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Volumineux abcès froid péripottique dorsolombaire

Article in Revue de Pneumologie Clinique · December 2010

DOI: 10.1016/j.pneumo.2009.10.007

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3 authors, including:

Joëlson Lovaniaina Rakotoson Jocelyn Rakotomizao

University of Fianarantsoa University of Antananarivo
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Revue de Pneumologie clinique (2010) 66, 359—362

CAS CLINIQUE

Volumineux abcès froid péripottique dorsolombaire

Huge dorsolumbar cold abscess associated with Pott’s disease

J.L. Rakotoson ∗, J.R. Rakotomizao ,

A.C.F. Andrianarisoa

Unité de soins, de formations et de recherches de pneumologie, CHU d’Antananarivo,

lot III H 37, Ouest Ambohijanahary, Antananarivo 101, Madagascar

Disponible sur Internet le 12 février 2010

MOTS CLÉS Résumé Le mal de Pott, ou tuberculose rachidienne, est la localisation la plus fréquente des
Mal de Pott ; tuberculoses ostéoarticulaires et parmi celles-ci, l’atteinte dorsolombaire est prédominante.
Abcès froid ; Les auteurs rapportent une observation d’un patient porteur d’un abcès froid lombaire mons-
Tuberculoses trueux en rapport avec un mal de Pott. C’est un homme de 32 ans présentant une tuméfaction
ostéoarticulaires ; dorsolombaire associée à une altération de l’état général et fébricule depuis trois mois, traité
Spondylodiscites par « des guérisseurs traditionnels », sans aucune amélioration. Il consultait pour une douleur
infectieuses lombaire modérée déclenchée par la fatigue apparue une semaine auparavant et après l’échec
du tradipraticien. L’examen clinique retrouvait une température à 38,5 ◦ C, une cachexie, une
cyphose lombaire modérée et une tuméfaction impressionnante dorsolombaire bosselée, de
40 cm de hauteur, 15 cm de largeur et 7 cm d’épaisseur, de consistance molle, indolore, non
inflammatoire. Il ne présentait pas de signe neurologique. La radiographie du rachis dorsolom-
baire montrait une lésion pottique au niveau de la première et la deuxième vertèbre lombaire
avec pincement discal, des géodes et une tendance à l’ostéocondensation. L’échographie des
parties molles révélait la présence d’une collection liquidienne latérovertébrale diffusant dans
la région sous-cutanée. Il n’y avait pas d’atteinte des muscles psoas et paravertébraux. Ni le
scanner ni l’IRM rachidienne n’était effectué. L’examen du prélèvement à l’issu d’une incision
et du drainage de l’abcès permettait de confirmer l’origine tuberculeuse. Un traitement anti-
tuberculeux de 12 mois associé à une immobilisation permettait une guérison avec une séquelle
de la statique vertébrale à type de cyphoscoliose modérée.
© 2009 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

∗ Auteur correspondant.
Adresse e-mail : jrakotoson@yahoo.fr (J.L. Rakotoson).

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doi:10.1016/j.pneumo.2009.10.007
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360 J.L. Rakotoson et al.

KEYWORDS Summary Pott’s disease, or tuberculosis of the spine, is the most common osteoarticular
Pott’s disease; tuberculosis. Among them, dorsolumbar impairment is predominant. The authors report the
Cold abscess; case of a patient with a huge cold lumbar abscess associated with Pott’s disease. The patient
Osteoarticular is a 32-year-old man presenting dorsolumbar tumefaction associated with an alteration in his
tuberculosis; general condition and fever for three months. Treatment by ‘‘traditional healers’’ did not
Infectious provide any improvement. He consulted for mild lumbar pain triggered by fatigue appearing
spondylodiscitis one week before and after the failure of the traditional practitioner. The clinical examination
found a temperature of 38.5 ◦ C, cachexia, mild lumber kyphosis and impressive, soft, painless
and non inflammatory dorsolumbar bruised tumefaction, 40 cm high, 15 cm wide and 7 cm deep.
He did not present any neurological signs. The dorsolumbar X-ray of the spine revealed a lesion
associated with Pott’s disease in the first and second lumbar vertebrae with pinching of the
disc, punched-out lesions and osteocondensation. The ultrasound examination of the soft tissue
revealed the presence of a laterovertebral collection of fluid diffusing in the subcutaneous
region. The psoas major and the paravertebral muscles were not affected. A scan or MRI of
the spine was not carried out. Examination of the tissue sample and drainage of the abscess
confirmed the tubercular origin. Treatment with tuberculostatic drugs for 12 months associated
with immobilisation resulted in a cure with sequelae of mild kyphoscoliosis vertebral statics.
© 2009 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

Introduction graphie du rachis dorsolombaire retrouvait une destruction

La tuberculose connaît un regain d’intérêt en raison de sa
recrudescence actuelle. Celle-ci s’explique par l’émergence
de l’infection VIH, le vieillissement de la population et par
la précarité sociale. Le mal de Pott, ou tuberculose rachi-
dienne, est la localisation la plus fréquente des tuberculoses
ostéoarticulaires. Les auteurs rapportent un cas de mal de
Pott découvert à l’occasion d’un abcès froid péripottique
dorsolombaire volumineux associé à une altération de l’état
général, sans trouble neurologique.
vertébrale intéressant la première et la deuxième lom-
baire à type de pincement discal avec érosion des plateaux
vertébraux et géodes avec tendance à l’ostéocondensation
périlésionnelle (Fig. 2). L’échographie abdominale et des
parties molles n’objectivait pas d’abcès des muscles psoas
ni paravertébraux et révélait la présence d’une collec-
tion liquidienne latérovertébrale et diffusant dans la région
sous-cutanée. La radiographie thoracique était normale.
Le scanner et l’IRM rachidien n’étaient pas réalisés. Une
incision et un drainage simple de la tuméfaction lombaire

Observation
Il s’agit d’un homme de 32 ans, sans antécédent particulier,
porteur d’une tuméfaction dorsolombaire volumineuse évo-
luant depuis trois mois. Il présentait une fébricule et des
sueurs nocturnes négligées. Une semaine avant sa consulta-
tion, il présentait une douleur lombaire modérée en regard
de la tuméfaction. L’examen clinique retrouvait une tem-
pérature à 38,5 ◦ C, un poids de 50 kg pour 170 cm (indice
de masse corporel à 17 kg/cm2 ), une tension artérielle à
120/80 mmHg, une fréquence cardiaque à 98 battements
par minute. Il se plaignait d’une douleur lombaire modé-
rée déclenchée par la fatigue. L’examen physique retrouvait
une cyphose lombaire modérée, une volumineuse tuméfac-
tion bosselée dorsolombaire de 40 cm de hauteur, 15 cm
de largeur et 7 cm d’épaisseur, de consistance molle, indo-
lore, non fistulisée et non inflammatoire (Fig. 1). Le reste
de l’examen clinique était sans particularité, notamment
au niveau pleuropulmonaire et neurologique. Sur le plan
biologique, on notait une accélération de vitesse de sédi-
mentation des hématies (120/min), la protéine C réactive
(CRP) était modérément élevée (30 mg/l), l’hémogramme
était normal. La sérologie de l’infection à VIH était néga-
tive. Le tubage gastrique à la recherche d’un bacille de Koch Figure 1. Abcès froid volumineux dorsolombaire, bosselé, molle,
était normal à l’examen direct et à la culture. La radio- indolore, non fistulisé.
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Volumineux abcès froid péripottique dorsolombaire
Figure 2. Radiographie du rachis dorsolombaire montrant des
lésions de L1-L2 avec pincement discal, érosion des plateaux ver-
tébraux, géodes et ostéocondensations.
étaient réalisés. L’examen du prélèvement montrait la pré-
sence de bacilles acido-alcoolorésistants à l’examen direct
et de BK à la culture. Un traitement antituberculeux était
débuté et poursuivi jusqu’à 12 mois, avec deux mois de
phase d’attaque, associant quatre antituberculeux majeurs :
rifampicine (500 mg/j), isoniazide (250 mg/j), éthambutol
(750 mg/j), pyrazinamide (1000 mg/j), suivi d’une phase
d’entretien associant éthambutol et isoniazide. L’évolution
était favorable avec disparition complète de l’abcès froid
(Fig. 3) et une amélioration de l’état général du malade. Le
malade gardait une séquelle de cyphoscoliose modérée.
Discussion
La spondylodiscite tuberculeuse, ou mal de Pott, affection
décrite par Sir Percivall Pott vers 1782, est l’atteinte de la
colonne vertébrale incluant le sacrum et caractérisée par
l’atteinte du disque intervertébral et les deux vertèbres
adjacentes dans sa forme classique [1]. Elle reste toujours
d’actualité dans les pays en voie de développement. Elle
continue à poser un problème majeur de santé publique dans
les pays endémiques car l’évolution spontanée provoque
des séquelles neurologiques et fonctionnelles considérables.
Elle touche les deux sexes avec la même fréquence [2].
La colonne dorsolombaire est le siège le plus fréquemment
atteint (95 %), alors que le rachis cervical n’est touché que
dans 5 % des cas [3]. La lésion touche beaucoup plus les arcs
antérieurs vertébraux que les arcs postérieurs [4]. La pré-
sence d’un abcès périlésionnel est connue avec atteinte des
muscles psoas [5,6] ou paravertébraux. L’extension se fait
aussi très souvent dans les parties molles pré- et latéroverté-
brales, sous forme d’abcès froid qui peuvent se développer
dans l’espace rétropharyngé au niveau du rachis cervical,
361
Figure 3. Disparition complète de la tuméfaction, cyphoscoliose
moderée séquellaire après 12 mois de traitement.
dans la gaine du psoas et/ou dans le triangle de Scarpa au
niveau du rachis lombaire, dans la fesse ou le petit bassin
dans les localisations sacrées. Ces abcès évoluent lente-
ment et peuvent se calcifier et se fistuliser [1]. Par faute
de moyens d’investigations (coût prohibitif à la charge du
patient pour le scanner et IRM non encore disponible au sein
de notre CHU), nous n’avons pas pu évaluer avec exactitude
le type de la lésion vertébrale, l’atteinte périlésionnelle et
des parties molles. Devant le contexte épidémiologique, cli-
nique, radiologique et évolutif de notre patient, l’hypothèse
d’un mal de Pott était évoquée et confirmée par l’examen
des prélèvements. Le retard diagnostique fait l’unanimité
des auteurs et se situe entre trois et 20 mois expliquant
la fréquence des déficits neurologiques qui sont retrouvés
dans des proportions de 20 à 40 % [7]. Le long délai de
consultation s’explique, comme dans la série de Louis et
al. [8], par le recours fréquent à la tradithérapie en pre-
mière intention, l’éloignement des formations sanitaires,
l’état de pauvreté des patients pouvant aboutir finalement
à un abcès froid monstrueux évoluant depuis trois mois,
comme c’est le cas chez notre patient. En poussant notre
interrogatoire, le malade a été amené à l’hôpital après
l’échec du « guérisseur traditionnel », éventualité fréquente
au cours de notre pratique quotidienne. De ce fait, la spon-
dylodiscite tuberculeuse est souvent diagnostiquée au stade
de complications : 23 % de paraplégiques dans la série de
Louis et al. [8]. Selon Ferro et al., 80—90 % des malades
arrivent à l’hôpital avec des lésions sévères : destruction
osseuse (30 %), gibbosité, abcès (50 %), fistule (2—6 %), para-
plégie (23—25 %), localisations multifocales (4—13 %) [9]. Le
traitement antituberculeux pendant une durée suffisante
(12 mois) associé à une immobilisation (décubitus strict,
contention), jusqu’à la stabilisation des lésions étaient effi-
caces [10,11]. L’incision et le drainage simple de l’abcès
aident à la guérison. En général, le traitement chirurgical est
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indiqué en cas d’atteinte neurologique et en cas d’échec du
traitement médical [1]. Actuellement, dans les pays déve-
loppés, le traitement chirurgical est d’emblée nécessaire en
cas de complications neurologiques de survenue brutale et
de compression mécanique (par fragments osseux ou dis-
caux, angulation cyphotique) [1,11]. Pour tous les autres
cas, seul le traitement médical est de plus en plus souvent
préconisé.
Conclusion
Le mal de Pott est une des localisations la plus redoutable
de la tuberculose à cause, d’une part, des lésions neuro-
logiques qu’il peut engendrer et, d’autre part, à cause des
séquelles à type de trouble de la statique vertébrale. Notre
cas clinique reflète la réalité existant dans les pays en voie
de développement où la fréquentation des « guérisseurs
traditionnels » prédomine, engendrant ainsi un retard
diagnostique considérable.
Conflit d’intérêt
[10] Alifdal M, El Abbadi N, Tamehmascht M, El Maaquile R.
Aucun.
[11] Grammatico L, Besnier JM. Spondylodiscite infectieuse. Rev
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