Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Après avoir déjeuné dans une petite auberge, Jeanne et Julien, qui éprouvent de la tendresse
l’un pour l’autre, vont se promener dans la nature.
Un soleil dévorant tombait sur eux. Des deux côtés de la route les récoltes mûres se
penchaient, pliées sous la chaleur. Les sauterelles s’égosillaient1 nombreuses comme les
brins d’herbes, jetant partout, dans les blés, dans les seigles, dans les joncs marins des côtes,
leur cri maigre et assourdissant.
Aucune autre voix ne montait sous le ciel torride, d’un bleu miroitant et jauni comme s’il
allait tout d’un coup devenir rouge, à la façon des métaux très rapprochés d’un brasier.
Encaissée entre deux talus2, une allée étroite s'avançait sous de grands arbres impénétrables au
soleil. Une espèce de fraîcheur moisie les saisit en entrant, cette humidité qui fait frissonner la peau
et pénètre dans les poumons. L'herbe avait disparu, faute de jour et d'air libre ; mais une mousse
cachait le sol.
Ils avançaient : " Tiens, là-bas, nous pourrons nous asseoir un peu ", dit-elle. Deux vieux arbres
étaient morts et, profitant du trou fait dans la verdure, une averse de lumière tombait
là, chauffait la terre, avait réveillé des germes de gazon, de pissenlits et de lianes,qui fait éclore 3
des petites fleurs blanches, fines comme un brouillard, et des digitales 4 démesurées pareilles à des
fusées. Des papillons, des abeilles, des frelons trapus, des cousins ressemblaient à des squelettes
de mouches, mille insectes volants, des bêtes à bon Dieu5 roses et tachetées, des bêtes d'enfer6 aux
reflets verdâtres, d'autres noires avec des cornes, peuplaient ce puits lumineux et chaud, creusé
dans l'ombre glacée des lourds feuillages. Ils s'assirent, la tête à l'abri et les pieds dans la chaleur.
Ils regardaient toute cette vie grouillante et petite qu'un rayon fait apparaître ; et Jeanne attendrie
répétait : " Comme on est bien ! Que c'est bon la campagne ! Il y a des moments où je voudrais être
mouche ou papillon pour me cacher dans les fleurs. "
Ils parlèrent d'eux, de leurs habitudes, de leurs goûts, sur ce ton plus bas, intime, dont on fait les
confidences. Il se disait déjà dégoûté du monde, las de sa vie futile ; c'était toujours la même chose
; on n'y rencontrait rien de vrai, rien de sincère.
Le monde ! Elle voulait bien le connaître ; mais elle était convaincue d'avance qu'il ne
valait pas la campagne.
Guy de MAUPASSANT, Une vie, 1883.
25
Lexique : 1-chanter, se fatiguer la gorge à force de crier. 2-Enserrée entre deux terrains en pente. 3- Grande
plante de 30 à 200 cm qui a la tige dressée et dure. 4- Différentes variétés d’insectes. 5- Des coccinelles. 6-
Des scarabées (Espèces d’insectes). 7- S’agite en tous sens et en grand nombre.
II- Production écrite (8 points) Traitez au choix l’un des deux sujets. Votre texte
fera 25 - 40 lignes dans une écriture de taille moyenne. (250 - 400 mots +/- 10%) Sujet 1
: C’est l’automne. Vous êtes devant votre fenêtre. Vous assistez au départ des hirondelles et
au changement de la nature. Décrivez ce tableau en évoquant vos sentiments.
Sujet 2 : Vous habitez à la campagne. Décrivez le chemin qui mène à votre école en parlant
des changements que les saisons lui font subir. Quels sentiments éprouvez-vous à le parcourir
?
Les critères Les composantes du critère Notes
Pertinence ou adéquation à la situationAdéquation au type (et/ou au genre) 2,5 pts
à la consigne Adéquation au thème
Adéquation au destinataire
Adéquation au volume demandé
Cohérence Progression thématique 2,5 pts
Reprises anaphoriques
Liens et mots de liaison (logiques, chronologiques…)
Le passé simple (0,25 pt.) : « allèrent, saisit, ils s’assirent, ils parlèrent » (0,5 pt.).
Il exprime la narration. (0,5 pt.)
– Structure du texte :
1ère partie : « Un soleil (l.1) …… d’un brasier. (l. 6) » (0,25pt). Le titre de cette partie est :
Un paysage éblouissant. (0,5pt) [L’imparfait est le temps verbal dominant] (0,25 pt.)
2ème partie : « Ayant aperçu (l.7) …… confidences. (l.23) » (0,25pt). Cette partie est
intitulée : Le ravissement des deux personnages au sein de la nature vivante. (0,5pt) [Les
temps verbaux dominants sont l’imparfait et le passé simple]. (0,25 pt.)
3ème partie : « Il se disait (l. 23) …… la campagne. (l. 26) » (0,25pt). Cette partie a pour
titre : Un moment de peine et de regret. (0,5pt) [L’imparfait est le temps verbal dominant].
(0,25pt)
6– a – Les termes et les expressions qui composent le champ lexical de la flore sont : «
arbres (l.8, 12), soleil (l.9), l’herbe (l.10), mousse (l.11), verdure (l.13), la terre (l.14),
germes de gazon (l.14), pissenlits (l. 14), lianes (l.14), fleurs (l.15), digitales (l.15),
papillons (l.16), abeilles (l.16) frelons trapus (l.16), des cousins démesurés(l.16), mille
insectes volants(l.17), des bêtes à bon Dieu (l.17), des bêtes d'enfer (l.17, 18) » (Accepter
16 relevés et accorder 2 pts ; 2 relevés : 0,25 pt.). b – Les champs lexicaux sensoriels
sont :
La sensation visuelle (0,5 pt.) : « averse de lumière (l.13), blanches (l.15), roses et tachetées
(l.17), reflets verdâtres (l.18), noires (l.18), lumineux (l.18), l’ombre (l.19), regardaient
(l.20), apparaître (l.20) (Accepter 8 relevés et accorder 1 pt ; 2 relevés : 0,25 pt.)
La sensation tactile (0,5 pt.) : « fraîcheur (l.9), humidité (l.9), frissonner la peau (l.9, 10),
pénètre dans les poumons (l.9, 10), air libre (l.10), chauffait (l.14), glacée (l.19), chaleur
(l.20). (Accepter 8 relevés et accorder 1 pt ; 2 relevés : 0,25 pt.)
c – Les termes et les expressions qui révèlent les la réaction des personnages devant la
nature entre les lignes 18 à 26 sont : « attendrie (l.21), bon (l.20), bien (l.19), voudrais être
mouche ou papillon (l.22), me cacher dans les fleurs (l.22) dégoûté du monde (l.25), las
(l.25)»
7– Une comparaison (0,5pt): « Les sauterelles s’égosillaient1 nombreuses comme les brins
d’herbes» (l.2) (0,5 pt.)
L’auteur établit un rapport de ressemblance entre les sauterelles et les brins d’herbes à
l’aide de l’outil de comparaison « comme » pour mettre en relief la multitude des sauterelles
qui participent avec leurs cris à donner plus de vie à la nature dans son aspect pittoresque.
(1 pt.)