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L3
1
https://www.cipdr.gouv.fr/wp-content/uploads/2018/12/DP2018-02-23-CIPDR-Radicalisation-V5.pdf
2
https://www.cipdr.gouv.fr/prevenir-la-radicalisation/
3
Interview du 30 aout 2020, journal le Parisien.
B) Définition réaliste (problème premier).
9
Neveu Erik, L’approche constructiviste des problèmes publics, un aperçu des travaux anglo-saxons. 1999.
une grande partie de leur efficacité. Et les faits le montrent bien. De 2012 à 2018,
date de la mise en place de la politique publique de prévention de la radicalisation,
33 attentats islamistes ont eu lieu. De 2018 à 2023 ce ne sont pas moins de 40
attentats qui sont recensés par la DGSI !10 Les attentats et attaques terroristes
islamistes ne se sont donc pas arrêtés et ont même augmenté en dépit de la
politique publique gouvernementale. Mais alors, pourquoi le gouvernement français
ne procède-t-il pas à une réorientation de sa politique publique en s’attaquant au
problème véritable dont souffre la société française ?
Une politique publique est définie par Dominique Boilly, chercheur et maître de
conférence à l’ENA comme : une « Action de l’État pour répondre à un problème
construit et traduisant, au moins en partie, une vision du monde (référentiel) que ses
dirigeants cherchent à construire »11. Cela serait donc à cause de l’existence de ce
référentiel que la politique publique gouvernementale est inadaptée au problème
premier. Mais quel est le référentiel du gouvernement français ? Pour répondre à
cette question, il convient de se livrer à une analyse dite cognitive de la politique
publique du gouvernement. L’analyse cognitive des politiques publiques est apparue
à la fin du XX ème siècle. Elle s’oppose à une analyse dite constructiviste. L’analyse
cognitive part du principe que, comme l’écrit le politologue Pierre Muller : « Les
politiques publiques ne servent pas (ou en tout cas pas seulement) à résoudre des
problèmes »12, problème entendu ici au sens de problème premier, hors de toute
construction sociale. L’analyse cognitive a donc pour objectif de comprendre quelle
vision du monde, quel référentiel se cache derrière l’action du gouvernement. Car
tout gouvernement possède un référentiel, un cadre d’interprétation qui est construit
par sa culture, son histoire, et qu’il porte dans sa nature. Et l’existence de ce
référentiel pose un problème important de rapport au réel. « Le référentiel n’est plus
vrai car il ne permet plus aux acteurs de comprendre leur rapport au monde et d’agir
10
Chiffres 2023 de la DGSI : https://www.dgsi.interieur.gouv.fr/la-dgsi-a-vos-cotes/lutte-contre-terrorisme/letat-
de-la-menace-terroriste-en-france
11
12
Muller Pierre, L’analyse cognitive des politiques publiques : vers une sociologie politique de l’action publique.
In : Revue Française de Science politique, n°2, 2000
sur lui : le réel est privé de sens »13 écrit ainsi Pierre Muller dans son ouvrage. Mais
quel est donc le référentiel du gouvernement français ? Le référentiel du
gouvernement français est la république laïque. « La loi de la République est plus
forte que celle des dieux. »14 a martelé Gerald Darmanin, ministre de l’intérieur, en
2020 à propos d’un sondage qui révélait que 40% des musulmans plaçait les lois de
l’islam au-dessus des valeurs de la République. Le gouvernement actuel est
« radicalement » républicain. Il voit donc la société et ses problèmes à travers un
prisme idéologique qui est celui de la république laïque et indivisible que nous
connaissons. Et la république française actuelle est fondée sur deux choses : un
universalisme égalitaire et la laïcité. « Les républicains ont souhaité faire de la laïcité
une religion de substitution »15 déclare l’historien reconnu Jean Sevilla. Cette laïcité,
permise par le christianisme, seule religion opérant une distinction entre le politique
et le religieux, est cependant aujourd’hui déconnectée de son essence. Et cette
laïcité, qui n’est compatible qu’uniquement avec la religion chrétienne, se retourne
même contre la république lorsque cette dernière se trouve au prise avec l’islam, qui
est une religion politique possédant son propre corpus législatif (la Chariah). L’Etat
français, au nom de la laïcité, va donc refuser de s’attaquer aux dérives qu’une
religion spécifique va provoquer. Le problème que pose la laïcité est également un
problème de compréhension qui, de fait, empêche la république d’agir efficacement.
Car notre république française, qui a abandonné la religion il y a 300 ans, n’arrive
pas aujourd’hui à comprendre qu’en 2023, des individus soit prêt à donner leur vie
pour leur foi, soit prêt à tuer au nom de Dieu. L’universalisme est la deuxième facette
du référentiel républicain. Cet universalisme, qui provient encore une fois du
christianisme, prône l’égalité entre les individus, les peuples et les religions. Ainsi
donc, le gouvernement français va refuser de faire une distinction entre la religion
chrétienne, islamique, hindou… Toutes les religions se valent, et il va être interdit et
inenvisageable de définir l’islam comme source de problème. Cela serait contraire
aux valeurs de la république. Le gouvernement a donc une vision du monde
républicaine, laïque et universaliste, et c’est cette vision qui est à l’origine de sa
politique.
13
ibid
14
Darmanin Gérald, interview Europe 1, 4 octobre 2020.
15
https://lincorrect.org/jean-sevillia-les-republicains-ont-souhaite-faire-de-la-laicite-une-religion-de-
substitution-lincorrect/
3/ Proposition de modification.
Nous avons défini quatre axes d’adaption de la politique publique pour que cette
dernière soit plus en cohérence avec la nouvelle définition hybride. Quatre axes que
le gouvernement devrait mettre en œuvre pour apporter de réelles solutions au
problème.
16
https://www.la-croix.com/france/Attentats-terroristes-France-chronologie-attaques-2012-2023-11-13-
1201290586
l’islam en France. Pire encore, 80% des imams français, proviennent de pays
étrangers, où ils reçoivent une formation parfois contraire aux lois françaises 17. La
construction de nouvelles mosquées pose également un problème. Celles-ci sont
aujourd’hui en partie financées par les pays du golfe qui y exercent une influence
profonde quant à la manière dont la foi doit être pratiquée. Face à cette situation qui
échappe totalement au contrôle de l’Etat, le gouvernement peine à trouver des
solutions. En 2003 est créé par exemple le Conseil Français du Culte Musulman
(CFCM) par Nicolas Sarkozy. Ce conseil qui avait pour objectif un meilleur dialogue
et une meilleure compréhension entre le culte musulman et l’Etat français s’est
révélé être un échec complet. En effet, ce conseil est rejeté par la majorité des
musulmans de France qui le perçoivent comme soumis au gouvernement. Le CFCM
va finalement être dissous en 2023 par Emmanuel Macron qui a annoncé la création
d’une nouvelle structure18. Nous préconisons donc un meilleur suivi de la pratique du
culte musulman en France, avec la création de comités chargés de faire le lien entre
les mosquées et les préfets. Mais surtout, il est important d’encadrer la formation des
imams, et de suspendre en partie le financement des mosquées françaises par des
états et organisations étrangers qui promeuvent ouvertement un islam radical. Ainsi,
la mosquée de Poitiers à été financée à hauteur de 800 000 euros par l’association
des « frères musulmans », une association salafiste, classée comme organisation
terroriste dans de nombreux pays comme la Russie ou l’Egypte19.
Le Troisième axe est sans aucun doute l’un des plus importants. Il concerne
l’immigration. La question de l’immigration est profondément liée au problème de
l’islam radical en France. En effet, il existe un lien fort entre l’immigration et le
terrorisme islamique. Une étude a été menée sur l’origine de 130 individus
condamnés pour djihadisme entre 2004 et 2017. Et il est ressorti que 78% de ces
individus ont des parents d’origine immigrée 20. Faisons un rapide retour sur l’origine
des auteurs des quatre derniers attentats en France. Mohammed Mogouchkov,
17
https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2016/07/29/comment-est-organise-l-islam-de-
france_4976389_4355770.html
18
https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/02/16/emmanuel-macron-annonce-mettre-fin-au-conseil-
francais-du-culte-musulman_6162094_3224.html
19
C.Chesnot et G.Malbrunot, Qatar Papers, 2019, Michel Lafon
20
Institut français des relations internationales, étude de 2018.
auteur de l’attentat d’Arras en octobre 2023 est un migrant ingouche arrivé en France
en 2008. Abdoullah Anzorov, l’assassin du professeur Samuel Paty est un jeune
tchétchène, arrivé en France en 2020. Brahim Aissaoui, auteur de l’attentat de la
basilique Notre Dame à Nice, est un Tunisien arrivé en France en 2020 également.
Abdallah Ahmed-Osman, auteur de l’attentat de Romans sur Isère, est un migrant
soudanais. Le lien entre l’immigration et le terrorisme est donc clair. Mais, le
gouvernement et les médias, par idéologie, refusent de reconnaître cette relation et
ne font donc rien pour agir. Car aujourd’hui, l’Etat français ne contrôle pas
l’immigration. La France accueille chaque année 400 000 immigrants légaux21,
auquel il faut ajouter le nombre de clandestins (Ils seraient aujourd’hui un million en
France)22. L’Etat n’a donc aucun contrôle sur les individus qui arrivent en France. Et il
peine à expulser les clandestins. Seulement 12% des obligations de quitter le
territoire français (OQTF) sont réellement effectuées, les pays d’origine des migrants
refusant de reprendre leurs ressortissants23. Pour réussir à endiguer l’immigration et
donc de fait réduire la menace terroriste en France, il conviendrait de mettre en place
une politique d’envergure. Premièrement, le rétablissement d’un contrôle aux
frontières, qui permettrait d’envoyer un signal symbolique fort, tout en réduisant le
nombre d’arrivées. Ensuite, il faudrait baisser drastiquement le nombre de titres de
séjours distribués par le gouvernement. Une autre action nécessaire est le renvoi
systématique des migrants clandestins dans leur pays d’origine. Car si l’immigration
pose aujourd’hui un problème, c’est par son nombre qui empêche toute tentative
d’assimilation. Une immigration régulée et faible permettrait de faire baisser le
terrorisme, mais également de garantir aux personnes immigrées un meilleur accueil.
21
Données annuelle Insee 2021.
22
Patrick STEFANINI, Immigration. Ces réalités qu’on nous cache, Robert Laffont, 2020, 330 p.
23
Projet de loi de finances pour 2020 : Immigration, asile et intégration, Rapport général n° 140 (2019-2020),
tome III, annexe 16.
24
Enquête de l’institut CSA 2014.
répondre par des moyens concrets comme la lutte contre l’immigration ou la
fermeture de mosquée. La France doit renouer avec son identité, retrouver ses
racines et ses valeurs pour s’opposer au danger de l’islam radical. Le gouvernement
a bien compris cet enjeu auquel il va tenter de répondre avec la création d’un contre
discours républicain. Mais le gouvernement se fonde sur la république, qui est une
construction récente et auquel seul 44% des français se disent attachés 25. Or, l’islam
radical n’a pas déclaré la guerre à la république comme l’affirme Gérald Darmanin,
mais à la France. Il serait donc, selon nous, essentiel de fonder cette politique
publique sur la France, ses 1500ans d’Histoire mais également sur la religion
chrétienne qui a construit le pays que nous connaissons. C’est en faisant de la
France un pays fier de son identité que nous pourrons combattre l’islam radical sur
son propre terrain. Il faudrait donc mettre en place une politique qui promeut
l’identité française dans la société. Ceci passerait notamment par l’enseignement, qui
aurait (entre autres), pour objectif de rendre les jeunes français fiers de leur pays et
de son histoire. Le gouvernement pourrait également lancer dans les médias et la
société un contre discours promouvant l’identité française. Une politique
d’assimilation en direction des immigrés permettrait de mettre fin aux problèmes de
séparatisme et de communautarisme et verrait à terme l’avènement d’une France
unie autour de ses valeurs. La langue, la gastronomie, l’Histoire, la culture sont
autant de composants d’une culture française exceptionnelle que l’Etat devrait
valoriser et investir.
25
https://www.europe1.fr/politique/seuls-44-des-francais-se-disent-attaches-a-la-veme-republique-3770897
Bibliographie
Ouvrages