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Psychothérapies
pour le trouble
du stress
post-traumatique
Exposition prolongée ! Retraitement cognitif
Thérapie cognitive du TSPT ! EMDR
© Dunod, 2022
11 rue Paul Bert, 92240 Malakoff
www.dunod.com
ISBN 978-2-10-083645-1
Merci aux Professeurs François Nef, Pascale Brillon et Pierre Philippot pour leurs
retours critiques et leurs encouragements qui m’ont aidé dans l’écriture de ce livre.
PRÉFACE XIII
INTRODUCTION 1
PREMIÈRE PARTIE
PRÉSENTATION DU TSPT ET DES PRINCIPAUX TRAITEMENTS PSYCHOLOGIQUES DISPONIBLES
DEUXIÈME PARTIE
PSYCHOTHÉRAPIES POUR TRAITER LE TSPT
INTRODUCTION 43
5. Diagnostiquer le TSPT 47
Analyser la demande 47
Évaluer le TSPT 47
Information sur les symptômes 49
7. L’index traumatique 65
Une étape incontournable 65
Identifier le type de traumatisme 66
La technique des « paquets » pour les TSPT de type II 67
Ce que l’index traumatique n’est pas 68
Des événements traumatiques associés 68
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
9. L’exposition prolongée 77
Développement 77
Présentation du traitement 77
Les expositions in vivo 79
L’exposition en imagination 81
Le débriefing 84
VIII TABLE DES MATIÈRES
TROISIÈME PARTIE
AMÉNAGEMENTS PRATIQUES À DESTINATION DES PRATICIENS
INTRODUCTION 127
QUATRIÈME PARTIE
EXCEPTIONS, LIMITES ET AUTRES INFORMATIONS SUR LES TRAITEMENTS D’EXCELLENCE
DU TSPT
INTRODUCTION 155
15. Nombre, durée, format et fréquence des séances pour traiter le TSPT 157
Les recommandations actuelles 157
X TABLE DES MATIÈRES
17. Prise en charge spécifique pour les TSPT dissociatifs (TSPT-D) 167
Les contre-indications thérapeutiques liées aux TSPT-D 167
Proposition de prise en charge des TSPTD-E 169
Stabiliser les TSPTD-E, 170 • Réancrer les TSPTD-E, 170 • Méthode
de discrimination pour les TSPTD-E, 171 • La contextualisation avec
réancrage pour les TSPTD-E, 171
Proposition de prise en charge des TSPTD-amnésiques 172
CINQUIÈME PARTIE
COMPLÉMENTS POUR LES SYMPTÔMES POST-TRAUMATIQUES RÉSIDUELS
INTRODUCTION 185
19. L’approche par symptômes pour cibler les symptômes résiduels du TSTP 187
Pourquoi une approche spécifique pour les symptômes résiduels du TSPT ? 187
Table des matières XI
CONCLUSION 205
ANNEXES 211
BIBLIOGRAPHIE 231
Préface
que conçus par leurs auteurs avec des exemples de vignettes cliniques pour
illustration et complément à la description théorique. Le lecteur francophone
retrouvera une description fidèle de ces quatre programmes, cependant Pierre
Orban n’hésite pas à donner son point de vue et à présenter sa pratique clinique.
Le chapitre 9 porte sur la thérapie par exposition prolongée (EP) mise au point
par Edna Foa. Elle est enseignée dans les programmes de formation francophones.
Cependant, le debriefing tel que l’entend Foa (après l’exposition au récit trau-
matique) est parfois négligé par les thérapeutes. Le protocole de Foa demande
l’exposition au récit traumatique sans que celui-ci ait été élaboré par écrit au
préalable. Cependant, l’exposition à la mémoire traumatique peut se faire de
manière progressive afin que le patient ne soit pas submergé à nouveau par
les émotions.
La thérapie du « retraitement » cognitif de Resick et collaboratrices (chapitre 10)
est peu connue du public francophone. Elle s’inscrit dans une approche cognitive
et cible les croyances dysfonctionnelles acquises lors de l’événement traumatique.
Dans le protocole (et donc dans le livre), le thérapeute a à sa disposition une
liste de questions pour mettre à jour les croyances dysfonctionnelles (CD) au
sujet de l’événement traumatique. Les CD sont reportées sur un journal qui sera
renseigné et travaillé tout au long de la thérapie. Ces CD sont ensuite assouplies
par le dialogue socratique avec des questions « clarificatrices ». Peu à peu, le
patient apprend à les remettre en question, notamment avec le travail de mise
à jour des biais de pensée ou styles de pensée dysfonctionnels (ex. penser en
« tout ou rien »). Enfin, les thématiques des CD (schémas sur la sécurité ou la
confiance par exemple) spécifiques au TSPT sont abordées et travaillées.
Le chapitre 11 est consacré à l’EMDR. Il faut savoir qu’en France, il est recom-
mandé d’avoir validé une formation EMDR-France pour la pratiquer. Le lecteur de
cet ouvrage trouvera une description des différentes étapes à suivre ainsi que
des applications (exemples) pratiques. Pour résumer brièvement, elle consiste
à exposer à une pensée négative (équivalente à la croyance dysfonctionnelle)
et à désensibiliser par le mouvement oculaire. Autrement dit, elle associe une
procédure de libre association avec le mouvement oculaire.
La thérapie cognitive (TC) d’Ehlers et Clark (chapitre 12) travaille sur les sou-
venirs traumatiques et le discours intérieur du patient. À notre connaissance,
elle est également peu connue en francophonie (et donc peu appliquée). Plus
précisément (et comme l’a préconisé Beck dans la dépression), la première étape
est de demander au patient de retrouver des activités de loisir et de plaisir afin
d’améliorer la qualité de vie avant d’aborder le travail cognitif. Ensuite, la mise
à jour de la mémoire traumatique consiste à lister les moments de l’événement
Préface XV
traumatique les plus perturbants (« les points chauds »). Une fois que ces points
chauds ont été repérés, il est demandé au patient de mettre à jour leur signi-
fication actuelle, autrement dit les croyances dysfonctionnelles associées. Ces
croyances dysfonctionnelles seront discutées au cours d’un dialogue socratique
et des croyances plus « rationnelles » mises à jour. Il sera alors demandé au
patient de repenser à un point chaud en se répétant la croyance « plus ration-
nelle ». Cette technique permet en quelque sorte la « re-scénarisation » de
l’événement traumatique en agissant directement sur le contenu des croyances
dysfonctionnelles afin d’en modifier l’interprétation. Des exercices dans la réalité
sont également réalisés demandant au patient de noter les différences entre ce
qu’il se passe durant l’exercice et le souvenir traumatique. Notons que l’inter-
vention psychologique porte sur les croyances dysfonctionnelles alors que dans
d’autres protocoles, la rescénarisation porte sur l’imagerie mentale (Ceschi &
Pictet, 2018). Ainsi un des intérêts « majeurs » de cet ouvrage est de mettre à
la disposition des lecteurs deux prises en charge « cognitives », peu connues
en francophonie, à savoir la thérapie du retraitement cognitif et la thérapie
cognitive pour le TSPT. Ces deux prises en charge s’inscrivent dans la lignée des
travaux de Beck, sans toutefois respecter les étapes d’une thérapie cognitive
selon son modèle (mise au jour des pensées automatiques (PA), mise en question
des PA, recherche des schémas (thème des PA) et assouplissement des schémas
dysfonctionnels. Par ailleurs la modification des CD est plus « expérientielle »
que dans l’approche décrite par Beck.
Un autre argument pour la lecture de cet ouvrage est que la première partie
(présentation du TSPT et des principaux traitements psychologiques disponibles)
documente notamment les principaux mécanismes thérapeutiques permettant
de comprendre l’efficacité des stratégies thérapeutiques retenues (EP, CPT, EMDR
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et TC). Ils s’appliquent plus ou moins à chacune. Ils sont suffisamment décrits
pour que le lecteur (psychothérapeute) puisse les présenter à un patient. Rap-
pelons que cette première étape de la prise en charge (psychoéducation) est
fondamentale, elle facilite l’adhésion du patient et le rend plus actif dans la
prise en charge.
Pour en revenir à la partie II, avant de décrire les différentes psychothérapies,
des informations sur les critères diagnostiques et l’évaluation du TSPT sont
fournies ainsi que les facteurs de précaution à vérifier avant de commencer
la thérapie (chapitre 6). La spécificité de la prise en charge d’un TSPT (par
rapport à un autre trouble mental) est que le patient et le thérapeute déter-
minent un index traumatique avant de commencer le traitement (chapitre 7).
L’index traumatique demande au patient de rapporter tous les événements qu’il
XVI P RÉFACE
L ES SYMPTÔMES INTRUSIFS
L ES MANIFESTATIONS D ’ ÉVITEMENT
Les symptômes intrusifs étant aversifs, cela peut favoriser l’évitement des déclen-
cheurs d’intrusion liés à l’événement (voir figure 1.1).
Le DSM-5 distingue d’une part l’évitement des déclencheurs internes en lien
avec l’événement traumatique, c’est-à-dire des souvenirs, pensées ou sentiments
associés à l’événement traumatique. La personne va donc essayer d’éviter de
penser à l’événement, mais le plus souvent sans succès, ce qui amplifie encore
davantage son sentiment de mal-être. D’autre part, le DSM-5 répertorie les
évitements des déclencheurs externes en lien avec l’événement traumatique,
c’est-à-dire les personnes, endroits, conversations, activités, objets, situations
qui éveillent souvent des déclencheurs internes (voir DSM-5, 2017). Dans notre
pratique, nous constatons que ces évitements entraînent l’isolement et des arrêts
de travail ou d’étude chez nos patients.
Comme le rappellent Resick et al. (2017), les évitements internes et externes
peuvent aussi se manifester par l’évitement de la thérapie et des exercices
thérapeutiques à domicile centrés sur le trauma.
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Évitement
Altération négative
des cognitions et
de l’humeur
Il est important de noter que les groupes de symptômes que nous avons identifiés
(les intrusions, les évitements, la modification des cognitions et de l’humeur,
les réactions neuro-végétatives) doivent être présents depuis au minimum un
mois. Aucun traitement pour le TSPT ne devrait être envisagé avant cela. Notons
que bien que la plupart des victimes d’événements traumatiques présentent des
réactions émotionnelles et comportementales au moment du trauma (« choc
émotionnel ») et dans les jours qui suivent celui-ci (« état de stress aigu »
dans certains cas), la plupart ne présenteront pas de symptômes de TSPT un
mois après l’événement. Le TSPT n’apparaît donc pas systématiquement après
un événement traumatique : il est de 30 % chez les personnes victimes d’un
accident de la route, ayant cherché une aide médicale (Blanchard et al., 1995),
de 30 % également chez les femmes confrontées à une fausse-couche (Farren
10 P RÉSENTATION DU TSPT ET DES PRINCIPAUX TRAITEMENTS PSYCHOLOGIQUES DISPONIBLES
et al., 2020), de 20 % chez les patients ayant été admis en unité de soins
intensifs (Davydow et al., 2008), et de 50 % chez les personnes ayant subi un
viol (Creamer et al, 2001).
Le fait qu’il n’y ait pas de TSPT chez une majorité des victimes de ce type d’évé-
nement ne signifie pas qu’elles n’ont pas de symptômes psychologiques suite à
ces événements (dépression, anxiété, modification de l’image de soi, sentiment
d’insécurité, trouble du sommeil, sexualité perturbée...). Par contre, cela indique
qu’il faut normaliser le fait de ne pas présenter de TSPT après un événement
traumatique. L’une de nos patientes se demandait s’il était légitime de faire
reconnaître un viol alors qu’elle n’en ressentait plus de séquelles psychologiques,
et cela l’a soulagé d’apprendre que sa démarche était bien entendu légitime d’une
part, et que la tendance à la résilience spontanée était courante d’autre part.
Il convient d’être attentif au fait qu’il peut arriver que les symptômes du TSPT
apparaissent plusieurs mois, voire plusieurs années, après l’épisode traumatique
retenu au critère A (Andrews et al., 2007). Il est donc tout à fait erroné d’exclure
un trouble du stress post-traumatique parce que des années sont passées depuis
un événement traumatique.
Lorsque les critères diagnostiques du TSPT sont remplis au minimum six mois
après la survenue de l’événement, le diagnostic de TSPT « apparu avec délai »
est proposé. Il n’est pas si rare que cela se produise puisque d’après Frueh et al.
(2009), cette condition s’observe chez environ 8 % des vétérans de guerre. Smid
et al. (2009) ont quant à eux observé que 24,8 % des TSPT étaient à caractériser
« avec délai ». Cette prise en compte est importante pour qu’on ne confonde
pas le TSPT avec un trouble de la personnalité par exemple. Nous avons déjà été
confronté à ce cas de figure où un psychiatre avait exclu le TSPT d’une patiente
parce que les symptômes étaient survenus près de 10 ans après l’événement. Et il
est vrai que les symptômes du TSPT et du trouble de la personnalité se recouvrent
en partie dans certains cas (tendance à vouloir se faire du mal, mode de relations
interpersonnelles instable, instabilité de l’image de soi, sentiment chronique de
vide, humeur instable...). Pour identifier le TSPT de façon différentielle, il faut
surtout investiguer la présence d’intrusions et de déclenchement de symptômes
en lien avec un événement précis.
L ES FACTEURS À RISQUE
Parmi les facteurs rendant à risque de développer un TSPT, Brewin et al., (2000)
ont notamment observé que la sévérité du trauma, le manque de support social et
Prévalence et définition du trouble du stress post-traumatique 11
L ES TSPT COMPLEXES
Comme nous le verrons plus tard, à des fins de traitement, il sera utile d’établir
une distinction entre les traumas simples et les traumas complexes. Les traumas
simples ‒ aussi nommés traumas de type I ‒ se rapportent à des événements
isolés tels que les accidents de la route, les catastrophes naturelles, les bra-
quages, les agressions en rue, les attentats, etc. (Dewulf et al., 2006). Quant aux
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Comme nous le verrons, des adaptations aux traitements peuvent être requises
pour les traumas répétés produisant un TSPT.
Notons enfin que certains TSPT se manifestent avec des symptômes dits dissocia-
tifs caractérisés par la perturbation de fonctions normalement intégrées telles
que la conscience, la mémoire, l’identité ou la perception de l’environnement
(voir DSM IV-TR, 2011).
Le DSM-5 fait notamment référence aux réactions dissociatives suivantes :
➙ les réactions dissociatives ou flashbacks dans lesquels le patient se sent
ou agit comme si les événements traumatiques allaient se reproduire. Ces
réactions peuvent survenir sur un continuum, les plus extrêmes étant une
abolition complète de la conscience de l’environnement ;
➙ l’incapacité de se rappeler un aspect important de l’événement ou des événe-
ments en raison de l’amnésie dissociative ;
➙ la dépersonnalisation, c’est-à-dire l’expérience d’être un observateur extérieur
à l’événement, d’en être détaché comme si cela n’arrivait pas à la personne
concernée ;
➙ la déréalisation, c’est-à-dire l’impression que l’événement est irréel ou ne s’est
pas produit.
Entre 10 % et 30 % des personnes avec un TSPT présenteraient des symptômes
dissociatifs (Lanius et al. 2012 ; Steuwe et al. , 2012). Nous discuterons plus
loin des implications que cela peut avoir en termes de traitement.
En résumé
! Environ 3 % des personnes en Belgique et en France seront un jour touchées par
le TSPT.
! Les deux cadres de référence pour diagnostiquer le TSPT sont l’ICD-11 et le DSM-
5. Cet ouvrage se base sur le DSM-5.
! Les critères diagnostiques sur le DSM-5 incluent : (A) un événement traumatique ;
(B) des intrusions ; (C) des évitements ; (D) une modification des cognitions et de
l’humeur ; (E) les réactions neuro-végétatives.
! Les symptômes doivent être présents au moins un mois après l’événement trauma-
tique.
! Environ 20 % des personnes confrontées à un événement traumatique développent
un TSPT.
! On peut préciser si les TSPT sont complexes et s’ils sont avec dissociation.
Chapitre 2
Comme on peut le lire dans un article publié sur le site de l’Institut fran-
çais d’EMDR1 , le point commun entre l’EMDR et les thérapies cognitivo-
comportementales est avant tout que ces deux approches sont validées par des
études scientifiques (Havé, 2016). Sur le site de l’association EMDR France2 , on
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Mais qu’est-ce que cela signifie ? Et l’EMDR est-elle donc le traitement de réfé-
rence à utiliser d’après les études d’évaluation des thérapies ? C’est ce que nous
proposons d’explorer dans ce chapitre.
L ESPSYCHOTHÉRAPIES RECOMMANDÉES
INTERNATIONALEMENT POUR LE TSPT
BEP Envisageable /
TCP / Envisageable
CPT = thérapie de restructuration cognitive pour le TSPT développée par Resick et ses collabo-
rateurs ; TC = thérapie cognitive pour le TSPT développée par Ehlers et Clark; EP = thérapie
d’exposition prolongée pour le TSPT développée par Foa et ses collaborateurs ; TCC = thérapies
cognitivo-comportementales (mixte d’approches cognitives et comportementales ne correspondant
pas exactement à la TCC, l’EP et la TC) ; NET = thérapie d’exposition par la narration ; BEP =
thérapie éclectique brève ; TCP = thérapie pour le TSPT non centrée sur le trauma.
L ES
PSYCHOTHÉRAPIES DU TSPT PLUS EFFICACES
QUE LA MÉDICATION
Watts et al. (2013) ont mené une méta-analyse très connue pour évaluer l’effica-
cité des traitements pour le TSPT (tableau 2.3). Ils se sont basés sur 137 com-
paraisons de traitements tirés de 112 études qui répondaient aux critères sui-
vants : les participants étaient des adultes avec un diagnostic de TSPT et avaient
Les traitements du stress post-traumatique 17
liste d’attente (tableau 2.3). Elles ont observé que les tailles d’effet pour les
thérapies individuelles centrées sur le trauma étaient élevées et significatives.
Les psychothérapies avec les tailles d’effet les plus élevées étaient la thérapie
cognitive, les thérapies somatiques et cognitives et enfin, la psychothérapie
incluant les enfants et les parents. Une limite de leur méta-analyse est que les
échantillons par traitement étaient faibles, avec seulement vingt-cinq sujets
pour les thérapies cognitives par exemple. Par ailleurs, dans leur méta-analyse
sur l’EMDR pour les enfants, Rodenburg et al. (2009) ont observé à partir d’un
groupe de 209 enfants un effet modéré (et comparativement faible) de l’EMDR
pour traiter le TSPT chez les enfants (d = 0,56).
Comme nous pouvons le voir (tableau 2.3), il n’est pas étonnant que l’EMDR
soit certaines fois considérée comme un traitement d’excellence pour le TSPT
18 P RÉSENTATION DU TSPT ET DES PRINCIPAUX TRAITEMENTS PSYCHOLOGIQUES DISPONIBLES
Autres thérapies
g = 1,62 / SMD = 2,94
cognitives dont TC
Exposition et thérapies
g = 1,52 /
cognitives
Autres thérapies
g = 0,8 / /
d’exposition
Médication
g = 0,28 / /
benzodiazépines
(ISTSS, 2019) et d’autres fois comme un traitement de second plan (APA, 2017).
En effet, les résultats des études de validation de son efficacité sont variables.
Notons que bien qu’il y ait des différences observées entre les tailles d’effets des
traitements d’excellence (EP, TC, CPT et EMDR), des données supplémentaires
sont nécessaires pour pouvoir déterminer s’il y a une différence significative
entre ces traitements selon les critères statistiques (Cusack et al., 2016).
Les traitements du stress post-traumatique 19
L ES
EFFETS À LONG TERME DES PSYCHOTHÉRAPIES
POUR LE TSPT
Les études incluses dans les méta-analyses que nous avons parcourues ensemble
(Watts et al., 2013 ; Haagen, 2015 ; Mavranezouli et al., 2019) ne prennent pas
toujours en compte les effets thérapeutiques à long terme des traitements. Pour
répondre à cette question, Kline et al. (2018) ont effectué une méta-analyse
incluant les études comparant des traitements pour le TSPT administrés à des
groupes de patients répartis aléatoirement et évaluant l’efficacité du traite-
ment sur une durée de minimum six mois après le traitement. Ils ont observé
que l’EMDR, la thérapie du traitement cognitif (CPT) et l’exposition prolongée
pour le TSPT (EP) étaient significativement plus efficaces que les traitements
« contrôles » si l’on comparait les symptômes au début du traitement avec ceux
mesurés six mois après le traitement.
D’ AUTRESINDICATEURS THÉRAPEUTIQUES
DANS LE FUTUR ?
Nous espérons que dans l’avenir, les chercheurs rapporteront plus systémati-
quement et au minimum, le pourcentage de patients du groupe traitement qui
présente encore les critères cliniques ciblés à la fin du traitement et lors du suivi
post-traitement.
1. https://emdr-belgium.be/fr/
Les traitements du stress post-traumatique 21
Comme le rapporte Brillon (2004), certains font la critique des thérapies validées
pour le traitement du TSPT en arguant que ce serait une approche techniciste qui
manquerait d’humanité. Il faut tout d’abord préciser que l’approche protocolaire
ne fait aucunement l’économie d’une approche non jugeante, compréhensive,
bienveillante et optimiste du thérapeute, dont l’attitude thérapeutique reste
essentielle. Comme l’écrivent Foa et al. (2007, p. 109) :
L’expérience de partager la peine et l’horreur de la mémoire traumatique avec
une personne empathique, compréhensive et non jugeante est une expérience
thérapeutique puissante qui peut par elle-même commencer à réduire la peur, la
honte et les symptômes de TSPT du client.
l’ont écoutée, mais qui ne l’ont pas soulagée de ses symptômes. La démarche de
la psychothérapie validée est : quel est le traitement qui permettra de la façon
la plus fiable et efficace de soulager Madame C. de ses symptômes ? Pour le
reste, ne s’agit-il pas de batailles centrées seulement sur les praticiens et non
sur les patients ?
Loin d’être un prescrit édicté par des instituts scientifiques, la philosophie qui
sous-tend la psychothérapie basée sur des traitements dont l’efficacité est confir-
mée est d’offrir davantage de transparence et de fiabilité dans les traitements
qui peuvent être prescrits au patient. Il est évidemment essentiel que le patient
puisse, s’il le souhaite, se tourner vers des approches dont l’efficacité a été moins
étudiée ou pour lesquelles elle sera plus fiable selon les indicateurs cliniques
repris dans les études. Il faut seulement qu’il puisse le faire en connaissance de
22 P RÉSENTATION DU TSPT ET DES PRINCIPAUX TRAITEMENTS PSYCHOLOGIQUES DISPONIBLES
cause. Cette philosophie qui met le patient au centre se retrouve dans la notion
de « pratique psychologique » qui intègre à la fois les meilleures recherches
cliniques disponibles, l’expertise clinique du thérapeute, et les caractéristiques
du patient telles que sa culture et ses préférences (Huppert et al., 2006).
Plus il y a de transparence, plus le patient est protégé et moins les arguments
d’autorité, de lobbying, de publicité, bref, tout ce qu’il y a d’opaque, d’autoritaire
et de commercial, primeront.
Rappelons encore une fois l’enjeu : il y a plus de vingt ans, Kessler (1995) a
montré que très souvent, à l’époque, les personnes qui souffraient d’un TSPT deux
ans après l’événement en souffraient encore dix ans plus tard ; heureusement,
les traitements ont évolué depuis et Madame C. (que nous avons présentée plus
haut) a pu être guérie du trouble dont elle souffrait depuis près de vingt ans.
En résumé
! Les traitements fortement recommandés par l’Association américaine de psycholo-
gie sont l’exposition prolongée (EP), la CPT, la thérapie cognitive pour le TSPT (TC)
et les thérapies cognitivo-comportementales pour le TSPT. La Société internatio-
nale pour les études du stress post-traumatique (ISTSS) recommande également
l’EMDR.
! Les méta-analyses comparant les traitements pour le TSPT montrent que la TC,
l’EP, la CPT et l’EMDR sont les thérapies les plus efficaces pour les adultes.
! Ces quatre protocoles ont des effets thérapeutiques qui, en moyenne, se main-
tiennent jusqu’à six mois et plus après le traitement.
! La validation de l’efficacité thérapeutique porte sur le TSPT et non sur un autre
trouble.
! Des efforts doivent encore être faits pour que le patient puisse bénéficier des traite-
ments les plus efficaces de façon transparente.
Chapitre 3
L ES
MÉCANISMES ACTIFS DES TRAITEMENTS EFFICACES
CENTRÉS SUR LE TRAUMA
Nous avons présenté jusqu’ici les traitements qui avaient les meilleures chances
de réduire les symptômes du TSPT (Watts et al., 2013 ; Haagen et al., 2015 ;
Mavranezouli et al., 2019). Avant d’aller plus loin, nous proposons de nous attar-
der un instant sur les mécanismes actifs supposés pour expliquer cette efficacité.
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L ES
FACTEURS THÉRAPEUTIQUES DES TRAITEMENTS
BONA FIDE
On sait que les traitements bona fide non centrés sur le trauma contribuent
significativement à l’efficacité thérapeutique (Tran et Gregor, 2016). Par traite-
ments psychologiques bona fide, il faut entendre des protocoles qui comportent
des ingrédients psychothérapeutiques reconnus et non de simples interventions
24 P RÉSENTATION DU TSPT ET DES PRINCIPAUX TRAITEMENTS PSYCHOLOGIQUES DISPONIBLES
La contextualisation spatio-temporelle
!
sans mise en contexte et, donc, comme des signes d’une réelle alerte imminente
(« expérience-souvenir » ; recollective experience en anglais).
Selon ce modèle explicatif, le traitement devrait consister à maintenir suffisam-
ment longtemps en mémoire de travail le souvenir traumatique pour pouvoir
le contextualiser et l’intégrer à la mémoire autobiographique (Zoellner et al.,
2017, p. 138).
sur le trauma
quelqu’un avec un TSPT, le CPF diminue trop fortement son activité et il n’y a pas
de message à l’amygdale pour qu’il diminue ses réponses. Il prend trop de temps
pour cesser d’être hyperactivé [...] (ibid.).
En effet, chez les personnes avec un TSPT, on observe à la fois une hyperactivité
de l’amygdale sans qu’il n’y ait pour autant d’altérations anatomiques notables,
et une réduction du volume du cortex préfrontal et du cortex antérieur médian
(Boriello, 2019). Shin et al. (2004) ont observé que chez les personnes avec un
TSPT, il y avait une relation fonctionnelle entre le cortex préfrontal et l’amygdale,
ce qui signifie que lorsque l’activité de l’un augmente, celle de l’autre diminue,
et réciproquement.
Resick et al. (2017) proposent qu’il soit possible d’agir sur la relation fonction-
nelle entre l’amygdale et le cortex préfrontal chez les personnes avec un TSPT
28 P RÉSENTATION DU TSPT ET DES PRINCIPAUX TRAITEMENTS PSYCHOLOGIQUES DISPONIBLES
au trauma
Assimilation aboutie La croyance négative prétraumatique est Confirmation de l’information attendue par Confirmation d’une
confirmée. le schéma. croyance négative
Ex. : les hommes sont tous agressifs et Ex. : les hommes sont dangereux. inadaptée de soi, des
dangereux. autres ou du monde.
Assimilation aboutie La croyance positive prétraumatique est Modification de l’information pour Apparition d’une croyance
préservée. préserver l’information compatible avec le négative inadaptée de soi,
Ex. : J’ai du contrôle sur tout ce qui schéma positif. des autres ou du monde.
m’arrive. Ex. : c’est de ma faute (c’était sous mon
contrôle).
Accommodation La croyance positive prétraumatique Modification extrême et négative des Apparition d’une croyance
aboutie évolue en croyance négative schémas en fonction de l’information négative inadaptée de soi,
post-traumatique. traumatique. des autres ou du monde.
Ex. : passer de « les gens sont fiables » à Ex. : si je fais confiance, je me mets en
« on ne peut faire confiance à personne ». danger.
ET DES PRINCIPAUX TRAITEMENTS PSYCHOLOGIQUES DISPONIBLES
Les mécanismes thérapeutiques des traitements pour le TSTP 31
en EMDR
En 2006, dans leur article lapidaire sur l’EMDR, intitulé « NICE recommande
l’EMDR pour le trouble du stress post-traumatique. Pourquoi ? », Ost et Easton
estiment que le mouvement oculaire n’a aucun effet thérapeutique en soi. Il
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est vrai que le bon sens (mais aussi le principe de parcimonie explicative du
rasoir d’Occam) poussait à trouver extravagant d’ajouter un mouvement oculaire
à un protocole thérapeutique validé alors qu’aucun modèle théorique fiable
n’allait dans ce sens et alors que les données sur l’efficacité de l’EMDR étaient
très pauvres.
Depuis, de nouvelles données sont venues dynamiser le débat. Dans leur livre
intitulé Imagerie mentale et psychothérapie, Ceschi et Pictet (2018) rapportent
les résultats d’études permettant d’expliquer l’effet de réduction du niveau
subjectif de détresse (NSD) lié au mouvement oculaire. Voyons plutôt :
D’autres doubles tâches telles que dessiner, compter à rebours ou jouer avec de la
pâte à modeler, ont également montré leur efficacité sur la réduction de la détresse
associée à l’évocation d’une image traumatique [...]. Une étude de van den Hout et
32 P RÉSENTATION DU TSPT ET DES PRINCIPAUX TRAITEMENTS PSYCHOLOGIQUES DISPONIBLES
al. (2011) indique qu’une part importante de cet effet « d’estompage affectif » de
la tâche concurrente serait attribuable à la charge cognitive associée à l’exécution
de n’importe quelle double tâche, avec un effet supplémentaire (relativement
faible) plus spécifiquement attribuable à la modalité visuo-spatiale (Ceschi et
Pictet, 2018, p. 157).
Une autre explication de l’estompage affectif produit par des doubles tâches peut
être que la tâche supplémentaire amène l’attention sur des stimuli du moment
présent et favorise donc la distinction entre le souvenir « maintenant » et
l’image traumatique « au passé ». On retrouve ce principe au centre de certaines
procédures de la thérapie cognitive d’Ehlers et Clark où le thérapeute confronte
le patient aux déclencheurs d’intrusions tout en lui demandant d’être attentif
aux différences entre l’environnement actuel et le moment du trauma (Ehlers,
2020).
À partir de onze études réalisées hors d’un contexte thérapeutique, Lee et
Cujpers (2013) ont montré que le mouvement oculaire avait un effet modéré sur
la vivacité du souvenir (d = 0,74).
Il serait toutefois hâtif de conclure que parce que le mouvement oculaire a un
effet d’estompage affectif, il est efficace sur le TSPT dans le cadre du protocole
EMDR :
➙ Premièrement, Lee et Cujpers (2013) ont étudié l’efficacité de l’EMDR avec ou
sans le mouvement oculaire en se basant sur quinze études disponibles. Les
auteurs rapportent que toutes ces études étaient de mauvaise qualité métho-
dologique et donc, que de nombreux biais pouvaient expliquer les résultats
(seulement une étude dissimulait aux participants la condition dans laquelle
ils se trouvaient). Cela peut avoir pour conséquence que l’effet observé n’est
pas lié au mouvement oculaire, mais à l’effet placebo (Finniss et al., 2010). De
plus, après avoir retiré deux études qui avaient des résultats significativement
différents des autres études, ils ont observé que la taille d’effet était faible
(g = 0,27). Donc le mouvement oculaire a tout au plus un effet marginal sur
l’efficacité de l’EMDR.
➙ Deuxièmement, s’il devait y avoir un effet d’estompage affectif lié au mou-
vement oculaire dans le cadre du protocole EMDR, la question resterait de
savoir si cet effet pourrait se retrouver hors des séances, notamment sur les
symptômes de TSPT. En effet, pour reprendre Craske et al. (2014, p. 7) :
Il a été observé que la mesure dans laquelle la peur a été réduite après extinction
n’est pas prédictive de l’intensité de la peur exprimée lors d’une expérience subsé-
quente de retest d’extinction, que ce soit chez l’animal ou chez l’humain (Plendl
& Wotjak, 2010 ; Prenoveau, Craske, Liao, & Ornitz, 2013 ; Rescorla, 2006). De
Les mécanismes thérapeutiques des traitements pour le TSTP 33
En résumé
! L’efficacité des traitements les plus efficaces centrés sur le trauma peut s’expliquer
aussi en partie par des facteurs non centrés sur le trauma. Ils comportent géné-
ralement une explication rationnelle du trouble traité, un plan de traitement basé
sur des principes thérapeutiques bien établis, des interventions psychologiques
cohérentes avec le plan thérapeutique ainsi qu’une réelle collaboration entre le
patient et le thérapeute.
! Parmi les facteurs centrés sur le trauma pouvant expliquer l’efficacité des traite-
ments, citons :
Alors que les études cliniques sélectionnent les patients repris dans les traite-
ments en fonction des critères qu’elles déterminent, le clinicien praticien reçoit
des patients sans mettre tous les filtres de sélection que se permettent les cher-
cheurs. Ainsi, alors que les personnes qui souffrent de symptômes traumatiques
suite à un événement qui n’est pas repris dans le DSM-5 seront exclues des
études, le praticien devra pouvoir y répondre avec une intervention thérapeu-
tique adaptée. L’application du traitement habituel pour le TSPT peut-elle être
adaptée ?
Les traumas reconnus pour le diagnostic du TSPT selon le DSM-5 sont définis
de façon très restrictive (voir chapitre 1, L’événement ou les événements trau-
matique(s)/traumatisant(s)). En effet, le DSM-5 retient uniquement les cas où
le patient a été victime ou témoin d’un ou plusieurs événements traumatiques
36 P RÉSENTATION DU TSPT ET DES PRINCIPAUX TRAITEMENTS PSYCHOLOGIQUES DISPONIBLES
l’intervention.
➙ Qu’on puisse supposer raisonnablement qu’il y aura des facteurs de chan-
gement thérapeutiques communs entre les troubles lors de l’application
du traitement.
➙ Que les avantages et les risques du traitement aient été envisagés, en prenant
notamment en compte le coût d’opportunité lié à la non-application d’un
autre traitement disponible.
Premièrement, comme nous l’avons développé plus haut, il y a une très grande
similarité symptomatologique entre les événements repris par le DSM-5 pour
38 P RÉSENTATION DU TSPT ET DES PRINCIPAUX TRAITEMENTS PSYCHOLOGIQUES DISPONIBLES
Processus de
Similarités Avantages
Exceptions/Conditions changement
symptomato- supérieurs aux
nécessaires probablement
logiques risques
communs
Risques minimisés
Événements
par les facteurs de
autobiographiques
sécurité, qualité de
précis, similarités
vie fortement
Pas de traitement des mémoires
impactée par les
hautement efficace PCL-5 significative traumatiques,
symptômes, bonne
disponible processus de
raison de
changement
s’attendre à ce que
attendus comme
le traitement soit
identiques.
efficace.
Recherche et
développement
En résumé
! Les événements comme les faillites, le harcèlement moral, la violence physique
sans blessure grave ou encore le harcèlement moral sont exclus des événements
permettant de poser un diagnostic de TSPT selon le DSM-5.
! On observe pourtant des symptomatologies post-traumatiques pour ces événe-
ments. Des études sur la validation des traitements sont pressantes.
En attendant, il est tout à fait raisonnable de pouvoir appliquer les traitements
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!
d’excellence pour le TSPT.
PARTIE II
Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43
Chap. 5 Diagnostiquer le TSPT . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
Chap. 6 Facteurs de précaution à aborder avant le traitement . . . . . . . . 51
Chap. 7 L’index traumatique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
Chap. 8 La sélection du trauma à cibler . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71
Chap. 9 L’exposition prolongée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77
Chap. 10 La thérapie du retraitement cognitif (CPT) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89
Chap. 11 L’EMDR . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105
Chap. 12 La thérapie cognitive pour le TSPT selon Ehlers et Clark . . . . . 117
Introduction
A PRÈS AVOIR PRÉSENTÉ le TSPT, les traitements les plus efficaces actuellement et
les facteurs qui peuvent expliquer leur efficacité, nous proposons mainte-
nant de décrire les étapes concrètes pour mener à bien ces traitements avec les
patients.
Dans cette partie pratique, nous présenterons les protocoles centrés sur le trauma
suivant : la thérapie d’exposition prolongée développée par Foa et son équipe
(EP), la thérapie du traitement cognitif développée par Resick et son équipe
(CPT), l’EMDR développée par Shapiro, et la thérapie cognitive pour le TSPT déve-
loppée par Ehlers et Clark. Notons que tous ces protocoles sont administrés avec
plusieurs étapes communes qui constituent leur socle et sont nécessaires aux
bonnes pratiques de traitement : l’anamnèse, l’évaluation du TSPT, l’évaluation
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Anamnèse
Mesure du TSPT
Facteurs de précaution
Index traumatique
Sélection de l’événement
ou des événements
Procédures spécifiques
TC, EP, TTC, TEN, EMDR
Les étapes transversales aux psychothérapies centrées sur le trauma, validées pour
traiter le TSPT
Nombre de cliniciens sont partisans d’une application très stricte, voire « tech-
nocratique », des protocoles établis. Cette attitude se justifie par le fait que
la réplication à peu près identique des mêmes étapes d’un thérapeute à l’autre
garantirait l’intégrité ou la fiabilité de la procédure thérapeutique et permettrait
d’en évaluer l’efficacité grâce à la standardisation des interventions (Resick
et al., 2017). Cependant, l’application à la lettre de protocoles ‒ comme on
suivrait une recette de cuisine ‒ comporte plusieurs limites en pratique clinique
Altération négative
Introduction 45
Diagnostiquer le TSPT
A NALYSER LA DEMANDE
Une « analyse de la demande » doit être effectuée par le clinicien selon son
approche habituelle. Cela inclut le plus souvent les plaintes spontanées du
patient, ce qu’il a déjà mis en place pour y faire face, ce qu’il met en place
actuellement, ses attentes pour la thérapie et les différents éléments anamnes-
tiques que le thérapeute jugera nécessaire d’investiguer (début d’apparition des
symptômes, déclencheurs des symptômes, contexte familial, réseau de soin, etc.).
Si le client a des plaintes actuelles concernant la perturbation émotionnelle ou
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É VALUER LE TSPT
La PCL-5 est une échelle autorapportée qui reprend un par un les critères diagnos-
tiques du DSM-5 en demandant au patient de se situer entre « pas du tout » et
« extrêmement ». Chaque item se voit attribuer un score allant de 0 à 4. Le score
global est calculé très simplement en additionnant les scores des items et varie
donc de 0 à 80. Il est proposé de fixer le seuil diagnostique à 31 pour la version
anglaise (Weathers et al., 2013) et à 32 pour la version française (Ashbaugh et
al., 2016). Bien qu’il n’y ait qu’une seule version des vingt items, celle-ci peut
être proposée avec, en complément, une évaluation du critère A (l’événement
traumatique qui doit répondre aux critères du DSM-5) et éventuellement, la
LEC-5, une échelle évaluant la présence de seize événements qui sont souvent
associés au TSPT.
Pour émettre un diagnostic prévisionnel (qui ne pourra être confirmé que par un
examen clinique semi-structuré), il faudra veiller à ce que l’échelle utilisée porte
sur le dernier mois et non sur la dernière semaine.
La CAPS-5 fonctionne quant à elle selon un système légèrement différent : pour
chaque item du DSM-5, le praticien pose des questions préétablies pour le concré-
tiser puis évalue l’intensité et la fréquence associées. Un tableau permet ensuite
d’attribuer pour chaque item un score allant de 0 à 4 en fonction de l’intensité
et de la fréquence. Il est également demandé au praticien d’évaluer pour chaque
item si le score est clairement défini par l’événement de l’index traumatique. Un
lien est considéré comme peu probable si le praticien ou le patient font un lien
évident entre le symptôme et une autre cause que l’événement. Si c’est le cas, le
Diagnostiquer le TSPT 49
score du symptôme n’est pas inclus dans le score global (Weathers et al., 2018).
En 2021, il n’existe pas encore de version française de la CAPS-5.
Tableau 5.1. Comparaison de la CAPS-5 et de la PCL-5
CAPS-5 PCL-5
Référence
DSM-5 DSM-5
diagnostique
Demande de nombreuses
Précision Uniquement le critère DSM-5
précisions
Fréquence
Semaine ou mois Semaine ou mois
passation
Pour les praticiens débutant dans le traitement du TSPT ou pour un premier entre-
tien approfondi, nous recommandons l’usage de la CAPS-5 parce que différentes
questions supplémentaires sont proposées au praticien. Pour sa part, la PCL-5 se
prêtera mieux à des évaluations régulières en cours de suivi, car elle est moins
demandeuse en temps et peut être autoadministrée. Remarquons qu’idéalement,
les mesures du TSPT doivent être prises régulièrement durant le traitement. Nous
recommandons toutefois d’espacer les mesures de plusieurs séances pour éviter
que le patient ne soit influencé à force de reconnaître les items (voir annexe 1).
Des mesures selon des échelles mises en place par le clinicien et portant sur le
nombre de déclencheurs, le nombre d’attaques de panique par semaine, l’inten-
sité des attaques de panique et la spécification de leur nature dissociative ou
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non peuvent également s’avérer pertinentes dans notre expérience. Ces mesures
constituent la ligne de base, ou évaluation du problème cible de la thérapie.
Ces mesures sont faites avant, pendant et après la thérapie et permettent un
protocole de cas individuel.
En résumé
! Le TSPT peut être mesuré à l’aide de la CAPS-5 ou de la PCL-5. La PCL-5 est une
échelle autorapportée alors que la CAPS-5 est administrée par le thérapeute.
! Si le TSPT est sous le seuil diagnostic, nous recommandons d’évaluer s’il y a tout
de même un score proche du seuil diagnostique avec des symptômes invalidants
pour le patient.
! La phase de diagnostic est l’occasion d’apporter de la psychoéducation au patient
en lien avec ses symptômes.
! Il est intéressant de maintenir des mesures de TSPT tout au long du traitement.
Chapitre 6
A PRÈS AVOIR EFFECTUÉ une anamnèse et avoir vérifié qu’il y a bien la présence d’un
TSPT clinique ou des symptômes post-traumatiques justifiant un traitement,
le passage en revue des facteurs de précaution à aborder avant le traitement
constitue une étape indispensable.
L’analyse de ces facteurs (voir annexe 3) détermine si un traitement centré sur
le trauma est pertinent ou non et évalue les risques d’une aggravation de l’état
clinique du patient en cas de recours à ce type de traitement. Ces risques peuvent
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L ES COMORBIDITÉS
Nous n’avons pas trouvé de littérature sur les liens entre les troubles bipolaires
et les protocoles de TC, d’EP et d’EMDR. Par contre, Resick et al. (2017) rap-
portent que la CPT a pu être appliquée avec succès avec des patients bipolaires
présentant un TSPT. Notons que le stress étant un facteur de déstabilisation, il
faudra être particulièrement attentif aux symptômes de dépression et de manie
avec cette population (par exemple, avec des échelles journalières d’humeur).
centré sur le trauma. Chez les personnes devenues abstinentes, il est capital de
faire de la prévention des rechutes en lien avec le stress que peut susciter le
traitement du trauma. Shapiro (2007) rapporte que cela peut être un facteur de
rechute chez certaines personnes. Par exemple, il convient d’envisager d’autres
moyens de coping que de consommer de l’alcool en cas de détresse émotionnelle.
Troubles psychotiques
!
avec un TSPT présentent aussi une PB. Notons que la thérapie comportemen-
tale dialectique de la PB n’envisage de traiter les traumas qu’après une année
de stabilisation de l’état mental via l’apprentissage d’une meilleure régulation
émotionnelle (Linehan, 1993). Cependant, il est possible que le TSPT soit dans
certains cas le trouble qui explique une série de symptômes attribués aux troubles
de la PB, comme les idéations suicidaires, la consommation de substances, l’insta-
bilité émotionnelle, les colères intenses ou les comportements autodestructeurs.
De plus, Resick et al. (2017) rapportent de bons résultats avec les patients bor-
derline présentant un TSPT sévère. Néanmoins, une attention devra être apportée
à l’automutilation, à la consommation de substances et au risque suicidaire.
54 P SYCHOTHÉRAPIES POUR TRAITER LE TSPT
Reyes-Rodriguez et al. (2011) ont montré à partir d’un échantillon de 753 femmes
souffrant d’anorexie nerveuse (AN) que 13,6 % d’entre elles souffraient égale-
ment d’un TSPT comorbide. Pour 64,1 % des personnes avec un TSPT comorbide
à une AN, le premier événement traumatique était survenu avec l’AN. Il n’y a, a
priori, pas de contre-indication à proposer un traitement pour le TSPT centré sur
le trauma à une personne souffrant d’AN. Il faut toutefois s’assurer au préalable,
en cas de dénutrition sévère, que la personne soit dans les conditions médicales
pour suivre un traitement.
Troubles dissociatifs
!
G ESTIONÉMOTIONNELLE ET PRÉVENTION
DES COMPORTEMENTS À RISQUE HORS DES SÉANCES
le cas. Nous avons examiné si elle avait une période ou une date précise en tête,
ce qui n’était pas le cas non plus. Nous avons également eu un entretien précis
avec elle pour évaluer si elle envisageait d’autres moyens pour mettre fin à ses
jours, ce qui n’était pas le cas non plus. Dans de pareils cas, nous expliquons au
patient qu’il est nécessaire pour nous de pouvoir communiquer avec son réseau
de soin et nous avons transmis les informations au médecin traitant. Nous avons
gardé un espace de discussion sur les idées suicidaires éventuelles en début de
chaque séance.
Malheureusement, comme le font remarquer Perlman et al. (2011, p. 4), on ne
peut prévoir entièrement le risque suicidaire :
Il est important d’admettre que le risque de suicide peut être tout de même élevé
chez la personne qui n’exprime pas explicitement d’idées ni de plans suicidaires, ne
56 P SYCHOTHÉRAPIES POUR TRAITER LE TSPT
Il arrive que des personnes souffrant d’un TSPT se mutilent quand les revivis-
cences sont trop pénibles ou que l’angoisse est trop forte. Les automutilations
sont à distinguer de l’intention de mourir puisque la plupart de personnes qui
commettent des automutilations ne souhaitent pas mourir (Perlman et al., 2011).
Foa et al. (2007) exigent une période de trois mois sans mutilation sérieuse et un
engagement du patient à ne pas se mutiler avant d’entamer le traitement. Cepen-
dant, les mutilations peuvent apparaître en lien avec des intrusions traumatiques
ou avec un sentiment de honte ou de culpabilité directement fonction du TSPT.
Pour cette raison, nous considérons donc qu’il ne faut pas priver ces personnes
du traitement. Néanmoins, nous discutons et routinisons avec la personne des
alternatives à la mutilation (exemples : pack de glace frotté contre la peau, crier
dans un coussin, se pincer, etc.). Des conditions de suivi ‒ comme un contrat de
« non-mutilation » ou des appels téléphoniques au thérapeute en cas de passage
à l’acte imminent ‒ peuvent aussi être fixées. Le danger des mutilations doit
Facteurs de précaution à aborder avant le traitement 57
Les échelles de niveau subjectif de détresse (NSD) sont notamment utilisées par
Shapiro (2007) d’une part et Foa et al. (2007) d’autre part. Il s’agit simplement
de demander au patient de situer son niveau de détresse ou de perturbation
émotionnelle sur une échelle allant de 0 à 10 ou de 0 à 100, 0 correspondant
à une absence totale de détresse, 5 une détresse moyenne qui commence à
être inconfortable, et 10 la détresse maximale que le patient puisse imaginer.
Les auteures proposent que le patient donne des exemples afin de déterminer
l’échelle NSD.
58 P SYCHOTHÉRAPIES POUR TRAITER LE TSPT
Nous recommandons que le thérapeute évalue le NSD chaque fois que cela lui
semble utile au cours du traitement. Il est donc normal de parfois le demander
plus de dix fois sur une séance.
Pour Resick et al. (2017), les patients qui ont des réactions de panique si
importantes qu’ils ne sont pas capables de parler du trauma et des pensées
associées devraient suivre une prise en charge appropriée de la gestion de la
panique. Nos recommandations sont les suivantes :
➙ vérifier que les crises d’angoisses ne sont pas causées par un état dissociatif
produisant une perte de contact partielle ou complète avec l’environnement ;
➙ apprendre au patient à gérer les crises avec hyperventilation (par exemple
avec des apnées de quinze secondes suivies d’une respiration aussi normale
que possible pendant quinze secondes).
➙ pouvoir apprendre au patient les méthodes de relaxation par l’autohypnose ou
par la respiration profonde. Shapiro (2007) privilégie la pratique de l’imagerie
comme moyen de relaxation. L’exercice est celui du « lieu de confort ». Les
thérapeutes habitués à la pratique de l’hypnose ericksonnienne ou conver-
sationnelle y sont déjà habitués. Pour les autres, il s’agit simplement pour
le patient de s’immerger dans un lieu agréable et sécurisant. On propose
généralement de choisir un lieu où il se trouve seul et qui ne produit pas de
nostalgie. Ce peut aussi être un lieu dans lequel le patient ne s’est jamais
rendu comme une plage déserte avec des cocotiers par exemple. La technique
d’immersion consiste à inviter le patient à s’immerger sensoriellement dans le
lieu. D’une voix lente et calme, le thérapeute pose successivement différentes
Facteurs de précaution à aborder avant le traitement 59
thérapeutique
Comme le rapporte Shapiro (2007, p. 116), il est important que les patients
soient honnêtes avec leur thérapeute sur la détresse expérimentée pendant
la séance.
Tant que le patient ne se sent pas bien dans les échanges habituels d’une thérapie
traditionnelle, on ne devrait pas utiliser l’EMDR (et, nous ajoutons, ni aucun
traitement centré sur le trauma).
Ajoutons qu’il est essentiel que le patient se sente en sécurité dans l’« ici et
maintenant » du cabinet de consultation alors qu’il est mis en contact avec la
« structure de peur » liée à l’événement traumatique. Par exemple, une patiente
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
est venue me trouver, car elle souhaitait effectuer un traitement EMDR suite à
une agression sexuelle. La patiente m’a expliqué que, depuis cet événement, elle
ne se sentait pas à l’aise avec les hommes, à l’exception de son compagnon. Je
lui ai donc demandé si elle se sentait à l’aise avec moi et elle m’a expliqué que
ce n’était pas facile, mais qu’elle souhaitait passer au-dessus de sa peur, car elle
souhaitait vraiment essayer le traitement. Je lui ai donc expliqué que pour que
les meilleures conditions de prise en charge soient réunies, je préférais l’orienter
vers une collègue.
60 P SYCHOTHÉRAPIES POUR TRAITER LE TSPT
E NVIRONNEMENT ET SANTÉ
que le protocole d’EP ne devrait jamais être utilisé pour aider les personnes à se
souvenir d’un trauma dont elles n’ont qu’une impression ou un vague sentiment.
Ces traumas sont donc exclus du protocole. Le site Psyfmfrance1 , qui a pour
objectif de sensibiliser et d’accompagner les personnes et leurs proches face aux
faux souvenirs induits en thérapie, regorge de témoignages de personnes qui se
sentent détruites par l’expérience d’une récupération d’un souvenir traumatique
induit en thérapie.
Le praticien peut donc simplement refuser d’appliquer ces méthodes si le patient
en fait la demande. Par exemple, un thérapeute en supervision abordait derniè-
rement le cas d’un patient qui avait le sentiment d’avoir subi des attouchements
1. http://psyfmfrance.fr/
62 P SYCHOTHÉRAPIES POUR TRAITER LE TSPT
dans la cour ou dans une gare pouvaient être liés à la négligence, l’impression
que sa sexualité « ne lui appartenait pas » pouvait s’expliquer par sa difficulté à
mettre des limites dans le cadre de sa sexualité alors qu’elle s’inscrivait dans une
relation de violence physique et psychologique, ce qui pouvait être traumatisant
et expliquer la dissociation. Le patient présentait d’ailleurs une PCL-5 de plus
de 32 concernant la maltraitance du compagnon. C’est d’ailleurs sur cette cible
que nous avons orienté la suite de la thérapie.
Dans d’autres cas, le patient a des images explicites déjà présentes depuis long-
temps, mais c’est seulement après des années qu’il parvient à mettre un mot sur
ce qui s’est passé. Quand la déréalisation dissociative est présente, il peut avoir
l’impression que ce n’est qu’un cauchemar qui s’est produit. Si les souvenirs sont
présents depuis les événements et sans induction, il y a les éléments cliniques
suffisants pour penser qu’il désigne un événement qui s’est bien produit. Il faudra
prendre le temps d’accompagner le patient dans ses questions et les démarches
qu’il envisage.
Notons enfin que dans le cas où, suite à une induction lors d’une précédente
thérapie, le patient est convaincu qu’un viol s’est produit, alors il n’y a plus
un questionnement, mais un fait reconnu, et tout ce qui le remet en question
pourrait être interprété comme un déni, ce qui produirait encore davantage de
détresse chez la victime. Dès lors, le rôle du thérapeute sera d’accompagner,
de soutenir et éventuellement de traiter le patient selon son nouveau souvenir
encodé en mémoire autobiographique.
Selon Shapiro (2007), si une procédure légale est en cours, mieux vaut informer
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
le patient que cela peut avoir une influence sur sa perception de l’événement
et, donc, sur sa déposition. En effet, l’image de l’événement ciblée en EMDR
pourrait, selon elle, perdre de sa clarté ou être brouillée. Par ailleurs, si une
procédure légale est en cours, la victime aura souvent déjà déposé une plainte
‒ et donc un témoignage ‒ à la police. Si ce n’est pas le cas et si la victime
a peur des questions ou des comportements inappropriés des policiers, il vaut
mieux lui indiquer des centres où elle peut spécifiquement déposer sa plainte.
Une distorsion mnésique des événements ou un faux souvenir peut apparaître
lorsque la thérapie vise à ce que le patient se souvienne de certains éléments
du trauma dont il ne se souvient pas spontanément. En effet, nos souvenirs
sont « mis à jour » avec les informations collectées lors de leur récupération
(Bridge et Paller, 2012). Il s’ensuit que les prétendus « souvenirs » sont alors
64 P SYCHOTHÉRAPIES POUR TRAITER LE TSPT
des reconstructions plutôt que des souvenirs proches des événements qui se sont
réellement passés.
En résumé
! Les traitements pour le TSPT peuvent être appliqués même en cas de comorbidités
(trouble dépressif majeur, troubles anxieux, trouble bipolaire, trouble de consom-
mation de substances, troubles alimentaires, trouble de la personnalité borderline,
trouble psychotique). Mais il faut veiller à ce que le patient soit suffisamment stable.
! Les idées suicidaires doivent être évaluées et distinguées des idées morbides.
! Des comportements alternatifs aux mutilations doivent être envisagés.
! Il n’y a pas de contre-indication pour les TSPT dissociatifs sauf s’il y a une amnésie
ou une perte de contact récente et régulière avec l’environnement immédiat.
! Si l’EMDR va être appliquée, il faut veiller à qu’il n’y a pas de condition médicale
oculaire spécifique. D’une façon générale, un contact avec le médecin doit être
établi en cas de doute sérieux sur la condition médicale du patient.
! L’idéal est d’appliquer le traitement dans un environnement stable. Si le risque
d’événement traumatique reste élevé, il n’est a priori pas pertinent d’entamer un
traitement centré sur le trauma.
! Les traitements centrés sur le trauma ne peuvent en aucun cas être utilisés pour
amener le patient à retrouver des souvenirs qu’il aurait peut-être oublié. Il s’agit
d’une faute déontologique grave.
! Si des procédures légales sont en cours, certains thérapeutes conseillent que le
patient puisse déposer sa plainte avant le traitement. Mais, à moins d’utiliser des
techniques de rescénarisation ou des techniques suggestives, il n’y a pas d’élément
probant pour le justifier.
Chapitre 7
L’index traumatique
U NE ÉTAPE INCONTOURNABLE
ainsi que dans la NET (cette thérapie sera décrite dans la prise en charge des
traumas multiples). Dans la thérapie du traitement cognitif, Resick et al. (2017)
proposent de réaliser une ligne du temps des traumas avec le patient. Foa et
al. (2007) proposent la même procédure dans l’exposition prolongée pour le
TSPT, mais se focalisent uniquement sur l’histoire des événements répondant au
critère A du DSM-5. Dans la NET, le patient est également invité à indiquer en
plus les événements positifs marquants qui s’inscrivent dans son histoire de vie
(Schauer et al., 2005).
Pour le réaliser, on peut simplement demander au patient quels sont les éléments
qu’il identifie comme traumatiques dans son histoire. Cette étape indispensable
se justifie pour les raisons suivantes :
➙ cela permet d’avoir une base pour sélectionner l’événement à cibler ;
66 P SYCHOTHÉRAPIES POUR TRAITER LE TSPT
➙ cela permet de vérifier que le patient a une mémoire des traumas suffisamment
structurée pour les organiser chronologiquement ;
➙ cela permet d’effectuer un inventaire des traumas dans le cadre des TSPT complexes.
Tableau 7.1. Exemple d’index traumatique simple : accident de voiture avec son frère
Les traumatismes de type II impliquent par contre des événements définis par le
DSM-5 qui surviennent de manière répétée et prolongée (Dewulf et al., 2006).
Les abus et incestes familiaux, le trafic sexuel, la torture politique ou encore les
génocides en sont des exemples (Loewenstein et al., 2014).
Il sera très important d’identifier si on se trouve face à un TSPT de type I ou de
type II avant de commencer le traitement pour ensuite déterminer la stratégie
de traitement. Comme on ne le sait pas a priori, nous recommandons d’effectuer
un index traumatique systématiquement.
L’index traumatique 67
Événements NSD
Notons également que l’index traumatique n’est pas figé et il pourra être néces-
saire de le mettre à jour au cours de la thérapie, soit parce que de nouveaux
événements sont survenus, soit parce que des secrets se dévoilent. Il ne faut
pas négliger le fait que les patients ne racontent pas toujours toute leur histoire
68 P SYCHOTHÉRAPIES POUR TRAITER LE TSPT
Notre patiente était envahie par des images intrusives de certaines situations
de harcèlement où elle n’avait pas réagi en restant paralysée, elle faisait de
L’index traumatique 69
nombreux cauchemars, elle évitait toutes les situations où elle pouvait croi-
ser ses anciens colocataires, elle se dévalorisait beaucoup, elle présentait des
symptômes dépressifs, elle était agitée et avait des troubles du sommeil.
Elle présentait également des intrusions sous forme de reviviscences en lien avec
d’autres événements dont elle avait des souvenirs lointains confirmés par ses
proches : beaucoup plus jeune, sa maman la frappait, parfois très violemment
(événement reconnu dans le DSM-5).
3 – 8 ans
Violence Maman
8 ans
Séparation des parents
Trauma
complexe
de type III
16 ans
Rupture Anah
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18 – 19 ans
Harcèlement colocs
Nous proposons de prendre comme autre exemple (voir tableau 7.3), celui d’une
patiente qui a connu un événement traumatique reconnu par le DSM-5 (mort
soudaine de son papa devant elle à l’âge de 12 ans), mais aussi des événements
traumatiques non reconnus par le DSM-5 (mort de sa sœur d’un cancer alors
que la patiente avait 17 ans). Le score à la PCL-5 est de 72, ce qui indique un
TSPT sévère. En raison des facteurs de sécurité, nous n’avons pas pu commencer
le traitement immédiatement et avons d’abord dû orienter la patiente vers un
Mort
Mort de grand-père Âge de 19 ans NSD = 9
grand-mère
En résumé
! L’index traumatique consiste à lister les événements traumatisants survenus dans
la vie du patient.
! Comme les autres étapes du traitement, il s’agit d’une étape collaborative.
! Elle permet de s’assurer que le patient ait une mémoire suffisamment organisée
des événements, d’identifier le type de traumatisme et de déterminer quel sera
l’événement à cibler en premier lieu.
! Quand il y a beaucoup d’événements traumatiques similaires dans l’histoire du
patient, une solution est de les regrouper en paquets.
! Il y a deux types de traumas reconnus : les traumas de type I qui sont des épisodes
uniques et des traumas de type II qui sont constitués de plusieurs événements du
passé qui contribuent au TSTP actuel.
! Nous proposerons d’également pouvoir reconnaître des traumas de type III (non
reconnus dans le DSM-5).
Chapitre 8
C RITÈRES DE SÉLECTION
Après avoir pris du recul sur l’histoire du patient en réalisant l’index traumatique,
il nous faut à présent déterminer quel est le trauma sur lequel va porter le
traitement en premier lieu.
Pour ce faire, dans la thérapie du traitement cognitif, Resick et al. (2017)
proposent de cibler l’événement qui produit le plus d’intrusions et d’évitements
actuellement. Par exemple, elles suggèrent de demander au patient : « Quel est
l’événement qui produit le plus d’intrusions désagréables et de cauchemars ».
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
Dans une approche assez similaire, dans la thérapie d’exposition prolongée pour
le TSPT, Foa et al. (2007) proposent également de regarder quel est l’événement
du passé dont le souvenir est le plus stressant actuellement pour le patient.
...
doit être légèrement adapté pour la PCL-5 en ajoutant au début de la question : « en
lien avec l’événement, avez-vous... ? ».
Un point important nous semble devoir être porté à l’attention des praticiens et
du grand public : l’EMDR opère de façon différente que la CPT, l’EP, la TC et la NET
pour effectuer un index traumatique, puis cibler l’événement traumatique sur
et à partir duquel travailler prioritairement. En effet, le praticien de l’EMDR va
partir d’une cognition négative liée à l’image la plus perturbante de l’événement
traumatique, pour ensuite lister les événements passés durant lesquels le patient
a eu cette même pensée négative. Son objectif va être de remonter jusqu’au
souvenir le plus ancien associé à cette pensée (voir figure 8.1). Cette démarche
s’inscrit dans les conceptions propres à Shapiro comme en témoigne l’extrait
suivant (2007, p. 131) :
Alors que les victimes de TSPT ayant pour origine un seul événement peuvent être
traitées avec l’EMDR en ciblant le souvenir traumatique, la plupart des patients
auront besoin d’un traitement plus complet. Il devrait comprendre le ciblage
séquentiel de ses expériences précoces cruciales de référence...
La sélection du trauma à cibler 73
Illustrons cependant à quel point le protocole est conçu pour que le psycho-
thérapeute trouve un souvenir ancien en lien avec l’image la plus perturbante
de l’événement traumatique de départ, même s’il s’agit d’un trauma simple
(Cornil, 2015) :
➙ pour cibler ces événements, le praticien va d’abord demander au patient
d’identifier les événements passés où il a eu la même cognition négative. Et
afin de cibler le souvenir originel, le thérapeute va donc demander au patient
quand il pense avoir eu pour la première fois ces pensées négatives ;
➙ si le patient ne parvient pas à identifier un souvenir passé, le praticien est
tenu d’insister en demandant au patient de se concentrer sur les sensations
liées àction
l’image puis de laisser son esprit flotter vers le passé à la recherche
du ou des événements
d’un événement (floatback) ;
➙ si le patient ne parvient toujours pas à identifier un souvenir passé, le pra-
ticien est tenu d’insister en demandant au patient de se concentrer sur la
première fois qu’il a ressenti ces émotions
Altération et sensations (pont-affect) ;
négative
Trauma
➙ Si aucun événement ne vient à l’esprit du patient, le praticien insiste encore
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
En résumé
! Il faut cibler prioritairement l’événement qui produit le plus d’intrusions et de per-
turbation émotionnelle actuellement. On peut s’aider des dix premiers items de la
PCL-5 en cas d’hésitation.
! Le ciblage de l’événement en EMDR peut induire des faux souvenirs et amener à
effectuer un traitement centré sur le trauma pour des événements qui ne sont plus
perturbants actuellement. Il s’agit d’une pratique que nous évaluons comme non
pertinente et dangereuse.
Chapitre 9
L’exposition prolongée
D ÉVELOPPEMENT
P RÉSENTATION DU TRAITEMENT
Figure 9.1. Le plan de traitement dans la thérapie d’exposition prolongée pour le TSPT
Altération négative
Trauma
L’exposition prolongée 79
Il arrive que les personnes qui vivent un trauma aient la pensée que le monde est dan-
gereux ou qu’ils sont incompétents pour gérer les réactions face à ce danger et face à
leurs réactions. L’exposition vous aidera à retrouver ce sentiment de compétence et
de sécurité avec vous-même, les autres et les situations de la vie quotidienne.
L ES EXPOSITIONS IN VIVO
Grille d’expositions
L’ EXPOSITION EN IMAGINATION
que la séance d’exposition dure environ 45 minutes et que l’exposition sera systé-
matiquement suivie d’un débriefing. Le thérapeute rappelle également au patient
les avantages qui sont attendus : organiser et intégrer la mémoire traumatique
par la narration, favoriser la différenciation entre « se souvenir » d’un événe-
ment traumatique et « être traumatisé » par un événement traumatique, favoriser
l’« habituation » (extinction de la réponse émotionnelle conditionnée) et aug-
menter le sentiment de compétence (sentiment de maîtrise) dans l’approche des
images intrusives qui induisent actuellement une détresse émotionnelle.
Après avoir répondu aux questions du patient, le thérapeute peut entamer avec
ce dernier l’exposition en imagination. Le thérapeute lui demande ce qui suit :
➙ racontez au temps présent « comme si la scène racontée arrivait en direct,
maintenant » ;
82 P SYCHOTHÉRAPIES POUR TRAITER LE TSPT
Notons de plus qu’il faut avoir fixé clairement avec le patient un début et une
fin pour la narration. Idéalement, le début se situe un petit peu avant que
l’événement traumatique ne commence et la fin se situe quand cet événement
est terminé. Rappelons que le patient aura l’occasion de raconter plusieurs fois
l’événement au cours d’une même séance d’exposition in vitro (en imagination).
Nous recommandons également au thérapeute de préciser qu’à une fréquence
régulière, il évaluera le niveau subjectif de détresse du patient (NSD). Cette
échelle utilisée oralement et autorapportée a été présentée dans le chapitre
consacré aux précautions à prendre avant le traitement (chapitre 6). Foa et al.
(2007) recommandent de l’évaluer toutes les cinq minutes, mais nous conseillons
de le mesurer systématiquement en début ou en fin de récit du trauma, ainsi
que chaque fois que le thérapeute considérera que c’est nécessaire.
Comme je vous l’avais expliqué, je vous propose de raconter l’événement, les yeux
fermés, à la première personne et au temps présent. À la fin de chaque récit, je vous
inviterai simplement à recommencer la narration depuis le début.
Si vous souhaitez interrompre le récit à un moment donné, vous pouvez simplement
ouvrir les yeux ou dire « Stop ». Je vous demanderai régulièrement quel est votre
niveau subjectif de détresse (NSD). Êtes-vous prête à commencer ?
– Oui.
suis débattue. Quand je me suis retournée, j’ai vu un homme s’enfuir. Puis, j’ai
ouvert la porte de l’immeuble et j’ai couru jusqu’à l’appartement. J’ai expliqué la
situation à mon copain et il a couru dehors, mais il n’a vu personne.
Pouvez-vous recommencer le récit depuis le début, si possible avec plus de détails sur
les circonstances, sur vos ressentis, vos réactions, vos impressions, vos sensations,
vos réflexions internes, ce que vous vous êtes dit à vous-même, les images qui vous
sont arrivées à l’esprit, etc. ?
– Je marche dans la rue avec deux copines. Nous parlons et nous rions. Mes
copines partent. Je continue à marcher. Je suis fatiguée et j’ai froid. J’arrive devant
la porte de l’immeuble. Je cherche mes clés. Je sens des mains contre mes seins
puis contre mes fesses. Je me débats et je crie. Un homme s’enfuit. J’ouvre la
84 P SYCHOTHÉRAPIES POUR TRAITER LE TSPT
LE DÉBRIEFING
Foa et al. (2007) proposent plusieurs points de repère pour aider à la gestion de
celui-ci: (1) apporter un feedback positif au patient (exemple : « Vous vous en
êtes très bien sorti ») ; (2) l’aider à gérer son anxiété, si elle est encore élevée ;
(3) l’interroger sur son vécu de la séance ; (4) discuter de ses niveaux de NSD
pendant la séance (sachant qu’il n’est pas rare qu’ils restent élevés et diminuent
peu lors des premières séances) en soulignant que même s’il était fort anxieux,
c’est un bon prédicteur qu’il ait été capable de se mettre en contact avec ses
émotions lors du trauma ; (5) discuter avec le patient des prises de conscience
et réflexions éventuelles survenues lors de l’imagerie narrative, dont les pensées
post-traumatiques associées à de la culpabilité ou à des distorsions cognitives.
Par exemple, Foa et al. (2007) proposent de demander : « Qu’est-ce que cela
signifie pour vous que ce soit arrivé ? » ou encore « Qu’est-ce que cela dit à
propos de vous ? ».
Souhaitez-vous que fassions quelques respirations profondes pour vous aider à vous
détendre ?
– Oui...
Oui, ce n’est pas facile du tout. Il n’y a malheureusement pas de traitement facile.
Il est intéressant de constater que vos NSD n’ont pas augmenté au cours de la nar-
ration. Ils ont même un petit peu diminué. Votre NSD de l’instant est aussi plus faible
que celui de début de séance. Est-ce que cela vous étonne ?
– Un petit peu. Je croyais que je serais de plus en plus stressée et que ce serait
pire que cela.
Je veux dire... Quelle est la probabilité que cela vous arrive à nouveau ?
– 8/10.
C’est beaucoup. Je comprends que vous vous sentiez en insécurité. Est-ce 8/10 dans
toutes les situations ?
– Non, si je suis seule, à l’extérieur, et qu’il n’y a personne autour de moi.
D’accord, c’est plus clair pour moi. Cela me semble important. Nous pourrons y revenir
lors d’une prochaine séance.
Tableau 9.2. Émotion et cognitions associées aux points chauds (hot spots)
Émotions
« Points chauds » Cognitions
actuelles
Dégoût : 8
Image du viol. Image obscène. C’est sale et humiliant.
Honte : 8
V ALIDATION
En résumé
! L’exposition prolongée (EP) repose sur trois piliers : l’exposition in vivo, l’exposition
in vitro et le débriefing qui suit l’exposition in vitro.
! L’exposition in vivo consiste à se mettre en contact avec les situations qui produisent
une anxiété élevée et qui sont évitées pour cela. Les expositions durent en moyenne
30 à 45 minutes et doivent être maintenues jusqu’à ce que l’anxiété ait diminué
ou soit devenue supportable. Il est conseillé de commencer par les situations qui
produisent une anxiété modérée.
! L’exposition par imagerie consiste à raconter l’événement à la première personne,
au temps présent et en fermant les yeux pendant 30 à 45 minutes. Quand le récit
est terminé, le patient recommence simplement en repartant depuis le début.
! Le débriefing consiste essentiellement à revenir avec le patient sur ce qui lui est
venu à l’esprit pendant l’exposition par imagerie et à discuter avec lui de ce qu’il
souhaite aborder en lien avec l’événement.
Chapitre 10
D ÉVELOPPEMENT
1. https://cptforptsd.com/
90 P SYCHOTHÉRAPIES POUR TRAITER LE TSPT
É TAPE 1 :
ÉVALUATIONS ET INTERVENTIONS
AVANT LA RESTRUCTURATION COGNITIVE
Comme nous l’avons déjà vu, il convient d’évaluer la présence d’un trouble du
stress post-traumatique, de réaliser un index post-traumatique et d’évaluer les
facteurs de sécurité. La CPT suit précisément les mêmes étapes (Resick et al.,
2017). Rappelons qu’au moment de l’index traumatique, l’événement le plus
perturbant et invalidant actuellement est sélectionné avec le patient comme
première cible du traitement. Si une thérapie pour le TSPT peut être appliquée
et que le thérapeute envisage la CPT, Resick, Monson et Chard recommandent
de lui laisser le choix de la version de la thérapie (CPT ou CPT-A), sachant que
celle-ci peut être appliquée avec un compte rendu écrit du trauma ou non. Nous
présenterons la CPT-A dans un second temps.
Pour démarrer le traitement, le thérapeute va présenter la notion de « croyance
dysfonctionnelle » (CD), c’est-à-dire des croyances négatives, actuelles, per-
sistantes et exagérées concernant soi-même, d’autres personnes ou le monde.
Par contre, les CD ne sont pas : des pensées vécues comme vraies uniquement
La thérapie du retraitement cognitif (CPT) 91
l’événement).
Le premier exercice pour identifier les CD ‒ proposé par Resick et al. (2017) ‒
consiste à interroger les patients par les questions suivantes :
1. Expliquez pourquoi l’événement traumatique est survenu selon vous ;
2. Pensez-vous que cet événement change votre vision de la sécurité en lien
avec vous-même, les autres ou le monde ? Si oui, en quoi et comment ?
3. Pensez-vous que cet événement change votre vision de la confiance que vous
avez envers vous-même ou les autres ? Si oui, en quoi et comment ?
4. Pensez-vous que cet événement change votre vision du contrôle que vous
avez sur vous-même, les autres ou le monde ? Si oui, en quoi et comment ?
5. Pensez-vous que l’événement change votre vision de l’estime que vous avez
envers vous-même ? Si oui, en quoi et comment ?
6. Pensez-vous que cet événement vous amène à vous sentir coupable ? Si oui,
en quoi et comment ?
Le patient est invité à réaliser l’exercice à domicile puis à le lire à haute voix
lors de la séance suivante. Le thérapeute et le patient pourront dès lors lister
les premières CD à aborder. Si le patient ne parvient pas à réaliser cet exercice
à domicile, nous recommandons pour notre part de pouvoir l’effectuer avec lui
en séance.
– Oui, je ne parviens pas à avoir du contrôle sur tout, il est très difficile pour moi de
lâcher prise.
Diriez-vous que si vous lâchez prise, alors vous êtes en insécurité ?
– Oui.
D’accord. Je vous propose maintenant de passer à la thématique de la confiance.
Avez-vous l’impression que les événements ont changé votre vision de la confiance
envers les autres ?
– Oui, je dirais que je me méfie davantage des gens au premier abord. Il faut plus
de temps pour que je leur fasse confiance.
Diriez-vous que vous ne pouvez pas faire confiance aux autres ?
– Non, je dirais seulement que je dois rester prudente et prendre le temps de les
connaître avant de faire confiance.
94 P SYCHOTHÉRAPIES POUR TRAITER LE TSPT
Dans certains cas, le patient ne partagera pas ses CD les plus perturbantes direc-
tement. Par exemple, certaines patientes qui ont subi des violences sexuelles
ressentent parfois beaucoup de honte pour des sensations qu’elles ont pu avoir,
ou de la culpabilité. Une fois encore, les informations sur le trauma se com-
plètent régulièrement au fil de la thérapie où des secrets peuvent être avoués
tardivement. Ce n’est pas un souci si les CD perçues initialement ne sont pas les
plus perturbantes et les plus bloquantes. De toute façon, d’autres CD apparaîtront
en thérapie.
L’étape suivante consiste à présenter un autre moyen ‒ lui aussi proposé par
Resick et al. (2017) ‒ qui consiste à identifier les CD à partir de suites ABC (voir
tableau 10.2).
La première étape consiste à présenter au client les principales émotions (et
sentiments), parmi lesquelles la peur, la honte, la colère, la fierté, le dégoût, la
culpabilité, la joie et la tristesse. Pour chaque émotion, il peut être proposé au
patient de donner en exemple une situation où cette émotion a été ressentie.
Il faut veiller à s’assurer que ce soient les bonnes émotions qui sont données
en exemple.
La seconde étape consiste à donner des exemples sur le lien entre les pensées,
les émotions et leurs déclencheurs (les circonstances d’apparition des pensées et
des émotions). Quelles sont les pensées qui nous rendent tristes ? Quelles sont
les pensées qui nous mettent en colère ? Et ainsi de suite pour les différentes
émotions.
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
La troisième étape consiste à discuter des émotions qui sont ressenties en lien
avec les croyances ou pensées dysfonctionnelles (CD).
Le patient est invité à remplir des fiches déclencheur – pensée – émotion
à domicile et celles-ci sont ensuite discutées avec le thérapeute lors de la
session suivante.
Le journal des CD
"
Il nous semble important que souligner que toutes les CD doivent être ajoutées
dans le journal des CD (tableau 10.3), journal qui doit être actualisé tout au
long de la thérapie (journal adapté proposé en annexe 6).
96 P SYCHOTHÉRAPIES POUR TRAITER LE TSPT
CD : Je suis un objet dans les relations sexuelles. Colère : 6/10 ; Honte : 9/10
CD = croyances dysfonctionnelles.
Cette option comprend deux séances similaires. Chaque fois, il est proposé
au patient d’écrire un compte rendu de l’événement à domicile. Celui-ci est
effectué à la première personne et au temps passé. En moyenne, un événement
serait décrit en huit pages, mais dans notre expérience, c’est plus court que
cela. L’important est que la description de l’événement commence au moment
où le patient s’aperçoit qu’il est en danger et se termine quand l’événement
traumatique est terminé.
Le compte rendu du trauma est lu à haute voix durant la séance. Le thérapeute
est invité à écouter le compte rendu sans interruption. Une fois le récit ter-
miné, il est conseillé de laisser le patient observer et ressentir ses émotions.
La thérapie du retraitement cognitif (CPT) 97
que lui proposait son entourage en lien avec son estime d’elle-même : « Si cela
ne vient pas de moi, je n’y crois pas. »
Resick, Monson et Chard insistent sur plusieurs angles d’approches pour mener à
bien le dialogue socratique dans le cadre de la CPT.
Les « questions clarificatrices » sont les plus importantes. Celles-ci consistent à
récolter un maximum d’informations sur le trauma, sur ses circonstances précises
et sur les options précises qu’avait le patient. Comme elles le précisent (Resick
et al., 2017, p. 64) :
Il est extrêmement important pour le clinicien qui pratique la CPT de vouloir poser
les questions clarificatrices sensibles et difficiles, et ce de la manière la plus non
jugeante et factuelle possible.
CD Clarifications
J’aurais dû savoir qu’il allait Qu’est-ce qui vous fait penser cela ? Y avait-il d’autres
m’attaquer. hypothèses possibles à ce moment-là ? Lesquelles ?
Ok je comprends. Vos vous dites que c’est de votre faute parce qu’en partant, vous
auriez épargné cette violence à vos enfants ?
– Oui.
Mais j’imagine qu’il y a des raisons si vous n’êtes pas partie ?
– Oui, j’avais peur des représailles.
Vous aviez peur pour vous et vos enfants ?
– Oui.
Donc on peut dire que c’était aussi pour protéger vos enfants que vous restiez ?
– Oui, on peut dire cela.
Il y a -t-il d’autres raisons pour lesquelles vous n’êtes pas partie ?
– Je crois que j’étais sous-emprise.
Que voulez-vous dire par là ?
– Je veux dire que j’avais tellement peur de mon ex-mari que je n’osais pas lui dire
non et je n’arrivais plus vraiment à penser par moi-même.
J’entends que la violence psychologique que vous subissiez était très sévère.
– Oui. Par exemple, pour mon anniversaire, il m’a giflée et m’a traitée de putain en
disant que c’est tout ce que je méritais.
Mais donc, peut-on dire que c’est à cause de ce niveau de violence très élevé et
prolongé qui vous impactait psychologiquement, et également à cause de la peur des
représailles, que vous n’avez pas pu entièrement protéger vos enfants et partir ?
– Oui.
Qu’est-ce que cela suscite chez vous de vous dire cela ?
– Ça me soulage d’un côté. Et je me sens en colère.
(Silence.)
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
que cette idée avait déjà été présentée lors de l’explication au patient de ce
qu’est une CD.
Le protocole reprend les questions suivantes : quels sont les arguments et les
contre-arguments en faveur ou en défaveur de la croyance dysfonctionnelle ? ;
est-ce une habitude de pensée ? ; est-ce que tout le contexte a été pris en
compte ? ; y a-t-il des termes en « tout » ou « rien, ou « toujours », « jamais » ? ;
est-ce que cette pensée est juste centrée sur une partie de l’événement ? ;
d’où vient cette pensée ? ; est-ce qu’il y a une confusion entre « possible et
probable » dans cette pensée ? ; est-ce une pensée basée sur les émotions ou
sur les faits ? Notons que si des CD apparaissent dans les fiches de challenge, il
faut veiller à ne pas passer d’une CD à l’autre, mais à se concentrer uniquement
et exhaustivement sur la CD ciblée par la fiche (Resick et al., 2017).
Ces fiches sont d’abord présentées au patient en séance, puis le patient est
invité à les remplir chez lui (nous reviendrons plus en détail sur ces fiches au
chapitre 14.) Lors de la session suivante, ces fiches sont discutées en séance.
Elles sont l’occasion pour le thérapeute d’avoir un dialogue socratique avec
le patient.
Les fiches sont en principes remplies tous les jours par le patient. Celui-ci est
invité à se concentrer en priorité sur les CD directement liées au trauma.
É TAPE 6 :
LA PRÉSENTATION DES STYLES
DE PENSÉES DYSFONCTIONNELLES
Selon la thérapie (Resick et al., 2017), le thérapeute est ensuite invité à faire
découvrir au patient la fiche des styles de pensées dysfonctionnelles. Celle-ci se
différencie de la fiche de challenge des CD parce que plutôt que de se concentrer
sur une CD, elle se concentre sur des habitudes de pensée générales que pourrait
avoir le patient. L’objectif est une fois encore de l’aider à prendre du recul sur
ses CD.
Les biais suivants sont abordés : conclure sans avoir tous les éléments ou prédire
le futur, exagérer ou minimiser, ignorer certaines parties des situations, sursim-
plifier, surgénéraliser, raisonner émotionnellement (fait déduit d’une émotion).
Pour chaque concept, le patient est invité à trouver un exemple à partir de ses
CD ou à partir de pensées de sa vie de tous les jours (voir tableau 10.5).
Tous ces biais se retrouvaient implicitement dans la fiche de challenge des CD.
Un biais supplémentaire est toutefois introduit, celui de « lecture d’esprit », qui
La thérapie du retraitement cognitif (CPT) 101
consiste ici à déterminer ce que les personnes pensent quand nous n’avons pas
de preuve de cela.
Tableau 10.5. Exemple de biais cognitifs que l’on retrouve dans les croyances
dysfonctionnelles post-traumatiques
É TAPE 7 :
LA FICHE FINALE
DE RESTRUCTURATION COGNITIVE
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
É TAPE 9 : CLÔTURE
Pour clôturer la thérapie, le patient est invité à réécrire sur ses croyances
quant à l’événement traumatique, avec exactement les mêmes consignes que
celles proposées lors de l’étape 2. Cela reprend par exemple des questions
comme « Pensez-vous que cet événement a changé votre vision de la sécurité en
lien avec vous-même, les autres ou le monde ? Si oui, en quoi et comment ? ».
Le patient est invité à lire à haute voix ce qu’il a écrit. Ensuite, le thérapeute lit
à haute voix ce que le patient avait écrit à l’occasion de cet exercice effectué
en début de thérapie. C’est l’occasion de discuter des changements qui ont été
effectués au cours de la thérapie. Si des CD sont encore présentes à la fin de la
thérapie, il peut être intéressant de les pointer afin qu’elles puissent continuer
à être travaillées après le traitement.
La dernière séance constitue également une opportunité pour revenir avec le
patient sur les compétences de restructuration cognitive acquises en thérapie.
Il est invité à pouvoir continuer à les appliquer par la suite. Les changements
qu’il envisage dans sa vie maintenant que le TSPT n’est plus présent sont eux
aussi discutés. Enfin, il est proposé de pouvoir maintenir une à deux sessions
mensuelles de suivi (Resick et al., 2017).
La thérapie du retraitement cognitif (CPT) 103
V ALIDATION DE LA CPT
La CPT a montré une taille d’effet très large selon plusieurs méta-analyses (Watts
et al., 2013 ; Haagen, 2015). Et elle a montré une efficacité sur des populations
aussi diverses que les vétérans de guerre (Monson et al., 2006), les victimes
d’abus sexuels durant l’enfance (Chard, 2005) ou encore les victimes avec une
personnalité limite (Clarke et al., 2008). Plusieurs études ont montré que les
taux de guérison des personnes ayant été au bout d’un traitement avec la CPT
pouvaient dépasser les 90 %, à condition de mettre en place le nombre suffisant
de séances (Galovski et al., 2012 ; Chard, 2005). La CPT constitue donc une
thérapie hautement efficace pour le traitement du TSPT. Elle semble également
pertinente comme complément à des protocoles bien validés déjà existants
comme l’exposition prolongée (Kehle-Forbes et al., 2013).
En résumé
! La CPT est une thérapie basée sur la restructuration cognitive des croyances liées
à l’événement traumatique.
! Elle est constituée des étapes suivantes :
Étape 1 : évaluations et interventions avant la restructuration cognitive (séances
préliminaires).
Étape 2 : Exercices d’identification des CD (séances 1, 2 et 3).
Étape 3 : Compte rendu écrit du trauma (optionnel) (séances 2 et 3).
Étape 4 : le dialogue socratique (séances 2 à 12).
Étape 5 : les fiches de challenge des CD (séances 4 et 5).
Étape 6 : la présentation des styles de pensées dysfonctionnelles (séances 5 et
6).
Étape 7 : la fiche finale de restructuration cognitive (séances 6 à 12).
Étape 8 : les thématiques des CD (séances 7 à 12).
Étape 9 : clôture (séances finales incluant les séances de suivi).
! Il s’agit d’une thérapie dont l’efficacité est confirmée par de nombreuses études.
Chapitre 11
L’EMDR
D ÉVELOPPEMENT
‒ EMD. En 1990, l’EMD deviendra l’EMDR avec une insistance sur les théories
de traitement de l’information plutôt que sur la désensibilisation. En 2000, à
la suite d’une série d’études cliniques, la Société internationale des études de
stress post-traumatique a désigné l’EMDR comme un traitement efficace pour le
stress post-traumatique. Le département de la Santé du Royaume-Uni suivra un
an plus tard (Shapiro, 2007), non sans controverses (Ost et Easton, 2006). En
2002, Shapiro reçoit le prix Sigmund Freud pour son apport à la psychothérapie.
Francine Shapiro est décédée le 16 juin 2019 à l’âge de 71 ans, laissant un
empire derrière elle : l’Institut d’EMDR ‒ qui en fait la promotion en Amérique
du Nord ‒, EMDR Europe ‒ qui inclut trente-deux associations nationales faisant
la promotion de l’EMDR ‒ et EMDR Global Alliance ‒ qui vise à établir des liens
entre les associations de promotion des différents continents. Il s’agit très
106 P SYCHOTHÉRAPIES POUR TRAITER LE TSPT
A PPROFONDISSEMENT
La CP est une spécificité de l’EMDR, c’est l’équivalent positif de la CN. Il s’agit donc de
la pensée inverse qu’aimerait avoir le patient en pensant à l’image la plus perturbante.
Il faut s’assurer que la CN et la CP se trouvent dans la même catégorie. Par exemple,
« je suis en sécurité » ne peut être la CP de la CN « je suis nulle ». La pertinence clinique
de la CP peut paraître faible, mais il ne s’agit de toute façon pas d’un élément clinique
central dans le déroulement du protocole EMDR.
L’EMDR 107
Quelle est l’image mentale qui représente le moment le plus difficile de votre agres-
sion ?
– Quand je suis à terre et qu’ils continuent à me frapper à la tête. J’ai cru que j’allais
y rester.
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
Quelle est la CP que souhaiterait plutôt avoir le patient en pensant à cette image ?
– Je suis fort.
108 P SYCHOTHÉRAPIES POUR TRAITER LE TSPT
De 1 à 10, quelle est la croyance du patient en la véracité de cette pensée en lien avec
l’image ?
– 2.
P RÉSENTATION DU TRAITEMENT
L’objectif des séances de mouvement oculaire est le même que pour les autres
traitements centrés sur le trauma : activer la mémoire traumatique pour favo-
riser une actualisation avec de nouvelles associations. Le mouvement oculaire
semble jouer un rôle modéré d’estompage affectif lors de la procédure (Lee et
Cuijpers, 2013).
La procédure de mouvement oculaire amène le patient à faire bouger latérale-
ment ses yeux. Le thérapeute est assis avec le bras étendu face au patient, la
paume de la main la plus proche du patient fait face, avec l’index et le majeur
relevés (voir figure 11.1). Elle se situe à 30 ou 35 cm du visage du patient, bien
qu’une distance plus grande puisse être souhaitable si cela est plus confortable
pour le patient. Aucune gêne ne doit être occasionnée pour le patient. Nous
recommandons de prendre le temps d’ajuster la hauteur, la vitesse et le confort
physiologique du mouvement oculaire pour le patient. Un mouvement rapide est
souvent préféré par les praticiens, mais n’est pas obligatoire. Dans notre expé-
rience, la vitesse du mouvement oculaire peut avoir un impact sur la saturation
L’EMDR 109
Une fois que le patient et le thérapeute se sont mis d’accord sur la méthode
utilisée (mouvements oculaires, tapping, sons en alternance), ils peuvent com-
mencer la procédure. Pour commencer, le thérapeute demande au patient de se
mettre en contact avec l’image mentale du trauma, la sensation corporelle et
la CN associées qui ont été déterminées lors du plan de ciblage. Il faut bien
laisser au patient le temps d’être en « contact » avec l’affect suscité. Il invite
ensuite le patient à suivre ses doigts (ou les stimuli adaptés de la tâche de
double attention).
Chaque série consiste en vingt-quatre mouvements bidirectionnels, sachant qu’un
aller-retour gauche-droite équivaut à un mouvement bidirectionnel.
Après chaque série, le thérapeute peut inviter le patient à respirer profondément,
puis l’invite à « exprimer ce qui lui est venu ». Le thérapeute se contente
de répondre : « Continuez avec cela », puis entame une nouvelle série de
mouvements oculaires.
Notons que le patient ne doit pas rester focalisé sur l’image de départ, la CN, ou
un quelconque stimulus. Il est invité à partir de là, puis à « laisser venir ce qui
vient ». Il s’agit donc d’un procédé de libre association.
Le thérapeute continue les séries de mouvements oculaires jusqu’à ce le patient
ait fourni de l’information positive ou neutre deux fois de suite après une série.
Si le thérapeute ne sait pas si l’information fournie par le patient est positive
ou neutre, il peut le demander. Si l’information positive lui semble particulière-
ment intéressante, nous conseillons de pouvoir la souligner et d’éventuellement
y revenir à un autre moment de la thérapie hors des séries de mouvements
oculaires.
Une fois que le patient donne deux fois de suite de l’information neutre ou
positive, il faut évaluer le temps de séance restant pour déterminer si on reprend
un « nouveau canal ». Un canal correspond à une suite d’associations au sein du
réseau de la mémoire traumatique. Le canal commence à l’image de départ et se
termine lorsque le patient produit deux fois de suite des associations neutres ou
positives. Pour reprendre un nouveau canal au cours de la séance, on revient à
l’image de départ (sans la décrire) et on reprend les mouvements oculaires.
Pour clôturer la séance, nous recommandons d’évaluer avec le patient comment
il se sent et d’évaluer son niveau subjectif de détresse (NSD). L’exercice du lieu
de confort ou la respiration profonde peuvent être proposés comme exercices de
fin de séance si le NSD reste élevé. Nous conseillons d’également nous assurer
que le patient ait prévu une activité absorbante et agréable pour l’après-séance.
L’EMDR 111
Jusqu’à 2 fois ++
ou neutre
Jusqu’à 2 fois ++
Image de départ ou neutre
Jusqu’à 2 fois ++
ou neutre
– Oui.
Avez-vous la sensation au niveau de la poitrine ?
– Oui.
Restez centré sur cela. Pouvez-vous en plus vous concentrer sur la pensée « Je
suis faible » ?
– Je l’ai.
Très bien. Je vous invite maintenant à suivre mes doigts.
(Série de 24 mouvements oculaires).
Vous pouvez inspirer profondément et me dire ce qui vient.
ection du ou des événements
– Je sens toujours la sensation d’oppression dans la poitrine.
Pouvez-vous continuer avec cela ?
Trauma
112 P SYCHOTHÉRAPIES POUR TRAITER LE TSPT
(Fin de canal. Évaluer s’il reste du temps disponible. Si oui, continuer en retournant à
l’image de départ. Sinon, proposer un exercice de clôture.)
Pouvez-vous reprendre l’image de départ ? (Pas de description.)
– Oui.
L’EMDR 113
Les blocages
!
Une série de patients restent bloqués avec des émotions, des pensées et des
sensations négatives pendant la thérapie EMDR. Une fois que le patient répète
trois fois la même information négative, nous nous trouvons dans ce que Shapiro
(2007) nomme un état de looping, c’est-à-dire un état de blocage dans lequel
le patient ne parvient pas à créer de nouvelles associations avec le trauma ou
à réévaluer les distorsions cognitives liées à celui-ci. Le thérapeute doit donc
mettre en place une procédure pour aider le patient. Shapiro (2007) propose
alors d’appliquer la technique du changement de perspective, qui consiste à
inviter le patient à se mettre dans la perspective d’une personne qui lui est
chère. Par exemple, on peut lui demander « que diriez-vous à votre meilleure
amie si elle se trouvait dans la situation ? »
La reprise de séance en EMDR est très simple : pour débuter une nouvelle séance,
le thérapeute reprend l’image (sans donner de détails sur celle-ci, car le patient
a pu la modifier subjectivement), l’émotion actuelle, le siège actuel de l’émotion,
le niveau subjectif de détresse (NSD), puis il entame les mouvements oculaires.
Selon le protocole, les trois premières étapes (figure 11.3) continuent jusqu’à ce
que le patient rapporte directement et à deux reprises deux fois du positif ou du
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L ES
ÉTAPES ET PROCÉDURES
POST- RETRAITEMENT OCULAIRE
Image
...
les expositions in vivo). De plus, le fait de se projeter trop positivement peut créer une
infirmation inverse des attentes (par exemple, se sentir plus en insécurité que prévu lors
de la mise en situation réelle, ce qui peut être contre-productif (Craske et al., 2014).
V ALIDATION
Les méta-analyses indiquent que l’EMDR est efficace pour traiter le TSTP en
comparaison avec un groupe sans traitement (Watts et al., 2013 ; Lewis et al.,
2020). Les comparaisons de l’EMDR avec les autres traitements les plus efficaces
comme la TCC ou l’EP n’ont pas montré de différence significative, y compris six
mois après le traitement (Kline et al., 2018). Cependant, notons que davantage
d’études de bonne qualité sont encore nécessaires. En effet, Cusack et al. (2016)
ont dû conclure que les données étaient insuffisantes pour évaluer l’efficacité
comparée de l’EMDR, de la CPT et de l’EP, tandis que Lewis et al. (2020) ont
évalué comme « faible » la qualité de la preuve d’une absence de différence
entre traitements.
En résumé
! L’EMDR commence par un plan de ciblage au cours duquel les informations sui-
vantes sont récoltées : image la plus perturbante, émotion, siège corporel de l’émo-
tion, niveau subjectif de détresse (NSD), croyance dysfonctionnelle (CD) ici appelée
cognition négative, et CP (cognition positive).
! La procédure de traitement consiste à effectuer vingt-quatre allers-retours de mou-
vements oculaires puis d’inviter le patient à partager ce qui lui vient avec la libre
association.
! Si le patient a des blocages pendant la procédure, le thérapeute doit être actif et
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mettre en place des stratégies pour aider le patient. L’EMDR propose le changement
de perspective.
! On continue les séries de mouvements oculaires jusqu’à arriver à une fin de canal
(deux fois positif ou neutre).
! La désensibilisation par le mouvement oculaire est terminée quand on obtient
à deux reprises, deux fois du positif ou du neutre directement depuis l’image
de départ.
Chapitre 12
La thérapie cognitive pour le TSPT (TC) développée par Ehlers et Clark (2000),
tous deux praticiens et chercheurs à l’université d’Oxford, est une thérapie
modulaire dans le sens où les interventions sont adaptées selon une analyse
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L ES
INTERVENTIONS DE LA THÉRAPIE COGNITIVE
POUR LE TSPT
Je vous propose que nous commencions par nous focaliser sur le hot spot qui est le
plus perturbant pour vous actuellement. Vous me disiez qu’il s’agit de celui où votre ex
vous a craché au visage. Est-ce bien cela ?
– Oui.
Qu’est-ce que cela évoque aujourd’hui pour vous sur vous-même, les autres, le monde
ou votre futur en général ?
– Sur le moment, c’était pour moi un effondrement total de dignité. Aujourd’hui, je
ressens de la honte quand j’y pense.
Est-ce que vous diriez que quand vous pensez à cette image, cela change la façon
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Je ne suis pas sûr de comprendre. Je comprends que vous me disiez que la personne
est traitée comme si elle était sans valeur. Mais si je comprends ce que vous dites,
elle est aussi sans valeur si on la traite comme cela ?
– Oui, c’est ce que je pense.
120 P SYCHOTHÉRAPIES POUR TRAITER LE TSPT
D’accord. Toujours pour bien comprendre. Est-ce que c’est définitif, ou bien est-ce que
cela peut évoluer ?
– Évidemment ça peut évoluer. C’est sur le moment.
Ok, je comprends ce que vous voulez dire. Je vais essayer de résumer. Donc sur le
moment, cela vous a rendue sans valeur parce qu’on ne vous traitait pas dignement.
Mais cela peut évoluer, ce qui veut dire qu’aujourd’hui, vous avez à nouveau de la
valeur.
– Oui, mais j’ai du mal à le ressentir et à la penser.
Je comprends. C’est une réaction courante chez personnes avec un trouble du stress
post-traumatique de garder une vision de soi, des autres ou de l’avenir « bloquée » au
moment du trauma. Que voudriez-vous penser aujourd’hui au sujet de vous maintenant
que le trauma est passé.
– Je suis une personne digne qu’on doit traiter avec respect.
Je suis d’accord avec vous. Seriez-vous d’accord que nous poursuivions avec un
exercice pour « débloquer » un petit peu plus la mémoire traumatique ?
– D’accord.
seule dans la rue et peut donc croiser des hommes, tout en étant attentive à
toutes les différences de contexte.
La procédure proposée par Ehlers et Clark (2000) est certainement intéressante
en complément aux expériences d’exposition in vivo. Elle n’a par contre pas reçu
de support empirique comme procédure isolée et elle repose sur des procédures
d’exposition qui demanderaient davantage de recherches empiriques.
dysfonctionnelles
l’alcool, il peut constater que cela empire encore son sommeil et son humeur
sans diminuer les symptômes de TSTP. Il est alors important de pouvoir sortir
des cycles vicieux en cherchant avec le patient des comportements alternatifs
adaptés. Si le patient s’automédique avec des benzodiazépines ou des hypno-
tiques, nous recommandons une collaboration étroite avec le médecin qui suit
le patient.
Ehlers (2020) propose également de cibler des habitudes cognitives dysfonc-
tionnelles comme la rumination. Parmi les méthodes concrètes pour cibler les
ruminations, citons le dialogue autour des croyances méta-cognitives positives
(ruminer m’aide) et négatives (je ne peux rien faire contre les ruminations) ainsi
que l’entraînement aux techniques d’acceptation et de réorientation attention-
nelle (Wells, 2009 ; Watkins, 2018).
difficultés futures.
Oui, les patients disent souvent que le traitement centré sur le trauma est douloureux.
On ne s’autoriserait d’ailleurs pas à le faire s’il n’y avait pas un TSPT. En tous cas, je
suis impressionné par votre persévérance pour aller au bout du traitement. Quels sont
les éléments qu’il vous semble important de maintenir pour la suite ?
– Je sais que l’alcool et l’isolement social ne sont pas bons pour moi. Je vais aussi
maintenir le sport en salle deux fois par semaine.
Je suis d’accord avec vous. Je pense aussi qu’il est aussi important de maintenir
des consultations de suivi une fois par mois, que ce soit ici, ou bien avec un autre
thérapeute. Il est possible que certains symptômes reviennent à certains moments
si vous êtes confrontée à des déclencheurs associés aux événements. Vous pouvez
appliquer l’exercice des « différences » entre le trauma et la situation actuelle, comme
nous l’avons vu en consultation.
– Oui, d’accord. Je pensais retourner chez mon ancienne thérapeute maintenant
qu’il n’y a plus de TSPT. Mais je n’hésiterai pas à vous contacter si nécessaire.
Merci en tous cas.
Il y a une question qui va peut-être vous paraître étrange que je pose souvent à la fin
du traitement : qu’en retenez-vous de positif ?
– Je dirais que ça m’a montré que j’étais capable d’affronter ce qui me faisait le
plus peur. Ça m’a aussi amenée à changer mon mode de vie et à plus m’écouter.
En résumé
! La thérapie cognitive (TC) est un protocole thérapeutique efficace pour traiter
le TSPT.
! Cette thérapie est composée de plusieurs objectifs et techniques thérapeutiques :
Aménagements pratiques
à destination des praticiens
Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 127
Chap. 13 Méthodes supplémentaires pour gérer le looping
en EMDR . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 129
Chap. 14 Les méthodes complémentaires
de restructuration cognitive . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 135
Introduction
C’est la raison pour laquelle nous allons présenter dans cette troisième partie
une série de pistes d’intervention pour aider les praticiens.
Les besoins des chercheurs et des promoteurs privés de protocoles d’une part,
et ceux des praticiens d’autre part, diffèrent également dans la nécessité de
répliquer exactement les protocoles dans la pratique. Là où les chercheurs et
les entrepreneurs vont appliquer très strictement le protocole, le praticien doit
combler des vides en faisant des choix quand des situations imprévues se pré-
sentent, s’adapter quand le protocole ne fonctionne pas, envisager des nouvelles
façons de faire pour favoriser l’adhésion. Les approches humanistes, centrées
sur la personne, sont indispensables dans ce cadre. De plus, de façon naturelle,
certains aménagements pratiques vont émerger. L’objectif de ce chapitre est de
pouvoir proposer plusieurs pistes concrètes pour aider les praticiens dans leur
application des protocoles. Nous aborderons successivement les méthodes pour
faire face aux loopings en EMDR, et les méthodes de restructuration cognitive (y
compris les approches cognitives centrées sur la culpabilité).
L’excès inverse à l’application rigide de protocoles (et dans lequel nous ne
voudrions pas tomber) est de ne pas tenir compte des très nombreuses études
de validation empirique qui ont permis d’atteindre un niveau d’efficacité de
la psychothérapie plus élevé que celui de la médication concernant le traite-
ment du TSPT (Watts et al., 2013). En effet, le manque de prise en compte
des traitements psychothérapeutiques les plus efficaces peut amener une perte
d’efficacité et donc de moins bons résultats en psychothérapie. Pour éviter cela,
il est nécessaire, autant que possible, de se référer en priorité aux traitements
les plus fiables et efficaces pour traiter un trouble donné. Et lorsque ce n’est
pas possible ou insuffisant, il convient autant que possible de se référer aux
principes actifs supposés des thérapies les mieux validées ou à défaut, d’autres
données empiriques disponibles.
Chapitre 13
Méthodes supplémentaires
pour gérer le looping en EMDR
Le protocole EMDR proposée par Francine Shapiro s’inscrit dans une vision de la
psychothérapie qui ne va pas de soi. Il conviendra tout à fait aux praticiens qui
répondront « oui » aux trois assertions suivantes :
➙ il faut travailler sur le souvenir négatif le plus ancien associé à l’événement
traumatique ;
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
Nous proposons donc un plan plus général de procédures pour aider les praticiens :
➙ si le looping porte sur une croyance dysfonctionnelle (« c’est ma faute »,
« je suis nulle »), nous recommandons d’appliquer les principes du dialogue
socratique présentés pour la CPT ;
➙ si le looping porte sur une description de fait ou une image perturbante (« sa
tête au-dessus de moi », « l’image de la tête toute bleue de mon fils », une
solution est d’inviter le patient à « laisser continuer le film », à décrire ce
qui s’est passé ensuite. C’est comme s’il y avait un arrêt sur image et qu’on
l’invitait à poursuivre la scène. Les techniques de modification par imagerie
sont également une option. Certaines techniques de modification du scénario,
proposées par l’école hollandaise, peuvent consister à modifier la couleur, la
brillance ou la taille de l’image. Il peut aussi être proposé au patient d’ajouter
des sons, des odeurs ou des personnes (Ceschi et Pictet, 2018). Par exemple,
une patiente traumatisée par une dispute violente, durant laquelle son frère
avait fracassé la porte pour entrer, voyait la porte s’ouvrir et se fermer à
chaque aller-retour de mouvement oculaire. Elle ne parvenait pas à se défaire
de l’image de cette porte puis de son frère qui rentre. Je lui ai donc proposé
de modifier cette image selon les techniques précitées et cela a pu l’apaiser.
➙ si le looping porte sur une émotion (« je suis en colère », « j’ai envie de
mourir tellement j’ai honte »...), nous conseillons de chercher l’image ou la
pensée associée à l’émotion. Comme l’aurait dit Beck, « l’émotion est la voie
royale vers la cognition ». En effet, si le patient manifeste un looping avec
une description d’émotion ou de sentiment comme « je suis triste », « je suis
horrifié », ou « je m’en veux tellement », nous recommandons de demander
à la personne « pourquoi ? », c’est-à-dire de l’amener à expliciter la pensée
(verbale ou imagée) associée à l’émotion. Si l’émotion est associée à une
Méthodes supplémentaires pour gérer le looping en EMDR 131
– Non, il est important pour moi de ne pas m’écraser, j’ai toujours tenu à ne pas
m’écraser face à mon père, même quand il était violent.
(Formuler autrement) Si je comprends bien, cela veut dire que si vous ne vous êtes
pas défendu, ce n’était donc a priori pas lié à vous, mais au contexte.
– C’est possible.
Pouvez-vous continuer avec cela ?
(Série de 24 mouvements oculaires).
‒ Non. Ils m’ont déjà expliqué que ce n’était pas ma faute. Je sais que c’est irration-
nel. Mais je ne peux pas m’empêcher de le penser.
Je comprends. Souvent, il est très difficile d’accepter que des choses insupportables
nous arrivent sans que nous n’ayons pu le contrôler. Qu’est-ce que la phrase suivante
évoque pour vous : ma sœur est décédée et je n’aurais rien pu y changer.
‒ Ça me rend triste et en colère.
(La patiente pleure.)
Pouvez-vous continuer avec cela et suivre mes doigts ?
(Série de 24 mouvements oculaires).
En résumé
! L’EMDR, dans sa version puriste proposée par Shapiro (2007), a plusieurs postulats
empiriquement discutables : il faut travailler sur le souvenir négatif le plus ancien
associé à l’événement traumatique, des techniques de récupération de souvenirs
peuvent être utilisées pour récupérer le souvenir le plus ancien et enfin, la libre
association et le mouvement oculaire sont suffisants pour guérir la plupart des
patients avec un trouble du stress post-traumatique.
! En cas de looping sur une CN, nous recommandons les méthodes de restructura-
tion cognitive présentées dans la CPT (chapitre 10).
! En cas de looping sur une image, nous recommandons de pouvoir « laisser conti-
nuer le film » ou d’utiliser les techniques de rescénarisation par imagerie.
! En cas de looping sur une émotion, nous recommandons de questionner sur le
« pourquoi » de l’émotion puis de pouvoir utiliser les méthodes précitées en cas de
CN ou d’image perturbante.
Chapitre 14
LARESTRUCTURATION COGNITIVE
DANS LES TRAITEMENTS POUR LE TSPT
Il est courant que les psychologues en formation nous demandent s’il existe
une méthodologie formelle pour le dialogue socratique. À notre connaissance,
il n’en existe pas, ce qui est regrettable. Nous faisons donc ici une proposi-
tion synthétique basée sur notre pratique clinique, qu’il conviendra à chacun
de perfectionner.
Les méthodes complémentaires de restructuration cognitive 137
Ce sont ces explications fournies par le patient qui seront ensuite ciblées par
le dialogue socratique. Nous les nommons « arguments CD ». Il peut y avoir
plusieurs arguments CD, mais nous recommandons d’en aborder un à la fois, tout
comme il convient d’aborder une CD à la fois (Resick et al., 2017).
➙ Qu’est-ce qui vous fait dire que vous n’étiez pas sage ?
➙ Diriez-vous que cela arrive aussi aux autres petites filles ?
➙ Quand vous n’avez pas crié, saviez-vous que cela allait arriver à coup sûr ?
➙ Étiez-vous en mesure de crier ?
➙ Est-ce que le fait que vous l’ayez dragué en début de soirée l’autorisait à vous violer ?
➙ Avez-vous marqué formellement votre consentement pour le rapport sexuel ?
➙ Comment répartissez-vous la responsabilité de ce qui est arrivé ?
Informer
!
...
bloquer le patient dans l’expression de ses pensées authentiques. Par exemple, l’abus
sexuel infantile représente une situation particulièrement complexe. Selon Jehu et al.
(1994), 80 % des enfants interrogés sur leur abus déclarent avoir participé passivement
à l’abus, 65 % disent avoir accepté les abus sexuels pour obtenir de l’attention et de
l’affection, 45 % témoignent avoir ressenti ou éprouvé du plaisir d’ordre émotionnel et
50 % éprouvaient des sentiments de tendresse envers leur agresseur. Chard (2005) a
développé un protocole de CPT spécifique de dix-sept séances pour les victimes d’abus
sexuel. Ce protocole suit les principes classiques de la CPT.
➙ Lorsque nous devons faire face à un danger qui met en jeu notre survie, trois
réactions automatiques différentes peuvent être observées : se battre, fuir ou être
paralysé. On dit que ce sont des réactions automatiques parce qu’elles ne passent
pas par la décision consciente au niveau du néocortex. L’état de paralysie est aussi
appelé l’état de freezing ou de sidération. Lorsqu’il survient, on ne peut plus parler,
on ne peut plus crier, on ne peut pas s’enfuir ou se battre. Par exemple, on peut voir
dans les films de guerre que les condamnés s’alignent et attendent sans bouger.
C’est la réaction automatique de leur corps dans cette situation.
➙ Draguer quelqu’un ne revient pas à donner votre consentement sexuel. Si vous
avez manifesté un refus, quel qu’il soit, avant ou pendant le rapprochement sexuel,
c’est légalement un viol.
Changer la perspective
!
Cela consiste à poser des questions pour amener le patient à observer l’argument
CD comme s’il s’appliquait à une autre personne. Il s’agit d’une technique propo-
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
sée par Shapiro (2007) en EMDR. Dans l’approche cognitive de Beck appliquée
à la dépression, la recherche de points de vue alternatifs se nomme « faire
un sondage ».
➙ Si vous aviez une fille, estimeriez-vous que si elle n’est pas sage, votre mari pourrait
la battre ? Que diriez-vous à votre mari s’il la bat parce qu’elle n’est pas sage ?
➙ Imaginons que votre meilleure amie ait dragué un homme puis ait subi un viol ; à
quel pourcentage évalueriez-vous sa responsabilité ?
140 A MÉNAGEMENTS PRATIQUES À DESTINATION DES PRATICIENS
Il survient quand, face à un danger très grand, une réaction de survie courante est de
rester paralysé. On ne peut plus parler, on ne peut plus crier, on ne peut pas s’enfuir.
(Silence.)
Clarification : j’entends que vous avez donc été en réaction automatique de survie à
cause de l’agression. Qui a causé l’agression ?
‒ Eux.
Proposition d’une alternative à l’argument CD : oui. Peut-on donc dire que c’est la
responsabilité des agresseurs si vous n’avez pas pu crier ?
‒ Oui. Je n’aime pas me dire qu’ils ont pu avoir autant de pouvoir sur moi.
Comme nous l’avons vu, il est proposé dans la CPT que le thérapeute et le
patient recourent à des feuilles structurées qui comprennent des questions
pour aider à prendre du recul sur les CD (Chard et al., 2020). Ces fiches de
challenge des CD, qui peuvent être utilisées en complément au dialogue socra-
tique, sont un des apports de la CPT de Resick et al. (2017) aux thérapies
cognitivo-comportementales.
Ces fiches, qui peuvent être très utiles dans la pratique, ont la petite faiblesse
d’explorer très peu les pensées alternatives du patient. Cette option est bien
proposée lors de la fiche finale de restructuration cognitive, mais pas de façon
aussi structurée et approfondie que ce qu’a pu proposer Brillon (2004). Celle-ci
propose que le patient puisse apprendre à reformuler la croyance dysfonctionnelle
en une cognition réaliste (CR). La CR présente les caractéristiques suivantes :
(1) elle est vraie, démontrable et évidente ; (2) elle s’exprime en termes relatifs
et nuancés ;(3) elle entraîne des émotions modérées et supportables ; (4) elle
permet de diminuer la détresse et de récupérer des symptômes du TSPT.
Les méthodes complémentaires de restructuration cognitive 143
Véracité CD (0-10) : 10
Contre-arguments 1 :
‒ Il n’était pas prévu dans la soirée que les personnes prennent du LSD ;
‒ les personnes qui ont bu et pris des substances avec lui sont aussi responsables ;
‒ la probabilité était faible, il y a également le rôle du hasard.
contrôler ses faits et gestes ? Même en veillant sur lui, pouvez-vous assurer le risque zéro ?
Qu’avez-vous fait pour veiller sur lui ? Est-ce que veiller sur votre frère signifie que vous pouvez
tout contrôler pour lui ?
Contre-arguments 2 :
‒ voir contre-arguments 1 ;
‒ mon frère savait que je n’aurais pas été d’accord qu’il prenne du LSD ce soir-là ;
‒ je lui ai dit avant la soirée de ne pas trop boire ;
‒ je ne pouvais pas tout contrôler.
Argument 3 : /
Contre-argument 3 : /
Est-ce que la pensée est basée sur des sentiments plutôt que sur des faits ?
– La pensée est basée sur le sentiment de culpabilité, mais celui-ci se rattache aussi à des faits.
– Ce que je dirais à un bon ami/une bonne amie : je lui dirais qu’il n’est pas responsable de ce
qui s’est passé de prendre soin de lui, mais pour moi c’est différent.
CR : – mon frère s’est gravement blessé et pourtant : il n’était pas prévu dans la soirée que les
personnes prennent du LSD ; la probabilité était faible, il y a également le rôle du hasard, mon
frère savait que je n’aurais pas été d’accord qu’il prenne du LSD ce soir-là, je lui ai dit avant la
soirée de ne pas trop boire. Je ne pouvais pas tout contrôler. Les personnes qui ont bu et pris
des substances avec lui sont aussi en partie responsables.
Véracité CR (0-10) : 9.
Selon le DSM-5, les victimes d’un trauma peuvent expérimenter des distorsions
cognitives persistantes à propos de la cause ou des conséquences d’un ou de
plusieurs événements traumatiques. En d’autres termes, elles expérimentent des
Les méthodes complémentaires de restructuration cognitive 145
Tableau 14.2. Exemple d’une fiche de reformulation d’une CD centrée sur l’insécurité
Véracité (0-10) : 8
Contre-arguments 1 :
‒ Ce n’est pas arrivé à mes amies ;
‒ ça ne m’était pas arrivé avant l’événement.
Argument 2 : – ce n’est pas sûr de sortir le soir si on est une fille seule (probabilité d’agression
évaluée à 1/5).
Exemples de clarifications : Quel est le pourcentage de femmes qui se font agresser dans la
rue le soir ? Le risque est-il le même dans toutes les rues et à toutes les heures ?
Contre-arguments 2 :
‒ Il y a certainement moins d’une femme sur cinq qui se fait agresser quand elle sort seule dans
la rue le soir. C’est peut-être 0,01 % ;
‒ le risque n’est pas le même avant minuit dans des rues où je sais qu’on peut d’habitude se
balader en sécurité ;
‒ je connais des amies qui se promènent souvent dans la rue seule le soir et qui ne se sont
jamais fait agresser.
Argument 3 : /
Contre-argument 3 : /
Est-ce que la pensée est extrême ou exagérée (noir ou blanc) ? – Oui, elle ne prend pas en
compte le contexte et les alternatives.
Est-ce que la pensée est basée sur des sentiments plutôt que sur des faits ? – Elle est basée
sur la peur terrible de me faire agresser.
Est-ce un fait ou une habitude de pensée ? – C’est une habitude de pensée depuis l’événement.
Ce que je dirais à un bon ami/une bonne amie : – Je lui dirais de se protéger, mais aussi de
continuer à vivre.
CR : – Si je me promène seule après minuit dans les rues que je ne connais pas ou qui me
semblent mal fréquentées, le risque d’agression est faible, mais tout de même trop élevé. Par
contre, si je me promène seule dans des rues où je sais qu’on peut d’habitude se balader en
sécurité, le risque me semble presque nul. Et ce serait l’occasion de voir des amies et de
retrouver de la liberté.
Tableau 14.3. Exemple de fiche de reformulation d’une CD pour un trauma non repris
dans le DSM-5
CD : Je suis une merde. (Un patient a vécu Émotion (intensité de 0 à 10) : Honte 5,
du harcèlement moral de ses colocataires. Il dégoût 8
présente un score de 63 à la PCL-5)
Véracité CD (0 à 10) : 8
Dimension contextuelle de la CD
Alternatives à la CD
Est-il possible d’interpréter les mêmes faits autrement ? – C’est lié au fait que simultanément,
j’ai été face à un harcèlement moral et que j’ai vécu de la maltraitance petit.
Diriez-vous la même chose à une personne proche pour qui vous éprouvez de la
bienveillance ? – Non.
Que lui diriez-vous ? – Je lui dirais qu’elle doit passer au-dessus de ça.
Les méthodes complémentaires de restructuration cognitive 147
– Puis-je reformuler la CD ? J’ai agi comme ce que j’estime être « une merde » à un moment
spécifique du passé ; je n’ai probablement pas su réagir à cause de ce que j’ai vécu quand
j’étais petit – ma mère me battait –, j’ai été paralysé quand j’ai été face à mes colocs, mais je
ne le serai plus dans l’avenir, je ne suis pas ce qu’eux ont dit que j’étais ; de plus, je n’ai pas
subi du harcèlement moral parce que j’étais une merde, mais parce que c’était des cons.
On trouve chez certaines victimes une estime de soi faible, en lien avec un
sentiment de responsabilité (« Je suis un monstre ») ou avec une incapacité à
intégrer l’événement avec les représentations de soi ‒ « Comment est-ce que j’ai
pu faire cela ? ».
À nouveau, la prise d’informations sur l’événement et ses conséquences, puis
l’application du dialogue socratique et des fiches de challenge des CD sont utiles
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
Brillon (2004) propose un classique dans la modification des pensées automatiques : que
le patient réalise une première « tarte » (ou « camembert ») d’attribution des causes
de l’événement ou des causes des réactions lors de l’événement. Ensuite, si le patient
s’attribue ‒ erronément ‒ un haut pourcentage de responsabilité, une série de questions
peut lui être posée : (1) êtes-vous certain d’avoir bien pris en compte tous les éléments
dans la tarte/le camembert (le hasard, le contexte social, votre environnement, les autres
...
148 A MÉNAGEMENTS PRATIQUES À DESTINATION DES PRATICIENS
...
personnes présentes, etc.) ; (2) se pourrait-il que le rôle de certains facteurs soit exagéré,
votre responsabilité personnelle notamment ? Le thérapeute peut également apporter
des informations supplémentaires à travers un dialogue socratique. Les informations
peuvent porter sur les biais cognitifs (voir ci-après) ou sur l’impact lié aux substances
psychoactives, par exemple.
Pour terminer, le patient est invité à dessiner une nouvelle fois la tarte/le camembert
des facteurs explicatifs de la survenue et/ou du déroulement du trauma.
Tarte 1 Tarte 2
Moi Ma distraction
L’autre conducteur L’autre conducteur
Ma vite
M vitesse tr
trop
op rapide
apid
Le hasard
Nous avons tous tendance à poser des jugements irrationnels (Haselton et al.,
2005). Et ceux-ci peuvent nous influencer dans le blâme que nous pouvons
nous porter après un événement traumatique. C’est pourquoi nous proposons de
fournir au patient des explications concernant ces biais cognitifs.
Voici quelques biais qui peuvent retenir l’attention du thérapeute :
➙ Le « biais d’optimisme » qui consiste à penser que nous sommes moins vulné-
rables aux événements négatifs qu’autrui. Cela s’applique aussi bien au risque
Les méthodes complémentaires de restructuration cognitive 149
d’être victime d’un viol qu’au risque de contracter un cancer des poumons
(Gouveia et Clarke, 2001 ; O’Sullivan et Owen, 2015).
➙ Le « biais après-coup » renvoie à la tendance commune à percevoir les événe-
ments qui se sont déjà produits comme étant plus prévisibles qu’ils ne l’étaient
en réalité avant que les événements ne se produisent (Roese et Vohs, 2012 ;
Hoffrage & Pohl, 2003). Il en ressort que nous surestimons notre capacité à
prédire les événements. Ce biais peut avoir un impact négatif sur l’attribution
excessive de responsabilité dans le système judiciaire par exemple.
➙ Le « biais basé sur le résultat » est une erreur logique consistant à évaluer
la qualité d’une décision en fonction de son résultat, alors que le résultat ne
pouvait être connu à l’avance (Gino et al., 2009). En d’autres termes, nous
aurons tendance à condamner davantage une décision qui a des conséquences
négatives qu’une décision qui a des conséquences positives, même si le
résultat est déterminé par le hasard.
➙ Le « biais d’omission » renvoie à la tendance à se reprocher davantage un
acte d’omission (ce qu’on n’a pas fait) qu’un acte de commission (ce qu’on a
fait) quand les conséquences sont négatives (Ritov et Baron, 1994).
Biais Illustrations
Biais « après-coup » Quand on se fait voler son sac à main, se dire qu’on aurait dû
le prévoir et ne pas avoir eu de sac avec soi en ville alors
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Biais basé sur le résultat C’est moins grave de rouler en ayant un peu trop bu si on
n’écrase personne.
Véracité (0-10) : 10
Argument 1 : – J’aurais dû savoir qu’en ayant une relation sexuelle non protégée, cela aurait pu
se produire.
Exemples de clarification : Pensiez-vous que cela allait vous arriver au moment où vous l’avez
fait ? L’auriez-vous fait si vous saviez que cela allait vous arriver ?
Contre-arguments 1 :
‒ J’étais très jeune ;
‒ j’étais comme les gens qui roulent à du 160 km/h, sans penser qu’ils feront un accident ;
‒ je n’ai rien fait, car je n’ai jamais pensé que cela allait se produire.
Argument 2 : /
Contre-argument 2 : /
Argument 3 : /
Contre-argument 3 : /
Est-ce que la pensée est extrême ou exagérée ? – C’est un fait que je n’ai rien fait pour l’éviter.
Est-ce que la pensée est basée sur des sentiments plutôt que sur des faits ? – Basée sur des
faits.
Est-ce un fait ou une habitude de pensée ? – C’est une pensée basée sur des faits.
Ce que je dirais à un bon ami/une bonne amie : tu ne te rendais pas compte des risques à
l’époque. Il faut laisser aller le passé.
CR : Je ne l’aurais jamais fait si je savais que cela allait arriver. Ma naïveté et mon jeune âge
expliquent mon comportement. Maintenant que je le sais, avec le recul, j’agirais différemment,
de façon moins naïve.
En résumé
! Des méthodes de restructuration peuvent compléter les traitements d’excellence à
certains moments spécifiques : lors du dialogue socratique ou des fiches de restruc-
turation des croyances dysfonctionnelles pour la CPT, lors de la mise à jour de la
mémoire traumatique pour la TC, lors du débriefing pour l’EP, et lors des loopings
résistants pour l’EMDR. Si ce n’est pas possible, nous recommandons alors de
prendre une séance supplémentaire distincte pour la restructuration cognitive de
croyances dysfonctionnelles clairement identifiées.
! Les méthodes pour favoriser le dialogue socratique ciblant les croyances sont
notamment :
Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 155
Chap. 15 Nombre, durée, format et fréquence des séances
pour traiter le TSPT . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 157
Chap. 16 Prise en charge spécifique pour les TSPT multiples . . . . . . . . . . 163
Chap. 17 Prise en charge spécifique pour les TSPT dissociatifs
(TSPT-D) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 167
Chap. 18 Diminuer le taux d’abandon et augmenter l’adhésion
au traitement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 175
Introduction
Ce qui signifie plus clairement qu’une série de patients ne sont tout simple-
ment pas inclus dans les études de validation parce qu’ils ne répondent pas
aux critères d’admission bien qu’ils aient un TSPT. Par exemple, des procédures
particulières doivent également être mises en place pour les TSPT associés à une
perte de contact avec l’environnement ou à une amnésie. Nous ferons plusieurs
propositions.
Troisièmement, le taux d’abandon en cours de thérapie s’élève à 20 % (Imel et al.,
2013). Il s’agit d’un chiffre insatisfaisant pour le praticien et pour les patients.
Cela signifie qu’un cinquième de la population incluse dans les traitements
reste potentiellement affecté par un TSPT faute d’avoir poursuivi un traitement
jusqu’au bout. Nous examinerons plusieurs pistes pour intervenir sur ce taux
d’abandon.
Chapitre 15
L ES RECOMMANDATIONS ACTUELLES
patients). Comme Najavits (2015) l’a mis en exergue, dans la clinique ordinaire
(hors des études), le taux moyen de séances de psychothérapie pour le TSPT
tourne autour de cinq (avec une variation de deux à neuf séances). Seuls 2 %
des patients reçoivent la dose adéquate de traitement (Watts et al., 2013).
Il est généralement admis que la CPT, l’EP et l’EMDR sont à dispenser à raison
d’une séance une à deux fois par semaine, mais les auteures n’expliquent pas
ce chiffre.
Une étude de Gutner et al. (2016) a montré qu’une fréquence de sessions plus
élevée prédisait une plus grande diminution symptomatologique, mais sans
différences de résultats au suivi post-traitement, ce qui est la mesure la plus
importante.
Foa et al. (2018) ont comparé le fait d’administrer dix séances d’EP sur deux
semaines ou sur huit semaines et n’ont pas observé de différence significative
entre les conditions. Cela indique donc qu’une fréquence plus élevée des séances
de thérapie ne devrait pas réduire l’efficacité thérapeutique.
Hendriks et al. (2018) ont appliqué un protocole d’exposition prolongée intensif
(EPi) avec des personnes souffrant de TSPT complexe et résistant. Après une
première session de 90 minutes, les participants ont pris part à trois sessions
d’exposition de 1 h 30 pendant quatre jours. Ensuite, ils ont participé à une
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
séance de 1 h 30 par semaine pendant quatre semaines, avec en sus des exer-
cices à domicile. Lors du suivi après six mois, 45 % n’avaient plus un diagnostic
clinique significatif de TSPT.
De même, Ehlers et al. (2010) ont testé un protocole de TC intensif consistant à
dispenser 18 heures de thérapie sur cinq à sept jours de travail, suivies par une
séance une semaine plus tard et maximum trois séances de suivi. La thérapie
était bien tolérée par les patients et 87 % d’entre eux ne présentaient plus de
TSPT en fin de traitement.
Ces résultats indiquent que de concentrer les séances dans le temps plutôt que
de les étaler sur plusieurs semaines est une option thérapeutique acceptable.
Mais le coût financier en ambulatoire et la disponibilité du personnel à l’hôpital
peuvent malheureusement constituer des freins pour un traitement plus intensif.
160 E XCEPTIONS, LIMITES ET AUTRES INFORMATIONS SUR LES TRAITEMENTS D ’ EXCELLENCE DU TSPT
Nous savons qu’il est nécessaire d’observer la présence des symptômes du TSPT
plus d’un mois après un événement traumatique pour pouvoir poser le diagnostic.
La méthode de débriefing juste après un événement traumatique semble même
augmenter les risques de développement d’un TSPT (Van Emmerik et al., 2002).
Cela signifie-t-il qu’un traitement centré sur le trauma doit attendre alors que
plus d’un mois après l’événement est passé ? Il semble que non : d’après une
étude de Weis, Grunert et Christianson (2012), comparant l’application d’un
traitement par EP trente à soixante jours ou bien plus de cent vingt jours après
un accident ayant entraîné des blessures graves au travail, le nombre de séances
requis était moindre lorsque le traitement commençait trente à soixante jours
après l’événement.
En résumé
! La dose recommandée de douze séances d’EP ou de CPT permet en moyenne
de guérir 65 % des patients qui ont poursuivi le traitement. L’EMDR n’a pas de
meilleurs résultats.
! La plupart du temps, dans la pratique, on se trouve en dessous des doses recom-
mandées.
Nombre, durée, format et fréquence des séances pour traiter le TSPT 161
! Galovski et al. (2012) ont montré qu’en allant jusqu’à dix-huit séances avec la CPT,
on pouvait augmenter l’efficacité du traitement et traiter efficacement plus de 90 %
des participants qui ont poursuivi le traitement.
! Augmenter la fréquence de l’EP ou de la TC à plus d’une fois par semaine rend le
traitement plus rapide, mais pas plus efficace.
! Dès qu’un mois est passé depuis l’événement traumatique, il est indiqué de com-
mencer le traitement. Il n’y a pas de gain thérapeutique à attendre davantage.
! Les séances individuelles sont plus efficaces. Mais Chard (2005) a montré qu’un
mixte de séances individuelles et de séances de groupe était également concluant.
Chapitre 16
Les protocoles d’EP, de CPT et d’EMDR, que nous avons présentés, s’appliquent
à un trauma spécifique. Sans lignes directrices supplémentaires, on peut donc
se sentir dérouté lorsque dans la pratique clinique, nous sommes amenés à
accompagner des patients dont les symptômes du TSTP sont causés par plu-
sieurs événements traumatiques perturbants actuellement. Il existe toutefois
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
LECIBLAGE DE L’ ÉVÉNEMENT
POUR LES TRAUMAS MULTIPLES
Que ce soit pour l’EMDR, pour l’EP ou pour la CPT, les auteures invitent systémati-
quement à traiter un trauma à la fois en commençant par le plus perturbant (Foa
et al., 2007 ; Resick et al., 2017 ; Shapiro, 2007). Foa et al. (2007) précisent
que dans la plupart des cas, les bénéfices du traitement de l’événement le plus
perturbant actuellement se généralisent aux autres événements associés aux
symptômes du TSPT. Cependant, si jamais la perturbation émotionnelle liée
à l’événement le plus perturbant a diminué significativement et qu’un autre
événement continue à produire une perturbation importante, elles proposent
d’appliquer à nouveau le traitement pour cet autre événement.
Il existe une thérapie qui a été développée spécifiquement par Shauer et al.
(2005) pour traiter les traumas multiples auxquels étaient confrontées les per-
sonnes réfugiées présentant un TSPT de type II : la thérapie d’exposition par la
narration (NET).
Prise en charge spécifique pour les TSPT multiples 165
La NET est une thérapie efficace puisque Lely et al. (2019) ont observé à partir
de près de mille patients un effet très large de celle-ci sur la réduction de
symptômes (g = 1,37). Son efficacité a été démontrée tant chez les adultes que
chez les enfants (Hijazi et al., 2014 ; Neuner et al., 2004 ; Neuner et al., 2008).
Concrètement, cette thérapie se déroule classiquement en douze séances de
1 h 30, mais comme sa taille d’effet n’est pas supérieure à celle d’autres théra-
pies, on peut s’attendre à ce qu’il soit courant que des séances supplémentaires
soient nécessaires pour soigner un TSPT.
La différence de la NET avec les autres thérapies d’excellence centrées sur le
trauma est que le patient et le thérapeute ne vont pas devoir choisir un événe-
ment précis à cibler. Au lieu de cela, le patient va parcourir son histoire de vie
par ordre chronologique en s’attardant sur les événements traumatiques, mais
aussi sur certains événements positifs marquants. Pour ce faire, il est important
de réaliser un index traumatique classique en proposant d’inclure également
certains événements positifs marquants qui ont pu survenir. Les mécanismes
thérapeutiques de la NET sont probablement les mêmes que pour les autres
traitements : la création de nouvelles associations à partir de la mémoire trau-
matique, l’actualisation de l’information traumatique, ainsi que l’élaboration et
la contextualisation des souvenirs autobiographiques traumatiques.
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
effectué cette narration, comme c’est le cas dans le cadre des plaintes déposées
lors des procédures pénales pour de la maltraitance conjugale par exemple, ou
lors du processus de reconnaissance du droit d’asile. Par contre, pour les TSPT
multiples où la mémoire autobiographique est morcelée et où les intrusions
renvoient à des événements multiples dont le contexte est peu élaboré, cette
méthode nous semble intéressante. Par exemple, avec une patiente présentant
un TSPT sévère et souffrant d’intrusions et de cauchemars en lien avec de mul-
tiples événements de violence et la mort de ses parents, nous avons utilisé la
technique de narration des événements de vie propre à la NET en suivant l’index
traumatique. Quand un fort sentiment de culpabilité survenait, nous avons pris
la liberté d’utiliser les méthodes de retraitement cognitif.
Enregistrement et réécoute des Le thérapeute prend note du récit et le relit à haute voix
séances par le patient. depuis le début en début de séance suivante.
Une fois la narration de l’histoire de vie terminée, s’il reste un TSPT, les traite-
ments classiques peuvent être envisagés.
En résumé
! En cas de TSPT multiple, il faut d’abord cibler l’événement le plus perturbant actuel-
lement. Si le TSPT en lien avec l’événement a fortement diminué grâce au traite-
ment, mais que le TSPT général reste significatif, nous recommandons de retourner
à l’index traumatique et évaluer à nouveau quel est le trauma le plus perturbant
actuellement.
! Pour les TSPT multiples où la mémoire autobiographique est morcelée et où les
intrusions renvoient à des événements multiples dont le contexte est peu élaboré,
le protocole NET constitue une bonne option. Celui-ci est proche du protocole EP
sauf que tous les événements de l’index traumatique sont narrés, et que chaque
événement n’est raconté qu’une seule fois.
Chapitre 17
scène ; et (b) la déréalisation, soit l’impression que l’événement n’est pas réel
ou qu’il est extrêmement distant.
Selon Loewenstein et al. (2014, p. 41) :
Les patients avec un TSPT dissociatif (TSPTD) peuvent répondre médiocrement, ou
voir leur état s’empirer, avec des formes non modifiées des protocoles standards
pour le TSPT, comme l’EP, particulièrement s’ils dissocient durant les séances du
traitement. De plus, ces patients peuvent avoir des réponses hautement aversives
au protocole non modifié d’EMDR parce qu’il a des éléments d’exposition et de
libre association. La thérapie peut mener à une « ouverture » de mémoires trau-
matiques multiples, avec une possible exacerbation des symptômes, incluant des
comportements suicidaires et autodestructeurs.
Les critères inspirés des propositions pour les protocoles d’intervention en situations
d’urgence qui ne sont pas encore enregistrés sont les suivants (Organisation mondiale
de la santé [OMS], 2016) :
➙ il n’y a pas de traitement efficace disponible ;
➙ il n’est pas possible d’initier des études cliniques immédiatement. Notons que ce n’est
pas en le pouvoir du praticien en tous cas ;
➙ il y a des données minimales indiquant que l’intervention peut être efficace et est
sécurisée ;
➙ l’usage du traitement est compatible avec les règles éthiques du pays et de la
profession ;
➙ Les risques sont minimisés ;
➙ Le patient est consentant pour le traitement ;
➙ Les résultats sont documentés et partagés à la communauté scientifique.
170 E XCEPTIONS, LIMITES ET AUTRES INFORMATIONS SUR LES TRAITEMENTS D ’ EXCELLENCE DU TSPT
Une première technique de réancrage consiste à focaliser son attention sur l’en-
vironnement immédiat. Kennerley (1996) parle de « refocalisation » et propose
de demander au patient de se concentrer sur la couleur des rideaux, le nombre
de carreaux dans la pièce, la couleur des livres, etc.
Chez certains patients, les techniques de refocalisation de l’attention ne suf-
fisent pas. Les techniques physiques peuvent alors éventuellement être utiles
comme frictionner son avant-bras avec un cool pack. Nous avons déjà été amené
à verser un verre d’eau dans le dos d’une patiente qui continuait à dissocier
en consultation malgré l’application des méthodes de réancrage. Mais ce sont
évidemment des mesures extrêmes.
Il peut être pertinent de communiquer avec les proches sur les techniques
de réancrage pour qu’ils puissent les appliquer au quotidien. Si le patient ne
perd pas complètement contact avec l’environnement, il peut également essayer
de les appliquer par lui-même hors des séances. Par exemple, nous avions un
patient qui percevait quand une crise d’angoisse avec dissociation et perte de
contact avec l’environnement risquait de survenir. En prévention, il écoutait
un enregistrement audio de sons bilatéraux pour avoir des stimuli sur lesquels
se focaliser.
Prise en charge spécifique pour les TSPT dissociatifs (TSPT-D) 171
éléments pour les compléter ou les contextualiser. Dès lors, l’intervention que
nous avons mise en place a consisté à élaborer un contexte à l’événement et
aux images qui s’y rapportent, tout en appliquant les techniques de réancrage.
Nous proposons de nommer cette méthode PNR (procédure pour la narration et
le réancrage).
Concrètement, le patient commence à raconter le trauma durant 10 secondes,
puis 20, 30, 60, 90, 180 secondes. À chaque interruption, le thérapeute demande
le NSD et vérifie que le patient est bien conscient de son environnement. Nous
recommandons de n’augmenter le temps de narration que si le patient n’a pas dis-
socié avec des temps plus courts. Si le patient a dissocié, il peut être intéressant
de remettre la dissociation en contexte avec lui puis de reprendre la narration.
172 E XCEPTIONS, LIMITES ET AUTRES INFORMATIONS SUR LES TRAITEMENTS D ’ EXCELLENCE DU TSPT
Comme le spécifie l’item D1 du DSM-5 (2017), les personnes avec un TSPT peuvent
expérimenter une « incapacité de se rappeler un aspect important de l’événement
traumatique, typiquement en raison d’une amnésie dissociative [...]. »
Lorsque l’absence de souvenir est complète ou marquée, les thérapies classiques
centrées sur le trauma ‒ telles que la CPT, l’EP, l’EMDR ou la NET ‒ ne peuvent
être appliquées telles quelles, car elles nécessitent une remémoration suffisante
de l’événement et risquent seulement de susciter des faux souvenirs, comme nous
l’avons expliqué dans la présentation des facteurs de sécurité. L’intervention
thérapeutique peut alors cibler les facteurs thérapeutiques non centrés sur le
trauma tels que l’activation comportementale, de la psychoéducation sur les
symptômes ou encore une médication adéquate.
Nous recommandons par ailleurs de pouvoir aborder avec le patient ce dont il
se souvient et ce qu’il s’imagine éventuellement s’être passé. Les faits imagi-
nés peuvent se prêter à la CPT ou à la rescénarisation en imagination selon
la procédure proposée dans la TC (Ehlers, 2020). On sait par exemple que les
personnes qui n’ont pas assisté directement à des épisodes traumatiques dont les
proches ont été victimes peuvent avoir des images envahissantes de l’événement
(Ceschi et Pictet, 2018). Par exemple, une mère qui a perdu un enfant dans un
incendie, sans être présente lors du drame, peut avoir des images intrusives de
son enfant dévoré par les flammes. Le fait d’apprendre par les pompiers qu’il a
péri asphyxié par les fumées est de nature à la soulager de cette vision atroce.
Le fait de visualiser volontairement, à plusieurs reprises, son enfant sombrer plus
doucement dans la mort par manque d’air, plutôt que consumé par le feu, peut
l’aider à réinterpréter et faire disparaître les images atroces qui l’envahissent.
Prise en charge spécifique pour les TSPT dissociatifs (TSPT-D) 173
En résumé
! Les TSPT avec déréalisation ou dépersonnalisation ne sont pas des cas de contre-
indication pour l’application des traitements d’EP, d’EMDR ou de CPT.
! Pour les TSPT avec une dissociation entraînant une perte de contact avec l’envi-
ronnement immédiat, nous recommandons une procédure spécifique basée sur la
narration et le réancrage (procédure PNR).
! Pour les TSPT avec une dissociation amnésique, nous recommandons de ne pas
réaliser de thérapie centrée sur le trauma. Une exception prudente peut toutefois
être faite en recourant aux techniques cognitives pour travailler sur l’idée que la
personne se fait de ce qui s’est passé.
Chapitre 18
Le taux d’arrêt prématuré des thérapies pour le TSPT (TC, CPT, EP ou EMDR) s’élève
à 20 % (Imel et al., 2013). Les traitements centrés sur le trauma ne seraient pas
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
P ISTES
POUR DIMINUER LE TAUX D ’ ABANDON
ET AUGMENTER L’ ADHÉSION EN THÉRAPIE
D’après la revue d’études d’Imel et al. (2013), la centration sur le trauma ne serait
pas la cause de l’abandon en thérapie, sauf en comparaison avec la thérapie
centrée sur le moment présent pour laquelle le taux d’abandon est légèrement
inférieur.
Dans notre pratique, les patients sont souvent très angoissés à l’idée d’entamer
un traitement centré sur le trauma, d’où l’importance de stabiliser leur état
avant de travailler leur trauma. Par exemple, nous avons reçu une demande
pour un traitement EMDR venant d’une patiente qui présentait un TSPT sévère
(PCL à 80) après avoir assisté à une agression. Elle subissait cinq à dix crises
d’angoisse par jour, parfois avec évanouissement ou avec automutilation. Et
le simple fait d’avoir effectué l’index traumatique avait déclenché une crise
d’angoisse. Nous l’avons orientée vers un médecin et comme le recommandent
Resick et al. (2017), nous avons pris le temps de centrer nos séances sur la
gestion des crises d’angoisse avant d’entamer un traitement centré sur le trauma,
ce qui a pris plusieurs semaines.
Dans le protocole d’exposition prolongée, l’abandon se produit typiquement
avant l’exposition en imagination (Schottenbauer et al., 2008 ; Zayfert et al.,
2005). Il arrive que les patients ne se sentent pas capables de s’exposer lors
de la séance prévue à cet effet. Dès lors, il est conseillé de pouvoir changer le
programme de la séance si nécessaire et de reprogrammer la centration sur le
trauma. Ces changements de programme ne sont pas valables seulement en début
de thérapie, mais bien tout le long de la thérapie. Notons que l’introduction de
séances non centrées sur le trauma entre les séances n’a pas d’impact négatif sur
le traitement (Galovski et al., 2012). Cela semble de plus être un besoin pour de
nombreux patients. À ce propos, Cook et al. (2014) ont observé que des vétérans
américains traumatisés suivaient en moyenne dix séances centrées sur le trauma
et sept séances non centrées sur le trauma. Il est bon de rappeler au patient que
même si le nombre de séances centrées sur le trauma est un prédicteur de succès
thérapeutique, la thérapie n’est pas une course et l’objectif n’est pas d’arriver le
plus rapidement possible à l’arrivée, mais bien de progresser à son rythme pour
atteindre des résultats robustes sur le long terme.
C’est toujours le patient qui décide ce qui est abordé en séance et s’il veut
aborder le trauma. Cela permet d’augmenter chez lui un sentiment de sécurité
Diminuer le taux d’abandon et augmenter l’adhésion au traitement 177
En CPT, lorsqu’un patient n’a pas effectué une tâche à domicile, le thérapeute
discute avec lui de ce qui l’en a empêché et aborde avec lui l’hypothèse de
l’évitement (Resick et al., 2017). Si le patient ne parvient toujours pas à effec-
tuer les tâches à domicile, le protocole est interrompu tant que le patient ne
parvient pas à le suivre. Dans le cadre d’une recherche clinique, cette façon de
faire présente l’avantage d’exclure des résultats les participants qui adhèrent
peu au traitement et qui en bénéficieront potentiellement moins. Cependant, en
178 E XCEPTIONS, LIMITES ET AUTRES INFORMATIONS SUR LES TRAITEMENTS D ’ EXCELLENCE DU TSPT
Après un traitement réussi d’une dizaine de séances, une patiente qui souffrait
d’un TSPT avec trouble dissociatif m’a expliqué que cela avait été le traitement le
plus dur de toute sa vie. N’oublions jamais que nos patients souffrent beaucoup,
même s’ils masquent souvent leur douleur. C’est la raison pour laquelle nous
recommandons l’usage fréquent des échelles NSD en cours de thérapie. C’est
aussi la raison pour laquelle il faut pouvoir être attentif à leurs limites et ne
jamais les « pousser » pour aller plus rapidement. Nous recommandons de ne
pas aller à un NSD au-delà de 8/10 pendant plus de quelques minutes. Les tech-
niques d’attention double comme le dessin ou le mouvement oculaire pendant la
réévocation du trauma peuvent être utilisées pour favoriser l’estompage affectif
et soulager le patient d’une charge émotionnelle trop importante (Ceschi et
Pictet, 2018). Dans notre expérience, augmenter l’interactivité sous forme de
dialogue avec le patient, en utilisant des méthodes de restructuration cognitive
a également un effet d’estompage affectif.
Diminuer le taux d’abandon et augmenter l’adhésion au traitement 179
Pour notre part, nous annonçons dès le départ que le traitement est difficile
et désagréable, mais qu’il est efficace et que si nous le proposons, c’est parce
que c’est le meilleur moyen d’être soulagé à terme des symptômes TSPT. Ce peut
aussi être l’occasion d’aborder avec le patient quelles sont les autres stratégies
qu’il a utilisées jusqu’ici et quel en a été le résultat.
Comme nous l’avons présenté dans le chapitre consacré aux TSTP dissociatifs
(chapitre 17), nous recommandons une adaptation des traitements pour les TSPT
si le patient perd contact avec l’environnement lorsqu’il se focalise sur le trauma.
De même, il faudra par exemple adapter les stratégies de rescénarisation par
imagerie que l’on retrouve dans la thérapie cognitive si le patient n’est pas
capable de réaliser des exercices de visualisation. Ou encore, si le patient a des
difficultés d’abstraction, il faudra veiller à ne pas utiliser des fiches de challenge
des CD peut-être trop complexes pour lui.
David Morris (2015), un officier de marine atteint d’un TSPT, a publié un témoi-
gnage dans le New York Times sous le titre « Après le TSPT, davantage de trauma ».
Il écrit ceci :
[...] après un mois de thérapie, j’ai commencé à avoir des problèmes. Quand je
repense à cette époque, le mot qui me vient est « nausée ». Je me sentais malade à
l’intérieur, le sang chaud dans mes veines. Je ne dormais déjà pas bien auparavant,
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
mais je suis devenu un insomniaque du plus grand ordre. Je ne pouvais pas lire,
rester seul, écrire.
Après avoir mis fin à la thérapie, il décrit qu’« après quelques semaines, mon
corps est retourné à la normale ».
Une augmentation de certains symptômes comme les pensées intrusives est
fréquemment décrite lors des premières séances (Shapiro, 2007). Mais après
quelques séances, la littérature décrit soit une amélioration, soit une stagna-
tion des symptômes, jusqu’à une guérison qui peut nécessiter jusqu’à dix-huit
séances au total (Galovski et al., 2012). Si les symptômes empirent après plu-
sieurs séances, nous recommandons d’arrêter le protocole et de réévaluer les
facteurs de précautions en intégrant la première évaluation (comorbidités, ges-
tion émotionnelle hors des séances, environnement, habitudes de vie). Dans
180 E XCEPTIONS, LIMITES ET AUTRES INFORMATIONS SUR LES TRAITEMENTS D ’ EXCELLENCE DU TSPT
Zayfert et Black (2000) ont questionné soixante-six patients qui avaient aban-
donné prématurément un traitement par EP sur les raisons de leur abandon.
Ils ont observé que 30 % avaient abandonné le traitement pour des raisons
logistiques et des problèmes de vie. Il peut donc être intéressant d’avoir une
discussion avec le patient sur le « confort logistique » lié aux séances. Notons
que les téléconférences constituent une alternative, éventuellement couplées
avec des séances en cabinet (Barak et al., 2008). Cela rappelle également que
le thérapeute n’a qu’un contrôle limité sur le taux d’abandon et le manque
d’adhésion au traitement. Il peut tout au plus faire de son mieux tout en étant
conscient de ses limites.
Diminuer le taux d’abandon et augmenter l’adhésion au traitement 181
En résumé
! Le taux d’abandon dans les études portant sur les traitements pour le TSPT est
de 20 %. Il s’agit d’un chiffre élevé pour la clinique, mais faible en comparaison à
d’autres troubles comme la dépression.
! Voici quelques points d’attention :
Compléments
pour les symptômes
post-traumatiques résiduels
Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 185
Chap. 19 L’approche par symptômes pour cibler les symptômes
résiduels du TSTP . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 187
Chap. 20 Les approches centrées sur le sommeil . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 195
Chap. 21 Interventions thérapeutiques non centrées sur le trauma . . . . . 199
Introduction
N OUS AVONS DÉJÀ ABORDÉ les limites et exceptions aux traitements d’excellence
pour le TSPT en raison des spécificités des patients (partie III) et nous
avons envisagé des méthodes concrètes pour favoriser l’application et l’efficacité
des protocoles dans la pratique. Tout cela visait une guérison du trouble du
stress post-traumatique qui peut se mesurer par une diminution significative des
symptômes ; celle-ci peut être mesurée par les échelles adéquates calquées sur
les critères du DSM-5 et un entretien clinique semi-structuré.
Dans cette dernière partie, nous envisagerons des approches complémentaires
aux protocoles d’excellence pour cibler les symptômes post-traumatiques rési-
duels, c’est-à-dire les symptômes qui sont encore présents même quand il n’y
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
Intrusions 35 %
Évitements 53 %
Activation et réactivité 45 %
L’analyse en réseau est une méthode statistique qui vise à étudier les relations entre les
symptômes qui constituent un trouble donné. Les symptômes sont appelés « nœuds » et
les associations entre symptômes sont appelées « ponts » dans le modèle. La « centra-
lité » d’un symptôme correspond à son degré d’association avec les autres symptômes,
c’est-à-dire le nombre et la force des associations au sein du trouble.
Armour et al. (2017) sont les premiers à avoir appliqué cette méthode au TSPT tel
que défini dans le DSM-5. Leur analyse sur des vétérans de guerre américains a mis en
évidence que Les cinq nœuds les plus centraux étaient : les émotions négatives reliées
au trauma (D4), le détachement (D6), la réactivité physiologique (B5), les flashbacks
(B3), et la réactivité émotionnelle aux déclencheurs (B4).
L’approche par symptômes pour cibler les symptômes résiduels du TSTP 189
Les intrusions
!
Comme les items B1, B4 et B5 de la PCL-5 ont une centralité élevée, il est
moins probable qu’ils aient un score significatif sans que le diagnostic de TSPT
soit rencontré. Si c’est le cas, il faut identifier avec le patient quels sont les
déclencheurs des souvenirs répétés, pénibles et involontaires de l’expérience
stressante (critère B1 dans le DSM-5).
Si certains déclencheurs en lien avec l’événement produisent de fortes réactions
physiques (accélération cardiaque, difficulté respiratoire, sudation) (B5) sans
que ce ne soit une fausse alerte (contact actuel avec l’agresseur, situations
actuelles de combat, etc.), il faut pouvoir envisager des stratégies de résolution
de problème. En d’autres termes, si le niveau de stress ou de perturbation
émotionnelle actuel est écologique, il faut pouvoir envisager des aménagements
concrets (déménager, réorganiser le travail, établir des actions en justice, etc.).
Par exemple, un ingénieur chargé d’entretenir et contrôler les hélicoptères déve-
loppe un TSPT après qu’un appareil a fait un accident suite à un défaut dans
le moteur de l’hélice. On leur a initialement annoncé que quelqu’un était mort,
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
puis cela a été infirmé. Après quelques mois et un traitement EMDR + CPT, les
symptômes du TSPT ont fortement diminué. Dans le cadre d’un changement
de service et d’une reprise d’emploi, le patient se retrouve à travailler dans
un service de certification des moteurs d’hélicoptère. Les symptômes de TSPT
augmentent alors avec la cognition : « Ce sont des appareils très complexes et il
y a un risque de faire une erreur que je ne suis pas capable à coup sûr de gérer. »
Il a donc envisagé une réorientation pour travailler sur des systèmes techniques
avec lesquels il se sentait en confiance.
Si les réactions physiques sont des états de « fausse alerte » où le patient se sent
ou agit soudainement comme s’il vivait à nouveau l’expérience stressante (B3),
Ehlers et al. (2005) proposent de s’entraîner à la discrimination des déclencheurs
d’intrusions. Le principe est d’aider le patient à identifier les déclencheurs des
190 C OMPLÉMENTS POUR LES SYMPTÔMES POST-TRAUMATIQUES RÉSIDUELS
Les évitements
!
Le fait que le patient essaye d’éviter les souvenirs, pensées, et sentiments liés
à l’événement (C1) après un traitement centré sur le trauma n’est à notre sens,
pas problématique cliniquement à condition que ce ne soit pas accompagné
d’intrusions (B1, B4, B5) ou d’un score de TSPT au-dessus du seuil diagnostique.
En effet, ne pas se focaliser sur un événement traumatique que nous avons
« intégré » est une réaction commune et adaptée. A contrario, la centration
sur des traumas intégrés est accompagnée d’une baisse temporaire de l’humeur
(Fratarolli, 2006) sans résultats cliniques probants.
Si les symptômes d’évitement sont accompagnés d’intrusions dans un contexte de
sécurité, nous recommandons d’appliquer un traitement centré sur les intrusions
(voir plus haut).
Concernant l’évitement des lieux, personnes, activités et objets associés à l’épi-
sode stressant (C2), s’il persiste après un traitement centré sur le trauma et
sans être sévère, nous recommandons d’examiner avec le patient quels sont les
évitements qui ont un impact sur sa qualité de vie sociale, professionnelle et
personnelle pour ensuite pouvoir expérimenter des expositions in vivo.
L’approche par symptômes pour cibler les symptômes résiduels du TSTP 191
L’anhédonie
!
L’item D5 « Perdre de l’intérêt pour des activités que vous aimiez auparavant »,
l’item D6 « se sentir distant ou coupé des autres » et l’item D7 « avoir du mal
192 C OMPLÉMENTS POUR LES SYMPTÔMES POST-TRAUMATIQUES RÉSIDUELS
Comportements d’externalisation
!
Réactions anxieuses
!
Réactions dysphoriques
!
En résumé
! Il est fréquent qu’il y ait des symptômes résiduels invalidants même lorsqu’un
patient ne présente plus de diagnostic de TSPT.
! Une approche adaptée pour chaque symptôme résiduel invalidant peut être
envisagée.
Chapitre 20
Les approches
centrées sur le sommeil
L A TCC-I
Larsen et al. (2020) ont observé que 70 % des personnes ayant bénéficié d’un
traitement efficace pour traiter le TSPT présentaient encore des difficultés de
sommeil après le traitement. Or, aucun des traitements d’excellence centrés sur
le trauma comme l’EP, la CPT, la TC ou l’EMDR n’inclut des approches spécifiques
pour les troubles du sommeil et les cauchemars post-traumatiques. Talbot et al.
(2014) ont montré à partir d’un échantillon présentant un TSPT une amélioration
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
➙ Un contrôle des stimuli liés au sommeil. Le lit ne doit plus être réservé qu’au
sommeil et au sexe. Pour créer des associations positives avec le lit, il est
demandé au patient de sortir du lit s’il a du mal à s’endormir ou s’il est réveillé
depuis au moins dix minutes. Il ne retourne au lit que quand il est fatigué.
Les écrans sont à éviter durant la nuit.
➙ La technique de restriction de sommeil. Celle-ci vise à limiter le temps passé
à rester éveillé au lit, à diminuer la frustration liée à l’insomnie et à favoriser
l’endormissement. Elle peut cependant augmenter la fatigue diurne et néces-
site l’accord du médecin si le patient a une condition médicale spécifique.
➙ Souvent, les personnes insomniaques ont des attentes de sommeil supérieures
à la durée effective de sommeil. Par exemple, elles veulent dormir huit heures,
mais n’en dorment que cinq. Le principe va être de prendre la durée moyenne
de sommeil (calculée grâce à un agenda du sommeil tenu par le patient) et
d’y ajouter trente minutes. Donc si le patient dort six heures, la durée de
sommeil est fixée à six heures trente maximum. Cette durée est réévaluée
régulièrement en fonction du sommeil du patient.
➙ Les techniques de relaxation : celles-ci peuvent être utilisées pour favoriser
l’endormissement. Il s’agit notamment de la méditation, de l’autohypnose, de
la cohérence cardiaque et la technique de Jacobson.
➙ La psychoéducation : celle-ci consiste à informer le patient sur les habitudes
de vie qui favorisent l’endormissement (faire du sport pendant la journée,
éviter les excitants le soir, etc.) et celles qui le rendent plus difficile (cardio
le soir, manque de routines, écrans bleus le soir, etc.).
maman avec son petit frère à côté d’elle. Cela générait un sentiment de sécurité
et d’apaisement.
Pour conclure, le patient est invité à visualiser le nouveau rêve, soit au moment
de son choix pendant la journée (Krakow et Zadra, 2006), soit 15 minutes
avant de dormir (Davis et Wright, 2006). Dans notre pratique, sachant que le
nouveau rêve peut être associé à un certain niveau de stress même s’il produit
une détresse nettement inférieure au cauchemar initial, nous recommandons
d’effectuer les exercices pendant la journée.
En résumé
! La TCC-I constitue un protocole pertinent pour les insomnies se présentant comme
des symptômes résiduels post-traumatiques.
! Les protocoles TERR et TRI sont indiqués pour cibler les cauchemars post-
traumatiques persistants après le traitement. Ces deux protocoles sont basés sur
les méthodes de rescénarisation des cauchemars.
Chapitre 21
Interventions thérapeutiques
non centrées sur le trauma
Il peut arriver qu’il ne soit pas possible de mettre en place un traitement centré
sur le trauma, soit parce que le patient ne le souhaite pas, soit parce que les
conditions pratiques, en termes de temps et finances par exemple, ne s’y prêtent
pas. Même si les meilleures thérapies centrées sur le trauma sont à privilégier,
des psychothérapies non centrées ont une bonne efficacité et peuvent être
envisagées (Tran et Gregor, 2016).
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La thérapie centrée sur le moment présent (TMP) constitue une première option.
Cette thérapie ne recourt ni à la restructuration cognitive ni à l’exposition
centrée sur le trauma (Classen et al., 2001). Au lieu de cela, elle va s’axer
sur trois leviers d’action : (1) modifier les comportements inadaptés comme
boire, s’automédiquer ou s’isoler ; (2) fournir de la psychoéducation concernant
l’impact du trauma sur la vie actuelle du patient, ce qui permet de l’aider à
normaliser et à comprendre ses symptômes ; et (3) lui apprendre des stratégies
pour gérer ses problèmes actuels, comme la gestion des émotions ou la résolution
de problèmes interpersonnels. La méta-analyse de Frost et al. (2014) a indiqué
que la TMP était une option thérapeutique crédible.
La prescription d’activités est une option thérapeutique complémentaire. Elle
consiste à évaluer les activités quotidiennes avec le degré de plaisir et de maîtrise
200 C OMPLÉMENTS POUR LES SYMPTÔMES POST-TRAUMATIQUES RÉSIDUELS
Nous avons appliqué une psychothérapie non centrée sur le trauma avec une
patiente qui présentait un TSPT et un trouble dépressif majeur sévères suite à
une situation de harcèlement scolaire (événement ne répondant pas au critère
A). Elle était suivie par un psychiatre qui a prescrit un traitement antidépresseur.
Avant d’arriver chez nous, elle a déjà vu plusieurs psychologues. Notre patiente
avait jugé cela inutile et elle ne voulait pas parler de l’événement. Pour limiter
le recours au langage, nous avons proposé le traitement EMDR. Mais après trois
séances, la patiente a souhaité arrêter le traitement, car son impression était
que de parler du trauma ne l’aidait pas et de surcroît, elle ne se sentait pas
bien après les séances. Nous avons alors axé les séances sur la rescolarisation,
la consommation de cannabis, la dynamique familiale, le support des amis, les
ruminations et la mise en place d’activités renforçatrices au quotidien. L’alliance
thérapeutique s’en est trouvée renforcée et une amélioration clinique a été obser-
vée après quelques semaines, avec le maintien de cauchemars post-traumatiques
pour lesquels nous avons appliqué un module spécifique.
La médication peut être une option pour les patients qui ne souhaitent pas
entamer un traitement psychologique, soit parce qu’ils sont trop anxieux ou
déprimés pour entamer un traitement soit parce qu’ils préfèrent une pharmaco-
thérapie à une psychothérapie. La méta-analyse de Puetz et al. (2015) trouve
un effet modéré des antidépresseurs tricycliques et SSRI sur le TSPT, l’anxiété et
la dépression chez des vétérans traumatisés.
Guina et al. (2015, p. 281) indiquent par ailleurs que les benzodiazépines sont
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Sernyak et al. (2001) ont observé à partir de 831 vétérans hospitalisés et 554
vétérans non hospitalisés qu’environ 10 % des vétérans avec un TSPT se voyaient
prescrire des neuroleptiques. Ils n’ont pas observé de différence significative
dans l’évolution du TSPT en fonction de la prise de neuroleptiques ou non. Mais
le TSPT n’était pas nécessairement la cause de prescription puisqu’il y avait
une association entre la prescription de neuroleptiques et le fait d’avoir eu des
hallucinations ou des comportements violents dans les trente derniers jours.
LA COMBINAISON DE LA PSYCHOTHÉRAPIE
ET DE LA MÉDICATION
Anamnèse
Mesure du TSTP
Facteurs de précaution +
facteurs non centrés sur le trauma
Index traumatique
Sélection de l’événement
ou des événements
Procédures spécifiques
TC, EP, TTC, TEN, EMDR +
facteurs non centrés sur le trauma
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En résumé
! Les traitements centrés sur le trauma sont à préférer comme traitement pour le
TSPT, sauf si les conditions (motivation du patient, temps disponible) ne sont pas
réunies pour cela.
! Parmi les interventions alternatives aux traitements centrés sur le trauma, citons la
thérapie centrée sur le moment présent (TPE), l’« activation comportementale »,
probablement le sport et un bon support social.
! La planification et le suivi de la mise en place de nouveaux comportements favo-
risent leur mise en place.
Conclusion
C OMME NOUS L’AVONS VU, le TSTP est un trouble invalidant pour lequel il existe
heureusement des traitements efficaces. Parmi les traitements disponibles,
les approches psychothérapeutiques montrent l’efficacité la plus élevée et sont
donc à préférer. Actuellement, la thérapie cognitive (TC), l’exposition prolongée
(EP), la thérapie par retraitement cognitif (CPT), la thérapie d’exposition à la
narration (TEN) et l’EMDR constituent les traitements efficaces les mieux docu-
mentés. Nous avons parcouru ensemble les étapes de préparation indispensables
pour ces traitements : l’évaluation du TSTP, la réalisation d’un index traumatique,
le passage en revue des facteurs de précaution et le ciblage de l’événement
traumatique. Chaque traitement comprend ensuite un ensemble de procédures
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V = procédure incluse dans le protocole ; X = procédure non précisée dans le protocole ; V(X) = pro-
cédure peu présente dans le protocole.
le trauma, ce constat doit être fait pour les procédures ciblant la prescription
d’activités et celles ciblant les ruminations.
Prescription d’activités. V V X X X
Automonitoring X V V X X
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Double attention. X X X X X
Mesure Dépression
Date Mesure PCL ou CAPS Autre échelle
(Hamilton, BDI)
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Annexe 2
Interview du trauma
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La personne a-t-elle tendance à se mutiler ? Si oui, le risque pour son
intégrité physique a-t-il été écarté et des solutions comportementales
alternatives ont-elles été discutées ? A-t-on évalué la présence éventuelle
d’un trouble de la personnalité borderline ?
...................................................................
...................................................................
Si trouble bipolaire ou psychotique, la personne est-elle bien stabilisée
avec un traitement et un suivi médical régulier ?
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...................................................................
218 A NNEXES
...................................................................
...................................................................
La personne a-t-elle bien compris le sens du protocole, ses procédures et
ses objectifs ?
...................................................................
...................................................................
Annexe 4
...................................................................
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Quel est l’événement le plus perturbant actuellement ? Se baser sur les
flashs, le contenu des ruminations et les évitements si le patient ne sait
pas se situer.
...................................................................
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...................................................................
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Annexe 5
Index traumatique
avec « paquets » potentiels
Remarque
Groupement Événement Date NSD (dont
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dissociation)
Annexe 6
Tableau des CD
avec cognitions réalistes
Journal des CD
CD : Émotion (0 à 10)
1
Cognition réaliste (CR) ou C Émotion (0 à 10)
alternative :
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CD : Émotion (0 à 10)
2
CR ou C alternative : Émotion (0 à 10)
CD : Émotion (0 à 10)
3
CR ou C alternative : Émotion (0 à 10)
226 A NNEXES
CD : Émotion (0 à 10)
4
CR ou C alternative : Émotion (0 à 10)
CD : Émotion (0 à 10)
5
CR ou C alternative : Émotion (0 à 10)
Annexe 7
CD : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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Émotion (0-10) : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Véracité (0-10) : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Argument 1 : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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Contre-arguments : 1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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Argument 2 : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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228 A NNEXES
Contre-arguments 2 : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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Argument 3 : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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Contre-arguments 3 : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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Est-ce que la pensée est extrême ou exagérée ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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Est-ce que la pensée est basée sur des sentiments plutôt que sur des faits ?
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Est-ce un fait ou une habitude de pensée ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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Est-ce une pensée utile ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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Ce que je dirais à un bon ami / une bonne amie : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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Fiche de challenge des CD 229
Cognition réaliste : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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Émotion cognition réaliste (0-10) : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Véracité cognition réaliste (0-10) : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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