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Mémoire de DSA
Jury
À Anne Lemarquis, pour son aide dans cete mémoire et dans le route de
la terre.
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SOMMAIRE
INTRODUCTION 9
Les objectifs 10
La méthode 10
La contribution 11
La structure du mémoire 11
i. L’industrialisation 29
6
iii. Norte Chico 34 i. Des constructions urbaines 72
i. Les stratégies sismiques traditionnelles 53 EL ADOBE la vidéo documentaire des cultures constructives 99
La relaion entre les deux champs est en échange permanent, la recherche vise à
ideniier les diférentes contribuions et les développements dans les systèmes
de construcion et du bâiment, en fondant l’étude dans un domaine pariculier
du Chili, qui a fait l’objet d’un important tremblement de terre en septembre
2015.
Le Chili, en tant que pays constamment soumis à des tremblements de terre, est
confronté au risque permanent de perdre non seulement son patrimoine bâi, la
relaion avec le patrimoine immatériel, mais aussi les personnes qui déiennent
la connaissance de la construcion en adobe et qui ont un rôle esseniel pour
le transfert des connaissances vers l’avenir. La perte potenielle de cete infor-
maion signiie aussi l’impossibilité du mainien et de l’entreien des bâiments
historiques et fondateurs de la culture et de l’idenité naionales.
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La méthode
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PARTIE 1 /
ARCHITECTURE VERNACULAIRE SISMIQUE :
LA RÉSILIENCE ET L’ÉVOLUTION.
DÉFINITION DU CADRE THÉORIQUE
Aujourd’hui, l’humanité est embourbée. Il est important de s’interroger sur l’avenir du monde après la super-exploi-
taion incessante des ressources naturelles par l’escalade verigineuse des « besoins » des hommes dans le monde
moderne. La sophisicaion permanente et en même temps la dénaturaion de l’habitat, la complexité croissante
et l’augmentaion écrasante de la densité des grandes villes génèrent une dégradaion de l’environnement et de la
vie de l’humanité qui l’habite. Les villes modernes grandissent sans se préoccuper des incidences de leur extension,
sans regarder ni en avant, ni en arrière. Les bâiments se développent en foncion des besoins et des exigences du
marché, et non pas des gens (RIVERA A. , 2009). L’inexistante rélexion quoidienne sur la réalité et les condiions
dans lesquelles la majorité des personnes vivent dans les grandes villes, notamment au Chili où se manifestent des
tremblements de terre, rend évidente l’ignorance de leurs forces.
Des manifestaions telles que les inondaions, les tremblements de terre, glissements de terrain, érupions volca-
niques ou autres, aujourd’hui appelés « catastrophes naturelles », ont un impact humain d’autant plus important
que le développement des villes s’est fait sans véritable planiicaion et dans l’ignorance du contexte. Dans le cas des
tremblements de terre, après plusieurs démonstraions et des études, on peut voir que l’étendue des dommages
observés a été plus étroitement corrélée avec la densité de la populaion, qu’avec l’âge des bâiments, et de leur
matériau de construcion (FERRIGNI, 2015).
Paradoxalement, cet éloignement des racines à la recherche de la « sophisicaion » a généré de grandes catas-
trophes et a diminuée la qualité de vie de l’humanité, en pariculier des dépossédés qui sont forcés à habiter dans
des endroits les plus indésirables. Est-ce le fait de perdre ses racines qui entraine l’oubli de centaines d’années de
praique et de l’expérience qui ont conduit à une grande variété de cultures construcives, de systèmes de construc-
ion et d’architectures, tenant compte des ressources disponibles, de la météo locale, des praiques sociales et des
modèles culturels (CAIMI, 2015) ? La société moderne et le mode de s’implanter sur la planète efacent le passé, non
seulement les gens en général ne savent pas, mais méprisent et discréditent, en difusant de fausses informaions,
les matériaux naturels universels comme la terre. Or la terre est le matériau universel par excellence, la maière pre-
mière la plus abondante sur notre planète Terre, et le matériau uilisé pour les habitaions depuis le début de l’huma-
nité jusqu’à aujourd’hui, que ce soit des anciens palais ou des cabanes ou encore des construcions contemporaines
incroyables. Le matériau terre représente l’avenir de l’humanité.
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i. La réponse vernaculaire à la crise mondiale
iii. La construcion en terre et la culture locale iv. La construcion en terre et la culture sismique
À son tour, la construcion terre elle-même est nécessairement locale, parce La terre, souvent classée comme un matériau fragile, est la maière première
qu’elle est l’expression de l’uilisaion de ce qui est sous les pieds de la même d’innombrables cultures construcives et de populaions qui se sont installées et
culture qui habite ce territoire et a développé historiquement par voie orale et ont appris des territoires sismiques. En dépit des résultats mis en avant par toutes
le mode expérieniel, les bâiments en terre sont développés principalement par les simulaions numériques, à savoir que la plupart des bâiments historiques au-
le transfert des connaissances d’origine populaire, comme tous les savoirs tradi- raient dû s’efondrer, ils sont toujours là, en fait, debout. D’autre part, il est facile
ionnels, impliquent la manifestaion de réponses logiques aux besoins locaux, de reconnaître, dans les régions où les tremblements de terre sont récurrents,
ainsi que les condiions et les ressources ofertes par l’environnement naturel que les communautés locales ont nécessairement développé des techniques de
(GUERRERO, 2007). Alors les condiions environnementales sont ce qui a histo- construcion «anisismique» (FERRIGNI, 2015), soit ont construit une culture sis-
riquement déterminé le développement de la diversité des cultures construc- mique avec des ressources disponibles localement, une grande parie d’entre eux
ives sur la planète, qui a conduit à des techniques de construcion qui dressent avec la terre. Ainsi comme les techniques de construcion en terre sismique nées
l’architecture vernaculaire existante. L’endroit avec ses ressources et l’homme du processus d’essais et erreurs, testées après chaque tremblement de terre, et
avec sa créaivité ont généré une forme sans in de la construcion en terre, dont améliorées dans le temps. Alors ces construcions sont le langage du lieu, syn-
les savoir-faire et les techniques de construcion ont été transférés, améliorés thèse de la capacité d’une communauté d’harmoniser sa propre culture et les dé-
et perfecionnés. L’architecture vernaculaire exprime une incroyable créaivité is posés par le milieu (CAIMI, 2014), dans ce cas, par des tremblements de terre.
qui relète un niveau élevé de l’intelligence collecive et un processus d’expéri-
mentaion construcive qui s’est progressivement transformé en expérience. Ce Dans la construcion en terre, il y a deux grandes familles d’importance ac-
Même maison après les réparations et enduit en terre. 2016 Carte de zones séismiques et plates tectoniques. Source : Paul Oliver
19
tuelle dans les zones sismiques et des preuves des cultures sismiques locales en
terre. La première où la structure principale n’est pas la terre, mais en général
des ibres végétales ou similaires qui supportent la charge du toit, qui, en com-
plément avec la terre représentent le système parasismique. Cete technique,
connue sous diverses formes et exprimée de muliples façons est l’ensemble des
techniques connues et sans discussion, reconnues comme les techniques verna-
culaires sismiques par excellence, puisque les ibres végétales elles-mêmes ont
une grande capacité de lexibilité et donc d’absorpion des mouvements générés
par les tremblements de terre, qui caractérisent le système sismique. La deu-
xième famille de techniques sismiques en terre, sont ceux qui présentaient la
complexité supérieure, car en plus de contexte des problèmes sismiques il y a
la diiculté de la pénurie de ressources végétales, dont le problème sismique
est accentué. Nous parlons des techniques où la terre représente, structurelle-
ment, l’élément principal et où c’est donc la terre qui a le devoir de supporter les
charges du toit dans le moment staique et qui aussi le devoir, avec des éléments
supplémentaires, d’absorber les mouvements dans les moments dynamiques.
Cete dernière famille de techniques avec la terre porteuse est au cœur de cete
étude pariculière, car elle est, d’une part, la plus méconnue, et d’ailleurs repré-
sente une intelligence et un travail d’essais et d’erreurs d’un grand nombre de gé-
néraions à travers le monde qui ont mis à disposiion pour l’avenir leur travaux,
leur créaivité, et surtout la nécessité de protéger la vie de leur culture, donc leur
survie dans le contexte sismique. Étant donné que nous ne devons pas oublier,
que c’est la mort produite par des tremblements de terre et par des bâiments
inappropriés, qui génère la nécessité de construire des technologies en foncion
de ces mouvements. Voilà pourquoi les cultures sismiques en terre représentent
spéciiquement le fruit de l’union indissoluble entre un milieu naturel déterminé
et une culture humaine déterminée (CATALDI, 1989), pris dans des limites mais
en mesure de résoudre de grands conlits sur la planète.
20
v. La culture sismique locale en terre et contemporaine
Ensuite, il s’agirait de mieux irer proit des réponses vernaculaires pour l’archi-
tecture contemporaine en terre, pour que les architectes et les constructeurs
contemporains puissent consituer une culture construcive sismique humble.
Puisque que des techniques (en terre) ont montré leur résistance à des tremble-
ments de terre, ces techniques peuvent être envisagées comme un moyen d’ob-
tenir une maison sécure, de faire sécure l’habitat. Les constructeurs au Chili ont
comme grand déi de construire avec la terre et surtout en adobe, des bâiments
qui résistent aux grands tremblements de terre (CORTÉS, 2016).
À la page précédente, l’église d’adobe á Nama, nord du Chili. Elle avait beaucoup de dommages
après les tremblements de terre de 2005 et 2007. Dans la photo il est réparé par les habitants du
village. 2011
À gauche, construction de torchis métallique du Marcelo Cortés. Source : Cristian Muñoz
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2
CULTURE SISMIQUE EN TERRE :
LE CAS DU CHILI
« Seuls les gens qui comprennent la nature des matériaux peuvent
faire de l’art en uilisant les matériaux »
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PARTIE 2 /
CULTURE SISMIQUE EN TERRE : LE CAS DU CHILI
Le territoire maintenant connu comme le Chili existe en raison de la confronta- « ... Quand la terre se secoue et l’eau
ion permanente de deux plaques tectoniques : la plaque de Nazca et la plaque l’inonde, les Mapuche entendre le cri
américaine. Le glissement constant de la première sous la seconde provoque l’ef- de Kaikai. Heureusement, TrenTren est
fet connu en géologie comme subducion, qui donne lieu à l’une des principales alerté, de sorte que, avant que Kaikai
caractérisiques et les limites du territoire, les Andes, avec son cordon volcanique
puisse faire du mal au peuple mapuche, il
très acif. L’endroit exact où ces plaques se croisent et où le frotement se produit,
passe sous silence avec son bruit qui rend la
et donc d’où les mouvements sismiques proviennent, est à quelques kilomètres
de la côte chilienne, causant souvent des tremblements de terre qui afectent la terre grandir ».
zone côière et qui, à plusieurs reprises, ont été suivi d’un tsunami. Le Chili est
l’un des pays les plus sismiques du monde où des grands tremblements de terre Dans les régions touchées par des tremble-
se sont produits dans le passé et sûrement des grands tremblements de terre se ments de terre de haute intensité et fré-
produiront à l’avenir (CSN, 2010). On peut dire alors que le facteur sismique n’est quents, les communautés locales ont dévelop-
pas seulement une parie du milieu dans lequel se trouve le territoire chilien, pé des stratégies vernaculaires pour se protéger
mais la principale caractérisique. contre les risques (DIPASQUALE, OMAR SIDIK, & MECCA,
2014), comme en témoigne la mythologie, les cultures indigènes
Voilà pourquoi les anciennes cultures qui ont habité ces territoires étaient bien des terres au sud des Andes étaient pleinement conscientes de
conscientes de leur contexte, les populaions se sont adaptées et ont développé l’existence des tremblements de terre et de ses bâiments les deux
diférentes stratégies pour habiter ce pays. Les bâiments, qui ont résisté dans les étaient le relet de cete connaissance.
zones très sismiques, témoignent de l’ingéniosité humaine et les connaissances
locales accumulée qui ont permis à l’homme de s’adapter et de survivre dans dif- Aujourd’hui, un vaste territoire du sud des Andes et du grand et aride désert
férents territoires (JORQUERA, 2014), comme indiqué dans l’explicaion des ori- d’Atacama dans le nord de la Patagonie, présente des cultures construcives ui-
gines de la terre des Mapuche1, où les forces de la mer et de la terre représentées lisant le matériau terre. Chacun avec ses paricularités, des histoires et des ori-
par deux serpents, Kaikai et Trentren respecivement, dans leur confrontaion et gines, qui génèrent des cultures construcives spéciiques avec des systèmes de
opposiion ont généré des tsunamis et l’élévaion des Andes. construcion, dans le même temps, pariculier, étant la matérialisaion d’un sa-
voir produit dans le passé et dont l’eicacité a été prouvée après des millénaires
d’essais et erreurs (GUERRERO & VARGAS, 2015). On esime, selon l’inventaire
1 Mapuche. Les gens de la terre (pluriel et singulier). Ensemble de groupes eth-
niques originaires d’Amérique du sud, leur limite au nord était la culture inca, autour de des biens préparé par le Département d’Architecture du Ministère de Travaux
la rivière Maipo (actuelle Saniago). Au cours de la conquête et colonie espagnole il a été Au-dessus, pierre mapuche qui représente les deux serpents: TRENTREN et KAIKAI.
établi sa limite nord dans la rivière Bío-Bío (actuelle Concepción). Hautement guerrier, le Source : Museo de Arte Precolombino á Santiago du Chili
territoire mapuche n’a pas été colonisé par les Espagnols, même la Couronne espagnole Prochain page à gauche, Amérique du Sud séismicité (Plate de Nazca) de 1900 á 2013. Source : USGS
a eu à reconnaître sa souveraineté. À la in du XIXe siècle, le territoire mapuche a été Prochain page à droit, carte de tremblements de terre du monde de 1900 á 2013 avec des
occupé par l’État chilien, en commençant un conlit qui reste jusqu’à aujourd’hui. tectoniques plates. Source : USGS
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Publics2 que près de 40% des bâiments patrimoniaux sont construits dans les
techniques uilisant la terre crue, prédominant adobe et des techniques mixtes
bois-terre comme le adobillo3 et la quincha4 (Contreras, Bahamondez, Hurtado,
Vargas, & Jorquera, 2011)
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et à l’ignorance. La dispariion massive et croissante des structures historiques
en terre est de plus en plus observée non seulement par les forces des trem-
blements de terre, mais par les décisions mal informées de l’homme à la hâte
de démolir le patrimoine en terre, en ignorant les possibilités de récupéraion
de ces structures avec des techniques éprouvées et compaibles (Contreras,
Bahamondez, Hurtado, Vargas, & Jorquera, 2011). Ainsi, la difusion des maté-
riaux modernes, apparemment plus foncionnels et plus rapides à metre en
œuvre, remplacent la terre crue; la perte de connaissances sur le processus de
construcion et d’entreien a contribué à la dégradaion et au remplacement de
la construcion tradiionnelle (JORQUERA, 2012)
30
i. Les cultures et les techniques de construcion
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À gauche, ruines de village de Tulor dans de désert d’Atacama avec la cordière des Andes au fond Maison typique á Nama, dans le désert d’Atacama
34
Quincha et adobe sont les deux principales techniques de construcion disin- en raison de la Guerre d’Arauco19 dans le sud, le territoire de la rivière Bío-Bío
guées. Le premier parle de l’héritage indigène de construcion de ibres mixtes (36°49′10″S 73°09′52″O).
et de la terre, qui nous raconte le début d’un cadre plus feuillu que le contexte
précèdent, où se trouvent des arbres de plus grande secion qui sont capables de La limite nord fait une grande diférence géographique et surtout l’accès à l’eau,
porter le poids de la toiture et où est la ibre qui a été uilisée comme secondaire la séparaion des deux chaînes de montagnes qui caractérisent cete région crée
la structure par excellence dans ce domaine : la brea18. La seconde technique du une vaste zone connue comme la « zone central », où se trouvent les grandes
territoire, parlant de la colonie espagnole, qui ne s’exprime pas massivement sur zones urbaines, et où vit la majeure parie de la populaion. La capitale Saniago
le territoire jusqu’au XVIIe siècle et bien plus encore après l’indépendance. y est située. D’autre part, la fronière sud, ne fait pas une diférence radicale en
termes géographiques, mais marque une limite culturelle plus forte comme le
Cete zone est le centre de cete étude, il va s’approfondir dans une secion dis- début de la culture guerrière Mapuche. L’inluence Mapuche était étendue au
incte sur ce territoire. nord, au moins jusqu’à Saniago (33°27′S 70°40′O), couvrant toute cete région,
mais sa concentraion la plus élevée et la principale caractérisique du peuple qui
iv. Zona Central habite le sud du rivière Bío-Bío est sa force de combat.
Cete zone se caractérise principalement par l’abondance de ses ressources na- Cete zone a été habitée par les diférentes paries des Mapuche, qui ont construit
turelles, qui a déterminé son apogée agricole. Elle couvre le territoire limité par principalement à parir de ses éléments végétaux leurs habitaions, le ruca20. Ce
la rivière Aconcagua au nord, à la fronière établie par le conquistador espagnol
19 Guerre de Arauco, un conlit prolongé qui a opposé les forces militaires de la
monarchie hispanique et les contre alliés autochtones Mapuche. Elle a duré 282 ans
18 Buisson autochtone chilien, qui pousse principalement dans la zone du « Norte entre 1536 et 1818.
Chico » 20 Ruca, maison des mapuche.
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1 2 3
Schémas des systèmes constructifs mixtes bois-terre. 1. Pandereta 2. Adobillo 3. Quincha. Source : vidéo éducative EL ADOBE
bâiment ancré au sol par des pans de bois était garni de ibres végétales. Des modules rigides. En outre, comme une garanie contre les tremblements
témoins de construcions de Mapuche montrent que, après les ibres, de la terre de terre, il est incorporé souvent aux murs en pisé contemporains des
a été incorporée comme dans la quincha, mais cete façon de faire n’est plus ui- renforts horizontaux coninés à une structure vericale principale, qui fait
lisée actuellement sur le territoire. En raison de la forte intensité de la conquête que généralement le pisé doit se soutenir lui-même et ne pas tourner
espagnole, nous pouvons dire que ce territoire, son architecture et sa culture dans le moment dynamique. Ils ont également intégré certains autres
sont fortement inluencés dans leurs construcions et typologies urbaines par paramètres de sécurité tels que la réducion de l’épaisseur des murs dans
la vision européenne. Seules quelques traces de structures secondaires ou tran- leur parie supérieure, en faisant appel à la géométrie de la stabilité.
sitoires peuvent être racontées à travers des histoires de rucas avec de la terre.
c. Un système dérivé de mur en pisé et près de l’adobe comme une transi-
Pourtant, nous pouvons disinguer les diversités de réponses construcives sur
ion du système de construcion est l’adobón21. Ce système est similaire
les bâiments des zones rurales et urbaines, ce qui représente l’apprenissage de
au pisé, comme il se fabrique dans le chanier et dans son emplacement
la culture de l’éducaion des autochtones et de leur environnement, et d’obser-
inal, il est un mur de proporions semblables à la précédente, ce qui
ver des syncréismes construcifs culturels (MORGADO & SEGUEL, 2016).
est généralement autour de 50cm d’épaisseur et est également uilisé
comme une fronière. Mais avec la diférence que le mélange de rem-
plissage est le même que le mélange pour la mise en œuvre d’adobe :
a. Le pisé est un système de construcion en terre massive que se trouve
plasique. Contrairement au mélange humide du pisé. Dans ce système,
principalement comme une délimitaion des terrains ou de l’habitat pour
le chevauchement entre les blocs se disingue, car il a une rétracion su-
les animaux domesiques. Il n’a pas été vu dans l’architecture des murs
périeure à celle du pisé en raison de l’ajout de plus d’eau. Ce système est
de pisé de foncionnement tradiionnels pour le logement ou d’autres
proche de la bauge cofrée.
habitaions humaines.
d. Le système de construcion par excellence trouvé dans la fondaion des
b. Cependant, dans l’architecture contemporaine elle a été introduite en
villes et des villages de la région centrale est l’adobe européenne. Au il
premier lieu pour son esthéique. Pour prendre en compte le problème
sismique dans cete technique faisant appel à la compression, des dispo-
siifs horizontaux ont été introduits pour fragmenter dans la hauteur des 21 Adobón, comme un grand adobe.
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rectement les eforts sismiques. Un autre danger de cete technique de
construcion est que, en raison de l’introducion de iniion imperméable
Autres systèmes constructifs mixtes bois-terre. Pandereta avec des lattes en bois de Aculeo, Quincha traditionnelle du Vichuquen, Torchis metalliques dans construction de SurTierra à Santiago, tabique cobquecurano.
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3. Le tremblement de terre en tant que facteur environnemen-
tal dans la construcion tradiionnelle chilienne
Au Chili, il y a eu dix tremblements de terre supérieurs à 7Mw au cours des vingt
dernières années, dont quatre sont sur 8Mw et sept d’entre eux ont généré des
tsunamis comme un efet du mouvement. Au Chili, l’année 1960, il y a eu le plus
grand tremblement de terre dans le monde, ateignant 9,6Mw. On peut donc
dire que le territoire est un lieu hautement sismique où non seulement peuvent
se produire de grands tremblements de terre, mais aussi avec une grande fré-
quence. Toutes ces données, ainsi que des preuves de cultures construcives
démontrent le renforcement des stratégies construcives sismiques par la récur-
rence fréquente des mouvements.
Nous pouvons dire que, au Chili, en dépit d’être l’un des pays les plus sismiques
du monde, le principal risque «sismique» des construcions en terre n’est pas
dans le tremblement de terre lui-même, ou dans la force libérée, mais dans la
vulnérabilité de ces construcions qui s’est ampliiée au cours des 100 dernières
années. Comme indiqué par le groupe d’experts qui a visité la zone centrale après
le séisme 8.8Mw de 2010 : L’observaion des restes après le tremblement de
terre montre comme principal problème le manque d’entreien et la préserva-
ion périodique et les dommages accumulés par les précédents tremblements
de terre. En ajoutant des modiicaions excessives dans les construcions et / ou
l’existence de praiques de construcion mauvaises dans la fabricaion d’origine
et / ou le manque d’entreien en pariculier dans les éléments en bois qui sont la
plupart du temps pourris ou détériorés par l’ataque des xylophages (Contreras,
Bahamondez, Hurtado, Vargas, & Jorquera, 2011). La connaissance et l’apprécia-
ion sont également la première étape pour aténuer les risques sismiques : si les
maisons sont bien entretenues, récupérées et remises en état, cela diminuera
sûrement les faiblesses inhérentes, assurant une meilleure réponse au tremble-
ment de terre, puis à la conservaion du patrimoine et à la sécurité des habitants
(JORQUERA, 2012).
A droit, carte séismique d’Amérique du Sud avec des tremblements de terre de 1500 á 1899 avec
un magnitude supérieur á 8 Mw. Source : USGS
40
Dans le deuxième cas cependant, la terre est porteuse le et c’est là le plus gros
Ceci est également vu dans la réponse construcive au phénomène du séisme problème car actuellement on observe un manque d’informaion et un rejet du
dans une grande variété de techniques et de stratégies qui génère une archi- matériau. Ici, nous trouvons le pisé, l’adobón et l’adobe, ce dernier étant le plus
tecture vernaculaire sismique et sécure pour les habitants. Dans le pays, nous massivement présent sur le territoire et le seul dans cete famille à être uilisé
pouvons trouver une variété de techniques de construcion avec la terre qui peut plus systémaiquement jusqu’à aujourd’hui pour la construcion de logements,
se séparer en deux grandes familles : les structures de bois porteuses ou d’autres que ce soit des maisons ou des grands monuments.
matériaux comme la structure principale, et avec une structure uniquement de
terre.
Les premiers sont largement reconnus comme des systèmes résistants aux trem-
blements de terre, leurs performances sismiques iennent aux éléments de sup-
port et à la terre. Dans le cas du torchis, la terre apporte aussi une rigidiicaion Le system traditionnelle de Valparaiso : L’adobillo. En
du système. Ici, nous trouvons la quincha, la pandereta de adobe, la quincha mé- bas, en vision général de maison avec la finition en
tallique, le adobillo, le tabique cobquecurano. plaque métallique. A droit, un détaille du system.
41
3
L’ADOBE SISMIQUE :
UNE CULTURE CONSTRUCTIVE
MESTIZA EVOLUTIVE
« Dans l’adobe il existe une opportunité profondément universelle, avec
des caractérisiques locales profondes, c’est une possibilité et un ouil
pour converir la construcion en un ouil de changement eicace vers la
durabilité »
45
PARTIE 3 /
L’ADOBE SISMIQUE :
UNE CULTURE CONSTRUCTIVE MESTIZA EVOLUTIVE
L’adobe est une technique universelle, qui, sur les diférents coninents, les dif- manière des adobes ont été trouvées dans la vallée de Casma au Pérou datant
férentes cultures qui s’y sont installées l’ont développée depuis des temps an- de cinq mille ans, peu avant l’appariion presque simultanément des moules en
cestraux. L’adobe est la technique la plus universelle et la plus simple puisqu’elle bois dans les villes de Erudi à Sumer et dans la vallée de Chicama péruvienne
nécessite seulement de la terre, de l’eau et les mains des hommes. L’adobe est (GUERRERO, 2007).
un bloc de terre crue moulée et séchée au soleil. Ce matériau, dans sa simplicité
apparente, existe depuis deux millénaires. Il a été́ façonné́ à la main, épousant Dans des contextes sismiques, les construcions en adobes ont pris une impor-
les formes organiques des doigts, de la paume, comme un témoignage du geste tance pariculière parce que l’humanité a été en mesure de développer des sys-
de l’arisan. (NORIEGA & VAUZELLE, 2014) Ceci a généré une ininité de diversi- tèmes sûrs en terme de sécurité à parir d’un matériau basique et précaire. Cete
tés architecturales et ouvre la possibilité de créaions ininies pour l’avenir. La parie du mémoire consistera en l’étude et l’approfondissement des technologies
forme actuelle de la brique d’adobe, le parallélépipède moulé, à plan rectangu- sismiques de construcion en adobe (dans l’un des pays les plus sismiques du
laire ou carré, est le résultat d’un long processus d’évoluion typologique qui a monde), leur évoluion construcive et leur contribuion au développement des
vu la brique de terre crue déclinée sous diférentes formes, façonnées à la main bâiments durables.
: boules ou pains de terre, coniques, piriformes, hémisphériques, deniformes,
à plan convexe... Les plus anciennes de ces briques, façonnées à la main sous
forme de pains de terre striés sur leur face supérieure, ont été́ découvertes par À gauche, brique découverte sur le site de Jéricho en Cisjordanie, date
les archéologues en Palesine, sur le site de Jéricho. Elles dateraient du VIIIème de 8000 à 7000 ans avant Jésus-Christ. Source : CRAterre
À droit, Chullpa d’adobe, Sitani, Río Isluga.
millénaire av. JC. Les plus anciennes briques parallélépipédiques moulées date- Date de Xe siècle avant Jésus-Christ. Source :
raient, quant à elles, du VIème millénaire av. JC. Elles ont été́ découvertes sur Biblioteca Nacional de Chile
le site de ̧atal Ḧyuk, en Anatolie (NORIEGA & VAUZELLE, 2014). De la même
46
4. Le contexte chilien de la construcion en adobe
Au Chili, en pariculier dans le Grand Nord, il y a des signes d’anciennes construc-
ions en adobe, une tradiion d’habitats Atacameño, aymara et quechua construits
avec cete technique sur le territoire même. A l’arrivée des colons européens,
cete technique s’élargit considérablement et se densiie sur le territoire, iniiant
un apprenissage construcif qui dure depuis 500 ans.
Avec les matériaux industriels, ont commencé à émerger les normes de construc-
ion du Chili, qui ont été forgées par la force des tremblements de terre. Chaque
norme relaive à la construcion est dépendante des tremblements de terre, les
normes sont générées en réacion à la catastrophe: après le séisme de Talca en
1928 l ‘ «Ordonnance générale de la construcion et de l’urbanisme,» après le
29 Chef des groupes pendant la guerre dans le peuple mapuche Schéma de création de normes de construction et tremblements de terre au Chili. Source : Suilan Hau
47
grand tremblement de terre de Valdivia est créée en les zones rurales et urbaines sont construites en
1960 la norme sismique pour les bâiments Nch433, adobe, ce matériau fait parie intégrante de la
après le tremblement de terre de San Antonio en culture. (WAFER, 2010).
1985 est créée la norme pour la maçonnerie renfor-
cée NCh1928 et inalement, après le grand tremble- Ces normes consituent évidemment une grande
ment de terre de 2010, est créée la norme Nch3332 avancée concernant les intervenions sur le bâi
et NTM002 qui concerne les intervenions structu- terre existant, puisque par l’intermédiaire de cet
relles des bâiments patrimoniaux en terre crue. ouil juridique, est reconnue la valeur du système
construcif et sa contribuion à la culture locale.
La norme chilienne NCh3332 et la norme MINVU Mais en même temps, cela laisse une porte en-
002, toutes deux produites par le même comité trouverte par l’absence de normes réglementaires
d’experts composés d’ingénieurs et d’architectes, pour les construcions neuves. La terre ne serait-elle
se concentrent sur les intervenions structurelles pas un matériau d’avenir ? Ou bien est-ce que les
sur les construcions en terre. Les règles sont éla- construcions en terre n’ont pas besoin de normes
borées pour servir de guides pour les réparaions et pour la mise en œuvre ? Si les cultures sismiques
établir des cadres minimaux pour des intervenions locales incluent des systèmes construcifs résistants
appropriées sur les bâis en terre, très diférentes aux séismes qui n’ont pas été formellement établis
des autres structures présentes dans le patrimoine au moyen de codes, mais qui sont encore visibles
construit du pays. sur les caractérisiques des bâiments, le choix du
Elles sont prévues pour ce qui concerne les modi- site et la concepion générale du territoire (FERRI-
icaions, restauraion, réhabilitaion, rénovaion, GNI, 1997), alors le patrimoine chilien sismique et
réparaion ou de consolidaion structurelle des méisse est la norme à laquelle se référer pour la
construcions en terre (MINVU, 2013), considérées construcion contemporaine en adobe.
comme valeurs patrimoniales. Elles cherchent à
normaliser les méthodes d’évaluaion des dom- ii. L’éducaion et la formaion pour la
mages et des détérioraions de la structure des construcion en adobe
construcions en terre, d’orienter les intervenions
sur les construcions en terre antérieures aux règles
Jusqu’au séisme de 2010, les bâiments en adobe
et ordonnances et d’améliorer la sécurité structu-
étaient très dévalorisés et se dégradaient de jour en
relle des construcions en terre. (MINVU, 2013)
jour. S’il est toutefois possible de trouver des efets
Ces normes considèrent la valeur patrimoniale
posiifs à ce grand tremblement de terre, ce serait
selon des critères très ouverts, permetant ainsi
de considérer qu’il a permis une prise de conscience
d’intégrer un nombre immense de construcions
importante de la perte du patrimoine culturel bâi
humbles, non classées ou reconnues.
en terre crue au Chili (27% des maisons endomma-
La quesion des assurances est un problème juri-
gées par le tremblement de terre sont construites
dique non résolu. Les assurances ne sont pas opé-
en terre et 30% du patrimoine culturel chilien est
rantes pour les maisons en adobe, ces restricions
construit principalement en adobe (HAU ESPINO-
injusiiées sont surprenantes dans un pays comme
SA, 2012). Puis, après le tremblement de terre qui
le Chili, où une forte proporion des maisons dans
48
a frappé la région de Coquimbo en 2015, les acions entreprises esseniellement
par l’organisaion de la société civile, les habitants des zones touchées, ont en-
core renforcé la valorisaion de l’adobe en tant que parie intégrante de la culture
naionale, ce qui a également simulé une reconnaissance formelle au niveau
académique.
En supposant que les façons de faire vernaculaires puissent nous enseigner des
leçons en termes de comment mieux nous relier à notre milieu naturel et ré-
pondre aux changements environnementaux (VELLINGA, 2015), puisque la terre
et en pariculier l’adobe est la réponse vernaculaire par rapport à l’environne-
ment sismique du pays, il est esseniel de reconsidérer son développement et
sa technologie pour améliorer la relaion contemporaine avec l’environnement.
Premier église de village de Nama, construction en adobe avec de murs de 120 cm d’empeseur
52
5. La diversité construcive de la technique :
des disposiifs et stratégies sismiques
La diversité des soluions construcives de la technique de
l’adobe au Chili, est directement liée à l’environnement et aux
ressources disponibles. Ainsi, se disinguent des critères basés
sur la résistance, la stabilité et les comportements sismiques,
qui représentent une évoluion dans le développement
construcif, avec les matériaux et les ouils disponibles. Se
disingue ainsi les stratégies uilisant des éléments en bois en
tant que disposiifs qui augmentent le comportement sismo
résistant des bâiments et augmentent également le compor-
tement structurel de la pierre, de l’adobe et des maçonneries
de briques (DIPASQUALE & MECCA, 2015)
a. Les murs en tant que centre du système structurel : la masse b. Éléments de renforts externes de la stabilité
En général, dans la construcion en adobe présente dans le pays, le rap- Les contreforts ont été les premiers éléments de renforts observés dans la
port d’élancement minimum est de 1 : 8 et généralement observé de 1 : 7 construcion tradiionnelle pour contrecarrer les eforts des tremblements
dans la plupart des bâiments. Pour maintenir cete relaion et augmenter de terre, ils souiennent les murs dans les moments dynamiques, l’empê-
la hauteur des bâiments, des murs épais sont construits, 50cm d’épais- chant de basculer vers l’extérieur, ils sont des disposiifs de stabilité.
seur est le minimum dans l’architecture tradiionnelle, ain d’ateindre 3,5 En général, ils ont été uilisés dans les cas de très longs murs qui ne dis-
mètres de haut. Cependant, le plus fréquent est de rencontrer des murs posent pas des éléments de souien de contreventement intérieur, donc
d’au moins 60cm d’épaisseur ce qui permet d’ateindre au moins 4m de il se génère un point fragile. Cela s’observe surtout dans la construcion
hauteur avec un module type d’adobe de 60x30x10cm. d’églises, dans les nefs centrales.
Les contreforts expriment la coninuité du mur vers l’extérieur le prolon-
Puis, à des alitudes plus élevées ou dans des endroits moins de ressources
pour les renforts, les murs augmentent à 90, 120 et 150 cm d’épaisseur, des
mesures résultant de la modulaion et des appareillages des murs à parir
du format cité précédemment. Les adobes, dans la construcion tradiion-
nelle sont toujours disposées en bouisse, la longueur du bloc devient la
largeur de la paroi (MUÑOZ & RIVERA, 2012) .Les stratégies de réponse
sismique ont d’abord été fondées sur des relaions géométriques, par la
créaion de volumes symétriques, longs et épais avec peu d’ouvertures et
des parois perpendiculaires pour réduire la longueur des murs (JOR-
QUERA, 2013).
1. Système de toiture. Les systèmes de toit sont toujours présents, mais pas
toujours pensé dans le cadre de la stratégie structurelle de la construc-
ion en adobe. Ils peuvent apporter à la rigidiicaion horizontale, au
contreventement en façon de diaphragme et à l’homogénéisaion des
descentes de charges.
2. Clefs. Les clefs sont des éléments ponctuels qui renforcent l’union entre
les éléments en bois de la construcion avec les murs extérieurs en adobe,
au niveau des planchers et des charpentes de toit. Parmi les renforts ce
sont les plus précaires et réalisés avec des pièces de bois plus peits, ce
qui signiie moins d’accès aux ressources pour les renforts.
Elles peuvent être perpendiculaires au mur, où un bois traverse le mur, la
56
parie intérieure est unie à la structure du plancher ou de la charpente de toit, couplée par un bois de
secion inférieure qui la traverse pour empêcher son déplacement.
Ces clefs ont été observées aussi en diagonale, dans lequel un bois séparé de la structure en bois est
conçu comme un support et est couplée de la même manière par une secion de bois inférieure sur
les deux points extérieurs.
Ce système est très vulnérable, puisque les bois sont exposés de manière constante à l’eau et aux
xylophages ce qui entraîne un pourrissement du bois, ceci ajouté à l’absence d’entreien entraine la
dispariion de la clef, abouissant à la dispariion du système de renforcement.
3. Les « Escuadra s » (Renforcements d’angles) sont des renforts spéciiques pour les unions de murs
en T ou en L. Ce sont des éléments en bois de diférentes secions qui sont insérés entre les rangées
d’adobe aux points les plus criiques de construcion, grâce leur matérialité ils apportent de la lexibi-
lité au système d’adobe qui, lui, foncionne principalement par son poids.
Ces disposiifs sont fréquemment observés surtout avec du bois de peite secion, ils sont disposés
dans la parie externe et internes du mur et reliés par des éléments perpendiculaires en bois formant
ainsi une échelle horizontale. Les « escuadras » sont parfois renforcées grâce à un élément diagonal
qui sort du mur.
ii. Les stratégies sismiques contemporaines b. Ils ont également été uilisés, en tant que réparaions postérieures à
l’exécuion de la construcion, autant dans les angles que dans l’uniica-
À l’heure actuelle, sous le paradigme de la durabilité, un nouveau regard sur le ion de murs perpendiculaires grâce à des plaines en métal posiionnées
patrimoine vernaculaire prend de l’ampleur, considéré comme un exemple de de part et d’autre des murs, qui sont atachés avec des iges métalliques,
sage adaptaion de l’architecture à l’environnement (JORQUERA, 2013), souvent vissées ou soudées aux plaines. L’objecif est l’uniicaion méca-
C’est la raison pour laquelle de nombreuses stratégies contemporaines de ren- nique des murs afectés par un tremblement de terre ou comme renforts
forcement sont basées sur l’apprenissage de l’architecture tradiionnelle, et prévenifs. Ils ont toujours été visibles et dans de nombreux cas ils ont
tentent une réinterprétaion incorporant des matériaux contemporains avec une été plus tard reirés pour des quesions esthéiques. Ceci comportant
meilleure performance, un coût moindre et une plus grande facilité de construc- une valeur au regard de la possibilité de réversibilité souvent recherchée
ion. Est inclue l’incorporaion d’éléments métalliques comme une praique ré- dans l’intervenion du patrimoine.
currente depuis le début du XXe siècle, à la fois lors de la construcion comme
éléments de renforcement externes et à la fois dans les réparaions ultérieures. c. D’autres technologies sont incorporées dans les bâiments d’adobe au
début du XXe siècle, rencontrées dans les « salitreras30 », où ont été
appliqués principalement des critères de concepion basés sur le com-
portement sismique grâce à l’incorporaion de maillages métalliques
“dépliés” régulièrement après un nombre déini de rangées d’adobes,
générant une structure interne qui renforce l’interacion entre les murs,
diminue le moment de basculement, améliore le comportement à la
tracion horizontale et à la performance globale de la construcion au
moment des mouvements sismiques. Ces maillages étaient atachés à
une structure métallique que portée grand distance entre deux appuis
dans les deux sens, avec une technique et un langage propre de l’archi-
tecture industrielle; ces structures sont recouvertes ou «noyées» dans
les murs d’adobe en rangées doubles, tous les 60 cm de hauteur, eniè-
rement cachés; Ces éléments consituent un système anisismique hau-
tement eicace qui a permis aux édiices de réagir avec succès, restant
debout malgré les grands tremblements de terre qu’ils ont eu à suppor-
ter (JORQUERA, 2013).
60
drisses, qui sont entrecroisées dans le mur entrant unis grâce au treillis métallique horizontal, imitant
et sortant du mur grâce à des perforaions dans le ainsi le foncionnement de « escalerillas », ce sys-
mur. Toutes ces stratégies visent à lier le premier tème a également été uilisé en couronnement de
iers fondamental (lié aux fondaions) avec la cou- murs.
ronne et le chaînage du mur, ain d’assurer la réduc-
ion des dégâts dans cete dernière secion, la par- iii. Les disposiifs sismiques dans les territoires
ie haute. Ces stratégies sont conçues et appliquées
principalement sur les bâiments patrimoniaux, ce Dans le Grand Nord où la terre est caractérisée par une pré-
sont des stratégies auxiliaires pour les construcions sence élevée de limons et faible d’argiles, les adobes seront
existantes et souvent avec des dégâts avérés. moins cohésifs et plus fragiles. Et, bien qu’il existe des es-
pèces végétales qui pourraient être ajoutées à ces adobes,
e. Depuis la découverte du comportement approprié, elles ne sont pas abondantes, de sorte que l’aide de la ibre
datant de plus de 100 ans, d’éléments métalliques est également marginale.
incrustés dans les bâiments en adobe et la consta-
taion des éléments « escalerillas » échelles en bois Les éléments en bois de grande dimension sont rares aussi,
largement présents dans le patrimoine naional, de sorte que les principaux ouils construcifs, surtout dans
s’est développé un système d’échelles métalliques la construcion du baroque andin, sont basés sur la résis-
noyées dans la construcion en adobe. D’abord ui- tance et la stabilité : peu d’ouvertures, une forte épaisseur
lisé dans le patrimoine, soit dans la reconstrucion des murs et l’incorporaion permanente de contreforts.
d’éléments de la construcion ou l’applicaion de
ceux-ci comme couronnements ou des éléments Dans le «Norte Chico» en revanche, d’une part se développe
auxiliaires, l’uilisaion de ces disposiifs passe dans une culture construcive en adobe postérieure à l’architec-
les nouvelles construcions en maçonnerie ture baroque andine du Grand Nord et d’autre part l’archi-
crue. La technologie consiste en l’incorpo- tecture coloniale de la zone centrale, de sorte que sont pris
raion de treillis soudés entre les ran- en compte les enseignements suite aux dégâts causés par
gées d’adobes. Ceux-ci peuvent être les séismes qui ont surtout afectés la zone centrale durant
ixés à des treillis extérieurs placés la colonie.
sur les deux faces des murs. Ils
peuvent également être ixés au Et d’un autre côté il s’agit d’un territoire qui possède de
mur grâce à un une barre métal- vastes ressources en argiles et en ibres, ainsi qu’un bon
lique en L qui assure l’ancrage accès (par rapport au grand nord) au bois de secions su-
et de l’autre côté atachés à un périeures. Donc, les stratégies de concepion, même si elles
treillis sur la face du mur. Une prennent en compte la résistance et la stabilité, s’appuient
autre façon de faire consiste à principalement sur les critères basés sur les comportements
uiliser deux angles métalliques sismiques avec la présence importante de renforts horizon-
en forme de L qui assurent un taux en bois.
ancrage des deux côtés du mur,
À droit, maison contemporain en adobe avec des renforcements de maillages métalliques à l’intérieur du mur, avec le
détaille de la construction. Maison de l’Architect Marcelo Cortes á Santiago.
61
Ces renforts se trouvent sur tout le territoire, à la fois sur des bâiments monu-
mentaux, sur les domaines patronaux, sur les bâiments ruraux et urbains mo-
destes, ce qui représente un système développé pour métaboliser, et non pas al-
ler contre les mouvements, favorisant la déformaion (FERRIGNI, HELLY, Mendes
Victor, PIEROTTI, RIDEAUD, & TEVES COSTA, 2005), générant l’interrelaion entre
les éléments construcifs et le bâiment.
La zone centrale est la principale zone d’intervenions et d’invenions sur les bâ-
iments en adobe. C’est là où il y a le plus d’expérimentaion construcive sur le
territoire naional, puisque ce fut le territoire principalement peuplé pendant la
période coloniale et encore actuellement.
Sont visibles dans les bâiments l’expression des diférentes stratégies décrites
ci-dessus, depuis les bâiments les plus anciens qui fondent leurs stratégies sur
des critères de solidité et de stabilité, avec une incroyable épaisseur de murs,
limitant les ouvertures et incorporant des contreforts. Preuve en est la plus an-
cienne édiicaion du pays : l’église et le couvent de San Francisco.
La parie sud du pays présente également des bâiments en adobe, c’est une
zone de moindre sismicité, et comme les construcions sont de moindre enver-
gure, la technologie sismique est inexistante, avec même la possibilité de trouver
des bâiments sans linteaux, les éléments en bois se limitent à la protecion de la
pluie, mais en aucun cas sont appliqués aux stratégies sismiques.
67
PARTE 4 / LE « NORTE CHICO »,
L’ADOBE ET LE TREMBLEMENT
DE TERRE DE 2015
6. Le territoire, la culture et l’histoire Sur le territoire il y a des traces de construcions pré-
hispaniques défensives surtout là où était reconnue la
Au Chili, est appelé « NORTE CHICO » la zone géo- qualité des terres à culiver. Dans la vallée de Copiapo
graphique entre le grand désert d’Atacama et la il y a encore des restes de pucara31 défendant cete terre
vallée Centrale. Ce territoire, entre aridité et ferili- de qualité agricole excepionnelle, même chose dans la col-
té, fait plus de 700 km de longueur entre la rivière line Mauco située sur le côté nord de l’embouchure de la rivière
Copiapo dans le nord (27°19’00”S 70°56’00"O) et la Aconcagua (Benavides, 1988).
rivière Aconcagua au sud (32°54’54”S 71°30’30”O).
Cete zone est principalement habitée par une La principale ville actuelle du territoire est de La Serena, qui à son tour est le
variété de villages de densité moyenne et basse, plus ancien, et représente la deuxième ville espagnole du Chili, fondée pendant
réparis dans la vallée transversale entre les mon- la colonie par ordre du conquistador Pedro de Valdivia en 1544. Cete ville a été
tagnes de la côte et les Andes. Cete zone est carac- érigée ain de faciliter et d’assurer la communicaion terrestre du Chili avec le Pé-
térisée par sa transiion, par une parie de sa géographie rou (Benavides, 1988), elle a été la capitale de la vice-royauté du Pérou à laquelle
entre le désert et la ferilité ; et d’autre part entre la zone appartenait ce territoire maintenant chilien. Le premier temps de la colonie a
la plus peuplée du pays et l’une des moins peuplée. Il airé leur atenion sur les guerres du sud et l’importance de la ville de Saniago.
traverse trois régions du Chili : la région sud de la région Dès la seconde moiié du dix-huiième siècle, l’exploitaion minière majeure de
d’Atacama, toute la région de Coquimbo et la région nord l’or, l’argent et le cuivre est généré, établissant ainsi la future planiicaion ur-
de Valparaiso. baine. Une autre acivité d’une grande importance et richesse est l’agriculture,
en pariculier dans les vallées de Coquimbo, Elqui et Aconcagua, qui aujourd’hui
Ce territoire a été habité depuis 10.000 avant JC, où environ encore reste importante. Diverses circonstances ont contribué que pendant le
2000 avant JC les premiers peuples sédentaires, agricul- XVIIIe siècle la zone centrale de la Capitainerie générale puisse consolider sa
teurs et poiers se sont établis et ont travaillé les métaux vocaion agricole, en fournissant les ressources nécessaires à la mise en place
abondants dans la région. Jusqu’à l’arrivée des Espagnols permanente de groupes de propriétaires fonciers et des travailleurs agricoles,
et depuis environ 95 AD, ce territoire a été largement des vallées du Norte Chico à la limite la zone de paix, à la hauteur de Chillán
peuplé par des peuples sédentaires dans les vallées in- et Concepción (Benavides, 1988). La terre a toujours été uilisée en tant que
térieures, appelées diaguitas par les quechuas, qui a membre fondateur. Au début de la tradiion autochtone, comme dans La
été dominé par l’empire Inca. Serena qui était un peit village qui pouvait consister seulement en un ou
deux ranches en murs de quincha avec de la boue et des toits de roseaux,
À gauche, carte de la zone « Norte Chico » avec des villes et
villages et les années de leur fondation.
À droit en haut, céramique diaguita. Source : Museo de Arte 31 Mot quechua que fait référence aux construcions de foriicaion. Mot uilisé
Precolombino par tous les cultures des Andes centrales (de l’Equateur jusqu’au Chili)
68
et des hutes de chaume seulement (CONCHA, des bâiments en adobe et des tremblements de terre ont
1871). L’adobe a ensuite été introduit. En Copiapó été testés pendant 200 ans, principalement sur le territoire
la première église en 1733 était en adobe avec des de la vallée centrale. Les bâiments qui sont dans les nou-
toit de planches de mélèze (Benavides, 1988) et velles villes expriment la splendeur de la nouvelle culture
le mur d’enceinte défensive de la ville de La Se- construcive sismique engendrée sur le territoire méisse du
rena construit en 1680. L’adobe, pièce d’argile et Chili.
de paille séchée au soleil, est l’instrument ducile
de toute la construcion rurale, basée sur la gesion 7. Les tremblements de terre du « Norte Chico »
empirique du comportement des matériaux contre
les séismes (Benavides, 1988). Ainsi, comme le reste du territoire qui se dégage de la Cordil-
lère des Andes à la mer, dans le présent territoire chilien, le
On peut alors parler d’un territoire qui était iniialement « Norte Chico » a été secoué en permanence par des trem-
un territoire de passage, de connexion avec le sud du terri- blements de terre qui ont détruit les villages à des moments
toire de l’extérieur par mer ou par terre. Que ce soit pour le diférents. La première ville hispanique du territoire a été
premier port du Chili, La Serena ; comme la «porte du dé- complètement détruite dans le tremblement de terre de
sert» dans lequel Copiapó a été formé, parce qu’il a marqué 1604, à parir de là a commencé une série de reconstrucions
la limite des deux steppes désolées qui ont entravé l’arrivée et d’apprenissage.
dans le pays: l’Atacama et les hauts plateaux qui a dû traver-
ser pour ateindre les vallées les deux versants feriles des Comme nous l’avons dit plus haut la tardive construcion des
Andes (Benavides, 1988). Et il avait en outre la croissance en zones peuplées du « Norte Chico », pourrait expliquer l’in-
raison de l’exploitaion minière et l’agriculture. C’est pour corporaion massive des stratégies construcives sismiques
ces deux raisons que le règlement du territoire a été généré éprouvées depuis déjà 200 ans sur le territoire de la vallée
princi- palement dans la precordillera32 des Andes ou centrale, en pariculier à Saniago, exprimant l’évoluion de
dans les vallées intermédiaires entre l’architecture du Chili, comme la culture de construcion sis-
les deux chaînes de montagnes mique.
(la côte et les Andes).
Ce fut alors, cete lo- Diférentes sources, y compris l’USGS33, NOAA34, CSN35,
raison tardive des montrent la fréquence des tremblements de terre de grandes
villages, principa- amplitudes subis par les territoires depuis 1570. Depuis cete
lement dans le date, sur le territoire, il y a eu quarante-neuf grands trem-
XVIIIe siècle, la
principale raison
de leur excel-
lence construc-
ive. Puisque la Carte séismique de la zone de « Norte Chico » de
33 United States Geological Survey 1900 à 2013. Source : USGS
connaissance 34 Naional Oceanic and Atmospheric Adminsitraion (US À droit en bas, carte de La Serena comme ville
Department of Commerce) fortifiée avec des grandes murs d’adobe pour
32 Precoridillera s’appelle des montagnes moins hautes que 35 Centre sismologique naional, qui dépend de l’Université prévenir les attaques et saccages des pirates.
la cime des Andes. du Chili. Source : Biblioteca Nacional
69
blements de terre, dont sept ont dépassé 8Mw36, les premiers enregistrements
étaient en 1604 et 1634 les deux dans la Serena, sans informaion sur leur am-
pleur, mais par contre donnant des informaions sur leurs terribles conséquences.
Il est possible de disinguer les tremblements de terre de Papudo en 1703 avec
8,7Mw, de Valparaiso en 1822 avec 8,5Mw, de Vallenar en 1922 avec 8,7Mw, et
le dernier de Canela en 2015 avec 8,4Mw.
Photos des activités fait par des associations pour mètre en valeur l’architecture en adobe de
Canela comme la ville de l’épicentre de tremblement de terre de 2015. Une maison typique, des
bénévoles et la présentation de la vidéo éducative EL ADOBE. Source : Francisco Tacussis
70
Dans ce contexte, le dernier séisme majeur qui a frappé le « Chico Nord » a eu
lieu le 16 septembre 2015. Il avait une magnitude de 8,4Mw ; mais paradoxale-
ment, il a produit peu de dommages, à la fois matériel et dans la vie. Bien que
l’ampleur de l’événement n’est pas synonyme de puissance destrucive, il est un
fait que la force de la culture de la construcion locale est précisément l’un des
principaux facteurs de diminuion des risques sismiques, ce que le territoire a ex-
primé dans toute sa splendeur et surtout dans les renforts internes représentant
des éléments de bois présents à l’horizontal dans la construcion.
D’autre part, les subvenions gouvernementales pour la réparaion des maisons
et l’expérience d’organisaions indépendantes ou dépendantes de l’Etat ont
contribué à une acion rapide sur le territoire. Alors que le travail de la mise en
valeur du patrimoine bâi en la terre, et surtout en adobe, commence et que cer-
tains bâiments ont déjà subis de nombreux tremblements de terre.
72
Parmi ces trois villes, la plus modeste Combarbalá, fon-
dée par les claims miniers des colonisateurs et l’évangé-
lisaion catholique, est dans une zone où abondent des
terres violetes qui donnent une paricularité à ses bâi-
ments. Ses construcions démontrent également que la
praiques de stratégies massives menionnées est évi-
dente, et dans les bâiments importants, comme l’église,
ont été observés l’incorporaion d’éléments horizontaux
á l’intérieur du mur, qui ne sont pas répétés dans les mai-
sons habitaion. Il est observé en plus la construcion
récente de maisons construites aussi en adobe dont les
bâisseurs sont encore vie et dans certains cas praiquent
encore le travail avec la terre.
Voilà ce qui est arrivé, en général dans d’autres zones urbaines du territoire :
Illapel (1754), Canela (1891), Punitaqui (1785) et Monte Patria (1750), où leurs
centres historiques ont été complètement démembrés en cassant la première
règle de leur structure : la coninuité structurelle et le travail commun avec les
autres bâiments sur le pâté de maisons. En raison de leur nouvelle uilisaion
comme centre commercial, les bâiments d’adobe ont été ataqués dans un autre
de ses principes de base : la massivité de sa structure principale. Ainsi, la créaion
de grandes ouvertures s’est terminée dans des cas comme Illapel, par l’efon-
drement de la structure des construcions. Dans Monte Patria et Punitaqui des
phénomènes similaires se produisent, mais dans des cas où la dégradaion des
bâiments étant plus avancée il était déjà beaucoup plus diicile de lire la ville
dans son ensemble. En haut, maison après le tremblement de terre de 2015, avec dommages générée par l’eau et
témoigne par le mouvement séismique
Canela est un cas spécial, il s’agit de l’une des dernières villes fondées sur le terri- En bas, état actuel dans le centre ville de Combarlabá. Photo de février 2016
toire, et se trouve hors de l’axe ferroviaire. Aujourd’hui c’est une ville d’étape vers
74
ii. Des construcions rurales
a. Résistance de masse
briques pour les planchers. Le povillo38 et la chaux couvrent á la in l’adobe et as-
surent l’unité et la bonne présentaion mis dans une expression simple, sans or- La réponse à la première stratégie est généralisée et elle est donnée par l’épais-
nementaions (Benavides, 1988). Les bâiments d’adobe présents sur le territoire seur des murs, pour lesquels des soluions diférentes observées se basent sur la
rural fondent leur caractérisique structurelle d’être auto-stables, de ne pas faire taille et l’agencement des blocs de terre à l’intérieur des murs.
parie d’un ensemble. Les murs d’adobes extérieurs ont des épaisseurs variant
entre quatre-vingts cenimètres et un mètre vingt, ce qui assure une excel- Sur le territoire, on disingue généralement des blocs de deux tailles : de 70x35x10
lente isolaion thermique et génère un poids propre suisant pour résis- cm et celles de 60x30x10 cm. Les blocs de la première taille se trouvent dans les
ter aux eforts sismiques aux condiions du raidissement à intervalles réguliers temples et les haciendas anciennes (FERRADA & SEGOVIA, 2007). Les blocs de
avec des parois transversales et le lourd système de toiture (Benavides, 1988). la seconde taille sont plus massifs et ont les mêmes dimensions que les adobes
de la région centrale du pays. En général, les blocs sont de grande dimension en
raison de l’épaisseur à ateindre par les bâiments rencontrés pour respecter la
iii. L’adobe du « Norte Chico »
première règle de base de l’architecture en adobe : la sveltesse de relaion 1/8.
Ainsi, l’exécuion des travaux est simpliiée pour ne pas avoir à développer égale-
Comme indiqué dans le chapitre précédent (Page 53), les stratégies tradiion-
ment des stratégies de verrouillage des blocs dans le mur.
nelles se structurent en trois familles pour répondre à la résistance par la
masse, dont la stabilité peut être renforcée par des éléments externes et les Cinq disposiions d’ordre interne des blocs sont observées sur le territoire :
éléments de renforcement interne. Il convient de menionner que tous ces élé-
1. Appareil en bouisses ou de cabeza ou botado. C’est l’appareil le plus cou-
ments ne sont pas mutuellement exclusifs, et ils se manifestent habituellement
rant dans les immeubles d’habitaions urbaines et rurales. Il consiste en
ensemble en ajoutant, augmentant ainsi la bonne performance du bâiment.
la posiion des blocs d’adobe en transformant la longueur du bloc dans
la largeur du mur. Elle se relète dans les murs de 60 à 70 cenimètres
d’épaisseur, plus de stuc peut ateindre 70 à 80 cm et peut construire des
38 Polvillo signiie la poussière, fait référence un type de terre très in pour faire bâiments de 4 à 5 mètres de haut sans grande diiculté ou risque struc-
des iniions. turel, qui est la hauteur moyenne de la construcion dans la région, et
76
Appareil de traba 90cm Appareil de traba 120cm
la zone centrale. Il faut disinguer qu’il existe diférentes formes de liens largeur du bloc dans la largeur du mur. Cela génère un élancement de
joints des murs, qui manifeste une culture et des stratégies complexes de murs bas (30cm), ain de répondre à la proporion minimale (1/8), ne
renforcement dans ce point fragile. peut ateindre plus que 240cm d’hauteur, cela est vériié dans le terrain.
Ce système d’appareil est observé dans la construcion la plus récente
2. Moins fréquemment l’appareil à l’anglaise, qui entrelace les adobes dans la région, qui sont construits jusqu’à aujourd’hui et représentent la
entre la largeur et la longueur, ateignant également des épaisseurs le technologie la plus précaire. Les joints des murs de ce type d’engin sont
long de l’adobe, va donc aussi entre 60 à 70 cm, sans tenir compte des très fragiles en raison de la faible union, qui ont échoué après les der-
terminaisons observées. niers grands tremblements de terre.
3. L’appareil de traba39. Dans des grands monuments, églises en général, où Exposition qui exprime la disposition des adobes à l’intérieur du mur, avec une épaisseur de
les murs facilement dépassent les sept mètres de haut, il était nécessaire 90cm et adobes de 60x30x10cm. Source : ECoT
d’augmenter l’épaisseur des murs pour obéir à la règle de la résistance,
l’appareil en traba peut ateindre entre 90 et 120 cm d’épaisseur, comme
un amarrage d’adobes doubles. Ils peuvent être disposés dans une ligne
longitudinale et transversale, inversant l’ordre de cela dans le prochain
cours, et donc ateindre 90 cm d’épaisseur. Ou installer deux adobes sa
longue et puis quatre à sa largeur, et l’invesissement du cours suivant et
alternent avec deux largeur et un long. Il est évident que dans ce réseau
interne des murs, il est beaucoup plus complexe, en pariculier au mo-
ment de l’union des murs.
4. L’appareil en panneresses, où les blocs sont uilisés en transforment la
39 Traba est le mot espagnol pour dire amarrer, l’appareil en traba fait référence
à l’amarrage interne du mur avec l’addiion des blocs qui s’entremêlent pour assurer la
stabilité de la maçonnerie.
77
Detaille de l’église de Barraza, où il
y a une continuation des bois de b. Stabilité par des éléments extérieurs.
l’intérieur du mur vers les contreforts
78
c. Renforts.
79
80
81
être observés souvent des bâiments avec un étage en adobe, en gardant
toujours les proporions de la sveltesse des murs d’au moins 1 : 8 avec des
murs au moins 60cm d’empeseur dans les bâiments tradiionnels.
Dans les pages précédentes, des églises avec des escarelillas comme system de renforcement
intérieur, dans des domaines urbain ou rural. Inmaculada Concepción de Monte Grande, Nuestro
Corazón de María de Ovalle, Nuestra Señora de las Mercedes de Carén, De la Inmaculada
Concepción de Cogotí 18, De la Hacienda Serón, San Francisco de Borja de Combarbalá et Nuestra
señora de la Merced de Mialqui.
En bas, maison á Canela. Il s’observe la disposiion des adobes avec l’appareil en panne-
resses et de renforcement avec des clefs qui sont en très avancé état de pourriture par
l’eau.
À droit en haut, maison avec un étage en adobe nouveaux (1980). Avec l’appareil en
panneresses et sans renfoncement sauf l’structure du plancher et des linteaux en bois.
À droit en bas, maison en adobe à Canela avec le propriétaire et constructeur en adobe.
82
constructeurs actuels, incorporant essayant même comme une deux appuis peites et linteaux underrun. Bien qu’ils changements
méthode de réparaion et de reconstrucion. radicalement de construcion tradiionnelle, l’élancement de 1 : 8
En raison de la sigmaisaion de la terre de la construcion et la est maintenue, mais dans ces bâiments l’économie est évidente
précarisaion de la profession des constructeurs en adobe, en lorsque vous essayez de diminuer la quanité de blocs d’adobe,
pariculier au début du vingième siècle, les bâiments de cete avec un appareillage en panneresses, où la largeur du bloc devient
époque ont perdu deux éléments (les esquineros et renforts également la largeur de la paroi (30 cm), donc les hauteurs des bâ-
horizontaux), conduisant à un renforcement plus précaires : iments ne dépassent pas 240 cm de hauteur. Ce sont ces règles
les clefs (page 56). Ils aident relier les murs de périmètre en qui ont contribué à la bonne conduite de ces bâiments contre les
adobe avec des murs perpendiculaires et la structure du toit tremblements de terre en Septembre à 2015.
avec des éléments d’amarrage en bois, qui est exposée en per-
manence à des insectes, étant sa plus grande vulnérabilité, en Le patrimoine vivant
plus d’être fait former généralement précaire, qui ne garanit
pas son foncionnement dans le moment dynamique. Il y a eu Malgré les diférents changements et dégradaions des technolo-
de nombreux cas, en mauvais état et d’autres qui ont échoué gies sismiques on peut repérer, sur le territoire, de nombreuses
à moment dynamique parce que vous pesez les murs avec le personnes ayant une expérience dans la construcion en adobe.
mouvement sismique est supérieure à la capacité de préhen- Certains d’entre eux ont construit leurs propres maisons, d’autres
sion de ce système. ont été engagés pour fabriquer des adobes41, d’autres construisent
avec des briques et d’autres savaient tous les domaines du méier.
Les réponses actuelles construcion en pisé dans le «Norte Chico» Les connaissances tradiionnelles ont l’inconvénient que, après
avoir été transférées par voie orale et par des expériences de vie
Au cours des années 80, en raison de la crise économique vécue d’une généraion à l’autre, rarement il a des documents qui per-
dans le pays, le programme de POJH40, qui visait à maintenir les chefs metent la caractérisaion et la difusion. En outre, comme les
de famille occupés, a été mis en œuvre. Dans le « Norte Chico », autres coutumes populaires, il est fréquent qu’avec le temps des
en pariculier en Canela (31°24’S 71°27’O), la principale occupaion inluences ou des modiicaions extérieures inissent parfois à
des employés de ce programme a été la construcion de maisons, faussert leurs bases d’origine (GUERRERO, 2007). Aujourd’hui, les
généralement pour eux-mêmes. Il est à ce moment, en raison de la constructeurs adobe du « Norte Chico » gardent la connaissance
rareté économique qu’il n’y avait pas plus que le matériel local et vivante du choix de la terre, du mélange avec de la paille, de l’in-
de la technique d’Adobe, qui a été relégué aux anciens bâiments, corporaion des éléments dans le mélange comme le guano42, de
il joue un rôle pariculier. Avec une nete inluence de bâiments en la fabricaion des blocs, de l’importance de l’ancrage généreux et
maçonnerie simples un type de technologie construcive plus pré- apparemment des proporion; mais n’est pas transmise la culture
caire départ, en raison de la perte progressive de la connaissance de les « escalerillas », vu dans le patrimoine à itre excepionnel, et
de celui-ci. Cete fois toutes sortes de renforts en bois sont élimi- qui par sa massivité, et une bonne exécuion conitue une bonne
nés, peut-être couplée à la déforestaion et à la sécheresse pro- réponse sismique.
gressive du territoire. Le bois uilisé uniquement pour l’exécuion
des linteaux et des plafonds. Règles de base de la construcion en La situaion actuelle du monde nous rappelle tous les jours la né-
adobe demeurent : l’élancées, la géométrie simple, la portée entre
41 Cortar adobes (couper des adobes) c’est la façon dont les per-
40 Programme d’emploi pour les chefs de famille mis en œuvre sonnes nomment cete acivité.
entre 1982 et 1988. 42 Déchets animaux
83
CONCLUSION
84
cessité de rechercher des soluions de développement durable, pour assurer la dont la totalité n’a pas complètement disparue. La culture construcive est là
survie de notre planète. Dans le secteur de la construcion, il est également im- où comprendre et savoir voir les anciens bâiments devient esseniel, de lire les
péraif de répondre à ce dilemme. En examinant les réponses données autrefois disposiifs incorporés dans l’architecture tradiionnelle qui a permis des déve-
il est possible de trouver des indices pour aider à tracer un nouveau chemin, sans loppements construcifs et structurels dans les endroits les plus sismiques de la
idéaliser ces soluions, et en les adaptant aux modes actuels de vie. planète est le moyen de contribuer à l’avenir.
La terre a été présente dans ces soluions dans la plupart des pays de la planète, Raviver et rétablir l’intelligence construcive ancestrale du patrimoine, élargir les
et dans le cas du Chili pendant des milliers d’années, en réponse à des contextes connaissances des constructeurs en adobe sur le territoire ; et donc incorporer à
divers et surtout avec des constants tremblements de terre. nouveau cete intelligence à la construcion, est aussi une façon de comprendre
La culture actuelle qui se perche sur le territoire chilien est méisse, elle est le l’évoluion d’une culture construcive.
résultat du mélange des populaions indigènes et des européens qui sont arrivés
au XVIe siècle, l’architecture et la construcion parlent du même méissage, qui Aujourd’hui, les constructeurs contemporains commencent à reprendre les
a forgé un patrimoine bâi, vernaculaire, qui a donné des réponses techniques enseignements vernaculaires et de les faire parie de ces propres enjeux struc-
aux plus grands tremblements de terre de la planète qui aligent souvent le ter- turels et esthéiques. Massiier cete connaissance jusqu’à ce qu’il repose sur
ritoire. Ceci a formé une culture construcive locale qui a construit l’architecture les constructeurs locaux est le devoir d’aujourd’hui. Retour aux épicentres des
vernaculaire sismique ainée en 4 siècles. tremblements de terre, creuser l’adobe, montrer leurs possibilités visuelles et
spaiales contemporaines, il est urgent et esseniel de démontrer les possibilités
Au cours des 100 dernières années, après l’industrialisaion et l’incorporaion futures d’une technique de construcion sismique, durable, sociale et de l’ave-
de matériaux industrialisés, la dévalorisaion des matériaux indigènes ancestraux nir, ayant besoin principalement de ce qui se trouve sous les pieds, les propres
dans le domaine de la construcion, la terre, a été massive. Cela a généré une dé- mains et soutenir une culture de tradiion éprouvée pendant des siècles avant
gradaion non seulement du patrimoine bâi qui a été massivement abandonné des grands tremblements de terre.
et maltraité, mais encore et surtout de la culture construcive qui avait pris deux
siècles à acquérir des connaissances qui s’étaient consolidées C’est précisément
la dégradaion des savoirs ancestraux transmis entre les généraions et construits
collecivement, la plus grande perte pour la culture et l’idenité naionale ; sans
connaître notre histoire nous ne pouvons pas construire l’avenir. Au Chili le pa-
trimoine vivant est dégradé, il a rompu le lien dans le transfert et la coninuité
de l’informaion. Il n’y a pas une coninuité pour innover et pour s’adapter aux
nouvelles condiions d’une culture déjà ancrée.
Mais il faut noter que la culture de l’adobe n’est pas morte. Le dépôt précieux
du patrimoine immatériel de la construcion en adobe du « Norte Chico » et du
Chili est émoussé, mais il est vivant. Il y a encore dans le pays et avec une plus
grande présence dans le « Norte Chico » une culture de constructeurs d’adobe,
qui ont perdu des éléments importants de cete culture sismique locale, mais
85
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« [La] tradition joue un rôle créatif important, car il est seulement par
tradition, respectant et en développant le travail des générations passées, que
chaque nouvelle génération peut faire des progrès positifs en vue de résoudre
un problème »
93
ANNEXES : DES ACTIVITES PARALLÈLES ET COMPLEMENTAIRES,
LE CHEMIN POUR L’ADOBE SISMIQUE CHILIEN
Tremblement de terre de 2010 : l’adobe et les séismes Il s’a appelé les enseignants et les autorités, ils ont réussi à obtenir un
bâiment à intervenir, ont été appelés étudiants de la même université
Le séisme de 2010 a été le plus grand tremblement de terre qui a frappé le centre et deux ateliers ont été organisés pour apprendre sur la réparaion des
du Chili après 25 ans. La plus forte densité de populaion et la concentraion du bâiments d’adobe.
pouvoir producif, économique et poliique dans le pays devrait se rappeler que En Vichuquen, par contre, ce sont les voisins qui se sont organisés et ont
cete zone est située sur des plaques se rencontrant et du sol qui se déplace. appelé des « experts ». Ils ont obtenu les ressources, les infrastructures,
ont convoqué les autorités, les professionnels locaux et surtout les ma-
Pour les autorités et les habitants du territoire, et également beaucoup de pro- çons.
fessionnels, l’adobe est apparu par dessous des épais enduits de ciment et les
bâiments ont manifesté leur réalité construcive : la terre, et surtout : l’adobe. La première expérience (de Cobquecura) n’a pas avancé, la graine ne
peut germer dans la terre sans être fécondée. Cependant, la seconde
C’est dans ce contexte que nous nous sommes rendus dans le territoire sinistrée (Vichuquén) a été le point de départ de l’un des procédés les plus réussis
et en même temps une approche de la maière a commencé avec une série d’ac- de la reconstrucion après le tremblement de terre de 2010.
ions de sensibilisaion et de formaion des communautés touchées et mêmes
dans les universités. Il s’agissait également du meilleur contexte pour apprendre, Vichuquén. Tous les constructeurs du village et les professionnels de
pour connaître des construcions en adobes du pays, connaître les failles, les fai- la quasi-totalité de la région ont assisté. La formaion a été réalisée en
blesses, les types de dommages et surtout ses énormes forteresses. trois étapes. La première était l’évaluaion globale des maisons endom-
magées, avec la visite du village, des conférences, des exposiions et
des évaluaions collecives des dommages. La deuxième étape était la
Formaions réparaion d’un bâiment où ont été faites des injecions de terre dans
les issures, l’ installaion des mailles électro soudées et une couche de
En collaboraion avec l’architecte Marcelo Cortes, la Fondaion Jofré et base en terre. La troisième étape était de donner une valeur à la terre
l’Université du Bío Bío, nous avons commencé une série de sessions de locale et sa diversité chromaique. De la terre locale a été récoltée et ils
formaion dans les zones touchées d’intérêt patrimonial avec des bâi- ont appris à faire des iniions ines en terre. A l’issue de ce processus
ments en adobe et à la fois près de l’épicentre du tremblement de terre. qui a duré cinq mois, tous les paricipants ont été ceriiés par l’Univer-
Nous nous concentrons les eforts dans deux endroits : Cobquecura et sité des compétences acquises et l’une des premières représentaions
Vichuquén. Ces deux expériences ont été très diférentes. du spectacle Tierra Eímera a clôt cete formaion le jour du patrimoine
A Cobquecura est s’assisté principalement par un intérêt de l’universi- culturel du Chili.
té, son intérêt patrimonial (Zona ípica43) et sa proximité de l’épicentre.
En plus des formaions, des stratégies diférentes ont été mises en œuvre
pour faire de la sensibilisaion autour de la terre et metre en valeur la
construcion en adobe.
Des formaions basiques pour évaluer des dommages dans des bâi-
ments en adobe ont été faites, et les gens ont visité le village patrimonial
en adobe de Rere pour l’évaluaion.
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EL ADOBE vidéo éducaive
Page précédant en haut, atelier des enduit terre dans le cadre du 1er Salon des
Technologies de Construction en Terre á Santiago, 2011.
Page précédant en bas, fresque de terre fait au département de construction dans
l’université du Bío-Bío
En haut, formation de maison pour construire de maison nouveaux en terre dans le
cadre de la reconstruction d’une zone traditionnel de Santa Cruz (région du Maule)
En bas, plusieurs copies de la vidéo éducative EL ADOBE à être distribué.
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Escuela de Construcción en Tierra
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www.amandarivera.cl