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Anne-Monique BARDAGOT
Hubert GUILLAUD
Stéphane SADOUX
REMERCIEMENTS
Je remercie tout particulièrement M. Hubert GUILLAUD pour son aide, pour ses précieux
conseils, pour sa patience et le temps qu’il a bien voulu me consacrer. Sa vision de Directeur
du Laboratoire CRATerre à l’ENSAG a été très enrichissante pour moi et j’ai beaucoup appris à
son contact. Il m’a permis de mener à bien ce mémoire.
Ce travail de mémoire a été une expérience fondatrice pour moi et je suis très reconnaissante
à toutes les personnes qui ont donné de leur temps pour me permettre de faire ce travail de
recherche.
INTRODUCTION 4
A - Quartier Sulukule
1 -L’historique et l’emplacement de Sulukule dans la péninsule historique 38
2- Profil Sociologique des Roms de Sulukule 39
3- La vie quotidienne à Sulukule 44
B- Projet de renouvellement urbain : de la rénovation à l’exclusion sociale
1- Projet de gentrification urbain à Sulukule 48
2- L’expropriation des Roms de Sulukule pour la rénovation urbaine 56
3- La rétrospective du projet de renouvellement urbain 58
CONCLUSION 84
BIBLIOGRAPHIE 87
CHAPITRE
INTRODUCTION
Sans doute, la Turquie est un des pays fortement exposé aux tremblements de terre. Ce pays
est un pays en voie de développement, à économie émergente, en période de croissance.
Ainsi des domaines comme l’aménagement du territoire, sont très mal maîtrisés, compte
tenue de la superficie du pays, 780 580km2, soit deux fois la taille de l’ancienne Allemagne,
et de son système centralisé, n’octroyant pas les compétences nécessaires aux régions pour
leur propre développement.(1) Ceci a été dénoncé lors de plusieurs crises et catastrophes
naturelles qui montraient une insuffisance de coordination et de communication entre les
pouvoirs politiques. On peut aussi rajouter que l’exode rural commencé dans les années 1950,
ne s’est pas encore accompli entièrement, ainsi les villes ont un taux d’accroissement qui reste
très élevé, et qu’elles n’arrivent pas à contrôler. De cette manière, les villes deviennent des
lieux à hauts risques. Dans ce mémoire, je travaillerai plus précisément sur la ville d’Istanbul
qui présente un bon exemple. La ville d’Istanbul attend un tremblement de terre qui a envi-
ron 70% de probabilité de se réaliser dans les trente années à venir. Ainsi, la ville doit prendre
en compte le « facteur séisme » pour son développement et son fonctionnement futurs. La
politique de la ville développe des stratégies, élabore des normes techniques mais est-ce que
la totalité de la population a des moyens à appliquer ces normes-là ? Comme tous les pays
en voie de développement, les grandes métropoles turques aussi subissent une immigration
forte après la deuxième guerre mondiale.
La «ville» d’Istanbul en Turquie (plus précisément l’aire urbaine), est une des 10 «villes» les plus
peuplées du monde(2). En l’an 2011 on lui comptait officiellement 13,5 millions d’habitants,
«officiellement», car on estime que la population de la métropole doit atteindre jusqu’à 23
millions d’habitants. (3) Il existe un réel problème d’irrégularité à tous les niveaux, qui fausse
toutes les statistiques.
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Les logements sont en majorité irréguliers, les travailleurs aussi, donc les personnes ne se
déclarent pas et il est très difficile d’estimer les besoins en aide sociale et surtout d’appliquer
de telles aides. Les écarts entre riches et pauvres vont en s’accentuant dans ce pays en voie de
développement et l’exode rural est toujours fort : la population continue de croître ; comment
se loge-t-elle ?
Le terme de ‘gecekondu’ existe en langue turque depuis 1947 comme un résultant de l’exode.
Ces habitations qu’on a du mal à définir abritaient 398.000 personnes en 1962, en effet en
1995, ce chiffre passe à quatre millions de personnes soit 65% de la population de l’aire
urbaine (contre 40% en 1970). (4) De même, selon une enquête récente (5), il se construi-
rait à Istanbul encore 200 ‘gecekondu’ par jour en moyenne. Ces chiffres (impressionnants)
masquent la réalité des processus : assurer que plus de la moitié de la population d’Istanbul
vit en ‘gecekondu’. Ceci s’explique par des décalages des politiques de logement sociaux par
rapport aux réalités urbaines. Aujourd’hui en Turquie nous constatons une politique qui re-
fuse d’accepter ce qu’elle ne contrôle pas. Face à cet échec urbanistique, les politiciens sont
plutôt lents à régulariser les territoires incontrôlés. De plus, la spéculation foncière actuelle
pousse les politiciens à la reconquête des terrains publics pour renflouer leurs caisses, donc
aux destructions de quartiers de ‘gecekondu’ au nom de renouvellement urbain. Cela impose
au gens de quitter leur lieu d’habitation où ils se sont habitué peut être plus de 20 ans et
accepter la destruction de leur maison pour ensuite déménager ailleurs avec un autre type
d’habitat. En effet, les ‘gecekondu’ fait partie du patrimoine de la Turquie de ces dernières 50
années et raconte une histoire. Les projets de renouvellement urbain visent à supprimer ces
maisons à un étage composé d’un jardin qui sont appelés ‘gecekondu’. Est-ce qu’il n’y a pas
une autre alternative pour le devenir des ‘gecekondu’ qu’en simple tabula rasa ? Est-ce qu’il
n’est pas plus simple d’aller vers une reconstruction ou bien une restauration de ces quartiers?
Face à cela, la question que je me pose c’est de savoir s’il est possible d’améliorer ces habitats
spontanés qui en effet savent se renouveler, se transformer et surtout s’inscrire dans l’urbanité
de la métropole stambouliote face aux séismes avec des matériaux naturels, plus économes
et plus fiables afin de permettre une accessibilité à tous, tout en conciliant les savoir-faire
d’hier avec la technologie d’aujourd’hui? Ceci servira à ne pas raser tous les bâtis existants et
surtout ne pas modifier le plan d’urbanisme déjà existant par des gros buildings.
Dans une première partie, de manière générale, je montrerai les risques sismiques en Turquie
à travers l’histoire et j’illustrerai sa situation géographique pour pouvoir expliquer pourquoi
la Turquie est touchée par les séismes. Ensuite, je vais faire un rappel sur la réglementation
sismique en Turquie depuis la fondation de la République Turque pour montrer ses qualités et
ses défauts ainsi que leurs pertinences lors de leurs applications. Et pour conclure, je montre-
rai les précautions prise par l’Etat pour lutter contre ces risques et le phénomène de l’habitat
spontané avec sa prise en compte dans la rénovation.
Dans une seconde partie, j’expliquerai de manière détaillé la définition du terme de « ge-
cekondu ». Ce travail de définition et de mise en perspective historique permettra d’éclaircir
le terme en question, en vue de pouvoir le réutiliser de façon plus efficace. Le travail portera
aussi sur la description de ce type d’habitat avec les analyses architecturales pour une meil-
leure compréhension. Pour terminer je présenterai, un travail de recherche sociologique des
habitants de ces quartiers qui se trouvait au départ à l’interface du rural à l’urbain. Cette
analyse me semble aussi pertinente pour mieux appréhender leurs besoins d’aujourd’hui par
rapport à ceux d’hier.
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Dans une troisième partie, j’illustrerai un projet de renouvellement urbain réalisé dans le
quartier historique des Roms qui se situe à Istanbul dans le quartier de Sulukule. Ce projet est
emblématique car il illustre bien l’excursion d’une population locale vis-à-vis d’un projet de
gentrification urbaine. Ce travail d’analyse ne sera pas seulement pour illustrer qu’est-ce qui
est en train de se faire mais aussi pour soulever certaines questions par rapport à la conserva-
tion patrimoniale des bâtis existants.
La dernière partie sera une «ouverture» vers ce qu’il est possible de se faire comme une alter-
native à des interventions actuelles. Je mettrai l’accent sur les constructions à ne pas négliger
et j’essaierai d’explorer des différentes pistes que ce soit sur le plan de la prévention où dans
la cadre de la reconstruction tout en incluant le facteur humain dont la participation des
habitants. 1
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