Vous êtes sur la page 1sur 14

CHAPITRE 3 : LES PROVINCES HYDROGÉOLOGIQUES DE

LA CÔTE D’IVOIRE

En Afrique de l’Ouest il existe en tout trois grands types de provinces hydrogéologiques en fonction
de la nature lithologique des terrains :
- la province des vieux bassins sédimentaires ; la province des bassins récents ;
- la province du socle cristallin et cristallophyllien.
Toutes ces provinces contiennent des réserves d’eau qui se développent dans les aquifères de nature
variée. En Côte d’Ivoire, les aquifères ou réservoirs d’eaux souterraines se rencontrent respectivement
dans les formations de bassins sédimentaires côtiers, les horizons d’altérites au toit du socle, les séries
volcano‐sédimentaires et les granito‐migmatites. Les ressources en eau souterraine sont
principalement utilisées pour l’approvisionnement en eau potable (AEP) des populations rurales.

3.1. Provinces du bassin sédimentaire

En ce qui concerne le milieu du bassin sédimentaire côtier de la Côte d’Ivoire, il est constitué de trois
différents aquifères (Quaternaire, Tertiaire et Crétacé Supérieur) qui sont généralement superposés et
discontinus (Figure 1). D’après l’analyse du log hydrogéologique, il est possible d’affirmer qu’il
existe de rares possibilité d’interconnections verticales entre ces aquifères.

Figure 1. Log hydrogéologique des aquifères du bassin sédimentaire côtier de la Côte d’Ivoire
1
3.1.1. Nappes phréatiques du Quaternaire
3 -5
En Côte d’Ivoire, leur perméabilité varie de 10- à 4.10 m.s-1, leur débit varie de 2 - 22 m3.s-1 et elles
se développent dans les formations de l’Oogolien et du Nouakchottien. Il s’agit de sables fins qu’on
trouve dans les cordons littoraux et dans les zones côtières : Treichville, Marcory, Koumassi, Port-
Bouët, etc. Dans cette nappe, l’eau se rencontre entre 3 – 4 m dans le sable. La nappe est beaucoup
sollicitée dans les activités domestiques des bidonvilles et dans certaines activités accessoires comme
la prière à la mosquée, le lavage d’auto, l’élevage de porcs et de volaille, la fabrication de briques,
l’arrosage de jardin et de fleurs, etc. Ces aquifères sont captés au bord du canal de Marcory,
Anoumanbo; on en trouve aussi au terminus de la SOTRA (à côté de l’INJS) mais cette eau est de
qualité mauvaise parce que très exposée aux pollutions urbaines et en contact direct avec les eaux de
lagune.

3.1.2. Nappe du Continental Terminal

Cette nappe se développe dans les formations mio-pliocène et elle alimente la ville d’Abidjan en eau
potable. L’aquifère est formé de sables grossiers et fluviatiles à passés d’argiles versicolores, on y
trouve également des sables argileux.
-3 -6 3 2
K = 10 - 10 m.s-1 ; Q = 7,2 – 338 m .h-1 ; T = 0,14 – 20 m .s-1
S = 0,05 – 2 ; pH = 4,3 - 4,5.
Il s’agit d’une eau acide qui doit être préalablement traité à la chaux et à l’hypochlorite de sodium
avant sa distribution.

3.1.3. Nappe du Maastrichtien

Vers le bas, la nappe du Continental Terminal repose sur les bancs fissureux de calcaires
gréseux à gros grains de quartz érodés au-dessus des niveaux coquilleux (bancs calcaires du
Maestrichtien) d’âge Crétacé supérieur. C’est une nappe située à 200 m de profondeur. Le réservoir
est un biseau qui s’insère au Nord de la faille de bordure du bassin sédimentaire côtier, entre le socle
et les sables du Continental Terminal dont il n’est pas vraiment séparé En Côte d’Ivoire, précisément
à Abidjan, un forage, celui de la SADEM (eau minéral AWA) à Locodjro, d’une profondeur totale de
191 m, atteint cet aquifère.
Résumé
Les aquifères du bassin sédimentaire de Côte d’Ivoire présentent des caractéristiques
remarquables en termes de lithostratigraphie, tectonique, monoclinalité des terrains et de variation
spatiale des épaisseurs (Tableau I).

2
Tableau 1. Typologie et hydrodynamique des aquifères côtiers de la Côte d’Ivoire

3.2. Province hydrogéologique du socle cristallin et cristallophyllien

Dans ce socle, on trouve généralement trois types de nappe :


- la nappe des altérites ;
- la nappe des séries volcano-sédimentaires ;
- la nappe des granito-migmatiques.

Figure 2. Schéma d’une « fosse d’altération » sur substratum granitique (d’après


Burgéap, 1974)

3.2.1. Nappe des altérites

Elle se développe dans les aquifères provenant des produits d’altération de la roche mère. On
distingue deux grands types d’altérites dans nos régions : les altérites se développant sur les schistes et
les altérites se développant sur les granitoïdes.
3
Normalement les schistes sont des formations imperméables quand les plans de schistosité sont
horizontaux. Mais dans les sillons birimiens de Côte d’Ivoire, les schistes sont redressés à la verticale,
ce qui facilite l’infiltration des eaux dans les plans de schistosité. Aujourd’hui les schistes sont les
formations les plus altérées en Afrique de l’Ouest dans lesquelles l’épaisseur du profil d’altération
atteint 30-50 m en moyenne pour l’Afrique de l’Ouest et de 80-100 m dans la boucle du cacao en Côte
d’Ivoire. C’est une grande nappe exploitée par des puits.
Sur les granitoïdes, le profil d’altération est beaucoup plus compliqué et comporte sept niveaux.
Les aquifères altéritiques sont les mieux connus de tous, des paysans comme des foreurs. Pendant
longtemps ils étaient les seuls captés parce qu’on pensait que le socle cristallin ne pouvait pas contenir
de l’eau, mais aujourd’hui on s’est rendu compte que c’est totalement le contraire. Les nappes
altéritiques sur granitoïdes sont moins développées que leur homologue sur schiste car le profil
d’altération ne présente que 20 m en Afrique de l’Ouest et 50 m en Côte d’Ivoire mais l’exploitation
des nappes altéritiques est en régression parce que les eaux se trouvent à des profondeurs très grandes
20 - 25 mm sous le sol avec une colonne d’eau toujours très faible 5 m en moyenne, alors la
profondeur des puits modernes ne dépasse pas 30 m. Ce qui montre que ce captage ne donne qu’une
faible quantité d’eau.
Dans le nord de la Côte d’Ivoire, 85 % des ouvrages dans les nappes altéritiques affichent une baisse
importante de leur niveau après une exploitation d’environ 15 ans, alors que dans le cas des forages,
les prélèvements n’ont aucune incidence significative sur les réserves d’eau ce qui montre que la
nappe de fissure est très stable. C’est pourquoi à l’heure actuelle, tous les ouvrages en hydraulique
villageoise sont orientés vers le captage des nappes de fissure.

3.2.2. Nappe des séries volcano-sédimentaires

La série volcano-sédimentaire a une dominance schiste-grèseuse. On la trouve dans les confins ivoiro-
ghanéens et guinéo-maliens ; c’est le birrimien ou précambien moyen dont le profil d’altération est
généralement grand. C’est un niveau très hétérogène lié à l’alternance des schistes avec des grès, avec
des arkoses avec des conglomérats, avec des grauwacks, et avec des tuffites. Il existe également dans
ce niveau des petits filonnets de quartz. Cette série dessine des plis isoclinaux dont les flancs sont
redressés à la verticale. Les Roches sont affectées par plusieurs schistosités qui augmentent la porosité
de l’ensemble.
C’est pourquoi, les séries les plus schisteuses peuvent donner les grands réservoirs du fait d’une
porosité de fracture mais souvent les réserves sont limitées à cause de la faible perméabilité du
matériau.
Dans les cas où il y a des intercalations détritiques et volcano-détritiques ou des filons de quartz qui
jouent le rôle de grès, la qualité du réservoir s’améliore considérablement.
4
3.2.3. Nappe des séries des granito-migmatitiques

Ce sont des aquifères les plus répandus de point géographique. On en trouve dans la partie occidentale
du craton Ouest africain (domaine Kénema - Man, domaine Mossi, en bordure de l’Afrique centrale).
L’épaisseur d’altération y est plus faible de même que les potentialités hydrauliques mais la qualité du
réservoir peut être améliorée par la présence d’intenses réseaux de fractures à condition que ces
fractures ne soient pas colmatées.
Tous ces aquifères sont captés par toute une série d’ouvrage comme les puisards (22 m), les puits
paysan (5-10 m), les puisatiers Maliens, les puits modernes (30 m) par les machines appelées calwed
dont le diamètre varie de 1-2 m. Le puits est muni d’un regard. L‘eau est prise à l’aide d’un seau, les
forages (10 m) creusés par des calwed avec des marteau-pilons de diamètre 6 pouces (= 3-5 cm
environ).
Résumé
La fracture reste le point privilégié de pénétration d’eau dans une roche cristalline originellement compacte
et imperméable. En effet, dans une roche comme le granite, l’eau ne pénètre et ne circule dans la roche que
grâce à des réseaux de fractures. La fracture reçoit et conduit l’eau d’un point à un autre dans la roche: on
dit qu’elle joue une fonction conductrice ou drainante.
Cependant, alors que cette fonction drainante est souvent très développée, la fonction capacitive des
fractures reste parfois très limitée, c’est-à-dire que la capacité d’une fracture à contenir de l’eau ou le
volume d’eau qu’une fracture peut contenir est toujours faible. Et, cela est dû à deux raisons
fondamentales:
- ou bien la fracture est inclinée et de pente forte, de sorte qu’elle devient le siège d’un potentiel de flux ou
d’un écoulement permanent. Dans ce cas, les ouvrages qui captent une telle fracture ne fourniront que des
débits assez modestes;
- ou bien le produit d’altération remplissant cette fracture n’est pas du sable perméable, mais des
argiles imperméables. Dans ce cas, même un niveau d’altération développé au-dessus d’une telle fracture
reste stérile et sans eau.
En Côte d’Ivoire, on a recensé 4 principales directions tectoniques:
- la direction: Nord-Sud appelée direction méridienne
- la direction Est-Ouest: direction sans nom
- la direction Nord Est - Sud Ouest: appelée direction éburnéenne ou direction birimienne.
- la direction Nord Ouest - Sud-Est: appelée direction libérienne.
Les accidents sont fréquents depuis le nord de la Côte d’Ivoire jusqu’au Sahel. Au sud de la Côte d’Ivoire,
la faille des lagunes de direction N 80 est la plus grande manifestation de cette direction.

5
Les directions N80 - 100 sont connues depuis l’orogenèse panafricaine. Mais on pense que la plupart
d’entre elles est apparue au Crétacé inférieur surtout celle du bassin sédimentaire Côtier qui s’est formé au
moment de l’ouverture de l’Atlantique. Certains auteurs pensent que ces failles ont rejoué au Crétacé
supérieur et à l’Eocène.
.Aujourd’hui, tous les spécialistes en sciences de l’eau opérant dans le socle cristallin sont convaincus d’un
même principe de base: c’est que le couple fracturation - altération joue un rôle primordial dans la
recherche de l’eau en milieu fissuré. C’est pourquoi l’étude de ce couple constitue l’objectif principal des
recherches d’eau en milieu de socle.

6
CHAPITRE 4 : TECHNIQUE DE RÉALISATION DES
OUVRAGES DE CAPTAGE

Qu’il s’agisse d’un puits ou d’un forage, d’un point d’eau à utilisation humaine ou agropastorale,
l’implantation rationnelle d’un nouvel ouvrage exige un certain nombre d’investigations
hydrogéologiques comme d’ordre politico-économique et humain. En somme il faut acquérir une
bonne connaissance des ressources en eau régionales ou locales mais aussi des besoins des habitants.

4.1. Exploration et reconnaissance des zones favorables

4.1.1. Études cartographiques


L’utilisation de la cartographie géologique et hydrogéologique permette d’avoir des informations
concernant les caractéristiques (nature et qualité) de l’aquifère et des différentes formations où se
trouve. Ces informations sont en particulier : l’endroit et l’étendue de l’aquifère, le type de la nappe
(libre, captive, semi captive) ; la structure de l’aquifère (fissures, failles…etc.) ; la structure des
limites : toit et substratum ; la liaison et les relations avec les écoulements de surface (cours d’eau,
plan d’eau…etc.)
a)Cartes hydrogéologiques
Les données obtenues par études géologiques et structurales conduisent à la réalisation des cartes et
coupes hydrogéologiques. Ces coupes hydrogéologiques sont élaborées par la superposition sur des
coupes géologiques, des données de l’écoulement souterrain (la surface piézométrique, la surface
d’alimentation directe ou indirecte, le drainage et les pertes en surface et en profondeur).
b) Cartes structurales
Les cartes structurales dont leur but est de présenter les formations perméables (réservoir), sont
élaborées par la synthèse des données géologiques, des conditions aux limites et des paramètres
hydrodynamiques (perméabilité, pente, vitesse, gradient hydraulique). Ce type de cartes permet
d’établir la carte isohypse (d’égale altitude), la carte isobathe (d’égale profondeur), et la carte
isopaches (d’égale épaisseur de l’aquifère).
c) Cartes piézométriques
L’analyse carte piézométrique vise le tracé des lignes de courant et l’indication sur elles le sens
d’écoulement ; dont des courbes fermées traduisent des dômes (sommets) caractérisant des zones
d’alimentation, ou bien des dépressions des zones de captage. Des ruptures de la piézométrie peuvent
être le résultat de présence d’accidents tectoniques. Des accidents sont souvent associés à des
alignements de sources artésiennes.

7
L’analyse des fluctuations temporelles de la piézométrie des nappes libres donne des informations sur
la recharge par infiltration, sur la réserve disponible et sur les niveaux et débits d’étiage des cours
d’eau.
D’autres cartes sont encore utiles : la carte topographique, la carte hydrologique, la carte pédologique
et la carte d’occupation de sol.
d) Photos aériennes
La photographie aérienne peut fournir des informations qui ne peuvent pas être directement observées
sur le terrain ; certaines failles et anciens lits de rivières. Elle forme aussi un moyen efficace pour
l’identification et l’analyse des fractures, qui constituent des lignes naturelles d’une taille infra-
kilométrique sur la photo aérienne, les traces linéaires dont la largeur dépasse l’ordre de kilomètre
sont appelées linéaments ; qui représente fréquemment des zones de grande perméabilité. Elle indique
aussi des informations essentielles pour l’implantation des forages et puits.
e) Télédétection
Réalisée par des images satellitaires, elle permet le traitement numérique des images pour mieux
systématiser et simplifier le traitement de l’information, et en même temps la reconstitution de
documents à des échelles différentes. Elle permet encore l’identification des structures géologiques et
des matériaux de surface, l’identification des zones humides (résurgences, affleurements de nappes,
zones de recharge), et l’obtention et la mise à jour de l’occupation de sol pour l’évaluation de la
vulnérabilité des nappes.

4.1.2. Méthodes géophysiques


Les méthodes géophysiques consistent à effectuer depuis la surface du sol, des mesures de paramètres
physiques dont l’interprétation permet d’imaginer la nature, la structure et les caractéristiques du sous-
sol.
Les informations recherchées par ces méthodes sont : l’épaisseur et la nature du recouvrement ; la
présence et la nature des zones fissurées ; l’existence des fractures ; la profondeur du substratum ; la
localisation et les caractéristiques de l’aquifère.
Il existe de nombreuses géophysiques : (Prospection par sismique de réfraction ; Prospection
électrique ; la Diagraphie ; Méthodes VLF (very low frequency) ; TDEM (time domain electro
magnetism) ; La RMP (résonance magnétique des protons) ; Méthode gravimétrique).

4.1.3. Sondages (forages) de reconnaissance


Les sondages de reconnaissances sont des puits de petit diamètre de l’ordre de 6 à 8 cm ; dont leur
réalisation et équipement est similaires à ceux des forages d’exploitation. Les sondages (forages) de
reconnaissance permettent de vérifier les hypothèses émises et apportent des informations

8
indispensables (investigation, mesures et essais, prélèvement, d’échantillons d’eau et de sol,
observations périodiques) comme ils permettent d’effectuer des diagraphies et des essais de pompage.

4.2. Facteurs influençant le choix du site et le type d’ouvrage

4.2.1. Facteurs politiques et socio-économiques


Selon le but recherché, un projet ou un programme de gouvernement (santé, éducation, abduction
d’eau potable) peut imposer le choix du site et surtout le type d’ouvrage. Ainsi en matière d’hygiène
ou de santé, un projet humanitaire donné imposera le forage. Pour des raisons financières, un projet
peut choisir le puits au détriment du forage pour avoir beaucoup plus d’ouvrages. Dans le domaine
agricole, un village répondant aux exigences d’un programme donné peut bénéficier d’un ouvrage au
détriment d’un autre même plus grand et plus peuplé qui ne participe pas au projet. Selon le débit
escompté ou l’usage de l’ouvrage (domaine rural, domaine urbain, domaine industriel), on préférera
tel type d’ouvrage ou tel autre type.

4.2.2. Facteurs humains


Un puits ou un forage n’est pas seulement un ouvrage technique. Il est d’abord destiné à satisfaire les
besoins d’homme déterminés en un point donné. Par conséquent, la consultation des habitants est
particulièrement importante surtout quand il s’agit d’ouvrage d’alimentation en eau potable.
L’ouvrage doit servir à la totalité de la population ; c'est-à-dire se situer dans un lieu public libre
d’accès et non dans une concession privée (chef du village, député, maire...). Si l’ouvrage doit
desservir deux villages, il est souhaitable de l’implanter à égale distance de ceux-ci. Suivant que la
collectivité est purement rurale ou également pastorale, l’ouvrage sera placé dans le village à
l’intérieur ou dans la proche périphérie, soit à l’extérieur du village pour éviter les inconvénients dus à
la fréquentation des animaux. Si techniquement l’ouvrage peut être construit n’importe où, c’est au
représentant des villages que devra être laissé le soin d’en déterminer l’emplacement. Dans le cas
contraire on devra indiquer les sites favorables parmi lesquels les représentants choisiront.

4.2.3. Types d’aquifères et problèmes de pollution


Le choix du puits s’impose lorsqu’on désire exploiter les aquifères des altérites. Le puits est le moyen
le plus utilisé par les populations rurales pour se doter de points d’eau personnels et à faible cout. Le
forage est généralement utilisé pour l’exploitation des aquifères profonds des terrains sédimentaires et
des aquifères de fissures. Les problèmes de pollution imposent dans la majorité des cas, la réalisation
des forages au détriment des puits.

9
4.3. Techniques de forages

Pour forer à travers les différents types de formations (sols), de nombreuses techniques de forage
manuel et mécanique ont été développées et sont utilisées de par le monde. Dans tous les cas, la
technique de forage doit : casser ou couper la formation, dégager les matériaux coupés (le sol) du trou,
et si nécessaire, fournir un support aux parois du trou, pour éviter qu’il ne s’effondre pendant le
forage.
Les puits creusés à la main se font à l’aide de l’outillage élémentaire voir rudimentaire (pelles,
pioches, seaux ou brouettes, etc.) et surtout de la force physique de celui ou de ceux qui creusent. Ils
peuvent être intéressants dans des formations peu perméables, du fait de leur capacité à stocker l’eau
qui s’infiltrera durant la nuit. Ici on parlera plus de « creusage manuel » que de forage proprement dit.
Cependant, le débit journalier pourra être faible. Les coûts et qualités de ce puits sont par ailleurs très
variables.

4.3.1. La technique de Battage


Elle consiste à soulever un outil très lourd (trépan) et le laisser retomber sur la roche à perforer en
chute libre. Le forage par battage ne nécessite pas de circuit d’eau ou de boue, et seul un peu d’eau au
fond de forage suffit.
Il est tout indiqué pour les terrains durs surtout lorsque le terrain dur est en surface comme en terrains
karstiques ou fissurés.
Le battage se produit par le mouvement alternatif d’un balancier actionné par un arbre à came (ou bien
un treuil : cylindre horizontal). Après certain avancement, on tire le trépan et on descend une curette
(soupape) pour extraire les déblais (cuttings). Pour avoir un bon rendement, on travaille toujours en
milieu humide en ajoutant de l’eau au fond de trou. Le foreur de métier garde une main sur le câble et
l’accompagne dans sa course, ce qui lui permet de bien sentir l’intensité des vibrations sur le câble ; et
lorsque le fond de trou est encombré par les débris, celui-ci sera nettoyé par soupapes à piston ou à
clapet.
Parmi les machines de battage on cite : les machines de type Beneto, et Dando Buffalo 3000.
Cette technique présente différents procédés de battage.
 Procédé Pennsylvanien (procédé à câble) : où le trépan est à accrocher directement au câble
sous une masse tige (tige très lourde).
 Procédé Canadien : dans ce cas, le trépan est fixé sous un train de tiges pleines.
 Procédé Raky (s’appelle aussi battage rapide) : utilise des tiges creuses avec circulation d’eau.

10
Figure 3. Battage à tiges « technique canadienne »
Avantages du battage :
-investissement moins important ; énergie dépensée faible ; facilité de mise en œuvre ; pas de boue de
forage ; récupération aisée d’échantillons ; nécessite moins d’eau (40 à 50 l/h) et de n’importe quelle
qualité ; la détection de la nappe même à faible pression est facile : la venue de l’eau à basse pression
se manifeste directement dans le forage sans être aveuglée par la boue ; pas de problèmes dans des
zones fissurées (risque lié à la perte de boue).
Inconvénients du battage :
-le forage s’effectue en discontinue (forage puis curage de cuttings et ainsi de suite) ; forage lent ;
difficultés pour équilibrer les pressions d’eau jaillissante ; absence de contrôle de la rectitude ; pas de
possibilité de faire le carottage.

11
4.3.2. La technique Rotary
La technique rotary est utilisée spécialement dans les terrains sédimentaires non consolidés pour les
machines légères, mais les machines puissantes de rotary peuvent travailler dans les terrains durs
(pétroliers). Un outil appelé trilame (tricône) est mis en rotation depuis la surface du sol par
l’intermédiaire d’un train de tiges. L’avancement de l’outil s’effectue par abrasion et broyage (deux
effets) du terrain sans choc, mais uniquement par translation et rotation (deux mouvements). Le
mouvement de translation est fourni principalement par le poids des tiges au-dessus de l’outil. La
circulation d’un fluide (liquide visqueux : la boue) permet de remonter les cuttings à la surface. La
boue est injectée à l’intérieur des tiges par une tête d’injection à l’aide d’une pompe à boue, et
remonte dans l’espace annulaire en mouvement ascensionnel, en circuit fermé sans interruption.

Figure 4. Outils de coupe : tricônes.


La boue tapisse les parois non encore tubées et les maintiens momentanément en attendant la pose de
tubage. Un accroissement du volume de boue est l’indice d’une venue de fluide souterrain dans le
forage (eau, huile, gaz).
12
Une perte de volume indique une zone fissurée ou dépressionnaire (vide). Le forage en perte de
circulation peut être dangereux pour la ligne de sonde et l’ouvrage.
Le dépôt de la boue qui recouvre les parois d’une formation aquifère de faible pression peut gêner la
détection de cette formation.
Parmi les machines de rotary on cite : AcF-PAT 201, AcF-PAT 301, AcF-PAT 401, Eureka, Dando,
Stennuik BB.

4.3.3. La technique de la circulation inverse (rotary à circulation inverse)


Le forage rotary est généralement limité au diamètre 619 mm (24’’), au-delà de celui-ci, les
rendements sont moins bons et le coût des pompes à boue nécessaires pour assurer le nettoyage du
forage devient prohibitif.
La méthode de la circulation inverse permet au contraire, de forer en diamètres varié de 0,6 m à 2,5m
et plus. Dans ce cas, on utilise un trépan spécial (à tête plate) avec insertion de plaquettes de métal dur
et un nombre suffisant de masse tiges pour assurer une charge importante sur le trépan.
La circulation inverse consiste à l’injection du fluide de forage dans l’espace annulaire, et la remontée
des cuttings se fait dans les tiges de gros diamètres.
La circulation inverse peut être assuré par :
-soit par aspiration du mélange eau- cuttings à travers le train de tiges par une pompe d’aspiration
(pompe centrifuge) ;
-soit par utilisation de l’air comprimé, qui consiste à alléger l’eau ou la boue par injection de l’air
comprimé provoquant la remontée du mélange eau-cuttings à travers les tiges de gros diamètres.
Avantage :
-La perméabilité de la formation autour du trou est peu perturbée par le fluide de forage.
-les forages de grands diamètres sont exécutés rapidement et économiquement
-pas de tubage pendant la foration
-facilité de mise en place de la crépine
-bons rendements dans les terrains tendres
-consommation de l’énergie économique
Inconvénients :
-nécessite beaucoup d’eau
-nécessite un grand investissement (matériel très importants)
- seul les sites accessibles peuvent être forés avec ce matériel lourd.

4.3.4. La technique marteau fond de trou (MFT)


Cette technique permet de traverser des terrains durs. Le principe repose sur : un taillant à boutons en
carbure de tungstène, fixé directement sur un marteau pneumatique, est mis en rotation et percussion
13
pour casser et broyer la roche du terrain. Le marteau fonctionne comme un marteau piqueur, à l’air
comprimé à haute pression (10 à 25 bars) qui est délivré par un compresseur, et permettant de
remonter les cuttings.
Cette technique est surtout utilisée dans les formations dures car elle permet une vitesse de perforation
plus élevée que celles obtenues avec les autres techniques. Elle permet de forer habituellement des
trous de 85 à 381 mm. Parmi les machines MFT on cite : AcF-PAT 301, AcF-PAT 401, Dando,
Stennuik BB.
Avantage :
-elle très intéressante dans les pays où l’eau est très rare.
-mise en œuvre rapide et simple.
-permet de détecter la présence d’un aquifère lors du forage.

4.3.5. La technique ODEX


Identique à la technique marteau fond de trou avec tubage à l’avancement permet de forer avec la
méthode marteau fond de trou dans un contexte géologique peu stable. Elle permet de forer dans des
terrains à mauvaise tenue nécessitant un tubage de protection. La perforation est assurée par un taillant
pilote surmonté d’un aléseur excentrique permettant d’avoir un trou de diamètre supérieur au diamètre
du tubage de revêtement. Ce système permet au tube de revêtement de descendre dans le trou sans
rotation à la suite de l’aléseur.

4.3.6. La technique de Havage


C’est une technique d'extraction consistant à creuser des entailles parallèlement au plan de
stratification des roches pour les détacher plus facilement ; utilisée en génie civil pour l’exécution de
pieux forés en gros diamètres, et aussi pour exécuter des forages d’eau.
Le forage peut être effectué :
-soit par bennes à coquilles : où l’attaque du terrain se fait au moyen d’une benne circulaire munie de
coquilles ouvertes qui percutent le sol comme un trépan remonte les déblais.
L’ouverture et la fermeture des coquilles sont commandées par câble. Ce matériel permet des forages
de profondeurs de 70 à 80 m pour des diamètres de 600 mm à 1,2 m dans des terrains alluvionnaires.
-soit par outils en rotation : ce système de perforation travaille au moyen d’un outil d’extraction
circulaire avec un fond verrouillé muni de dents et agit par rotation jusqu’à ce qu’il soit plein de
matériaux. L’outil est extrait et le déverrouillage du fond de l’outil permet de vider rapidement celui-
ci. Ce matériel permet d’effectuer des forages de 35 à 40 m de profondeur en des diamètres de 0,5 à
1,3 m.

14

Vous aimerez peut-être aussi