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es leuves et des ommes

à l’époque mérovingienne
Territoire luvial et société
au premier Moyen Âge (Ve-XIIe siècle)

AcTes Des 33e Journées InTernATIonAles


D'ArchéologIe MéroVIngIenne
28-30 sepTeMbre 2012, sTrAsbourg

Tome XXXII des Mémoires de l’Association française d’Archéologie mérovingienne


42e supplément à la revue archéologique de l’est
Dijon 2016
LES BATEAUX FLUVIAUX MÉDIÉVAUX
SUR LE MAIN ET LE NECKAR : LES BACS COMME COMPOSANTES
D’UN PAYSAGE CULTUREL FLUVIAL

4P[[LSHS[LYSPJOL-S\ZZZJOPMMLH\M4HPU\UK5LJRHY !
-pOYLUHSZ;LPSLPULYSPTUPZJOLU2\S[\YSHUKZJOHM[
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MLYY`ZHZWHY[VMHSPTUPJJ\S[\YHSSHUKZJHWL

Lars KRÖGER*

Mots-clés 7UDQVSRUWÁXYLDOSLURJXHVPRQR[\OHVEDFÁXYLDODUFKpRORJLHÁXYLDOH0DLQ1HFNDUSD\VDJHFXOWXUHOKLVWRLUHGXGURLW
Schlagwörter %LQQHQVFKLIIIDKUW(LQEDXP)lKUH)OXVVDUFKlRORJLH0DLQ1HFNDU.XOWXUODQGVFKDIW5HFKWVJHVFKLFKWH
Keywords ,QODQGQDYLJDWLRQORJERDWIHUU\ULYHUDUFKDHRORJ\ULYHU0DLQULYHU1HFNDUFXOWXUDOODQGVFDSHOHJDOKLVWRU\

Résumé $XFRXUVGHVDQQpHVSDVVpHVXQJUDQGQRPEUHGHSLURJXHVRQWpWpGpFRXYHUWHVGDQVODUpJLRQGX0DLQDXFHQWUHGHO·$OOHPDJQH
(QFRPSOpPHQWGXPDWpULHODUFKpRORJLTXHGpMjFRQQXPDLVMXVTX·jSUpVHQWWUqVSHXSXEOLpRQFRQQDvWDLQVLDFWXHOOHPHQWSLURJXHV
SURYHQDQWGHFHÁHXYH&HWWHVLWXDWLRQRIIUHXQHSRVVLELOLWpXQLTXHGHOLYUHUXQHDQDO\VHGpWDLOOpHG·XQV\VWqPHÁXYLDOFRPSOHW8QJUDQG
QRPEUHG·DQDO\VHVGHQGURFKURQRORJLTXHVRQWPRQWUpTX·HQYLURQ GHVSLURJXHVIDLVDLHQWSDUWLHGHEDFVÁXYLDX[PpGLpYDX[HWGHVWHPSV
PRGHUQHV/·DVVHPEODJHGHSOXVLHXUVSLURJXHVSRXUHQIDLUHXQYpKLFXOHSOXVJUDQGWURXYHGHVSDUDOOqOHVGDQVWRXWHVO·(XURSHPDLVQ·pWDLW
MXVTX·jSUpVHQWSDVOHFHQWUHG·LQWpUrWGHUHFKHUFKHVVFLHQWLÀTXHVLQWHUUpJLRQDOHV3RXUOHPRPHQWRQGLVWLQJXHWURLVW\SHVGHFRQVWUXFWLRQV
TXHO·RQSHXWDWWULEXHUjGLIIpUHQWHVSpULRGHVHWGLIIpUHQWHVUpJLRQV'HSOXVO·pWXGHGHVVRXUFHVpFULWHVHQUDSSRUWDYHFODEDWHOOHULHQRXV
PRQWUHO·pYROXWLRQG·HQYLURQHPSODFHPHQWVSRXUEDFVGXXIe au XIXeVLqFOH&HFLOLYUHOHVEDVHVG·XQHpWXGHGpWDLOOpHGXSD\VDJHFXOWXUHO
OLpDX[HDX[LQWpULHXUHVGDQVODUpJLRQGX0DLQHWSOXVSDUWLFXOLqUHPHQWFRQFHQWUpHVXUOHSDVVDJHGHVÁHXYHV/HVUpVXOWDWVFROOHFWpVVRQW
IDFLOHPHQWFRPSDUDEOHVjGHVUHFKHUFKHVDFWXHOOHPHQWPHQpHVVXUOH1HFNDU'HVUpÁH[LRQVVXUO·DSSDUHQFHGHVSDVVDJHVGHÁHXYHVHQ
SDUWLFXOLHUDXKDXW0R\HQÇJHVRQWpJDOHPHQWSUpVHQWpHV

Zusammenfassung :lKUHQGGHUYHUJDQJHQHQ-DKUHZXUGHQLP%HUHLFKGHV0DLQVLQGHU0LWWH'HXWVFKODQGVHLQHJUR‰H$Q]DKOQHXHU
(LQElXPHHQWGHFNW=XVDPPHQPLWEHUHLWVEHNDQQWHQDEHUELVODQJQXUXQ]XUHLFKHQGSXEOL]LHUWHQ)XQGHQNHQQHQZLUDNWXHOOLQVJHVDPW
(LQElXPHDXVGLHVHP)OXVV'LHVH6LWXDWLRQELHWHWHLQHHLQPDOLJH0|JOLFKNHLWGHWDLOOLHUWH8QWHUVXFKXQJHQDQHLQHPJHVDPWHQ)OXVVV\VWHP
GXUFK]XIKUHQ(LQHJUR‰H$Q]DKOGHQGURFKURQRORJLVFKHU8QWHUVXFKXQJHQ]HLJWHGDVVHWZD GHU(LQElXPH7HLOHPLWWHODOWHUOLFKHUXQG
QHX]HLWOLFKHU)lKUNRQVWUXNWLRQHQZDUHQ'LH9HUELQGXQJPHKUHUHU(LQElXPH]XJU|‰HUHQ)DKU]HXJHQÀQGHWLQJDQ](XURSD3DUDOOHOHQ
ZDU DEHU ELVODQJ QLH 7HLO EHUUHJLRQDOHU 8QWHUVXFKXQJHQ $NWXHOO ODVVHQ VLFK GUHL XQWHUVFKLHGOLFKH .RQVWUXNWLRQVW\SHQ XQWHUVFKHLGHQ
ZHOFKHVLFKUHJLRQDODOVDXFK]HLWOLFKWUHQQHQODVVHQ=XVlW]OLFK]HLJWGLH$QDO\VHVFKULIWOLFKHU4XHOOHQ]XP)lKUZHVHQGLH(QWZLFNOXQJ
YRQHWZD)lKUVWDQGRUWHQYRPELVLQGDV-DKUKXQGHUWKLQHLQ'LHVELOGHWGLH*UXQGODJHIUHLQHHLQJHKHQGH8QWHUVXFKXQJ
GHUOLPQLVFKHQ.XOWXUODQGVFKDIWLP%HUHLFKGHV0DLQVPLW)RFXVDXIGLH)OXVVEHUJlQJH'LHJHZRQQHQHQ(UNHQQWQLVVHODVVHQVLFKJXW
PLWGHU]HLWQRFKODXIHQGHQ8QWHUVXFKXQJHQDP1HFNDUYHUJOHLFKHQ=XVlW]OLFKZHUGHQhEHUOHJXQJHQ]XP$XVVHKHQGHU)OXVVEHUJlQJH
VSH]LHOOLP)UKPLWWHODOWHUDQJHVWHOOW

Abstract ,QWKHODVWIHZ\HDUVDODUJHQXPEHURIORJERDWVKDYHEHHQIRXQGLQWKHDUHDRIWKHULYHU0DLQLQFHQWUDO*HUPDQ\$GGLQJWKHVHWR
WKHDOUHDG\NQRZQEXWDV\HWOLWWOHSXEOLVKHGÀQGVZHKDYHFXUUHQWO\ORJERDWVLQDOO7KLVSURYLGHVDQRSSRUWXQLW\WRFDUU\RXWGHWDLOHG
DQDO\VLVRQDZKROHULYHUV\VWHP6\VWHPDWLFGDWLQJRIWKHÀQGVKDVVKRZQWKDWDSSUR[LPDWHO\RIWKHORJERDWVZHUHPHGLHYDODQGHDUO\
PRGHUQIHUU\FRQVWUXFWLRQV7KHFRQVWUXFWLRQWHFKQLTXHXVHGWROLQNVHYHUDOORJERDWVWRJHWKHULVFRPPRQWRPDQ\UHJLRQVLQ(XURSHEXWKDV
QHYHUEHHQSDUWRIDGHWDLOHGFURVVERUGHUUHVHDUFK&XUUHQWO\WKUHHGLIIHUHQWW\SHVRIFRQVWUXFWLRQFDQEHLGHQWLÀHGZKLFKGLIIHUEHWZHHQ
UHJLRQVDQGSHULRGV7KHZULWWHQVRXUFHVRQIHUULHVLQWKHUHJLRQZHUHDQDO\]HGDQGVKRZWKHHYROXWLRQRIDSSUR[LPDWHO\IHUU\VWDWLRQV
RQWKHULYHU0DLQEHWZHHQWKHWKDQGWKFHQWXULHV7KHVWXG\FRQFOXGHVZLWKDQLQVSHFWLRQRIWKHFXOWXUDOODQGVFDSHLQWKHDUHDRIWKH
0DLQIRFXVLQJRQULYHUFURVVLQJV7KHUHVXOWVFDQEHFRPSDUHGDJDLQVWWKRVHRIRQJRLQJUHVHDUFKRQWKHULYHU1HFNDU,GHDVRQWKHQDWXUH
RIHDUO\PHGLHYDOULYHUFURVVLQJVDUHDOVRSUHVHQWHG

* Doctorant de l'université de Bamberg (Allemagne).


(Allemagne).

'HVÁHXYHVHWGHVKRPPHVjO·pSRTXHPpURYLQJLHQQH, p. 89-104 (T. XXXII des0pPRLUHVGHO·$)$0 ; 42e suppl. à la RAE), © SAE 2016
'HVÁHXYHVHWGHVKRPPHVjO·pSRTXHPpURYLQJLHQQH 89
Lars KRÖGER

La carte des eaux allemandes est marquée par ses très 1. LES PIROGUES DU MAIN
QRPEUHX[ÁHXYHVSDUVHVODUJHVPDUpFDJHVDXQRUGHVWDLQVL
qu’au nord des Alpes, de même que par ses zones côtières en Le premier type est formé par les pirogues classiques de
mer du Nord et en mer Baltique. Même si la région côtière la Préhistoire, telles qu’on les rencontre partout en Europe
au nord de l’Allemagne est assez restreinte en comparaison (ARNOLD, 1995). Il se caractérise par sa datation et par sa
DYHFG·DXWUHVSD\VWHOVOD)UDQFHODUHFKHUFKHVFLHQWLÀTXH taille bien au-dessus de la moyenne. Sa coupe transversale le
concernant les bateaux et navires s’est surtout concentrée sur est arrondie et il arrive que des côtes transversales aient étété
des vestiges maritimes et semble avoir largement délaissé ressorties lors du travail du bois. Le bois utilisé ici est le
FHX[GHVPR\HQVGHWUDQVSRUWVGXUpVHDXÁXYLDO3RXUWDQW chêne. Il est possible d’y trouver des perforations au centre,
une analyse approfondie de ces découvertes peut améliorer tandis qu’aucune encoche ou aucun œillet n’apparaît jamais
considérablement nos connaissances quant aux questions sur ce type de construction ; le plus vieux spécimen de ce
concernant la communication, le commerce et le transport type de pirogue remonte aux environs de 235 av. J.-C., le
en Europe centrale. SOXVUpFHQWGDWDQWDX[DOHQWRXUVGHDS-& ÀJ D 
Pour parer à ces lacunes, plusieurs aspects du trans- Le second type possède une coupe transversale en
SRUWÁXYLDOHWGHVUpVHDX[G·LQIUDVWUXFWXUHVVXUOH0DLQHW forme de caisson plat, la pirogue se révèle donc être plus
le Neckar sont la cible d’études menées dans le cadre d’une large que haute. Sa proue remonte en angle obtus mais garde
mission de recherche créée en 20081. Ces deux rivières for- sa largeur d’origine alors que sa poupe se termine en angle le
PHQWOHVGHX[SOXVJUDQGVDIÁXHQWVSURYHQDQWGHO·HVWGX droit. Dans la région de la proue et de la poupe, on retrouve ve
Rhin. Le Main traverse le nord de la Bavière et le sud de la toujours et respectivement une paire de trous, mais il arrive
Hesse sur 524 km tandis que le Neckar s’écoule à travers parfois que certains trous individuels viennent s’y ajouter,
la quasi-totalité du Bade-Wurtemberg sur une longueur de au niveau de la proue. On y retrouve toujours des encoches es
362 km. C’est justement grâce au Main qu’ont pu se former et des œillets. Ici aussi, c’est le chêne qui est utilisé pour
les dépôts massifs de sable et de graviers qui sont actuel- la construction. Ce type semble exister entre 606 et 1329
lement exploités par l’industrie. Au cours de l’exploitation ap. J.-C. et se trouve exclusivement dans le Main supérieur ur
de ces carrières, plusieurs pirogues ont été et continuent ÀJ E 
d’être mises au jour. Jusqu’à présent, on a pu compter 114 Cette forme de pirogue est suivie par le type 3, qui pos-
SLURJXHVLGHQWLÀpHVVXUOHWHUULWRLUHGX0DLQ2²XQQRPEUH sède également une coupe transversale en forme de caisson, n,
qui n’a encore été atteint dans aucune autre région d’Europe. mais qui se rapproche plus du carré que du rectangle. La
Grâce à l’importante quantité de données ainsi accumulées, proue et la poupe sont massives. Les exemplaires légère-
LODpWpSRVVLEOHGHGpWHUPLQHUFHUWDLQVFULWqUHVDÀQGHFUpHU ment plus anciens possèdent une poupe droite mais la proue ue
XQHW\SRORJLHGHFHVSLURJXHVHWFHOOHFLDSXrWUHYpULÀpH et la poupe de leurs successeurs directs se ressemblent. On n
par le biais de leur forme, de leur utilisation, du type de voit apparaître un grand nombre de trous dans la poupe et la
leur construction ainsi que de la répartition d’éléments de proue, et l’on peut distinguer notamment dans le cas des plus
construction spéciaux, de leur diffusion régionale, de leur larges perforations des agencements par une ou deux paires
âge et du type de bois utilisé. Il a ainsi été possible de dis- ou en triangle. Des encoches et des œillets sont visibles
tinguer quatre types de pirogues dans le lit d’un seul cours sur les parois externes. Le bois utilisé ici est le sapin et ces
d’eau, ce qui est également une nouveauté dans le domaine pirogues sont datées entre 1339 et 1633. Elles sont aussi si
de la recherche en Europe centrale (KRÖGER, 2010). W\SLTXHVGX0DLQVXSpULHXU ÀJ F 
Le quatrième type possède une coupe transversale
DUURQGLH6HVSDURLVH[WHUQHVQ·RQWpWpTXHSHXUHFWLÀpHV
tandis que l’intérieur de la pirogue est taillé à angles droits.
La proue et la poupe sont demi-circulaires, voire sphériques,
et dépassent des parois latérales. Des trous apparaissent par-
ar
ar-
fois, des encoches et des œillets surviennent au contraire re
régulièrement. Ici, le bois utilisé semble provenir exclusi-
1 . La mission de recherche est conduite par l’auteur au sein de la vement de chênes. La datation de ce type n’est pas précise,
chaire pour l’archéologie du Moyen Âge et des Temps modernes de
la Otto-Friedrich-Universität de Bamberg et financée depuis 2011 par
compte tenu du fait que seules deux datations dendro-
les fonds de la « Communauté de Recherche Allemande » 'HXWVFKH chronologiques remontant au XIVe siècle ont été livrées es
)RUVFKXQJVJHPHLQVFKDIW . jusqu’à présent. Le type 4 se distingue des types 2 et 3 non on
2. Nous ne connaissons jusqu’à présent que six trouvailles sorties du Neckar, seulement par sa forme, mais aussi par sa diffusion régio-
mais cette région est encore en cours d‘étude et il est probable que ce nombre
augmente encore. Il est tout aussi possible que de nouveaux exemplaires
nale. Alors que les deux autres catégories de pirogues ne se
soient découverts les prochaines années dans le Main, que ce soit au cours de trouvent que dans le Main supérieur, celle-ci n’est présente te
travaux d’exploitation des carrières de gravier ou dans les dépôts de musées.
musées. TXHGDQVOH0DLQLQIpULHXU ÀJ GHWÀJ D 

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LES BATEAUX FLUVIAUX MÉDIÉVAUX SUR LE MAIN ET LE NECKAR

type 1

type 2

1m

type 3

type 4

Fig. 1. /HVTXDWUHW\SHVGHSLURJXHVGX0DLQ W\SHGH6FKRQXQJHQXOWpULHXUHPHQWj$' 


W\SHGH6FKZHLQIXUW$' W\SHGH/LFKWHQIHOVYHUV$' W\SHG·$VFKDIIHQEXUJYHUV$' GHVVLQ / .U|JHU 

En tout, ce sont 58 exemplaires qui ont été datés par Grâce aux données collectées, un passage abrupt du
la dendrochronologie3, tandis qu’une pirogue a été datée type 2 au type 3 dans un laps de temps situé entre 1329 et
par le radiocarbone, mais d’autres datations suivront pro- 1339 dans le Main supérieur a pu être constaté. Les écrits
chainement. De plus, 85 pirogues ont déjà été dessinées par nous livrent un changement massif concernant les droits de
l’auteur, ce nombre s’accroissant aussi. coupe du bois dans la région à cette époque, dû à la pénurie
de bois (en particulier le chêne) (SPERBER, 1968, p. 19 ss.).
3. Laboratoire de dendrochronologie du Centre d’Administration des &HSKpQRPqQHIXWDPSOLÀpSDUOHVLQRQGDWLRQVFDWDVWUR-
Monuments historiques bavarois, Franz Herzig.
Herzig. phiques de l’année 1342, qui s’étendirent à toute l’Europe

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Lars KRÖGER

Fig. 2. D 5pSDUWLWLRQGHVGLIIpUHQWVW\SHVGHSLURJXHVOHORQJGX0DLQ E 5pSDUWLWLRQGHVSDVVDJHVPpGLpYDX[GHULYLqUHV


OHORQJGX0DLQ GRQQpHVJpRJUDSKLTXHVGHEDVH '*0$67(5‹86*6 FDUWHK\GURJpRORJLTXH  
‹%*5 FDUWRJUDSKLH/ .U|JHU 

centrale. Le besoin de reconstruire au plus vite des moyens indique qu’elles faisaient partie d’un dispositif plus grand
de navigation, des moulins et d’autres infrastructures liées TXLSHXWrWUHTXDOLÀpVHORQODGpÀQLWLRQGH+LUWH HIRT IR E,
aux cours d’eau a sûrement entraîné une hausse du coût 1987, p. 5 ss.) de « corps flottant monoxyle ». De telles
des matériaux nécessaires (BORK et alii, 2011 ; TETZLAFF pirogues sont le plus souvent interprétées comme des bacs cs
et alii, 2001 ; WEIKINN, 1958, p. 197 ss.) et l’on peut penser ÁXYLDX[
qu’une interdiction relative à l’utilisation de bois de chêne Le premier à avoir étudié de plus près les différentes
pour la construction de pirogues a été prononcée. À la suite formes de bacs fluviaux composites en Allemagne est st
de celle-ci, les constructeurs de pirogues ont été confron- D. Ellmers, qui chercha à mettre en évidence les diffé-
tés à un changement de matériaux et ont donc été obligés rences dans la forme des pirogues et put ainsi en distinguer er
d’adapter la forme des pirogues aux propriétés des autres trois types qui sont encore actuellement régulièrement cités
essences disponibles. (ELLMERS, 1973, p. 50 ss.), tels les types « Weser » dans ns
Nous ne pouvons pas dire qui construisait ces pirogues, la partie ouest de l’Allemagne, « Oder » à l’est, et la ponte
mais il est peu probable qu’il s’agisse d’un métier à part gauloise en France et le long du Rhin, mais cette répartitionon
entière. Les techniques artisanales utilisées ici sont com- est actuellement jugée trop imprécise. La critique majeure
munes à celles des charpentiers, il est donc probable que les repose sur le fait que la définition du type « Weser » est st
pirogues aient été fabriquées dans des chantiers urbains, ce beaucoup trop large (HIRTIR E, 1987, p. 417 ss.). Il en est de
qui faciliterait aussi le contrôle des bois utilisés à cet usage. même pour le type « Oder » (LELG, p. 421 ss.), puisque des es
Les pirogues des types 2 à 4 étaient trop étroites, avec analyses détaillées en Pologne ont démontré que le matériel
leur largeur maximale de 26 cm, pour servir de moyens de archéologique peut être subdivisé en bien plus de catégories
transport particuliers. À cela vient s’ajouter le grand nombre (OSSOWSKI, 1999). La dernière forme décrite par Ellmers rs
d’encoches, d’œillets et de trous que l’on y trouve et qui (type de la ponte gauloise) est confrontée à un rejet total, du

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LES BATEAUX FLUVIAUX MÉDIÉVAUX SUR LE MAIN ET LE NECKAR

fait de la maigreur du matériel duquel elle est née (HIRT IR E, Au vu des reconstructions faites jusqu’à ce jour
1987, p. 399 ss., 423 ; MCGRAIL, 1978, p. 49 ss.). (O SSOWSKI , 1999, fig. 142 ; L AGADEC , 1983, fig. 8 ;
D’autres recherches sur ces corps flottants ont été Z IMMERMANN , 1987, fig. 8 ; H ERZIG , 2003, fig. 4 ;
menées et publiées par Chr. Hirte (HIRT IR E, 1987), qui a pu GARBSCH, 1986, p. 26), des parallèles ethnologiques tracées es
découvrir des pirogues pour bacs fluviaux sur les cours (ADAMECK, SCHWEENÀJ KAPITÄN, 2009, p. 142 42
supérieurs moyens de l’Elbe, de l’Oder, de la Weser, du ss.) et de l’analyse des découvertes faites dans le domaine
Rhin, du Neckar, du Main et de la Lippe. On remarque que du Main, il a été tenté de reconstruire un tel bac fluvial
MXVTX·jSUpVHQWDXFXQEDFÁXYLDOFRQVWUXLWGHFHWWHPDQLqUH sur la base du matériel archéologique du Main. On trouve, e,
n’est connu dans les zones côtières ou les lacs en Allemagne. comme indiqué précédemment, sur les pirogues du Main in
La raison de ceci est sans doute visible dans l’utilisation de des encoches et des œillets, des trous de forage et autres
FHVEDFVÁXYLDX[$ORUVTX·LOpWDLWpYHQWXHOOHPHQWSOXVIDFLOH traces de menuiserie. Dans trois cas, on peut même obser-
de créer un réseau de voies terrestres autour de lacs de petite ver des tiges transversales encore en place. En revanche, la
envergure, on préférait sûrement l‘utilisation de péniches plateforme/surface supérieure et la manière dont elle était
pour surmonter des trajets plus longs sur de larges éten- À[pHQHVRQWSDVFRQVHUYpHVHWGRLYHQWSDUFRQVpTXHQWrWUH
dues d’eau (CRUMLIN-PEDERSEN, 1997, p. 300 ss. ; BILL, entièrement imaginées. Il en va de même pour la connexion
HOCKER, 2004 ; KÜHN, 2004). des pirogues entre elles à la proue et à la poupe.
Comme Ellmers avant lui, S. McGrail divise les piro- ,OHVWSUREDEOHTXHODVXUIDFHGHVEDFVÁXYLDX[GX0DLQ
JXHVSRXUEDFVÁXYLDX[HQWURLVFDWpJRULHVPDLVV·DSSXLH était aussi composée de planches épaisses en travers des
VXUOHVIRUPHVJpQpUDOHVGHEDFVÁXYLDX[G·$QJOHWHUUHHW pirogues et attachées à celles-ci par le biais des œillets et
du Pays de Galles et délaisse ainsi les formes et construc- jO·DLGHGHYHUJHVGHVDXOH8QHVROXWLRQVLPSOHHWHIÀFDFH
WLRQVVSpFLÀTXHVUpJLRQDOHVGHFHUWDLQVW\SHVGHSLURJXHV FRQVLVWHjÀ[HUOHVSODQFKHVDX[SLURJXHVjO·DLGHGHORQJXHV
(MCGRAIL, 1978, p. 44 ss.). tiges de coupe semi-circulaire, mais cette méthode n’est pasas
À ce jour, seuls quelques essais ont été réalisés pour attestée, faute de découvertes identiques.
UHFRQVWUXLUHGHVEDFVÁXYLDX[FRPSOHWVjSDUWLUGHVSLUR- En raison du nombre important des trouvailles et des
gues connues et initialement prévues à cet effet. Ces recons- meilleures conditions de conservation, le type 3 est momen-
tructions présentent néanmoins toutes des caractéristiques tanément le plus approprié pour une reconstruction hypo-
semblables. Elles se composent de deux pirogues ou plus, thétique. Beaucoup de pirogues de ce type possèdent deux
parallèles et côte à côte et qui sont reliées entre elles par des paires de trous à la verticale à la proue et à la poupe. Une
WUDYHUVLQHV(QUqJOHJpQpUDOHOHFRUSVÁRWWDQWDLQVLIRUPp explication possible serait que deux tiges dans des directions
HVWUHFRXYHUWGHSODQFKHVGHERLVDÀQG·HQIDLUHXQHJUDQGH opposées y étaient clouées. Une autre explication pourrait
surface navigable (KRÖGER, 2011). être que les quatre trous accueillaient une seule tige.

Fig. 3. 5HFRQWUXFWLRQG·XQEDFÁXYLDOjSLURJXHV GHVVLQ / .U|JHU 

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Lars KRÖGER

Nous savons, pour ce qui est des radeaux, que leurs $VFKDIIEXUJ ª (FISCHER, 1989, p. 41). Nos connaissances
ERLVpWDLHQWÀ[pVOHVXQVDX[DXWUHVJUkFHjGHVÀ[DWLRQVHQ FRQFHUQDQWOHVSDVVDJHVÁXYLDX[DXJPHQWHQWMXVTX·jO·DQ
saule (DELFSÀJ  &HWWHPpWKRGHGHFRQVWUXF- 1300 ; ainsi on dénombre quatorze lieux/endroits mention-
WLRQSHXWrWUHIDFLOHPHQWUDSSRUWpHDX[EDFVÁXYLDX[FH QpV*pQpUDOHPHQWLOV·DJLWGHEDFVÁXYLDX[HWORUVTX·RQHVW
TXLIRUFHjFRQVWDWHUTXHWRXVOHVWURXVGHVEDFVÁXYLDX[ en présence de sources concernant des ponts, on constate
n’étaient pas obligatoirement destinés à recevoir une tige qu’elles sont en règle générale précédées de la mention d’un
et des clous de bois, mais plutôt que la majorité de ceux-ci EDFÁXYLDODXPrPHHQGURLW5. Leur nombre augmente net-
SRXYDLWVHUYLUjXQHÀ[DWLRQDYHFGHVYHUJHVGHVDXOH*UkFH tement jusqu’en 1500 ap. J.-C. avec 59 passages connus, s,
à une telle construction, on pouvait créer un raccordement mais on est en droit de se poser la question si ces chiffres es
assez flexible pour être utilisable sur l’eau. De plus, on UHÁqWHQWELHQODUpDOLWp,OVHPEOHSOXW{WTXHF·HVWJUkFHDX
emploie en radellerie des petites plinthes clouées au radeau, QRPEUHFURLVVDQWGHVVRXUFHVpFULWHVjODÀQGXEDV0R\HQ
et l’on retrouve un phénomène similaire sur les proues et Âge que se multiplient les mentions de passages de cours rs
poupes des pirogues où une plinthe clouée servait à mainte- G·HDX ÀJ E 
QLUOHVHPEDUFDWLRQVUHOLpHVHQWUHHOOHVjpJDOHGLVWDQFHDÀQ (QÀQSRXUODÀQGX XIXe siècle, nous recensons 137
que la construction ne soit ni trop écartelée, ni trop écrasée, passages dans la région du Main et jusqu’à Michelau (arron-
SHQGDQWTXHODWLJHÀ[pHjODFRQVWUXFWLRQDYHFGHVYHUJHV dissement de Lichtenfels). Ainsi, on trouve là un moyen de
de saule assurait la stabilité nécessaire pour empêcher que le WUDYHUVHUOHÁHXYHHQYLURQWRXVOHVj NP/DSOXSDUW
EDFQHÁpFKLVVH(QUHYDQFKHOHVWLJHVGXF{WpGHODSURXH GHFHVSDVVDJHVVHSUpVHQWHQWVRXVIRUPHGHEDFVÁXYLDX[
et de la poupe compliquent, voire empêchent totalement les ponts massifs étant présents seulement dans les villes
l’embarquement de charrettes ou autres véhicules depuis à influence suprarégionale telles Francfort-sur-le-Main,
ces extrémités (KRÖGER, 2011). Aschaffenbourg, Wurtzbourg, Ochsenfurt, Kitzingen, n,
Les données et résultats ainsi collectés ont aidé à la Schweinfurt et Lichtenfels. Celles-ci possédaient en majo-
reconstruction graphique d’un bac fluvial monoxyle du rité déjà au Moyen Âge le privilège attribué par l’Empe-
Main (fig. 3). La base de ce dessin est donnée par une UHXUGHFRQVWUXLUHXQSRQW/HVRXFLG·DVVXUHUTXHOHWUDÀF
pirogue mise au jour dans la baie de Schonung, près de ffluvial sur le Main se déroule sans problèmes et ne soit
Schweinfurt, et qui est datée dendrochronologiquement de pas gêné par des constructions illégales faisait partie des
O·DQ3RXUODUHFRQVWUXFWLRQJUDSKLTXHSDUWLHOOH ÀJ  grandes préoccupations du pouvoir, comme on peut s’en
en haut à gauche), c’est une pirogue du cours supérieur rendre compte en lisant par exemple le décret de 1157 de
du Main entre Bamberg et Schweinfurt qui a été utilisée. Frédéric Barberousse, ordonnant la réduction de toutes les
Celle-ci date de l’an 1420. stations douanières, au nombre de trois sur le Main, et inter-
inter
GLVDQWWRXWHVIRUPHVGHJrQHVGXWUDÀFÁXYLDO WEILAND,
2. LES BACS FLUVIAUX SUR LE MAIN 1893, n° 162, p. 225). Avec la transformation des besoins en
infrastructures et de l’évolution des possibilités offertes par
ar
Certes, la documentation et l’interprétation des décou- OHVQRXYHOOHVWHFKQLTXHVGHFRQVWUXFWLRQOHVEDFVÁXYLDX[
vertes archéologiques de pirogues peuvent apporter leur existants seront peu à peu remplacés par des ponts à partir tir
FRQWULEXWLRQTXDQWjO·DSSDUHQFHGHVEDFVÁXYLDX[PDLV de 1880.
elles sont très lacunaires lorsque l’on s’interroge sur l’orga- Lorsque l‘on compare l’état des lieux sur le Main à
nisation, la situation de propriété ou leur importance au sein celui relevé lors des recherches sur le Neckar, on remarque ue
d’un paysage culturel ; c’est pourquoi il est crucial de com- e
ici une situation totalement différente au XVII siècle. Alors rs
pléter les informations tirées du matériel archéologique par qu’on ne trouve presque aucun pont sur le Main, on est st
une analyse des sources écrites concernant la navigation des presque exclusivement en présence de ce type de construc-
EDFVÁXYLDX[HWOHVGLIIpUHQWVSDVVDJHVGHÁHXYHVGX0R\HQ tion sur le Neckar au sud de Heilbronn. C’est du moins ns
Âge aux temps modernes. ce que l’on peut discerner sur diverses représentations de
Avant l’an mil, peu de récits nous livrent l’existence de villes sur la carte d’arpentage/carte forestière de Kieser,
SDVVDJHVGHÁHXYHVFHUWDLQHVGHFHVVRXUFHVpFULWHVUHVWDQW créée entre 1680 et 1687 (M AUERER , S CHIEK , 1985a ;
très vagues4. La seule mention sûre est celle d’un pont à MAUERER, SCHIEK, 1985b). Sur la portion du Neckar, entre re
Aschaffenburg en 989 comme © «SRQWHPFRQVWUX[LWDSXG Heilbronn et Tubingue, on relève sur environ 140 km vingt gt
HWXQSRQWVPDLVVHXOHPHQWWURLVEDFVÁXYLDX[ ÀJ  6. Une
explication de ce phénomène se trouve sûrement dans le
4. /DPHQWLRQG·XQEDFÁXYLDOHQi5XPSHQKHLPQ·HVWSDVWRXWjIDLW
certaine, de même que la mention du lieu « Urfare » au VIIIe siècle, par
laquelle l’utilisation de l’expression « -phar » / « Fahr » / Fähre (allemand 5. Il en va de même à Wurzbourg, Kitzingen et (Klein-) Ochsenfurt.
SRXU© EDFÁXYLDO ª QRXVOLYUHXQLQGLFHSRXUXQHpYHQWXHOOHWUDYHUVpHGX 6. Ces cartes ont malheureusement été détruites lors de la seconde Guerre
ÁHXYHPDLVDXFXQHLQIRUPDWLRQFRQFHUQDQWVDIRUPHRXVRQIRQFWLRQQHPHQW mondiale.. Par chance, des photos et un fac-similé des représentations des
mondiale

94
LES BATEAUX FLUVIAUX MÉDIÉVAUX SUR LE MAIN ET LE NECKAR

Fig. 4. /RFDOLVDWLRQGXEDFGH3OHLGHOVKHLP*UR‰LQJHUVKHLPVXUODFDUWHG·DUSHQWDJHFDUWHIRUHVWLqUHGH.LHVHUHQ
HIEKESDJH 9XHGHVORFDOLWpVGH3OHLGHOVKHLP0RXOLQGH3OHLGHOVKHLPHW*UR‰LQJHUVKHLP 
0AUERER, SCHIE
CHIEK
WUDLWHPHQWHWFRORUDWLRQ / .U|JHU 

fait que le Neckar est en théorie largement navigable, mais /DFUpDWLRQGHEDFVÁXYLDX[pWDLW²GHIDoRQVLPLODLUH


que la ville de Heilbronn ne le permettait pas. En 1333, DX[SRQWV²FRQWU{OpHSDUOHVVHLJQHXUVGHVWHUULWRLUHVFRQFHU
DX[SRQWV²FRQWU{OpHSDUOHVVHLJQHXUVGHVWHUULWRLUHVFRQFHU-
Louis de Bavière accorda à la future ville libre de l’Empire nés, mais ce privilège pouvait aussi être distribué à la petite
ite
le privilège de disposer librement de la rivière et de pou- noblesse, aux couvents ou autres institutions religieuses.
voir la détourner et la bloquer. Ceci entraîna l’impossibilité Cette distribution était régulée par les )lKUVSUHQJHO (secteurs
de naviguer tout au long du Neckar, et ce jusqu’en 1821 d’administrations des bacs). Par la possession d’un droit de
(DUMITRACHE, HAAG, 2001, p. 35 ss.). Ainsi, les villes et bac, une personne avait la possibilité de faire fonctionner un
bourgades alentour purent aisément construire des ponts EDFÁXYLDOHWG·HQFDLVVHUOHVUHFHWWHVTXHFHODHQJHQGUDLW&H
sans risquer de gêner la batellerie. droit garantissait en même temps que sur cette portion du
Lorsque nous sommes en présence de sources icono- cours d’eau, aucun autre bac ne pouvait être mis en place.
graphiques comme c’est le cas pour la carte de Kieser, En contrepartie, le possesseur de ce bac s’engageait à assurerer
O·LGHQWLÀFDWLRQGXW\SHG·XQSDVVDJHVHUpYqOHrWUHDVVH] OHSDVVDJHjWUDYHUVOHÁHXYH3RXUFHIDLUHOHSURSULpWDLUH
simple et relativement sûre. Il n’en est pas toujours de même louait le bac en règle générale pour quelques années à des
pour les sources écrites. L’utilisation en latin de termes pêcheurs locaux ou d’autres individus connaissant la rivière.
tels que SRQWHP, SDVVDJLL ou vadumQHSHXWrWUH²HWF·HVW 6HORQOHFRQWUDWGHORFDWLRQOHVEDFVÁXYLDX[pWDLHQWPLVGH
SRXUWDQWVRXYHQWOHFDV²WUDGXLWHVDQVDQDO\VHFULWLTXHSDU différentes façons à la disposition du locataire. Il était alors
rs
« pont » ou « gué », mais correspond plutôt au sens large de important de toujours avoir deux bateaux aux endroits de
« passage ». Il en va de même pour les termes allemands passage important, soit d’une part un bachot, c’est-à-dire
tels que YDUEUXFNHQ ()DKUEUFNH, soit littéralement « pont un petit bateau pour le transport de personnes et d’autre part
navigable »), qui n’évoquent pas un pont mais un type de un « pont navigable », un véhicule plat et large destiné au
EDFÁXYLDO YRLUinfra). transport de charriots ou d’animaux (par exemple ARNETH,
1965, p. 231 ss. ; SPROTTE, 1982, p. 12 ss.).
Les passeurs pouvaient, suivant les contrats, garder
lieux avaient été faits. Il manque tout de même une petite zone au sud de l’argent issu des passages et assurer d’autres activités en
Stuttgart, où il n’est pas impossible que d’autres passages se trouvaient aussi.
aussi. parallèle, tant que celles-ci ne gênaient pas leurs devoirs

95
Lars KRÖGER

FRQFHUQDQWOHEDFÁXYLDO3RXUIDFLOLWHUFHWWHWkFKHOHSDV- si le bateau était aussi élargi. Il est cependant impossible le


seur recevait souvent, en plus de son droit de passage, une de dire si l’objet de Pforzheim pouvait être rehaussé ou si
maison avec potager pour sa famille, ainsi qu’un vignoble d’autres éléments en bois se trouvaient entre les parois en L
dans des cas plus rares (par exemple SCHÜLL, 2012, p. 5 et IR E, 1986 ; KRONENWETT, TIMM, 1995, p. 443 ; HAAG,
(HIRT
12 ss. ; RUF, 2003, p. 193). BRÄUNING, 2001, p. 81). Ce matériel archéologique a pu
Le propriétaire du bac ainsi que les villageois et les être daté au radiocarbone de l’année 1127 +/- 64. Il est dif-if
if-
citadins n’avaient pas besoin de payer pour passer la rivière ÀFLOHG·HQGLUHSOXVVXUVRQPpFDQLVPHGHSURSXOVLRQHWVRQ
et se contentaient généralement de donner au passeur une domaine d’utilisation. La faible taille et la localisation de
miche de pain )lKUODLE en guise de ticket annuel. À par- la découverte près d’un pont ultérieur pourraient indiquer er
tir du XVIIe siècle, cette forme de paiement sera remplacée XQHXWLOLVDWLRQFRPPHEDFÁXYLDOPDLVFHFLQHUHVWHTX·XQH
par un dédommagement pécuniaire (par exemple HULLER, conjecture.
1982, p. 146 ; KOLB, 1992, p. 191 ss.). La découverte d’un autre bateau du Moyen Âge tar-
Il existait différents tarifs pour les habitants de la région, dif a été réalisée dans une carrière de graviers près de
les étrangers ou les juifs, de même que pour le transport de Obereisenheim et dans le cadre des recherches menées sur ur
charrettes ou d’animaux. Le prix des traversées augmentait les pirogues du Main. Ce bateau aussi n’est que partielle-
aussi considérablement et pouvait même doubler selon la ment conservé, du fait qu’il a été déchiqueté par une exca-
puissance du courant, par exemple après la fonte des neiges, vatrice-aspiratrice. Il s’agit apparemment des restes d’une
le travail du passeur s’avérant particulièrement dur et dan- petite embarcation aussi appelée 1DFKHQ ou Schelch et dont
gereux en cette période de l’année (par exemple KELLER, l’année d’abattage du bois de sapin blanc donnée par den-
1999, p. 166 ss. ; SPROTTE, 1982, p. 20 ss.). drochronologie est 1333. Il est probable que quelques cernes
Les bacs étaient entraînés avec des perches qui sont manquent, c’est pourquoi on peut penser qu’il date de la
aussi régulièrement évoquées dans les contrats de loca- seconde moitié du XIVe siècle8.
tion (FRANK, 1982, p. 50 ss.). Au cours du XIXe siècle, une Actuellement, on connaît pour l’Allemagne en tout onze ze
grande partie de ces bacs est transformée en bacs à traille bateaux composites et cinquante-six pirogues issus de la
ou « ponts volants », mais avec l’apparition du touage, tous SpULRGHFRPSULVHHQWUHHWDS-& ÀJ  &HV
les bacs à traille doivent jusqu’en 1912 retirer les ancrages véhicules présentent différentes formes de construction qui ui
immergés nécessaires à leur fonctionnement et sont trans- reposent toutes sur des structures aquatiques à fond plat et
formés en bacs à traille haute et à poulie de déviation (par ayant un squelette formé de couples9. On ne connaît ici, et
exemple MARKT, TRIEFENSTEIN, 1982). La mise en place contrairement aux bateaux romains ou des temps modernes,
de bacs motorisés ne s’effectue qu’au cours de la seconde aucune longueur supérieure à 16 m. De plus, on observe ve
moitié du XXe siècle. que les constructions sont maintenues grâce à des clous en
ERLV,OHVWSUREDEOHTXHFRPPHSRXUOHVEDFVÁXYLDX[RQ
3. COURT
OUR E DIGRESSION CONCERNANT ait utilisé des perches pour les faire avancer. Dans le cas du
LES BAT
BA EAUX FLUVIAUX bateau Krefeld-Gellep III, qui semble dater du VIIIe siècle, on
AU HAUT ET BAS MOYEN ÂGE7 relève un pied de pylône qui suggère un recours au halage.
L’existence de barques à rames et avec une quille au haut et
On ne connaît jusqu’à présent malheureusement aucune bas Moyen Âge et dans les eaux continentales n’a jusqu’à
découverte archéologique pour cette époque sur le Main présent pas été prouvée par l’archéologie10. Parallèlement
ou le Neckar. Étonnamment, on a trouvé les débris d’un à une utilisation comme bateaux de transport, par exemple
EDWHDXGDQVXQDIÁXHQWGX1HFNDUO·(Q]/·REMHWWURXYpj pour le transport de pierres, l’utilisation des pirogues pour
Pforzheim n’est que partiellement conservé et se compose ODSrFKHHWGHVEDFVÁXYLDX[SUpVHQWpVSOXVKDXWHVWELHQ
de deux parties latérales en chêne et en forme de L. Au démontrée. D’autres découvertes peuvent être sûrement nt
niveau des jointures intérieures, on distingue cinq trous de LQWHUSUpWpHVHQWDQWTXHFRUSVÁRWWDQWVSRXUGHVSRQWVRXGHV
forage horizontaux qui devaient sans doute servir à relier
les deux éléments ensemble à l’aide de clous de bois. Il 8. L’auteur prévoit de publier cette découverte dans un futur proche.
existe aussi dans les parois latérales des forages verti- 9. Il est intéressant de constater qu’un partie des meilleurs moyens de
comparaison pour certains véhicules se trouvent en France, comme par
caux dont la fonction était peut-être de maintenir d’autres exemple la pirogue de Noyen-sur-Seine (MORDANT, 1998; TRAN et alii,
SODQFKHV'XIDLWGHODIDLEOHODUJHXUGHO·HPEDUFDWLRQHWDÀQ 1998) et le bateau d’Orlac (RIETH, 1994 ; CHAPELOT, RIETH, 1995). D’autres
de stabiliser sa construction sur l’eau, ceci n’est sensé que formes de véhicules tels ceux de Port d’Envaux (voir la contribution on
d’A. Dumont) et Port-Berteau II (RIETH, 2000a ; RIETH, 2000b ; RIETH,
2009 ; RIETH et alii, 2001) sont inconnues en Allemagne.
7. 8QHDQDO\VHJOREDOHGHVEDWHDX[ÁXYLDX[GXKDXWHWEDV0R\HQÇJH 10. Les fragments d’un bateau de la première moitié du Ve siècle à Mayence
ne peut être livrée ici car cela dépasserait les limites de cet article. Les font ici exception. Celui-ci semble s’inscrire encore fortement dans la
principaux points seront tout de même éclaircis brièvement.
brièvement. tradition des provinces romaines.
romaines.

96
LES BATEAUX FLUVIAUX MÉDIÉVAUX SUR LE MAIN ET LE NECKAR

Fig. 5. &DUWRJUDSKLHGHWRXVOHVPR\HQV
GHWUDQVSRUWGXKDXWHWEDV0R\HQÇJH
VXUOHVHDX[LQWpULHXUHVHQ$OOHPDJQH
GRQQpHV JpRJUDSKLTXHVGHEDVH 
'*0$67(5‹86*6 FDUWH
K\GURJpRORJLTXH  ‹%*5 
FDUWRJUDSKLH / .U|JHU 

PRXOLQVÁRWWDQWV ÀJ  1RXVVRPPHVGRQFHQSUpVHQFH qu’il fuyait devant un seigneur saxon. Aussi eut-il l’appari-
d’un large éventail des possibilités d’utilisation des véhi- tion divine d’une biche qui lui montra le chemin pour passer
FXOHVÁRWWDQWVSRXUFHWWHpSRTXH KRÖGER, 2014, p. 94 ss.). OHÁHXYH&KDUOHPDJQHVXLYLO·DQLPDOHWSXWDLQVLV·HQIXLU
avec ses compagnons. Depuis cet instant, l’endroit porte
4. LA TRAVERSÉE DES FLEUVES le nom de Francfort (-sur-le-Main) (HOLT OL ZMANN, 1935, 5,
DURANT LE HAUT MOYEN ÂGE OL ZMANN, 2007)11.
p. 491 ; HOLT
À première vue, il paraît clair que le passage est dési-
On ne peut hélas pas en dire beaucoup sur les passages gné comme « gué » (allemand : )XUW) au sens d’un site de
GHVÁHXYHVSRXUODSpULRGHGXKDXW0R\HQÇJHSXLVTX·LO franchissement peu profond. D’un autre côté, on ne doit pas
n’existe presque aucune source manuscrite. Seules quelques oublier que Thiermar de Mersebourg écrivit ses chroniques es
mentions sont connues pour le Main, mais généralement, entre 1012 et 1018, soit 200 ans après les événements.
celles-ci sont entourées de grandes incertitudes. Les recettes ,OQRXVOLYUHFHSDVVDJHDÀQGHIRXUQLUXQHH[SOLFDWLRQj
des passages QDXOXP sont certes souvent nommées, mais
restent très restreintes en ce qui concerne leur pertinence 11. “Sed QHKXLXVQRPLQLVDQWLTXLWDVWHOHFWRUDPSOLXVODWHDWVLFXWD
(par ex. 1030 pour Würzburg dans B RESSLAU , 1909, YHULGLFLVYLULVDXGLYLVLFDGQXQFLDUHWLELFXSLR5HJQDQWH.DURORPDJQR
No. 154, p. 205 ss.). Une des sources les plus importantes LPSHUDWRUH3LSSLQLUHJLVÀOLREHOOXPÀWLQWHUVXRVHWSUHGHFHVVRUHVQRVWURV
LQTXRFHUWDPLQH)UDQHLDQRVWULVGHYLFWLHXPÁXPHQ0RJLQGLFWXPVLQH
en rapport avec un passage sur le Main est visible dans la DOLTXDYDGLFHUWLWXGLQHSDODQWHVWUDQVLUHFRJHUHQWXUFHUYDPSUHFHGHQWHP
vie de Charlemagne. Thietmar de Mersebourg nous livre que HWGLYLQDPLVHUDFLRQHTXDVLYLDPHLVGHPRQVWUDQWHPVHFXWLRSWDWLOLWRULV
celui-ci ne trouvait pas de passage à travers le Main alors VHFXULWDWHOHWLSRFLXQWXU([KRFORFXVKLFGLFWXVHVW)UDQFRUXPYDGXPµ

97
Lars KRÖGER

Pirogue de Angelhof
Lieu de découverte : Angelhof
Datation : après 599d

‘Krefeld-Gellep III’
Lieu de découverte : Krefeld-Gellep
Datation : daté par céramique Pirogue de Stettfeld
au VIIIe siècle Lieu de découverte : Stettfeld
Datation : après 824d

Pir
Pirogue de
Mariaburghausen
Lieu de découverte
déc : Barque de Seehauser-Groden
Mariaburghausen Lieu de découverte : Bremen
Datation : après 596d Datation : vers 1198d

‘Karl von Bremen’


Lieu de découverte : Bremen
Datation : après 808 d

‘Krefeld-Gellep II’
Lieu de découverte : Krefeld
Datation : après 1198d

Fig. 6. 3ODQVGHFRQVWUXFWLRQVGHVWURXYDLOOHVGH© .UHIHOG*HOOHS,,, ª© .DUOGH%UrPH ª© +DLWKDEX,9 ª© 3LURJXHG¶$QJHOKRI ª
© 3LURJXHGH6WHWWIHOG ª© 3LURJXHGH0DULDEXUJKDXVHQ ª© 6HHKDXVHU*URGHQ ª© .UHIHOG*HOOHS,, ª© %DWHDXGH3IRU]KHLPW ª
HWGHOD© 3LURJXHG·(YHQVHQ ª VHORQZZZDUFKDHRORJLHNUHIHOGGHVHORQM CK Taf VHORQ&ARNAP-BORNHEIM et alii
MÜCKE
S  VHORQH T Taf  K
HIRTE KRÖGER K
KRÖGER VHORQK KARALIÀJ  VHORQV
VELTMAN
T 
ÀJ  VHORQH T  VHORQH
HIRTE T Taf  UHWUDYDLOOpVSDU/ .U|JHU 
HIRTE

l’étymologie de la ville de Francfort et aurait appris cette ou en carrosse. Ces passages sont assez nombreux sur le
KLVWRLUHSDUGHVKRPPHVGHFRQÀDQFHPDLVO·pYpQHPHQW Main12. Face à cette explication, un certain scepticisme peu
ressemble plus à une hagiographie. L’apparition de la biche s’imposer, c’est pourquoi quelques brèves considérations ns
et ainsi, le sauvetage divin sont des expressions de style concernant ce genre d’interprétations ainsi que des idées
utilisées pour représenter Charlemagne sous un angle bien alternatives seront présentées ci-après13.
particulier. Le seul fait dont on peut être sûr est que l’en- Premièrement : la présence d’un gué perturbe la batel-
droit se nomme selon les sources de cette époque vadum lerie et va ainsi à l’encontre de l’intérêt de la Royauté de
)UDQFRUXP ou )UDQNRQRIXUG (ORTH R , 1991, p. 11). Mais la JDUGHUOHVÁHXYHVOLEUHVHWQDYLJDEOHV HÄGERMANN, 2002, 2,
question de la forme sous laquelle ce passage se présentait
n’est pas entièrement résolue.
Hélas, presque tous les toponymes ayant le suffixe 12. Sur le Main, il s’agit de Francfort, Trennfurt, Kirschfurt, Lengfurt,

© ²IXUW ª tendent à faire un rapprochement direct avec


Ochsenfurt, Hirschfeld (précédement Hirschfurt), Schweinfurt, Wonfurt
onfurt et
Hassfurt.
la fondation d’une ville près d’un gué, d’un passage peu 13. Quelques-unes de ces considérations ont déjà été publiées sous forme
profond sur un cours d’eau, que l’on peut traverser à pied d’un essai (K
( RÖGER, 2012).
2012).

98
LES BATEAUX FLUVIAUX MÉDIÉVAUX SUR LE MAIN ET LE NECKAR

p. 15 ss.). Les bateaux du haut Moyen Âge ont certes un nous connaissons de nombreux bacs fluviaux grâce aux
faible tirant d‘eau (KRÖGER, 2014, p. 94 ss.), mais néces- écrits et aux sources archéologiques, tandis qu’aucun pas-
sitent tout de même une profondeur minimum d’environ sage à gué n’est signalé.
60 cm pour pouvoir naviguer. En revanche, le niveau d’eau Quatrièmement : il est apparu dans les recherches es
ne doit pas être trop profond pour pouvoir faire passer du menées jusqu’à présent, que le terme © YRUW ª rencontré dans
bétail ou un véhicule chargé. P. Benecke part d’une taille les sources du bas et du haut Moyen Âge a souvent été
moyenne de 75 cm pour les porcs du Moyen Âge (BENECKE, traduit par © )XUW ª, soit « gué » en allemand (SCHNEIDER,
2001, p. 265), ce qui pose déjà un problème si l’on compte 2007, p. 193). Mais on peut aussi le traduire par © )DKUW ª,
une profondeur d’eau de 60 cm accompagnée de vagues. Si VRLW© EDFÁXYLDO ªHQIUDQoDLV'DQVGLYHUVGRFXPHQWVHW
l’on tient en plus compte des variations de niveau d’eau sai- jusqu’aux temps modernes, la notion de © )DKUW ª est assi-
sonnières, soit les bateaux ne peuvent pas naviguer à cause milée à celle de © )lKUH ª © EDFÁXYLDO ªHQDOOHPDQG  HQWUH
ber ne peut emmener
d’une profondeur trop faible, soit le berger autres MAIERHÖFER, 1964, p. 101). Les noms de lieux tels ls
son bétail au marché. © )DKUDP0DLQ ªRX© 8USKDU ªHWOHVEDFVÁXYLDX[OHXU
Deuxièmement : le passage d’un gué peut non seule- correspondant ne font qu’appuyer cette hypothèse (WEBER,
ment se révéler désagréable mais aussi dangereux. Ceci est 1967, p. 19 ss.). Il est possible que le terme de © )XUW ª//
par exemple lisible dans un manuel pour pionniers de l’ar- © JXp ªDLWFRQQXXQFKDQJHPHQWGHVLJQLÀFDWLRQ'DQVOH
mée prussienne de 1830, où les différentes façons de traver- dictionnaire 1878 de la langue allemande des frères Grimm,
ser des eaux sont décrites. On y indique aussi la possibilité FHPRWHVWGpÀQLFRPPH© XQSDVVDJHSRXUSLpWRQVSHU-
des passages à gué, dont l’usage est vivement déconseillé. sonnes à cheval ou conducteurs d’un véhicule terrestre, à
0LVjSDUWODGLIÀFXOWpGHVDYRLUWURXYHURXUHFRQQDvWUHXQ travers un cours d’eau » et l’attention du lecteur y est aussi
gué approprié, l’argument principal à l’encontre de ce type attirée sur la ressemblance de ce mot avec d’autres langues es
de passage est le danger qu’il représente pour l’infanterie. européennes15. Si l’on regarde de plus près l’œuvre la plus us
Les soldats sont trempés, ce qui d’un côté altère l’équipe- DQFLHQQHD\DQWIRUWHPHQWLQÁXHQFpODODQJXHDOOHPDQGH
ment et de l’autre peut provoquer des maladies et blessures, soit la traduction de la Bible16 par Luther, on trouve à sept pt
telles sans doute l’hypothermie et des infections de peau. reprises le terme © )XUW ª au sens d’un passage par un cours
C’est pourquoi on y conseille de ne jamais marcher à travers d’eau17. La traduction du texte original en hébreu par un
un passage plus profond que 2,5 pieds prussiens (environ « passage peu profond à travers un cours d’eau » semble le
78 cm) ou, en cas d’urgence pendant une bataille, à tra- aussi convenir à six reprises, mais pas pour deux. Samuel el
vers une profondeur de 4 pieds (soit environ 125 cm) que 19:1918. Le mot original en hébreu19 dans ce passage diffère re
l’on doit réduire selon l’intensité du courant et la qualité des six autres passages de la Bible et il en va de même pour ur
du sol. On ne doit pas non plus oublier le danger qu’un 20
son interprétation dans des traductions plus tardives . Onn
charriot puisse s’y coincer et que son chargement se ren- peut donc penser qu’éventuellement, Luther ne connaissait ait
verse (HOYER, 1830a, p. 76 ss. ; HOYER, 1830b, p. 58 ss.). pas ce mot et l’a ainsi mal traduit, ou bien qu’il le connais-
Des conditions similaires sont sûrement applicables au haut sait tout à fait et qu’il l’a bien traduit par « gué ».
Moyen Âge. Par exemple, un paysan en chemin vers un Cinquièmement : l’utilisation ou la traduction du terme
centre urbain ne voudra sans doute pas passer la moitié de vadum dans les traductions allemandes des sources médié-
la journée avec des vêtements mouillés jusqu’aux hanches vales est issue d’une interprétation différente de celles des
ou bien risquer de perdre sa marchandise dans le courant. DXWUHVSD\V*pQpUDOHPHQWFHPRWHVWLQWHUSUpWpFRPPHGpÀ-
Troisièmement OHVIRUWHVPRGLÀFDWLRQVJpRORJLTXHV nissant un « endroit peu profond et franchissable », en raisonon
DX[TXHOOHVVRQWVRXPLVOHVJUDQGVÁHXYHVQHSHUPHWWHQW GHVGLFWLRQQDLUHV©FODVVLTXHVªTXLSURSRVHQWFHWWHGpÀQLWLRQ
ªTXLSURSRVHQWFHWWHGpÀQLWLRQ
pas la formation de gués constants, surtout dans des cours (STOWASSER et alii, 1994, p. 537). En revanche, les diction-
d’eau où les sables et galets sont sans cesse bousculés naires spécialisés dans le latin médiéval expliquent ce terme
par le courant, tel le Main. Il est cependant impossible de
FUpHUGHVJXpVDUWLÀFLHOVFDUFHX[FLQHVHUDLHQWSDVDVVH] 15. http://woerterbuchnetz.de/DWB/.
stables14 et gêneraient la batellerie. De plus, les analyses 16. La source la plus utilisée ici a été http://www.bibel-online.net.
géologiques faites jusqu’à présent pour le haut Moyen Âge 17. 1. Moïse 32:23 ; Josué 2:7 ; Jugesr 3:28 ; Juges 12:5 ; Juges 12:6 ; 2.

PRQWUHQWTXHOHVÁHXYHVpWDLHQWSURIRQGpPHQWDQFUpVGDQV
Samuel 19:19 ; Jérémie 51:32.
18. ©«YQGPDFKWHQGLH)XUWGDVVLHGDV*HVLQGHGHV.|QLJVKLQEHU
le sol des vallées, et c’est seulement lors du bas Moyen Âge IUHWHQYQGWKHWHQZDVMPJHÀHOH6LPHLDEHUGHUVRQ*HUDÀHOIXUGHP
TXHOHVÁHXYHVV·DSODWLVVHQWHWV·pODUJLVVHQWGDQVFHVYDOOpHV .|QLJHQLGHUGDHUYEHUGHQ-RUGDQIXKU«ª (LUTHER²/HW]WH
(SCHIRMER, 2007 ; voir aussi la contribution de L. Werther Hand).
19. `Abarah / DEDZUDZ ʲʏʡʸʕ ʤ
ʕ ) ; Dans d’autres passages bibliques ma`abar
dans ce volume). Pour cette époque du bas Moyen Âge, / PDKDEDZU· (ʮʔʲʏʡʔʸ).
20. King James (1611) IHUU\ERDW ; Elberfelder (1905) )lKUH ; Luther (1912)
14. Voir par exemple les chemins creux usés par la circulation.
circulation. )lKUH ; Louis Segond (1910) EDWHDX
EDWHDX..

99
Lars KRÖGER

Pirogue du haut Moyen Âge


1m Lieu de découverte : Mariaburghausen
Datation : après 606 d

Fig. 7. 3LURJXHGH0DULDEXUJKDXVHQGDWpHSDUGHQGURFKURQRORJLHSRVWpULHXUHPHQWj$'
SKRWRJUDSKLHHWGHVVLQ / .U|JHU 

par un « passage de rivière, endroit où l’on peut passer la Sixièmement : les termes « )XUW »/« gué » et © YDGXP ª
rivière en bac» (NIERMEYER, 1984, p. 1058). Cette autre tra- VRQWSDUWLHOOHPHQWPLVHQUHODWLRQDYHFGHVEDFVÁXYLDX[
duction est sans doute aussi valable pour le terme de « gué » dans les sources archivistiques. Ainsi, dans une source
© )XUW ª . H. Tiefenbach souligne le problème du peu d’im- écrite de 1344, il est question d’un « …vadum […] quod od
portance des noms de lieux et est de l’avis que la nomination vulgariter dicitur eyn far…» pour le lieu Obernburg sur
d’un lieu par le mot « )XUW ª ne permet pas de déduction le Main, soit une © YDGXP ª généralement appelée © )DU ª /
sûre quant aux propriétés d’un endroit (TIEFENBACH, 1989, )lKUH DOOHPDQG RXEDFÁXYLDO IUDQoDLV 22. De même, dans
p. 268 ss.). L’idée très répandue que les noms comprenant un autre écrit de 1486, le chapitre du diocèse de Würzburgrg
© )XUW ª / « gué » combinés avec des noms d’animaux comme cède au Maire et au conseil de la ville de Frickenhausen une
c’est souvent le cas en Basse-Franconie, puissent donner © …IXUWXQGGDVIDUHPLWVDPSWGHUEUXFNHQ ª, soit un « guéué
un indice sur la profondeur d’un gué devient alors obsolète ainsi que son poste de passage, comprenant aussi son pont
(voir aussi WENISCH, 1972, p. 29 ss.)21. QDYLJDEOH ªVRLWOHEDFÁXYLDO

21. Voir la note 11 ; comme un gué qui serait traversable par un bœuf 22. Document non publié de la collégiale de St. -Pierre et Alexandre
re
(allem. : 2FKVH), un cerf (allem. : Hirsch), un porc (allem. : 6FKZHLQ) ou un d’Aschaffenbourg du 9 Juin 1344 aux archives de la ville d’Aschaffen-
lièvre (allem.
(allem. : Hase
Hase)). bourg, U 1658
1658..

100
LES BATEAUX FLUVIAUX MÉDIÉVAUX SUR LE MAIN ET LE NECKAR

Ceci montre de même que vadum et furt ne représentent 4. BILAN


pas seulement un gué mais qu’ils peuvent être utilisés pour
GpÀQLUXQSRVWHSRXUEDF&·HVWVXUWRXWGDQVOHVFKURQLTXHV Les résultats présentés ici se concentrent nettement sur
historiques régionales autour du Main que l’on part du prin- le Main et ne sont pas ou que partiellement applicables à
FLSHTX·DYDQWOHEDFÁXYLDOHWOHSRQWVXFFpGDQWjFHOXLFL G·DXWUHVÁHXYHV&HVFRXUDQWVG·HDXQHSHXYHQWrWUHREVHU-
il existait toujours un passage à gué. Malheureusement, des vés qu’individuellement en raison de leurs propriétés géo-
preuves tangibles prouvant l’existence de ceux-ci sur une graphiques, géologiques et hydrologiques particulières. Au
longue durée et non seulement lors des mois secs de l’été long de ceux-ci se forment des foyers culturels distincts
manquent totalement. les uns des autres et se développant à leur manière. Des
Septièmement : lors de l’analyse des pirogues du Main, recherches dans d’autres régions telles que la Saône pré-
l’une d’elles provenait de l’est de Haßfurt sur le Main. Elle sentent une tout autre image en comparaison avec le Main
a pu être documentée sur place et classée dans le type 2 ou encore le Neckar. Là-bas (en Saône) se trouvaient appa-
ÀJ 8QpFKDQWLOORQGHQGURFKURQRORJLTXHODGDWHpWRQ- remment de nombreux gués du Néolithique au XIXe siècle,
namment de 596 ap. J.-C. L’aubier du tronc manquant tend TXLRQWpWpGpWUXLWVORUVGHVGUDJDJHVDÀQG·DSSURIRQGLUOHOLW
à la placer après 606, ce qui isole cette découverte pour ÁXYLDO %ONNAMOUR, WIRTH, 2001 ; DUMONT, 2002). Mais
cette période23. La seconde trouvaille, la plus ancienne de la situation sur le Neckar montre aussi que l’intervention de
Staffelbach (arrondissement de Bamberg), date de l’an 1170. O·KRPPHGDQVOHOLWG·XQFRXUVG·HDXSHXWIRUWHPHQWLQÁXHQ-
Nous sommes ici en présence de la trace archéologique FHUOHVHQGURLWVHWOHVPR\HQVSRXUWUDYHUVHUXQÁHXYH,OHVW
G·XQEDFÁXYLDOVXUOH0DLQjO·pSRTXHGHO·H[SDQVLRQGH donc impossible de formuler des hypothèses applicables à
la Francie orientale (MICHL, 2012, p. 104) alors que nous toutes les eaux, et seules des analyses détaillées pour chaque
ne connaissons aucune source écrite dans cette région et à cours d’eau peuvent apporter des réponses à nos questions
cette époque et que les découvertes archéologiques y sont sur le passé.
relativement rares. Il est aussi intéressant de constater qu’un De plus, les explications concernant le Main ont montré
GHVVHXOVYHVWLJHVDUFKpRORJLTXHVFRQQXVG·XQHIRUWLÀFDWLRQ TXHOHVEDFVÁXYLDX[IRUPHQWXQLPSRUWDQWQ±XGGHFRP-
jIRUWHLQÁXHQFHIUDQTXHVHWURXYHSUqVGHO·HQGURLWRDpWp PXQLFDWLRQHQWUHOHVUpVHDX[ÁXYLDX[HWURXWLHUV,OVVRQW
mise au jour cette pirogue. Le matériel archéologique de prédestinés à livrer une importante contribution à l’étude
la forteresse d’Eltmann sur le Main date déjà de l’époque des paysages culturels. L’éminence quantitative et qualita-
mérovingienne et la première mention de ce lieu en 741/754 tive du matériel archéologique, complétée par une tradition
est également précoce (ETTEL, 2011). Nous ne savons pas écrite remarquable sur le Main et le Neckar permettent une
qui exerçait le pouvoir à Eltmann, mais on peut penser que étude détaillée et sans doute unique, du haut Moyen Âge
FHWWHIRUWLÀFDWLRQDYDLWDXVVLOHFRQWU{OHG·XQSDVVDJHVXUOD aux temps modernes. Les recherches sur ces deux rivières
ULYLqUH&HOOHFLpWDLWDSSDUHPPHQWpTXLSpHG·XQEDFÁXYLDO se poursuivent et devraient être publiées sous la forme d’une
pouvant faire traverser le Main à des charriots sans avoir à monographie en 2014/2015.
se soucier du courant ou du niveau d’eau.
7UDGXLWGHO·DOOHPDQGSDU)DELHQ*ULHVVHO%$
23. L’échantillon comprend 131 cernes, une similitude de 86 % peut être
considérée comme relativement sûre (rapport dendrochronologique de
F. Herzig, Centre d’Administration des Monuments historiques bavarois,
du 25.06.2012).

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