Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
www.philippe-rey.fr
ISBN : 978-2-84876-400-9
édicace
Introduction
Les pharaons noirs - ahar a R gne de 690 av. J.-C. à 664 av. J.-C.
L’enfer des oos humains - Ota Benga 1881 1884 - 20 mars 1916
Bibliographie
Remerciements de l’auteur
u c
180 000 ans
ves Coppens
r
Rg ne de 690 av. J.-C. à 664 av. J.-C.
o
IIe- Ie si cle av. J.-C.
c ur du nd n
1222
n 1222, soit cin cent soi ante-sept ans avant la éclaration des
droits de l’homme, le our de l’intronisation de Soundiata eita comme
empereur du ali, la Charte du anden ou andé est chantée au pays
andingue. L’empire du ali, alors à son apogée, s’étend de l’océan
tlanti ue au Niger. Il conna t une grande prospérité gr ce à
l’intensification des échanges marchands. La pai et la liberté
e ceptionnelles ui y r gnent sont dues, selon les historiens, à cette Charte,
mod le d’humanisme et de tolérance.
nn i n
ers 1582 - 17 décembre 1664
on tric
ers 1682 - 1706
ers la fin des années 1600, une eune fille née au ongo, ona
Béatrice, grelotte de fi vre au fond de son lit. out le monde la donne pour
morte. Soudain, elle voit appara tre en songe un homme habillé en moine.
C’est saint ntoine ui, de sa voi céleste, l’e horte à demeurer pieuse, à
pr cher et à entra ner le peuple à aller de l’avant . ussit t la fi vre tombe
et la eune fille revient à la vie. lle e pli ue à son p re et à sa m re sa
vision, et l’importance du commandement divin. evant le besoin
impérieu de le suivre, elle distribue toutes ses richesses et renonce au
biens de ce monde.
ans sa grande sagesse, saint ntoine l’engage à libérer le royaume du
ongo de l’envahisseur portugais ui, fort de la bénédiction papale, a donné
le coup d’envoi de la traite en 1455. Il lui commande également de remettre
le roi Pedro I en fuite sur son tr ne à Sao Salvador, et de soulager son
peuple de la mis re.
ona Béatrice se met en route pour accomplir son devoir
r tro itc ni
1696 - 14 mai 1781
nton i o
ers 170 - vers 1759
On peut dire
ue si l’intelligence des Ngres
n’est pas d’une autre espce
ue notre entendement, elle est trs
inférieure. Ils ne sont pas capables
d’une grande attention,
ils combinent peu et ne paraissent
faits ni pour les avantages, ni pour
les abus de notre philosophie.
oltaire,
ssai sur les murs 1755
Cette citation est stupéfiante de la part d’un des esprits les plus
brillants et les plus tolérants de son temps.
i rd int or
24 décembre 1745 - 10 uin 1799
u IIIe, les Noirs sont environ cin mille dans l’ e agone, pour
environ vingt millions de Blancs. L’apparition de l’un d’eu provo ue les
foules, attire les regards et cho ue tou ours un peu. ussi le héros de cette
aventure ne se contente-t-il pas de se passer cha ue matin plusieurs couches
de poudre blanche sur le visage pour éviter les remar ues insultantes, mais
il a également compris u’il faut monter tr s haut pour échapper au
criti ues, se singulariser et susciter l’admiration.
Il va donc nager avec un bras attaché dans le dos, patiner sur la Seine
gelée, monter à cheval, tirer l’épée au point d’ tre considéré comme le
meilleur escrimeur du royaume de France, et manier le pistolet comme un
dieu, dit-on . ieu encore, il oue en virtuose du violon u’il a appris du
plus fameu violoniste fran ais de son temps, Jean- arie Leclair il se
montre e pert en clavecin, en composition et en direction d’orchestre.
ou int o u rtur
20 mai 174 - 7 avril 180
oussaint-Louverture
n c u in
20 septembre 1758 - 17 octobre 1806
i i t
175 - 5 décembre 1784
Phillis heatley ,
oems on arious uects
eligious and oral
On sait peu de chose sur ses derni res années, sinon u’en avril 1778
elle se marie avec un affranchi, John Peters, homme à tout faire. On sait
aussi u’elle en a trois enfants. Pauvreté, e clusion On sait enfin u’elle
continue à écrire, à tenir une correspondance.
J’aurais voulu citer uel ues-unes de ses lettres, et d’autres po mes,
mais à ce our son uvre n’a tou ours pas fait l’ob et d’une grande réédition
ni été traduite. uel dommage Ne pense -vous pas ue des enfants ui
apprendraient en classe de fran ais des po mes de Phillis heatley ou
d’autres po tes noirs sortiraient de l’école avec moins de pré ugés
e erment de anc tre
ui u ui on t i r
10 anvier 1760 - 22 avril 18 2
o ui r o itud
2 ao t 1766 - 28 mai 1802 1772 - 19 novembre 1802
La résistance à l’oppression
est un droit naturel.
Louis elgrs
Le 10 mai 1802, Louis elgr s fait afficher une proclamation sur les
arbres et les murs des bourgs de Basse- erre en uadeloupe. Plus u’un
tract ou un appel à la résistance contre les troupes consulaires du général
Richepanse envoyées par Bonaparte, c’est une déclaration des droits
universels et un appel à l’égalité des races.
L N N L N C L NN C NC
.
C est dans les plus eau ours d un si cle amais cél re par le
triomp e des Lumi res et de la p ilosop ie qu une classe d in ortunés
qu on veut anéantir se voit o ligée d élever sa voi vers la postérité pour
lui aire conna tre lorsqu elle aura disparu son innocence et ses
mal eurs
Ce cri de révolte fait suite à la tragédie du rétablissement de
l’esclavage sur l’ le de la uadeloupe. pr s l’abolition de 1794, la liberté
aura été de courte durée. uit ans plus tard, le 17 mai 1802, Bonaparte
décide de rétablir l’esclavage afin de restaurer l’économie sucri re. On
doit désarmer tous les N gres, de uel ue parti u’ils soient, et les remettre
à la culture , a-t-il déclaré si mois auparavant en octobre 1801. t toi,
féroce fricain, ui triomphes un instant sur les tombeau de tes ma tres
ue tu as égorgés en l che, s’e clame un certain Baudry eslo i res,
contemporain de Napoléon, rentre dans le néant politi ue au uel la nature
elle-m me t’a destiné. on orgueil atroce n’annonce ue trop ue la
servitude est ton lot. Rentre dans le devoir et compte sur la générosité de tes
ma tres. Ils sont blancs et fran ais.
ans le cadre d’une guerre contre l’ ngleterre, l’économie fran aise
ne peut se passer du commerce colonial, ui nécessite un contr le
stratégi ue et économi ue. Le Code noir doit tre rétabli. Bonaparte désigne
pour cette t che un homme de caract re, ou plut t un caractériel, le contre-
amiral Lacrosse. Celui-ci, à peine arrivé sur l’ le en mai 1801, non
seulement fait arr ter et déporter plusieurs officiers de couleur reconnus
pour leur valeur, mais l ve un lourd imp t sur le uel il se sert grassement.
la mort du général Béthencourt, le poste de commandant en chef de l’ le
doit revenir au colonel Pélage. Ce dernier est mul tre, aussi Lacrosse
s’oppose-t-il à sa nomination. t il continue à déporter. Frénéti uement. u
point de déclencher une révolte des soldats u’il réprime aussit t dans le
sang. ais, lors u’il tente de faire arr ter l’un des officiers les plus
populaires de l’ le, Joseph Ignace, c’en est trop. Cette fois, la population
tout enti re s’en m le, se révolte et le ette en prison.
Les citoyens guadeloupéens n’ont plus u’à attendre ue Bonaparte
leur envoie un nouveau gouverneur, en espérant u’il se rév le un meilleur
républicain. Ils créent un Conseil provisoire de gouvernement sous le
commandement de agloire Pélage, assisté de deu Blancs et d’un
ul tre. Pélage n’a rien d’un oussaint-Louverture. Légaliste dans l’ me, il
n’en finit pas de proclamer sa fidélité à la France et à Bonaparte, ce ui ne
l’aide pas à faire l’unanimité dans la population. Sans Pélage, le cours de
l’histoire des ntilles aurait été changé. ais Pélage est un l che, ui
louvoie en attendant d’ tre bient t un Judas et un bourreau
Cependant, il prend une heureuse initiative en nommant son camarade
Louis elgr s chef de la place de Basse- erre. On ne pouvait trouver
citoyen plus valeureu et aguerri.
Louis elgr s est le fils d’un planteur blanc de la artini ue et d’une
ul tresse. Né à Saint-Pierre en artini ue, il est un enfant des les sans
tre guadeloupéen. Il est libre de couleur . di -sept ans, il est nommé
sergent. n 1791, apr s la prise du pouvoir par les royalistes en artini ue,
il s’e ile en omini ue, à mi-chemin de la uadeloupe et de la artini ue.
n décembre 1792, il re oint les rangs des républicains. n 1794, il est
officier du bataillon des ntilles. n 1795, il participe à la bataille ui
reprend Sainte-Lucie au nglais. ri vement blessé lors de cette
campagne, il est nommé capitaine en récompense de son attitude
valeureuse. t Louis elgr s encha ne les combats au service de la
Républi ue
e son c té, Bonaparte, apprenant la situation de la uadeloupe et
l’e il forcé de Lacrosse, ignore les proclamations de fidélité du colonel
Pélage. Pour lui, cet épisode est une mutinerie pure et simple. Le 25 mars
1802, la France signe la pai d’ miens avec l’ ngleterre. La période
d’accalmie ui en résulte permet à Bonaparte de lancer contre l’ le une
e pédition punitive dont il confie le commandement au général ntoine
Richepanse, avec pour mission finale le rétablissement de l’esclavage.
Le général Richepanse s’embar ue avec uatre mille hommes voguant
sur di frégates. Le 4 mai 1802, il rentre à Pointe-à-Pitre, acclamé par une
partie de la population na vement persuadée des bonnes intentions de la
France. ais les troupes, indifférentes à cet accueil, prennent position au
endroits stratégi ues de l’ le. Puis, sans autre e plication, les fiers soldats
des troupes coloniales sont sommés de déposer les armes. Ceu ui
obtemp rent sont aussit t encha nés à fond de cale. Le colonel Pélage se
soumet à l’autorité sans coup férir. n échange, il est laissé en liberté.
e leur c té, Louis elgr s et Joseph Ignace désertent et tentent
d’organiser la résistance. n mai, elgr s publie cette tr s belle
proclamation, dite proclamation du 10 mai 1802 . L’officier onnereau,
ui collabore à sa rédaction, paiera de son sang cet acte de bravoure.
uels sont les coups d autorité dont on nous menace eut on diriger
contre nous les a onnettes de ces raves militaires dont nous aimions
calculer le moment de l arrivée et qui nagu re ne les dirigeaient que contre
les ennemis de la épu lique plut t si nous en cro ons les coups
d autorité dé rappés au ort de la Li erté le s st me d une mort lente
dans les cac ots continue tre suivi. ien nous c oisissons de mourir
plus promptement. sons le dire les ma imes de la t rannie la plus atroce
sont surpassées au ourd ui. Nos anciens t rans permettaient un ma tre
d a ranc ir son esclave et tout nous annonce que dans le si cle de la
p ilosop ie il e iste des ommes mal eureusement trop puissants par leur
éloignement de l autorité dont ils émanent qui ne veulent voir d ommes
noirs ou tirant leur origine de cette couleur que dans les ers de
l esclavage. t vous remier consul de la épu lique vous guerrier
p ilosop e de qui nous attendions la ustice qui nous était due pourquoi
aut il que nous a ons déplorer notre éloignement du o er d o partent
les conceptions su limes que vous nous ave si souvent ait admirer
sans doute un our vous conna tre notre innocence mais il ne sera plus
temps et des pervers auront dé pro ité des calomnies qu ils ont
prodiguées contre nous pour consommer notre ruine.
Cito ens de la uadeloupe vous dont la di érence de l épiderme est
un titre su isant pour ne point craindre les vengeances dont on nous
menace moins qu on ne veuille vous aire un crime de n avoir pas dirigé
vos armes contre nous vous ave entendu les moti s qui ont e cité notre
indignation. La résistance l oppression est un droit naturel. La divinité
m me ne peut tre o ensée que nous dé endions notre cause elle est celle
de la ustice et de l umanité nous ne la souillerons pas par l om re m me
du crime. ui nous sommes résolus nous tenir sur une uste dé ensive
mais nous ne deviendrons amais les agresseurs. our vous reste dans vos
o ers ne craigne rien de notre part. Nous vous urons solennellement de
respecter vos emmes vos en ants vos propriétés et d emplo er tous nos
mo ens les aire respecter par tous.
t toi postérité accorde une larme nos mal eurs et nous mourrons
satis aits.
Le colonel d in anterie commandant en c e de la orce rmée de
asse erre
Louis elgr s.
n rouillard monta
Le m me qui depuis tou ours m o s de
issu de ruits de errements de c a nes sans cle s
éra lures de gri es
un clapotis de crac ats
orne atou a
Lieu a rupt. Nom a rupt et de tén res n as
u passage Constantin l o les deu rivi res
corcent leurs oquets de couleuvres
ic epanse est l qui guette
ic epanse l ours colonialiste au violettes gencives
riand du miel solaire utiné au camp c es
elgr s est blessé, ses troupes sont en partie encerclées. Ils battent en
retraite et se réfugient dans le fort. Leur vie est maintenant réduite à
l’essentiel : le sentiment de l’honneur et de la dignité.
Sous la terrasse, des barils de poudre ont été installés. On les a
camouflés pour ue les troupes de Richepanse ne les aper oivent pas.
elgr s et son aide de camp ont chacun le feu pour allumer la m che.
On raconte ue les trois cents femmes, hommes et enfants retirés dans
le fort se tiennent la main en silence puis u’à trois heures et demie de
l’apr s-midi, tandis ue l’avant-garde fran aise franchit l’entrée de la
demeure, ba onnette au canon, ils lancent : ivre libres ou mourir Puis
c’est le silence. Puis une effroyable e plosion.
uel ues ours plus tard, le bébé sera vendu au marché des esclaves.
ais s’il vit suffisamment, s’il résiste asse longtemps, s’il atteint le our de
ses uarante-si ans, il conna tra la liberté pour la uelle tous ces
uadeloupéens ont donné leur vie.
« Ne i -e a ne femme »
o ourn r rut
Novembre 1797 - 26 novembre 188
So ourner ruth, ayant refusé son nom d’esclave, s’en est choisi un
autre, le plus beau : o ourner, ui signifie celle ui sé ourne et rut , la
vérité . lle est née Isabella Baumfree, dans la colonie hollandaise du
comté d’ lster, dans l’État de New or . Lors u’elle est vendue, à l’ ge de
on e ans, elle ne parle ue le néerlandais.
ers vingt ans, elle est mariée contre son gré à un esclave du nom de
homas. n 1827, elle s’enfuit de la ferme de son ma tre pour trouver
refuge au Canada avec la plus eune de ses filles, ses autres enfants ayant
été vendus dans d’autres plantations. t puis survient l’abolition de
l’esclavage dans l’État de New or , en 1828. lle travaille une di aine
d’années au sein de communautés religieuses.
n 184 , une révélation change le cours de son e istence. ieu
l’appelle pour libérer son peuple de l’esclavage. Combien de grandes
résistantes, de ona Béatrice au IIIe si cle à lice Lenshina au e,
ont trouvé des forces incomparables dans la foi es voi célestes l’incitent
à pr cher sans rel che. Ce u’elle fait dans le Connecticut, le
assachusetts, l’Ohio, l’Indiana et le ansas.
lle est la premi re femme noire à prendre publi uement la parole
contre l’esclavage au tats- nis. Par son verbe et la force de sa foi, elle
touche des milliers de personnes. Je me sens si grande à l’intérieur, dit-
elle. Le pouvoir de la nation est avec moi. t elle porte, en travers de sa
poitrine, une banni re avec ces mots : Proclame la liberté à travers tout le
pays et à tous les habitants de celui-ci. Pour aider à la libération des mes
et conforter son travail de p lerin, elle publie en 1850 e Narrative o
o ourner rut Nort ern lave L’ istoire de So ourner ruth, une
esclave du Nord .
Si la personnalité de So ourner ruth mar ue encore nos générations,
c’est surtout gr ce à son action militante pour la cause des femmes noires.
Soi ante ans auparavant, sous la Révolution fran aise, la Blanche arie-
Olympe de ouges, révoltée par la misogynie de la éclaration des droits
de l’homme et du citoyen avait rédigé la éclaration des droits de la
femme et de la citoyenne , dont voici deu e traits :
rticle premier. La femme na t libre et demeure égale à l’homme en
droits. Les distinctions sociales ne peuvent tre fondées ue sur l’utilité
commune.
rticle 1 . Pour l’entretien de la force publi ue, et pour les dépenses
d’administration, les contributions de la femme et de l’homme sont égales
elle a part à toutes les corvées, à toutes les t ches pénibles elle doit donc
avoir de m me part à la distribution des places, des emplois, des charges,
des dignités et de l’industrie.
lle écrivit aussi une pi ce de thé tre : L sclavage des Noirs. Sa
finesse d’esprit lui avait montré à uel point la condition faite au femmes
pouvait se comparer à celle des esclaves. lle savait ce ue cela signifiait
d’ tre sans cesse considérée comme inférieure au hommes, de tou ours
devoir réclamer ses droits et se ustifier lle savait aussi combien il
co tait de résister. lle fut condamnée à mort. Le procureur de la Commune
de Paris, applaudissant à son e écution, évo ue cette femme-homme,
l’impudente Olympe de ouges ui, la premi re, institua des sociétés de
femmes, abandonna les soins de son ménage, voulut politi uer
Pourtant, limitée par la pensée de son épo ue, arie-Olympe de
ouges ne se posa amais la uestion des femmes esclaves. Pour elle, les
femmes étaient blanches et les esclaves, hommes. Il faut attendre So ourner
ruth pour entendre parler des femmes noires et au nom des femmes
noires.
n 1851, So ourner est déléguée à la premi re Convention nationale
sur les droits des femmes, à ron, dans l’Ohio. Comme elle entend un
homme dans la salle protester contre le propos d’une femme sur l’égalité,
So ourner se l ve, monte à la tribune et prononce un bref discours resté
cél bre, sous le titre nd ain t a oman t pourtant, ne suis- e pas une
femme :
Cet homme-là, il dit u’il faut aider les femmes à monter en voiture
et les aider à franchir un fossé, et u’il leur faut les meilleures places
partout
Personne ne m’aide amais à monter en voiture ou à traverser une
fla ue de boue, personne ne me donne les meilleures places
t pourtant, ne suis- e pas une femme
Regarde -moi Regarde mes bras J’ai labouré et planté et cueilli,
’ai rentré des récoltes et aucun homme n’a pu me commander
t pourtant, ne suis- e pas une femme
Je peu travailler autant u’un homme et manger autant u’un
homme uand ’en ai les moyens et supporter le fouet autant u’eu .
t pourtant, ne suis- e pas une femme
J’ai mis au monde cin enfants et ’ai vu la plupart d’entre eu
réduits en esclavage et uand e hurlais ma plainte de m re, personne,
hormis Jésus, ne m’a écoutée
t pourtant, ne suis- e pas une femme
Lors de la guerre de Sécession 1861-1865 , So ourner organise des
collectes de vivres pour les combattants des régiments noirs de l’ nion. n
1864, elle est re ue par le président braham Lincoln à la aison-Blanche.
pr s la promulgation de la Proclamation d’émancipation, elle aide les
réfugiés noirs à trouver du travail. n m me temps, elle poursuit un travail
politi ue de fond. Lors de nombreuses apparitions publi ues, elle défend
l’idée de la création d’un État noir dans l’ouest des États- nis.
Résolument en avance sur son temps, elle lutte pour l’abolition de la
peine de mort, pour les droits des pauvres, pour les réformes pénitentiaires,
pour le droit des anciens esclaves à posséder des terres.
lle meurt le 26 novembre 188 , à Battle Cree , dans le ichigan,
dans une communauté ua er, les mis du progr s humain , ui lui avait
réservé un accueil chaleureu .
epuis sa mort, l’influence de So ourner ruth n’a fait ue cro tre. n
voici deu témoignages.
Le robot ue nous envoyons sur ars s’appelle So ourner ruth, me
dit mon ami de la Nasa, Cheic odibo iarra, parce u’il voyage pour
dire la érité .
uant à ichelle Obama, elle déclare en avril 2009, dévoilant le buste
de So ourner ruth au Center isitor du Capitole à ashington : J’esp re
ue So ourner ruth serait fi re de moi, une descendante d’esclaves, servant
en tant ue premi re dame des États- nis. Il n’est pas anodin ue
ichelle Obama, femme libre et militante, témoigne combien cette autre
femme libre, courageuse, indépendante, luttant pour la ustice, a été
importante dans sa construction personnelle.
e grand oète r e
ndr ouc in
6 uin 1799 - 10 février 18 7
Pouch ine est une ic ne en Russie. ucun régime n’a amais osé
toucher à son image. Son buste a remplacé celui de Lénine à la fin du
communisme. Beaucoup de Russes peuvent réciter des pages de ses uvres.
ous les 6 uin, il y a des lectures publi ues de ses po mes pr s de la
cathédrale Ielo hovs i, à oscou, o il fut baptisé. Preuve u’on peut tre
le soleil de la conception intellectuelle russe du monde osto evs i , le
mod le originel de l’identité russe rigoriev , le premier po te-artiste
russe Bélins i et avoir, comme l’écrit ongo Beti, la peau bistre des
uarterons et des octavons .
Non, l’origine africaine de Pouch ine ne rel ve pas de l’anecdote. Il
sait d’o il vient, car son origine africaine l’a fa onné.
Certes, Pouch ine na t d’une m re russe à la peau plus blanche ue
noire, descendante du général braham Petrovitch anibal voir pages 5 -
56 , et d’un p re russe métissé d’Italien et d’ llemand. Les choses
pourraient en rester là. Il ne revendi uerait aucune négritude, oubliant peut-
tre m me cette lointaine filiation avec un anc tre africain u’il n’a pas
connu, s’il ne s’entendait traiter de négrillon et de singe .
C’est ue le monde a changé : nous sommes au I e si cle, le eune
Pouch ine subit des pré ugés au uels son bisa eul a échappé dans la
Russie du IIIe si cle. n ce début du I e, les stéréotypes de la science
moderne , ui classe les prétendues races suivant leur couleur et leurs
caract res morphologi ues, commencent à pénétrer en Russie.
Pouch ine lui-m me, pris au pi ge, se décrit ainsi à l’ ge de uin e
ans :
r d ric ou
1817/1818 - 20 février 1895
rri t u n
Février/mars 1821 - 10 mars 191
arriet ubman
e dead trees s o ou t e a
Les arbres morts t’indi ueront la voie,
o nt nor ir in
18 octobre 1850 - 19 septembre 1911
Lorsque Noé se réveilla de son vin il apprit ce que lui avait ait son
ils cadet.
t il dit audit soit Canaan qu il soit l esclave des esclaves de ses
r res
l dit encore éni soit l ternel ieu de em et que Canaan soit leur
esclave
ue ieu étende les possessions de ap et qu il a ite dans les tentes
de em et que Canaan soit leur esclave
en se I , 24-27 traduction de Louis Segond
i ort no
29 novembre 1859 - 22 décembre 19 0
tt n on
8 ao t 1866 - 8 mars 1955
Cela dit, nous pouvons relativiser tout ceci : il est fort possible ue des
Inuits, depuis des si cles, aient découvert en passant le p le Nord, bien
avant enson et Peary Rendons au natifs, perpétuellement volés de
leurs terres, leur patrie et leurs découvertes.
n to r i on r de ro e
or or
26 novembre 1878 - 21 uin 19 2
t n
1881 1884 - 20 mars 1916
es promesses mensongres
et uelu es adroites pressions
du chef du service des f faires
indignes furent nécessaires pour
décider une centaine de Canaues
à se rendre, croyaient-ils,
à l’position coloniale de Paris
de 19 1 en vue d’y présenter leur
culture . Les Canaues ne furent
pas logés dans l’enceinte
de l’eposition de incennes,
comme ils l’imaginaient. Ils furent
dirigés à l’autre bout de Paris,
au Jardin oologiue
d’acclimatation du bois
de Boulogne ui, destiné à l’origine
à accueillir plantes et animau
eotiues, était devenu le lieu
de plusieurs ehibitions
d’indignes. uelue s cases furent
édifiées à la h te et le spectacle
put commencer.
ta enga
aille pieds . oids livres
ge ans
isite tous les apr s midi
durant le mois de septem re.
rcu oi r
17 ao t 1887 - 10 uin 1940
arcus arvey
i rno io ui r n i n
iri i on n i cou
- 1914 - 1915
- 1916 - 1917 - 1918
tt in i i
22 septembre 1897 - 16 décembre 1925
n r o n
5 uillet 1902 - 11 avril 1951
Jean Cocteau,
atterie
l Brown aurait aimé suivre ses conseils, mais il ne savait pas vivre
sans combattre Ce fut l’alcool ui le mit finalement au tapis.
a me de a co ère
ic rd t ni ri t
4 septembre 1908 - 28 novembre 1960
Le c at ermant les eu
ille comme s il voulait
valer le printemps
Les moineau eu m mes
ssa ent de réc au er
L épouvantail gelé
ddi
25 décembre 191 - 18 décembre 194
Léopold Senghor,
Pome liminaire , in osties
noires 1948
ci nti i u in nt ur
c rc ur
ardin oi ir crit re co e
nd trie
imentaire
ran ort
cani e
Cha ue année, depuis 1976, les Noirs américains cél brent en février,
mois de naissance d’ braham Lincoln et de Frederic ouglass, le mois de
l’ istoire noire Blac istory onth . cette occasion est rappelé le r le
fondamental u’ont oué les Noirs américains dans l’histoire de leur pays,
u’ils soient scientifi ues, inventeurs, artistes, écrivains, artisans, sportifs
Les Blancs y sont associés dans les écoles, les églises et les entreprises des
villes de tout le pays. u fil des ans, les mentalités ont changé et ce
changement n’est pas étranger à l’élection d’Obama en 2008.
Le Canada, ui déplorait ue la contribution des Noirs à l’histoire du
Canada constitue l’un des secrets les mieu gardés de notre passé
collectif , a également son Blac istory onth depuis uin e ans, de
m me ue le Royaume- ni et l’ llemagne.
« e ar re d d ortent n fr it trange »
i i o id
7 avril 1915 - 17 uillet 1959
i ir
26 uin 191 - 17 avril 2008
lanc i
omina le in ure
qu ils me paieront ort c er
quand mon rique qu ils ont cam riolée
voudra la pai la pai rien que
la pai
Le mot et le concept de négritude apparaissent d s le premier grand
te te de Césaire : Ca ier d un retour au pa s natal. cette épo ue 19 5-
19 9 , le po te traverse une période difficile. Sa vue s’est affaiblie, il
souffre de fortes migraines. Surtout, il se cherche. C’est la négritude ui va
le mener à lui-m me
tric r u u
2 uillet 1925 - 17 anvier 1961
vous tous mes amis qui ave lutté sans rel c e nos c tés e vous
demande de aire de ce uin une date illustre que vous gardere
ine a a lement gravée dans vos c urs une date dont vous enseignere
avec ierté la signi ication vos en ants pour que ceu ci leur tour
assent conna tre leurs ils et leurs petits ils l istoire glorieuse de
notre lutte pour la li erté.
Car cette indépendance du Congo si elle est proclamée au ourd ui
dans l entente avec la elgique pa s ami avec qui nous traitons d égal
égal nul Congolais digne de ce nom ne pourra amais ou lier cependant
que c est par la lutte qu elle a été conquise une lutte de tous les ours une
lutte ardente et idéaliste une lutte dans laquelle nous n avons ménagé ni
nos orces ni nos privations ni nos sou rances ni notre sang.
out cela mes r res nous en avons pro ondément sou ert.
ais tout cela aussi nous que le vote de vos représentants élus a
agréés pour diriger notre c er pa s nous qui avons sou ert dans notre
corps et dans notre c ur de l oppression colonialiste nous vous le disons
tout aut tout cela est désormais ini.
La répu lique du Congo a été proclamée et notre c er pa s est
maintenant entre les mains de ses propres en ants.
nsem le mes r res mes s urs nous allons commencer une nouvelle
lutte une lutte su lime qui va mener notre pa s la pai la prospérité et
la grandeur.
Nous allons éta lir ensem le la ustice sociale et assurer que c acun
re oive la uste rémunération de son travail.
pplaudissements
pplaudissements
pplaudissements
invite tous les cito ens congolais ommes emmes et en ants se
mettre résolument au travail en vue de créer une économie nationale
prosp re qui consacrera notre indépendance économique.
ommage au com attants de la li erté nationale
ive l indépendance et l unité a ricaine
ive le Congo indépendant et souverain
r nt non
20 uillet 1925 - 6 décembre 1961
imé Césaire,
iscours sur le colonialisme
aise vous
ous ai e ou non dit qu il vous allait parler ran ais
le ran ais de rance
le ran ais du ran ais
le ran ais ran ais
cette épo ue, dans les livres pour la eunesse, on voit des héros
blancs vaincre à tous les coups des méchants noirs ou indiens. Par un
processus psychologi ue normal, l’enfant noir s’identifie au bons
héros blancs et commence alors inconsciemment à intégrer le discours
négatif sur le Noir, donc sur lui-m me.
Certains arrivent à s’en sortir, d’autres amais. Ils ont intériorisé le
discours de la hiérarchie des couleurs. Ceu -là auront un ressentiment tr s
fort, voire violent, envers les Blancs, ou développeront un comple e
d’infériorité, une mauvaise estime de soi.
Pendant la eunesse de ma m re, il était préférable de se marier avec
uel u’un à la peau claire pour diluer la couleur . ne e pression en
uadeloupe désigne les enfants plus clairs : on dit u’ils ont la peau
chapée , c’est-à-dire échappée du noir ireille Fanon- end s
France, fille de Frant Fanon, ue ’ai rencontrée pour préparer ce chapitre,
m’a raconté ue son fils avait à la naissance les cheveu blonds et les yeu
bleus. n homme de sa famille s’est alors e clamé : u as de la chance, il
est bien sorti
Si une personne noire s’e prime ainsi, c’est u’inconsciemment elle
s’estime elle-m me mal sortie . ’o , en artini ue, écrit Fanon,
l’habitude de dire d’un mauvais Blanc u’il a une me de N gre. Le
bourreau, c’est l’homme noir, Satan est noir n face se tient la
blanche colombe .
La société antillaise a intégré ce discours d’infériorisation, de
classification selon la couleur de peau, tout comme elle a intégré le discours
négatif sur le créole, sa propre langue ce ui ne l’emp che pas de dénoncer
le racisme à son égard.
Je prends comme e emple ma m re et mes s urs ui portent des
perru ues ou des tissages lles ont beau me dire ue c’est plus prati ue,
plus rapide pour se coiffer, le message u’elles transmettent à leurs filles et
petites-filles, c’est u’elles ne peuvent pas tre belles avec leurs cheveu
crépus. uant à leurs fils et petits-fils, ils intégreront l’idée u’une belle
femme a des cheveu longs et lisses. Le standard de beauté étant celui de la
société blanche, vous pouve imaginer facilement les comple es ue les
parents transmettent au enfants.
Les grands leaders noirs adressaient à la population des vérités crues.
alcolm , par e emple :
ui vous a appris à ha r la couleur de votre peau
tel point ue vous l’éclaircissie pour ressembler au Blanc
ui vous a appris à ha r la forme de votre ne et celle de vos l vres
ui vous a appris à vous ha r de la t te au pieds
a m re et les parents de Fanon font partie de ces générations ui ont
appris à l’école ue leurs anc tres étaient les aulois. La chose peut para tre
comi ue, elle est plut t tragi ue, car elle introduisait un mensonge dans la
filiation, une négation de toute une lignée de générations. Cela donne
au ourd’hui la désagréable impression d’une société antillaise née sous
. Ne faut-il pas conna tre toute son histoire pour comprendre son
identité
J’ai remar ué ue beaucoup d’ ntillais se plaignent parce ue les
postes à responsabilités sur les les seraient occupés par des Blancs. ais
n’est-il pas vrai aussi ue trop d’ ntillais acceptent mal l’autorité d’un
supérieur Noir l’épo ue de l’esclavage, seul l’avis du ma tre comptait,
ce propriétaire doté de toutes les ualités, de tous les pouvoirs, ce mod le
ui était ha mais en m me temps u’il fallait tenter d’imiter. Ce
conditionnement de l’ ntillais, les divisions de son peuple, on les doit au
esclavagistes. Les consignes au ma tres de plantations lancées en 1712 par
illie Lynch, propriétaire anglais d’esclaves des Cara bes, en donnent un
e emple : ous deve utiliser les esclaves à peau foncée contre les
esclaves à peau claire, et les esclaves à peau claire contre les esclaves à
peau foncée.
Là o l’esclave était prisonnier physi uement, ne le sommes-nous pas
encore au ourd’hui, mais psychologi uement Cette attitude de victime
n’est-elle pas restée profondément ancrée dans notre mentalité antillaise
Cherche-t-on encore le regard approbateur du Blanc
La moindre criti ue nous blesse et nous pouvons rapidement devenir
agressifs. Cette susceptibilité vient d’un man ue de confiance en soi.
Certains confondent encore ugement d’un acte et e ne t’aime pas .
N’est-il pas temps au ourd’hui de nous parler paisiblement, de discuter
comme des tres responsables
On a tout fait pour emp cher l’ ntillais de se rebeller. rr te de
tra ner comme un n g’marron , me répétait ma m re. ais le
n g’marron , c’est ustement celui ou celle ui a eu le courage de
résister, de s’enfuir de la plantation Lui ui devrait tre la fierté des Noirs,
on en a fait un vaurien dont on a honte.
Fort heureusement, certains, dans la société antillaise, retrouvent la
mémoire le n g’marron, le créole redeviennent sources de fierté.
ans la génération de nos parents, la plupart des femmes et
des hommes noirs, m me s’ils ont tou ours résisté en silence, avaient peur
de revendi uer. ais le phénom ne évolue, nous perdons petit à petit ce
comple e ui nous emp chait de dénoncer à haute voi le racisme anti-noir,
ou l’in ustice tout simplement.
Frant Fanon dira plus tard combien il fut bouleversé lors u’à l’ ge de
di ans, lors d’une cérémonie organisée par son lycée devant le monument
dédié à ictor Schoelcher, lui fut révélée l’histoire de l’esclavage. Car, dans
les familles antillaises, cette histoire pourtant fondamentale était taboue.
lle le reste encore. ans la mienne, on n’évo uait amais la traite. La
plupart des ntillais en avaient tellement honte u’ils refusaient d’envisager
le moindre lien avec l’ fri ue. C’est ue l’ ntillais ne se pense pas Noir
il se pense ntillais, écrit Frant Fanon. Le N gre vit en fri ue.
Sub ectivement, intellectuellement, l’ ntillais se comporte comme un
Blanc.
a m re ne faisait m me pas le lien avec son histoire africaine, elle
maintenait une coupure nette avec ses anc tres, alors ue le grand-p re de
son grand-p re était esclave. ne réfle ion s’impose au ntilles sur les
sé uelles de l’esclavage puis ue c’est l’esclavage ui a créé la société
antillaise. Nous devons en parler, en discuter. Pour comprendre ue le pi ge
à éviter est de vouloir montrer au Blancs ue nous sommes aussi capables
u’eu . Comme e le dis souvent, le Noir n’a rien à démontrer ni à prouver.
Son seul probl me est ue certains hommes blancs ont mis ou mettent
encore en doute ses capacités, et u’il a fini par douter de lui-m me. Ne
devons-nous pas enfin e ister, sortir de la victimisation, nous construire
sans attendre ue la société blanche nous cautionne t, le plus important,
n’est-il pas venu le moment d’avoir une criti ue impitoyable sur nous-
m mes
n our, à Paris, e demande à un lycéen : is-moi sinc rement,
u’est-ce ue a te fait d’ tre descendant d’esclave
J’ai honte.
Il faut dépasser cela. La seule chose dont tu peu avoir honte, c’est
d’en avoir eu honte un our.
Pour ma part, si e suis fier de uel ue chose, c’est bien de l’histoire de
mes anc tres africains mis en esclavage en uadeloupe, ui ont résisté à
cette tentative de déshumanisation ui dura des si cles.
o o ui c u r
4 février 191 - 24 octobre 2005
co
19 mai 1925 - 21 février 1965
alcolm
rtin u t r in
15 anvier 1929 - 4 avril 1968
on o t i
0 uin 19 2 - 7 octobre 2001
o d i
Né le 17 anvier 1942
ohamed li
o i it
Né le 6 uin 1944
oi on nd
Né le 18 uillet 1918
ic odi o i rr
Né le 21 avril 1952
Combien d’opportunités
peuvent tre manuées. Prene cette
eune fille assise au bord du fleuve
Niger, elle ne va pas à l’école parce
u’un concours de circonstances l’a
fait natre dans un village pauvre,
alors u’elle est peut-tre la seule
sur les sept milliards d’individus
de la plante à avoir la structure
d’esprit ui puisse pénétrer
les secrets du I ou du cancer .
u i u
Né le 24 avril 1954
ahatma andhi
1969 : deu cent cin uante mille eunes marchent sur la aison-
Blanche pour réclamer la fin de la guerre du ietnam.
La m me année, le eune umia bu-Jamal, uator e ans, se rend au
stadium de Philadelphie, avec trois camarades, pour protester contre un
meeting organisé par eorge allace, partisan de la suprématie blanche et
candidat à la présidence des États- nis.
Ils se retrouvent aussit t noyés dans une marée blanche d’o seules
émergent leurs tignasses afro. es spectateurs s’en prennent à eu et, sous
les huées, les refoulent vers la sortie. ne fois dehors, ils sont roués de
coups. ombé à terre, umia tente de se redresser et crie : Police u
secours Pour toute réponse, un homme lui décoche un coup de pied dans
la figure. Cet homme porte un uniforme
Je voue une éternelle reconnaissance à ce flic anonyme, dit umia,
car son coup de pied m’a e pédié tout droit che les Panth res noires.
el est l’acte fondateur, dit-on, de la résistance de umia bu-Jamal,
le condamné à mort politi ue le plus cél bre des États- nis.
n fait, umia a découvert le parti des Blac Panthers uel ues mois
auparavant, lors u’un camarade lui a montré un numéro du ournal e
lac ant er. Il regarde les photos de ce peuple noir en armes, ui affirme
sa détermination à s’autodéfendre, à combattre ou à mourir pour sa
révolution. Il en est bouleversé. Puis il découvre la librairie Robin, premier
du parti des Blac Panthers, o sont e posés des livres de Frant Fanon,
alcolm , Richard right et bien d’autres. Il fait siens arriet ubman,
Frederic ouglass, il fait sien uey P. Newton : Nous avons un tel désir
de vivre avec espoir et dignité ue, sans eu , l’e istence est impossible.
ais il fait siens également ces mots de Niet sche, u’il ne reniera amais,
malgré vingt-huit ans d’enfermement dans le couloir de la mort de la prison
de SCI- reene, en Pennsylvanie : Celui ui combat des monstres doit
prendre garde de ne pas devenir monstre lui-m me. t si tu regardes
longtemps un ab me, l’ab me regarde aussi en toi.
uelle horrible histoire l’a donc conduit dans le couloir de la mort, et
l’y maintient depuis vingt-huit ans, comme au temps des lettres de cachet
uelle horrible faute peut-il bien avoir commise pour mériter un tel
ch timent dans un pays démocrati ue Réponse : d’abord la couleur de
sa peau, ensuite son amour de la ustice et de la vérité. Cette résistance s’est
inscrite dans sa chair. Car, pour de nombreu Noirs, le passé est aussi
présent ue l’est leur miroir.
s l’ ge de uator e ans, avant m me son passage à tabac au meeting
de eorge allace, il est fiché par le FBI pour avoir demandé ue son lycée
soit rebaptisé alcolm puis les Blac Panthers le chargent de
l’information dans leur section de Philadelphie. Cet engagement vaut à ce
tr s eune homme d’ tre considéré comme une personne à interner en cas
d’alerte nationale . ans ces années-là, 40 de l’activité du FBI est
consacrée à la surveillance des militants politi ues, et 1 seulement au
crime organisé.
La m me année, il trouve du travail dans une station de radio o il
dénonce la corruption de la police et des politiciens locau , la mis re et le
lynchage puis ue la ma orité des condamnés à mort sont afro-américains,
alors u’ils ne représentent ue 15 de la population au États- nis.
81 , la peine de mort est infligée pour les meurtres de Blancs, et à 19
pour les meurtres de Noirs, d’ ispani ues, de Latinos, d’ siati ues
Surnommé la oi des sans-voi oice o t e voiceless , il
devient chroni ueur sur plusieurs stations et directeur de l’information sur
hat, une radio noire de Philadelphie. ais umia fait trop de vagues, il
éclabousse trop de gens. La haine des politiciens et de la police grandit
contre lui. L’éclairage u’il donne de l’ affaire ove Changement
ou n avant met le feu au poudres.
ove est une communauté noire composée de gens ui s’auto-
édu uent afin de se débarrasser du matérialisme et du clin uant de la
société américaine. Ils vivent dans une grande solidarité et en référence
constante à l’ fri ue un groupe de dou dingues pour les uns, d’idéalistes
en tout cas, fondé par John frica au début des années 1970. Leur ob ectif
est de dénoncer toutes les in ustices commises contre les hommes, les
animau et les plantes ais cette attitude e istentielle e asp re les
autorités. Ces gens-là ne se comportent pas en bons N gres : ils ne se
taisent pas uand on leur dit de se taire bien au contraire, ils défendent
leurs idées et harc lent les autorités de leurs criti ues.
Le maire de Philadelphie, un e -policier ui s’est fait élire avec le
slogan : ote Blanc , se charge de les mater. n 1977, sa police
multiplie les agressions. lle n’hésite pas à rouer de coups une femme
enceinte et à la mettre en prison ou à eter au sol une autre m re, dont
l’enfant de trois ans meurt, le cr ne enfoncé.
Inévitablement, umia bu-Jamal interviewe les témoins de ces
sc nes, diffuse leurs propos à la radio et rédige des chroni ues au vitriol,
dénon ant la violence et l’in ustice.
Le maire de Philadelphie durcit sa position. Le 16 mars 1978, le si ge
de la communauté et les uatre p tés de maisons voisins sont encerclés.
Plus aucune nourriture ne parvient au membres de ove. On leur donne
uatre-vingt-di ours pour uitter les lieu . Le 8 ao t, estimant ue la
clause n’a pas été respectée, des bulldo ers renversent les cl tures, des
grues font voler les vitres en éclats, et uarante-cin policiers pén trent
dans la maison. ommes, femmes et enfants sont violemment battus,
parfois à coups de crosse de fusil, certains sont blessés par balle.
Soudain, des coups de feu sont tirés d’une maison voisine. Le policer
James Ramp est tué. u’importe si l’en u te rév le ue c’est un coll gue
ui l’a touché, neuf membres de ove sont condamnés con ointement à
cent ans de prison ferme avec une peine incompressible de trente ans ne
fois encore, umia dénonce ce crime digne d’un passé ue l’on croyait
révolu, et réalise de tr s nombreu reportages. La police e erce une telle
pression u’il perd son emploi à la radio et se voit contraint de faire le ta i
de nuit. C’est là ue tout bascule
Pour comprendre ce ui s’est passé, ’ai utilisé des documents des
collectifs de soutien à umia, et e me suis entretenu avec me Julia
right, fille de l’écrivain Richard right et porte-parole en France de
umia bu-Jamal. Julia right lutta au c tés des mouvements de
libération pour l’indépendance nationale en fri ue, interviewa des
dirigeants comme milcar Cabral leader indépendantiste de la uinée-
Bissau et du Cap- ert , gostino Neto p re de l’indépendance angolaise
ou alcolm , accompagna la veuve de Frant Fanon au front lors de la
guerre Nigeria-Biafra 1967-1970 , assura le contact en France et à lger
pour la branche internationale du parti des Panth res noires
oici les faits : la nuit du 9 décembre 1981, umia est à bord de son
ta i. fin de trouver un client, il passe à l’intersection de Locus Street et de
la 1 e Rue. C’est l’heure de la fermeture des bars.
Il vient de déposer un passager dans le uartier de est Philadelphia et
remplit son bulletin de course uand il entend crier. Il ette un coup d’ il
dans ses rétroviseurs et voit le gyrophare allumé d’une voiture de police.
Rien de plus ordinaire dans ce uartier. Il continue donc à remplir le
formulaire. Cette fois, il entend des coups de feu. Il regarde de nouveau
dans son rétroviseur et voit des gens courir en tous sens. Soudain, il lui
semble reconna tre son fr re illiam trébuchant et comme pris de
vertige . Il ouvre la porti re et descend aussit t.
andis u’il traverse la rue pour porter secours, un policier en
uniforme le bra ue avec son arme : une détonation, un éclair, et il se
retrouve à genou sur l’asphalte, gri vement blessé à l’estomac.
Il ferme les yeu , essaie de respirer et s’évanouit. Revenant à lui, il se
découvre au milieu d’un cercle de policiers ui hurlent, l’insultent et le
frappent. Par-delà les policiers ui l’entourent, il voit son fr re : du sang
coule sur son cou. Il voit aussi un policier allongé sur le dos.
On le brutalise encore, puis on le ette dans un panier à salade.
uel ues heures passent. n gradé ouvre la porti re et le frappe au front en
l’in uriant : Sale N gre , nculé de N gre , etc.
nfin, on le conduit à l’h pital o , en guise de premiers soins, on le
précipite à terre et on le roue de coups. u sang plein les poumons, il ne
peut parler
Le policier tué s’appelle aniel Faul ner, il était membre du syndicat
policier l’Ordre fraternel de la police, organisation d’e tr me droite proche
du u lu lan. son réveil, umia est accusé de son assassinat.
partir du moment o un Noir est au mauvais endroit au mauvais moment, de
acto il est coupable. ans nos imaginaires, le Noir est souvent plus suspect
ue les autres. ans la police de Philadelphie, une rumeur circule : il faut
réparer l’ in ustice selon la uelle aucun Blac Panther n’a amais été
officiellement condamné et mis à mort.
n France, certains politi ues disent ue ce sont les Noirs et les
rabes ui créent des probl mes . Ils sont les premiers suspects. ans le
livre d’ duardo aleano, ens dessus dessous. L école du monde l envers,
’ai trouvé une superbe réponse au cliché du Noir agressif, du Noir
délin uant : n méri ue et en urope, la police chasse des stéréotypes,
des coupables du délit de faci s. Cha ue suspect ui n’est pas blanc
confirme la r gle écrite, à l’encre invisible, dans les profondeurs de
l’inconscience collective : le crime est noir, ou marron, ou au minimum
aune. Cette diabolisation ignore l’e périence histori ue du monde. Pour ne
parler ue de ces cin derniers si cles, il faudrait reconna tre ue les crimes
de couleur blanche étaient beaucoup plus fré uents
Je sugg re parfois à mes fils, lors ue des propos sur la prétendue
violence des Noirs les ont cho ués, de répondre à leur interlocuteur de
réfléchir à l’ istoire. ui a massacré des millions d’ mérindiens ui a
déraciné des millions d’ fricains pour les mettre en esclavage ui a
colonisé ui a envoyé à la mort soi ante- uatre millions d’ tres humains
pendant les deu guerres mondiales ui a torturé et e terminé des
millions de Juifs et de iganes Étaient-ce des Noirs, les responsables
de tous ces crimes
Lors ue l’on sait ue c’est le uge Sabo, membre à vie de l’Ordre
fraternel de la police, recordman des États- nis des condamnations à mort
de Noirs 99 , ui va s’occuper du cas umia bu-Jamal, on est en droit
de penser ue la messe est dite
L’en u te est b clée aucune e pertise balisti ue, balles non
identifiables, absence de relevé d’empreintes , sans compter les
subornations de témoins, et la mort d’une prostituée, témoin à charge
peu fiable.
uant au proc s d’assises, en 1982, son ury est composé de Blancs
fervents partisans de la peine de mort, et d’un Noir. vant u’ils rendent
leur verdict, une greffi re entend le uge Sabo s’e clamer dans son
antichambre : Je vais les aider à br ler le N gre. oilà de uoi renforcer
une en u te conduite au États- nis montrant ue 68 des condamnés à
mort n’ont pas eu de proc s é uitable
Il faut savoir également u’un tel proc s co te une fortune. n pauvre
doit se contenter souvent du pire avocat commis d’office. Comme le dit le
prédicateur musulman Robert uhammad : n méri ue, il vaut mieu
tre riche et coupable ue pauvre et innocent. La défense de umia a
co té plus d’un million de dollars au divers comités ui se sont créés
depuis
Le uillet 1982, umia bu-Jamal est condamné à mort.
rois ans plus tard, alors ue umia est dans le couloir de la mort, la
communauté ove subit le martyre. Le 1 mai 1985, pour en terminer avec
les manifestations en faveur des Neuf de ove , le nouveau premier
maire noir de Philadelphie prépare une ultime atta ue. L’assaut est donné.
uin e mille balles sont tirées sur la maison. n engin e plosif C4, de
provenance militaire, fourni illégalement par le FBI, est largué par
hélicopt re sur le toit. L’e plosion provo ue l’incendie de soi ante maisons
au alentours. ans les décombres, on retrouve si adultes, dont John
frica, et cin enfants.
Cin ans passent.
Certains témoins subornés par la ustice se rétractent. Par e emple,
cette prostituée ui reconna t avoir menti, car ayant un passé udiciaire et
étant sous le coup d’une peine avec sursis, elle avait été menacée de ne
amais plus revoir sa fille si elle témoignait en faveur de umia. L’avocat
de umia demande donc l’ouverture d’un nouveau proc s. La Cour
supr me de Pennsylvanie, loin de re uger l’affaire, botte en touche et estime
ue ces preuves arrivent trop tard .
Puis ue l’on ne peut pas avoir un nouveau proc s sur le fond, pourrait-
on au moins dire u’il a été entaché de racisme n an plus tard, la
Cour supr me de Pennsylvanie reconna t u’il y a bien eu des éléments de
racisme, mais ue c’est à la Cour supr me des États- nis de décider. t
cette derni re de confirmer le refus d’un nouveau proc s. La nouvelle loi
pour l’efficacité de la peine de mort et contre le terrorisme prévoit une
prescription pour présenter des preuves d’innocence
umia continue donc sa vie dans le couloir de la mort, rythmée par les
décisions d’e écution ui se succ dent et ui cha ue fois sont repoussées
gr ce à une internationalisation de la mobilisation initiée en France par Julia
right : elle a pris contact avec les associations et groupes ui,
traditionnellement, soutiennent la lutte des fro- méricains tels ue le
R P et la Ligue des droits de l’homme. ais pour combien de temps
Jamais il ne sortira du couloir de la mort , pensent certains amis de
umia, parce u’il restera tou ours la oi des sans-voi . umia se
revendi ue Noir dans une méri ue blanche au syst mes à plusieurs
vitesses. Son cas accuse la ustice américaine, il en rév le les
dysfonctionnements, il en est la mauvaise conscience. lors le plus simple
est de laisser umia à la trappe.
Pourtant, il résiste au suicide psychologi ue. uicon ue va le voir est
sub ugué. Son esprit est totalement libre. Il a une perception du fait
politi ue tr s pertinente, alors u’il n’a acc s u’au informations ue
laisse filtrer la prison. Il lit, écrit, travaille et, cha ue semaine, communi ue
par téléphone une chroni ue à une radio.
Ses conditions de vie sont effroyables. Imagine , écrit-il, une pi ce
de la taille de votre salle de bains et imagine ue vous tes condamné à y
vivre, à y manger, à y dormir, à y faire vos besoins naturels, à y r vasser, à y
pleurer et surtout, surtout, à y attendre. Imagine ce ue c’est
u’attendre, attendre, et attendre attendre la mort.
t imagine ue vous soye enfermé depuis 1981 dans cette minuscule
cellule vingt-trois heures sur vingt- uatre en semaine, et vingt- uatre heures
sur vingt- uatre le wee -end Cette mort à l’américaine, umia l’appelle
t e merican a o deat .
e e e ra no crie
u c ru ur
16 uin 1971 - 1 septembre 1996
’un autre c té, c’est une t te br lée ui écrit des te tes pleins d’un tel
concentré de haine
Jungle Brothers
Ce ui effraie che les rappeurs, c’est u’ils parlent d’eu -m mes. Les
bien-pensants n’aiment pas ue ces gens-là prennent la parole.
n 1990, 2Pac a di -neuf ans. Il rencontre Shoc - , alias umpty
ump, le leader du groupe igital nderground. Ce groupe d’Oa land
l’embauche comme danseur et technicien. Il sort au printemps 1991 son
premier titre acal se No . Il a trouvé sa voie .
cette épo ue, la musi ue ne parlait plus de la condition des Noirs,
comme s’il n’y avait plus de probl mes dans les ghettos. Or 2Pac a re u de
ses parents une culture politi ue. Il n’a pas oublié, il sait ce u’il vit dans
ses tripes, il sera le révolté, le défenseur de la conscience noire. Les Blac
Panthers ont été décimés. Lui, il reprend la parole
vec le rap, cette population étouffée peut à nouveau illustrer la
fameuse phrase, am some od , lancée en 1970 par le révérend Jesse
Jac son, relever la t te et retrouver sa fierté :
Les gars m ont s ooté cinq ois les vrais négros ne meurent pas
entends a ris dans le eu tu sais que e suis dangereu
e détiens le secret de la guerre donc les couards ont peur de moi
a seule peur de la mort c est la réincarnation
ai un c ur de soldat et un cerveau ait pour éduquer ta nation
t ne plus ressentir cette douleur
No more pain
r c u in
Né le 4 ao t 1961
Barac Obama,
iscours d’investiture, 20 anvier
2009
Les deu premi res étoiles d’Obama sont ses parents. Sa m re, nne
unham, a des origines irlandaises, écossaises et chero ees. a m re
était blanche comme le lait , écrit-il dans Les ves de mon p re. lle vient
d’une famille modeste du ansas ui cherchait une vie plus clémente en
émigrant à awaii. ’esprit libre, progressiste humaniste , elle tombe
amoureuse du beau, grand et intelligent Barac ussein Obama Sr.
Lui est d’origine luo, une ethnie du enya. pr s de brillantes études à
Nairobi, il suit un cursus d’économie à l’université d’ awaii, o il est le
premier étudiant africain.
Ses parents se marient en 1960. Premier miracle, puis ue le mariage
mi te est encore considéré comme un crime dans plus de la moitié des
États- nis. on p re aurait pu périr pendu à un arbre simplement pour
avoir osé poser les yeu sur ma m re , écrit Barac Obama. Peu avant, en
1958, un couple mi te avait été condamné à un an de prison par un uge de
l’État de irginie. Loin de se laisser abattre, ce couple avait intenté une
série de proc s ui avaient abouti, le 12 uin 1967, à la cassation du verdict
par la Cour supr me. Cette histoire a uel ue chose de magi ue lors ue
l’on sait ue le mari s’appelait Loving imant et ue l’arr t mettant fin à
l’interdiction du mariage mi te est poéti uement intitulé mour contre
irginie Loving vs irginie . uarante-deu ans plus tard, les tentatives
de discrimination continuent. n octobre 2009, en Louisiane, un uge de
pai refuse de marier un Noir et une Blanche au préte te u’il ne veut pas
mettre les enfants dans une situation u’ils ne choisissent pas eu -
m mes .
Barac ussein Obama Jr. na t à onolulu en 1961. eu ans plus
tard, ses parents se séparent. yant obtenu son dipl me d’économie, en ao t
196 , à la prestigieuse université de arvard, son p re repart seul au enya
o un poste l’attend au gouvernement. uel ue temps apr s, sa m re se
remarie avec un étudiant indonésien, Lolo Soetoro, et emménage en 1967 à
a arta. C’est là ue na t aya, la demi-s ur d’Obama. Rapidement
adapté, le petit Barry apprend l’indonésien, fait des batailles de cerfs-
volants, go te au serpents et au sauterelles grillées, mais découvre
également la mis re des paysans et les inégalités sociales flagrantes entre
les méricains et les Indonésiens.
l’ ge de di ans, il retourne à awaii pour y recevoir une éducation
à l’américaine. Il est accueilli par ses grands-parents maternels ui
l’inscrivent dans la meilleure école de l’ le. C’est là ue le eune Barry
découvre sa couleur. L’endroit a beau tre le plus métissé des États- nis,
ses camarades voient en lui un Noir et se montrent tr s agressifs.
No l 1971, pour la premi re fois et la derni re , il rencontre son
p re ui, apr s diverses mauvaises fortunes au enya, se tuera dans un
accident de voiture en 1982. n uel ues ours, son p re lui montre
uel ues pas de danse, l’invite à un concert de a , lui offre un ballon de
bas et et deu dis ues de musi ue africaine, autant de symboles de la
culture noire-américaine à la uelle il esp re voir adhérer son fils.
ais le eune Barry peine à trouver ses rep res entre la Blanche et le
Noir de ses origines, ui se sont aimés puis uittés entre le blanc et le noir
de la société ui s’affrontent. Pour affirmer son identité, incapable de faire
autrement, il devient un sale gosse, un ad negro du moins sa caricature.
vec Ray, son ami noir le plus proche, ils se rép tent sans arr t les in ures
ue leur font les Blancs et parlent de révolte. ais ces discours, au lieu de
l’affermir et de le sécuriser, fragilisent Barac Obama, car il sait ue sa
m re, blanche, est sans pré ugés de couleur, et il aime aussi profondément
ses grands-parents, malgré leur racisme ordinaire .
n u te de lui-m me, il se cherche dans les autres : Frederic
ouglass ui, cin ans apr s l’abolition de l’esclavage, avait été candidat à
la présidence des États- nis les panafricanistes arcus arvey et . . B.
u Bois, ui e hortaient les Noirs à se montrer fiers de leur couleur et fiers
des civilisations de leurs anc tres. Il lit les uvres des auteurs noirs
américains modernes, comme Richard right ui dénonce l’ méri ue
raciste, Langston ughes, le po te de la fierté noire, ou Ralph llison ui
écrit : Je n’ai pas honte ue mes grands-parents aient été des esclaves. La
seule chose dont ’ai honte, c’est d’en avoir eu honte un our.
Il s’identifie particuli rement à alcolm , dont il épouse la révolte et
la u te d’identité. Comme lui, il tente de réconcilier deu parties de lui-
m me, cherche à devenir aussi noir et aussi américain ue lui. Puis,
évidemment, il rév re le pasteur artin Luther ing pour sa finesse d’esprit
et son pragmatisme.
Sans ouglass, u Bois, ing, alcolm , la arlem Renaissance
menée par des écrivains et des musiciens, sans le mouvement des droits
civi ues, la théologie noire, le mouvement féministe noir, la criti ue
postcoloniale, sans tous ces prédécesseurs, Obama n’aurait amais eu acc s
à lui-m me, et encore moins à la Présidence.
pr s le lycée, il suit des études à l’Occidental College de Californie.
cette épo ue, il découvre la politi ue de terrain gr ce à des amis
féministes, mar istes, influencés par l’esprit des Blac Panthers. Ces
femmes et ces hommes ui combattent le racisme blanc par la solidarité,
créent des écoles de libération , informent sur la culture noire, aident les
eunes à entrer dans les universités, lisent leurs droits au Noirs en cas
d’arrestation Ces activités tranchent avec l’image surmilitarisée ue les
médias ont transmise d’eu , alors u’ils étaient pacifistes tout en étant pr ts
à se défendre. Leur engagement social sera une des étoiles d’Obama.
Son militantisme lui redonne confiance en lui-m me, asse
pour abandonner le Barry dont l’avait affublé son p re parce ue cela
passait mieu au États- nis . Il reprend son vrai prénom Barac , ui
est africain et signifie béni en swahili.
l’automne 1981, il entre à l’université Columbia de New or , d’o
il sort deu ans plus tard, un dipl me de sciences politi ues en poche. Plut t
ue d’embrasser une confortable carri re dans une entreprise privée, il
choisit de participer à la lutte pour les droits civi ues comme animateur
social. Il n’y a rien de mal à gagner de l’argent, dit-il, mais orienter sa vie
vers cet ob ectif dénote une absence d’ambition. Pendant trois ans, il
s’occupe à Chicago des résidents des uartiers pauvres frappés par le
ch mage, il organise des réunions, se bat pour la prévention de la
délin uance et cent autres causes, mais il constate u’il pourrait consacrer
toute sa vie au militantisme de uartier sans amais vraiment résoudre les
probl mes de Chicago. Il se rend compte ue, s’il veut tre utile, il lui faut
prendre de la hauteur, analyser comment fonctionne le syst me. C’est dans
cette intention u’il passe son dipl me de droit constitutionnel à l’université
arvard puis, fid le à l’esprit libre et humaniste de sa m re, il entre dans
un cabinet uridi ue spécialisé dans la défense des droits civi ues.
e l’ambition, il n’en man ue pas, et la suite en sera la preuve. ais
serait-il monté aussi haut s’il n’avait alors rencontré ichelle Robinson
Issue d’une famille ouvri re, ichelle est uriste. Comme lui, elle a refusé
un poste lucratif dans un cabinet d’affaires et s’est engagée dans la lutte
pour les droits civi ues. Leurs personnalités complémentaires donnent une
dimension nouvelle à la carri re de Barac Obama. n 1996, il est élu au
Sénat de l’État de l’Illinois, poste o il e celle. l’e emple du pasteur
artin Luther ing, il préf re accumuler les petites victoires ue de livrer
de grandes batailles ui ne voient amais d’issue. Il réussit à amender
plusieurs pro ets de lois républicains, et à faire passer vingt-si pro ets
allant de la couverture médicale au plus démunis au droit à l’éducation des
enfants en bas ge, en passant par l’obligation d’enregistrer en vidéo les
interrogatoires des individus suspectés de crimes.
Conviction, courage : il n’en man ue pas. n 2002, il refuse de
cautionner l’invasion de l’Ira . ne guerre stupide, dit-il, fondée non sur
la raison, mais sur la passion. n 200 , il pose sa candidature pour
devenir sénateur des États- nis. Le prestigieu Sénat forme, avec la
Chambre des représentants, le pouvoir législatif américain, ue l’on désigne
sous le terme de Congr s. Barac Obama remporte l’élection le 2 novembre
2004 avec 70 des voi La plus belle victoire de l’histoire du Sénat
américain, au point ue le maga ine imes titre : he Ne t President
Le prochain président . Il est l’un des rares Noirs, apr s Carol
oseley-Braun, seule sénatrice noire, en fonction de 1992 à 1998, à accéder
à la charge sénatoriale. Profitant de sa notoriété, il écrit un livre dont les
droits lui permettent de rembourser ses pr ts étudiant, d’acheter une maison
et de continuer son irrésistible ascension.
Le 10 février 2007, il se présente à l’investiture du parti démocrate.
Lors des primaires, il doit affronter la redoutable illary Clinton. Celle-ci,
se sentant menacée, se livre à de basses atta ues dont le résultat sera de la
perdre dans l’opinion : dénigrement de l’action de artin Luther ing sous
préte te u’Obama s’identifie au pasteur remar ues sur les origines
musulmanes de Barac ussein Obama allusion à ses rapports supposés
avec le courant islamiste responsable de l’attentat du 11 Septembre. Comme
Obama l’a tou ours dit, son p re était bien d’origine musulmane, mais
athée uant à sa m re, elle professait des principes morau comme
l’honn teté et le respect de son prochain, ue l’on retrouve dans toutes les
religions bien comprises. u cours de cette odieuse campagne o tous les
coups sont permis, l’alliée de illary Clinton, eraldine Ferraro, déclare
lors de la primaire du ississippi : Si Obama était un homme blanc, il ne
serait pas là o il est maintenant, et s’il était une femme uelle ue soit sa
race , il ne serait pas là o il est, il se trouve u’il a beaucoup de chance
d’ tre ce u’il est.
Ses adversaires restent enfermés dans leur opposition noir-blanc et leur
se isme. C’est une erreur u’Obama ne commet pas. Fid le à l’esprit de
Frant Fanon Le N gre n’est pas, pas plus ue le Blanc , il refuse de
se laisser enfermer dans sa couleur. ous ne deve pas voter pour
uel u’un parce u’il vous ressemble , dit-il lors de sa campagne au
méricains.
La plupart des observateurs occidentau se sont imaginé ue le fait
d’ tre métis avantageait Obama. La réalité, c’est u’il est tou ours trop noir
ou pas asse . Comme son p re est enyan, il n’est pas descendant
d’esclaves, certains Noirs américains ne le consid rent donc pas comme
l’un des leurs : pour tre un vrai Noir américain, faudrait-il présenter des
a eu esclaves Obama doit rappeler ue u Bois avait un p re ha tien, ue
alcolm était un immigrant de premi re génération, et ue la référence
de artin Luther ing était le ahatma andhi.
Finalement, apr s une lutte serrée, Obama l’emporte sur illary
Clinton, et désormais se concentre sur son combat contre le candidat
républicain John cCain. Sa campagne est la plus efficace machine à
gagner de toute l’histoire des États- nis : la mieu financée, la mieu
médiatisée, et sans doute la plus intelligente.
Certes la crise économi ue le sert, mais encore fallait-il la comprendre.
Lors ue le cyclone atrina, en septembre 2005, fit plus de deu mille
morts, montrant une population noire abandonnée à son sort, il sut répondre,
à ceu ui accusaient le président Bush de mollesse parce ue la population
était noire, ue l’incompétence n’est pas liée à une discrimination
raciale . Remar uable repartie, ui élargit la uestion à l’irresponsabilité
de l’administration républicaine en général et rassemble dans le m me
destin les déshérités de toutes couleurs.
Sa candidature est celle de la réconciliation. Contrairement au dire de
certains de mes criti ues, blancs ou noirs, e n’ai amais eu la na veté de
croire ue nous pourrions régler nos différends raciau en l’espace de
uatre ans ou avec une seule candidature, dit-il dans son cél bre discours de
Philadelphie du 18 mars 2008. ais ’ai affirmé ma conviction profonde
u’en travaillant ensemble nous arriverons à panser nos vieilles
blessures raciales et u’en fait nous n’avons plus le choi si nous voulons
continuer d’avancer dans la voie d’une union plus parfaite. Pour la
communauté afro-américaine, cela veut dire accepter le fardeau de notre
passé sans en devenir les victimes, cela veut dire continuer d’e iger une
vraie ustice dans tous les aspects de la vie américaine.
Orateur e ceptionnel, il ne tombe amais dans les clichés gestuels ni
les intonations habituelles des pasteurs baptistes afro-américains, sans pour
autant mas uer sa couleur de peau. C’est un homme asse cultivé pour se
montrer humble et savoir s’entourer de bons conseillers.
u countr irst le pays d’abord de John cCain pilote
militaire, héros de la guerre du ietnam , ui l’accuse d’ tre le candidat
de l’étranger , Obama répond ue gr ce à ses multiples origines il incarne
le r ve américain. L’ méri ue de 2009, dit-il, n’est plus celle de John
ayne, mais celle de citoyens d’origine coréenne ou indienne. Fran ois
urpaire, auteur de L mérique de arac ama, en 2007 livre
prémonitoire ui m’a inspiré ces pages , rappelle ue le métissage
d’Obama est en phase avec les évolutions à l’ uvre dans la société
américaine. iger oods, le grand champion de golf, est un mélange de
Blanc, de Noir, d’ mérindien et d’ siati ue. Les f tes de No l, che les
Obama, ressemblent à l’assemblée des Nations unies . aya, sa s ur
indonésienne, ressemble à une e icaine, son beau-fr re et sa ni ce sont
chinois ais Obama ne tombe pas dans le pi ge électoral de se dire
métis, il se revendi ue totalement blanc et totalement noir, descendant du
enya et descendant du ansas. Il n’est pas afro-américain, il est africain et
américain.
Il n’a pas la na veté de pr ner une société color lind, devenue
aveugle à la couleur , car c’est la conscience d’ tre noirs ui a mené
certains à faire évoluer les droits. La couleur permet de mesurer le degré
d’intégration dans les universités et dans les entreprises. artin Luther
ing était bien placé pour savoir ue sa lutte avait poussé le président
Lyndon Johnson à donner la priorité au droits civi ues et à signer, en 1964,
le Civil Rights ct rendant illégale toute forme de discrimination.
n définitive, John cCain est nettement battu le 4 novembre 2008
65 grands électeurs contre 17 . Ce ue artin Luther ing lui-m me,
pas plus ue arianna, ma m re, n’auraient amais imaginé, est arrivé : les
États- nis ont élu un Noir à la Présidence.
t maintenant
Obama est arrivé à un moment de crise aigu , non seulement au plan
économi ue, mais aussi moral. Nous sommes confrontés à l’insupportable
inégalité des peuples et à la dégradation de notre terre, ui commence à ne
plus nous supporter .
e tout cela, Obama est conscient. Il engage la lutte contre la pollution
de la plan te. Le 22 septembre 2009, il déclare à l’Onu ue les générations
futures vont à une catastrophe irréversible si la communauté
internationale n’agit pas audacieusement, rapidement et ensemble il
milite pour la suppression des armes nucléaires, il a entamé le
désengagement des troupes américaines d’Ira et cherche des solutions au
bourbier afghan.
Il sait u’il faut tre à la fois impatient et patient, parce ue les grands
lobbys n’ont pas envie de perdre leurs profits. Il faut du courage
intellectuel, social, politi ue. Pour tout changement, il faut se faire violence.
Obama insiste beaucoup sur cet aspect de l’évolution, lui ui est au c ur de
la difficile réforme, entre autres, du syst me de santé u’il entend mener
dans son pays, o uarante-sept millions d’habitants n’ont pas acc s au
soins.
Il faut remettre l’homme au centre, il faut accepter le métissage des
corps, des rencontres, des cultures, des religions , me dit Stéphane essel,
cél bre résistant ui participa notamment à la rédaction de la éclaration
universelle des droits de l’homme de 1948. Il faut un nouveau
militantisme pour ue le Ie si cle remplisse les promesses de droits de
l’homme, de uste développement, d’États souverains ui ont été faites et
non tenues au cours du e si cle. Les intér ts nationau sont importants,
mais si on continue à se focaliser sur eu on va passer notre vie à tre des
sapeurs-pompiers.
ans un cadre plus global, c’est l’intér t de l’esp ce humaine ui est
en eu, et cela induit une nouvelle éthi ue politi ue en train de se dessiner
avec Obama. C’est ainsi ue, en uin 2009, Obama prononce en Égypte un
discours destiné à reprendre le dialogue entre son pays et le monde
musulman. Le cycle de méfiance et de discorde doit s’achever , dit-il
apr s avoir salué un milliard et demi de musulmans par ces mots : alam
alei oum ue la pai soit sur vous .
Pour toutes ces actions, et particuli rement pour sa diplomatie fondée
sur l’idée ue les dirigeants doivent s’appuyer sur les valeurs partagées
par la ma orité des peuples du monde , le pri Nobel de la pai lui est
attribué le 9 octobre 2009, uarante-cin ans apr s artin Luther ing. Il
est le troisi me président des États- nis à en tre récompensé pendant
l’e ercice de ses fonctions, apr s heodore Roosevelt en 1906, et oodrow
ilson en 1919.
Le racisme e iste tou ours au États- nis, Obama lui-m me y est
confronté. -shirts, photographies, dessins le représentent en singe
mangeant une banane, affublé de moustaches à la itler ou en train de
repeindre en noir la aison-Blanche Berlusconi, président du Conseil
italien, ironise à plusieurs reprises sur son bron age . ais la liberté
progresse, la présidence d’Obama est un formidable encouragement pour
les femmes et les hommes ui, dans le monde, luttent contre les in ustices.
Le chemin est encore long, parce ue l’égalité humaine est une idée encore
neuve. La éclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, puis la
éclaration universelle des droits de l’homme de 1948 n’ont pris en compte
ue l’homme blanc. u ourd’hui, cha ue tre humain revendi ue
l’application de ces déclarations.
Non cette carte n e t a en er
r i e - arie a et
Il y a uel ues années, le eune athieu, trei e ans, débar uait dans
mon cabinet. Plusieurs e clusions de différents coll ges et dou e mois dans
un internat réputé pour les fortes t tes n’avaient pas réussi à calmer sa
violence ni à résoudre ses difficultés relationnelles. Sur les conseils d’un
éducateur, sa m re s’était résignée à l’accompagner à une consultation de
psychiatrie pour enfants et adolescents. Selon elle, athieu avait tou ours
été turbulent, mais les choses s’étaient aggravées à l’orée de l’adolescence.
L’enfant avait grandi dans l’idée ue son p re était mort uand lui-
m me n’était encore u’un tout petit bébé, sans u’on ait pu lui dire
comment. Les différentes versions ui lui avaient été livrées ne lui
permettaient pas de se faire une idée de l’homme u’avait pu tre ce p re.
partir de sa di i me année, il se montra plus sensible au contradictions,
plus attentif au inadvertances laissant entendre ue ce dernier serait bien
vivant et habiterait à uel ues encablures de son domicile. insi, il comprit
u’il avait été abandonné par un homme u’il s’imagina alors comme le
plus abominable des individus
Pour uoi la famille avait-elle préféré maintenir le gar on dans
l’ignorance Pour le préserver d’une terrible réalité uoi u’il en soit, ces
non-dits, dont il avait per u plus ou moins inconsciemment la lourdeur
comme celle d’un funeste secret, avaient favorisé un mal- tre dont les
troubles du comportement n’étaient ue la traduction.
Se croire fils de rien, fils de ieu ou du diable, avec toute la
déshumanisation ue cela sous-entend, ne permet pas de se construire une
identité suffisamment sereine pour se confronter au autres.
uelles sé uelles s’e pose-t-on uand la vérité sur nos origines nous
est dissimulée
L’atteinte est surtout identitaire.
L’identité personnelle se construit progressivement, c’est un processus
comple e associant le sentiment d’ tre uni ue, celui d’appartenance à une
famille, un groupe, une culture et celui de valoir uel ue chose. Or ces
sentiments se développent en fonction des e périences ue va vivre
l’enfant, d s son plus eune ge, et ce simultanément dans trois dimensions :
individuelle, groupale la famille, la bande, la société et culturelle. Ces
différents cadres interagissent et, pour tre en accord avec soi, il faut à la
fois se sentir singulier différent des autres et pourvu de ualités ui nous
sont propres , mais également reconnu par l’autre et accepté dans ces
particularités, u’elles soient physi ues, caractérielles, se uelles
pprécier la couleur de ses yeu ou la nature de ses cheveu , se savoir fille
ou gar on, participent à cette élaboration identitaire au m me titre u’ tre
reconnu e comme le fils ou la fille de ses parents, per u e par les autres
comme généreu se ou autoritaire, fid le à certaines valeurs ou tenu e
pour rebelle. Connaissance de soi et estime de soi, liées à la reconnaissance
de ce ue l’on vaut, notamment par les autres, sont ainsi les garantes de cet
é uilibre identitaire.
eu processus complémentaires interviennent con ointement à cet
égard : un mécanisme d’identification au autres et un mécanisme de
distinction par rapport à ceu -ci. Les parents constituent les premiers
supports de ce phénom ne d’identification-re et, puis viennent les
ascendants les grands-parents, ue l’on rencontre ou dont on entend
parler , les proches, puis les relations sociales les amis, les ennemis Les
idoles, les héros des contes ue l’on nous raconte durant l’enfance, comme
les personnages histori ues dont on apprend les e ploits ou les erreurs,
interviennent également dans ce panthéon à la fois personnel et hérité de
l’entourage.
u’il vienne à man uer un pilier à cette identification, ou ue ses
fondations soient gangrenées par des non-dits, et c’est tout l’édifice ui s’en
trouve fragilisé.
B , ddi : 1-2.
Bailey, L. C. : 1.
Baillon de Libertat, ntoine : 1.
Baldwin, James : 1-2.
Bambuc , Roger : 1.
Banne er, Ben amin : 1.
Bari, monsieur : 1.
Barnave, ntoine : 1.
Barro, dit saint Jean : 1, 2.
Barry, illiam : 1.
Basie, illiam Count : 1.
Bath, Patricia rna : 1.
Battling Si i : 1-2, .
Baudelaire, Charles : 1.
Baudouin Ier roi de Belgi ue : 1-2, .
Baudry eslo i res, Louis Narcisse : 1.
Baumfree, Isabella, voir ruth, So ourner.
Beard, ndrew Jac son : 1, 2.
Beauvoir, Simone de : 1.
Beecher Stowe, arriet : 1.
Beethoven, Ludwig van : 1.
Bélins i, issarion : 1.
Bell, Landron : 1.
Belley, Jean-Baptiste : 1.
Benga, Ota : 1-2.
Bent, heodore : 1.
Berlusconi, Silvio : 1.
Bernardo, p re : 1-2.
Béthencourt, ntoine de : 1.
Beti, ongo : 1, 2, , 4-5.
Biassou, eorges : 1, 2.
Biyidi- wala, le andre, voir Beti, ongo.
Bismarc , Otto von : 1.
Blair, enry : 1.
Blanchard, Pascal : 1, 2.
Bolden, Charles : 1.
Bologne, eorges de : 1.
Bologne, Joseph de, voir Saint- eorges, chevalier de.
Bolt, sain : 1.
Bonaparte, voir Napoléon Ier.
Bonnal, Charles- aurice : 1.
Bonnet, Charles : 1.
Bonny, vette : 1.
Booba : 1.
Boone, Sarah : 1.
Botha, Pieter illem : 1, 2.
Bouchareb, Rachid : 1.
Bou man, utty : 1-2, .
Boy in, Otis : 1-2.
Bretagne, Jean- arie : 1.
Breton, ndré : 1, 2.
Bridgetower, eorge . P. : 1.
Broca, Paul : 1, 2, .
Brodess, dward : 1, 2.
Broo s, Charles : 1.
Brown, lfonso eofilo, dit Panama l Brown : 1-2.
Brown, John : 1, 2.
Brundage, very : 1.
Brunswic - olfenb ttel, nton lrich de : 1.
Brunswic - olfenb ttel, ugust ilhelm de : 1, 2.
Bullard, lice : 1.
Burr, illiam F. : 1.
Burton, us : 1.
Bush, eorge . : 1.
Butler, Richard usten : 1.
Butts, John arren : 1.
Cabral, milcar : 1.
Cabral, Pedro lvares : 1.
Cachin, Olivier : 1, 2.
Cafarelli, a imilien : 1.
Ca n : 1.
Camus, lbert : 1.
Canaan : 1-2.
Cao, iego : 1.
Capoi , Fran ois : 1.
Carlos, John : 1-2, .
Carmichael, Sto ely : 1.
Carothers, John Colin : 1.
Carpentier, eorges : 1-2.
Carruthers, eorge Robert : 1.
Carson, Ben amin Solomon : 1.
Carver, eorge ashington : 1, 2, .
Cendrars, Blaise : 1.
Césaire, imé : 1, 2, , 4-5, 6, 7, 8, 9-10, 11, 12, 1 , 14, 15.
Cham : 1.
Chaplin, Charlie : 1, 2.
Chavannes, Jean-Baptiste 1.
Christophe, enry : 1.
Chubb, Lewis arrington : 1.
Cissé, oussouf ata : 1.
Clar , enneth Bancroft : 1-2.
Claudel, Paul : 1.
Clausewit , Carl von : 1.
Clay, Cassius, voir li, ohamed.
Clay, Cassius arcellus : 1.
Clemenceau, eorges : 1.
Clinton, illary : 1.
Cocteau, Jean : 1-2.
Colette, Sidonie- abrielle : 1.
Colomb, Christophe : 1.
Colvin, Claudette : 1.
Combs, Puffy : 1.
Comte, uguste : 1.
Connor, ugene Bull : 1, 2.
Conrad, Joseph : 1, 2.
Coo , Frederic : 1.
Cooper, James : 1.
Coppens, ves : 1-2.
Coppola, Francis Ford : 1.
Corneille, Pierre : 1.
Correia da Sou a, nna : 1.
Correia da Sou a, don Joao : 1-2.
Cosgrove, illiam F. : 1.
Coubertin, Pierre de : 1.
Crésus : 1.
Croslin, ichael : 1.
Crosthwait, avid Nelson Jr. : 1.
Cuvier, eorges : 1.
aleano, duardo : 1.
alilée : 1.
allieni, Joseph : 1.
alton, Francis : 1.
amell, Joseph uthon : 1.
andhi : 1, 2, , 4, 5, 6.
aou- uinou roi d’ llada : 1.
alles, prince de eorge I : 1.
arland, Judy : 1.
arrison, illiam Lloyd : 1.
arvey, arcus osiah : 1-2, , 4, 5.
astines, Civi ue de : 1.
aulle, Charles de : 1-2, , 4, 5, 6.
eorge III roi d’ ngleterre : 1.
ide, ndré : 1, 2.
iscard d’ staing, aléry : 1.
namman ou, ieudonné : 1.
obineau, Joseph rthur de : 1.
oldberg, ennis : 1.
ontcharova, Natalia : 1.
oode, Sara . : 1.
ordon, révérend : 1.
ore propriétaire ayant tué un adolescent noir : 1.
or i, a ime : 1.
ossec, Fran ois Joseph : 1.
ottlieb, Sidney : 1.
ouges, arie-Olympe de : 1-2.
ould, Stephen Jay : 1.
ourdine, eredith Charles : 1.
rant, eorge Fran lin : 1.
rant, lysse Simpson : 1-2.
rant, . S. : 1.
régoire, abbé enri Jean-Baptiste : 1, 2, , 4.
riffin, Bessie Blount : 1.
rigoriev, pollon le androvitch : 1.
uevara, rnesto Che : 1, 2.
uillon, uillaume voir Lethi re, uillaume.
uillon, Pierre : 1.
uimard, arie- adeleine : 1.
agenbec , Carl : 1.
aley, le : 1.
all, Lloyd ugustus : 1.
amey, ichael C. : 1.
amp té B , madou : 1.
anibal, braham Petrovitch : 1-2, -4.
arrel, ndre : 1.
arrington, Ollie : 1.
arris, ichael : 1.
aydn, Joseph : 1.
eaden, innis : 1.
ellers, Charlie : 1.
emingway, rnest : 1.
enson, atthew : 1-2.
ergé : 1.
érodote : 1.
essel, Stéphane : 1.
imes, Chester : 1.
inton, illiam ugustus : 1.
itler, dolf : 1, 2, .
Chi inh : 1.
ochschild, dam : 1, 2.
oliday, Billie : 1-2.
oliday, Clarence : 1-2.
om re : 1, 2.
orace : 1.
uat, ug ne : 1.
ughes, Langston : 1.
ugo, ictor : 1, 2, , 4-5, 6.
umpty ump Shoc - : 1.
I : 1.
Ignace, Joseph : 1, 2, -4.
Isis : 1.
Lacoste, Robert : 1.
Lacrosse, Jean-Baptiste de : 1-2.
Lafayette, ilbert du otier de : 1.
La Fontaine, Jean de : 1, 2.
Lamartine, lphonse de : 1.
La ettrie, Julien Offray de : 1.
Laplace, Pierre-Simon : 1.
Latimer, Lewis oward : 1.
Lattre de assigny, Jean- arie de : 1.
Lavalette, . . : 1.
Leclair, Jean- arie : 1.
Leclant, Jean : 1.
Leclerc, ictor mmanuel : 1, 2- .
Lee, Joseph : 1.
Le Floch-Prigent, Lo : 1.
Lembede, nton : 1.
Lenshina, lice : 1.
Léopold II roi de Belgi ue : 1, 2, .
Lethi re, uillaume : 1, 2- .
Levasseur, Rosalie : 1.
Lévi-Strauss, Claude : 1.
Lewis, James . : 1.
Lincoln, braham : 1, 2- , 4, 5, 6, 7.
Linné, Carl von : 1.
Liston, Sonny : 1-2.
Little, arl : 1.
Little, Louisa : 1.
Little, alcolm, voir alcolm .
Loove, John Lee : 1.
Louis, Joe : 1.
Louis I roi de France : 1.
Luc ues, Laurent de : 1.
Lucy : 1-2.
Lully, Jean-Baptiste : 1.
Lumumba, Patrice Émery : 1, 2- , 4, 5.
Lunatic : 1.
Lynch, illie : 1.
achiavel, Nicolas : 1.
ac andal, Fran ois : 1-2.
ac- ahon, Patrice de : 1.
ailer, Norman : 1.
aine duc du , Louis- uguste de Bourbon : 1.
alcolm : 1, 2, -4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12-1 , 14, 15.
andela, Rolihlahla Nelson : 1, 2, -4.
angin, Charles : 1-2.
aran, René : 1, 2.
arcellin, Raymond : 1.
arie- ntoinette reine de France : 1.
arley, Bob : 1.
arshall, Bruce : 1.
arshall, hurgood : 1.
aspero, aston : 1.
attipalu , voir enson, atthew.
at eliger, Jan arnst : 1.
auch, arl : 1.
aure, li orali : 1.
be i, ovan : 1.
be i, habo : 1.
bembe, chille : 1.
c rthur Stuart : 1.
cCain, John : 1-2.
cCauley, Rosa, voir Par s, Rosa.
cCoy, li ah : 1-2.
c inley Jones, Frederic : 1.
C Solaar : 1.
eeropol, bel : 1.
elchior, baron de rimm : 1.
ell, Fernande : 1.
énil, René : 1.
hlaba, Raymond : 1.
ichel, arc : 1.
iles, le ander : 1.
ills, Jean-Baptiste : 1.
ilton, John : 1.
irabeau, onoré de : 1.
langeni, ndrew : 1.
obutu, Joseph ésiré, dit Sese Se o : 1-2, -4.
oli re : 1.
onnereau : 1.
ontaigne, ichel de : 1.
ontgomery, Ben amin : 1.
oon, John P. : 1.
oreau, tienne : 1.
oreau de Saint- éry, édéric : 1, 2.
orel, dmund ene : 1.
organ, arrett ugustus : 1-2.
ortenol, ndré : 1.
ortenol, Camille : 1-2.
orton, eorge : 1.
oseley-Braun, Carol : 1.
otsoaledi, lias : 1.
oulin, Jean : 1-2.
o art, olfgang madeus : 1.
polo, aurice : 1.
uhammad, li ah : 1-2, , 4.
uhammad, Robert : 1.
unger, Birdie : 1.
Nadeau, aurice : 1.
Nanny, ranny : 1.
Nanon, nne : 1.
Napoléon Ier Bonaparte : 1-2, , 4-5, 6, 7, 8-9, 10.
Nardal, Paulette, Jane et ndrée : 1.
Nasser, amal bdel : 1, 2.
Ndongmo, arcus gr : 1.
Nehru, Jawaharlal : 1, 2, .
Nephthys : 1.
Neto, gostino : 1.
Newton, uey P. : 1, 2.
Ngola, ani roi du atamba : 1-2.
Nichols, Joseph . : 1.
Nicolo, Raoul- eorges : 1.
Niet sche, Friedrich : 1.
Ni on, dgar aniel : 1, 2- .
N awé, Pius : 1.
N rumah, wame : 1, 2, .
Noé : 1.
Norman, Peter : 1, 2, .
Norton, en : 1.
Notorious B.I. . he : 1-2.
N : 1.
Nyobé, Ruben m : 1, 2- , 4.
Painter, illiam : 1.
Palma, Brian de : 1.
Par er, Charlie : 1.
Par s, Raymond : 1.
Par s, Rosa Louise : 1, 2, , 4-5, 6, 7.
Pastoureau, ichel : 1.
Peary, Robert dwin : 1-2.
Pedro I roi du ongo : 1, 2, -4.
Pélage, agloire : 1-2, , 4.
Pérec, arie-José : 1.
Peters, rno : 1.
Peters, John : 1.
Pétion, le andre : 1.
Petrovitch, braham, voir anibal.
Petrovitch, Joseph : 1.
Philonen o, le is : 1.
Pierre Ier le rand tsar : 1-2.
Pitts, elen : 1.
Piyé, en heperret pharaon : 1-2.
Platon : 1.
Polverel, Étienne : 1.
Pompidou, eorges : 1.
Pouch ine, le andre : 1, 2, -4.
Pouch ine, Nadine : 1.
Pouch ine, Serge : 1.
Preston, Larry . : 1.
Prévert, Jac ues : 1.
Purvis, illiam : 1.
Raimond, Julien : 1.
Rameau, Jean-Philippe : 1.
Ramp, James : 1.
Rams s II : 1
Reed, John : 1-2.
Reynaud Paligot, Carole : 1.
Reynolds, umphrey : 1.
Reynolds, ary Jane : 1.
Richardson, lbert C. : 1.
Richardson, illiam enry : 1.
Richepanse, ntoine : 1-2, , 4, 5-6.
Rillieu , Norbert : 1.
Rives, aurice : 1-2, .
Robinson, lbert R. : 1.
Robinson, Jac ie : 1.
Robinson, ichelle, voir Obama, ichelle.
Robinson, Sugar Ray : 1.
Rochambeau, onatien arie-Joseph de : 1-2.
Roc efeller, Nelson : 1.
Roger, ichel : 1.
Roosevelt, heodore : 1.
Ross, le ander : 1.
Ross, raminta, voir ubman, arriet.
Russel, Lewis . : 1.
shanu huru : 1.
aillant-Couturier, Paul : 1.
auban, Sébastien : 1.
ercoutter, Jean : 1.
erner, Samuel Phillips : 1, 2.
idal, regorio : 1.
inta, impa, voir ona Béatrice.
irgile : 1.
olney comte de , Constantin-Fran ois : 1
oltaire : 1, 2.
anthos : 1
oung, Lester : 1.
hou, nlai : 1.
ingha, nne : 1-2.
ola, Émile : 1, 2.