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Cahiers de nutrition et diététique (2012) 47, S4-S15

Septembre 2012
Volume 47
Société Française de Nutrition Hors série 1

Cah. Nutr.Diét, 2012, 47, S1-S58

cahiers
de
nutrition
et de
diététique

70306 – ISSN 0007 – 9960


Céréales, petit déjeuner
et santé

Disponible en ligne sur www.em-consulte.com

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Les grains de céréales :


diversité et compositions nutritionnelles
Cereals grains: diversity and nutritional composition

Luc Saulnier

INRA, UR 1268 Biopolymères, Interactions et Assemblages, Rue de la Géraudière,


BP 71627, 44316 Nantes cedex 3, France

Résumé
MOTS CLÉS Après un rapide rappel sur l’utilisation des céréales, les caractéristiques biochimiques,
Céréales ;
technologiques et nutritionnelles des différentes classes de nutriments (amidon, protéines,
Fibres alimentaires ;
Àbres alimentaires, lipides, vitamines, minéraux et composés phénoliques) sont présentées,
Amidon ;
en lien avec la diversité de composition des différents tissus du grain et les spéciÀcités
Protéines ;
des principales céréales : blé, maïs, riz, seigle, orge et avoine.
Micronutriments
Par leur richesse en amidon, les grains des céréales constituent une part énergétique
essentielle de l’alimentation. Ils sont également une source de Àbres alimentaires et
de micronutriments (vitamines, minéraux, etc.), composés intéressants pour la santé
et essentiellement concentrés dans les parties périphériques du grain. Malgré ces
caractéristiques communes, les céréales présentent des atouts nutritionnels divers,
dépendant en partie des espèces végétales, mais surtout des procédés technologiques
mis en œuvre pour la production des farines et lors de la fabrication des aliments.
© 2012 Société française de nutrition. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Summary
KEYWORDS After a fast reminder on the use of cereals, the biochemical, technological and nutritional
Cereals;
characteristics of the various classes of nutrients (starch, proteins, dietary Àbres, lipids,
Dietary Àbres;
vitamins, minerals and phenolic compounds) are presented, in connection with the diversity
Starch;
of composition of the different tissues of the grain and the speciÀcities of main cereals:
Proteins;
wheat, corn (maize), rice, rye, barley and oat.
Micronutrients
Thanks to their richness in starch, cereal grains are an essential part of the diet. They are
also a source of dietary Àbres and macronutrients (vitamins, minerals, etc.), interesting
constituents for health, essentially concentred in the external parts of the kernel. Despite
these common characteristics, cereals show various nutritional assets, partly depending on
vegetal species, but mostly on technological processes used in Áours and foods productions.
© 2012 Société française de nutrition. Publié par Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

Correspondance.
Adresse e-mail : Luc.Saulnier@nantes.inra.fr (Luc Saulnier).

© 2012 Société française de nutrition. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Les grains de céréales : diversité et compositions nutritionnelles S5

Introduction l’orge (16 %). Sur la campagne 2008/2009, 48 % de la production


céréalière française a été exportée, 16 % consommée stockée
Le développement de l’agriculture au Néolithique (10 000 à à la ferme, 16 % destinée à l’industrie de l’alimentation
5000 ans av. J.-C.) coïncide avec la domestication des céréales animale, 8 % à l’alimentation humaine, 5 % à l’amidonnerie
dans différentes régions du globe : blé au Moyen-Orient, riz en et la glutennerie et 2 % au bio-éthanol [1].
Extrême-Orient, maïs sur le continent américain. Les céréales Les recommandations nutritionnelles nationales et interna-
constituent, depuis cette transition du chasseur-cueilleur vers tionales encouragent l’augmentation de la consommation
l’agriculteur, une part essentielle de l’alimentation humaine. de glucides complexes, aÀn qu’ils contribuent à plus de
Les grains de céréales sont caractérisés par leur richesse en amidon 50 % des apports énergétiques journaliers en favorisant
et une teneur en protéines d’environ 10 %. Ils sont également une la consommation des aliments sources d’amidon. Dans le
source de Àbres alimentaires et de micronutriments (vitamines, cadre du PNNS, une réduction de 25 % de la consommation
minéraux, etc.) qui peuvent représenter une part signiÀcative actuelle des sucres simples et une augmentation de 50 % de
des apports nutritionnels conseillés. Malgré ces caractéristiques la consommation de Àbres est également proposée.
communes, les céréales présentent des atouts nutritionnels divers En France, la consommation moyenne d’aliments amylacés
en raison de la nature et de la teneur des différents nutriments, (kg/hab/an) se répartit essentiellement entre les produits
de la morphologie du grain et des procédés technologiques mis céréaliers (56,5 %) et la pomme de terre (42,6 %), les légumes
en œuvre pour leur incorporation dans les aliments. secs représentant moins de 1 % de cette consommation [2].
Pour bien comprendre cette diversité, nous décrirons la Les céréales y sont majoritairement consommées dans des
répartition des principaux constituants d’intérêts nutri- aliments transformés, comme le pain (66 % de la consom-
tionnels dans le grain avant d’aborder les similitudes et les mation de céréales, 180 g/j/hab), les biscuits (12 %, environ
spéciÀcités des différentes classes de nutriments (amidon, 33 g/j/hab) et les pâtes alimentaires (8,5 %, 23 g/j/hab).
protéines, Àbres alimentaires, vitamines et minéraux, etc.) Les céréales pour petit déjeuner ne représentent que 1,8 %
des principales céréales. Pour chaque constituant, nous (5 g/j/hab) de la consommation de produits céréaliers en
tenterons également de mettre en lumière les possibilités France (période 1997-2003) [2].
d’amélioration nutritionnelle en amont par la sélection
végétale et en aval par les procédés technologiques.
Description et composition du grain
Marché des céréales Le grain des céréales est un fruit sec indéhiscent (caryopse),
et consommation en France dans lequel les enveloppes du fruit sont intimement soudées
à celles de la graine. Cette graine est caractérisée par la
De nos jours, les céréales occupent environ 15 % des terres présence d’un tissu de réserve ou « albumen » indépendant
agricoles, avec une production mondiale de l’ordre de de l’embryon. Les grains des différentes espèces de céréales
2400 MT se répartissant, pour la campagne 2010/2011, en montrent une certaine diversité de forme et de taille et, à
38 % pour le maïs, 29 % pour le blé tendre, 20 % pour le riz, l’exception du maïs et du riz, sont caractérisés par un sillon
6 % pour l’orge et 7 % pour les autres céréales (seigle, avoine, plus ou moins prononcé (blé, orge, avoine, seigle, triticale,
sorgho, triticale…) [1] (Fig. 1). etc.) (Fig. 2). En général, ils sont débarrassés des parties
L’utilisation des céréales a beaucoup évolué et se partage Áorales (ou « glumelles ») à la récolte sauf dans le cas de
entre l’alimentation humaine, l’alimentation animale et les l’orge et de l’avoine où les grains sont « nus » ou « vêtus »
applications non-alimentaires, avec une répartition assez selon les variétés.
contrastée des usages en fonction du statut d’importateur
ou d’exportateur du pays et de la production locale.
En France, la récolte de céréales en 2011 a été de 64,2 MT
répartis essentiellement entre le blé (55 %), le maïs (21 %) et

900
800 a b a b a b
700 Maïs Seigle Blé
Millions de tonnes

600
Maïs 0 0,5 1 cm
500
Riz
400
Blé
300
Orge
200
100
0 c c d c d
1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010 Orge Avoine Riz
Années
Figure 2. Morphologie de différents grains de céréales. D’après [3].
Figure 1. Production mondiale des principales céréales. D’après [1]. a : vue dorsale, b : vue ventrale ; c : grain vêtu, d : grain nu.
S6 Luc Saulnier

• l’épiderme du nucelle (ou bande hyaline) ;


Tableau 1. Composition en nutriments et répartition des • l’albumen, constitué d’une couche de cellules dites à
tissus des grains de céréales. D’après [4-7]. « aleurone », aussi dénommée « l’aleurone », puis de cel-
% matière sèche Blé Maïs Riz lules de réserve qui forment l’albumen amylacé (contenant
du grain brun l’amidon et les protéines de réserve) ;
• le germe, constitué de l’axe embryonnaire et du scutellum.
Amidon 69 72 73
Cette organisation est préservée pour toutes les céréales,
63-72 61-78 - avec des variations pour la couche à aleurone qui est en
Protéines 12,7 10 8 général formée d’une seule assise cellulaire (blé, seigle ou
maïs), sauf pour l’orge (3 assises) et le riz (1 à 5 assises).
9-16 6-12 7-9 Les constituants du grain se répartissent très différemment
Fibres 14 9,6 3,5 selon les tissus (Fig. 3) :
• l’amidon se retrouve en totalité dans l’albumen amylacé ;
11,5-18,3 8,3-11,9 2,9-3,9 • les teneurs en protéines et en lipides du germe et de la
Lipides 2.4 4,3 2,9 couche à aleurone sont élevées ;
• les matières minérales abondent dans la couche à aleurone
2,5-3,3 3,1-5,7 1,6-2,8 et les enveloppes externes ;
Sucres réducteurs 2,4 2,6 0,9 • les Àbres sont les constituants majeurs du péricarpe et
de l’aleurone.
1,0-4,0 1,0-3,0 -
Cette répartition est commune à toutes les céréales. Dans les
Cendres 1,9 1,4 1,5 chapitres suivants, nous exposerons les différences de nature
de ces constituants, en fonction des tissus et des céréales.
- 1,1-3,9 1,0-1,5
Germe 3,0 11,5 3,0 Fractions technologiques
Albumen amylacé 83,2 83,5 90-91
Pour l’alimentation humaine, les grains de céréales sont
Enveloppes externes 13,7 6 5-7 généralement consommés après une première trans-
Couche aleurone 6,5 - 4-6* formation destinée à fragmenter le grain en particules plus
ou moins Ànes (farine, semoules, etc.) et à se débarrasser
Couche hyaline + testa 3,5 - - partiellement ou en totalité des tissus les plus externes. En
+ péricarpe interne conséquence, les farines et semoules obtenues seront en
Péricarpe externe 3,8 - 1-2 général enrichies en amidon et en protéines mais appauvries
en Àbres, vitamines et minéraux par rapport aux grains
*aleurone + couche hyaline + testa. Sources [3, 45-47].
entiers.
La composition des fractions utilisées pour la fabrication
des produits céréaliers dépend étroitement des opérations
technologiques de fractionnement du grain. L’exemple
Ces différences morphologiques ont une grande importance du blé illustre l’étroite dépendance entre la composition
pour l’utilisation des grains. Le riz est généralement utilisé des fractions et les opérations technologiques de frac-
entier ou après élimination par « polissage » des enveloppes tionnement du grain. La mouture du blé fait intervenir
externes, tandis que la plupart des autres céréales sont des opérations successives de broyage, pour ouvrir et
broyées pour obtenir des farines contenant tout ou une écraser le grain, et de tamisage pour séparer les diffé-
partie des tissus du grain. La composition des grains des rentes fractions selon leur granulométrie. On obtient ainsi
principales céréales est indiquée dans le tableau 1. Les la farine, les remoulages (blancs et bis), les sons et le
proportions des différents tissus du grain peuvent légè- germe. L’origine histologique des fractions de mouture
rement varier entre les différentes céréales, mais c’est n’est pas strictement déÀnie, mais peut être évaluée par
essentiellement entre ces tissus qu’existent des différences la quantiÀcation de biomarqueurs spéciÀques des tissus
de composition. du grain [6].
Globalement :
Histologie des grains de céréales • la farine est constituée de Ànes particules d’albumen et
et répartition des constituants de quelques fragments de la couche à aleurone ;
d’intérêt nutritionnel • les remoulages comprennent la testa, l’épiderme du
nucelle, la couche à aleurone et un peu d’albumen ;
La constitution histologique d’un grain de céréales et la • les sons sont composés du péricarpe, de la testa et de la
composition des différents tissus sont illustrées dans le cas du couche à aleurone (le germe se retrouve en général dans
blé dans la Àgure 3 [3-5]. Son grain est composé de nombreux les sons à l’issue de la mouture) (Tableau 2).
tissus morphologiquement différents. De l’extérieur vers La proportion et la composition chimique des produits de
l’intérieur, on trouve : mouture récupérés dépendent également des réglages du
• le manteau du fruit, formé de plusieurs tissus dont le moulin. EnÀn, les fractions sont assemblées pour constituer
péricarpe ; la farine Ànale dont le type (T45, T80, etc.) est déÀni en
• le manteau de la graine (ou testa) ; se basant sur sa teneur en matières minérales (Tableau 3).
Les grains de céréales : diversité et compositions nutritionnelles S7

Couches externes
14 % du grain
Phytostérols*, Lignanes*

Couche à aleurone
6-7 % du grain
(AX et beta-glucanes insolubles)
A. Férulique liés aux AX
Protéines
Fructanes
Albumen amylacé
Vitamines E, B
83 % du grain
Minéraux
Amidon
Acide phytique
Protéines
Fibres Bande hyaline
(AX et beta-glucanes
partiellement hydrosolubles) 3-4 % du grain
Fructanes Testa Fibres insolubles
(AX, cellulose, lignines)
A. férulique lié aux AX
Alkyrésorcinol (testa)
Péricarpe interne
Germe
3 % du grain
Lipides Péricarpe externe
Vitamines E, B 3-4 % du grain
Minéraux Fibres insolubles
Phytostérols (AX, cellulose, lignines)
Bétaine, choline A. férulique lié aux AX

Figure 3. Répartition des macro- et micro-nutriments dans les tissus du grain de blé. D’après [9,10].
*Localisation non déterminée précisément dans les couches externes.

Tableau 2. Répartition des tissus (%) du grain de blé dans les fractions de mouture. D’après [10].
Fractions de mouture Variétés Péricarpe Couches intermédiaires Aleurone Albumen amylacé Total
Grain entier Tiger 3,1 2,9 8,8 82,4 97
Crousty 2,7 2,6 8,5 84,1 98
Farine Complète Tiger 3,0 3,2 8,1 69,9 84
Crousty 2,4 2,7 8,5 75,0 89
Farine Blanche Tiger 0,1 0,1 1,2 99,9 101
Crousty 0,2 0,1 1,5 97,0 99
Fins sons Tiger 6,1 7,9 9,5 42,9 73
Crousty 7,1 8,0 26,6 25,3 67
Gros sons Tiger 15,9 23,0 42,5 8,0 89
Crousty 15,1 21,9 46,3 8,0 91

Tableau 3. Correspondance entre types de farine et taux d’extraction. D’après [11].


Type de farine Cendres (% ms) Taux d’extraction moyens (% farine) mouture sur cylindres
45 < 0,50 70-75
55 0,50-0,60 75-80
65 0,62-0,75 78-83
80 0,75-0,90 82-86
110 1,00-1,20 87-90
150 > 1,40 90-98
S8 Luc Saulnier

Les résidus de pesticides la cuisson et par la structure de l’aliment. En conséquence,


dans les grains de céréales elle dépend avant tout du procédé de fabrication. Les valeurs
de l’index glycémique (IG) qui est utilisé pour classer les
Des résidus de pesticides peuvent être présents dans les lots aliments, sont en moyenne de 75 pour le pain blanc, de 49
de grains à la suite de traitements insecticides au cours du pour les spaghettis et de 73 pour le riz blanc. Ces valeurs
stockage. Pour les grains, essentiellement deux organophos- moyennes varient fortement, de 40 à 89 pour le pain, de 27
phorés (le chlorpyriphos méthyl et le pyrimiphos méthyl) à 78 pour les pâtes alimentaires, et de 43 à 90 pour le riz,
et deux pyréthrinoides (deltaméthrine et cypermethrine) en fonction des procédés de fabrication et de cuisson de ces
sont utilisés pour lutter contre les insectes au cours du différents aliments [11].
stockage. L’enquête réalisée en 2010 et 2011, à partir de Un intérêt important est porté aux variétés de céréales riches
95 prélèvements à travers la France, a révélé que 34 % des en amylose. En effet, lors de la conservation des produits,
échantillons ne contiennent aucune trace d’insecticides, une réassociation des chaînes d’amylose et d’amylopectine
tandis que 17 % contiennent plusieurs substances actives, conduit à leur recristallisation partielle et à une résistance à
mais aucun dépassement des Limites Maximales de Résidus l’hydrolyse enzymatique. Or, l’amylose rétrograde plus vite
(LMR) n’a été observé [7]. Les LMR garantissent le respect des que l’amylopectine. Par ailleurs, la présence de lipides, qui
doses journalières admissibles et donc un risque acceptable se complexent avec l’amylose, inÁuence aussi le degré de
pour le consommateur. Toutefois, les LMR sont déÀnies pour rétrogradation de l’amidon des céréales. Les amidons riches
le grain et des facteurs de transfert différents sont observés en amylose ont ainsi une forte capacité à former de l’amidon
pour les produits de transformation du grain (Ft = résidus résistant, ce qui diminue la réponse glycémique lors de leur
dans les produits transformés/résidus dans le grain). Ainsi, ingestion [11].
dans le cas du blé tendre et du blé dur, les sons présentent
un facteur de transfert d’environ 3, tandis que pour la Les protéines
farine blanche ou les semoules, ce facteur est inférieur à
0,3 [8,9]. En conséquence, les pains complets présentent La teneur en protéines des grains de céréales est de l’ordre
une teneur en résidus de pesticides supérieure au pain blanc de 10 %, avec des variations assez importantes en fonction
et une surveillance particulière doit porter sur les produits des variétés et des conditions de culture (les teneurs varient
céréaliers enrichis en sons car ces derniers concentrent par exemple entre 9 et 16 % dans le blé).
les résidus de pesticides. Il est important de rappeler que Les protéines de réserve des céréales ont été historiquement
des conditions de stockage mieux contrôlées, notamment classées sur la base de leur solubilité dans différents solvants
l’utilisation de silos ventilés, permettent de se dispenser en albumines, globulines, prolamines et glutelines. Sur la
des traitements insecticides. Par ailleurs des traitements base de l’analyse de leurs homologies de séquences, les
technologiques, comme l’abrasion, en éliminant les parties protéines des grains de céréales sont regroupées dans deux
les plus externes du grain, peuvent diminuer la charge en superfamilles : les prolamines et les cupines [12] :
résidus de pesticides. • les prolamines sont caractérisées par des motifs conservés
de résidus cystéines : elles sont les protéines majeures du
blé, de l’orge, du seigle et du maïs ;
Focus sur les macronutriments • les cupines sont une superfamille de protéines, présentes
dans un grand nombre d’organismes. Dans les céréales
L’amidon les globulines 7S et 11S en sont les protéines majeures.
Dans l’avoine et le riz les fractions 11S sont les principales
Principal constituant de l’albumen des grains de céréales, ce protéines de réserve.
polysaccharide de réserve est un mélange de deux polymères La composition en acides aminés du riz et de l’avoine se
de D-glucopyranose : distingue des autres céréales en raison de la prédominance
• l’un de structure linéaire, avec des liaisons de type des globulines, tandis que le blé, l’orge et le seigle sont
α-(1,4) : l’amylose ; caractérisés par l’abondance en acide glutamique et en
• l’autre de structure branchée, avec de liaisons α-(1,4) et proline, caractéristiques des prolamines majeures.
5 à 6 % de liaisons α-(1,6) à l’origine des ramiÀcations : D’un point de vue nutritionnel, l’apport en acides ami-
l’amylopectine. nés essentiels des protéines des différentes céréales est
La proportion d’amylose est de l’ordre de 25-30 % et celle équivalent (Tableau 4) [13]. Par contre, d’un point de
d’amylopectine de 70-75 % dans les génotypes « normaux » vue fonctionnel, les prolamines du blé ont des propriétés
des céréales. d’association uniques, qui conduisent à la formation d’un
À l’échelle supramoléculaire, ces deux molécules s’orga- réseau viscoélastique, le gluten, à l’origine du caractère
nisent en grains semi-cristallins, dont la taille et la distri- paniÀable du blé. Le gluten, qui représente environ 80 %
bution dépendent des espèces : l’amidon de blé présente des protéines du blé, est formé de protéines monomériques
une distribution bimodale avec des gros grains (15 à 35 õm associées par des liaisons hydrogènes et des interactions
de diamètre) et des grains plus petits (environ 10 õm de hydrophobes, les gliadines, et de protéines polymériques, les
diamètre) tandis que pour le riz et le maïs une distribution gluténines. Les gluténines sont constitués de sous-unités de
normale est observée avec des tailles comprises entre 5 et faible et haut poids moléculaire dont l’aptitude à s’associer
20 õm [10]. par des liaisons disulfures est l’un des principaux facteurs
D’un point de vue nutritionnel, la digestibilité des amidons du caractère paniÀable du blé. Les albumines et globulines
de céréales est conditionnée par sa gélatinisation au cours de représentent 10 à 15 % des protéines du blé et regroupent un
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Tableau 4. Teneur en acides aminés essentiels des grains des principales céréales (mg/100 g de grains). D’après [16].
mg/100 g Blé Maïs Riz Orge Seigle Avoine
Tryptophane 160 67 101 208 154 234
64 % 27 % 40 % 83 % 62 % 94 %
Thréonine 366 354 291 424 532 575
81 % 79 % 65 % 94 % 118 % 128 %
Isoleucine 458 337 336 456 550 694
71 % 52 % 52 % 70 % 85 % 107 %
Leucine 854 1155 657 848 980 1284
90 % 122 % 69 % 89 % 103 % 135 %
Lysine 335 265 303 465 605 701
42 % 33 % 38 % 58 % 76 % 88 %
Méthionine 201 198 179 240 248 312
47 % 46 % 42 % 56 % 58 % 73 %
Cystine 322 170 96 276 329 408
76 % 40 % 23 % 65 % 77 % 96 %
Phénylaline 593 463 410 700 673 894
125 % 97 % 86 % 147 % 142 % 188 %
Tyrosine 387 383 298 358 339 573
81 % 81 % 63 % 75 % 71 % 121 %
Valine 556 477 466 612 747 937
85 % 73 % 72 % 94 % 115 % 144 %
Histidine 285 287 202 281 367 405
52 % 52 % 37 % 51 % 67 % 74 %
Les valeurs en italique correspondent aux apports recommandés par jour.

ensemble de protéines aux propriétés fonctionnelles variées qui sont une caractéristique structurale et fonctionnelle des
(enzymes comme l’α-amylase, inhibiteurs d’enzymes, etc.). prolamines de blé, la sélection végétale peut difÀcilement
Ces différentes classes de protéines sont à l’origine de apporter une réponse satisfaisante au développement de
problèmes nutritionnels importants : la maladie cœliaque variétés mieux tolérées. Certains traitements technologiques
et l’allergie. visant à dégrader (fermentation au levain ou utilisation d’en-
La maladie cœliaque est une maladie héréditaire auto-immune doprotéases spéciÀques) ou à modiÀer les protéines du gluten
qui affecte environ 1 % de la population mondiale [14]. Elle sont étudiés pour développer des aliments mieux tolérés [14].
est induite par les protéines et les peptides dérivés du gluten, L’allergie alimentaire aux protéines du blé représente
chez des individus prédisposés génétiquement, et se traduit environ 6 % des allergies alimentaires et implique les
par une malabsorption des nutriments liée à une atrophie albumines/globulines et les prolamines du blé [12]. Parmi
des villosités de la muqueuse intestinale. Le seul traitement les globulines, les inhibiteurs d’amylase et les protéines de
efÀcace consiste en l’éviction du gluten dans l’alimentation transfert de lipides (LTP) sont des allergènes bien identiÀés,
et donc du blé (blé tendre et blé dur) et des blés anciens tandis que parmi les prolamines, les différentes classes de
(épeautre, engrain), mais également du seigle, de l’orge et gliadines et de glutenines sont impliquées dans des réactions
du triticale (séquences des prolamines proches de celles du allergiques [16].
blé conduisant aux mêmes symptômes). Parmi les céréales, L’allergie « respiratoire » du boulanger est une maladie qui
seuls le maïs et le riz peuvent être utilisés en substitution du touche 10 à 15 % de la profession et est également induite par
blé dans l’alimentation. Malgré la faible teneur en prolamines les protéines (inhibiteur d’α-amylase, LTP, prolamines) [12].
de l’avoine, l’utilisation de cette céréale dans les régimes Les programmes de sélection ont permis d’identiÀer des
sans gluten reste controversée [15]. Les peptides impliqués variétés dépourvues de certains allergènes (Ŵ5 gliadines par
dans la maladie cœliaque étant ceux des domaines répétés exemple). Toutefois les patients sont généralement sensibles
S10 Luc Saulnier

à différents allergènes qui ne sont pas limités à un seul type • les oligosaccharides non digestibles présents dans les
de protéines. Tout comme pour la maladie cœliaque, des différents tissus du grain ;
traitements sont envisagés pour diminuer l’allergénicité des • l’amidon résistant dont la quantité dépend essentiellement
protéines soit en éliminant les épitopes responsables de la des procédés de fabrication des aliments.
réaction allergique par dégradation enzymatique, soit en
les masquant, par exemple en diminuant la digestibilité des
protéines par des traitements thermiques adaptés pendant Les polymères glucidiques de la paroi végétale
la fabrication des aliments [17].
La nature des polymères glucidiques de la paroi végétale
Les lipides dépend du tissu considéré dans le grain :
• l’albumen et la couche à aleurone possèdent deux types
Les lipides représentent une faible proportion du grain, de polymères : des arabinoxylanes (AX ou pentosanes)
généralement de 3 à 4 %. Ces proportions sont toutefois un et des beta- glucanes mixtes, partiellement solubles
peu plus importantes dans l’avoine et le maïs. Ces lipides dans l’eau et dont la proportion relative dépend des
se répartissent en : céréales ;
• lipides apolaires (lipides de réserve du grain) : mono, di et • les parois des téguments externes sont constituées d’AX,
triglycérides et acides gras libres, essentiellement localisés dont la structure est plus fortement branchée que dans
dans le germe. Ils représentent environ 50 % des lipides l’albumen, et de cellulose ;
totaux. Les acides gras polyinsaturés (AGPI) sont dominants • de plus, les tissus les plus externes sont partiellement
dans l’huile de maïs et de germe de blé (environ 60 %) tandis ligniÀés.
que les monoinsaturés (AGMI) y représentent 15 à 25 % et Dans tous les tissus, les AX sont estériÀés par de l’acide
les saturés (AGS) moins de 20 %. Par ailleurs, le rapport férulique.
entre Ŵ6/Ŵ3 est assez élevé dans les céréales (entre 10 et Dans le blé, les polymères de la paroi représentent environ
20) et en particulier pour le riz (26) et le maïs (70) [10] ; 3 % de l’albumen amylacé, environ 40 % de la couche à
• lipides polaires (lipides de structure du grain) : phospholi- aleurone et jusqu’à 80 % du péricarpe [3]. On retrouve
pides et glycolipides essentiellement. L’albumen amylacé logiquement cette différence dans la teneur en Àbres des
contient la plus grande part des lipides polaires, dont une farines blanches et des sons (Tableau 5). Plus généralement,
partie est associée au grain d’amidon. il existe une forte variabilité de la teneur en paroi dans
L’impact nutritionnel des lipides des grains de céréales est l’albumen des céréales (Tableau 5, teneur en AX des farines
relativement limité en raison de leur faible abondance. Ils blanches). Ces variations sont hautement héritables, ce qui
ont toutefois un grand impact technologique en raison de permet d’envisager la sélection de variétés spéciÀquement
leurs interactions avec les protéines du gluten et de leurs enrichies en Àbres (AX) dans le cas du blé [19]. Le riz et le
effets sur la rhéologie des pâtes boulangères. Par ailleurs, maïs se différentient des autres céréales par une très faible
les triglycérides peuvent former des complexes de cristal- teneur en paroi dans l’albumen.
lisation avec les molécules d’amylose lors du processus de
rétrogradation.
D’autres composés lipidiques comme les stérols, tocophérols Les oligosaccharides non digestibles du grain
et caroténoïdes sont également présents dans le grain en
faible quantité. Leur intérêt nutritionnel est abordé au Certains oligosaccharides ont la capacité de stimuler la
chapitre 5. croissance spéciÀque de bactéries bénéÀques pour la santé
humaine comme les biÀdobactéries. Ce concept de prébio-
tique est bien démontré pour les fructo-oligosaccharides
Les Àbres alimentaires (FOS) dérivés de l’inuline [20]. Les grains de céréales pré-
sentent des teneurs non négligeables en fructanes qui n’ont
Les céréales constituent la première source de Àbres dans été évaluées précisément que dans quelques études. Dans le
l’alimentation. La consommation de 25 g à 35 g de Àbres blé, la teneur en fructanes est de l’ordre de 2 % sur le grain
par jour chez l’adulte est recommandée dans la plupart entier, de 1,5 % dans la farine blanche et de 3.6 % dans les
des pays [18]. Cet objectif nécessite toutefois d’accroître sons, ce qui suggère que ces composés sont essentiellement
la teneur en Àbres des produits céréaliers, en utilisant des concentrés dans la couche à aleurone [21].
farines moins rafÀnées, en incorporant plus de grains entiers
ou en utilisant des variétés plus riches en Àbres. Mécanismes d’action des Àbres de céréales

Nature et diversité des Àbres de céréales Les mécanismes d’action des Àbres sont liés d’une part à
la viscosité induite par les Àbres solubles de forte masse
Les Àbres alimentaires sont déÀnies comme des polymères moléculaire et d’autre part à leur dégradation par les
glucidiques de degré de polymérisation supérieur à trois, qui microorganismes du microbiote. Les propriétés physico-
ne sont ni digérés ni absorbés au niveau de l’intestin grêle. chimiques (solubilité et viscosité) et les caractéristiques
Dans le cas des grains de céréales, cette déÀnition recouvre : structurales régissant ces mécanismes dépendent essen-
• les polymères glucidiques de la paroi végétale qui font tiellement de l’origine des Àbres dans le grain, et dans une
partie de la déÀnition historique des Àbres et représentent moindre mesure de l’espèce végétale (blé, orge, avoine,
l’essentiel des Àbres alimentaires dans les céréales ; seigle, etc.).
Les grains de céréales : diversité et compositions nutritionnelles S11

Tableau 5. Teneur en Àbres alimentaires et en micronutriments des grains de céréales. D’après [21- 28].
Valeur moyenne Blé Blé dur Epeautre Engrain Seigle Orge Orge Avoine
Min-max tendre « vétue » « nue »
Fibres 15,2 13,4 12,0 11,0 22,6 22,4 15,2 21,8
(g/100 g grain) 11,5-18,3 10,7-15,5 10,7-13,9 9,3-12,8 20,4-25,2 20-23,8 15-15,4 18.5-23.4
BetaGlucane 0,75 0,35 0,65 0,3 1,8 4,9 5,6 5,1
(g/100grain) 0,50-0,95 0,25-0,45 0,55-0,70 0,25-0,35 1,7-2,0 4,0-6,4 4,6-6,5 4,5-5,6
Lignin 2,2 2,1 2,2 2,6 2,4 4,2 3,6 4,8
(g/100 g grain) 1,40-3,25 1,85-2,55 1,85-2,90 2,25-3,05 2,0-2,9 3,9-4,7 3,3-3,8 4,2-5,9
AX Farine 1,9 1,95 1,75 1,95 3,64 2,0 1,71 1,15
(g/100 g farine) 1,35-2,75 1,70-2,35 1,60-2,15 1,45-2,35 3,11-4,31 1,5-2,2 1,4-2,0 1,05-1,26
AX Sons 18 12 12,7 10 13,3 8,1 5,4 10,4
(g/100 g sons) 13,2-22,1 10,9-13,7 11,1-13,9 9,5-10,4 12,1-14,8 5,8-9,9 6,0-4,8 8,0-13,2
Folate (Vit B9) 561 741 577 577 693 666 621 584
(ng/g grain) 364-774 637-891 505-647 429-678 574-775 533-789 518-724 571-604
Tocols (Vit E) 50 48 46 57 52 55 55 23,4
(õg/g grain) 27,6-79,7 40,1-62,7 40,2-50,6 42,7-70,2 44-67 48-69 49-61 16,1-30,7
dont α-tocopherol 13,5 10,7 11,0 9,1 16,5 9 10 6,5
9,1-19,9 8,3-13,1 9,9-12,5 7,0-12,1 13,3-20,1 7,4-10,6 9,0-10,0 4,5-9,8
Phytostérols 841 987 928 1054 1228 1068 967 662
(õg/g grain) 670-959 871-1106 893-963 976-1187 1098-1420 996-1153 899-1034 646-682
Alkylrésorcinols 410 399 605 595 1030 55 49 -
(õg/g grain) - - - - 797-1231 32,2-103 41-57 -
Les valeurs en italique correspondent aux valeurs minimales et maximales. Sources [40-42, 44, 48-51].

Effet des Àbres solubles visqueuses microbiote, à la production d’acide gras volatils (AGV : acides
acétique, propionique et butyrique) et aux modiÀcations
De nombreux travaux ont démontré l’effet hypoglycémiant et de cette Áore en fonction de la nature des Àbres [22,24].
hypocholestérolémiant des Àbres solubles visqueuses [22-25]. Parmi les AGV, un intérêt particulier est porté au butyrate
Les AX et les beta-glucanes de l’albumen des céréales sont qui est la principale source d’énergie des colonocytes, mais
des polymères hydrosolubles de forte masse moléculaire qui est également impliqué dans le contrôle de la prolifération
induisent une augmentation de la viscosité du bol alimentaire cellulaire, de l’apoptose et joue un rôle anti-inÁammatoire.
à l’origine des effets hypoglycémiant et hypocholestéro- Au niveau du grain, toutes les Àbres ne sont pas fermentées.
lémiant. Dans ce cadre, l’avoine, l’orge et le seigle, qui Par ailleurs, en fonction des caractéristiques structurales
présentent des teneurs en Àbres solubles (beta-glucanes ou des Àbres, des proÀls fermentaires différents sont observés.
AX) plus importantes que le blé, sont potentiellement les Les tissus les plus externes du grain (péricarpe), qui sont
céréales les plus intéressantes. Toutefois, un avis positif a partiellement ligniÀés et riches en cellulose et en AX très
été accordé par l’EFSA sur l’effet hypoglycémiant des AX fortement branchés, sont résistants aux enzymes de la Áore
d’albumen de blé. Pour obtenir l’effet, 8 g de Àbres d’albu- colique [28]. Les Àbres des autres parties du grain, et en
men riche en AX pour 100 g de glucides disponibles doivent particulier de la couche à aleurone et de l’albumen amylacé,
être consommés [26]. Pour les beta-glucanes d’avoine, l’avis sont essentiellement constituées de beta-glucanes et d’AX
accordé porte sur la réduction du taux de cholestérol dans qui sont dégradés par les enzymes des bactéries coliques. De
le sang avec une consommation d’au moins 3 g par jour [27]. nombreuses études ont montré que les AX sont butyrogènes
et favorisent le développement de biÀdobactéries et des
lactobacilles [29,30]. Les études sont plus rares pour les
Effet des Àbres fermentescibles beta-glucanes, mais des données récentes suggèrent leur
action biÀdogène [31].
Une part essentielle des bénéÀces pour la santé de la Par ailleurs, l’amidon résistant présent dans les produits
consommation de Àbres est liée à leur fermentation par le céréaliers est connu pour produire lors de la fermentation
S12 Luc Saulnier

colique d’importante quantité de butyrate [32], d’où d’être concentré dans les tissus externes du grain et en par-
l’intérêt porté au développement de variétés riches en ticulier dans la couche à aleurone. Cette répartition explique
amylose. également le regain d’intérêt pour les céréales complètes,
qui sont riches en ces composés intéressants.

Autres effets des Àbres Vitamines

D’une manière générale, la consommation de Àbres et en Les céréales sont considérées comme de bonnes sources
particulier des sons de céréales augmente la masse des selles de la plupart des vitamines de la famille B (sauf B12) et de
et diminue le temps de transit intestinal. On observe en effet vitamine E.
un accroissement de la biomasse bactérienne mais aussi des Les céréales complètes sont de bonnes sources de thiamine,
effets mécaniques liés à la taille des particules (en particulier niacine, acide pantothénique et de biotine comparées à
pour les Àbres insolubles et non-fermentescibles) agissant d’autres aliments. L’apport en folate n’est pas particulièrement
sur la motricité du colon et sur l’épaisseur de la couche de important (Tableau 5). Par ailleurs, en fonction de leur nature,
mucus recouvrant la paroi intestinale, favorisant sa lubriÀ- la biodisponibilité de ces vitamines est très différente [5,13].
cation. A cet égard, les effets bénéÀques du « son de blé » Le terme de vitamine E est utilisé pour les quatre tocophérols
sont reconnus par l’EFSA [33]. Pour porter l’allégation sur et tocotriénols (ou tocols) qui ont la même activité biolo-
l’augmentation de la masse des selles, les aliments doivent gique que l’α-tocophérol. Ces composés liposolubles sont de
être riches en Àbres (teneur > 6 g/100 g). Le comité de l’EFSA puissants antioxydants, essentiellement concentrés dans le
considère que, pour obtenir l’effet revendiqué sur le transit germe. L’α-tocophérol, qui possède la plus forte activité,
intestinal, au moins 10 g par jour de Àbres de son de blé est aussi le plus abondant (Tableau 5).
doivent être consommés en une ou plusieurs portions [33].
Par ailleurs la capacité des Àbres à capter des composés Minéraux
toxiques et à transporter d’autres composés bioactifs qui
leurs sont associés dans les produits végétaux (phyto- Le tableau 6 présente la composition moyenne en minéraux
hormones, composés phénoliques antioxydants, vitamines, des principales céréales.
minéraux, etc.) participent vraisemblablement à leurs effets Les principaux sont le magnésium, le phosphore et le calcium,
bénéÀques sur la santé [5,34]. mais les concentrations en fer, zinc, cuivre, manganèse et
sélénium des grains peuvent contribuer signiÀcativement à
l’apport en minéraux dans la ration alimentaire [13]. Entre
Les micronutriments les variétés d’une même céréale, d’importantes différences
des teneurs en fer et en zinc sont observées (Tableau 6).
Les grains de céréales sont une source de micronutriments, Ainsi, des programmes de biofortiÀcation en ces éléments ont
vitamines et minéraux mais aussi de composés végétaux été entrepris par amélioration variétale du riz, du blé et du
bioactifs, comme les phytohormones et différents composés maïs [35], les déÀciences en fer et zinc étant un important
phénoliques. L’ensemble de ces composés a pour particularité problème nutritionnel à l’échelle de la planète.

Tableau 6. Teneur en minéraux des grains des principales céréales (mg/100 g de grains). D’après [16].
Blé Maïs Riz Orge Avoine Seigle
Potassium 363 287 223 452 429 264
Sodium 2 35 7 12 2 6
Calcium 29 7 23 33 53,9 33
Phosphore 288 210 333 264 523 374
Magnésium 126 127 143 133 177 121
Fer 3,19 2,71 1,47 3,6 4,72 2,67
2,5-7,3* 1,0-6,3* 0,6-2,4* - - -
Zinc 2,65 2,21 2,02 2,77 3,97 3,73
2,5-9,2* 1,3-5,8* 1,4-5,8* - - -
Cuivre 0,43 0,31 0,27 0,5 0,63 0,45
Manganèse 3,98 0,46 3,75 1,95 4,92 2,68
Sélénium 0,043 0,004 - 0,066 - -
* source [35]
Les grains de céréales : diversité et compositions nutritionnelles S13

La biodisponibilité des minéraux des grains de céréales œstrogène primaire chez l’homme. Ils ont la capacité à se
est généralement limitée soit par leur forme qui n’est pas lier aux récepteurs d’œstrogènes et jouent un rôle positif
facilement assimilable par l’organisme (fer non-hémique dans la prévention de cancers hormonaux- dépendants
dans les végétaux) soit en raison de la présence de fortes (prostate, sein) [43]. Leur activité en tant qu’œstrogène
concentrations d’acide phytique, qui concentre 60 à 80 % du est très faible, mais leur concentration est beaucoup plus
phosphore du grain et est présent au niveau de la couche importante que celle des œstrogènes endogènes. Ils sont
à aleurone sous forme de complexe avec des minéraux localisés au niveau de la couche à aleurone, de la testa et
(phytates) [36]. En raison de leur capacité à complexer les du péricarpe. Les teneurs en lignanes sont particulièrement
minéraux, les phytates sont considérés comme des facteurs importantes dans le seigle (trois ou quatre fois plus que
antinutritionnels. Toutefois, leur effet négatif peut être dans le blé) [39].
modulé par les procédés de fabrication comme la fermen-
tation au levain pour le pain, qui améliore l’efÀcacité des Autres composés spéciÀques
phytases endogènes du fait de l’abaissement du pH par le
levain [37]. L’addition de phytases exogènes est également Les phytostérols sont connus pour leur capacité à diminuer
un moyen de contrer les effets négatifs des phytates sur les taux de cholestérol dans le sang, en inhibant l’absorp-
l’absorption des minéraux [38]. tion du cholestérol au niveau de l’intestin grêle [44], les
doses apportées par les céréales sont toutefois faibles.
Composés phénoliques Ce type de composé est associé à l’effet bénéÀque de la
consommation de son de riz sur la prévention des maladies
Les tissus périphériques du grain contiennent une assez cardiovasculaires [5].
grande diversité de composés phénoliques qui ont générale-
ment des activités anti-oxydantes. Certains de ces composés
sont spéciÀques à certaines céréales (avenanthramides dans Conclusion
l’avoine et quantité élevée de phytoœstrogènes dans le
seigle) [39]. Les grains de céréales sont caractérisés par leur richesse en
amidon et leur consommation répond aux recommandations
nutritionnelles, qui encouragent l’augmentation de la part
Les acides phénoliques des glucides complexes aÀn que les glucides contribuent
à plus de 50 % des apports énergétiques journaliers. Ils
Les acides phénoliques, et l’acide férulique en particulier, sont également une source de À bres alimentaires, de
sont des antioxydants, mais leurs effets sur la santé sont mal protéines et de micronutriments (vitamines, minéraux,
connus. Par ailleurs, la biodisponibilité de l’acide férulique etc.) qui peuvent représenter une part signiÀcative des
dépend de la dégradation des AX par la Áore microbienne, apports nutritionnels conseillés. Ces constituants sont
qui varie beaucoup entre les différents tissus du grain. concentrés en périphérie du grain, d’où une différence
de valeur nutritionnelle entre les farines rafÀnées et les
farines complètes.
Les avenanthramides Les sons concentrent fortement les résidus de pesticides
avec toutefois de forts écarts en fonction des conditions de
Les avenanthramides sont des composés polyphénoliques conservation des grains avant mouture [52]. À cet égard,
complexes spéciÀques de l’avoine ; 25 formes différentes les produits enrichis en sons devraient être l’objet d’une
sont répertoriées et les grains d’avoine en contiennent surveillance particulière.
entre 4,3-9,1 mg/100 g. Ces composés possèdent des pro- Parmi les tissus du grain, la couche à aleurone est une source
priétés antioxydantes, anti-inÁammatoires, anti-irritantes particulièrement intéressante de Àbres mais aussi de micro-
et seraient intéressants pour la prévention des maladies nutriments. L’optimisation de sa récupération dans les farines
cardiovasculaires [5]. est un enjeu nutritionnel et une alternative à l’utilisation
des grains entiers. L’intégration des parties périphériques
du grain dans les aliments céréaliers nécessite toutefois
Les alkylrésorcinols des adaptations technologiques et pose de sérieux enjeux
d’acceptabilité organoleptique des produits par les consom-
Les alkylrésorcinols sont des biomarqueurs des tissus péri- mateurs, d’où l’intérêt d’explorer la variabilité naturelle
phériques du grain et en particulier de la couche hyaline et et d’améliorer les teneurs en Àbres et en micronutriments
de la testa [6]. Ils sont plus abondants dans le seigle et le de l’albumen des céréales. Par ailleurs, le développement
blé et que dans l’avoine ou l’orge [40-42]. de variétés riches en amylose répond à la nécessité de
Antioxydants potentiels, leurs effets biologiques chez diminuer l’index glycémique des produits céréaliers, mais
l’homme ne sont pas clairement établis. reste difÀcile dans le cas du blé.
Les propriétés technologiques uniques du gluten expliquent
la prépondérance de l’utilisation du blé dans les produits
Les phytoœstrogènes céréaliers. Cependant, le développement de l’intolérance
au gluten est un problème majeur, qui n’est résolu actuel-
Les phytoœstrogènes (ou lignanes) constituent une famille lement que par l’exclusion des céréales de l’alimentation,
des polyphénols dont la structure est proche de l’œstradiol, à l’exception notable du riz et du maïs.
S14 Luc Saulnier

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