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Université Cheikh Anta Diop de Dakar

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UFR des Sciences et Techniques
*******
L2 BCGS

Écologie Générale

Pr Daouda NGOM
Ecologue, Agro-Environnementaliste

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Chapitre 2:

FACTEURS ECOLOGIQUES

Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 2


Plan du chapitre

Chap II: FACTEURS ECOLOGIQUES


I- LOIS ET CONCEPTS LIES AUX FACTEURS
ECOLOGIQUES
1.1- Notion de facteur limitant
1.2- Loi de la tolérance de shelford
1.3- Loi du minimum de Liebig
1.4- la valence écologique
II- CLASSIFICATION DES FACTEURS
ECOLOGIQUES
2.1- Les facteurs abiotiques
2.1.1- Les facteurs climatiques
2.1.2- les facteurs hydrologiques
2.1.3- les facteurs édaphiques
2.2- Les facteurs biotiques
2.2.1- Les relations intraspécifiques
2.2.2- les relations interspécifiques
2.2.2.1- Les relations interspécifiques défavorables
2.2.2- les relations interspécifiques favorables

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Qu’est ce qu’un facteur écologique?
On appelle facteur écologique tout
élément du milieu susceptible d’agir
directement sur les êtres vivants, au
moins durant une partie de leur cycle
de développement.

Facteurs abiotiques:
Ensemble
des caractéristiques physico-chimiques
du milieu

Facteurs biotiques: Ensemble des


interactions qui se réalisent entre
individus de la même espèce ou
d’espèces différentes
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I- LOIS ET CONCEPTS LIES AUX FACTEURS
ECOLOGIQUES
1.1- NOTION DE FACTEURS LIMITANTS
Tous les facteurs écologiques, dans certaines
conditions locales, peuvent se comporter comme
des facteurs limitants.
 Un facteur écologique joue le rôle de facteur limitant
lorsqu’il est absent ou réduit en dessous d’un seuil
critique c’est-à-dire d’une valeur minimale
incapable de répondre aux exigences d’une espèce
voire de l’ensemble d’une biocénose considérée.

On appelle facteur limitant l’élément du


milieu qui détermine la densité maximum
que la population d’une espèce peut
atteindre durablement en un lieu donné
(Mazoyer et Roudart, 2002)
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1.2- LOI DE TOLÉRANCE DE SHELFORD(1911)
La loi de la tolérance stipule que:

« pour tout facteur de l’environnement existe


un domaine de valeurs ou gradient (intervalle
de tolérance) dans lequel tout processus
écologique sous la dépendance de ce
facteur pourra s’effectuer normalement ».

C’est seulement à l’intérieur de cet intervalle


qu’en conséquence, la vie de tel ou tel
organisme, l’apparition de tel ou tel
biocénose, seront possibles.
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 Il existe une borne inférieure délimitant le domaine
de ce gradient de valeurs au-dessous de laquelle
survient la mort par carence ou par défaut du
facteur considéré et une borne supérieure au-delà
de laquelle l’excès du facteur est également mortel.
Enfin, à l’intérieur de l’intervalle de tolérance existe
une valeur optimale, dénommée preferendum pour
laquelle les réactions métaboliques s’effectuent à
une vitesse maximale.

 Les variations de la vitesse de croissance d’un


organisme, de la densité de ses populations ou de
tout autre phénomène écologique en fonction de la
température fournissent une excellente illustration
de la loi de Shelford (figure ).
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Figure 13 : Relation générale entre l’activité biologique d’un individu, d’une population ou de tout
autre entité écologique et le gradient d’un facteur de l’environnement.
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1.3- LOI DU MINIMUM
La loi du minimum de Liebig ne constitue
qu’un cas particulier d’un principe plus
général de la loi de tolérance de Shelford.

Liebig 1840

Elle stipule que « la croissance d’un végétal n’est


possible que dans la mesure où tous les éléments
indispensables pour l’assurer sont présents en
quantités suffisantes dans les sols ». Ce sont les
éléments déficitaires, proches du minimum limitant, qui
conditionnent la production des cultures.

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La vitesse de croissance est ajustée par l’élément
indispensable présent à la plus faible concentration;
elle s’annule si un seul de ces éléments n’éxiste pas
dans le milieu à une concentration de valeur
suffisante.

Prenons par exemple le cas des nitrates dans le sol.


Ils sont indispensables à la plupart des végétaux dont
ils constituent la source d’azote minérale. La
croissance d’une plante supérieure (maïs par
exemple) sera optimale, toutes choses égales par
ailleurs, pour une concentration définie de ces sels
minéraux nutritifs dans les sols.

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La loi du minimum de Liebig peut être généralisée à
l’ensemble des facteurs écologiques sous forme
d’une loi des facteurs limitants, que l’on peut
énoncer de la façon suivante :

« La manifestation de tout processus


écologique est conditionnée dans sa rapidité
et son ampleur par celui des facteurs qui sont
les plus faiblement représentés dans le
milieu ».

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1.4- LA VALENCE ÉCOLOGIQUE
La valence écologique d’une espèce traduit les limites
de tolérance de cette espèce vis-à-vis d’un facteur
écologique donné.
Ainsi, la valence écologique de toute espèce vivante sera d’autant
plus grande que le gradient des facteurs de l’environnement dans
lequel son développement est possible est plus étendu.
Une espèce est dite à forte
valence écologique (ou euryéce
ou euryœcique) lorsqu’elle
supporte une grande amplitude
de variation vis-à-vis d’un
facteur écologique particulier
(température, salinité,
hygrométrie…)
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Une espèce est dite à faible valence écologique (ou
sténoèce ou sténœcïque ) lorsqu’elle présente une
faible amplitude de variation vis-à-vis du facteur
écologique concerné.

Une espèce à valence écologique moyenne est dite


mésooèce

Une espèce peut être sténoèce par rapport à un facteur


écologique et euryèce par rapport à d’autres.
Exemple: Le saumon atlantique est euryhalin car il supporte de fortes
variations de salinité de l’eau et sténotherme puisqu’il ne supporte que de
faibles variations de températures des eaux.

Cette notion peut être considérée par rapport à tel ou tel


facteur physique ou chimique, on parle d’espèces :
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 eurythermes et sténothermes c'est-à-dire plus ou
moins tolérante vis-à-vis de la température ambiante
(figure 14)

Figure 14 : preferendum écologique et intervalle de tolérance à la température

 euryhygriques et sténohygriques (vis-à-vis de


l’humidité relative de l’air),
 euryhalines et sténohalines (vis-à-vis de la salinité du
milieu).
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Le facteur température fournit de bons exemples
des variations d’étendue de l’intervalle de tolérance
selon les espèces.

Dans le règne animal, de nombreuses espèces


d’invertébrés terrestres sont eurythermes. C’est le
cas de Boreus hiemalis, un insecte orophile
appartenant à l’ordre des Mécoptères, qui vit dans les
Alpes à la limite de la zone nivale, demeure actif dans
un gradient thermique qui s’étend de -12°C à + 32°C.

Dans le règne végétal, les arbres des forêts boréales


de conifères sont aussi des eurythermes. Les Pinus
sylvestris qui croisent à la limite nord de la taïga sont
capables de supporter des températures de l’année
de -45°C à + 30°C.

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II- CLASSIFICATION DES FACTEURS
ECOLOGIQUES

Les facteurs écologiques se classent en 2 catégories :

 les facteurs abiotiques (ou physico-chimiques),


généralement indépendants de la densité de la
population sur laquelle ils exercent leurs effets

 Les facteurs biotiques (interactions des êtres


vivants entre eux), le plus souvent dépendant de la
densité de la population (nourriture disponible,
pression de prédation).

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Facteurs abiotiques

Température Lumière Humidité, vent, salinité…

Population

Relations intra-spécifiques

Facteurs biotiques
Relations inter-spécifiques

Exploitation Neutralisme Coopération


Prédation et
parasitisme
+/– Commensalisme +/Ø

Amensalisme Ø/– Ø/Ø Mutualisme


(non obligatoire)
+/+
Compétition –/– Et symbiose
(obligatoire)
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2.1- LES FACTEURS ABIOTIQUES:
Les facteurs abiotiques sont ceux liés aux conditions
physico-chimiques du milieu (facteurs climatiques,
facteurs édaphiques, facteurs topographiques,
hydrologiques….).
Les facteurs abiotiques (eau, température, lumière, sol et vent)
influent sur la distribution des espèces de la communauté ainsi
que sur leur densité.
De façon plus spécifique :

Le climat (régime des pluies et de la température)


détermine le type de végétation qui peut s’installer
et, à son tour, la végétation conditionne le type
d’animaux de la communauté (et tous les parasites
et maladies qui viennent avec…).
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2.1.1- Les facteurs climatiques
a) Lumière: rôle primordial dans la plupart
des phénomènes écologiques
conditionne l’activité photosynthétique et donc
Intensité l’ensemble de la production primaire de la

biosphère et celle de chaque écosystème tant en


milieu terrestre qu’océanique.

contrôle la germination, croissance des


Photopériode plantes, leur floraison, mais aussi
l’ensemble du cycle vital des espèces
animales (hibernation, diapause, maturation sexuelle,
etc.).

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générale_2020
En fonction de l’intensité lumineuse pour laquelle
l’activité photosynthétique des plantes est maximale
on distingue:
Les héliophytes (plantes de lumière) présentent leur
croissance maximale sous de forts éclairements et ne
tolèrent pas l’ombre d’autres individus. Elles se
rencontrent essentiellement dans les écosystèmes
tropicaux (forêts ouvertes, savanes, steppes), méditerranéens et
dans les déserts.
Les sciaphytes nécessitent une ombre forte voire très
dense pour leur croissance. C’est le cas des végétaux
du sous-bois (fougères, mousses) et les jeunes stades de
la plupart des espèces d’arbres des forêts feuillues,
tempérées et tropicales.
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b) Température: L’élément du climat
le plus important

contrôle l’ensemble des phénomènes


métaboliques et conditionne la
répartition de la totalité des espèces et
des communautés d’êtres vivants dans la
biosphère.

Des phénomènes comme la photosynthèse,


la respiration, la digestion suivent la Loi de
Van’t Hoff qui précise que la vitesse d’une
réaction est fonction de la température.
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L’intervalle thermique dans lequel la vie
est possible est compris entre -200°C et
+100°C. cependant

La grande majorité des êtres vivants ne peut


subsister que dans un intervalle de
température comprises entre 0°C et 50°C, les
exceptions se rencontrent surtout dans le
milieu aquatique

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 Les végétaux ont déployés toutes sortes de ruses
pour s’adapter et résister soit au froid, soit à la
chaleur. Pour cela ils réduisent leur période de
végétation et passent la mauvaise saison défoliées
ou sous forme de graines.

Formations végétales buissonnantes dans les zones glaciaires

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 Les animaux aussi règlent leurs comportements pour
mieux lutter contre les écarts de température:
poïkylothermes (Animaux à sang froid) et homéothermes
(animaux à sang chaud)

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Il y a une adaptation morphologique de certains animaux
à la température:
La loi de Bergmann stipule que lorsqu'un groupe
taxonomique occupe une vaste aire de répartition
géographique, les espèces qui vivent aux plus hautes latitudes
sont plus grandes que celles qui vivent dans les zones
tempérées, lesquelles sont plus grandes que celles qui vivent
dans les régions plus proches des tropiques ou de l'équateur.
Cette loi est très bien illustrée chez les oiseaux, par exemple, chez les
manchots où la plus grande espèce est le manchot empereur et vit en
Antarctique alors que la plus petite vit sous l'équateur aux Galápagos.
La loi de Bergmann est aussi très bien illustrée chez les cervidés puisque
la plus grande espèce, l'élan, est boréale et la plus petite, le cerf muntjac,
est tropicale.

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Loi de Bergman Règle d’Allen

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La règle d'Allen est une règle biologique empirique
posée par Joel A. Allen en 1877. Elle stipule que les
organismes homéothermes des climats froids ont
habituellement des membres et appendices plus
courts que les animaux équivalents des climats plus
chauds.
Exemple: Le renard des sables du Sahara ou Fennec (Vulpes
zerda), qui vit en zone intertropicale, a des oreilles plus longues
que celles du renard roux (Vulpes vulpes), qui vit en climat
tempéré, et celles de ce dernier sont plus longues que celles du
renard polaire (Vulpes lagopus) qui vit dans les régions
circumpolaires.
La réduction de ces appendices limite la perte de chaleur en climat
froid et leur taille importante en climat chaud permet au contraire une
régulation thermique accrue en augmentant la surface de contact avec
l'extérieur.

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c) La pluviométrie et l’hygrométrie atmosphérique:

La pluviométrie qui est la quantité totale de


précipitations (pluies, neige) par unité de surface
et unité de temps,

facteur écologique Fonctionnement et la répartition


de grande
importance
des écosystèmes terrestres, mais
aussi les mares, les lacs temporaires
et lagunes saumâtres soumises à des
périodes d’assèchement.

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Le volume annuel des précipitations conditionne en
grande partie la distribution des biomes
continentaux (tableau 4).

Tableau 4 : pluviométrie annuelle minimale nécessaire au développement des principaux


types de biomes

Biomes Pluviométrie annuelle (en mm)

Forêts tropicales humides > 1300

Forêts caducifoliées tempérées > 700

Forêts sèches > 500

Formations herbacées (savanes et steppes) > 250

Déserts < 250

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L’hygrométrie qui désigne la teneur en vapeur d’eau
de l’atmosphère.

L’hygrométrie est le rapport entre la quantité d'eau


réelle et la quantité maximum admissible, appelé taux
d’humidité et exprimé en %.
L’importance des rythmes quotidiens et saisonniers
de variations de l’hygrométrie atmosphérique pour
l’écologie des êtres vivants terrestres et donc des
écosystèmes continentaux est fondamentale.

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L’interrelation entre la pluviométrie, l’hygrométrie et les
températures atmosphériques exerce une influence
déterminante dans la distribution géographique des
espèces et des communautés végétales toutes entières.

Cette interrelation est


matérialisée sous
forme de diagramme à
« aire »
pluviothermique de
quelques espèces
ligneuses arborées
d’Europe occidentale
(figure 15).

Figure 15 : rôle du couple température-pluviométrie dans la


délimitation de « l’aire » pluviothermique de quelques espèces
ligneuses arborées d’Europe occidentale (In Lebreton, 1978) 33
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d) Le vent : facteur écologique
limitant
 Il provoque la dessiccation, en
augmentant le taux d’évaporation et en
Il peut être accélérant la perte de chaleur des
un stress
sévère pour organismes qui sont plus chauds que
les plantes leur environnement (effet refroidissant
et les du vent).
animaux
 Il intervient aussi en modifiant la forme
des organismes (port en drapeau) et en
limitant leur taille.

Il agit aussi sur la dissémination des graines et


comme facteur de pollinisation.
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Le facteur limitant

Le port en drapeau: Les


rafales glacées ont tué les
branches du côté du vent

Sur des crêtes de


montagne trop
ventées, la forêt
laisse place à des Les moustiques ne
pelouses malgré supportent pas des
une altitude vents > 13 km/h
modeste

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e) la neige : Elle constitue aussi un facteur écologique de
première importance dans les milieux
subpolaires et Montagnards

La couverture neigeuse par ses propriétés


Facteur
isolantes, protège efficacement du froid la
écologique végétation
favorable
Elle protège les animaux (rongeurs par
exple) enfouis sous cette dernière.

 réduction la période végétative des plantes si


elle persiste longtemps
Facteur
écologique L’accumulation de neige sur les végétaux
défavorable
arborés ou arbustifs exerce une action
mécanique défavorable, courbant les tiges et
provoquant une rupture des branches
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Les perce-neige (Galanthus nivosus) sont des
plantes herbacées de la même famille que l'amaryllis
(amaryllidacées). Ils doivent leur nom à leur période
de floraison : ils s'épanouissent en effet très
précocément, à la fin du mois de février, quand le sol
est encore souvent couvert de neige.

Panthère des neiges

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2.1.2- Les facteurs hydrologiques

Le milieu aquatique présente un ensemble de


singularités quant à la nature des facteurs
écologiques qui le caractérisent :

a) La densité de l’eau
La densité de l’eau varie avec la t° et sa teneur en
matières dissoutes. Cette densité relativement
élevée, 800 fois supérieure à celle de l’air, permet la
flottaison d’organismes de taille considérable.

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Ainsi, le plus grand animal qui ait jamais existé, le
rorqual bleu (Baleinoptera musculus) peut mesurer
plus de 30 m de long et peut peser 150 tonnes alors
que le plus lourd des mammifères terrestres actuels,
l’éléphant d’Afrique (Loxodonta africana) ne dépasse
pas les 7 tonnes.

Baleinoptera musculis Loxodonta africana

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b) les courants

 jouent un rôle essentiel dans le fonctionnement des


écosystèmes aquatiques;
 influencent l’ajustement des t° marines et la circulation des
éléments minéraux nutritifs,
 contrôlent le cycle vital de nombreux animaux pélagiques et
benthiques.
Exemple: les larves planctoniques de la morue (Gadus morhua)
sont transportées par les masses d’eau en mouvement vers les
zones où elles se fixeront en milieu littoral ou dans les zones
benthiques du plateau continental pour atteindre le stade adulte.

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Morue 40
c) La salinité:
 La salinité totale des eaux varie d’une quasi-
déminéralisation dans le cas des lacs ou des cours d’eau
situés sur des terrains granitiques jusqu’à une
concentration en sel de plus de 200 g/l.
 On peut relever des salinités supérieures à 300 g/l dans
des lagunes saumâtres ou des lacs continentaux en voie
d’assèchement. Par exemple, la Mer Morte renferme 230g/l
de sels dissous.
 La salinité moyenne de l’eau de mer est de l’ordre de 36 ‰, le
chlorure de sodium représentant à lui seul 80% de la teneur totale
en sels dissous.
 Les eaux douces sont d’une salinité inférieure à 3‰.

 Les eaux saumâtres ont une salinité comprise entre 3 et 20‰.

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2.1.3- Les facteurs édaphiques (sol)

Le sol constitue l’interface entre la surface


de la terre et le socle rocheux
Composition:
Tous les sols sont composés de graviers, sable,
limon et argile

Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 42


La texture = Répartition dans le sol des minéraux par
catégorie de grosseur, indépendamment de la nature
et de la composition de ces minéraux.
= taille des particules (analyse granulométrique)

La texture du sol ne varie pas (contrairement à sa structure)

Diagrammes en
coordonnées
triangulaires permettant
une classification des
textures du sol (Ramade,
2003

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Particulaire (éléments du sol restent indépendants)
en agrégats (particules agglutinées)

Texture et structure conditionnent la porosité du sol

La porosité peut se définir comme la proportion du


volume des lacunes par rapport au volume totale.
permet la circulation des gaz et de l’eau dont le rôle
est essentiel aussi bien pour assurer le
développement des plantes supérieures que celui
de la microflore et de la faune édaphique.

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La présence dans le
sol de chacun des
minéraux est
nécessaires

Oligoéléments
Eléments
s
majeurs

La teneur en humus
L’humus est la couche supérieure du sol créée et
entretenue par la décomposition de la matière
organique, principalement par l'action combinée des
animaux, des bactéries et des champignons du sol.

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2.2- LES FACTEURS BIOTIQUES :
Les facteurs écologiques liés aux êtres vivants sont
appelés facteurs biotiques.
2.2.1. Les relations intraspécifiques
Relations entres deux individus de la même espèce

a. L'effet de groupe : ensemble des modifications


physiologiques, morphologiques et du
comportement qui apparait lorsque plusieurs
individus de la même espèce vivent ensemble dans
un espace raisonnable et avec une quantité de
nourriture suffisante.
On en connait l’existence chez de nombreuses espèces
animales (insectes, vertébrés).
Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 46
L’effet de groupe à des conséquences bénéfiques
chez les vertébrés et de nombreuses espèces
d’insectes:
 l'accélération souvent importante de la vitesse de
croissance des individus dans la population.

Ex: Les têtards du crapaud Alystes obstetricans ont une


croissance plus rapide et un poids plus élevé quand ils sont
élevés par groupe de 2 à 5 que lorsqu’ils sont élevés
isolément.

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 L’accroissement de la fécondité. De nombreuses
espèces ne peuvent se reproduire normalement et
survivre que si elles sont représentées au sein
d’effectifs suffisamment nombreux.
Ex: Certaines espèces d'ongulés sociaux
requièrent un nombre d'individus
suffisamment élevé. Ainsi, dans une
population de rennes ou caribou
(Rangifer tarandus), pour un effectif
inférieur à 350 individus, la survie du
troupeau est sérieusement
compromise.

Ex: Les éléphants d’Afrique


(Loxodonta africana) doivent être au
moins (25) pour se reproduire et
survivre.
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 Facilitation de la recherche de nourriture et la lutte
contre les prédateurs.
Ex: La prédation par les chauve souris est moins grande
sur les grenouilles réunies en groupes nombreux que sur
les petits groupes et le nombre de femelles attirés par
chaque mâle augmente avec la taille du groupe (Ryan et
al., 1982)

Ex: Chez l’Autriche le temps consacré par chaque individu à


la surveillance du milieu et des ennemis comme les lions
diminue avec la taille du groupe.

Ex: Le faucon Accipiter gentilis réussit le plus souvent ses


attaques sur des pigeons isolés car les groupes de
pigeons se tiennent à une à une plus grande distance
des faucons (Kenward, 1978)

Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 49


b. L'effet de masse
se produit, quand le milieu, souvent surpeuplé,
provoque une compétition exacerbée aux
conséquences néfastes pour les individus.
baisse du taux de fécondité
diminution de la natalité, l’augmentation de la
mortalité
état de stress du à un antagonisme hypertrophié entre
dominants et dominés
troubles physiologiques, et des comportements
aberrants comme le cannibalisme
Exemple : le cas des Goélands argentés (Larus argentatus).
Dans certaines colonies à forte densité d'individus (Pays-Bas), il
se produit des phénomènes de cannibalisme à l'égard des nichées.

Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 50


Y : espérance de vie moyenne, ou fécondité des individus, ou…
Ymax
Ymax
Entre les seuils de
populations à partir
desquels se manifestent les
B effets de groupes et de
masse, se situe l’optimum
des populations (figure 17).
Effet de Effet de
A
groupe masse

Densité de la population
Densité optimale

Figure 17 : Divers types de réponses biologiques d’une espèce à l’augmentation de la densité


de ses populations. En (A), la densité exerce un effet systématiquement défavorable (effet de
masse). La courbe (B) illustre le principe d’Allee, un effet de groupe favorable se manifeste
jusqu’à une densité optimale, au-delà de laquelle apparait un effet de masse.
Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 51
Principe d’Allee
Ce principe stipule que la densité constitue un facteur
écologique limitant pour une population naturelle tant à ses
faibles valeurs qu’à ses fortes valeurs. Ce fait parait évident
pour les fortes densités, les surpeuplements exacerbant la
compétition entre individus pour l’accès aux ressources
indispensables, en particulier la nourriture. Mais il peut
l’être aussi pour ses faibles valeurs ce qui peut sembler à
priori paradoxal. Un exemple en est donné par la densité
de population des abeilles dans une ruche. En hivers,
quand la température tombe en dessous de 3°C à l’intérieur
de la ruche, les ouvrières se mettent toutes à battre leurs
ailes pour produire de la chaleur. Mais lorsqu’elles ne sont
pas assez nombreuses, elles succombent de froid car elles
ne peuvent pas produire assez de chaleur.

Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 52


c) La compétition intraspécifique
La concurrence s'exerçant entre plusieurs individus
appartenant à la même espèce, lorsque la somme de
leurs demandes en nourriture, en certains éléments
minéraux, en eau, en sources énergétiques, en
espace libre, etc., est supérieure à ce qui est
réellement disponible.

Exemple : dans un semis naturel d'épicéas (Picea


abies), sur un terrain relativement homogène,
une grande majorité des graines germent et
donnent naissance à des plantules, cependant
quelques unes d'entre elles seulement
deviendront des arbres; les autres moins
compétitives seront supplantées ou étouffées par
les individus dominants.

Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 53


2.2.2. Les relations interspécifiques
Relations entres deux individus
2 grands types
appartenant à des espèces
différentes
2.2.2.1- Les relations interspécifiques défavorables
a. La compétition interspécifique
Recherche des mêmes réduction de la densité
ressources par les membres d'une espèce ou des
de 2 ou plusieurs espèces deux espèces.

La compétition interspécifique est une relation non


obligatoire entre 2 ou plusieurs individus, d’espèces
différentes, dans la même niche écologique.

Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 54


La compétition interspécifique

Exemples: Fuir ou lutter

Dans les savanes


d’Afrique Orientale,
quand le troupeau
d’éléphants arrive au
point d’eau, les zèbres
laissent la place.

Dans les forêts


nordiques de Dans les Prairies
l'Alaska et du canadiennes, les
Canada, les Lynx et Sauterelles et les
les Renards Bisons convoitent
convoitent tous tous deux, l'herbe.
deux, le lièvre
d'Amérique. Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 55
b. La prédation
La prédation est une relation d’exploitation dans
laquelle, un des deux acteurs, un prédateur, se nourrit
de l’autre, la proie.
Les prédateurs influent
sur la dynamique
prédateurs/proies et donc
sur les populations des
proies. Ils contribuent à
maintenir l'équilibre
biologique des
écosystèmes et influent
indirectement sur le
paysage et les habitats
naturels.

Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 56


Cas de de la loutre de mer qui mangeait les oursins (Pacifique
Nord)

Situation modifiée
Situation Les orques se
normale mettent à manger
Les loutres des loutres parce
mangent les que leur nourriture
oursins qui eux, habituelle
mangent les (phoques et
algues. otaries) est plus
rare ; la population
La densité des de loutres diminue.
oursins est
basse et celle
des algues, plus Qu’arrive-il à la densité des
grande. oursins ?
Elle augmente
Qu’arrive-il à la densité
des algues ?
Elle diminue
Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 57
Courbe de croissance des populations de proies et de prédateurs
Fluctuation de la population de lièvre et de lynx dans le grand nord canadien

La pullulation du lièvre
démarre lorsque le
niveau de la population
de prédateurs est faible
et précède la poussée de
l’espèce prédatrice

Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 58


La nature présente une variété considérable de modes et
stratégies de prédation. En voici quelques unes :

Les grands carnassiers terrestres


(comme les félins) se précipitent sur
leurs proies (solitairement ou en
groupe) ou les poursuivent pour les tuer
par étouffement ou par rupture des
vertèbres.

Les faucons
(Falco sp) utilisent
leur pointe de
Certains insectes comme
vitesse en vol pour
les guêpes paralysent les
surprendre leur
proies qu'ils destinent à
proie.
leurs larves.
Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 59
Souvent le terme de prédation est utilisé quand le
prédateur et sa proie appartiennent tous au règne
animal. Certains auteurs par d’herbivorisme quand la
proie est un végétal
Défenses des végétaux contre les
prédateurs herbivores

Moyens mécaniques
Épines (épines des rosiers)
Crochets (crochets des
graines de chardon)
Piquants (piquants de
l’aubépine) Fleur de chardon

Moyens chimiques
Morphine (pavot)
Nicotine (tabac)
Mescaline (cactus)
Doryphores sur des plantes de
pomme de terre
Lophophora williamsii
Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 60
c) Le parasitisme

Utilisation d’un hôte (vivant) par une espèce qui se


nourrit à son dépens et lui porte préjudice mais ne le
fait pas mourir (à priori).

Certains parasites sont eux-mêmes parasités


par d’autres hyperparasitisme

 L’homme peut utiliser ce type de mécanisme


pour lutter contre des parasites lutte
biologique

Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 61


Chez les animaux, on distingue les ectoparasites et
les endoparasites
Le moustique
est un
ectoparasite au
même titre que
les puces, pous,
tiques et
morpions.
Taenia saginata (un ver plat)
est un endoparasite de
l'intestin de l’homme après
que celui-ci ait mangé du
bœuf parasité et mal cuit.

Les agents pathogènes qui causent des maladies sont


comparables aux parasites sauf qu’ils sont microscopiques
et causent souvent la mort de l’hôte.
Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 62
Chez les plantes on distingue les parasites et les
hémiparasites.

Rafflésie à fleurs géantes: Comme


certaines autres plantes ayant perdu la
totalité de leur chlorophylle, la rafflésie,
que l’on trouve en Malaisie et en
Indonésie, vit en parasite aux dépens Les plantes du genre Orobanche
d’autres végétaux. sont des parasites d'autres
Les végétaux hémiparasites sont des végétaux. Dépourvues de
chlorophylle et incapables de
plantes dont l'activité chlorophyllienne réaliser la photosynthèse, elles
demeure insuffisante pour assurer tous poussent sur les racines de leur
hôte, dont elles dépendent
leurs besoins métaboliques. Ex: Boules entièrement.
de gui dans un tilleul Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 63
 NB: Les épiphytes (plantes cryptogames ou
phanérogames) se développant sur les parties
aériennes de végétaux ligneux ne sont pas des plantes
parasites car elles ne prélèvent rien au détriment de
leur hôte. Les épiphytes sont des organismes autotrophes
photosynthétiques; ils sont capables d'absorber l'humidité de l'air et
trouvent les sels minéraux, partiellement dans l’humus qui peut se
former à la base des branches, et pour une autre partie dans les
particules et gaz, absorbés ou solubilisés dans l'eau de la pluie et des
rosées.

Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 64


Plantes carnivores

On rencontre Drosera rotundifolia, plante Feuille de plante carnivore


carnivore à tentacules collants, dans les marais ou
sur les landes humides. Les petits insectes qui se
posent sur ses feuilles, ou qui les arpentent, s'y
trouvent irrémédiablement englués. Ils sont alors
digérés par de puissantes enzymes.

Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 65


d. L’Amensalisme :

Il s’agit de l’utilisation de substances toxiques


inhibitrices ou mortelles, par une espèce donnée,
pour inhiber la croissance ou la reproduction d’une
espèce voisine géographiquement.
Cela entraîne une diminution de la concurrence
spatiale.
L’amensalisme est aussi connu sous le nom
d’antagonisme ou d’antibiose et certaines de ses
manifestations sont utilisées en lutte biologique.

Dans les interactions entre végétaux, l’amensalisme


est souvent appelé allélopathie.

Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 66


La piloselle (Hieracium
pilosella) produit une
substance toxique pour la
germination de nombreuses
plantes annuelles. Les
plantes capables de
subsister au milieu des
tâches de piloselle ont un
aspect rabougri.

Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 67


2.2.2.2- Les relations interspécifiques favorables
a. Le commensalisme
Relation entre deux individus d'espèces différentes
dont l'un profite de l'autre (source de nourriture,
support) sans toutefois lui nuire ou lui apporter un
quelconque avantage.
Ex: Il existe 110 espèces de
coléoptères dans les terriers
de la marmotte des Alpes
Ex: La phorésie, c’est-à-dire le
transport de l’organisme le
plus petit par le plus grand
est une forme de
commensalisme.
Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 68
Commensalisme ( + /o ) Avantageuse pour l'un et sans
effet pour l’autre.

Les hérons garde-boeufs


(Bubulcus ibis) se
nourrissent des insectes
que les gros animaux font
sortir de la végétation et
ceux-ci n’en souffrent pas.

Les oiseaux mangent également les


ectoparasites qui vivent sur ces bovidés.
Cette association pourrait être considérer plutôt comme un mutualisme,
à mon avis !
Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 69
b. Le mutualisme et la symbiose

Le mutualisme est une interaction entre deux (ou


plusieurs) espèces dans laquelle les bénéfices
sont réciproques pour les deux partenaires.

L’association obligatoire et indissoluble entre deux


espèces est une forme de mutualisme à laquelle
on réserve généralement le nom de symbiose. Le
terme mutualisme est réservé au cas où les deux
partenaires peuvent mener une vie indépendante.
Bien que reconnu dés le 19ème siècle, le
mutualisme n’est considéré comme un facteur
écologique important que depuis peu de temps
(Boucher et al, 1982; Boucher, 1985).

Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 70


Les cas de mutualisme entre les plantes et les
animaux, surtout les insectes, sont innombrables. Ils
intéressent surtout la pollinisation, la dispersion des
semences et la protection contre les ennemis (Howe
et Westley, 1988).
Ex: Association fourmis/Acacia
Les fourmis protègent l’arbre
(coupure des lianes, enlèvement des
spores de champignons, élimination
des insectes …)
L’acacia fournit des protéines aux
fourmis (structures oranges sur
l’image) .

Ex: La pollinisation est le résultat


d’une association plante/insecte

Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 71


Les exemples de symbioses sont nombreux:
Les lichens sont formés par
l’association d’une algue Campbell (3eéd.) — Les coraux sont
et d’un champignon . Figure 31.23 : 672 formés par
l’association d’une
L'algue (A) fournit algue et d’un cnidaire
des sucres par .
photosynthèse.
Le champignon (C)
fournit de l’humidité (A)
et des éléments (C)
minéraux aux algues.
Dans le sol, les symbioses entre un végétal
et un champignon aboutissent à la Corail avec ses polypes
formation de mycorhizes . L'algue fournit des
Le champignon colonise les racines d’une plante et sucres par
l’aident à obtenir des sels minéraux présents dans le photosynthèse.
sol. En retour, le champignon bénéficie de la Le cnidaire (animal)
photosynthèse de la plante sous forme de matière fournit des sous-
organique riche en énergie (glucides) essentielle à sa produits organiques du
survie. métabolisme aux algues.
Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 72
Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 73
FIN

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