Vous êtes sur la page 1sur 11

ASSURANCE RESPONSABILITE CIVILE "DECENNALE"

ET
DOMMAGES OUVRAGE

Préambule :

Faisant parties du domaine des assurances de la construction, les assurances


RC décennale et Dommages Ouvrage sont souvent confondues.

Pourtant, nonobstant le fait que ces 2 types d’assurances aient pour but la
couverture d’ouvrages après leur réception elles sont pourtant de nature
fondamentalement différentes.

D’un coté la RC décennale est une assurance de responsabilité alors que


l’assurance « Dommages ouvrage » est une couverture de type dommages
directs.

La police d’assurance RCD a vocation à couvrir les frais de réparations de


dommages matériels affectant des ouvrages de bâtiments et génie civile après
leur réception, qu’en régle générale les polices de Dommages ( Incendie,
Multirisque, etc…) souscrites par leurs propriétaires ou d’Activités (
Responsabilité civile générale , RC produits) souscrites par les entrepreneurs,
n’ont pas vocation à prendre en charge.

1
A. Rappel - Quelques Définitions :

Maître D’ouvrage :
C’est le donneur d’ordre de la construction.

Maître D’œuvre :

C’est une personne physique (généralement un architecte) ou une personne


morale (entreprise générale du bâtiment, bureau d’étude, cabinet
d’architecte…) qui passe le marché de la construction avec le maître
d’ouvrage.

Le maître d’œuvre est donc celui qui passe le marché avec le maître
d’ouvrage.

Il est donc responsable vis-à-vis de ce dernier de l’ensemble des retards et des


défauts de la construction.

Dommage Ouvrage :

Contrat d’assurance ayant pour vocation de garantir les dommages directs à


un ouvrage après sa réception par le maître d’ouvrage.

La prime est une prime unique (valable pour toute la durée de la garantie).

Cette police de dommages indemnise le maître d’Ouvrage sans recherche de


responsabilités, l’ assureur recourant à posteriori contre les intervenants
dont la responsabilité dans la survenance des dommages se trouverait établie.

En cas de cession la garantie est transférée au nouveau propriétaire.

2
Responsabilité civile Décennale :

C’est la responsabilité des intervenants à la construction.


Les constructeurs et autres entreprises du bâtiment ainsi que leurs sous
traitants sont soumis à une obligation de résultat.

Le bien construit ne doit pas présenter de défauts majeurs de nature à


compromettre la solidité de l’Ouvrage.

La construction :

L'ensemble du Gros Œuvre, du Second Œuvre et des équipements de la


Construction, dès lors qu'il est réceptionné, et accepté sans réserves par le
contrôleur technique et ou le maître d’ouvrage.

Gros Œuvre :

Eléments porteurs concourant à la stabilité ou à la solidité de la Construction


(fondations, poteaux et murs, planchers, volées
d'escalier, voûtes, poutraisons ou charpente sous toiture). Eléments fixes
assurant le clos, et le couvert (murs…).

Second Oeuvre et Equipements de la Construction :

Les revêtements, carrelages, canalisations, tuyauteries, conduites, gaines, les


plafonds, cloisons fixes, huisseries,

Les équipements relevant des installations courantes thermiques,électriques,


mécaniques, hydrauliques, aérauliques, téléphoniques, télévisuelles,
installations fixes de sécurité, et notamment :
-Les appareils ou machines entrant dans leur composition tels que les pompes,
suppresseurs, ventilateurs, groupes électrogènes, transformateurs, appareils
sanitaires, radiateurs, chaudières, cabines et machineries d'ascenseurs et de
monte-charge, compteurs, vidoirs de vide-ordures, Interphones, antennes,
portes et clapets coupe-feu extracteurs de fumée ;
-Les conduits, gaines, canalisations scellés sur et/ou dans les parois, murs ou
cloisons.
-Les éléments mobiles du clos et du couvert.

3
Parfait achèvement :
Obligation légale du constructeur/maître d’œuvre, dont la durée est de 12
mois à compter de la réception de l’ouvrage, de réparer les vices apparents de
la construction.

Réception de l’ouvrage :
Soit la date prévue au contrat, soit à la date de remise des clés soit à la date de
l’occupation (même partielle) des lieux .
B. La Responsabilité Civile Décennale

C’est la responsabilité des intervenants à la construction.


a. Champs d’application / Extraits du code des obligations civiles et
commerciales :
Article 449 - Responsabilité des architectes et entrepreneurs

Les architectes entrepreneurs répondent des fautes professionnelles et


contractuelles commises dans la préparation et l’exécution des travaux
immobiliers qui leur sont confiés par leurs clients.
L’architecte, chargé de veiller à l’exécution du plan, est solidairement
responsable avec l’entrepreneur des fautes de ceux-ci.

Article 450 - Présomption de faute

Dans les travaux à forfait ou sur devis estimatif, la faute de l’architecte et de


l’entrepreneur se présume lorsque l’édifice est détruit partiellement ou en
totalité à la suite d’un vice du sol, d’un vice de construction.

Article 451 - Durée de l’action

Quel que soit le travail effectué, l’action en Responsabilité des Architectes et


Entrepreneurs se prescrit pour les vices apparents un an après la réception,
même provisoire, ou l’entrée dans les lieux.
La même action subsiste pour les vices cachés pendant dix (10) ans à compter
de la réception définitive pour l’ensemble de l’ouvrage.

4
Article 452 - Nullité des clauses de non responsabilité

Sont nulles les clauses par lesquelles les architectes ou entrepreneurs


écarteraient ou limiteraient leur responsabilité ou encore réduiraient le temps
pendant lequel elle peut être mise en jeu.

b. Les obligations des entreprises du bâtiment :

Les constructeurs et autres entreprises du bâtiment ainsi que leurs sous


traitants sont donc soumis à une obligation de résultat.

Leur responsabilité est présumée (obligation de prouver qu’ils ne sont pas à


l’origine du dommage pour s’exonérer de leur responsabilité).

Les intervenants à la construction ont l’obligation de réparer les vices cachés


de la construction pendant une période de 10 ans pour le gros œuvre (2 ans
pour le second œuvre en France).

Pour les défauts apparents la responsabilité du constructeur est limitée à 12


mois. Cette obligation prend forme dans ce que l’on appelle communément la
garantie de "Parfait Achèvement".

La couverture de la garantie "de Parfait achèvement" n’est pas proposée par


les assureurs de RC Décennale.

Néanmoins ce risque peut être couvert dans le cadre d’une assurance Tous
Risques Chantiers via la garantie Maintenance Etendue (cf. Exposé Tous
Risques Chantier).

Ne rentrent donc pas dans le champ d’application de la RC Décennale :


-Les dommages indirects (Incendie, Explosion) qui sont la conséquence de
malfaçons (RC après travaux).

-Les dommages liés à une cause externe (Tempête, Mouvements du sol ou des
remblais, Action de matières d’entretien corrosives …).

La tempête peut toutefois mettre en exergue un défaut de fabrication et ou une


malfaçon.

5
La responsabilité de l’intervenant à la construction sera donc retenue lorsque
des vents d’une force normalement supportable par l’édifice endommageront
ce dernier.

-Les dommages relevant d’un défaut d’entretien.


-Les dommages trouvant leur origine dans une faute du propriétaire
Exemple : Absence de mesures conservatoires pour diminuer l’importance du
dommage, travaux d’amélioration étant à l’origine du sinistre (travaux de
surélévations, extensions etc. …).

c. Durée de la responsabilité / Prescription :

Les acteurs de la construction qui réalisent le gros œuvre ont une


responsabilité de 10 ans.

d. Responsabilité Civile Décennale / Le contrat :

Un contrat d’assurance a pour vocation de garantir tout ou partie des risques


auxquels l’assuré (l’entreprise du bâtiment) est confronté.
d-1 :Les activités à déclarer :
L’étendue de la couverture est liée aux activités déclarées par l’assuré
(Maçonnerie, Couverture, Electricité…).
Conséquence : Les activités non portées au contrat ne seront pas garanties.
d-2 :La garantie de base :

Défauts majeurs de nature à compromettre la solidité de l’ouvrage et/ou à


rendre ce dernier impropre à sa destination :

- Garantie des dommages matériels :

Il s’agit de dommages matériels à la construction trouvant leur origine dans le


gros ouevre compromettant la stabilité ou la solidité de la construction et
engageant la responsabilité décennale des assurés telles que définie par les
articles 1792 et 2270 DU CODE CIVIL.

6
- Garantie de la menace d’effondrement :

C’est le risque imminent d’effondrement de tout ou partie du gros œuvre et


ceci à dire d’expert.
- frais de démolition et de déblais :

d-3 : Options Possibles (garanties facultatives):

* Garantie des défauts d’étanchéité provenant des façades, toitures,


balcons, cuvelages, réservoirs.

Exemple : faute au travers une couverture dalle avec étanchéité multicouche


Bâtiment.

* Dommages aux existants

Dommages subis par les parties anciennes de la construction existant avant


l’ouverture du chantier et qui, appartenant au propriétaire de ladite
construction, sont l’objet de l’objet de l’exécution des travaux neufs.
Sous la conditions qu’il soit établi d’une part que ces dommages sont la
conséquence directe de l’exécution des travaux neufs et non celle des propres
défauts des parties préexistantes et d’autre part, qu’ils nuisent à la solidité de
la construction.

* Dommages immatériels :

Le propriétaire d’une construction peut subir des dommages immatériels et


résultant directement des dommages matériels garantis par l’assurance de
Responsabilité Civile Décennale.
Exemple : Perte financière suite à une fermeture provisoire d’un magasin pour
cause de menace d’effondrement.

7
d-4 : Montant des garanties

Garantie de base :

Coût total définitif de construction : Gros Œuvre + Second Œuvre +


Equipements de la Construction + honoraires d’architectes et de bureaux
d’études.
La garantie de base est épuisable. Elle peut être reconstituée moyennant
le paiement d’une prime additionnelle.

d-5 : Primes :

Une prime initiale est appelée au début du chantier sur la base du


montant prévisionnel de la construction.
Lors de la réception de l’ouvrage l’assuré à l’obligation de déclarer la
valeur définitive.
Il dispose en général d’un délai de 3 mois à compter de la réception et
devra payer si nécessaire une prime complémentaire.
Si tel n’est pas le cas alors la règle proportionnelle deviendra applicable.

d-6 : Revalorisation des garanties :

La durée de la couverture (10 ans) implique la révision des valeurs


assurées.
Les polices peuvent soit être revalorisées à tous moments soit faire
l’objet d’une Indexation annuelle (exemple : 5 %) des garanties et des
franchises stipulée à l’avance dans le contrat.

d-7 : Montant des garanties facultatives :


Le montant des garanties facultatives est un pourcentage du coût total de
construction défini, qui varie entre 10% et 15% sans exceder les valeurs
fixées

8
d-8 : Les limites et franchises :

Dans la mesure où la RC Décennale est un contrat de responsabilité les


limites et franchises sont librement choisies par l’assuré en fonction de son
exposition au risque.
Il est conseillé de prévoir une limite d’indemnité égale au sinistre maximum
possible (SMP : valeur maximale d’un marché).

d-9 : Base d’indemnisation en cas de sinistre :


L’assurance RC Décennale est une assurance de responsabilité. L’assureur de
l’intervenant à la construction doit donc indemniser le tiers (le propriétaire du
bien au moment du sinistre) de manière à ce que ce dernier soit dans la
situation dans laquelle il était avant le préjudice subi.

L’absence de réévaluation n’entraîne pas l’application de la règle


proportionnelle. La seule sanction sera l’évaluation du sinistre sur la base du
coût de reconstruction à la date de réception de l’ouvrage.

d-10 : Base d’indemnisation en cas de sinistre :

Si absence de revalorisation des garanties :

-Valeur de reconstruction à la date de réception de l’ouvrage.

Si revalorisation :

-Valeur de reconstruction au jour du sinistre

d-11 : Conditions de souscription

La souscription de cette assurance est subordonnée à l’intervention d’un


organisme technique (VERITAS, SOCOTEC INTERNATIONAL
ETC…) dans le cadre d’une mission dont le contenu doit être approuvé
par les assureurs.

9
La mission du contrôleur technique s’opère en plusieurs étapes :

- RD0 :

C’est le rapport initial du contrôleur qui indique clairement l’étendue de


sa mission et les organes de la construction qui feront l’objet de
contrôles.

- RD01:

Rapports intermédiaires (RD03 : Contrôle de l’étanchéité)

- RD06 :

Rapport définitif rédigé lors de la réception de l’ouvrage. Ce rapport


peut émettre certaines réserves techniques qui auront pour conséquences
directes la suspension des garanties jusqu’à leurs levées par ce même
bureau de contrôle.

La garantie étant subordonnée au contrôle technique le bureau de


contrôle a le devoir de transmettre ses rapports à l’assureur.

d-12 : PRISE D 'EFFET ET PERIODE DE GARANTIES


La garantie prend effet à compter de la date de réception telle qu’elle figure
au PV de réception pour autant que l’assureur ait été mis en possession du
rapport du Bureau de Contrôle agréé.
Une attestation de prise en charge enregistrant le ou les dates de réception
précisera la date de prise d’effet du contrat.
La garantie cessera 10 ans après la date de réception.

10
C/ Assurances Dommages Ouvrage :

Les polices d’assurance "Dommages Ouvrage" que l’on appelle aussi


"Garantie de Longue Durée des vices internes de la construction" ont
vocation à couvrir les frais de réparation de dommages matériels affectant des
ouvrages de bâtiment et génie civil après leur réception, qu’en règle générale,
les polices de Dommages (Incendie, Multirisques, etc.,) souscrites par leurs
propriétaires ou d’Activités (Responsabilité Civile Générale, RC Produits),
souscrites par les constructeurs, n’ont pas vocation à prendre en charge.

Les contrats d’Assurances de "Dommages à l’Ouvrage/Décennale" font


partis des assurances de dommages directs au même titre que les assurances
Incendie ou Bris de Machine.

La prise en charge des dommages est donc subordonnée aux garanties


souscrites par l’assuré.

Il n’y a donc pas de recherche de responsabilité pour qu’il y ait une


indemnisation.
L’assureur de la "Dommage Ouvrage" pouvant néanmoins exercer ses recours
après l’indemnisation des préjudices subis par ses assurés.

Par la souscription d’une police de Dommages, en contrepartie du paiement


d’une prime unique, capitalisée, le maître d’ouvrage assure la pérennité de
son investissement par le transfert à l’assurance des coûts de réparation des
dommages atteignant les ouvrages qu’il a fait construire, et ce, pendant une
période de dix années à compter de la réception, sans possibilité de résiliation par
l’assureur, même après sinistre.

11

Vous aimerez peut-être aussi