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ECOLE PRIVEE DE FORMATION DES PERSONNELS DE

SANTE « MBIDA VALERIEN » D’OBALA

COURS D’ANATOMIE ET CYTOLOGIE PATHOLOGIQUES

Par
Dr BAH Joseph Landry (MD)

Cibles : ETAM2

Année académique : 2022/2023

Dr. BAH Joseph Landry 1


Objectif général :
 A la fin de ce cours, l’étudiant TAM 2 doit être capable d’apporter des connaissances sur l’étude de la
pathologie cellulaire, l’histopathologie et l’histochimie.

PLAN DU COURS
CHAP I : GENERALITES ET PRINCIPAUX GENERAUX EN ANATOMIE ET CYTOLOGIE PATHOLOGIQUES
CHAP II : ANATOMIE, HISTOLOGIE NORMALE ET CYTOPATHOLOGIE GYNECOLOGIQUE
CHAP III : Cytologie et cytopathologie des séreuses, du LRC, du liquide articulaire et cutanée
CHAP IV : Anatomie et histologie normale, cytopathologie inflammatoire, dystrophique et tumorale de
L’arbre bronchopulmonaire
CHAP V : Anatomie et histologie normale, cytopathologie inflammatoire, dystrophique et tumorale du
Système urinaire
CHAP VI : cytologie et cytopathologie des organes profonds (Thyroïde, Foie et ganglions)

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CHAP 3 : CYTOLOGIE ET CYTOPATHOLOGIE DES SEREUSES, DU LCR, DU
LIQUIDE ARTICULAIRE ET DE LA PEAU

1) Définitions
Les séreuses sont de minces membranes qui enveloppent certains organes.
La cytopathologie est l’étude des caractères morphologiques anormaux liés à des cellules isolées ou en petits amas
prélevées, étalées sur lame en couche mince puis colorées afin d’identifier et de décrire microscopiquement une
pathologie.

2) Physiopathologie des liquides


a. Les séreuses
Elles sont constituées généralement de deux feuillets (un feuillet viscéral accolé au viscère et un feuillet pariétal)
glissant l’un sur l’autre par l’intermédiaire d’une faible quantité de sérosité (Figure 1). Chaque feuillet se constitue
d’un épithélium pavimenteux simple (mésothélium) tapissant la surface interne des cavités séreuses et reposant sur
du tissu conjonctif. Dans certaines situations pathologiques, le volume de cette sérosité augmente fortement et le
liquide contenu dans la séreuse s’appelle alors un liquide d’épanchement.

Figure 1 : Exemple d’une séreuse (le péricarde)

Les principales séreuses sont regroupées dans le tableau ci-dessous ;


Noms des séreuses Organe (s) enveloppé (s) Nature de la sérosité ou du liquide
Plèvre Poumons Liquide pleural
Synoviale Articulations Liquide articulaire ou synovie
Péricarde Cœur Liquide péricardique
Péritoine Organes pelviens et organes Liquide péritonéal (Liquide d’ascite s’il y a un
abdominaux de l’appareil digestif épanchement)

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b. Le liquide céphalo-rachidien (LCR)
C’est un liquide de couleur transparente comme l’« eau de roche ». Il est sécrété par le plexus choroïde, un tissu
particulier, très irrigué par des vaisseaux sanguins qui entourent les petites cavités (ventricules) du cerveau. Le LCR
coule autour du cerveau et de la moelle épinière, les enveloppes et les protège. Une barrière protectrice (la barrière
hémato-encéphalique) sépare le cerveau du flux sanguin et régule la distribution de substances entre le sang et le
LCR. Elle permet notamment de retenir les grosses molécules, les toxines, ainsi que la plupart des cellules sanguines.
La moindre perturbation de cette barrière protectrice aboutit à un changement dans les constituants du LCR.
Puisque le LCR enveloppe le cerveau et la moelle épinière, il est très utile de l’examiner dans le diagnostic de
nombreuses affections du système nerveux central. Les échantillons de LCR révèlent plus directement l’origine de
symptômes associés à des atteintes du système nerveux central.
Les infections et inflammations des méninges, couches de tissu qui enveloppent le cerveau et la moelle épinière,
peuvent perturber la barrière hémato-encéphalique et permettre le passage de cellules sanguines, ainsi que
l’augmentation du taux de protéine dans le LCR.
Certains cancers comme les leucémies entraînent une augmentation des globules blancs dans le LCR, et des tumeurs
peuvent aboutir à la présence de cellules anormales dans le LCR. Tous ces changements par rapport à la constitution
normale du LCR font de l’examen du LCR un test très utile.

c. Le liquide articulaire (LA)


Il est normalement présent en très petite quantité dans chaque cavité articulaire. Son rôle est double : il agit comme
lubrifiant en diminuant les frictions entre les surfaces articulaires au cours des mouvements et il assure la nutrition
du cartilage, tissu qui ne bénéficie d'aucun apport sanguin.
L'examen du liquide apporte de nombreux renseignements sur la pathologie responsable d'un épanchement
articulaire.

d. La cytologie cutanée
C’est une procédure diagnostique importante permettant d'évaluer la présence de bactéries et de levures à la surface
de la peau et dans les conduits auditifs externes.
Elle est utilisée pour le diagnostic d'infection et pour évaluer l'efficacité du traitement.

3) Types de prélèvements et de méthodes de conversation

a) Types de prélèvements
 Pour les épanchements liquidiens
En fonction du lieu ou de l’organe prélevé, le prélèvement cytologique au niveau de séreuses recouvrant certains
organes se fera par ponction (qui demeure un acte purement médical), On utilise une seringue, un tube ou un
flacon stérile pour le recueil.

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Organes/séreuses Types de ponction
Poumons Ponction pleurale
Péritoine Ponction d’ascite
Articulations Ponction articulaire
Cœur Ponction péricardique

 Pour le LCR (ponction lombaire)


Le prélèvement est réalisé dans le bas du dos, après repérage de l’espace situé entre les vertèbres lombaires L4 et
L5 et désinfection locale. Le patient reste assis ou allongé sur le côté en position fœtale. On utilise une seringue, un
tube ou un flacon stérile pour le recueil.

 Pour la cytologie cutanée


Plusieurs méthodes permettent d’obtenir le prélèvement. On peut citer :
- La technique du calque par apposition qui est appropriée pour certaines lésions superficielles (pustules,
croûtes après avoir détaché ces dernières), lors de séborrhée grasse, sur des lésions suintantes à érosives,
dans les ulcères peu profonds
- Le scotch-test peut être utilisé pour des lésions érythémateuses, sèches à peau suintantes
- La technique par écouvillonnage ou cytobrossage convient pour la récolte de matériaux superficiels ou
d’exsudats (ex : conduit auditif externe, contenu des lésions anfractueuses ou fistuleuses)
- La cytoponction à l’aiguille fine est la technique préférentielle lors de lésions surélevées (plaques,
nodules, masses)
- Pour la technique par aspiration, la masse est maintenue fermement dans une main.
Ces prélèvements sont soit directement étalé sur lame avant d’être fixé, soit recueillis dans un contenant (flacon)
étiqueté avant d’être exploité ultérieurement au laboratoire de cytologie pathologie.

b) Conservation des prélèvements


Lorsque le prélèvement est liquidien, la conservation se fait soit par fixation avec quelques gouttes de formol dilué
à 10% introduit dans le flacon à température ambiante, soit au réfrigérateur entre 4°C et 8°C pendant un maximum
de 4 jours.
Lorsque le prélèvement est directement apposé sur la lame, la fixation s’en suit directement puis la coloration
(exemple de la cytologie cutané).

4) Les techniques d’analyse


Tout prélèvement cytologique qui arrive au laboratoire d’anatomie et cytologie pathologiques est soumis aux
différentes étapes d’analyse suivantes :

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a) La macroscopie
L’aspect macroscopique d’un échantillon cytologique consiste à noter sa couleur, sa limpidité, sa viscosité et/ou sa
volémie. Elle peut aider à distinguer un exsudat d’un transsudat mais, à lui seul, ce critère n’est pas suffisamment
performant pour établir un diagnostic même différentiel soit-il.
- Concentration en leucocytes, en hématie et en cellules mésothéliales
Elle s’effectue à l’aide d’un hématimètre qui permet de compter le nombre d’éléments blancs par microlitres dans
l’échantillon de liquide reçu.
Lorsqu’il s’agit de liquide articulaire ou péricardique, le taux de leucocytes est un bon critère pour différencier
transsudat et exsudat (<1000 leucocytes/µL pour un transsudat).
Il permet entre autre de poser le diagnostic d’infection bactérienne. En effet, dans ce cas, le taux de leucocytes dans
le liquide d’épanchement est très élevé. Voici quelques chiffres pour l’illustrer :
 80 % des arthrites bactériennes présentent plus de 20 000 leucocytes/µL
 95% des pleurésies bactériennes présentent plus de 10 000 leucocytes/µL
 80% des péricardites présentent plus de 5 000 leucocytes/µL.
Par contre, lorsque l’analyse est posée en cytologie, le comptage va mettre en évidence :
 Le % de cellules mésothéliales,
 Le % de polynucléaires neutrophiles,
 Le % de cellules mononucléées (lymphocytes, plasmocytes, monocytes, etc…)
NB : La présence d’hématie sera signalée avec le niveau ou l’ampleur de son envahissement dans le prélèvement.
- Formule leucocytaire et mésothéliale à l’état frais
On effectue la concentration en leucocytes et en cellules mésothéliales pour orienter le diagnostic vers une lésion
inflammatoire ou tumorale. Elle est permet aussi de dire si nous sommes en présence d’un transsudat ou d’un
exsudat. Dans ce cas le taux de leucocytes est supérieur à 1000/µL pour les liquides des séreuses. Cependant
l’examen macroscopique peut être utile à l’orientation diagnostique. Ainsi :
 un liquide articulaire ou péricardique trouble est presque toujours un exsudat
 un liquide pleural ou péritonéal trouble peut être un transsudat
 si un exsudat (confirmé par des paramètres cellulaires et/ou biochimique) est clair, il faut penser à une
infection tuberculeuse ou une infection virale.
L’examen des résultats obtenus est susceptible d’influencer sensiblement la suite de l’analyse.
Parmi ces résultats, trois types de formules cytologiques sont particulièrement évocateurs.

- Prédominance de granulocytes neutrophiles


C’est le cas pour la majeure partie des épanchements inflammatoires, qu’ils soient d’origine infectieuse ou pas. La
présence de granulocytes neutrophiles altérés oriente vers une infection bactérienne.
- Prédominance de lymphocytes
Elle est beaucoup plus fréquente dans un liquide clair que dans un liquide purulent. Une telle formule doit faire
penser à une infection tuberculeuse ou virale. Dans ce cas ensemencer dans des milieux adaptés aux mycobactéries.

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- Granulocytes éosinophiles > 10%
Pour un liquide articulaire, on peut envisager une arthrite parasitaire (filariose). Pour un liquide pleural, les
principales causes sont un :
 hémothorax = épanchement de sang dans la cavité pleurale
 pneumothorax =épanchement d’air dans la cavité pleurale
Les cellules mésothéliales sont enfin comptées afin de déterminer si leur présence serait fortement liée à une
pathologie tumorale. Dans ce cas, il est conseillé d’effectuer un prélèvement histologique afin de confirmer la nature
de la tumeur (bénigne ou maligne).

1) Préparation des lames/étalement et fixation


En biologie cellulaire, la séparation des constituants se fait principalement par trois (03) méthodes à savoir :
- La centrifugation
- La chromatographie
- L’électrophorèse
Pour les liquides des séreuses, du LCR ou du LA, la centrifugation est la principale méthode utilisée. Mais lorsque
le liquide a une faible cellularité (aspect translucide du prélèvement), la cytocentrifugation s’avère la mieux efficace
et permet de rassembler toutes les cellules du liquide sous forme de spot sur la lame avant fixation et coloration. On
prépare les lames par cytocentrifugation ou en réalisant des frottis ou un étalement par capillarité à partir d’un culot
de centrifugation à 3000 tours/min pendant 10 minutes lorsque le prélèvement est liquidien. Pour les cytologies
cutanées, l’étalement est directement fait pendant le prélèvement par des techniques d’apposition ou de projection
par jet de l’échantillon sur la lame porte-objet.
La fixation après étalement consiste à pulvériser sur l’échantillon étalé, un cytospray ou une laque fixante afin de
préparer la lame à la coloration de Papanicolaou. Lorsque l’étalement subira la coloration de MGG, il est fixé à l’air
libre pendant 15 à 25 minutes avant.

2) Colorations et montage
a. Colorations standards : Papanicolaou et May Grunwald-Giemsa
b. Autres colorations ou colorations spéciales (Gram, Ziehl-Nelseen, etc…)
Le montage des lames consiste à recouvrir d’une lamelle couvre-objet le prélèvement étalé et coloré afin de
conserver celui-ci à des fins diagnostiques et d’archivage. Il s’effectue à l’aide d’un baume de montage, de lamelle
couvre-objet et d’une étape préparatoire au xylène pendant 2 minutes.

Conclusion
L'examen cytologique ou cytopathologique des liquides des séreuses, du LCR, du liquide articulaire apporte, au prix
d'un geste minime, peu invasif, et d'une technique rapide deux éléments diagnostiques particulièrement intéressants :
• la richesse en cellules est un reflet fidèle du caractère inflammatoire ou tumoral,

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• Dans le cas du LA, la présence ou l'absence de microcristaux permet d'affirmer ou d'éliminer, en
quelques minutes, une arthropathie microcristalline, manifestation habituelle et souvent bruyante d'une
arthropathie métabolique et d'en préciser la nature.

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