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Chapitre 11 : Quelle est l’action de l’école sur les destins

individuels et sur l’évolution de la société ?

Les attentes du programme :


- Comprendre que dans les sociétés démocratiques, l’Ecole transmet des savoirs et
vise à favoriser l’égalité des chances
- Comprendre l’évolution, depuis les années 1950, des principaux indicateurs
mesurant l’accès à l’école et à l’enseignement supérieur (taux de scolarisation,
taux d’accès à un diplôme ou à un type de formation) en distinguant les
processus de massification et de démocratisation
- Comprendre la multiplicité des facteurs d’inégalités de réussite scolaire
(notamment, rôle de l’école, rôle du capital culturel et des investissements
familiaux, socialisation selon le genre, effet des stratégies des ménages) dans
la construction des trajectoires individuelles de formation.

Les objectifs :
- Définir : Egalité des chances, méritocratie, taux de scolarisation, taux d’accès
à un diplôme ou à une formation, massification scolaire, démocratisation
scolaire, démocratisation qualitative, démocratisation quantitative,
reproduction sociale, , mobilité sociale, instance d’intégration
- Distinguer démocratisation scolaire et massification scolaire
- Citer 4 variables explicatives des inégalités de réussite scolaire

Les problématiques du cours :


- A quoi sert l’école ?
- Comment mesurer les inégalités scolaires ?
- Assiste-t-on à une démocratisation qualitative de l’enseignement ?
- L’école s’est-elle démocratisée ?
- La massification scolaire a-t-elle conduit mécaniquement à une
démocratisation qualitative de l’enseignement ?
- La réussite scolaire est-elle socialement déterminée ?
- L’école favorise-t-elle la reproduction sociale ?
- Comment se construisent les difficultés scolaires ? - Certaines pratiques
pédagogiques peuvent-elles creuser les inégalités scolaires ?

Plan :
introduction
I) L’évolution du système scolaire : entre massification scolaire et
démocratisation qualitative de l’enseignement
II) Comment expliquer les inégalités de réussite scolaire ?
Introduction : Quel est le rôle de l’école dans une société
démocratique ?

Consigne : A partir du document 2 p 202 expliquer quels rôles attribue-t-


on à l’école ?

Ecole de l’éducation Ecole de la Ecole de l’utilité


socialisation
L’école permet au L’école permet à En transmettant les
futur citoyen de l’individu de se mêmes savoirs à tous,
construire son esprit socialiser, c’est-à-dire l’école permet
critique, il devient intérioriser des d’accéder à des
moins manipulable et normes, des valeurs diplôme, donc à un
s’implique dans la vie et son rôle de citoyen métier et à une
en communauté qui lui permettront de position sociale
s’intégrer à la société. indépendante de
l’origine sociale du
citoyen.
2;4 1;6 3;5

Classer ces situations :

1. Anne apprend à être à l’heure grâce à l’exigence et au suivi de sa


CPE.
2. Fred est moins sensible aux nombreuses fake news grâce à ses
cours de SVT qui applique scrupuleusement la démarche
scientifique.
3. Mounia, fille d’ouvrier réussit son master 2 en commerce
internationale et intègre une multinationale.
4. Mateo est sensible au chapitre sur l’environnement dans son cours
de SES. Il décide de s’impliquer dans une association.
5. Grâce à son BTS banque/assurance, Sylvie trouve un emploi dans
les deux mois qui suivent la fin de ses études.
6. Marc est sensible à son cours d’EMC est par respect pour le
principe de laïcité, il choisit de ne plus juger les individus en
fonction de leurs opinions religieuses.

Doc 4 p 203
Quelle corrélation peut-on établir entre niveau de diplôme et accès à
l’emploi ?

On a une corrélation positive car plus un individu est diplômé, plus il a de


chances d’accéder durablement à un emploi.
En effet, en 2016, 3 ans après leur sortie d’étude, seulement 21% des
personnes non diplômées ont accédé à un emploi durable contre 76%
pour les personnes ayant obtenue un diplôme d’études supérieures
longues.
La part des diplômés du supérieur long ayant accédés à un emploi
stable dans les 3 ans est près de 3.5 fois plus élevée que pour les
personnes sans diplôme.

Conclusion : L’école a un rôle essentiel dans les trajectoires de vie et


pour l’insertion professionnelle. L’utilité de l’école est à la fois collective
(l’école permet aux individus de se socialiser, d’être productif, de
construire un esprit critique essentielle à toute société démocratique) et
individuelle (l’individu trouve dans l’école le moyen de s’intégrer
socialement et professionnellement indépendamment de son milieu
social d’origine).

Document 1 : L’égalité des chances dans une société démocratique :


la position sociale ne s’hérite pas mais se mérite ?
« Défendre l’idée de l’égalité des chances revient à considérer qu’une
école juste doit offrir à tous les mêmes opportunités d’éducation au
cours de la scolarité obligatoire. Chacun ensuite joue sa carte et l’école
récompense les meilleurs et les plus investis dans les apprentissages.
(…) Toutefois, appliqué de façon stricte, ce principe néglige le fait que
les élèves, de par leurs conditions de vie et leur milieu social, ne sont
pas égaux dès le départ car ils ne reçoivent pas la même éducation
dans la prime enfance. » Source : G. Felouzis, « Parlons école en
trente questions » p.9, La documentation Française.

A l’oral : à quel concept renvoie la phrase « ils ne reçoivent pas la même


éducation dans la prime enfance » ? Cette phrase renvoie à la
socialisation primaire (processus de socialisation qui se déroule pendant
l’enfance et la jeunesse).

Q1 : A l’aide du document, proposez une définition du concept d’égalité


des chances.
L’égalité des chances suppose que tous les individus ont les
mêmes chances de réussite et donc d’accès aux positions sociales
les plus valorisées dans la société indépendamment de leur origine
sociale.
Par exemple, tout le monde doit avoir les mêmes chances d’entrer à
l’école de la magistrature, à Science po Paris... Selon ce principe, si on
dispense le même enseignement à tous les élèves (« mêmes
opportunités d’éducation »), on devrait leur permettre d’avoir les mêmes
chances de réussite (tous les élèves sont sur la même ligne de départ).
On suppose donc qu’ils arrivent avec les mêmes connaissances à l’école
(ils seraient tous égaux de ce point de vue

Le concept d’égalité des chances est étroitement lié à celui de


méritocratie.
La méritocratie est système dans lequel la position sociale d’un
individu est liée à son mérite (talent, effort).
Le système scolaire Français vise à favoriser l’égalité des chances ce
qui a conduit à l’instauration d’une culture du classement et de la
sélection très forte. Ainsi, les inégalités de réussite scolaire sont
considérées comme la juste rétribution du « talent » et de « l’effort » / «
investissement » des élèves.

Q2 : A l’aide du document et de vos connaissances de première,


proposez une explication de la phrase soulignée.

Considérer que dispenser le même enseignement à tous les élèves est


une condition suffisante pour leur donner les mêmes chances d’accéder
aux différentes postes de la hiérarchie sociale c’est négliger le fait que
les élèves n’arrivent pas tous à l’école avec les mêmes acquis (par
exemple certains élèves arrivent au CP en sachant déjà lire). En effet,
selon les milieux sociaux, la socialisation est différente (socialisation
différentielle). Par conséquent, le rapport à l’école, au langage, à l’écrit
est très différent selon les milieux sociaux ce qui a des répercussions sur
la réussite scolaire. Ainsi, dispenser le même enseignement à tous les
élèves est une condition nécessaire mais non suffisante pour permettre
à chacun de s’approprier les savoirs scolaires visés.

I/ L’évolution du système scolaire : entre massification scolaire et


démocratisation qualitative de l’enseignement
1°) Les indicateurs permettant de montrer l’évolution du système
scolaire :

Taux de scolarisation : Part des individus d’un âge donnée


scolarisé par rapport à l’ensemble des individus du même âge. (Il
s’agit d’un pourcentage de répartition)

Taux d’accès à un diplôme ou à un type de formation : Part des


individus d’une classe d’âge ayant accédé à un diplôme ou un type
de formation rapport à l’ensemble des individus de cette classe
d’âge.

2°) massification scolaire

soit le document 3 p 207


Q1 Quel est le taux de scolarisation des enfants de 3 ans en 2016, en
1970 ?
(Attention ne pas répondre en disant le taux de scolarisation est de …)

En 2016 en France, 97.5% des enfants de 3 ans (ensemble de


référence) sont scolarisé.e.s (sous ensemble) contre 60% en 1970, soit
un écart de 37.5 points de pourcentage.

Q2 Quel est le taux d’accès au baccalauréat (tous confondus) en 2018 ?


En 1980 ?

En 2018, presque 80% d’une classe d’âge (ensemble de référence)


accède au bac contre environ 30% en 1980, soit environ 2.5 fois moins.

Massification scolaire : Processus par lequel l’accès au lycée et


aux études supérieures s’est ouvert à tous les jeunes, le nombre
de lycéens et étudiants ayant considérablement augmenté.

Q3) Quelles données du doc 3p207 permettent de montrer cette


massification scolaire ?
Le nombre d’étudiant inscrit dans le supérieur est passé de 310 000 en
1960 à 2.68 millions en 2017. L’enseignement supérieur accueille 2.37
millions d’étudiants supplémentaires entre les deux périodes.
En 2018, presque 80% d’une classe d’âge (ensemble de référence)
accède au bac contre environ 30% en 1980, soit environ 2.5 fois moins.
En 1980, 39% des élèves qui sortent du système scolaire n’ont pas eu
accédé à un diplôme du lycée ou du supérieur (ils sont soit sans diplôme
soit ils ont juste le brevet des collèges) contre 14% en 2014.

Tout au long du 20ème siècle, l’accès à l’Ecole s’est généralisé. « Entre


1954 et 1968, la population scolarisée dans les écoles, collèges, lycées
et universités passe de 7,7 millions à plus de 12 millions. Dès le début
des années 1960, Louis Cros, un haut fonctionnaire, qualifie ce
phénomène d’explosion scolaire ».
L’explosion scolaire est une expression qui a été utilisée pour désigner à
la fois :
– L’augmentation des taux de scolarisation (« plus d’individus
fréquentent l’école »)
– L’allongement de la durée de scolarisation des individus en
amont et en aval de la scolarité obligatoire (« ils y restent plus
longtemps »).

La première « explosion scolaire » se caractérise par l’augmentation


des taux de scolarisation, l’allongement de la scolarité obligatoire de 14
à 16 ans (réforme Berthoin de 1959), l’instauration d’un collège « unique
» (réforme Haby de 1975), et l’insertion de l’enseignement professionnel
et technique dans l’enseignement secondaire.
La seconde « explosion scolaire » se caractérise par l’augmentation
de la proportion de bacheliers dans une génération (cf. document),
l’augmentation de la part des personnes accédant à l’enseignement
supérieur, et l’augmentation des taux de scolarisation en amont de la
scolarité obligatoire (dès 3 ans).
Ces deux « explosions scolaires » traduisent un processus de
massification scolaire qui peut s’observer via l’augmentation des taux
de scolarisation et du taux d’accès aux diplômes ou à un type de
formation (quel que soit le diplôme ou la formation considéré).
Cette massification scolaire s’est-elle accompagnée d’une
démocratisation scolaire ? Pour répondre à cette question il nous faut
définir ce que l’on entend par « démocratisation ».

3°) Démocratisation scolaire :


La démocratisation scolaire désigne une situation où l’accès à une
filière ou à un diplôme donné ne dépend pas de l’origine sociale
d’un individu ni de son sexe.

Pour l’historien de l’éducation Antoine Prost, on peut distinguer deux


formes de démocratisation : la démocratisation quantitative et la
démocratisation qualitative.
La démocratisation quantitative désigne « l’augmentation générale
de l’accès à l’école et aux diplômes dans une population donnée ».
La démocratisation quantitative peut donc s’observer à travers la hausse
des taux de scolarisation et du taux d’accès aux diplômes ou à une
formation. Elle renvoie donc à la massification scolaire.
La démocratisation qualitative renvoie quant à elle à la réduction
des inégalités scolaires entre les élèves issus de milieux sociaux
différents.
La question de la démocratisation scolaire est au centre des débats
scientifiques sur l’école.
Pour certains, la démocratisation quantitative s’est accompagnée, sur le
long terme, d’une démocratisation qualitative, c’est-à-dire d’une
réduction des inégalités scolaires entre les élèves issus de milieux
sociaux différents.

Q) A l’aide des documents du doc 1 p 208, montrer que la massification


scolaire ne s’est pas nécessairement accompagnée d’une
démocratisation scolaire. (exercice type EC2)

On observe que parmi les enfants né.e.s entre 1970-1974, 53% obtenait
le bac contre 69% pour les enfants né.e.s entre 1990-1994. Cela va
dans le sens d’une massification scolaire.
Pour autant, les enfants de cadre ou de professions intermédiaires
(position sociale plutôt haute) ont davantage de probabilités d’obtenir le
bac que les enfants d’ouvriers ou employés et cela, quel que soit la
génération concernée.
En effet, parmi les enfants de la génération 1970-1974 dont les parents
sont cadre ou professions intermédiaires, 68% ont obtenu le bac contre
41% pour les enfants de la même génération, mais filles ou fils d’ouvriers
/ employés soit un écart de 27 points de pourcentage.
Si la massification scolaire s’était accompagnée d’une démocratisation
scolaire on devrait observer :
- Une augmentation du taux d’accès au diplôme quel que soit
l’origine sociale des individus
- Des taux d’accès au diplôme relativement proches entre les
enfants issus de PCS différentes car l’accès au diplôme ne
dépendrait plus que du mérite et pas de l’origine sociale.
Notre première observation est confirmée. Le taux d’accès au diplôme a
augmenté lorsque on compare les enfants de la génération 1970-1974 et
ceux nés entre 1990-1994 et cela, quel que soit la PCS d’origine.
68% des enfants de cadre et profession intermédiaire (PI) né.e.s entre
1970 et 1974 ont obtenu le bac contre 81% pour les enfants de cadre et
PI né.e.s entre 1990 et 1994, soit une augmentation de 13 points de
pourcentage.
41% des enfants d’ouvrier ou employé né.e.s entre 1970 et 1974 ont
obtenu le bac contre 58% pour ceux et celles né.e.s entre 1990 et 1994,
soit une augmentation de 17 points de pourcentage.

Pour autant, notre deuxième observation ne se vérifie pas. Certes, le


taux d’accès au diplôme augmente pour tous les enfants (et encore plus
vite pour les enfants d’ouvrier ou employé) mais les inégalités se
maintiennent.
En effet, 41% des enfants d’ouvriers ou employés né.e.s entre 1970 et
1974 ont obtenu le bac contre 68% pour les enfants de cadre et
profession intermédiaire (PI) de la même génération, soit un écart de 27
points de pourcentage.
Cet écart diminue pour la génération 1990-1994 mais reste relativement
élevé. En effet, 58% des enfants d’ouvriers ou employés né.e.s entre
1990 et 1994 ont obtenu le bac contre 81% pour les enfants de cadre et
PI, soit un écart de 23 points de pourcentage.

Le taux d’accès au bac des enfants d’ouvriers ou employés né entre


1990 et 1994 n’a même pas atteint le niveau de celui des enfants de
cadre ou PI né entre 1970 et 1974.

Conclusion :

L’origine sociale d’un individu pèse bien sur les chances d’accès
au diplôme. La massification scolaire ne s’est pas nécessairement
accompagnée d’une démocratisation scolaire car cela aurait
impliqué que l’accès au diplôme ne dépendrait pas de l’origine
sociale mais uniquement de l’investissement et du mérite. On peut
donc parler d’inégalité de réussite scolaire car les chances d’accès
à un diplôme dépendent de l’origine sociale des individus.
Doc 2 p208 + doc 4 p209
Q) Montrer qu’en plus des inégalités d’accès au diplôme, l’origine sociale
peut expliquer les inégalités d’accès aux diplômes valorisés.

On observe que la répartition des individus dans les différentes filières


dépend de l’origine sociale. En effet, la massification scolaire que l’on
peut observer grâce à la part des individus d’une génération ayant accès
au supérieur ou au bac cache :
- Que le bac général et principalement scientifique sont largement
obtenus par des enfants issus de milieux aisés. Les bac pro ou
technologique sont largement obtenus par des enfants issus de
milieux moins favorisés.
- L’accès au supérieur est aussi élitiste lorsque on observe l’origine
sociale des étudiants en doctorat ou dans les filières réputées tel
que les écoles de commerce ou d’ingénieur, l’Ecole Normale
Supérieure…

Conclusion :

Des sociologues ont mis l’accent sur le fait qu’une massification scolaire
n’implique pas mécaniquement une baisse des inégalités scolaires. Elle
peut conduire à leur « déplacement vers le haut ». En effet, ils ont
montré que la massification scolaire s’est accompagnée d’une
accentuation de la hiérarchisation sociale des filières donnant à
certains types de diplômes plus de « valeur » que d’autres (accès
aux grandes écoles par exemple).
Lorsqu’on analyse les inégalités scolaires à travers les diplômes
obtenus, les travaux et controverses nous invitent à prendre en compte à
la fois les inégalités d’accès aux diplômes (par exemple au baccalauréat)
qualifiées d’inégalités verticales ; et les inégalités d’accès à certains
types de diplômes (baccalauréat général/ technologique/ professionnel)
qualifiées d’inégalités d’horizontales, pour avoir une vision plus fine des
inégalités scolaires.

La massification scolaire ne s’accompagne pas nécessairement de


démocratisation scolaire car les inégalités d’accès aux diplômes
persistent selon l’origine sociale (doc 1p208). Les filières élitistes restent
aussi principalement fréquentées par des individus issus de milieux
favorisées (doc2p208 et doc4p209).
Il existe une autre inégalité : celle de l’accès à une formation ou un
diplôme selon le genre !
Doc 3 p209 questions 1 et 2

La socialisation différentielle désigne le fait qu’un individu


intériorise des normes, valeurs et rôles différents selon son milieu
social ou son sexe.

La construction de l’identité sexuée peut conduire la société et l’individu


à valoriser et intérioriser des normes et des valeurs construites comme
féminines ou masculines. Ainsi on retrouve les conséquences de ces
constructions sociales dans les choix des orientations bac ou post bac.

On voit donc que accès à une filière ou à un diplôme donné dépend


de l’origine sociale d’un individu de son sexe. Donc l’idée que la
massification scolaire s’est accompagné d’une démocratisation
scolaire est à relativiser.

II) Comment expliquer les inégalités de réussite scolaire ?

Quelles sont les causes des inégalités de réussite scolaire ? Par


exemple, comment expliquer que dans le panel de 2007, 86 % des
enfants d’enseignants et de cadres détiennent un baccalauréat général
et technologique contre seulement un tiers des enfants d’ouvriers non
qualifiés et moins d’un enfant d’inactifs sur quatre ?

Nous allons voir que ces inégalités peuvent s’expliquer par (1) le rôle du
capital culturel et des investissements familiaux, (2) le rôle de
l’école, (3) les stratégies des ménages et la (4) socialisation selon le
genre.
1°) Le rôle du capital culturel et des investissements familiaux dans
l’inégalité de réussite scolaire

a) Rôle du capital culturel :

Document 2 Capital culturel et reproduction sociale


« Les étudiants les plus favorisés ne doivent pas seulement à leur
milieu d’origine des habitudes, des entraînements et des attitudes qui
les servent directement dans leurs tâches scolaires, ils en héritent
aussi des savoirs et un savoir-faire (…) dont la rentabilité scolaire, pour
être indirecte n’en est pas moins certaine. (…) Le privilège culturel est
manifeste lorsqu’il s’agit de la familiarité avec les œuvres que seule
peut donner la fréquentation régulière du théâtre, du musée
(fréquentation qui n’est pas organisée par l’école ou seulement de
façon sporadique1.). En quelque domaine culturel qu’on les mesure,
théâtre, musique, peinture, jazz ou cinéma, les étudiants ont des
connaissances d’autant plus riches et plus étendues que leur origine
sociale est plus élevée. (…) Pour les individus originaires des couches
les plus défavorisés, l’école reste la seule et unique voie d’accès aux
savoirs, et cela à tous les niveaux de l’enseignement. (…). Or on sait
que certaines des aptitudes qu’exige l’école comme l’habileté à parler
ou à écrire reviennent principalement au milieu familial. » Etant donné
que les différences de réussites scolaires ne sont pas perçues comme
liées à une certaine situation sociale comme par exemple à
l’atmosphère intellectuelle du milieu familial, à la structure de la langue
qu’on y parle ou à l’attitude à l’égard de l’école qu’il encourage, l’échec
scolaire est naturellement imputé au défaut de don. »
Source : D’après « Les héritiers, les étudiants et la culture » P.
Bourdieu et JC. Passeron, éd de minuit 1 Sporadique : ici cela veut dire
de façon occasionnelle

Q1. A partir du texte, expliquer ce qu’est le capital culturel. Donner des


exemples.
Capital culturel : Ensemble des habitudes, des savoirs-être et des
connaissances qu’un individu acquière notamment grâce à son
milieu social d’origine et qu’il pourra réinvestir dans un milieu
scolaire.

Ex :
- Connaissance de l’Angleterre et maîtrise de l’Anglais du fait du
métier des parents (connaissances manifestes)
- Avoir pris l’habitude de s’assoir calmement pour réaliser une tâche
(habitude et savoir être)
- Maîtrise d’un vocabulaire élaboré notamment grâce à la richesse
du vocabulaire des parents (rapport au langage)

L’individu accumule (capital) des connaissances, des savoir-faire et
savoir être qui lui seront utile à l’école.

Q 2 : Le capital culturel transmis est-il le même selon les milieux


sociaux ? Justifiez votre réponse par une phrase du texte.

Non le capital culturel transmis n’est pas le même selon les milieux
sociaux : « En quelque domaine culturel qu’on les mesure, théâtre,
musique, peinture, jazz ou cinéma, les étudiants ont des connaissances
d’autant plus riches et plus étendues que leur origine sociale est plus
élevée ».

Q3 : Commentez la phrase soulignée. Que peut-on en conclure ?

L’école valorise le capital culturel des milieux favorisés. En effet,


l’institution scolaire attend des élèves qu’ils s’expriment dans un langage
soutenu à l’oral comme à l’écrit et qu’ils aient déjà appris certaines
méthodes de raisonnement. Ainsi lorsque l’école exige de la part des
élèves qu’ils maîtrisent des savoirs qu’elle ne leur a pas transmis elle
met en cause leur milieu familial. Or comme les familles ne transmettent
pas toutes le même capital culturel, cela contribue à mettre en échec les
élèves les moins bien dotés en capital culturel (ceux n’ayant que l’école
comme moyen d’accès aux savoirs). On voit donc que la dotation en
capital culturel est une variable explicative des inégalités de réussite
scolaire.

Doc1 p210
Consigne : A l’aide du document (redoublement à l’arrivée en 6ème selon
l’origine sociale), montrer que le niveau scolaire des enfants peut
dépendre de l’origine sociale.

Eléments de correction :
Enfant de prof : Maîtrise du capital culturel exigé à l’école => Favorise la
réussite scolaire (peu de redoublement)
Enfant d’ouvrier : Capital culturel éloigné des standards exigés par
l’école => Défavorise les enfants dans leur réussite scolaire (bcp de
redoublement)
Bilan intermédiaire
L’inégale dotation en capital culturel est une variable explicative
des inégalités de réussite scolaire. En effet, l’école valorise le capital
culturel des familles issus des classes supérieures. Ainsi, lorsque les
familles fortement dotées en capital culturel adoptent des stratégies
pour transmettre à leurs enfants leur capital culturel (apprentissage dès
le plus jeune âge de la lecture, des langues, de manière de s’exprimer,
de réfléchir…), elles favorisent leur réussite scolaire comparativement
aux enfants issus des classes populaires. En effet, l’école attend des
élèves qu’ils s’expriment dans un langage soutenu à l’oral comme à
l’écrit et qu’ils aient appris certaines méthodes de raisonnement. Ainsi,
en exigeant des élèves qu’ils maîtrisent des savoirs qu’elle ne leur a
pas transmis, l’école elle favorise la reproduction sociale. Elle légitime
donc les inégalités scolaires puisque celles-ci ne sont pas perçues
comme étant étroitement liées à l’inégale dotation des individus en
capital culturel. Elles sont considérées comme la juste rétribution du «
talent » et de « l’effort » des élèves (méritocratie).

b) Le rôle de l’investissement familial

soit le Doc 4 p211


Consigne : Noter la définition d’investissement familial.
Pourquoi dans certaines familles, l’investissement familial peut
compenser la faible dotation en capital culturelle ?

Investissement familial : ressources mises en œuvre par la famille


pour favoriser la réussite scolaire de l'enfant (dépenses financières,
soutien affectif, implication dans les activités scolaires, intérêt
manifesté pour la lecture, sorties culturelles, aides au devoirs...)

Les enfants d’immigrés peuvent être désavantagés du fait de leur capital


culturel. (Maîtrise d’une autre langue mais pas valorisée à l’école,
problème de langage, de représentation…)
Pour autant, les études sociologiques montrent que même si l’apport en
capital culturel pose problème, les familles sont investies dans la réussite
scolaire des enfants :
- Les parents n’ont pas connu le système scolaire français donc ont
moins de représentation négative.
- Les parents n’ayant pas toujours eu accès à l’école et en garde
une frustration. Ils projettent parfois sur leurs enfants ce qu’ils n’ont
pas pu devenir. Ils ne transmettent pas les connaissances
objectives permettant la réussite scolaire mais compense avec un
surinvestissement et transmettent beaucoup de motivation. Ils sont
souvent l’histoire individuelle qui montre à leur enfant que réussir à
l’école c’est utile. (S.Beaud dans la France des Belhoumis, le père
répète à ses enfants « vous devrez travailler avec le stylo »)
- La motivation se transmettant par les parents (dépourvus de
capital scolaire), le capital scolaire se transmet par la fratrie. Selon
la place dans la fratrie, l’enfant profite du défrichage des aînés et
bénéficie des conseils d’orientation, des méthodes de travail, du
soutien scolaire…)

Conclusion : L’implication de la famille, au-delà du capital culturel, peut


jouer un rôle favorable dans la réussite scolaire.

2°) Le rôle de l’école et les inégalités scolaires

Parfois, l’enseignement peut reposer sur une pédagogie invisible : elle


met généralement en échec les élèves les moins dotés en capital culturel
qui sont généralement peu familiarisés avec les attentes scolaires, c’est-
à-dire pour qui les attentes de l’école ne relèvent pas de « l’évidence ».
La pédagogie invisible renvoie à la mise en place d’un dispositif
pédagogique qui ne permet pas aux élèves d’identifier et de définir les
savoirs sur lesquels ils seront évalués. La formulation de consignes
floues, la non-explicitation des critères d’évaluation, des savoirs en
jeux… relève de la pédagogie invisible. La pédagogie invisible met en
échec les élèves les moins dotés en capital culturel dans la mesure où
elle est à l’origine de malentendus des apprentissages (décalage entre
la situation que l’enseignant croit avoir mis en place par le biais de son
dispositif pédagogique et ce que l’élève en interprète).

Consigne :
Raconter un malentendu d’apprentissage que vous avez vécu : expliquer
en quoi cette situation est liée à de la pédagogie invisible. Quel élément
de capital culturel vous manquez pour éviter cette situation ?

Ex : J’ai demandé lors d’une éval de seconde d’illustrer un argument. 3


élèves sur 30 on fait un dessin. Pédagogie invisible et malentendu : le
mot illustrer dans le contexte scolaire a plusieurs sens. Là il s’agissait de
donner un exemple ! Je ne l’ai pas clairement dit pensant que c’était
évident. Capital culturel : L’élève devrait comprendre que dans cette
situation pédagogique, illustrer était synonyme de donner un exemple.
L’enseignement repose trop souvent sur des non-dit, des choses qui
paraissent évidentes mais qui ont besoin d’être expliqué clairement. Par
exemple, la compréhension des consignes repose sur des mots qu’il
convient de redéfinir pour éviter les malentendus : Expliquer,
caractériser, montrer pourquoi, dans quelle mesure, quelles
conséquences, illustrer…

3°)les stratégies des ménages

Document 3 : Stratégie des familles et choix d’orientation : une


analyse « risque-coût-bénéfice »
« Selon Raymond Boudon La reproduction des inégalités est le produit
de décisions, différentes d’un milieu social à un autre, faites par des
familles à chaque étape du cursus scolaire (poursuivre la scolarité
/arrêter la scolarité / choix de filière). (…) La carrière scolaire est
perçue comme une succession de choix. Ces choix varient selon une
série de paramètres relatifs à la position sociale en général (revenu,
milieu culturel, âge, sexe, etc…) et selon la variété des possibilités
offertes (nombre et types de diplômes, durée des études, etc…). Face
à chaque alternative (continuer ou non ses études, choisir telle ou telle
filière) les individus se comporteraient de manière à choisir la
combinaison coût-risque/bénéfice la plus satisfaisante (…). Le
mouvement général (les inégalités de parcours scolaires) serait alors le
résultat de l’accumulation (addition) de décisions individuelles.
L’investissement scolaire est lié au calcul des bénéfices que l’on peut
en retirer. Cet investissement varie selon l’origine sociale. Ainsi dans
les classes supérieures on s’acharne à maintenir les enfants dans
l’enseignement long, même s’ils ont de mauvais résultats ; dans les
classes populaires on accorde en général moins de valeur à
l’enseignement comme moyen de réussite et on privilégie une entrée
plus précoce dans la vie active. Dans les classes populaires, on tend à
sous-estimer les avantages futurs d’un investissement scolaire et à
surestimer les risques (peur de ne pas arriver au bout) ; en d’autres
termes, l’investissement paraît trop important et trop aléatoire. Dès lors,
les enfants des classes populaires choisissent des filières courtes qui
requièrent un investissement scolaire moindre et débouchent plus
rapidement sur une activité professionnelle. »
Source : Bonnewitz « Classes sociales et inégalités » Thèmes &
Débats, Bréal p.110/111
« Concernant les études supérieures, 1 élève sur 4 (toute origine
confondue) anticipe qu’au moins une des orientations connues
l’obligerait à emprunter. Comme on sait que la capacité d’emprunt des
élèves d’origine modeste est inférieure à celle des élèves d’origine
favorisée, il est possible que la nécessité d’emprunter limite l’accès à
ces orientations de manière différente selon l’origine sociale et explique
une part des écarts d’aspirations concernant les études supérieures. »
Source : Rapport, choix d’orientation et origine sociale : mesurer et
comprendre l’autocensure scolaire

Q1 : Quels sont les coûts directs et indirects liés à la poursuite des


études ?
Q2 : Quels sont les bénéfices liés à la poursuite des études.
Q3 : Comment les individus effectuent-ils leurs choix d’orientation ?
Q4 : L’évaluation des bénéfices, des risques et des coûts est-elle la
même selon les classes sociales ?
Q5 : Montrez en quoi les stratégies d’orientation des familles permettent
d’expliquer (en partie) les inégalités de réussite scolaire.

Selon R. Boudon, les individus se comporteraient de manière à choisir la


combinaison coût-risque/bénéfice la plus satisfaisante. Dans cette
perspective, les inégalités scolaires résultent des choix effectués par les
individus à chaque palier d’orientation. L’évaluation de la combinaison
coût-risque/bénéfice liés de la poursuite des études n’étant pas la même
selon les classes sociales, il en découle des choix différents en termes
de poursuite des études. De manière générale, à niveau de diplôme
égal, les enfants issus des classes populaires ont tendance à s’orienter
vers des études courtes alors que les enfants issus des classes
supérieures s’orientent davantage vers des études longues (et ce même
si leurs résultats sont mauvais). Cela conduit donc à la reproduction des
inégalités scolaires de générations en générations. Dans cette optique,
les inégalités de réussite scolaire (étudiées sous l’angle des parcours
scolaires) s’expliquent par l’agrégation de choix effectués par les élèves
et leur famille à chaque palier d’orientation.
Un élément tend à renforcer ce mécanisme :
- Les coûts directs et indirects liés à la poursuite d’étude sont plutôt
certains (très fortement probable) => payer les frais d’inscription,
l’équipement informatique, les livres, le logement, la nourriture…
Ces coûts sont plus facilement supportables pour les personnes
issus d’un milieu favorisé.
- Les bénéfices sont quant à eux incertains. Il faut réussir ses
études, première difficulté… L’accès à un diplôme favorise
l’insertion professionnelle mais ne la rend pas certaine.
L’arbitrage pour les personnes issues de milieux défavorisés se fera en
tentant de minimiser les risques.

Voir doc2 p216

4°) La socialisation selon le genre.

La socialisation genrée désigne le fait qu’un individu intériorise des


normes, valeurs et rôles différents selon son sexe.

(Rappels première)
Dès le plus jeune âge, les différentes instances de socialisation
transmettent aux individus des normes sociales et des valeurs
conformes à leur sexe biologique.
Elles valorisent notamment « l’affirmation de soi, la prise de risque et
l’ambition » pour les garçons et le « respect des autres et l’autonomie »
pour les filles. Ainsi, du fait de leur socialisation primaire les filles sont
mieux préparées que les garçons au « métier d’élève ». Elles sont « plus
disciplinées, plus attentives, plus précautionneuses, plus à l’aise dans
l’interaction, plus travailleuses » que les garçons et notamment ceux
issus des classes populaires ce qui explique (en partie) qu’elles
obtiennent de meilleurs résultats qu’eux.
La socialisation selon le genre contribue également à expliquer les
divergences en matière de choix d’orientation des filles et des garçons.
En effet, du fait de leur socialisation, les filles s’orientent moins que les
garçons vers les filières scientifiques et sélectives et plus vers les filières
littéraires, et les études débouchant sur les métiers du soin à la
personne.
« Les socialisations initiales – familiales, sociétales et scolaires-
orientent très tôt les femmes et les hommes vers des domaines «
féminins » et « masculins » définis par les unes et les autres comme plus
proches de leur centre d’intérêt et de leurs capacités. Quand s’occuper
ou enseigner à des enfants, gérer des relations de service ou nettoyer
des locaux apparaîtrait pour les femmes comme un prolongement «
naturel » de qualités et de centres d’intérêt « féminins », faire preuve
d’autorité, gérer des problèmes techniques ou manipuler des machines
seraient pour les hommes un prolongement « naturel » de qualités et de
centres d’intérêt « masculins »
Exercice de synthèse :
Proposer un schéma qui présente les principales causes des inégalités
de réussite scolaires.

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