuter sur
le chien, notamment sur ses membres, changent donc en fonction de son allure et de sa
vitesse.

Figure 17 : Schéma de quelques forces s'appliquant sur le membre quand il se pose au sol

𝑃⃗ : force de pesanteur ; 𝑅
⃗⃗⃗ : force de réaction du sol
Les directions et normes des vecteurs sont indicatives. Ce schéma a pour principal objectif d’illustrer les
forces de réaction du sol et ne se veut pas représentatif d’une situation réelle.
Schéma personnel

1.2.2.3 Répartition des forces de réaction avant/arrière-main et facteurs de variation

Nous retiendrons que les forces de réaction du sol sont plus importantes sur l’avant-
main, le poids du corps étant surtout porté sur l’avant chez le chien. A noter que la répartition
du poids du corps avant/arrière dépend de la race.
Les antérieurs supportent plus que le poids du corps au trot et, avec l’augmentation
de la vitesse, plus du double au galop. En effet, quand le chien accélère, la foulée s’allonge et
le temps de contact avec le sol diminue, ce qui augmente la force de réaction verticale. Ces
forces sont plus faibles chez les gros chiens, car leur temps de contact avec le sol est
naturellement allongé.
En considérant donc que des forces importantes sont appliquées de manière répétée
sur les membres pendant la course, on peut penser que les blessures vont être plus
fréquentes sur l’avant-main. Nous verrons que certaines études semblent effectivement aller
dans ce sens (cf. paragraphe 1.2.5.1).

31
Les postérieurs sont majoritairement à l’origine de la propulsion du corps, notamment
à la fin de leur phase d’appui, tandis que les antérieurs ont une capacité de freinage
supérieure. L’extension vers l’avant de l’antérieur ne contribue en rien à la propulsion. Cette
remarque est importante pour l’interprétation des résultats de notre étude.

Figure 18 : Direction et amplitude relative de la force (longueur des flèches) au cours de la phase d'appui
D’après (Fischer et al., 2020)

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le chien ne ralentit pas dans les virages.
L’élasticité des os et des articulations compensent les forces centrifuges appliquées sur le
membre pendant qu’il tourne.

En addition à ces systèmes d’adaptation des membres, le corps met en jeu d’autres
systèmes de régulation lors de la locomotion afin d’assurer le bon déroulement de l’effort.

1.2.3 Modifications physiologiques au cours de la course

De nombreux mécanismes adaptatifs existent pour permettre une production


d’énergie suffisante malgré l’augmentation des besoins au cours de l’exercice. Les
mécanismes biochimiques à l’origine de ce phénomène sont aujourd’hui bien connus, de
même que les structures des systèmes musculaires et cardio-vasculaires, très sollicités
pendant la course. Ils ne seront pas développés ici.
Nous allons voir les particularités métaboliques de l’espèce canine et des individus
sportifs.

1.2.3.1 Des fibres musculaires utilisant différentes voies métaboliques : une répartition
propre à l’espèce canine

Notons que pour produire cette énergie, plusieurs voies métaboliques sont exploitées
chez le chien. La première est la voie anaérobie, ou glycolytique, n’utilisant pas l’oxygène. Elle
est à l’origine de la production d’acide lactique. C’est un déchet métabolique qui provoque,
entre autres, des crampes lorsqu’il s’accumule. La seconde est la voie aérobie, ou oxydative,
utilisant l’oxygène.

32
La durée d’une course de canicross implique l’activation des voies aérobies en plus du
métabolisme anaérobie, qui lui se met en place dès les premières secondes d’effort. Cette
voie ne serait utilisée que très ponctuellement dans les sports d’endurance (Clero, 2015).
Toutes deux sont influencées par l’alimentation, comme nous le verrons par la suite.

Des fibres musculaires différentes travaillent selon la voie impliquée (Clero, 2015 ;
Fischer et al., 2020) :

Tableau III : Caractéristiques métaboliques des deux grands types de fibres musculaires
Type de fibre Teneur en Potentiel de stockage Voie métabolique Type de
musculaire myoglobine en oxygène privilégiée contraction
Fibre de type I = Elevée Elevé Aérobie Lente, sur la
Fibres rouges durée
Fibres de type II = Faible Faible Anaérobie Rapide,
Fibres blanche fatigabilité
élevée

Plusieurs sous-types de fibres de type II existent. Le IIB n’utilise que la voie anaérobie
tandis que le IIA est intermédiaire entre les deux voies. Le IIB est inexistant chez le chien, et
est remplacé par le type IIA/X, intermédiaire lui aussi entre oxydatif et glycolytique.

Le chien possède donc plus de fibres musculaires oxydatives que les autres espèces et
exploite ainsi en plus grande proportion les métabolismes aérobies, plus durables et plus
efficaces pour produire de l’énergie. La voie des lipides, particulièrement performante, est
très utilisée par cet animal, faisant de lui une « parfaite machine de course » (Fischer et al.,
2020).

1.2.3.2 Modification du métabolisme chez les animaux entraînés

L’entraînement peut avoir un impact sur la proportion de fibres musculaires au sein


des muscles, mais il semble être mineur.
Une étude récente a comparé un certain nombre de paramètres à l’effort chez des
chiens entraînés et des chiens dits sédentaires (sans activité pouvant s’apparenter à un
entraînement sportif). Les chiens sportifs ont une fréquence cardiaque, une lactatémie et une
glycémie plus élevées que les non sportifs, mais restent dans les normes. Ces résultats sont
en faveur d’une adaptation du métabolisme à la pratique physique (Foubert, 2020).

Aucune autre étude n’a noté d’augmentation des lactates en post-effort immédiat
dans des exercices d’endurance, telle qu’une course de traîneau (Clero, 2015). Si le test cité
précédemment s’apparente bien à un entraînement de canicross, la filière anaérobie lactique
pourrait être plus sollicitée que supposé par certains auteurs. D’autres résultats sont
néanmoins nécessaires pour vérifier cette hypothèse.

33
1.2.3.3 Le travail musculaire contribue de différentes manières au déplacement

1.2.3.3.1 Générer et empêcher le mouvement

Concernant le fonctionnement musculaire propre, l’étude du Professeur Fischer a


permis de nuancer les connaissances acquises jusqu’à maintenant. Les muscles des membres
sont divisés en deux catégories selon leur fonction : les extenseurs et les fléchisseurs. En
réalité, les extenseurs ne sont pas actifs au cours de la phase d’extension d’un segment du
membre, ni les fléchisseurs au cours de la flexion. Les extenseurs « dosent » la flexion et les
fléchisseurs, quant à eux, empêchent plus ou moins la nouvelle extension qui s’en suit.

Il rappelle également que la fonction des muscles est de créer le mouvement mais, au
moins autant, de l’empêcher. Cette notion est extrêmement importante, d’autant plus dans
les sports de course qui sollicitent fortement les articulations et nécessitent donc qu’elles
soient aussi protégées que possible. La contraction des muscles permet d’appliquer une force
qui, malgré la charge portée sur les articulations au cours du mouvement, empêchent un
déplacement exagéré ou non physiologique de celles-ci.

1.2.3.3.2 Convertir plusieurs formes d’énergie

Le schéma de l’activité musculaire est sensiblement identique entre les allures, les
séquences de mouvements étant à peu près les mêmes. En revanche, l’intensité de leur
activation diffère. Cette activation permet de fournir l’énergie cinétique nécessaire au
déplacement (Fischer et al., 2020).

L’ensemble corps charnu/tendons des muscles présente un rôle clé dans la conversion
de cette énergie, afin de créer du mouvement « à moindre coût ». Certains de ces
mécanismes se mettent en jeu lors d’allures à vitesse soutenue, c’est-à-dire le trot et le galop.
Lorsque le membre du chien se pose au sol, la réaction du sol applique une force sur les
articulations, s’accompagnant d’un étirement passif des muscles. De l’énergie élastique est
alors stockée dans le membre pendant qu’il se pose au sol et est libérée quand il le quitte. Les
membres agissent donc comme des ressorts, capables de convertir les contraintes qui
s’appliquent sur eux en énergie réutilisable pour le mouvement.

34
Figure 19 : Schématisation du stockage (a.) et de la restitution (b.) de l'énergie élastique au sein des
muscles. Exemple d'un saut chez l'homme
D’après (Université Claude Bernard Lyon 1, 2020)

Ce système permet une économie d’énergie très importante. Quand la vitesse


augmente, les besoins en énergie des muscles augmentent également. Dans ce cas, une partie
de l’énergie nécessaire pour faire fonctionner les muscles vient du métabolisme, l’autre est
recyclée à partir de la gravité, d’autant plus que la vitesse croit. En effet, nous avons vu
précédemment que les forces de réaction du sol contrant cette gravité sont d’autant plus
fortes que la vitesse augmente. L’énergie élastique stockée par les muscles augmente donc
elle aussi, dans la mesure du possible. Le mouvement a lieu sans épuiser les réserves
énergétiques.

Le corps met en jeu de nombreux mécanismes au cours de l’activité physique. Le chien


présente des systèmes particuliers, améliorant ses capacités sportives. Si certains facteurs
sont innés, les capacités physiques sont en partie acquises. Une préparation est nécessaire
pour maintenir et développer ces compétences.

1.2.4 Préparation du chien de sport : modalités d’entraînement et d’alimentation

Comme nous l’avons évoqué plus tôt, le métabolisme du chien de sport est particulier
et les risques liés à la pratique sont nombreux. Il est donc nécessaire d’adapter le quotidien
du chien en fonction de ces exigences physiologiques. L’entraînement doit être régulier et
complet pour développer au mieux le fonctionnement des différents systèmes du corps. La
nutrition est également un volet essentiel de l’activité sportive.
Nous verrons quels peuvent être les impacts de ces facteurs sur la performance et
quelles sont les recommandations actuelles en matière de préparation physique du chien.

35
1.2.4.1 La nutrition de base du chien sportif

Selon une étude de 1998, les chiens perdent en moyenne 8,9% de leur poids corporel
après une course, sans relation avec le classement (Taleux, 2019). Sans surprise, la
consommation d’énergie des chiens sportifs est donc supérieure à celle de chiens sans
activité. Il convient d’adapter les apports. Pour cela, on commence par estimer les besoins,
quantitatifs et qualitatifs.

1.2.4.1.1 Des besoins énergétiques quantitatifs importants et variables

Les besoins énergétiques quantitatifs sont augmentés chez le chien de sport et


dépendent de l’intensité (notamment des dénivelés), de la durée de l’effort mais aussi des
conditions climatiques, notamment de la température. Les pratiquants qui modifient
régulièrement la ration des chiens se basent notamment sur le critère saisonnier (Gilibert,
2014 ; Taleux, 2019 ; Wakshlag et al., 2014).

Les races nordiques semblent avoir des besoins d’entretien plus faibles que les autres
races. En revanche, ces besoins peuvent être multipliés par un facteur 8 sur des courses de
longue distance. Il est difficile d’extrapoler ces données aux autres races de chien du fait de
la forte variabilité inter-race et des nombreux facteurs entrant en jeu dans la dépense
énergétique. Une variation individuelle importante existe, ce qui nécessite dans tous les cas
de suivre les chiens sportifs de près afin d’adapter la ration (Clero, 2015 ; Taleux, 2019).

Des recommandations sur le score corporel des chiens avant une course ont été
publiées. Ce score, ou cette note d’état corporel (NEC) est notée entre 1 et 9 chez le chien et
fait surtout appel à l’appréciation visuelle de la silhouette de l’animal.
Les objectifs de NEC ne sont pas toujours les mêmes selon l’activité du chien et sa race.
Les recommandations générales sont de maintenir le chien entre 4 et 5 sur 9. Mais les races
type Lévrier, chiens de sprint ou chiens de chasse sont plus souvent entre 3 et 4 sur 9.
L’activité physique et/ou la génétique de ces chiens fait qu’ils ne feront pas autant de réserves
que les autres, malgré une alimentation adaptée à leurs besoins, sans que cela soit
pathologique.
Les chiens d’endurance, quant à eux, sont amenés à puiser dans leurs réserves sur
plusieurs jours et sont souvent soumis à une perte d’état importante en compétition. Il n’est
donc pas rare de voir des chiens autour de 4 ou 5 sur 9 au départ pour limiter des
amaigrissements trop importants à l’issue de la course.

36
Figure 20 : Echelle d'état corporel chez le chien
La note de 5 représente un état d’entretien normal
D’après (Verwaerde & Priymenko, 2005)

1.2.4.1.2 Les besoins énergétiques qualitatifs : les nutriments essentiels

Le métabolisme aérobie nécessite tous les macronutriments essentiels : lipides,


protéines et glucides.

Dès que l’effort dure plusieurs minutes, les lipides deviennent le substrat d’énergie
principal. Ils présentent de nombreux avantages.
Ils augmentent l’appétence de la ration, ce qui permet de maintenir l’appétit chez des
chiens qui ont tendance à l’anorexie avec la fatigue. Leur densité énergétique est deux fois
plus importante que les glucides et protéines, c’est-à-dire qu’un quantité n de lipides produit
autant d’énergie qu’une quantité 2n de glucides ou protéines. Donc, pour une même quantité
d’énergie produite, une moindre quantité d’aliment est nécessaire s’il est enrichi en lipides,
diminuant ainsi l’encombrement digestif.

Le recours à un aliment hyperlipidique présente de nombreux avantages et est étudié


depuis plusieurs décennies : il semble augmenter la VO2max et améliorer les capacités
d’endurance. La part de lipides dans la ration peut atteindre 80% ponctuellement (Wakshlag
et al., 2014). La nature des lipides a son importance : les acides gras essentiels et insaturés
ont de nombreux effets positifs. Parmi les insaturés, les ω3 sont particulièrement intéressants
pendant l’effort pour leur effet anti-inflammatoire.

37
Les protéines sont nécessaires pour le maintien et le développement de la masse
musculaire. Les protéines végétales seules ne suffisent pas à assurer l’apport en acides aminés
essentiels. Les études sur les chiens de traîneau ont permis de déterminer que ces
macronutriments doivent correspondre à 30% de l’apport énergétique au minimum. Une
carence en protéines peut favoriser les atteintes musculosquelettiques. Un excès de
protéines peut également être néfaste et diminuer les performances. Certains articles se
penchent même sur l’intérêt d’un régime appauvri en protéines ponctuellement (Wakshlag
et al., 2014).

Figure 21 : Exemples de compositions de croquettes dites "pour chien sportif" de trois marques différentes
Graphique personnel

Les glucides ne sont pas considérés comme essentiels chez le chien, contrairement aux
autres nutriments. En effet, les carnivores ont un pouvoir de production de glucose par
néoglucogenèse (voie métabolique hépatique peu utilisée chez les autres animaux) suffisant
pour maintenir la glycémie dans la plupart des situations. Malgré cela, des études sur les
lévriers ont montré que des efforts intenses peuvent fortement diminuer les réserves
glucidiques des muscles. L’intérêt d’une alimentation riche en glucides dans l’effort est peu
documenté et les quelques résultats existants sont contradictoires.

38
Les fibres augmentent le volume du bol alimentaire et le volume fécal alors qu’on
cherche plutôt à les diminuer avant un effort. Mais elles restent importantes pour maintenir
une flore digestive de qualité et réduire l’incidence des diarrhées (Wakshlag et al., 2014).

Les micronutriments et leur importance ne seront pas développés ici. Nous noterons
simplement l’importance des vitamines dans la prévention du stress oxydatif (Clero, 2015).

1.2.4.1.3 Conseils sur les pratiques générales d’alimentation du chien sportif

L’objectif global de l’alimentation en compétition, mais plus largement en période de


pratique sportive, est d’apporter de l’énergie au chien tout en limitant le volume ingéré.

La plupart des pratiquants nourrissent leur chien à l’aliment sec de type croquettes
(Gilibert, 2014 ; Mallet, 2019). En effet, de nombreux progrès ont été faits ces dernières
années et des gammes d’aliments secs de bonne qualité adaptés aux chiens sportifs sont
aujourd’hui disponibles sur le marché. Le type d’aliment ne semble pas influencer la
performance (Foubert, 2020).

Il est le plus souvent recommandé de répartir la ration journalière en deux prises. Il


est déconseillé de donner un repas au chien 3 heures avant et 2 heures après un effort. Les
recommandations sur le jeûne pré-effort sont parfois plus sévères selon l’intensité de
l’exercice, allant jusqu’à 24h précédant un sprint par exemple. En revanche, un repas 2 heures
après l’exercice permet d’accélérer la reconstitution des réserves, tout en limitant le risque
de dilatation-torsion de l’estomac (Clero, 2015 ; Taleux, 2019).
Pour les repas précédant une compétition, il est conseillé de réduire la quantité de
nourriture de 20 à 30% afin de réduire le volume fécal (et donc éviter la défécation en
compétition) et de stimuler la mise en place de la voie métabolique des lipides (Taleux, 2019
; Wakshlag et al., 2014).

1.2.4.2 Quelques pratiques de supplémentation étudiées, au cours ou en dehors des


entraînements

La supplémentation est un moyen d’adapter plus finement les apports à la physiologie


de l’animal. Elle est donc intéressante pour les chiens de sport qui ont des besoins variables
au cours de l’année (entraînement, compétition, repos). Elle peut être fournie
quotidiennement ou ponctuellement avant, pendant ou après l’effort (Clero, 2015). Elle peut
être de différente nature selon l’objectif recherché.

39
1.2.4.2.1 Lutte contre la déhydratation

L’eau est un constituant essentiel de la ration. Une étude récente a évalué l’effet d’une
supplémentation en glycérol, aux propriétés hyper-osmotiques. L’hyperhydratation ainsi
favorisée est une technique controversée en médecine humaine mais semble améliorer l’état
d’hydratation avant effort chez le chien dans cette expérimentation. Si cette substance peut
présenter des avantages, ses effets secondaires sont aussi bien connus à forte dose comptant
notamment des risques d’insuffisance rénale aigüe (Clero, 2015).

1.2.4.2.2 Aide au maintien des réserves et apport d’énergie

Pour des exercices journaliers de type canicross (moyenne distance sur 30 à 120
minutes), proposer une petite portion riche en glycogène dans les 30 minutes après l’effort
est recommandé (Taleux, 2019). Les études existantes semblent montrer un impact positif de
ce complément sur les performances du chien. Cependant, cette recommandation semble
plutôt empirique, les travaux sur ce sujet étant peu nombreux et ne s’intéressant pas tous à
une supplémentation post-effort.

Un supplément riche en matière grasse a été mis au point et testé récemment. La


supplémentation été réalisée pré- et post-effort. Les chiens supplémentés présentent une
récupération plus rapide de leur fréquence cardiaque basale et une température corporelle
moins élevée. Les anti-oxydants ajoutés à l’aliment pourraient permettre de diminuer le
stress oxydatif, même 24 heures après l’exercice. Enfin, l’inflammation causée par l’effort
pourrait être limitée.

Les suppléments sont assez répandus dans le sport canin, notamment sur des courses
de longue distance. Si leur intérêt n’est pas totalement démontré, l’effet « récompense » est
également important (Taleux, 2019). La motivation est un facteur non négligeable de la
performance. Les études réalisées jusqu’à maintenant sur la supplémentation pré- et per-
effort semblent aller dans le sens d’une amélioration de la performance et de la récupération
des chiens.

Si l’alimentation ne cesse de progresser en médecine sportive canine, l’entraînement


est également un volet très important et s’inspire tout autant des données de la médecine
sportive humaine, adaptées aux capacités physiques du chien.

40
1.2.4.3 Différentes pratiques d’entraînement : l’échauffement et la récupération,
l’entraînement fractionné ou continu

Deux types d’entraînement peuvent être différenciés : en continu ou en fractionné. Le


second se base sur des exercices plus intenses entrecoupés de phases de repos. Il est très
répandu dans les programmes de sport chez l’homme et est utilisé pour augmenter la
contribution du système cardio-respiratoire à l’effort. Il est ainsi réputé, entre autres, pour
augmenter la VO2max (Helgerud et al., 2007; Koral et al., 2018).

Concernant les différentes modalités d’entraînement, des tendances ont été


observées : les chiens entraînés en fractionné ne montrent pas de performances
particulièrement différentes mais leur lactatémie est inférieure aux chiens entraînés en
continu. Cette modalité d’entraînement pourrait limiter les risques de microlésions
musculaires. Les effectifs étudiés étant faibles, il faut rester prudent quant à l’interprétation
de ces résultats.

L’échauffement et la récupération sont souvent considérés comme une composante


essentielle de la séance d’entraînement. Les muscles, le cœur et le mental doivent être
préparés avant un effort intense. Maintenir le corps actif après l’exercice permet d’accélérer
un retour au métabolisme de base et la détoxification.
Un échauffement insuffisant semble augmenter les risques d’affections locomotrices
tandis que la récupération semble les diminuer (Gilibert, 2014).

Les pratiques d’alimentation et d’entraînement doivent être adaptées à l’activité


physique du chien afin de limiter la survenue de divers troubles que nous allons voir
maintenant.

1.2.5 Affections fréquentes chez le chien de canicross et prévention

Les blessures et affections liées au sport sont plurielles et peuvent toucher aussi bien le
chien que l’homme. Concernant le coureur, il faut savoir que le canicross est un sport intense
qui sollicite beaucoup l’équilibre entre autres choses, et donc les articulations. La vitesse de
course augmente par l’action du chien, augmentant notamment le risque d’entorse (Lafuente
& Whyle, 2018). Pour exemple, aux championnats du monde, Antony Le Moigne et son
binôme Phoenix ont couru 3,7 km à 25 km/h en moyenne (Le Moigne & France 3 Normandie,
2016).

41
1.2.5.1 Les affections locomotrices : principales atteintes et facteurs de risque

Chez le chien de sport, les affections sont diverses. Les troubles locomoteurs sont les
plus fréquents, ou du moins sont les plus remarqués par les propriétaires. Plus de la moitié
concernent les membres antérieurs (Mallet, 2019). Cela peut venir du fait que ce sont surtout
eux qui portent le poids de l’animal, qui participent au freinage et à l’absorption des forces
centrifuges dans les virages (cf. paragraphe 1.2.2., (Fischer et al., 2020)).

Tableau IV : Principales affections locomotrices chez le chien de trait et facteurs de risque


D’après (Chevallier, 2013)
Région ou tissu atteint Nom de l’affection Prévention/Facteurs de risque
Affections podales Dermatite interdigitée Spray préventif
Infections sous-unguéales
Blessures traumatiques des coussinets Protéger les coussinets : baume,
chaussons
Affections articulaires Arthrose, souvent du carpe Respecter le rythme du chien
Eviter le surpoids (mais rare chez
des chiens sportifs)
Favorisé par l’âge, de mauvais
aplombs, l’étroitesse d’épaules
ou les terrains durs
Entorse des ligaments carpiens Favorisé par la fatigue, les
charges lourdes, un sol inégal ou
une forte pente prise à grande
vitesse, de mauvais aplombs
Luxation sacro-iliaque Favorisé par un harnais mal
adapté (notamment trop long)
Affections musculaires Contusions, souvent du muscle Bien échauffer les muscles avant
gastrocnémien l’entraînement
Affections tendineuses Tendinite du muscle biceps brachial Favorisé par la fatigue, une
charge lourde et de mauvais
aplombs
Rupture de la corde du jarret Favorisé par un démarrage
rapide sur forte pente
Inflammation interscapulaire Favorisé par un chien étroit
d’épaules ou une allure trop vive
pour sa taille
Traumatismes Hématomes et ulcérations Favorisé par un harnais trop
lâche
Bien régler le harnais
Morsure Deuxième affection la plus
fréquente, notamment lors
d’attelage en groupe

42
Figure 22 : Exemple de protections pour coussinets
D’après (Musher Experience, 2023)

Les affections aiguës sont presque autant citées que les affections chroniques, mais on
peut raisonnablement supposer que ces dernières sont sous-diagnostiquées. La plupart du
temps, la nature précise de la lésion n’est pas donnée. Parmi les causes connues, les ruptures
des ligaments croisés et les tendinites aux épaules sont prédominantes. Deux âges semblent
charnière pour la survenue des blessures : autour de 1 an et autour de 5 ans (Mallet, 2019).

Cette étude s’est également penchée sur quelques facteurs de risque associés à la
survenue d’affection locomotrice chez un chien pratiquant le canicross. Les femelles et les
animaux stérilisés ont significativement plus tendance à déclarer un trouble locomoteur.
L’âge est également un facteur de risque, la limite de 6 ans ayant été utilisée dans les
comparaisons statistiques. Un facteur alimentation semble mis en évidence : les chiens
nourris aux croquettes spéciales sportif ont un risque légèrement plus faible que les autres.
Les facteurs liés aux pratiques d’entraînement (échauffement, récupération) ont été
analysés, sans montrer d’influence significative. En revanche, la plupart des coureurs
confrontés à une affection locomotrice chez leur chien ont changé leur pratique par la suite.
Ils ont adopté ou intensifié les séances d’échauffement et/ou de récupération, pensant
qu’elles étaient insuffisantes et que cela a participé à la blessure (Mallet, 2019).

Si les affections locomotrices sont une dominante pathologique chez les chiens de
course, ce ne sont pas les seules à être plus fréquentes chez ces individus.

43
1.2.5.2 Les autres grands types d’affections

Les autres grands types d’affections du chien de sport sont notamment les troubles
gastro-entérologiques et les affections liées directement à l’effort.

1.2.5.2.1 Atteintes digestives

Concernant les affections digestives, nous évoquerons notamment les ulcères


gastriques. Les ulcères ont été étudiés chez les chiens d’endurance notamment, mais aussi de
sprint.
Ils sont assez fréquents, pas toujours symptomatiques et peuvent se résoudre
spontanément en quelques jours. L’activité physique provoque des fuites protéiques
exacerbées à l’origine d’inflammation chronique pouvant aller jusqu’à une rupture de la paroi
gastrique et une mort subite. Des vomissements peuvent accompagner les ulcères,
notamment dans l’heure suivant un repas (Chevallier, 2013 ; Clero, 2015).

Les chiens présentent parfois une diarrhée « de stress » ou syndrome de stress-


diarrhée-déshydratation (Chevallier, 2013 ; Clero, 2015).

1.2.5.2.2 Atteintes liées à l’effort physique

La déshydratation est une affection bien surveillée par les pratiquants et que les
règlements tendent à limiter au maximum. Les courses sont organisées en partie autour des
possibilités de points d’eau pour les chiens. Mais il reste parfois difficile de les hydrater
correctement. Des études ont mis en évidence une légère déshydratation chez des chiens
ayant réalisé différents types d’effort, même très courts.

Si celle-ci existe donc probablement chez la plupart des chiens en post-travail, elle est
limitée et sans impact clinique. Mais elle augmente les risques d’atteintes locomotrices, de
coup de chaleur et peut avoir des conséquences sur la santé du chien si elle est plus
prononcée (Clero, 2015).

44
Tableau V : Classification du degré de déshydratation et signes cliniques associés chez le chien
D’après (Davis et al., 2013)
Déshydratation (en %) Signes cliniques
Hydratation normale (0%) Non détectable
Légère (< 5%) Perte légère d’élasticité de la peau
Modérée (6-8%) Persistance du pli de peau
Muqueuses sèches
Enophtalmie débutante (œil rentré dans le globe oculaire)
Grave (10-12%) Persistance totale du pli de peau
Muqueuses sèches
Enophtalmie
Augmentation du temps de remplissage capillaire
Signes de choc possibles (tachycardie, hypotension, …)
Morbide (12-15%) Enophtalmie sévère
Muqueuses extrêmement sèches
Signes de choc
Etat de conscience altéré, coma

Le chien est particulièrement affecté par l’hyperthermie d’effort, la plaçant dans les
affections d’entraînement à surveiller. Le coup de chaleur se définit comme une réponse
inflammatoire systémique, causant une défaillance multi-viscérale et des lésions cérébrales,
associée à une hyperthermie forte (souvent plus de 41°C). Le risque serait de plus en plus
élevé, du fait de la popularité croissante des sports canins et de l’augmentation des
températures en demi-saison (Carter & Hall, 2018).
L’évacuation de la chaleur ne peut pas se faire par transpiration chez le chien. Quand
les températures extérieures augmentent, le halètement devient la principale source
d’évaporation et donc de dissipation de la chaleur. L’humidité est un facteur limitant ce
phénomène. On peut donc aisément concevoir qu’avec un effort intense, une température
extérieure importante et une humidité élevée, les capacités de refroidissement du chien
soient dépassées. Il est recommandé de ne pas courir avec le chien si le produit de la
température (en °C) et de l’humidité (en %) est supérieur à 1000 (Fontaney, 2019).
Cependant, cette relation n’a été validée par aucune étude, certaines ne trouvant aucune
corrélation entre le produit « température x humidité » et la température corporelle post-
effort (Carter & Hall, 2018). Seulement, pour étudier complètement l’effet négatif de cette
relation, il faudrait faire courir les chiens dans des conditions extrêmes, ce qui n’est pas
concevable.

Le syndrome de surentraînement est bien connu et décrit par les propriétaires de chiens
sportifs mais est assez peu documenté. Le chien présente des symptômes tels que la
fatigabilité, une récupération prolongée après l’effort, l’anorexie, … Il peut être provoqué,
entre autres, par une fréquence ou une intensité trop élevée des entraînements, le stress et
des périodes de repos trop courtes (Clero, 2015 ; Mallet, 2019).
45
Les atteintes du chien de sport sont nombreuses, de même que leurs facteurs de risque.
Le matériel utilisé en est un, notamment le harnais, même si sa contribution est encore mal
connue. Nous allons maintenant voir comment les modèles de harnais ont évolué depuis le
début de l’attelage et quels sont les risques potentiels pouvant venir de cet équipement.

46
1.3 Les harnais de canicross : origines, types et risques

Le matériel basique du canicrosseur se compose : pour lui-même d’un baudrier, d’une


longe de longueur adaptée à la discipline et d’un harnais de traction pour le chien.

1.3.1 Origines des harnais

La plus ancienne trace de harnais, qui est également la plus ancienne trace d’attelage
canin, date d’environ 6 000 ans avant notre ère ; un harnais composé de cuir et de tendons
de rennes a été découvert à côté d’ossements de chien sur une île en Sibérie. Les premiers
harnais utilisés sur les chiens semblent avoir été inspirés de ceux utilisés par les hommes à la
même période : ceintures abdominales, bretelles ou colliers permettaient de relier les chiens
à l’objet à tracter (des luges dans un premier temps, puis des véhicules à roues, …) (Chevallier,
2013).

Les types de harnais les plus proches de ceux que l’on trouve aujourd’hui sont issus de
Sibérie nord-orientale.
Celui de l’attelage esquimau tout d’abord, n’a presque pas évolué depuis son
apparition et s’est répandu dans de nombreuses régions au fil du temps. Ces harnais à
bretelles reposent sur le poitrail des animaux, libérant ainsi le cou du chien. L’attache est
située assez loin sur le dos, laissant le chien assez libre de ses mouvements tout en
répartissant bien le poids. C’est l’ancêtre des bien connus harnais de canicross X-back et H-
back dont nous parlerons par la suite.
On retrouve ce système de harnais chez les Esquimaux d’Amérique du Nord, mais la
datation du premier attelage dans cette région est plus douteuse.

Figure 23 : Harnais esquimau - Ancien harnais H-back


D’après (Le Trappeur, 2020)

47
Les régions de Sibérie nord-orientale qui n’utilisaient pas ces harnais utilisaient des
systèmes d’attelage dérivés de ceux des chevaux ou des bœufs.
La bricole, initialement inventée pour les équidés, a été adaptée aux chiens. Ce
système apparait en Scandinavie 2 500 ans avant J-C et sera utilisé en Europe au XIXème
siècle, période où la traction canine se développe fortement sur le continent.
Enfin, des colliers d’épaules rembourrés étaient parfois utilisés.

Figure 24 : Harnais type bricole - Ancien harnais de


pulka
D’après (Le Trappeur, 2020)

En Sibérie Orientale, l’attelage faisait plutôt appel à un harnais de type ceinture, qui
s’attache aux hanches du chien.

Les modèles de harnais présents de nos jours sur le marché s’inspirent directement de
ceux que nous venons de citer. Si nous devions noter une différence majeure, ce serait la
variabilité des dimensions. En effet, les concepteurs font aujourd’hui face à une très grande
diversité de formats de chiens pratiquant des sports. Des modèles adaptés pour toutes les
morphologies ont été imaginés.

1.3.2 Différents types retrouvés aujourd’hui dans ce sport

Le choix du harnais est un point d’attention particulier du canicrosseur. Le matériel est


important dans toute pratique sportive et il convient de trouver celui qui nous est le mieux
adapté. Si la médecine sportive humaine est, aujourd’hui, bien développée et avancée, la
littérature concernant les équipements canins n’est pas si fournie. L’expérience des mushers
leur permet d’imaginer des modèles de harnais efficaces en traction et qui ne semblent pas
gêner le chien dans son mouvement. Mais on peut supposer que leurs potentiels « défauts »
ne sont détectés que tardivement : lésions de la peau, affections chroniques de certaines
articulations… Et évaluer l’impact réel du harnais sur ces atteintes n’est pas aisé. D’autant que
ces chiens, particulièrement motivés et passionnés par la traction, n’exprimeront peut-être
pas facilement leur gêne.
48
La connaissance des grands sportifs de ce domaine a tout de même permis d’élaborer
des modèles qui ont fait leurs preuves sur le terrain. Ils sont inspirés notamment du modèle
esquimau (cf. paragraphe 1.3.1).

Tableau VI : Différents modèles de harnais utilisés pour différentes activités canines

Ce harnais forme un Y sur le poitrail du


chien. Il n’est pas considéré comme
adapté pour une traction intense par tous
les concepteurs (notamment pas par
Idog®).
Harnais court
en Y Il ne descend pas sur le bas du dos du
chien et l’attache se fait au milieu du
thorax.

Les harnais courts sont conçus surtout


pour les chiens de petit format.

Ce harnais forme un T sur le poitrail du


chien. Il est déconseillé en traction par la
Harnais court plupart des concepteurs.
en T ou Harnais
norvégien Comme le précédent, il ne descend pas
sur le dos.

Les sangles du harnais se croisent en H


sur le dos. Il est en Y sur le poitrail.

L’attache se fait dans le bas du dos de


Harnais H-back sorte que le harnais se pose sur presque
toute la longueur de l’animal, l’objectif
étant de répartir au maximum la traction.

49
Les sangles se croisent en X sur le dos et
en Y sur le poitrail.

L’attache se fait également sur le bas du


Harnais X-back dos. Le principe global est le même que le
harnais précédent.
Ce sont des modèles très répandus dans
le sport.

Aucune sangle ne se croise sur le dos,


laissant cette partie libre. Les sangles se
croisent toujours en Y sur le poitrail.

Harnais X-back
Il permet de conserver une bonne
ouvert répartition de la traction en gardant le
thorax libre. Il peut notamment se
rencontrer sur les chiens à l’avant-main
volumineux.

Figure 25 : Différents types de harnais


a. Harnais de la gamme UPKA par IDOG®, d’après (I-DOG, 2022)
b. Harnais court de Musher Experience®, d’après (Musher Experience, 2023)
c. Harnais norvégien de KERBL®, d’après (Petboutik, 2023)
d. Harnais norvégien, modèle JULIUS-K9 IDC®, d’après (Zooplus, 2023)
e. Modèle Nansen Stick de Non-stop dogwear®, d’après (Non-stop dogwear, 2023)
f. Harnais H-back de Neewa®, d’après (Polytrans, 2023)
g. Harnais de la gamme ONE par IDOG®, d’après (I-DOG, 2022)
h. Harnais de la gamme PHOENIX par IDOG®, d’après (I-DOG, 2022)
i. Harnais Inlandsis®, d’après (Inlandsis, 2017)
j. Harnais Inlandsis®, d’après (Inlandsis, 2017)

Une enquête réalisée auprès de 181 pratiquants recense les différents harnais utilisés.
84% des répondants équipent leur chien d’un harnais long. Les harnais X-back sont les plus
représentés (60%). Les modèles H-back, court en Y et X-back ouvert sont utilisés en
proportions équivalentes (10%). Deux chiens portent un harnais norvégien, interdit en
compétition et déconseillé pour la traction canine par la plupart des professionnels (Mallet,
2019).

Si le choix du harnais en lui-même est important, le réglage de celui-ci l’est tout autant.
Les risques d’inconfort et de blessures existent et sont un point d’attention particulier pour
les coureurs.

50
1.3.3 Réglages du harnais et risques liés à un mauvais ajustement

On cherche à obtenir un ajustement du harnais au corps du chien afin de répartir


uniformément la traction entre les épaules et le poitrail (Mallet, 2019). Pour obtenir un
harnais bien réglé, certains critères peuvent être énoncés :

Tableau VII : Quelques critères de réglage des harnais


D’après (Bogeyman, s. d. ; I-DOG & Le Moigne, 2021 ; Mallet, 2019)

Choix d’un harnais adapté à son


utilisation.
Utilisation
Harnais conçu pour la traction
horizontale ou pour une traction
désaxée.
Figure 26 : Schémas d'une traction
horizontale (en haut) et d'une
traction désaxée (en bas)
Schéma personnel

Critère le plus important.


Première partie du harnais à régler.

Se porte serré afin d’éviter qu’il ne


Tour de cou se déplace pendant l’effort, causant
des frottements, ou qu’il ne tombe
Figure 27 : Vérification du réglage du
sur les épaules, gênant ainsi les
tour de cou
mouvements du chien.
D’après (Bogeyman, s. d.)
Le sternum doit se trouver au niveau du « Y »
du harnais. Il doit être possible mais difficile de
passer la main entre le tour de cou et le chien.
Certains modèles ont été conçus
spécifiquement pour des chiens de
Morphologie traîneau (le H-back par exemple) et
ne s’adaptent donc pas à toutes les
morphologies.

51
N’est pas considéré comme le
paramètre le plus important.

Un passage de la sangle inférieure


Longueur du au niveau de la dernière côte
harnais permettrait de limiter les
frottements.
L’attache du mousqueton doit se
faire à la base de la queue et non sur
le dos, pour éviter de gêner le chien Figure 28 : Vérification de la longueur du
si la longe se détend. harnais
D’après (Bogeyman, s. d.)

Cage Les sangles latérales ne doivent pas


thoracique gêner la respiration du chien.
Figure 29 : Vérification de l'ajustement à
la cage thoracique
D’après (Bogeyman, s. d.)

A noter que la vérification du bon ajustement se fait toujours sur un harnais en tension.

Les marques proposent des tailles différentes sur leurs modèles de harnais et ils sont
réglables en un plus ou moins grand nombre de points afin de correspondre au mieux aux
différents formats de chiens. Les guides de taille font souvent référence au tour de cou et au
poids de l’animal. Certains se basent également sur le tour de poitrail pour différencier les
morphotypes (I-DOG, 2022).

Ces critères viennent essentiellement de l’expérience des concepteurs et de leurs


prédécesseurs.
De tels guides de bonnes pratiques sont apparus en France bien avant la création du
canicross. Ils datent du XIXème siècle, période où l’attelage de chien est très répandu dans
les campagnes alors même que la notion « d’animal de compagnie » se développe dans les
villes. Ces guides se basent donc sur les observations faites : blessures dues à certains harnais,
affections et troubles de santé chez des chiens malnutris, privés d’eau et surmenés. Un certain
nombre de vétérinaires y sont d’ailleurs à l’origine, tel que le Docteur Aureggio qui a étudié
les affections des chiens de trait et a développé du matériel adapté à la traction (Chevallier,
2013).

52
Nous avons souhaité nous pencher sur ces critères, les comparer et évaluer leur
importance. Non pas pour remettre en cause l’expérience de tous ceux qui ont participé et
participent encore aujourd’hui à l’amélioration de ce matériel, mais au contraire pour
conforter ce qu’ils ont toujours intuité. Cette étude a pour objectif d’implémenter les
connaissances scientifiques en matière de harnais de canicross, appuyant encore un peu plus
la volonté d’être, dans ce sport, au plus proche du bien-être animal.

Pour construire notre protocole, nous nous sommes basés sur des études existantes,
étudiant les harnais ou simplement le déplacement du chien. Nous allons voir quelques-unes
d’entre elles.

53
1.4 Etudes sur la course et/ou la traction et protocoles préexistants

Les études du mouvement chez les animaux concernent principalement les espèces
sportives, dont la locomotion intéresse l’homme depuis longtemps. Les principaux sujets sont
les chevaux et les chiens.

Du fait de la forte valeur économique des chevaux de course, et donc du fort intérêt de
la compréhension de leur déplacement, les études sont plus nombreuses dans ce domaine et
font appel à un matériel plus sophistiqué. Les études sur tapis roulant sont très répandues et
des recommandations sur leur mise en place ont été publiées il y a presque 30 ans (Buchner
et al., 1994). Des systèmes de vidéos diverses ont permis d’analyser les mouvements du
cheval dans les différentes allures, et plus particulièrement les mouvements articulaires.
Différents systèmes de marquage des reliefs osseux sont utilisés pour cela et sont plus ou
moins invasifs : des simples marqueurs cutanés (Gómez Álvarez et al., 2008 ; Thésé, 2020) aux
marqueurs amenés au contact de l’os (Château et al., 2006). Des outils très spécifiques ont
également été mis au point tels que des fers contenant des dynamomètres ou des
accéléromètres, permettant de mesurer en continu la force appliquée au sol et la vitesse de
déplacement (Chateau et al., 2010 ; Poinsard, 2020).

Les études sur le chien sont bien moins nombreuses et développées, même si elles se
multiplient ces dernières années et que du matériel spécifique, inspiré de celui que l’on peut
trouver en équine, se développe.

1.4.1 Etudes du déplacement du chien

Selon Martin Fischer, si toutes les études du mouvement du chien portent sur la
locomotion, c’est que celle-ci est l’activité la plus importante de cette espèce, car elle descend
du loup (Fischer et al., 2020).

Nous allons voir quelques exemples d’étude sur le sujet. Le matériel utilisé peut aller de
simples marqueurs et de caméras à la radiographie ou le scanner. La technologie se développe
en médecine des animaux de compagnie et peut être mise au service de la recherche afin de
gagner en précision, tout en limitant les manœuvres invasives.

54
Tableau VIII : Exemples de matériel utilisé pour l'étude de la locomotion du chien
Référence de l’étude Matériel utilisé Remarques
(Jaegger et al., 2002) Goniométrie en statique, avec et
sans sédation, pour mesurer les
angles articulaires.
Les mesures sont également
faites par radiographie.

Figure 30 : Illustration d'une


mesure d'extension du carpe par
goniométrie
D’après (Jaegger et al., 2002)
(Fanchon et al., 2005) Tapis roulant contenant des
capteurs de force.
(Colborne et al., 2006) Marqueurs réfléchissants placés
sur les articulations et suivis par
caméra.
(Duerr et al., 2016) Mesures IMU (inertial Ce système de mesure est
measurements units), qui sont comparé à celui de marqueurs
des composants électroniques réfléchissants, permettant de
de la famille des capteurs. Ils mesurer les angles articulaires
permettent de mesurer par acquisition vidéo.
l’accélération, la vitesse
angulaire et l’orientation
(Génération Robots, 2023).
(Wachs et al., 2016) Radiographie à rayons X et
scanner du rachis lombaire et du
pelvis.
(Kim et al., 2017) Marqueurs réfléchissants placés
sur les articulations suivis par
caméras infra-rouge.
(Fischer et al., 2018) Fluoroscopie biplanaire haute La technique XROMM combine
fréquence : technique XROMM des modèles osseux 3D à des
(X-ray reconstruction of moving acquisitions vidéo par rayons X
morphology). des mouvements en 2D afin de
Marqueurs réfléchissants placés recréer les mouvements des os
en T sous contrôle (Brown University, 2023).
fluoroscopique.
(Brown et al., 2020) Marqueurs réfléchissants placés Construction d’un modèle
sur les articulations et scanner informatique permettant de
complet des membres prédire le travail des muscles des
postérieurs. membres pelviens.

55
Figure 31 : Exemple de marqueurs articulaires réfléchissants
D’après (Fischer et al., 2018)

Un grand nombre des études sur la locomotion du chien se font sur tapis roulant
(Fanchon et al., 2005 ; Fischer et al., 2018 ; Lafuente et al., 2019 ; Wachs et al., 2016). Ils
permettent de maîtriser aisément le paramètre vitesse de course et de limiter des facteurs
de variation liés à une course en extérieur. Le matériel d’acquisition de données peut être
installé tout autour et n’a pas besoin d’être déplacé. Une période d’habituation est souvent
nécessaire.

L’analyse de la locomotion fait souvent appel à l’utilisation de marqueurs cutanés


(Brown et al., 2020 ; Colborne et al., 2006 ; Fischer et al., 2018 ; Kim et al., 2017). Ce système
relativement simple a également l’avantage d’être peu invasif, mais est source d’erreurs. En
effet, les déplacements de la peau sur les os se font dans toutes les directions de l’espace
pendant le mouvement, faussant le marquage. A supposer, de plus, que les marqueurs soient
correctement placés au départ, sur un animal calme en position totalement neutre. Aucun
modèle n’existe encore chez le chien pour corriger cette erreur systématique (Schwencke et
al., 2012).

1.4.2 Etudes des harnais canins

Si l’étude du mouvement chez le chien est en développement et laisse encore de


nombreuses questions en suspens, l’impact des harnais ne fait l’objet que de quelques
expérimentations.

L’une d’elles évalue l’effet de deux types de harnais sur l’extension d’une articulation
précise : l’épaule. Les chiens se déplacent sur un tapis roulant et des marqueurs articulaires
non réfléchissants sont utilisés. L’étude se fait avec les harnais maintenus en tension et des
poids sont parfois ajoutés au bout de l’attache.

56
Les résultats montrent un effet négatif du port du harnais sur l’extension de l’épaule
de même que l’ajout de poids. Mais, contrairement à ce qui était attendu, les harnais court
en Y semblent plus restrictifs que les harnais courts en T concernant l’épaule. D’autres études
sont cependant nécessaires pour conclure. L’auteur cite en effet une étude évaluant d’autres
paramètres (longueur de foulée, pression du pied) montrant que les harnais courts en T sont
les plus restrictifs (Lafuente et al., 2019). D’autant que les angles des articulations proximales
des membres sont plus variables que ceux des articulations distales (Fischer et al., 2018 ;
Lafuente et al., 2019). Ils sont donc, peut-être, plus à même de donner des résultats
contradictoires, d’un individu à l’autre.

Figure 32 : Harnais comparés lors de l’étude et montage tapis/harnais en tension


a. Harnais dit « non restrictif » : modèle court en Y
b. Harnais dit « restrictif » : modèle court en T ou harnais norvégien
D’après (Lafuente et al., 2019)

Une étude a cherché à comparer l’effet du port du harnais et du port du collier sur le
comportement du chien au cours de la balade. Aucune différence n’a pu être démontrée
(Grainger et al., 2016).

Des capteurs de pressions sous différents types de harnais chez des chiens guides
mettent en évidence des pressions plus fortes au niveau du sternum. Cette pression ne
semble pas influencée par le type d’exercice proposé au chien (ligne droite, virage, pente
montante ou descendante) (Peham et al., 2013).

57
Plusieurs études mettent en évidence une tendance des harnais à restreindre les
mouvements, de manière plus ou moins importantes selon le modèle utilisé. Les études étant
peu nombreuses et les effectifs étudiés souvent restreints, il est nécessaire d’acquérir
d’autres données. De plus, les harnais de sport sont peu représentés dans ces études,
probablement du fait de leur développement récent.

L’usage de marqueurs et l’évaluation des angles articulaires semblent être les


méthodes les plus souvent utilisés dans les études du déplacement du chien, avec ou sans
harnais. Certains auteurs décrivent un matériel plus spécifique et précis tels que les capteurs
de pression ou les tapis de force.

A partir de tous ces faits, nous avons cherché à mettre en place un protocole
permettant d’évaluer l’impact des harnais de canicross sur la course de chiens sportifs. Nous
souhaitions ainsi participer à enrichir les données déjà existantes et, plus spécifiquement,
aider les concepteurs, tel qu’I-DOG®, à imaginer des harnais aussi performants que possible.

58
Partie 2 : Etude expérimentale, évolution des objectifs de
l’étude et mise en place d’un protocole évaluant les
réglages des harnais

2.1 Objectifs initiaux de l’étude, ébauche de protocoles et évolution

2.1.1 Naissance du projet

La volonté de construire une étude permettant d’évaluer l’impact de différents


modèles de harnais de canicross sur la course du chien vient d’I-DOG® et notamment de son
représentant et concepteur Antony LE MOIGNE, appuyé par son directeur, Laurent CANO.
Cette étude a été commandée auprès du CTPA (Centre Technique des Productions Animales
et Agro-alimentaires), aujourd’hui devenu CTCPA. Un partenariat avec Oniris dans le cadre
d’une thèse vétérinaire a ensuite été proposé. Ainsi est né notre projet commun.

La problématique soulevée par I-DOG® concerne le manque de données scientifiques


disponibles pour valider les systèmes de harnais existants. Comme évoqué précédemment,
les bases de la conception des harnais viennent des siècles d’expérience de l’attelage canin.
Dans un premier temps, le but de l’étude était donc d’évaluer l’impact du port du harnais sur
la course du chien. Afin de réaliser une évaluation la plus complète possible, nous avions
choisi de comparer plusieurs modèles de harnais (a minima, les plus répandus en canicross).
Comme nous allons le voir par la suite, cette étude comparative n’a pas pu être menée
comme nous le souhaitions. Le temps dont nous disposions nous a permis de construire et
tester un protocole visant à évaluer l’impact des harnais, mais pas de réaliser des tests en
nombre suffisant pour obtenir des résultats significatifs.

Après avoir fixé ensemble les objectifs précis, nous avons rédigé un protocole en deux
étapes avec l’aide précieuse du CTCPA : une étude préliminaire permettant de sélectionner
les paramètres physiques et mécaniques à évaluer puis l’étude expérimentale en elle-même
avec récolte définitive de données et analyse statistique.

59
2.1.2 Evolution du protocole

Au cours des recherches bibliographiques et des premiers tests réalisés sur le terrain,
de nombreux aspects du protocole ont été amenés à évoluer.

2.1.2.1 Terrain d’étude : du tapis de course au circuit extérieur

Ayant pris connaissance des données de la littérature citées plus tôt, nous avons
d’abord choisi de réaliser l’étude sur un tapis roulant (Fanchon et al., 2005 ; Fischer et al.,
2018, 2020 ; Lafuente et al., 2019 ; Wachs et al., 2016). Un tel matériel permet de maintenir
la vitesse du chien stable, de s’affranchir de toute pente ou déviation du chien de sa ligne de
course, et donc finalement de limiter un certain nombre de variables dues au terrain.
Les études concernant le temps nécessaire au chien pour s’habituer à un tapis sont
contradictoires. Certaines concluent qu’une séance de quelques minutes est nécessaire pour
que les chiens soient habitués, d’autres que quelques secondes suffisent alors que certains
chercheurs n’obtiennent jamais d’habituation satisfaisante (Fanchon & Grandjean, 2009).
Les retours d’expérience que nous avons pu avoir semblent s’accorder sur une bonne
faisabilité de ce genre de protocole.

Nous disposions de deux types de tapis différents à l’école vétérinaire : un tapis de


physiothérapie et un tapis roulant pour chevaux. Nous les avons testés avec deux chiens
pratiquant le canicross à un niveau confirmé.

Le tapis de physiothérapie est fermé par des parois et ne permet donc pas de faire
courir le maître et son chien reliés entre eux. La vitesse du dispositif est relativement faible,
adaptée au pas et non au galop. Souhaitant évaluer une allure proche de celle d’une course,
cette option nous a rapidement paru peu adaptée. De plus, le fait que l’espace soit clos
semblait d’autant plus perturber les chiens. En physiothérapie, plusieurs séances sont
souvent nécessaires pour que l’animal s’habitue et elles se font dans des conditions plus
calmes et intimes que notre étude. L’absence d’eau dans le bac accentue également le bruit
de la machine.

Figure 33 : Tests sur tapis de physiothérapie


Photographies personnelles
60
Le tapis d’équine nous semblait plus intéressant pour permettre au binôme chien-
maître de courir dans les conditions réelles du canicross. En réalité, la longueur du tapis ne
permettait pas de faire courir le binôme avec la longe en tension dans des conditions de
sécurité satisfaisantes.
Contrairement à ce que nous avions supposé, il a été assez difficile pour les chiens de
s’habituer au tapis roulant. Nous supposons que plusieurs facteurs peuvent être
responsables : ces chiens pratiquent le canicross à haut niveau et sont donc habitués à courir
en extérieur, guidés par la voix de leur maître, adaptant eux-mêmes leur vitesse et tout ceci
avec le harnais en tension. Les conditions de course qui leur sont proposées sont donc
éloignées de leurs habitudes.

Figure 34 : Tests sur tapis roulant d'équine


Photographies personnelles

Ces difficultés relevées au cours des tests nous ont donc amenés à revoir le cadre de
notre protocole. Etant donné que nous souhaitions nous rapprocher autant que possible des
conditions de terrain (longe en tension lors de l’accélération, chien relié à son maître), nous
avons envisagé le fait de réaliser cette étude en extérieur. Cette option nous a également
permis d’envisager d’intégrer un ou des virages à notre circuit.

Toujours dans le cadre des essais sur tapis, nous avons eu l’occasion de tester un tapis
de force. Ce matériel fait aussi parti des dispositifs retrouvés dans la littérature (Fanchon et
al., 2005).

61
Figure 35 : Tests sur tapis de force
A droite, Opale guidée en laisse.
A gauche, Gatsby réalisant un passage avec le harnais en tension
Photographies personnelles

Les données obtenues à l’aide d’un tel dispositif peuvent se révéler très intéressantes
(longueur de foulée, variations de pression appliquée sur le sol, …). Seulement, elles ne
faisaient pas partie de nos paramètres prioritaires. Leur recueil était incompatible avec un
parcours extérieur et, par souci de simplification, nous ne souhaitions pas multiplier les temps
d’acquisition.

En définitive, ces tests nous ont amenés à changer le cadre de notre protocole. Nous
avons supposé qu’une étude en extérieur nous permettrait d’être au plus près des conditions
réelles de course et de limiter le stress des chiens. Le terrain n’est pas le seul critère ayant
évolué au cours de la mise en place du protocole.

2.1.2.2 Paramètres évalués : de l’acquisition vidéo aux capteurs de pression

Les paramètres que nous avons décidé d’évaluer proviennent pour la plupart de la
bibliographie. Ils reposent sur une acquisition vidéo. Ils peuvent être divisés en paramètres
qualitatifs (rotation du harnais, signes de gêne lors de la course, …) et quantitatifs,
notamment les angles articulaires par l’intermédiaire de marqueurs non réfléchissants.

Tableau IX : Paramètres envisagés lors de la construction du protocole


Qualitatifs Rotation du harnais
Critères d’observation vidéo Mouvements de gêne
Quantitatifs Amplitude de foulée
Angle museau-garrot-ligne du dos
Angles articulaires
Critères post-entraînement Fréquence cardiaque et respiratoire
Zone de déplacement du harnais par marquage
Autres critères Pression sous le harnais

62
Des paramètres physiologiques ont été envisagés : fréquences cardiaque et
respiratoire. Les données de la bibliographie sont contradictoires sur le sujet et un grand
nombre de répétitions semblent nécessaires (Lopedote et al., 2020). De plus, les valeurs
brutes ne sont pas les plus indicatives, contrairement aux délais de normalisation de ces
fréquences après effort. Le temps d’acquisition des données est alors grandement allongé par
animal. Pour des questions logistiques, nous avons choisi de laisser de côté ces critères au
cours des phases de tests.

Un paramètre très intéressant que nous ne pensions pas avoir la chance d’évaluer s’est
ajouté au protocole : la pression sous le harnais. On peut supposer que ce critère est plus
facile à relier à un impact négatif du harnais qu’un autre paramètre indirect. Nous avons pu
nous procurer six capteurs de pression conçus pour notre étude à placer en différents points
du harnais pendant la course.

Si cette opportunité nous a permis de revoir à la hausse nos ambitions en termes de


paramètres évalués, nous avons dû en revanche les revoir à la baisse concernant les objectifs
globaux de l’étude. En effet, les tests et l’élaboration du protocole ont occupé un temps
important de celui dont nous disposions. Il est devenu difficilement envisageable de mener
une étude aussi complète et complexe que prévue initialement.

2.1.2.3 Objectifs visés : de la comparaison de modèles au réglage des harnais

Notre objectif initial était de comparer les différents modèles de harnais de canicross
existant sur le marché. Notre étude se voulait la plus exhaustive possible sur ce plan afin
d’obtenir une vue d’ensemble de ce qui se fait aujourd’hui et quels peuvent être les avantages
ou inconvénients de chaque modèle.

Le protocole s’étant peu à peu complexifié, nous avons dû revoir nos objectifs. En effet,
notre temps expérimental étant réduit à ce stade, la durée d’équipement du chien et de mise
en place du matériel est un facteur limitant à la multiplication du nombre de harnais testés
par chien. Nous avons décidé de modifier les variables étudiées, afin de limiter le temps
d’expérimentation.
Après concertation avec I-DOG® au sujet des problématiques qu’ils rencontrent, nous
avons choisi d’évaluer l’impact des réglages du harnais. La présence des capteurs de pression
nous a paru bien adaptée pour cette évaluation. Si certaines conséquences de mauvais
réglages semblent évidentes et intuitives, nous pensons qu’il est intéressant de les vérifier et,
peut-être même, de les remettre en question.

Nous verrons que malgré ces modifications, nous n’avons pas pu recueillir autant de
données que nous l’aurions voulu. Nous avons pu tester les réglages des harnais mais nous
n’avons pas obtenu suffisamment de données pour avoir des résultats significatifs.

63
Notre étude pourrait se définir plus justement comme l’élaboration d’un protocole
permettant d’évaluer l’impact du réglage des harnais de canicross sur la course du chien.
Il pourrait être étendu par la suite à une étude comparative des modèles de harnais.

Des extraits du protocole préliminaire rédigé avec l’aide du CTCPA se trouvent en


annexe de ce manuscrit.

64
2.2 Matériel et méthodes

2.2.1 Procédé du premier essai expérimental : étude « préliminaire »

Nous avons tout d’abord cherché à tester, valider notre protocole et la faisabilité de
notre circuit extérieur ainsi que d’écarter d’éventuels paramètres difficilement évaluables ou
peu informatifs.

2.2.1.1 Binômes maître-chien

Pour cette partie de l’étude, nous avons travaillé avec 4 binômes maître-chien
pratiquant le canicross au niveau amateur. Les chiens sont tous de races différentes : un
Berger Australien, un Berger Hollandais, un Eurohound et un Rhodesian Ridgeback.
Les chiens courent tous avec le même modèle de harnais X-back : I-DOG Phoenix®. Le
harnais est réglé par le propriétaire, avec l’ajustement habituel, jugé confortable pour le
chien. La longe est également identique, nous ayant servi de guide pour une partie du
matériel d’acquisition (les câbles des capteurs notamment). Les coureurs ont en revanche
chacun leur baudrier personnel.

Les chiens n’ont pas réalisé d’exercice léger à modéré depuis au moins 24 heures et
d’entraînement de canicross depuis plus de 48 heures. Leur dernier repas date d’au moins 6
heures.

2.2.1.2 Matériel d’acquisition

Trois caméras ont été utilisées pour filmer les passages :


- Une GoPro® est installée dans la ligne droite, filmant le flanc droit du chien et
permettant de visualiser les marqueurs articulaires,
- Un appareil photo filme le chien de face à la fin de la ligne droite,
- Une caméra filme le chien dans le virage.

Des marqueurs sont réalisés à l’aide de bande adhésive type Tensoplast® coupée en
carrés de 2 cmx2cm. Ils sont placés sur la peau en regard des reliefs osseux suivants, sur les
membres antérieur et postérieur droits du chien (Brown et al., 2020 ; Colborne et al., 2006 ;
Fischer et al., 2018 ; Kim et al., 2017 ; Lafuente et al., 2019 ; Schwencke et al., 2012) :

Tableau X : Position des marqueurs articulaires


Marqueurs membre antérieur Marqueurs membre postérieur
Relief dorsal de l’épine scapulaire Pointe de la hanche (aile dorsale de l’ilium)
Acromion Pointe de la fesse (pointe de l’ischium)
Pointe de l’épaule (tubercule majeur de l’humérus) Grand trochanter
Epicondyle latéral de l’humérus Patelle
Processus styloïde de l’ulna Pointe du jarret (tubérosité calcanéenne)
65
Figure 36 : Positionnement des marqueurs sur le côté
droit du chien
Photographie personnelle

Une étude sur les sources d’erreurs introduites par l’utilisation de marqueurs
articulaires cutanés n’a pas montré de différence significative entre les membres droits et
gauches. Nous avons donc choisi le côté qui nous permet d’obtenir le meilleur recul sur la
foulée du chien, supposant que cela n’a pas d’impact sur les biais des marqueurs (Schwencke
et al., 2012).

Des capteurs de pression sont placés en six points différents du harnais :

- Sur le sternum : au croisement des branches du Y formé par le harnais sur le


poitrail du chien,
- Sur l’épaule droite,
- Sur l’épaule gauche,
- Sur le flanc droit,
- Sur le flanc gauche,
- Sur le dos : au croisement du X.

Les capteurs utilisés sont des Flexiforce®, de l’entreprise Mescan®. Les boitiers USB
permettant de les relier à un ordinateur viennent du fabriquant Tekscan, Inc.®.

66
Figure 37 : Photographies légendées du système de capteurs de pression
Photographie personnelle

Figure 38 : Position des capteurs sur deux chiens, en


vue latérale (en haut) et en vue dorsale (en bas)

Les flèches pointent les boitiers et non la place des capteurs


en eux-mêmes. Ceux-ci sont attachés à l’intérieur
du harnais et ne sont donc pas visibles.
Photographique personnelle

67
Les capteurs et leurs boitiers sont fixés au harnais par des bandes adhésives type
Tensoplast®. Ceux-ci sont reliés à un ordinateur par des câbles courant le long de la longe de
traction, maintenus par des colliers de serrage. Le logiciel ELF Multi-handle® permet
l’enregistrement des données au cours de la course. L’ordinateur est porté par le coureur à
l’aide d’un sac.

Figure 39 : Installation des câbles le long de la longe, jusqu'au boitier et à l'ordinateur,


portés par le coureur
Photographie personnelle

2.2.1.3 Design de l’essai

L’acquisition des données se fait sur un circuit extérieur, comprenant une ligne droite
et un virage. La ligne droite est choisie suffisamment longue pour laisser le temps au chien de
prendre son élan avant de passer devant la première caméra. En effet, comme nous l’avons
vu précédemment (paragraphe 1.2.2), un certain nombre de foulées est nécessaire pour que
le chien atteigne son allure de course (Fischer et al., 2020).
Cette caméra doit également être placée suffisamment loin du virage pour filmer le
binôme maître-chien aussi aligné que possible et limiter l’anticipation du virage par le chien.

Figure 40 : Schéma du parcours du chien (ligne grise) et de la position des différentes caméras (croix rouge)
Schéma personnel

68
Les caméras, les marqueurs et les capteurs de pression sont placés comme décrits au
paragraphe précédent. Le temps nécessaire pour équiper un binôme est estimé à 5 minutes,
une fois l’opérateur formé et habitué à la manœuvre. Un manipulateur est assigné au
placement des marqueurs et deux autres à celui des capteurs.
L’acquisition est lancée sur tous les appareils simultanément : le logiciel des capteurs
et les trois caméras. Une fois le matériel lancé, en place et les coureurs prêts, un décompte
est réalisé par l’un des opérateurs, à l’issu duquel le binôme démarre sa course. Une fois le
virage passé, le couple s’arrête et l’acquisition est coupée.

Les passages sont répétés cinq à six fois par binôme, tenant compte de la durée de
l’exercice et de la lassitude du chien ainsi que du temps dont nous disposions pour réaliser
cette phase de test.

2.2.1.4 Difficultés rencontrées et modification à apporter au protocole

Comme nous l’avions prévu, l’un des désavantages d’un circuit extérieur non couvert
est la dépendance aux conditions climatiques. Celles-ci n’étaient pas idéales lors de notre test.
Au-delà du fait que la pluie peut altérer la qualité des images vidéo, la question des biais
introduits se posent. En effet, le chien adapte sa vitesse au terrain et la traction peut être
modifiée. Si le chien ralentit sur sol glissant, la tension de la longe sera moindre et, par
conséquent, la force de traction aussi.
Il nous semblait donc essentiel que les données pour un même chien soient obtenues
dans les mêmes conditions pour pouvoir être comparables.
Le terrain choisit pour cette partie du protocole n’était pas suffisamment dégagé pour
permettre de bien visualiser les extrémités du chien sur toutes les images.

Le temps d’équipement et la répétabilité de l’exercice proposé peuvent être frustrants


pour le chien. Nous avons pu observer une baisse de motivation de certains au fur et à mesure
des passages. Tandis que d’autres avaient besoin de plusieurs départs pour s’habituer à
l’exercice.

En observant rapidement les courbes de pression issues des capteurs, nous nous
sommes rendu compte que le signal de certains d’entre eux était saturé. La sensibilité des
capteurs était donc trop élevée pour pouvoir exploiter complètement toutes les données de
pression.

Une autre session de tests préliminaires aurait été nécessaire pour caler
définitivement notre protocole et permettre une analyse statistique de tous les paramètres,
notamment de toutes les données de capteur. Pour des raisons logistiques, nous n’avons pas
pu mener à bien cette nouvelle session.

69
Nous avons néanmoins pu réaliser un second test après modification de la sensibilité
des capteurs et en faisant varier le réglage du harnais. Cette étude sera qualifiée de
« définitive » car elle se rapproche du protocole que nous souhaitions construire. En
revanche, au vu du faible effectif étudié, elle ne représente en rien une étude complète qui
nous permettrait de dégager des conclusions statistiques.

2.2.2 Procédé du seconde essai expérimental : étude « définitive »

Cette partie de notre étude nous a permis d’évaluer la faisabilité du protocole


complet, avec modification du réglage des harnais. Elle nous a également permis d’obtenir
des résultats complets sur les capteurs de pression, une fois leur sensibilité diminuée.

2.2.2.1 Binôme maître-chien

Un seul binôme a participé à ce dernier test et une seule session de collecte de


données a pu être réalisée. Le matériel utilisé était identique à la phase précédente : harnais
et longe de traction I-DOG Phoenix® et baudrier personnel.

2.2.2.2 Matériel d’acquisition

Le matériel d’acquisition est sensiblement identique. Les marqueurs sont placés au


même endroit sur les membres et du même côté du chien. Les capteurs sont également
positionnés comme décrit dans le paragraphe précédent.

Concernant les caméras, quelques changements ont été réalisés. En effet, nous avons
pu nous procurer une seconde caméra grand angle (GoPro®), nous permettant de filmer un
plus grand nombre de foulées dans la ligne droite. En revanche, une seule caméra a été placée
à la fin de la ligne droite, de manière à visualiser le chien de face et dans le virage.

2.2.2.3 Design de l’essai

Si le principe de l’essai reste inchangé, nous avons été forcés de changer le terrain
d’étude. En effet, les conditions météorologiques étaient clémentes le jour de l’acquisition
mais les intempéries des semaines précédentes ont rendu le terrain utilisé dans les premiers
essais impraticable.

Nous avons installé le matériel sur un circuit répondant aux mêmes caractéristiques :
ligne droite suffisante pour permettre au chien de prendre de l’élan, suivie d’un virage.
L’acquisition est lancée de la même manière que la session précédente.

70
Figure 41 : Schéma du second terrain utilisé, le parcours du chien est représenté (ligne grise) ainsi que les
caméras (croix rouges)
Schéma personnel

Pour ce test, nous avons fait varier le réglage du harnais. Nous souhaitons comparer un
réglage dit « normal » à un réglage trop serré ou trop desserré.

Tableau XI : Description des différents réglages réalisés pour comparaison


Réglage Description
Normal Le harnais est réglé par le propriétaire, selon l’ajustement habituel jugé
le plus confortable pour le chien.
Lâche Les six points de réglage que comportent le modèle utilisé sont desserrés
au maximum.
Serré Les points de réglage sont serrés jusqu’à la butée si possible. Sinon, les
sangles sont serrées de manière plus importante qu’un réglage normal,
tout en limitant la compression de la cage thoracique du chien.

Nous avons pu réaliser six passages par réglage de harnais dans le temps dont nous
disposions tout en veillant à ne pas rendre le chien trop inconfortable. En effet, si des signes
de gêne ont pu être détectés au cours de l’essai, inhérents au paramètre variant, le chien n’a
manifesté aucun signe de douleur. Malgré l’absence de refus au départ de la course, nous ne
souhaitions pas multiplier les passages pour limiter la lassitude et l’inconfort de l’animal.

Nous allons maintenant voir comment nous avons analysé les données obtenues avant
de voir ce qu’elles peuvent nous apporter.

71
2.2.3 Procédé de traitement des données en vue d’une étude statistique

2.2.3.1 Traitement de données quantitatives

Les méthodes d’analyse des différents paramètres vont être présentées. Elles
concernent notamment les paramètres quantitatifs. Nous verrons par la suite comment les
paramètres qualitatifs ont été traités.

2.2.3.1.1 Angles articulaires

Des images ont pu être extraites des données vidéographiques. Quatre moments du
cycle de foulée ont été retenus (Colborne et al., 2006 ; Kim et al., 2017 ; Lafuente et al., 2019).

Tableau XII : Moments du cycle de foulée retenus pour les mesures d'angles articulaires
Membre concerné Moment de la mesure
Membre antérieur Extension maximale
Extrémité du membre quitte le sol
Membre postérieur Extension maximale
Extrémité du membre se pose au sol

Les déplacements de la peau sur les reliefs osseux semblent être constants au cours
d’une foulée (Schwencke et al., 2012). En choisissant des moments précis du cycle pour
l’analyse, une erreur systématique est commise.
Nous pouvons supposer que celle-ci est constante dans notre étude, d’une foulée à
une autre pour un même moment du cycle, permettant ainsi de comparer les résultats en
limitant l’impact du déplacement des marqueurs.

Les images ainsi obtenues ont été traitées grâce au logiciel ImageJ®, permettant de
mesurer les différents angles articulaires.

Tableau XIII : Repères utilisés pour la mesure de chaque angle articulaire


Angles Repères utilisés pour la mesure
Angle scapulo-huméral Garrot – Pointe de l’épaule – Epicondyle latéral de l’humérus (ELH)
Angle huméro-radio-ulnaire Pointe de l’épaule – ELH – Processus styloïde
Angle radio-ulno-carpien ELH – Processus styloïde – Milieu de l’extrémité de la main
Angle sacro-fémoral Pointe de la hanche – Pointe de la fesse – Patelle
Angle fémoro-tibio-patellaire Grand trochanter – Patelle – Tubérosité calcanéenne
Angle tibio-tarsien Patelle – Tubérosité calcanéenne – Milieu de l’extrémité du pied

Les valeurs d’angles retenues sont celles des angles internes (ceux en face palmaire et
plantaire des membres).

72
Pour chaque angle, les mesures sont réalisées cinq fois et une moyenne est calculée.
La bibliographie conseille de réitérer au moins trois fois les mesures pour obtenir une
moyenne plus fiable de l’angle (Jaegger et al., 2002). Du fait de la rapidité de la manipulation
et des nombreuses sources d’erreur possibles dans notre dispositif, le choix est fait de porter
à cinq le nombre de répétitions de la mesure.

Après les angles articulaires, les données des capteurs de pression ont été extraites
pour être analysées.

2.2.3.1.2 Pression sous le harnais

Le logiciel d’enregistrement des données de capteurs, ELF Multi-handle®, permet de


visualiser la pression en fonction du temps des différents capteurs, simultanément ou
séparément.

Figure 42 : Exemple de courbes de pression obtenues sur un chien au pas

Il permet également d’extraire les données sous Excel. Les valeurs sont ensuite triées.
En effet, l’acquisition étant lancée avant le départ, les valeurs précédant celui-ci sont retirées.
Le signal donné par l’un des manipulateurs sur les vidéos permet de déterminer le début réel
de l’acquisition.

Ce tri n’a pas toujours été aussi aisé que nous le pensions a priori. Une mesure plus
précise du temps entre le lancement du logiciel d’acquisition des capteurs et le début de la
course est nécessaire pour plus de précision.
Nous verrons qu’il est envisageable de s’affranchir de cette procédure en travaillant
uniquement sur les maxima des valeurs de pression.

Des données qualitatives ont également pu être analysées à partir des autres vidéos
et du ressenti des coureurs.
73
2.2.3.2 Traitement des données qualitatives

2.2.3.2.1 Aisance du chien pendant la course et ressenti du coureur

Au cours de l’exercice, les impressions du coureur sont recueillies. Tous les binômes
ayant participé à l’étude pratiquent régulièrement le canicross. Les coureurs peuvent donc
signaler facilement des sensations inhabituelles (manque de tension dans la longe, signes de
gêne exprimés par le chien).

Ces impressions sont consignées et comparées aux données vidéos. En effet, des
signes d’inconfort ou de gêne du chien peuvent être confirmés sur image.

Tableau XIV : Paramètres qualitatifs reliés à une gêne du chien dans notre étude
Comportement considéré normal au cours de la Signes de gêne ayant pu être remarqués
course
Balancement du cou et de la tête de bas en haut Augmentation de l’amplitude de ce mouvement
Longe en tension Longe plus lâche, traction moindre
Vitesse habituelle du chien Vitesse réduite
Foulée bien développée Amplitude de foulée réduite

Ces signes sont uniquement qualitatifs dans notre étude car notre dispositif ne nous a
pas permis de les évaluer quantitativement. La mesure de certains de ces paramètres a été
envisagée lors de la construction de notre protocole. Mais par manque de matériel
(dynamomètre pour mesurer la traction par exemple) et par souci de simplification du
système, nous nous sommes contentés d’une description de ces signes.

2.2.3.2.2 Rotation du harnais sur le poitrail du chien

Un autre paramètre qui nous semblait important est la rotation du harnais au cours
du déplacement. En effet, les recommandations existantes sur le réglage du harnais
s’accordent à dire qu’un harnais bien réglé doit limiter les frottements et donc les
traumatismes (Bogeyman, s. d. ; Chevallier, 2013 ; I-DOG & Le Moigne, 2020). Une rotation
du harnais visible à l’œil nu peut être logiquement reliée à une force de frottements plus
importante sur la peau.
Nous avons envisagé de marquer les poils du chien sur les zones où passe le harnais,
ou de marquer le harnais en lui-même, afin de matérialiser ces déplacements. Nous nous
attendions à ce que la surface marquée augmente avec la mobilité du harnais.
N’ayant pas trouvé de solution de marquage fiable, facile à réaliser autant qu’à effacer,
et toujours dans un souci de simplification du protocole, cette option a été abandonnée. Nous
avons finalement conclu qu’une observation uniquement visuelle des déplacements du
harnais nous apporterait, tout de même, des informations intéressantes.

Ces données sont ensuite analysées statistiquement avec les logiciels Excel® et R®.
74
2.3 Résultats

Nous analyserons ici les résultats statistiques obtenus à partir des données recueillies
grâce à nos différents systèmes d’acquisition. La faisabilité du protocole, les biais et difficultés
rencontrés seront abordés dans un second temps.

2.3.1 Etude statistique des données préliminaires : variabilité et dépendance des


paramètres

Tout d’abord, nous nous sommes concentrés sur les données recueillies dans la
première partie de notre étude, c’est-à-dire celle concernant les quatre chiens.
Les paramètres statistiques (moyenne, écart-type, minima et maxima) sont calculés à
l’aide du logiciel Excel®. L’indépendance des paramètres est quant à elle analysée avec le
logiciel R® (cf. paragraphe 2.3.2).

2.3.1.1 Angles articulaires

2.3.1.1.1 Analyse de la répartition des valeurs d’angles

Pour chaque moment de la foulée et pour chaque chien, les moyennes, écart-types et
intervalles de confiance sont calculés. Les moyennes et intervalles de confiance sont ensuite
représentés graphiquement.

75
Figure 43 : Répartition des valeurs d'angles articulaires en extension maximale (moyenne et intervalle de
confiance) pour chaque chien

Nous pouvons remarquer que la répartition est très variable d’un chien à l’autre. De
plus, les angles des articulations postérieures semblent plus variables que ceux des
antérieurs. Ces variations ont été étudiées plus précisément à l’aide du logiciel R®, comme le
verrons par la suite.

76
Figure 44 : Répartition des valeurs d'angles articulaires chez un des chiens aux différents moments de la
foulée

Nous retrouvons une plus forte variabilité des angles des membres postérieurs par
rapport aux antérieurs.

2.3.1.1.2 Analyse de la dépendance des paramètres : mise en place d’un test ANOVA

Les données brutes sont ensuite traitées à l’aide du logiciel R®. Les valeurs d’angles
pour un moment du cycle de foulée sont extraites ainsi que les données pour chaque chien.
Des tests ANOVA sont réalisés afin de tester la dépendance des paramètres. L’« effet chien »
et l’« effet moment de la foulée » sur les valeurs de chaque angle articulaire sont ainsi
évalués.

77
Afin de vérifier que ce modèle convient à notre analyse, nous avons testé la normalité
et l’indépendance des résidus. En effet, si le modèle est globalement bon, les résidus
(différence entre les valeurs prédites par le modèle et les valeurs observées) sont imputables
à des erreurs de mesure uniquement. Dans ce cas, les résidus suivent une distribution
normale. Dans le cas contraire, le test risque d’être biaisé et de mener à de mauvaises
interprétations.
De plus, leur indépendance peut être vérifiée en traçant le graphique des résidus en
fonction des valeurs ajustées. Si leur distribution autour de l’axe des abscisses est uniforme,
ils sont indépendants.

Figure 45 : Vérification de la normalité et de l'indépendance des résidus - Exemple de l'angle fémoro-tibial


en extension

Figure 46 : Vérification de la normalité et de l'indépendance des résidus - Exemple de l'angle sacro-fémoral


du chien 4

Ces vérifications ont donc été réalisées pour chaque chien, chaque moment de foulée
et chaque angle.

Les résidus sont bien normalisés et indépendants. Les conditions du modèle sont donc
vérifiées graphiquement. Les résultats des tests ont pu être interprétés.

78
2.3.1.1.3 Analyse de la dépendance des paramètres : résultats du test ANOVA

Tout d’abord, nous avons comparé les valeurs de chaque angle entre les différents
chiens afin d’établir si des différences existent entre eux. Les interprétations de ce test
statistique se basent sur la p-value. Si celle-ci est inférieure à 0,05, une différence significative
existe entre les valeurs comparées.

Cet effet chien est significatif pour presque tous les angles, quel que soit le moment
de la foulée considéré, sauf un : l’angle tibio-tarsien en extension maximale.

Tableau XV : p-values associées à l'effet chien sur les valeurs d’angles articulaires
Angle Scapulo- Huméro- Ulno- Sacro- Fémoro- Tibio-
huméral ulnaire carpien fémoral tibial tarsien
Extension 4,50.10-5 6,04.10-5 0,0179 8,69.10-6 0,00230 0,00690
p-value Pose pied 6,85.10-9 1,51.10-5 0,00970
Quitte pied 8,86.10-7 1,32.10-4 0,952

Cette différence entre individus semble moins marquée pour les articulations distales.
En effet, les p-value sont plus élevées pour les articulations ulno-carpienne et tibio-tarsienne.
Cette dernière est également la seule à présenter une p-value supérieure à 0,05, signifiant
que les valeurs de cet angle ne dépendent pas du chien.

L’effet « moment de la foulée » a également été évalué pour chaque chien


indépendamment, à l’aide du même test statistique. L’interprétation des résultats se fait donc
de la même manière, sur la p-value.

Tableau XVI : p-values associées à l'effet du moment sur les valeurs d'angles articulaires
Angle Scapulo- Huméro- Ulno- Sacro- Fémoro- Tibio-
huméral ulnaire carpien fémoral tibial tarsien
Chien 1 0,450 0,0950 0,727 0,942 0,531 0,563
p-value Chien 2 0,612 1,04.10-5 9,91.10-5 0,790 2,03.10-3 8,24.10-3
Chien 3 3,06.10-4 1,96.10-5 2,57.10-4 0,825 0,0335 0,226
Chien 4 0,678 5,90.10-3 0,260 0,949 1,79.10-4 0,514

Seul l’un des chiens présente des valeurs d’angles comparables d’un moment à un
autre de la foulée.
Les angles distaux semblent cette fois-ci fortement dépendants du paramètre
« moment », contrairement au paramètre « chien ». En revanche, les angles les plus
proximaux ne sont pas différents entre les moments pour la plupart des chiens.

Nous avons ensuite analysé statistiquement les données des capteurs de pression de
la même manière.
79
2.3.1.2 Pression sous le harnais

2.3.1.2.1 Analyse de la répartition des valeurs de pression

Le système d’acquisition utilisé dans cette étude permet de mesurer en continu la


force appliquée sur les capteurs. La surface de ces derniers étant fixe, elle peut être
interprétée comme une pression. L’unité retenue pour le traitement statistique est le
pourcentage de la force maximale, cette dernière étant déterminée par le réglage de la
sensibilité.

Pour chaque chien et chaque capteur, la moyenne des valeurs a été calculée et le
maximum isolé. Ils sont ensuite représentés graphiquement.

Figure 47 : Répartition des valeurs de pression, de moyennes à maximales, en fonction des capteurs

Nous pouvons noter que la moitié des séries de données atteignent 100%. C’est
notamment le cas pour les capteurs du sternum et de l’épaule, pour tous les chiens. Le signal
est donc saturé à au moins un moment de la course pour ces capteurs.

80
Certains sont même saturés tout au long de la course. Ce sont les séries de valeurs les
plus étroites sur la figure 47. Afin qu’elles apparaissent sur le graphique, une différence
artificielle de 1% entre la moyenne et le maximum a été ajoutée manuellement. Mais les
moyennes et maxima sont tous deux de 100% pour ces séries.
Une perte d’information importante existe donc, du fait d’une sensibilité trop élevée
de ces capteurs.

2.3.1.2.2 Analyse de la dépendance des paramètres : mise en place du test ANOVA

L’effet chien a également été évalué sur le paramètre de pression sous le harnais. Ce
test n’a pas été possible pour les capteurs saturés (sternum et épaule droite) car les résidus
ne sont pas normalisés et indépendants. Le test n’est donc pas valide pour ces paramètres.

Figure 48 : Vérification de la normalité des résidus pour les capteurs du sternum (a.) et de l'épaule (b.)

2.3.1.2.3 Analyse de la dépendance des paramètres : résultats du test ANOVA

Les résultats n’ont donc été interprétés que pour quatre des six capteurs de pression.

Tableau XVII : p-values associées à l'effet chien sur les valeurs de pression
Capteur Epaule G Flanc G Flanc D Dos
p-value 1,10.10-11 0,144 0,107 5,83.10-11

L’effet chien n’est pas significatif pour les valeurs moyennes des capteurs des flancs.
En revanche, il l’est pour les autres. Seules les valeurs de pression des flancs semblent donc
comparables d’un chien à l’autre.

Comme nous l’avions supposé, la plupart des paramètres étudiés dépendent de


manière significative du chien. La comparaison des valeurs entre individus est
donc impossible. Chaque chien doit être son propre témoin.

81
Une étude sur une population de taille plus importante permettrait peut-être de diluer
suffisamment cet effet et ainsi de regrouper certaines valeurs. Mais à l’échelle de notre étude,
l’engagement dans le harnais et l’anatomie des races semblent trop variables d’un chien à
l’autre pour rendre cela possible.

Notre second jeu de données a également été analysé statistiquement.

2.3.2 Etude statistique des données définitives : variabilité et effet du réglage du


harnais

Les données de la seconde partie de l’étude, concernant cette fois-ci le réglage du


harnais, ont été étudiées selon le même schéma. Nous allons tout d’abord traiter des angles
articulaires, puis des capteurs de pression.

2.3.2.1 Angles articulaires

2.3.2.1.1 Analyse de la répartition des valeurs d’angles

Pour chaque angle et pour chaque réglage de harnais, les moyennes et intervalles de
confiance ont été calculés à partir du logiciel Excel®, puis représentés graphiquement.

82
Figure 49 : Répartition des valeurs d'angles en fonction du réglage, pour les angles en extension et aux
moments "pose pied" et "quitte pied"

Les valeurs d’angles semblent ne pas se recouper pour certains réglages. Nous verrons
si cette différence se vérifie avec les tests statistiques.
Pour vérifier la dépendance des paramètres, nous avons utilisé le logiciel R®. Des tests
ANOVA ont été réalisés, de la manière que pour la partie précédente de notre étude.

83
2.3.2.1.2 Analyse de l’effet de la caméra sur les valeurs d’angles

Tout d’abord, l’effet caméra a été évalué. En effet, dans cette seconde session
d’acquisition de données, deux caméras ont été utilisées pour filmer le chien de profil et
mesurer les angles.
Pour pouvoir grouper les données et les analyser comme une seule et même
acquisition vidéo, un test ANOVA est réalisé sur ce paramètre.

Figure 50 : Vérification de la normalité des résidus - Exemple de l'angle tibio-tarsien en extension (a.) et de
l'angle huméro-ulnaire en "pose pied" (b.)

Les résidus étant bien normalisés et indépendants, les résultats du test ANOVA ont pu
être interprétés.

Tableau XVIII : p-values associées à l'effet caméra sur les valeurs d'angles articulaires
Angle Scapulo- Huméro- Ulno- Sacro- Fémoro- Tibio-
huméral ulnaire carpien fémoral tibial tarsien
Extension 0,978 0,0130 0,476 0,0440 0,229 0,574
p-value Pose pied 0,454 0,0481 0,250
Quitte pied 0,770 0,580 0,778

La plupart des p-values sont supérieures à 0,05, ce qui signifie que l’effet caméra n’est
pas significatif. Pour deux angles, au moins une des p-values est inférieure à ce seuil. Les
valeurs d’angles sont donc différentes entre les caméras pour les angles huméro-ulnaire et
sacro-fémoral. Un effet caméra existe, mais est relativement faible, les p-values étant proches
de 0,05.

Pour simplifier les analyses suivantes, les données des deux caméras seront traitées
ensemble, comme une seule et même acquisition. L’effet caméra est donc considéré comme
négligeable. Nous notons tout de même que nous induisons ainsi un biais dans les prochaines
interprétations pour les angles concernés.

84
2.3.2.1.3 Analyse de l’effet du moment sur les valeurs d’angles

Un second test ANOVA est ensuite réalisé pour évaluer l’effet du moment sur les
différents angles articulaires.

Figure 51 : Vérification de la normalité des résidus - Exemple de l'angle scapulo-huméral en réglage normal
(a.), de l'angle sacro-fémoral en réglage "lâche" (b.) et de l'angle tibio-tarsien en réglage "serré" (c.).

Les résidus sont bien normalisés et indépendants. Les résultats du test ANOVA ont
donc pu être interprétés afin d’évaluer l’effet du moment sur les valeurs des différents angles.

Tableau XIX : p-values associées à l'effet moment sur les valeurs d'angles articulaires
Angle Scapulo- Huméro- Ulno- Sacro- Fémoro- Tibio-
huméral ulnaire carpien fémoral tibial tarsien
Normal 0,0970 3,60.10-7 1,27.10-4 0,376 3,40.10-5 0,0278
p-value Lâche 0,0265 5,02.10-6 2,56.10-7 0,296 0,654 1,98.10-3
Serré 0,257 1,70.10-4 1,71.10-4 0,345 0,375 0,014

Nous retrouvons globalement les mêmes résultats concernant l’effet moment que la
partie précédente de l’étude. Les angles distaux, notamment antérieurs, sont
significativement différents entre les deux moments de mesure, contrairement aux angles les
plus proximaux.

Pour la suite de l’analyse, les données des différents moments ont été considérées
séparément du fait de cette différence importante.
85
2.3.2.1.4 Analyse de l’effet du réglage sur les valeurs d’angles

L’effet du réglage du harnais sur les angles articulaires a également été évalué par un
test ANOVA.

Figure 52 : Vérification de la normalité des résidus - Exemple de l'angle huméro-ulnaire en extension (a.) et
de l'angle fémoro-tibial en "quitte pied" (b.)

Les résidus associés à ce test sont bien normalisés et indépendants. Les résultats ont
donc pu être interprétés.

Tableau XX : p-values associées à l'effet réglage sur les valeurs d'angles articulaires
Angle Scapulo- Huméro- Ulno- Sacro- Fémoro- Tibio-
huméral ulnaire carpien fémoral tibial tarsien
Extension 2,70.10-5 0,741 0,431 0,0435 2,41.10-8 2,86.10-6
p-value Pose pied 4,99.10-4 0,540 0,00176
Quitte pied 0,0440 0,0758 0,441

Des différences significatives existent entre les valeurs des différents réglages, mais
pour certains angles uniquement. Aucun effet réglage ne peut être mis en évidence pour
l’angle huméro-ulnaire. Celui-ci existe, mais est faible, pour l’angle sacro-fémoral, les p-values
étant très proches du seuil de 0,05. Le réglage semble notamment influencer les angles
postérieurs en extension.

A partir des résultats de ce test ANOVA, la comparaison des paramètres a pu être


affinée. Les angles pour lesquelles un effet réglage existe sont analysés à l’aide d’un test de
Tukey.
Ce test permet de comparer les moyennes deux à deux afin de déterminer s’il existe
une différence significative ou non. Nous pouvons ainsi déterminer quel réglage peut être
considéré comme différent de l’autre. L’interprétation se fait sur la p-value, comme pour un
test ANOVA, également au seuil de 0,05.

86
Les trois tableaux suivants résument les p-values obtenues à partir des tests de Tukey.

Tableau XXI : Comparaison des valeurs d'angle des réglages "Normal" et "Lâche" - p-values associées
Angle Scapulo- Ulno- Sacro- Fémoro- Tibio-
huméral carpien fémoral tibial tarsien
Extension 0,999 0,3239 1,00.10-4 1,00.10-4
p-value Pose pied 0,948 0,00189
Quitte pied 0,375

Tableau XXII : Comparaison des valeurs d'angle des réglages "Serré" et "Lâche" - p-values associées
Angle Scapulo- Ulno- Sacro- Fémoro- Tibio-
huméral carpien fémoral tibial tarsien
Extension 1,00.10-4 0,0343 0,382 0,273
p-value Pose pied 1,00.10-3 0,868
Quitte pied 0,0345

Tableau XXIII : Comparaison des valeurs d'angle des réglages "Normal" et "Serré" - p-values associées
Angle Scapulo- Ulno- Sacro- Fémoro- Tibio-
huméral carpien fémoral tibial tarsien
Extension 1,00.10-4 0,383 1,00.10-4 0,00114
p-value Pose pied 0,00185 0,0277
Quitte pied 0,297

Concernant les angles des articulations antérieures tout d’abord, l’angle scapulo-
huméral montre une différence lorsque le harnais est serré, en comparaison aux autres
réglages.
L’angle ulno-carpien est significativement différent entre le réglage normal et les
autres.

Pour les articulations postérieures, l’angle sacro-fémoral diffère entre les réglages
« serré » et « lâche » seulement et cet effet réglage est faible.
Les angles postérieurs distaux suivent le même schéma que l’angle ulno-carpien : les
valeurs du réglage normal diffèrent significativement des deux autres.

Après les angles articulaires, les pressions sous le harnais ont été interprétées
statistiquement.

87
2.3.2.2 Pression sous le harnais

Les données des capteurs de pression ont été extraites et traitées à l’aide du logiciel
Excel® pour les moyennes et maxima puis du logiciel R® pour les tests ANOVA.

2.3.2.2.1 Analyse de la répartition des valeurs de pression

Pour un même passage, la moyenne et le maximum des pressions sont extraits. La


moyenne de ces valeurs est ensuite faite pour les passages d’un même réglage. Les écart-
types sont également calculés afin d’obtenir les intervalles de confiance.
Deux graphiques sont ainsi construits : l’un d’eux représente les moyennes encadrées
de l’intervalle de confiance, le second représente l’étendu des pressions entre les valeurs
moyenne et maximale.

Figure 53 : Valeurs moyennes et intervalles de confiance des pressions sous les capteurs

88
Figure 54 : Répartition des valeurs de pression moyennes à maximales sous les capteurs

Nous pouvons remarquer que les valeurs sont beaucoup plus faibles que dans la
précédente partie de l’étude. Les valeurs ne sont plus saturées à 100%. En revanche, nombre
d’entre elles sont au contraire très proches de 0 et peu variables, notamment pour le réglage
« Lâche ».
La sensibilité semble être, cette fois-ci, trop faible. Nous verrons par la suite les
résultats qui ont tout de même pu être exploités.

2.3.2.2.2 Analyse de l’effet du réglage du harnais sur les valeurs moyennes de pression

Les données moyennes ainsi obtenues ont été comparées entre différents réglages
pour chaque capteur à l’aide d’un test ANOVA.

La validité du test a tout d’abord été vérifiée en étudiant les résidus.

Figure 55 : Vérification de la normalité des résidus - Exemple des valeurs moyennes des flancs gauche (a.) et
droit (b.).
89
Les résidus sont bien normalisés et indépendants. Les résultats du test ANOVA ont
donc été interprétés.

Tableau XXIV : p-values associées à l'effet réglage sur les valeurs moyennes de pression
Capteur Sternum Epaule G Epaule D Flanc G Flanc D Dos
p-value 1,13.10-8 0,127 2,94.10-7 2,98.10-10 1,23.10-6 2,59.10-3

L’effet réglage semble significatif pour tous les capteurs, sauf celui de l’épaule gauche.
Les moyennes sont significativement différentes pour tous les autres.

Un test de Tukey a donc pu être effectué en suivant afin de déterminer comment les
valeurs diffèrent les unes des autres.

Tableau XXV : p-values issues du test de Tukey sur les valeurs moyennes de pression
Capteur Sternum Epaule G Epaule D Flanc G Flanc D Dos
Normal/Lâche 1,00.10-4 1,00.10-4 1,00.10-4 1,00.10-4 0,00215
p-value Serré/Lâche 1,00.10-4 0,202 1,00.10-4 1,00.10-4 0,0560
Serré/Normal 0,0482 1,00.10-4 0,691 0,371 0,238

Ce sont les réglages « normal » et « lâche » qui montrent les résultats les plus
probants. Leur moyenne est significativement différente pour tous les capteurs (sauf celui de
l’épaule gauche toujours).
Entre les réglages « lâche » et « serré », les moyennes des pressions sont différentes
pour la plupart des capteurs, à part celui du dos.
Au contraire, les réglages « normal » et « serré » ne montrent que peu de différences.

Après l’effet du réglage du harnais, nous avons évalué l’effet « côté ».

2.3.2.2.3 Analyse de l’effet du côté sur les valeurs moyennes de pression

Les valeurs de pression n’étant plus saturées, notamment pour les capteurs des
épaules, nous avons pu comparer les pressions des côtés droit et gauche du chien. En effet,
notre parcours extérieur comprend un virage. Notre hypothèse est que le membre antérieur
engagé à l’intérieur de ce virage va subir une pression plus importante.
Dans cette partie de l’étude, le virage est à droite.

L’observation des données chiffrées semble en effet montrer des valeurs supérieures
de pression sur le côté droit. Afin de vérifier qu’il existe une différence significative, un test
ANOVA est réalisé entre les données des capteurs des deux épaules pour chaque réglage. Les
deux capteurs des flancs sont également comparés afin de savoir s’ils suivent la même
tendance.

90
Figure 56 : Vérification de la normalité des résidus - Exemple des valeurs moyennes des épaules en réglage
serré (a.) et des flancs en réglage lâche (b.).

Les résidus sont normalisés et indépendants. Les résultats du test ANOVA ont été
analysés.

Tableau XXVI : p-values associées à l'effet côté sur les valeurs moyennes des pressions des épaules et des
flancs
Réglage Epaule Flanc
Normal 1,54.10-6 3,88.10-7
p-value Lâche 1,09.10-5 1,29.10-4
Serré 1,15.10-6 2,51.10-6

L’effet côté est très significatif pour les épaules et les flancs pour tous les réglages. Il
semble donc que les valeurs du côté droit soient significativement supérieures des valeurs du
côté gauche.

Comme remarqué précédemment, les valeurs moyennes sont relativement faibles du


fait d’une sensibilité faible des capteurs. Contrairement aux données obtenues dans la partie
précédente, cette diminution de la sensibilité nous a permis d’obtenir des valeurs maximales
exploitables, et non saturées. Afin de vérifier les résultats obtenus sur les valeurs moyennes,
ces valeurs maximales ont été analysées.

91
2.3.2.2.4 Analyse de l’effet du réglage du harnais sur les valeurs maximales de pression

Un test ANOVA a été réalisé de la même manière sur les valeurs maximales de pression
des différents capteurs.

Figure 57 : Vérification de la normalité des résidus - Exemple des valeurs maximales du sternum (a.) et du
flanc droit (b.).

Les résidus sont normalisés et indépendants. Les résultats du test ont donc été
interprétés.

Tableau XXVII : p-values associées à l'effet réglage sur les valeurs maximales de pression
Capteur Sternum Epaule G Epaule D Flanc G Flanc D Dos
p-value 3,47.10-4 0,566 5,56.10-8 1,40.10-6 3,12.10-4 9,10.10-3

Les valeurs maximales de pression sont significativement différentes entre les


réglages, sauf pour l’épaule gauche. Nous retrouvons les mêmes résultats que pour les
voleurs moyennes.
Afin d’évaluer plus précisément cet effet réglage, un test de Tukey a été réalisé.

Tableau XXVIII : p-values issues du test de Tukey sur les valeurs maximales de pression
Capteur Sternum Epaule G Epaule D Flanc G Flanc D Dos
Normal/Lâche 2,75.10-3 1,00.10-4 1,00.10-4 4,72.10-3 8,36.10-3
p-value Serré/Lâche 1,00.10-3 2,51.10-4 1,00.10-4 1,00.10-3 0,566
Serré/Normal 0,600 1,00.10-4 0,676 0,353 0,0621

Les réglages montrant des différences pour tous les capteurs concernés par ce test
sont les réglages « normal » et « lâche ». La comparaison des réglages « serré » et « lâche »
montre également une différence significative pour presque tous les capteurs.
Au contraire, les réglages « serré » et « normal » montrent peu de différences.

92
2.3.2.2.5 Analyse de l’effet du côté sur les valeurs maximales de pression

L’effet du côté a également été évalué sur les valeurs maximales.

Figure 58 : Vérification de la normalité des résidus - Exemple des valeurs maximales des épaules en réglage
lâche (a.) et des flancs en réglage serré (b.).

Les résidus sont normalisés et indépendants. Les résultats du test ont été interprétés.

Tableau XXIX : p-values associées à l'effet côté sur les valeurs maximales de pression des épaules et des
flancs
Réglage Epaule Flanc
Normal 1,44.10-3 9,23.10-6
p-value Lâche 0,0152 0,815
Serré 0,0635 4,84.10-4

Les différences entre les deux côtés semblent moindres quand on considère les valeurs
maximales, et non les valeurs moyennes. Les pressions maximales du côté droit sont
significativement supérieures à celles du côté gauche quand le harnais est réglé
normalement.
En revanche, les différences sont peu, ou pas, significatives pour les capteurs des
épaules dans le cas des autres réglages.

Que l’on considère les valeurs moyennes ou maximales, nous retrouvons la même
tendance concernant l’effet réglage. Un harnais lâche présente des valeurs de pression
différentes des deux autres réglages. Les réglages « normal » et « serré » ne diffèrent
significativement que pour un seul capteur : l’épaule droite.
Concernant l’effet côté, il est significatif pour les valeurs moyennes de pression quel
que soit le réglage considéré. Pour les valeurs maximales, les pressions du côté droit sont
supérieures à celles du côté gauche quand le harnais est bien réglé.

Avant de discuter de tous ces résultats statistiques, nous allons voir ce qu’ont pu nous
apporter les données qualitatives, notamment le comportement du chien.
93
2.3.3 Etudes des données qualitatives

2.3.3.1 Etude préliminaire : temps d’équipement et temps de passage

Comme évoqué précédemment, le temps d’équipement a été estimé à 5 minutes une


fois le manipulateur habitué au processus. Mais les premières préparations ont été plus
longues et ont demandé de la patience aux chiens. Ceux avec lesquels nous avons travaillé
sont en pleine confiance avec leur maître et ont globalement tous réussi à rester patients,
aidés par les paroles et gestes rassurants de leur binôme.

L’exercice qui leur est proposé par la suite est inhabituel pour eux et répétitifs. Il leur
est demandé de réaliser plusieurs départs de course dans un temps réduit pour courir
seulement quelques mètres. Le tout dans des conditions météorologiques peu idéales,
comme nous l’avons déjà signalé.
Les réactions des chiens ont été différentes : certains ont eu besoin d’effectuer
plusieurs passages avant d’atteindre leur vitesse et leur force de traction habituelles. D’autres
ont montré des signes de lassitudes dans les derniers passages, diminuant leur engagement
dans le harnais et la tension dans la longe.

2.3.3.2 Etude définitive : modifications du réglage du harnais

Cette seconde partie de notre étude est d’autant plus contraignante que la première.
Aux contraintes citées précédemment, s’ajoutent les modifications du réglage du harnais.

Dans un premier temps, ceci allonge le temps d’acquisition des données. En effet, d’un
point de vue statistique, on cherche à augmenter au maximum le nombre de répétitions. Mais
avec trois réglages différents à tester, ce nombre devient rapidement élevé pour un seul
chien.

De plus, des signes de gêne exprimés par le chien ont été notés lors de la modification
du réglage du harnais.

Tableau XXX : Signes de gêne du chien notés associés à la modification du réglage du harnais
Signe exprimé Réglage serré Réglage Lâche
Balancement du cou et de la tête Mouvement légèrement Mouvement très accentué
accentué
Tension dans la longe Normale la plupart du temps Diminuée
Vitesse du chien Normale à légèrement réduite Franchement réduite
Développement de la foulée Pas de différence visualisée Semble réduite
Rotation du harnais Non visualisée Rotation franche autour du
poitrail

94
Contrairement à ce que l’on peut penser en première intention, le réglage semblant
le plus perturbant pour le chien est le réglage lâche.

Après avoir analysé ces différentes données, nous allons discuter des résultats
obtenus, de ce qu’ils ont pu nous apporter ainsi que des biais et manques de notre protocole.

95
2.4 Discussion

Nous allons tout d’abord rappeler et interpréter les conclusions des tests statistiques
que nous avons réalisés précédemment. Nous discuterons notamment de ce qu’impliquent
ces résultats quant à la faisabilité et la pertinence de notre protocole.
Nous verrons ensuite quels points de notre protocoles sont perfectibles et quels biais
nous avons pu relever dans notre étude.

2.4.1 Synthèse des résultats obtenus et conséquences sur le protocole

2.4.1.1 Données qualitatives : exigences du protocole et temps d’acquisition

Le ressenti global de l’équipe ayant participé à la première phase du test est que ce
protocole est exigeant et éprouvant pour les participants. Tous les chiens, même ceux
pratiquant régulièrement le canicross, ne seront pas forcément à l’aise dans ce type d’étude.
Le recrutement d’animaux au tempérament calme et patient est conseillé. Il est important
d’être à leur écoute tout au long du processus, afin de déceler des signes de lassitude ou
d’inconfort.

Les résultats concernant la seconde partie de l’étude appuient notre conclusion sur le
besoin d’un recrutement ciblé d’animaux au tempérament calme et patient. De plus, dans le
but de réduire l’inconfort du chien au maximum, il pourrait être judicieux d’espacer les
passages pour un même chien et d’ajouter des temps de pause.

Le réglage lâche semble être le plus gênant pour le chien. L’hypothèse de la fatigue ou
de la lassitude du chien pour expliquer ces signes est écartée. En effet, l’ordre de test des
réglages est le suivant : normal, lâche, serré. Nous supposons donc que l’expression de signes
d’inconfort au cours du second réglage est imputable au réglage en lui-même.
Nous supposons que cela vient d’une perte de sensations et de contact avec le harnais
en comparaison à un réglage normal. En effet, un chien pratiquant le canicross est habitué à
la traction, et c’est ce qu’il va chercher en s’engageant dans sa course. Ceci peut expliquer la
perte de vitesse et le manque de tension dans la longe.
Une rotation importante du harnais autour de l’avant-main du chien est également
notée avec ce réglage. On peut supposer que le risque de frottements est donc accru.

Nous avons vu que les données qualitatives nous ont notamment apporté des
informations sur des précautions à prendre pour réaliser cette étude dans le meilleur cadre
possible, en limitant la contrainte pour l’animal. Une part de cette contrainte est inhérente à
notre protocole de test sur les réglages mais peut être réduite en adaptant la procédure.

96
2.4.1.2 Angles articulaires

Nous allons maintenant discuter des résultats obtenus sur les angles articulaires.

2.4.1.2.1 Effet chien

La première partie de l’étude nous a permis de déterminer que l’effet chien semble
moins marqué pour les articulations distales. Ceci peut venir du fait que ces angles sont moins
variables, l’erreur due au déplacement des marqueurs sur la peau étant plus faible (Fischer et
al., 2018 ; Lafuente et al., 2019 ; Schwencke et al., 2012).

Cependant, cet effet chien reste important et ne permet pas de comparer des valeurs
d’angles entre différents individus. Les quatre chiens que nous avons étudiés étaient de races
différentes. Certaines études montrent que les angles articulaires sont relativement similaires
au sein d’une même race (Fischer et al., 2020). Une étude sur des chiens de type racial
similaire ou, à défaut, d’un même format anatomique, pourrait peut-être permettre de
comparer les données des individus entre elles.
En ce qui concerne notre protocole, cet effet nous empêche de comparer toutes nos
valeurs entre elles. Mais cela n’empêche pas l’interprétation de nos résultats. En effet, dans
notre étude, les individus sont leur propre témoin.

2.4.1.2.2 Effet moment de la foulée

L’effet du moment de la foulée a été évalué sur nos deux jeux de données. Des
résultats similaires ont été obtenus dans les deux cas.

Ce sont les angles distaux qui montrent le plus de différences entre les moments de
mesure. Ceci s’explique aisément lorsque l’on imagine un cycle de foulée, sachant que nous
avons considéré les moments où le pied se pose ou quitte le sol et les moments de pleine
extension du membre.

En effet, ce sont notamment les articulations distales qui vont modifier leur angulation
au moment de la pose du pied ou au moment où il quitte le sol. Les angles proximaux vont,
au contraire, maintenir leur extension jusqu’à l’appui complet, avant de se fléchir pour
entamer la phase de propulsion (Fischer et al., 2020).

L’acquisition des angles doit donc se faire à un moment précis de la foulée et doit être
toujours le même afin de ne pas induire de biais.

97
2.4.1.2.3 Effet réglage

Quelques angles semblent particulièrement affectés par les différents réglages : les
angles scapulo-huméral, ulno-carpien, fémoro-tibial et tibio-tarsien.

Le premier est différent lorsque le harnais est trop serré. En comparant les moyennes,
il est plus élevé avec ce réglage. Il semble donc qu’un harnais trop ajusté entraîne une
hyperextension de l’épaule. Si l’extension des antérieurs ne participe que peu à la propulsion,
cette modification peut traduire une gêne du chien lors de la course.

Les trois angles suivants sont différents lorsque le réglage du harnais est normal, en
comparaison aux deux autres réglages. Un réglage lâche ou serré augmente la moyenne des
angles distaux. Il semble donc qu’un mauvais réglage du harnais entraîne notamment une
hyperextension distale des membres postérieurs.
Sachant que ceux-ci engendrent la majorité de la force de propulsion, nous pouvons
supposer que la réponse du chien à ces réglages inhabituels est une poussée plus importante
sur l’arrière-train. L’analyse des données qualitatives, notamment du comportement du chien
lors de la course, oriente plutôt vers un signe d’inconfort. Nous pouvons supposer que le chien
essaie de compenser le changement de sensation lors de la traction en forçant sa propulsion.

L’angle sacro-fémoral montre un effet réglage, mais relativement faible et seulement


entre les deux extrêmes : lâche et serré. Cet angle est supérieur quand le harnais est serré.
Les hanches jouant un rôle important dans la propulsion, les mêmes hypothèses peuvent être
faites que dans le précédent paragraphe. En revanche, les observations du comportement du
chien semblent nous montrer qu’il est surtout gêné par un réglage trop lâche.
Si le chien cherche donc bien à compenser son inconfort par une hyperextension des
angles postérieurs, celle des hanches est plus faible pour un réglage lâche. Le manque de
sensation de traction induit par ce mauvais réglage limite peut-être ce phénomène de
compensation. C’est également pour ce réglage que la vitesse du chien était la plus réduite.
On peut supposer que la longueur de foulée est réduite également, d’où un angle des hanches
plus faible car la propulsion est moindre.

Selon notre étude, les angles articulaires sont un paramètre quantitatif exploitable
pour mettre en évidence des effets du réglage du harnais sur la course du chien. Le chien doit
être son propre témoin du fait d’une variabilité inter-individuelle (ou a minima interraciale)
importante. Un seul moment d’acquisition des angles doit être retenu. Si plusieurs moments
de la foulée sont étudiés, ils devront être étudiés indépendamment.

98
2.4.1.3 Capteurs de pression

2.4.1.3.1 Effet chien

L’effet chien n’a pu être évalué pour tous les capteurs, du fait de la saturation des
valeurs pour certains d’entre eux.

Cet effet n’est pas significatif pour les capteurs des flancs. Le harnais semble donc
exercer globalement la même force sur les flancs pour tous les chiens.
En revanche, les autres moyennes de pression des capteurs sont significativement
différentes en fonction de l’individu. De même que pour les angles articulaires, les variations
individuelles sont importantes et ne permettent pas de comparer les valeurs entre elles.
Chaque chien doit être son propre témoin.

2.4.1.3.2 Effet réglage

L’effet réglage a pu être étudié pour tous les capteurs grâce à la modification de leur
sensibilité.

Seul l’un des capteurs ne montre aucune différence significative entre les réglages :
l’épaule gauche. Ceci peut être expliqué par le fait que le chien soit « droitier », concentrant
ainsi l’engagement dans le harnais sur son antérieur droit et limitant la pression exercée par
son épaule gauche. Nous rediscuterons de ce phénomène dans le prochain paragraphe.

Tous les autres sont différents d’un réglage à l’autre. Les mêmes tendances ont pu
être dégagées de l’analyse des moyennes et des maxima.
Les valeurs de pression de tous les capteurs, hormis celui de l’épaule gauche, sont
significativement plus faibles avec le réglage lâche qu’avec le réglage normal. Ceci est
également le cas pour les capteurs des flancs et du sternum par rapport au réglage serré.
Il semble donc qu’un réglage trop lâche diminue la pression exercée par le harnais,
comme nous pouvions nous y attendre. Ceci est à mettre en parallèle avec la gêne exprimée
par le chien. En effet, si diminuer la pression sur le poitrail du chien peut sembler positif, le
confort du chien est encore un critère plus important encore. Il ne faut pas perdre de vue que
la pratique du canicross implique de facto une traction de la part du chien donc une force
appliquée sur le harnais.

Peu de différences sont trouvées entre le réglage normal et le réglage serré.


Cependant, du fait de la sensibilité trop basse des capteurs, qui donnent des valeurs
relativement faibles, il est possible que cette différence existe mais ne puisse être mise en
évidence avec nos capteurs.

99
L’inconfort du chien semble exister lors d’un réglage serré. Avec ce réglage, nous nous
attendons à une augmentation de la pressions sous le harnais. La gêne du chien pourrait
limiter son engagement dans le harnais et contrebalancer cette augmentation de pression.
D’autres données sont nécessaires pour conclure.

Une différence significative existe pour l’épaule droite et est étonnante : les valeurs
maximales de ce capteur sont inférieures en réglage serré par rapport au réglage normal. Une
erreur d’acquisition ne peut être exclue, même si aucun décollement de capteur n’a été noté
au cours de l’étude. Si aucune erreur n’a été commise, ce résultat peut être lié à la gêne
qu’éprouve le chien du fait de ce mauvais réglage. Il réduit ainsi sa vitesse et son engagement
dans le harnais, réduisant la pression.

Un effet du réglage sur les valeurs de pression des harnais a donc pu être mis en avant
par notre protocole, notamment lorsque le harnais est trop lâche. Il semble que ce paramètre
soit également pertinent pour étudier le réglage des harnais. Selon nos résultats, le chien doit
être son propre témoin.

Le calibrage des capteurs est un point essentiel mais difficile à maîtriser. En effet, du
matériel spécifique est nécessaire pour s’assurer d’un réglage homogène et fin entre les
capteurs. Nous n’avons pas réussi à l’obtenir. Dans la première partie de l’étude, cela a eu
pour conséquence de réduire nos données exploitables car certains capteurs étaient saturés.
Dans la seconde partie, nos analyses sont rendues moins fiables par une augmentation trop
importante de la sensibilité. Ceci concentre nos résultats dans les valeurs basses de
pourcentages et engendre probablement une perte d’information.
Ce point aurait pu être amélioré dans notre protocole et reste à affiner si une suite est
envisagée à cette étude.

2.4.1.3.3 Effet côté

Cet effet n’a été évalué que dans la seconde partie de notre étude, pour un seul chien.
En effet, les premières données des capteurs de pression étaient saturées à 100%, ce qui ne
nous a pas permis de comparer les données des deux côtés du chien.

Les valeurs moyennes du côté droit, donc du côté du virage, sont significativement
plus élevées que celles du côté gauche, quel que soit le réglage. Cette affirmation est vraie
pour les capteurs des épaules et des flancs. L’engagement du chien dans le harnais semble
donc plus important à droite qu’à gauche.

100
Plusieurs interprétations sont possibles concernant cette latéralisation des pressions
moyennes.
Tout d’abord, cela peut simplement venir d’un engagement plus important du chien
sur le côté droit, qu’il y ait un virage ou non. Le chien serait alors simplement « droitier ». En
effet, chaque chien a un côté de prédilection pour démarrer une foulée. On pourrait donc
penser qu’une pression plus forte est appliquée par le harnais sur ce côté à chaque début de
cycle de foulée. Pour écarter cette hypothèse et pouvoir conclure à un effet du virage en lui-
même, des résultats sur un plus grand nombre de chiens sont nécessaires. L’étude aurait ainsi
plus de chances d’étudier des chiens « gauchers » et « droitiers ». Si les mêmes résultats se
retrouvent pour tous les chiens, cette première hypothèse pourrait être écartée.
La seconde hypothèse qui se présente alors est la présence d’un virage du côté droit.
Une étude sur un plus grand nombre de chiens et sur des virages des deux côtés est nécessaire
pour pouvoir confirmer cet effet côté et en expliquer son origine.

Nous avons retrouvé les mêmes résultats sur les valeurs maximales mais uniquement
en réglage normal. La différence entre les épaules est peu significative pour un réglage lâche.
En revanche, la différence est significative entre les flancs pour un réglage serré, alors qu’elle
ne l’est pas entre les deux épaules.
Les pressions maximales semblent donc suivre le même schéma que les pressions
moyennes pour un réglage normal mais pas pour les autres. Lors d’un réglage trop serré
notamment, les pressions maximales des épaules sont similaires des deux côtés. Ce résultat
est à relier avec celui évoqué précédemment : les pressions du capteur de l’épaule droite sont
significativement plus faibles lorsque le harnais est serré en comparaison au réglage normal.

L’analyse des résultats statistiques nous a apporté de nombreuses informations sur la


faisabilité de notre protocole. Il semble que celui-ci puisse répondre à la problématique du
réglage du harnais. Il est également possible d’étendre ce protocole à une étude plus générale
sur les différents harnais de canicross, comme nous l’avions initialement envisagé.

Certains aspects sont tout de même perfectibles. En effet, des biais existent et doivent
être pris en compte quand ils ne sont pas évitables.

101
2.4.2 Biais et manques du protocole testé

2.4.2.1 Binôme maître-chien

Comme nous l’avons évoqué précédemment, notre procédé d’acquisition de données est
contraignant pour le chien.
Il convient d’informer les participants de la patience et de la motivation requises. Le
manipulateur doit être à l’écoute du chien et s’adapter en fonction de lui.

Si une étude sur les harnais de canicross peut participer à améliorer le bien-être du chien
dans ce sport, sa réalisation doit tout autant s’attacher à respecter ces valeurs.

2.4.2.2 Matériel et lieu d’acquisition

2.4.2.2.1 Marqueurs articulaires

Les marqueurs articulaires montrent des limites. En effet, ils ne sont pas une
représentation fidèle des reliefs osseux (Schwencke et al., 2012). Les mouvements de la peau
pendant la course induisent un biais qui ne peut être supprimé.
En revanche, ce biais peut être maîtrisé. Notre étude repose sur des comparaisons de
valeurs d’angles articulaires du même côté d’un même chien. On peut donc considérer qu’une
erreur est commise mais de manière systématique, rendant la comparaison possible.

2.4.2.2.2 Capteurs de pression

Le réglage de la sensibilité des capteurs de pression est un des défis de ce protocole. Les
capteurs de pression peuvent apporter de nombreuses informations et sont bien adaptés
pour une étude comme la nôtre.
Pour obtenir des informations aussi complètes que possible, les capteurs doivent être
correctement réglés. Nous n’y sommes pas parvenus au cours de nos deux essais. Un nouvel
ajustement est nécessaire afin d’obtenir la sensibilité optimale.

2.4.2.2.3 Terrain d’étude

Nous avons discuté plus tôt des limites d’un terrain extérieur et des biais que pouvaient
induire les aléas qui y sont associés.
Si les conditions météorologiques influencent la vitesse de course et la force de traction
du chien, les données pour un même individu doivent être récoltées dans les mêmes
conditions. Dans ce cas, une comparaison est possible.

Un parcours sur terrain couvert est envisageable, s’il est suffisamment spacieux pour
permettre d’intégrer le circuit et le matériel.
102
2.4.2.3 Déroulement de l’acquisition

Le nombre de répétitions n’a pas été défini statistiquement. Nous l’avons choisi en
fonction du temps requit pour chaque passage et des réactions des chiens face à la
redondance de l’exercice. Dans la seconde partie de l’étude, l’ajout du paramètre « réglage »
nous a conforté dans notre choix de limiter les répétitions.
Prévoir des temps de pause et de détente permettrait d’augmenter le nombre de
paxsages, tout en limitant la lassitude des chiens.

Un autre point pouvant induire des erreurs dans nos résultats, ou tout du moins rendre
leur analyse plus difficile, concerne le déclenchement du matériel d’acquisition. Le traitement
des données des capteurs de pression nécessite un tri, afin de ne conserver que les pressions
correspondant à la course en elle-même.
Il est nécessaire d’intégrer un système de chronométrage afin de mesurer précisément
le temps entre le lancement de l’enregistrement des capteurs et le début, puis la fin, de la
course.
Cette précision manque à nos résultats.

2.4.2.4 Paramètres étudiés

Parmi les paramètres qui nous semblent importants pour notre étude, certains se sont
révélés difficiles à évaluer. C’est le cas d’un certain nombre de paramètres qualitatifs.
Nous avons réussi à les intégrer à notre protocole mais leur analyse n’est pas aussi précise
que nous le souhaitions et cela laisse place à la subjectivité.
La rotation du harnais, par exemple, peut être facilement liée à des frottements du
harnais donc à une gêne mécanique du matériel. Seulement, nous n’avons pas trouvé de
système permettant de l’évaluer objectivement. Des déplacements d’importante amplitude
vont être facilement remarqués, mais une rotation plus discrète ne sera pas détectée.

D’autres paramètres peuvent être mesurés assez aisément, tels que la longueur de foulée
et la vitesse du chien. Nous ne les avons pas intégrés dans nos paramètres quantitatifs. Il peut
être intéressant de les ajouter aux données chiffrées recueillies.

Notre protocole est encore perfectible. Il inclut des biais qu’il ne faut pas ignorer mais
qui sont maîtrisables pour l’interprétation des données.
Il semble pouvoir répondre à la problématique initiale de l’étude. D’autres essais sont
néanmoins nécessaires pour s’assurer de la reproductibilité.
Ce protocole peut également être adapté à d’autres problématiques concernant les
harnais de canicross.

103
Conclusion

Au cours de cette étude, nous avons cherché à élaborer un protocole permettant


d’évaluer l’impact des harnais de canicross sur la course du chien. Nos objectifs ont évolué au
cours du temps et des problématiques rencontrées.

Nous souhaitions initialement comparer plusieurs modèles de harnais. Mais nous


avons dû modifier les paramètres évalués, en nous concentrant finalement sur les réglages
du harnais.
Nous avons également été contraints de réduire le nombre de données collectées. Ces
dernières ne sont pas suffisantes pour nous permettre de conclure sur la problématique des
réglages. En revanche, elles nous ont apporté assez d’informations pour nous permettre de
valider notre protocole.

Ainsi, après avoir sélectionné les paramètres nous semblant importants, nous avons
vérifié que notre procédé expérimental permet de les évaluer. Nous avons notamment
retenu : les angles articulaires antérieurs et postérieurs, les valeurs de capteurs de pression
ainsi qu’une analyse qualitative de l’aisance du chien et de la rotation du harnais.
D’après nos résultats, ces paramètres semblent bien dépendre des réglages du harnais.
L’angle de l’épaule est modifié pour un réglage trop serré par rapport au réglage normal.
Certains angles distaux sont modifiés par un réglage anormal, qu’il soit lâche ou serré. Quant
aux valeurs de pression, elles sont inférieures lorsque le réglage est anormal.
Le chien semble exprimer une gêne quand le harnais est serré, et encore plus importante
lorsqu’il est lâche.
Les paramètres quantitatifs sont significativement différents entre les individus étudiés.
Les données des différents chiens ne peuvent être comparées entre elles, chaque chien doit
être son propre témoin.

Notre étude n’est pas exhaustive et quelques aspects des tests peuvent être améliorés.
Néanmoins, nous sommes parvenus à élaborer un protocole expérimental détaillé et
relativement simple permettant d’évaluer l’impact du réglage des harnais de canicross.
Celui-ci peut également être adapté à d’autres problématiques concernant les harnais.

Si ce projet n’est pas allé aussi loin dans ces conclusions que nous l’avons souhaité
initialement, un travail important a été réalisé afin de construire un protocole valide, et ce
avec autant de rigueur que possible.
D’autres études sont nécessaires pour répondre aux questions que nous nous sommes
posés. Nous espérons que les recherches sur ce sujet pourront être poursuivies.
Les données scientifiques manquent en médecine sportive canine. La montée en
popularité récente de sports tels que le canicross ne fait qu’encourager de nouvelles
explorations. D’autant que les valeurs qui y sont liées sont fortes, fondées sur le respect et le
bien-être de l’animal, ce qui ne le rend que plus qu’attrayant.
104
Bibliographie et sitographie

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108
Annexes

Annexe 1 : Extrait du protocole préliminaire rédigé avec le CTCPA - Description des harnais testés

109
Annexe 2 : Extrait du protocole préliminaire rédigé avec le CTCPA - Paramètre envisagé et acquisition
statistique associée

110
Annexe 3 : Exemple de formulaire inclus dans le protocole préliminaire - Enregistrement des données
concernant les chiens inclus dans l'étude

111
Annexe 4 : Exemple de formulaire inclus dans le protocole préliminaire – Enregistrement des déplacements
du harnais durant la course

112
Adèle DESSETZ

CONSTRUCTION D’UN PROTOCOLE EXPERIMENTAL EN VUE D’EVALUER LES


CONTRAINTES DU PORT DE HARNAIS DE CANICROSS DANS LA COURSE DU CHIEN
DEVELOPMENT OF AN EXPERIMENTAL PROTOCOL IN ORDER TO EVALUATE THE
CANICROSS SPORTHARNESS STRESSES DURING THE DOG RACE

Thèse d’État de Doctorat Vétérinaire : Nantes, le 27 octobre 2023

RESUME

Le canicross est un sport de plus en plus populaire, consistant à courir relié à un chien.
L’équipement communément utilisé comprend un harnais de traction porté par le chien.
L’impact que peut avoir ce harnais, à court ou long terme, est peu connu et peu étudié.
Cette étude a pour but de construire un protocole permettant d’évaluer l’impact du réglage
des harnais sur la course du chien. Une première phase de test a été réalisée sur quatre
binômes chien-maître afin de vérifier la faisabilité du protocole. Une seconde phase de test
s’intéressant aux réglages a été conduite mais ne concerne qu’un seul individu.
En l’état, ce protocole permet de comparer les effets des différents réglages de harnais sur
un chien. Les paramètres étudiés sont les suivants, les angles articulaires antérieurs et
postérieurs, les valeurs de capteurs de pression sous le harnais ainsi que l’appréciation
visuelle de l’aisance du chien et de la rotation du harnais. D’après nos résultats, ces
paramètres sont dépendants du réglage du harnais.
D’autres essais sont nécessaires pour conclure et confirmer les tendances dégagées dans
cette étude. Certains aspects sont perfectibles, notamment concernant les capteurs de
pression et leur sensibilité.
Il est également possible d’adapter ce protocole pour répondre à d’autres problématiques
que le réglage.

MOTS CLES :
- CHIEN
- CHIEN DE COURSE
- CANICROSS
- HARNAIS

DATE DE SOUTENANCE : 27 octobre 2023

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