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Faut-il se méfier des diplômes ?

L’express, 2004

Voici deux visions qui s’opposent.

Catherine Euvrard
Chasseuse de têtes*

«L'expérience sur le terrain vaut bien tous les parchemins»

Ce n'est pas la peau d'âne qui fait l'homme - ou la femme. C'est, bien sûr, un gage
d'intelligence, de rapidité, de puissance de travail. Autant d'aptitudes nécessaires, mais non
suffisantes. Car tout ne s'apprend pas dans les livres. Un diplôme n'est pas synonyme de
courage, de créativité, d'esprit d'ouverture, de capacité à diriger une équipe et à
communiquer. Encore moins de ces qualités humaines qui font la différence entre deux êtres,
diplômés ou pas. Or ces caractéristiques ne sont pas les plus répandues parmi les 15 000
jeunes cadres dits «à haut potentiel» et cadres de niveau supérieur que j'ai rencontrés en dix-
neuf ans de chasse de têtes!

Bien sûr, les patrons ont besoin de repères, et les diplômes en sont un. Leur penchant naturel
est de piocher dans l'annuaire des anciens de leur école. C'est l' «effet moule», qui consiste à
vouloir recruter un clone doté du même schéma de pensée, le réflexe qui fait préférer celui
qui est formaté comme nous. Les chefs d'entreprise autodidactes n'échappent pas au culte très
français du diplôme. Recruter des hommes et des femmes issus des meilleures écoles les
rassure. C'est bon pour leur image et pour celle de l'entreprise, pensent-ils.

Christian Margaria
Président de la Conférence des grandes écoles

«Ils valident plus que la seule acquisition de connaissances»

Arrêtons de raisonner comme si la formation des étudiants n'avait pas profondément évolué
depuis quinze ou vingt ans! Désormais, les méthodes pédagogiques ne sont plus
exclusivement axées sur l'acquisition de connaissances scientifiques et techniques. Elles sont
conçues pour permettre aux futurs cadres et ingénieurs de développer les compétences
recherchées par les entreprises. Ainsi, toutes les écoles d'ingénieurs offrent des formations à
la gestion d'entreprise. C'est obligatoire, au même titre que l'économie, la finance, le droit et
deux langues étrangères. Par ailleurs, les programmes sont calibrés pour offrir le maximum
d'opportunités aux élèves. Jamais les possibilités de personnaliser un cursus n'ont été si
nombreuses

Au bout du compte, c'est le candidat qui est jugé, sa carrure, sa personnalité. Le diplôme est
un sésame qui sert à obtenir l'entretien.
Doit-on connaître la vie privée des politiques ?

L’express, 2014

Roselyne Bachelot, députée européenne (UMP) donne son opinion,

«Les citoyens sont en droit de réclamer la vérité sur la vie privée des hommes - et des femmes
- politiques qui instrumentalisent certaines valeurs pour faire campagne. Quelqu'un qui, dans
le débat public, prône certains comportements - par exemple, encense le mariage ou
condamne l'avortement - doit lui-même les respecter.

Les hommes politiques ne doivent pas cacher leur vie privée: s'ils en ont fait un élément de
communication politique - en se faisant photographier avec leur femme ou leur mari, avec
leurs enfants, leur chien, etc. Donner une photo ne suffit pas, il faut alors accepter d'aller
jusqu'au bout, par souci d'honnêteté. (…)

En revanche, je crois qu'il faut laisser tranquilles ceux qui, comme moi, n'ont en aucune façon
et à aucun moment utilisé leur vie privée comme élément de communication, ni certains
comportements comme instruments de campagne.

Cela ne me dérange pas de parler de mes produits de beauté ou de mes loisirs - je l'ai fait
dans des magazines féminins, notamment - car ce ne sont pas des objets de communication
politique. Ce genre d'information n'a aucun rapport avec les affaires publiques et, surtout, il
ne concerne que moi. Mais je refuse de parler de ma famille: il faut protéger son entourage !
Payer les profs en fonction des résultats de leurs élèves ?

Le figaro, 2014

À partir de l’analyse de dix exemples pris dans le monde entier, une étude d’un institut
canadien préconise de payer les professeurs en fonction des performances de leurs élèves.
Et si on donnait des bonus aux professeurs qui font progresser leurs élèves? C’est la
conclusion - quasi-sacrilège en France - de l’étude intitulée «La rémunération incitative des
professeurs qui fonctionne» menée par Vicki Alger, une chercheuse américaine. Constatant
un déclin du Canada dans le classement effectué d’après les résultats du test PISA, où est il
traditionnellement très bien positionné, elle lance un avertissement : «Il faut agir maintenant
[pour nous maintenir], le monde est de plus en plus compétitif».

«Dans plusieurs des économies qui connaissent le développement le plus rapide, parmi
lesquelles la Chine, l’Inde, Singapour, Hong Kong, entre 60 et 75% de la paie des employés
est basée sur la performance», remarque Vicki Alger. Elle souhaite transposer ce modèle au
domaine de l’éducation et propose de réaffecter les fonds destinés aux augmentations des
professeurs à la création de primes qui seraient partie intégrante du salaire de base. Mais elle
constate aussi qu’il est important que les enseignants aient leur mot à dire sur le programme
-lorsqu’il est totalement imposé, a-t-elle constaté en Bolivie, les performances déclinent- et
sur les objectifs à atteindre.

Autre point d’interrogation: quelle base retenir pour les «performances des élèves», sachant
les disparités importantes de niveau qui peuvent exister entre plusieurs établissements. Les
cas dont la chercheuse s’inspirent se basent sur des évaluations dans les matières.

Reste que les conclusions de l’étude rencontrent des objections de la part de la communauté
enseignante et scientifique américaine. Selon Wayne Ross, professeur à l’université de la
Colombie-Britannique, cité par l’agence La Presse canadienne, rémunérer à la performance
revient à réduire l’enseignement à «la simple idée qu’une récompense externe va pouvoir
changer la manière dont les gens se comportent, que l’argent est le facteur moteur».
Le retour de la morale à l'école ?
L’Observateur, 2010

Le ministre de l’Education nationale a annoncé le 1er septembre qu’il voulait introduire des
cours de "morale laïque" à l’école. Le projet suscite des réactions dubitatives chez les
enseignants et les chercheurs.
Chantal Demonque, professeur de philosophie entend l’expression "morale laïque" au sens
simple, peu savant, d’un ensemble de valeurs permettant de fixer des règles pour le vivre-
ensemble. A ce propos, Vincent Peillon ne doit pas donner l’impression que l’on va faire
quelque chose de nouveau. L’école a toujours transmis des valeurs. Depuis sa création, elle
a pour mission d’instruire et d’éduquer.

Jules Ferry, dans sa lettre aux instituteurs, parlait déjà d’éducation civique et morale, qui
devait remplacer l’instruction religieuse.

Aujourd’hui, dès l’école maternelle, on apprend aux enfants le "vivre ensemble". Ils font
l’apprentissage de la solidarité, du respect, de tous les fondements de la vie en société. Il
s’agit bien d’apprendre la compatibilité entre les comportements individuels et les règles
non-dites de la vie collective. Au collège et au lycée, aussi, cette préoccupation doit être
constante, et ce n’est pas seulement le professeur d’histoire, chargé de l’Education civique,
qui doit le faire.

Tous les professeurs font passer des valeurs dans leur manière d’être, d’enseigner et
d’évaluer. Ce n’est pas la même chose, par exemple, de mettre une note sans commentaire,
ou de demander aux élèves de s’autoévaluer et de réfléchir sur leurs erreurs. Derrière ces
pratiques différentes, le professeur affiche deux conceptions différentes de l’action
pédagogique et de la relation enseignant-élève."
"Les notes sont un baromètre indispensable pour évaluer profs et élèves"
L’express, 2012

En tant que professeur, si je constate que mes étudiants ont systématiquement des mauvaises
notes, je me pose des questions et revois mes méthodes pédagogiques. Les notes ne sont
qu'un baromètre indispensable à l'évaluation, à la fois des étudiants mais aussi des
enseignements. Il est généralement stupide de se priver d'un baromètre, car c'est se priver
d'une précieuse information. C'est un peu notre GPS.

Les enseignants refusent-ils d’être évalués eux-mêmes?

Les enfants ont tous un potentiel formidable au départ, inscrit au cœur de leur cerveau, et des
aptitudes qui ne demandent qu'à s'épanouir. Comment se fait-il qu'on ait mis en place une
machine infernale qui broie ces aptitudes? N'est-il pas permis de se poser la question?

Non, on décrète en haut lieu qu'il suffit de supprimer les notes et les devoirs à la maison.

Encore faut-il que les écoles soient libres et que les parents soient libres. Et comme il n'existe
aucune solution unique et optimale, quoiqu'il puisse être imposé d'en haut par le ministre de
l'Education, aussi motivé, sincère et talentueux soit-il, et à toutes les écoles de France,
produira ses ravages prévisibles et ses dommages irréversibles. C'est pour cela que l'on en
débat encore depuis 30 ans
Faut-il mettre fin à la mixité scolaire ?

Sciences Humaines, 2003

Depuis quelque temps, un vent - soufflant surtout d'outre-Atlantique - s'élève contre la mixité
sur les bancs de l'école : pour certains, elle lèserait les filles ; pour d'autres, elle serait la cause
du décrochage scolaire de beaucoup de garçons, ainsi que des violences sexistes... Qu'en
disent les travaux scientifiques ?

Il est des « acquis » que l'on croit rangés une fois pour toutes dans les coffres-forts de la
République, sur lesquels il semble évident que l'on ne reviendra pas, sachant que ceux qui
tentent de le faire sont, soit des dictateurs totalitaires qui décident ce qui les arrange, soit de
fieffés conservateurs nostalgiques d'un ordre ancien. Puis un jour se produit ce que d'aucuns
appellent un « effet boomerang » : l'acquis que l'on croyait définitif vous revient dans la
figure, questionné justement par la démocratie toujours en marche.

C'est un peu ce qui est en train de se passer au sujet de la mixité à l'école. Le fait que les filles
et les garçons soient réunis sur les mêmes bancs et soumis aux mêmes enseignements est
considéré aujourd'hui de manière quasi consensuelle comme un progrès de l'égalité entre les
hommes et les femmes.

En France, la République a instauré la mixité des établissements scolaires en unifiant les


programmes, progressivement, dans les années 60. Plus globalement, on peut dire qu'elle a
été installée dans toutes les démocraties occidentales dans la seconde moitié du xxe siècle, y
compris dans bien des écoles confessionnelles.

Mais le véritable effet boomerang, en France, ne vient pas de la contestation féministe. Il


s'est dernièrement matérialisé par deux événements éditoriaux. « Faut-il sauver les
garçons ? », titrait le mensuel de janvier 2003 du très sérieux Monde de l'éducation. A la
rentrée de septembre, c'était cette fois un sociologue du CNRS, Michel Fize, spécialiste de la
famille et de la jeunesse, qui publiait un livre intitulé Les Pièges de la mixité scolaire auquel
le magazine L'Express accordait une large tribune.

C'est sans doute pour cette raison que le Piref, dernier-né des organismes de recherche et
d'expertise du ministère de l'Education nationale et de la Recherche (sous la direction de
Marie Duru-Bellat), a demandé à Catherine Marry, sociologue également au CNRS (Iresco)
et spécialiste des comparaisons hommes/femmes, de concocter une synthèse des travaux
scientifiques existants. Rapport qui a été présenté par son auteur, lors de l'une des
conférences-débats organisées désormais mensuellement par ce même Piref

En France, la remise en cause de la mixité (sexuée) est conçue comme une déstabilisation
des idéaux républicains. Nicole Belloubet-Frier, rectrice de l'académie de Toulouse,
concluait la conférence du Piref en soulignant la nécessité de la penser réellement comme
l'une des composantes de l'hétérogénéité des élèves.
Les enfants et les langues : ce qu’il faut savoir
http://fr.professortoto.com

Les parents et les éducateurs s’efforcent de fournir aux enfants les outils dont ils auront
besoin pour réussir dans la vie. Il est essentiel que l’enfant puisse développer des
compétences en communication et qu’il parle plusieurs langues couramment. La vie privée
et professionnelle d’une personne est fortement prédéterminée par la richesse et la qualité de
son vocabulaire, ainsi que par la perfection de son accent.

Dans l’idéal, il faut apprendre une langue le plus tôt possible. En effet, plus tôt l’enfant est
initié à une seconde langue, plus il aura de facilité à la maîtriser. La capacité à assimiler une
langue est à son apogée pendant la petite enfance. Cette période propice à l’apprentissage et
au développement de l’enfant s’étend jusqu’aux années de préadolescence.

Time Magazine affirme que « la capacité d’apprendre une deuxième langue atteint son
zénith entre la naissance et l’âge de 6 ans. Après 6 ans, elle décline régulièrement et
inexorablement. »
Today’s Parent écrit : « la fenêtre d’apprentissage d’une langue se situe dans les 6 premières
années de vie. »
La collection éducative multimédia Professor Toto a été conçue pour les enfants de 2 à 12
ans afin qu’ils puissent apprendre une langue étrangère comme si c’était leur langue
maternelle. Tout en riant et en chantant avec Professor Toto et ses amis, ils s’imprègnent
naturellement d’une seconde langue. Ne manquez pas ce moment unique de leur faire
apprendre une autre langue.
Pourquoi étudier une autre autre langue ?
Selon les statistiques universitaires : « les élèves qui ont étudié une langue étrangère pendant
au moins 4 ans obtiennent en général des notes supérieures dans les épreuves de
mathématiques et de linguistique aux examens. »
Apprentissage d’une langue : pourquoi commencer l’enseignement très tôt ?

http://www.vosquestionsdeparents.fr

Enseignée à l’école ou transmise à la maison dès le plus jeune âge, une seconde langue ouvre
aux enfants bien des horizons. Mais cela ne risque-t-il pas d’être une source de confusion en
pleine période d’apprentissage de la langue maternelle ? Explications de Marie-Claire Mzali,
inspectrice de l’Education nationale.

Pourquoi commencer l’apprentissage d’une langue étrangère au primaire, ou même dès la


maternelle ?
En raison de la “plasticité auditive” de l'enfant. La recherche a montré que, plus un enfant est
jeune, mieux il perçoit et restitue des sons différents de ceux de sa langue maternelle.
Vers 12 ans, déjà, cette capacité s'amoindrit. En somme, “commencer tôt, c'est parler mieux”,
quelle que soit la langue. Et je dirais même que plus la langue enseignée est éloignée de la
langue maternelle, plus on offre à l'enfant la capacité de transférer des compétences acquises
pour apprendre d'autres langues.

Comment apprend-on une langue quand on ne sait pas encore lire et écrire dans sa langue
maternelle ?
Je dirais presque que l'on apprend à parler une langue étrangère comme on a appris à parler
sa langue maternelle. Cela n'est cependant pas tout à fait vrai, car la classe n'est pas un milieu
naturel. L'entrée dans l'apprentissage se fait par des jeux, des chansons, des activités répétées,
conduites en langue étrangère, dans lesquelles l'enfant va progressivement se saisir des
repères construits pour créer du sens, isoler des mots, les mémoriser et mémoriser des
structures. Progressivement, il va exercer des compétences de compréhension orale et de
production orale en continu pour aller, plus tard, vers la compréhension et la production
écrite.

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