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Institut National de Formation Supérieure Paramédicale de Blida

Enseignement du module d’Anatomie et Cytologie pathologiques

CYTOLOGIE

Dr. S. AHMED ALLAL


Service d’anatomie et de cytologie pathologiques
CHU BLIDA

Année pédagogique 2023/2024


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Plan
I. Introduction

II. Avantages et limites de la cytologie

III. Différents types de prélèvements

IV. Techniques d’étude

V. Colorations

VI. Eléments de cytodiagnostic

VII. Conclusion

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I. Introduction :

-La cytologie est l’examen microscopique de cellules, isolées ou en petits amas, étalées sur
lame en verre et colorées pour permettre de distinguer plus aisément leur aspect, leur origine
et leurs anomalies afin d’établir un cytodiagnostic.
-Elle a l’avantage de montrer les détails cellulaires et l’inconvénient de ne fournir aucune
indication sur l’organisation tissulaire, les anomalies architecturales et les aspects
d’envahissement.
- Il s’agit d’un examen rapide et peu coûteux, utilisé dans un but de dépistage ou d’orientation
diagnostique.
-Un contrôle par biopsie peut être nécessaire avant toute thérapeutique.
-Il existe plusieurs méthodes et techniques permettant de recueillir les cellules.
-La qualité du diagnostic dépend étroitement de la qualité des techniques de prélèvement .

II. Avantages et limites de la cytologie :

A. AVANTAGES DE LA CYTOPATHOLOGIE
- Prélèvements sans anesthésie, chez les patients en ambulatoire
-Moins de traumatisme, moins de complications hémorragique ou infectieuse
-Technique simple et moins coûteuse
-Prélèvements peuvent intéresser tous les organes
-Délais courts entre prélèvements et diagnostic
-Application possible des techniques de biologie moléculaire et immunocytochimie.

B. LIMITES DE LA CYTOLOGIE
-Difficultés de localiser précisément les cellules malignes (cytologie exfoliative)
-Imprécision plus fréquente pour typer les tumeurs
-Quelques fois difficile de préciser le caractère pré-invasif ou invasif
-Les critères diagnostiques changent d’un organe à un autre

III. Différents types de prélèvements :


Les cellules isolées, ou les petits amas cellulaires, peuvent être obtenus de diverses façons :
1- Liquides spontanément émis (urine, expectoration, fistule, drain) ;

2- Raclage, brossage, écouvillonnage, aspiration de cellules desquamant spontanément


(col, bronches, voies biliaires, lavage broncho-alvéolaire) ;

3- Ponction à l’aiguille d’un liquide (épanchement de séreuse ou articulaire, LCR,


collection) +/- guidage écho ou scannographique; ou d’un organe plein ou d’une
tumeur (thyroïde, gg…)

4- Apposition d’un tissu non fixé sur une lame (pièces opératoires ou Biopsie)

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a) Cytoponction :

Il s’agit d’un geste médical qui consiste à introduire une aiguille dans une lésion solide ou
kystique dans laquelle se trouvent des cellules caractéristiques.
Une cytoponction est une technique simple et rapide de prélèvement (sans anesthésie
systématique) réalisée, après désinfection cutanée, avec une aiguille fine, le plus souvent de
0,6 mm de diamètre (23 gauges ou G) avec ou sans aspiration selon que la lésion soit palpable
ou non. Pour une cytoponction d’une lésion non palpable ou profonde, la trajectoire de
l’aiguille est guidée sous repérage échographique ou scannographique.
Le produit de cytoponction obtenu est délicatement projeté à l’aide d’une seringue sur des
lames à raison d’une goutte par lame, jusqu’à son épuisement puis étalé.
Si du liquide est recueilli, celui-ci est place dans un tube hépariné.

b) Cytologie des liquides :


On distingue :
 Les liquides spontanément émis (le recueil se fait en respectant certaines conditions
notamment l’asepsie+++)
 Les liquides recueillis par ponction (exp : articulations), brossage (VAS), lavage
(broncho-alvéolaire)

-Recueil et transmission de l'échantillon représentent un temps essentiel.


-Le liquide doit-être traité dans les 15mn qui suivent le prélèvement.
-Le matériel recueilli par ponction, doit-être placé dans un tube non citraté, accompagné d'une
fiche de renseignement portant l'identité du patient, la nature du prélèvement (pleural,
péritonéal, péricardique…), la date et l'heure du prélèvement et les renseignements cliniques
nécessaires à l'interprétation.
-Il existe plusieurs procédés techniques pour récupérer des cellules en suspension dans un
liquide physiologique ou de conservation. Selon l’origine de l’échantillon et son aspect (clair,
hémorragique, visqueux…), des modes opératoires différents peuvent être réalisés.
-La centrifugation classique permet d’obtenir une concentration cellulaire accumulée soit au
fond d’un tube conique, soit au-dessus d’un produit chimique (par variation de densité).
-La cytocentrifugation représente une aide inestimable pour le diagnostic grâce à la
concentration des cellules et à leur étalement monocellulaire sur une surface réduite offrant
une lecture rapide de la préparation.

IV. Techniques d’étude :

1) Etalement des cellules sur des lames en verre:


L’étalement est fait par le préleveur lors des cytoponctions d’organes, des frottis,
écouvillonnage, brossages ou appositions. Ce geste simple doit être bien maîtrisé pour éviter
un écrasement des cellules, ou des amas, en plusieurs couches peu interprétables
Une goutte du matériel est délicatement déposée l’extrémité d’une lame ordinaire.
L’étalement est réalisé (dans le sens de la longueur de la lame) à l’aide d’une autre lame
légèrement inclinée sur la goutte afin que le matériel puisse diffuser entre les deux.
Le geste doit être rapide, de façon uniforme sans retour en arrière ni déviation et à vitesse
constante afin de bien dissocier les placards cellulaires et ne pas endommager les cellules

 Étalement à l’aide d’un dispositif de prélèvement

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Cette méthode d’étalement est le plus souvent réalisée pour les FCU ou les aspirations et
brossages bronchiques. A l’aide d’un dispositif de prélèvement (balai, cytobrosse, écouvillon
ou spatule), le matériel obtenu est déposé en frottant le dispositif sur une lame.

2) Cytocentrifugation sur lame en verre:


Cette technique utilise une centrifugeuse pour échantillons cytologiques qui transfère les
cellules provenant des fluides sur des lames en verre en vue d’un examen microscopique.
La dispersion des ȼ sur la lame en verre se fait sur une zone spécifique, toutes les ȼ de
l’échantillon étant déposées uniformément sur la lame.

3) Étalement des cellules en monocouche:


Cette technique moins répandue consiste à recueillir les cellules par ponction, ou par frottis
(col utérin) et à les transmettre au laboratoire dans un liquide conservateur.
Les cellules présentes dans le flacon du fixateur sont ensuite remises en suspension et
éventuellement soumises à une dispersion par gradient de densité.
Ensuite on effectue un processus de concentration (par filtration et/ou centrifugation).
Enfin, les cellules sont transférées en couche mince sur une lame et sur une pastille de taille
déterminée.
L’analyse d’un liquide peut également se faire après fixation et inclusion en paraffine d’un
culot de centrifugation, qui est alors effectué de la même façon qu’un prélèvement tissulaire.

4) Méthodes de fixation:
La Fixation étant une étape importante ; peut se faire selon le type du prélèvement ou les
habitudes du cytopathologiste.
 Séchage à l’air libre → coloration MGG
 Soit par immersion dans l’alcool-éther, ou par application d’un aérosol de
laque fixant pour la coloration de Papanicolaou

V. Colorations :
Deux types de colorations sont employés exclusivement ou conjointement selon la nature du
prélèvement et les habitudes du pathologiste, le May-Grünwald-Giemsa (MGG) et la
coloration de Papanicolaou.

1. Papanicolaou :
Coloration polychrome qui permet de différencier les cellules en fonction de leur maturité et
de leur activité métabolique.
C’est la coloration de référence pour les cytologies gynécologiques (FCU+++) et les liquides,
en revanche, elle n’est pas recommandée en hématologie (MGG+++)
La seule coloration de cytologie standardisable pour les machines automatiques de cytologie.
Elle est composée de 03 colorants :
-l’hématoxyline de Harris: colore les noyaux des ȼ grâce à son affinité avec l’ADN →
noyaux colorés en bleu/noir
-L’Orange G (OG 6): colorant acide qui réagit avec les cellules squameuses matures de par
son affinité avec la kératine → cytoplasme rose/orange transparent (ȼ éosinophiles
superficielles)

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-L’Eosine Azur (EA 50): colorant acide polychrome qui réagit avec le cytoplasme des
cellules squameuses non matures (cellules basales et intermédiaires) ainsi qu’avec les cellules
glandulaires (cytoplasme en bleu/vert transparent) et les hématies (colorés en rouge)
La coloration nucléaire peut être progressive ou régressive, selon les préférences personnelles
du pathologiste et/ou des cytologistes.

 Méthode progressive : Consiste en une coloration continue jusqu’à ce que l’intensité


désirée soit obtenue;
 Méthode régressive : Le spécimen est surcoloré dans l’hématoxyline, puis l’excès de
colorant est retiré par immersion dans un différentiateur (0,25% HCL acide
chlorhydrique). Une immersion sous l’eau courante stoppe ensuite la réaction
chimique de décoloration.

 TECHNIQUE :
1. Alcool 100° : 30sec 10. Alcool 95° : 30sec
2. Alcool 95° : 30seC 11. OG6 : 4min
12. Alcool 95° : 1mn
3. Lavage : 2min
13. EA50 : 4min
4. Hématoxyline : 8min 14. Alcool 95° : 30sec
5. Lavage : 2min 15. Alcool 100° : 30sec
6. Eau Hcl : 30sec 16. Alcool 100° : 30sec
7. Lavage : 2min 17. Xylène : 30sec
8. Eau carbonatée : 30sec 18. Xylène : 30sec
9. Lavage : 2min 19. Montage lamelle

2. May-Grünwald Giemsa (MGG) :


Coloration cytologique faisant agir successivement 2 colorants neutres
Elle utilise les affinités tinctoriales différentes de l’éosinate de bleu de méthylène et des
azures de méthylène.
C'est la coloration de base de la cytologie hématologique

 TECHNIQUE :
1. Sécher la lame à l’air
2. Transférer la lame dans une solution pure de May Grünwald : 5 min.
3. Sans rincer placer la lame dans du Giemsa dilué au 1/10 : 20 min.
4. Laver à l’eau distillée.
5. Déshydrater.
6. Toluène (ou xylène).
7. Montage lamelle.
 RESULTATS :
-Noyaux bleu sombre
-Cytoplasmes plus ou moins bleus selon leur richesse en ARN
-Hématies et granules des polynucléaires éosinophiles rouges
-Autres granules cytoplasmiques soit bleus, soit violets

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VI. Eléments de cytodiagnostic :

1) Définition d’un cytodiagnostic


Méthode de diagnostic servant à révéler la présence de cellules anormales ou cancéreuses.
Cette méthode est fondée sur l’examen microscopique de cellules prélevées sur le corps
humain par ponction, brossage ou frottis, dans un but de prévention, de thérapie ou de
recherche.
Le cytodiagnostic est un acte professionnel accompli exclusivement par un cytologiste ou un
pathologiste.
Seule une formation spécialisée concentrée sur l’étude de la cellule et de ses anomalies peut
protéger adéquatement le public.
Le cytodiagnostic demeure toutefois une interprétation subjective des anomalies d’un
échantillon et doit être considéré dans un contexte multidisciplinaire en concordance avec des
données histologiques, radiologiques ou relevant de l’examen clinique.

2) Frottis cervico-utérin :
Le frottis cervico-utérin est un examen assez simple effectué dans le cadre de dépistage du
cancer du col utérin.
Cet examen consiste à prélever des cellules superficielles au niveau du col, au cours d’un
examen gynécologique.
Le prélèvement est ensuite examiné au microscope par un cytologiste ou un pathologiste
Il est recommandé de faire un frottis chaque 3 ans (après 2 FCU normaux réalisés à 1 an
d’intervalle) chez les femmes âgées entre 25 et 65 ans qu’elles soient vaccinées ou non contre
le Papillomavirus.
Selon l’aspect des ȼ, on peut supposer que le col :
 Normal
 Présente une infection (HPV)
 Une lésion précancéreuse ou un cancer
Les lésions sont classées selon le système de Bethesda
La pratique courante du FCU a permis de réduire considérablement le taux de mortalité par
cancer du col.

VII. Conclusion :

La cytologie constitue un outil diagnostique simple et peu coûteux, reproductible qui nécessite
des équipes entraînées.
Son intérêt repose sur la qualité des prélèvements.
L’échantillon prélevé doit être représentatif de la lésion. Cet échantillon doit être
soigneusement prélevé, correctement étalé, fixé et coloré.
Les résultats de toute cytologie s’intègrent dans un contexte clinique et participe à la prise en
charge des malades.

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