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Définition de Plan Marshall

Le Plan Marshall ou European Recovery Program (ERP) est le plan élaboré en 1947
et adopté par une loi en avril 1948 par les Etats-Unis pour aider la reconstruction de
l'Europe après la Seconde Guerre mondiale.

Après la capitulation allemande, jusqu'en 1947, la politique des alliés de réduction des
capacités de production de l'industrie allemande empêchait le redémarrage de l'économie en
Europe, ce qui conduisit le Président Harry Truman à modifier la politique américaine et à
retenir le plan proposée par le secrétaire d'Etat américain, le général George C.
Marshall (1880-1959) dont il tire son nom. L'option de faire payer les réparations de guerre
par l'Allemagne fut écartée à cause des conséquences désastreuses d'un tel choix après la
Première Guerre mondiale (hyperinflation, entrave de la reprise économique, prise du
pouvoir par des régimes autoritaires).

Le Plan Marshall fut refusé pour le bloc des pays de l'Est par Staline qui le considérait
comme une menace. Sa mise en oeuvre s'étala sur quatre années de 1948 à 1951.
L'objectif était de relever le plus rapidement possible le niveau de vie des pays européens
afin d'écarter la menace d'un vote en faveur des partis communistes, notamment en France
et en Italie.

Montant et répartition de l'aide :


13,3 milliards de dollars, dont 11,8 de dons et 1,5 de prêts.
Principaux bénéficiaires : Grande Bretagne : 24%, France : 20%, Italie : 11%, Allemagne de
l'Ouest : 10%, Pays Bas : 8%, Grèce : 5%, Autriche : 5%, Belgique et Luxembourg : 4%, etc.

Mise en oeuvre :
La répartition de l'aide est effectuée par l'Organisation européenne de coopération
économique (OECE), créée à cet effet, devenue aujourd'hui l'OCDE.

Un crédit attribué par les Etats-Unis à un Etat européen "servait à payer des
importations en provenance des États-Unis. L'État européen bénéficiaire encaissait,
en monnaie locale, le produit des ventes de ces importations sur
son marché national, ainsi que les droits de douanes afférents. Parallèlement cet Etat
devait octroyer à des agents économiques nationaux (entreprises ou administrations)
des crédits destinés à des investissements d'un montant deux fois supérieurs au
crédit qu'il avait lui-même reçu. L'État bénéficiaire devait en outre faire la preuve qu'il
autofinançait sa part, sans recourir à la création monétaire. Par ce montage, les
États-Unis encourageaient un effort significatif d'équipement et d'épargne en
Europe." (Wikipédia)

Contreparties à l'aide apportée :


Les Etats-Unis exigèrent que :

 Les pays européens répartissent eux-mêmes les dépenses de reconstruction au


moyen de l'OECE,
 L'argent accordé serve à acheter des produits américains,
 Les dettes contractées par le pays recevant l'aide soient émises en or ou son
équivalent en dollars,
 Les bases du capitalisme libéral soient restaurées.
Apports du plan Marshall :

 Reconstruction européenne relativement rapide.


 Forte croissance du PNB des pays d'Europe de l'Ouest : +32% de 1948 à 1951.
 Contribution à la coopération européenne via l'OECE.

critiques faites au Plan Marshall

 L'aide américaine pouvait ralentir la transformation d'une économie planifiée vers une
économie de marché dans les pays européens ;
 La reconstruction des pays développés était plus facile (infrastructure existante
significative, main d'oeuvre qualifiée) que le développement des pays du tiers-
monde ;
 Le caractère impérialiste du Plan Marshall visant à "satelliser" les pays d'Europe de
l'Ouest, à les mettre sous tutelle économique et culturelle ;
 La croissance dans de nombreux pays européens était déjà revenue avant l'arrivée
massive de l'aide américaine.

Par extension, on utilise l'expression Plan Marshall pour qualifier un plan de grande ampleur
pour faire face à une situation d'urgence économique et humanitaire.

Le plan Marshall (après son élaboration, il est officiellement appelé « Programme de


rétablissement européen », en anglais : European Recovery Program, ou ERP), ou Foreign
Assistance Act of 1948, est un programme américain de prêts accordés aux différents États
d'Europe pour aider à la reconstruction des villes et des installations bombardées lors de
la Seconde Guerre mondiale. Ces prêts sont assortis de la condition d'importer pour un montant
équivalent d'équipements et de produits américains. En quatre ans, les États-Unis prêtent à
l'Europe 16,5 milliards de dollars (l'équivalent de 173 milliards de dollars en 2020), soit plus de
10 % du PIB des pays concernés.
Le gouvernement de Truman le préfère au plan Morgenthau qui prévoit alors de faire payer les
réparations par l'Allemagne. En effet, plusieurs experts[Qui ?] considèrent qu'après la Première
Guerre mondiale, la question des réparations allemandes contribue à la création d'un sentiment
d'injustice et avait facilité la prise du pouvoir par les nazis.
L'initiative est baptisée, par les journalistes, du nom du secrétaire d'État des États-Unis, le
général George Marshall, qui, lors d'un discours à l'université Harvard (5 juin 1947), expose la
volonté du gouvernement fédéral des États-Unis de contribuer au rétablissement de l'Europe.
Ainsi dans ce discours, Marshall affirme :
« Il est logique que les États-Unis fassent tout pour aider à rétablir la santé économique du
monde, sans laquelle il ne peut y avoir aucune stabilité politique et aucune paix assurée. »
Les modalités du plan sont discutées lors de la conférence de Paris, lequel est finalement signé
par 16 pays le 20 septembre 1947.

Histoire[modifier | modifier le code]


Le général George Marshall en 1946.
Jusqu'en 1947, la politique des Américains consiste à réduire les capacités productives de
l'Allemagne, politique qui empêche la reprise européenne. Conseillé par le général Marshall et
d'autres personnalités officielles ou officieuses, le président Harry S. Truman fait modifier la
politique américaine. Le plan est présenté une première fois par le secrétaire d'État James F.
Byrnes au cours d'un discours tenu à Stuttgart le 6 septembre 1946. De plus, le général Lucius
D. Clay avait demandé au patron d'industrie Lewis H. Brown (en) de dresser un bilan de la
situation économique en Allemagne et d'évaluer les besoins de la reconstruction.
Le plan final est annoncé par Marshall le 5 juin 1947 à l'université Harvard, alors que celle-ci lui
décerne un doctorat honoris causa2. Jean-Claude Sergeant souligne que « paradoxalement,
l’événement passa presque inaperçu. Seuls trois correspondants de presse britanniques en
rendirent compte et c’est par hasard, en écoutant la BBC le lendemain, que Bevin eut
connaissance de cette proposition historique qui paraissait dénuée de toute arrière-pensée
idéologique »2.
« La vérité, c'est que les besoins de l'Europe pendant les trois ou quatre prochaines années en
vivres et en autres produits essentiels importés de l'étranger - notamment d'Amérique - sont
tellement plus grands que sa capacité actuelle de paiement qu'elle devra recevoir une aide
supplémentaire très importante ou s'exposer à une dislocation économique, sociale et politique
très grave. […] Il est logique que les États-Unis doivent faire tout ce qu'ils peuvent pour aider à
rétablir la santé économique du monde, sans laquelle la stabilité politique et la paix assurée sont
impossibles. »
— Discours de George Marshall, général et conseiller du président Roosevelt, 5 juin 1947.
Au Congrès, l'aile républicaine qui prône une politique isolationniste critique un plan qui décide
de dépenses massives à l'étranger mais cette opposition s'efface après le basculement de
la Tchécoslovaquie dans l'aire d'influence soviétique à la suite des événements du coup de
Prague. Truman signe le plan Marshall le 3 avril 1948. Sur le plan économique Charles
Kindleberger en fut un architecte clé3. Les États-Unis demandent aux États européens de
s'accorder entre eux au sein de l'OECE pour établir un plan de reconstruction. L'Administration
de coopération économique (ECA) est chargée d'examiner les projets de reconstruction en vue
d'accorder l'aide. Du côté soviétique, le Comecon ou CAEM est créé.
Entre 1947 et 1951, les États-Unis consacrent 16,5 milliards de dollars4 de l'époque (dont onze
milliards en dons) au rétablissement de 23 pays européens en réponse à l'Organisation
européenne de coopération économique (OECE, aujourd'hui l'OCDE). Le montant total de l'aide
correspondrait à entre 130 milliards et 230 milliards de dollars en 20125, soit environ 4 %
du PNB pendant cinq ans.
Les Américains ont ainsi contribué à la coopération européenne qui inscrit le plan Marshall en
partie dans la politique d'endiguement voulue par le président Truman6, prélude à la construction
européenne7.
La reconstruction européenne, relativement rapide, fut largement stimulée par l'aide américaine,
tandis que l'économie américaine évita ainsi la récession à cause d'une surproduction massive
qu'aurait pu entraîner la cessation des hostilités[réf. nécessaire].
Le plan Marshall a été rejeté par l'Union soviétique et les pays du futur bloc de l'Est. En
effet, Staline craignait que le plan Marshall ne serve à conquérir le glacis de sécurité de l'URSS.
L'URSS exerce en conséquence des pressions contre les pays qu'elle occupe et qui avaient
montré leur intérêt. L'insistance des États-Unis concernant la libéralisation économique des pays
bénéficiant du plan a certainement joué un rôle aussi, le libre-marché étant incompatible avec
une économie dirigée. Comme le précise la doctrine Jdanov, chaque État était amené à « choisir
son camp ». L'année 1947 est par cet aspect considérée comme le début de la guerre froide.
En 1949 commence le Comecon liant les pays de l'Europe de l'Est.
Une première aide financière parvint en Grèce et en Turquie en janvier 1947. Seize pays ont
accepté l'aide financière, plus l'Allemagne de l'Ouest à partir de 19496.
Entre 1948 et 1951, le PNB de l’Europe de l’Ouest a fait un bond de 32 % (passant de 120 à
159 milliards de dollars) ; la production agricole a augmenté de 11 % et la production industrielle
d'environ 40 %8.

Nature de l'aide[modifier | modifier le code]

Carte de l'Europe pendant la guerre froide


montrant les pays ayant reçu l'aide du plan Marshall.
Les milliards débloqués consistent en 85 % de dons et 15 % de prêts accordés par des banques
américaines avec une garantie des États-Unis. Le mécanisme retenu consistait à fournir un crédit
à un État européen. Ce crédit devait servir à payer des biens et services provenant des États-
Unis. L'État européen bénéficiaire encaissait, en monnaie locale, le produit des ventes de ces
importations sur son marché national, ainsi que les droits de douane afférents. Parallèlement cet
État devait octroyer à des agents économiques nationaux (entreprises ou administrations) des
crédits destinés à des investissements d'un montant deux fois supérieur au crédit qu'il avait lui-
même reçu (système de la contre-valeur). L'État européen bénéficiaire devait en outre faire la
preuve qu'il autofinançait sa part, sans recourir à la création monétaire, donc au moyen de l'impôt
ou en recourant à des banques. Par ce montage, les États-Unis encourageaient un effort
significatif d'équipement et d'épargne en Europe.
Les principales importations concernent les produits industriels (machines agricoles motorisées,
outillage, charbon) devant les produits agricoles (blés, maïs hybrides, tabac…)9.
Contrepartie prévisible : la plus grande facilité à se fournir en produits importés rendit de ce fait
plus difficile le développement de productions nationales concurrentes, et handicapa le
développement de quelques firmes (motos Gnome Rhône, scooters Terrot…). Toutefois, à
l'inverse, Ford transféra à la France ses activités de construction automobile, dont la
célèbre Vedette, dans l'entreprise Simca.

Motivations[modifier | modifier le code]

Enfants allemands sur l'île de Usedom en 1946.

Panneau indiquant l'aide du plan Marshall

à Recklinghausen en 1953. Médaille Commémorative 1982


du plan Marshall.

afficherCette section ne cite pas suffisamment ses sources (décembre 2017).


On trouve plusieurs types de motivation.
L'Europe est à reconstruire. Ses infrastructures ont beaucoup souffert. L'appareil productif a été
partiellement détruit ou surexploité et mal entretenu pendant les hostilités.
On meurt de froid et on ne mange pas à sa faim en Allemagne, les barrières économiques et les
restrictions de commerce avec ce pays forcent ses partenaires commerciaux habituels à détruire
des surplus agricoles. Il faut donc rétablir des circuits normaux et éviter que l'investissement ne
soit sacrifié à l'urgence d'alimenter les populations.
Il s'agit aussi de trouver des débouchés pour les produits américains. Les États-Unis ont connu
pendant la guerre une forte croissance liée à l'industrie de guerre et la question à l'étude
depuis 1941 à Washington est de savoir comment maintenir le plein emploi après la guerre. La
solution mise en place sera, via le plan Marshall de trouver des débouchés à l'étranger financés
par des prêts remboursables en dollars. Ces prêts sont émis via la banque mondiale et contrôlés
via le FMI (accords de Bretton Woods). La particularité de ces deux institutions est que les États-
Unis sont seuls à y avoir un droit de veto, ce qui leur permet de dicter leurs conditions, en
particulier, d'obliger les pays européens ruinés à accepter que des conditions soient liées aux
prêts du FMI. L'une des conditions de l'époque était que les dettes contractées par le pays
recevant cette aide ne soient plus émises dans la monnaie du pays mais en or ou son équivalent
en dollars dont le prix était de 34 $ l'once d'or. Ces prêts en dollars sont la garantie pour les
États-Unis de ne pas avoir de perte de valeur si les pays emprunteurs dévaluent ; d'autre part les
dollars dépensés pour acheter des produits autres qu'américains finiront toujours par revenir aux
États-Unis pour acheter des biens américains10.
Enfin la doctrine Marshall matérialise la crainte des Américains que les institutions démocratiques
occidentales ne s'effondrent au profit de l'URSS communiste. Par l'aide financière, les États-Unis
cherchent à prévenir l'accession au pouvoir des partis communistes en Europe de l'Ouest. Les
Américains estiment que la pauvreté de l'Europe, qui fait le lit du discours communiste, doit être
résolue.

Contexte : le bilan de la Seconde Guerre mondiale[modifier | modifier


le code]

Plan Marshall à Berlin-Ouest.


Article détaillé : Bilan de la Seconde Guerre mondiale.
En 1945, une grande partie du continent européen est ravagée par la guerre : les nazis ont pillé
les ressources de la France, de la Scandinavie et de l'Europe de l'Est. Les bombardements ont
réduit en cendres de nombreuses villes allemandes (Dresde, Cologne, Berlin…) ou polonaises
(Varsovie). Londres a subi la guerre aérienne à outrance et des centaines de milliers de
logements ont été détruits. En France, on ne compte plus les villes martyres (Le Havre, Brest…).
Une grande partie des canaux, des infrastructures portuaires, des ponts, des voies ferrées sont
hors d'usage. De nombreux civils sont sans-abri.
La situation des États-Unis est différente : le territoire américain n'a pas subi de dommages (à
part l'attaque de Pearl Harbor). L'agriculture, les réserves d'or et les infrastructures industrielles
de ce pays ne sont pas affectées et le pays avait vendu du matériel militaire dans le cadre du
« Cash and Carry », notamment à la France au début du conflit, ce qui contribua au relèvement
économique des États-Unis.

L'endiguement (doctrine Truman)[modifier | modifier le code]


Article détaillé : Doctrine Truman.
Selon le gouvernement américain de l'époque, la situation dramatique dans laquelle étaient les
Européens, aggravée par les hivers froids, constituaient le terreau favorable à l'implantation
du communisme. Les partis communistes italien et français remportaient en effet des succès
électoraux. La doctrine du président Harry S. Truman est fondée sur
l'endiguement (« containment ») du communisme déjà fortement implanté par la force des
armées soviétiques en Europe orientale.

Dépenses générales[modifier | modifier le code]


Allocation des dépenses[modifier | modifier le code]
Certaines informations figurant dans cet article ou cette section devraient être
mieux reliées aux sources mentionnées dans les sections « Bibliographie »,
« Sources » ou « Liens externes » (octobre 2014).
Vous pouvez améliorer la vérifiabilité en associant ces informations à des références à l'aide
d'appels de notes.

Le plan Marshall : Aide par pays et par


secteurs.

Assistance économique, du 3 avril 1948 au 30 juin 1952


(en millions de dollars de l'époque).

Pays Total (m. $) Dons (m. $) Prêts (m. $)

Autriche 677,8 677,8 --

Belgique-Luxembourg 559,3 491,3 68,0a


Assistance économique, du 3 avril 1948 au 30 juin 1952
(en millions de dollars de l'époque).

Pays Total (m. $) Dons (m. $) Prêts (m. $)

Danemark 273,0 239,7 33,3

France 2 713,6 2 488,0 225,6

Allemagne (RFA) 1 390,6 1 173,7 216,9b

Grèce 706,7 706,7 --

Islande 29,3 24,0 5,3

Irlande 147,5 19,3 128,2

Italie (incluant Trieste) 1 508,8 1 413,2 95,6

Pays-Bas (*Indonésie)c 1 083,5 916,8 166,7

Norvège 255,3 216,1 39,2

Portugal 51,2 15,1 36,1

Suède 107,3 86,9 20,4

Turquie 225,1 140,1 85,0

Royaume-Uni 3 189,8 2 805,0 384,8

Régional 407,0d 407,0d --


Assistance économique, du 3 avril 1948 au 30 juin 1952
(en millions de dollars de l'époque).

Pays Total (m. $) Dons (m. $) Prêts (m. $)

Total pour tous les


13 325,8 11 820,7 1 505,1
pays

Notes :

 a. Le total du prêt inclut 65 millions pour la Belgique et 3 millions pour le Luxembourg : le


détail de concession entre les deux pays ne peut pas être identifié.
 b. Inclut un prêt initial de 16,9 millions, plus 200 millions représentant une part partagée
proportionnellement des concessions converties en prêts aux termes d'un accord signé le 27
février 1953.
 c. Aides du plan Marshall aux Indes néerlandaises (Indonésie) prolongées aux Pays-
Bas avant le transfert de souveraineté du 30 décembre 1949. Les aides totales pour les
Indes néerlandaises sont de 101,4 millions (concessions 84,2 millions, prêts 17,2 millions).
 d. Inclut la contribution des États-Unis au fonds de l'Union européenne des
paiements (European Payments Union ou EPU, en anglais), 361,4 millions ; Compte de fret
général, 33,5 millions ; autorisations européennes d'assistance technique (multi-pays ou
régional), 12,1 millions.[réf. nécessaire]
De 1948 et 1951, l'aide américaine s'est élevée à treize milliards de dollars au total, c'est-à-dire
1,2 % du PNB des États-Unis6. Elle a permis à l'Europe occidentale de ne pas s'effondrer et à
l'économie américaine de rester prospère6.
L'Espagne franquiste et la Finlande sont exclus du plan Marshall en raison de leurs liens avec
l'Allemagne nazie, tandis que les pays officiellement neutres tels que le Portugal, la Suisse,
la Suède et la République d'Irlande en bénéficient11,12,13,14. De plus, dans le cas de la Finlande,
l'opposition soviétique pèse dans le choix de ce pays de refuser l'aide américaine et conduit la
signature du traité finlando-soviétique de 194815,16,17.

Structure des dépenses[modifier | modifier le code]


Le plan Marshall pèse pour un peu plus de 10 % du PIB des États qui en bénéficient. Le plan
était constitué à 90 % de subventions et à 10 % de prêts. L'enveloppe est utilisée ou orientée
différemment selon les pays18.
Ainsi, la France, qui doit créer des infrastructures pour remplacer celles qui ont été détruites par
la guerre et moderniser ses réseaux, utilise 38 % de l'aide pour les infrastructures, et 33 % pour
moderniser ses outils de production. L'Allemagne, qui avait déjà un réseau formé et relativement
moins détruit, consacre 27 % des fonds aux infrastructures, et 48 % à la modernisation des outils
de production. L'Italie est à mi-chemin, avec 35 % des fonds en infrastructures, et 44 % en
modernisation des outils de production18.
En France, Jean Monnet, premier commissaire au Plan, avait commandé des produits américains
(pétrole, nourriture, machines-outils), réglés par les États-Unis, puis avait stocké la contre-valeur
en francs, que l'inflation avait grignotés. Dans les années 1960, 20 % de la somme prêtée a été
remboursée et le solde considéré comme un don.

Critiques[modifier | modifier le code]


Blocage de réformes libérales[modifier | modifier le code]
Dès les années de mise en œuvre du plan Marshall, des économistes libéraux
dits « classiques » en dressent la critique : la subvention américaine des économies occidentales
pourrait prévenir les réformes nécessaires telles que l'arrêt de la planification centralisée et la
restauration du libre-marché. Parmi ces critiques, on trouve Ludwig von Mises ou Wilhelm Röpke.

Impérialisme et guerre économique[modifier | modifier le code]


La première personne à argumenter de la sorte fut l'historien de l'économie Alan Milward19. Les
socialistes européens affirmèrent qu'un montant équivalent d'argent consacré à la reconstruction
aurait pu être obtenu en nationalisant les possessions de riches Européens ayant déposé leur
argent dans les banques des États-Unis pendant la Seconde Guerre mondiale.[réf. nécessaire] Enfin les
analyses les plus critiques considèrent que le plan Marshall était en réalité un plan de mise sous
tutelle économique et culturelle des pays « libérés » par l'armée américaine. Ainsi, le plan
Marshall imposait l'obligation de projeter chaque année dans les salles de cinéma au moins 30 %
de films produits à Hollywood20.
Le sociologue proche du PCF Michel Clouscard interprète le plan Marshall comme un
gigantesque potlatch impliquant la soumission d'abord économique, puis comme contrepartie
culturelle, esthétique et philosophique de l'Europe aux États-Unis.
Un film satirique espagnol intitulé ¡Bienvenido Mister Marshall! (Bienvenue Mr Marshall) a été
tourné en pleine période franquiste. On y voit un petit village du centre de l'Espagne s'endetter
lourdement et se travestir en village andalou d'opérette pour attirer à lui les capitaux du plan
Marshall. Plusieurs habitants rêvent d'un monde meilleur si les Américains s'arrêtent au village.
Toutefois, le convoi américain traverse le village sans s'y arrêter, laissant le village encore plus
démuni qu'avant.

Conséquences économiques[modifier | modifier le code]


Plusieurs économistes ont estimé les effets du plan Marshall sur les économies européennes.
Ces études suggèrent que l'effet macroéconomique direct des subventions et prêt n'a pas été
déterminant, quoiqu'il ait été une stimulation positive des économies. Eichengreen et Uzan
estiment en 1992 que le plan n'explique qu'une faible part de l'accélération de la croissance que
l'Europe connaît dans les années 195021. Crafts, en 2011, estime l'effet direct du plan à environ
0,3 pts de croissance par an entre 1948 et 1951, pour un transfert équivalent à 2 % du PIB22.

Postérité[modifier | modifier le code]


Standardisation et mondialisation[modifier | modifier le code]
Le plan Marshall, dont le lancement a été contemporain de l'Organisation internationale de
normalisation (ISO) en 1945, a fortement encouragé la standardisation industrielle et la diffusion
d'un modèle homogène de développement industriel et commercial.

Utilisations du terme[modifier | modifier le code]


Al Gore, juste avant d'accéder à la vice-présidence des États-Unis, écrit en 1992 un livre
intitulé Sauver la planète Terre, l'esprit humain et l'écologie, dans lequel il reprend
l'expression « plan Marshall » dans une proposition élaborée afin de lutter contre les problèmes
écologiques de la fin du XXe siècle et du début du XXIe siècle.
En 2005, la région wallonne a nommé son plan de redressement économique : « actions
prioritaires pour l’avenir de la Wallonie », mais il est plus connu sous le nom de « plan Marshall
pour la Wallonie »23. À la différence du plan de l'après-guerre, qui consistait à injecter de l'argent
extérieur, le plan wallon traduit la volonté d'impulser de l'intérieur un rebond rapide par l'exécution
de mesures fortes. Cette action pourrait avoir valeur d'exemple. En effet, le mécanisme du plan
Marshall original visait à faire converger les intérêts et les modes de développement de deux
ensembles dont les échanges étaient structurellement déséquilibrés, en créant une écluse, pour
éviter une concurrence destructrice et créer un cercle vertueux. Or la question se pose de
manière analogue dans les rapports entre les pays émergents et les pays industriels.
Hommages[modifier | modifier le code]
Deux plaques (l'une en français, l'autre en anglais) commémorant le cinquantième anniversaire
du plan Marshall ont été apposées par The American Club of Paris le 12 décembre 1997 au
niveau du 258, rue de Rivoli à Paris.

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