Vous êtes sur la page 1sur 3

Complément

La méthode de l'équation différentielle


5
Le but de cette fiche est de permettre d’étudier le com- Restent donc deux cas intéressants :
portement asymptotique d’une suite définie par une rela- — f admet un point fixe ℓ tel que f ′ (ℓ) = 1 et
tion de récurrence la suite (un )n>0 converge vers ℓ.
— La suite (un )n>0 tend vers ±∞.
un+1 = f (un ), Nous traiterons les cas suivants :
lorsque l’on n’est pas dans un des cas connus suivants : un+1 = sin un (E1 )
— f admet un point fixe attractif ℓ tel que 0 <
f ′ (ℓ) < 1 et la suite (un )n>0 converge vers ℓ. un+1 = ln(1 + un ) (E2 )
Dans ce cas, il est bien connu que la convergence est 1
un+1 = un + . (E3 )
exponentiellement rapide, et que l’on peut effectuer un
une majoration du type Le principe général est le suivant : on cherche un lien
∀n > N |un − ℓ| 6 α k n entre un+1 − un et un , que l’on assimile à une « équation
différentielle discrète » selon la correspondance suivante :
où N et α sont des constantes à déterminer, et k un
réel vérifiant f ′ (ℓ) < k < 1. En pratique, on peut discret continu
prendre k aussi proche que l’on veut que f ′ (ℓ) — et un ϕ(x)
parfois même égal. un+1 − un ϕ′ (x)
— f admet un point fixe super-attractif ℓ tel que
f ′ (ℓ) = 0 et la suite (un )n>0 converge vers ℓ. On essaye ensuite de mettre l’équation sous la forme
Dans ce cas, la convergence est quadratique, c’est-à- ′
F(ϕ) = C = Cte 6= 0

dire de la forme
ce qui devrait nous donner, si tout se passe bien,
n
∀n > N |un − ℓ| 6 α β 2 ,
où 0 < β < 1, α et N sont des constantes à détermi- F(un+1 ) − F(un ) ≈ C
ner.
et donc, après sommation de relations de comparaison (ou
théorème de Cesàro)
F(un ) ∼ nC.

Compléments de Mathématiques, Math Spé MP** Walter Appel /home/walter/LaTeX/MP/Fiches/Methode-suites-ED.tex


 la méthode de l’équation différentielle

I un+1 = sin un limité suffit :


Un grand classique ! On choisit disons u0 ∈ ]0 ; π [ et on 1 1
vn+1 − vn = − 2
définit la suite (un )n>0 par la relation de récurrence u2n+1 un
1 1
∀n ∈ N un+1 = sin un . =h i2 − 2
u3 un
un − 6n + o(u3n )
Le but de l’exercice est d’étudier la suite (un )n>0 et d’en
u2
 
obtenir un équivalent. 1 1
= 2 1 + n + o(u2n ) − 2
un 3 un
1
= + o(1)
3
1 f (x)
ce qui est bien la relation attendue !
On entre maintenant dans la deuxième phase : on in-
voque le théorème de sommation des relations de compa-
raison des séries à Ptermes positifs, dans le cas de la di-
vergence1 : la série 1/3 est (grossièrement) divergente,
donc
n−1 n−1
X1
0 x
X n
0 u0 π (vk+1 − vk ) ∼ =
2 n→∞ 3 3
k=0 k=0
d’où, après télescopage,
Fig. 5.1 — Le graphe en escalier associé à la suite un+1 = sin un .
n
vn − v0 ∼ .
3
Une première étude indispensable est celle du compor- Pour se débarrasser du terme constant, bien sûr on n’écrit
tement général de la suite. On prouve successivement que pas
— [0 ; π/2] est stable par sin ; n
vn ∼ + v0
— (un )n>0 est à valeurs dans [0 ; π/2] ; 3
— (un )n>0 est décroissante ; car sommer des équivalents, c’est mal2, et on écrit bien
— (un )n>0 converge vers 0. soigneusement
n
Le point fixe ℓ = 0 vérifie f (ℓ) = 1, c’est-à-dire qu’il n’est vn − v0 = + o(n)
que faiblement attra tif. 3
donc
Vient maintenant la partie heuristique. On a n n
vn = + v0 + o(n) = + o(n)
3 3
u3
un+1 = sin un = un − n + o(u3n ) et donc
n
6 vn ∼ .
ou encore 3
u3n On conclut enfin triomphalement
un+1 − un = − + o(un ).
6 r
On transforme cette équation discrète en une équation 3
un ∼ .
continue (différentielle) dont on espère qu’elle modélise n→∞ n
bien le comportement de la suite :
ϕ(x)3  Exer i e5.1 Traiter de la même manière le cas de la suite
ϕ′ (x) = − . (∗) (un )n>0 définie par u0 > 0 et la relation de récurrence
6
un+1 = Arctan un .
Cette équation se réécrit
ϕ′ 1
3
=−
ϕ 6
ou encore ′
1 1
2
= .
ϕ 3
L’idée est alors que ce qui vérifie une équation différen-
tielle simple n’est pas ϕ, mais 1/ϕ2 . On pose donc
1
vn :=
u2n
et on va vérifier que [1/ϕ2 ]′ = 1/3, c’est-à-dire que vn+1 −
vn est proche de 1/3. Pour cela, un simple développement
1. De manière équivalente, on peut également invoquer le théo-
rème de Cesàro (exercice), mais rappelons que celui-ci, bêtement,
n’est pas au programme.
2. Même si le résultat est juste, il a été obtenu par des moyens
illégaux !

Walter Appel Compléments de Mathématiques, Math Spé MP**


ii — un+1 = ln(1 + un ) 

II un+1 = ln(1 + un ) III un+1 = un + 1/un


On définit la suite (un )n>0 par On choisit u0 > 0 et on définit la suite (un )n>0 par la
( relation de récurrence
u0 > 0
1
un+1 = ln(1 + un ) pour tout n ∈ N. ∀n ∈ N un+1 = un + .
un
On effectue une étude rapide de la suite pour prouver que
— u1 > 2 > 1 ;
— l’intervalle [1 ; +∞[ est stable par f : t 7→ t + 1/t ;
1
— la suite (un )n>1 est à valeurs dans [1 ; +∞[ ;
f (x) — elle est croissante et diverge vers +∞.

0 4
x
0 u0 1

2
Fig. 5.2 —
Le graphe en escalier associé à la suite définie par
la relation un+1 = ln(1 + un ). 1

0 x
Même technique, on commence par prouver que la suite 0 u0 2 3 4 5
(un )n>0 est décroissante et converge vers le point fixe 0,
en lequel on a encore f ′ (ℓ) = 1. Fig. 5.3 —
Le graphe en escalier associé à la suite définie par
On écrit la relation de récurrence sous la forme un+1 = un + 1/un .
u2n
un+1 = ln(1 + un ) = un − + o(un )
2
ou encore On remplace alors l’équation
u2
un+1 − un = − n + o(un ). 1
2 un+1 − un =
On considère alors l’équation différentielle un
par
ϕ(x)2 1
ϕ′ (x) = − ϕ′ =
2 ϕ
qui donne ou encore
ϕ′ 1 ϕ ϕ′ = 1
=−
ϕ2 2 ou
ou encore ′
ϕ2

 ′
1 1 =2
= . ce qui conduit à poser
ϕ 2
On pose donc g : t 7→ 1/t et vn := u2n
1
vn := g(un ) = . puis (calculs, calculs)
un
On obtient alors vn ∼ 2n
1 1 et enfin
vn+1 − vn = − √
un+1 un un ∼ 2n.
1 1
= u2n

un − + o(un ) u n
2
1 h un i 1
= 1+ + o(un ) −
un 2 un
1
= + o(un ).
2
Toujours en utilisant le théorème de comparaison des sé-
ries positives (voir l’étude précédente), on en déduit pro-
prement que
n 2
vn ∼ et donc un ∼ .
2 n→∞ n

Compléments de Mathématiques, Math Spé MP** mercredi er septembre 

Vous aimerez peut-être aussi