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De la craie au crachoir politique

Avoir des ambitions politiques, quoi de plus noble !!! Vouloir gérer la cité, chercher à
imprégner sa marque dans le processus de gouvernance de son pays : que de belles
aspirations. Face à tout ceci, la grande question demeure le cheminement, le
procédé. Comment s’y prendre ? Comment sont nés nos jeunes acteurs politiques ?
On va dire qu’une fois après avoir obtenu son baccalauréat peut être brillamment, il
décide de s’inscrire à l’Université. Déjà meneur ou berger du troupeau que constitue
sa bande d’amis au collège, il n’a eu aucun souci à se frayer un chemin pour devenir
responsable d’amphi. C’est de là que comme on le dit si bien, les bonnes choses
commencent. Point n’est besoin de savoir s’il est intelligent ou pas. Pour son
entourage, pour peu qu’il arrive à leur assurer une partie de la pitance quotidienne
sans commettre aucun acte illicite sauf preuve du contraire, il peut être gratifié de
tout. Sur ce point, la gente féminine sait bien s’y prendre. C’est là l’une des raisons
qui explique le taux élevé des grossesses en milieux académiques.
Poursuivons ! Notre cher responsable d’amphi va chercher à présent à devenir un
acteur incontournable dans la mise en œuvre des décisions émanant des autorités
universitaires. Acteur dans la mise en œuvre ne signifie nullement être un bon
disciple à l’écoute des prescriptions de son maître. En effet, lorsque ces décisions
violent le champ lexical ou sa propre conception de l’intérêt général, il se transforme
systématiquement en un Médiateur des Nations Unies. En République centrafricaine
par exemple, les étudiants de la Faculté des lettres et sciences humaines(FLSH), de
l’Université de Bangui ont protesté contre la décision de l’administration de les
soumettre à un test avant de s’inscrire au master. A cet effet, Claude Bézou, étudiant
en année de licence au département d’anthropologie a fait savoir : « C’est une
manière pour l’administration de nous faire peur. Nous allons continuer la lutte
jusqu’à ce qu’une solution soit trouvée à notre cause ». Cette continuité peut amener
de tels étudiants à se mettre parfois dans la posture d’un casque bleu. C’est alors
qu’en 2015 l’on assista à un bras de fer des étudiants de la Faculté des lettres, arts
et sciences humaines (Flash) avec les autorités de l’UAC au sujet de la suppression
de la session de rattrapage. Dans leur revendication, des actes de vandalisme ont
été commis sur le véhicule du Doyen de la Faculté des sciences et techniques
(FAST) et du Directeur de l’Ecole nationale d’administration et de magistrature
(ENAM).
Il paraît dispensable d’attirer l’attention sur toute la communication autour de ces
évènements. C’est donc le moment parfait de se tailler une belle et forte réputation.
Sous le coup de la pression, les autorités universitaires finissent par céder. Tout ceci
grâce à la volonté de l’élu universitaire. C’est donc une nouvelle dette contracté à
l’égard des étudiants. De dettes en dettes, l’on commence par se demander quand
est-ce-que le créancier prendra des mesures conservatoires. Les élections aux
différents postes de responsabilité dans sa faculté constituent une belle occasion de
solvabilité. Mais que faire lorsque la dette politique s’accroît constamment en raison
des plaidoyers pour l’amélioration des résultats académiques de leurs camarades et
également ceux effectués en Conseil de discipline. Aux âmes bien nées, la valeur
n’attendant point le nombre d’années, le système politique de son Etat lui ouvrira les
portes des hautes sphères.
En effet, les périodes électorales permettent de lever le voile sur des acteurs qui
jusque-là pourrait être considérés comme des lobbies. Tout candidat à un poste
politique nécessitant une élection a forcément besoin du soutien de la jeunesse.
Celle-ci se trouvant très souvent dans les universités, ces hauts lieux de savoir sont
transformés en des plateformes politiques. Dans ce contexte, le responsable d’amphi
devient alors un berger politique. Il commence alors par organiser des
rassemblements qui au final sont convertis en meeting. Une fois que le candidat est
élu, il peut se prévaloir d’avoir accès aux milieux politiques. De là, il pourra gravir les
échelons : parlement des jeunes…
Un tel parcours égale celui d’un maître. De la lutte estudiantine aux milieux
politiques, c’est un parcours de gladiateur. Ils le disent si bien à leur manière : «Ne
devient pas responsable d’amphi ou même acteur d’une organisation estudiantine
qui veut mais qui peut. » Leur bravoure est à saluer et au-delà à immortaliser. Bon
vent à eux !

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