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La construction européenne entre élargissement et approfondissement : histoire d’un

échec ?

Introduction :

Depuis plus de 10 ans la construction européenne accumule les échecs : double refus français et
néerlandais à la Constitution, crise de l’euro et des dettes publiques, Grecxit, 6ème élargissement
vécu comme trop rapide à l’ouest, crise migratoire, Brexit… Pour mesurer un échec, il est nécessaire
de connaître les objectifs fixés par les « pères fondateurs de l’Europe » et leurs successeurs afin d’en
faire le bilan actuel, mais aussi global. Depuis le congrès de La Haye en 1948 et le discours européen
de Churchill, la construction européenne a aujourd’hui près de 70 ans : cette coopération d’Etats
européens comporte deux grands axes : d’une part, l’élargissement qui consiste à accueillir tous les
Etats européens et, d’autre part, l’approfondissement qui intègre économies et politiques de ces
Etats. Or, ces deux politiques semblent contradictoires car au fur et à mesure de l’entrée de pays plus
pauvres, la convergence économique est difficile. C’est particulièrement notable avec les derniers
élargissements à des pays très en retard en raison de leur passé communiste. Par ailleurs, le contexte
actuel de l’essor du populisme nous amène aussi à nous interroger sur la perception de cet échec
différent entre les peuples européens et leurs élites. Il s’agit donc de savoir si concilier élargissement
et approfondissement est un pari risqué en raison de problèmes récents (années 2000) ou bien de
problèmes structurels plus anciens, notamment en raison du volontarisme des « pères fondateurs »
qui a pu être perçu comme non démocratique ; autrement dit, l’échec actuel n’est-il pas en réalité
plus ancien ou bien n’est-il qu’une crise européenne de plus ? La construction européenne fixe des
objectifs ambitieux (I), d’où des crises et échecs récurrents liés à la difficulté à concilier élargissement
et approfondissement (II) qu’il faut pourtant relativiser car les solutions existent, mais peut être au
détriment de l’un ou l’autre axe de la construction européenne (III).

I/ PRINCIPES ET OBJECTIFS DE LA CONSTRUCTION EUROPEENNE :

Les vainqueurs de la seconde guerre mondiale , d’alliés surs ils sont devenus des adversaires implacables . Deux
blocs se constituent :le bloc * occidental * ,dominé par les Etats Unis ,prône le capitalisme et le libre-échange . le
bloc de l’EST dominé par l’URSS prône le communisme et rêve de le faire triompher partout quant à L'Europe
qui se trouve en ruine et en proie à la confusion la plus totale: usines et voies de communication détruites,
échanges commerciaux traditionnels rompus, , pénuries de matières premières et de biens de consommation. La
guerre trouve son prolongement dans l'épuration et les règlements de compte qui déchirent encore un peu plus
les pays libérés. La réconciliation paraît extrêmement difficile. Rien ne laisse imaginer qu'un jour, les ennemis
d'hier pourront se retrouver côte à côte au sein d'une organisation commune.

A la fin de la guerre ,l’URSS occupait les pays de l’Europe de l’EST ,séparé de l’Europe de l’ouest par un
véritable *Rideau de fer* .l’Europe dévastée ruinée voire séparée trouve de l’aide auprès le général Marshall qui a
offert l’assistance financière américaine pour le relèvement de l’Europe ,cette proposition a été rejeté par les
soviétiques et leurs protégés de l’Europe de l’EST .l’Europe occidentale ,Grèce et Turquie y compris, ont
bénéficié de l’aide qui était assimilé à 13 milliards de dollars sous forme de dons et de prêts ,à ce propos ,l’OECE
est crée en 1948 pour gérer l’aide américaine .

Deux nouveaux organismes vont permettre aux pays européens de s’affirmer d’abord sur le plan
politique : l’Union de l’Europe occidentale (l’UEO 1948) regroupe la France ,le royaume Uni et

Trois pays de Benelux .Sur le plan militaire ,l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN 1949)
réunit les Etats _Unis , le Canada ,les cinq de l’UEO et plusieurs autres pays européens.
C’est le début de la guerre froide entre les deux camps qui a instauré l’idée sur d’une solidarité
intereuropéenne ; les deux blocs chacun d’entre eux cherche à se développer sans trop gener
l’autre ; tout en pensant que le temps joue pour lui :selon les Etats Unis , la compétition économique
prouvera mieux que l’affrontement militaire , la supériorité du libéralisme (représenté par USA et
l’Europe occidentale ) sur le socialisme marxiste-léniniste. Le monde alors se voit en tension continue
,l’Europe ainsi sortie d’une catastrophe humaine se voit compromis dans une série de guerres
infinies ., Afin d'éviter le partage du monde en deux blocs antagonistes et la guerre qui ne manquerait
pas d'en résulter, la constitution d'un troisième pôle européen paraît en effet indispensable. Dans ce
contexte, des voix se font entendre pour réclamer la neutralité des pays occidentaux face au
matérialisme américain et au totalitarisme soviétique. Mais le thème du non-alignement, de plus en
plus difficilement applicable au fur et à mesure que la Guerre froide s'intensifie, n'est bientôt plus
défendu que par les mouvements pacifistes et internationalistes. Ceux-ci se reconnaissent pleinement
dans l'Appel de Stockholm que lance, en mars 1950, le Comité mondial des partisans de la paix pour
exiger l'interdiction absolue de l'arme atomique dans le monde.

En effet l’Europe commence à tracer son propre voix ,cela est bien illustré par la création de la
communauté économique européenne CEE en 1957 qui permettrait la création d'une union
douanière tandis qu’elle devait promouvoir la coopération dans l'énergie nucléaire. La CEE devint
rapidement la plus importante et étendit ses activités. L'un des premiers résultats significatifs de la
CEE fut l'établissement de niveaux communs des prix pour les produits agricoles en 1962. En 1968,
les droits de douanes à l'intérieur de la communauté furent supprimés sur certains produits.

II/ UNE CONSTRUCTION EUROPEENNE QUI CONCILIE, DIFFICILEMENT, ELARGISSEMENT ET


APPROFFONDISSEMENT :

A la fin des années soixante, la Communauté économique européenne (CEE) des Six connaît une
situation délicate. Elle souhaite sortir du blocage politique et institutionnel dans lequel elle se débat
depuis 1967 suite au second veto du général de Gaulle à l'entrée de la Grande-Bretagne dans le
Marché commun. Il faut relancer l'unification. Lors d'une conférence de presse, le 10 juillet 1969, le
nouveau président de la République française, Georges Pompidou, propose une rencontre des chefs
d'État et de gouvernement des Six afin de discuter des problèmes urgents de la Communauté.
Pompidou résume les nouvelles priorités de la CEE dans une formule lapidaire : "Achèvement,
approfondissement et élargissement".

La mission d’unification se voit assez délicate suite à la diversité de culture économique des pays
membres, les pays libéraux qui ont une forte tradition de libre échange (Allemagne, pays bas ….) se
distinguent de ceux plus protectionniste (la France notamment) ;entre les pays très attachés à
l’orthodoxie budgétaire et ceux plus favorables à la dé pense publique ,la communauté alors adopte
une politique étrangère commune différente .même si c’était le cas ,les entraves
économiques ,politiques plutôt culturelles ont menacé l’intégration totale des pays européens ce qui
se voit clairement dans l’affaire du BREXIT qui d’après Valery Giscard est lié à la psychologie
britannique ,puisque les britanniques n’ont jamais été convaincus de l’intérêt de cet union.

l’année 2004 a marqué une étape importante dans l’évolution de l’Union européenne, puisqu’elle
correspond à la fois à l’adhésion de dix nouveaux pays dont certains entre eux faisaient avant une
partie du bloc communiste , — Ces dix états souvent bénéficiaient déjà de la liberté de circulation,
mais qui deviennent alors éligibles à la liberté de travail et d’installation — et à la création de l’Agence
européenne pour la gestion de la coopération aux frontières extérieures des États membres de l’Union
(Frontex).

Le double objectif européen de libre circulation intérieure et de renforcement des frontières externes
de l’Europe est alors rempli avec les réalisations de l’année 2004.
La conséquence de l’élargissement rapide de l’Union européenne a été l’hétérogénéisation de plus en
plus marquée de la communauté. En même temps, une tendance croissante du recours au veto a été
constatée. Ainsi, sont apparues de multiples stratégies dites « Opting-Out » (options d’exclusion).
Certains pays à l’intérieur de l’Union préférèrent des voies d’exception – qui ne sont d’ailleurs pas
toujours dans l’intérêt de la communauté – en se retirant de certains aspects précis de la politique
communautaire.

Cet élargissement crée une certaine hétérogénéité au sein de l’union ,malgré l’instauration d’une zone
euro qui a été construite en mettant en place une monnaie unique avec une Banque centrale
indépendante et une politique monétaire mais sans s’occuper véritablement des politiques
économiques et en particulier des politiques budgétaires des états ,les diversités de niveau de
croissance des états va les poser dans un conflit d’intérêt ,chacun des pays veut adapter des
politiques favorables à son commerce .

III/ LA CRISE ACTUELLE DOIT ETRE RELATIVISEE ET PEUT ETRE SOLUTIONNEE EN RALENTISSANT
L’ELARGISSEMENT POUR PLUS RAPPROCHER LES ETATS MEMBRES DE L’UNION EUROPENNE :

le BREXIT, les crises économiques de la Grèce, l’Espagne ,Portugal ,l’euro lui-même est remis en
question , , sans oubliant la Turquie , la Moldavie aux Balkans et bien entendu plus récemment
l’Ukraine, l'euroscepticisme finalement serait peut-être fondé et pourtant tous ceux qui sont à
l'extérieur de l’Europe éprouve pour cette union un attrait qui ne faiblit pas. L’Europe qui se
caractérisait résiliente devant toutes les crises est entré dans une période de doute quant à sa
viabilité ou son utilité.

A l’origine de la construction européenne, il y a cette rivalité franco-allemande, ayant abouti au pire.


Comme pour éviter la résurgence de ces vieux démons, la France et l’Allemagne n’ont cessé d’être
les artisans d’une « union plus étroite entre les peuples ».

Or, il n’empêche que depuis le début du XXIème siècle, la magie européenne n’opère plus. Les
grandes avancées comme le marché unique, l’euro, mais également la fin de la guerre froide et les
débats autour des relations franco-allemandes laissent une union sans impulsion. Malgré un
soubresaut autour de la politique agricole commune et du refus de la guerre en Irak, ou du projet de
Traité établissant une Constitution pour l’Europe, le moteur franco-allemand, ainsi que la coopération
européenne, sont en panne.

Il faut pourtant bien concevoir l’importance du couple franco-allemand au sein l’Union Européenne.
Celui-ci représente plus de 40% de son PIB, plus d’un tiers de sa population et d’un quart des députés
européens. C’est par cette importance que la France et l’Allemagne ont fait office de capitaines lors de
la tempête économique de 2008, et a fortiori celle de 2015 concernant les afflux de migrants.

La relation franco-allemande repose avant tout sur le pragmatisme. Tout comme pour l’Union
Européenne, le compromis est et reste la meilleure solution. Alors sans éclat, le couple franco-
allemand joue le rôle qui a toujours été le sien : celui d’un moteur et d’un leader.

A ce propos l’UE européen multiplie les efforts à fin d’appliquer une gouvernance totale ,et de trouver
des solutions d’unification pour une meilleure europe ,cela est illustré par la La Commission Juncker
qui semble appelée à s’appuyer sur des équilibres partisans internes comparables à ceux de la
législature qui vient de s’achever, mais aussi à tenir compte des rééquilibrages intervenus au
Parlement européen et au Conseil européen. C’est aussi parce qu’elle aura à agir dans un contexte
économique, social et géopolitique bien différent qu’elle est susceptible de procéder à des choix
politiques oscillant entre rupture et continuité. Ajoutant à cela le plan Véderine est crée afin de sauver
l’Europe . ce plan comprend trois étapes : pause, conférence, référendum.Hubert vederine propose
de rompre avec la course folle vers l'intégration en réponse aux peuples qui se tromperaient toujours.
La pause, c'est cela. Un signal psychologique et politique pour signifier : "On vous écoute et on va
réfléchir à quoi faire".après il y a la tenue d’une conférence Il s'agirait de relégitimer l'Europe avec la
participation des gouvernements décidés à tenter l'aventure.
Après des siècles de guerres, la construction européenne a été pendant longtemps perçu comme une
réussite, surtout économique. Cependant l’essor du chômage et la dernière mondialisation
inégalitaire, par le repli identitaire qu’elle implique, fragilise le projet européen souvent vu comme
technocratique, non démocratique et trop supranational. L’échec est plus perçu par les peuples que
par les élites qui profitent de l’actuelle mondialisation. Mais, le « Brexit » montre bien que, plus que le
chômage et les inégalités, c’est surtout le souverainisme et la question migratoire qui provoquent
l’euroscepticisme. La peur du migrant est revigorée depuis les années 2000 et le débat sur le plombier
polonais. Ainsi, alors que la mécanique élargissement-approfondissement a longtemps bien
fonctionné, il semble que le grand élargissement de 2004-2007 ait rompu le fragile équilibre européen.
En fait le niveau croissant d’intégration rend de plus en plus difficile les élargissements qui concernent
des pays très en retard. Mais le fait que ce soit le R.U. qui parte montre que les problèmes sont
anciens. Pour autant il est difficile de savoir s’ils se réduisent à la spécificité britannique. Pour
permettre la poursuite du projet européen, l’option « out » a été une solution ; mais cela implique une
Europe à plusieurs vitesses : est-ce un échec ou bien l’illustration d’une adaptation aux fortes
différences au sein de l’Union européenne ? La « pause » proclamée par Juncker pour l’élargissement
pour l’ensemble du processus semble nécessaire pour « sauver l’Europe ». Au moment où Donald
Trump risque d’accélérer le déclin américain, l’unité européenne est plus que jamais nécessaire : dans
un monde de plus en plus multipolaire, mais incertain, le monde a besoin d’Europe.

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