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Moucadel Baudoin

L3

DM2 de Politiques publiques

Le vendredi 23 février 2018, le premier ministre Edouard Philippe a présenté à la


presse et à l’ensemble du peuple français, le « Plan National pour la Prévention de la
Radicalisation ». Ce plan avait été annoncé par le président Emmanuel Macron dès
le début de son mandat, et il a donc vu le jour à Lille, à l’issu d’un conseil
interministériel. Par ce plan, le gouvernement de la République française souhaite
s’attaquer à un problème moderne, nouveau, qui requiert donc des réponses
inédites. Ce problème est celui de la radicalisation islamiste. Depuis 2005, des
attentats meurtriers touchent la population française. Ces attentats, qui ont fait plus
de 270 morts, sont aujourd’hui considérés comme le premier problème public en
France. Le dernier en date, qui remonte à seulement un mois, a relancé les débats
sur la politique publique du gouvernement sur la radicalisation et la menace
islamiste. Nous allons ici effectuer une analyse de la politique publique de l’Etat en
matière de radicalisation. En quoi consiste cette politique publique, quelle est son
impact sur le problème premier, à quel référentiel est-elle soumise… Autant de
questions auxquelles nous tenteront de répondre pour mieux comprendre l’action de
l’Etat. Nous commencerons donc par étudier les définitions construites et réalistes du
problème auquel l’Etat s’attaque. Nous nous pencherons ensuite sur l’adéquation de
l’action gouvernementale par rapport au problème. Enfin, nous proposerons des
modifications à l’action étatique en vue de mieux répondre à une nouvelle définition
plus cohérente du problème.

1/ La Politique publique de lutte contre la radicalisation.

A) La définition construite (problème construit).

Depuis 2013, date de la première politique publique de lutte contre la radicalisation,


le gouvernement français tente d’apporter des solutions à ce qui représente pour lui
un problème majeur. Cette politique va prendre un tournant en 2018 avec la création
du Plan National de Prévention de la Radicalisation (PNPR) 1. A travers soixante
mesures, le gouvernement français détaille les différentes actions qu’il va mettre en
place pour lutter contre la radicalisation. Mais quelle définition le gouvernement
donne-t-il de la radicalisation ? Sur le site du ministère de l’intérieur, on peut trouver
cette définition, élaborée par le « comité interministériel de prévention de la
délinquance et de la radicalisation » : « La radicalisation est un processus de rupture
sociale, morale et culturelle avec les valeurs de la République qui conduit un individu
à adopter une nouvelle lecture de la société, de nouveaux habitus, de nouveaux
comportements, remettant en cause les fondements du pacte social et légitimant le
recours à la violence. Reposant sur le conspirationnisme ainsi qu’une vision
victimaire, ce processus s’inscrit dans une idéologie visant à rompre avec l’ordre
social. »2 Cette définition est également présente dans le Plan National de prévention
de la Radicalisation. Diverses déclarations des politiques français étoffent cette
définition. « Certains, refusant tout esprit de contradiction, s’enferment dans un
communautarisme en rupture avec la République et menaçant son unité. Cet
affaissement de la pensée républicaine, réduit la confiance que les Français ont dans
leurs institutions, menaçant ainsi notre démocratie. Face à ces sujets, il est urgent de
retrouver la modération et la nuance nécessaires au maintien du Pacte républicain »
déclare ainsi Bernard Cazeneuve en 2020.3

Pour le gouvernement, le problème est donc la présence d’individus radicalisés qui


mettent en péril l’ordre social et la sécurité des Français. Mais contrairement à ce
que l’on pourrait penser au premier abord, la radicalisation est elle-même une
construction. Elle ne constitue donc pas un problème premier, réel, qui lui se situe
sur un autre plan. Il faut donc se demander ce qui est à la base de la radicalisation,
sur quoi est construit ce phénomène de radicalisation dont souffre aujourd’hui notre
pays. Car la radicalisation est un phénomène, un « processus », une construction qui
révèle la présence d’un problème plus profond. Très peu d’indices dans la définition
donnée par le gouvernent permettent d’appréhender ce qui constitue le problème
premier à la base de la radicalisation, qui est le problème construit auquel va
s’attaquer l’Etat.

1
https://www.cipdr.gouv.fr/wp-content/uploads/2018/12/DP2018-02-23-CIPDR-Radicalisation-V5.pdf
2
https://www.cipdr.gouv.fr/prevenir-la-radicalisation/
3
Interview du 30 aout 2020, journal le Parisien.
B) Définition réaliste (problème premier).

Nous devons donc dépasser cette construction qu’est la radicalisation pour


s’attaquer au problème réel. En effet, la radicalisation ne peut constituer le problème
premier. Premièrement parce que la radicalisation est une conséquence, le résultat
de l’existence d’une chose qui elle, représente un mal : une idéologie violente. Un
individu ne peut se radicaliser seul, la radicalisation présuppose l’existence d’une
idéologie à laquelle l’individu va se rattacher. Deuxièmement parce que la
radicalisation est une construction. Ce qui est considéré comme radicalisé hier ne
l’est peut être pas aujourd’hui, et un individu radicalisé pour la république française
ne l’est pas pour l’Arabie Saoudite. Il va donc falloir trouver en quoi consiste le
problème premier. Et pour cela, commençons par nous demander au nom de quoi,
des individus se radicalisent-ils, et commettent ensuite des actions violentes ?
Depuis 2012, une cinquantaine d’attentats ont touché la population française. Leurs
points communs ? La totalité ont été effectués par des individus radicalisés se
revendiquant d’une religion transformée en idéologie : l’islam. Le problème premier
serait donc la présence en France d’une idéologie violente et extrême qui se nomme
islamisme. En effet, c’est donc au nom d’une religion, l’islam, que des individus se
radicalisent, tuent, blessent et bouleversent l’ordre social républicain. Depuis le 19
mars 2012, date de l’assassinat d’enfants juifs par le terroriste islamiste Mohamed
Merrah, le terrorisme islamiste a touché la France plus d’une cinquantaine de fois.
Les auteurs de ces actes déclarent, revendiquent même, leurs appartenance à
l’islam, leur soumission à Allah. Le problème premier qu’est l’idéologie islamiste,
touche donc directement la population française. Depuis 2012, les attentats
islamistes en France effectués par des individus radicalisés islamistes ont causé la
mort de 270 personnes et en ont blessé plus de 1200. 4 Ces chiffres sont concrets,
ces morts sont réelles. Des milliers de français ont eu un membre de leur famille, un
proche, un ami, touchés par l’islamisme radical. Nous sommes ici dans une réalité,
éloignée de toute idéologie ou mouvement politique. Or, l’idéologie islamiste
représente un mal objectif pour l’Homme, et ce, à travers ses deux principales
conséquences : la violence et l’affaiblissement de la société. La violence a toujours
existé et est pour certains philosophes comme Kant, inhérente à l’Homme. Tandis
4
Chiffe 2023 de la Direction Générale de la Sécurité Intérieure (DGSI).
que d’autres, comme Rousseau, l’attribuent à la démocratie. Freud définit la
violence comme suit : « Une explosion de puissance qui s'attaque directement à la
personne et aux biens des autres en vue de dominer soit par la mort, par la
destruction, la soumission ou la défaite »5. L’aspiration de l’Homme est d’accéder au
Bonheur c’est-à-dire à un état de pleine satisfaction durable. Mais, la violence l’en
empêche car l’Homme est par nature un « animal raisonnable ». Or, la violence est le
contraire de la raison, écrit le philosophe Éric Weil 6. De plus, selon Aristote, l’Homme
est par nature un animal politique. Il vit donc en société et Aristote définit comme but
de cette société le « bien commun ». L’idéologie islamiste est un obstacle à ce bien
commun dans le sens où elle s’oppose à la liberté en prônant la soumission à un
ensemble de lois religieuses la Chariah. Or, une société bonne repose sur une
adhésion libre des individus. Plus encore, les individus ont besoin de cette liberté
pour pratiquer les vertus nécessaires à l’obtention de leur bonheur. La définition
réaliste du problème premier serait donc celle-ci : Il existe en France une idéologie
violente, l’islam radical. Cette idéologie et ses partisans représentent un problème
par deux aspects : la violence et l’affaiblissement de la société qu’elle provoque.

2/ Adéquation de l’action gouvernementale

2.1/ Les instruments de politique publique mis en œuvre

Pour faire face au problème construit de la radicalisation, le gouvernement va mettre


en place des instruments de politique publique. Knoepfel, auteur et spécialiste des
politiques publiques, définit dans son ouvrage Analyse et pilotage des politiques
publiques une politique publique comme : « Un enchaînement de décisions ou
d'activités, intentionnellement cohérentes, prises par différents acteurs dont les
ressources, les attaches institutionnelles et les intérêts varient, en vue de résoudre
de manière ciblée un problème défini politiquement comme collectif. »7 Dans le cas
de la radicalisation, ces derniers seront fondés sur la prévention. « Prévenir pour
Protéger », tel va donc être le titre du Plan National de la Prévention de la
Radicalisation (PNPR). Nous pouvons distinguer trois grands axes de ce plan. Le
premier, et le plus important, consiste en la construction d’un contre discours
5
Sigmund Freud, « Malaise dans la civilisation », 1920, IPV, Vienne
6
https://www.irenees.net/bdf_fiche-analyse-834_fr.html
7
Peter Knoepfel, Analyse et pilotage des politiques publiques, 2015, PU Québec.
républicain afin de prémunir les jeunes de la radicalisation. Le deuxième axe est
celui de la détection et de la signalisation des individus radicalisés. Enfin, le dernier
axe est celui de la déradicalisation. Concrètement, comment ces trois axes sont-ils
appliqués sur le terrain ? La construction d’un contre discours républicain va
consister en une distribution de plaquettes informatives, kits de formations, tandis
que des formations spéciales vont être données aux enseignants. De plus, des
pièces de théâtre, spectacles humoristiques et courts métrages sur le thème de la
république et de la laïcité vont être proposés aux élèves âgés de 15 à 25 ans.

Après la prévention, place à la signalisation et la détection des individus


radicalisés. Le deuxième axe de la politique publique du gouvernement va consister
en la création de groupes locaux de surveillances à différentes échelles (entreprises,
départements, régions), ainsi qu’en la mise en place de sessions d’informations pour
mieux détecter les individus radicalisés. Enfin, n’oublions pas l’instauration d’un
numéro vert, véritable spécialité française, le 800 005 6968.

Pour finir, la dernière phase de la politique publique consiste en la déradicalisation


des individus. Cette phase s’est notamment traduite par la création en France de
centre de déradicalisation comme celui de Pontourny.

A) Adéquation des instruments par rapport au problème


construit

Se pose maintenant la question de savoir si cette politique publique est en


adéquation avec le problème construit. Dans quelle mesure les instruments mis en
place par l’Etat répondent-ils au problème tel qu’il est défini par le gouvernement ?
Pour répondre à cette question, nous allons utiliser un outil d’analyse des politiques
publiques inventé par Knoepfel : le triangle des acteurs. Dans le cas du problème de
la radicalisation tel qu’il est envisagé par le gouvernement, nous pouvons postuler
ceci : le phénomène de la radicalisation d’individus menace la population et l’ordre
républicain. L’autorité politico-administrative (ici le gouvernement français) met en
place une hypothèse d’intervention : la construction d’un contre discours républicain
allié à la détection et le désengagement diminuera la présence d’individus
radicalisés. Le groupe cible qui va être visé par la politique du gouvernement est
8
https://www.tf1info.fr/societe/video-numeros-verts-tacles-par-emmanuel-macron-comment-fonctionnent-ils-
reellement-2244183.html
l’entièreté de la population française (n’oublions pas qu’il s’agit d’une politique
préventive). L’hypothèse de causalité va donc être la suivante : la diminution du
nombre d’individus radicalisés va faire réduire l’insécurité et renforcera l’ordre social
et républicain. Le groupe bénéficiaire de cette politique est donc la population
française mais aussi le modèle républicain. Les instruments de politique publique
sont donc en adéquation avec ce problème construit. La diffusion d’un discours
républicain dans les écoles préviendra les risques de radicalisations des jeunes. La
mise en place de formation et de centre de détection permettra d’identifier les
individus déjà radicalisés. Enfin, ces derniers seront conduits dans des centres de
déradicalisation et seront soumis à un contrôle strict. Prévention, détection et
désengagement, toutes les étapes du processus de radicalisation sont donc pris en
charge par la politique publique du gouvernement.

B) Adéquation des instruments par rapport au problème premier.

Mais, si la politique du gouvernement répond bien au problème construit, qu’en est-il


du problème premier ? C’est ce que l’on va appeler le coefficient de cohérence.
Dans quelle mesure, la politique publique mise en place par l’Etat répond-elle au
problème premier. Il faut se rendre à l’évidence, les instruments de politique publique
mis en œuvre ne répondent que très peu au problème premier. En effet, l’Etat
s’attaque au phénomène de la radicalisation, qui n’est qu’une conséquence, une
construction issue d’un problème plus profond. Ce problème premier est l’adhésion
d’une partie des musulmans à un islam radical violent. Et ce fait, qui est essentiel,
est complètement ignoré par la politique publique. « Il n’existe pas de lien
mécanique entre l’importance objective d’un fait social et sa percée en tant que
problème »9 écrit le sociologue français Erik Neveu. Et l’exemple de la radicalisation
en est le parfait exemple. L’état s’attaque aux symptômes (la radicalisation) et non
pas au problème (l’idéologie islamiste). L’islam n’est mentionné dans aucune des 60
mesures prise par le gouvernement. En refusant de nommer les responsables des
violences, l’Etat annihile complétement les effets de sa politique public. En ne
mettant pas de nom sur ce qui constitue une menace pour la société française, il
renonce de fait à résoudre le problème, et les instruments qu’il met en place perdent

9
Neveu Erik, L’approche constructiviste des problèmes publics, un aperçu des travaux anglo-saxons. 1999.
une grande partie de leur efficacité. Et les faits le montrent bien. De 2012 à 2018,
date de la mise en place de la politique publique de prévention de la radicalisation,
33 attentats islamistes ont eu lieu. De 2018 à 2023 ce ne sont pas moins de 40
attentats qui sont recensés par la DGSI !10 Les attentats et attaques terroristes
islamistes ne se sont donc pas arrêtés et ont même augmenté en dépit de la
politique publique gouvernementale. Mais alors, pourquoi le gouvernement français
ne procède-t-il pas à une réorientation de sa politique publique en s’attaquant au
problème véritable dont souffre la société française ?

2.2/ La république laïque et universaliste comme référentiel du


gouvernement français.

Une politique publique est définie par Dominique Boilly, chercheur et maître de
conférence à l’ENA comme : une « Action de l’État pour répondre à un problème
construit et traduisant, au moins en partie, une vision du monde (référentiel) que ses
dirigeants cherchent à construire »11. Cela serait donc à cause de l’existence de ce
référentiel que la politique publique gouvernementale est inadaptée au problème
premier. Mais quel est le référentiel du gouvernement français ? Pour répondre à
cette question, il convient de se livrer à une analyse dite cognitive de la politique
publique du gouvernement. L’analyse cognitive des politiques publiques est apparue
à la fin du XX ème siècle. Elle s’oppose à une analyse dite constructiviste. L’analyse
cognitive part du principe que, comme l’écrit le politologue Pierre Muller : « Les
politiques publiques ne servent pas (ou en tout cas pas seulement) à résoudre des
problèmes »12, problème entendu ici au sens de problème premier, hors de toute
construction sociale. L’analyse cognitive a donc pour objectif de comprendre quelle
vision du monde, quel référentiel se cache derrière l’action du gouvernement. Car
tout gouvernement possède un référentiel, un cadre d’interprétation qui est construit
par sa culture, son histoire, et qu’il porte dans sa nature. Et l’existence de ce
référentiel pose un problème important de rapport au réel. « Le référentiel n’est plus
vrai car il ne permet plus aux acteurs de comprendre leur rapport au monde et d’agir

10
Chiffres 2023 de la DGSI : https://www.dgsi.interieur.gouv.fr/la-dgsi-a-vos-cotes/lutte-contre-terrorisme/letat-
de-la-menace-terroriste-en-france
11

12
Muller Pierre, L’analyse cognitive des politiques publiques : vers une sociologie politique de l’action publique.
In : Revue Française de Science politique, n°2, 2000
sur lui : le réel est privé de sens »13 écrit ainsi Pierre Muller dans son ouvrage. Mais
quel est donc le référentiel du gouvernement français ? Le référentiel du
gouvernement français est la république laïque. « La loi de la République est plus
forte que celle des dieux. »14 a martelé Gerald Darmanin, ministre de l’intérieur, en
2020 à propos d’un sondage qui révélait que 40% des musulmans plaçait les lois de
l’islam au-dessus des valeurs de la République. Le gouvernement actuel est
« radicalement » républicain. Il voit donc la société et ses problèmes à travers un
prisme idéologique qui est celui de la république laïque et indivisible que nous
connaissons. Et la république française actuelle est fondée sur deux choses : un
universalisme égalitaire et la laïcité. « Les républicains ont souhaité faire de la laïcité
une religion de substitution »15 déclare l’historien reconnu Jean Sevilla. Cette laïcité,
permise par le christianisme, seule religion opérant une distinction entre le politique
et le religieux, est cependant aujourd’hui déconnectée de son essence. Et cette
laïcité, qui n’est compatible qu’uniquement avec la religion chrétienne, se retourne
même contre la république lorsque cette dernière se trouve au prise avec l’islam, qui
est une religion politique possédant son propre corpus législatif (la Chariah). L’Etat
français, au nom de la laïcité, va donc refuser de s’attaquer aux dérives qu’une
religion spécifique va provoquer. Le problème que pose la laïcité est également un
problème de compréhension qui, de fait, empêche la république d’agir efficacement.
Car notre république française, qui a abandonné la religion il y a 300 ans, n’arrive
pas aujourd’hui à comprendre qu’en 2023, des individus soit prêt à donner leur vie
pour leur foi, soit prêt à tuer au nom de Dieu. L’universalisme est la deuxième facette
du référentiel républicain. Cet universalisme, qui provient encore une fois du
christianisme, prône l’égalité entre les individus, les peuples et les religions. Ainsi
donc, le gouvernement français va refuser de faire une distinction entre la religion
chrétienne, islamique, hindou… Toutes les religions se valent, et il va être interdit et
inenvisageable de définir l’islam comme source de problème. Cela serait contraire
aux valeurs de la république. Le gouvernement a donc une vision du monde
républicaine, laïque et universaliste, et c’est cette vision qui est à l’origine de sa
politique.

13
ibid
14
Darmanin Gérald, interview Europe 1, 4 octobre 2020.
15
https://lincorrect.org/jean-sevillia-les-republicains-ont-souhaite-faire-de-la-laicite-une-religion-de-
substitution-lincorrect/
3/ Proposition de modification.

A) Elaboration d’une nouvelle définition hybride.

Après avoir identifié le problème construit et le problème premier, ne pourrait-on pas


proposer une définition hybride, plus cohérente du problème ? Le problème construit,
tel que défini par le gouvernement est le suivant : le phénomène de radicalisation qui
consiste en un processus de rupture sociale […] provoque des violence et remet en
cause l’ordre social. Cette définition présente les incohérences d‘une approche
constructiviste. Découlant d’une vision du monde spécifique, cette définition du
problème n’a que peu à voir avec le problème premier, qui lui représente un mal en
soi, qui est mauvais par nature, et pas uniquement du fait de l’interprétation
subjective qu’en fait un gouvernement. Le problème premier tel qu’il peut être définit
en dehors de toute construction est le suivant : L’islam radical en tant qu’idéologie
violente va, par le biais de ses partisans, à l’encontre du bien commun et de la
sécurité des individus. Ceci est la définition réaliste, du problème premier, tel qu’il
existe vraiment, en dehors de toute construction. A la lumière de ces deux
problèmes, nous pouvons élaborer la définition suivante : L’islam provoque un
phénomène de radicalisation d’individus, qui vont perpétrer des attentats, causant de
fait un problème de sécurité et d’ordre social. Cette définition réunit la source du
problème : l’islam radical, et le phénomène qu’il engendre : la radicalisation. Bien
définir le problème est primordial. Car l’Etat a besoin de posséder une définition
claire et juste du problème pour pouvoir mettre en œuvre une politique publique
ciblée et efficace. Dans sa politique publique, l’Etat s’attaquait uniquement à une
construction, le phénomène de radicalisation. Mais la radicalisation est une notion
subjective : un individu partisan de la démocratie et de la laïcité va être perçu comme
une personne radicalisée dans des pays comme l’Afghanistan par exemple. Dans la
définition réaliste, nous pointons du doigt la véritable source du problème, l’islam
radical, qui était complétement ignoré dans la définition du gouvernement. En
combinant la définition construite et la définition réaliste, on arrive à une définition
mixte, plus cohérente avec le véritable problème. Cette nouvelle définition va
permettre une adaptation de la politique publique, adaptation nécessaire qui
permettra de mieux répondre au problème en vue du bien commun.
B) Adaptation de la politique publique.

Nous avons défini quatre axes d’adaption de la politique publique pour que cette
dernière soit plus en cohérence avec la nouvelle définition hybride. Quatre axes que
le gouvernement devrait mettre en œuvre pour apporter de réelles solutions au
problème.

Le premier consiste en un re-ciblage de l’action gouvernementale.

En effet, comme nous l’avons vu précédemment, la politique publique actuelle


s’adresse à tous les français, qu’ils soient juifs, chrétiens, athées... Cette ouverture
dictée par un souci de non-stigmatisation affaiblit grandement l’effet de la politique
publique qui, au lieu de cibler spécifiquement le groupe d’où provient les problèmes,
va se perdre en généralité pour s’adresser au plus grand nombre. Car, comme nous
l’avons démontré lors de la définition du problème premier, les responsables des
attentats des 20 dernières années ont tous un point commun : leur religion. En effet,
depuis 2008, la totalité des attentats en France (hors Corse) ont été commis par des
individus se réclamant de l’islam16. Si bien évidemment tous les musulmans ne sont
pas des terroristes, force est de constater que tous les auteurs d’actes terroristes en
France depuis 2008 sont des musulmans. Il semblerait donc pertinent que la
politique publique du gouvernement en matière de radicalisation cible en particulier la
population musulmane vivant en France. Car en refusant de cibler cette population
qui n’est pas un problème en soi, mais dont découlent les individus radicalisés, l’Etat
Français se rend coupable de nombreuses injustices et incohérences. Mais en
refusant d’avouer ce but, l’Etat va préférer l’égalité à la justice et pénaliser toute une
population qui n’a rien à voir avec le problème premier. Nous préconisons donc la
mise en place d’une politique publique de prévention de la radicalisation spécifique à
la population musulmane de France et à la religion islamique (qui n’est pas nommée
une seule fois dans le PNPR !).

Le deuxième axe d’adaptation est celui de l’encadrement de l’islam. L’islam, au


contraire du catholicisme ne possède pas de hiérarchie. Les imams, (guides de
prière) sont le plus souvent élus par leur communauté ou envoyés par un pays
musulman. L’Etat français n’a donc aucun contrôle sur la manière dont est pratiqué

16
https://www.la-croix.com/france/Attentats-terroristes-France-chronologie-attaques-2012-2023-11-13-
1201290586
l’islam en France. Pire encore, 80% des imams français, proviennent de pays
étrangers, où ils reçoivent une formation parfois contraire aux lois françaises 17. La
construction de nouvelles mosquées pose également un problème. Celles-ci sont
aujourd’hui en partie financées par les pays du golfe qui y exercent une influence
profonde quant à la manière dont la foi doit être pratiquée. Face à cette situation qui
échappe totalement au contrôle de l’Etat, le gouvernement peine à trouver des
solutions. En 2003 est créé par exemple le Conseil Français du Culte Musulman
(CFCM) par Nicolas Sarkozy. Ce conseil qui avait pour objectif un meilleur dialogue
et une meilleure compréhension entre le culte musulman et l’Etat français s’est
révélé être un échec complet. En effet, ce conseil est rejeté par la majorité des
musulmans de France qui le perçoivent comme soumis au gouvernement. Le CFCM
va finalement être dissous en 2023 par Emmanuel Macron qui a annoncé la création
d’une nouvelle structure18. Nous préconisons donc un meilleur suivi de la pratique du
culte musulman en France, avec la création de comités chargés de faire le lien entre
les mosquées et les préfets. Mais surtout, il est important d’encadrer la formation des
imams, et de suspendre en partie le financement des mosquées françaises par des
états et organisations étrangers qui promeuvent ouvertement un islam radical. Ainsi,
la mosquée de Poitiers à été financée à hauteur de 800 000 euros par l’association
des « frères musulmans », une association salafiste, classée comme organisation
terroriste dans de nombreux pays comme la Russie ou l’Egypte19.

Le Troisième axe est sans aucun doute l’un des plus importants. Il concerne
l’immigration. La question de l’immigration est profondément liée au problème de
l’islam radical en France. En effet, il existe un lien fort entre l’immigration et le
terrorisme islamique. Une étude a été menée sur l’origine de 130 individus
condamnés pour djihadisme entre 2004 et 2017. Et il est ressorti que 78% de ces
individus ont des parents d’origine immigrée 20. Faisons un rapide retour sur l’origine
des auteurs des quatre derniers attentats en France. Mohammed Mogouchkov,

17
https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2016/07/29/comment-est-organise-l-islam-de-
france_4976389_4355770.html
18
https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/02/16/emmanuel-macron-annonce-mettre-fin-au-conseil-
francais-du-culte-musulman_6162094_3224.html
19
C.Chesnot et G.Malbrunot, Qatar Papers, 2019, Michel Lafon
20
Institut français des relations internationales, étude de 2018.
auteur de l’attentat d’Arras en octobre 2023 est un migrant ingouche arrivé en France
en 2008. Abdoullah Anzorov, l’assassin du professeur Samuel Paty est un jeune
tchétchène, arrivé en France en 2020. Brahim Aissaoui, auteur de l’attentat de la
basilique Notre Dame à Nice, est un Tunisien arrivé en France en 2020 également.
Abdallah Ahmed-Osman, auteur de l’attentat de Romans sur Isère, est un migrant
soudanais. Le lien entre l’immigration et le terrorisme est donc clair. Mais, le
gouvernement et les médias, par idéologie, refusent de reconnaître cette relation et
ne font donc rien pour agir. Car aujourd’hui, l’Etat français ne contrôle pas
l’immigration. La France accueille chaque année 400 000 immigrants légaux21,
auquel il faut ajouter le nombre de clandestins (Ils seraient aujourd’hui un million en
France)22. L’Etat n’a donc aucun contrôle sur les individus qui arrivent en France. Et il
peine à expulser les clandestins. Seulement 12% des obligations de quitter le
territoire français (OQTF) sont réellement effectuées, les pays d’origine des migrants
refusant de reprendre leurs ressortissants23. Pour réussir à endiguer l’immigration et
donc de fait réduire la menace terroriste en France, il conviendrait de mettre en place
une politique d’envergure. Premièrement, le rétablissement d’un contrôle aux
frontières, qui permettrait d’envoyer un signal symbolique fort, tout en réduisant le
nombre d’arrivées. Ensuite, il faudrait baisser drastiquement le nombre de titres de
séjours distribués par le gouvernement. Une autre action nécessaire est le renvoi
systématique des migrants clandestins dans leur pays d’origine. Car si l’immigration
pose aujourd’hui un problème, c’est par son nombre qui empêche toute tentative
d’assimilation. Une immigration régulée et faible permettrait de faire baisser le
terrorisme, mais également de garantir aux personnes immigrées un meilleur accueil.

Le dernier axe est celui de la réaffirmation de l’identité française. Si l’islam radical


parvient à s’implanter en France, c’est qu’elle y trouve un terrain favorable. La nature
a horreur du vide. Or, les Français sont vides idéologiquement, ils ont perdu leur foi,
leur âme et leur patrie. En 2014, seul 59% des Français déclaraient avoir une image
positive de la France, et 63% n’ont pas de religion 24. L’islam va ainsi trouver un
espace vide idéologiquement pour s’installer et prospérer. Le problème posé par
l’islam est d’ordre culturel, civilisationnel, idéologique. On ne peut seulement y

21
Données annuelle Insee 2021.
22
Patrick STEFANINI, Immigration. Ces réalités qu’on nous cache, Robert Laffont, 2020, 330 p.
23
Projet de loi de finances pour 2020 : Immigration, asile et intégration, Rapport général n° 140 (2019-2020),
tome III, annexe 16.
24
Enquête de l’institut CSA 2014.
répondre par des moyens concrets comme la lutte contre l’immigration ou la
fermeture de mosquée. La France doit renouer avec son identité, retrouver ses
racines et ses valeurs pour s’opposer au danger de l’islam radical. Le gouvernement
a bien compris cet enjeu auquel il va tenter de répondre avec la création d’un contre
discours républicain. Mais le gouvernement se fonde sur la république, qui est une
construction récente et auquel seul 44% des français se disent attachés 25. Or, l’islam
radical n’a pas déclaré la guerre à la république comme l’affirme Gérald Darmanin,
mais à la France. Il serait donc, selon nous, essentiel de fonder cette politique
publique sur la France, ses 1500ans d’Histoire mais également sur la religion
chrétienne qui a construit le pays que nous connaissons. C’est en faisant de la
France un pays fier de son identité que nous pourrons combattre l’islam radical sur
son propre terrain. Il faudrait donc mettre en place une politique qui promeut
l’identité française dans la société. Ceci passerait notamment par l’enseignement, qui
aurait (entre autres), pour objectif de rendre les jeunes français fiers de leur pays et
de son histoire. Le gouvernement pourrait également lancer dans les médias et la
société un contre discours promouvant l’identité française. Une politique
d’assimilation en direction des immigrés permettrait de mettre fin aux problèmes de
séparatisme et de communautarisme et verrait à terme l’avènement d’une France
unie autour de ses valeurs. La langue, la gastronomie, l’Histoire, la culture sont
autant de composants d’une culture française exceptionnelle que l’Etat devrait
valoriser et investir.

Il est intéressant de noter en fin de ce travail, que, depuis quelques années, le


gouvernement français semble s’être rendu compte du problème posé par l’islam
radical. Lois sur le séparatisme, lois sur l’immigration, expulsion accélérée d’individus
radicalisés, interdiction de l’abaya…. Emmené par Gerald Darmanin, l’Etat français
réalise des progrès notables sur la question de l’islamisme en France. Même si
aucune politique publique d’envergure ne semble d’actualité, force est de constater
que le problème construit s’efface de plus en plus au profit d’une approche plus
réaliste du problème de l’islam radical.

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https://www.europe1.fr/politique/seuls-44-des-francais-se-disent-attaches-a-la-veme-republique-3770897
Bibliographie

Ouvrages

- Sigmund Freud, Malaise dans la civilisation, 1920, IPV, Vienne


- Peter Knoepfel, Analyse et pilotage des politiques publiques, 2015, PU
Québec.
- Neveu Erik, L’approche constructiviste des problèmes publics, un aperçu des
travaux anglo-saxons. 1999.
- Muller Pierre, L’analyse cognitive des politiques publiques : vers une
sociologie politique de l’action publique. In : Revue Française de Science
politique, n°2, 2000
- C.Chesnot et G.Malbrunot, Qatar Papers, 2019, Michel Lafon
- D. Boily, J-F. Savard, Les fonctionnaires et la fabrique des politiques
publiques: simples figurants ou véritables acteurs ? in Politiques &
management public 2017/1-2 (N° 1-2).
Articles web
- https://www.cipdr.gouv.fr/prevenir-la-radicalisation/mise-en-oeuvre-du-pnpr/
- Témoignage. Le livre blanc de 2006 et l’émergence d’une politique publique de lutte contre le
terrorisme | Cairn.info
- https://www.seine-maritime.gouv.fr/Actions-de-l-Etat/Securite-et-Defense/Securite-publique/
Lutte-contre-la-radicalisation-et-le-terrorisme/Loi-du-30-octobre-2017-renforcant-la-securite-
interieure-et-la-lutte-contre-le-terrorisme-loi-SILT/Lutte-antiterrorisme-et-prevention-
radicalisation
- https://www.la-croix.com/france/Attentats-terroristes-France-chronologie-attaques-2012-2023-
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- https://www.radiofrance.fr/franceculture/centre-de-deradicalisation-de-pontourny-un-echec-
riche-d-enseignements-7059732
- https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2016/07/29/comment-est-organise-l-islam-de-
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- https://www.insee.fr/fr/statistiques/2861345
- https://observatoire-immigration.fr/limmigration-illegale-en-france/#post-692-footnote-1
- https://www.vie-publique.fr/en-bref/287990-immigration-les-chiffres-pour-2022

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