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Pratiques sociales et politiques judiciaires dans les

villes de l’Occident à la fin du Moyen Âge

Jacques Chiffoleau, Claude Gauvard et Andrea Zorzi (dir.)

Éditeur : Publications de l’École française de Rome


Année d'édition : 2007
Date de mise en ligne : 28 mai 2013
Collection : Collection de l'École française de Rome
ISBN électronique : 9782728310203

http://books.openedition.org

Édition imprimée
ISBN : 9782728307777
Nombre de pages : 767
Référence électronique
CHIFFOLEAU, Jacques (dir.) ; GAUVARD, Claude (dir.) ; et ZORZI, Andrea (dir.). Pratiques
sociales et politiques judiciaires dans les villes de l’Occident à la fin du Moyen Âge. Nouvelle
édition [en ligne]. Rome : Publications de l’École française de Rome, 2007 (généré le 29 mai
2016). Disponible sur Internet : <http://books.openedition.org/efr/1787>. ISBN :
9782728310203.

Ce document est un fac-similé de l'édition imprimée.

© Publications de l’École française de Rome, 2007


Conditions d’utilisation :
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Justicia est anima civitatis : les vingt-deux contributions rassemblées ici tentent de rendre aux
villes une composante fondamentale de leur identité, l’exercice de la justice, tel qu’elles le
revendiquent dès que le droit urbain prend corps à partir du XIIe siècle. De la Flandre à
l’Italie du Nord et du Centre, la fameuse « Urban belt » de l’Europe ancienne a constitué le
champ privilégié de cette recherche pour laquelle les historiens et les historiens du droit
ont échangé leurs points de vue. Entre 1200 et 1500, des évolutions chronologiques parfois
différenciées ont permis de cerner les transformations du droit écrit et le développement
dynamique des nouvelles procédures. En favorisant le pénal, la question a été de
comprendre quelles possibilités ont été offertes aux justiciables pour user de différents
modes de résolution des conflits et comment les gouvernants des villes ont pu instituer des
politiques judiciaires de type étatique. La justice est ainsi apparue comme un pan du lien
politique et social des milieux urbains.
SOMMAIRE
Introduzione
Andrea Zorzi

I. La documentation et la transformation des cadres institutionnels

Droit et pratiques judiciaires dans les villes du nord du royaume de France à la


fin du Moyen Âge
L’enseignement des sources
Claude Gauvard

Les villes et la justice d’après les archives du Parlement aux xiiie et xive siècles
Bernadette Auzary-Schmaltz et Jean Hilaire
Les villes à la conquête du judiciaire
Le contrôle du Parlement

Les sources de la justice pénale dans les villes du Midi de la France au Moyen
Âge
Paroles et silences
Leah Otis-Cour

Les sources de la pratique judiciaire en Flandre du xiie au xve siècle et leur mise
en œuvre par les historiens
Walter Prevenier

Pluralismo giudiziario e documentazione


Il caso di Firenze in età comunale
Andrea Zorzi

II. Le personnel de justice

Forme di implicazione politica dei giuristi nei governi comunali italiani del xiii
secolo
Sara Menzinger
INTRODUZIONE
DIGNITAS
FUNZIONE

Funktionen und Leistungen gelehrter Juristen für deutsche Städte im


Spätmittelalter
Eberhard Isenmann
I
II
III
IV
V
VI
VII
VIII

Les juges locaux du comte de Provence au xive siècle


Entre la ville, la pratique privée et l’État
Jean-Luc Bonnaud

Justice « populaire », justice savante


Les consulats de la France Méridionale (xiie-xive siècle)
Jean-Marie Carbasse

Des pratiques sociales courantes au sein des cours de justice médiévales


L’hérédité des fonctions et l’endogamie. La Haute Cour de Namur aux xive et xve siècles
Isabelle Paquay
Introduction
L’attitude du seigneur vis à vis des familles : la mesure de 1411, une tentative de contrôle parmi
d’autres
Les réformes de 1411 et de 1464 : entre théorie et réalité. Le point de vue des familles
Les présences simultanées de parents proches au sein de la Haute Cour (à partir de 1411)
La présence des familles dans la longue durée (xive-xve siècles ; focus sur les années 1411-1509)
L’hérédité
L’endogamie
Conclusion

III. Pratiques conflictuelles et procédures judiciaires


Justice négociée, justice hégémonique
L’émergence du pénal public dans les villes italiennes des xiiie et xive siècles
Mario Sbriccoli
Les prodromes doctrinaux du droit pénal public
Les raisons techniques et politiques des nouvelles consuetudines
Institutions proactives et métamorphose de l’accusation. Les prodromes du pénal hégémonique
La compulsio ad accusandum et les raisons de la peine publique
Inquisitio, transactions et peine : les pouvoirs du juge deviennent des devoirs
Offendit rem publicam civitatis. Le format pénal de l’accusation

Témoins et témoignages dans les causes civiles à Marseille, du xiiie au xve siècle
Daniel Lord Smail

Procedura e giustizia nelle città italiane del basso medioevo (xii-xiv secolo)
Massimo Vallerani

IV. Politiques judiciaires et résolution des conflits

Politiques judiciaires et résolution des conflits dans les villes de l’Occident à la


fin du Moyen Âge
Quelques hypothèses de recherche
Xavier Rousseaux
Éléments de cohérence : la pacification, un modèle urbain ?
Sortir du conflit : discours urbains et usages socio-politiques
Les villes face à l’État : crises et transformations de la paix urbaine

L’inquisition et les villes du Languedoc (1229-1329)


Jean-Louis Biget
Antécédents
Le temps des commencements et des conflits (1231-1240)
La maturité (1240-1280)
Points chauds de la répression inquisitoriale après 1280
Impact de la justice inquisitoriale
L’inquisition et le pouvoir laïc

Les priorités politiques dans la pratique de la justice municipale


L’exemple de Dijon et de Lyon à la fin du Moyen Âge
Nicole Gonthier
Le pouvoir de justice, enjeu de l’existence politique
La pratique de la justice

Le categorie dottrinali della procedura e l’effettività della giustizia penale nel


tardo medioevo
Massimo Meccarelli
I presupposti della costruzione sistematica
Il quadro sistematico dell’ordo iudiciarius
Un ordine processuale flessibile
Alcuni esempi di flessibilità processuale
Lo spazio per lo sviluppo di politiche penali
Considerazioni conclusive

Giuristi, giudici e fuoriusciti nelle città italiane del Duecento


Note sul reato politico comunale
Giuliano Milani
Il bando politico prima delle grandi esclusioni
La giustizia dell’esclusione alla fine del Duecento
Gli argomenti dei giuristi nel periodo delle grandi esclusioni
Il giudice e i sapientes: Alberto Gandino a Bologna
Conclusioni

L’accusatoire et l’infrajudiciaire
La « formule mixte » à Raguse (Dubrovnik) au Moyen Âge
Nella Lonza
Les institutions judiciaires à Dubrovnik au Moyen Âge
Les sources
L’intensification de l’activité judiciaire (fin xiiie siècle-fin xve siècle)
L’expansion de l’accusatoire
La formule « mixte »
Les valeurs sociales et politiques prêtées au compromis

V. Rituels judiciaires et espaces urbains

Hinrichtung in spätmittelalterlichen Städten


Öffentlichkeit, Ritual, Kritik
Uwe Israel
Einleitung
Praxis im Spätmittelalter
Kritik eines Seelsorgers
Hinrichtung oder politischer Mord?
Schluß

Le rituel de la peine capitale dans les villes allemandes à la fin du Moyen Âge
Ruptures et continuités
Peter Schuster
Les rituels d’exécution : une coutume médiévale ?
Quelques aspects du changement au début de l’époque moderne
Aspects religieux des rituels d’exécution médiévaux
Repentir et confession au xvie siècle
Conclusions

Conclusions
Claude Gauvard et Jacques Chiffoleau

Index
Résumés des contributions
Introduzione
Andrea Zorzi

1 Questo volume raccoglie gli atti del convegno internazionale


dedicato a Pratiques sociales et politiques judiciaires dans les villes de
l’Occident à la fin du Moyen Âge, che si è tenuto ad Avignon dal 29
novembre al 1 dicembre 2001. L’incontro ha concluso un progetto di
ricerca che ha preso origine nell’ambito della convenzione
scientifica che lega l’École française de Rome e il Dipartimento di
studi storici e geografici dell’Università di Firenze, e che ha poi
raccolto l’adesione dell’Institut universitaire de France e del
Laboratoire d’histoire «Territoires, pouvoirs, identités»
dell’Université d’Avignon et des Pays de Vaucluse. Le giornate di
studio avignonesi hanno fatto seguito a un primo seminario tenutosi
a Roma il 28-29 maggio 1999, e a una serie di incontri preparatori cui
ha partecipato un gruppo di studiosi che ha contribuito a mettere a
fuoco la proposta iniziale, che era quella di avviare un primo bilancio
delle ricerche in corso sulla giustizia nelle città europee tardo
medievali e di promuoverne un confronto alla luce delle prospettive
interpretative più recenti.
2 Il progetto muoveva da una serie di constatazioni di ordine
storiografico. In primo luogo, appare un dato oggettivo che il settore
degli studi di storia della giustizia e della criminalità abbia acquisito
ormai uno spazio riconosciuto nelle principali storiografie e a livello
internazionale, tanto che dal 1978 è attiva un’International
association for the history of crime and criminal justice che
organizza convegni annuali tra i sempre più numerosi studiosi che si
dedicano al tema, e che dal 1997 pubblica una rivista specializzata,
«Crime, histoire & sociétés», che si propone di offrire
un’informazione sistematica sulle ricerche, le pubblicazioni e gli
incontri che si sono venuti moltiplicando negli ultimi anni 1 ; e che
sessioni generali e tematiche sono state dedicate agli stessi temi dai
principali congressi internazionali di scienze storiche (Montreal
1995, Amsterdam 1998, Oslo 2000, etc.).
3 Negli anni gli studi di storia giudiziaria hanno seguito un’evoluzione
molto chiara negli oggetti, negli interessi e nei metodi 2 . Molto
semplificando (e sacrificando la specificità di taluni studi e delle
diverse storiografie nazionali) si può osservare come dagli iniziali
interessi per un trattamento quantitativo degli atti giudiziari che
puntava ad analisi statistiche della criminalità e delle pene, si è poi
pas-sati a una più attenta valutazione degli apparati repressivi e a
ricerche intese a illustrare il funzionamento delle istituzioni
giudiziarie; l’interesse per il crimine è contemporaneamente evoluto
in analisi di ordine qualitativo e spesso narratologico; l’attenzione
per le forme repressive ha puntato a indagare i meccanismi e i
condizionamenti delle politiche giudiziarie; una feconda apertura
alle influenze categoriali delle discipline giuridiche e sociali ha
infine consentito la precisazione del pluralismo dei sistemi giudiziari
e giuridici, e l’approfondimento, negli ultimi anni, di aspetti meno
battuti come i conflitti, le pratiche infragiudiziarie, i meccanismi
processuali.
4 A questo fervore di studi e di iniziative, gli studi medievistici hanno
contribuito solo negli ultimi anni con iniziative scientifiche di ampio
respiro e di dimensione internazionale: le settimane di studi
consacrate alla giustizia nell’alto medioevo (tra i secoli v e xi) dal
Centro italiano di studi sull’alto medioevo di Spoleto nel 1994 e 1996;
il convegno dedicato a la città e il diritto nel medioevo organizzato a
Göttingen nel 1999 dalla Mission historique française en Allemagne e
dal Max-Planck-Institut für Geschichte; il seminario sulle pratiche
giudiziarie e i linguaggi giuridici in Germania e in Italia tra tardo
medioevo ed età moderna tenutosi a Trento, sempre nel 1999, per
iniziativa dell’Istituto storico italo-germanico in Trento, del
Dipartimento di studi storici e geografici dell’Università degli Studi
di Firenze e dalla Fakultät Geschichte dell’Universität Bielefeld; il
XXXI congresso della Société des historiens médiévistes de
l’enseignement supérieur public dedicato nel 2000 alla regolazione
dei conflitti nel medioevo 3 . Con un’ulteriore, forte, accelerazione
delle iniziative negli ultimissimi tempi 4 .
5 Per quanto riguarda, più specificamente, gli studi dedicati al tardo
medioevo, si può osservare come nelle principali storiografie
l’interesse per i vari aspetti della storia della giustizia si sia
sviluppato crescentemente negli ultimi vent’anni. Si contano ormai
un cospicuo numero di monografie, articoli e saggi, e molte sono le
ricerche attualmente in corso. Per richiamare la ricchezza e la
varietà dei te-mi e dei metodi intrapresi, mi limiterò a ricordare i
contributi degli specialisti cui si deve il rinnovamento della ricerca
in questo dominio, al quale hanno contribuito, con studi
fondamentali, anche alcuni storici del diritto.
6 Mi riferisco, per l’area francese, innanzitutto ai molti studi di Claude
Gauvard sui crimini, la società e la giustizia nel regno di Francia nei
secoli xiv e xv 5 ; a quelli di Jacques Chiffoleau sulla delinquenza e
sull’affermazione dei tribunali pontifici ad Avignon nel secolo xiv e
sulle procedure processuali 6 ; di Leah Otis-Cour sulla prostituzione
e la repressione criminale nel Midi 7 ; di Nicole Gonthier sulla
violenza e la repressione penale a Lyon e nelle città francesi dal
secolo xiii al xvi 8 ; di Daniel Smail sulle pratiche di giustizia a
Marseille tra secolo xiii e xv 9 ; di Esther Cohen sulle funzioni sociali
e culturali del diritto, delle procedure e dei rituali nella Francia del
tardo medioevo 10 ; di Robert Muchembled sulla violenza dei
supplizi ma anche nei villaggi rurali dal secolo xv in avanti 11 ; e alla
raccolta di studi dedicati alle istituzioni giudiziarie in area
borgognona tra la fine del medioevo e la prima età moderna 12 .
7 Per l’area tedesca, si pensi alle molte ricerche di Gerd Schwerhoff
sulla criminalità a Köln e sulla storia della giustizia criminale 13 , e a
quelle da lui coordinate, insieme con altri studiosi, sugli stessi temi
14 ; di Peter Schuster sulla giustizia criminale e i rituali di pace e

penali a Konstanz 15 ; di Andreas Blauert sugli esordi della caccia


alle streghe nella Germania sudoccidentale del secolo xv e sulle faide
nobiliari tra tardomedioevo e prima età moderna 16 ; di Gadi Algazi
sulle pratiche e la cultura del conflitto violento tardomedievale 17 ;
di Werner Buchholz sul disciplinamento sociale a Nürnberg 18 ; a
una recente raccolta di studi sulla giustizia penale nella prima età
moderna curata da Harriet Rudolph e Helga Schnabel-Schüle 19 ;
senza dimenticare i contributi degli storici del diritto penale 20 , tra
i quali i recenti studi di Barbara Frenz sulla pace e le procedure
penali nelle città tedesche dei secoli xii-xiv 21 , e l’indagine sulla
rappresentazione dell’ordine patrizio a Frankfurt nel secolo xv
condotta da Pierre Monnet 22 . Per le città svizzere, agli studi di
Susanna Burghartz sulla delinquenza a Zürich nel secolo xiv 23 ; di
Katharina Simon-Muscheid su Basel tra secolo xv e xvi 24 ; e di
Patrick Gyger sulla criminalità e la giustizia a Fribourg alla fine del
secolo xv 25 .
8 Per l’Italia – terreno di molte indagini recenti su questi temi 26 –
sono almeno da ricordare gli studi di Antonio Padoa Schioppa e di
Chris Wickham sulla giustizia nella prima età comunale 27 , di Jean-
Claude Maire Vigueur sulla giustizia dei regimi podestarili e di
«popolo» 28 , di Massimo Vallerani sul sistema giudiziario comunale
duecentesco e in particolare sui processi a Perugia e Bologna 29 , di
Mario Sbriccoli sul diritto e la giustizia penale tra secolo xiii e xiv 30 ,
di Andrea Zorzi sulle pratiche sociali del conflitto e i sistemi
giudiziari in età comunale e signorile 31 , le ricerche che Gherardo
Ortalli ha dedicato a pratiche giudiziarie come la pittura infamante e
il disciplinamento del gioco 32 , quelle sulla violenza e il
disciplinamento dei costumi nella società veneziana dei secoli xiv-xv
di Guido Ruggero e di Élisabeth Crouzet-Pavan 33 , e quelle sulle
esperienze giudiziarie negli stati signorili del Rinascimento e della
prima età moderna condotte, sul ducato di Milano da Franca
Leverotti 34 , sulla repubblica di Venezia da Gaetano Cozzi e la sua
scuola 35 , sul principato vescovile di Trento da Marco Bellabarba
36 . Di rilievo sono anche molti studi condotti da storici del diritto –

con un’attenzione costante alla storia sociale dei conflitti e alle


pratiche giudiziarie – sul ruolo dei giuristi, sulle procedure
giudiziarie, sugli ordinamenti giuridici, sul pensiero politico 37 .
Pratiche come il bando, penale e di esclusione politica, in età
comunale 38 , e i rituali di giustizia dal secolo xiv in avanti hanno
ricevuto, infine, un’attenzione particolare 39 .
9 Per le Fiandre e i Paesi Bassi, si contano, relativamente alle prime, le
ricerche di Marc Boone su vari aspetti sociali, giudiziari e normativi
nei secoli xiv-xvi 40 , relativamente ai secondi, uno studio di Jean-
Marie Cauchies e Hugo de Schepper sulla normativa e la giustizia tra
medioevo e prima età moderna 41 , e le monografice dedicate alla
giustizia criminale a Gand nel secolo xiv da David Nicholas 42 ; alla
criminalità a Utrecht tra secolo xiv e xv da Dirk Berents 43 ;
all’emersione della giustizia penale a Nivelles tra secolo xv e xvii da
Xavier Rousseaux 44 ; al diritto penale ad Amsterdam tra secolo xv e
xvi da Johannes Boomgaard 45 ; alla criminalità a Bruxelles dal

secolo xv al xviii da Fernand Vanhemelryck 46 .


10 Per l’Inghilterra, dopo gli studi iniziali sulla criminalità, il controllo
sociale e l’ordine pubblico nelle comunità locali dei secoli xiii e xiv di
John Bellamy 47 , James Given 48 , e Barbara Hanawalt 49 , le
ricerche hanno insistito anche in tempi recenti sugli stessi temi 50 ,
con gli studi di Robert Palmer sulle dispute nelle corti di contea tra
secolo xii e xiv 51 , di Anthony Musson sull’amministrazione locale
della giustizia criminale tra secolo xiii e xiv 52 , di Edward Powell
sulla giustizia criminale durante il regno di Enrico V (1413-1422) 53 ,
di Philippa Maddern sulla violenza e l’ordine sociale nell’East Anglia
nei decenni successivi 54 , e di Richard Kaeuper sulla violenza e
l’ordine pubblico durante la guerra dei Cent’anni e sulla violenza
cavalleresca più in generale 55 .
11 Anche le regioni spagnole cominciano a essere oggetto di studi
dedicati alla criminalità e alla giustizia 56 , benché ancora
scarseggino le monografie, a parte un paio di volumi dedicati alla
giustizia criminale a Valencia da Rafael Narbona Vizcaino e Pablo
Pérez García 57 : una serie di articoli sono stati dedicati negli ultimi
anni ad aspetti della criminalità, dell’ordine pubblico e della giustizia
a Zaragoza, Malaga, Valencia e Barcelona 58 e nelle città andaluse e
castigliane tra secolo xii e xvi 59 , così come si conta qualche
contributo sulle pratiche giudiziarie nella Cataluña dei secoli
centrali e nell’Aragón tra medioevo e prima età moderna 60 .
12 Per altre aree ancora si possono annoverare lo studio di Eva
Österberg e Dag Lindström sulla criminalità e il controllo sociale a
Stoccolma e in altri centri urbani tra medioevo e prima età moderna
61 , quello di Hanna Zaremska sui banniti in Polonia e Boemia tra

secolo xiv e xv 62 , e le ricerche di Martin Schüssler sulla criminalità


e la sua repressione nelle città orientali dell’Impero (Krakow,
Olmütz) tra secolo xiii e xvi 63 .
13 Sul piano più generale, se, da un lato, disponiamo dei ricchi bilanci
che sulle ricerche sulla giustizia in Europa tra basso medioevo e
antico regime ha tracciato Xavier Rousseaux secondo un nitido
impianto interpretativo che ne ha filtrato l’evoluzione negli anni 64
, dall’altro, le sintesi che sono state tentate appaiono invece ancora
abbastanza esili, soprattutto nella messa a fuoco della specificità
delle giustizie urbane 65 . Più utili si rivelano semmai, per la varietà
dei temi e degli approcci, alcune recenti raccolte su questioni
generali e particolari 66 .
14 Anche a una rapida ricognizione, sembra emergere comunque il dato
di fondo che – per un evidente condizionamento derivante dalla
struttura della documentazione – l’insieme di questi studi ha
privilegiato le pratiche giudiziarie che originarono dal processo di
formazione e consolidamento di poteri pubblici (regni, principati
territoriali, città) 67 .

***

15 Il nostro progetto si è allora proposto di avviare un primo bilancio di


questi studi filtrandolo attraverso una griglia tematica aperta ai
metodi di ricerca e alle prospettive interpretative più recenti.
Soprattutto, esso muoveva dalla constatazione di come fosse finora
mancata un’occasione di confronto scientifico a livello
internazionale tra gli studiosi che si occupano delle pratiche di
giustizia nelle città europee del tardo medioevo 68 . Da qui l’intento
di cominciare a proporre uno spazio di discussione, promuovendo un
convegno che indagasse le pratiche sociali e le politiche giudiziarie
in alcune città dell’Occidente europeo del tardo medioevo.
16 Nel corso degli incontri preparatori, il progetto scientifico è venuto
precisandosi intorno a due assi di indagine e a una serie
delimitazioni. Quanto ai primi, da un lato, si è voluta concentrare
l’attenzione sulla specificità urbana delle pratiche giudiziarie,
tenendo in considerazione la loro eventuale proiezione sul territorio
rurale; dall’altro, si è puntato ad assumere tra gli elementi del
questionario comune anche un possibile rinnovamento delle
categorie interpretative. Varie invece, ovviamente, le delimitazioni
del campo di riflessione.
17 In primo luogo si è attuata una delimitazione di ordine geografico,
concentrando l’attenzione sulle città della fascia europea centrale –
dall’Italia centrosettentrionale alla Germania renana, dal Midi alla
Francia orientale, alle Fiandre – omogenee, come è noto 69 , più che
in altre aree, per l’articolazione sociale mista, e talora complessa, e
per il grado avanzato di esperienze di autonomia politica. La
delimitazione geografica ha escluso consapevolmente le aree inglesi,
iberiche e scandinave e dell’Europa orientale (un contributo è stato
invece riservato all’adriatica Ragusa), ma lascia ovviamente aperti
ulteriori possibili sviluppi del confronto avviato nell’ambito del
nostro progetto, che potranno utilmente condurre in futuro ad
allargare la comparazione ad altre esperienze urbane, a cominciare
da quelle inglesi e soprattutto iberiche, per le quali l’iniziale ritardo
di interesse storiografico sembra colmarsi, come abbiamo visto,
proprio in questi ultimissimi anni.
18 Un’ulteriore delimitazione è stata poi definita per quanto attiene alla
cronologia, che segue le diverse le fasi politiche in cui le città prese
in considerazione sperimentarono gradi diversi di autonomia
politica. Iustitia est anima civitatis è la nota definizione formulata
all’inizio del secolo xiv dal giurista italiano Alberico da Rosciate: essa
esprime meglio di ogni altra lo stretto legame che collegò l’esercizio
della giustizia ai regimi urbani di autonomia. L’arco cronologico è
dunque necessariamente ampio, dal secolo xii al xv, con una
gravitazione della maggior parte dei contributi qui raccolti sul Due e
sul Trecento. Al suo interno si collocano sia le differenti cronologie
di affermazione dell’autonomia politica nelle diverse aree sia i
diversi panorami della documentazione, di più precoce formazione e
di maggiore o minore variegatezza in alcune rispetto ad altre.
19 Non si è pertanto puntato a condurre comparazioni sincroniche ma a
mettere a confronto alcuni meccanismi sociali e politici della
giustizia in ambiti urbani che sperimentarono forme di autonomia
politica. L’intento è stato quello di individuare piuttosto gli elementi
comuni e le differenze locali tra le diverse esperienze sociali e
politiche messe a confronto, puntando semmai a evidenziare snodi
cronologici di deciso mutamento. Per citarne solo alcuni tra i più
evidenti, il secolo xii, per esempio, sembra aver rappresentato nelle
città del Midi francese e in quelle italiane il momento di decisiva
affermazione dell’autonomia politica e dei poteri giudiziari affidati ai
consoli; i decenni a cavallo tra il secolo xiii e il xiv furono invece, nei
comuni italiani e nelle città fiamminghe, una fase di profondo
ricambio e selezione dei ceti dirigenti, che fece leva, e si legittimò,
proprio sulle risorse giudiziarie, dai meccanismi di esclusione
politica a nuove procedure di scrittura e registrazione documentaria;
alla metà del secolo xiv si collocarono inoltre, sia nelle città tedesche
sia in quelle italiane, la stabilizzazione e la formalizzazione dei
rituali giudiziari di condanna a morte; mentre nel secolo xv
sembrano essersi consolidate in più di un’area le definizioni cetuali e
professionali degli ufficiali giudiziari e degli uomini di legge. Ma il
let-tore potrà individuarne altri ancora in funzione anche dei propri
interessi di ricerca.
20 Nessuna delimitazione è stata invece tracciata in relazione alla
natura delle pratiche infragiudiziarie e delle politiche giudiziarie,
nella convinzione che esse non appartengano a sfere alternative o
contrapposte, bensì a un unico sistema pluralistico di esercizio della
giustizia. Semmai si è consapevolmente superato l’approccio allo
studio della criminalità e della repressione criminale (dei reati e
delle pene corrispondenti, vale a dire), per puntare ad analizzare le
pratiche sociali soggette o meno al processo di criminalizzazione,
quale esito dell’interazione tra le forme extragiudiziarie di
conduzione e risoluzione dei conflitti e le pratiche giudiziarie tese a
ricomprendere nelle figure penalistiche comportamenti sociali
precedentemente ad esse estranei. Questo taglio si è intrecciato con
l’indagine delle politiche giudiziarie. Anche in questo caso, non ci si
è limitati a illustrare il quadro locale delle istituzioni giudiziarie
(magistrature giudicanti, organi di repressione, etc.), bensì ci si è
volti a evidenziare l’estensione del pluralismo di sistemi giudiziari
(processuali, repressivi e infragiudiziari) attivi nei vari contesti
urbani, e ad analizzare le conseguenze delle politiche giudiziarie
elaborate dai gruppi politici in lotta per il potere, il loro uso delle
risorse giudiziarie, il ruolo degli uomini di legge nei sistemi politici,
etc.
21 In larga misura l’analisi è venuta così concentrandosi su conflitti
risolti in processi e procedure di tipo criminale, ma si è cercato di
comprendere, là dove documentato, e soprattutto studiato, anche
l’ampio, e per molti aspetti ancora inesplorato, terreno della
giustizia civile. Un’attenzione specifica è stata posta, infatti,
prioritariamente, alla struttura e alla qualità della documentazione
per la storia della giustizia urbana, puntando a evidenziarne, da un
lato, i processi di produzione e l’uso sociale, e, dall’altro, le diverse
tipologie (documentazione «privata», notarile, ecclesiastica,
corporativa o pubblica; creazione di serie documentarie quale esito
dell’affermazione di poteri e apparati giudiziari pubblici;
rappresentazioni culturali delle fonti narrative e testuali, etc.).

***

22 Lo scopo dell’iniziativa non è consistito, infatti, nel redigere un


inventario dei molti temi possibili per la storia della giustizia nel
quadro spaziale e temporale delle città dell’Occidente tardo
medievale. Si è invece puntato a selezionare un nucleo ben definito
di questioni. Il convegno – e conseguentemente gli atti – si sono
pertanto articolati in cinque sessioni tematiche 70 .
23 Nella prima – dedicata a La documentation et la transformation des
cadres institutionnels –, l’intenzione è stata quella di fornire un primo
quadro della fisionomia e della evoluzione della documentazione per
la storia della giustizia urbana nelle diverse aree europee (gli enti
che la produssero, le tipologie degli atti, i modi di trasmissione e di
conservazione, etc.), e – al contempo – di collegarlo alla
trasformazione delle istituzioni (magistrature, uffici, tribunali, etc.)
e dei sistemi giudiziari e infragiudiziari.
24 Claude Gauvard, che nell’ambito del convegno di Avignon aveva
introdotto e coordinato la discussione dei contributi della sessione,
propone negli atti un testo presentato nel rammentato incontro di
Göttingen del 1999 su la città e il diritto. La soluzione è felice perché
offre una ricca ricognizione delle fonti del diritto urbano nelle città
settentrionali del regno di Francia tra il secolo xii e il xvi – da
Strasbourg a Laon, da Reims a Troyes – che appare disomogeneo,
nonostante il progresso del diritto romano dal secolo xii, i tentativi di
uniformazione avviati sin da quel secolo, e poi soprattutto da Luigi ix
nella seconda metà del successivo attraverso le ordinanze regie e la
presenza stabile di prevosti, e la stessa evoluzione in una
consuetudine provinciale. La forza del diritto delle città si fondava
sulle chartes de franchises, e si sviluppò poi in una varietà di forme
documentarie, soprattutto cartulari e registri che conobbero dal
secolo xiv una spettacolare diffusione. Le pratiche giudiziarie, a loro
vol-ta, si articolarono in una pluralità di modi di risoluzione dei
conflitti, e le procedure giudiziarie (accusatoria e inquisitoria) non
solo non si rispecchiarono nella normativa urbana, ma soprattutto,
nella varietà dei tempi e dei luoghi, si differenziarono fortemente
dallo stile del Parlamento.
25 Specularmente, Bernadette Auzary-Schmaltz e Jean Hilaire,
prendendo in considerazione gli archivi del Parlamento di Paris,
mettono in evidenza il processo di autonomia che le città, e
soprattutto le più piccole comunità di abitanti, perseguirono
attraverso la rivendicazione del diritto di giudicare e la sua
emancipazione dalla frammentazione delle giurisdizioni signorili e
dalla ubiquità della giustizia regia. Concentrandosi in particolare sui
primi quattro registri degli archivi del Parlamento, i cosiddetti Olim
(1254-1318), e sui registri civili del Trecento, si coglie la riemersione
del diritto romano, l’iniziale indistinzione, nelle giustizie municipali,
tra competenze civili e competenze penali, e, soprattutto, il ruolo
essenzialmente arbitrale che il Parlamento si trovò a svolgere in
questioni di natura patrimoniale che, sul lungo periodo, appoggiò
favorendo lo sviluppo delle giustizie, e perciò delle autonomie,
urbane a spese dei signori laici ed ecclesiastici.
26 Volgendosi alle città del Midi francese, Leah Otis-Cour ne effet-tua
una ricognizione della documentazione disponibile per la storia della
giustizia penale. Emerge un quadro per certi aspetti comune a molte
altre realtà urbane europee: l’abbondanza delle fonti normative e la
relativa penuria degli atti della pratica giudiziaria. Tra le prime sono
numerosissime (oltre 800 testi per le varie città) le «coutumes», che
raccolgono in libri le norme, risalenti al secolo xii ma soprattutto
relative al xiii e al xiv, che regolano la vita urbana; a esse si affiancano
non solo le ordinanze regie ma anche crescentemente, dal secolo xiv,
le disposizioni correnti che integrano i corpi statutari precedenti.
Quanto alla documentazione giudiziaria, la situazione delle città del
Meridione francese – da città di rilievo come Avignon a centri minori
come Pamiers o Castelnaudary – appare invece incomparabile con la
ricchezza degli archivi giudiziari superstiti per le città italiane o
altre come Utrecht o Zurigo: la sopravvivenza di registri è sporadica
e i pochi testimoni sono stati perlopiù editati e fatti oggetto di
studio. Anche per quest’area si deve ricorrere alla documentazione
del Parlamento di Paris (e poi, dal 1444, di Toulouse) e alle «lettres
de rémission» regie. Soprattutto, si rivelano utili fonti di altra natura
– atti notarili, fiscali, signorili, etc. – che, al pari degli atti della
giustizia penale pubblica, non danno quasi mai voce alle forme della
giustizia privata.
27 Tutto centrato sulle fonti della pratica, il discorso di Walter
Prevenier per le città delle Fiandre evidenzia in primo luogo come la
documentazione giudiziaria sia l’esito, sul lungo periodo tra secolo
xii al xv, dello sviluppo, anche culturale, della burocrazia locale,

dell’affermazione economica delle città e dei mutamenti nel sistema


politico. Fu in particolare il passaggio da regimi urbani dominati dal
patriziato delle origini a governi aperti alla partecipazione di nuovi
gruppi sociali (nuovi ricchi, artigiani, etc.) – che si attuò un po’ in
tutte le città, da Gand a Bruges, da Ypres ad Arras, tra gli ultimi
decenni del Duecento e i primi anni del Trecento, col consenso e il
sostegno dei conti di Fiandra – a determinare un profondo
mutamento nei modi di registrazione delle pratiche governo e
giudiziarie, conferendo maggiore trasparenza e continuità di
documentazione: dagli abusi dei giudici urbani si passò a un’attività
scabinale soggetta al controllo pubblico, con competenze meglio
distribuite, e vincolata alla scrittura e alla conservazione di registri.
Peraltro, questa documentazione deve essere integrata con quella
prodotta dai tribunali non urbani, in primo luogo dalla giurisdizione
del conte e da quella dei vescovi, ricca di registri giudiziari e notarili,
che testimoniano l’interazione tra i vari sistemi giudiziari.
28 Proprio all’interazione dei sistemi giudiziari è dedicata infine
l’analisi del caso di Firenze in età comunale condotta da Andrea
Zorzi. Gli archivi giudiziari fiorentini sono tra i più ricchi dell’Europa
tardo medievale ma i registri anteriori al 1343 sono andati
completamente perduti. Nondimeno, il ricorso ad altre tipologie
documenta-rie rende possibile la ricostruzione dei modi diversi in
cui era esercitata la giustizia nel Duecento e nella prima metà del
Trecento. Per questa via, la stessa attività dei tribunali viene
dimensionata al centro di un sistema che non si risolveva nella sola
realtà processuale, ma che con essa interagiva a vari livelli. Ecco
allora, per esempio, come l’analisi dei libri di memorie familiari
disveli le strategie di conduzione dei conflitti, tra pratiche di faida e
ricorso ai tribunali; come gli atti notarili evidenzino quanto le paci
tra privati costituissero momenti di forte rilievo pubblico, anche
giuridicamente vincolanti, e fossero oggetto di ricorrenti iniziative
delle istituzioni; come le stesse fonti normative mostrino come la
vendetta fosse pienamente legittimata quale relazione sociale di tipo
ordinario non solo a livello sociale e culturale, ma anche sul piano
giuridico. La mancanza degli atti giudiziari si rivela con l’essere, cioè,
una positiva condizione per non sovrastimare l’importanza della fase
processuale della giustizia e per cogliere, insieme con le pratiche
infragiudiziarie che con essa interagivano, la natura aperta, flessibile
e pluralistica del sistema giudiziario comunale.
29 La seconda sessione – dedicata a Le personnel de justice – ha invece
puntato a evidenziare non solo il ruolo e il profilo sociale dei giuristi
ma anche quello di altre figure meno studiate come i giudici e i
pacificatori, cogliendoli nel vivo delle pratiche giudiziarie e dei
quadri giuridici di riferimento.
30 La presenza di figure designate con un titolo che rimanda a
competenze giuridiche – definite nelle fonti come iudices, sapientes
iuris, iurisperiti o doctores legum – fin dalle origini dei comuni è un
noto elemento connotativo dell’autonomia politica delle città
italiane, ed è stata a lungo inquadrata nei modi di una funzione
«consultiva» dei governi da parte dei giuristi. Sara Menzinger si
propone invece di cogliere la più ampia funzione che essi svolsero,
sia sul piano giudiziario sia nel più generale funzionamento del
sistema comunale, concentrandosi in particolare sugli anni
quaranta-sessanta del Duecento a Siena, sessanta-ottanta a Perugia e
settanta-ottanta a Bologna, quando, in modi diversi vennero
affermandosi in queste città nuovi regimi a guida «popolare».
Affiancando alla documentazione normativa e giudiziaria, l’esame
delle delibere dei consigli del comune appare così possibile ridefinire
la posizione politica dei giuristi e la funzione attribuita al diritto,
analizzando la dignitas, ossia lo status, e la funzione di consulenza,
ma anche politica, dei primi, e l’ideologia, cioè la funzione che alla
cultura giuridica era riconosciuta nei diversi contesti. In un periodo
di forti conflitti, i giuristi seppero comunque svolgere un ruolo
protagonista nella sperimentazione di soluzioni politiche e
istituzionali, pur stretti tra la loro condizione sociale aristocratica e
le funzioni svolte nei governi di «popolo».
31 A sua volta Eberhard Isenmann offre un’ampia e dettagliata
ricognizione delle funzioni e dell’attività dei giuristi dotti nelle città
tedesche del tardo medioevo. Sin dal secolo xii le città dell’impero
romano-germanico si avvalsero di giuristi formati nelle università e
diplomati in diritto romano e diritto canonico, che svilupparono
nuove funzioni di élite che, come nel caso italiano, andarono dalle
iniziali occasioni di consulenza a un sempre più stabile servizio
pubblico. La necessità costante di pareri giuridici e l’impiego
continuo di personale giuridicamente preparato fu un elemento
determinante nel processo di acquisizione di autonomia da parte
delle città: della loro capacità di azione politica, cioè, come anche di
organizzare l’attività delle cancellerie e delle corti di tribunale.
32 Jean-Luc Bonnaud sposta invece l’attenzione sui giudici locali del
conte di Provenza durante i regni del re Roberto i il Saggio (1309-
1343) e della regina Jeanne (1343-1382). A lungo gli studi han-no
interpretato i disordini politici che segnarono l’arrivo al potere di
quest’ultima tra le cause che avrebbero fatto cadere la contea nella
decadenza amministrativa. Al contrario un’analisi prosopografica
degli ufficiali locali, e in particolare dei giudici, rimette in causa tale
tesi: questo periodo appare caratterizzato semmai dalla tenuta
dell’apparato amministrativo, dalla standardizzazione delle pratiche,
da una crescita qualitativa del personale. Ciò si dovette alla presenza
sempre più ampia di uomini di legge, dapprima notai e nella seconda
metà del secolo xiv anche giuristi, provenienti dalla Catalogna,
dall’Italia e dalla Francia, che arricchirono le pratiche
amministrative con i propri metodi, tecniche e saperi. In altri
termini, gli uomini di legge e la giustizia giocarono un ruolo centrale
non solo nell’apparato amministrativo ma anche nell’inquadramento
della società, a cominciare dalle città dove essi operarono come
autorevoli rappresentanti della sovranità del conte.
33 Un’ulteriore figura di personale di giustizia, quella dei consoli delle
città della Francia meridionale, è presa in considerazione da Jean-
Marie Carbasse, che evidenzia il processo di acculturazione delle
élites urbane tra il secolo xii e il xiv. In tempi diversi a seconda delle
singole vicende regionali i notabili delle città si convertirono infatti
al diritto. Dalla fine del secolo xii le giustizie urbane si aprirono cioè
ai progressi della scienza giuridica, e in primo luogo al diritto
romano, perdendo le caratteristiche, non «sapienziali» delle origini.
In larga misura questo processo corrispose all’integrazione del
regime consolare in strutture politiche territoriali più vaste, la
contea di Provenza e il regno di Francia in primo luogo. E ciò
avvenne sia dove i consoli mantennero fino all’inizio del secolo xiii la
piena competenza giudiziaria (il merum imperium) – come ad Arles in
Provenza –, sia dove essi dovettero agire dopo la metà del secolo xiii
sotto il controllo dell’autorità signorile o regia – come a Toulouse in
Languedoc –, sia dove il collegio consolare, pur associato
all’istruzione degli affari criminali fu comunque escluso dalla fase
decisionale – come nei centri fortificati fondati da Alfonso di Poitiers
–, sia infine dove al posto dei consoli le élites urbane operavano
attraverso dei buoni uomini («prud’hommes») convocati dagli ufficiali
di giustizia – come a Narbonne le corti signorili o ad Albi quella del
vescovo – per partecipare alla raccolta delle informazioni e agli
interrogatori.
34 Come nella sessione precedente, anche in questa un contributo si
concentra su un caso specifico, suscettibile di esemplarità. Si tratta
della Haute Cour della piccola città di Namur, incorporata dal 1429 in
via definitiva nel ducato di Bourgogne e qui presa in esame da
Isabelle Paquay per i secoli xiv e xv. La Haute Cour, composta dal
sindaco e da sei scabini, nominati dal conte di Namur e poi dal duca,
rendeva giustizia a nome dei signori ma finì col rappresentare anche
l’organo principale di governo della città, con competenze molto
estese in un’ampia sfera di materie politiche, giudiziarie, fiscali e
amministrative. Come altre corti di giustizia e organi amministrativi
essa fu terreno di competizione e oggetto di pratiche sociali come
l’endogamia e l’ereditarietà delle funzioni che puntavano a
mantenerne il controllo nelle mani di un gruppo ristretto di
famiglie. Nonostante i tentativi di riforma attuati dai signori nel
1411 e nel 1464, e a causa anche della esiguità della popolazione
urbana e della sua ristretta élite sociale, il principe dovette assistere
alla trasformazione in un ceto scabinale di un gruppo di famiglie
capaci di mantenersi al più alto livello del potere urbano grazie ad
attente strategie familiari e matrimoniali.
35 La terza sessione – dedicata a Pratiques conflictuelles et procédures
judiciaires – si è concentrata, invece, sul nesso tra conflitti e processi,
nella convinzione che le procedure giudiziarie interagissero con le
strategie individuali e di gruppo di conduzione dei conflitti: il filo è
allora quello dell’istituzionalizzazione di tali pratiche, nei processi di
criminalizzazione ma non solo, e nella varietà delle procedure.
36 Mario Sbriccoli, che nell’ambito del convegno di Avignon aveva
introdotto e coordinato la discussione dei contributi della sessione,
propone negli atti, in traduzione in francese, un testo pubblicato nel
1998 sull’emersione del diritto penale nelle città italiane dei secoli
xiii e xiv, apportando un significativa integrazione rispetto al titolo

originale. Lo slittamento mira a porre l’attenzione sulla duplice


natura con cui venne affermandosi la giustizia pubblica: negoziale ed
egemonica. Si tratta di una riflessione che l’autore ha poi
approfondito in contributi successivi 71 , e che è qui impostata
intorno alla analisi di alcuni testi della pratica giudiziaria e della
riflessione giuridica. L’indicazione feconda sta nell’invito a non
ritenere che il processo di pubblicizzazione dell’azione penale si
risolva nell’avvento progressivo del modello processuale inquisitorio
e che questo sia chiaramente distinguibile da quello accusatorio,
quando la pratica li mostra semmai intrecciati nell’effettivo
svolgimento del processo. La discontinuità fu data invece dalle
«necessità della pratica», vale a dire dalla messa in campo da parte
dei governi comunali italiani del secondo Duecento di prassi che
offrirono al giudice strumenti e poteri nuovi. Prassi che giuristi
come Alberto da Gandino, un giudice autore del primo Tractatus de
maleficiis, pur riconoscendone la contrarietà allo ius civile, finirono
con legittimare per interpretationem e con convalidare per la loro
effettività, in quanto consuetudines affermate, e conferendo loro
criteri di interesse pubblico nell’imposizione della pena (Quia publica
utilitas hoc requirit, publice utile est ne maleficia remaneant impunita,
etc.).
37 Daniel Lord Smail ha posto invece l’attenzione sulla ricca
documentazione giudiziaria conservatasi a Marsiglia per il periodo
che va dall’inizio del Trecento al 1423: circa 250 registri di cause
portate davanti alle tre corti civili urbane di prima istanza, che
comprendono circa 3.000 dispute. Il suo approccio è teso a confutare
l’interpretazione, cara in particolare agli storici del diritto, secondo
la quale la procedura romano-canonica avrebbe elaborato, e poi
sedimentato nei trattati sugli ordini giudiziali (l’Ordo iudiciarius di
Tancredi, lo Speculum iudiciale di Guillaume Durand, etc.), una scienza
sofisticata dei fatti e delle prove. Dallo spoglio di 849 cause condotte
dalle corti civili tra il 1323 e il 1416 emerge invece l’importanza
marginale delle prove: solo 212 cause (pari al 25 %) giunsero alla fase
delle prove, e solo 136 (il 16 %) compresero le deposizioni
testimoniali. Inoltre, l’analisi delle testimonianze mostra come, in
esse, i fatti (come l’esistenza dei debiti, dei contratti, delle
obbligazioni) avessero assai minore importanza rispetto a elementi
come la condizione sociale del testimone o la publica fama, e come il
giudice basasse piuttosto la sua decisione sulle eccezioni poste dalla
parti in conflitto. In altri termini, il diritto procedurale disegnato dai
giuristi si rivela fluido, mutevole e aperto agli interessi e alle
strategie di chi ricorreva alle corti di giustizia.
38 Massimo Vallerani ci offre infine una proposta di visione organica
del «sistema» giudiziario nelle città italiane tra secolo xii e xiv,
centrato sulla procedura come sua trama applicativa, attraverso una
ampia ricognizione delle fonti e degli studi condotti sul tema negli
ultimi anni. Presupposto è il rifiuto della visione evoluzionistica e
statalistica, sottesa in molti di essi, che scandisce il mutamento delle
procedure sul lungo periodo secondo fasi di affermazione di una
giustizia a grado pubblico sempre maggiore (per esempio, nel
passaggio dall’accusatorio all’inquisitorio, dall’extragiudizario al
giudiziario, etc.). L’attenzione si sposta invece verso i modi di
svolgimento dei processi nelle curie comunali e il contesto di
pressioni politiche e di interazioni sociali che li condizionavano.
Aspetti fondamentali diventano così non tanto l’evoluzione dei
modelli procedurali, quanto i momenti di rottura dei sistemi: le
eccezioni, le strategie elusive dalle parti, le tensioni che si creavano
intorno alla giustizia, i provvedimenti sospensivi, etc. L’analisi delle
procedure in uso nei comuni italiani si dispiega su più piani:
l’elaborazione culturale delle procedure come forma di ordinamento
della realtà politica secondo i ruoli dei protagonisti, i modi di
applicazione dei processi nei sistemi giudiziari pubblici, e l’uso
deformante che delle procedure facevano i cives.
39 La sessione successiva – dedicata a Politiques judiciaires et résolution
des conflits – si è proposta in modo speculare alla precedente,
spostando il centro dell’attenzione dai conflitti alla loro soluzione,
dal mero ambito del processo alle politiche giudiziarie, e dunque alle
pratiche repressive ma anche a quelle di remissione della pena, ai
modi di uscita dal processo, alle pratiche infragiudiziarie di
risoluzione dei conflitti.
40 Xavier Rousseaux offre in apertura un quadro interpretativo di
sintesi sui modi di uscita dal conflitto – forme di sua risoluzione e
politiche giudiziarie – nelle città europee del tardo medioevo,
intrecciando lo stato delle conoscenze su quelle soprattutto nord-
occidentali con i risultati di prima mano di una ricerca sulla
comunità di Nivelles nel Brabant. Si possono così evidenziare due
fasi ben distinte. Una prima, tra secolo xii e xiv, in cui lo sviluppo
urbano si accompagnò a un modello di bene comune che privilegiava
la pacificazione come obiettivo della risoluzione dei conflitti
individuali e in cui la politica giudiziaria delle città era fattore
determinante della loro autonomia. Con la crescita urbana, la
differenziazione sociale e le crisi economiche, si aprì invece una
seconda fase che dal secolo xiv andò al xvi, in cui la giustizia urbana si
trasformò in arena di gestione dei conflitti collettivi e in strumento
politico di affermazione dei gruppi al potere. La contemporanea
affermazione degli stati territoriali e delle monarchie ne dimensionò
la funzione principal-mente come strumento di controllo delle
popolazioni, riservando invece al sovrano gli attributi del potere di
punizione e di grazia.
41 L’affermazione della monarchia attraverso la politica giudiziaria si
può osservare con chiarezza, con qualche anticipo rispetto al
modello appena delineato, nella Languedoc del secolo «lungo» xiii
(1229-1329), dove l’Inquisizione, intesa ovviamente non solo come
procedura ma soprattutto come istituzione giudiziaria ecclesiastica,
si rivelò determinante. Jean-Louis Biget muove dalle rivolte urbane
che la sua introduzione nella regione provocò – a Narbonne, ad Albi,
a Toulouse e in altri centri – nel 1234-1235 e poi ancora tra il 1280 e il
1305, per evidenziare come, pur senza essere strumento diretto del
potere capetingio, l’Inquisizione giocò un ruolo fondamentale nel
passaggio della regione sotto il controllo monarchico. Negli anni
1230-1250 essa servì a decapitare i gruppi dirigenti urbani attaccati
alla tradizioni consuetudinarie e alle autonomie locali. Nella seconda
metà del secolo, quando anche gli inquisitori cominciarono a
provenire in larga parte dal regno, l’Inquisizione contribuì a imporre
a uno spazio giudiziario uniforme sul mosaico delle giurisdizioni
locali: uno spazio che affermò la giustizia superiore del re e il suo
potere sacrale che vegliava sull’ordine per il bene di tutti.
42 Un quadro più differenziato offre invece il contributo che Nicole
Gonthier concentra su due differenti sistemi municipali: Dijon, uno
scabinato sotto il controllo del duca di Bourgogne, e Lyon, un
consolato stretto tra la signoria vescovile e il crescente intervento
del re. A Dijon la giustizia ebbe per posta la sopravvivenza
dell’autonomia e il mantenimento dei privilegi ottenuti del duca. A
Lyon, dove invece i consoli non disponevano del potere giudiziario, i
consiglieri presero parte comunque all’esercizio della giustizia in
ruoli di procura e di mediazione e conciliazione, che interagivano
con i tribunali del re e dell’arcivescovo a tutela degli interessi locali.
In altri termini, al di là delle differenze istituzionali, le politiche
giudiziarie perseguirono le medesime priorità di una giustizia
rigorosa, rapida ed efficace, a salvaguardia della respublica. E ciò
anche quando, durante la guerra dei Cent’anni, gli avvenimenti
condussero le due città negli opposti schieramenti degli Armagnacs e
dei Bourguignons.
43 Spostandosi in ambito italiano, Massimo Meccarelli affronta invece
le dinamiche di composizione dei conflitti dell’esperienza urbana
tardo medievale puntando a cogliere la complessità del sistema che
teneva insieme i diversi segmenti di esercizio della giustizia, vale a
dire l’ordinamento processuale in cui si integravano sia le istanze
egemoniche di affermazione della giustizia sia le pratiche di
negoziazione della pena. Le categorie dottrinali della procedura – e
in particolare l’opera di sistemazione effettuata dai doctores del
Trecento: Alberico da Rosate, Cino da Pistoia, Bartolo da
Sassoferrato, etc. – appaiono orientate all’effettività della giustizia
penale, cioè alla dimensione concreta del facere iustitiam. Suoi oggetti
di elaborazione furono il quadro sistematico dell’ordo iudiciarius, e la
flessibilità dell’ordine processuale, nell’arbitrium procedendi del
giudice, per esempio, o nei momenti di chiusura del processo diversi
da condanna e assoluzione, come la transactio e la pax. I giuristi
elaborarono cioè un sistema capace di relazionarsi con la
complessità del dato sociale e politico, perché operavano nella
quotidianità, erano sincronizzati con il tempo dell’esperienza,
usavano gli approdi giuridici della contingenza, della turbolenta vita
delle città italiane per conferire all’esperienza pratica del diritto una
dimensione teorica. Un intreccio complesso si intessè, cioè, tra
giurista interprete, giudice del processo, vertice politico-
istituzionale e parti della società coinvolte dalla vicenda processuale.
44 La creazione del diritto attraverso la circolazione di esperienze
pratiche, nei tribunali e nelle quaestiones disputate dai professori
negli Studia, è analizzata da Giuliano Milani nel contributo dedicato
all’atteggiamento dei giuristi italiani del secolo xiii nei confronti
degli autori di reati politici. Sulla base di un corpus documentario
relativo, principalmente, a Bologna per il periodo 1277-1300, e
costituito da circa 200 di sentenze del tribunale del capitano del
popolo, una cinquantina di consilia e un gruppo di quaestiones
prodotte dai giuristi della stessa sede, e soffermandosi in particolare
su processo politico del 1294 di cui fu giudice Alberto Gandino,
l’autore evidenzia la relativa debolezza della giustizia di parte nel
Duecento. Anche quando, dagli anni sessanta furono avviate le
grandi esclusioni dei nemici politici che esclusero migliaia di abitanti
dalla cittadinanza, i sapientes che coadiuvavano e guidavano i
governi, giocarono un ruolo importante nei sistemi politici che
promossero e, allo stesso tempo, mitigarono tali esclusioni. In altri
termini, i giuristi contribuirono a far sì che nei comuni italiani della
fine del xiii secolo fosse relativamente facile, per gli esclusi, rientrare
in città, uscire dalla condizione di bandito politico, ottenere
l’annullamento della pena: e ciò perché il bando continuò a essere
considerato revocabile, e i giuristi non considerarono un’aggravante
pregiudiziale la politicità del comportamento dei fuoriusciti banditi.
45 Un ultimo esempio di modi di uscita dal conflitto è dato dal caso di
Ragusa (l’odierna Dubrovnik), città sotto il dominio veneziano fi-no
al 1358 e poi repubblica autonoma controllata dal patriziato locale.
Vi si conserva un archivio giudiziario di discreta consistenza, i cui
registri più antichi risalgono al 1284-1285 e al 1312-1313 e che poi si
infittiscono dal 1401 con volumi annui pressoché continui.
Attraverso vari campioni di indagine che giungono fino al 1499, per
un totale di 2.396 cause penali, Nella Lonza mette in rilievo due
caratteristiche di fondo dell’esercizio della giustizia: la
preponderanza dei processi su accusa (ben 2.142), e il loro frequente
abbandono da parte dell’accusatore in favore di una soluzione
infragiudiziaria della disputa. Le pratiche erano correlate perché il
ricorso alla procedura accusatoria crebbe nel tempo (da due terzi dei
casi nel registro del secolo xiii alla pressoché assoluta totalità dei
processi nel secondo Quattrocento) a scapito delle procedure
inquisitorie, ma non sfociava in sentenza che in un quarto dei casi.
Nella pratica prese piede così una «formula mista» che consentiva il
ricorso strategico all’accusa in tribunale per poi dare luogo a
composizioni e risoluzioni al suo esterno. Analogamente, in ciò, con
quanto rilevato dalle ricerche su città italiane come Perugia, Bologna
e Firenze.
46 L’ultima sessione – dedicata a Rituels judiciaires et espaces urbains – ha
finito col concentrarsi, anche per alcune defezioni, sulla sola area
tedesca, per la quale in effetti gli studi dedicati alle esecuzioni penali
medievali scontavano un relativo ritardo rispetto ad altre
storiografie. D’altra parte, la città e il suo spazio urbano furono lo
scenario, come ben sappiamo, dei rituali di giustizia, dei quali si è
inteso indagare anche i modi di percezione e di comprensione dei
significati di tali rituali.
47 Uwe Israel ha così compiuto una riflessione sulle esecuzioni delle
condanne a morte nelle città tardomedievali, soffermandosi in
particolare sul caso di Strasbourg alla metà del secolo xv. La base
documentaria è un protocollo del consiglio cittadino del 1461, che
definiva i criteri di preparazione del condannato a morte nel giorno
dell’esecuzione, e che consente di ricostruirne in dettaglio il rituale
pubblico. Esso fu oggetto di forti critiche da parte della Chiesa locale,
e in particolare del teologo Johannes Geiler von Kaysersberg, che
godeva di un grande seguito in città, e che concentrò le proprie
accuse sulla disumanità del rito e in particolare sulla negazione del
sacramento dell’ultima comunione e di una sepoltura cristiana.
Nonostante le resistenze dei poteri pubblici, i modi dell’esecuzione
subirono una riforma. Ma il rituale rimase comunque aperto alle
pressioni esterne: in alcuni casi particolarmente notevoli
l’esecuzione secondo il protocollo tradizionale fu abbandonata in
favore di un più rapido omicidio politico.
48 Nelle città dell’Impero il ricorso alla pena di morte divenne abituale
infatti solo nel corso del Quattrocento, quando gli apparati pubblici
si consolidarono, in primo luogo in ambito urbano. Peter Schuster
punta a cogliere le continuità e le rotture che il rituale delle
esecuzioni conobbe in area tedesca tra la fine del medioevo e le
prima età moderna, analizzando alcuni esempi relativi a città come
Nuremberg, Kostanz, Augsburg, Strasbourg e altri centri minori. I
modi tradizionali di esecuzione furono mantenuti, per la
legittimazione che conferiva l’antichità dei riti: un vero e proprio
caso di invenzione della tradizione che servì i nuovi usi della pena di
morte. Nonostante le resistenze le esecuzioni cominciarono a
diventare presto delle messe in scena religiose, centrate sul
pentimento e la confessione del condannato, e con la Riforma si
affermò la convinzione che la sospensione della pena e gli esiti
dell’esecuzione fossero espressione della volontà divina, collerica
verso i condannati ma misericordiosa nell’al di là. La sacralizzazione
della giustizia temporale all’inizio dell’età moderna permise
l’abbandono progressivo delle tradizioni ereditate dal periodo
precedente e le esecuzioni si avviarono a essere riti brevi e
possibilmente indolori.
49 Le conclusioni di Jacques Chiffoleau et Claude Gauvard riassumono
infine anche gli esiti della tavola rotonda conclusiva del convegno,
cui hanno partecipato anche Marc Boone, Élisabeth Crouzet-Pavan,
Jean-Claude Maire Vigueur, Pierre Monnet, David Nirenberg e Mario
Sbriccoli.
50 Nel complesso, il confronto tra studiosi appartenenti a tradizioni
storiografiche diverse, animati da interessi di contenuto e di metodo
diversificati, e alle prese con panorami documentari spesso
fortemente differenziati e con la specificità delle situazioni locali, è
apparso riuscito, proprio perché non puntava a sterili comparazioni
o alla definizione di un modello interpretativo omogeneo, ma a
evidenziare e discutere una serie di questioni trasversali e comuni. È
evidente come quello emerso nel corso del convegno e affrontato
negli atti costituisca solo un insieme parziale di tematiche e di nuclei
di indagine che andranno ripresi e approfonditi in ricerche future.
***

51 Mi siano consentiti, infine, alcuni brevi ma non formali


ringraziamenti. Se l’idea del progetto e la sua prima proposta si
devono a chi è toccato inevitabilmente anche l’onere di stendere
questa introduzione agli atti, esse sono state recepite e sviluppate da
alcuni ami-ci e colleghi: in primo luogo François Bougard, che ha
sostenuto con costanza sin dall’inizio il progetto nell’ambito della
collaborazione scientifica tra l’École française de Rome e il
Dipartimento di studi storici e geografici dell’Università di Firenze;
Jacques Chiffoleau, che ha offerto generosamente di ospitarne il
convegno conclusivo presso il Laboratoire d’histoire dell’Université
d’Avignon e che si è prodigato nel tempo perché ciò avvenisse nel
migliore dei modi; e, non ultima, Claude Gauvard, il cui appoggio e la
cui guida sono stati determinanti nel lungo percorso scientifico e
organizzativo di questo progetto. Sia qui memoria della mia
riconoscenza.
52 Nelle riunioni preparatorie sono stati prodighi di consigli anche
Jean-Claude Maire Vigueur, Guy Dupont, Xavier Rousseaux, Peter
Schuster e Massimo Vallerani: anche a loro vada il mio grato
pensiero, così come a Marilyn Nicoud, che si è prodigata perché
questi atti fossero pubblicati nonché a Julien Théry ne ha curato
l’editing. La prematura scomparsa di Mario Sbriccoli, che aveva
seguito tutte le fasi del progetto, rende più dolorosa la
consapevolezza di avere goduto negli anni del privilegio del suo
costante colloquio «magistrale».
53 Credo sia infine positivo rilevare come sia stato raggiunto, nella
partecipazione al progetto, un felice equilibrio tra studiosi di
generazioni diverse: i maestri degli studi in questo settore, gli
specialisti attivi da tempo, alcuni più giovani ricercatori. A
testimonianza di come questo campo di ricerca sia stato negli ultimi
anni, sia attualmente, e potenzialmente possa essere anche nel
prossimo futuro, uno dei cantieri più vivi in cui si articolano le
pratiche della ricerca medievistica.

NOTE
1. Cf., per una prima informazione, i siti della IAHCCJ, <http://www.h-net.org/»iahccj/>, e
della rivista, <http://www.droz.org/biblio/chs.html>. Tutti i siti qui di seguito citati
risultavano attivi nell’estate 2004, data alla quale risale anche l’aggiornamento
bibliografico.
2. Cf., per un approfondimento, le rassegne citate, infra, nelle note 13, 26, 44, 56 e 64.
3. Cf. gli atti, rispettivamente, La giustizia nell’alto medioevo, secoli v-viii, Spoleto, 1995; La
giustizia nell’alto medioevo, secoli ix-xi, Spoleto, 1997; P. Monnet e O. G. Oexle (a cura di), Stadt
und Recht im Mittelalter. La ville et le droit au Moyen Âge, Göttingen, 2003; M. Bellabarba, G.
Schwerhoff e A. Zorzi (a cura di), Criminalità e giustizia in Germania e in Italia. Pratiche
giudiziarie e linguaggi giuridici tra tardo medioevo ed età moderna, Bologna, 2001; Le règlement des
conflits au Moyen Âge, Parigi, 2001.
4. Si vedranno con utilità, per esempio, gli atti dei seguenti incontri: Il diritto fra scoperta e
creazione. Giudici e giuristi nella storia della giustizia civile (Napoli, 18-20 ottobre 2001),
programma in <http://www.geocities.com/Athens/Forum/2582/convgiu.html>; Justice
seigneuriale et régulation sociale: xve-xviiie siècle (Angers, 26-27 ottobre 2001), programma in
<http://www.revues.org/calenda/articles/459.html>; Droit et justice à la Renaissance (Tours,
2-7 luglio 2001), programma in <http://www.cesr.univ-tours.fr/Recherche/equipes/pages–
manifestations/colloque.asp?nummanif=65>; Endettement privé et justice au Moyen Âge.
Juridiction gracieuse et juridiction contentieuse, xiiie-xve siècle (Parigi, 15-16 maggio 2003),
programma in <http://www.revues.org/calenda/articles/3063.html>; Ebrei e giustizia in Italia
dal medioevo all’età moderna (Bar-letta-Trani, 8-11 giugno 2003), programma in
<http://www.teseo.it/archiviodistato/newconf.htm>; La vengeance. 400-1200 (Roma, 18-20
settembre 2003); The discourse of law and justice in medieval Europe (New York, 27 marzo 2004),
programma in <http://www.fordham.edu/mvst/conference04/index.html>; Praxis der
Gerichtsbarkeit in europäischen Städten des Spätmittelalters (Francoforte, 1-3 aprile 2004),
programma in <http://www.mpier.uni-frankfurt.de/Aktuelles/tagung-gerichtsbarkeit.pdf>;
Les usages sociaux de la justice (Angers, 7 maggio 2004), programma in
<http://www.revues.org/calenda/nouvelle4176.html>. Non ci saranno atti invece del
convegno The history of vendetta (Bad Homburg, 24-26 giugno 1999) organizzato
dall’International Association for the History of Crime and Criminal Justice. Cf. invece M.
Cavina (a cura di), Duelli, faide e rappacificazioni: elaborazioni concettuali, esperienze storiche [Atti
del seminario di studi (Modena, 14 gennaio 2000)], Milano, 2001.
5. C. Gauvard, «De grace especial». Crime, état et société en France à la fin du Moyen Âge, Parigi,
1991. Per i riferimenti agli altri numerosissimi contributi rinvio direttamente alla
bibliografia degli scritti in <http://lamop.univ-paris1.fr/W3/biblio/gauvard.html>.
6.Cf. J. Chiffoleau, Les Justices du pape: délinquance et criminalité dans la région d’Avignon au
quatorzième siècle, Parigi, 1984; e Id., Sur la pratique et la conjoncture de l’aveu judiciaire en
France du xiiie au xve siècle, in L’aveu. Antiquité et Moyen Âge, Roma, 1986, p.341-380; Id., Dels
ritus a les creences: la confessió judiciària, in L’avenç. Història dels països catalans, 106, 1987, p.20-
31; Id., Dire l’indicible. Remarques sur la catégorie du nefandum du xiie au xve siècle, in
Annales E.S.C., 1990, p.289-324; Id., Sur le crime de majesté médiéval, in Genèse de l’État moderne
en Méditerranée, Roma, 1993, p.183-213; Id, Contra naturam. Pour une approche casuistique et
procédurale de la nature médiévale, in Micrologus, iv, 1996, p.265-312.
7. Cf. L. Otis, Prostitution in Medieval Society: the History of an Urban Institution in Languedoc,
Chicago, 1985; e Ead., «Terreur et exemple, compassion et miséricorde»: la répression pénale à
Pamiers à la fin du Moyen Âge, in Justice et justiciables. Mélanges Henri Vidal, Montpellier, 1994,
p.139-164; Ead., La répression des infractions contre l’ordre moral à Pamiers à la fin du Moyen Âge:
le jeu et le blasphème, in Conformité et déviance au Moyen Âge, Montpellier, 1995, p.273-286;
Ead., «Lo pecat dela carn»: la répression des délits sexuels à Pamiers à la fin du Moyen Âge, in Studi
di storia del diritto, I, Milano, 1996, p.335-366; Ead., Les enjeux de la torture: une affaire
d’homicide à Pamiers aux années 1330, in B. Du-rand et alii (a cura di), La douleur et le droit,
Parigi, 1997, p.211-217; Ead., La nature délictuelle du viol de la prostituée au Moyen Âge: querelle
ou consensus?, in Cahiers des Écoles doctorales [de la Faculté de Droit de Montpellier], 1, 2000,
p.275-292; M. Ferret e L. Otis-Cour, La torture dans le Midi de la France au Moyen Âge, in B.
Durand (a cura di), La torture judiciaire: approches historiques et juridiques, Lille, 2002, p.421-
449; Ead., L’exemplarité de la peine en question: La pratique de la «peine cachée» dans le Midi de la
France au xve siècle, in Revue historique de droit français et étranger, 80, 2002, p.179-186. Per
Toulouse si veda ora anche S. L’Engle, Justice in the margins: punishment in medieval Toulouse,
in Viator, 33, 2002, p.133-165.
8. Cf. N. Gonthier, Cris de haine et rites d’unité. La violence dans les villes, e
e siècles,
xiii -xvi

Turnhout, 1992; Ead., Délinquance, justice et société dans le Lyonnais médiéval: de la fin du xiiie
siècle au début du xvie siècle, Parigi, 1993.
9. Cf. D. L. Smail, The consumption of justice: emotions, publicity, and legal culture in Marseille,
1264-1423, Ithaca, 2003; Id., Common violence. Vengeance and inquisition in Fourteenth-Century
Marseille, in Past & Present, 151, 1996, p.2859; e ora anche Fama: Th. Fenster e D. L. Smail (a
cura di), the politics of talk and reputation in medieval Europe, Ithaca, 2003.
10. E. Cohen, The crossroads of justice. Law and culture in Late Medieval France, Leide, 1993.
11. Cf. R. Muchembled, La violence au village: sociabilité et comportements populaires en Artois du
e e
xv au xvii siècle, Turnhout, 1989; Id., Le temps des supplices: de l’obéissance sous les rois absolus:
e e siècle, Parigi, 1992. Da ricordare sono anche gli studi sulla repressione della
xv -xviii

stregoneria, proiettati anch’essi sull’età moderna: Id., La sorcière au village: xve-xviiie siècle,
Parigi, 1979; Id., Sorcières, justice et société aux xvie et xviie siècles, Parigi, 1987; Id., Le roi et la
sorcière: l’Europe des bûchers, xve-xviiie siècle, Parigi, 1993.
12. J.-M. Cauchies (a cura di), La justice dans les États bourguignons et les régions voisines aux
e e
xiv -xvi siècles. Institutions, procédure, mentalités, Neuchâtel, 1990.

13. Cf. G. Schwerhoff, Köln im Kreuzverhör. Kriminalität, Herrschaft und Gesellschaft in einer
frühneuzeitlichen Stadt, Bonn, 1991; Id., Aktenkundig und Gerichtsnotorisch. Einführung in die
historische Kriminalitätsforschung, Tubinga, 1999; Id., Die Inquisition. Ketzerverfolgung in
Mittelalter und Neuzeit, Monaco, 2004. Si veda anche la rassegna Id., La storia della criminalità
nel tardo medioevo e nella prima età moderna. Il «ritardo» di un settore della ricerca tedesca, in
Annali dell’Istituto storico italo-germanico in Trento, 24, 1999, p.573-630.
14. Cf. A. Blauert e G. Schwerhoff (a cura di), Mit den Waffen der Justiz: zur
Kriminalitätsgeschichte des Spätmittelalters und der Frühen Neuzeit, Francoforte, 1993; K.
Schreiner e G. Schwerhoff (a cura di), Verletzte Ehre. Ehrkonflikte in Gesellschaften des
Mittelalters und der frühen Neuzeit, Colonia, 1995; A. Blauert e G. Schwerhoff (a cura di),
Kriminalitätsgeschichte. Beiträge zur Sozial- und Kulturgeschichte, Constanza, 2000; G.
Schwerhoff e M. Völker (a cura di), Eide, Statuten und Prozesse. Ein Quellen- und Lesebuch zur
Stadtgeschichte von Bautzen (14.-19. Jahrhundert), Bautzen, 2002.
15. Cf. P. Schuster, Der gelobte Frieden. Täter, Opfer und Herrschaft im spätmittelalterlichen
Konstanz, Constanza, 1995; Id., Eine Stadt vor Gericht. Recht und Alltag im spätmittelalterlichen
Konstanz, Paderborn, 2000; Id., Il funzionamento quotidiano della giustizia nel tardo medioevo: i
registri contabili come fonte di storia criminale, in Quaderni storici, 102, 1999, p.749-779. Cf.
anche la bibliografia degli scritti in <http://wwwhomes.uni-bielefeld.de/pschuste/>.
16. Cf. A. Blauert, Frühe Hexenverfolgungen: Ketzer-, Zauberei- und Hexenprozesse des 15.
Jahrhunderts, Amburgo, 1989; Id. (a cura di), Ketzer, Zauberer, Hexen. Die Anfänge der
europäischen Hexenverfolgungen, Francoforte, 1990; Id., Das Urfehdewesen im deutschen
Südwesten im Spätmittelalter und in der Frühen Neuzeit, Tubinga, 2000; Id., Die Ravensburger
Urfehden als Zeugnisse der Ravensburger Hexenverfolgungen, in A. Schmauder (a cura di), Frühe
Hexenverfolgung in Ravensburg und am Bodensee, Constanza, 2001, p.65-81; Id., Zwischen
Einbindung und Ausgrenzung: Zur Rechts- und Sozialgeschichte der Urfehde im deutschen
Südwesten zwischen dem 14. und dem 18. Jahrhundert, in Criminalità e giustizia in Germania e in
Italia... cit., p.173-187.
17. Cf. G. Algazi, Herrengewalt und Gewalt der Herren in späten Mittelalter. Herrschaft,
Gegenseitigkeit und Sprachgebrauch, Francoforte, 1996; e Id., The social use of private war. Some
late medieval views reviewed, in Tel Aviver Jahrbuch für deutsche Geschichte, 22, 1993, p.253-273;
Id., «Sie würden hinten nach so gail». Vom sozialen Gebrauch der Fehde im späten Mittelalter, in Th.
Lindenberger e A. Lüdtke (a cura di), Physische Gewalt. Studien zur Geschichte der Neuzeit,
Francoforte, 1995, p.39-77; Id., Pruning peasants: private war and maintaining the lords’ peace in
late medieval Germany, in E. Cohen e M. de Jong (a cura di), Medieval transformations: texts,
power and gifts in context, Leide, 2001, p.245-274.
18. W. Buchholz, Anfänge der Sozialdisziplinierung im Mittelalter. Die Reichsstad Nürnberg als
Beispiel, in Zeitschrift für Historische Forschung, 18, 1991, p.129-147.
19. H. Rudolph e H. Schnabel-Schüle (a cura di), Justiz= Justice= Justicia? Rahmenbedingungen
von Strafjustiz im frühneuzeitlichen Europa, Trier, 2003.
20. Cf. D. Willoweit (a cura di), Die Entstehung des öffentlichen Strafrechts. Bestandsaufnahme
eines europäischen Forschungsproblems, Colonia, 1999; e H. Schlosser e D. Willoweit (a cura di),
Neue Wege strafrechtsgeschichtlicher Forschung, Colonia 1999.
21. Cf. B. Frenz, Frieden, Gemeinwohl und Gerechtigkeit durch Stadtherr, Rat und Bürger.
Strafrechtshistorische Aspekte in deutschen Stadtrechtstexten des 12. und 13. Jh., in Neue Wege
strafrechtsgeschichtlicher Forschung... cit., p.111-145; Ead., Paix, honneur et discipline. Quelques
remarques sur l’incrimination d’insultes et d’actes de violence dans les villes médiévales, in J.
Hoareau-Dodinau e P. Texier (a cura di), Pouvoir, justice et société, Limoges, 2000, p.65-79;
Ead., Si convinci potest ydoneis testibus, eadem pena ac si in civitate contigisset puniatur.
Konzeptionen der Beweisführung und Sanktionierung beklagter Friedensverletzungen in
Stadtrechten des 12. und 13. Jahrhunderts, in H. Schlosser (a cura di), Herrschaftliches Strafen seit
dem Hochmittelalter. Formen und Entwicklungsstufen, Colonia, 2002, p.133-156; Ead.,
Gewaltmonopol und Wahrheit: Städtische Entwicklungstendenzen im strafrechtlich relevanten
Verfahren des 13. und frühen 14. Jahrhunderts, in A. Cordes (a cura di), Stadt – Gemeinde –
Genossenschaft: Festschrift für Gerhard Dilcher zum 70. Geburtstag, Berlin, 2003, p.23-44; Ead.,
Frieden, Rechtsbruch und Sanktion in deutschen Städten vor 1300: Mit einer tabellarischen
Quellenübersicht nach Delikten und Deliktgruppen, Colonia, 2003.
22. P. Monnet, Les patriciens et leur vision de la justice et de l’ordre dans une ville allemande de la
fin du Moyen Âge. Les chroniques et le droit à Francfort, in B. Garnot (a cura di), L’infrajudiciaire
du Moyen Âge à l’époque contemporaine, Dijon, 1996, p.197-214.
23. Cf. S. Burghartz, Leib, Ehre und Gut: Delinquenz in Zürich Ende des 14. Jahrhunderts, Zurigo,
1990; Ead., Disziplienierung oder Konflikteregelung? Zur Funktion städtischer Gerichte im
Spätmittelalter: Das Zürcher Ratsgericht, in Zeitschrift für historische Forschung, 16, 1989, p.385-
407.
24. Cf. K. Simon-Muscheid, Basler Handwerzünfte im Spätmittelalter. Zunftinterne Strukturen und
innserstädtische Konflikte, Bern, 1998; Ead., Gewalt und Ehre im spätmittelalterlichen Hanwerk am
Beispiel Basels, in Zeitschrift für Historische Forschung, 18, 1991, p.1-31.
25. P. J. Gyger, L’épée et la corde. Criminalité et justice à Fribourg (1474-1505), Losanna, 1998.
26. Cf. per ulteriori riferimenti bibliografici le Rassegne a base regionale delle fonti e degli studi
su istituzioni giudiziarie, giustizia e criminalità nell’Italia del basso Medioevo, in Ricerche storiche,
19, 1989-22, 1992; La storia della giustizia. Orientamenti della ricerca internazionale, ivi, 26/1,
1996, p.97-160; A. Zorzi, Giustizia criminale e criminalità nell’Italia del tardo Medioevo: studi e
prospettive di ricerca, in Società e storia, 12, 1989, p.923-965; Id., Tradizioni storiografiche e studi
recenti sulla giustizia nell’Italia del Rinascimento, in Storici americani e Rinascimento italiano, in
Cheiron, 16, 1991, p.27-78. Riferimenti a contesti non soli italiani sono inoltre negli
interventi di M. Sbriccoli, Storia del diritto e storia della società. Questioni di metodo e problemi di
ricerca, in P. Grossi (a cura di), Storia sociale e dimensione giuridica. Strumenti di indagine e
ipotesi di lavoro, Milano, 1986, p.127-148; Id., Fonti giudiziarie e fonti giuridiche. Riflessioni sulla
fase attuale degli studi di storia del crimine e della giustizia criminale, in Studi storici, 29, 1988,
p.491-501; Id., Histoire de la criminalité et histoire pénale. Le problème des sources juridiques dans
l’histoire du crime et de la justice criminelle, in IAHCCJ Bulletin, 14, 1991, p.86-102; Id., Giustizia
negoziata, giustizia egemonica. Riflessioni su una nuova fase degli studi di storia della giustizia
criminale, in Criminalità e giustizia in Germania e in Italia... cit., p.345-364.
27. Cf., rispettivamente, A. Padoa Schioppa, Delitto e pace privata nel pensiero dei legisti
bolognesi. Brevi note, in Mélanges G. Fransen, Studia Gratiana, 19-20, 1976, p.269-287; Id., Il ruolo
della cultura giuridica in alcuni atti giudiziari italiani dei secoli xi e xii, in Nuova rivista storica, 64,
1980, p.265-289; Id., Aspetti della giustizia milanese dal x al xii secolo, in Milano e il suo territorio in
età comunale, Spoleto, 1989, p.459-549; Id., Profili del processo civile nella Summa artis notariae
di Rolandino, in G. Tamba (a cura di), Rolandino e l’ars notaria da Bologna all’Europa, Milano,
2002, p.583-609; e ora anche Id., Note sulla giustizia ecclesiastica a Milano alla fine del Duecento,
in Frühmittelalterliche Studien, 36, 2002, p.403-411; e Ch. Wickham, Justice in the kingdom of
Italy in the eleventh century, in La giustizia nell’alto medioevo, secoli ix-xi... cit., p.179-255; Id.,
Dispute ecclesiastiche e comunita laiche: il caso di Figline Valdarno, 12. Secolo [1996], Figline
Valdarno, 1998; Id., Derecho Romano y práctica legal en las comunas urbanas italianas del siglo xii,
in Hispania. Revista española de historia, 57, 1997, p.981-1007; Id., Legge, pratiche e conflitti.
Tribunali e risoluzione delle dispute nella Toscana del xii secolo, Roma, 2000; Id., Space and society
in early medieval peasant conflicts, in Uomo e spazio nell’alto Medioevo, Spoleto, 2003, p.551-586;
Id., Fa-ma and the Law in Twelfth-Century-Tuscany, in Fama. The politics of talk and reputation in
Medieval Europe... cit., p.15-26.
28. Cf. J.-C. Maire Vigueur, Justice et politique dans l’Italie communale de la seconde moitié du xiiie
siècle: l’exemple de Pérouse, in Comptes rendus de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, 1986,
p.312-328; Id., Giudici e testimoni a confronto, in J.-C. Maire Vigueur e A. Paravicini Bagliani (a
cura di), La parola all’accusato, Palermo, 1991, p.105-123; Id., Gli iudices nelle città comunali:
identità culturali ed esperienze politiche, in P. Toubert e A. Paravicini Bagliani (a cura di),
Federico II e le città italiane, Palermo, 1994, p.161-176; Id., Échec au podestat: l’expulsion de
Comacio Galluzzi podestat de Todi (17 juillet 1268), in Bollettino della deputazione di Storia Patria per
l’Umbria, 92, 1995, p.5-41; Id., L’ufficiale forestiero, in Ceti, modelli, comportamenti nella società
medievale (secc. xiii-metà xiv), Pistoia, 2001, p.55-77; Id., Cavaliers et citoyens. Guerre, conflits et
société dans l’Italie communale, xiie-xiiie siècles, Parigi, 2003, cap. 7-8, p.285-400. Cf. anche le
raccolte di studi La parola all’accusato... cit., J.-C. Maire Vigueur (a cura di),I podestà dell’Italia
comunale,I, Reclutamento e circolazione degli ufficiali forestieri (fine xii sec.-metà xiv sec.), Roma,
2000.
29. Cf. M. Vallerani, Il sistema giudiziario del comune di Perugia. Conflitti, reati e processi nella
seconda metà del xiii secolo, Perugia, 1991; e Id., Conflitti e modelli procedurali nel sistema
giudiziario comunale.I registri di processi di Perugia nella seconda metà del xiii secolo, in Società e
storia, 48, 1990, p.267-299; Id., L’amministrazione della giustizia a Bologna in età podestarile, in
Atti e memorie della Deputazione di storia patria per le Province di Romagna, 43, 1992, p.312-313;
Id., Modelli processuali e riti sociali nelle città comunali, in J. Chiffoleau, L. Martines e A.
Paravicini Baggiani (a cura di), Riti e rituali nelle società medievali, Spoleto, 1994, p.115-140;
Id., I processi accusatori a Bologna fra Due e Trecento, in Società e storia, 78, 1997, p.741-788; Id.,
Pace e processo nel sistema giudiziario del comune di Perugia, in Quaderni storici, 101, 1999, 315-
354; I fatti nella logica del processo medievale. Note introduttive, ivi, 36, 2001, p.665-693; Id. Ludus
e giustizia: rapporti e interferenze tra sistemi di valori e reazioni giudiziarie, in Ludica. Annali di
storia e civiltà del gioco, 7, 2001, p.61-76; Id., Il potere inquisitorio del podestà, in G. Barone, L.
Capo e S. Gasparri (a cura di), Studi sul Medioevo per Girolamo Arnaldi, Roma, 2001, p.379-415.
30. Cf. M. Sbriccoli, L’interpretazione dello statuto. Contributo allo studio della funzione dei giuristi
nell’età comunale, Milano, 1969; Id., Politique et interprétation juridique dans les villes italiennes du
Moyen Âge, in Archives de philosophie du droit, 17, 1972, p.99-113; Id., Crimen lesae maiestatis.
Il problema del reato politico alle soglie della scienza penalistica moderna, Milano, 1974; Id.,
Tormentum idest torquere mentem. Processo inquisitorio e interrogatorio per tortura nell’Italia
comunale, in La parola all’accusato... cit., p.17-32; Id., Nox quia nocet. I giuristi, l’ordine e la
normalizzazione dell’immaginario, in Id. (a cura di), La notte. Ordine, sicurezza e disciplinamento in
età moderna, Firenze, 1991, p.9-19; Id., Il diritto penale, in D. Cecchi (a cura di), Il codice degli
Statuti osimani del secolo xiv, Osimo, 1992, p.123-133; Id., Legislation, justice and political power in
Italian cities, 1200-1400, in A. Padoa-Schioppa (a cura di), Legislation and justice: the origins of the
modern state, 13th-18th Centuries, Oxford, 1997, p.37-55; Id., Vidi communiter observari.
L’emersione di un ordine penale pubblico nelle città italiane del secolo xiii, in Quaderni fiorentini per
la storia del pensiero giuridico, 27, 1998, p.231-268 (tradotto in francese nel presente volume);
Id., Giustizia criminale, in M. Fioravanti (a cura di), Lo Stato moderno in Europa, Bari-Roma,
2002, p.163-205; Id., La benda della Giustizia. Iconografia, diritto e leggi penali dal medioevo all’età
moderna, in M. Sbriccoli et alii (a cura di), Ordo iuris. Storia e forme dell’esperienza giuridica,
Milano, 2003, p.41-95.
31. Cf. A. Zorzi, L’amministrazione della giustizia penale nella Repubblica fiorentina. Aspetti e
problemi, Firenze, 1988; Id., Contrôle social, ordre public et répression judiciaire à Florence à
l’époque communale: éléments et problèmes, in Annales E.S.C., 45, 1990, p.1169-1188; Id., Aspects
de la justice criminelle dans les villes italiennes à la fin du Moyen Âge, in Déviance et société, 15,
1991, p.439-454; Id., Ordine pubblico e amministrazione della giustizia nelle formazioni politiche
toscane tra Tre e Quattrocento, in Italia 1350-1450: tra crisi, trasformazione, sviluppo, Pistoia, 1993,
p.419-474; Id., La giustizia imperiale nell’Italia comunale, in Federico II e le città italiane..., vol.III,
p.85-103; Id., The judicial system in Florence in the fourteenth and fifteenth centuries, in T. Dean e
K. J. P. Lowe (a cura di), Crime Society and the Law in Renaissance Italy, Cambridge, 1994, p.40-
58; Id., Ius erat in armis. Faide e conflitti tra pratiche sociali e pratiche di governo, in G.
Chittolini, A. Molho e P. Schiera (a cura di), Origini dello Stato. Processi di formazione statale in
Italia fra medioevo ed età moderna, Bologna, 1994, p.609-629; Id., Politica e giustizia a Firenze al
tempo degli Ordinamenti antimagnatizi, in Ordinamenti di giustizia fiorentini. Studi in occasione del
VII centenario, Firenze, 1995, p.105-147; Id., Conflits et pratiques infrajudiciaires dans les
formations politiques italiennes du xiiie au xve siècle, in L’infrajudiciaire du Moyen Âge à l’époque
contemporaine... cit., p.19-36; Id., Progetti, riforme e pratiche giudiziarie a Firenze alla fine del
Quattrocento, in R. Fubini (a cura di), La Toscana al tempo di Lorenzo il Magnifico. Politica,
economia, cultura, arte, Pisa, 1996, p.1323-1342; Id., La justice pénale dans les États italiens
(communes et principautés territoriales) du xiiie au xvie siècle, in X. Rousseaux e R. Lévy (a cura
di), Le pénal dans tous ses États. Justice, États et sociétés en Europe (xiie-xxe siècles), Bruxelles,
1997, p.47-63; Id., La politique criminelle en Italie (xiiie-xviie siècle), in Crime, histoire et société, 2,
1998, p.91-110; Id., La giustizia al tempo di Savonarola. Rappresentazioni culturali e pratiche
politiche, in Girolamo Savonarola. L’uomo e il frate, Spoleto, 1999, p.191-245; Id., Negoziazione
penale, legittimazione giuridica e poteri urbani nell’Italia comunale, in Criminalità e giustizia in
Germania e in Italia... cit., p.13-34; Id., La cultura della vendetta nel conflitto politico in età
comunale, in R. Delle Donne e A. Zorzi (a cura di), Le storie e la memoria. In onore di Arnold Esch,
Firenze, 2002, p.135-170; Id., Diritto e giustizia nelle città dell’Italia comunale (secoli xiii-xiv), in
Stadt und Recht im Mittelalter... cit., p.197-214. Cf. anche le raccolte di studi Istituzioni
giudiziarie e aspetti della criminalità nella Firenze tardo-medievale, ed. Id., in Ricerche storiche, 18,
1988; e Criminalità e giustizia in Germania e in Italia... cit.
32. Cf. G. Ortalli, Pingatur in Palatio. La pittura infamante nei secoli xiii-xvi, Roma, 1979; e Id. (a
cura di), Gioco e giustizia nell’Italia di Comune, Treviso, 1993.
33. Cf. G. Ruggiero, Patrizi e malfattori. La violenza a Venezia nel primo Rinascimento [1980],
Bologna, 1982; É. Crouzet Pavan, Police des mœurs, société et politique à Venise à la fin du Moyen
Âge, in Revue historique, 536, 1980, p.241-288.
34. F. Leverotti, «Governare a modo e stillo de’ Signori...». Osservazioni in margine
all’amministrazione della giustizia al tempo di Galeazzo Maria Sforza duca di Milano (1466-1476),
Firenze, 1994.
35. Cf. G. Cozzi, Repubblica di Venezia e Stati italiani. Politica e giustizia dal secolo xvi al secolo xviii,
Torino, 1982; G. Cozzi (a cura di), Stato società e giustizia nella Repubblica Veneta (sec. xv-xviii), 2
vol., Roma, 1980-1985. Cf. anche E. Muir, Mad blood stirring. Vendetta and factions in Friuli
during the Renaissance, Baltimore, 1993.
36. M. Bellabarba, La giustizia ai confini. Il principato vescovile di Trento agli inizi dell’Età
moderna, Bologna, 1996.
37. Cf., per esempio, in ordine cronologico di pubblicazione (e molto selezionando): P. Costa,
Iurisdictio: semantica del potere politico nella pubblicistica medievale: 1100-1433, Milano, 1969; E.
Cortese, Legisti, canonisti e feudisti: la formazione di un ceto medievale, in Università e società nei
secoli xii-xvi, Pistoia, 1982, p.246-263; Id., Scienza di giudici e scienza di professori tra xii e xiii
secolo, in Legge, giudici, giuristi, Milano, 1982, p.117-128; L. Martone, Arbiter-arbitrator: forme
di giustizia privata nell’eta del diritto comune, Napoli, 1984; M. Montorzi, Fides in rem publicam:
ambiguita e tecniche del diritto comune, Napoli, 1984; F. Migliorino, Fama e infamia. Problemi
della società medievale nel pensiero giuridico nei secoli xii e xiii, Catania, 1985; P. Grossi (a cura di),
Storia sociale e dimensione giuridica... cit., Firenze, 1986; Id, L’ordine giuridico medievale, Roma-
Bari, 1995; M. Ascheri, Tribunali, giuristi e istituzioni. Dal Medioevo all’età moderna, Bologna,
1989; M. Ascheri, I. Baumgartner e J. Kirshner (a cura di), Legal consulting in the civil law
tradition, Berkeley, 1999; D. Quaglioni, Civilis sapientia. Dottrine giuridiche e dottrine politiche
fra medioevo ed età moderna. Saggi per la storia del pensiero giuridico moderno, Rimini, 1989; Id.,
Alberto Gandino e le origini della trattatistica penale, in Materiali per una storia della cultura
giuridica, 29, 1999, p.49-63; Id., La giustizia nel Medioevo e nella prima età moderna, Bologna,
2004; Th. Kuehn, Law, family and women. Toward a legal anthropology of Renaissance Italy,
Chicago, 1991; O. Cavallar, Francesco Guicciardini giurista. I ricordi degli onorari, Milano, 1991;
M. Meccarelli, Arbitrium. Un aspetto sistematico degli ordinamenti giuridici in età di diritto
comune, Milano, 1998; J. Kirshner e L. Mayali (a cura di), Privileges and rights of citizenship. Law
and the juridical construction of civil society, Berkeley, 2002; B. Pasciuta, In regia curia civiliter
convenire. Giustizia e città nella Sicilia tardomedioevale, Torino, 2003.
38. Cf. D. Cavalca, Il bando nella prassi e nella dottrina giuridica medievale, Milano, 1978; P. R.
Pazzaglini, The criminal ban of the Sienese commune. 1225-1310, Milano, 1979; G. Milani,
L’esclusione dal Comune. Conflitti e bandi politici a Bologna e in altre citta italiane tra xii e xiv secolo,
Roma, 2003.
39. Cf., per limitarsi ai secoli finali del medioevo, gli studi di A. Prosperi, Il sangue e l’anima.
Ricerche sulle compagnie di giustizia in Italia, in Quaderni storici, 51, 1982, p.959-999; Id.,
Esecuzioni capitali e controllo sociale nella prima età moderna, in Politica del diritto, 14, 1983,
p.165-182; Id., Mediatori di emozioni. La compagnia ferrarese di giustizia e l’uso delle immagini, in
L’impresa di Alfonso III, Ferrara, 1986, p.279-292; S. Y. Edgerton, Pictures and punishment. Art
and criminal prosecution during the Florentine Renaissance, Ithaca, 1985; L. Puppi, Lo splendore
dei supplizi. Liturgia delle esecuzioni capitali e iconografia del martirio nell’arte europea dal xii al xix
secolo, Milano, 1990; G. Ruggiero, Constructing civic morality, deconstructing the body: civic
rituals of punishment in Renaissance Venice, in Riti e rituali nelle società medievali... cit., p.175-190;
A. Zorzi, Le esecuzioni delle condanne a morte a Firenze nel tardo Medioevo tra repressione penale e
cerimoniale pubblico, in M. Miglio e G. Lombardi (a cura di), Simbolo e realtà della vita urbana nel
tardo Medioevo, Manziana (Roma), 1993, p.153-253; Id., Rituali di violenza giovanile nelle società
urbane del tardo Medioevo, in O. Piccoli (a cura di), Infanzie. Funzioni di un gruppo liminale dal
mondo classico all’età moderna, Firenze, 1993, p.185-209; Id. Rituali e cerimoniali penali nelle città
italiane (secc. xiii-xvi), in Riti e rituali nelle società medievali... cit., p.141-157; Id., Rituali di
violenza, cerimoniali penali, rappresentazioni della giustizia nelle città italiane centro-settentrionali
(secoli xiii-xv), in P. Cammarosano (a cura di), Le forme della propaganda politica nel Due e nel
Trecento, Roma, 1994, p.395-425.
40. Cf. M. Boone, Diritto di borghesia e particolarismo urbano nelle Fiandre borgognone e
asburgiche (1384-1585), in Quaderni storici, 30, 1995, p.287-307; Id., State power and illicit
sexuality: the persecution of sodomy in late medieval Bruges, in Journal of medieval history, 22,
1996, p.135-153; Id., Les juristes et la construction de l’état bourguignon aux Pays-Bas. État de la
question, pistes de recherches, in J.-M. Duvosquel et alii (a cura di), Les Pays-Bas bourguignons.
Histoire et Institutions. Mélanges André Uyttebrouck, Bruxelles, 1996, p.105-120; Id., Sources
juridiques, sources littéraires: reflets de la vie politique et sociale dans le comté de Flandre à l’époque
bourguignonne, in E. Rassart-Eeckhout et alii (a cura di), La vie matérielle au Moyen Âge. L’apport
des sources litteraires, normatives et de la pratique, Lovanio, 1997, p.11-28; Id., Social conflicts in
the cloth industry of Ypres (late 13th early 14th centuries): the Cockerulle reconsidered, in M.
Dewilde et alii (a cura di), Ypres and the medieval cloth industry in Flanders. Archaeological and
historical contributions, Zellik, 1998, p.147-153; Id. La justice en spectacle. La justice urbaine en
Flandre et la crise du pouvoir «bourguignon» (1477-1488), in Revue historique, 625, 2003, p.43-65; e
Id. e W. Prevenier, Mechanismen van sociale controle, in W. Prevenier (a cura di), Prinsen en
poorters. Beelden van de laat-middeleeuwse samenleving in de Bourgondische Nederlanden, 1384-
1530, Anversa, 1998, p.268-293.
41. J.-M. Cauchies e H. de Schepper, Justice, grâce et législation. Genèse de l’État et moyens
juridiques dans les Pays-Bas, 1200-1600, Bruxelles, 1994.
42. D. M. Nicholas, Crime and punishment in fourteenth century Ghent, in Revue belge de philologie
et d’histoire, 48, 1970, p.289-334, 1141-1176.
43. D. A. Berents, Misdaad in de middeleeuwen. Een onderzoek naar de criminaliteit in het laat-
middeleeuwse Utrecht, Bunnik, 1976 (con un sommario in inglese).
44. X. Rousseaux, Taxer ou châtier? L’émergence du pénal. Enquête sur la justice nivelloise (1400-
1650), Lovenio, 1990 (Université catholique de Louvain, thèse de doctorat). Cf. anche Id.,
L’histoire de la justice en Belgique: état des recherches d’un domaine en gestation, in Revue belge
d’histoire contemporaine, 28, 1998, p.247-277.
45. J. E. A. Boomgaard, Misdaad en straf in Amsterdam, Een onderzoek naar de strafrechtspleging
van de Amsterdamse schepenbank 1490-1552, Zwolle, 1992.
46. F. Vanhemelryck, De criminaliteit in de ammanie van Brussel van de late middeleeuwen tot het
einde van het Ancien Régime (1404-1789), Bruxelles, 1981.
47. J. G. Bellamy, Crime and public order in England in the later Middle Ages, Londra, 1973; Id.,
Criminal law and society in late Medieval and Tudor England, Gloucester, 1984; cf. anche Id., The
criminal trial in later medieval England. Felony before the courts from Edward I to the sixteenth
century, Sutton, 1998, sul jury d’appello.
48. J. B. Given, Society and homicide in thirteenth-century England, Stanford, 1977. Dello stesso
autore si veda anche il recente studio sull’Inquisizione in Languedoc: Id., Inquisition and
medieval society. Power, discipline, and resistance in Languedoc, Ithaca, 1997.
49. Cf. B. A. Hanawalt, Crime and conflict in English communities, 1300-1348, Cambridge, 1979; e
ora anche B. A. Hanawalt e D. Wallace (a cura di), Medieval crime and social control,
Minneapolis, 1999.
50. Cf. anche T. S. Haskett (a cura di), Crime and punishment in the Middle Ages, Victoria, 1998,
centrato sull’Inghilterra.
51. Cf. R. C. Palmer, The county courts of medieval England: 1150-1350, Princeton, 1982; Id., The
Whilton dispute, 1264-1380: a social-legal study of dispute settlement in medieval England,
Princeton, 1984.
52. Cf. A. Musson, Public order and law enforcement. The local administration of criminal justice,
1294-1350, Woodbridge, 1996; Id. e W. M. Ormrod, The evolution of English justice: law, politics,
and society in the fourteenth century, Londra, 1999; e anche A. J. Musson (a cura di),
Expectations of the law in the Middle Ages, Woodbridge, 2001.
53. E. Powell, Kingship, law, and society. Criminal justice in the reign of Henry V, Oxford, 1989.
54. Ph. C. Maddern, Violence and social order: East Anglia, 1422-1442, Oxford, 1992.
55. Cf. R. W. Kaeuper, War, justice, and public order. England and France in the later Middle Ages,
Oxford, 1988; Id., Chivalry and violence in medieval Europe, Oxford, 1999; e R. W. Kaeuper (a
cura di), Violence in medieval society, Wood-bridge, 2000. Cf. anche la bibliografia degli scritti
in <http://www.rochester.edu/College/HIS/faculty/kaeuper.html>.
56. Per una panoramica generale degli studi che pone le recenti ricerche spagnole sulla
prospettiva delle altre storiografie, cf. ora la ricchissima rassegna di F. Segura Urra, Raíces
historiográficas y actualidad de la historia de la justicia y el crimen en la Baja Edad Media, in
Anuario de Historia del Derecho Español, 73, 2003, p.577-678.
57. Cf. R. Narbona Vizcaino, Malhechores, justicia y violencia en la Valencia bajomedieval,
Valencia, 1990; P. Pérez García, El Justicia criminal de Valencia (1479-1707). Una magistratura
urbana valenciana ante la consolidación del absolutismo, Valencia, 1991. Una tesi è anche quella
di M. A. Camocho Cantudo, Justicia real y justicia municipal: la implantación del la justicia real en
la ciudades giennenses (1234-1505), Jaén, 1998, citata in Segura Urra, Raíces historiográficas... cit.,
p.653.
58. Cf., rispettivamente, M. T. Iranzo Muñio, Ad removendam discordie pestem: justicia y
sociedad en Zaragoza durante el siglo xii, in Aragón en la edad media, 10/11, 1993, p.417-435; J. v.
Cabezuelo Pliego, La punición del delito: un ejemplo de resistencia ciudadana a la acción injerente
de un tribunal real, in Homenaje a la professora Carmen Orcástegui Gros. Aragón en la Edad Media,
Zaragoza, 1999, p.197-207; E. Cruces Blanco, Orden público y violencia en la ciudad de Málaga a
fines del siglo xv y principios del siglo xvi (1495-1516), in Meridies, 2, 1995, p.121-143; J. Castillo
Sáinz, El poder y la miseria: leyes de pobres y prácticas represivas en la Valencia bajomedieval, in xv
Congreso de Historia de la Corona de Aragón, 1: El poder real en la Corona de Aragón, siglos xiv-xvi,
1996, p.95-105; T. de Montagut Estragués, El régimen jurídico de los juristas de Barcelona en la
Baja Edad Media, in Rudimentos legales, 2, 2000, p.63-92.
59. Cf., rispettivamente, E. Cabrera Muñoz, Violencia urbana y crisis política en Andalucía
durante el siglo xv, in Violencia y conflictividad en la sociedad de la España bajomedieval, Zaragoza,
1994, p.5-25; Id., Crimen y castigo en Andalucía durante el siglo xv, in Meridies, 1, 1994, p.9-37;
Th. M. Vann, Criminal settlement in medieval castilian towns, in D. J. Kagay e L. J. A. Villalón (a
cura di), The final argument. The imprint of violence on society in medieval and early modern
Europe, Woodbridge, 1998, p.83-96; J. A. Bonachía Hernando, La justicia en los municipios
castellanos bajomedievales, in Edad Media. Revista de historia, 1, 1998, p.145-182.
60. Cf., rispettivamente, J. M. Salrach, Prácticas judiciales, transformación social y acción política
en Cataluña (siglos ix-xiii), in Hispania. Revista española de historia, 57, 1997, p.1009-1048; Id.,
Justicia y violencia: el porqué de una problemática, in Historiar, 4, 2000, p.99-114; e F. L. Pacheco
Caballero, Potestad regia, justicia y jurisdicción en el reino de Aragón: edades Media y Moderna, in
El dret comu´ i Catalunya, 6, 1997, p.199-254.
61. E. Österberg e D. Lindström, Crime and social control in medieval and early modern Swedish
Towns, Uppsala, 1988. Ma cf. anche M. Korpiola, «The people of Sweden shall have peace»: peace
legislation and royal power in later medieval Sweden, in A. J. Musson (a cura di), Expectations of
the law in the Middle Ages, Wood-bridge, 2001, p.35-51.
62. H. Zaremska, Les bannis au Moyen Âge, Parigi, 1996.
63. Cf. M. Schüssler, Verbrechen im spätmittelalterlichen Olmütz. Statistische Untersuchungen der
Kriminalität im Osten des Heiligen Römischen Reiches, in Zeitschrift der Savigny-Stiftung für
Rechtsgeschichte: Germanistische Abteilung, 111, 1994, p.148-271; Id., Verbrechen in Krakau (1361-
1405) und seiner Beistadt Kasimir (1370-1402), ivi, 115, 1998, p.198-339; Id., Die Entwicklung der
Gaunerund Verbrechersprache «Rotwelsch» in Deutschland von der Mitte des 13. bis zur Mitte des 16.
Jahrhunderts, ivi, 118, 2001, p.387-437; Id., Raubüberfälle auf Hansekaufleute in der Nähe von
Nowgorod zu Ende des 13. und Anfang des 14. Jahrhunderts, ivi, 120, 355-370; ma anche Id.,
Statistische Untersuchungen des Verbrechens in Nürnberg im Zeitraum von 1285 bis 1400, ibi, 108,
1991, p.117-193; e Id., Quantifizierung, Impressionismus und Rechtstheorie. Ein Bericht zur
Geschichte und zum heutigen Stand der Forschung über Kriminalität im Europa des Spätmittelalters
und der frühen Neuzeit, ibi, 113, 1996, p.247-278.
64. X. Rousseaux, Existe-t-il une criminalité d’Ancien Régime (xiiie-xviiie s.)? Réflexions sur l’histoire
de la criminalité en Europe, in B. Garnot e R. Fry (a cura di), Histoire et criminalité de l’Antiquité
au xxe siècle. Nouvelles approches, Dijon, 1992, p.123-166; Id., Genèse de l’état et justice pénale
(xiiie-xviiie siècle). Contribution pour une histoire de la justice, in V. Tamayo Salaberría (a cura
di), De la Res publica a los Estados modernos, Bilbao, 1992, p.235-259; Id., Initiative particulière
et poursuite d’office. L’action pénale en Europe (xiie-xviiie siècles), in IAHCCJ Bulletin, 18, 1993,
p.58-92; Id., Ordre moral, justice et violence: l’homicide dans les sociétés européennes, xiiie-xviiie
siècles, in B. Garnot (a cura di), Ordre moral et délinquance de l’Antiquité au xxe siècle, Dijon,
1994, p.65-82; Id., De la négociation au procès pénal: la gestion de la violence dans la société
médiévale et moderne (500-1800), in Ph. Gerard, F. Ost e M. Van de Kerchove (a cura di), Droit
négocié, droit imposé?, Bruxelles, 1996, p.273-312; Id., Entre accommodement local et contrôle
étatique: pratiques judiciaires et non-judiciaires dans le règlement des conflits en Europe médiévale
et moderne, in B. Garnot (a cura di), L’infrajudiciaire du Moyen Âge à l’époque contemporaine,
Dijon, 1996, p.87-107; Id., From medieval cities to national states, 1350-1850. The historiography of
crime and criminal justice in Europe, in C. Emsley e L. A. Knafla (a cura di), Crime history and hi-
stories of crime. Studies in the historiography of crime and criminal justice in modern history,
Londra, 1996, p.3-32 (poi anche, in italiano, in Criminalità, giustizia penale e ordine pubblico
nell’Europa moderna, Milano, 1997, p.11-53); Id., Crime, justice and society in medieval and early
modern times. Thirty years of crime and criminal justice history. A tribute to Herman Diederiks, in
Crime, histoire & sociétés, 1, 1997, p.87-118; Id., Construction et stratégies: le crime et justice entre
production politique et ressources communautaires. Quelques réflexions sur l’histoire du crime et de
la justice en Europe médiévale et moderne, in Criminalità e giustizia in Germania e in Italia... cit.,
p.327-343; e anche R. Lévy e X. Rousseaux, États, justice pénale et histoire. Bilan et perspectives,
in Droit et société, 20-21, 1992, p.249-279 (poi anche in italiano in Ricerche storiche, 26, 1996,
p.127-160).
65. Per limitarsi alle più recenti, cf., per esempio, N. Gonthier, Le châtiment du crime au
Moyen Âge, xiie-xvie siècles, Rennes, 1998; M. Merback, The thief, the cross and the wheel. Pain and
the spectacle of punishment in Medieval and Renaissance Europe, Chicago, 1999; T. Dean, Crime in
Medieval Europe 1200-1550, Harlow, 2001.
66. Oltre alle molte già citate nelle note precedenti, cf. anche, per esempio: E. A. Johnson e
E. H. Monkkonen (a cura di), The civilization of crime. Violence in town and country since the
Middle Ages, Urbana, 1996; M. Boone e M. R. Prak (a cura di), Statuts individuels, statuts
corporatifs et statuts judiciaires dans les villes européenes (moyen âge et temps modernes), Lovanio,
1996; A. Padoa-Schioppa (a cura di), Legislation and justice, ed. Oxford, 1997; R. Lévy e X.
Rousseaux (a cura di), Le pénal dans tous ses états. Justice, états et sociétés en Europe (xiie-xxe
siècles), Bruxelles, 1997; D. J. Kagay e L. J. A. Villalon (a cura di), The final argument. The
imprint of violence on society in medieval and early modern Europe, Rochester, 1998; J.-M.
Cauchies (a cura di), Les juristes dans la ville. Urbanisme, société, économie, politique, mentalités,
Neuchâtel, 2000; C. Gauvard e R. Jacob (a cura di), Les rites de la justice. Gestes et rituels
judiciaires au Moyen Âge occidental, Parigi, 2000; J. Hoareau-Dodinau e P. Texier (a cura di),
Pouvoir, justice et société, Limoges, 2000; J.-M. Cauchies (a cura di), «Faire bans, edictz et statuz»:
légiférer dans la ville médiévale. Sources, objets et acteurs de l’activité législative communale en
Occident, ca. 1200-1550, Bruxelles, 2001; C. Nubola e A. Würgler (a cura di), Suppliche e
gravamina: politica, amministrazione, giustizia in Europa (secoli xiv-xviii), Bologna, 2002; F.
Brizay, Les justices de village. Administration et justice locales de la fin du Moyen Âge à la
Révolution, Rennes, 2002; H. Millet, Suppliques et requêtes. Le gouvernement par la grâce en
Occident (xiie-xve siècle), Roma, 2003.
67. Minore, invece, è stata finora l’attenzione per le pratiche giudiziarie in ambito rurale,
così come per la sfera della giustizia civile, sulla quale si vedranno gli atti dei citati
convegni: Il diritto fra scoperta e creazione. Giudici e giuristi nella storia della giustizia civile
(Napoli, 18-20 ottobre 2001), e Praxis der Gerichtsbarkeit in europäischen Städten des
Spätmittelalters (Frankfurt am Main, 1-3 April 2004).
68. Si può infatti osservare come il ricordato convegno di Göttingen del 1999 su Stadt und
Recht im Mittelalter abbia privilegiato un approccio ancora forte-mente orientato al dato
giuridico-normativo e istituzionale: l’indice degli atti è disponibile anche sul sito
dell’editore: <http://www.vandenhoeck-ruprecht.de/sgh-bin/vandenhoeck/3-525-35170-4?
RiTuu9ZD;;3>.
69. Basti qui il rinvio a R. Bordone, La città comunale, in P. Rossi (a cura di), Modelli di città.
Strutture e funzioni politiche, Torino, 1987, p.347-369; e G. Chittolini, La città europea tra
Medioevo e Rinascimento, ivi, p.371-393.
70. Per motivi diversi Guy Dupont, Nicolas Offenstadt e Julien Théry non han-no potuto
consegnare i loro testi per gli atti. Il programma del convegno è in
<http://www.dssg.unifi.it/rm-calendario/2001/prog/prog-pratiques.htm>.
71. Il riferimento è ai saggi già citati di Sbriccoli: rispettivamente, Vidi communiter
observari... cit.; e Id., Giustizia negoziata, giustizia egemonica... cit., e Giustizia criminale... cit.
I. La documentation et la
transformation des cadres
institutionnels
Droit et pratiques judiciaires dans les
villes du nord du royaume de France
à la fin du Moyen Âge
L’enseignement des sources *

Claude Gauvard

1 Le développement du droit dans les villes, entre les xiie et xvie siècles,
est le plus souvent présenté comme un acquis civilisateur et
pacificateur, par opposition à un temps passé ou en cours de
disparition, celui des faides ; à des lieux, le plat-pays, où se concentre
la brutalité et où se résolvent les conflits privés qu’alimente la
violence ; à des couches sociales, la bourgeoisie urbaine attachée à
une issue légaliste des conflits et opposée à une noblesse soucieuse
de la défense individuelle et anarchique de ses valeurs. Selon la
même logique, la ville serait le domaine d’application privilégié du
droit, par l’usage précoce qu’elle en aurait fait et surtout parce que
cet usage du droit aurait accompagné l’état de droit. En découle
l’idée que la ville est un lieu de paix, puisque les tribunaux urbains
ont pour tâche d’appliquer la justice qui, elle-même, engendre la
paix. Cette vision est encore largement partagée par
l’historiographie contemporaine. Il faut dire que les discours
médiévaux que la ville prononce sur elle-même invitent à suivre
cette rhétorique de la paix aux relents cicéroniens, génitrice de
concorde entre les ordres et de bonheur. On peut rappeler, après
Eberhard Isenmann, ce premier article du premier règlement de
Strasbourg au xiie siècle, qui affirme que la ville a été fondée ut omnis
homo tam extraneus quam indigena pacem in ea omni tempore et ab
omnibus habeat 1 . Ce règlement d’une ville d’Empire trouve de
nombreux échos dans le royaume de France 2 . Pour ne prendre
qu’un seul exemple, l’Institutio pacis de Laon, en 1128, montre
parfaitement l’application de ces principes quand elle garantit les
échanges, supprime l’arbitraire de la justice seigneuriale et englobe
toute la population dans une paix qui s’exerce selon des limites
territoriales précises que le texte commence par définir dès le
premier paragraphe 3 .
2 Cet idéal de paix, fortement affirmé, renvoie aux fondations des
premières guildes et confraternités qui, sous la forme de paix jurées,
précédèrent ou accompagnèrent la fondation des communes. Il en
est ainsi de la loi de l’amitié d’Aire-sur-la-Lys, connue par la
confirmation, en 1188, d’un texte initial antérieur à 1100. Les
premiers articles posent les principes que doivent suivre les douze
juges qui jurent « de ne tenir compte en jugement ni du riche ni du
pauvre, ni du noble et du non-noble, ni du proche ni de l’étranger ».
Puis ils définissent la finalité de l’Amitié, qui, par le biais du serment,
crée une fraternité fictive, oblige à l’aide mutuelle et permet de
définir et de respecter l’ébauche d’une norme sociale esquissée en
termes encore vagues, sous la forme de « ce qui est utile et
honnête ». Parmi les premières obligations qui explicitent l’utilité et
l’honnêteté vient la condamnation de la vengeance entre les frères,
puisque les délits d’honneur (injure, voie de fait et meurtre) doivent
être portés devant les douze juges 4 . À suivre le contenu de ce texte
et de beaucoup d’autres, le droit s’est apparemment imposé dans les
villes contre la vengeance, source de désordres néfastes à la réussite
des échanges, c’est-à-dire au développement du « marché de la
ville » vers quoi tend l’ensemble des articles. La paix serait
effectivement du côté du droit, au moment où ceux qui sont attaqués
acceptent de venir se plaindre en justice, tandis que la résolution
privée des conflits serait source de perturbations. Qu’en est-il dans la
réalité ?
3 Pour poser correctement le problème, il faudrait pouvoir saisir à
quel point le droit urbain a été doté d’une vie propre entre les xiie et
e
xv siècles. Si l’autonomie des villes, par exemple dans le nord du
royaume, a été effectivement précoce et synchronisée, ce
mouvement n’y implique pas une uniformisation du droit. Les
progrès du droit romain à partir du xiie siècle, en particulier par le
biais de la procédure inquisitoire, puis les tentatives
d’uniformisation que génère le droit royal ou princier dès le xiie
siècle par la présence des prévôts royaux et surtout à partir de la
seconde moitié du xiiie siècle quand saint Louis impose un certain
nombre d’ordonnances, enfin la fusion dans une coutume
provinciale ne réussissent pas à gommer les différences. Les rois
successifs n’en avaient d’ailleurs ni l’intention ni les capacités 5 .
Outre ces disparités, le droit urbain est difficile à saisir dans son
historicité qui constitue pourtant une composante essentielle de sa
compréhension. En effet, en se drapant dans la coutume ou en se
référant aux ordonnances, il semble se présenter et il s’affirme
comme immuable puisqu’il puise sa force dans cette permanence,
mais la rigidité de sa structure et son absence apparente de plasticité
contrastent pleinement avec la réalité. Car le droit urbain est
souvent le fruit de négociations et d’accords successifs. Il convient
donc de prêter la plus grande attention à la conjoncture qui lui
permet de naître puis de se transformer. Ainsi, à Aurillac, le droit
urbain est le fruit de trois paix successives obtenues après conflits et
négociations entre l’abbé et les échevins, celle de 1280 étant plutôt
un acte politique, celle de 1298 une sorte de règlement
d’administration publique, puis celle de 1347 un compromis
touchant l’économie urbaine 6 . Cette genèse et ces transformations
sont d’autant plus complexes que, loin d’être supprimés ou refondus,
les textes normatifs médiévaux s’ajoutent les uns aux autres,
constituant une sorte de patchwork où l’historien risque de se
perdre. Il convient donc de dégager les moments clés qui constituent
les temps forts, ceux des origines puis de l’élargissement du droit
public et privé, et ceux de l’usage de la procédure.
4 L’historiographie récente ne nous aide guère. Dans la seconde moitié
du xxe siècle, les études ont plutôt mis l’accent sur l’économie et sur
la société urbaine, aux dépens de l’étude des normes et de la justice,
sauf dans quelques cas, comme la thèse de Pierre Des-portes sur
Reims et surtout celle d’Albert Rigaudière sur SaintFlour 7 . Il
convient donc de rester prudent en s’interrogeant sur les éléments
qui constituent les fondements du droit urbain puis sur son usage,
avant de lancer en conclusion quelques pistes de recherche.
5 Les fondements du droit urbain se constituent à deux moments de
l’histoire des villes. L’un, la charte de franchises, est proche de leurs
premiers développements au début du xiie siècle, l’autre, le
cartulaire, se constitue plutôt à la fin du xiiie siècle et au début du xive
siècle. Ces deux composantes, pour importantes qu’elles soient, ne
sont cependant pas le fait de toutes les villes. On sait que bien des
agglomérations urbaines n’ont pas connu de chartes de franchises et
n’ont pas éprouvé le besoin de confectionner de cartulaires. Elles
n’en ont pas moins connu et pratiqué une réglementation qu’elles
ont étendue à leur banlieue et parfois au-delà 8 . Cette carence a des
significations dans lesquelles il nous est impossible d’entrer ici. Il
nous suffira d’envisager les cas où la théorie du droit urbain est assez
claire pour être revendiquée sous forme d’une somme de privilèges
rassemblée par les villes elles-mêmes.
6 Les chartes de franchises constituent le premier socle sur lequel se
construit le droit urbain, lorsqu’elles sont émises pour la première
fois et lors de confirmations successives. Mais l’écrit de la charte ne
fonde pas tout. La première rédaction peut succéder à une période
de respect oral du droit, comme le suggère l’exemple d’Abbeville où
la charte émise en 1184 par le comte de Ponthieu, Jean, confirme la
décision que son grand-père, Guillaume Talvas, avait prise oralement
en 1130. Le comte Jean, précise alors que la rédaction de l’acte est
nécessaire quoniam ea que litteris annotantur melius memorie
commendantur 9 . L’écrit contribue donc à l’autorité du droit, mais il
ne suffit pas à le fonder puisque les échevins et maire de la ville ont
pu être maîtres de la justice pendant une cinquantaine d’années, sur
la base d’un accord purement oral avec le comte. Ce qui est vrai pour
Abbeville l’est pour d’autres villes du royaume, d’autant plus que les
chartes écrites se sont propagées en se copiant les unes les autres.
Sur les trente-cinq articles dont se compose la charte communale
d’Abbeville en 1184, quatorze dérivent de la charte d’Amiens telle
qu’elle a été concédée dès 1117 10 . On sait aussi que la charte de
Beaumont-en-Argonne, octroyée en 1182 par l’archevêque de Reims
Guillaume, a été adoptée par plus de cinq cents villages du royaume
de France et de l’Empire. Or, elle avait été mise en forme quoniam ea
quae perpetuo robur obtinere debent firmitatis, ne deleri valeant
aliquatenus vel immutari litterarum memoriae sunt commendanda 11 .
Cette mise en forme, puis sa diffusion ne correspondent pas
obligatoirement à la naissance du droit urbain dans les localités
concernées. L’écrit doit rendre le droit durable et ferme dit le texte,
ce qui ne veut pas dire qu’il n’existait pas un droit antérieur. Ses
modalités étaient peut-être semblables, peut-être aussi légèrement
différentes, mais elles existaient : écriture ne veut pas dire rupture.
La charte de franchises s’impose seulement de façon rigide à un
moment donné de l’histoire du droit des villes.
7 Les raisons politiques et culturelles qui accompagnent ce passage à
l’écrit ne nous concernent pas ici 12 . Mais il importe de constater
que les villes rédigent leurs chartes, avec ou sans commune, après
une période où l’application du droit a été essentielle, parce que le
droit accompagne la formation de la ville. Celle-ci ne se développe
pas dans une sorte d’anarchie normative que la charte de franchises
viendrait clore miraculeusement. Lucien Musset l’a démontré depuis
longtemps pour les bourgades normandes 13 . Les villes flamandes
semblent avoir suivi le même schéma, comme le montrent les
travaux d’Alain Derville sur Saint-Omer : l’octroi de libertés par
l’autorité châtelaine fonde les premiers privilèges individuels,
l’échevinage a une origine haute qu’il convient d’associer au droit
comtal, et la banlieue se présente aussi comme une construction
rationnelle, « dessinée d’un seul trait » par l’autorité comtale. Du fait
même de cette triade « donjon, église, marché », le droit, en
particulier le droit commercial si souvent négligé par les historiens,
est à l’origine des villes, avant et au moins en même temps que la
population s’agglomère de façon plus ou moins anarchique 14 . Le
droit urbain n’a donc pas commencé avec la rédaction des chartes de
franchises, qu’il s’agisse ou non d’une charte de commune, mais on
le voit à l’œuvre dès l’an mil et au xie siècle. Du même coup, ce droit
ne peut pas être uniquement le fruit des décisions des bourgeois et il
emprunte largement à des courants savants ou jurisprudentiels
antérieurs dont il resterait à trouver le fil. La charte vient donc
instituer le droit, mais elle ne correspond qu’à un moment de son
histoire.
8 Le droit urbain que les chartes instituent, est d’autant moins rigide
que ces chartes sont soumises à confirmation. Pour poursuivre
l’exemple d’Abbeville, la charte a été confirmée par les maîtres
successifs du Ponthieu, de Philippe Auguste en 1221 jusqu’à François
Ier en 1514. Il peut s’agir d’une ratification pure et simple faite à la
demande des bourgeois ou d’une ratification avec des rajouts de
privilèges, par exemple pour récompenser la ville de sa fidélité. Cette
transformation peut aussi se faire à la faveur de la traduction du
texte initial en langue vulgaire. Confirmations et traductions
montrent que les chartes de franchises sont très malléables. Dans le
Sud-Ouest par exemple, à partir du xiiie siècle, on parle moins de
franchises que de « libertés et libres coutumes » ou d’« usages » que
l’on accole aux « statuts et établissements ». Tel est le cas à Bordeaux
ou à Sauveterre-de-Guyenne 15 . Il s’agit en fait de dispositions
adoptées par les communautés sur toutes sortes de sujets, à
commencer par le mode d’élection des consuls ou des jurats. Une fois
reconnu, ce mode d’élection fait partie du droit urbain dans la
mesure où il entre dans la coutume du lieu. La plupart des mesures
concernent aussi la police ou les pénalités. Par exemple, à Amiens, la
confirmation de la charte primitive que fait la Chancellerie de
Philippe Auguste en 1190, après la réunion du comté d’Amiens à la
couronne, permet d’ajouter aux quarante-cinq articles qui
constituaient la charte initiale de 1117 un memorandum concernant le
rachat du droit de péage opéré par la commune entre 1144 et 1164 et
six nouveaux articles 16 . Le contenu du memorandum est perdu,
mais on peut supposer, avec Augustin Thierry, que l’article 46 de la
charte de commune octroyée par Philippe Auguste conserve le
souvenir de la transaction qui avait été passée entre la commune et
l’évêque Thierry. Il y est fait allusion à la consuetudo qu’avait
l’archidiacre de prélever une obole sur chaque voiture entrant par
l’une des quatre portes de la ville, lors de la fête des apôtres Pierre et
Paul, coutume rachetée par la commune pour cinq sous et quatre
chapons, et remplacée par un cens. Il s’agit là d’une modification
d’un droit commercial qui existait dans la ville avant même
l’installation de la commune, mais auquel la commune n’avait pas
touché en 1117. Il est probable qu’elle a pu le faire ensuite, à l’issue
d’un certain nombre de démarches et du fait même de sa puissance.
Quant aux six articles qui ont été ajoutés, ils servent à définir et à
affirmer la seigneurie du roi dans le domaine judiciaire. Les
contestations relatives aux immeubles seront jugées par le prévôt ;
tous les crimes et délits seront jugés par les échevins, en présence du
bailli du roi qui devra être effectivement présent pour les cas de
meurtre et de rapt, ces cas étant réservés au roi ; les biens des
homicides, des incendiaires et des traîtres seront dévolus au roi
seul ; nul ne pourra faire de ban dans la ville, si ce n’est par le roi ou
l’évêque ; le privilège de faire rentrer un banni dans la ville est
limité ; enfin le roi garantit les franchises de la ville en déclarant que
la commune ou cité restera toujours unie à la couronne royale 17 .
Ainsi, la charte initiale s’est considérablement enrichie, en
particulier en matière de droit commercial et de droit pénal.
9 À partir du xiiie siècle, le droit monarchique opère une réelle
transformation de la charte, sensible de l’intérieur. On pouvait déjà
en saisir les premiers frémissements un siècle auparavant dans
l’exemple précédent. Le cas de Corbie le confirme pour le règne de
Philippe Auguste, dès son avènement. La charte de commune émise
par Louis VI est perdue et seule subsiste la confirmation faite par son
petit-fils, en 1180. S’agit-il effectivement du même texte, comme le
laisse croire le préambule ? La teneur de ce préambule n’est-elle pas
plutôt destinée à ancrer le droit dans un passé immémorial qui
gomme les effets conjoncturels de la succession des rois, en sorte que
cette succession même fonde le droit royal 18 ? Les différents
articles ne traitent ni de l’organisation de la commune, ni des
fonctions des magistrats municipaux. Ils règlent les services que les
habitants de Corbie et de sa banlieue doivent conjointement au roi et
à la commune 19 . Les lettres que Philippe Auguste écrit pour
résoudre le différend entre l’abbaye et les bourgeois de Corbie le
confirment. La charte a changé de sens : elle devient une sorte de
pacte irrévocable qui scelle les rapports entre la ville et le roi 20 . Le
fait que la charte soit conforme à la raison la justifie en droit, mais
cette raison tire son origine du roi. Il s’agit bien d’un droit urbain
que légitime désormais le droit royal. Le fait que le roi soit revenu
sur ses décisions dix ans plus tard ne change rien à l’affaire, au
contraire. La charte, parce qu’elle est garantie par le roi, acquiert
paradoxalement une plus grande fragilité : elle est désormais
soumise aux requêtes que les uns et les autres sont susceptibles
d’effectuer dans l’entourage du souverain. C’est un privilège
concédé.
10 À la fin du Moyen Âge, l’évolution s’accentue et elle est sensible
jusque dans le vocabulaire. Les textes peuvent, comme à Bordeaux
en 1401, distinguer les privilèges et franchises, écrites ou non
écrites, des coutumes et usages. Les nuances du vocabulaire sont ici
importantes. Elles opposent les privilèges aux coutumes selon une
distinction politique riche de sens, car comme l’écrit Marcel Gouron,
« les coutumes urbaines conservent le caractère théorique de
dispositions de droit en vigueur qui sont avouées et fixées par le
seigneur, tandis que les privilèges sont plutôt le fait gracieux du roi
ou du seigneur » 21 . À mesure que les coutumes locales sont
considérées comme fixées et que le droit monarchique s’étend, le
terme de « privilèges » s’impose pour désigner les actes régaliens,
même quand il s’agit de concessions à caractère coutumier. Certes,
les textes peuvent rester vagues, mais l’évolution est claire. Le droit
urbain devient le fait gracieux du prince. Cela signifie que le contenu
des clauses concernant la justice civile ou pénale est un enjeu de la
fidélité. Le cas de Bayonne peut être pris comme exemple. Ce qui
était « droits et coutumes » en 1170 sous Richard Cœur de Lion et en
1215 sous Jean sans Terre, et qui est encore appelé « statuts et
coutumes » en 1261, devient « franchises et privilèges » en 1273, puis
simples « privilèges » que les habitants de la ville demandent de
confirmer en 1307. À cette date, il est clair que ces privilèges sont
obtenus par une « requête » faite à Édouard II pour qu’il confirme les
articles d’avant 1294 et pour qu’il en concède de nouveaux dans le
domaine judiciaire. La démarche qui prélude à l’établissement du
droit urbain a changé : la confirmation fait l’objet d’une demande de
la collectivité ou de ses représentants, sous forme de requête, et, en
retour, une concession royale leur est accordée 22 .
11 Il s’agit là d’un échange d’un nouveau type entre le roi et la ville que
confirme l’étude de la correspondance entre les échevins et le
souverain. À Reims par exemple, les lettres des Rémois qui ont été
conservées montrent qu’il s’agit de requêtes sollicitant clairement la
bienveillance royale. « Au roy supplient les eschevins dou ban
monseigneur l’arcevesque de Reins pour eux et pour les habitans
doudit ban » écrivent les autorités rémoises à Philippe VI, et le roi
répond « montré nous ont en complaignant les eschevins » 23 . On
peut lui comparer les nombreuses requêtes que ce même roi reçoit
de toutes les villes, de Paris à Narbonne 24 . Le mécanisme de la
requête, source vive d’un dialogue entre le roi et ses sujets, n’arrête
pas l’évolution du contenu du droit urbain, au contraire. Il permet de
définir de nouveaux privilèges urbains qui modifient la charte, en
particulier en matière de justice de sang, de lèse-majesté, et surtout
de cas réservés, dont on a vu l’amorce dans la confirmation de la
charte d’Amiens dès 1190. Des articles défavorables au roi peuvent
aussi être supprimés ou rectifiés, par exemple à Bayonne quand il
s’agit du mode de choix du maire et du clerc de ville, ainsi que du
nombre des échevins. En effet, à partir du début du xive siècle jusqu’à
l’extrême fin du xve siècle, des conflits opposent la jurade de
Bayonne aux différents souverains anglais et français, car la jurade
prétend élire le maire et le clerc de ville, face au sénéchal de
Gascogne, représentant de souverains soucieux de leur droits. Ces
conflits, qui peuvent aller jusqu’à la sédition, comme ce fut le cas en
1399, ont pour enjeu l’élection à l’office de maire et, dans la bouche
des officiers royaux, il est question de l’usurpation dont les habitants
se seraient rendus coupables. Cet exemple montre bien comment le
droit royal, quelle que soit l’origine du souverain, s’est opposé au
droit urbain et a pu le modifier. Mais le mécanisme de la requête sur
lequel reposent les échanges entre le roi et les villes crée un lien
personnel et unique qui oblige l’historien à distinguer les cas les uns
des autres, sans qu’il soit possible de les envisager sous l’angle d’une
politique globale 25 .
12 Les mêmes nuances s’imposent quand il s’agit des ordonnances dont
le contenu contribue à imposer les cas royaux. Elles ne s’appliquent
pas dans les différentes villes de façon aussi rigoureuse et homogène
que le laisserait supposer la théorie héritée du droit romain. En
principe, les cas de haute justice comme le rapt, le viol, l’homicide, la
fausse-monnaie, l’infraction d’asseurement et de sauvegarde, le port
d’armes et la guerre privée, ainsi que tous les actes commis contre
les intérêts pécuniaires ou domaniaux du roi entraient dans cette
catégorie. En réalité, leur assimilation par le droit urbain a été très
variable selon les villes et il est impossible d’établir une hiérarchie
de la gravité des délits à partir des énumérations qui en sont faites
ville par ville. Les raisons de cette incohérence apparente sont
complexes. Il est probable qu’elles tiennent à l’application ancienne
d’un autre principe du droit romain dans les villes, l’arbitrium judicis,
sans doute dès le xiie siècle, comme l’ont montré Bernard Schnapper
et André Gouron 26 . Parmi les crimes dits « énormes » qui nous
intéressent ici, la liste varie donc d’une charte à l’autre et d’une
confirmation royale à l’autre 27 . Si, à Tonnerre, elle comporte
l’adultère, le viol et l’homicide, à Montpellier, elle n’évoque ni le viol
ni l’adultère alors qu’elle regroupe l’homicide et l’ensemble des
crimes de sang. À Avignon, la liste comporte le vol, le viol, l’homicide
et le rapt, tandis qu’à Montolieu en 1392, Charles VI, sans doute en
raison du souvenir des cathares dans le Midi, précise que le vol,
l’homicide, l’incendie, la dévastation des champs, la sodomie,
l’hérésie et la fornication relèvent directement de la justice royale
28 . La constitution de ces listes est plutôt le fait d’interventions

ponctuelles venues des villes elles-mêmes lors des demandes de


confirmation des chartes transformées en privilèges, ou à l’issue des
conflits entre les villes et les autorités royales, comme nous l’avons
vu pour Bayonne. Ainsi, à Lyon en 1347, où les bourgeois protestent
contre les empiètements du sénéchal royal en matière de justice, le
roi reconnaît leurs privilèges tout en conservant la juridiction pour
les vols, les homicides, la trahison et les « crimes notoires » 29 . La
liste se clôt par une référence floue qui laisse la porte ouverte à de
nouveaux empiètements et à de nouveaux conflits, preuve que le
droit urbain est en constant remaniement ! D’ailleurs la guerre et le
développement de l’administration royale obligent à préciser de plus
en plus clairement que la lèse-majesté entre dans les cas royaux.
Mais, même à la fin du Moyen Âge, ce crime est loin de dominer les
listes de délits qu’offre le droit urbain, ce qui est une preuve
supplémentaire d’une absence de plan plus ou moins machiavélique
de la royauté pour imposer son propre droit aux chartes urbaines.
Malgré et à cause de l’assimilation diverse des principes juridiques,
l’heure est encore au pragmatisme juridique.
13 L’importance de la jurisprudence sous la forme des jugements
rendus au Parlement constitue une preuve supplémentaire de ce
pragmatisme. Il s’agit, à la fin du Moyen Âge, de l’un des moyens les
plus pertinents pour interpréter et pour infléchir le droit urbain. La
transformation des chartes urbaines se fait aussi par le biais des
procès et des sentences qui sont rendues. La Cour règle les conflits
qui peuvent naître entre les administrateurs zélés que sont les baillis
ou sénéchaux et les villes. Surtout, elle intervient dans la gestion
même des villes. Les problèmes relatifs aux élections des corps
municipaux ou à l’étendue de leurs pouvoirs font l’objet de
plaidoiries jusqu’au début du xvie siècle, qui infléchissent le droit 30 .
Le Parlement sert aussi de recours pour interpréter les chartes de
franchises et, éventuellement, les modifier. Les arrêts sont autant de
décisions qui transforment la charte. Par exemple, à Amiens, en
1261, un arrêt met un terme à un conflit de juridiction entre l’évêque
et l’échevinage 31 . L’évêque Bernard d’Abbeville réclamait la
connaissance du crime de sodomie, au titre de juge ecclésiastique. La
ville prétendait juger de ce crime, alors qu’il ne figurait ni dans la
charte de commune ni dans les diverses compilations coutumières
rédigées au xiiie siècle. Mais le Parlement confirma la commune dans
son droit de justice et remaneat villa in saisina justiciandi corpora
sodomiticorum. Cette décision est d’autant plus importante qu’à la
différence de ce qui se passe dans le Midi, le crime contre-nature
figure peu dans les chartes des villes au nord du royaume. De la
même façon, à Amiens en 1336, le Parlement intervient en faveur de
la justice laïque urbaine face aux officialités pour juger de l’adultère.
L’évêque est condamné par deux arrêts successifs à voir son
temporel saisi s’il ne se désiste pas de sa prétention et le roi, par
mandement du 10 juillet 1336, enjoint le bailli d’Amiens à exécuter la
sentence, nonobstant toutes lettres royales obtenues par l’évêque
pour garantir son temporel 32 . Or l’adultère n’était pas, comme
nous l’avons vu, un cas royal ajouté par le souverain lors de la
confirmation de la charte en 1190. Seule l’injure qui consistait à dire
d’un mari qu’il était « wissot », c’est-à-dire « coups », cocu, pouvait
être punie de 20 sous d’amende. L’adultère n’était pas non plus un
cas royal d’après la liste publiée pour le xive siècle par Ernest Perrot
33 . Cela signifie que du point de vue du droit royal, cette liste est

elle-même évolutive et qu’elle peut avoir besoin de se peaufiner


avant d’être appliquée in extenso au droit urbain. La genèse des
listes d’infractions se fait donc de façon très empirique, qu’il s’agisse
de la royauté ou des villes. La tendance de la justice du roi consiste
cependant à s’ingérer au plus près dans la régulation des mœurs des
sujets du royaume. La décision du Parlement, en ce début du xive
siècle, prépare à ce qu’affirme le procureur du roi un siècle plus tard,
quand il déclare que « rapt, adultere et avortement » sont crimes
capitaux qui nécessitent la sanction royale 34 .
14 On aimerait pouvoir trouver d’autres pistes qui permettent de
percevoir comment s’est opéré l’échange entre le droit urbain et le
droit royal, mais il s’agit là d’un champ d’action assez peu étudié, qui
mériterait de l’être ville par ville. Albert Rigaudière déplore à juste
titre que « les travaux d’histoire urbaine ne s’intéressent que d’assez
loin à ce problème du jus statuendi municipal » et il en donne
quelques aperçus théoriques chez les canonistes et les romanistes de
la seconde moitié du xiie siècle et du xiiie siècle 35 . Il montre ensuite
comment ce jus statuendi a peu à peu glissé des mains de l’assemblée
de ville à celles des conseils de ville, auteurs d’une importante
législation urbaine que la royauté capétienne puis celle des Valois a
tenté d’unifier, non sans s’en être inspirée et sans avoir dû tenir
compte de capacités et de résistances normatives locales. De façon
concrète, l’existence d’un personnel urbain qualifié et
spécifiquement chargé du droit permet de dire que les villes sont
restées attachées jusqu’à la fin du Moyen Âge à défendre leurs
privilèges et à organiser leurs statuts dans tous les domaines, du civil
au pénal, de la justice à la police. Ce personnel, souvent très qualifié,
sert aussi à défendre le droit urbain au Parlement 36 . Cette
évolution n’est pas propre au domaine royal. On peut la suivre dans
les différentes principautés, de Bayonne, où il existe un « clerc de
ville », « chargé de dire le droit », jusqu’à la cour du maire et des
échevins de Lille, où la ville possède plusieurs clercs 37 . À Bayonne,
il s’agit d’une charge dont le détenteur est élu, au même titre que le
maire. D’ailleurs la ville, après son rattachement à la couronne en
1454, perd ce droit d’élection qu’elle retrouve en 1484 sous Charles
VIII, en même temps qu’elle voit ses anciens droits confirmés 38 .
15 La situation que crée la charte de franchises se révèle donc beaucoup
plus complexe que le laisse supposer l’existence d’un socle de
privilèges écrits et acceptés par les autorités municipales,
seigneuriales et royales. Cette complexité ne doit cependant pas
faire oublier la vertu fondatrice du texte originel. Pour reprendre
l’exemple de Bayonne, il est significatif qu’à la fin du xve siècle et au
cours du xvie siècle, les rois continuent à confirmer les privilèges que
leurs prédécesseurs avaient reconnus aux habitants depuis qu’en
1170, Richard Cœur de Lion avait confirmé les « coutumes et droits »
donnés par l’évêque. La rédaction du texte des « coutumes de la ville,
cité et prévôté de Bayonne » en 1489 aurait pu et dû rendre cette
démarche inutile si elle n’avait pas un autre sens que celui de son
contenu, un sens politique attaché à la nature même de l’acte 39 . Il
s’agit du lien entre le roi et la ville que la confirmation de la charte
fonde en droit, unissant le présent au passé dans une fiction
immémoriale. À Bayonne ou à Corbie dès 1180, ces droits se veulent
éternels comme doivent le devenir les liens entre les habitants des
villes et leur souverain. Les confirmations des chartes ne peuvent
plus être considérées comme des actes répétitifs sans intérêt et sans
signification politique. Elles ont un sens proche des entrées du
prince dans les villes ou de la répétition des ordonnances de réforme
40 . Les confirmations de chartes urbaines méritent d’être relues

dans une perspective qui opère la sujétion dans le système


monarchique. Le droit urbain ne sert pas seulement à régler des
conflits, il institue des pouvoirs et, à ce titre, dans sa forme la plus
originelle, celle de la charte souvent rédigée à la fois en latin et en
langue vulgaire, il sert de capital symbolique dans l’échange entre le
centre et la périphérie. La conservation de la charte dans la huche
municipale en est l’expression la plus apparente. Comme une
relique, on la conserve et on la montre en certaines occasions pour
qu’elle soit gardienne de la cité et bénéfique à ses habitants. Comme
une relique, elle est de ce fait l’intermédiaire-intercesseur entre le
pouvoir souverain et ces mêmes habitants.
16 Les cartulaires constituent le second fondement du droit urbain. On
a déjà dit la carence des études à ce sujet, d’autant plus regrettable
qu’il faudrait inclure ce type de documents dans l’ensemble d’une
culture juridique urbaine qui comprendrait les chroniques des villes,
les coutumiers rédigés à l’initiative de tel ou tel magistrat de la cité,
voire le contenu des bibliothèques municipales. En ce qui concerne
les chroniques urbaines, cette « parole de ville », selon la belle
expression de Pierre Monnet, leur étude est trop rare pour le
royaume de France 41 . Quant aux coutumiers ou aux rédactions de
coutumes, il s’agit d’un type de documents qui sont moins originaux
qu’on ne l’a longtemps cru, parce qu’ils sont le fruit d’une
construction issue du droit savant et que leur rédaction est le
produit historique de luttes de pouvoirs au sein des différentes
juridictions, seigneuriales, municipales, ecclésiastiques et royales
42 . Pierre de Fontaines, ancien bailli royal de Vermandois, en fait la

constatation vers 1250 quand, dans l’introduction de son Conseil à un


ami, il souligne la difficulté d’écrire les coutumes de Vermandois. Il
en attribue la première responsabilité à l’ingérence des gens du roi
qui ont bouleversé les normes pour en créer de nouvelles : « Mes es
costumes de Vermandois me truis-je molt esbahi : por ce que les
anciennes costumes que li preudome ça en arriere soloient tenir et
user sont molt aneanties et presque totes faillies, partie par bailliz et
par prevoz, qui plus entendent a lor volenté fere que a user des
costumes » 43 . Les autres responsables sont les riches à qui les
tribunaux donnent raison contre les pauvres et tous ceux qui font
passer leur intérêt individuel avant l’intérêt commun. Seule une
réforme, un « amendement », comme dit Pierre de Fontaines,
pourrait arrêter le temps et permettre de fixer le droit, une fois pour
toute. C’est là rêve de juriste : mais le droit est malléable comme le
temps qu’il épouse et les coutumiers ne le fixent, eux aussi, que
l’espace d’une utopie. Pourtant, les coutumiers font partie
intégrante de la culture juridique des praticiens des villes du Nord,
comme le montre l’exemple de Saint-Quentin aux derniers siècles du
Moyen Âge, étudié par Sébastien Hamel dans le cadre de sa thèse de
doctorat. Dès 1268, une réclamation en justice fait allusion à un livre
écrit de usibus et legibus Viromandie et de villa Sancti Quintini et
communia, dont nous ignorons la teneur, puisque le plus ancien
manuscrit que nous possédions pour les coutumes de la ville date de
1448 44 . En ce milieu du xve siècle, cette rédaction est encore le fait
d’une initiative privée, sans caractère officiel, même si un siècle plus
tard, en 1557, le texte sert à la réforme de la coutume de la ville. Des
textes ont donc été rédigés par des praticiens juristes locaux. Ils
circulent entre plusieurs mains et ils reflètent les consilia que ces
juristes peuvent donner, y compris aux magistrats, comme le
suggère justement cette belle somme de conseils rédigée par Pierre
de Fontaines, largement inspirée de droit romain, mais aussi nourrie
de cas jurisprudentiels entendus à Saint-Quentin, ville dont l’auteur
était proche 45 . Les coutumiers peuvent donner des aperçus sur le
droit urbain, ils peuvent aussi l’infléchir, mais ils ne le fondent pas.
17 Les cartulaires sont d’une autre nature. Le terme de cartulaire
urbain est le terme consacré pour désigner des registres dont la
rédaction est décidée par la municipalité. Presque toutes les villes du
Nord d’une certaine importance disposent d’un ou de plusieurs
cartulaires. Certains ont été rédigés jusqu’au xviie, voire xviiie siècle. Il
s’agit donc de documents dont le maniement est très complexe,
comme le montrent le Livre Roisin à Lille, le Livre rouge de Saint-
Quentin ou les différents cartulaires de Douai et d’Abbeville. Le Livre
Roisin doit son nom à Roisin, clerc de la ville de Lille à la fin du xiiie
siècle, qui a donné une première rédaction du cartulaire, mais cette
version primitive a été perdue 46 . Actuellement subsistent dix
manuscrits. Celui qui a servi de base à l’édition de Raymond Monier
comporte le texte de la première rédaction, qui a été complétée aux
e e e
xiv , xv et xvi siècles (jusqu’en 1519), comme le montre la copie de
certains documents. Ce texte se divise lui-même en deux parties
nettement distinctes. La première est le fait d’une seule main, qui a
rédigé 140 chapitres de façon continue jusqu’en 1349. Son auteur a
été identifié : il s’agit de Guillaume de Pontrohart, qui a travaillé
pour le compte et aux frais de la ville de Lille. De nouveaux
rédacteurs reprennent le travail de façon discontinue entre 1351 et
1519. Les autres manuscrits datent, pour deux d’entre eux, de la fin
du xive siècle, pour quatre d’entre eux, de la fin du xve siècle, et les
autres de la fin du xvie siècle et du xviie siècle. Les rédactions sont
donc enchevêtrées. À des considérations d’ordre politique, qui
peuvent s’expliquer dans le cadre d’une ville qui a changé
d’obédience, s’ajoutent les aléas que crée la disparition inopinée des
auteurs. Ainsi, la rupture notée en 1349 est peut-être le résultat des
effets de la Peste noire.
18 À Saint-Quentin, la rédaction du Livre rouge débute vers 1330,
quelques années après le rétablissement de la commune qui avait été
suspendue de 1319 à 1321, et il se prolonge jusqu’au xviiie siècle. Sur
les 178 actes que comporte le manuscrit, 95 seulement se réfèrent à
des actes médiévaux copiés avant la fin du xve siècle. La majeure
partie des actes a été rédigée entre 1300 et 1330, soit 76 chartes. La
même main semble avoir rédigé l’ensemble des actes antérieurs à
1330, tandis que diverses mains se sont succédées entre 1330 et 1351,
sans que les actes ajoutés ne semblent suivre une ligne directrice.
Puis aucune charte n’a été insérée entre la seconde moitié du xive
siècle et la seconde moitié du xve siècle. Le premier temps de la
rédaction est donc le plus dense et c’est aussi le plus logique.
Sébastien Hamel y décèle quatre dossiers thématiques : des actes
divers relatifs à la juridiction municipale et à la police avant la
suspension de la commune (figure en première place la charte
communale de Philippe Auguste, datée de 1195), des actes relatifs à
la suspension de la commune, des actes relatifs au domaine
municipal, enfin des actes relatifs à la juridiction municipale et à la
police après le rétablissement de la commune. La suppression de la
commune est donc au cœur de la rédaction du cartulaire de Saint-
Quentin. Le but est clair : protéger les droits des magistrats
municipaux et ceux des bourgeois de la ville.
19 À Douai, la rédaction du premier cartulaire intervient plus tôt, un
demi-siècle après la rédaction de la charte communale octroyée par
Philippe d’Alsace, sans doute avant 1188, et confirmée par Philippe
Auguste en 1213. Ce premier cartulaire, du milieu du xiiie siècle,
comporte quarante-trois feuillets et il contient surtout des bans
échevinaux relatifs à la police, à la justice et au commerce. Il est
intéressant de noter que le premier folio est consacré au port
d’armes, puisque défense est faite de porter « coutel a meure, ne
misericorde, ne hace, ne broke, ne espee », ce qui pose le problème
des rapports chronologiques entre les décisions royales et les
décisions municipales à ce sujet 47 . Suivent des formules de
serments prêtés à la ville par les autorités politiques, qu’il s’agisse du
comte ou du bailli. Enfin s’y ajoutent un certain nombre de contrats
et de décisions de justice, relevant du civil aussi bien que du
criminel : autorisation d’enclore un terrain, condamnations,
asseurement, paix avec entrebaisement, sentence de bannissement.
Ce cartulaire ne renferme qu’une seule pièce émise par les autorités,
à savoir une lettre en latin de la comtesse de Flandre, Marguerite,
datée de 1252, ordonnant aux échevins de reconnaître son fils Guy
comme héritier de la terre de Flandre. Le but de ce premier
cartulaire consiste à rassembler les droits de la ville et à guider leur
exécution. La ville de Douai conserve trois autres cartulaires
médiévaux ou appelés tels par les rédacteurs de répertoires, l’un de
la première moitié du xive siècle, les deux derniers du xve siècle. Le
cartulaire du xive siècle porte aussi le nom de Premier registre aux
privilèges, nom tiré de la table qu’a dressée Henry Dufour, procureur
du roi, en 1488 48 . Parmi ces manuscrits, certains sont plus
nettement des registres que des cartulaires, puisqu’ils contiennent
surtout des pièces émises par les seigneurs, ici les bans échevinaux,
plus que des pièces reçues. Par ailleurs, on pourrait considérer
comme cartulaires d’autres documents commencés au xiiie siècle et
poursuivis ensuite, qui ressemblent dans leur composition et dans
leur esprit aux cartulaires évoqués précédemment 49 . De toute
façon, même si le registre AA 88 ne peut être totalement qualifié de
cartulaire, il témoigne de la précocité d’organisation du pouvoir
communal à Douai. Le droit urbain a bel et bien été codifié en un
demi siècle. Il s’agit là, au milieu du xiiie siècle, d’un premier temps
fort de la rédaction des cartulaires. La fièvre rédactionnelle
témoigne d’un second temps fort que constitue la fin du xve siècle.
Les tables rédigées en 1488 en apportent la preuve, quoique leur sens
ne soit pas très clair. S’agit-il d’un instrument destiné à rendre le
cartulaire maniable ou bien d’un effort pour lutter contre l’oubli ? En
cette fin de Moyen Âge, les cartulaires peuvent et doivent servir, ce
qui ne peut pas être anodin face aux velléités de centralisation de
Charles Quint.
20 Le dernier cas étudié, celui d’Abbeville, renvoie à des fonctions
similaires, mais plus complexes en ce qui concerne le Livre rouge. En
effet, la ville connaît deux cartulaires, le Cartulaire de la ville ou Livre
blanc qui couvre les xiie-xvie siècles (181 fol.) et le Registre de
l’échevinage ou Livre rouge, du xiiie au xvie siècle (243 fol.), le dernier
acte conservé datant de 1516. La rédaction de ce livre de
l’échevinage commence sans doute vers 1280, quand apparaissent les
premiers actes de la justice criminelle. Elle témoigne des différents
domaines où s’exerce le pouvoir municipal. Elle correspond surtout
au conflit qui oppose la commune au roi d’Angleterre, devenu
nouveau comte de Ponthieu, donc au moment où il est nécessaire de
définir les compétences juridiques de l’échevinage. Les échevins
bannissent le bailli d’Abbeville, puis le rappellent à la demande du
roi, le 6 juin 1282, non sans redéfinir les compétences de
l’échevinage vis-à-vis des autorités comtales et les coucher par écrit
50 . Enfin, à la même époque, les échevins font rédiger le Livre blanc

qui regroupe les actes officiels, les privilèges que les comtes de
Ponthieu et les rois de France ont accordés à la ville, ainsi que
différentes lettres. Dès l’origine et jusqu’à la fin du Moyen Âge, la
rédaction du droit urbain à Abbeville est inséparable des
circonstances politiques qui font de la ville et du Ponthieu un enjeu
entre le roi de France, le roi d’Angleterre et le duc de Bourgogne.
Lorsque Louis XI devient maître de la ville à la mort du Téméraire en
1477, il confirme l’ensemble des privilèges de la commune et promet
de n’inquiéter personne pour « les cas advenus, tant en faits qu’en
paroles, durant les divisions et guerres passees » 51 . Les cartulaires
d’Abbeville ont donc valeur de preuve. Ils ont aussi un aspect
jurisprudentiel, surtout le Livre rouge, dont les trois quarts des actes
sont composés de textes de justice criminelle. D’ailleurs, la
composition du registre s’arrête pratiquement quand sont rédigées
les coutumes du Ponthieu, en 1494, rédaction qui rend sa
consultation juridique inutile. C’est la preuve qu’il était destiné à
coucher par écrit des consuetudines, à donner des repères à la vie
sociale pour mieux en dégager les normes. Le document ne reflète
donc ni la justice de la ville ni l’ensemble de la criminalité, mais les
centres d’intérêt de la justice, l’évolution de la norme à leur égard,
tout en veillant à ce que les droits des échevins soient préservés. Les
cas répertoriés, transcrits en ancien et moyen picard, sont
directement accessibles, puisque l’usage du latin est réservé à des
interlocuteurs lettrés, clercs ou chancellerie royale. Il s’agit de
montrer de façon didactique comment la charte est appliquée, quelle
est l’étendue de la juridiction dans laquelle elle s’exerce, comment se
manifeste le pouvoir des échevins, en particulier lors de temps
rituels forts comme l’abattis de maisons (effectif jusqu’en 1395, puis
symbolique) et surtout comme le « rapoostissement », cérémonie de
restitution de celui qui a été emprisonné, jugé ou supplicié à tort par
une juridiction concurrente 52 . Le souci global est moins de coucher
la sentence, qui n’est pas précisée dans un tiers des cas, que
d’énoncer le crime, les juridictions et les procédures. Mais là encore,
le registre reflète l’évolution de la justice. Le nombre des décisions
de justice, très faible pendant la période 1280-1310, augmente au
cours du xive siècle et, au xve siècle, la sentence devient la norme,
puisque les actes ne comportent pas d’issue dans 2 % des cas
seulement. La part des vols augmente aussi parmi les cas recensés,
signe de l’intérêt qui est porté à ce type de délit à l’extrême fin du
Moyen Âge, du moins dans un cadre échevinal pour qui la sécurité
est devenue une préoccupation importante. La dévolution des biens
et le souci de déterminer qui est l’héritier légitime relèvent de soucis
comparables. Le choix des pièces conservées reflète aussi
l’importance croissante des activités réglementaires : ordonnances
de police, avec la création des sergents de la vingtaine en 1345,
ordonnances sur les salaires, ordonnances sur les métiers répartis en
seize bannières présentes dans la commune.
21 Au total, ces cartulaires urbains ont des objectifs multiformes. La
volonté de tracer l’espace dans lequel opère la juridiction échevinale
est certainement le plus constant et le plus apparent. Le droit
urbain, dans son devenir temporel tel que l’exprime le cartulaire,
reprend les fondements spatiaux que nous avions décelés pour la
charte de franchises : la définition de l’espace juridictionnel prime.
Peut-on aller au-delà de cette approche précise du cadre
juridictionnel ? Tous les cartulaires n’ont pas cette volonté
d’explication qui définit leur but avoué et facilite leur interprétation,
comme c’est le cas pour le Papier rouge de Dijon 53 . On peut
cependant tenter quelque synthèse. Le cartulaire urbain se lit
comme un condensé du droit urbain parce qu’il est un outil de
travail pour des échevins qui ne sont pas des juristes et qui se sont
formés par l’expérience, sur le tas en quelque sorte. Ces hommes de
pouvoir y puisent une continuité que ne leur permet pas toujours
leur charge, qui se réduit souvent à une année. Le livre est alors un
aide-mémoire, un guide du passé. Le Livre rouge d’Abbeville donne
bien cette dimension si précise qu’elle finit par devenir exemplaire,
donc a-temporelle, quand il est dit que le cas est couché par écrit
pour que « soit memore de la mort commise par ung nommé Frangy,
serviteur de monseigneur d’Auxi, natif du païs de Bourgogne, en l’an
LXXI, sur la personne de Colart Le Berquier, demourant a la Fleur de
Lys, liquel Frangy a espousé le fille Jehan Breunger de Monstruel » et
que, en marge, figure la sentence : « bany » 54 . On y trouve donc
une dimension jurisprudentielle qui permet de rendre des jugements
conformes à ce que les autorités entendent par coutume. Par
certains côtés, il tient lieu de coutumier, tel le Livre Roisin à Lille,
mais il se présente sous forme de cas particuliers. Cette
jurisprudence est aussi œuvre de mémoire : mémoire des
gouvernants qui y puisent une ligne de conduite politique et
judiciaire, mais aussi mémoire des gouvernés. Le répertoire des
crimes et des criminels inscrit les délits dans un répertoire de
l’infamie qui accorde honte et déshonneur aux uns, signant du même
coup l’honneur des autres et la ligne de conduite qu’il faut suivre.
S’en dégage une sorte de code du savoir-vivre personnel et collectif
pour contribuer à l’honneur de soi et de la ville. Le cartulaire
apparaît finalement comme un livre de glorification de l’institution
municipale et des habitants. Il faut cependant lui imposer quelques
limites : son contenu est à usage interne ; il se manipule entre soi,
dans le milieu clos des échevins et à peine est-il montré aux
habitants de la ville. De ce point de vue, il relève moins que la charte
de franchises du trésor de la ville. Pourtant, il en collectionne le
devenir normatif, ce qui permet aux autorités de s’y référer et de
s’en servir comme un moyen de défense actualisé au gré des
circonstances. Il y a là une preuve que le droit urbain est
extrêmement vivant tout en étant conçu comme fondateur.
Comment son usage a-t-il permis de concilier ces deux aspects, l’un
plutôt mouvant, l’autre monolithique ?
22 L’usage qui est fait du droit urbain montre que, face à une norme qui
pourrait être considérée comme implacable, les justiciables
bénéficient de nombreuses échappatoires. Avant de les appréhender,
force est de constater que les études sur la justice urbaine souffrent
de graves lacunes dues aux sources. En effet, peu de plaids de justice
subsistent avant le xive siècle, ce qui confère un décalage de deux
siècles entre les textes des chartes de franchises et l’apparition des
premiers registres de la justice urbaine, et parfois près d’un siècle
avec les premiers cartulaires urbains. Par ailleurs, ces registres n’ont
pas toujours été conservés, du fait même de la négligence des
autorités responsables, prévôts, baillis ou échevins, qui n’ont pas
jugé utile de les archiver. On ne peut que souligner la différence qui
existe entre le Châtelet de Paris, siège de la prévôté royale la plus
prestigieuse du royaume, et les archives de la Chambre des comptes,
celles de la Chancellerie et celles du Parlement, conservées et
classées au Palais. Les archives du Châtelet subsistent sous forme
d’épaves pour ce qui est des registres d’écrous au criminel, tandis
que les séries de registres des causes civiles ne commencent pas
avant 1395 55 . Cette situation tient moins à des destructions de
documents qui auraient été soigneusement archivés qu’à une
dispersion initiale due en particulier à la négligence des prévôts
successifs. La découverte d’un fragment de registre pour l’année
1412, réemployé dans un dos de reliure, le prouve aisément 56 . La
mauvaise conservation des archives du Châtelet est déjà l’une des
préoccupations des réformateurs en 1320, qui se plaignent de ce que
les prévôts quittent leur charge en emportant les registres,
confondant par là même intérêt public et privé 57 .
23 Dans ces conditions, les vingt-huit registres conservés pour la
prévôté et baillie de l’archevêque de Reims constituent un ensemble
rare et précieux qui, pour la période médiévale, couvre les années
1333-1492 58 . Ils comportent cependant des lacunes, car des
journées entières d’audience n’ont pas été reportées et, dans
certains cas, la totalité des affaires de la journée n’a pas été
consignée. Par ailleurs, ces registres sont loin de couvrir l’ensemble
des affaires judiciaires traitées dans la ville de Reims, du fait de la
complexité des juridictions qui se partagent le territoire de la ville et
sa banlieue. Du point de vue des pouvoirs, rappelons que la ville ne
possède pas de siège royal, ce qui, comme l’écrit Pierre Desportes,
fait du bailliage judiciaire rémois une institution bien modeste et de
Reims une ville moyenne à la fin du Moyen Âge 59 . Il en résulte
aussi un manque d’unité. Les bourgeois qui habitaient le ban
archiépiscopal bénéficiaient de la situation la plus prisée. Leur statut
était réglé par la charte que l’archevêque Guillaume de Champagne,
dit Guillaume aux Blanches-mains, avait accordée en 1182, à la suite
d’une tentative avortée pour constituer une commune. S’ils en
faisaient la demande, ces bourgeois étaient jugés en première
instance par les échevins dont le renouvellement se faisait chaque
année par cooptation ; sinon, ils étaient jugés par le prévôt ou le
bailli de l’archevêque. En cas de flagrant délit de meurtre, de vol ou
de trahison, c’est-à-dire les cas qui définissent la haute justice pour
les autorités ré-moises, la charte prévoyait que le bailli puisse
poursuivre d’office. Le ban archiépiscopal comportait en outre de
nombreux forains qui étaient des justiciables de l’archevêque et
dépendaient directement de ses tribunaux. La ville connaissait aussi
trois autres bans, celui du chapitre cathédral, dont les bourgeois
étaient soumis à la juridiction des chanoines, sauf en cas de flagrant
délit sur le ban archiépiscopal, celui de Saint-Rémi, dont les
bourgeois étaient jugés par un échevinage spécifique ou par le bailli
de l’abbaye, celui de Saint-Nicaise qui bénéficiait d’un régime
identique à celui du ban de Saint-Rémi 60 . Ces divisions sont à peine
estompées par la présence des deux officiers archiépiscopaux que
sont le prévôt, dont l’existence est attestée dès le xiie siècle, et le
bailli, dont l’office a été créé par Guillaume de Champagne. Ces
offices constituent cependant une ébauche de centralisation à partir
de laquelle se diffuse la coutume de Reims, car si les pouvoirs de
leurs détenteurs sont largement amputés par les privilèges dont
bénéficient une grande partie de la population de la ville, ces deux
hommes sont seuls à pouvoir agir d’office et à exercer de fait des
mesures de contrainte allant jusqu’à la peine de mort. Ils sont,
comme nous l’avons vu, les meilleurs maîtres en matière de haute
justice, qu’eux seuls sont capables de définir. Ne soyons cependant
pas dupes de l’efficacité de cette justice urbaine : les procès
s’appauvrissent au fil de leur déroulement, soit parce qu’ils traînent
en longueur, soit parce qu’ils sont interrompus pour laisser place à
d’autres modes de résolution comme l’arbitrage ou l’escondit, cette
forme de serment purgatoire propre à la coutume de Reims. À la fin
du xive siècle, un tiers seulement des affaires qui ont commencé dans
le registre sont résolues dans ce même registre, qu’il s’agisse de la
prévôté ou de la baillie. Et, comme partout, les registres contiennent
très peu de sentences définitives 61 .
24 Du fait de cet imbroglio de juridictions que connaissaient de
nombreuses villes du royaume, il est assez facile pour les justiciables
d’échapper aux pesanteurs du droit urbain. À Reims, comme nous
venons de le dire, l’échevinage a seulement compétence juridique
sur le ban de l’archevêque, soit la moitié du territoire de la ville, et,
dans ce territoire, les bourgeois n’ont pas les même droits que les
forains. Le meilleur argument pour se débarrasser d’un adversaire
est de mettre en cause son appartenance à la bourgeoisie et de semer
le doute « en cas qu’il ne seroit bourgeois ». Les justiciers s’arrachent
les justiciables. En juillet 1494, Nicolas Warnet se déclare « sujet du
chapitre » devant le bailli de l’archevêque. Il reçoit le soutien du
procureur des chanoines qui déclare que « le lieu ou demeure
Warnet estoit et est la seigneurie du chapitre ». Mais le procureur du
bailli réplique que « la maison a esté visitee (...) et a esté trouvé que
l’entree de la chambre et cuisine de l’hostel estoient en la terre de
Monseigneur » 62 ! Ces conflits de juridiction sont à l’origine d’une
perception aiguë de l’espace, comme le laissait déjà présager la
rédaction des chartes de franchises et le contenu des cartulaires. Les
témoignages requis pour en définir les limites donnent une foule de
détails sur la configuration des lieux, qui mettent à mal le topos de
l’imprécision médiévale.
25 Les justiciables profitent de ces conflits. Ainsi l’archevêque de Reims
se montre soucieux du sort des bannis de son ban qui n’ont pas loin à
aller pour se sentir protégés ! On peut douter qu’il ait les moyens de
les récupérer. En 1431-1432, le conflit qui oppose les religieux de
Saint-Rémi à l’archevêque de Reims donne une idée des flottements
possibles dans l’application de la justice. L’enquête permet à dix
témoins d’évoquer la façon dont doivent se dérouler les sentences
d’exécution capitale qui ont été décidées par l’abbaye. L’abbé ne
possède pas de fourches pour y procéder et, par l’intermédiaire de
son doyen, il est obligé de confier le condamné aux hommes de
l’archevêque, ici le prévôt. Cette passation est l’objet d’un rituel
précis qui oblige le doyen à monter sur une pierre réservée à cet
effet, borne symbolique entre les deux juridictions d’où il domine
l’adversaire, tandis que le prévôt donne 30 deniers parisis, somme
non moins symbolique, écho abâtardi du contenu de la bourse
offerte à Judas pour avoir livré le Christ. Le condamné quitte alors
l’espace de juridiction de Saint-Rémi, non sans que le doyen lui ait
asséné une sorte de colée, geste de mort fictive. Puis le doyen
prononce des paroles non moins rituelles pour que les hommes de
l’archevêque conduisent le condamné sans délai jusqu’au gibet, de
façon à ce qu’il n’y ait aucune composition par argent sur le trajet ou
qu’il ne soit enlevé par ses amis : « Menez le tout droit, sans arrester,
morir, comme faire le devez » 63 . Les témoignages précisent que le
rituel n’a pas toujours été efficace, car les justiciables ont su utiliser
des stratagèmes qui ont sauvé le condamné de la corde... À Paris, ces
conflits de juridiction sont courants, étant donné le nombre de
seigneuries ecclésiastiques, ce qui permet aux criminels de jouer
avec un droit urbain éclaté 64 .
26 Les enclaves à ce droit urbain, ratione loci et ratione personae, sont
aussi très nombreuses. Le droit d’asile en est une. Son statut est
complexe, puisque le droit d’asile fait partie du droit urbain, mais il
semble se retourner contre lui, contre une application du droit jugée
trop stricte dans ses principes. On a longtemps cru que le droit
d’asile, héritier des principes judéo-chrétiens, avait connu son heure
de gloire pendant le haut Moyen Âge et le Moyen Âge classique et
que son usage avait ensuite décliné 65 . Il s’agit pourtant d’une
pratique très courante à la fin du Moyen Âge, dans les églises plus
que dans les cimetières, comme viennent de le montrer les études de
Kathryn Reyerson pour Montpellier et de Daniel Lord Smail pour
Marseille, du xiiie au xve siècle 66 . L’un et l’autre démontrent que la
pratique du droit d’asile est étroitement liée à celle de l’exil qui suit
un méfait, en particulier un acte de violence grave : in fugam se
constituerunt est synonyme de se salvabit in ecclesiam. C’est ce que
montre aussi l’Ancienne coutume de Reims, qui interdit aux sergents
de venir chercher le fugitif dans les lieux d’asile 67 . Le sanctuaire a
conservé un sens qui n’est pas celui d’une simple protection contre
une justice qui serait terrible. C’est un lieu d’où le criminel peut
négocier, passer des contrats notariés, et par conséquent préparer la
paix avec la partie lésée. C’est dire que le droit d’asile est
étroitement lié à la fuite qui suit en général la vengeance et au
règlement de cette même vengeance, qu’il s’agisse de préparer le
départ de la partie qui vient de se venger ou, éventuellement, de
négocier entre les parties. Tant que les autorités admettent la
vengeance, elles permettent à cet espace d’exister comme une étape
intermédiaire avant un éventuel exil. Entorse au droit urbain qui
commande de punir, le droit d’asile reflète les accommodements des
autorités avec la vengeance et avec l’honneur. D’autres exceptions,
ratione personae cette fois, concernent les clercs. Le phénomène est
bien connu. Ainsi, à Reims, la coutume distinguait les clercs forains,
les « solutz », que l’on ne pouvait arrêter, des clercs rémois, soumis à
la prise de corps et de biens. Tous étaient justiciables des tribunaux
ecclésiastiques et ils étaient en principe protégés au tribunal du
bailliage par la présence d’un promoteur de l’officialité 68 . Moins
connu est le cas de tous ceux qui bénéficient de juridictions
spéciales, à moitié en raison des lieux dans lesquels ils vivent, en
moitié en raison de leur statut personnel, comme les familiers des
hôtels princiers. À Paris, ils étaient en principe jugés par un
dispositif judiciaire spécifique à l’hôtel princier 69 . Les maîtres de
l’Hôtel que dirige le grand maître de l’Hôtel sont responsables de
l’ordre et des jugements. Intéressés aux amendes et liés aux
dignitaires comme à leurs valets, ils sont plus enclins à préférer la
composition à la corde, y compris en cas de crimes graves. S’ajoutent
les compétences du prévôt de l’Hôtel, celles du connétable, voire
celles du roi des ribauds. Ces chevauchements sont finalement
source de liberté pour ceux qui sont condamnables et le droit est loin
d’être alors appliqué avec la rigueur que suppose la théorie.
27 La confusion entre civil et criminel ne permet pas non plus une
application stricte des principes qui, depuis le xiie siècle, tendent à
séparer la haute de la basse justice. À Paris, le registre d’écrous
conservé pour l’année 1488-1489 continue à mêler sans distinction
les cas de dettes aux cas de sang et de vol 70 . À Reims, ces principes
de séparation sont assez inopérants. En principe, le prévôt doit
examiner les cas civils et le bailli les cas criminels. En fait, les
divisions sont plus complexes : il convient de distinguer la « bature a
sang » de l’autre, mais il n’est pas toujours facile de prouver la
différence de gravité. Il fallait que la victime prouve que le sang avait
bien été versé. Un exemple suffit à convaincre : en 1392, Colesson
Choppardel se plaint d’avoir été battu jusqu’au sang et « il monstra
une petite estechure a la main destre dont li cuirs estoit cheus en
maniere d’une froture et n’y apparu point de sang », plainte
enregistrée dans le registre de la baillie 71 . On apprend ensuite que
le procureur de l’accusé réclame que l’affaire se poursuive en
prévôté : « a esté tendu ad sur qu’il disoit fust renvoyé en prevosté
par ce que veu la plainte, il n’appert point de sanc, disant oultre que
toutesfois que aucun se plaint a sang, il doit apparoir aus eschevins
du sanc et autrement n’est tenu de proceder en baillie mais doit
estre renvoies en prevosté » 72 . Mais il ne semble pas avoir eu gain
de cause, car la mention du renvoi de cette affaire ne figure pas dans
le registre de la prévôté comme cela aurait dû être le cas. Il y a donc
loin d’une théorie parfaitement maîtrisée à la pratique ! Par ailleurs,
certaines infractions qui semblent relever du civil, ont une charge
beaucoup plus forte qu’on ne pourrait le penser avec nos critères
contemporains. Il en est ainsi des infractions commises lors des
marchés, quand un vendeur offre des denrées avariées, aulx, viandes
ou poissons. La punition, immédiate, consiste à brûler les denrées et
il s’agit là d’une honte si forte que les témoins s’en souviennent plus
de vingt-cinq ans après 73 . Où classer ce délit qui remet en cause
l’honneur des coupables ? Le caractère flottant des classifications
entre criminel et civil s’explique par ces atteintes à l’honneur qui
l’emportent finalement sur tout.
28 Certes, la justice royale tend à discipliner l’ensemble. À Paris, le
prévôt fait la chasse au laxisme des officialités, définit au mieux le
statut des clercs incorrigibles qui, de ce fait, perdent leur privilège
de clergie, et, de concert avec le Parlement, cherche à limiter les
privilèges des juridictions princières. Mais la capitale du royaume se
veut un lieu exemplaire qu’il n’est pas possible de prendre pour la
norme. À Reims, ville moyenne comme on l’a dit, le commissaire du
roi se charge de la procédure extraordinaire, comme le prouve le cas
de Guillemin Laleman, bourgeois de Reims appartenant au corps de
l’échevinage, qui, en 1392, est soupçonné de vol avec récidive. Il
s’agit d’un cas de haute justice et il est normal que l’archevêque s’en
soit saisi par l’intermédiaire de son procureur. L’information incite
cependant à juger par « voye extraordinaire ». C’est alors le
représentant du roi qui procède à la torture et qui, finalement, parce
qu’il n’obtient pas d’aveu, donne certification au procureur de
l’archevêque « tant de bouche comme par escript », que « la main de
justice pour les causes dessusdictes mises au corps et biens dudit
prisonnier doit estre levee a pur et a plain ». Le cas est ensuite
couché dans le registre de la baillie 74 . Le pouvoir central pouvait
aussi choisir d’envoyer des réformateurs pour faire accélérer
l’application du droit. Ce fut le cas à Meaux et à Melun où un procès,
en 1384, révèle que les réformateurs, maître Jean des Barres et
maître Aubry de Trie, ont incité à une justice si efficace que, sur leur
ordre, des échafauds sont construits et le bourreau parcourt les rues
de la ville en menaçant les habitants de sa doloire 75 . Ce fut aussi le
cas à Amiens en 1405, lors de l’action que mena Aleaume
Cachemarée, celui-là même qui avait été chargé par Jean de
Folleville, alors prévôt de Paris et du parti des Marmousets, de
rédiger le fameux Registre du Châtelet composé de cas notables
collectés entre 1390 et 1392 76 . Alors huissier au Parlement,
Cachemarée arrive à Amiens en juin 1402, au titre de substitut du
procureur général du roi, pour vérifier la gestion des revenus de la
ville. Son premier souci est de réclamer un endroit propice à la
conservation des registres de l’échevinage. Ce n’est pas simple manie
d’un collectionneur de vieux papiers ! Il s’agit de trouver les preuves
nécessaires pour régler les biens des orphelins. Le registre est aux
yeux de ce réformateur impénitent une garantie indispensable du
droit. Mais, à Meaux, à Melun comme à Amiens, l’action des envoyés
royaux est jugée excessive. La ville d’Amiens se plaint au roi et,
même si dans un premier temps le Parlement met au néant
l’appellation de l’échevinage, Aleaume Cachemarée est finalement
obligé de céder. Les échevins d’Amiens retrouvent leurs privilèges,
portes ouvertes à de nouvelles concussions 77 . La mainmise du roi
face au droit des villes doit donc être largement nuancée : elle peut
donner lieu à des décisions spectaculaires, mais il s’agit le plus
souvent de décisions prises pour l’exemple, qui sont faites en sorte
que le souverain puisse, « de grace especial », revenir au statut
antérieur. L’usage conforte ce qui avait été décelé pour la
transformation des chartes de franchises. Ce qui importe aux yeux
du pouvoir central, c’est ce retour en arrière, qui désormais permet
d’octroyer le droit urbain sous la forme d’un privilège royal. Le droit
urbain y perd en autonomie fondatrice, mais son contenu reste, de
fait, inchangé. Les gagnants sont le roi et les interlocuteurs du roi, en
particulier les échevins, qui gagnent en supériorité sociale, puisqu’ils
dialoguent désormais avec le pouvoir. L’usage a bien ici infléchi la
théorie juridique.
29 Ces remarques relatives au droit du roi s’inscrivent dans un champ
plus large qui oppose la théorie à la pratique. J’ai déjà eu l’occasion
de montrer à quel point la théorie judiciaire relative au droit pénal
était en rupture avec la pratique en ce domaine, y compris quand
cette théorie s’exprime dans les coutumiers, sous sa forme la plus
proche des cas concrets que véhiculent la jurisprudence et les
références à la coutume 78 . La justice urbaine est sur ce point tout à
fait comparable à la justice royale. Elle semble en apparence terrible,
en premier lieu par son aspect systématique. Par exemple à Lille, le
Livre Roisin, dans sa version du milieu du xive siècle, définit dès le
premier paragraphe un idéal de jugement que fondent de très claires
allusions au droit romain. Il convient que le juge s’applique à
« honiestement vivre, autruy nient bléchier, et donner à cascun chou
que est sien » 79 . Ces trois commandements « sunt et naissent de
droit » poursuit le texte, si bien que le juge doit les avoir
constamment devant les yeux et en son cœur quand il juge. Cette
version montre bien le progrès en efficacité que prétend avoir acquis
le droit urbain, car dans sa version première, celle de Roisin
cinquante ans plus tôt, juger consistait seulement à faire perdre ou à
faire gagner l’une des parties 80 . La justice se fonde en équité pour
devenir plus efficace. Quant au contenu même du Livre Roisin, il se
révèle implacable. La référence constante à l’expression « Lois est en
cheste ville », qui commence de nombreux paragraphes, conforte
l’aspect apparemment systématique de l’application du droit.
Comment penser qu’il est possible d’échapper à cette affirmation
selon laquelle « lois est en cheste ville que nuls ne nulle, lonc
l’usayge anchyen, ne fourfait corps et avoir » 81 ? Les exécutions
qui accompagnent la description des crimes fournissent la réponse à
la question posée. Elle doivent être à la fois systématiques et
terribles. La loi du talion est appliquée pour les blessures, « membre
pour membre », et la peine de mort vient sanctionner les fauteurs
d’homicides, selon un procédé qui peut conduire les parents de la
victime à couper eux-mêmes la tête au coupable 82 .
30 Le cri des bans et des ordonnances vient conforter l’impression
qu’une loi implacable pèse sur la ville et sur sa banlieue, d’autant
plus que les autorités municipales édictent leurs propres lois et
transmettent aussi celles du roi. À la fin du xve siècle, à Troyes, de
nombreux cris débutent par « l’en deffend de par le roy nostre
sire... » ou encore « l’en ordonne de par le roy nostre sire... », ce qui
montre la force des ordres royaux, auxquels s’ajoutent ceux de la
ville : « a esté cryé es masqueries et tanneries dudit Troyes ce qui
s’ensuit a son de trompe et cry publique... » ou encore « l’en ordonne
a toutes personnes quelzconques que dedans mardi pour tout le jour
chascun endroit soy oste les fyens et ordure d’icelle ville » et « Item
que chescu enferme les chyens par nuyt en maniere que ilz ne facent
aucun bruit en ladicte ville a peine de dix solz tournois d’amende et
de faire tuer les dits chyens » 83 . Au pénal, il peut s’agir de lois sur
les prostituées, les ports d’armes, le blasphème, etc. Mais tous les
sujets peuvent faire l’objet de règlements qui ont force de loi, ainsi
que l’a montré Albert Rigaudière dans son recensement des
ordonnances de police en France à la fin du Moyen Âge 84 .
L’importance de ces cris est telle qu’à Paris, le procureur du roi au
Châtelet les consigne dans les Livres de couleur rédigés à son intention
85 . Ces cris sont aussi l’objet de publications réglementées par les

villes, qu’il s’agisse des lieux où ils sont émis, comme les « carrefours
accoustumés » ou les « places publiques », des hérauts ou crieurs qui
sont chargés de les publier « a son de trompe », voire des espaces où
les textes peuvent être affichés, aux portes de la ville, de la
cathédrale ou encore à celles des tavernes 86 . Les cris peuvent aussi
être plus ou moins « solennels ». Le droit urbain devient donc
l’affaire de tout le monde pour que la ville puisse punir les
infractions et parce que la sujétion s’est étendue à l’ensemble des
habitants. Le but est clair : il s’agit de « signifier par cry publique es
lieux ou l’en a acoustumé de faire criz publiques, tellement que
aucun ne le puisse ignorer », comme il est écrit dans l’un des
registres des délibérations de Troyes, qui rapporte une ordonnance
royale qui doit être publiée par le soin des échevins en 1430 ; il en est
de même à Reims, dès 1392, à propos d’une ordonnance royale sur
les vivres que plusieurs habitants ont enfreinte en vendant des
harengs transportés de nuit à domicile 87 . La lutte contre les
infractions dépend non seulement du contenu de l’ordonnance, mais
de la qualité de sa publicité, qui est entre les mains de la ville. Une
sorte de carcan semble enserrer la population d’autant que ces
ordonnances, telles les ordonnances somptuaires, interviennent
dans le déroulement de la vie privée et d’autant qu’elles sont
souvent répétées. Les ordonnances relatives à la prostitution font
aussi l’objet d’une législation abondante, dans les villes du Nord
comme dans celles du Midi 88 . Faut-il pour autant en déduire que
cette législation est appliquée ?
31 Commençons par faire un sort à la répétition de ces textes
juridiques, qui est souvent interprétée comme une marque de
faiblesse de la part du pouvoir, ici du pouvoir municipal. Il convient
d’être très prudent, car, comme pour les ordonnances royales, cette
répétition peut être due à leur genèse et à leur but ultime. Leur
genèse : une grande partie des ordonnances sont prises à la suite
d’une requête émanant de groupes privilégiés. Leur répétition suit
donc les vagues successives qui ont voix au pouvoir. Il en est ainsi
par exemple de l’interdiction de port d’armes, chaque fois prise au
nom de la « paix et tranquillité » de la ville, mais cette aporie cache
l’existence de groupes de pression bien vivants, en particulier en la
personne de réformateurs politiques liés aux échevins, aux prélats
ou aux rois. Leur but : la répétition de ces cris dans la ville a un sens
disciplinaire qui tend à développer la sujétion des citadins. Il s’agit
de procéder à une définition collective des mœurs, à dénoncer par
exemple les mauvaises paroles ou les attitudes sexuelles
répréhensibles et, à l’inverse, de décrire ce qu’est la bonne conduite
de l’homme sans armes. Cette régulation des comportements
individuels et collectifs passe par l’existence d’une norme sans cesse
répétée et, à cette occasion, affinée. Il s’agit là d’une œuvre de
longue durée qui procède à la civilisation des mœurs en requérant
d’ailleurs une sorte de purification des habitants. D’où des peines
exemplaires, destinées à expulser les membres corrompus de la cité.
De ce point de vue, le droit urbain est un moteur actif de la
transformation des mœurs. À terme, il doit garantir l’honneur de la
ville.
32 Pour saisir le degré d’enracinement, voire de succès de l’œuvre
normative, il faudrait savoir comment les habitants ont obéi. À Paris
par exemple, l’évolution est sensible pendant les deux derniers
siècles du Moyen Âge. Au début du xve siècle, les agents d’exécution
que sont les sergents arrêtent les malfaiteurs en évoquant seulement
la cause de l’infraction, l’arme que portent les délinquants ou parce
qu’ils ont renié Dieu. Ils ne justifient pas leur action en se référant
systématiquement à l’existence d’une ordonnance, que ce soit sur
l’interdiction officielle du port d’armes ou sur le blasphème. Ce sont
seulement des arguments réservés aux juges ou aux avocats dans les
tribunaux. À la fin du xve siècle, la référence aux ordonnances fait
partie de l’exercice pratique de la justice. Lors des arrestations pour
ces mêmes cas, les sergents justifient leurs actes par la formule « ce
qui est contre les cris et ordonnances », signe que le pouvoir de
police, jusqu’alors assez embryonnaire, s’est affermi 89 . Il se fonde
sur la norme et dans certains cas, y compris en plein jour, les
sergents peuvent opérer d’office. Quelle est cependant la profondeur
de cette acculturation juridique ? Pour la saisir, il faudrait pouvoir
mesurer le degré d’obéissance des habitants et, vers le haut, le lien
entre le droit urbain et les décisions législatives royales. En l’absence
d’études systématiques, on ne peut que proposer des ébauches. En ce
qui concerne les habitants, ils semblent mus par un désir d’appliquer
la norme au mieux de leurs intérêts. C’est la raison pour laquelle les
dénonciations de voisinage fonctionnent bien et aident la justice.
Ainsi, en 1398, à Paris, les voisins sont invités par des « cris et
ordonnances » à dénoncer ceux qui ont joué pendant les jours
ouvrables au lieu de travailler, et ils percevront un quart des
amendes 90 . Cette procédure est courante et elle implique
efficacement les individus dans l’action. En ce qui concerne le lien
entre les décisions urbaines et les décisions royales, il est habituel de
penser que les villes ont copié le contenu de leur législation sur les
ordres royaux. Seule une étude chronologique fine pourrait être
convaincante. Si on considère la prostitution, il semble bien que les
ordonnances de saint Louis, en 1254 et 1256, ont été fondatrices.
Mais les habitants des villes n’ont pas été étrangers aux démarches
locales, comme le montrent les requêtes des habitants d’Arles ou
celles de Marseille. Quant à ceux de Toulouse, ils s’en servent comme
d’un tremplin en 1271 pour demander l’expulsion des filles
communes d’un certain nombre de quartiers honorables 91 . En
revanche, la législation relative au crime contre-nature que
connaissent certaines villes du Midi et exceptionnellement du Nord
ne relève pas d’un modèle législatif royal. Le cas du port d’armes
montre aussi des cheminements très complexes. Il apparaît très tôt
dans la législation royale, dès le règne de saint Louis, mais ne peut-
on pas dire qu’en ce domaine les villes, par leurs chartes de
franchises, ont devancé la législation royale ? À l’inverse, la
législation urbaine spécifique au port d’armes peut être très tardive.
À Paris même, les ordonnances du prévôt sur l’interdiction du port
d’armes sont particulièrement nombreuses au début du xve siècle,
alors que l’ordonnance de saint Louis date déjà de 1258 et qu’elle a
été longuement répétée sous les derniers Capétiens. Il est possible
que, dans les villes, la définition entre une violence licite et une
violence illicite se soit peu à peu clarifiée. Du point de vue militaire,
la mise en défense du royaume, qui supposait une population
urbaine armée, commence à céder le pas à une guerre de
professionnels qui cantonne de plus en plus clairement les simples
sujets dans un idéal de paix. Dans ces conditions, le port d’armes
devient effectivement une préoccupation qui passe au premier plan
pour les autorités urbaines. Il leur faut désarmer une population
ordinaire qui avait pris l’habitude de manier les armes 92 . Il serait
simpliste de penser que le contenu des ordonnances urbaines a été
systématiquement calqué sur celui des ordonnances royales. Il existe
aussi des décalages dans leur application, qui montrent que la
législation urbaine a une vie propre, liée à des circonstances locales
ou nationales.
33 À comparer le contenu de ces ordonnances urbaines, le poids de leur
répétition et les principes rigides qu’elles contiennent, avec la
pratique judiciaire, on serait tenté d’écrire qu’il y a là beaucoup de
bruit pour rien ! En dépit des diverses ordonnances prises contre les
prostituées, la justice se montre clémente à leur égard. Les voisins le
sont sans doute moins que les autorités parce qu’ils redoutent, pour
leur honneur, d’habiter une rue considérée comme dissolue. À Paris,
les filles sont arrêtées par le guet ou par les sergents, mais elles sont
rapidement relâchées. En 1488-1489, d’après le registre d’écrous, sur
367 femmes incarcérées, 140 sont des prostituées. Et, si en
proportion de leur nombre, elles semblent familières du Châtelet,
elles y restent moins longtemps que les autres femmes écrouées, soit
six jours contre onze en moyenne. La chasse aux filles communes
n’est pas d’actualité, du moins de façon définitive. Il en est de même
du blasphème, qui, d’après les ordonnances, doit être puni du pilori
pour le premier blasphème, puis de peines plus sévères s’il y a
récidive (dont la langue percée), et le roi rend la dénonciation
obligatoire sous peine d’amende. Mais, à Paris, malgré la réitération
des ordonnances royales relayées par celles du prévôt en 1397 puis
en 1415, à la veille d’Azincourt, quand il faut purifier le royaume
pour appeler la victoire, ces peines sont loin d’être appliquées. Les
ordonnances sont un cri purificateur plus que coercitif. Ainsi, à
Reims en 1392, le procès relatif aux ordonnances sur les vivres qui
semblait si important au procureur n’a pas de suite, en tout cas elle
n’est pas consignée dans le registre. Quant aux procès qui se
tiennent devant les tribunaux urbains, ils favorisent la composition
entre les parties plus que la sanction. Les plus riches ou ceux qui
appartiennent à des groupes d’amis puissants ont toutes les chances
d’esquiver les peines les plus sévères. Il peut arriver que les juges
s’en plaignent, comme à Montpellier, où, au début du xve siècle, le
procureur du roi dit que « les gens de Montpellier sont merveilleux
et y a plus de cent ans que on ne fit justice de personne qui eust
puissance car il composent tousjours a argent et ont tousjours
acoustumé de menacier le juge et de le mectre au proces se il fait
justice » 93 . Cet exemple suffit à montrer l’étendue des privilèges et
les entorses des bourgeois avec la justice. D’ailleurs les voleurs, les
meurtriers condamnés à la peine de mort, sont des gens qui ne
bénéficient guère de privilèges : ils appartiennent au mondes des
serviteurs ou des servantes ou à celui des étrangers à la ville. Ils
n’ont ni biens ni amis 94 . Les fauteurs d’homicide ne sont pas
toujours punis de la peine de mort comme y invitait le droit
coutumier. Ils peuvent être sanctionnés par un bannissement, mais
celui-ci s’exerce plutôt par contumace, signe que la ville prend acte
des arcanes de la vengeance privée dont elle respecte finalement les
exigences. C’est du moins ce qui apparaît dans les registres-
cartulaires à vocation jurisprudentielle, comme à Abbeville. En règle
générale, la vengeance qui vient se régler dans les rues de la ville
n’est guère poursuivie, y compris pour les populations de l’arrière-
pays qui y trouvent la publicité nécessaire à leurs règlements de
compte, même quand la police est assez efficace 95 . À Paris par
exemple, les auteurs d’homicide sont surtout poursuivis de nuit,
quand il y a port d’armes. Les sergents traquent donc le meurtre
(que nous qualifions aujourd’hui d’assassinat) plus que l’homicide,
qui reste un « beau fait » quand il est commis de jour pour laver
l’injure. La ville est sûrement plus sensible aux incendiaires qu’aux
meurtriers : à Abbeville, ils peuvent être condamnés à mort. Il en va
du bien commun. Elle peut aussi montrer une sensibilité plus grande
au vol, en particulier au xve siècle, sous l’effet des brigandages et des
obsessions sécuritaires 96 . En fait, le droit urbain est surtout
appliqué et donne lieu à des punitions sévères quand l’honneur de la
ville est en cause, en particulier si l’un des échevins a été injurié 97 .
Dans ce cas, la peine semble répondre aux exigences de la charte, qui
cherchait surtout à protéger les échevins et la personne morale que
constituait la commune. Malgré les affirmations théoriques, les
affaires de vengeance sont secondaires : dans les faits, elles
continuent à relever de considérations privées.
34 L’usage que fait la ville de la justice est-il si différent de celui auquel
conduit le droit royal ? Comme le roi, les juges continuent à punir
pour l’exemple et les condamnations à mort sont spectaculaires. Dès
le xiiie siècle, sur décision des échevins, les voleurs peuvent
effectivement être pendus 98 . Mais combien sont-ils à l’être ? Plus
que le roi, si on en juge par les appels que reçoit le Parlement de
Paris, les échevins ordonnent de pratiquer des peines qui peuvent
être terribles : poings et mains coupés, aveuglement, peine de mort
par enfouissement, bûcher, pendaison ou décapitation. L’usage veut
aussi que les animaux, responsables d’accidents, soient jugés et
condamnés. S’ils ont disparu, ils peuvent même être rétablis par
figure avant d’être pendus 99 . Mais, comme le droit royal, le droit
urbain dispose de sortes de soupapes qui permettent à la justice de
s’adoucir. Les paiseurs et leurs tribunaux spécifiques, si importants
dans les villes du Nord, les reconnaissances de trêves, voire les
asseurements, qui sont encore très largement pratiqués au xve siècle,
favorisent les négociations entre les parties de façon à atténuer la
vengeance 100 . La ville préfère aussi le bannissement à la peine de
mort. Si, comme l’écrit Robert Jacob, « bannir, c’est exclure d’un
espace marqué pour sien par le pouvoir » 101 , le bannissement
royal n’a pas pu être un acte politique efficace avant que le
souverain n’ait une perception solide de son royaume, c’est-à-dire
pas avant le xive siècle. Il n’en est pas de même de la ville, qui,
comme nous l’avons vu, a une perception très nette de l’espace de sa
juridiction dès qu’elle acquiert une personnalité juridique. D’ailleurs,
le bannissement est prévu dans le droit urbain dès l’octroi des
chartes de franchises. Il est fils de la ville, laquelle, dans l’imaginaire
biblique, est fille de Caïn, le premier des exclus. Dans ce contexte, il
s’agit d’une peine apparemment moins lourde que la peine de mort,
mais elle est terrible. Le rituel qui l’accompagne le prouve, quand le
futur banni est exclu solennellement, à son de cloche, mené hors des
portes en présence de la foule, parfois après avoir été battu de
verges aux carrefours. Certaines villes, à la fin du Moyen Âge,
tiennent des registres de bannis et elles font l’effort de s’échanger
des informations à leur sujet pour que les peines soient
correctement appliquées et traquer les récidivistes 102 .
35 De façon générale, comme le roi, la ville est loin d’appliquer à la
lettre le contenu des sanctions prévues par les ordonnances.
L’arbitraire des juges est devenu la règle à la fin du Moyen Âge, au
moins pour la haute justice. Le blasphème, par exemple, peut être
aussi bien sanctionné par d’autres formes de peines que par celles
qui sont prévues par les ordonnances. Ainsi, en 1474, à Abbeville,
Mathieu du Val Merchier « qui avoit regnié Dieu et la Vierge Marie,
apres qu’il avoit esté detenu prisonnier plusieurs journees en
l’eschevinage au pain et a l’eaue, a esté mandé au petit eschevinage
et d’illeuc par condempnacion sur lui faite, s’en est party un cierge
de cire tenant en sa main et s’en est alé a l’esglise Saint Sepulcre,
dont il est paroissien crier merchy a Dieu et a la Vierge Marie, chief
nu et genoux flechis, ledit cierge ardant en ses mains... » 103 . Il est
intéressant de noter à quel point cette peine, réellement appliquée,
s’inspire de celles qui sont émises par les officialités et comment s’y
mêle l’usage de l’amende honorable judiciaire à celui que dicte une
spiritualité purificatrice où la cire joue un rôle important 104 . Dans
ce contexte, la paroisse constitue une annexe du tribunal et une
sorte de confusion s’opère avec la pénitence publique, qui est loin
d’avoir totalement disparu 105 . Le fait que cette punition soit
consignée dans le Livre rouge montre que les échevins n’ont pas à
rougir de son caractère jurisprudentiel : au contraire, cette forme de
sanction peut servir d’exemple. L’usage coexiste donc sans problème
avec la norme officielle qui aurait voulu le pilori ou la langue percée.
Peut-être même peut-il contribuer à la création d’une norme
nouvelle. L’aspect religieux de la sanction permet au droit de
s’adapter aux exigences d’une spiritualité qui se révèle à la fois plus
individuelle (le coupable demande personnellement pardon à Dieu)
et plus collective (il est puni dans le cadre de la paroisse que son
crime a offensée). Quant au vol, il est loin de toujours conduire son
auteur au gibet. Le cou-peur de bourses peut aussi bien être fouetté
par les sergents aux carrefours de la ville, être banni ou encore être
rapidement libéré 106 .
36 En revanche, le droit urbain, à la différence du droit reconnu aux
évêques et surtout au roi, ne connaît guère l’usage de la grâce. Les
échevins peuvent même être très hostiles aux lettres de rémission
qui sont accordées par le souverain. Il en va de leur indépendance
judiciaire, puisque le roi ne se prive pas d’accorder sa grâce après un
éventuel jugement des autorités inférieures, mais c’est aussi une
question de principe. Des conflits peuvent naître de cette
prérogative à laquelle prétend le roi et, du même coup, le souverain
fait de la grâce un privilège qu’il fonde en droit en l’associant aux
privilèges qu’il accorde lors de son entrée dans les villes de son
royaume 107 . D’autres conflits peuvent naître du droit de grâce
auxquels prétendent certains évêques, par exemple à Rouen ou à
Orléans, voire à Paris. Les municipalités sont soucieuses de limiter ce
droit, auxquelles elles semblent très imperméables 108 . Ces
remarques ne sont pas sans conséquences sur la façon dont la ville
gère la violence. Pour venir à bout des homicides commis pour
venger un honneur blessé, en l’absence de lettres de rémission, qui
ont entre autre effets de criminaliser l’homicide tout en calmant la
poursuite de la vengeance, les échevins n’ont pas d’autre issue que
de favoriser les transactions privées, d’obliger à l’asseurement ou de
condamner l’auteur de l’homicide. Cette dernière solution peut être
appliquée dans certains cas et les crimes de sang constituent la plus
grande partie des délits retenus dans les archives urbaines. À
Abbeville, blessures et occisions constituent près de 65 % des cas
retenus dans le Livre rouge, de caractère jurisprudentiel. Est-ce à dire
que les échevins prennent de front la violence ? À la sanction, ils
préfèrent incontestablement la trêve et l’asseurement. Les villes
conservent des registres de personnes asseurées, comme c’est le cas
à Abbeville dans le registre aux asseurements et les registres
intitulés Création de la loi 109 . On peut donc penser que la violence
préoccupe les échevins, mais qu’ils n’en font pas le point essentiel de
leur répression. Les autorités urbaines respectent la vengeance. Sa
condamnation, sous des formes d’ailleurs contournées et atténuées,
semble bien être le fait de l’État plus que des autorités locales.
37 Au terme de cette analyse, un constat s’impose. Dans l’état actuel des
recherches, il reste impossible de comparer pied à pied l’usage du
droit par les villes et par le roi. Les réflexions qui vont suivre ne
relèvent donc que d’un bilan provisoire. Il apparaît que les villes ont
à la fois subi une grande emprise de la part du droit royal et qu’elles
s’en sont démarquées en trouvant leur propre originalité, mais en se
situant aussi dans une sorte de hiérarchie judiciaire où la justice du
roi a pris le premier rang.
38 L’emprise du droit royal est visible à plusieurs symptômes. La
référence aux privilèges, précédemment notée, place le droit urbain
en position d’infériorité créatrice. Certes, les villes, au xive siècle,
n’ont que leur charte à la bouche, mais il s’agit d’un combat perdu
qui fossilise la collectivité qui s’y trouve mentionnée. Le privilège
marque la sujétion des villes au pouvoir central. D’ailleurs, les
échevins sont fiers de faire crier les ordonnances royales, de les
copier et de les conserver. À Abbeville, un problème d’asseurement,
qui relève normalement de la ville puisqu’il doit être passé devant
les échevins, débouche sur une référence au droit royal enfreint qui
est tout à fait significative des progrès de la paix du roi. En 1407,
après une bagarre sur le marché, l’échevinage interpelle deux
protagonistes : l’un se met en lieu saint, l’autre est conduit en prison.
L’échevinage applique alors la procédure de quarantaine qui, dans
l’esprit du législateur, devait obliger les protagonistes à parvenir à
une paix et, éventuellement à passer un asseurement entre eux, tout
en vérifiant que la blessure n’avait pas été mortelle, ce qui aurait
transformé la vengeance en homicide. Or, celui qui bénéficie du droit
d’asile bafoue la paix qui se prépare, choisit de poursuivre la
vengeance et se rend chez le frère de son adversaire pour le battre.
L’échevinage estime alors que l’accusé a enfreint « le quarantaine et
treves du roy saint Louis conscinees et gardees en la ville et banlieue
d’Abbeville » 110 . À Lille, ces références au droit royal réussissent à
infléchir la rédaction du droit urbain puisque certains manuscrits du
Livre Roisin renferment des innovations tenant compte des quarante
jours, selon l’influence des coutumes de France 111 . Il en est de
même à Tournai où, parmi les privilèges de la ville que les avocats
évoquent au Parlement, figure, en cas de rixe, la « sureté de
quarantaine » 112 . Tout semble indiquer que l’échevinage s’en
remet aux ordonnances royales pour régler les problèmes de guerres
privées ou de vengeances entre groupes rivaux. N’est-ce pas le signe
d’une répartition des tâches entre les deux justices, royale et
urbaine, une répartition qui accompagne d’ailleurs la criminalisation
par la justice royale de l’homicide commis pour venger un honneur
blessé ? Au roi revient en priorité la charge de juger de ce type
d’homicide, surtout au xve siècle. L’issue qu’il en donne, punition ou
grâce, est un phénomène secondaire. Ce qui compte, c’est le fait que
ce type de crime soit désormais jugé. Mais il ne l’est guère par la ville
elle-même, du moins sans référence au droit royal.
39 En revanche, la ville tend à se spécialiser dans d’autres domaines,
par exemple les fautes professionnelles, alors qu’elles sont en grande
partie absentes des règlements de conflits opérés par la royauté dans
les lettres de rémission 113 . Cela ne veut pas dire que le roi est
étranger à la réglementation des vivres ou des métiers, comme le
montre l’exemple de Reims, où d’après la correspondance entre
Philippe VI et la ville, le roi a participé à l’élaboration des règlements
urbains 114 . Les échevins attendent de lui qu’il protège leurs
franchises et qu’il garantisse la coutume, bref qu’il les protège des
« novelletés ». Mais les échevins semblent avoir bien en main le
respect de cette réglementation et à Reims même, si on en juge par
la recension de Pierre Varin, le roi intervient moins dans ce domaine
au cours du xve siècle. C’est aussi le cas à Abbeville à la fin du xve
siècle, après le retour à la paix : les fautes professionnelles peuvent y
être jugées par les échevins, non par les eswardeurs des différents
métiers, et les peines prononcées peuvent être assez graves, de
l’amende au bannissement. Il en est de même à Douai. Il s’agit de
combattre le vol et l’escroquerie sur la marchandise. Dans le
domaine économique, il semble que les juges s’efforcent de se référer
précisément à la loi de la ville et aux ordonnances édictées
précisément par la ville. À Reims, la plupart de ces délits sont soumis
à une répression bien définie et les amendes restent tarifées en
fonction des forfaits. Dans les registres de l’échevinage, il n’est pas
rare de voir les conclusions du procureur de l’archevêque qui
réclame les sanctions mises au point par les ordonnances. À ce
graissier qui, en 1422, a vendu un porc qui a été jugé « non
suffisant » par les eswardeurs, la cour requiert « une amende de 60
sols parisis comme contenu dans les ordonnances » ; les juges
peuvent aussi décider « es amendes telles comme les ordonnances
vieilles et nouvelles le donnent » ou encore être plus précis en
concluant qu’il « fust condempné en l’amende de XXII sous et demi
selon les ordonnances anciennes et en l’amende de XX sous selon les
nouvelles » 115 . Des amendes arbitraires assorties de peines
peuvent cependant sanctionner ces délits économiques. Comme le
précise d’ailleurs la coutume de 1481, la loi laisse un certain nombre
de peines ouvertes, à la discrétion du juge qui peut toujours
transformer l’amende fixe en peine arbitraire 116 . Outre l’amende,
la marchandise, on l’a vu, peut être brûlée, ou « donnee pour Dieu » ;
les responsables peuvent aussi être soumis à une très forte amende,
tels ces tisserands de draps de Reims qui doivent payer 500 livres et
sont privés de leur métier, ou encore bannis, comme ces maîtres
foulons qui, en 1415, « se mirent ensemble et firent monopole » 117 .
L’adéquation relative entre la théorie et la pratique montre que le
jugement colle de près à la loi quand il s’agit de défendre les vivres
et les marchandises. Est-ce l’effet des crises passées et de
l’expérience administrative que la ville a dû acquérir en ce domaine
pour répondre aux besoins de son approvisionnement ? C’est
possible. En tout cas, les biens sont au cœur du droit urbain.
L’honneur de la ville en dépend, mais on voit comment l’usage du
droit contribue à infléchir le contenu de cet honneur depuis le xiie
siècle !
40 Cette emprise du droit royal n’a pas été sans résistances et les juges
du Parlement ont dû mener de nombreuses enquêtes sur les
coutumes pour juger du bon droit des appelants. Les questiones
conservées par Jean Le Coq au xive siècle montrent de façon très
claire comment le droit royal se frotte au droit local 118 . Le rejet
peut être brutal, comme ce fut le cas face aux prétentions des
Religieux de Saint-Nicolas-des-Prés de Tournai et plusieurs autres
seigneurs, qui, en 1392, avaient voulu régler un problème de bornage
en pratiquant le cherqueminage : « par la coustume, les anciens
giettent bastons et font le cerquiminage, et en ce cas n’en a point
acoustumé a monstrer tiltres » 119 . Ces anciens avaient ensuite
placé les piquets pour le bornage. Les plaidoiries sont violentes, car
ces bornes remettent en cause la justice que la ville prétend exercer
en ces lieux, à savoir « toute jurisdicion toute haulte et basse ». Du
même coup, le prévôt et les jurés se rangent aux côtés du procureur
du roi. Ils vont jusqu’à dénoncer l’usage de la coutume du
cherqueminage dans la ville même de Tournai et, à l’inverse,
souhaitent « monstrer lettres et tiltre ». Un an plus tard, le
Parlement tranche en déclarant qu’il « ne se fera point d’enqueste
sur la coustume proposee par les deffendeurs pour ce que la court ne
la reçoit point, mais les en deboute » 120 . Le verdict est net : la
coutume du cherqueminage n’est pas recevable par le droit royal et
Jean Le Coq d’en constater le rejet ad veritatem faciendam super
divisione facienda. Remarquons que les échevins de Tournai se sont
montrés complices de ce droit royal parce qu’il servait mieux leur
cause, ce qui permet de comprendre que l’antagonisme entre les
deux droits n’est pas toujours très clair ! D’autres affaires, au
criminel, donnent une vision plus contrastée, en particulier quand il
s’agit de la procédure qui doit être suivie.
41 Il ne peut être question ici de reprendre le problème complexe que
suppose l’extension de la procédure d’enquête voulue par saint
Louis, puis développée par ses successeurs 121 . Le cas de Lille
montre les difficultés que le droit royal a pu rencontrer pour
étendre, voire imposer la procédure inquisitoire. Jusqu’à la fin du
Moyen Âge, « parler par loy » revient pour les bourgeois de cette
ville à parler conformément aux rites formalistes traditionnels. Dans
son étude sur la procédure civile, Raymond Monier montre comment
les excuses pour ne pas comparaître lors d’un procès ont pu être
modifiées au cours des derniers siècles du Moyen Âge, en particulier
par la législation des ducs Valois, mais comment les termes restent
formalistes, parce que consacrés par la coutume 122 . « Aller a
sains », c’est-à-dire prêter serment sur les reliques, reste un acte
essentiel que doivent accomplir les bourgeois d’après le Livre Roisin.
La façon de tenir son poing peut permettre de perdre ou de gagner
un procès, signe de la décision divine. En règle générale, le Livre
Roisin semble être une sorte de conservatoire des rituels dont le
respect est au cœur de la justice : serment, ban à haute voix, énoncé
des nom et surnom, cris et cloches de la ville, etc. Ce formalisme
montre la survivance et la force de la procédure accusatoire, y
compris au criminel. Rares sont les villes où les échevins agissent
réellement d’office ou, si c’est le cas, ils doivent se porter
accusateurs, au nom de l’ordre public 123 . Ces survivances donnent
lieu à un certain nombre de procès au Parlement. À Tournai,
l’ancienne coutume du bornage en a donné un aperçu, mais il en est
de même au criminel. Les bourgeois de la ville prétendent qu’il est
« accoustumé en la dite ville que se aucun bourgeois d’icelle fait
aucun homicide de beau fait entre deulz soulans hors du royaume
apres deffiances, il ne peut ne ne doit estre poursuy par justice se ce
n’est a requeste de partie formee » 124 . Le cas vient de se présenter
et l’accusateur est emprisonné avec l’accusé. Il est intéressant de
voir que, dans cette cause, le droit royal est justement défendu par
Jean Bouteillier et que l’accusateur, qui a été emprisonné avec
l’accusé, finit par se dire clerc, sans doute pour échapper à la prison,
si bien que son intérêt rejoint celui du droit royal... D’ailleurs le
procureur du roi argue de la partie formée pour affirmer que, de ce
fait, l’accusateur était en la sauvegarde du roi. Cette cascade de
droits enchevêtrés aboutit à ce que le greffier, Jean de Cessières,
appelle « une grande plaidoierie », au terme de laquelle la Cour ne
tranche pas entre le droit royal et le droit urbain.
42 Cet exemple montre la complexité dans laquelle s’enfonce le droit,
tel qu’il est appliqué dans les villes à la fin du Moyen Âge. Des pans
entiers de procédure accusatoire peuvent subsister pour permettre
la résolution des conflits. Parmi les survivances, que les historiens
qualifient sans doute à tort d’archaïsme, figure l’escondit, qui, sous
ce nom, semble une sorte de spécificité rémoise. Il s’agit en fait d’un
serment purgatoire dont la pratique est totalement contraire à
l’ordonnance que Philippe III émet en 1280, où il qualifie le serment
purgatoire de « mauvaise coutume » 125 . L’accusé prêtait serment
d’innocence et un certain nombre de cojureurs, six ou neuf,
obligatoirement choisis parmi des non-excommuniés, lui étaient
associés. Ils prononçaient alors ces mots : « Sire, par le serement
qu’il a fait, je croy qu’il a fait bon serement » et faisaient ces gestes :
« et en se disant doivent lever la main dextre par dever les sainctz »
126 . L’étude de la pratique judiciaire montre que l’usage de

l’escondit est encore consigné dans les registres de l’échevinage à la


fin du xve siècle et qu’il y est utilisé dans le cadre de la procédure
d’office, lorsque, comme l’écrit Anne Lacour, « le juge ou le
procureur ne parvenaient pas à faire la preuve de la culpabilité de
l’inculpé » 127 . Les cas sont nombreux et il se peut, comme le pense
l’auteur, qu’il s’agisse là d’un moyen pour les échevins rémois de
résister à la centralisation. Il n’est pas sûr cependant qu’ils aient été
toujours suivis par les bourgeois, qui peuvent chercher une preuve
d’innocence plus rationnelle, tel ce Simon Popchan, qui, lavé par
l’escondit, continue pourtant à se sentir « grevé » et réclame de
« mectre au neant l’appoinctement » 128 .
43 Dans certains cas, les échevins sont les premiers à réclamer le recul
de la procédure accusatoire. À Lille, ce sont eux qui demandent à
Jean le Bon, en 1351, de modifier les anciennes formalités du
serment pour les remplacer par un serment solennel sur les
Évangiles et le crucifix, selon l’usage au Parlement de Paris. En
même temps, les cojureurs sont supprimés. Désormais le serment
n’est plus considéré comme un jugement de Dieu mais comme un
élément du procès, antérieur à l’administration des preuves et au
jugement 129 . De la même façon, en 1368, les échevins demandent à
Charles V de substituer la procédure écrite à la procédure orale et à
mettre les frais à la charge du perdant 130 . Ces lettres royales, qui
sont loin d’avoir été appliquées, sont reprises et complétées en 1441
par les ducs de Bourgogne : le droit urbain lillois définit alors
clairement la procédure qui doit être suivie et les dossiers que
supposent les procès. Mais l’évolution a été longue et rien ne dit que
ce suivi ait concerné l’ensemble des délits, car la procédure
accusatoire continue d’être employée pour les délits considérés
comme mineurs ou dans certains cas et pour certaines personnes,
par exemple à Paris à la fin du xve siècle, comme l’atteste le registre
d’écrous de 1488-1489, ou encore à Poitiers, où même le Parlement
de Charles VII est parfois obligé de se conformer, en première
instance, aux exigences de la procédure accusatoire locale 131 .
L’usage de la procédure, par sa complexité, confirme donc la
distance qui sépare la théorie de la pratique, preuve que le droit
royal ne cherche pas à s’appliquer de façon uniforme au sein des
villes.
44 Dans le royaume de France, le droit urbain oscille entre théorie et
pratique. Sa force théorique est pourtant spectaculaire. Elle puise ses
fondements dans la charte de franchises que vivifient les registres,
cartulaires urbains ou registres jurisprudentiels. La fin du Moyen
Âge connaît un véritable engouement pour ces registres, une sorte
de folie de l’écriture administrative qui a coûté fort cher aux villes
chargées de les faire tenir et de les conserver. Quant aux chartes,
dans cette société du contrat et de la chicane, les voici sans cesse
brandies comme des preuves, plus ou moins soigneusement
conservées, en tout cas sans cesse reprises pour mieux témoigner du
caractère vivant de la communauté qui les a produites et qu’elles
sont censées servir. Les procès en résonnent, de la plus grande à la
plus petite ville, telle cette bourgade de Clamanges dont les
habitants, en 1372, « recitent leurs chartres et privileges et titres
onereux de franchise », tandis que ceux de Sens, prestigieuse cité,
« affirment et soutiennent leur presentacion et fondacion », avec
pour preuve irréfutable le fait qu’ils « s’assemblent a son de cloche »
132 . Le maniement de ces documents a un impact politique plus

qu’il ne sert à figer la justice en une référence théorique.


45 Le droit urbain n’est pas seulement destiné à servir des droits, il est
fondateur et, comme tel, doté de vertus. Cela tient à plusieurs
raisons. La première est liée au contenu réel de ces textes
symboliques. En principe, leurs foudres sont terribles. En réalité, du
point de vue de la justice, ils sont ouverts et malléables. De ce fait, ils
laissent le champ libre à une foule de formes de résolution des
conflits. La procédure accusatoire peut certes paraître figée et
distante, formaliste et rigoriste, mais dans combien de cas est-elle
requise, dans combien de cas l’accusé et l’accusateur choisissent-ils
de recourir au juge ? Quant à l’introduction de la procédure
inquisitoire, elle ne donne pas lieu à l’expression écrite d’une
normativité urbaine. Les coutumes des villes et les ordonnances ne
ressemblent guère au Style du Parlement. À l’historien de
reconstituer à partir des actes de la pratique et par une sorte de jeu
de patience comment s’énonce la plainte en justice, à quelle date elle
doit l’être, comment doit se décliner l’identité, quelle est la place de
la fama, comment s’effectue le paiement du procès, etc. Dans ces
conditions, il est normal que subsistent des trous graves, par
exemple sur la place et le déroulement de la torture, qui ne font
guère l’objet de réflexions théoriques. Les appels au Parlement de
Paris en témoignent : en matière de torture, la justice urbaine
n’apparaît pas sous un jour différent des autres justices seigneuriales
et les appelants dénoncent son usage abusif par des juges impliqués
dans les haines locales. Seul parmi les justices urbaines, le Châtelet
fait exception de ce point de vue, et encore pendant le temps court
de la gestion des Marmousets, entre 1389 et 1392, quand le prévôt de
Paris tente de montrer comment il faut procéder pour obtenir un
aveu garant de vérité 133 . Mais l’absence de choc réel entre la
théorie et la pratique a une autre raison, celle de la malléabilité des
échevins et des justiciables. On les voit osciller de la coutume de leur
ville au contenu du droit royal, au gré de leurs intérêts. Cette
perméabilité signe une acculturation judiciaire rapide et efficace.
L’impression qui en ressort est ambiguë. Certes les gens du roi ont
crié les ordonnances, propagé de nouvelles formes de procédures,
prêché pour l’écrit et la tenue d’archives, mais ont-ils eu tant de mal
à le faire ? La diffusion du droit royal ne s’est pas faite sous la
contrainte. Les habitants des villes y ont trouvé leur compte,
d’autant plus qu’ils ont su conserver, en cas de besoin, la référence à
des coutumes anciennes pour jouer des deux droits. Du même coup,
le droit des villes semble avoir été un droit en liberté, oscillant entre
la théorie et la pratique, le roi et le passé, du moins pour ceux qui
avaient assez de surface sociale pour s’en réclamer et choisir entre
les voies qui pouvaient s’offrir.
46 La clé de l’explication est simple. Certes, comme l’écrit Jean-Philippe
Genet, « à partir du xive siècle, un caractère essentiel de la ville est sa
reconnaissance par l’État » 134 , mais cette reconnaissance s’est
opérée sous la forme d’un dialogue et d’un contrat entre le roi et les
sujets dont la charte était le fondement. Pourtant le dialogue est
apparemment inégal, puisque les contractants urbains sont obligés
de requérir et de supplier le pouvoir pour faire reconnaître la charte
comme une forme de privilèges, alors qu’ils l’avaient parfois obtenue
de haute lutte. Comment cela a-t-il été possible ? Cette démarche
est-elle une obligation et un abaissement, ou encore une nécessité
pour défendre un honneur menacé par le déséquilibre de pouvoirs
rivaux et instables, comme semblent le dire les Rémois au Parlement
135 , ou la réponse normale à un pouvoir royal transcendant dont la

vertu politique était de toujours donner et par conséquent d’inclure


ses sujets dans un cycle ininterrompu de suppliques et de dons ? Le
roi est-il un arbitre ou une ressource charismatique ? Les deux sans
doute. En tout cas la sujétion se charge d’une rhétorique de
l’affectivité. À Reims, dans la première moitié du xive siècle, le roi
parle de sujets qui lui « ont requis moult affection » et il répond dans
les mêmes termes « pour le grant amour que nous avons a nos bons
subgiés » ; plus précisément, il défend les échevins contre ceux qui
les ont menacés, confiant l’enquête au bailli de Vermandois qu’il
charge de lutter contre ceux qui ont été « en grant vitupere et injure
des diz suppliants » et de les punir « sans aucun deport selon la
qualité de leurs meffais » afin « que tous autres y prengnent exemple
en gardant nostre droit » 136 . Le cercle de l’échange
complainte/privilège est ouvert. La grâce royale joue à plein et elle
se propage en un jeu de miroir reliant le roi à ses sujets. Ainsi se crée
l’obéissance, qui permet à la municipalité de Troyes, en 1501 d’écrire
sans problème au roi Louis XII en « le remerciant tres humblement
de ce que sa benigne grace lui a pleu leur escripre et faire savoir de
ces affaires, en luy suppliant tousiours luy plaise les tenir et reputer
ses loyaulx et tres obeissans subgectz » 137 . Flagornerie, démarche
intéressée ? Peut-être. Mais ces formules ont comme la charte une
vertu fondatrice. Elles servent à conserver le droit de la ville et à
constituer de ce fait, au sein du royaume, une série d’honneurs
emboîtés, celui des habitants, celui des magistrats de la ville, celui du
roi et celui de la couronne qui montent jusqu’à Dieu. Dans ces
conditions, l’obéissance des villes ne supprime pas la spécificité de
leur droit, elle en fait un instrument d’échange nécessaire entre le
roi et la ville et l’enjeu d’un honneur recomposé et redistribué selon
une forme à la fois contractuelle et pyramidale.

NOTES
1. Cité dans P. Blickle (éd.), Résistance, représentation et communauté, trad. fr. Paris, 1998, p.
256.
2. Tableau général dans Ch. Petit-Dutaillis, Les communes françaises. Caractères et évolution des
origines au xviiie siècle, Paris, 1947, 2e éd., Paris, 1970. Voir les cas évoqués par P. Desportes,
Le mouvement communal dans la province de Reims, dans Les chartes et le mouvement communal,
colloque régional, Saint-Quentin, 1982, p. 105-112, et les remarques de N. Gonthier, Cris de
haine et rites d’unité. La violence dans les villes, xiiie-xvie siècle, Turnhout, 1992.
3. Texte de l’Institutio pacis dans Recueil des actes de Louis VI roi de France (1108-1137), éd. J.
Dufour, 3 vol., Paris, 1992, II, n. 277, p. 88-96. Commentaire par A. Saint-Denis, Apogée d’une
cité. Laon et le Laonnois aux xiie et xiiie siècles, Nancy, 1994, p. 132-146.
4. P. Bertin, Une commune flamande-artésienne : Aire-sur-la-Lys des origines au xve siècle, Arras,
1947, et surtout A. Derville, Les origines des libertés urbaines en Flandre, dans Les origines des
libertés urbaines, Actes du xvie Congrès des Historiens Médiévistes de l’Enseignement supérieur
(Rouen, 1985), Rouen, 1990, p. 193-215. Voir également, du même auteur, la première partie
de sa dernière synthèse, Villes de Flandre et d’Artois (900-1500), Lille, 2002.
5. C’est ce qui ressort de la synthèse de B. Chevalier, Les bonnes villes de France du xive à la fin
du xvie siècle, Paris, 1982. Même affirmation chez P. Lewis, Later Medieval France. The Polity,
Londres-Melbourne-Toronto-New York, 1968, trad.fr. La France à la fin du Moyen Âge, Paris,
1977, p. 349 : « Il serait totalement anachronique d’imaginer, même dans le cas d’un seul roi
en particulier, une politique royale cohérente envers les villes de son royaume ».
6. R. Grand, Les « Paix » d’Aurillac. Étude et documents sur l’histoire des institutions municipales
d’une ville à consulat (xiie-xve siècle), Paris, 1945.
7. P. Desportes, Reims et les Rémois aux e et
xiii
e siècles, Paris, 1979 ; A. Rigaudière, Saint-
xiv

Flour, ville d’Auvergne au bas Moyen Âge. Étude d’histoire administrative et financière, 2 vol., Paris,
1982.
8. Les disparités relatives aux chartes de franchises sont maintenant bien connues, voir la
synthèse des différents travaux dans La ville. I. Institutions administratives et judiciaires,
Bruxelles, 1954 (Recueils de la Société Jean Bodin pour l’histoire comparative des institutions, 6) ; J.
Schneider, Les origines des chartes de franchises dans le royaume de France (xie-xiie siècles), dans
Les libertés urbaines et rurales du xie au xive siècle, Colloque international de Spa, 1966, Pro Civitate,
19, 1968, p. 29-50 ; J. Le Goff (éd.), La ville médiévale, dans Histoire de la France urbaine, dir. G.
Duby, II, Paris, 1980, en particulier A. Chédeville, De la cité à la ville, p. 29-190. En revanche,
on manque cruellement d’études et de synthèse sur l’histoire des cartulaires urbains,
comme le montrent de façon significative les actes de la table ronde qui vient d’être
consacrée à ce type de documents, où le cas des villes n’est pas traité : O. Guyotjeannin, L.
Morelle et M. Parisse (éd.), Les cartulaires, Paris, 1993.
9. Préambule de la charte dans Recueil des monuments inédits de l’histoire du tiers état, éd. A.
Thierry, 4 vol., Paris, 1850-1870, IV, p. 9.
10. D’après J. Boca, La justice criminelle de l’échevinage d’Abbeville au Moyen Âge, 1184-1516, Lille,
1930, p. 20.
11. E. Bonvalot, Le tiers état d’après la charte de Beaumont, Paris, 1884, p. 110.
12. Il suffit de renvoyer aux perspectives de recherches ouvertes par M. Clanchy, From
Memory to Written Record. England, 1066-1307, Londres, 1979.
13. L. Musset, Peuplement en bourgage et bourgs ruraux en Normandie du xe au e siècle, dans
xii

Cahiers de civilisation médiévale, 9, 1966, p. 177-208.


14. A. Derville, Les origines des libertés urbaines en Flandre... cité n. 4, p. 195 et 205 ; Id., Saint-
Omer des origines au début du xive siècle. Essai d’histoire sociale, Lille, 1995 ; Id., Les institutions
communales de Saint-Omer, dans Les chartes et le mouvement communal... cité n. 2, p. 149-159.
15. Exemples dans M. Gouron, Catalogue des chartes de franchises de la France, II, Les chartes de
franchises de Guienne et de Gascogne, Paris, 1935, p. iii-iv et 208, 719-721.
16.Recueil des documents inédits... cité n. 9, I, p. 86-87 et p. 104-114.
17.Liceat civitatem Ambianensem vel communiam extra manum nostram mittere, sed semper regie
inhereat corone (ibid., p. 114).
18.Sic nostre congruit excellentie predecessorum nostrorum instituta immutabiliter servare, in quo
debitam regibus reverentiam exhibemus antiquis et ad idem successores nostros congruis invitamus
exemplis (ibid., III, p. 425-426).
19.Quicumque infra banlivam manserit, servitium nostrum et id quod pertinet ad communiam faciet
(article 1, ibid., p. 426).
20.Ibid., p. 427. La charte est déclarée bonam esse et racionabilem et quod abbas nulla racione
eam poterat in irritum revocare.
21. M. Gouron, Catalogue des chartes de franchises... cité n. 15, p. iv.
22.Ibid., p. 123. Confirmation de ces privilèges, à la demande des habitants, en 1390 (ibid., p.
134-135).
23.Archives administratives de la ville de Reims, éd. P. Varin, 5 vol., Paris, 1839-1848, II, p. 664 et
859.
24. Voir les références citées par R. Cazelles, La société politique et la crise de la royauté sous
Philippe VI de Valois, Paris, 1958, qui analyse les conséquences politiques du phénomène pour
l’année 1343, p. 164-166.
25. Sur ce mécanisme de la requête, voir les actes du colloque, H. Millet (dir.), Suppliques et
requêtes. Le gouvernement par la grâce en Occident, Rome, 1998 (Collection de l’École française de
Rome, 310).
26. B. Schnapper, Les peines arbitraires du e au
xiii
e siècle (doctrines savantes et usages
xviii

français), dans Revue d’histoire du droit, 41, 1973, p. 237-277 et 42, 1974, p. 81-112 ; A. Gouron,
L’apport des juristes français à l’essor du droit pénal savant, dans D. Willoweit (dir.), Die
Entstehung des öffentlichen Strafrechts, Cologne-Weimar-Vienne, 1999, p. 338-364, en
particulier aux p. 358-360.
27. Je me permets de renvoyer aux remarques que j’ai formulées sur la difficulté d’établir
une hiérarchie des délits et des peines d’après les chartes urbaines, Cl. Gauvard, « De grace
especial » : Crime, État et Société en France à la fin du Moyen Âge, Paris, 1991, II, p. 790-792.
28. E. de Laurière et alii, Ordonnances des rois de France de la troisième race..., Paris, 1723-1849,
22 vol., réimp. Farnborough, 1965-1968 [désormais cité « ORF »], VII, p. 504, et autres cas
cités par B. Schnapper, Les peines arbitraires...
29.ORF, II, p. 257.
30. Par exemple à La Rochelle et à Poitiers : cas cités par F. Aubert, Histoire du Parlement de
Paris de l’origine à François Ier, I, Paris, 1894, p. 310, n. 2. Voir les exemples étudiés récemment
par G. Naegle, Stadt, Recht und Krone. Französische Städte, Königtum und Parlement im späten
Mittlelalter, Husum, 2002, 2 vol.
31.Les Olim ou registres des arrêts rendus par la Cour du roi, 1254-1319, éd. A.-A. Beugnot, Paris,
1839-1848, 4 vol., I, p. 136, no V.
32.ORF, II, p. 117.
33. E. Perrot, Les cas royaux. Origine et développement de la théorie aux xiiie et xive siècles, Paris,
1910, reprint Genève, 1975, p. 327-328.
34. Archives nationales [désormais citées : « AN »], X2a 25, fol. 86v, 11 décembre 1449.
35. A. Rigaudière, Réglementation urbaine et « législation d’État » dans les villes du Midi français
aux xiiie et xive siècles, dans N. Bulst et J.-P. Genet (éd.), La ville, la bourgeoisie et la genèse de
l’Etat moderne, Paris, 1988, p. 35-70, repris dans A. Rigaudière, Gouverner la ville au Moyen Âge,
Paris, 1993, p. 113-159, ici p. 115.
36. Synthèse par A. Rigaudière, L’essor des conseillers juridiques des villes dans la France du bas
Moyen Âge, dans Revue Historique de Droit Français et Étranger, 62, 1984, p. 361-390, repris dans
Gouverner la ville..., p. 215-251. Exemples précis dans R. Fédou, Les hommes de loi lyonnais à la
fin du Moyen Âge. Étude sur les origines de la classe de robe, Paris, 1964, p. 247-251 ; A.
Rigaudière, Saint-Flour aux xive et xve siècles... cité n. 7, p. 459-483.
37.ORF, XIV, p. 174, cité par M. Gouron, Catalogue des chartes de franchises... cité n. 15, p. 138,
n. 364-365 ; R. Monier, Histoire de la procédure civile à Lille du xiiie siècle à la fin du xve siècle,
dans R. Monier, G. Lepointe et P. Paillot (éd.), Contribution à l’étude des institutions de la ville et
de la châtellenie de Lille au Moyen Âge, Lille, 1939, p. 5-43, ici, p. 29-30.
38. M. Gouron, Catalogue des chartes de franchises... cité n. 15, p. 140, n. 370.
39.Ibid., p. 140, n. 372.
40. Je me permets de renvoyer à l’interprétation que je donne de la répétition et de la
structure des ordonnances de réforme, Cl. Gauvard, Ordonnance de réforme et pouvoir législatif
en France au xive siècle (1303-1413), dans A. Gouron et A. Rigaudière (éd.) Renaissance du pouvoir
législatif et genèse de l’État, Montpellier, 1988, p. 89-98.
41. P. Monnet, Les Rohrbach de Francfort, Genève, 1997, p. 11. Il est probable que les différents
types de sources se conjuguent mieux dans l’Empire pour permettre d’aborder pleinement
la culture juridique des villes.
42. Sur le contenu normatif des coutumiers, remarques décapantes de R. Jacob, Les
coutumiers du xiiie siècle ont-ils connu la coutume ?, dans M. Mousnier et J. Poumarède (éd.), La
coutume au village dans l’Europe médiévale et moderne, Actes des XXe journées internationales
d’Histoire de l’abbaye de Flaran (1998), Toulouse, 2001, p. 103-119. Sur l’importance du droit
royal dans la construction de la norme coutumière, voir la mise au point de J. Krynen,
Voluntas domini regis in suo regno facit ius. Le roi de France et la coutume, dans El dret comu i
Catalunya. Actes del VIIe Simposi internacional, Barcelone, 1998, p. 59-89.
43. Pierre de Fontaines, Le Conseil de Pierre de Fontaines ou traité de l’ancienne jurisprudence
française, éd. A.-I. Marnier, Paris, 1846, p. 3-4. Commentaire dans R. Jacob, Les coutumiers du
e
xiii siècle... cité n. 42, p. 116-117.
44. Archives municipales de Saint-Quentin, liasse 24 (AA n. 89), cité par S. Hamel, Pouvoirs et
justice dans la ville de Saint-Quentin (1214-1421), Mémoire de DEA, Université de Paris I-
Panthéon-Sorbonne, 1999, p. 89, inédit. La réclamation en justice, datée du 13 octobre 1268,
porte sur un livre que Denis Eskarlat prétend avoir remis en dépôt à Mathieu Le Sellier et
précise la langue de rédaction (le français roman) de l’ouvrage : quem librum in romanis
scriptum. Le texte de la coutume de 1448 est édité par C.-J. Beautemps-Beaupré, Coutumes des
pays de Vermandois et ceulx envyron, Paris, 1858. Sur la justice à Saint-Quentin, voir S. Hamel,
La justice d’une ville ; Saint-Quentin au Moyen Âge, thèse de doctorat d’histoire, Université de
Paris1 Panthéon-Sorbonne, 2005, dactylographiée.
45. C’est à ce titre que Pierre de Fontaines raconte comment, pour la première fois, il ne fut
pas usé de gage de bataille à Saint-Quentin, après appel d’une des parties à la cour du roi
(Conseil à un ami... cité n. 43, p. 304).
46. R. Monier, Le Livre Roisin. Coutumier lillois de la fin du xiiie siècle publié avec une introduction
et un glossaire, Paris-Lille, 1932.
47. Archives municipales de Douai, Registre QQ 8, AA 88, fol. 1.
48.Ibid., AA 84, appelé aussi cartulaire T. La table de 1488 figure en tête du cartulaire : « Che
sont les chartres et li privileges de le vile de Douay, tant en latin comme en romman, et
chele en latin transcriptes en rommans, tant de roys, de contes, de contesses, de evesques,
de abbés, de chevaliers, comme de autres seigneurs quels que il soient ».
49. Il s’agit des registres AA 90, AA 91, AA 92, AA 93, AA 94. Ces remarques doivent beaucoup
aux travaux ébauchés par Geneviève Pouit sur La justice à Douai aux xive et xve siècles,
mémoire de DEA, Université Paris1 Panthéon-Sorbonne, 1999, inédit, préparé en vue d’une
thèse de doctorat d’Histoire qu’elle a été contrainte d’abandonner.
50. Archives municipales d’Abbeville [désormais citées : « Arch. mun. Abbeville »], ms 115,
Livre rouge, fol. 22 : « et reconnoissons par la teneur de cheste lettre que desore en avant,
seur le cors di senescal de Pontieu, seur les baillieus de Pontieu... nous ne puissions avoir
counissance ne justiche en nul cas seur le cors, pour coze que il meffaichent a autrui ne
autre a eus » (cité par M. Joostens, Justice et société à Abbeville, Mémoire de maîtrise,
Université Paris1 Panthéon-Sorbonne, 2001, p. 4).
51. D’après le Registre aux délibérations de la ville, 1477 (aujourd’hui disparu), ibid., p. 5.
52. Le Livre rouge contient une trentaine de cas de rapoostissements qui s’échelonnent entre
1287 et 1373. Quelques exemples dans J. Boca, La justice criminelle... cité n. 10, p. 95-99. Cette
cérémonie se rapproche de celle qui oblige les juges à dépendre le corps de celui que, par
abus de pouvoir, ils ont condamné à tort : Cl. Gauvard, Pendre et dépendre à la fin du Moyen
Âge : les exigences d’un rituel judiciaire, dans Histoire de la justice, 4, 1991, p. 5-24, repris dans
Violence et ordre public au Moyen Âge, Paris, 2005, p. 66-78.
53. N. Gonthier, Le Papier rouge, expression de la justice échevinale de Dijon sous les ducs Valois,
dans État, société et spiritualité du xie au xxe siècle. Mélanges en l’honneur du professeur René
Fédou, Lyon, 1990, p. 69-81.
54. Arch. mun. Abbeville, ms 115, Livre rouge, fol. 238v, cité par M. Joostens, Justice et
société..., p. 53.
55. Description dans Cl. Gauvard, « De grace especial »... cité n. 27, p. 33-45.
56. Cl. Gauvard, M. et R. Rouse et A. Soman, Le Châtelet de Paris au début du xve siècle d’après les
fragments d’un registre d’écrous de 1412, dans Bibliothèque de l’École des Chartes, 157, 1999, p. 565-
606.
57.ORF, I, p. 743 : « ou Chastelet ne seront trouvés registres de bannis ne de anciennes
delivrances de prisonniers (...) ne des amendes ne des recreances de prisonniers, car les
prevosts qui pour le temps ont esté chascuns en droit loy, en apporte ses registres dont li
roy a perdu moult de amendes et moult de fais sont demourés impunis ».
58. Archives municipales de Reims [désormais citées : « Arch. mun. Reims »], Registres 122 à
151. Cette série a fait l’objet d’études par sondages menées dans le cadre de maîtrises
d’Histoire du Moyen Âge de l’Université de Reims que j’ai eu la chance de diriger de 1990 à
1994 et je remercie les étudiants qui ont bien voulu participer à l’entreprise. Il faut
remarquer la richesse de l’ensemble juridique rémois, qui comporte un certain nombre
d’arrêts consignés dans le Livre rouge de l’échevinage (1248-1323), des textes officiels dans le
Livre blanc de l’échevinage du xve siècle et des rédactions de la coutume, comme le Practicus
de consuetudine Remensi, la Coutume de Montfaucon rédigée par Gérard de Montfaucon avant
1439, puis la Coutume de 1481, pour une grande part publiées par P. Varin, Archives
législatives de la ville de Reims, 6 vol., Paris, 1840-1853. Voir aussi Id., Archives administratives...
cité n. 23.
59. P. Desportes (éd.), Histoire de Reims, Toulouse, 1983, p. 167 et 172.
60. Les structures judiciaires de la ville ont été étudiées par P. Desportes, Reims et les
Rémois... cité n. 7, en particulier p. 73-92 et p. 234-248.
61. Comparer avec le bailliage de Senlis, où Bernard Guenée arrive à des conclusions
semblables : Tribunaux et gens de justice dans le bailliage de Senlis à la fin du Moyen Âge, Paris,
1963, en particulier aux p. 221-250.
62. Arch. mun. Reims, R 141 FA, fol. 112, 27 juillet, cité par A. Descamps-Lacour, La procédure
judiciaire de l’archevêque de Reims à la fin du Moyen Âge, dans Annales de l’Est, 1998, p. 325-351, à
la p. 329.
63. Enquête du ban de Saint-Rémi, publiée en partie par P. Varin, Archives législatives... cité
n. 58, I, Coutumes, p. 481-602, à la p. 595. Extraits et étude dans Cl. Gauvard, Mémoire du crime,
mémoire des peines. Justice et acculturation pénale en France à la fin du Moyen Âge, dans F.
Autrand, Cl. Gauvard et J.-M. Moeglin (éd.), Saint-Denis et la royauté. Études offertes à Bernard
Guenée, Paris, 1999, p. 691-710, repris dans Violence et ordre public au Moyen Âge, cité n. 52, p.
175-191.
64. Nombreux exemples dans L. Tanon, Histoire des justices des anciennes églises et
communautés monastiques de Paris, Paris, 1883.
65. La synthèse classique de P. Timbal Duclaux de Martin, Le droit d’asile, Paris, 1939, reste
l’ouvrage de référence.
66. K. Reyerson, Flight for prosecution: the search for religious asylum in medieval Montpellier,
dans French Historical Studies, 17, 1992, p. 603-626, repris dans Ead., Society, Law, and Trade in
Medieval Montpellier, Variorum, 1995. Je remercie Daniel Lord Smail de m’avoir communiqué
le texte de son article inédit In the margins of Danger : Sanctuary and Exile in Late Medieval
Marseille.
67.Ancienne coutume de Reims, citée par P. Varin, Archives législatives... cité n. 58, I, p. 809.
68. A. Descamps-Lacour, La procédure judiciaire à Reims... cité n. 62, p. 332.
69. En ce qui concerne l’exemple parisien, je me permets de renvoyer à mon étude, Cl.
Gauvard, Les hôtels princiers et le crime : Paris à la fin du Moyen Âge, dans M. Tymowski (éd.),
Anthropologie de la ville médiévale, Varsovie, 1999, p. 1130, repris dans Violence et ordre public
au Moyen Âge, cité n. 52, p. 227-244.
70. AN, Y 5266. Voir l’étude des dettes qu’en donne J. Mayade-Claustre, Le petit peuple en
difficulté : la prison pour dettes à Paris à la fin du Moyen Âge, dans P. Boglioni, R. Delort, Cl.
Gauvard (éd.), Le petit peuple dans l’Occident médiéval, Montréal, 1999, Paris, 2002, p. 453-466.
71. Arch. mun. Reims, R 137 FA, fol. 13, registre de la baillie.
72.Ibid., fol. 15.
73.Enquête du ban de Saint-Rémi, cité n. 63, p. 503 et 529. Il en a été « commune renommee »
audit ban.
74. Arch. mun. Reims, R 137 F.A., fol. 26, 1392, registre de la baillie.
75. AN, X 2a 10, fol. 183, 27 août 1384 : les réformateurs ont voulu montrer qu’on les
« doubtast » et « firent faire nouvaulx eschafaux et establirent nouveau bourrel qui aguisoit
sa doloire sur les quarreaux parmi les rues, et furent sur les diz eschafauz executez II poures
hommes qui y furent portez et qui estoient malades et n’y povoient aller ».
76.Registre criminel du Châtelet de Paris du 6 septembre 1389 au 18 mai 1392, éd. H. Duplès-Agier,
Paris, 1861 et 1864, 2 vol.
77. AN, X 1c 85 B, pièces 265 et 266. L’action de Cachemarée fait suite à de nombreuses
plaintes sur la gestion de la ville, en particulier sur le paiement des deniers d’orphelins mis
en dépôt au milieu du xive siècle ; Émile Maugis a transcrit plusieurs autres actes relatifs à
ces affaires, Documents inédits concernant la ville et le siège du bailliage d’Amiens, extraits des
registres du Parlement de Paris et du Trésor des chartes, Amiens-Paris, 1914-1921, 3 vol., I, p. 223-
236. Sur l’interprétation de ces réformes et la personnalité d’Aleaume Cachemarée, Cl.
Gauvard, « De grace especial »... cité n. 27, p. 43 et p. 217-234.
78. Cl. Gauvard, Le jugement entre norme et pratique : le cas de la France du Nord à la fin du Moyen
Âge, dans G. Jaritz (éd.), Norm und Praxis im Alltag des Mittelalters und der Frühen Neuzeit, Krems
1996, Vienne, 1997, p. 27-38 ; Ead., De la difficulté d’appliquer les principes théoriques du droit
pénal en France à la fin du Moyen Âge, dans Die Entstehung des öffentlichen Strafrechts... cité n. 26,
p. 91-120, repris dans Violence et ordre public au Moyen Âge, cité n. 52, p. 48-65.
79.Le Livre Roisin... cité n. 46, parag. 1, p. 1.
80.Ibid., p. 1, n.2.
81.Ibid., parag. 154, p. 102.
82.Ibid., p. 103-107, en particulier parag. 161.
83. Archives municipales de Troyes [désormais citées « Arch. mun. Troyes »], Registre des
délibérations A 3, fol. 19v, avril 1500, et fol. 52, février 1501 ; fol. 276, septembre 1511 ; fol.
27v, juillet 1500 ; fol. 35v, août 1500.
84. A. Rigaudière, Les ordonnances de police en France à la fin du Moyen Âge, dans M. Stolleis, K.
Härter et L. Schilling (éd.), Policey im Europa der Frühen Neuzeit, Francfort, 1996, p. 97-161.
85. A. Tuetey, Inventaire analytique des Livres de couleur et des Bannières du Châtelet de Paris,
Paris, 1899-1907. Ainsi le Livre rouge vieil comporte de nombreuses ordonnances de police
criées dans la prévôté de Paris entre 1355 et 1408 (AN, Y 2).
86. A Troyes, au xve siècle, les ordonnances urbaines relatives aux étrangers sont
transmises aux hôteliers avec obligation de déclarer ceux qui ont séjourné dans leur
établissement, « a peine d’amende de LX s. t. ». Il leur est aussi demandé d’afficher
l’interdiction de port d’armes : « Item, que nulz estrangiers, quelz qui soient, ne autres
personnes, les armes ne portent parmi la ville, harnoix, c’est as-savoir : haiches, espees,
jusarmes, ne autres harnoix, et que ce soit escript aux portes des hostellains et taverniers »,
Le plus ancien registre des délibérations du Conseil de ville de Troyes (1429-1433), éd. A. Roserot,
Troyes, 1886, p. 243. Même obligation à Reims. Cette déclaration est obligatoire à Paris dès
1407 (Livre rouge vieil, fol. 235 v).
87. À Troyes, en 1430 : Le plus ancien registre des délibérations..., p. 217. À Reims, en 1392 : « Le
procureur propose au contraire que verrez les ordonnances sur le fait des vivres...ce qu’il ne
puet ignorer etc. et pour ce doit estre condempné », Arch. mun. Reims, R 137 AF, fol. 3v,
registre de la baillie. L’argument de ceux qui sont poursuivis pour infraction consiste à dire
qu’ils ne connaissaient pas la loi, tel Pierre le Broutier, qui répond au procureur qu’il a
rapporté la cargaison « n’en sachant qu’il fussent bannis » et ajoute qu’il « est un povre
home pain gangnant de jour en jour », ibid., fol. 3.
88. Exemples dans L. L. Otis, Prostitution in Medieval Society. The History of an Urban Institution
in Languedoc, Chicago, 1985, en particulier au chapitre 2.
89. On peut comparer sur ce point les deux registres d’écrous, celui de 1412 cité n. 56, par
exemple p. 603, cas 49 (« et oultre pour ce que il a renyé Dieu ») et cas 54 (« pour le port
d’une dague et d’une espee »), avec celui de 1488-1489, par exemple pour ces hommes, dont
Pierre Souverain, pelletier, « amenez prisonniers par le guet a XI heures de nuyt pour ce
que environ la dite heure ilz furent trouvez pres l’ostel du Louvre auquel lieu avoit grant
quantité de pouldre a canon chargee en charioz, le diz Pierre Souverain faisant d’ung arc et
de deux fleches, quy est contre les ordres, criz et ordenances », AN, Y 5266, fol. 3v, 17 juin
1488. Autre exemple relatif au blasphème, où l’écroué est un marinier qui, de nuit, a ôté le
chaperon d’un homme d’église, « jurant le sang, la char Dieu et la mort Dieu qu’il les
tuera », ce qui va « contre les criz et ordonnances », ibid., fol. 40, 20 juillet 1488.
90. AN, Y 2, fol. 164, 22 janvier 1398.
91. L. L. Otis, Prostitution in Medieval Society... cité n. 88, p. 20-21.
92. Sur le port d’armes prohibées depuis 1258, voir Cl. Gauvard, Violence licite et violence
illicite dans le royaume de France à la fin du Moyen Âge, dans Memoria y civilizatión, 2, 1999, p. 87-
105, en particulier aux p. 96-99, repris dans Violence et ordre public au Moyen Âge, cité n. 52, p.
265-282.
93. AN, X 2a 14, fol. 267-275v, 11 août 1405, ici fol. 275v.
94. Nombreux cas dans Registre criminel du Châtelet... cité n. 76, par exemple aux p. 131, 254,
322, etc.
95. Voir les exemples que je cite, Cl. Gauvard, Violence citadine et réseaux de solidarité :
l’exemple français aux xive et xve siècles, dans Annales. Économies, sociétés, civilisations, 1993, p.
1113-1126, repris dans Violence et ordre public au Moyen Âge, cité n. 52, p. 214-226. Sur la force
de la vengeance et la complexité de la résolution des conflits, voir Le règlement des conflits au
Moyen Âge, XXXIe Congrès de la Société des historiens médiévistes de l’enseignement supérieur
public, Angers 2000, Paris, 2001.
96. V. Toureille, Vol et brigandage au Moyen Âge, Paris, 2006.
97. Par exemple à Abbeville, le Livre rouge contient plusieurs peines exemplaires qui
sanctionnent les injures verbales et physiques contre la municipalité. En général, le
coupable est mis au pilori, sa langue est percée, sa maison est abattue, et il est banni de la
ville (1310, fol. 104v ; 1418, fol. 195-195v, fol. 197). Il peut arriver que le coupable ait la tête
tranchée et qu’elle soit fichée aux portes de la ville, comme ce fut le cas après l’appel à
commotion de Jean de la Mare, « disant que il ne li faloit que lever le doit que il ne
demoureroit rike homme ou rike femme en le ville d’Abbeville... », ibid., fol. 82. Il s’agit
d’événements qui ont eu lieu en 1358, mais qui ne sont pas mentionnés par S. Luce, Histoire
de la Jacquerie, Paris, 1894.
98. Arch. mun. Abbeville, ms 115, Livre rouge, fol. 18v.
99. Par exemple ibid., fol. 140v, fol. 194. Sur ces pratiques judiciaires à l’égard des animaux,
M. Pastoureau, Une justice exemplaire : les procès faits aux animaux (xiiie-xvie siècle), dans Cl.
Gauvard et R. Jacob (éd.), Les rites de la justice. Gestes et rituels judiciaires au Moyen Âge
occidental, Paris, 2000, p. 173-200.
100. Par exemple à Douai, G. Espinas, Les guerres familiales dans la commune de Douai aux xie et
e
xiii siècles, les trêves et les paix, dans Nouvelle revue historique de droit français et étranger, 23,

1899, p. 415-473.
101. R. Jacob, Bannissement et rite de la langue tirée au Moyen Âge. Du lien des lois et de sa rupture,
dans Annales. Histoire, Sciences Sociales, 2000, p. 1039-1079, ici à la p. 1046.
102. H. Zaremska, Les bannis au Moyen Âge, Paris, 1996.
103. Arch. mun. Abbeville, ms 115, Livre rouge, fol. 237, 3 mai 1474.
104. Sur l’usage de la cire, voir C. Vincent, Fiat Lux. Lumière et luminaires dans la vie religieuse
du xiiie au xvie siècle, Paris, 2004.
105. Voir les cas repérés par M. C. Mansfield, The Humiliation of Sinners. Public Penance in
Thirteenth-Century France, Ithaca-Londres, 1995, et le traitement de l’infanticide dans le
diocèse de Reims d’après le témoignage de Jean Gerson au début du xve siècle, Cl. Gauvard
et G. Ouy, Gerson et l’infanticide : défense des femmes et critique de la pénitence publique (ms
London, BL Add, 29279, f. 19v-20v), dans J.-C. Mühlethaler et D. Billotte (éd.), « Riens ne m’est seur
que la chose incertaine », Études offertes à Eric Hicks, Genève, 2001, p. 45-66.
106. Arch. mun. Abbeville, ms 115, Livre rouge, fol. 197 ; fol. 229-230 ; AN, Y 5266, fol. 14v et
53.
107. Sur ces conflits, voir Cl. Gauvard, « De grace especial »... cité n. 27, p. 6768 et 920-923.
108.Ibid., p. 926.
109. Ces registres ont disparu en 1940. Ils ont été utilisés par P. Dubois, Les asseurements au
e
xiii siècle dans nos villes du Nord. Recherches sur le droit de vengeance, Paris, 1900. Voir des cas
d’asseurement enfreints en 1372, 1373, 1385, 1397, dans le Livre rouge, fol. 61, 127, 169, 181v.
110.Ibid., fol. 188, cité par M. Joostens, Justice et société... cité n. 50, p. 79.
111. Il s’agit du paragraphe 152 du Livre Roisin... cité n. 46, p. 101, sous le titre : « Que on ne
puet prendre venganche de nul fait, fors à chiaus qui ont esté a le meslée faire ». Le texte
initial : « Lois est en cheste ville que se bourgois ou manans de cheste ville se combat dedens
la ville ou dehors, que chil qui seroient à chelle mellée, ne leur proisme, ne se puent vengier
pour chose qui là en soit faite à autrui, que sour chiaus qui seroient à chelle mellée, le jour
que chou avenroit et le jour apriès » est modifié comme suit «...dedens LX iours par le coutume
dou royaume de Franche de nouviel accoustumée, et selonc l’anchiienne coustume de ceste
ville, dedens le jour... ».
112. AN, X 2a 10, fol. 168v, décembre 1383.
113. Je me permets de renvoyer au graphique de l’analyse factorielle qui traite de la
hiérarchie des délits dans les lettres de rémission, Cl. Gauvard, « De grace especial »... cité n.
27, p. 794-795, qui montre la marginalisation des crimes professionnels dans ce type d’acte.
114. P. Varin, Archives administratives... cité n. 23, II, p. 633, 643, 871, 1207.
115. Arch. mun. Reims, R. 139 AF, fol. 42, 28 avril 1422 et P. Varin, Archives administratives...
cité n. 23, p. 633 et s. ; Arch. mun. Reims, R. 137, fol. 28 et 122v, 1392.
116. P. Varin, Archives législatives... cité n. 58, VI, p. 727.
117. Arch. mun. Reims, R. 137, fol. 122, 1392 ; R. 139, fol. 56v, 1429 : cas de poissons brûlés ;
ibid., fol. 21, 1423 : sanction contre un boulanger qui a mis en vente du pain de « trop petit
poix », ce qui lui vaut de risquer une amende de « XX sous parisis et le pain donné pour
Dieu » ; ibid., fol. 133, 1417 ; ibid., fol. 168, 1415.
118. M. Boulet, Questiones Johannis Galli, Paris, 1944.
119.Ibid., p. 328; AN, X 1a 1477, fol. 8, 25 novembre 1392.
120.Ibid., p. 330.
121. L’ouvrage le plus clair sur l’usage de la procédure d’enquête au Parlement reste celui
de P. Guilhiermoz, Enquêtes et procès. Étude sur la procédure et le fonctionnement du Parlement au
e
xiv siècle, suivie du Style de la Chambre des Enquêtes, du Style des commissaires du Parlement et

autres, Paris, 1902.


122. R. Monier, Histoire de la procédure civile à Lille... cité n. 37, p. 32-43.
123. R. Grand, Justice criminelle, procédures et peines dans les villes aux xiiie et e siècles, dans
xiv
Bibliothèque de l’École des Chartes, 102, 1941, p. 51-108.
124. AN, X 2a 10, fol. 149, 4 septembre 1382. Autres exemples, en particulier à Paris, dans Cl.
Gauvard, « De grace especial »... cité n. 27, p. 150-153.
125. J.-M. Carbasse, Philippe III le Hardi et les « mauvaises coutumes » pénales de Gascogne (à
propos de l’ordonnance de juillet 1280), dans Hommages à Gérard Boulvert, Nice, 1987, p. 153-162.
126. P. Varin, Archives législatives... cité n. 58, VI, p. 635. Voir aussi ibid., p. 364, pour une
description complète du rituel. Dans la pratique, le rituel de l’escondit est si connu qu’en
1392, le scribe écrit dans le registre : « fut depuis escondite et par ce absoulte et caetera »,
Arch. mun. Reims, R. 137, fol. 17. Il peut s’agir de cas simples, par exemple de batures sans
sang, consignés dans le registre de la prévôté (ibid., fol. 43) ou de cas plus délicats, consignés
dans celui de la baillie, par exemple quand l’escondit a été mal prêté par des cojureurs qui
n’étaient pas bourgeois de l’échevinage (ibid., fol. 24).
127. A. Descamps-Lacour, La procédure judiciaire à Reims... cité n. 62, p. 345.
128. Cas cité ibid., p. 346, n. 60.
129. Voir R. Monier, Histoire de la procédure civile à Lille... cité n. 37, p. 20.
130.Ibid., p. 39-41, avec édition de la lettre du roi conservée aux Archives municipales.
131. AN, X 2a 21, fol. 71, 72, 94, etc., cités dans Cl. Gauvard, Les juges jugent-ils ? Les peines
prononcées par le Parlement criminel (vers 1380-vers 1435), dans D. Boutet et J. Verger (éd.),
Penser le pouvoir au Moyen Âge, viiie-xve siècle. Études offertes à Françoise Autrand, Paris, 2000, p.
69-87, en particulier p. 81, n. 45, repris dans Violence et ordre public au Moyen Âge, cité n. 52, p.
116-130.
132. AN, X 1a 1479, fol. 515-516, juin 1372.
133. Voir supra, n. 76.
134.La ville, la bourgeoisie et la genèse... cité n. 35, p. 341.
135. Les échevins de Reims se plaignent de la manière dont l’archevêque assure la justice
dans la ville, ce qui va « contre droit naturel et liberté commune et en deshonneur de la
ville de Reims », AN, X 1a 1469, fol. 331, mars 1369.
136. Arch. mun. Reims, C 659, Jurid. I, LI, Suppl. I, n. 51, texte cité par N. Perrier Gillet, Reims
et le roi d’après la correspondance, 1328-1380, Mémoire de maîtrise de l’Université de Reims,
1993, dactyl., p. 46 et 72.
137. Arch. mun. Troyes, registre des délibérations, A 3, fol. 65v, août 1501.
NOTES DE FIN
*. Cette contribution a fait l’objet d’une intervention à la table ronde organisée par Pierre
Monnet et Otto Gerhard Oexle les 2-5 décembre 1999, La ville et le droit. Je remercie les
organisateurs de me permettre de reproduire le texte de ma communication dans les actes
de ce Colloque d’Avignon.
Les villes et la justice d’après les
archives du Parlement aux xiiie et xive
siècles
Bernadette Auzary-Schmaltz et Jean Hilaire

1 Le mouvement d’émancipation des villes à partir du xiie siècle s’est


accompagné du développement de justices urbaines dont la vie
transparaît dans les archives du Parlement. Même si cette très riche
documentation n’est cependant pas sans limite – du moins du point
de vue chronologique les premiers actes, les premières décisions, qui
y sont rapportés ne datent que de 1254 – la seconde moitié du xiiie
siècle, avec la résurgence du droit romain, entame l’ère du juridisme
dont le Parlement fera preuve de plus en plus et particulièrement en
un tel domaine.
2 À vrai dire, durant toute la période explorée ici les justices
municipales sont demeurées des justices à tout faire où l’on ne
distinguait pas entre compétence civile et compétence pénale. Cette
distinction n’est apparue que tardivement, c’est-à-dire au début du
xive siècle dans les archives du Parlement lui-même (la série X2A ne

commençant qu’à partir de 1312-1316, avec une majorité de causes


en 1316) ; elle ne se manifeste que beaucoup plus tard encore pour
les juridictions inférieures comme on peut le voir à propos de deux
registres de juridictions seigneuriales récemment dépouillés et
analysés 1 .
3 En revanche les quatre premiers registres des archives du
Parlement, les Olim (1254-1318), et la suite des registres du
Parlement civil au xive siècle révèlent l’importance que revêtaient les
efforts des villes pour se doter d’institutions judiciaires tant qu’elles
n’en disposaient pas. Ce fonds fournit de nombreuses indications sur
les circonstances et les aléas qui ont entouré les multiples tentatives
des villes, poursuivies avec acharnement mais avec des chances de
succès très inégales par leurs représentants, pour faire reconnaître
leur pouvoir judiciaire sur les habitants. C’était là en effet un
élément déterminant pour parfaire leur émancipation. Il n’est même
pas excessif de dire que dès qu’une agglomération commençait à
prendre quelque importance le plus puissant moyen pour elle de
parvenir à une parcelle d’autonomie et à une véritable existence
juridique était de se faire reconnaître un pouvoir juridictionnel.
C’est pourquoi il convient encore de prendre ici le terme ville dans
un sens très large englobant de grandes cités aussi bien que de
petites agglomérations, des villes comme de très modestes
communautés d’habitants 2 . Les représentants de toutes ces
agglomérations devaient alors non seulement vaincre les résistances
de leurs seigneurs mais souvent aussi obtenir également la
reconnaissance royale pour avoir des structures consacrant des
privilèges leur apportant une part d’autonomie : c’est
essentiellement par la sanction judiciaire que leurs institutions
étaient confirmées et elles déployaient pour cela de véritables
politiques pour avoir le droit de justicier, remontant s’il le fallait
jusqu’à la juridiction royale suprême pour obtenir cette
consécration.
4 Dès lors l’enjeu était de taille et pour toutes les parties en présence :
pour les seigneurs par la perte de pouvoir et aussi à cause du risque
d’appauvrissement qui pouvait résulter d’une diminution des profits
de justice ; pour les agents royaux qui cherchaient toujours à étendre
leurs juridictions aussi bien aux dépens des seigneurs que des villes ;
pour ces dernières qui y trouvaient un élément de légitimité et des
avantages matériels importants ; pour la royauté enfin que les
historiens créditent d’une politique sélective à l’égard des villes,
particulièrement des communes. Or, si le Parlement par sa
composition était bien dans la main du roi au temps de saint Louis, il
s’est distingué nettement de la personne royale à l’extrême fin du
e
xiii siècle et de plus en plus à mesure que le recrutement des
conseillers se déplaçait des « légistes » (juristes formés aux leges
romaines) du roi vers les professionnels de la justice, avocats et
procureurs, comme ce sera le cas sous Charles V.
5 Ainsi les politiques judiciaires des villes étaient source de fréquents
conflits avec les juridictions seigneuriales ou royales et les enjeux
étaient tels que ces conflits remontaient souvent jusqu’au
Parlement, soit en suivant la hiérarchie juridictionnelle soit même
directement en première instance si la partie seigneuriale (par
exemple un seigneur ecclésiastique) en avait le moyen c’est-à-dire le
privilège. Partant à la conquête de prérogatives de justice pour
asseoir leurs institutions les villes et communautés d’habitants ont
alors été entraînées inévitablement dans d’interminables batailles
judiciaires qui les menaient éventuellement, par l’exercice des voies
de recours, jusqu’à la Cour du roi. Par là le Parlement a été appelé à
exercer un véritable contrôle sur les justices municipales et ce
contrôle mérite d’autant plus d’attention que la Cour de Parlement
demeurait la juridiction suprême de la royauté dans le cadre de la
justice déléguée.
Les villes à la conquête du judiciaire
6 Rendre la justice, rappelons-le, est en principe une prérogative de
puissance publique. Ce qui caractérisait la justice durant la période
médiévale était précisément l’émiettement de ces prérogatives dans
le système féodal entre différentes justices (royale, seigneuriale,
urbaine, ecclésiastique) et par là la diffusion ou le partage des
compétences entre une multitude de juridictions 3 . Ainsi des
juridictions dépendant d’autorités différentes pouvaient coexister
dans les mêmes limites géographiques. De plus, en grande partie du
fait de la patrimonialité qui s’étendait à ces prérogatives, le terme
« justice » était employé pour désigner aussi bien une juridiction que
l’une de ses compétences. Ainsi la justice de la ville pouvait porter sur
la justice d’un chemin ou celle du larron, c’est-à-dire posséder la
compétence de rendre la justice sur tel chemin ou bien en matière de
vol. Il en résultait même que la justice de la ville pouvait tout aussi
bien être très étendue dans ses compétences que très restreinte et se
limiter à quelques cas de ce genre. La notion unitaire et abstraite
d’un service public de justice était bien étrangère à la conception
médiévale fondée sur la patrimonialité et il en découlait en
conséquence un morcellement infini des prérogatives de justice à
travers une multitude de cas 4 . C’était donc un système complexe
qui plaçait les justiciables dans des situations difficiles pleines
d’incertitudes. Surtout, du fait précisément de la patrimonialité, ce
système demeurait au surplus très mouvant comme les rapports de
force eux mêmes dans le système féodal ; il offrait en tout cas de
multiples possibilités de conquête de prérogatives de puissance
publique aux villes comme aux simples communautés d’habitants.
7 Assurément il semblerait que des procédures longues et aléatoires
poursuivies par une ville pour faire reconnaître la possession ou la
propriété de prérogatives judiciaires à son profit réclamaient de
disposer de moyens matériels suffisants. Or, si les agglomérations
importantes du point de vue économique avaient en général la
possibilité financière de faire défendre leurs intérêts par des
hommes de loi, avocats et procureurs, il n’est pas moins
remarquable que la moindre communauté d’habitants avait encore
recours à leurs services quoi qu’il en coûtât à ses membres et l’on ne
paraissait pas hésiter à s’endetter lourdement pour ce genre de
cause. Les archives du Parlement ne laissent aucun doute à ce sujet.
Des litiges nombreux viennent devant le Parlement tout au long du
xive siècle par exemple pour des villes comme Reims ou Châlons.

D’une manière générale l’argumentation développée au nom des


villes face à leurs adversaires est savante et ordonnée ce que
n’auraient pas pu faire les échevins ou les consuls. C’était d’ailleurs
une nécessité face aux seigneurs ou aux agents royaux qui étaient
eux-mêmes représentés par des juristes professionnels. La conquête
de nouvelles prérogatives judiciaires suscitait en permanence une
longue série de batailles juridiques dans lesquelles s’engageaient
même de modestes communautés et dans lesquelles aussi les agents
royaux cherchaient toujours à s’insérer pour accroître leurs
compétences au nom de la suzeraineté ou de la souveraineté royale.
8 Les magistrats municipaux s’intéressaient d’autant plus à l’exercice
des prérogatives de justice sur la population de leur ville que la
question avait, en fait, un double aspect. D’une part cet exercice de la
justice par la municipalité elle-même lui apportait directement un
accroissement de pouvoir face au seigneur, qu’il soit laïc ou
ecclésiastique, voire face au roi : c’était un moyen de s’immiscer dans
le maintien de l’ordre public ou dans la police économique à
l’intérieur de la ville ; de même il y avait d’éventuels profits de
justice (épaves, amendes, confiscations). Se doter d’une juridiction
était donc d’abord un moyen pour une communauté d’habitants de
réduire l’emprise seigneuriale et la juridiction était un domaine
révélateur de l’étendue de l’autonomie municipale 5 . Mais, d’autre
part, indirectement tout ce qui pouvait augmenter l’importance de
la ville était aussi susceptible d’attirer l’attention du pouvoir royal
qui pouvait alors y implanter des rouages de son administration et
une de ces juridictions ; la ville espérait ainsi devenir une capitale
judiciaire et c’était un élément non négligeable au xive siècle pour la
hisser au statut avantageux de bonne ville 6 . Ainsi se dessinait toute
une politique judiciaire des magistrats municipaux attachés au
développement de leur ville mais marquant éventuellement aussi la
vie de la cité sur des dizaines d’années en coûtant fort cher.
9 En même temps, dans son développement comme dans ses résultats
le processus de conquête de prérogatives judiciaires par les villes
était directement fonction de la complexité féodale et du système de
patrimonialité de la justice. La première conséquence a été en effet
que les villes ont le plus souvent construit leurs juridictions en
quelque sorte au coup par coup. Leurs représentants utilisaient
toutes les opportunités qui se présentaient et à chaque occasion ils
tentaient de faire reconnaître à leur ville le droit de justicier dans la
matière concernée. Ils agissaient souvent, à l’instar des juges royaux,
par un processus analogue à celui de la prévention, exercée à l’égard
du seigneur en se montrant plus prompts à intervenir que le juge de
ce dernier. Les villes et communautés d’habitants avançaient en
somme de manière très pragmatique en conquérant des prérogatives
de justice par empiétements successifs et fréquemment à travers de
longues procédures qui remontaient éventuellement jusqu’à la Cour
du roi comme le montre un arrêt concernant la ville de Mantes.
L’argumentation du bailli à ce sujet est fort claire : le maire et les
pairs de la commune de Mantes invoquent ici des droits de justicier
alors qu’aucune concession par charte ne leur en a été faite 7 .
10 La seconde conséquence est que dans ces luttes aléatoires les justices
urbaines avaient des compétences très variables en étendue et même
qu’elles ne parvenaient que difficilement à dépasser le stade de
compétences très parcellaires et apparemment sans grande
cohérence. Sans doute leur compétence sera éventuellement
désignée à partir d’une catégorie, ne serait-ce par exemple que la
basse justice. Mais le plus souvent la justice d’une ville, surtout si elle
est petite, ne résulte que d’un catalogue de compétences très
limitées. Ainsi en 1275 le maire et les jurés de Mantes dans l’affaire
citée ci-dessus tentaient de faire reconnaître de multiples « justices »
dont ils se disaient titulaires et dont l’énoncé ne comprenait pas
moins de dix items. Or il s’agit d’affaires diverses en matière de
police économique, surtout police des marchés, et d’affaires civiles
particulièrement en matière de succession. Chacune de ces
compétences est présentée dans ce texte comme une « justice » et ce
mode d’expression traduit bien les usages féodaux de patrimonialité
des prérogatives de justice. Le Parlement lui-même paraît bien faire
référence à ce concept en marge des catégories traditionnelles de
haute, moyenne et basse justice en désignant une de ces
compétences comme une simple justice 8 . De la même manière une
ville aura pu conquérir des compétences limitées ratione personae (en
particulier à propos des clercs ou de ceux qui se prétendent tels) ou
ratione loci : les maires et jurés ou les consuls pourront justicier sur
telle rue ou tel chemin et encore pas sur tout ce qui s’y produira.
Aussi bien, il faut encore le souligner ici, on ne distingue pas dans
ces « justices » dont le catalogue s’allonge éventuellement avec le
temps ce qui relèverait de la compétence en matière pénale et ce qui
relèverait du civil. Dans le même ordre d’idées ce fractionnement de
la justice apparaît aussi bien ratione materiae que dans les limites de
ressort à la suite d’actes patrimoniaux ou de décisions de justice 9 .
Un autre facteur de complexité inattendu apparaît avec le partage de
la compétence dans le temps. Pour connaître des cas déjà fragmentés
en vertu des modes d’acquisition dont on vient de décrire le
mécanisme, deux justiciers vont être compétents alternativement.
On retiendra les procès les plus significatifs à l’égard de ces
renversements de compétence qui interviennent à l’occasion
d’événements venant régulièrement rythmer la vie des hommes :
fêtes religieuses ou grandes étapes du temps liturgique 10 , travaux
des champs 11 .
11 En revanche la justice municipale a encore le double avantage de se
présenter à la fois comme une justice de proximité, selon
l’expression en vogue actuellement, et comme une juridiction
directement investie de la charge d’appliquer et faire respecter la
coutume de la ville. D’une part la justice municipale apparaît en effet
comme une justice de proximité en quelque sorte par la nature des
choses parce qu’en général elle n’a qu’un ressort géographique assez
limité s’étendant tout au plus à une modeste banlieue. D’ailleurs
obtenir du seigneur que son juge tienne la juridiction sur les
justiciables d’une communauté d’habitants non pas dans un lieu
éloigné mais au cœur même de l’agglomération était déjà une
démarche fréquente de ceux qui la représentaient et cette aspiration
à une justice de proximité pouvait être aussi un premier pas dans la
conquête d’une juridiction municipale. En même temps au lieu où
siégeait le juge était attaché un symbole de la souveraineté du
titulaire de la juridiction ; c’est pourquoi des villes possédant une
justice s’efforçaient aussi d’amener les justiciables de villages voisins
à comparaître au siège de la juridiction urbaine et l’on était alors
tenté d’invoquer cette marque de soumission au pouvoir de la ville
pour repousser ainsi les limites de la banlieue.
12 D’autre part celui qui tient ce siège judiciaire urbain, par définition,
connaît bien les usages du lieu ; cette compétence judiciaire a dû
contribuer à dégager et à faire reconnaître la coutume de la ville. On
ne saurait toutefois là aussi s’en tenir à une vision trop systématique.
Si l’on n’a pas à cette époque la notion d’une compétence générale
en matière civile ou criminelle ce qui contribue encore à entraîner
une fragmentation des compétences, il faut aussi distinguer suivant
que les villes ont pu ou non faire reconnaître très tôt leurs usages ;
rappelons particulièrement que certaines villes méridionales, en
Languedoc oriental et en Provence, ont eu parfois à la charnière des
xiie et xiiie siècles des coutumes rédigées comportant à la fois la

reconnaissance de leur justice et des dispositions de droit privé. En


revanche il faudrait s’interroger sur l’influence que ces justices
urbaines ont pu avoir dans l’évolution des sources du droit dans les
pays de coutumes. Sans doute la consécration judiciaire des usages
intervenait en dernier ressort devant les grandes juridictions royales
et ne dépendait assurément pas des seules justices des villes. Il n’en
demeure pas moins que cette influence a certainement joué dans la
formation de la coutume et qu’elle paraît bien se traduire dans une
terminologie fluctuante à propos des grands textes coutumiers entre
coutume du chef-lieu et coutume du pays. Ce phénomène intervient
très nettement dans la titulature lors de la rédaction officielle des
coutumes au xvie siècle où parfois le titre de la coutume associe le
nom de la ville et celui de la province comme si la coutume de la ville
s’étendait à l’ensemble du pays 12 .
13 Il reste que dans l’ensemble la patrimonialité de la justice liée
directement au système féodal était cause de multiples et incessants
conflits qui remontaient hiérarchiquement au Parlement. Par les
voies procédurales choisies par les parties et par la fréquence des
affaires la Cour était alors implicitement amenée à exercer un
véritable contrôle sur les justices municipales comme sur les
coutumes dont le roi était en principe le gardien.

Le contrôle du Parlement
14 Il faut en effet rappeler que si l’on peut effectivement parler d’un
contrôle du Parlement à propos des justices municipales, ce n’est
qu’un aspect du rôle de la Cour en tant que juridiction d’appel et
qu’une conséquence du recours de plus en plus courant à la royauté
dont l’autorité s’affermissait. Ce processus d’intervention par les
voies procédurales mérite d’être précisé car les représentants des
villes et des communautés d’habitants paraissent l’avoir fort bien
connu et compris ; ils n’hésitaient pas en jouer.
15 Les réformes de saint Louis développant l’appel et la procédure par
enquête ont directement contribué à accroître le rôle du Parlement
13 . En effet lorsque la Cour devra trancher les affaires de plus en

plus en l’absence de la personne royale, mais cependant toujours en


son nom et par la fiction de sa présence physique, elle se trouvera
investie d’un véritable pouvoir de contrôle sous le couvert de la
souveraineté du roi. Or elle sera amenée, d’ailleurs par les parties
elles-mêmes, à se prononcer non seulement sur les décisions des
magistrats municipaux quant au fond mais également et d’abord sur
les prétentions de ces mêmes magistrats à tenir un rôle judiciaire au
nom de leur communauté d’habitants, c’est-à-dire sur l’existence
même de la juridiction dont ils se prétendent titulaires. La conquête
de la justice par la ville est le résultat d’une lutte judiciaire constante
et bien entendu aléatoire où la procédure tient un rôle essentiel.
16 Le Parlement est ainsi très souvent sollicité de se prononcer en
premier lieu sur l’existence même de la juridiction municipale, que
les magistrats municipaux soient défendeurs ou demandeurs. Sans
doute les conflits entre juges municipaux et juges seigneuriaux ou
royaux sont-ils moins aigus en matière civile qu’en matière
criminelle peut-être parce que les enjeux sont moins importants ou
moins immédiats dans le premier cas ; mais il reste que même en
matière civile les droits de la ville à exercer une juridiction sont
souvent mis en cause dès le début de la procédure et cela même si la
position de la ville paraît peu contestable. L’argumentation est en
général la suivante, ne serait-ce que par réflexe de praticien
entendant ne négliger aucun angle d’attaque : le maire et les jurés ou
bien les consuls ne doivent pas être entendus par la Cour parce que
la ville n’a pas le pouvoir de justicier et de toute manière l’aurait-elle
qu’elle ne serait pas compétente dans l’affaire en question.
17 Les magistrats municipaux auront donc à assurer la défense de leurs
intérêts en commençant par rapporter la preuve du droit de justicier
appartenant à la ville : ils le feront d’abord au possessoire, à partir de
la saisine. Ils tenteront de faire leur preuve en produisant leur
charte s’ils en ont une et en invoquant le long usage, leur saisine
immémoriale du droit de justicier dans le cas précis. La
jurisprudence du Parlement reste très ferme dans ce genre d’affaire :
la Cour ordonne immédiatement une enquête. Au moment de juger
l’enquête la charte de la ville sera lue devant les conseillers. Les
preuves dûment produites et examinées, le Parlement tranchera
alors au possessoire la partie perdante ayant toujours la possibilité
de poursuivre la procédure sur la question de propriété, au pétitoire,
si elle le désire 14 . Cette jurisprudence du Parlement est constante
sur ce point et elle est dominée par l’esprit de juridisme qui est celui
de l’institution depuis que le roi ne vient plus que rarement tenir son
Parlement 15 : la Cour ne s’attache qu’aux preuves qui lui sont
présentées.
18 Il pourrait sembler que les magistrats municipaux poursuivaient la
procédure avec un acharnement excessif au risque de compromettre
l’équilibre financier de leur ville 16 . Mais en réalité ils avaient un
intérêt primordial à faire reconnaître leur droit de justicier par le
Parlement non seulement pour les raisons politiques déjà soulignées
mais également parce que ce dernier allait le cas échéant jusqu’à
imposer silence sur la question à la partie perdante. C’était sans
doute une manière d’affirmer l’autorité de la chose jugée et
l’existence de la justice municipale se serait alors trouvée
définitivement confirmée face au seigneur ou au juge royal ; mais
ceci restait évidemment aléatoire et la ville pouvait aussi bien perdre
sa cause.
19 C’est pourquoi, la décision du Parlement pouvant constituer un
précédent à invoquer par la suite, chacune des parties au conflit sera
entraînée à poursuivre la procédure le plus souvent jusqu’à son
aboutissement le plus complet. Il y a ainsi dans les Olim quelques
dossiers révélateurs : en 1264 le maire et les jurés de la commune de
Corbie ont prouvé (par les témoignages comme par la confessio –
reconnaissance – de la partie adverse) qu’ils étaient en usage de
justicier dans un village voisin, le village de Foilloy 17 . La question
rebondit en 1265 : le seigneur a fait saisir dans ce lieu des pains qui
n’avaient pas été cuits au four banal mais le maire s’est emparé des
pains par rescousse. Le seigneur pousse l’affaire jusqu’au Parlement
qui fait relire son propre jugement lors d’un record de cour et décide
que dans le cas précis le maire et les jurés n’avaient pas le droit
d’intervenir 18 . Le Parlement est encore amené à confirmer le sens
de sa décision 19 . Et il y aura à la fin du siècle deux autres décisions
à propos du droit de justicier dans ce village 20 .
20 Si par ces voies procédurales auxquelles avaient recours les
seigneurs, les agents royaux ou les villes, le Parlement exerçait –
indirectement sans doute mais très réellement – une fonction de
contrôle sur les justices inférieures y compris les justices
municipales, la question se pose de savoir de quelle manière il
remplissait ce rôle dans sa mission de justice puisque les conseillers
se sont considérés très tôt comme en charge de la souveraineté
royale et puisque la royauté a eu effectivement une politique
particulière à l’égard des villes en fonction de ses intérêts propres
face à l’élément féodal. Or le Parlement a d’abord à trancher les
questions de compétence tout particulièrement à partir du critère de
la patrimonialité entre différents juges, très souvent donc sur le
terrain féodal. Il est souvent sollicité en appel de décisions de juges
inférieurs aussi bien par des villes qui entendent faire respecter leur
droit à exercer leur juridiction ou leur compétence que par des
seigneurs ou des agents royaux qui s’opposent à ce qu’ils considèrent
comme des empiétements de juges municipaux à l’égard de leur
propre juridiction. Ordonnant systématiquement une enquête la
Cour ne s’écarte jamais d’un juridisme pointilleux fondé sur les
preuves effectuées devant elle ; la partie qui a apporté les preuves les
plus solides gagne son procès. Il est alors remarquable que les
seigneurs comme les agents royaux n’ont pas toujours gain de cause
face aux magistrats municipaux tandis que ces derniers perdent leur
procès quand leurs prétentions sont jugées excessives 21 ; en cela
d’ailleurs la Cour ne s’écarte pas de sa jurisprudence habituelle qui
l’amène à sanctionner tous les abus caractérisés, ceux des
représentants des communautés d’habitants 22 comme ceux des
agents royaux. Ainsi le Parlement se cantonne strictement ici dans le
cadre de sa mission judiciaire 23 et ses décisions ne paraissent
nullement dépendre d’une quelconque politique du pouvoir royal à
l’égard des villes et communautés d’habitants, politique que le
pouvoir royal a alors développée par d’autres voies.
21 De même le Parlement a aussi à exercer le contrôle sur les décisions
des justices municipales quand il est saisi par voie d’appel par des
justiciables. Une première question sera de déterminer si les recours
doivent être exercés contre la personne du juge ou contre la
communauté au titre de sa justice : sans doute le juge sera-t-il
poursuivi personnellement s’il a omis de siéger dans la formation
normale de la juridiction 24 , en revanche l’idée s’est imposée que
les jugements rendus au nom de la ville n’engagent pas les personnes
privées qui ont tenu le siège mais la ville elle-même 25 . Ainsi lui
arrive-t-il également de modérer les amendes infligées par une
juridiction municipale et jugées excessives.
22 Mais surtout une question essentielle est celle des usages invoqués
par les parties et une ville qui dispose d’une justice s’efforcera de
faire consacrer judiciairement ses usages et sa coutume. Lorsque des
usages locaux sont invoqués devant la Cour, celle-ci non seulement
ordonne systématiquement une enquête, mais elle le fait aussi bien
pour les pays de droit écrit, où le droit romain en principe tient lieu
de coutume générale, que pour les pays de coutumes. Là aussi la
cause sera gagnée par la partie qui aura le mieux fait sa preuve. On
voit par là l’importance de l’enjeu dans le développement du droit
coutumier pour les villes et communautés d’habitants, même si ce
genre de débat avait lieu en Parlement sans que la ville y soit partie.
23 Il faut insister sur ce point. Là encore par le biais de l’appel le
Parlement s’est trouvé investi par la voie procédurale d’un contrôle
des coutumes. Dans la mesure où il constituait la plus haute
juridiction royale et sous la fiction de la présence du roi au moment
de la décision c’est en fait le Parlement qui a ainsi joué couramment
à partir du début du xive siècle le rôle de gardien des coutumes,
traditionnellement reconnu au roi. Au xiiie siècle, au temps où saint
Louis était très souvent présent dans les séances de Parlement,
l’intervention royale après que le roi ait pris son conseil gardait un
aspect personnel et plutôt politique consistant essentiellement
tantôt à confirmer des coutumes tantôt à supprimer de mauvaises
coutumes à la demande des justiciables eux-mêmes. Mais le rôle
judiciaire du Parlement, en devenant à la fois plus institutionnel et
impersonnel mais aussi beaucoup plus vaste par l’étendue des
affaires, l’a entraîné à vérifier pour toutes les coutumes urbaines
invoquées devant lui à la fois leur existence, leurs rapports avec les
coutumes générales et leur bonne application. Sans doute cette sorte
de contrôle ne dépendait pas que des affaires où étaient impliquées
des villes et le plus souvent des coutumes étaient aussi invoquées
dans des affaires entre particuliers ; cependant les affaires
judiciaires où la ville était partie y ont aussi largement contribué.

***

24 La première conclusion est assurément que la justice était une telle


source d’autonomie et un tel symbole pour une ville que les
magistrats municipaux et même les représentants des plus modestes
communautés d’habitants ne pouvaient qu’être tentés d’en acquérir
les prérogatives par tous les moyens, par ceux de tous les jours en
étant à l’affût de toutes les occasions de prévention sur leur
territoire vis à vis des juridictions seigneuriales, voire de celles du
roi, comme par les longues et coûteuses procédures.
25 Il était important de pouvoir invoquer devant des juges un usage
immémorial de prérogatives de justice mettant en cause l’intérêt
public. Car, en second lieu, les avantages à en retirer allaient en effet
bien au-delà de la simple proximité pour les justiciables. Pour les
petites communautés d’habitants particulièrement les entreprises de
leurs représentants pour l’acquisition du droit de justicier, ne serait-
ce que dans quelques cas très limités, relevaient d’une lutte pour
l’existence même d’institutions municipales. Pour les villes plus
importantes l’objectif ultime était l’octroi par privilège royal d’un
statut favorable, éventuellement celui de bonne ville.
26 Enfin le Parlement s’est trouvé érigé implicitement en arbitre de
conflits essentiellement de nature patrimoniale autour de
prérogatives judiciaires très fragmentées dans le système féodal. On
peut alors se demander si le juridisme dont il a très tôt fait preuve,
apparemment détaché de toute politique royale en faveur de l’une
ou l’autre partie, n’aurait pas joué en fin de compte au profit des
communautés d’habitants aux dépens des seigneurs laïcs et
ecclésiastiques. Le Parlement aurait ainsi couvert le développement
de justices urbaines qui était en lui-même un puissant facteur
d’accession à une plus grande autonomie pour les villes et d’une
manière plus générale encore pour de très nombreuses
communautés d’habitants.

NOTES
1.Registres des justices de Choisy-le-Temple et Châtenay, 1448-1478. Édition des registres Z2 761 et 902
des Archives nationales édités par le Centre d’étude d’histoire juridique, Paris, 2000.
2. On parlera ici de communauté d’habitants plutôt que de village terme que les juristes
d’Ancien Régime évitaient systématiquement, cf. J. Hilaire, Le village, la coutume et les
hommes, dans M. Mousnier et J. Poumarède (dir.), La coutume au village dans l’Europe médiévale
et moderne. Actes des XXes journées internationales d’histoire de l’abbaye de Flaran, septembre 1998,
Toulouse, 2001, p. 8.
3. B. Guénée (Tribunaux et gens de justice dans le bailliage de Senlis à la fin du Moyen Âge vers
1380-vers 1550, Strasbourg, 1963, p. 77) décrivait fort bien ce système : « Tout serait si simple
si toute la justice d’un territoire déterminé était entre les mains d’un seul seigneur, exercée
par un seul juge. Mais le problème est justement qu’au Moyen Âge, selon les cas, les
hommes et les choses dépendent de plusieurs justices différentes, sont justiciables de
plusieurs tribunaux différents. Or, entre ces justices, à chaque instant, les rapports sont
faits d’incertitudes et d’obscurités. Bien plus qu’à des questions de limites, les conflits entre
tribunaux différents, à la fin du Moyen Âge, tiennent d’abord à l’imperfection de la
définition et de la répartition des justices ».
4. Comme le soulignait encore B. Guenée, Tribunaux et gens de justice...p. 80.
5. P.-C. Timbal y insistait particulièrement à propos des villes de consulat : Les villes de
consulat dans le Midi de la France, dans La ville. I. Institutions administratives et judiciaires,
Bruxelles, 1954 (Recueils de la société Jean Bodin, 6), p. 358.
6. A. Rigaudière, Gouverner la ville au Moyen Âge, Paris, 1993, p. 73 et surtout p. 103 et suiv.
7.Olim, II, p. 65, no 14, 1275 : dicto baillivo ad sui defensionem dicente quod cum hujus justicie per
cartam non essent eis concesse, et ipsi sint tales in quos cadit justicia nisi quantum eis per cartam
conceditur, hujus justicias habere non debeant ; la Cour, après examen des chartes de Mantes
(privilèges accordés par Louis VI et confirmés par Louis VII en 1150 et par Philippe-Auguste
en 1200), rejette les prétentions du maire et des pairs de Mantes. En revanche (Olim, II, p.
524, no 4) en 1311, le Parlement, rejetant la demande du seigneur, donne raison au maire et
aux jurés de la commune d’Asnières : il confirme leur saisine de la basse justice dans la
banlieue de la ville au vu de la charte de fondation de la commune.
8.Olim, I, p. 622, no 15. Le bailli de Vermandois s’était saisi au nom du roi d’un homme qui
avait grièvement blessé quelqu’un à Laon dicens quod hec justicia pertinebat ad altam justiciam
quam dominus rex habebat in civitate Laudunensi ; le maire et les jurés opposaient que cela
tangeret simplicem mesleiam vel sanguinem et que cette justicia leur revenait selon les termes
de leur charte et leur long usage. La victime ayant effectivement survécu à ses blessures
plus de quarante jours, la Cour renvoie l’agresseur devant la juridiction municipale audito
etiam quod talem simplicem justiciam habent ipsi major et jurati.
9. X1A 9, f. 389, 1343 : la Cour attribue la basse justice au prieur de Vailhourles (Aveyron) et
au roi la haute justice ; X1A 11, f. 52v, 1344 : elle établit ensuite un partage de la moyenne
justice avec énumération des cas ressortissant au prieur. De même X1A 11, f. 123, 1346 : la
Cour maintient les échevins et le bailli dans leur saisine de la moyenne justice sur les
maisons et tour dites « de la vieille tour ».
10. Pendant les trois jours de la fête de la Saint-Riquier, l’abbé perd sa compétence au profit
de la commune ; la Cour rend plusieurs décisions en 1270 pour imposer un délicat
règlement de compétences : Olim, I, p. 801, no 8 (à propos de l’abbé on parle du tempus sue
justicie) et ibid., nos 9 et 10, puis Olim, II, p. 289, no 4 (1289). À Compiègne, l’abbé de Sainte-
Corneille perd sa compétence pour les mêlées faites pendant les 3 jours de la mi-carême au
profit de la ville : Olim, II, p. 532, no 7 (1311).
11. À Meaux, l’évêque fait reconnaître sa justice haute et basse dans la ville de Varredes
tempore fenacionum : Olim, p. 951, no 17 (1315).
12. J. Hilaire, La vie du droit, Paris, 1994, p. 283.
13. J. Hilaire, La procédure civile et l’influence de l’État : autour de l’appel, dans J. Krynen et A.
Rigaudière (éd.), Droits savants et pratiques françaises du pouvoir (xie-xve siècles), Bordeaux,
1992, p. 151-160.
14.Olim, II, p. 524, no 4 (1311). Hugues d’Asnières et la commune d’Asnières se disputent une
part de la basse justice sur la banlieue de la ville. Au vu de la charte de fondation de la ville
le Parlement adjuge la saisine à la commune, salvo dicto Huoni super hoc questione proprietatis,
salvo insuper in omnibus suer hoc jure do-mini Regis prout in dicta littera fundacionis plenius
continetur.
15. J. Hilaire, Le « Roi » et « Nous ». Procédure et genèse de l’État aux xiiie et xive siècles, dans
Histoire de la justice, 5, 1992, p. 3-18.
16.Olim, I, p. 547, no 12, 1262. Dans l’affaire entre les religieux du couvent de Saint-Pierre-le-
Vif de Sens et le maire et les pairs de la commune de Sens à propos de la justice sur les
hommes levant et couchant du bourg de Saint-Pierre-le-Vif, la commune a d’abord perdu au
possessoire. Le maire et les pairs ont alors fait citer l’abbé et le couvent super proprietate en
arguant de leur charte et de leur long usage. La Cour après nouvel examen de la charte
constate que la commune n’a rien prouvé de plus et maintient sa décision en faveur du
couvent au pétitoire.
17.Olim, I, p. 204, no 6, 1264.
18.Olim, I, p. 641, no 16, 1265.
19.Olim, I, p. 641, no 17, 1265.
20.Olim, II, p. 329, no 17 et p. 481, no 3.
21.Olim, I, p. 522, no 10, 1261 ; de même, I, p. 586, no 10, 1264 : le maire et les jurés de la
commune de Crépy ont intenté à propos d’une justice une nouvelle action au pétitoire mais
la partie adverse leur a opposé qu’un précédent jugement de la Cour avait précisément
tranché la question sur ce point. La Cour a alors procédé à un record de sa décision
antérieure ; constatant que ce jugement avait effectivement été rendu au possessoire et au
pétitoire à l’encontre de la commune, elle a débouté cette dernière et impositum fuit
silencium majori et juratis predictis.
22.Olim, I, p. 761, no 21, 1269 : à la demande des nobles le roi suspend le pouvoir de justice
des échevins de Laon suspectés d’empiétements sur les justices des plaignants.
23. Il faut bien distinguer ici l’impartialité des juges dans leur mission judiciaire qui
contribuera à constituer les conseillers au Parlement en grand corps de l’État (cf. F.
Autrand, Naissance d’un grand corps de l’État. Les gens du Parlement de Paris 1345-1454, Paris
1981, p. 265 et suiv.) et l’opposition politique à la royauté qui commencera à les gagner dès
que le recrutement du personnel de la juridiction aura évolué en s’effectuant
essentiellement dans le monde des professionnels de la justice.
24.Olim, I, p. 725, no 2, 1268. Cité pour défaut de droit le maire de Senlis entend ne pas
comparaître seul mais avec les jurés. La partie oppose qu’il a rendu seul le jugement sans
s’être entouré des jurés et qu’il doit répondre seul : la Cour suit cette argumentation et lui
donne raison.
25. X1A 17, f. 361v (7 janvier 1363) : la Cour reconnaît l’usage immémorial dont se prévaut la
ville de Tournai.
Les sources de la justice pénale dans
les villes du Midi de la France au
Moyen Âge
Paroles et silences

Leah Otis-Cour

1 Abondance de textes normatifs et pénurie relative des actes de la


pratique, telle est l’appréciation que l’on peut porter sur la
documentation relative à la justice criminelle exercée dans les villes
du Midi de la France au Moyen Âge.
2 Le corpus des « coutumes » des villes méridionales, textes normatifs
applicables chacun dans une ville ou une région différente, est
constitué de plus de 800 textes. Datant pour les plus anciens du xiie
siècle, mais majoritairement des xiiie et xive siècles, et pour la plupart
publiés dans des livres et revues diverses, ces textes réglementent
souvent, en plus du droit privé, du régime du consulat et de l’activité
économique, certains éléments essentiels du droit pénal 1 . Les
infractions mentionnées les plus souvent sont les agressions, les vols
et les délits sexuels. Les textes donnent parfois une tarification assez
minutieuse des blessures infligées, et distinguent clairement le petit
larcin du vol d’un objet plus coûteux. En ce qui concerne les délits
sexuels, la majorité des coutumes n’évoquent que l’adultère (pour la
plupart, de la femme mariée et de son complice, et dont la peine
consiste en la course à travers la ville et/ou une amende), et le viol
des vierges, des femmes mariées, et parfois même des prostituées 2 .
Les dispositions relatives à la procédure comprennent à la fois des
éléments archaïques (interdiction pour le meurtrier de rentrer dans
la ville sans avoir préalablement « composé » avec la famille de la
victime) et des aspects plus modernes de la procédure et de la
preuve (droit de refuser de participer au duel judiciaire, le recours
fait aux témoins, la réglementation de la torture, la nécessité du
flagrant délit pour prouver l’adultère etc.).
3 Il faut compléter ce corpus de coutumes avec d’autres textes
normatifs, des ordonnance royales bien sûr, mais aussi des
dispositions en provenance des villes, nombreuses, aux xive et xve
siècles, à ajouter à l’arsenal répressif existant, des « statuts » qui
interdisent, par exemple, le blasphème, le jeu, le port d’armes et le
concubinage, sous peine d’amende ou de châtiment corporel 3 .
4 Lorsque l’on se penche sur la jurisprudence, il est évident que la part
du lion concerne la justice royale, fut-elle en dernier ressort.
Jusqu’au milieu du xve siècle, on pouvait interjeter appel au
Parlement de Paris, et les registres de cette institution renferment
donc des causes provenant du Midi aussi bien que de tout le
royaume. Il en est de même pour les lettres de rémission royales 4 .
Les documents du Parlement de Toulouse sont abondants, mais ne
commencent qu’en 1444, date de création définitive de l’institution.
5 Les justices seigneuriales et ecclésiastiques du Midi ont laissé
quelques belles séries de documents, notamment celles concernant
les justices du pape, étudiées par Jacques Chiffoleau, et celle
provenant de la commanderie de Manosque, objet d’étude de
plusieurs historiens québécois 5 .
6 Le chercheur qui se penche sur les documents judiciaires des villes
de consulat ayant une juridiction pénale, en revanche, risque d’être
assez déçu. À la différence des belles séries judiciaires des autres
villes européennes – Florence, Utrecht, Zurich etc. –nous ne
trouvons ici (sauf pour la petite ville de Gourdon) aucune série de
registres, tout au plus un registre isolé. Certains de ces registres ont
été publiés. Un mini-registre de dix folios renfermant huit
informations faites par les consuls de Fleurance a été publié dans les
Annales du Midi dans les années 1920 ; plus tard dans la même revue,
M. Sherwood s’est contentée de résumer les 144 feuillets d’un
registre provenant de Mireval 6 . Nous devons enfin depuis peu à
Gabriel de Llobet une très belle édition du registre des informations
des consuls de Foix 7 .
7 D’autres registres, quoiqu’inédits, ont fait l’objet d’études détaillées.
Jean-Marie Carbasse s’est penché sur les registres d’informations de
la ville de Castelnaudary, moi-même sur un registre tardif (1494-
1530) de la ville de Pamiers ; une petite série de registres de la ville
de Gourdon a fait l’objet de la thèse d’École des chartes d’Annie
Charnay 8 . D’autres registres, celui de Saint-Bertrand-de-
Comminges, celui de Caraman et ceux de Cordes, pour ne donner que
quelques exemples, attendent encore des études 9 .
8 Il se peut aussi que des découvertes restent à faire. Le Midi est riche
en registres de notaires ; si la plupart des actes renfermés dans ces
registres relèvent du droit privé, ils peuvent aussi inclure des
documents d’intérêt pénal. On trouve parfois dans les registres des
notaires des actes réglant un conflit pénal qui avait d’abord été porté
devant une instance judiciaire ; il s’agit de la fameuse « transaction »
ou pacte 10 . Il n’est pas exclu non plus que certains notaires,
travaillant pour des cours de justice, aient gardé dans leurs registres
des procédures relevant de ces cours, comparables aux livres
« d’imbréviature » trouvés par Gero Dolezalek pour le xiiie siècle 11 .
Il convient donc d’être vigilant, et de vérifier, dans la mesure du
possible, le contenu des registres de notaires, surtout des villes ayant
quelque compétence en matière pénale.
9 Il ne faut pas non plus négliger ce que l’on pourrait appeler les textes
« occasionnels ». Même si tel parchemin ne nous renseigne que sur
une seule affaire, parfois les détails fournis sur la procédure et le
raisonnement des juges valent autant que les « camemberts » tirés
des statistiques provenant des séries plus longues, mais plus
laconiques. Un document concernant la justice seigneuriale, par
exemple, trouvé dans le Grand Thalamus de Montpellier par Guy
Romestan – une enquête datant de 1227 – nous renseigne non
seulement sur le sujet principal, le débat sur l’éventuelle
confiscation des biens du coupable par les autorités, mais donne
aussi accessoirement un catalogue effrayant des peines infligées
pour des crimes divers, renseignements extrêmement précieux pour
une période si reculée 12 .
10 Un registre de 47 feuillets consacré entièrement à une affaire
d’homicide nous fournit une « fenêtre » de choix sur l’usage de la
torture à Pamiers dans les années 1330 13 . Il permet de constater la
méthode utilisée (élévation avec poids), la cascade d’appels possibles
d’une condamnation à la torture, la connaissance qu’avaient les
juges des règles du droit savant relatives à la question (limitation du
nombre de séances en l’absence de nouveaux indices), l’utilisation
d’une question « adoucie » en cas de faible état de santé de l’accusé
(questio sub forma remissionis) et la valeur de la torture, qui constituait
pour les autorités de l’époque une attestation de la crédibilité du
sérieux de la politique pénale des consuls appaméens, prêts à
torturer même un honnête citoyen sur qui pesait un soupçon, plutôt
que de se contenter d’un pacte conclu entre l’accusé et la famille de
la victime dans la longue tradition des « transactions » mettant fin à
maintes affaires pénales à l’époque (évoquée plus haut).
11 Les historiens ne peuvent pas se passer d’une dernière catégorie de
documents relatifs à la justice criminelle médiévale : il s’agit des
actes comptables. L’administration de la justice au Moyen Âge
impliquait à la fois des recettes et des dépenses : l’amende imposée
au coupable était une source non négligeable de revenus pour le
seigneur ou la municipalité, alors que l’exécution des peines – s’il
s’agit d’une fustigation, d’une mutilation ou de la peine capitale –
représentait une dépense assez importante. La plus belle série
comptable de justice pénale du Midi est celle des clavaires des
comtes de Provence, dont plusieurs centaines de registres subsistent
encore aux Archives des Bouches-du-Rhône 14 .
12 La comptabilité consulaire peut aussi, dans une certaine mesure,
pallier le manque de registres proprement judiciaires dans les villes
du sud-ouest. À Toulouse, par exemple, un dépouillement
systématique des « pièces à l’appui des comptes » a révélé – pour une
période, il est vrai, très tardive, la fin du xve et début du xvie siècle –
divers paiements effectués aux bourreaux pour des fustigations, et
plusieurs listes de prisonniers, avec le chef d’accusation qui pèse sur
eux, permettant donc de constater, entre autre, la volonté réelle des
capitouls de faire respecter les statuts interdisant la prostitution
sauvage et le proxénétisme 15 .
13 Pour bien cerner la pratique de la justice pénale dans le Midi de la
France, on est donc obligé de faire feu de tout bois, de « croiser »
tous les documents possibles – registres judiciaires, lorsqu’ils
existent, documents judiciaires « occasionnels », actes de la
comptabilité – afin d’en tirer le maximum de renseignements. Un cas
d’espèce peut illustrer la nécessité absolue d’une telle approche,
celui de la torture 16 . Si on se pose la question de savoir si la torture
était appliquée couramment dans le Midi de la France au xve siècle,
quelle réponse ressort de notre documentation ? Les registres du
Parlement de Toulouse fournissent plusieurs exemples de torture
appliquée avec une relative parcimonie par le Parlement même, et
des tortures infligées par des cours de première instance, mais
suivant les consignes, souvent de modération, décrétées par
l’instance suprême. Le registre judiciaire d’une cour consulaire de
première instance, celui de Pamiers, révèle une seule vraie
« condamnation » à la torture (d’un soupçonné d’homicide, afin
d’obtenir les noms des complices), « appelée », d’ailleurs, sans
succès, jusqu’au Parlement de Toulouse.
14 Peu de cas sont donc cités, mais on peut se demander si ces
documents judiciaires nous livrent toutes les tortures effectivement
infligées. Patrick Gyger nous apprend que, lorsqu’on a la chance
d’avoir à la fois une série judiciaire et une série financière
correspondante, les documents comptables peuvent révéler des cas
de tortures dont les actes judiciaires ne soufflent pas mot 17 . Ce
décalage entre les renseignements obtenus des documents financiers
et ceux des actes judiciaires est tout à fait compréhensible. La
torture était à l’époque sans intérêt sur le plan juridique, car c’était
l’aveu de l’accusé qui avait une force probatoire ; peu importait qu’il
soit spontané, ou bien, obtenu par des séances de torture (pourvu
qu’il soit réitéré en dehors de tout contexte de torture). Le paiement
au bourreau-tortionnaire, en revanche, entraînait forcément une
trace documentaire. On peut donc s’attendre à retrouver
nécessairement plus d’allusions à la torture dans les archives de la
comptabilité que dans les registres judiciaires.
15 Il est tout naturel, compte tenu de cette constatation, de se tourner
vers cette série comptable, qui est celle des clavaires du comte de
Provence 18 , en espérant trouver un foisonnement d’allusions à la
torture appliquée dans les juridictions comtales. Or, le résultat est
plus que décevant ; alors que les registres regorgent de paiements
effectués aux bourreaux pour l’exécution de peines diverses –
fustigation, mutilation, pendaison etc. – les références à l’application
de la torture sont rarissimes. Pourtant, les inventaires des prisons
présentés dans ces mêmes registres recensent toute une
infrastructure de la torture : salles réservées à cet effet, chevalets,
cordes, poids, etc. Comment concilier un investissement de la sorte
dans le matériel de la torture avec une pénurie d’allusions à son
amortissement ?
16 La réponse réside dans la lecture attentive d’un de ces textes
judiciaires « occasionnels », montrant encore une fois l’importance
de ces affaires individuelles pour la compréhension, non seulement
de cette seule affaire, mais du système juridique global. Il s’agit du
très beau procès-verbal d’une procédure à l’encontre d’un bandit de
grand chemin provençal édité par Françoise Gasparri 19 . Ce
document tout à fait exceptionnel nous montre un juge comtal qui
manifestement préférait arriver à la vérité par un interrogatoire
ordinaire, mais qui n’hésitait pas à menacer de torturer, voire passer
à l’acte, en cas de non-coopération réitérée de l’accusé.
17 Encore plus significatif, ce document nous dévoile les visages des
tortionnaires. À la grand surprise de tous ceux qui, suivant le
raisonnement de Pierre Braun – qui voit dans la torture la raison
d’être même de l’émergence d’un bourreau professionnel 20 –
s’attendaient à y voir à la tâche le bon bourreau, ce sont en fait les
simples sergents de la cour, et non de vrais « professionnels », qui s’y
appliquent. Cette constatation n’est finalement pas étonnante ; la
plu-part du temps, la simple menace de la torture suffisait à faire
avouer le coupable, alors pourquoi grever le budget de la cour pour
une simple présentation des instruments de la torture à l’accusé ?
Même le passage à l’acte pouvait être d’une simplicité
déconcertante : pour l’un des accusés, il a suffi de lui lancer le
contenu d’un seau d’eau pour qu’il crie « Assez ! » et « dise tout ». Ce
n’est pas la peine de payer un professionnel pour si peu. La torture,
donc, inintéressante sur le plan juridique, et ne nécessitant que
rarement l’intervention d’un professionnel – les sergents, recevant
des gages annuels et donc ne touchant pas d’honoraire à l’acte – peut
passer inaperçue pour l’historien, à moins de tomber sur un texte
« occasionnel » approprié.
18 Un dernier sujet nous permet de constater l’importance d’utiliser
toutes les sources, mais aussi, les limites de ce qu’on peut savoir sur
le système pénal de l’époque, même en croisant le maximum de
sources. Le procès-verbal édité par Françoise Gasparri nous
renseigne, non seulement sur l’usage de la torture au xve siècle, mais
aussi sur l’application d’une peine particulière à la même époque :
une peine bien corporelle, une fustigation, mais infligée non pas
publiquement, ce qui était la règle générale, mais secrètement, en
huis clos 21 . Cette information est précieuse, car elle permet de voir
les limites de l’importance de l’exemplarité de la peine corporelle au
e
xv siècle. Infliger la souffrance physique était vu non seulement
comme une dissuasion pour d’autres criminels en puissance de
commettre des infractions, mais aussi comme un moyen
d’amendement de l’accusé, tout à fait comparable à une pénitence
ascétique imposée à un pécheur. Une fois sensibilisé à ce but possible
de la peine, au souci des juges pour le for intérieur de l’accusé,
l’historien peut en découvrir d’autres exemples. À Pamiers, femmes
adultères et jeunes voleurs étaient battus, non pas pendant la
fameuse « course » publique à travers la ville, mais à l’intérieur des
locaux de la cour et de la prison. Le Parlement de Toulouse en faisait
de même. Et un autre document « occasionnel », la délibération des
juges sur la peine appropriée pour un jeune voleur à Pamiers, donne
un nom à cette pratique, « la petita pena amagada », la petite peine
cachée, censée permettre au jeune délinquant de s’« amender », et,
sauvé de l’infamie d’une peine corporelle publique, de réintégrer la
communauté.
19 Fort de ces renseignements épars, l’historien cherchant davantage
d’information sur la peine cachée trouverait normal de se tourner
vers le dernier type de documents à consulter, les actes comptables.
Heureusement, la comptabilité de la cour comtale de Moustiers, où le
jeune délinquant devenu plus tard bandit de grand chemin
(prouvant que l’application de la peine cachée au jeune délinquant
n’assurait pas forcément son amendement !) a été condamné à une
peine cachée, subsiste encore, même si la série n’est pas continue, ni
complète. Mais, hélas ! ces registres ne dévoilent aucune indication
de cette peine – ni l’amende exigée du coupable ou de sa famille, ni
un paiement pour la fustigation secrète. À la réflexion, cette lacune
n’est pas étonnante. Si le but de l’opération était la discrétion, le
manque de publicité, afin de faciliter la réintégration du jeune
délinquant dans la communauté, il n’est pas surprenant que cette
pratique ait été parfois passée sous silence, ne laissant de trace que
dans des documents « occasionnels » exceptionnels.
20 Cette constatation nous amène à tirer une conclusion importante de
notre étude de la documentation pénale du Midi médiéval,
conclusion qui dépasse les limites géographiques de ce Midi : même
en croisant les documents les plus divers, on n’a pas forcément une
vision complète du système pénal de l’époque. Tout comme une
étude du registre du Châtelet de Paris ne nous donne qu’une image
extrêmement déformée de la justice médiévale, car sa rigueur est
exceptionnelle plutôt que typique, l’étude de tout document pénal
ne nous donne que l’image que voulaient laisser les juges de leur
justice. Et c’est en général une image volontairement déformée en
faveur d’une justice publique et exemplaire. Tout un côté de la
justice médiévale, privée, intime, discrète, existait aussi, mais,
encore une fois volontairement, ne paraît pas toujours dans la
documentation. Dans l’histoire du droit pénal, comme dans l’histoire
tout court, les silences peuvent parfois être aussi parlants que les
paroles.

NOTES
1. Ces coutumes ont été répertoriées par J.-M. Carbasse ; voir son article Bibliographie des
coutumes méridionales (catalogue des textes édités), dans Recueil de mémoires et travaux publié par
la Société d’histoire du droit et des institutions des anciens pays de droit écrit, 10, 1979, p. 7-89. Ce
corpus fait l’objet actuellement d’une informatisation par matière, dirigée par Maïté Lesné-
Ferret et Leah Otis-Cour (Institut d’histoire des anciens pays de droit écrit, UMR 5815
Dynamiques du droit au CNRS, Université Montpellier I, dir. Bernard Durand), qui aboutira
à une étude approfondie de ces sources, et une comparaison avec des textes similaires
provenant des villes espagnoles et italiennes, l’aspect comparatif de ce projet d’étude étant
dirigé par Jean-Marie Carbasse. Nous comptons associer à ce projet d’autres membres de
l’équipe de l’Institut d’histoire des anciens pays de droit écrit, ainsi que certains étudiants
du Master 2 Recherche Histoire du droit de l’Université Montpellier I.
2. Pour l’adultère, voir J.-M. Carbasse, « Currant nudi » : la répression de l’adultère dans le Midi
médiéval (xiie-xve siècles), dans J. Poumarède et J.-P. Royer (éd.), Droit, histoire et sexualité, Lille,
1987, p. 83-102. Pour le viol, voir L Otis-Cour, La nature délictuelle du viol de la prostituée au
Moyen Âge : querelle ou consensus ?, dans Cahiers des Écoles doctorales, Faculté de droit de
Montpellier, 1, 2000, p. 275-292.
3. Ces statuts sont évoqués dans L. Otis-Cour, La répression des infractions contre l’ordre moral à
Pamiers à la fin du Moyen Âge : le jeu et le blasphème, dans Conformité et Déviance au Moyen Âge.
Actes du colloque de Montpellier 21-23 novembre 1993, Montpellier, 1995 (Cahiers du CRISIMA, 2),
p. 273-286. Les ordonnances royales de la même époque portent souvent sur les mêmes
infractions (voir L. Otis, Une contribution à l’étude du blasphème au bas Moyen Âge, dans Diritto
comune et diritti locali nella storia dell’Europa. Atti del Convegno di Varenna, 12-15 giugno 1979,
Milan, 1980, p. 211-226).
4. C. Gauvard, « De grace especial » : Crime, État et Société en France à la fin du Moyen Âge, Paris,
1991.
5. J. Chiffoleau, Les Justices du pape : délinquance et criminalité dans la région d’Avignon au xiv
e
siècle, Paris, 1984 ; voir les articles de R. Lavoie, notamment Les statistiques criminelles et le
visage du justicier : justice royale et justice seigneuriale en Provence au Moyen Âge, dans Provence
historique, 29, 1979, p. 3-20, et Justice morale et sexualité à Manosque, 1240-1430, dans M Hébert
(dir.), Vie privée et ordre public à la fin du Moyen Âge : études sur Manosque, la Provence et le
Piémont (1250-1450), Aix-en-Provence, 1987, p. 9-21 ; R. Gosselin, Honneur et violence à
Manosque (1240-1260), ibid., p. 45-63. Voir aussi P. Malaussena, Justice pénale et comportements
villageois dans une seigneurie provençale au xiiie siècle, dans Mémoires et travaux de l’Association
méditerranéenne d’histoire et d’ethnologie, 1982, p. 7-53, et P. L’Hermite-Leclercq, Délits et
répression dans un village de Provence (fin xve-début xvie siècle), dans Le Moyen Âge, 82, 1976, p.
539-555.
6. M. Prou, Informations criminelles des consuls de Fleurance au xive siècle dans Annales du Midi,
36, 1924, p. 397-417 ; 37, 1925, p. 5-41 et 161-189. M. Sherwood, Un registre de la Cour criminelle
de Mireval-Lauragais au quatorzième siècle, dans Annales du Midi, 53, 1941, p. 78-86, 169-182,
271-287, 408-427
7.Le registre des informations des consuls de Foix (1401-1402), éd. G. de Llobet, avec la
collaboration de J. Hoareau-Dodinau, Limoges, 2001 (Cahiers de l’Institut d’anthropologie
juridique [de l’] Université de Limoges, 5).
8.J.-M. Carbasse, La justice criminelle à Castelnaudary au xive siècle, dans Actes du LIVe congrès de
la Fédération historique de Languedoc-Roussillon, Montpellier, 1983, p. 139 et suiv. Y. Mausen,
« Veritatis adiutor ». La procédure du témoignage dans le droit savant et la pratique française
(xiie-xive siècles), Milan, 2006. L. Otis-Cour, « Terreur et exemple, compassion et miséricorde » : la
répression pénale à Pamiers à la fin du Moyen Âge, dans Recueil de mémoires et travaux publié par
la Société d’histoire du droit et des institutions des anciens pays de droit écrit, 16, 1994 ( = Justice et
justiciables : Mélanges Henri Vidal), p. 139-164 ; Id., « Lo pecat dela carn » : La répression des délits
sexuels à Pamiers à la fin du Moyen Âge, dans Studi di storia del diritto I, Milan, 1996, p. 335-366.
Annie Charnay a étudié les registres judiciaires : Annie Monzat, Gourdon-en-Quercy de la fin
du xiiie au milieu du xive siècle, thèse de l’École des chartes, 1970, résumée dans A. Charnay,
La vie en Gourdonnais au xive siècle d’après les archives judiciaires, dans Actes du 32e Congrès de la
Fédération des sociétés académiques et savantes en Languedoc-Pyrénnées, 1977, p. 31-38.
9. Pour une liste des textes publiés et des archives inédites, voir J.-M. Car-basse, Consulats
méridionaux et justice criminelle au Moyen Âge, Thèse de droit, Montpellier 1974. Le
recensement et l’étude de ces documents constituent un projet de recherches important de
l’Institut d’histoire des anciens pays de droit écrit (UMR 5815) et du Master 2 Recherche
Histoire du droit de l’Université de Montpellier I.
10. Voir l’étude remarquable de certaines transactions marseillaises du quatorzième siècle
de D. Smail, Common violence : vengeance and inquisition in fourteenth-century Marseille, dans
Past and Present, 151, 1996, p. 28-59.
11. G. Dolezalek, Une nouvelle source pour l’étude de la pratique judiciaire au xiiie siècle : les livres
d’imbréviature des notaires de cour, dans Confluence des droits savants et des pratiques juridiques.
Actes du colloque de Montpellier, xiie-xiiie siècles, Milan, 1977, p. 223-241 ; Das Imbreviaturbuch
des erzbischöflichen Gerichtsnotars Hubaldus aus Pisa, Mai bis August 1230, éd. G. Dolezalek,
Cologne-Vienne, 1969. Voir aussi G. Giordanenengo, Le notaire et la justice, dans Gnomon, 48,
1986, p. 34-39.
12. G. Romestan, Un document inédit sur la justice seigneuriale à Montpellier au début du xiiie
siècle, dans Recueil...de droit écrit, 16 Mélanges Henri Vidal, 1994, p. 81-91.
13. L. Otis-Cour, Les enjeux de la torture : une affaire d’homicide à Pamiers aux années 1330, dans
B. Durand, J. Poirier et J.-P. Royer (dir.), La douleur et le droit, Paris, 1997, p. 211-217.
14. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, B1585-2069. Voir les articles de R.
Lavoie cités dans la note 5, et R. Lavoie, Justice, criminalité et peine de mort en France au Moyen
Âge : essai de typologie et de régionalisation, dans C. Sut-to (dir.), Le sentiment de la mort au Moyen
Âge : études présentées au Cinquième colloque de l’Institut d’études médiévales de l’Université de
Montréal, Montréal, 1979, p. 33-55. Voir aussi B. Paradis, Les exécutions publiques en Provence
au xive siècle : un usage répressif en évolution, dans Memini. Travaux et recherches publiés par la
Société des études médiévales du Québec, 3, 1999, p. 71-90.
15. Archives municipales de Toulouse, CC2344 no 2, CC2351 no 90, CC271 no 496 (et FF660,
11v). Voir L. Otis, Prostitution in medieval society: the history of an urban institution in Languedoc,
Chicago, 1985, p. 94.
16. Le développement qui suit est tiré de l’étude suivante : M. Ferret et L. Otis-Cour, La
torture dans le Midi de la France au Moyen Âge, dans B. Durand et L. Otis-Cour (dir.), La torture
judiciaire : approches historiques et juridiques, I, Lille, 2002, p. 421-449.
17. P. Gyger, L’épée et la corde. Criminalité et justice à Fribourg, 1475-1505, Lausanne, 1998.
18. Voir note 14.
19. F. Gasparri, Crimes et châtiments en Provence du temps du roi René : procédure criminelle au
e
xv siècle, Paris, 1989, p. 87, 125, 149, 196, 249, 284.

20. P. Braun, Variations sur la potence et le bourreau. À propos d’un adversaire de la peine de mort
en 1361, dans J.-L. Harouel (dir.), Histoire du droit social. Mélanges en hommage à Jean Imbert,
Paris, 1989, p. 95-124.
21. F. Gasparri, Crimes et châtiments en Provence... cité n. 19, p. 210 et 239. Les lignes qui
suivent sont tirées de cet article : L. Otis-Cour, L’exemplarité de la peine en question : La pratique
de la « peine cachée » dans le Midi de la France au xve siècle, dans Revue historique de droit français
et étranger, 80, 2002, p. 179-186.
Les sources de la pratique judiciaire
en Flandre du xiie au xve siècle et leur
mise en œuvre par les historiens
Walter Prevenier

1 La pratique judiciaire, et les documents qui en sont les retombées,


possèdent une dynamique interne, due à des juristes, théologiens et
philosophes, dont la logique hermétique échappe en grande partie à
l’observation du simple particulier. Je suis convaincu cependant que
les mutations dans la justice urbaine, comme dans la gestion des
villes, ne découlent pas uniquement de ces discours intellectuels,
mais sont plutôt déterminées par des facteurs de société externes.
Pour la Flandre du Moyen Âge, j’en discerne trois : l’essor de
l’enseignement et de la bureaucratie ; le succès économique ; le
système politique.
2 Le facteur de l’éducation explique la naissance et l’efficacité des
instruments judiciaires et politiques dans les villes. La précocité et la
consolidation d’une bureaucratie laïque dans les villes flamandes au
xiie siècle sont inconcevables sans l’urbanisation et la laïcisation

simultanée des écoles, à la mesure des élites urbaines. En 1179 le


comte Philippe d’Alsace donne aux bourgeois de Gand l’autorisation
de créer, à côté des écoles abbatiales et de l’enseignement dispensé
par le chapitre de Saint-Pharaïlde, lié à la chapelle du comte, une
école laïque, avec comme finalité la formation commerciale et
l’étude des langues étrangères 1 . Il est néanmoins vrai que
l’efficacité de cette école municipale aurait été minimale sans la
préexistence d’un enseignement ecclésiastique de qualité à Gand
depuis l’époque carolingienne 2 . En 1191, Mathilde, comtesse de
Flandre, octroyait aux citadins gantois la liberté totale de créer des
écoles 3 . Depuis lors, les deux réseaux ont coexisté, pas toujours en
paix, mais provoquant finalement une émulation fertile. L’école
abbatiale a d’ailleurs récupéré une partie de l’éducation pratique,
comme en témoigne un livre de classe de l’abbaye Saint-Pierre de
Gand vers 1290, qui enseigne la rédaction de correspondances
commerciales 4 . Les écoliers y sont aussi bien de futurs clercs que
de futurs hommes d’affaires 5 .
3 Le facteur économique n’est pas moins négligeable. L’économie aussi
a connu en Flandre un démarrage précoce, provoquant une forte
montée démographique de 1100 à 1300 et une ascension
spectaculaire de l’industrie textile, celle de luxe et celle des draps
meilleur marché. On ne s’étonne donc pas que les conflits sociaux et
révoltes politiques y apparaissent également tôt, dès 1245, plus tôt
qu’ailleurs en Europe 6 . Je considère ce dernier facteur comme
élément-clé pour expliquer le revirement dramatique de la pratique
judiciaire à la fin du xiiie siècle.
4 Le troisième facteur, la politique, a été particulièrement décisif à
deux moments. En 1127, il coïncide parfaitement avec l’envol
économique et intellectuel de cette époque. Les élites urbaines en
Flandre étaient si bien formées et si conscientes de leur potentiel
économique, qu’elles réalisèrent sans peine leur émancipation
politique et l’élaboration précoce d’une identité urbaine en 1127 7 .
Pour la circonstance, elles forment un collège interurbain, appelé
« bonnes villes » ou communitas scabinorum Flandrie, qui est un
contre-pouvoir vis-à-vis du comte, et détermine les décisions
politiques à tel point qu’il tranche dans le choix du nouveau comte
lors de la crise de succession en 1127-1128 8 . À l’intérieur de chaque
ville une élite de patriciens monopolise le banc échevinal et le
pouvoir politique. La continuité de cette caste politique est assurée,
car les mandats sont à vie, et le renouvellement s’opère par
cooptation 9 . Deuxième épisode décisif : 1280 à 1305. Le monopole
patricien est brisé. À la suite de révoltes, plusieurs groupes sociaux,
notamment les nouveaux riches, les gens de métier et les classes
moyennes, entrent aux conseils des villes 10 . Ainsi le régime
oligarchique du xiiie siècle est balayé. Le nouveau conseil est placé
sous surveillance par le haut et par le bas, contrôlé par le prince et
par les citadins. Cette mutation change totalement la pratique
judiciaire. Elle explique la création de nouveaux systèmes
d’enregistrement et types de documents, témoins d’une nouvelle
culture politique.
5 En effet, pourquoi n’y a-t-il pas, avant 1280, de registres aux
jugements du tribunal municipal, n’y a-t-il pas de comptes urbains
pour justifier les dépenses et les revenus de la ville ? Pourtant les
structures et le savoir-faire étaient disponibles. L’explication la
moins sophistiquée, mais fort probable, serait la perte de documents
suite aux incendies, qui ont frappé Gand, aussi bien que Bruges, à la
fin du xiiie siècle. J’ai pourtant le sentiment que la carence suggère de
la part des échevins une volonté politique. Les échevins ont sans
doute emporté les registres à la maison, ou même délibérément
détruit ces documents. L’absence d’enregistrement des décisions
judiciaires donne aux juges urbains une liberté totale pour
prononcer des jugements à la tête du client. L’absence d’une
comptabilité écrite, accompagnée de pièces justificatives, permet
aux échevins de s’attribuer frauduleusement et discrètement une
partie des revenus de la ville. Il a pourtant existé une justice 11 (dès
la fin du xie siècle) et une gestion financière 12 dans les villes
flamandes avant 1280. Un contemporain a même inventé un
euphémisme pour ce système : inter se computant in secreto, « ils
comptaient entre eux en secret » 13 . Mais les multiples lettres de
protestation rédigées entre 1275 et 1300 révèlent les camouflages et
les magouilles que ce système a engendrés 14 . En principe chaque
citoyen avait les mêmes droits. En fait cette théorie de l’isonomia est
un pagne pour cacher l’inégalité sociale et les discriminations. Un
contestataire gantois critique en 1297 les multiples abus des juges
urbains, « suer les pauvres gens et suer les gens ki ne estoient mie de
si grant pooir comme il estoient » 15 . Un autre signale en 1275 des
clamores horribiles à propos des abus de pouvoir, car les Gantois, quasi
servi suberant et opprimebantur quotidie per scabinos 16 . La sécurité
juridique est le privilège de ceux qui appartiennent à la clientèle du
patriciat au pouvoir 17 . L’inégalité devant le fisc est un autre
cauchemar pour le commun : en 1280, des observateurs lucides
mettent à nu le caractère asocial de la fiscalité indirecte (les taxes
uniformes sur la consommation pèsent plus lourdement sur le
budget des travailleurs) : « les gens pauvres qui travaillent avec leurs
mains paient plus que les riches » 18 . Ils révèlent que les patriciens
exploitent leur position à la tête de la commune. Ils ne taxent point
les opérations commerciales, et détournent les budgets des travaux
publics au profit de leurs intérêts privés 19 .

***

6 Les mutations qui apparaissent du xiie au xve siècle dans la


physionomie et dans la typologie des documents de la pratique
judiciaire et administrative reflètent parfaitement la fissure
politique autour de 1300.
7 Dans une première phase, de 1100 à 1300, la caste politique au
pouvoir ne produit des documents de portée juridique que pour les
secteurs jugés utiles pour cette élite même. Elle évite par contre de
rédiger (et de conserver) des écrits à risque, aptes à révéler les
malversations du régime. Utiles sont : les privilèges urbains obtenus
des comtes, l’enregistrement des transactions commerciales et
patrimoniales. Dangereux sont : la comptabilité publique des revenus
et dépenses de la ville, les registres de juridiction avec justification
des sentences. On peut s’en faire une idée par la lecture de la plainte
gantoise de 1297, dans laquelle 103 habitants exposent une
incroyable panoplie d’abus des juges urbains dans la pratique
judiciaire 20 . Seule une forte pression externe, une ordonnance du
roi de France Philippe le Hardi, inspirée par le comte de Flandre, a
réussi à imposer aux villes flamandes en 1279 l’obligation de rendre
compte annuellement de la gestion de leurs finances 21 . Le
commandement royal ne restait pas lettre morte. En 1281, Bruges
publie son premier compte communal avec bilan 22 . Certes, il y a
quelques traces de comptabilité urbaine antérieures à 1281, à partir
de 1267 à Ypres, mais il s’agit là de notes confidentielles, d’aide-
mémoire pour la facilité des échevins 23 . Toute la différence est
qu’en 1279 les comptes deviennent publics. Très publics même. Car,
tandis qu’en France les magistrats ne sont responsables qu’envers le
prince, en Flandre la reddition doit avoir lieu devant tous les
habitants que cela intéresse, notamment des représentants du
commun, capables de déceler d’éventuelles fraudes.
8 Que reste-t-il comme documents urbains d’avant 1280 ? Il y a d’abord
une masse de privilèges et de libertés, accordés aux villes par les
comtes de Flandre 24 . Ces chartes inaugurent la phase
constitutionnelle dans des centres urbains qui existaient déjà avant
comme entités économiques 25 . Cette collection de « keuren »
débute avec la création de communiae en 1127, par exemple à Saint-
Omer, Gand et Bruges 26 . Mais ce processus a démarré
antérieurement, car déjà en 1067-1070 le comte de Flandre Baudouin
VI accorde une charte (libertas ) à la ville neuve de Grammont 27 , et
en 1111 des échevins urbains sont mentionnés à Arras 28 . À la fin du
e
xii siècle, toute ville flamande dispose d’un droit urbain en bonne et
due forme. Ces précieux privilèges étaient jalousement conservés
dans les archives communales, car ils étaient le résultat de
négociations difficiles et de compromis délicats entre princes et
élites urbaines 29 . Ils consignaient le monopole du pouvoir du
patriciat et formulaient leur compétence pour légiférer et pour
exercer la justice (haute, moyenne et basse), en ce qui concerne les
disputes civiles et les violations de la paix publique ; cette
compétence était strictement limitée au territoire municipal et aux
vrais citoyens de la ville (excluant les clercs, les nobles et les
étrangers). Pour les verdicts de la justice urbaine aucun appel n’était
possible avant le xive siècle 30 . Les échevins urbains disposaient en
outre de compétences en matière de finances et de juridiction
gracieuse 31 . Pour chacune de ces fonctions, des services exécutifs
furent mis sur pied. Un des bureaux s’occupait de l’octroi d’actes
échevinaux. En 1169, les échevins de Gand corroborent
collectivement un acte privé 32 . La première charte urbaine à Gand
dont les échevins sont les auteurs formels date de 1200 33 . À Ypres,
des échevins sont mentionnés comme témoins dès 1170 34 , mais la
première charte émanant explicitement de ces échevins est de 1187
35 . Au xiiie siècle, les actes de juridiction gracieuse ont survécu

massivement à Ypres, ou plutôt avaient survécu jusqu’en 1915,


quand plus de sept mille lettres de foire du xiiie siècle ont brûlé dans
les bâtiments des archives d’Ypres 36 . Les échevins du xiiie siècle,
gardiens de l’infrastructure des foires internationales d’Ypres,
conservaient jalousement dans les sacs d’archives de l’hôtel de ville
la moitié des chirographes (l’autre moitié étant dans les mains du
créancier), pour sécuriser les marchands internationaux qui y
avaient consigné leurs reconnaissances de dettes.
9 La seconde période, de 1300 à 1500, se caractérise par l’apparition
d’une transparence accrue et d’une isonomia améliorée, c’est-à-dire
d’une meilleure égalité devant le droit. Les décisions des
administrations urbaines et des tribunaux municipaux
appartiennent désormais plus ou moins au domaine public. Elles
sont mieux contrôlées, par la présence dans le conseil municipal de
représentants de toutes les couches de la population. Mais les
politiciens d’après 1302, successeurs de la caste patricienne du xiiie
siècle, ont souvent succombé aux mêmes tentations de profits
malsains et autres pots de vin 37 . Même le contrôle des finances
urbaines par le comte est resté partiellement lettre morte : malgré
l’ordonnance royale de 1279, malgré les efforts de Louis de Nevers en
1331-1335, la ville de Gand a toujours refusé de remettre au prince
un double des comptes urbains ; ce n’est qu’en 1540 que Charles
Quint a pu contrecarrer ce refus acharné 38 . Les contrôleurs du
comte n’arrivaient pas à aller plus loin que de se faire lire chaque
année publiquement dans la halle de Gand un court rapport
financier par les receveurs de la ville 39 . Mais toutes les autres villes
flamandes ont remis leurs comptes, et se sont soumis à un contrôle
annuel plus ou moins efficace, sauf pendant les périodes
révolutionnaires, comme durant la révolte de Jacques d’Artevelde,
quand l’autorité comtale était pratiquement éliminée 40 .
10 L’isonomia et la sécurité juridique concernent au xive siècle
beaucoup plus d’individus qu’auparavant, à cause d’un accès plus
facile au tribunal urbain et aux services de la juridiction gracieuse.
On trouve désormais dans les registres de la ville des gens
appartenant à tous les niveaux sociaux. D’abord pour le marché
immobilier : en effet, les prix des ventes de maisons, enregistrées à
Gand à la fin du xve siècle, varient de 736 à 144 000 deniers gros de
Flandre, une fourchette donc de 1 à 205 41 . Ensuite pour le secteur
de la protection sociale : en moyenne 133 tuteurs pour orphelins
sont nommés chaque année à Gand dans la deuxième moitié du xve
siècle 42 ; ce chiffre ne comprend pas que des familles aisées, mais
aussi des gens de la classe ouvrière, qui se présentaient devant les
échevins pour régler ces conventions, sans toutefois dans tous les cas
faire rédiger un état de biens, vu la modicité du patrimoine des
orphelins en cause 43 .
11 Autre signe de la nouvelle culture politique et d’une transparence
accrue depuis les changements de 1300 : les citadins n’hésitent plus à
contester des jugements du tribunal urbain, ou des règlements entre
bourgeois, devant le ban échevinal, ou devant une cour d’appel, soit
au niveau du comte (Conseil de Flandre), soit à celui du roi de France
(le Parlement de Paris). Il est vrai que les grandes villes de Flandre,
et particulièrement les élites bourgeoises de ces villes, se sont
farouchement opposées à cette pratique d’appel. Ils considéraient
ces recours à la justice royale et comtale comme une atteinte à leur
autonomie, et comme un effort de centralisation de la part des
princes 44 . Des gens de tout niveau, même des communs,
disposaient d’ailleurs d’une deuxième voie de recours contre les
décisions des tribunaux urbains : ils n’hésitaient pas, avec un certain
succès d’ailleurs, d’introduire, après condamnation, une demande de
grâce auprès du prince 45 .
12 La transparence des structures de la juridiction et de la bureaucratie
est certainement intensifiée après 1300, à cause d’une distribution
des compétences plus nette entre les institutions urbaines, et par
une multiplication des systèmes d’enregistrement 46 . À Gand, les
deux bancs d’échevins reçoivent chacun un secteur spécifique. Les
échevins de la Keure s’occupent de la législation au moyen
d’ordonnances urbaines, de la répression des crimes par l’exercice
du droit pénal par le tribunal urbain, et de la juridiction gracieuse
par la rédaction d’actes (un peu comme s’ils étaient des notaires
publics) concernant des reconnaissances de dette, des bails, des
accords de vente, des testaments, des contrats de mariage 47 . Dans
l’autre banc, les échevins de Gedele sont des juges de paix,
s’occupent du secteur « social », enregistrent des réconciliations de
litiges entre bourgeois (d’où le nom de « soendinc bouc »), rédigent
des sentences et contrats pour les tutelles d’orphelins 48 . Les
registres de la Keure sont conservés de 1339 à 1679, mais il y a une
allusion à leur existence dès 1286, date logique, car proche de
l’introduction du contrôle sur la comptabilité urbaine 49 . Les
registres de Gedele (des Parchons), appelés États des Biens, sont
disponibles pour la période de 1349 à 1795 50 . On peut considérer la
spécialisation des registres comme un symptôme supplémentaire de
transparence. En complément aux États des Biens, on tenait à Gand
aussi des « manuels échevinaux », conservés de 1433 à 1594, qui
contiennent des enquêtes judiciaires préparatoires et des
témoignages concernant des questions d’héritages 51 . Les
règlements de police et les bans de la ville de Gand se retrouvent,
parfaitement ordonnés, dans les registres des « Voorgeboden » 52 ,
de même à Eeklo 53 ; on y enregistre des mesures d’ordre public, de
contrôle sur les poids et mesures, sur la qualité des produits les plus
divers, sur l’heure de fermeture des tavernes, sur la prostitution. En
outre les échevins gantois tiennent scrupuleusement des registres
spécifiques pour les pèlerinages expiatoires et les bannissements 54
, d’autres pour les travaux publics 55 . À Bruges, un éventail
similaire existe : le tribunal communal tient des registres, dits
« protocollen » 56 , tandis que les bans, qui étaient proclamés à
partir de la tour de la halle, s’appellent « Hallegeboden » 57 . À
Ypres, l’ensemble des archives communales a pratiquement disparu
dans l’incendie de la première guerre mondiale, mais heureusement
pas mal de documents avaient été édités avant 1915, telles les
sentences du tribunal de la ville 58 .
13 Si l’isonomia s’est accrue après 1300, son application reste
certainement imparfaite. Il y a des exceptions à l’égalité dans la
pratique judiciaire aux deux bouts de l’échelle sociale. La première,
du côté des élites, est celle organisée par les fils et petits-fils des
anciens patriciens de Gand, exclus du pouvoir en 1297-1302, mais
ayant récupéré après 1302, petit à petit, un peu de leur position
politique et économique d’antan. Ils s’allièrent à nouveau avec le roi
de France (les contemporains les appellent « leliars ») et dès 1322
avec le comte francophile Louis de Nevers 59 . Ils inventèrent une
perfide échappatoire, en remplaçant l’unique bureau
d’enregistrement d’actes pour les réconciliations et pour les tutelles
d’orphelins, par deux bureaux, l’un pour le petit peuple (le commun,
95 % de la population) et l’autre pour les « ervachteghe lieden », les 3
à 5 % qui possèdent une parcelle de sol urbain. Au xiiie siècle, ce
statut de propriétaire foncier fut le laissez-passer pour appartenir à
cette « poorterie » qui monopolisait le pouvoir politique au banc
échevinal. Le monopole a disparu au xive siècle, mais le statut de
propriétaire fut néanmoins invoqué avec succès pour justifier une
discrimination de prestige social, dont les deux bureaux
d’enregistrement d’actes furent les métaphores. Derrière les portes
capitonnées de leur bureau spécifique, les bourgeois optimo jure,
pouvaient manier allègrement les anciennes pratiques judiciaires,
jouer leurs petits jeux de clientélisme du temps jadis 60 . La seconde
exception est au bas de l’échelle sociale. 90 % de la population de
Gand (riches, classes moyennes, gens de métier) règlent leur
succession par de vrais testaments et de vrais états de biens ; par
contre les 10 % les moins fortunés se contentent de demander aux
échevins de Gedele un document minimaliste et sommaire, à
moindre frais d’enregistrement, appelé « hoyrsatinge » (audition
publique) 61 .

***

14 Passons au deuxième thème méthodologique : il serait inefficace et


naïf de limiter l’étude de la pratique judiciaire dans les villes de
Flandre à l’analyse des registres tenus par les échevins de ces villes.
Cette approche pourrait encore se justifier pour une étude des
institutions judiciaires, mais elle est funeste pour l’histoire sociale et
l’étude de la criminalité. Elle dissimule une large partie de la réalité
sociale. Nombre de crimes et délits perpétrés par des citadins sont
enregistrés dans des registres de tribunaux non urbains. Nombre
d’accords entre bourgeois, nombre de ventes et testaments, ne se
sont pas passés devant les échevins, mais devant des notaires public
et autres instances compétentes, comme les officialités des évêques.
Mais la complexité de la réalité judiciaire a des dessous encore plus
sophistiqués que la simple juxtaposition des auteurs potentiels
d’actes. Il faut entrevoir l’imbrication totale des diverses
institutions, la dialectique entre systèmes judiciaires, qui fait qu’on
ne peut atteindre une analyse globale qu’en combinant les sources
des secteurs judiciaires les plus divers.
15 Cela est particulièrement vrai pour l’interaction entre la juridiction
pénale des villes et celle du comte, entre celle des villes et celle des
autorités ecclésiastiques. En ce qui concerne le comte de Flandre,
d’abord, dès 1169 celui-ci a, en dépit de l’autonomie communale,
débuté à nommer un représentant, un bailli comtal, dans chaque
ville, afin de contrôler le bon fonctionnement de la justice, de veiller
au maintien de ses droits, de percevoir certains revenus, dont des
profits de justice, de dépister les criminels, et de semoncer les
échevins, qui ne peuvent rendre leurs jugements que si le bailli les
requiert 62 . Pour les affaires civiles c’est un autre représentant du
comte, l’amman, qui cite les suspects devant le tribunal urbain 63 .
Les données des comptes des baillis et ammans complètent donc
l’information contenue dans les sentences des échevins 64 . C’est
plus qu’une confirmation banale. Les baillis donnent des
informations sur la détection des criminels, sur les accords à
l’amiable 65 , sur les amendes et l’emprisonnement.
Sporadiquement la législation urbaine est même le produit direct
d’une action commune et d’une collaboration étroite entre prince et
ville : à Hulst, à partir de 1411, les bans de la commune sont
ordonnés conjointement « by den heere ende by der wet » (par le
prince et par l’échevinage) 66 .
16 En ce qui concerne l’Église, les évêques, par le biais de leurs
représentants (« synodales ») dans chaque paroisse 67 , s’occupent
de la répression des délits dans le secteur moral et religieux 68 .
Mais ici également une interaction et une collaboration existent
entre le pouvoir spirituel et les autorités laïques : à Gand, par
exemple, le rôle des « synodales » est joué par les échevins de la ville
69 . Certains délits, comme l’adultère et la sodomie ressortissent des

deux autorités (cas mixtifori) 70 . En 1517, les autorités


ecclésiastiques et civiles en Flandre ont même conclu un accord
formel, stipulant que dorénavant les délits mixtifori (fornications et
déflorations) ne peuvent plus être jugés par le tribunal épiscopal,
sauf pour les cas d’adultère public 71 .
17 La complémentarité est également essentielle au niveau de la
juridiction gracieuse. Ici les registres des échevins ne contiennent
que 50 à 60 % du total des actions juridiques. La juridiction gracieuse
est en fait un vrai « marché libre » dans les villes flamandes. Les
citadins étaient libres de recourir aux services de diverses instances
pour la rédaction de leurs actes privés. Ils pouvaient s’adresser aux
échevins urbains 72 , mais aussi aux notaires publics, à l’official des
évêques, voire aux curés et aux doyens de chrétienté 73 . Tous ces
actes procurent donc au chercheur un segment spécifique de la mise
par écrit des transactions de droit privé des bourgeois. Il faut
également tenir compte du fait que certains habitants d’une ville
sont soumis à une juridiction spécifique ; c’est le cas de la prévôté de
Saint-Donatien à Bruges 74 .
18 Le chercheur ne peut nullement délaisser un troisième réservoir
d’informations : les documents rédigés à cause d’un appel en justice
par des citadins. Après condamnation par un tribunal urbain, les
bourgeois, du moins à partir du xive siècle, ont la possibilité d’aller
en appel à un niveau supérieur. En premier lieu ils peuvent
s’adresser à partir de 1330 environ au tribunal comtal, qui s’appelle
d’abord ‘Audience’ (registres conservés depuis 1370) 75 , ensuite
« Conseil de Flandre » (registres de 1386 à 1795) 76 . En cas de
mécontentement, les habitants de la Flandre peuvent aller encore
plus loin et appeler auprès du roi de France, notamment devant le
Parlement de Paris (documents pour des ressortissants flamands dès
1320) 77 . À la fin du parcours juridique, après condamnation, les
bourgeois disposent d’une arme ultime, l’appel à la grâce du prince.
Si la requête est jugée juste, une lettre de rémission est rédigée,
remise au gracié, et entérinée dans les registres de l’Audience 78 et
du Conseil de Flandre 79 . Ces documents brossent un tableau des
crimes totalement différent des sentences du tribunal urbain, car
l’acte de grâce décrit aussi bien l’acte criminel que les rétroactes, les
causes et les motifs du crime, mais surtout un portrait moral et les
circonstances atténuantes 80 .
19 Une autre interférence à signaler est celle qui se présente entre
certains tribunaux urbains. Elle survient notamment en cas de doute
dans l’interprétation du droit local. Les échevins consultent en ce cas
leurs collègues d’une autre ville, faisant fonction de chef de sens 81 .

***

20 L’exercice de la juridiction urbaine et la décision politique n’auraient


jamais été rationnels si la ville n’avait pas disposé d’un
enregistrement efficace. En fait, plusieurs « conservations de
mémoires » coexistaient dans une même ville. Ainsi nous
connaissons les plus anciennes transactions juridiques entre
bourgeois de Gand par un registre ecclésiastique, celui des échevins
de la seigneurie Saint-Bavon, enclavée à Gand, de 1210 à 1239 82 .
Pour la ville même, les registres des échevins ne débutent qu’en 1339
83 . Dans une ville de 64 000 habitants comme Gand, il doit y avoir

eu des centaines de transactions par an, et il faut donc accepter que


la perte probable des plus anciens registres explique qu’une masse
énorme de documents pour la période 1100-1339 restera inconnue
pour toujours. D’autant plus qu’il existe des indices solides qu’au xiiie
siècle les villes de Flandre, comme la ville de Cologne 84 ,
préféraient dans une large mesure à la charte scellée
l’enregistrement dans un livre, qui est alors la seule forme de
transmission de l’acte, le registre faisant fonction de minute-
original, un « Ersatz der Urkunde ». Et même au xive siècle, les
échevins ne délivraient que sporadiquement des expéditions sous
forme de copie, et encore seulement si le destinataire le demandait
expressément 85 .
21 La mémoire de l’administration centrale du comte de Flandre est
consignée dans des registres de chancellerie à partir de 1330 86 .
Mais il existe une référence à un registre non conservé, vers 1300 87
. Les registres du tribunal comtal, actif dès 1330, sont conservés dès
1370 88 .
22 Un système particulier appliqué pendant des siècles dans plusieurs
villes de la Flandre est l’enregistrement par chirographe. Le texte
original est reproduit deux ou trois fois sur une seule feuille de
parchemin (ou papier), scindée par après en deux ou trois morceaux.
Un exemplaire est transmis au bénéficiaire de l’emprunt ou de
l’accord commercial, le second est conservé dans les archives de la
ville. Si l’on a prévu trois exemplaires, deux sont remis aux parties
contractantes 89 . Cette technique est appliquée à Tournai au moins
à partir de 1207 90 . Elle est en usage à Ypres pour les lettres de
foire, pendant les foires annuelles, depuis le début du xiiie siècle
jusqu’en 1401 91 , tandis que dans la petite ville flamande de Renaix
le système a survécu jusqu’en 1690 92 .

***

23 Peut-on déceler un discours idéologique sous-jacent dans la pratique


judiciaire des villes ? Il y a avant tout le grand principe de la liberté
qui devient la condition juridique des bourgeois après un an et un
jour de résidence dans l’enceinte de la ville : l’idée de « Stadluft
macht frei » 93 . On a déjà signalé l’idéologie de l’isonomia, théorie
idéaliste mais imparfaitement appliquée. À l’origine elle fut une
construction de théologiens et de juristes 94 . Elle est récupérée
ensuite dans les textes de protestation du commun des villes
flamandes dans les années 1280-1300. Un texte rédigé à Tournai en
1302 la formule sans détours : « caskuns devroit avoir autant d’avoir
li uns que li autres » 95 . En 1373, les « communs » de Poperinghe, en
conflit ouvert avec les tisserands d’Ypres, proclament que « le droit
général » doit loyalement garantir leur droit au travail 96 . Elle
débouche finalement sur l’égalitarisme populiste de John Ball et des
paysans anglais révoltés de 1381 97 .
24 Un tout autre discours, élitiste celui-là, se manifeste dans les
coalitions entre le comte et les élites urbaines, dans l’élaboration des
privilèges du xiie siècle, et dans les ordonnances du xve siècle. Il
révèle un front commun, basé sur l’idée de la défense d’un concept
social commun : la paix sociale basée sur l’immobilité dans les
rapports entre les classes sociales. Un cas révélateur est
l’ordonnance de 1438 contre les viols et les enlèvements de femmes,
promulguée par le duc de Bourgogne, à la demande explicite des
familles aisées de Gand, afin de décourager les mariages socialement
mixtes 98 . Législation et jurisprudence ne sont jamais neutres, elles
sont toujours politiques et idéologiques.
25 C’est également vrai pour l’octroi des grâces princières. L’étude
contextuelle prouve que les lettres de rémission sont des
constructions idéologiques assez transparentes. L’usage du système
de grâce a été une arme pour faire acte de la toute-puissance du
prince dans sa compétition avec d’autres pouvoirs politiques, les
autres princes, et les dirigeants des villes 99 .
26 Finalement on peut considérer le droit urbain comme un miroir des
changements politiques, mais aussi comme un moteur des mutations
dans la société. Les ordonnances de 1191 et de 1438 sont en même
temps le signal d’une attitude nouvelle et l’aboutissement d’un
malaise social.

***
27 Au xixe et pendant la majeure partie du xxe siècle, les sources
judiciaires de Flandre (comme en France et dans d’autres pays
d’Europe) servaient presque uniquement l’histoire des institutions
(Raymond Monier, François-Louis Ganshof) et du droit (Raoul C. Van
Caenegem, John Gilissen et Philippe Godding) 100 . Depuis une
vingtaine d’années, elles ont surtout été au service de l’étude de la
criminalité, dans le contexte de la « nouvelle histoire sociale ». Dans
ce cadre Claude Gauvard en a fait un usage subtil pour renouveler
l’approche des notions de « grâce » et « honneur » 101 , Jacques
Chiffoleau pour « la violence au quotidien » 102 , Barbara Hanawalt
pour l’analyse des délits commis par les cols blancs 103 , Myriam
Greilsammer pour les délits sexuels 104 . Parallèlement ces sources
sont devenues les sources par excellence de la « new cultural
history ». Les sentences de procès et les lettres de grâce sont en effet
des sources uniques pour atteindre les faces cachées du
comportement de l’individu 105 . L’influence de sociologues et
d’anthropologues 106 , comme Arnold Van Gennep 107 , Edward
Evan Evans-Pritchard 108 et Claude LeviStrauss 109 , sur les
historiens et historiennes, comme Claude Gauvard, Christiane
Klapisch-Zuber 110 et Natalie Z. Davis 111 , a été spectaculaire, dans
l’usage de cette documentation pour l’analyse des rites, des réseaux
et des structures sociales. C’est par leur inspiration que les sources
de la pratique judiciaire, pénale et gracieuse, ont été mises en œuvre
pour l’histoire des mentalités 112 par Carlo Ginzburg 113 et Robert
Muchembled 114 . Martha Howell a pu tirer des mêmes sources
judiciaires de Douai, que Robert Jacob 115 avait subtilement
analysées pour reconstruire le droit matrimonial et de succession,
une masse inouïe de données pour les « gender studies » et pour
l’histoire de l’entreprise familiale 116 .
NOTES
1. M. H. Voordeckers-Declercq, De St. Veerlescholen en de schoolstrijd te Gent tot het einde der
e
xiii eeuw, dans Collationes Brugenses et Gandavenses, 3, 1963, p. 382-393 ; H. Van Werveke,

Gand. Esquisse d’histoire sociale, Bruxelles, 1946, p. 42-43.


2. É. Lesne, Histoire de la propriété ecclésiastique en France, IV, Lille, 1938, p. 250-251, 327, 442,
653-654 ; A. Verhulst, L’activité et la calligraphie du scriptorium de l’abbaye Saint-Pierre-au-Mont-
Blandin de Gand, dans Scriptorium, 11, 1957, p. 37-49.
3. W. Prevenier, De oorkonden der graven van Vlaanderen (1191-aanvang 1206), II, Bruxelles,
1964, p. 14, no 15 (si quis in Gandauo scolas regere voluerit, sciverit et potuerit licet ei, nec aliquis
poterit contradicere) ; H. Van Werveke, Kritische studiën betreffende de oudste geschiedenis van de
stad Gent, Anvers-Paris, 1933, p. 83-84.
4. H. Pirenne, Album belge de diplomatique, Jette-Bruxelles, 1909, planche XXXI ; ce recueil
prouve selon Pirenne que « l’instruction des marchands était plus avancée au xiiie siècle
qu’on ne le croit généralement ».
5. H. Pirenne, L’instruction des marchands au Moyen Âge, dans Annales d’histoire économique et
sociale, 1, 1929, p. 13-28 ; F. Blockmans, Het Gentsche Stadspatriciaat tot omstreeks 1302,
Antwerpen-s’Gravenhage, 1938, p. 350-353.
6. Sur l’essor économique de la Flandre J. H. Munro, Industrial transformations in the north-
west European textile trades, c. 1290-c. 1340, dans B. Campbell (éd.), Before the Black Death,
Manchester-New York, 1991, p. 110-148 ; M. Boone et W. Prevenier (éd.), La draperie ancienne
des Pays-Bas : débouchés et stratégies de survie (xive-xvie siècles), Louvain-Apeldoorn, 1993, p. 11-
17. Les premières révoltes et grèves ont lieu à Douai en 1245 (G. Espinas, Les origines du
capitalisme.I. Sire Jehan Boinebroke, patricien et drapier douaisien, Lille, 1933, p. 171-194) et à
Gand en 1252 et en 1274 (G. Espinas et H. Pirenne, Recueil de documents relatifs à l’histoire de
l’industrie drapière en Flandre, II, Bruxelles, 1909, p. 22, 380).
7. J. Dhondt, Les solidarités médiévales. Une société en transition la Flandre en 1127-1128, dans
Annales ESC, 12, 1957, p. 529-560.
8. W. Prevenier, Les États de Flandre depuis les origines jusqu’en 1790, dans Anciens Pays et
Assemblées d’E´ tats, 23, 1965, p. 19-21, 35-36 ; Id., De Leden en de Staten van Vlaanderen (1384-
1405), Bruxelles, 1961, p. 13-26.
9. L. Warnkoenig et A. Gheldolf, Histoire de Flandre et de ses institutions, III, Bruxelles, 1846, p.
261-265 ; F. Blockmans, Het Gentsche stadspatriciaat, p. 329-341.
10. W. Prevenier, La bourgeoisie en Flandre au xiiie siècle, dans Revue de l’Université de Bruxelles,
4, 1978, p. 416-417, 423-426 ; P. Rogghé, De samenstelling der Gentse schepenbanken in de tweede
helft der 14de eeuw, dans Handelingen Maatschappij voor Geschiedenis en Oudheidkunde van Gent, 4
(n. s.), 1950, p. 22-31 ; à Bruges l’entrée des métiers se situe en 1304 : G. de Poerck, Note
critique sur le grand privilège brugeois de 1304, dans Annales de la Société d’émulation de Bruges,
74, 1931, p. 139-157.
11. J. Gilissen, Les villes en Belgique. Histoire des institutions administratives et judiciaires des villes
belges, dans Recueils de la Société Jean Bodin, VI, 1, Bruxelles, 1954, p. 531-604 ; R. Monier, Les
institutions judiciaires des villes de Flandre, Lille, 1924, p. 96-103.
12. H. Van Werveke, De Gentsche stadsfinanciën in de middeleeuwen, Bruxelles, 1934, p. 9-30 ;
W. Prevenier, Quelques aspects des comptes communaux en Flandre au Moyen Âge, dans Finances
et comptabilité urbaines du xiiie au xvie siècle. Colloque international, Blankenberge, 6-9-1962,
Bruxelles, 1964, p. 117-119.
13. L’expression vient du roi de France, Philippe le Hardi, dans un acte du 10 juillet 1279,
décrivant « l’ancien régime » des échevins des villes flamandes, qui niaient ces accusations
(recusant, occasiones frivolas pretendentes) : G. Espinas, Ch. Verlinden et J.Buntinx, Privilèges et
chartes de franchises de la Flandre, I, Bruxelles, 1959, p. 6 ; les lettres de protestation de 1275
font également mention de ces abus : H. Van Werveke, De Gentsche stadsfinanciën, p. 44-48.
14. Sur le contexte social de ces « cahiers de doléances » W. Prevenier, Conscience et
perception de la condition sociale chez les gens du commun dans les anciens Pays-Bas des xiiie et xive
siècles, dans C. Gauvard, P. Boglioni et R. Delort (éd.), Le petit peuple dans la société médiévale,
Paris, 2002, p. 175-189.
15. L. A. Warnkoenig, Documents inédits relatifs à l’histoire des Trente-Neuf de Gand, dans
Messager des sciences et des arts de la Belgique, 1, 1833, p. 113.
16. L. A. Warnkoenig, Flandrische Staats – und Rechtsgeschichte bis zum Jahr 1305, 2, Abt. 1,
Tübingen, 1836, p. 68-69.
17. Les termes « état de droit » et « sécurité juridique » ne datent que du début du xix
e
siècle, mais il est permis de faire remonter les deux notions à la Magna Carta de 1215 et
autres textes médiévaux ; R. C. Van Caenegem, Réflexions historiques sur l’état de droit, dans La
sistematica giuridica, storia, teoria e problemi attuali. Atti del convegno internazionale, Roma 1-5
aprile 1986, Rome, 1991, p. 239-251.
18. A. De Smet, De klacht van de « Ghemeente » van Damme in 1280, dans Bulletin de la Commission
royale d’histoire, 115, 1950, p. 9.
19. A. De Smet, De klacht, p. 9-12 ; un autre texte de 1280, d’une même tendance, émane du
commun de Bruges : L. Gilliodts van Severen, Coutume de la ville de Bruges, I, Bruxelles, 1874,
p. 232-235 (édition de l’original en moyen néerlandais, et traduction française).
20. L. A. Warnkoenig, Documents inédits, p. 103-160.
21. G. Espinas, Ch. Verlinden et J. Buntinx, Privilèges, I, p. 6-7 (éd. du texte) ; A. Richebé, Note
sur la comptabilité des communes et des établissements publics de la Flandre et sur le contrôle exercé
par le comte sur leur gestion financière, Lille, 1896, p. 5-7.
22. C. Wyffels, De rekeningen van de stad Brugge (1280-1319), Eerste deel (1280-1320), Eerste stuk,
Bruxelles, 1965 (Commission royale d’histoire), p. 16-52.
23. G. Des Marez et E. de Sagher, Comptes de la ville d’Ypres de 1267 à 1329, I, Bruxelles, 1909, p.
1-102 ; le premier compte urbain véritable date de 1297-1298 (ibid., p. 118).
24. Aperçu et analyse de ces documents, datant entre 1067 et 1200, dans R. C. Van
Caenegem, Coutumes et législation en Flandre aux xie et xiie siècles, dans F. Vercauteren (éd.), Les
libertés urbaines et rurales du xie au xive siècle. Colloque international, Spa 1966, Bruxelles, 1968, p.
245-279.
25. F. Blockmans, De oudste privileges der groote Vlaamsche steden, dans Nederlandsche
Historiebladen, 1, 1938, p. 421-446 ; remarques critiques sur cette analyse, dans R. C. Van
Caenegem, Coutumes, p. 252, note 36a.
26. Privilège de Saint-Omer : G. Espinas, Le privilège de Saint-Omer de 1127, dans Revue du Nord,
29, 1947, p. 44-48 ; Th. de Hemptinne, A. Verhulst et L. De Mey, De oorkonden der graven van
Vlaanderen (Juli 1128 – September 1191), II. Uitgave, I, Bruxelles, 1988 (Commission royale
d’histoire), p. 14-17. Keuren de Gand et Bruges : F. L. Ganshof, Le droit urbain en Flandre au
début de la première phase de son histoire (1127), dans Revue d’histoire du droit, 19, 1951, p. 387-
416.
27. J.-M. Cauchies, Libertés et liberté des franchises médiévales aux idéologies contemporaines,
dans G. Braive et J.-M. Cauchies (éd.), La critique historique à l’épreuve. Liber discipulorum
Jacques Paquet, Bruxelles, 1989, p. 160-163.
28. F. L. Ganshof, Recherches sur les tribunaux de châtellenie en Flandre avant le milieu du xiiie
siècle, Anvers-Paris, 1932, p. 62.
29. R. C. Van Caenegem insiste sur ce point de pourparlers entre comtes et villes (Coutumes,
p. 257), et sur le point des grands soins pour préserver ces privilèges (Coutumes, p. 252).
30. H. de Schepper et J. M. Cauchies, Legal tools of the public power in the Netherlands, 1200-1600,
dans A. Padoa-Schioppa (éd.), Legislation and justice, Londres, 1997 (European Science
Foundation), p. 240-241.
31. H. Nélis, Étude diplomatique sur la juridiction gracieuse des échevins en Belgique, 1150-1300,
dans Annales de la Société d’émulation de Bruges, 80, 1937, p. 1-57.
32. A. Fayen, Liber traditionum sancti Petri Blandiniensis, Gand, 1906, p. 189, n. 187 ; F.
Blockmans, Het Gentsche Stadspatriciaat, p. 455, note 6). La première mention véritable d’un
échevin de Gand (dans un acte non échevinal) est de 1153 (Th. de Hemptinne et A. Verhulst,
De Oorkonden, II, p. 223, l. 66).
33. Un acte de janvier 1200 (n. s.) par lequel les échevins de Gand s’engagent à soutenir le
roi de France contre Baudouin IX, comte de Flandre-Hainaut, en rapport avec le traité de
Péronne (Archives nationales, Paris, J 532/1/3/9 ; éd. A. Teulet, Layettes du Trésor des chartes,
I, Paris, 1863, p. 216, n. 571) ; Nélis, Étude diplomatique, p. 39, mentionne « vers 1147 » comme
la date du premier acte échevinal de Gand, mais il s’agit d’une datation erronnée de ce
document non daté, qui date, en fait, d’août 1208 (selon C. Vleeschouwers, De oorkonden van
de Sint-Baafsabdij te Gent, 819-1321, Bruxelles, 1990 (Commission royale d’histoire), p. 114). La
première ordonnance publiée par les échevins de Gand date de circa 1205 (F. Blockmans, Het
Gentsche stadspatriciaat, p. 338, note 1).
34. E. Feys et A. Nélis, Les cartulaires de la prévoté ou abbaye de Saint-Martin à Ypres, I, Bruges,
1880, p. 21, n. 28.
35. E. Feys et A. Nélis, Les cartulaires, p. 28, n. 40.
36. Quelque 5500 de ces lettres avaient été analysées, avant 1915, par Guil laume Des Marez.
Ce sont ces analyses qui ont été publiées dans C. Wyffels, Analyses de reconnaissances de dettes
passées devant les échevins d’Ypres, 1249-1291, Bruxelles, 1991 (Commission royale d’histoire).
37. M. Boone, Dons et pots-de-vins, aspects de la sociabilité urbaine au bas Moyen Âge. Le cas
gantois pendant la période bourguignonne, dans Revue du Nord, 70, 1988, p. 471-487 ; W.
Prevenier, Tolérance et rejet de la fraude et de la corruption, dans Id., Le prince et le peuple. Images
de la société du temps des ducs de Bourgogne, 1384-1530, Anvers, 1998, p. 280-282 ; Id., Les réseaux
en action, ibid., p. 317-319.
38. F. Blockmans, Le contrôle par le prince des comptes urbains en Flandre et en Brabant au Moyen
Vge, dans Finances et comptabilité urbaines du xiiie au xvie siècle, Colloque international,
Blankenberge, 6-9-1962, Bruxelles, 1964, p. 328-329 ; H. Van Werveke, De Gentsche
stadsfinanciën, p. 63-67.
39. H. Van Werveke, De Gentsche stadsfinanciën, p. 64.
40. F. Blockmans, Le contrôle, p. 291 (Anvers), 292-293 (Furnes, Biervliet, par exemple), 309-
322 (Bruges) ; W. Prevenier, Quelques aspects, p. 119-130.
41. M. Boone, M. Dumon et B. Reusens, Immobiliënmarkt, fiscaliteit en sociale ongelijkheid te
Gent, 1483-1503, Courtrai-Heule, 1981, p. 65-66 ; sur l’inégalité sociale dans les villes
flamandes W. Prevenier et W. Blockmans, Les Pays-Bas bourguignons, Paris, 1983, p. 173-180.
42. M. Danneel, Weduwen en wezen in het laat-middeleeuwse Gent, Louvain-Apeldoorn, 1995, p.
132-133.
43. M. Danneel, Weduwen, p. 141-148.
44. S. Dauchy, De processen in beroep uit Vlaanderen bij het Parlement van Parijs, Bruxelles, 1995,
p. 314 (du résumé en français), 149-163 ; Id., Le Parlement de Paris et les Pays-Bas bourguignons,
dans Revue d’histoire du droit, 61, 1993, 367-373.
45. La technique et le vocabulaire de la grâce princière de la part du roi de France ont été
analysés de façon admirable dans Cl. Gauvard, « De grace especial ». Crime, E´ tat et Société en
France à la fin du Moyen Âge, Paris, 1991, p. 59-109, 955-977. Sur l’application, fort analogue à
la tradition royale de France, dans les anciens Pays-Bas par les ducs de Bourgogne W.
Prevenier, Violence against women in fifteenth-century France and the Burgundian state, dans B.
A. Hanawalt et D. Wallace (éd.), Medieval crime and social control, Minneapolis-Londres, 1999,
p. 192-195 ; M. Pineau, Les lettres de rémission lilloises (fin du xve, début du xvie siècle), dans
Revue du Nord, 55, 1973, p. 231-239.
46. En principe l’enregistrement est exhaustif, mais dans certaines villes, comme Alost, les
échevins ont élaboré des recueils de sentences de la cour communale qui ne donnent qu’une
sélection d’arrêts « utiles » : O. Reyntens, Oorkondenboek der stad Aelst. Boek met den haire,
Alost, 1906.
47. M. Boone, Städtische Selbstverwaltungsorgane vom 14. bis 16. Jahrhundert. Verfassungsnorm
und Verfassungswirklichkeit im spätmittelalterlichen flämischen Raum am Beispiel Gent, dans W.
Ehbrecht (éd.), Verwaltung und Politiek in Städten Mitteleuropas, Cologne-Weimar-Vienne,
1994, p. 30-32; J. Decavele, Bestuursinstellingen van de stad Gent, dans W. Prevenier et B.
Augustijn, De gewestelijke en lokale overheidsinstellingen in Vlaanderen tot 1795, Bruxelles, 1997,
p. 288-293.
48. J. Decavele, Bestuursinstellingen, p. 293-294; M. Danneel, Weduwen, p. 141-148.
49. Archives de la ville de Gand, série 301, 167 registres (V. Van der Haeghen, Inventaire des
archives de la ville de Gand, Gand, 1896, p. 170) ; éditions d’analyses de 1339 à 1410 (J. Boon, et
al., Regesten op de jaarregisters van de keure, Gent, 1968-1984).
50. Archives de la ville de Gand, série 330, 314 registres (V. Van der Haeghen, Inventaire, p.
172-174) ; édition L. Wynant, Regesten van de Gentse staten van goed, 1349-1400, 2 vol.,
Bruxelles, 1979-1985 (Commission royale d’histoire).
51. Archives de la ville de Gand, série 261 bis ; M. Danneel, Quelques aspects du service
domestique féminin à Gand (2e moitié du xve siècle), dans W. Prevenier et al. (éd.), Structures
sociales et topographie de la pauvreté et de la richesse aux xive et xve siècles, Gand, 1986, p. 51-72.
52. Archives de la ville de Gand, série 108, Boek van den Voorgeboden, de 1338 à 1730 (V.
Van der Haeghen, Inventaire, p. 64-65) ; éditions des bans, N. de Pauw, De voorgeboden der stad
Gent in de xive eeuw (1337-1382), Gand, 1885 ; éd. de bans sur des matières économiques G.
Espinas et H. Pirenne, Recueil, II, p. 422-587.
53. Édition E. Neelemans, Geschiedenis der stad Eecloo. II. Voorgheboden der stede van Eeclo,
Gand-Eecloo, 1865, p. 181-198.
54. Archives de la ville de Gand, série 212 registre des banissements (« ballincboec ») de
1472 à 1537) (V. Van der Haeghen, Inventaire, p. 143).
55. Des « livres de travaux » sont conservés pour la ville de Gand de 1321 à 1377 (H. Van
Werveke, De Gentsche stadsfinanciën, p. 89.
56. Archives de la ville de Bruges, série 157, « civiele sententien » ; A. Schoutteet, De klerken
van de vierschaar te Brugge, met inventaris van hun protocollen, Bruges, 1973.
57. Archives de la ville de Bruges, série 120 ; J. Mertens, Bestuursinstellingen van de stad
Brugge (1127-1795), dans W. Prevenier et B. Augustijn, De gewestelijke, p. 324-325.
58. P. de Pelsmaeker, Registres aux sentences des échevins d’Ypres, Bruxelles, 1914 ; aperçu des
autres dossiers imprimés : P. Trio, Bestuursinstellingen van de stad Ieper, dans W. Prevenier et
B. Augustijn, De gewestelijke, p. 357-360.
59. W. Prevenier et M. Boone, Quatorzième et quinzième siècles. Le rêve d’un état urbain, dans J.
Decavele (éd.), Gand. Apologie d’une ville rebelle, Anvers, 1989, p. 81-84.
60. P. Lardinois, Symptomen van een middeleeuwse clan de erfachtige lieden te Gent in de eerste
helft van de 14de eeuw, dans Handelingen der Maatschappij voor Geschiedenis en Oudheidkunde te
Gent, n. s., 31, 1977, p. 65-76.
61. I. Schoups, Een aanzet van gecomputeriseerd historisch onderzoek, dans J. de Belder, W.
Prevenier et C. Vandenbroeke (éd.), Sociale mobiliteit en sociale structuren in Vlaanderen en
Brabant van de late middeleeuwen tot de 20e eeuw, Gent, 1983 (Studia Historica Gandensia, 257), p.
49 (à base du mémoire de licence inédit de V. Schiltz, Sociale structuren op het einde van de 15e
eeuw, Gand, 1979.
62. F. L. Ganshof, La Flandre, dans F. Lot et R. Fawtier, Histoire des institutions françaises au
Moyen Âge. I. Institutions seigneuriales, Paris, 1957, p. 403-405.
63. J. Decavele, Bestuursinstellingen, p. 286.
64. Liste des comptes des baillis de Flandre : R. H. Bautier et J. Sornay, Les sources de l’histoire
économique et sociale du Moyen Âge. Les états de la maison de Bourgogne. I. Archives des
principautés territoriales. 2. Les principautés du Nord, Paris, 1984, p. 155-193.
65. J. Van Rompaey, Het compositierecht in Vlaanderen van de veertiende tot de achttiende eeuw,
dans Revue d’histoire du droit, 29, 1961, p. 43-79.
66. H. de Schepper et J.-M. Cauchies, Legal tools, p. 245.
67. Dans chaque paroisse, des paroissiens bien sélectionnés (« synodales ») s’occupent, avec
l’aide du curé, du dépistage des délits sur le plan moral, de la dénonciation et des
témoignages devant le synode organisé régulièrement par l’évêque : D. Lambrecht, De
parochiale synode in het oude bisdom Doornik gesitueerd in de Europese ontwikkeling, 11de eeuw-
1559, Bruxelles, 1984, p. 75-100.
68. M. Vleeschouwers et Van Melkebeek, Aspects du lien matrimonial dans le Liber
Sentenciarum de Bruxelles (1448-1459), dans Revue d’histoire du droit, 53, 1985, p. 43-97.
69. D. Lambrecht, De parochiale synode, p. 84.
70. Dès le xive siècle, les autorités urbaines considéraient l’adultère public aussi bien
comme un délit de mœurs (intéressant l’Église), que comme une agression contre l’ordre
public, et donc punissable par les échevins (R. C. Van Caenegem, Geschiedenis van het
strafrecht in Vlaanderen van de xie tot de xive eeuw, Bruxelles, 1954, p. 105-107. La ville de Breda
prévoyait une amende en 1454 W. Bezemer, Oude rechtsbronnen der stad Breda, Utrecht, 1892,
p. 56-57.
71. A. Dubois et L. de Hondt, Coutume de la ville de Gand, II, Bruxelles, 1887, p. 101.
72. À Gand, les actes de juridiction gracieuse (« Wettelijke passeeringen ») sont consignés
dans les registres de la Keure (Arch. de la ville de Gand, série 301).
73. W. Prevenier, J. M. Murray et M. Oosterbosch, Les notaires publics dans les anciens Pays-Bas
du xiiie au xvie siècle, dans P. Ostos et M. L. Pardo (éd.), Estudios sobre el notariado europeo (siglos
Sevilla, 1997 (Publicaciones Universidad de Sevilla), p. 53-71.
xiv-xv),

74. Archives de l’État à Bruges, Fonds Proosdij Sint-Donaas, nos 1507-1514 (rouleaux du
tribunal) ; G. Dupont, Maagdenverleidsters, hoeren en speculanten. Prostitutie in Brugge (1385-
1515), Bruges, 1996, p. 65-77.
75. J. Buntinx, De Audiëntie van de graven van Vlaanderen, Bruxelles, 1949 (éd. des sentences
aux p. 289-416).
76. P. van Peteghem, Raad van Vlaanderen, dans W. Prevenier et B. Augustijn, De gewestelijke,
p. 131-156 (avec bibliographie, archives et éditions).
77. R. C. Van Caenegem, Les arrêts et jugés du Parlement de Paris sur appels flamands conservés
dans les registres du Parlement, 2 vol., Bruxelles, 1966-1977 (de 1320 à 1521) ; index des noms de
personnes et de lieux (par H. De Ridder-Symoens), index des matières (par D. Lambrecht),
Bruxelles, 1986 (tirage limité).
78. Ces « registres de l’audience » (rien à voir avec le tribunal comtal du xive siècle) étaient
tenus par un fonctionnaire de la chancellerie, l’audiencier du grand sceau (P. Cockshaw, Le
personnel de la chancellerie de Bourgogne-Flandre sous les ducs de Bourgogne de la maison de Valois,
1384-1477, Courtrai-Heule, 1982, p. 60-68) ; 145 volumes, de 1386 à 1661, reposent dans les
Archives départementales du Nord, Lille, B 1681-1824.
79. Archives de l’État à Gand, fonds Raad van Vlaanderen, nos 7508-7515 (sentences de 1412
à 1503).
80. Sur la méthode d’analyse de ce type de document N. Z. Davis, Fiction in the archives.
Pardon tales and their tellers in sixteenth-century France, Stanford, 1987, p. 43-48 ; sur le
décodage des lettres de rémission dans les Pays-Bas W. Prevenier, Violence, p. 192-196.
81. R. Monier, Le recours au chef de sens au Moyen Âge dans les villes flamandes, dans Revue du
Nord, 14, 1928, p. 5-19.
82. M. Gysseling et A. Verhulst, Het oudste goederenregister van de Sint-Baafsabdij te Gent (eerste
helft xiiie eeuw), Bruges, 1964.
83. Archives de la ville de Gand, série 301 (V. Van der Haeghen, Inventaire, p. 168, 172).
84. H. Planitz et Th. Buyken, Die Kölner Schreinsbücher des 13. Und 14. Jahrhunderts, Weimar,
1937.
85. M. Gysseling et C. Wyffels, Het oudste register van wettelijke passeringen van Eksaarde (1349-
1360), dans Bulletin de la Commission royale de toponymie et dialectologie, 37, 1963, p. 74-79.
86. Archives départementales du Nord, Lille, B 1595 ; R.-H. Bautier et J. Sornay, Les sources,
p. 25-26.
87. Référence à un registre remontant au moins à 1328, et sans doute à 1300 : Th. de
Limburg-Stirum, Cartulaire de Louis de Male, II, Bruges, 1901, p. 343, no 1257.
88. W. Buntinx, Audiëntie van de graven van Vlaanderen (ca. 1330-ca. 1409), dans W. Prevenier et
B. Augustijn, De gewestelijke, p. 123-130.
89. M. Parisse, Remarques sur les chirographes et les chartes-parties antérieures à 1120 et
conservées en France, dans Archiv für Diplomatik, 32, 1986, p. 546-567 ; W. Prevenier, La
conservation de la mémoire par l’enregistrement dans les chancelleries princières et dans les villes
des anciens Pays-Bas du Moyen Âge, dans K. Borchardt et E. Bünz (éd.), Forschungen zur Reichs-,
Papst- und Landesgeschichte. Peter Herde zum 65. Geburtstag, I, Stuttgart, 1998, p. 561-562.
90. A. d’Herbomez, Chartes françaises du Tournaisis, 1207-1292, dans Mémoires de la Société
historique et littéraire de Tournai, 17, 1882, p. 1-160 ; L. Verriest, Un fonds d’archives d’un intérêt
exceptionnel : les « chirographes » de Tournai, dans Annales du cercle archéologique de Mons, 56,
1938, p. 139-194 (éd. d’actes de 1215 à 1320) ; P. Ruelle, Trente et un chirographes tournaisiens,
1282-1366, dans Bulletin de la Commission royale d’histoire, 128, 1962, p. 1-67.
91. G. Des Marez, La lettre de foire à Ypres au xiiie siècle, Bruxelles, 1901 ; à partir de 1401,
l’enregistrement se fait par des registres : E. Strubbe, Leperse schuldbrieven uit het begin der
15de eeuw, dans Annales de la Société d’émulation de Bruges, 68, 1925, p. 208-217.
92. H. Coppejans-Desmedt, Les inconvénients du chirographe. Un procès devant le Conseil de
Flandre en 1530, dans Mélanges Charles Braibant, Paris, 1959, p. 95.
93. E. Werner, Stadtluft macht frei: Frühscholastik und bürgerliche Emanzipation in der ersten
Hälfte des 12. Jahrhunderts, Berlin 1976.
94. O. Dann, Gleichheit, dans O. Brunner, W. Conze et R. Koselleck, Geschichtliche
Grundbegriffe. Historisches Lexikon zur politisch-sozialen Sprache in Deutschland, II, Stuttgart,
1975, p. 997-1046.
95. L. Verriest, Le registre de la Loi de Tournai de 1302, dans Bulletin de la Commission royale
d’histoire, 80, 1911, p. 445.
96. N. de Pauw, Ypre jeghen Poperinghe angaende den verbonden. Gedingstukken der xiv
e eeuw
nopens het laken, Gand, 1899, p. 12.
97. R. H. Hilton, Bond men made free. Medieval peasant movements and the English rising of 1381,
London, 1973, p. 210-213, 228-229.
98. F. de Potter, Petit cartulaire de Gand, Gand, 1885, p. 66-69 ; W. Prevenier, La stratégie et le
discours des ducs de Bourgogne concernant les rapts et les enlèvements de femmes parmi les élites des
Pays-Bas au xve siècle, dans J. Hirschbiegel et W. Paravicini, Das Frauenzimmer. Die Frau bei Hofe
in Spätmittelalter und früher Neuzeit, Stuttgart, 2000, p. 434.
99. W. Prevenier, Les réseaux en action, dans Id., Le prince et le peuple, p. 317-319.
100. Pour chacun de ces auteurs, voir les notes précédentes.
101. Cl. Gauvard, De grace especial.
102. J. Chiffoleau, Les justices du pape. Délinquance et criminalité dans la région d’Avignon à la fin
du Moyen Âge, Paris, 1984.
103. Baptisés « fur collar crime »: B. Hanawalt, Fur collar crime. The pattern of crime among the
fourteenth century English nobility, dans The journal of social history, 8, 1975, p. 1-17.
104. M. Greilsammer, Rapts de séduction et rapts violents en Flandre et en Brabant à la fin du
Moyen Âge, dans Revue d’histoire du droit, 56, 1988, p. 49-84.
105. Voir surtout le livre de N. Davis, Fiction in the archives.
106. Sur ce mouvement J. Berlioz, J. Le Goff et A. Guerreau-Jalabert, Anthropologie et histoire,
dans M. Balard (éd.), L’histoire médiévale en France, Paris, 1991, p. 267-304.
107. A. Van Gennep, Les rites de passage. Étude systématique des rites, Paris, 1909 (réimpr.
1981).
108. E. E. Evans-Pritchard, La femme dans les sociétés primitives et autres essais d’anthropologie,
Paris, 1971 (Claude Gauvard s’y réfère dans Paroles de femmes : le témoignage de la grande
criminalité en France pendant le règne de Charles vi, dans La femme au Moyen Âge, Maubeuge,
1990, p. 330, n. 12).
109. Cl. Levi-Strauss, Les structures élémentaires de la parenté, Paris, 1947 ; Id., Anthropologie
structurale, Paris, 1958.
110. Chr. Klapisch-Zuber, A. Burguière et al. (éd.), Histoire de la famille, Paris, 1986.
111. Sur l’influence des sociologues et anthropologues, voir S. Desan, Crowds, community, and
ritual in the work of E. P. Thompson and Natalie Davis, dans L. Hunt (éd), The new cultural history,
Berkeley, 1989, p. 47-71.
112. H. Martin, Mentalités médiévales, xie-xve siècle, Paris, 1996.
113. C. Ginzburg, Le fromage et les vers. L’univers d’un meunier du xvie siècle, Paris, 1980.
114. R. Muchembled, La violence au village. Sociabilité et comportements populaires en Artois du
e e
xv au xvii siècle, Turnhout, 1989.
115. R. Jacob, Les époux, le seigneur et la cité. Coutumes et pratiques matrimoniales des bourgeois et
paysans de France du Nord au Moyen Âge, Bruxelles, 1990.
116. M. Howell, The marriage exchange. Property, social place, and gender in cities of the Low
Countries, 1300-1550, Chicago, 1998.
Pluralismo giudiziario e
documentazione
Il caso di Firenze in età comunale

Andrea Zorzi

In ricordo di Mario Sbriccoli


1 Il panorama della documentazione disponibile per l’età comunale fa
di Firenze un interessante caso di studio per quanto riguarda la
storia della giustizia. Come è noto, sono andati perduti gli archivi
giudiziari precedenti al 1343, quando, nei roghi della sommossa che
portò alla cacciata di Gualtieri di Brienne, duca d’Atene ed effimero
signore della città per poco più di un anno, furono deliberatamente
distrutti 1 «tutti i libri ov’erano scritti gli sbanditi e rubelli e
condannati», e furono «arsi tutti» gli atti processuali conservati
nell’archivio della Camera del comune 2 . Andò così perduta la
memoria documentaria dell’attività giudiziaria pubblica
postconsolare 3 , che, secondo le attestazioni più antiche, risaliva a
più di un secolo prima: per riferimenti indiretti, si ha notizia infatti
di libri exbannitorum (di registri, cioè, che cominciavano a tenere
memoria dei banditi pro maleficio e per debito) sin dal terzo decennio
del Duecento, in coincidenza con il consolidamento anche a Firenze
del sistema podestarile di amministrazione della giustizia 4 .
2 Di fatto non si dispone di alcun registro delle attività processuali dei
rettori giudiziari fiorentini anteriori al 1343. Per il periodo
successivo fino al 1502, gli oltre 12.000 registri ora conservati nei
fondi dell’Archivio di Stato di Firenze costituiscono, viceversa, il
complesso giudiziario archivistico più ricco per quantità e qualità
che si possieda per una città italiana di quel periodo 5 . Un vuoto e
un pieno documentari molto netti, dunque, che hanno condizionato
inevitabilmente i percorsi della ricerca.
3 Per l’età podestarile, infatti, lo stato delle fonti giudiziarie fiorentine
è incomparabile con quello di realtà come Bologna e Perugia che
hanno conservato, pur lacunose, serie di atti risalenti ai decenni
centrali del secolo xiii 6 . Per queste città infatti, è stato, possibile
condurre ricerche sulle attività processuali e sui modi procedurali
dei tribunali, che sono invece materialmente impossibili per Firenze
fino al discrimine documentario del 1343 7 . Sono precluse, cioè,
indagini sul concreto operare dei tribunali, sui loro modi processuali
e sulle politiche sanzionatorie, come anche una ricostruzione
sistematica dei comportamenti perseguiti e, ovviamente, ogni
prospezione quantitativa della giustizia criminale 8 .
4 Nondimeno, la mancata conservazione degli archivi giudiziari non
pregiudica la possibilità di una storia della giustizia anche per
Firenze nella piena età comunale. Anzi, essa costituisce semmai uno
sprone a prendere in considerazione altri percorsi documentari, a
indagare in altre direzioni. Si tratta, in altri termini, di valorizzare
tipologie documentarie talora trascurate negli studi di storia
giudiziaria, e in primo luogo le scritture familiari, gli atti notarili, le
deliberazioni consiliari, le stesse fonti normative. Soprattutto, il
ricorso a documentazione non processuale consente di cogliere
meglio, e di evidenziare adeguatamente, il pluralismo dei sistemi
giudiziari operanti nella società comunale fiorentina.
5 Si tratta, peraltro, di un approccio che comincia a essere battuto
negli studi giudiziari, e la cui acquisizione di maggiore rilievo
sembra essere costituita dalla facoltà di riformulare – proprio a
partire dalla documentazione – la nozione di giustizia, dilatandola a
comprendere sia pratiche sociali generanti dal conflitto sia politiche
giudiziarie orientate dall’infragiudiziario. Viene così emergendo
come a lungo, nel medioevo e nell’antico regime, la giustizia fu
caratterizzata da un pluralismo di sistemi giudiziari che non ne
risolvevano l’esercizio nella sola attività dei tribunali 9 . Per quanto
i poteri pubblici rivendicassero ai giudici e alla arena processuale la
centralità della fase giudiziaria, le strategie di conduzione e di
risoluzione delle controversie tra gli individui, tra le famiglie e tra le
parti seguivano infatti una pluralità di modi pacifici (tregue e paci),
violenti (faide e vendette), infragiudiziari (arbitrati e grazie) e
sanzionatori (pene e ammende) 10 .
6 Viceversa, molte ricerche anche recenti si sono per lo più
concentrate sull’attività dei tribunali e dei giuristi che vi lavoravano,
privilegiando la documentazione degli uffici giudiziari, le fonti
normative e la letteratura consiliare o di sistemazione
giurisprudenziale. L’importanza di questo approccio è evidente e i
risultati che ne sono derivati rappresentano ormai un patrimonio di
conoscenze di livello assoluto per lo studio delle società del passato.
Ma concentrare l’attenzione sulla sola fase processuale può forse far
correre, alla lunga, due rischi: da un lato, di enfatizzare il momento
pubblico della funzione giudiziaria che, in molte società e in molte
epoche, fu spesso più una rivendicazione di poteri in cerca di
legittimazione che una consolidata realtà di sistema; dall’altro, di
operare una sorta di strabismo documentario che, valorizzando
come fonte per eccellenza i registri giudiziari prodotti nei tribunali,
finisca col sottostimare l’importanza di un’adeguata valutazione del
panorama generale della documentazione e delle acquisizioni che
possono venire da un’analisi attenta di altre fonti.
7 Le pratiche conflittuali e i modi della loro soluzione non lasciarono il
campo alla progressiva affermazione del publicum, della res publica
(che fu, in primo luogo, una costruzione ideologica di alcuni regimi
politici, per poi trasformarsi nella tradizione interpretativa
prevalente nell’odierna storiografia), ma furono parte di un processo
più complesso di interazioni sociali che diede luogo a una pluralità di
pratiche sociali e di configurazioni istituzionali. A ben vedere, il
pluralismo giudiziario corrispondeva all’avanzato grado di
evoluzione della società urbana italiana, complessa per la varietà dei
gruppi familiari e sociali che la strutturavano, per l’articolazione
delle forme associative che le davano corpo, per la sperimentazione
delle soluzioni di integrazione sociale e di configurazione
istituzionale dei poteri operanti al suo interno, per la ricchezza
dell’elaborazione culturale che accompagnò la sua trasformazione
tra i secoli xii e xiv.
8 Per questo, guardare non solo alla fase processuale della giustizia,
all’attività dei tribunali e delle magistrature, ma anche a quelle
pratiche infragiudiziarie e non sanzionatorie che con essa
interagirono può contribuire a delineare un quadro più ricco delle
società urbane del tardo medioevo.

***

9 Peraltro, il pluralismo giudiziario può essere colto ancor meglio se vi


collochiamo adeguatamente proprio la sua componente processuale.
In età comunale essa ne costituì, infatti, la reale novità. I tribunali
professionali, con curie di personale tecnico specializzato (i giudici e
i notai al seguito dei magistrati podestarili), rappresentarono
l’elemento nuovo del sistema giudiziario delle città italiane del
secolo xiii. Quasi ovunque essi vennero in genere affiancando e poi
sostituendo l’attività giudiziaria che era stata svolta, dai decenni
centrali del secolo precedente, dai primi magistrati politici del
regime comunale italiano, i consoli 11 , così marcando una
discontinuità importante nell’esercizio pubblico della giustizia. Per
lineamenti ne richiamerò gli elementi salienti, soffermandomi –
molto in breve – su due fasi che appare opportuno distinguere per
meglio coglierne le novità 12 .
10 L’affermazione di un sistema processuale incentrato stabilmente
intorno alla figura del podestà, un politico di professione, forestiero
e appartenente in larga misura ai gruppi dirigenti comunali emersi
nel corso del secolo xii, si consolidò un po’ in tutti comuni nel se-
condo quarto del Duecento. Il podestà – che assunse un ruolo
esecutivo di coordinamento in campo non solo giudiziario ma anche
politico, fiscale, militare e nei lavori pubblici 13 – si rese garante di
un sistema politico che proprio per suo tramite conobbe un primo
decisivo allargamento a nuove famiglie e a nuovi gruppi sociali 14 .
11 L’allargamento della società politica fu acquisito anche sul piano
giudiziario attraverso la mediazione dei conflitti. Nelle curie
podestarili si affermò, infatti, una procedura – che si usa definire,
non senza qualche approssimazione, accusatoria – ad impianto
sostanzialmente triadico, che trasponeva sul piano del confronto
formale davanti al giudice (un confronto di posizioni, con ampio
ricorso a tecniche giuridiche ed oratorie) la logica agonistica del
conflitto 15 . Là dove si è conservata la documentazione giudiziaria
gli studi han-no potuto mettere in rilievo come il processo
accusatorio non producesse condanne, se non in misura assai
marginale: a Perugia, nel 1258, per esempio, solo 42 accuse su 560
(l’8 %) sfociarono in una sentenza sanzionatoria 16 . La funzione
dell’arena processuale era chiaramente quella di offrire una
mediazione a conflitti che sfociavano in una soluzione
extraprocessuale. Si noti però come non tutti potessero permettersi
tale mediazione per risolvere un conflitto, a causa del suo costo: il
processo si configurava, cioè, come un sistema progressivamente
adottato dai cives abbienti, da coloro cioè che potevano permettersi
spese, anticipate, per procuratori, fideiussori, cauzioni e tasse varie
procedurali 17 .
12 Il sistema giudiziario pubblico non perseguiva finalità punitive,
dunque, ma mediatrici. La dimensione penale era pertanto assai
esigua, limitandosi a sporadiche condanne quasi sempre di tipo
politico o intese a colpire figure protodelinquenziali. Il sistema
sanzionatorio si affidava invece, estesamente, al bando per
contumacia 18 : a essere sanzionati non erano tanto i malefici
commessi, bensì la pratica della contumacia che si configurava in
rapporto speculare alla citazione in giudizio. Il bando colpiva chi si
sottraeva al confronto processuale, chi non rispondeva ai precetti,
alle ingiunzioni del podestà, chi trasgrediva ai bandi che
disciplinavano il porto d’armi, la deambulazione notturna, e alcuni
comportamenti ritenuti immorali. Di fatto, il bando era l’unica pena
irrogabile di questo sistema processuale: vale a dire, la contumacia
come reato, e il bannum pro contumacia sancito in molti statuti 19 .
13 Per tal via, cominciarono a essere prodotti dal secondo-terzo
decennio del Duecento – in coincidenza con il consolidamento del
sistema podestarile – liste di sanzionati, libri bannitorum, vale a dire
registri che tenevano memoria dei banditi, in primo luogo pro
maleficio e per debito 20 . Accanto a essi presero corpo gli atti
giudiziari podestarili in forma di registro, che vennero
progressivamente differenziandosi in sottoserie, secondo le fasi
procedurali: da un unico ampio registro in cui i notai registravano
tutte le fasi, a una gamma sempre più differenziata di libri di accuse,
inquisizioni, testimonianze, querele, sentenze, prosecuzioni di
inchiesta 21 . È dunque nei decenni centrali del secolo xiii che si
colloca la genesi degli archivi giudiziari comunali, nel contesto più
generale del passaggio – ormai noto 22 – da una documentazione in
atti singoli, per lo più attestanti di diritti, a una in forma di registro,
che testimoniava il nuovo uso pratico della scrittura a fini
amministrativi e certificativi, con ampio sviluppo di pratiche notarili
di produzione e archiviazione. Lo sfondo istituzionale era quello
dell’affermazione di regimi che conobbero una partecipazione più
ampia dei cives alle pratiche politiche.
14 Una fase nuova si aprì anche dal punto di vista giudiziario alla metà
del Duecento. Il sistema podestarile entrò infatti in crisi 23 . Il
processo accusatorio cominciò a essere contestato e rifiutato dai
gruppi sociali che fino ad allora ne erano rimasti vittime o esclusi
per censo. I nuovi regimi di ‘popolo’ diedero vita a proprie
magistrature, che svolsero inizialmente una funzione sindacale di
controllo politico dell’attività giudiziaria podestarile 24 . Leva
dell’affermazione sul piano politico dei nuovi gruppi sociali furono le
pratiche fondate sul penale e sulla sua negoziazione, e su una
straordinaria mobilitazione ideologica intorno ai temi della pax e
della iustitia. Piani di svolgimento di questi processi furono
principalmente le misure cosiddette antimagnatizie 25 , l’uso
politico del bando giudiziario 26 , e lo sviluppo delle pratiche
giudiziarie fondate sulle procedure ex officio, sulla dilatazione del
penale, sulla diffusione delle misure straordinarie.
15 Nel secondo Duecento, lo sviluppo dell’iniziativa ex officio nelle curie
dei rettori giudiziari – che un approccio formalista ha a lungo
inquadrato, fino a ricerche recenti, nella contrapposizione tra
procedura accusatoria e procedura inquisitoria 27 – conobbe una
rapida affermazione proprio per le finalità nuove che si intesero
allora attribuire all’attività giudiziaria dei tribunali 28 : non più solo
luogo di mediazione formale dei conflitti, ma anche, crescentemente,
strumento per la produzione di condannati. Lo scarto stava tutto nel
mutamento in atto negli assetti di potere all’interno delle città.
16 Le procedure ex officio vennero affiancando e integrando quelle su
accusa, dando anzi vita, molto spesso, a conduzioni processuali
miste, ibride 29 . In termini quantitativi le inchieste avviate d’ufficio
rimasero sempre largamente meno numerose rispetto a quelle
tradizionali. Ma ciò che contava era la qualità diversa dell’azione
giudiziaria: l’inquisitio ex officio si configurò infatti essenzialmente
come un modo più efficace di produrre le prove 30 ; e analogamente
si svilupparono nuovi istituti come la tortura, che è attestata negli
statuti a cominciare proprio dalla metà del Duecento, le
testimonianze per publica fama, concetti come quelli di seditio e
rebellio, etc. 31 .
17 La costruzione di un sistema penale fu l’esito non solo
dell’affermazione dell’ordinamento pubblico ma anche del conflitto
politico, della lotta tra fazioni, che caratterizzarono il secondo
Duecento fino alla crisi e al superamento dei regimi comunali. La
finalità principale, come detto, era quella di produrre dei
condannati. Ma, anche in questo caso, non tanto per punirli, bensì
per legittimare, anche attraverso le pratiche giudiziarie,
l’affermazione dei nuovi regimi sul piano politico. Centrale, in
questo sistema, fu la pratica della negoziazione della pena 32 . Ho
potuto analizzarne la logica sulla base del caso di Firenze nei decenni
a cavallo tra xiii e xiv secolo 33 : al podestà venivano periodicamente
conferiti poteri eccezionali di inchiesta; ciò dava a luogo alla
dilatazione della sfera dei comportamenti criminalizzati e a un
incremento di azioni ex officio; molto raramente gli inquisiti erano
condotti o si presentavano in giudizio; altissimo era infatti il tasso di
contumacia; ciò serviva, da un lato, agli interessati a negoziare una
riduzione se non la cancellazione della pena, e, dall’altro, al priorato
(il massimo organo politico) che ne riceveva le richieste
legittimandosi sul piano politico e attivando politiche di grazia. Alla
contumacia va dunque riconosciuta una natura fisiologica, che
serviva il processo di reintegrazione sociale e quello di
legittimazione del potere.
18 In altri termini, intendo sostenere che l’affermazione di nuove
procedure processuali, di un sistema penale, di attività quotidiane di
tribunale rappresentarono degli elementi nuovi, e innovatori, al
punto che, non a caso, i giuristi avvertirono la necessità di
razionalizzare le nuove pratiche giudiziarie, dandosi alle quaestiones
de facto emergentes (anch’essa una nuova tipologia testuale e, se
vogliamo, documentale), cioè a trattati monografici su singole
materie (le testimonianze, la tortura, la fama, le prove, il bando,
etc.), fino alla prima sistemazione teorica del diritto penale data da
Alberto da Gandino, un giudice attivo nei tribunali podestarili di
varie città italiane (Bologna, Firenze, Perugia, Siena) tra il 1280 e i
primi anni del Trecento 34 .
19 Queste novità di rilievo, in sostanza l’affermazione di un sistema
giudiziario coercitivo e negoziale – pubblico ma non neutro, perché
la sua genesi maturò proprio nel contesto di conflitti politici
acutissimi, nel pieno di una profonda trasformazione dei gruppi
dirigenti cittadini italiani, prestandosi a divenire strumento, risorsa
per la lot-ta politica –, si innestarono su un tessuto caratterizzato da
una pluralità di pratiche che per convenzione chiamiamo
infragiudiziarie: in sostanza un pluralismo di sistemi giudiziari
interagenti, di cui il processo di tribunale divenne ovviamente il
perno, in quanto pubblico e accessibile a tutti i cives, ma senza per
questo assorbire e tanto meno esaurire la complessità e la ricchezza
di un quadro caratterizzato dalla pluralità delle soluzioni e delle
risorse.
20 La documentazione fiorentina dei secoli xiii e xiv offre appunto la
possibilità di cogliere l’insieme delle pratiche giudiziarie. In
particolare, alcune tipologie documentarie possono evidenziare
modi infragiudiziari specifici e, soprattutto, disvelano l’interazione
tra i sistemi giudiziari attivi a Firenze in età comunale. In questa
sede mi concentrerò: in primo luogo, attraverso alcuni libri di
memorie familiari, sulle strategie di conduzione dei conflitti, tra
pratiche di faida e di pacificazione e ricorso alle sedi di tribunale;
delle paci, poi, attraverso gli atti notarili, si metterà in evidenza
come la soluzione dei conflitti tra privati passasse attraverso
momenti di forte rilievo pubblico, anche giuridicamente vincolanti, e
fosse oggetto di ricorrenti iniziative delle istituzioni; attraverso
alcune rubriche statutarie si vedrà infine come la vendetta fosse
pienamente legittimata come relazione sociale di tipo ordinario non
solo a livello sociale e culturale, ma anche sul piano della
regolamentazione giuridica.

***

21 Muoviamo allora dalla conduzione dei conflitti. Una delle difficoltà


maggiori è quella di documentare le strategie degli individui e dei
gruppi, di ricostruirne cioè gli obiettivi, le scelte e i percorsi attivati
nella gestione delle dispute in cui essi erano coinvolti e, soprattutto,
di cogliere il grado di consapevolezza delle loro azioni.
22 Si è visto, per esempio, come dall’analisi dell’attività dei tribunali si
percepisca come il ricorso al processo costituisse per lo più una fase
delle dinamiche conflittuali, che passavano davanti al giudice per
risolversi in larga misura al di fuori di esso, data l’esiguità delle
sentenze di condanna statisticamente rilevate 35 . Più difficile è
invece contestualizzare la fase processuale nell’ambito del conflitto
nel suo insieme, ricostruire vale a dire le istanze tattiche che
inducevano una parte ad adire alle sedi giudiziarie: per sbloccare
una situazione di stallo, per intimidire la controparte, per
riequilibrare il confronto, o per altre ragioni ancora. Raramente gli
atti giudiziari consentono, da soli, di ricostruire tali ragioni.
23 Più in generale, si tratta di rovesciare la prospettiva d’analisi,
sganciandola dall’arena processuale per riconsegnarla alle strategie
degli attori sociali, per ricostruirne i percorsi attuati per ottenere
soddisfazione dei propri interessi, e per cogliere, nel loro attivarsi, le
diverse pratiche sociali e giudiziarie perseguite, la gerarchia
attribuita ai diversi sistemi, a seconda delle contingenze e delle
possibilità: e dunque l’eventuale centralità riconosciuta, in taluni
contesti, al processo, ma anche l’ordinarietà di pratiche
infragiudiziarie come le vendette, le tregue e le paci, le rappresaglie,
gli arbitrati, i compromessi.
24 Le potenzialità euristiche di indagini che puntino a ricostruire le
strategie individuali e di gruppo sono notevoli. Gli attori, infatti,
avevano a disposizione un campo pluralistico di risorse giudiziarie in
cui ritagliare – a seconda delle possibilità individuali, familiari e di
appartenenza – le proprie strategie di conduzione e di risoluzione
dei conflitti. La pluralità di modi che si offrivano loro, si traduceva in
pratiche sociali composite, che si possono osservare, per esempio, in
alcune biografie che condensano la varietà di esperienze possibili.
Penso, per Firenze, alle strategie di conflitto di un Corso Donati 36 ,
che fu anche perno della faida tra i Cerchi e i Donati poi trasposta
nello scontro tra le fazioni dei Bianchi e dei Neri 37 ; ma anche a
coeve biografie di bolognesi come Alberto dei Caccianemici, detto
volgarmente (e non senza significato) «Alberto delle Iniquità» 38 ,
del parmigiano Aldigerio della Senazza 39 , e di altri ancora 40 :
figure di milites, magnatizzati in patria, che amministrarono in altri
comuni la giustizia come podestà e capitani del popolo, che chiesero
poteri inquisitori più ampi, che furono spietati agenti di repressione,
e che – al contempo – condussero i propri conflitti di faida,
compirono vendette, chiesero e ottennero rappresaglie, firmarono
tregue e siglarono paci, che ricorsero ai tribunali nelle cause
patrimoniali, che spesso intimidirono i rettori con cui ebbero a che
fare.
25 Si tratta certo di biografie eccezionali, per ricchezza di esperienze e
soprattutto di riferimenti documentari, ma che testimoniano la
coerenza di un sistema sociale e culturale che offriva alle strategie
dei singoli e dei gruppi una varietà di soluzioni e di risorse da
attivare in un contesto giudiziario pluralistico.
26 Strategie di conflitto di lignaggi si possono invece ricostruire grazie
a fonti di tipo narrativo come, in primo luogo, i libri di memoria
familiare 41 . Vediamone un paio di esempi fiorentini del primo
Trecento. Ricordanze familiari come quelle di Neri di Alfieri Strinati
e di Simone Della Tosa offrono, infatti, l’opportunità di illustrare con
ricchezza di dettagli strategie giudiziarie giocate sia attraverso le
corti dei tribunali ordinari sia nei modi della violenza e della
riappacificazione. In entrambi i casi si tratta di lignaggi eminenti,
accomunati dalla magnatizzazione dell’ultimo decennio del
Duecento ma diversi per origine e destini politici: la milizia cittadina
di più antica tradizione nel caso dei guelfi Della Tosa, la più recente
ricchezza mercantile e fondiaria in quello dei ghibellini Strinati 42 .
27 In particolare, il libro di ricordanze scritto da Neri di Alfieri
nell’amarezza dell’esilio padovano, «siccome uomo scacciato di
Firenze già è X anni passati» 43 , in seguito al bando dei ghibellini e
dei guelfi bianchi del 1302 44 , si configura come un vera e propria
ricognizione patrimoniale e memoriale dei principali accadimenti
della famiglia che lo Strinati fu costretto a ricostruire per la perdita,
nelle tumultuose vicende dell’espulsione, delle «carte e patti della
casa», che «arsono in uno cofano ch’io avea fuggito per più sicurtà
nel fondaco de’ figliuoli di Tieri Dietisalvi in Calimala, con tutte mie
carte ed altra roba, stando io a Padova, e questo fue quando i perfidi
guelfi affogaron Firenze per paura di non perdere la terra» 45 .
28 Proprio con i Della Tosa, gli Strinati ebbero rapporti conflittuali che
si trascinarono molto a lungo nel tempo. Entrambi insediati nel sesto
di porta del Duomo, i due lignaggi erano confinanti in alcuni
possessi, come «le tre botteghe che sono lungo i figliuoli della Tosa»
menzionate da Neri di Alfieri 46 . Screzi anteriori, non documentati
ma probabilmente derivanti dal diverso schieramento politico delle
due famiglie nei turbolenti decenni centrali del Duecento, furono
provvisoriamente composti nel 1267 con una pace suggellata anche
da matrimoni, in occasione della pacificazione generale tra le parti
guelfa e ghibellina seguita al ritorno in Firenze della maggioranza
delle casate guelfe 47 : «facemmo pace co’ figliuoli Della Tosa e con
Rinieri Pisciancato e tolse Duccio per moglie la figliuola di messer
Nepo padre di messer Ciamberpi Della Tosa, e Durante figliuolo del
detto Rinieri tolse la figliuola di messer Belfradello madonna Cecca
[...]. Fece la carte della pace ser Ranieri Vinci dalla Forca di Campo
Corbolini nel MCCLXVII» 48 .
29 Le vicende politiche avrebbero di nuovo violentemente diviso le due
famiglie. Quando, «a dì due di novembre [del 1301] la città di Firenze
fue rubata, cioè i ghibellini, e certi guelfi bianchi e ’1 contado fue
rubato ed arso [...] da questa gente», vale a dire i guelfi neri,
annotava Neri Strinati, «la masnada e guarnimento de’ pedoni de’
figliuoli Della Tosa, con una bandiera a loro armadura venne in casa
nostra in Mercato vecchio di notte, dove abitava tutti e tre i figliuoli
di Marabottino ed io Neri, e ’n la detta nostra casa rubaro quello che
vi trovarono; ben l’avavamo la sera passata sgomberata delle più
care cose; e la detta masnada mandaron messer Odaldo e messer
Rosi-lino della Tosa [...]. Quando fummo rubati, messer Odaldo si
mandò profferendo alle donne nostre, che noi uomini non
v’eravamo, ch’eravamo cessati la sera dinanzi». Solo il soccorso
portato da un vicino, «Pinuccio di Nanni»», che «sua mercé, venne in
casa in giubbello, com’uomo ch’era nel letto, [...] e diede comiato a
questa masnada, ed eziandio battendogli e discacciandoli», consentì
agli Strinati di difendere e salvare «molte cose [...] che sarebbono
perdute, per sua bontà». Il ricordo di Neri Strinati è lapidario: «così
in un punto sì ci ruppero pace i figliuoli Della Tosa» 49 .
30 La sua testimonianza è preziosa, in particolare, per valutare gli
effetti della vulnerabilità in cui venivano a trovarsi le famiglie dei
banditi. Le violenze e le usurpazioni che gli Strinati subirono in
quella e in altre occasioni in cui non furono in condizione di potersi
difendere per via giudiziaria o direttamente con le armi, perché
costretti alla lontananza, sono illuminanti. La sera precedente al
saccheggio quando, «per lo mal tempo ch’era», esso appariva ormai
ineluttabile, il cerchio sociale della spoliazione cominciò ad
allargarsi. Dapprima «venne in casa alle donne nostre a profferirsi di
salvare e di guardare ogni cosa che volessero dare in salvo [...] prete
Guido di Santo Donato de’ Vecchi, e le donne nostre dierono molte
cose a lui in salvo», per poi scoprire che «quando le cose furono
riposate non rendé quasi nulla, anzi ci minacciava, e fece minacciare
Cambino al figliuolo di Filippo Cielembroni da Trebbio di Mugello
[...], e trasseli uno coltello ignudo addosso il detto figliuolo di Filippo
a Cambino» 50 . «Ancora in quella medesima notte» della razzia
compiuta dai Della Tosa «ci venne in casa la masnada de’ Medici» 51
, ricorda Neri, «e mandolla Bernardino di Uombono de’ Medici, e
rubaro di quello che v’era rimaso; e quando fummo rubati per questa
masnada, e Averardo de’ Medici sì mandò profferendo alle nostre
donne». La chiosa esprime in questo caso un accorata indignazione:
«non voglio che rimanga nella penna che quella notte furono lasciati
ignudi i fanciulli maschi e femmine in sul saccone, e portaron via la
roba e’ panni loro, che non fu fatto in Acri per li Saracini così fatte
opere e pessime» 52 .
31 Dopo le violenze, i Della Tosa continuarono a infierire sugli Strinati
attraverso le istituzioni. Negli anni successivi, infatti, quando
«messere Rosso Della Tosa fue uficiale sopra i Ghibellini cessati [...] sì
ci fe’ disfare tre case de’ figliuoli Marabottini di drieto da casa i
Vecchietti, e fece disfare la casa di villa da Scandiccio di Baldo, e
tagliare la vigna e gli alberi e fruttari, e tolse i tini ed altre
masserizie, e mandossegline a casa; e prima era stato messer
Brunetto de’ Brunelleschi e messer Arrigo fratello di messere Rosso,
e non vollero farci niuno rincrescimento» 53 . I guasti e le confische
per via giudiziaria approfittavano della debolezza giuridica del
bando che colpiva gli Strinati, che divennero preda di molti appetiti.
Anche «Fastello Cherigo di messere Fastello Della Tosa tolse e tenne
il podere d’Alfieri di Mugello, e di ciò ruppe pace» 54 anche lui,
approfittando dell’irripetibilità della situazione, cui non si sottrasse
nemmeno un comitatino, tale Guidozzo di Pagno di Latera che
«ruboe le pecore nostre, che aveva Puralla e Vivolo, e detti l’insegna
al detto Guidozzo ch’erano fuggite e nascoste a Campi in chasa di
Madonna Inperneta, ed i medesimi l’insegnarono» 55 .
32 Peraltro, gli Strinati avevano già conosciuto la condizione di
minorità politica e di impotenza ad agire negli anni settanta del
Duecento quando, trovandosi «tutti di fuori per ribelli», i
Tornaquinci – esponenti della milizia di tradizione consolare, ora
appartenenti al nucleo dirigente della Parte guelfa 56 – ne
approfittarono per contestare i confini del «palagio nostro di
Mercato vecchio, ch’era lung’esso la torre de’ Tornaquinci», e che
era stato disfatto nel 1268 nell’ambito delle distruzioni, confische e
alienazioni dei beni delle stirpi ghibelline che costituirono la base
patrimoniale su cui si fondò la potenza della Parte guelfa fiorentina
57 . Nel momento in cui «i Tornaquinci fecioro la quistione»,

ricorda Neri, «non trovammo ragione perché egli erano signori», ed


ebbero buon gioco a utilizzare la sede processuale come fase di una
strategia conflittuale più ampia: «e così ne converrà a noi a uno altro
tempo fare la ragione noi stessi, avvegnaché noi abbiamo piena
ragione, [...] e però hanno gran torto» 58 annotò infatti lo Strinati
consegnando alla progenie la memoria, l’obbligo di una ritorsione.
33 Dalle memorie familiari emerge dunque l’ordinarietà di comporre le
dispute con atti di pace o di perpetuare i conflitti con la violenza,
senza che tali pratiche apparissero agli attori come risorse
alternative a quelle di rifarsi in giudizio presso i tribunali ordinari e
di utilizzarli a propri fini sfruttandone i meccanismi processuali e le
condizioni di minorità giuridica in cui venivano a trovarsi gli
avversari – il tutto in un insieme coerente di possibilità diverse entro
cui disegnare specifiche strategie giudiziarie.
34 Sempre gli Strinati, per esempio, stipularono alcune paci con
famiglie nemiche in occasione della pacificazione promossa nel 1280
dal cardinale Latino 59 . Rimarcando come «questo Cardinale
sforzava ogni persona, a cui pace fusse addomandata, di doverla
fare», e «lo mal tempo ch’era», dal punto di vista politico, per la
professione ghibellina della sua casata, Neri Strinati giustifica per
primo a sé stesso la scelta di una linea di condotta difensiva nei
conflitti in cui il lignaggio era allora coinvolto: la prudenza li indusse
a chiedere «pace a ser Aliotto Franchi de’ Fresoni da Empoli, ed a’
figliuoli ed agli altri di sua casa» addirittura per un omicidio
commesso «già è XLIV anni, od in quel tempo» 60 , e ad accettare, sia
pure con scarso entusiasmo, quella che fu loro richiesta da
«Arriguccio, Bonifazio e sua figliuoli da Santo Leo» per «cose di
mano e di bastone, e fue quella briga solamente da Manfredi Dinacci
e detti figliuoli di Arriguccio» 61 .
35 La testimonianza di Neri di Alfieri Strinati appare necessariamente
segnata da una strategia difensiva, per la condizione di minorità
politica e giuridica in cui si trovò ad agire un lignaggio al con-tempo
ghibellino, magnatizzato e bandito, come il suo. Viceversa, le
ricordanze di Simone Della Tosa offrono un quadro più variegato
della pluralità di piani d’azione e di coinvolgimento giudiziario 62 .
Negli anni trenta del Trecento la faida che la loro casata aveva in
corso con quella degli Agli – stirpe guelfa di tradizione militare, per
quanto dedita anche alla mercatura e al prestito, ascritta nelle liste
magnatizie del 1293 e tra le più in vista del regime guelfo di parte
ne-ra, insediata anch’essa nel sesto di porta del Duomo 63 – rincrudì
in una serie di atti di sangue: nel marzo 1335 «all’uscita del mese la
domenica santa Bartolo di Cioppo, e Franceschino di Vitale [Della
Tosa] ferirono Cantino degli Agli», e ancora, qualche mese dopo, «adì
XXVIII di gennaio [1336] Guglielmo di messer Pino della Tosa fedie
Lotto Qualla degli Agli per vendetta di Ciampi» 64 . La reazione degli
Agli arrivò puntuale, quando il «XXVI aprile [1339] fu fedito Nepo di
messer Paolo della Tosa per vendetta della fedita di Lotto Qualla, che
a catuno venne nel viso» 65 . Sanati i rispettivi debiti, i tempi erano
maturi per una pacificazione che fu sancita «adì XXVIII di luglio [...]
tra gli Agli e i figliuoli della Tosa» con strumento rogato da «ser
Giovanni di ser Lapo da Sesto e ser Guido di ser Lotto da Quinto» 66 .
36 Negli stessi anni vari membri dei Della Tosa furono oggetto di
chiamate in giudizio e di condanne da parte dei rettori ordinari,
perlopiù nell’ambito di applicazione delle misure antimagnatizie 67 ,
per quanto pare di evincere dalla laconicità (anche sulla natura dei
reati ascritti) delle memorie di Simone. Nel giugno 1329, per
esempio, «fu condannato Scolaio di Baldo in novamila fiorini da
Currado Partucci Assecutore degli Ordini della giustizia»; nell’aprile
dell’anno successivo «furono condannati i Visdomini, e Tosinghi per
lo Vescovado»; nel dicembre 1332 «fue il popolo co’ gonfaloni a fare
il guasto per la condannagione di Guelfo d’Azzuccio»; nel marzo 1333
«fu condannato Filippo nostro per lo Brogliole, e Simone di Vanni in
fiorini CL»; nell’agosto 1335 «fu condannato Currado e Francesco di
Baldo per lo giuoco»; nel giugno del 1336 fu ancora la volta del
fratello di Simone, Francesco di Baldo, ad essere condannato «per
ordine di giustizia» in 300 fiorini «per lo fatto di Parigi da
Barberino»: una somma che «io pagai» annota Simone Della Tosa, e
«si vendè il luogo da limite a Dingo Armaiuolo» 68 .
37 Nell’intreccio di piani e di strategie testimoniato da ricordanze come
quelle degli Strinati e dei Della Tosa emerge una linea comune,
confermata anche da altre vicende conflittuali coeve 69 . Il ricorso
alla sede processuale era perlopiù riservato ai casi di dispute di
natura civilistica e patrimoniale, anche per la necessità di una
mediazione tecnica che solo il ceto dei pratici di diritto poteva
garantire, mentre alle dispute sorte per questioni d’onore, liti e altre
manifestazioni di offesa si preferivano riservare, ove se ne
prospettasse la possibilità, la soluzione della vendetta e la
composizione pacificatrice.
38 Gli esempi sono chiari: gli Strinati, per esempio, nella rammentata
occasione in cui i Tornaquinci approfittarono della demolizione del
loro palazzo nel 1268 per allargare i propri confini, mossero causa –
«fecero trarre quei da casa una carta» per definire i perimetri della
proprietà, e «poi la fece compiere Procaccio, quando i Tornaquinci
fecioro la quistione» –, anche se inutilmente, perché, come ricorda
Neri di Alfieri, «non trovammo ragione perché egli [i Tornaquinci]
erano signori» 70 ; e, lo stesso fecero, negli anni ottanta del
Duecento, quando ebbero «una questione con Bindo Ughi degli
Avogadi d’uno muro nostro, tutto della corte nostra, che diceva che
era mezzo suo; durò due anni o più», e si concluse anch’essa senza
successo perché, assenti sempre da Firenze per l’esilio, «non fue chi
difendesse» e, stando allo Strinati, Bindo «corruppe uno giudice del
podestà, e per sua autoritade, e non di ragione ma di fatto, il messe
in possessione e murovvi suso, e fece la sua casa» 71 . A loro volta i
Della Tosa, nel maggio 1329, incominciarono «il piato de i fatti del
podere del Pantano con Corso de’ Gianfigliazzi» 72 . Accanto alle
vendette e alla paci, e accanto alle azioni penali pubbliche in cui
furono coinvolti, gli Strinati e i Della Tosa appaiono dunque risolvere
i contenziosi patrimoniali presso le corti civili dei rettori.
39 Peraltro, è giusto chiedersi quanto possano essere rappresentativi
delle strategie giudiziarie attive nella società comunale fiorentina
esempi, ben documentati da memorie di famiglia, appartenenti a
lignaggi aristocratici come i Della Tosa o gli Strinati. Il rischio è
infatti quello di perpetuare un’interpretazione classista delle
pratiche di faida e vendetta come attributi peculiari dei lignaggi di
milites, di ritenere che solo essi potessero permettersi strategie
complesse e variegate tra cause di tribunale e conduzioni di conflitti
violenti 73 .
40 Le cose stavano in modo diverso, ovviamente, come ci indicano
numerosi elementi 74 . In primo luogo, un campione di un centinaio
di conflitti di faida censiti a Firenze nell’età di Dante mostra come
vendette e faide fossero al contrario pratiche sociali diffuse anche
nei ceti mercantili e artigiani: in quasi la metà dei casi (47 su 98)
appaiono coinvolte famiglie di condizione popolare (cioè senza
milites), e ben in un caso su quattro (25 su 98) la faida si svolse tra
sole casate mercantili 75 .
41 Valga poi anche l’esempio di una delle vendette più clamorose
consumate in quegli anni, quella che i popolani Velluti compirono
sui magnati Mannelli nel giorno della festa patronale di S. Giovanni
del 1295: un episodio taciuto significativamente dai cronisti
popolani, a cominciare dal Villani, perché avrebbe contraddetto lo
schema ideologico che attribuiva alle violenze dei lignaggi magnatizi
la causa del fazionalismo fiorentino 76 , e che ci è noto invece, grazie
a un’altra ricordanza familiare, quella di Donato Velluti 77 . A
uccidere Lippo di Simone Mannelli furono alcuni membri eminenti
dei Velluti, personaggi di primo piano del regime corporativo del
«popolo» fiorentino 78 : Gherardino Velluti, che era stato priore nel
1289, console dell’arte di Por Santa Maria nel 1293, e poi nuovamente
priore nel 1299; Lapo Velluti, poi gonfaloniere di giustizia nel 1308; e
Lamberto Velluti, mercante per lunghi periodi lontano da Firenze,
ma il cui padre Filippo ebbe «grande stato in Comune» e fu due volte
priore, nel 1289 e nel febbraio-aprile 1295, nel priorato che bandì il
leader popolano Giano Della Bella; e il parente Cino Dietisalvi
Bonamichi, che sarebbe stato eletto priore addirittura un mese e
mezzo dopo la consumazione della vendetta. Tra i molti elementi
significativi di questo episodio, basti qui sottolineare come coloro
che compirono materialmente una vendetta covata per molti anni
fossero leaders politici di «popolo», che sedevano nei principali
collegi e consigli comunali, e che adempirono tale atto come una
pratica ordinaria, senza patirne alcuna conseguenza giudiziaria o
tantomeno politica.
42 La faida, intesa come capacità di condurre nel tempo il conflit-to,
non era dunque un attributo specificamente nobiliare, ma una
pratica aperta potenzialmente a ogni gruppo sociale. La questione,
semmai, andrebbe forse posta diversamente: non tutti gli individui e
i gruppi familiari potevano permettersi di sostenere una faida. Ed è
un testo destinato all’educazione familiare che ci consente di
cogliere tale consapevolezza, come il Libro di buoni costumi di Paolo
da Certaldo, uno dei tanti mercanti fiorentini di modesto rilievo
economico e sociale 79 , che pur annoverando la vendetta tra i
piaceri maggiori dell’uomo – «la prima allegrezza si è fare sua
vendetta: il dolore si è essere offeso da uno suo nimico» 80 –, ne
valutava anche le conseguenze cui essa poteva condurre, soprattutto
per la sua dispendiosità: «però che le vendette disertano l’anima, ‘l
corpo e l’avere» 81 . Soprattutto, a Paolo erano ben presenti le
possibili conseguenze di un insuccesso: «ne le vendette acquisti il
contrario: cioè, verso Iddio peccato, dagli uomini biasimo (cioè da’
savi) e dal nimico tuo più odio; però che quasi mai non potrai fare la
tua vendetta intera che tu più o meno non facci: se fai più, offendi il
nimico e hai la nimistà sua, e la gente ne parla ch’ hai male fatto e
villania; se fai me-no, la gente dicono: Ben era meglio non mettersi a
pruova, ch’esservisi messo con sua vergogna. Sì che sempre fa tu sia
perdonatore se vuoli essere vincitore» 82 .
43 A ben vedere, il sentimento di rifiuto della vendetta che ritroviamo
in molta letteratura pedagogica non originava dunque soltanto da
motivazioni morali ma anche da considerazioni di ordine
utilitaristico e di prestigio sociale: sostenere la vendetta, infatti, non
era alla portata di tutti, ma solo degli individui che potevano
permettersela per contingenza politica, adeguatezza della struttura
familiare e disponibilità di risorse. Gli stessi Strinati, cui pure non
mancavano risorse familiari ed economiche per sostenere una faida,
si risolsero ad accettare proposte di pace in periodi in cui il lignaggio
soffriva condizioni politiche e giuridiche di difficoltà. In occasione
della pacificazione del 1280, per esempio, essi accettarono una
proposta che conveniva a entrambe le parti: «ci addomandò pace [...]
Caruccio di Salvi Alaghieri da Santa Maria in Campidoglio», che
«domandolla perché era un uomo solo, sicché si dubbiava di peggio»;
se gli Strinati, cioè, erano in condizioni di debolezza giuridica,
l’Alighieri temeva di non poter sostenere un conflitto senza familiari
e parenti che lo sostenessero; l’accordo finì col funzionare, se Neri
Strinati poté annotare come di quella pace poi «stemmone bene» 83
.
44 In altri casi ancora, erano i vantaggi che potevano derivare dal-
l’amicizia con le persone con cui si aveva, magari per tradizione
familiare, inimicizia, a indurre le parti lese a pacificarsi. Per restare
alla faida tra i Velluti e i Mannelli, nel 1349, facendo parte Donato
Velluti della Signoria, Bertone Mannelli si rivolse a lui, per essere
rimesso a «popolo» da magnate, trangugiando il «mal fiele» a lungo
covato e mandando «a dire intendeano essere miei fratelli» annota-
va Velluti, «di che accettai, e per lui operai come fratello, e fu fatto
popolano, ed insieme con gli altri de’ collegi [della Signoria]
desinammo con lui, facendo egli, Zanobi e’ figliuoli e tutti gli altri [...]
a me ogni onore e reverenzia. Di che da poi in qua siamo stati fratelli
senza niuna salvatichezza» 84 .

***

45 Se i casi precedentemente illustrati evidenziano la pluralità di


strategie che gli individui e i gruppi potevano elaborare nella
conduzione dei propri conflitti, individuando di volta in volta, tra
una gamma di pratiche socialmente e giuridicamente riconosciute, le
risorse che meglio soddisfacevano gli interessi di fondo e le
possibilità contingenti, un altro nucleo documentario omogeneo –
costituito dagli atti notarili – consente di cogliere ulteriori elementi
di arricchimento del quadro variegato e pluralistico dell’esercizio
della giustizia nell’età comunale.
46 In primo luogo, i protocolli notarili, che si conservano anche a
Firenze in quantità crescente dai decenni centrali del secolo xiii 85 ,
attestano la diffusione in tutti gli strati sociali delle pratiche di
soluzione dei conflitti per via pacifica e compositiva. Da un lato, ciò
con-ferma un dato tutto sommato ovvio – benché non scontato sul
piano storiografico 86 –, vale a dire che le relazioni di inimicizia e i
conflitti attraversavano tutto il campo sociale come una relazione di
tipo ordinario 87 , così per il magnate o per il mercante, come per
l’artigiano o per il popolino. Dall’altro, esso testimonia come le
soluzioni pacifiche si offrissero come la risorsa più semplice e
accessibile per risolvere un conflitto, soprattutto a coloro che non
potevano permettersi di sostenerlo a lungo nel tempo o di coprire le
spese processuali di una disputa in tribunale.
47 Per la Toscana comunale già Gino Masi alla metà del secolo scorso
aveva messo in evidenza la diffusione del fenomeno, raccogliendo
atti relativi perlopiù a San Gimignano nel secolo xiii 88 . Ma basta
scorrere i protocolli fiorentini per percepire la fitta trama dei
conflitti e delle paci che animavano le relazioni tra individui, tra
famiglie e tra gruppi sociali. Dalle imbreviature di Matteo di Biliotto
89 , un notaio di rilievo, attivo nei decenni a cavallo tra secolo xiii e

xiv soprattutto nelle parrocchie del pieno centro urbano, con

rinomata clientela (nella quale compare anche Neri di Alfieri


Strinati) e incarichi importanti (tra cui vari priorati) 90 , è per
esempio possibile ricostruire lo scambio vendicatorio che avvenne
tra un gruppo di piccoli artigiani proprio poche settimane dopo la
clamorosa vendetta che i Velluti si presero sui Mannelli nell’estate
del 1295, e che si risolse anch’esso, nel suo piccolo, con una serie di
paci incrociate: il 21 settembre Cenni di Bonaiuto, Benincasa di Zato
e Martino di Ventura, fratello di uno speziale, tutti del popolo di S.
Lorenzo, vennero ad verba e aggredirono manibus vacuis nella
parrocchia di S. Maria Novella, Bartolo detto «Arnese» del fu
Ruggerino, merciaio, e Gugliemo Casini, anch’essi del popolo di S.
Lorenzo 91 ; quattro giorni dopo, la domenica 25 settembre, Cenni di
Bonaiuto fu a sua volta aggredito e percosso, sempre manibus vacuis,
nella parrocchia di S. Salvatore, da Guglielmo Casini, Bartolo detto
«Arnese», e Tottolino di Braccio del popolo di S. Felice in Piazza,
insieme con Donatuzzo detto «Tabarra» del fu Chito del popolo di S.
Michele Bertelde 92 ; la sera successiva vennero invece alle mani, nel
popolo di San Michele Bertelde, Donatuzzo detto «Tabarra» con
Martino di Ventura e Benincasa di Zato, che lo avevano
probabilmente cercato a casa 93 ; successivamente Tottolino di
Braccio si rivalse su Benincasa di Zato, in un’aggressione ulteriore
94 ; alla spirale di queste violenze reciproche fu posta fine da una

serie di atti di pace rogati tutti il 28 settembre, nella chiesa di S.


Andrea, alla presenza dei testimoni Taddeo di Bonaventura, borsaio,
e Nerio di Ranieri, del popolo di S. Giorgio, Vinta di Signorello del
popolo di S. Reparata e Martino di Nuccio del popolo di S. Lorenzo
95 . Dai protocolli di Biagio Boccadibue 96 , notaio per tradizione

familiare, attivo anch’egli tra gli ultimi anni del Duecento e i primi
decenni del Trecento nella apoteca della Badia fiorentina, in pieno
centro urbano nelle vicinanze dei vari tribunali, ma anche in
Oltrarno e nel contado sud-orientale, e al seguito di podestà
fiorentini in altre città, che ebbe incarichi pubblici di qualche rilievo
97 ma pur sempre di minore spicco rispetto a Matteo di Biliotto, si

possono cogliere altri esempi ancora, come quello di Simone del fu


Lore del popolo di S. Piero Scheraggio, che stipulò due atti di pace lo
stesso giorno, il 12 gennaio 1299, nel chiostro della chiesa di S.
Iacopo tra le Fosse: nel primo ottenne pace da Corso del fu Neri del
popolo di San Simone, che aveva aggredito e percosso l’8 gennaio;
nel secondo si rappacificò reciprocamente con Leone di Neri
«Ciuccii», col quale aveva avuto un diverbio e una rissa va-cuis
manibus qualche giorno prima; tra i testimoni fu presente ser Ciuccio
di Neri «Ciuccii», fratello di Leone, insieme con Meo del fu Piero,
notaio, e Ugo del fu Ugolino 98 . È probabile che tra i testimoni
fossero, in questo come in altri casi, anche i mediatori tra le parti,
coloro cioè che, per amicizia o parentela, si interponevano tra i
litiganti per favorire la ricomposizione dei conflitti facendosi
personalmente garanti degli atti di pace.
48 L’elevato grado di diffusione delle piccole vendette e delle dispute di
questo genere, risolti in via amichevole davanti a un notaio, è
confermato anche per via indiretta. Al pari di altre artes notariae
duecentesche – di Ranieri da Perugia, di Salatiele, o di Rolandino dei
Passeggeri 99 –, l’anonimo Formularium florentinum della metà del
secolo xiii, per esempio, includeva tra le proprie formule una carta
pacis vel concordiae, la rubrica De tregua facta inter hodiales et inimicos,
che prevedeva che la composizione avvenisse de homicidio sive hodio
et guerra et inimicitia e si risolvesse in una treguam et concordiam in cui
si prometteva fidem et securitatem non offendendi inter se ad invicem,
non offendere nec offendi facere, in personis vel rebus 100 . Alla fine del
secolo la frequenza di tali composizioni diede luogo addirittura a una
tassa specifica, a una gabella de redditu rissarum factarum vacuis
manibus de quibus pax apparuerit per publicum instrumentum 101 , che
ancora nel 1338, secondo la ricognizione della «grandezza e stato
della città di Firenze» fatta da Giovanni Villani, garantiva una voce
d’entrata significativa del bilancio del comune 102 .
49 Il successo di queste pratiche di pacificazione extraprocessuali si
fondava sostanzialmente su tre elementi: il risarcimento economico,
il vincolo giuridico e la pubblicità dell’atto.
50 Quando la pace non veniva a suggellare l’equilibrio
provvisoriamente raggiunto tra le parti attraverso il sistema
vendicatorio – là dove, cioè, un’offesa era stata «risarcita» da
analoga ritorsione –, ma cercava di incidere su uno scambio sociale
ineguale o debitorio – là dove, invece, l’offesa non era ancora stata
vendicata –, la parte lesa accettava in genere l’offerta di pace non
per spirito irenico, o in osservanza del principio evangelico di
porgere l’altra guancia 103 , ma in cambio di un congruo
risarcimento. Non è un caso che la pax che riconciliava le parti, era a
sua volta indicata negli atti notarili col termine di finis o quietatio allo
stesso modo della ricevuta di un debito soddisfatto. Più che un
riferimento alla cultura mercantile della società fiorentina questi
vocaboli evocavano la natura contrattuale degli atti di pace 104 , nei
quali la soddisfazione economica della parte offesa era elemento
essenziale. L’entità della composizione finanziaria – in genere una
somma di denaro ma anche, come attestato soprattutto nei
documenti della prima età comunale (quando la circolazione
monetaria era minore), beni immobili e mobili 105 – era in genere
proporzionata alla gravità dell’offesa e alla condizione sociale delle
parti contraenti. Peraltro – a differenza di alcune città francesi in cui
si usavano a tal fine delle tariffe consuetudinarie 106 –, essa risulta
difficile da documentare negli atti di pace dei comuni italiani, perché
gli strumenti notarili tacciono il più delle volte sui contenuti
economici dell’obbligazione 107 . Se ne può allora ricavare notizia da
altre fonti: nelle ricordanze domestiche, e ancor più nei libri
contabili delle compagnie appartenenti a gruppi familiari, come nel
caso delle annotazioni dei denari spesi nelle paci tra i Caviccioli e i
Passerini successivamente al 1292 108 , o in attestazioni
cronachistiche, come quella relativa alla metà degli anni novanta del
Duecento, all’epoca in cui «avea guerra la casa di Moççi e quella di
Bardi di Firenze; tra lloro si fece la pace, e’ Moççi diedero a’ Bardi per
questa pace MM fiorini d’oro, ciò fuoro a coloro che ricevettero le
fedite da’ Moççi adì xxviiij di genaio» 109 .
51 Gli accordi rogati mediante lo strumento notarile, inoltre, avevano
l’efficacia di creare un vincolo obbligatorio, di essere, cioè, a un
tempo, principio di esecuzione e di sanzione: i contraenti si
impegnavano a non offendersi più e a dimenticare le ingiurie
ricevute (contenuto essenziale della pattuizione), e tale vincolo era
reso sanzionabile, in caso di infrazione, da pene pecuniarie in genere
preventivamente fissate, e comunque garantite da adeguati
fideiussori 110 . A garantirne l’effettività giuridica erano invece le
norme comunali. Fin dal 1283, per esempio, era stato deliberato che
chi pacem per instrumentum factam ruperit fosse soggetto alla pena di
500 lire et plus, ad merum arbitrium del podestà, oltre alle obbligazioni
e alle condizioni pattuite nell’atto di concordia 111 . Peraltro, nei
periodi in cui si rinfocolavano i conflitti per il potere la rottura degli
accordi era una conseguenza diffusa, che si cercava di fronteggiare
con l’inasprimento delle pene: così, per esempio, nel 1317, la pena
per i contravventori fu fissata nel doppio di quella ordinariamente
comminata per i reati di violenza, nel bando e nell’esclusione dagli
uffici del comune, e fu disposto che l’archivio del comune tenesse
aggiornato un apposito Liber ruptorum pacium et treguarum sul quale
dovevano essere iscritti coloro che avessero rotto gli accordi 112 .
52 A rafforzare il vincolo compositivo poteva intervenire anche il
ricorso al matrimonio, e, soprattutto, alle transazioni dotali 113 , tra
membri delle parti in conflitto. Si è visto, per esempio, come Neri
Strinati ricordi i matrimoni stretti tra il loro lignaggio e quello dei
Della Tosa nella circostanza della pace generale tra guelfi e ghibellini
del 1267 114 , che fu occasione per numerosi altri accordi, ricordati
dalla cronachistica cittadina: «messer Bonaccorso Bellincioni degli
Adimari diede per moglie a messer Forese suo figliuolo la figliuola
del conte Guido Novello, e messer Bindo suo fratello tolse una degli
Ubaldini, e messer Cavalcante de’ Cavalcanti diede per moglie a
Guido suo figliuolo la figliuola di messer Farinata degli Uberti, e
messer Simone Donati diede la figliuola a messer Azzolino di messer
Farinata degli Uberti» 115 . Peraltro, le nozze che si stipulavano in
questa forma costituivano l’esito di un atto di pace tra nemici prima
ancora che un alleanza tra famiglie: in certi casi il matrimonio era
l’atto conclusivo di una trattativa di pace laboriosa, come fu, per
esempio, quella condotta tra il 1305 e il 1312 tra i Peruzzi e gli
Adimari 116 ; in altri poteva saltare all’ultimo momento, come nel
caso concordato nel 1216 tra Buondelmonti e Amidei, che generò poi
la faida assunta dalla memorialistica cittadina come l’archetipo del
fazionalismo cittadino 117 ; in altri ancora poteva rivelarsi inefficace
come strumento di pace, mettendo a nudo la precarietà di questo
tipo di accordi, come nel caso delle nozze consumate nel 1239 tra la
figlia di Ranieri Buondelmonti e Neri Piccolino degli Uberti, che non
impedì il successivo avvitarsi della spirale di violenze tra i due
lignaggi culminato col ripudio della donna da parte degli Uberti 118 .
53 A corroborare l’atto di pace concorrevano anche altre pratiche
rituali, quali il mangiare e il bere insieme come commensali, come si
è visto nel caso della pace del 1349 tra i Mannelli e i Velluti, il
giuramento reciproco sui vangeli, e il bacio scambiato tra i capi
parte, come appare, per esempio, dai rogiti notarili nel ricorrente
formulario sibi invicem dederunt, fecerunt, concesserunt et a se invicem
receperunt veram, solidam et perpetuam pacem, quam statim oris osculis
declararunt et confirmarunt [...] et iuraverunt [...] predictam pacem [...]
actendere et observare et actendi et oberservari facere ad sancta Dei
evangelia, corporaliter tacto libro 119 . L’osculum pacis comincia a
comparire nelle fonti toscane verso la prima metà del secolo xiii 120 ,
ma il suo significato di gesto solenne e simbolico – come, per un altro
esempio, nella pace del 1304 tra i Gherardini e i Manieri, che «si
baciarono in bocca per pace fatta [...] e con rami d’ulivo in mano»
121 – affondava in radici ben più risalenti 122 .

54 Gli atti di pace si inserivano dunque, il più delle volte, in una cornice
di pubblica conclamazione. La pubblicità – speculare a quel-la che
era spesso ricercata nelle vendette – era conferita talora anche da
cerimonie di solenne riconciliazione, come, per esempio, quella che
si tenne tra le consorterie dei Mannelli e dei Velluti il 17 luglio 1295,
poche settimane dopo che questi ultimi avevano saldato il proprio
credito di vendetta: in presenza del capitano del popolo, dei priori
delle arti, di «molti cavalieri e grandi cittadini di Firenze, grandi e
popolari», nella chiesa civica di san Piero Scheraggio, ove si
tenevano molte delle cerimonie pubbliche della vita comunale, i
membri delle due famiglie «feciono pace e baciaronsi in bocca» 123 ;
e così, nel 1312, gli Adimari e i Peruzzi sancirono la propria pace
«con assembramento di amici da una parte e dall’altra sulla piazza
dei Priori» 124 .
55 Un elemento sembra emergere con chiarezza da quanto esposto
finora, vale a dire la forte dimensione pubblica degli atti di pace. Se
la laconicità dei documenti notarili rende spesso difficile individuare
i motivi che avevano originato la discordia, come la natura stessa dei
conflitti che la pace intendeva sanare, la loro autorevolezza come
documento pubblico evidenzia proprio il rilievo pubblico conferito ai
compromessi, alle tregue, alle paci sottoscritte davanti a un notaio.
In altri termini, le paci non si svolgevano al di fuori del publicum, ma
ne erano parte integrante, perché, per valere ed essere
effettivamente vincolanti, dovevano essere sottoscritte in forma
scritta davanti al notaio e garantite da adeguati fideiussori. Anche
per le pratiche sociali pacificatrici, il notaio si confermava punto di
riferimento autoritativo e centrale del sistema giuridico delle città
italiane tardomedievali.
56 Ecco perché appare fuorviante – e fonte di possibili equivoci –
continuare a parlare di «paci private», di «vendette private», di
forme di «giustizia privata» alternative, se non contrapposte,
all’attività della cosiddetta «giustizia pubblica». Più appropriato
sarebbe invece parlare di «paci tra privati», ma in una forte cornice
pubblica, così come di «giustizia ufficiale», più che pubblica, dal
momento che le dimensioni del «privato» e del «pubblico» sembrano
appartenere più alla rappresentazione culturale del moderno che
alle pratiche dell’antico regime 125 .
57 Soprattutto – come si è già cominciato a evidenziare nelle strategie
di conduzione del conflitto – le pratiche di pacificazione
interagivano con l’azione delle istituzioni e con le procedure di
tribunale, arricchendo per parte propria il pluralismo dei sistemi
giudiziari operanti nella società comunale fiorentina.
58 Non dilungandomi – per mere ragioni di spazio – sull’ampio campo
di esperienze culturali, letterarie e religiose che elaborarono il
concetto e l’ideale di pace in età comunale e che culminarono a
Firenze nella predicazione, nei primi anni del Trecento, dei
domenicani Giordano da Pisa e Remigio de’ Girolami 126 , mi
concentrerò in questa sede, e per brevi linee, solo sul ruolo delle
istituzioni comunali, per poi concludere nuovamente sugli atti
notarili di pace.
59 In primo luogo, sono da considerare gli obblighi – per nulla for-mali
– cui erano tenuti i rettori giudiziari nell’esercizio delle proprie
funzioni. Come dettavano le norme statutarie, essi dovevano
adoperarsi perché gli individui e i gruppi parentali si riconciliassero,
aiutando a rimuovere le cause di odi e inimicizie ad bonum et
pacificum statum [...] populi Florentie 127 . Il podestà e il capitano del
popolo erano tenuti a riunirsi con il priorato per provvedere de
casatis et hominibus civitatis et comitatus Florentie [...] habentibus simul
guerram occasione aliquorum malleficiorum vel malleficii inter quos
dicerent quod possit esse pax, quod ad pacem et concordiam veniant et quod
in pace et concordia sint, ed erano loro conferiti, oltre al potere di
costringere illi de quibus per ipsos provisum fuerit [...] ad pacem et
concordiam reduci effectualiter, l’arbitrium et liberam potestatem
condempnandi et puniendi coloro che non volessero ad pacem et
concordiam pervenire 128 . Dal 1311 anche all’esecutore degli
Ordinamenti di giustizia fu affidato l’incarico di provvedere, questa
volta insieme con i gonfalonieri delle compagnie del popolo, alla
composizione delle inimicizie tra individui e famiglie di condizione
popolana (circa dissensiones, discordias, odia et inimicitias popularium), e
circa alia que pro tollendis ipsis dissensionibus, odiis et discordiis et
inimicitiis convenire viderint, tam in pace quam treuguam fatiendo 129 .
60 Al dettato normativo corrispondono numerosi esempi di conflitti
pacificati per intervento diretto degli organismi comunali. Sia a
livello di individui di condizione modesta, come, per esempio, Forese
del fu Buono del popolo di S. Maria Novella e Lippo da Luco del
Mugello, che nel giugno del 1286 sancirono davanti al notaio del
podestà la pace per tutte le offese che erano state tra loro 130 , sia a
livello di lignaggi come – per non insistere sempre sulla pace tra
Velluti e Mannelli, mediata dal priorato proprio nei giorni
immediatamente successivi all’emanazione dei riformati
Ordinamenti di giustizia nel luglio 1295, quasi a voler suggellare lo
spirito di pacificazione sociale che li doveva animare 131 – la pace
promossa dalla signoria nel 1307 in reconciliationem et circa
reconciliationem [...] de quibuscumque [...] inimicitiis, odiis, malivolentiis et
offensionibus intercorsi tra i Cavalcanti e i Della Tosa, due tra le
famiglie più importanti della scena politica fiorentina di quegli anni
132 .

61 Si noti peraltro un punto, che potremmo chiamare di «pluralismo


forzoso» tra i sistemi: il potere di intervento dei rettori trovava
comunque dei limiti nei casi di omicidio o ferite gravi, nei quali era
loro impedito di promuovere accordi di pace, o anche solo di tregua,
prima che fosse stata consumata dalla parte offesa una condecens
vindicta 133 , che era evidentemente considerata la pratica sociale
preminente, da garantire proprio perché favoriva il ristabilimento di
un equilibrio tra le parti in conflitto.
62 Cauzioni e tregue fungevano, inoltre, da strumenti integrativi
dell’azione pubblica 134 . Una provvisione del 1281 disponeva, per
esempio, che chi era stato offeso poteva essere obbligato, su richiesta
di parte, a dare garanzia pecuniaria de non inferendo maiorem iniuriam
vel offensam quam accepta fuerit 135 : si noti, anche in questo caso, lo
spazio legittimamente riservato al sistema vendicatorio. Gli statuti
successivi disponevano inoltre che quicunque iuraverit vel promiserit
[...] aliquem vel aliquos alios interficere fosse obbligato dal podestà a
satisdare de non offendendo 136 ; e che se qualcuno avesse avuto
timore di essere offeso ratione alicuius odii vel inimicitie, pote-va
chiedere alla curia del podestà di costringere il sospettato a prestare
treuguam seu securitatem 137 : in questo caso, non essendosi ancora
consumata l’offesa, la prevenzione poteva dispiegarsi pienamente.
Ogni atto era ovviamente registrato, e i notai del podestà tenevano
aggiornato un apposito Liber satisdationum hominum civitatis et
comitatus Florentie de non ofendendo inter se 138 .
63 Sanzioni erano previste per i contravventori: se, per esempio, colui
che era stato richiesto di prestare garanzia si rendeva irreperibile,
doveva esserne costretto in sua vece il padre, secondo il principio
della corresponsabilità familiare 139 ; mentre chi si sottraeva del
tutto al precetto del podestà dopo il termine di quindici giorni era
exbannitus pro malleficio et offendi possit impune, tamquam exbannitus
pro malleficio 140 . L’entità della cauzione pecuniaria doveva essere
stabilita ad arbitrio del podestà secundum [...] facultatem et
possibilitatem dell’interessato et etiam secundum qualitatem discordie
141 . Ulteriori provvedimenti, come il confino, corroboravano le

cauzioni: in occasione differentiarum guerrarum et discordiarum que


frequenter inter magnates et alios quoslibet oriuntur, era previsto, per
esempio, che ad istantiam partium seu alterius eorum odium inter se
habentium, ratione alicuius homicidii vel alterius cuiusvis malefitii, i
rettori dovessero ordinare, sulla base di un’idonea securitas, che una
pars non vadat nec conversetur per contratam alterius partis; mentre era
nelle facoltà del priorato disporre direttamente il confino delle parti
in lite 142 .
64 La tregua si configurava invece come uno strumento a disposizione
dei poteri pubblici per bloccare temporaneamente i meccanismi
della faida 143 . Anch’essa poteva essere richiesta da chiunque te-
messe di poter essere offeso per inimicizia, e la disciplina era la
stessa prevista per le securitates, con l’eventuale
corresponsabilizzazione del padre, la stesura di uno strumento
notarile, la presenza di obbligazioni e di sanzioni che, per chi non si
assoggettava al precetto del podestà, potevano arrivare alla
dichiarazione di exbannitus pro malleficio 144 . Chi avesse rotto la tregua
doveva essere condannato tamquam commississet malleficium in alteram
personam cui non esset facta treugua, combinando in tal modo sia la
pena ordinaria sia quella speciale fissata nel contratto di tregua, che
doveva essere destinata per metà al comune e per metà alla parte
offesa 145 . Al podestà, inoltre, era data piena facoltà di agire anche
in assenza di una richiesta di parte, nei casi in cui ritenesse
opportuno imporre una tregua a homines et casatos et personas
habentes interesse, guerram vel discordiam seu brigam, e tale tregua
doveva ritenersi legalis et constans [...] inter ipsas partes [...] usque ad tres
annos integros 146 . Per il carattere di urgenza che le si annetteva,
una tregua poteva essere richiesta etiam tempore feriato 147 , vale a
dire nei giorni di chiusura ordinaria delle corti giudiziarie. Se la
tregua doveva fungere da interruttore del conflitto, provvedimenti
specifici erano adottati per evitare che le parti che l’avevano
stipulata cogliessero ulteriori occasioni per alimentarlo: per
esempio, era vietato l’acquisto di beni in cui la parte avversa fosse
comproprietaria, come ovviamente lo era anche la molestia
patrimoniale 148 ; mentre ogni altra causa giudiziaria che fosse
insorta tra le parti non doveva essere trattata facie ad faciem, nisi per
procuratorem popularem qui non sit de eius domo 149 .
65 La temporaneità costituiva la specificità della tregua, quella, cioè, di
garantire alle parti in conflitto un congruo lasso di tempo per
cercare di negoziare un più duraturo accordo di pace, che non
escludeva comunque la possibilità della vendetta. Si noti infatti come
non potesse chiedere e ottenere tregua ab offenso vel ab eius
consanguineis chiunque avesse commesso un’offesa in personam
alicuius, proprio per evitare di conferirgli l’immunità e per non
precludere la possibilità della ritorsione vendicatrice, che era pratica
prioritaria e garantita: ai soli parenti dell’offensore era consentito di
ottenere la tregua dall’offeso e dalla sua famiglia 150 , in consonanza
– come vedremo – con la tendenza disciplinare a proibire
l’esecuzione della vendetta su persone diverse dal «principale».
66 L’azione dei rettori e istituti come le tregue e le cauzioni
rappresentavano gli strumenti ordinari dell’attività pubblica per
interrompere o comporre i conflitti. Ricorrenti furono anche gli
interventi straordinari, attraverso una modulata gamma di
provvedimenti: iniziative di pacificazione generale, commissioni di
pacieri, sgravi e remissioni di pena, stanziamenti per doti
matrimoniali.
67 Le stesse tregue potevano essere promosse a livello generale in
occasione di momenti di particolare turbolenza dell’ordine civico
come in tempo di guerra: nel marzo del 1306, per esempio, nel corso
della guerra con Pistoia, tra i provvedimenti adottati da una
commissione di sapientes et nobiles viros super custodia et defensione
civitatis Florentie, fu dato ordine ai rettori giudiziari di costringere
tutti i cittadini guelfi che avessero inimicizie fra loro a giurare la
pace, o almeno, se l’odio fosse sorto per un fatto di sangue, a sancire
una tregua che consentisse la tutela della concordia e dell’unione
civica 151 ; provvedimenti analoghi furono presi nel 1324 e nel 1325
durante il conflitto con Castruccio Castracani 152 .
68 Soprattutto, costante fu il ricorso alle pacificazioni generali della
cittadinanza. Tra il 1267 e il 1343 si annoverano almeno 13 iniziative
esperite da varie autorità, sia interne sia esterne al comune, con una
frequenza media di una pace promossa ogni 6 anni: un dato che
conferma non solo l’ordinarietà delle inimicizie e dei conflitti
familiari e politici che irradiavano la società fiorentina, ma anche
l’intensità dell’azione pubblica intesa a comporle, sia pure
provvisoriamente o anche, come in più di un caso, inutilmente.
Subditos discordes placare et ad pacem recedere 153 era infatti una delle
principali linee d’azione della politica giudiziaria comunale. La
pacificazione – si affermava negli statuti – era principio e, a un
tempo, strumento necessario per perseguire il bono et pacifico statu et
custodia civitatis et districtus Florentie 154 .
69 Le paci generali, che spesso miravano a consolidare gli equilibri di
forza raggiunti sul piano politico, proponevano anzitutto la
ricomposizione delle divisioni politiche tra le parti. Operazione che
era resa eventualmente possibile solo da specifici accordi tra le
famiglie in conflitto: è per questo che le paci generali erano
accompagnate e corroborate dalle paci cosiddette «speciali», cioè
stipulate tra individui e gruppi parentali, proprio perché le relazioni
di inimicizia irroravano indifferentemente le diverse sfere degli
interessi (economici, simbolici, politici, etc.) delle relazioni sociali.
Ogni tentativo di tracciare un confine di demarcazione tra conflitti
«politici» e «privati» rischia pertanto di rivelarsi artificioso e
fuorviante, per quanto appaiono invece fluide ed integrate le
relazioni di inimicizia nelle pratiche del conflitto. In altri termini,
quanto una faida tra due lignaggi poteva sorgere, per dire, per
motivi patrimoniali o di onore e attingere a risorse giudiziarie e
politiche – come nei casi illustrati dalle scritture familiari degli
Strinati e dei Della Tosa –, tanto i conflitti di fazione, che
assumevano le diverse coloriture contingenti (nel caso fiorentino:
guelfi e ghibellini, bianchi e neri, «serraglini» 155 , etc.),
innervavano la lotta per il potere attraverso una fitta trama di
relazioni di amicizia e di inimicizia, parentali e di vicinato che
saldavano e contrapponevano gli schieramenti – come nel caso del
conflitto tra i bianchi e i neri, maturato intorno alla faida tra i
lignaggi dei Cerchi e dei Donati 156 .
70 Le iniziative di pacificazione generale di cui abbiamo notizia si
possono semmai distinguere in funzione dei promotori: il comune, i
signori e gli uomini di chiesa. Muoviamo – molto corsivamente – da
questi ultimi, che promossero i tentativi forse più noti. Un nuovo
tentativo di comporre la divisione tra i guelfi e i ghibellini dopo la
pace angioina del 1267 fu mediato dal pontefice in persona, Gregorio
X, di passaggio a Firenze nel 1273 sulla via del concilio di Lione:
nonostante che la pace «gli fu mess[a] per le parti in mano» e che
egli si adoperò per più di due mesi nei negoziati, l’accordo – stipula-
to solennemente la domenica del 2 luglio, sul greto dell’Arno «allato
al ponte a Rubaconte», ove il papa vi «fece [...] basciare i sindachi di
catuna parte in bocca, et diedero i ghibellini cinquanta statichi al re
Carlo per ottenere la pace», come ricorda il cronista Paolino Pieri
157 – durò pochi giorni perché prevedeva la prematura
riammissione in città dei ghibellini esuli dal 1266 158 .
71 Tra la fine del 1279 e l’inizio del 1280 ebbe invece maggiore successo
la pace tessuta dal cardinale Latino Malabranca, su mandato dello zio
Niccolo III Orsini 159 , che si inseriva in più ampio progetto di
contenimento antiangioino di cui era parte la coeva pacificazione
bolognese tra Lambertazzi e Geremei 160 . A Firenze, il cardinale
riuscì a sancire un provvisorio equilibrio tra le due fazioni,
riammettendo in città la maggior parte dei ghibellini, disponendo la
distruzione dei registri dei bandi dei ghibellini 161 , riconciliando
direttamente 150 cittadini per ogni parte, ma componendo anche
«molte paci speziali intra’ guelfi et ghibellini, et intra guelfi et guelfi,
et ghibellini insieme, et di grandi et popolari», e «a chiunque le volle
addomandare» 162 , come rilevarono i cronisti e come è confermato
dal documento notarile 163 . Neri Strinati registrò la
standardizzazione delle procedure attuata in quella circostanza:
«Renderonci pace per quella forma che l’altre pace si faceano, per
costringimento del detto Cardinale, e questa carta faceva e fece un
notaio da Prato, il quale era notaio del detto legato Cardinale» 164 .
Tra le paci tra lignaggi, «la prima fu quella ond’era la maggiore
discordia, cioè tra gli Adimari e’ Tosinghi, e’ Pazzi e’ Donati,
faccendo più parentadi insieme», e «per simile modo si feciono tutte
quelle di Firenze e del contado, quali per volontà e quali per la forza
del Comune», delle quali, come ricorda la cronachistica posteriore,
«quasi tutte s’osservarono, e la città di Firenze ne dimorò buono
tempo in pacifico e buono e tranquillo stato» 165 .
72 Scoppiato invece il conflitto tra i bianchi e i neri, nei primi anni del Trecento
altri prelati furono chiamati a sedare le parti. Invitato dal priorato e dai
consigli super reformatione pacis inter aliquos magnates et magnates, et
etiam inter aliquos magnates et populares singulares [...] qui habent
guerras et inimicitias 166 , nel 1301 il cardinale Matteo
d’Acquasparta riuscì a «fare la pace tra que’ della casa de’ Cerchi e gli
Adimari e’ loro seguaci di parte bianca co’ Donati e’ Pazzi e’ loro
seguaci di parte nera, ordinando matrimoni traz loro» 167 , ma fallì
l’obiettivo generale perché agente troppo smaccato («non lli fue
creduto» sottolinea impietosamente un cronista 168 ) della volontà
di Bonifacio VIII di favorire i guelfi neri 169 . Nemmeno il successivo
tentativo, nel 1304, del legato di Benedetto XI, il cardinale Niccolò da
Prato, riuscì a comporre le divisioni, esacerbate dalle violenze della
parte nera del novembre 1301 e dalle sentenze di bando contro i
bianchi e i ghibellini dell’anno successivo (e note ai più per la
condanna che coinvolse anche Dante Alighieri) 170 . Nonostante
l’ampiezza dei poteri conferitigli dal comune 171 , egli fu in grado
solo di promuovere «alcuna pace speziale, et fece quella tra’
Gherardini e’ Manieri, che n’eno morti quattro uomini, due da
catuna parte» 172 , prima che le lotte tornassero a farsi
violentissime. Niccolò fu affiancato dal domenicano fiorentino
Remigio de’ Girolami che scrisse proprio in questa occasione il De
bono pacis, nel tentativo, fallito, di favorire una soluzione politica tra
le fazioni 173 . Nel 1306 fu infine la volta del cardinale Napoleone
Orsini a tentare nuovamente, invano, di «pacificare i Bianchi co’ i
Neri», ma «stette poco tempo» 174 , senza riuscire a promuovere
alcunché 175 .
73 Dopo i fallimenti delle pacificazioni promosse da prelati che agivano
nell’ambito delle strategie politiche di curia, e trasferito ad Avignon
il papato, si fece frequente a Firenze il ricorso a commissioni
specifiche di pacieri, secondo una pratica usuale anche agli altri
comuni italiani 176 . Il ricorso a collegi di pacciarii composti da
cittadini coincise, non a caso, col periodo di conflittuale
assestamento di un regime di «popolo» ormai sostanzialmente
dominato dalle casate mercantili e bancarie 177 .
74 Scelti, in numero variabile, possibilmente tra amici comuni alle parti
in causa per la potenziale imparziale equidistanza che potevano
garantire, e pertanto sia tra magnati sia tra popolani – come, per
esempio, nel 1316, tre membri dei lignaggi militari dei Bardi,
Buondelmonti e Tornaquinci, e tre membri di famiglie di «popolo»
degli Albizzi, Magalotti e Rondinelli –, i pacieri furono eletti a più
riprese. Convergenti erano le motivazioni: nel 1311, per esempio,
atteso che fortitudo populi non tam in numero civium quam in concordia
et universitate consistit, si diede balìa (cioè pieno potere) a 12 buoni
uomini popolani per far riconciliare i cittadini, assolvere i
condannati, e rendere loro i beni 178 ; nel 1316 vennero eletti invece
sei pacieri nella consapevolezza che infinite sunt vel esse dicuntur
contemptiones discordie inimicitie et hodia seu guerre ex quibus impeditur
publica quies, leditur et turbatur status pacificus et tranquillus civitatis
Florentie 179 , che riuscirono a concordare un nutrito gruppo di
individui e di casate 180 ; nel 1319, quoniam propter discordias
contemptiones et inimicitias potentissime ac amplissime civites disolvitur et
suis viribus enervantur, propter concordia vero ac unitatem tenues et
debiles brevi tempore amplificantur et fortificantur, si elessero altri
pacieri 181 ; nel 1329 si diede facoltà alla signoria di eleggere a
pacieri del comune 14 cittadini 182 .
75 In genere i pacieri svolgevano un’autonoma opera di mediazione, per
poi sottoporre all’approvazione del priorato e dei consigli del
comune alcune proposte che potessero facilitare la soluzione dei
conflitti: la commissione del 1316, per esempio, propose con successo
l’annullamento delle condanne di alcuni membri dei Giandonati e di
loro seguaci pronunciate dal vicario angioino per cause legate
all’inimicizia con gli Acciaioli, in modo che gli interessati potessero
tornare dall’esilio e giurare la pace 183 ; così come ottenne anche la
cancellazione di bandi e condanne e la restituzione di beni e onori a
membri delle famiglie Cavalcanti e Pazzi che avevano fatto anch’essi
pace grazie alla loro mediazione 184 . Similmente operarono i
pacieri del 1319, che, per esempio, favorirono la riconciliazione tra
Megliorato di Dante di Gherardo e Berto di Rogerio e il figlio Geri,
proponendo l’assoluzione del primo dalla condanna in cui era
incorso per aver ferito quest’ultimo 185 , o la pace tra alcuni membri
dei Rinucci e quelli dei Tigliamocchi, promuovendone la liberazione
dal carcere e la cancellazione delle condanne 186 . È da notare come
dal beneficio fossero esclusi i colpevoli dell’omicidio di Ballincia dei
Rinucci, episodio dal quale era originata l’inimicizia tra le due
famiglie, che l’intervento dei pacieri lasciava alle pratiche della
vendetta, riconoscendo le condizioni di vulnerabilità valide per i
banditi ai responsabili del fatto di sangue; allo stesso modo, il
suddetto Megliorato di Dante, pur godendo dell’oblazione della
condanna, rimaneva nel bando dictis Berto et filiis et consortibus taliter
quod ab eis et quolibet eorum [...] impune offendi possit 187 : ulteriori
conferme, entrambe, dell’orientamento dell’iniziativa pubblica a
garantire, nello stesso momento in cui procedeva alla ricucitura dei
conflitti, il diritto di sana-re l’offesa primaria nei modi tradizionali
della vendetta.
76 All’interazione tra i sistemi giudiziari apparteneva anche la politica
di governo di favorire lo sgravio di pena come pedina di scambio con
la pace. Condonare sanzioni penali, talora anche gravissime, pur di
addivenire a una soluzione extragiudiziale fu prassi ricorrente. Le
autorità comunali intervennero in altri modi ancora. Nel 1301, per
esempio, alcuni membri del lignaggio dei Visdomini ottennero la
liberazione da ogni impegno di mallevadoria nei confronti di
Tommaso di Cuccio dei Visdomini, bandito per reati commessi
nell’ufficio di custode del carcere dei magnati, in cambio del
consenso a trattare la pace con i Falconieri, strappato loro con «gran
fatica» dal vescovo di Firenze, che si era reso fautore presso il
comune di tale agevolazione 188 . Nel 1319 il comune deliberò
addirittura di stanziare una somma, non eccedente i 150 fiorini, che
coprisse le composizioni delle paci che si invogliava in tal modo a
stringere tra un nutrito gruppo di detenuti nelle carceri, di modesta
condizione economica, e i rispettivi nemici con i quali erano sorte
offese e omicidi reciproci 189 . Il sostegno del comune operò anche
per finanziare doti nelle occasioni in cui nuovi vincoli matrimoniali
potessero sembrare utili per riappacificare famiglie: la pace che fu
pubblicamente sancita nel 1290 tra i Lamberti e i Della Tosa per
inimicizie sorte per il possesso di alcune terre, per esempio, fu
corroborata con uno stanziamento del comune di 1.400 lire da
spendersi per le doti nuziali, e con un contributo di altre 570 lire per
rifondere i Lamberti dei danni patiti 190 ; lo stesso avvenne nel 1312
in occasione della pubblica riconciliazione tra i Peruzzi e gli Adimari
– mediata, si noti ancora, dai buoni auspici del vescovo di Fiesole,
Antonio degli Orsi 191 – che fu suggellata dal fidanzamento di Carlo
di messer Guerra degli Adimari con Filippa di Giotto Peruzzi, che
venne adeguatamente dotata grazie anche all’intervento dal comune
192 .

77 All’intervento pacificatore delle autorità comunali si alternò quello


dei dinasti angioini in coincidenza con le assunzioni dei pote-ri
signorili su Firenze, nelle ricorrenti occasioni in cui – per ben 26
anni sui 77 anni intercorsi tra il 1267 e il 1343 – la città si diede loro
in signoria 193 . Si è già più volte ricordata la pace del 1267 che,
sotto l’egida di Carlo d’Angiò, favorì paci e matrimoni tra famiglie
guelfe e ghibelline all’indomani del rientro dei guelfi a Firenze e del
censimento delle confische patrimoniali loro inferte dal regime
ghibellino del 1260-1266 194 . Analoghe pacificazioni generali furono
promosse anche dai signori trecenteschi, tra i primi atti di sovranità
di ogni regime che in genere si accompagnavano ad altri atti di
clemenza quali amnistie e offerte di carcerati: nel 1314, per esempio,
il vicario di Roberto d’Angiò, ebbe l’incarico di provvedere super
discordiis, insieme con i conti Guido Selvatico e Guido da Battifolle
195 ; nel 1327 il compito di costringere a far pace tutti i cittadini che

avessero «liti o malevolenze» fu invece riconosciuto a Carlo di


Calabria, nuovo signore della città 196 .
78 Dei pochi atti di governo di Gualtieri di Brienne, signore di Firenze
per poco più di un anno a cavallo tra 1342 e 1343, sopravvissuti ai
roghi successivi alla sua cacciata, si è conservato un voluminoso
registro di copie di tutti gli atti di pace che il duca d’Atene costrinse
a stipulare nei primi mesi del suo regime 197 . Si tratta di un
documento eccezionale che fotografa lo stato delle inimicizie che
dividevano in quegli anni la società fiorentina (e del contado più
limitrofo). Lungo le 293 carte del registro scorrono infatti 274 paci
tra oltre 400 famiglie per un complesso di alcune migliaia di
individui coinvolti. Il documento è eccezionale per il fatto di riunire
in un unico registro una serie di atti che ordinariamente erano
diluiti negli anni e dispersi tra i protocolli di vari notai (a loro volta
in larga misura perduti nel tempo), e, soprattutto, per essersi
conservato fino a oggi. Ma non è eccezionale il suo contenuto, che
disvela semmai l’ordinarietà delle pratiche di inimicizia e di conflitto
che attraversavano la società fiorentina comunale. Saliente è la
circostanza – cui non erano estranei anche palesi ritorni fiscali per i
quali «bene ne guadagnò egli [il duca] e’ suoi uficiali grossamente da
coloro che le chiedevano», come sottolineò il contemporaneo
Giovanni Villani 198 – di obbligare tutti i cittadini in conflitto a
promettersi pace. Ma non eccezionali appaiono la consistenza del
numero degli individui e delle famiglie coinvolte e l’estensione che
raggiunse l’iniziativa di pacificazione. Ne emerge chiarissima la
diffusione delle pratiche di pacificazione ad ogni livello sociale,
trovandosi registrati sia lignaggi eminenti – e non solo magnatizi,
come gli Agli che fecero pace coi Brunelleschi, e questi coi della Tosa,
i Bostichi coi Frescobaldi, i Donati con i Cerchi, e così via 199 , ma
anche popolani, come gli Aliotti coi Guadagni, i Bucelli coi
Bentacordi, i Sassolini coi Deti, e così via 200 – sia individui di
modesta condizione, come, per esempio, le famiglie di Pagnus Tucti e
Zenobi Michelis, di Falchus olim Montucci del popolo di S. Giorgio e
Spigliatus Puccii del popolo di S. Pier Maggiore, di Paulus Lapi e Iacobus
vocatus Testa, e così via 201 . Se anche il critico Giovanni Villani
riconobbe che l’atto del duca di far «fare le paci tra’ cittadini e’
contadini» rappresentò «il meglio che facesse» 202 , il giudizio di
Donato Velluti, che in quell’occasione fu costretto, insieme coi suoi
consorti, a rendere la pace alla famiglia Berignalli, fu pienamente
positivo: la pace «è sotto grandissime pene, fortificate poi per
riformagioni di Comune con altre gravissime pene, e non si truova
quasi niuna [delle paci fatte stipulare dal duca] poi essere rotta, e chi
l’à rotta sì è stato diserto» 203 .
79 Se molte fallivano, alcune pacificazioni generali raggiungevano
dunque il proprio obiettivo, come confermato dalla memoria
documentaria: la pace del cardinale Latino del 1280, che sanciva
l’accordo tra i guelfi e larga parte dei ghibellini, fu assunta
all’interno del corpo statutario del comune 204 ; il registro della paci
del duca d’Atene, che ricompose tutte le inimicizie fiorentine, fu
preservato dai roghi. E ciò, in primo luogo, per il valore giuridico
degli instrumenta publica notarili che li componevano.
80 Lo strumento notarile di pace poteva agire, infine, da interruttore
delle procedure giudiziarie, in un’ulteriore casistica dell’interazione
tra i sistemi giudiziari. Già più volte si è constatato l’intreccio di
piani tra l’agire delle istituzioni e le pratiche di pacificazione, a
cominciare dall’obbligo per i rettori di promuovere tregue e accordi
tra le parti in conflitto. Un’attenzione specifica va riservata agli
strumenti che consentivano la riduzione della pena a chi avesse
ottenuto la pace dalla parte offesa. È questa una tipologia di pace
diversa da quelle finora esaminate, che rientrano in una più ampia
gamma di atti intesi a porre fine al conflitto prima ancora che al
processo, atti preventivi o a suggello dell’equilibrio tra offese
raggiunto dopo la vendetta, come abbiamo visto, e comunque
concordati al di fuori della sfera processuale: pratiche
infragiudiziarie, vale a dire, che un importante studio di Antonio
Padoa Schioppa ha opportunamente distinto, in quanto «atti
extragiudiziali», dagli «atti giudiziali» che assolvevano, invece, lo
scopo più delimitato di interrompere le procedure giudiziarie o di
ridurre le pene 205 .
81 Di questi ultimi si rileva una certa frequenza anche a Firenze,
ovviamente. Osserviamone alcuni casi, seguendoli dalla fine, cioè
dall’approvazione definitiva, da parte dei consigli comunali,
dell’interruzione dell’azione giudiziaria 206 . Nel 1318, per esempio,
l’iter processuale contro Bencino del fu Sanna dei Benci, popolano, fu
bloccato allo stadio iniziale dell’accusa sporta da Filippo di messer
Niccola dei Cerchi, che venne annullata in cambio della stipula di
una pace che compose le liti intercorse 207 . Una quietanza di pace
rilasciò invece, nel 1320, Gherardino di Gianni del popolo di S.
Niccolò a otto membri della stirpe magnatizia dei da Quarrata e ad
altri loro seguaci sospettati di aver macchinato delitti contro di lui:
strumento che consentì agli offensori di bloccare l’inchiesta
giudiziaria che era stata avviata contro di loro 208 . Dietro a episodi
come questi si possono bene intuire, senza poterle peraltro
documentare, sia le cospicue composizioni economiche che le parti
lese poterono spuntare da esponenti di lignaggi eminenti e facoltosi,
sia le strategie che inducevano ad usare la denuncia in giudizio come
una fase tattica di un conflitto da risolvere al suo esterno.
82 Quando invece le condanne erano già state emanate, gli atti di pace
potevano garantire la cancellazione parziale o totale delle pene. Fu il
caso, per esempio, nel 1296, della pace concessa da Lippo di Michele
del popolo di S. Piero Scheraggio, e da suo figlio, a Neri di Segero del
popolo di S. Remigio, condannato dal podestà a 800 lire di pena per
aver assalito e ferito Lippo, che gli valse la liberazione dal carcere
209 . Nel 1305 Lapo e Barone del fu Risalito, insieme con i rispettivi

figli, tutti del popolo di S. Giorgio, diedero pace a ser Ghino di


Rinieri, notaio, e al fratello Berto, abitanti anch’essi nel medesimo
popolo, per una condanna inflitta dal podestà nell’ottobre del 1303
per l’aggressione a Barone e il ferimento di Lapo da parte di ser
Ghino 210 . Nel 1318, invece, la pace consentì a Giovanni di messer
Ubertino degli Strozzi l’assoluzione da una condanna del vicario
angioino per aver fatto ferire Anselmo di Palla degli Anselmi 211 ; e
a Lorenzo di Piero di Cione del popolo di S. Felice in Piazza la
liberazione dal bando e dalla condanna per aver ucciso Lapo di
Rinovante del popolo dei SS. Apostoli 212 . Altri esempi ancora sono
rilevabili dai numerosi instrumenta pacis registrati nei protocolli
notarili 213 . Alla diffusione delle paci giudiziarie non fu estraneo
anche l’interesse fiscale del comune, che a un certo punto impose
una tassa per la registrazione pubblica di questi atti: già nel 1297 fu
disposto per un anno che il beneficio della pace non valesse se le due
parti non avessero pagato preliminarmente al comune una tassa di
40 soldi 214 ; nei decenni successivi si cominciò a sanzionare chi vi si
sottraeva 215 .
83 Gli esempi di remissione della pena riguardavano, come abbiamo
visto, fatti di sangue, aggressioni e uccisioni. Sempre Padoa Schioppa
ha proposto, sulla scorta della legislazione dei comuni lombardi (e di
Bergamo in particolare) dei secoli xiii e xiv, uno schema evolutivo
della disciplina della pace collegato alla transizione dal sistema
processuale accusatorio a quello inquisitorio: a una prima fase in cui
la pace dell’offeso valeva a fare revocare generalmente tutta la
gamma delle sanzioni, subentrarono dapprima, in un sistema di pene
di sangue più frequenti, un periodo in cui la pace conferiva pur
sempre la facoltà di evitare al reo la pena di morte, e infine una fase
in cui essa rimase influente solo nella disciplina dei reati minori, in
corrispondenza con il prevalere del principio della pubblicità della
pena per i reati maggiori 216 .
84 L’esperienza fiorentina sembra confermare questo modello
interpretativo, sia pure in termini meno lineari e di maggiore
complessità. Come detto, la legislazione duecentesca si è conservata
solo in modo frammentario. Nondimeno, le attestazioni più risalenti
di cui si dispone lasciano supporre che alla fine del secolo xiii la
disciplina della pace avesse già raggiunto la seconda fase del modello
217 . Una legge del 12 novembre 1295 che riformò le norme sulle

aggressioni violente, disciplinando per le prima volta in maniera


organica anche a Firenze la fattispecie dell’omicidio 218 , disponeva
che, da quella data, colui che studiose vel premeditate percusserit vel
percuti fecerit aliquam personam [...], ex qua percussione mors sequatur
fosse passibile della pena di morte per decapitazione e della
distruzione e confisca dei beni, una metà dei quali doveva andare
agli eredi della vittima: l’ottenimento della pace consentiva però la
commutazione della pena in una sanzione pecuniaria di 2.000 lire, da
pagarsi entro dieci giorni, e in sei mesi di carcere. La pace costituiva
dunque anche a Firenze, nel pieno della maturità comunale, una
condizione preclusiva della pena capitale. Ed è possibile che nel
periodo precedente ciò fosse stato ancor più valido, se la pena per
l’omicidio, come si evince da un’altra rubrica accolta nello statuto la
cui compilazione in forma di breve lascia supporre una certa vetustà
219 , era ordinariamente prevista come pecuniaria e, solo in caso di

insolvenza, capitale 220 .


85 Altresì, nel primo Trecento la normativa fiorentina disponeva che la
pace mantenesse un vigore preclusivo nella disciplina dei reati
minori: per offese leggere come le percosse senza armi, punite fi-no
a 50 lire, era infatti ancora sufficiente pacis instrumentum per
quemcumque ostendi per veder cancellata totalmente la pena 221 . Le
statistiche giudiziarie indicano inoltre come, nel terzo quarto del
secolo xiv, i colpevoli di reati di sangue come l’omicidio fossero or-
mai condannati con dure sanzioni penali indipendentemente dalla
presenza o meno della pace della parte offesa 222 . La prevalenza
progressiva del principio della sanzione pubblica per i reati maggiori
venne cioè riducendo anche a Firenze l’influenza degli accordi di
pace tra le parti, in corrispondenza con gli sviluppi comuni ad altre
formazioni sociali e politiche 223 .
86 La transizione verso l’azione giudiziaria ex officio fu elaborata anche
dai giuristi nel giro di tre generazioni a cavallo tra Due e Trecento
224 . Se ancora alla fine del secolo xiii la riflessione dottrinaria

sull’efficacia preclusiva o meno della pace – se cioè la concordia tra


offeso e offensore precludesse una accusa terza contro l’autore del
delitto – non aveva raggiunto un’unanimità di visione, l’opinione dei
giuristi del primo Trecento – in non casuale coincidenza con la fase
di affermazione del procedimento ex officio – cominciò a far
prevalere una posizione restrittiva. A un Guido da Suzzara, cioè, che
ancora sosteneva che l’accordo tra le parti dovesse impedire il
procedimento del giudice comunale contro il reo, subentrò una
corrente di pensiero contraria che trovò nelle posizioni di Dino del
Mugello (dico ergo quod remissio adversarii non impedit quin iudex
procedat) un fautore autorevole della incommutabilità della pena, per
lo meno per i reati maggiori, nonostante l’esistenza di accordi tra le
parti 225 . Soprattutto, i giuristi della generazione intermedia, e in
particolare Alberto da Gandino, un pratico che fu giudice dei podestà
itineranti nell’Italia comunale a cavallo del 1300 (anche a Firenze,
nel 1288 e nel 1310 226 ), si fecero forti delle consuetudini invalse
nelle attività giudiziarie comunali per sostenere che illa transactio
sive pax non impedii condemnationem super eo faciendam per potestatem,
sive sit statutum sive non, et ita de consuetudine observatur: nella rubrica
del suo Tractatus de maleficiis specificamente dedicata alla questione,
Alberto sostenne infatti che la pace, se pure valeva come accordo tra
singoli, non doveva comunque impedire la punizione del reo, quia
omnis delinquens offendit rem publicam civitatis 227 .
87 In realtà, proprio le pratiche giudiziarie fiorentine coeve ad Alberto
descrivono un quadro più complesso di quello da lui rappresentato.
Già gli esempi citati, relativi all’arco di anni dal 1296 al 1318, hanno
mostrato come la pace, al contrario, estinguesse ancora la pena.
Soprattutto, erano i periodici provvedimenti di amnistia e condono –
un elemento strutturale delle politiche giudiziarie comunali 228 – a
sfarinare il quadro normativo impastandolo nelle priorità
contingenti della politica. Gli stessi statuti prevedevano che negli
atti di ribandimento e di cancellazione delle condanne dietro
pagamento di una somma potesse usufruire di tale beneficio solo chi
avesse ottenuto la pace per publicum instrumentum dalla parte lesa
229 . La realtà fu ancora più flessibile: in occasione dell’indulto
generale promosso dai guelfi neri nel novembre 1301, per esempio,
tutti coloro «ch’erano stati in bando ne poteano uscire, et usciro ad
certa gabella chi volle o poteo pagare, o pace o non pace ch’elli
avesse», annotò Paolino Pieri 230 ; la stessa facoltà fu estesa anche in
occasione dell’indulto del 30 ottobre 1307 231 , e in quello del 1324
232 ; nell’ottobre 1325 si previde invece che insieme con chi avesse

ottenuto la pace potessero essere ribanditi anche senza pacem


legitimam tutti coloro che avessero pagato una tassa doppia rispetto a
quella ordinaria, va-le a dire 12 denari anziché 6 per ogni lira di
condanna 233 . Lo stesso accadeva anche nelle remissioni
individuali: nel 1311, per esempio, la condanna e il bando di Sandro
di Vanni di Saracino per l’omicidio di Bartolomeo di Cione
Benintendi furono cancellati anche si dictus ser Cione nollet recipere la
pace offerta dallo stesso Sandro (è ipotizzabile, dietro adeguata
composizione in denaro) 234 .
88 In altri termini, se la pace ottenuta dalla parte offesa consentiva di
interrompere le procedure giudiziarie e di ottenere una riduzione
delle pene anche per i reati più gravi, lo stesso risultato era
comunque perseguibile attraverso altre pratiche. Soprattutto,
ancora nella prima metà del Trecento, l’azione giudiziaria ex officio a
Firenze non sembrava prevalere sull’efficacia preclusiva della pace.
L’interazione dei diversi sistemi di soluzione dei conflitti si
mostrava, cioè, ricca di alternative.

***

89 Un’ulteriore espressione del pluralismo giudiziario si può cogliere


all’esame della legislazione sulla vendetta. Nelle pagine precedenti si
sono sottolineati almeno due aspetti relativi alle pratiche di
vendetta: da un lato, come esse fossero una componente centrale
nelle strategie di conflitto portate avanti dai singoli e dai gruppi
parentali; dall’altro, come le istituzioni e la normativa garantissero
la possibilità di effettuarla anche in contesti di riconciliazione come
le tregue e le pacificazioni. In un’altra sede, inoltre, ho potuto
approfondire l’analisi della legittimazione della vendetta nella
società comunale italiana, evidenziando come tale pratica fosse
riconosciuta quale relazione sociale di tipo ordinario, come fosse
elaborata culturalmente, come fosse assunta tra i valori
dell’educazione politica del civis 235 . Una breve analisi della
regolamentazione normativa fiorentina consentirà di aggiungere un
altro tassello a un’interpretazione che appare per molti aspetti
consapevolmente dissonante rispetto a una radicata tradizione di
studi che sembra ancora riluttante ad accettare l’idea di una
pervasiva ordinarietà della cultura della vendetta nella società
comunale italiana 236 . E ciò, nonostante che studi condotti negli
ultimi decenni ne abbiano rivalutato il ruolo in altre società storiche
europee come quelle signorili o degli stati di antico regime 237 .
90 È forse opportuno sottolineare ancora una volta come nelle fonti di
età comunale il linguaggio delle relazioni sociali e politiche appaia
dominato dai concetti di amicizia e inimicizia, e come la stessa lotta
politica originasse dalla rete di relazioni di inimicizia 238 . Il
vocabolario sociale comunale è molto chiaro al proposito: i conflitti
sorgevano per «inimicizie capitali» o «patenti», per «odii», per
«discordie». Per esempio, Albertano da Brescia – un giudice al
seguito di podestà itineranti nel secondo quarto del secolo xiii 239 e
autore di una trilogia di trattati morali intesa a fornire al civis gli
strumenti per bene operare nelle diverse situazioni sociali: le
relazioni familiari e la scelta degli amici (il De amore et dilectione Dei et
proximi et aliarum rerum et de forma vitae, scritto nel 1238 240 ), l’uso
sociale della parola, nell’equivalenza tra bene parlare e bene vivere
(l’Ars loquendi et tacendi, scritto nel 1245 241 ), e la gestione del
conflitto (il Liber consolationis et consilii, del 1246 242 ) – nel suo Liber
consolationis et consilii, una complessa e raffinata riflessione
sull’ordinarietà del conflitto e sui modi di sua conduzione e
risoluzione 243 , offre un chiarissimo climax semantico della genesi e
della propalazione del conflitto: scire debes, quod genita fuit tibi injuria
ex odio inimicorum tuorum; et ex vindicta gignitur alia rixa; ex rixa vero
gignitur et oritur odium et guerra; ex guerra vero seditio et substantiæ
consumptio, ne cessitas et bella atque innumerabilia mala gignuntur atque
nascuntur 244 .
91 Dall’inimicia nasce l’offesa, dunque, e dalla sua vendetta il conflitto,
che cresce alimentato dall’odio e – per coloro che possono
permettersela – dalla faida. Il linguaggio della documentazione
comunale distingue con molta chiarezza la differenza di piani. Da un
lato, cioè, la conduzione dei conflitti era indicata appropriatamente
coi termini bellum, «werra», «guerra» o col volgare «briga»: le
deliberazioni consiliari fiorentine, come abbiamo visto, cercavano di
favorire la pace tra coloro qui habent guerras et inimicitias, o tra gli
habentes [...] guerram seu inimicitiam patentem; Giovanni Villani, per
esempio, parla di «brighe e discordie» 245 . Dall’altro, il termine vin-
dicta o «vendetta» esprimeva invece un significato più definito, e più
pregnante, riferendosi al mero momento della ritorsione, che
ristabiliva l’equilibrio delle offese. Il vocabolario sociale esprimeva
dunque con chiarezza la distinzione concettuale che i cives
operavano tra il conflitto nel suo insieme come costruzione del
confronto su va-ri piani e attraverso non solo le fasi di ritorsione
violenta ma anche quelle di negoziazione e di riappacificazione tra le
parti 246 – quella, cioè, che nelle scienze sociali si usa chiamare
«faida» 247 –, e il semplice momento del sistema vendicatorio 248 .
92 Alla vendetta, in particolare, era riconosciuto il valore di
riequilibrare l’offesa e perciò di chiudere potenzialmente il conflitto.
Un valore riconosciuto come positivo – al punto di essere elaborato
come tale nella letteratura pedagogica del cittadino comunale 249 –
e pertanto legittimato e regolamentato dalla normativa comunale,
che traduceva a livello giuridico la logica di contenimento della
violenza che stava alla base del sistema di ritorsione 250 . Peraltro,
anche in questo caso si sconta la convinzione diffusa nella
storiografia anche recente che gli statuti comunali perseguissero la
vendetta (nella convinzione perentoria, per esempio, che «lo Stato
proibisce la vendetta» 251 ) o la «permettessero», nei contesti in cui
si ritenesse «troppo difficile l’impedirla» e «in attesa di proibirla
completamente» 252 , se-condo uno schema teleologico 253 .
Viceversa, a un’analisi attenta delle fonti non si riscontra alcun testo
normativo che proibisca la vendetta. Il dato non deve sorprendere: la
legislazione, infatti, non la vietava, bensì si proponeva – e non
ovunque – di regolamentarla. Solo negli statuti di alcuni comuni –
Bologna (nelle redazioni del 1252, 1265, 1288), Parma (1255, 1266-
1304), Pisa (1287), Pistoia (1296), Spoleto (1296, 1347), Siena (1309-
1310), Firenze (1325) e Perugia (1342) – si incontrano norme che
affrontano tale pratica 254 . In altri termini, la vendetta non era
affatto perseguita, bensì, attraverso la cornice normativa,
ricompresa nell’ambito del pluralismo giudiziario comunale come
sua parte integrante.
93 La legislazione fiorentina offre un esempio molto chiaro. I primi
segni di un intervento regolatore della vendetta si possono cogliere
in alcune provvisioni degli ultimi decenni del secolo xiii, mentre un
intervento organico cominciò a manifestarsi nei primi decenni del
successivo 255 . Esso puntò essenzialmente a delimitare lo spettro
delle persone che potevano esercitare il diritto alla vendetta e di
quelle che potevano esserne oggetto, l’entità della ritorsione e i casi
in cui essa poteva essere consumata. Come abbiamo visto, già nel
1281, era stato fatto obbligo a tutti coloro che avessero inter se
hodium [et] inimicitiam ex aliqua offensa commissa di dare cauzione de
non inferendo maiorem iniuriam vel offensam quam accepta fuerit 256 . La
citata provvisione del 12 novembre 1295 257 sulle aggressioni
violente segnò a sua volta una sorta di spartiacque: tutti gli atti di
vendetta consumati prima di quella data – in anni di conflitti accesi
che avevano portato all’emanazione delle norme antimagnatizie 258
– vennero fatti salvi, mentre si sancì l’entrata in vigore delle nuove
disposizioni a partire da quel momento 259 . Fu però solo con le
norme accolte nello statuto del 1325 – alcune delle quali
probabilmente a esso antecedenti 260 – che l’intervento normativo
si fece più organico, per essere poi ulteriormente ripreso da alcune
provvisioni del 1331 e 1334 261 e nuovamente sancito nello statuto
del 1355 262 .
94 La normativa garantiva il diritto di esercitare la vendetta, purché
entro determinati limiti. Esemplare in questo senso era il titolo della
rubrica CXXVI del III libro dello statuto fiorentino del podestà del
1325, De puniendo qui fecerit vindictam nisi in principalem personam 263
, che puntava a delimitare la trasversalità delle vendette. Il diritto
alla vendetta, anzitutto, era riconosciuto solo all’offeso e, in caso di
morte di questi, ai suoi congiunti: aliis de domo sua sibi coniunctis usque
in quartum gradum, nella provvisione del 1295 264 , e, più
ampiamente, consors seu de domo vel coniunctus per lineam masculinam
[...] de gradu in gradum usque in infinitum, in quelle successive 265 ; in
ogni caso era proibito associare estranei alla consorteria nell’atto di
ritorsione 266 , tanto che la persona non coniuncta doveva essere
considerata quale assessinus, et ut assessinus puniatur 267 . Del diritto
alla vendetta erano invece privati i condannati, banditi e ribelli, ai
quali era inoltre proibito di vendicarsi di coloro che li avessero
catturati o feriti 268 . Lo scopo di queste disposizioni è chiaro:
circoscrivere l’applicabilità della ritorsione al nucleo ristretti di
parenti della vittima, per evitare il coinvolgimento di fronti
consortili più ampi e la possibile frammissione di clientele armate.
95 In termini speculari era definito anche lo spettro di individui sui quali
poteva essere esercitata la vendetta: l’offensore, ovviamente, e, lui morto, i
suoi discendenti maschi de singulis et in singulis aliis gradibus et personis
masculis aliorum graduum qui descendent per lineam masculinam a
primo offendente [...] usque in infinitum 269 . Non potevano essere
fatti oggetto di violenza coloro che avessero ottenuto la pace
dall’avversario e coloro che avessero ferito per difendersi da
un’aggressione o per vendicare un’offesa ricevuta da banditi e
condannati 270 . Soprattutto – come in analoghe disposizioni di altri
comuni, quali Bologna e Lucca 271 – furono stabilite pene durissime
contro chi fecerit vindictam [...] in personam alterius et non illius qui
dictam offensionem manifestam et publicam fecerit, dum ipse principalis
offensor viveret 272 : la morte e la destinazione dei beni agli eredi,
in caso di uccisione; il doppio delle pene ordinarie e il risarcimento
dell’offeso con una somma di 1.000 lire, in caso di ferite gravi 273 .
96 La legislazione riconosceva il ruolo dei legami parentali e
l’ereditarietà delle inimicizie familiari, ma si proponeva di enucleare
dal conflitto i singoli attori, di personalizzare lo scontro, evitando
l’allargamento a spirale delle ritorsioni. Ai consorti di chi era oggetto
di una vendetta legittima era fatto divieto di fornirgli ausilium
consilium et favorem, a pena di 1.000 lire di sanzione e della perdita
dell’immunità, potendo infatti in tal caso venire feriti e uccisi
impunemente dal facente vendetta 274 . Era inoltre previsto
l’isolamento fisico di colui che poteva essere oggetto di legittima
vendetta, imponendogli, fino a che non avesse ottenuto la pace
dall’avversario, il divieto di abitare in sexto, populo vel centrata in qua
habitarent coniucti seu consortes sui, e l’obbligo di risiedere ad almeno
1.000 braccia di distanza dalle case dei propri congiunti, se in città, e
a un miglio (poi elevati a tre), se in contado 275 . Questi
provvedimenti si inserivano in quell’insieme di atti che puntavano a
colpire le solidarietà di lignaggio, favorendo le dissociazioni dai
fronti parentali.
97 Altre delimitazioni riguardavano la casistica delle offese che
potevano giustificare l’esercizio legittimo della vendetta. Questa era
ammessa solo in caso di morte, per ferimenti gravi e mutilazioni 276
. Le lesioni corporali meno gravi, invece, non potevano costituire
pretesto per atti di ritorsione violenta, che erano direttamente
demandati, al pari delle minacce e delle ingiurie, all’azione penale
dei rettori giudiziari 277 , o risolte, come si è visto nel caso delle
risse vacuis manibus, coi modi della composizione. Allo stesso modo,
l’entità della vendetta non poteva eccedere l’offesa iniziale ma essere
proporzionata. Per essere considerata competens, cioè legittima, la
ritorsione avrebbe dovuto ricalcare quella dell’offesa: la morte per la
morte, la ferita grave o la mutilazione per la ferita grave o la
mutilazione 278 ; chi avesse ferito con armi colui che lo aveva
percosso a mani vuote era passibile di una pena doppia rispetto
all’ordinaria 279 , e così via.
98 In definitiva, la disciplina normativa puntava all’estinzione del
debito di vendetta ma non all’accensione di altre spirali di ritorsione.
La reintegrazione del legame sociale era lo scopo dell’intervento
pubblico: un atto di pace, promosso dal podestà (e corroborato da
strumento notarile, obbligazioni penali e fideiussori), doveva sempre
seguire l’esercizio della vendetta 280 . Come abbiamo visto, chi
avesse infranto la pace imposta dagli organi comunali era passibile
di pene durissime: la decapitazione in caso di omicidio, mutilazione o
anche ferite deturpanti; la pena di 2.000 lire per le ferite con
effusione di sangue; la triplicazione delle sanzioni ordinarie per gli
altri tipi di offesa 281 . A verificare la congruità e la legittimità della
vendetta – si fieret aliqua vindicta de offensa et esset contentio et dubietas
utrum sit vel fuerit competens vindicta vel non – era tenuto il podestà
282 : fu il caso, per esempio, di quella consumata a ventotto anni di

distanza dai Velluti sui Mannelli nel 1295, per la quale gli autori
furono denunciati per omicidio dai parenti dell’ucciso che però non
riuscirono a provare «cosa per la quale e’ fussino condannati» e
pertanto «furno assoluti» dal podestà 283 . Se invece la vendetta non
era stata ancora consumata, il podestà era tenuto a emettere
un’apposita declaratio entro un mese dalla richiesta della parte
intenzionata: se l’avesse giudicata competentem, il rettore era tenuto,
ancora nel giro di un mese, a costringere le parti alla pace 284 .
Inoltre, se l’offensore fosse stato condannato a morte o alla
mutilazione, e la sentenza eseguita, la vendetta dell’offeso non
poteva avere luogo, ritenendosi la pena pubblica equivalente a una
competens vindicta 285 .
99 Non si dimentichi, però, che ai rettori giudiziari era anche proibito
procedere contro chi avesse compiuto legittimamente la pro-pria
vendetta 286 , e persino impedito di promuovere accordi di tregua
nei casi di omicidio o ferite gravi prima che essa fosse stata
consumata 287 . Il principio della vendetta, cioè, era vigorosamente
tutelato e legittimato anche sul piano giuridico. Di più: esso doveva essere
favorito dagli stessi rettori giudiziari, se necessario. La provvisione del 1331
prevedeva, per esempio, la possibilità da parte dei poteri pubblici di
consegnare l’offensore all’offeso perché questi potesse eseguire
personalmente la propria vendetta: Commune Florentie seu regimina dicte
civitatis pena mortis afficerent vel tradi facerent offendentem [...]
persone offense coniunctis vel consortibus [...] ita quod talis
offendens propterea mortus fuerit 288 .
100 Se quest’ultimo appare un caso estremo, motivato fors’anche da una
contingente recrudescenza dei conflitti sociali, nondimeno
l’interazione tra l’azione degli organi giudiziari e le pratiche di
vendetta investiva più piani, gravitanti intorno alla natura pubblica
della vendetta. La legislazione prevedeva che essa potesse aver luogo
legittimamente solo quando l’offesa iniziale fosse stata publica et
manifesta, vale a dire nota alla cittadinanza: tale notorietà poteva
derivare dalla condanna giudiziaria dell’offensore, oppure doveva
essere comprovata, mediante testimoni ante facta, dall’offeso
intenzionato a vendicarsi 289 . Per quanto cancellata dai consigli nel
marzo 1311, la condanna comminata a Leonardo e a Lippo di Cione
Benintendi del popolo di S. Felicita per aver ucciso Chianne di Chele,
per esempio, era esplicitamente lasciata aperta all’eventualità quod
impune possint offendi ab illis qui essent de domo et cippo offensi per eos
290 .
101 Anche per la vendetta andrebbe perciò osservato quanto rimarcato a
proposito della presunta natura «privata» delle paci: entrambe le
pratiche infragiudiziarie attingevano il proprio vigore di relazioni
sociali ordinarie nella stretta interazione con gli altri sistemi e nella
loro conclamata dimensione pubblica. Quanto poteva covare in
silenzio nell’ambito della famiglia, tanto la vendetta doveva essere
consumata in pubblico per assolvere la propria funzione. La massima
pubblicità era l’obiettivo e la condizione essenziale per una sua
compiuta realizzazione. Se gli offensori potevano magari cercare di
colpire all’improvviso o celati – come si evince anche da una
disposizione dello statuto del podestà del 1325 che proibiva i
travestimenti e le mascherate in quanto sospette hominibus hodium
habentibus 291 – la vendetta era il più delle volte nota, non solo ai
protagonisti, ma a tutta la comunità 292 . All’aperto, dunque, in
luoghi urbani di rilievo, e possibilmente in occasioni particolari o in
giornate di festa veniva spesso esercitata l’offesa: «in quello loco
dove la gente era raunata a fare il giuramento del matrimonio [...], sì
che lla mattina della passqua di Risorexio [...], in capo del Ponte
Vecchio» fu, per esempio, ucciso messer Bondelmonte dei
Buondelmonti nella madre di tutte le faide fiorentine, quella del 1216
293 ; i Mannelli offesero i Velluti «in su la piazza del Ponte Vecchio

dal lato d’Oltrarno, [...] il sabbato Santo» 294 ; e i Velluti si


vendicarono «el d’ di San Giovanni di giugno 1295», ritornando la
vittima «da vedere correre il palio [...], ed essendo presso al Ponte
Vecchio meno di 40 braccia dal lato di là nel popolo di Santo Stefano
[...] uscendo sotto le volte» 295 ; Pazzino di Sinibaldo dei Donati
uccise invece «a ghiado messer Betto de’ Brunelleschi, che giucava a
scacchi», il giorno in cui, nel febbraio 1310, si fece «la mostra de’
cavalieri delle cavallaio di Firenze nel Prato d’Ognissanti» 296 ;
mentre «di marzo, all’uscita del mese, la domenica santa» del 1335
Bartolo di Cioppo, e Franceschino di Vitale dei Della Tosa ferirono
Cantino degli Agli 297 .
102 Difficile dunque riconoscere nella vendetta una forma di «giustizia
privata», fonte di disordine sociale, e destinata a essere
progressivamente contenuta ed esautorata da una «giustizia
pubblica» in inevitabile affermazione. Tutt’altro che teleologica, la
realtà comunale era semmai densa di esperienze di interazione. La
legittimazione pubblica del diritto di ritorsione, per esempio, appare
ancora più immediata se analizziamo le conseguenze del bando,
inteso nell’accezione, tra le molte contemplate dalla dottrina dei
secoli xiii e xiv 298 , de expulso de civitate et protectione publica, per
usare le parole di Baldo degli Ubaldi 299 . La conseguenza maggiore
della condanna all’espulsione (la deiectio a civitate) per reati sia
ordinari sia politici consisteva nella perdita di ogni protezione
giuridica – bannire idem est quod dicere quod quilibet possit eum offendere
300 –, tale appunto da consentire a chiunque di offendere

impunemente il bandito, esposto nella persona e nel patrimonio, e


cui era impedito prestare aiuto e ricetto, pena sanzioni di
corresponsabilità 301 .
103 Sulla diffusione della pena del bando negli ordinamenti dei comuni
italiani non è questa la sede per soffermarsi 302 . Basti sottolineare
come il bando si configurasse, per certi aspetti, nella prassi
giudiziaria, a Firenze come altrove, come la forma estrema di
vendetta pubblica 303 . Consentendo la ritorsione sul condannato o
sull’imputato che si rendesse contumace (atto che equivaleva a una
pie-na confessione 304 ), la minorità giuridica conseguente al bando
rendeva di fatto legale ogni vendetta: quod exbanniti a quocumque et
quandocumque impune possint offendi prescriveva, per esempio, a
Firenze, una rubrica degli Ordinamenti di giustizia del 1295 305 ,
mentre un’apposita rubrica degli statuti prevedeva che il bandito
offendatur et offendi possit, scilicet sine pena [...] ad hoc ut malefactores a
maleficiis terreantur 306 .
104 Si è visto come la legislazione fiorentina privasse i banditi del diritto
di esercitare la vendetta: questi erano anche esclusi dalla possibilità
di chiedere una tregua o stipulare una pace privata 307 ; i possibili, e
legittimi, oggetti di ritorsione erano esplicitamente equiparati agli
exbanniti pro maleficio, e ai nemici della pace pubblica 308 . Un paio di
casi bene illustrano tali pratiche. Una provvisione del 1321, che
proibiva di offendere i detenuti nelle carceri del comune, lascia
intravedere, per esempio, nei maleficia que committi consueverunt in
carceribus Communis Florentie maxime contra exbannitos, l’uso invalso di
colpire nemici e avversari addirittura fin dentro alle prigioni 309 .
Nelle strategie di faida, infatti, l’attenzione per la condizione
giuridica dei nemici era sempre vigile: alcuni membri dei Velluti, per
esempio, che dal 1310 avevano una vendetta di sangue in sospeso
con i Berignalli, videro dischiudersi all’inizio degli anni trenta del
Trecento l’occasione giusta per compierla; avendo saputo che Giunta
di Mazzone Berignalli «avea avuto bando, ed era ribandito, e non
s’avea fatto cancellare», e richiesta una copia dell’atto per
accertarsene («feciono levare il bando suo»), «procacciaronlo
d’uccidere»; il fatto poi che, compiuto l’omicidio, essi «trovarono che
in quello mezzo Giunta s’avea fatto cancellare; sì che al tempo che
l’uccisono, il bando era cancellato: e per questa cagione tutti furono
condannati» 310 , dimostra la loro tragica dabbenaggine, che li
apparenta ai personaggi immortalati dalla novellistica coeva, ma
anche come non si esitasse affatto, fino alla precipitazione, ad
approfittare degli effetti del bando per regolare i conti in sospeso.
105 Resta da chiedersi, a fronte di una normativa che regolamentava così
minuziosamente la vendetta, quale fosse il suo reale grado di
applicazione. La perdita degli atti giudiziari rende assai difficile
valutare la capacità del podestà di dichiarare in via preventiva la
legittimità o meno di una vendetta, così come realisticamente
appaiono di incerta applicazione anche i provvedimenti di
isolamento degli individui potenziali oggetti di ritorsione. È
plausibile ritenere che, come per gli altri comportamenti sociali,
l’attività dei rettori giudiziari ebbe molte difficoltà a dare
applicazione alle sentenze, a fare eseguire le condanne, a evitare la
contumacia degli imputati.
106 Gli esempi di conflitti e vendette che abbiamo passato in rassegna
mostrano infatti come le strategie delle parti fossero attente a
cogliere le opportunità offerte dall’interazione con l’azione pubblica,
ma anche libere dai condizionamenti normativi più formali. In certi
casi, la stessa surrogazione delle vendetta con la sanzione penale,
che pure, come abbiamo visto, era teoricamente contemplata dalla
normativa, era ritenuta accessoria dalla parte offesa nelle proprie
strategie di ritorsione: per esempio, quando Ricoverino dei Cerchi
rimase sconciato al viso nello scontro del Calendimaggio 1300 tra la
sua fazione e quella dei Donati 311 , e le autorità comunali si
prodigarono per infliggere rapidamente una «grande condannagione
a’ Pazzi ed agli Spini e a’ Donati» 312 , e in particolare a Giachinotto
e Chierico dei Pazzi 313 , i Cerchi, che non avevano sporto alcuna
denuncia, «non palesoron mai chi si fusse [l’autore], aspettando
farne gran vendetta», come ricorda il cronista Dino Compagni,
testimone diretto degli eventi 314 .
107 Soprattutto, è il ripetersi negli anni delle disposizioni
regolamentatrici della vendetta che lascia trasparire la loro relativa
incidenza. Dalle prime disposizioni del 1295 alla norma successiva
poi integrata negli statuti del 1325, alle provvisioni che le
riproponevano nel 1331 e nel 1334 – e, ancora, alla balìa di
«fortificare et addere» la legislazione conferita alla signoria nel 1338
315 – fino alla rinnovata rubrica statutaria del 1355, appare
evidente la difficoltà di vederle applicate.
108 Nondimeno, è importante sottolineare un altro elemento, e cioè che
tra gli ultimi decenni del Duecento e la prima metà del Trecento
maturarono anche a Firenze le condizioni per una regolamentazione
normativa della vendetta. Difficile individuarne una motivazione
specifica. Più appropriato appare ricondurle ad alcune
trasformazioni sociali, politiche e istituzionali in corso. Di fondo era
in atto un profondo processo di selezione e ricambio del gruppo
dirigente comunale che, muovendo dalla rifondazione corporativa di
«popolo» avviata con il regime delle arti nel 1282, passò per la
magnatizzazione di molti lignaggi potenti per tradizione e ricchezza,
e per l’esclusione politica di altri, finendo col consolidare, pur
attraverso perduranti conflitti e mutamenti di assetto istituzionale
(come le frequenti alternanze del regime comunale con le dedizioni
signorili agli Angiò), un gruppo dirigente guelfo dominato da ricche
famiglie di mercanti, banchieri e artigiani maggiori 316 . Strategiche
in questo processo di ridefinizione degli assetti di potere furono le
risorse giudiziarie, e in particolare le misure antimagnatizie, l’uso
politico del bando e il dispiegarsi del sistema penale, che colpendo
ed escludendo gli avversari politici e rinegoziandone la
reintegrazione, contribuivano come strumenti potenti alla selezione
del gruppo dirigente legittimandone, al contempo, il ruolo e le azioni
317 . Fu in questo periodo che le procedure giudiziarie ex officio

conobbero probabilmente anche a Firenze una diffusione decisa,


proprio perché immediatamente spendibili sul piano politico 318 .
109 È dunque in questo quadro che va collocata anche la legislazione
sulla vendetta che puntava a differenziare le pratiche di ritorsione
da altre forme, non più ritenute legittime, di violenza. Occorre però
fare attenzione a non confondere queste disposizioni con le coeve
misure antimagnatizie, avviate a Firenze negli anni ottanta del
Duecento, formalizzate nel decennio successivo e integrate e
riproposte per tutta la prima metà del Trecento 319 . Esse infatti non
puntavano affatto a delimitare la vendetta – come invece si è a lungo
ritenuto nell’idea che essa fosse attributo peculiare della militia, e
perciò contrastato da parte delle autorità pubbliche 320 – bensì a
contenere e penalizzare la violenza, la «grandigia», dei magnati
soprattutto nei confronti dei popolani e degli impotenti 321 : una
violenza, si intenda, slegata dai meccanismi della vendetta. Da un
lato, nella legislazione antimagnatizia non si trova traccia alcuna di
una regolamentazione della vendetta, e il termine vindicta non vi
compare nemmeno 322 . Dall’altra, la legislazione sulla vendetta era
chiaramente differenziata da apposite disposizioni normative senza
contenuti antimagnatizi. Semmai, come si è visto, erano i lignaggi di
«popolo» ad approfittare delle misure che indebolivano quelli
magnatizzati, come nel caso dei Velluti che compirono la propria
vendetta sui Mannelli proprio nel momento in cui la penalizzazione
giuridica dei magnati era al suo culmine 323 .
NOTE
1. Come già era accaduto in passato – e com’era pratica abituale nei rivolgimenti politici –
per esempio, nel 1295, quando nei conflitti tra le fazioni fu preso d’assalto il tribunale del
podestà e «li atti et processi» del rettore in carica e del predecessore «fuoro stracciati et
rubati et portati via», e chi «avesse suo processo in corte, andò a stracciarlo», come
ricordano i cronisti contemporanei: cf., rispettivamente, P. Pieri, Cronica delle cose d’Italia
dall’anno 1080 all’anno 1305, ed. A. F. Adami, Roma, 1755, p. 58, e Dino Compagni, La cronica
delle cose occorrenti ne’ tempi suoi, ed. I. Del Lungo, 2 vol., Città di Castello, 1913-1916 (RR.II.SS.,
IX/2), l. I, cap. XVI, p. 47. Sulle distruzioni documentarie, cfr. ora A. De Vincentiis, Memorie
bruciate. Conflitti, documenti, oblio nelle città italiane del tardo medioevo, in Bullettino dell’Istituto
storico italiano per il medio evo e Archivio muratoriano, 106, 2004, p. 167-198.
2. Cf. Marchionne di Coppo Stefani, Cronaca fiorentina, ed. N. Rodolico, Bologna, 19552
(RR.II.SS., XXX/1), r. 578, p. 205-206. Cf. anche A. De Vincentiis, Memorie bruciate... cit., p. 227
s. per le distruzioni alla caduta del duca d’Atene.
3. Sulla giustizia consolare a Firenze, attestata dal 1172 e documentata da poche decine di
pergamene, cf. D. De Rosa, Alle origini della repubblica fiorentina. Dai consoli al «primo popolo»
(1172-1260), Firenze, 1995, p. 32-33 e 185-187; Ch. Wickham, Legge, pratiche e conflitti. Tribunali
e risoluzione delle dispute nella Toscana del xii secolo, Roma, 2000, p. 281-283. I documenti sono
per lo più editi in Documenti sull’antica costituzione del comune di Firenze, ed. P. Santini,
Firenze, 1895, passim.
4. Del 1227 è la prima attestazione di un liber exbannitorum redatto dai notai del podestà: cf.
ibidem, p. 254. Si ha poi notizia di quaterni comunis tenuti nelle curie al civile del podestà per
gli anni 1225-1228 (ibidem, p. 252-254), e, dopo la riforma delle curie – che nel 1236 ne
stabilizzò una al civile per ognuno dei sestieri urbani e una ai malefici ogni due sestieri –, si
hanno attestazioni di actis et quaternis denuntiationum nel 1242 (ibidem, p. 294), di un liber
libellorum et confessionum della curia appellationum nel 1243 (ibidem, p. 300) e di quaterni et
actis dei giudici assessori del podestà nel 1244 (ibidem, p. 314).
5. Per una prima descrizione dei fondi giudiziari fiorentini del periodo repubblicano
conservati nel locale Archivio di Stato, cf. Guida generale degli Archivi di Stato italiani, II, Roma,
1983, p. 59-63; e il Sistema informatico dell’Archivio di Stato di Firenze [SiAsfi],
<http://www.archiviodistato.firenze.it/siasfi/>, alle voci Fondi preunitari – istituzioni
giudiziarie.
6. Per una prima descrizione dei fondi giudiziari di Bologna e Perugia, cf., rispettivamente,
Guida generale degli Archivi di Stato italiani, I, Roma, 1981, p. 571-574, e III, Roma, 1986, p. 491-
492. Per quelli perugini, cf. anche S. Schioppa, Le fonti giudiziarie per una ricerca sulla
criminalità a Perugia nel Duecento, in Ricerche su Perugia tra Due e Quattrocento, Perugia, 1981, p.
59-144; e M. Vallerani, Fonti e studi su istituzioni giudiziarie, giustizia e criminalità nell’Umbria,
nelle marche e nel Lazio del basso Medioevo, in Ricerche storiche, 19, 1989, p. 412 s.
7. Per un panorama della documentazione e degli studi sulla giustizia nelle città italiane del
tardo medioevo, rinvio a A. Zorzi, Giustizia criminale e criminalità nell’Italia del tardo Medioevo:
studi e prospettive di ricerca, in Società e storia, 12, 1989, p. 923-965, e a Id., Introduzione a
questo volume, note 26 s.
8. Che sono state invece condotte per il periodo successivo: della ricca bibliografia, mi
limito a rammentare U. Dorini, Il diritto penale e la delinquenza in Firenze nel sec. xiv, Lucca, s.d.
[ma 1923]; M. B. Becker, Changing patterns of violence and justice in fourteenth and fifteenth
century Florence, in Comparative studies in society and history, 18, 1976, p. 281-296; A. Zorzi
(ed.), Istituzioni giudiziarie e aspetti della criminalità nella Firenze tardomedievale, numero
monografico di Ricerche storiche, 18, 1988, no 3; L. Ikins Stern, The criminal law system of
medieval and Renaissance Florence, Baltimore, 1994, p. 74-114; e A. Zorzi, L’amministrazione
della giustizia penale nella Repubblica fiorentina. Aspetti e problemi, Firenze, 1988; Id., The judicial
system in Florence in the fourteenth and fifteenth centuries, in T. Dean e K. J. P. Lowe (a cura di),
Crime society and the law in Renaissance Italy, Cambridge, 1994, p. 40-58; Id., Progetti, riforme e
pratiche giudiziarie a Firenze alla fine del Quattrocento, in R. Fubini (a cura di), La Toscana al
tempo di Lorenzo il Magnifico. Politica, economia, cultura, arte, II, Pisa, 1996, p. 1323-1342; Id., La
giustizia al tempo di Savonarola. Rappresentazioni culturali e pratiche politiche, in Girolamo
Savonarola. L’uomo e il frate, Spoleto, 1999, p. 191-245.
9. Rinviando alla Introduzione a questo volume per ulteriori approfondimenti bibliografici,
mi limito qui a indicare alcuni titoli significativi delle nuove tendenze storiografiche in
questo campo degli studi: V. A. C. Gatrell, B. Lenman e G. Parker (a cura di), Crime and the
law. The social history of crime in Western Europe since 1500, Londra, 1980; J. Bossy (a cura di),
Disputes and settlements. Law and human relations in the West, Cambridge, 1983; W. Davies e P.
Fouracre (a cura di), The settlement of disputes in early medieval Europe, Cambridge, 1986; B.
Garnot (a cura di), L’infrajudiciaire du Moyen Âge à l’époque contemporaine, Digione, 1996; C.
Emsley e L. A. Knafla (a cura di), Crime history and histories of crime. Studies in the
historiography of crime and criminal justice in modern history, Londra, 1996; Le règlement des
conflits au Moyen Âge, Parigi, 2001; M. Bellabarba, G. Schwerhoff e A. Zorzi (a cura di),
Criminalità e giustizia in Germania e in Italia. Pratiche giudiziarie e linguaggi giuridici tra tardo
medioevo ed età moderna, Bologna, 2001. Cf. anche le rassegne di X. Rousseaux, Existe-t-il une
criminalité d’Ancien Régime (xiii-xviiie s.)? Réflexions sur l’histoire de la criminalité en Europe, in
B. Garnot e R. Fry (a cura di), Histoire et criminalité de l’Antiquité au e siècle. Nouvelles
xx

approches, Digione, 1992, p. 123-166; Id., Genèse de l’état et justice pénale (xiiie-xviiie siècle).
Contribution pour une histoire de la justice, in V. Tamayo Salaberría (a cura di), De la Res publica
a los Estados modernos, Bilbao, 1992, p. 235-259; Id., Crime, justice and society in medieval and
early modern times. Thirty years of crime and criminal justice history. A tribute to Herman Diederiks,
in Crime, histoire & sociétés, 1, 1997, p. 87-118; e La storia della giustizia. Orientamenti della ricerca
internazionale, in Ricerche storiche, 26/1, 1996, p. 97-160.
10. Sul pluralismo giudiziario nei regimi comunali italiani, cf. quanto già in A. Zorzi, Politica
e giustizia a Firenze al tempo degli Ordinamenti antimagnatizi, in Ordinamenti di giustizia fiorentini.
Studi in occasione del VII centenario, Firenze, 1995, p. 106-109; Id., Conflits et pratiques
infrajudiciaires dans les formations politiques italiennes du xiiie au xve siècle, in L’infrajudiciaire...
cit., p. 24 s. Sul pluralismo del diritto nelle società storiche, cf. anche P. Stein, I fondamenti
del diritto europeo [1984], Milano, 1987; e N. Rouland, Aux confins du droit, Parigi, 1991.
11. Sulla giustizia dei consoli comunali, cf. le indagini condotte sul Milanese e sulla Toscana,
rispettivamente, da A. Padoa Schioppa, Aspetti della giustizia milanese dal x al xii secolo, in
Milano e il suo territorio in età comunale, Spoleto, 1989, p. 459-549, e da Ch. Wickham, Legge,
pratiche e conflitti... cit.
12. Sulle due fasi ho proposto una prima riflessione anche in A. Zorzi, Negoziazione penale,
legittimazione giuridica e poteri urbani nell’Italia comunale, in Criminalità e giustizia in Germania e
in Italia... cit., p. 14-24.
13. Cf. J.-C. Maire Vigueur, L’ufficiale forestiero, in Ceti, modelli, comporta-menti nella società
medievale (secc. xiii-metà xiv), Pistoia, 2001, p. 55-77; e Id., Conclusione: flussi, circuiti, profili, in
J.-C. Maire Vigueur (a cura di), I podestà dell’Italia comunale. Parte I – Reclutamento e circolazione
degli ufficiali forestieri (fine xii sec.-metà xiv sec.), Roma, 2000, p. 897-1099.
14. Sul sistema politico podestarile, cf. E. Artifoni, Tensioni sociali e istituzioni nel mondo
comunale, in La storia. I grandi problemi dal Medioevo all’Età contemporanea, II: Il Medioevo. 2.
Popoli e strutture politiche, Torino, 1986, p. 479-481; Id., Città e comuni, in Storia medievale,
Roma, 1998, p. 376-379.
15. Cf. P. Fiorelli, Accusa e sistema accusatorio (Diritto romano e intermedio), in Enciclopedia del
diritto, Milano, I, 1958, p. 330-334; A. Giuliani, L’ordo judiciarius medioevale. Riflessioni su un
modello puro di ordine isonomico, in Rivista di diritto processuale, 43, 1988, p. 598-614; e M.
Vallerani, Conflitti e modelli procedurali nel sistema giudiziario comunale. I registri di processi di
Perugia nella seconda metà del xiii secolo, in Società e storia, 48, 1990, p. 267-299; Id., I processi
accusatori a Bologna fra Due e Trecento, ibidem, 78, 1997, p. 741-788; e ora anche Id., Procedura e
giustizia nelle città italiane del basso medioevo (xii-xiv secolo), in questo volume.
16. Id., Il sistema giudiziario del comune di Perugia. Conflitti, reati e processi nella seconda metà del
secolo, Perugia, 1991, p. 31. A Bologna, tra 1285 e 1300, la percentuale delle accuse
xiii
conclusesi in condanna oscillò tra l’8 e il 21 %, con una media inferiore al 17 %: cf. Id., I
processi accusatori... cit., p. 776-777.
17. Vallerani, per esempio, ha calcolato nel 30 % le cause abortite negli anni ottanta a
Bologna per l’incapacità dell’accusatore di proseguire il confronto, di reperire i fideiussori:
Id., I processi accusatori... cit., p. 767. Su questi aspetti, cf. anche ibidem, p. 762-763, e Id.,
L’amministrazione della giustizia a Bologna in età podestarile, in Atti e memorie della Deputazione di
storia patria per le Province di Romagna, 43, 1992, p. 312-313.
18. Per Perugia, cf. Id., Il sistema giudiziario... cit., p. 60; per Bologna, Id., I processi accusatori...
cit., p. 777.
19. G. Salvioli parlò non a caso di «carattere delittuoso» della contumacia: cf. Id., Storia della
procedura civile e criminale, in Storia del diritto italiano, ed. P. Del Giudice, Milano, 1927, III/II,
p. 396-397: «l’inosservanza alla citazione per rispondere di un delitto o di una semplice
obbligazione civile apparve disobbedienza agli ordini del magistrato».
20. Esemplari superstiti si hanno, per esempio, per Alba, Perugia, Bologna e altri comuni: cf.
rispettivamente, L. Baietto, Scrittura e politica. Il sistema documentario dei comuni piemontesi
nella prima metà del secolo xiii (Parte I), in Bollettino storico-bibliografico subalpino, 98/1, 2000,
testo corrispondente da nota 132 in poi; A. Bartoli Langeli e M. P. Corbucci, I «libri dei
banditi» del comune di Perugia (1246-1262), in Bollettino della Deputazione di storia patria per
l’Umbria, 75, 1978, p. 123-380; e G. Milani, Prime note su disciplina e pratica del bando a Bologna
attorno alla metà del secolo xiii, in MEFRM, 109, 1997, p. 504-505; Id., L’esclusione dal Comune.
Conflitti e bandi politici a Bologna e in altre citta italiane tra xii e xiv secolo, Roma, 2003, p. 136. Cf.
anche P. R. Pazzaglini, The criminal ban of the Sienese commune. 1225-1310, Milano, 1979, p. 48-
49; per una panoramica sulla documentazione, P. Torelli, Studi e ricerche di diplomatica
comunale [1911-1915], Roma, 1980, p. 255-271.
21. Uno sviluppo che è stato studiato nei primi decenni del Novecento da H. U. Kantorowicz,
Albertus Gandinus und das Strafrecht des Scholastik, I, Berlino-Lipsia, 1907, principalmente sulla
documentazione bolognese, e, in anni recenti, da Massimo Vallerani (tra i molti suoi titoli,
cf. soprattutto Il sistema giudiziario... cit.) su quella perugina – non a caso, sui due grandi
archivi superstiti.
22. Grazie a una serie di ricerche recenti, di cui mi limito a ricordare solo P. Cammarosano,
Italia medievale. Struttura e geografia delle fonti scritte, Roma, 1991; la relativa discussione di J.-
C. Maire Vigueur, Révolution documentaire et révolution scripturaire: le cas de l’Italie médiévale, in
Bibliothèque de l’École des chartes, 153, 1995, p. 177-185; e i saggi raccolti in H. Feller e Th.
Behrmann (a cura di), Kommunales Schriftgut in Oberitalien. Formen, Funktionen, Überlieferung,
Monaco, 1995; e G. Albini (a cura di), Le scritture del comune. Amministrazione e memoria nelle
città dei secoli xii e xiii, Torino, 1998.
23. Ripropongo, in sintesi, alcuni elementi di riflessione che ho svolto più distesamente,
sulla base del caso fiorentino, in A. Zorzi, I rettori di Firenze. Reclutamento, flussi, scambi (1193-
1313), in I podestà dell’Italia comunale... cit., p. 513-516.
24. Cf. gli esempi, per Viterbo, in E. Artifoni, Tensioni sociali... cit., p. 480; per Perugia, in J.-C.
Maire Vigueur, Justice et politique dans l’Italie communale de la seconde moitié du xiiie siècle:
l’exemple de Pérouse, in Comptes rendus de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, 1986, p.
315-316; e Id., Il comune popolare, in Società e istituzioni dell’Italia comunale: l’esempio di Perugia
(secoli xii-xiv), I, Perugia, 1988, p. 52-54; e, per Firenze, in A. Zorzi, I rettori di Firenze... cit., p.
532-533.
25. Sul processo di magnatizzazione, rinvio a A. Zorzi, Politica e giustizia a Firenze... cit., p.
134-138; e Id., Negoziazione penale... cit., p. 20, 25-26. Sulla legislazione antimagnatizia
rimangono fondamentali le ricerche di G. Fasoli, Ricerche sulla legislazione antimagnatizia nei
comuni dell’alta e media Italia, in Rivista di storia del diritto italiano, 12, 1939, p. 86-133 e 240-309;
cf. anche Magnati e popolani nell’Italia comunale, Pistoia, 1997.
26. Sul quale cf. P. R. Pazzaglini, The criminal ban of the Sienese commune... cit.; e ora G. Milani,
L’esclusione dal Comune... cit.; e Id., Giuristi, giudici e fuoriusciti nelle città italiane del Duecento:
note sul reato politico comunale, in questo volume.
27. Dalle grandi storie del diritto italiano di fine Ottocento fino alla recente sintesi di E.
Dezza, Accusa e inquisizione dal diritto comune ai codici moderni, Milano, 1989.
28. Cf., per un primo inquadramento non linitato alle città italiane, X. Rousseaux, Initiative
particulière et poursuite d’office. L’action pénale en Europe (xiie-xviiie siècles), in IAHCCJ Bulletin, 18,
1993, p. 58-92.
29. Come ha mostrato Vallerani sulla documentazione giudiziaria perugina e bolognese: cf.
Id., Il sistema giudiziario... cit., p. 122-125; e Id., L’amministrazione della giustizia... cit., p. 305-
308; e, soprattutto, ora Id., Procedura e giustizia nelle città italiane... cit.
30. Come ha sottolineato M. Sbriccoli, Vidi communiter observari. L’emersione di un ordine
penale pubblico nelle città italiane del secolo xiii, in Quaderni fiorentini per la storia del pensiero
giuridico, 27, 1998, p. 239.
31. Cf. P. Fiorelli, La tortura giudiziaria nel diritto comune, 2 vol., Milano, 1953-1954; M.
Sbriccoli, Tormentum idest torquere mentem. Processo inquisitorio e interrogatorio per tortura
nell’Italia comunale, in J.-C. Maire Vigueur e A. Paravicini Baggiani (a cura di), La parola
all’accusato, Palermo, 1991, p. 17-32; Id., Crimen lesae maiestatis. Il problema del reato politico
alle soglie della scienza penalistica moderna, Milano, 1974.; F. Migliorino, Fama e infamia.
Problemi della società medievale nel pensiero giuridico nei secoli xii e xiii, Catania, 1985.
32. Sulla quale, cf. A. Zorzi, Negoziazione penale... cit., p. 19, 21-24; e M. Sbriccoli, Giustizia
negoziata, giustizia egemonica. Riflessioni su una nuova fa-se degli studi di storia della giustizia
criminale, in Criminalità e giustizia in Germa-nia e in Italia... cit., p. 345-364. Cf. anche X.
Rousseaux, De la négociation au procès pénal: la gestion de la violence dans la société médiévale et
moderne (500-1800), in Ph. Gerard, F. Ost e M. Van de Kerchove (a cura di), Droit négocié, droit
imposé?, Bruxelles, 1996, p. 273-312.
33. Rinvio ad A. Zorzi, Politica e giustizia a Firenze... cit., p. 144-147.
34. Alberto da Gandino, Tractatus de maleficiis, in H. U. Kantorowicz, Albertus Gandinus und
das Strafrecht... cit., II, Berlino-Lipsia, 1926. Sulla biografia, cfr. ibidem, p. 49-62 e 373-404; F.
Cordero, Criminalia. Nascita dei sistemi penali, Roma-Bari, 1985, p. 182 s.; M. Sbriccoli, Vidi
communiter observari... cit., p. 231-268; e D. Quaglioni, Alberto Gandino e le origini della
trattatistica penale, in Materiali per una storia della cultura giuridica, 29, 1999, p. 49-63.
35. Cf. supra, nota 16.
36. Sulle quali, cf. A. Zorzi, Politica e giustizia a Firenze... cit., p. 107-108.
37. Sulla quale, cf. A. Zorzi, La faida Cerchi-Donati, in Id., La trasformazione di un quadro politico.
Ricerche su politica e giustizia a Firenze dal comune allo Stato territoriale, Firenze, 1995, p. 61-86.
Sempre utile anche I. Del Lungo, I Bianchi e i Neri. Pagine di storia fiorentina da Bonifazio VIII ad
Arrigo VII per la vita di Dante, Milano, 19212.
38. Cf. il profilo in E. P. Vicini, I podestà di Modena (1156-1796). I. (1156-1336), Roma, 1913, p.
108-111.
39.Ibidem, p. 162-163.
40. Come il ravennate Bernardino da Polenta o il ferrarese Rinaldo di Marcaria: cf. ibidem, p.
175 e 196-197.
41. Sui libri di famiglia, cf. almeno F. Pezzarossa, La tradizione fiorentina della memorialistica,
in G. M. Anselmi, F. Pezzarossa e L. Avellini, La «memoria» dei mercatores. Tendenze
ideologiche, ricordanze, artigianato in versi nella Firenze del Quattrocento, Bologna, 1980, p. 39-
149; A. Cicchetti e R. Mordenti, La scrittura dei libri di famiglia, in Letteratura italiana, 3/2,
Torino, 1984, p. 1117-1159; e G. Cherubini, I «libri di ricordanze» come fonte storica [1989], in
Id., Scritti toscani. L’urbanesimo medievale e la mezzadria, Firenze, 1991, p. 269-287.
42. Sui Della Tosa, cf. le notizie in S. Raveggi, M. Tarassi, D. Medici e P. Parenti, Ghibellini,
guelfi e popolo grasso. I detentori del potere politico a Firenze nella seconda metà del Dugento,
Firenze, 1978, ad indicem; C. Lansing, The Florentine magnates. Lineage and faction in a medieval
commune, Princeton, 1991, ad indicem; le voci nel Dizionario biografico degli italiani, 37, Roma,
1989; e nella Enciclopedia dantesca, V, Roma, 1976. Sugli Strinati, cf. le notizie in S. Raveggi et
al., Ghibellini, guelfi e popolo grasso... cit., ad indicem; e C. Lansing, The Florentine magnates... cit.,
ad indicem.
43. Neri di Alfieri Strinati, Cronichetta, in Pace di Iacopo da Certaldo, Storia della guerra di
Semifonte, ed. R. A. Martini, Firenze, 1753, p. 97.
44. Sul quale, cf. R. Davidsohn, Storia di Firenze [1896-1927], 8 vol., IV, Firenze, 1973, p. 274 s.
e 287 s.; I. Del Lungo, I Bianchi e i Neri... cit., p. 247-281; e ora G. Milani, L’esclusione dal
Comune.... cit., p. 416-423.
45. N. Strinati, Cronichetta... cit., p. 103. È curioso come questo testo, pervaso dal sentimento
dell’esilio e ricco di spunti e informazioni, sia passato finora inosservato nelle ricerche che
anche recentemente sono si occupate del tema.
46. N. Strinati, Cronichetta... cit., p. 100.
47. Sulla pace del 1267, cf. anche R. Davidsohn, Storia di Firenze... cit., II, p. 838 s.
48. N. Strinati, Cronichetta... cit., p. 110.
49.Ibidem, p. 116.
50.Ibidem, p. 121.
51. Famiglia, in quell’epoca, di recente tradizione politica: di origine popolana, arricchitasi
nel corso del secolo xiii con l’usura, primeggiò nel regime di «po-polo» successivo agli
Ordinamenti di giustizia, anche perché riuscì a evitare la proscrizione non contando
cavalieri nella propria stirpe: cf., ad indicem, le notizie in S. Raveggi e altri, Ghibellini, guelfi e
popolo grasso... cit., in particolare le p. 148 s.; R. Davidsohn, Storia di Firenze... cit.,; e J. M.
Najemy, Corporatism and consensus in florentine electoral politics, 1280-1400, Chapel Hill, 1982.
52. N. Strinati, Cronichetta... cit., p. 121. Sull’eco del saccheggio di Acri nella memorialistica
fiorentina, cf. anche Cronica fiorentina compilata nel secolo xiii, in A. Schiaffini (a cura di), Testi
fiorentini del Dugento e dei primi del Trecento, Firenze, 1954, p. 137, e P. Pieri, Cronica... cit., p.
54.
53. N. Strinati, Cronichetta... cit., p. 116-117.
54.Ibidem, p. 117.
55.Ibidem, p. 119.
56. Sui Tornaquinci, cf. le notizie in S. Raveggi e altri, Ghibellini, guelfi e popolo grasso... cit., ad
indicem (in particolare le p. 110 s.); e R. Davidsohn, Storia di Firenze... cit., ad indicem.
57. Su questo episodio, cf. ibidem, II, p. 857 s.; e M. Tarassi, Il regime guelfo, in S. Raveggi et al.,
Ghibellini, guelfi e popolo grasso... cit., p. 94-95.
58. N. Strinati, Cronichetta... cit., p. 106-107.
59.Ibidem, p. 110-111.
60. «Fu cagione che ’l Banco di messer Belfradello uccise uno figliuolo del detto ser Aliotto
[...]. Renderonci pace per quella forma che l’altre pace si faceano, per costringimento del
detto Cardinale, e questa carta faceva e fece un notaio da Prato, il quale era notaio del detto
legato Cardinale»: N. Strinati, Cronichetta... cit., p. 110-111.
61.Ibidem, p. 110.
62. Sull’autore, cf. anche F. Allegrezza, Della Tosa Simone, in Dizionario biografico degli italiani,
XXXVII, Roma, 1989, p. 708-710.
63. Sugli Agli, cf. le notizie in S. Raveggi et al., Ghibellini, guelfi e popolo grasso... cit., ad indicem;
e R. Davidsohn, Storia di Firenze... cit., ad indicem.
64. Simone Della Tosa, Annali, in Cronichette antiche di varj scrittori del buon secolo della lingua
toscana, ed. D. M. Manni, Firenze, 1733, rispettivamente p. 165 e 166.
65.Ibidem, p. 166.
66.Ibidem, p. 167.
67. Sulla relativa applicazione di tali misure, cf. A. Zorzi, Politica e giustizia a Firenze... cit., p.
139-141. Per il periodo successivo, cf. anche Ch. Klapisch-Zuber, Vrais et faux magnats.
L’application des Ordonnances de Justice au xive siècle, in Magnati e popolani nell’Italia comunale...
cit., p. 273-291.
68. S. Della Tosa, Annali... cit., p. 163-166.
69. Come, per esempio, la faida tra i Cerchi e i Donati: cf. A. Zorzi, La faida Cerchi – Donati...
cit., p. 78-84.
70. N. Strinati, Cronichetta... cit., p. 106-107.
71.Ibidem, p. 126-127.
72. S. Della Tosa, Annali... cit., p. 163. Sui Gianfigliazzi, casato guelfo di tradizione recente,
ma ricchissimo per le attività mercantili e usuraie, cf. le notizie in S. Raveggi e altri,
Ghibellini, guelfi e popolo grasso... cit., ad indicem (in particolare le p. 137 s.); R. Davidsohn,
Storia di Firenze... cit., ad indicem; e A. D’Addario, Gianfigliazzi, in Enciclopedia dantesca, III,
Roma, 1971, p. 153.
73. Secondo una persistente tradizione degli studi, che va da N. Rubinstein, La lotta contro i
magnati a Firenze. II. Le origini della legge sul «sodamento», Firenze, 1939, p. 43 s. e 51 s.; a M. B.
Becker, A study in political failure: the Florentine magnates (1280-1343), in Medieval studies, XXVII,
1965, p. 248 s.; Ph. Jones, Comuni e signorie: la città-stato nell’Italia tardomedievale, in Id.,
Economia e società nell’Italia medievale, Torino, 1980, p. 514-515; e, più recentemente, a C.
Lansing, The Florentine magnates... cit., p. 164 s. e 184 s.; e a J.-C. Maire Vigueur, Cavaliers et
citoyens. Guerre, conflits et société dans l’Italie communale, xiie-xiiie siècles, Parigi, 2003, p. 307-
335, in particolarep. 329 s., per limitarsi alle ricerche più significative.
74. Si veda, per esempio, un’altra memoria familiare di vendette come il Libro degli affari
proprii di casa di Lapo di Giovanni Niccolini de’ Sirigatti, riedito in Ricordi nella Firenze tra
medioevo e rinascimento, ed.V. Branca, Milano, 1986, p. 567-569, per il ricordo della vendetta
che la famiglia, popolana, si prese contro gli Scolari, magnati, alla fine del Duecento, poi
composta con un matrimonio di pacificazione.
75. Dati confermati da notizie sparse che si hanno per altre città: cf. A. Zorzi, Conflits et
pratiques infrajudiciaires... cit., p. 22-23.
76. Una rappresentazione sociale che si è poi trasformata in un’interpretazione culturale
trasmessa alla stessa storiografia dei giorni nostri: per una prima analisi dell’elaborazione
negativa promossa dai cronisti popolani, cf. A. Zorzi, Politica e giustizia a Firenze... cit., p. 136-
138. Sull’immagine negativa del magna-te, cf. anche S. Gasparri, I milites cittadini. Studi sulla
cavalleria in Italia, Roma, 1992, p. 128-131.
77. Donato Velluti, La cronica domestica, ed. I. Del Lungo e G. Volpi, Firenze, 1914, p. 10 s.
78. A. Zorzi, Politica e giustizia a Firenze... cit., p. 110-113, cui rinvio anche per i riferimenti ai
singoli individui qui di seguito citati. Su questa vendetta, ma con altre chiavi interpretative,
cf. anche I. Del Lungo, Una vendetta in Firenze il giorno di San Giovanni del 1295, in Archivio
storico italiano, s. IV, t. XVIII, 1886, p. 355-409; Ch. Klapisch-Zuber, Les soupes de la vengeance.
Les rites de l’alliance sociale, in J. Revel e J.-C. Schmitt (a cura di), L’ogre historien. Autour de
Jacques Le Goff, Parigi, 1998, p. 259-281.
79. Sul quale, cf. Ch. Bec. Les marchands écrivains. Affaires et humanisme à Florence, 1375-1434,
Parigi, 1967, p. 95-96.
80. Paolo da Certaldo, Libro di buoni costumi, in V. Branca (a cura di), Mercanti scrittori,
Milano, 1986, p. 54.
81.Ibidem, p. 24.
82.Ibidem, p. 75.
83. N. Strinati, Cronichetta... cit., p. 110.
84. D. Velluti, La cronica domestica... cit., p. 20-21.
85. Per un’introduzione al notariato fiorentino, cf. ora Il notaio nella civiltà fiorentina. Secoli
xiii-xvi,
Firenze, 1984; e F. Sznura, Per la storia del notariato fiorentino: i più antichi elenchi
superstiti dei giudici e dei notai fiorentini (anni 1291 e 1338), in T. De Robertis e G. Savino (a cura
di), Tra libri e carte. Studi in onore di Luciana Mosiici, Firenze, 1998, p. 437-515. Per un quadro
generale italiano, cf. G. Tamba, Instrumenti e imbreviature negli Archivi di Stato italiani, in Id.,
Una corporazione per il potere. Il notariato a Bologna in età comunale, Bologna, 1998, p. 173-195.
86. A fronte cioè di una forte corrente di studi che tende a interpretare le pratiche
dell’inimicizia, dell’odio e della vendetta, come peculiari dei gruppi sociali dominanti, e per
la quale cf. la bibliografia citata supra, nota 73.
87. Fondamentali sono, in questo senso, le interpretazioni «processualistiche» delle
relazioni sociali: cf. S. Roberts, Order and dispute. An introduction to legal anthropology,
Harmondsworth, 1979; N. Rouland, Anthropologie juridique, Parigi, 1988; e J. Starr e J. F.
Collier (a cura di), History and power in the study of law. New directions in legal anthropology,
Ithaca, 1989.
88.Collectio chartarum pacis privatae Medii Aevi ad regionem Tusciae pertinentium, ed. G. Masi,
Milano, 1943.
89. Ser Matteo di Biliotto notaio, M. Soffici e F. Sznura (a cura di), Imbreviature, I registro
(anni 1294-1298), Firenze, 2002.
90. Cf. F. Sznura, Introduzione, in ibidem, in particolare le p. xi-xix e lviii-lxi. Per gli atti in cui
compare Neri Strinati, cf. ibidem, ad indicem.
91.Ibidem, doc. 638, p. 605-606.
92.Ibidem, doc. 639, p. 606.
93.Ibidem, doc. 640, p. 607.
94.Ibidem, doc. 641, p. 607.
95. Per altre paci rogate da ser Matteo, cf. ibidem, doc. 87, 103, 133 (questa con protagonista
un prete), rispettivamente p. 83-84, 96, 129-130, e altri atti passim.
96.Biagio Boccadibue (1298-1314). I. (1298-1309), ed. L. De Angelis, E. Gigli e F. Sznura, Pisa, 1978-
1986.
97. Cf. ibidem, p. viii-xii.
98.Ibidem, rispettivamente doc. 135 e 136, p. 140-141.
99. Cf., rispettivamente, Ranieri da Perugia, Ars notaria, ed. A. Gaudenzi, in Bibliotheca
iuridica Medii Aevi, Scripta anecdota glossatorum, II, Bononiae, 1892, p. 35, cap. CXXI, De pace;
Salatiele, Ars notarie, ed. A. Orlandelli, Milano, 1961, p. 305; Rolandino dei Passeggeri, Summa
totius artis notarii, Venetiis, 1546, VI, De conpromissis, r. Instrumentum pacis et concordiae.
100.Un formulario notarile fiorentino della metà del Dugento, ed. S. P. P. Scalfati, Firenze, 1997, p.
86.
101. Archivio di Stato di Firenze [= ASFI], Provvisioni. Registri, [= PR] 9, c. 165r-167r, 24 marzo
1298 (stile fiorentino)/1299; vendita all’incanto delle gabelle. Sulla gabella delle risse cf.
anche R. Davidsohn, Storia di Firenze... cit., V, p. 218-219.
102. Che Giovanni Villani, Nuova cronica, ed. G. Porta, 3 vol.Parma, 1990-1991, III, p. 194, l.
XII, cap. XCII, peraltro, non seppe quantificare, là dove nel testo la cifra non è indicata: «La
gabella delle zuffe a man vote fiorini... d’oro».
103. «Dio volle che colui che vuol esser perfetto questa cotale ragione contra ’l nemico non
usi, né si difenda da lui. Onde dice il Vangelio di colui che vuole esser perfetto: ‘Chi ti dà
nell’una gota, para l’altra; e chi ti vuol tòrre la gonnella, dagli con essa la guarnacca’«
ricorda, per esempio, la letteratura pedagogica coeva, come Il libro de’ vizî e delle virtudi di
Bono Giamboni, attivo a Firenze come giudice nella curia civile del podestà del sesto di Por
San Piero tra il 1261 e il 1291: cf. Bono Giamboni, Il libro de’ vizî e delle virtudi e il trattato di
virtù e di vizi, ed. C. Segre, Torino, 1968, LXXI, Delli ammonimenti della Iustizia. Peraltro, nello
stesso trattato, la Vendetta è intesa come «virtù per la quale l’uomo contasta al nimico, che
no li faccia né forza né ingiuria, difendendosi da lui», e l’autore discetta, per voce della
Giustizia, su come «il nemico [è obligato] al nemico naturalmente per via di vendetta»: cf.
ibidem. Per un’analisi della cultura della vendetta in questo e in altri testi pedagogico-morali
di età comunale, rinvio a A. Zorzi, La cultura della vendetta nel conflitto politico in età comunale,
in R. Delle Donne e A. Zorzi (a cura di), Le storie e la memoria. In onore di Arnold Esch, Firenze,
2002 (anche on line <http://www.rm.unina.it/ebook/estratti/zorzi.zip> [link attivo nel
luglio 2005]), p. 140-142, in particolare per Bono Giamboni.
104. Sulla natura contrattuale dell’instrumentum pacis, cf. A. M. Enriques, La vendetta nella
vita e nella legislazione fiorentina, in Archivio storico italiano, 91, 1933, p. 98.
105. Come, per esempio, nei documenti del secolo xii pubblicati in Collectio chartarum pacis
privatae... cit., p. 20, 25, 28 e passim, dove oggetto della contropartita erano appezzamenti di
terra, pellicce, etc.
106. Cf. N. Ottokar, Le citta francesi nel medioevo, Firenze, 1926, p. 148 s.
107. E ciò per volontà delle parti. Nella pace stesa tra gli Adimari e i Peruzzi nel 1312
attraverso il matrimonio tra due rampolli delle casate, per esempio, «fue nel patto che ne
avesse di dote [...] 1.800 fiorini d’oro», annotò il padre della sposa, Giotto Peruzzi, nel suo
libro di conti, aggiungendovi: «il qual patto non si mise nella carta della promissione ma
rimase nella coscienza dei [mediatori e amichevoli compositori della pace] messer Giovanni
[Boscoli] e Duccio [Magalotti] per volontà delle parti»: cf. S. L. Peruzzi, Storia del commercio e
dei banchieri di Firenze in tutto il mondo conosciuto dal 1200 al 1345, Firenze, 1868, p. 388-389, che
ne edita alcuni brani.
108. Cf. ibidem, p. 363.
109.Cronica fiorentina... cit., p. 141.
110. Esempi in ASFI, Notarile antecosimiano [= NA], 995, c. 25r (protocolli di Attaviano di
Chiaro); NA, 4111, c. 64v, 76v, 82r (protocolli di Gioavanni Cantapochi). Cf. anche Diplomatico,
Archivio generale [= DAG], 1334 (stile fiorentino)/1335, marzo 7.
111. Cf. Statuti della repubblica fiorentina., Statuto del podestà dell’anno 1325, ed. R. Caggese
[1910-1921], n.e., con introduzioni di G. Pinto, F. Salvestrini e A. Zorzi, Firenze, 1999, l. III, r.
XXII, p. 176-177, De puniendo qui ruperit pacem: si tratta di una provvisione del gennaio 1283
inserita nel corpus statutario.
112. Cf. ASFI, PR, 15, c. 65r-70v, 12 luglio 1317.
113. Cf. qualche caso ricordato in C. Lansing, The Florentine magnates... cit., p. 126 s.
114. N. Strinati, Cronichetta... cit., p. 110.
115. G. Villani, Nuova cronica... cit., I, p. 437, l. VIII, cap. XV.
116. Cf. S. L. Peruzzi, Storia del commercio e dei banchieri di Firenze... cit., p. 388-389.
117. Cf. Cronica fiorentina... cit., p. 117
118. Cf. ibidem, p. 119-120. Peraltro, si hanno notizie di matrimoni per suggellare la
composizione di inimicizie anche tra famiglie non eminenti, come quello che stinsero nel
1317 i familiari di Cambiuccio del fu Benvenuto e di Andrea Naccia moglie del fu Nuccio,
omicida e vittima, rispettivamente, di una vendetta consumatasi in ambienti popolari: cf.
ASFI, PR, 16, 22 gennaio 1318 (stile fiorentino)/1319.
119. Citazione da I. Lori Sanfilippo (a cura di), La pace del cardinale Latino a Firenze nel 1280. La
sentenza e gli atti complementari, in Bullettino dell’Istituto storico italiano per il medio evo e
Archivio muratoriano, 89, 1980, p. 226-227.
120.Collectio chartarum pacis privatae... cit., p. 39.
121. D. Compagni, La cronica... cit., l. III, cap. IV, p. 174.
122. Cf. Collectio chartarum pacis privatae... cit., p. 15-18; e Ch. D. F. Du Cange, Glossarium
mediae et infimae latinitatis, 8 vol., Parigi, 1883-1887, VI, p. 72-74. Cf. anche Y. Carré, Le baiser
sur la bouche au Moyen Âge: rites, symboles, mentalités, à travers les textes et les images, xie-xve
siècles, Parigi, 1992; e, per un periodo successivo, O. Niccoli, Rinuncia, pace, perdono. Rituali di
pacificazione della prima età moderna, in Studi storici, 40, 1999, p. 219-261.
123. D. Velluti, La cronica domestica... cit., p. 15 s.
124. Cf. S. L. Peruzzi, Storia del commercio e dei banchieri di Firenze... cit., p. 389.
125. Fondamentali, su questo punto, le riflessioni di G. Chittolini, Il «privato», il «pubblico», lo
Stato, in G. Chittolini, A. Molho e P. Schiera (a cura di), Origini dello Stato. Processi di formazione
statale in Italia fra medioevo ed età moderna, Bologna, 1994, p. 553-589.
126. Sulla pace in Remigio, cfr. C. T. Davis, Remigio de’ Girolami and Dante: a comparison of their
conceptions of peace, in Studi danteschi, 36, 1959, p. 105-136; M. C. De Matteis, La pacificazione
cittadina a Firenze nelle componenti culturali di Remigio de’ Girolami, in La pace nel pensiero, nella
politica, negli ideali del Trecento, Todi, 1975, p. 199-224; Ead., La «teologia politica comunale» di
Remigio de’ Girolami, Bologna, 1977, p. CI s.; E. Panella, Dal bene comune al bene del comune. I
trattati politici di Remigio dei Girolami, ivi, 16, 1985, p. 1-23, 107-112, in particolare. Sulla pace
in Giordano: cfr. C. Iannella, Giordano da Pisa. Etica urbana e forme della società, Pisa, 1999, p.
94-102. Più in generale, cf. anche H. Dickerhorf, Friede als Herrshaftlegitimation in der
italienischen Politik des 13. Jahrhunderts, in Archiv für Kulturgeschichte, 59, 1977, p. 366-389; U.
Meier, Pax et tranquillitas. Friedensidee, Friedenswahrung und Staatsbildung im
spätmittelalterlichen Florenz, in Trägen und Instrumetarien des Friedens im hohen und späten
Mittelalter, ed. J. Fried, Sigmaringen, 1995, p. 1-54; F. Bruni, La città divisa. Le parti e il bene
comune da Dante a Guicciardini, Bologna, 2003, p. 58 s.; e R. M. Dessì, Pratiche della parola di
pace nella storia dell’Italia urbana, in Pace e guerra nel basso medioevo, Todi, 2004, p. 271-311.
127.Statuti della repubblica fiorentina. Statuto del capitano del popolo degli an-ni 1322-25, ed. R.
Caggese [1910-1921], n.e., con introduzioni di G. Pinto, F. Salvestrini e A. Zorzi, Firenze,
1999, l. V, r. LXXVI, p. 245. Negli atti giudiziari, si sono conservati esempi di azioni
pacificatrici sistematiche promosse dai podestà di San Gimignano al momento della loro
entrata in carica, per gli anni 1239-1294: cf. Collectio chartarum pacis privatae... cit., p. 319 s.
128.Statuto del podestà dell’anno 1325... cit., l. V, r. LXVIII, p. 366: Quod potestas cum prioribus et
vexillifero Iustitie provideant super pacibus et conventionibus faciendis. Per i compiti di
pacificazione del capitano, cf. Statuto del capitano del popolo degli anni 1322-25... cit., l. r. I. p.
10-11.
129.Statuto del capitano del popolo degli anni 1322-25... cit., l. V, r. LXXVI, p. 245: De provisione
fatienda super pacibus. Copia antecedente della disposizione, e databile probabilmente al
1311, è in ASFI, DAG, 1311, settembre 2: cf. anche R. Davidsohn, Storia di Firenze... cit., V, p.
163, in nota.
130. ASFI, DAG, 1286, giugno 19.
131. Cf. ASFI, PR, 5, c. 117v, 7 luglio 1295.
132. Cf. ASFI, PR, 13, c. 128v-131v, 1 settembre 1307, e I consigli della repubblica fiorentina, I
(1301-1315), ed. B. Barbadoro, 2 vol., Bologna, 1921-1930, p. 339, stessa data.
133. Cf. Statuto del capitano del popolo degli anni 1322-25... cit., l. V, r. LXXVI, p. 245.
134. Sulla disciplina della securitas a Firenze, cf. anche A. M. Enriques, La vendetta... cit., p.
192-194.
135.Le leggi del luglio 1281, in G. Salvemini, Magnati e popolani in Firenze dal 1280 al 1295,
Firenze, 1899, r. VIII, p. 341.
136.Statuto del podestà dell’anno 1325... cit., l. III, r. XXVIII, p. 180.
137.Ibidem, II, r. LXXXVI, p. 138-141: De treuguis et securitatibus faciendis et penis eas
runpentibus, et de diversis articulis in predictis.
138. Citato in una tregua del 1285 tra i Monaldi e i Bonciani: cf. Collectio chartarum pacis
privatae... cit., p. 164-166.
139.Statuto del podestà dell’anno 1325... cit., l. II, r. LXXXVI, p. 138-141.
140.Ibidem.
141.Ibidem.
142. Cf. Statuto del capitano del popolo degli anni 1322-25... cit., l. V, r. XIX, p. 211-212: Quod
homines, cum expedire videbitur, mictantur ad confines.
143. Sulla disciplina della tregua a Firenze, cf. anche A. M. Enriques, La vendetta... cit., p.
197-200, e U. Dorini, La vendetta privata ai tempi di Dante, in Il giornale dantesco, 29, 1926, p. 62.
144. Cf. Statuto del podestà dell’anno 1325... cit., l. II, r. LXXXVI, p. 138-141.
145.Ibidem.
146.Ibidem.
147.Ibidem.
148. Nel 1318, per esempio, si stabilì che anche i beni delle madri ed ave in linea femminile
dovessero considerarsi parte integrante delle tregue e delle paci stipulate, dal momento che
alcune donne erano minacciate proprio perché vi era chi non lo riteneva affatto: cf. ASFI,
PR, 15, c. 211r, 7 agosto 1318.
149.Statuto del podestà dell’anno 1325... cit., l. II, r. LXXXVI, p. 138-141.
150.Ibidem.
151. Cf. ASFI, PR, 12, c. 188r-189v, 2 marzo 1305 (stile fiorentino)/1306.
152. Cf. ASFI, PR, 21, c. 43v-45r, 17 settembre 1324, e PR, 22, c. 9r-10r, 14 settembre 1325:
obbligo del priorato di fare tregue tra i cittadini che avessero inimicizie e discordie.
153.Statuto del capitano del popolo degli anni 1322-25... cit., l. V, r. LXXVI, p. 245.
154.Ibidem, l. V, r. XIX, p. 211.
155. Sui «serraglini», fazione che prese il nome dal suo leader, Serraglio Bordoni, e che fu
attiva nei primi anni venti del Trecento, cf. G. Villani, Nuova cronica... cit., II, p. 443, l. X, cap.
CCLXXI. Cenni sono anche in M. B. Becker, A study in political failure... cit., p. 281-282; e J. M.
Najemy, Corporatism and consensus... cit., p. 92.
156. Rinvio ancora a A. Zorzi, La faida Cerchi-Donati... cit.
157. P. Pieri, Cronica... cit., p. 40 e 41.
158. Cf. M. Sanfilippo, Guelfi e ghibellini a Firenze: la «pace» del cardinal Lati no (1280), in Nuova
rivista storica, 44, 1980, p. 5; R. Davidsohn, Storia di Firenze... cit., III, p. 121-133; e L. Gatto, Il
pontificato di Gregorio X (1271-1276), Roma, 1959, p. 214-221.
159. Su questa pace, cf. M. Sanfilippo, Guelfi e ghibellini a Firenze... cit.
160. Cf. G. Fasoli, La pace del 1279 tra i partiti bolognesi, in Archivio storico italiano, 91, 1933, p.
49-75.
161. M. Sanfilippo, Guelfi e ghibellini a Firenze... cit., p. 19, nota 96.
162. Cf., rispettivamente, P. Pieri, Cronica... cit., p. 43, e S. Della Tosa, Anna-li... cit., p. 147.
163.La pace del cardinale Latino a Firenze nel 1280... cit., p. 226-227.
164. N. Strinati, Cronichetta... cit., 110-111.
165. G. Villani, Nuova cronica... cit., I, p. 500, l. viii, cap. LVI.
166. ASFI, PR, 10, c. 260r-v, 27 giugno 1300.
167. G. Villani, Nuova cronica... cit., II, p. 79, l. ix, cap. XLIX.
168.Cronica fiorentina... cit., p. 150.
169. Cf. R. Davidsohn, Storia di Firenze... cit., iv, p. 269 s.
170. Cf. Ibidem, iv, p. 369 s. Sulle sentenze del 1302, cf. I. Del Lungo, I Bianchi e i Neri... cit., p.
264 s.; e ora G. Milani, L’esclusione dal Comune... cit., p. 416-423.
171. R. Davidsohn, Storia di Firenze... cit., iv, p. 369-377.
172. P. Pieri, Cronica... cit., p. 78; cf. anche D. Compagni, La cronica... cit., l. III, cap. iv, p. 174.
173. Cf. M. C. De Matteis, La «teologia politica comunale» di Remigio de’ Girolami... cit., p. cxvii-
cxx; E. Panella, Dal bene comune al bene del comune... cit., p. 10-14; e anche D. R. Lesnick,

Preaching in medieval Florence. The social world of franciscan and dominican spirituality, Athena,
1989, p. 104-105, che avanza l’ipotesi che anche fra Giordano da Pisa sostenesse gli sforzi di
pacificazione in quell’occasione.
174. S. Della Tosa, Annali... cit., p. 159.
175. Cf. anche R. Davidsohn, Storia di Firenze... cit., iv, p. 446 s.
176. Cf. A. Pertile, Storia del diritto penale, in Id., Storia del diritto italiano, Torino, 1892, V, p.
27-28; e C. Calisse, Svolgimento storico del diritto penale in Italia dalle invasioni barbariche alle
riforme del sec. xviii, in Enciclopedia del diritto penale italiano, dir. E. Pessina, Roma, 1906, p. 313.
177. Sui caratteri del ceto dirigente fiorentino del primo Trecento, cf., infra, nota 316. M. B.
Becker, Florence in transition, I, Baltimore, 1967, p. 22, nota come dagli anni quaranta del
Trecento si faccia sempre più raro il ricorso a commissioni di pacieri.
178. Cf. ASFI, PR, 14, c. 107r-109r, 27 agosto 1311.
179. Cf. ASFI, PR, 14, c. 174v-176v, 7 maggio 1316; poi rinnovata in PR, 15, c. 11v-12r, 3
settembre (da cui è tratta la citazione), e c. 20v, 23 novembre 1316.
180. Cf. l’elenco in ASFI, PR, 15, c. 65r-70v, 12 luglio 1317.
181. Cf. ASFI, PR, 16, c. 66r-67r, 18 maggio 1319.
182. Cf. ASFI, PR, 25, c. 71v-72v, 11 ottobre 1329.
183. Cf. ASFI, PR, 14, c. 174v-176v, 7 maggio 1316; PR,15, c. 4r-v, 27 luglio 1316.
184. Cf. ASFI, PR, 15, c. 25r-27r, 4 dicembre 1316.
185. Cf. ASFI, PR, 16, e, 100r-v, 2 agosto 1319.
186. Cf. ASFI, PR, 16, c. 66r-67r, 18 maggio 1319.
187. ASFI, PR, 16, c. 100v.
188. Accordata il 2 maggio 1301: cf. ASFI, PR, 11, c. 1v-3r.
189. Cf. ASFI, PR, 16, c. 62v-63v, 18 maggio 1319.
190. 30 lire andarono infine quale compenso ai 4 giurisperiti e al notaio che avevano
condotto a termine il lodo arbitrale e la pace tra le due famiglie: cf. ASFI, PR, 10, c. 155r, 8
febbraio 1289 (stile fiorentino)/1290; PR, 2, c. 84v e 87r-v, 11 e 14 aprile 1290, e c. 131r-v, 4
agosto 1290; e Le consulte della repubblica fiorentina dall’anno MCCLXXX al MCCXCVIII, ed. A.
Gherardi, 2 vol., I, Firenze, 1896-1898, p. 360-362 e 395-397, febbraio-aprile 1290.
191. Per un altro esempio di mediazione affidata alla figura vescovile, cf. la balìa conferita al
presule di Firenze, Francesco Silvestri, a Giovanni dello Scelto e a Iacopo Adimari, nel 1330
per cercare di mettere pace fra le consorterie dei Rossi e dei Bardi: cf. ASFI, PR, 25, c. 90v, 26
gennaio 1329 (stile fiorentino)/1330.
192. Cf. S. L. Peruzzi, Storia del commercio e dei banchieri di Firenze... cit., p. 388-392.
193. Sull’alternanza dei regimi a Firenze, cf. A. Zorzi, Gli statuti di Firenze del 1322-1325: regimi
politici e produzione normativa, in R. Dondarini, G. M. Varanini e M. Venticelli (a cura di),
Signori, regimi signorili e statuti nel tardo medioevo, Bologna, 2003, in particolare p. 123 s., e la
bibliografia ivi citata.
194. Cf. ancora M. Sanfilippo, Guelfi e ghibellini a Firenze... cit., p. 10, nota 47.
195. Cf. I consigli della repubblica fiorentina... cit., p. 665, 27 e 29 giugno 1314; e ASFI, PR, 15, c.
112r-113r.
196. Cf. ASFI, PR, 23, c. 89v-90r, 2 giugno 1327.
197. Il registro è conservato nel fondo ASFI, Balìe, 1: [...], hic est liber sive qua ternus continens
in se paces et concordias adque remissiones iniuriarum [...]. Le paci furono stipulate tra il 18
settembre 1342 e il 25 marzo 1343, solo in ducali palatio o nella chiesa «civica» di S. Piero
Scheraggio, alcune anche alla presenza del duca.
198. G. Villani, Nuova cronica... cit., III, p. 310, l. xiii, cap. viii.
199. Cf. ASFI, Balìe, 1, rispettivamente c. 23r-25v, 25v-27r, 27r-29r, 53v-54v, e passim.
200. Cf. ibidem, rispettivamente, c. 29r-30v, 32v-34r, 41v-42v, e passim.
201. Cf. ibidem, rispettivamente, c. 178v-179v, 201v-202v, 235v-236v, e passim.
202. G. Villani, Nuova cronica... cit., III, p. 310, l. xiii, cap. viii.
203. D. Velluti, La cronica domestica... cit., p. 70.
204.Statuto del podestà dell’anno 1325... cit., l. III, rub. CXIIII, p. 243-244: De puniendo facientes
verbo vel opere contra pacem; oltre a essere citata in altri luoghi di quello coevo del capitano.
205. Cf. A. Padoa Schioppa, Delitto e pace privata nel pensiero dei legisti bolognesi. Brevi note, in
Mélanges G. Fransen, Studia Gratiana, 19-20, 1976, p. 273 s. Una verifica sulla documentazione
giudiziaria è ora anche quella di M. Vallerani, Pace e processo nel sistema giudiziario del comune
di Perugia, in Quaderni storici, 101, 1999, 315-354.
206. Altri esempi di paci che interruppero procedimenti giudiziari avviati sono in Ser
Matteo di Biliotto notaio, Imbreviature... cit., doc. 14, p. 15-16 (24 aprile 1294), doc. 41, p. 41
(10 maggio 1294), doc. 50, p. 49-50 (15 maggio 1294), e altre passim: tutti casi, questi,
conseguenti alla denuncia al giudice del podestà da parte degli ufficiali parrocchiali, i
«cappellani» laici delle parrocchie, sui quali A. Zorzi, Contrôle social, ordre public et répression
judiciaire à Florence à l’époque communale: éléments et problèmes, in Annales E.S.C., 45, 1990, p.
1170-1174.
207. Cf. ASFI, PR, 15, c. 235r-v, 3 ottobre 1318.
208. Cf. ASFI, PR, 17, c. 8v-9r, 9 agosto 1320.
209. ASFI, PR, 5, c. 29v-30r, 9 febbraio 1295 (stile fiorentino)/1296.
210. Cf. Biagio Boccadibue (1298-1314)... cit., doc. 436, p. 225-227; e ibidem, doc. 516, p. 33-35,
per un’altra pace giudiziaria.
211. ASFI, PR, 15, c. 185r-v, 10 giugno 1318.
212. ASFI, PR, 15, e, 269r-v, 30 dicembre 1318.
213. Esempi tra il 1289 e il 1327: ASFI, NA, 3140, c. 9v, 90r, 97r-v, e passim (protocolli di
Bondone di Uguccione); NA, 251, c. 2v, 8r, 19r, e passim (Aldobrandino d’Albizzo); NA, 4111,
c. 7r, e passim (Giovanni Cantapochi); NA, 2354, c. 288r, 338v, 358r, e passim (Benintendi di
Guittone dall’Impruneta).
214. Cf. ASFI, PR, 8, c. 107r-v, 2 agosto 1297.
215. Cf. M. B. Becker, Florence in transition... cit., I, p. 23, che fa riferimento a registri di
condanne del 1338, rubricati nel fondo ASFi, Giudice degli appelli, ora non più consultabili
perché distrutti in seguito all’alluvione del 1966.
216. Cf. A. Padoa Schioppa, Delitto e pace privata nel diritto lombardo: prime note, in Diritto
comune e diritti locali nella storia dell’Europa, Milano, 1980, p. 555-578.
217. Qualche spunto sulla disciplina normativa della pace a Firenze è in A. M. Enriques, La
vendetta... cit., p. 213 s.
218. La disposizione è ricompresa nella raccolta dello Statuto del podestà dell’anno 1325... cit.,
l. III, r. XLV, p. 188-193: De puniendo qui studiose percusserit aliquem, cui appartengono le
citazioni successive.
219. È questa l’opinione, per esempio, di U. Dorini, La vendetta privata... cit., p. 58: cf. Statuto
del podestà dell’anno 1325... cit., l. III, r. XLIIII, p. 186-188: De penis tollendis.
220.Nisi integre solverit penam pro qua est vel fuerit exbannitus: ibidem.
221.Statuto del podestà dell’anno 1325... cit., l. III, r. XLV, p. 189.
222. Cf. U. Dorini, Il diritto penale... cit., p. 29-38.
223. Cf. A. Padoa Schioppa, Delitto e pace privata nel diritto lombardo... cit., p. 566-570.
224. Su queste generazioni di giuristi, sia pratici sia di scuola, che tra l’ultimo quarto del
Duecento e il primo del Trecento legittimarono le nuove pratiche giudiziarie nelle città
comunali italiane, cf. A. Zorzi, Negoziazione penale... cit., p. 27-34; e M. Sbriccoli, Vidi
communiter observari... cit.
225. Un’analisi approfondita della dottrina sulla funzione della pace privata in rapporto
all’azione penale è in A. Padoa Schioppa, Delitto e pace privata nel pensiero dei legisti bolognesi...
cit., p. 275 s., 283 s.
226. Sul quale, cf. supra, nota 34.
227. Alberto Da Gandino, Tractatus de maleficiis, in H. U. Kantorowicz, Albertus Gandinus und
das Strafrecht... cit., II, p. 194, r. De transactione et pace in maleficiis faciendis, § 10.
228. Per Firenze rinvio ad A. Zorzi, La giustizia a Firenze in età comunale (1250-1343). Pratiche
sociali, sistemi giudiziari, configurazioni istituzionali, tesi di dottorato, Università degli studi di
Firenze, 1992, p. 232-247.
229. Cf. Statuto del capitano del popolo degli anni 1322-25... cit., l. III, r. xviii: De exbannitis
rebanniendis, p. 142-144; e Statuto del podestà dell’anno 1325... cit., l. III, r. LXXXXIIII, De
exbannitis et condeanatis rebanniendis et cancellandis de banno et condemnationibus, p. 224-227.
230. P. Pieri, Cronica... cit., p. 70. Il provvedimento è in ASFI, PR, 11, c. 83v-85r, 24 novembre
1301.
231. ASFI, PR, 13, c. 141v-143v.
232. Cf. A. M. Enriques, La vendetta... cit., p. 215-216.
233. Cf. ASFI, PR, 22, c. 17r-20r, 11 ottobre 1325.
234. Cf. I consigli della repubblica fiorentina... cit., p. 542-543, 7 aprile 1311.
235. Cf. A. Zorzi, La cultura della vendetta... cit.
236. Con l’eccezione degli studi di Ch. Wickham, Legge, pratiche e conflitti... cit., sul primo
periodo comunale e, in parte, di J.-C. Maire Vigueur, Cavaliers et citoyens... cit. (che pure
riconduce l’uso della vendetta alla cultura della militia), che sottolineano la natura ordinaria
delle pratiche del conflitto, prevale ancora una visione in termini negativi delle vendetta,
intesa come sopravvivenza di più antichi costumi germanici, e/o come attributo dei
comportamenti violenti della nobiltà o della militia, e/o come causa della permanente
instabilità delle istituzioni comunali e della loro crisi e superamento, e/o come elemento
portatore di disordine nella convivenza civile urbana destinato a essere progressivamente
con-tenuto ed esautorato dal monopolio pubblico della violenza (cioè, dello Stato): per i
riferimenti bibliografici, rinvio, per evitare ulteriori appesantimenti, a quanto già in A.
Zorzi, La cultura della vendetta... cit., p. 135-138.
237. Per brevità rinvio alla ricognizione in Id., Ius erat in armis. Faide e conflitti tra pratiche
sociali e pratiche di governo, in Origini dello Stato... cit., p. 609-629. Dei titoli successivi cf.
almeno, per l’Italia, M. Bellabarba, La giustizia ai confini. Il principato vescovile di Trento agli
inizi dell’Età moderna, Bologna, 1996; C. Povolo, L’intrigo dell’onore. Poteri e istituzioni nella
Repubblica di Venezia tra Cinque e Seicento, Verona, 1997; T. Dean, Marriage and mutilation:
vendetta in late medieval italy, in Past and present, 157, 1997, p. 3-36; e A. Gamberini, La faida e la
costruzione della parentela. Qualche nota sulle famiglie signorili reggiane alla fine del medioevo, in
Società e storia, 94, 2001, p. 659-678. Per le altre società europee, limitatamente al passaggio
tra tardo medioevo e prima età moderna, oltre al classico O. Brunner, Terra e potere. Strutture
pre-statuali e pre-moderne nella storia costituzionale dell’Austria medievale, Milano, 1983, cf. i più
recenti contributi di G. Algazi, The social use of private war. some late medieval views reviewed, in
Tel Aviver Jahrbuch für deutsche Geschichte, 22, 1993, p. 253-273; Id., «Sie würden hinten nach so
gail». Vom sozialen Gebrauch der Fehde im späten Mittelalter, in Th. Lindenberger e A. Lüdtke (a
cura di), Physische Gewalt. Studien zur Geschichte der Neuzeit, Francoforte, 1995, p. 39-77; D. L.
Smail, Common violence. Vengeance and inquisition in fourteenth-century Marseille, in Past and
present, 151, 1996, p. 28-59; H. De Waardt, Feud and atonement in Holland and Zeeland. From
private vengeance to reconciliation under State supervision, in A. Schuurman e p. Spierenburg (a
cura di), Private domain, public inquiry. Families and life-styles in the Netherlands and Europe, 1550
to the present, Hilversum, 1996, p. 15-38; A. Blauert, Das Urfehdewesen im deutschen Südwesten
im Spätmittelalter und in der Frühen Neuzeit, Tubinga, 2000; Id., Zwischen Einbindung und
Ausgrenzung: Zur Rechts – und Sozialgeschichte der Urfehde im deutschen Südwesten zwischen dem
14. und dem 18. Jahrhundert, in Criminalità e giustizia in Germania e in Italia... cit., p. 173-187.
238. Cf. A. Zorzi, La cultura della vendetta... cit., p. 139, 141; Id., La faida Cerchi-Donati... cit., p.
67-70. Riflessioni politologiche importanti sono inoltre in J. Freund, Il terzo, il nemico, il
conflitto. Materiali per una teoria del politico, ed. A. Campi, Milano, 1995, in particolare il saggio
L’amico e il nemico: un presupposto del politico, alle p. 47-154; e in G. Miglio (a cura di), Amicus
(inimicus) hostis. Le radici concettuali della conflittualità «privata» e della conflittualità «politica»,
Milano, 1992, in particolare il saggio di P. P. Portinaro, Materiali per una storicizzazione della
coppia «amico-nemico», alle p. 219-310.
239. Su Albertano, cf. J. M. Powell, Albertanus of Brescia. The pursuit of happiness in the early
thirteenth century, Philadelphia, 1992; F. Spinelli (a cura di), Albertano da Brescia: alle origini del
razionalismo economico, dell’umanesimo civile, della grande Europa, Brescia 1996; e ora E.
Artifoni, Prudenza del consigliare. L’educazione del cittadino nel Liber consolationis et consilii di
Albertano da Brescia (1246), in C. Casagrande, C. Cristiani e S. Vecchio (a cura di), Consilium.
Teorie e pratiche del consigliare nella cultura medievale, Firenze, 2004, p. 195-216.
240. Albertano da Brescia, De amore et dilectione Dei et proximi et aliarum rerum et de forma vitæ,
ed. Sh. Hiltz Romino, PhD dissertation, University of Pennsylvania, 1980, ora anche on line
in Albertano of Brescia. Resource site, ed. A. Graham, 2000,
<http://freespace.virgin.net/angus.graham/DeAmore1.htm> [link attivo nel luglio 2005].
241. L’edizione più recente è Albertano da Brescia, Liber de doctrina dicendi et tacendi. La
parola del cittadino nell’Italia del Duecento, ed. P. Navone, Firenze, 1998.
242.Albertani Brixiensis Liber consolationis et consilii ex quo hausta est fabula gallica de Melibeo et
Prudentia, ed. Th. Sundby, Havniae, 1873, anch’esso on line in Albertano of Brescia. Resource
site... cit., <http://freespace.virgin.net/angus.graham/Lib-Cons.htm> [link attivo nel luglio
2005].
243. Per un’analisi della quale rinvio a A. Zorzi, La cultura della vendetta... cit., p. 144-158. J.
M. Powell, Albertanus of Brescia... cit., p. 74-89 e J.-C. Maire Vigueur, Cavaliers et citoyens... cit.,
p. 316-319, 330-332, riprendono invece l’interpretazione già di A. Checchini, Un giudice nel
secolo decimoterzo: Albertano da Brescia, in Atti del reale Istituto veneto di Scienze, lettere e arti, 71,
1911-1912, p. 185-235, in termini di apologia della giustizia pubblica nei confronti della
faida.
244. A. da Brescia, Liber consolationis et consilii... cit., XXXVI, Quot modis dicatur quis posse.
245. Cf., rispettivamente, ASFI, PR, 10, c. 260r-v, 27 giugno 1300; Statuto del podestà dell’anno
1325... cit., l. III, r. CXXVII, p. 252; e G. Villani, Nuova cronica... cit., II, p. 11-12, l. IX, r. I.
246. Un’analisi di una faida d’età comunale come conflitto condotto su una pluralità di piani
(economici, matrimoniali, giudiziari, ideologici, simbolici, derisori, etc.), è in A. Zorzi, La
faida Cerchi – Donati... cit., p. 78 s., in particolare.
247. Della ricchissima letteratura sociale sulla faida, cf. almeno, nel tempo, M. Gluckman,
The peace in the feud, in Past and present, 7, 1955, p. 1-14; K. F. e C. S. Otterbein, An eye for an
eye, a tooth for a tooth. A cross-cultural study of feu-ding, in American anthropologist, 67, 1965, p.
1470-1482; J. Black-Michaud, Coesive force. Feud in the Mediterranean and the Middle East, New
York, 1975, in particolare le p. 27-31 e 63 s.; Ch. Boehm, Blood revenge. The anthropology of
feuding in Montenegro and other tribal societies, Lawrence, 1984, in particolare le p. 198 s., 218
s., e 225 s.; e la recente voce di K. F. Otterbein, Feuding, in D. Levinson (a cura di),
Encyclopedia of crime and punishment, Great Barrington, 2002, p. 691-696.
248. Che il pensiero sociale riconosce come uno dei modi di soluzione del conflitto: cf., in
particolare, R. Verdier, Le système vindicatoire, in R. Verdier, J. p. Poly e G. Courtois (a cura
di), La vengeance. Études d’ethnologie, d’histoire et de philosophie, I, Parigi, 1984, p. 11-42.
249. Per esempio nelle raccolte di discorsi o «dicerie», come quella di Filippo Ceffi, notaio
fiorentino del primo Trecento: cf. A. Zorzi, La cultura della vendetta... cit., p. 158-161.
250. Sulla vendetta come pratica di contenimento della violenza, cf. anche p. Bourdieu,
Outline of a theory of practice [1972], Cambridge, 1977, p. 1-71.
251. J. Heers, Il clan familiare nel Medioevo. Studi sulle strutture politiche e sociali degli ambienti
urbani [1974], Napoli, 1976, p. 172, ove si legge come i comuni italiani «moltiplicano
proibizioni e sanzioni». Cf. anche, per esempi recenti, R. Starn, Contrary Commonwealth. The
theme of exile in Medieval and Renaissance Italy, Berkeley, 1982, p. 98 s.; e D. R. Lesnick,
Preaching in medieval Florence... cit., p. 10: «the Republic wanted to limit and end vendetta in
the public realm».
252. A. M. Enriques, La vendetta... cit., p. 187 s.; N. Rubinstein, La lotta contro i magnati a
Firenze. II. Le origini della legge sul «sodamento»... cit., p. 43 e 51: «lo Stato doveva, nel processo
di consolidamento [...], cercare di abolire le istituzioni che si fondavano su di una
concezione del diritto particolaristico e astatale»; C. Lansing, The Florentine magnates... cit.,
p. 206-207: «the old system was one of justice by composition, stressing reconciliation and
the avoidance of the vendetta. The new system offered impersonal justice and deterrence
rather than re-conciliation».
253. J.-C., Maire Vigueur, Osservazioni sugli statuti pistoiesi del sec. xii, in Bullettino storico
pistoiese, 99, 1997, p. 11-12: «mi pare di capire che, a lungo andare, il legislatore abbia
cercato di far prevalere una concezione abbastanza estensiva della violenza pubblica e
restrittiva di quella privata».
254. Per una prima, sommaria, ricognizione della disciplina della vendetta negli statuti dei
comuni italiani, cf. A. Pertile, Storia del diritto penale... cit., p. 7-29; J. Köhler, Das Strafrecht der
italienischen Statuten vom 12.-16. Jahrhundert, Mannheim, 1897, p. 18-55; e C. Calisse,
Svolgimento storico del diritto penale... cit., p. 312 s.
255. La legislazione fiorentina sulla vendetta è stata oggetto di ricognizione in U. Dorini, Il
diritto penale... cit., p. 190-197, e poi, con arricchimenti, in Id., La vendetta privata... cit., p.
915-917; e in A. M. Enriques, La vendetta... cit., p. 182 s.
256.Le leggi del luglio 1281... cit., r. viii, p. 341. L’originale del testo legislativo è in ASFI,
Capitoli, 21, c. 162r-170v.
257. Poi accolta nello Statuto del podestà dell’anno 1325... cit., l. III, r. XLV, p. 188-193.
258. Gli avvenimenti sono ripercorsi da R. Davidsohn, Storia di Firenze... cit., III. p. 580 s.; e N.
Ottokar, Il Comune di Firenze alla fine del Dugento [1926], Torino, 1962, p. 199 s.
259.Statuto del podestà dell’anno 1325... cit., l. III, r. XLV. p. 189.
260. È questa l’opinione, per esempio, di U. Dorini, La vendetta privata... cit., p. 58, suffragata
dalla natura alluvionale di tale codice, che raccoglieva provvisioni e leggi approvate in
tempi precedenti.
261. Entrambe pubblicate ibidem, p. 63-68.
262. ASFI, Statuti del comune di Firenze, 16, Codex membranaceus archetypus statutorum populi
florentini nomine potestatis, ex publica recensione anni 1355, l. III, r. LXXXVI, c. 150v-153r.
263.Statuto del podestà dell’anno 1325... cit., l. III, r. CXXVI, p. 251-252.
264.Ibidem, l. III, r. XLV, p. 190.
265. Provvisione del 2 agosto 1331 edita in U. Dorini, La vendetta privata... cit., citazione a p.
64; e poi ASFI, Statuti del comune di Firenze, 16 (statuto del podestà del 1355), l. III, r. LXXXVI,
c. 150v-153r.
266. La norma specificava che intelligantur etiam coniuncti et consortes etiam naturales et spurii
et ex quocumque licito vel illicito coitu nati: cf. la provvisione del 2 agosto 1331 edita in U.
Dorini, La vendetta privata... cit., p. 64.
267.Ibidem.
268. Cf. Statuto del podestà dell’anno 1325... cit., l. III, r. CXII, p. 238-242; e quanto in U. Dorini,
La vendetta privata... cit., p. 60.
269. Provvisione del 2 agosto 1331 edita in U. Dorini, La vendetta privata... cit., p. 64.
270.Ibidem, p. 65-66.
271. Cf., rispettivamente, Statuta populi Bononiae inter annos MCCXLV et MCCL, in L. Frati (a
cura di), Statuti del comune di Bologna dall’anno 1245 all’anno 1267, Bologna, 1869-1877, a. 1252,
l. II, r. xiv, p. 266; e Statutum Lucani communis an. MCCCVIII, in Memorie per servire alla storia di
Lucca, III, Lucca, 1876, l. III, r. XXXII, p. 154-155.
272.Statuto del podestà dell’anno 1325... cit., l. III, r. CXXVI, p. 251.
273. Cf., rispettivamente, ibidem, e la provvisione del 2 agosto 1331 edita in U. Dorini, La
vendetta privata... cit., p. 64.
274.Ibidem, p. 66, e p. 67: provvisione del 30 settembre 1334.
275. Cf. ibidem p. 66, e p. 67 per l’integrazione del 1334; e ASFI, Statuti del comune di Firenze,
16 (statuto del podestà del 1355), l. III, r. LXXXVI. c. 150v-153r.
276.Statuto del podestà dell’anno 1325... cit., l. III, r. XLV, p. 189-190: ita scilicet quod ex ipso
vulnere sanguis exiverit et vultus seu faciei vituperatio per apparenten cicatricem exinde sequatur»,
e «ita quod de ipso membro debilitatio remaneret.
277.Ibidem, p. 188-189; e l. III, r. XXVIII, p. 180, e r. LXXXX, p. 222.
278. Cf. la provvisione del 2 agosto 1331 edita in U. Dorini, La vendetta priva-ta... cit., p. 65;
ma anche Statuto del podestà dell’anno 1325... cit., l. III, r. XLV, p. 189-191.
279. Cf. ibidem, l. III, r. XL, p. 184-185.
280. Cf. ancora la provvisione del 2 agosto 1331 edita in U. Dorini, La vendetta privata... cit.,
p. 65.
281.Ibidem.
282.Ibidem, p. 64-65.
283. D. Velluti, La cronica domestica... cit., p. 12.
284. Cf. la provvisione del 2 agosto 1331 edita in U. Dorini, La vendetta priva-ta... cit., p. 64-65.
285. Cf. ASFI, Statuti del comune di Firenze, 16 (statuto del podestà del 1355), l. III, r. LXXXVI,
c. 151r.
286. Cf. Statuto del podestà dell’anno 1325... cit., l. III, r. XLV, p. 190-191.
287. Cf. Statuto del capitano del popolo degli anni 1322-25... cit., l. v, r. LXXVI, p. 245.
288.Quod tunc intelligatur esse facta et sit competens vindicta de ipsa morte: U. Dorini, La vendetta
privata... cit., p. 65.
289. Cf. Statuto del podestà dell’anno 1325... cit., l. III, r. CXXVI, p. 252.
290. Cf. I consigli della repubblica fiorentina... cit., p. 536, 12-15 marzo 1311.
291.Statuto del podestà dell’anno 1325... cit., l. V, r. LI, p. 359.
292. Sull’uso di «gridare alto il nome della famiglia» che compiva la vendetta, cf. anche N.
Tamassia, La famiglia italiana nei secoli decimoquinto e decimosesto, Milano, 1910, p. 64.
293.Cronica fiorentina... cit., p. 119.
294. P. Pieri, Cronica... cit., p. 33.
295. D. Velluti, La cronica domestica... cit., p. 11.
296. S. Della Tosa, Annali... cit., p. 160.
297.Ibidem, p. 165.
298. Sulla quale, per una prima informazione, cf. C. Ghisalberti, La condanna al bando nel
diritto comune, in Archivio giuridico «Filippo Serafini», s. vi, 27, 1960, p. 3-75; D. Cavalca, Il bando
nella prassi e nella dottrina giuridica medievale, Milano, 1978, cap. I in particolare.
299. Citato ibidem, p. 21.
300. Come scrive Iacopo d’Arena, che cito sempre da ibidem, p. 42.
301. Per un quadro delle condizioni del bando in epoca comunale, cf. D. Cavalca, Il bando...
cit., p. 42 s.; e G. Milani, Prime note su disciplina e pratica del ban-do... cit., p. 504 s.
302. Per un quadro generale, cf. A. Pertile, Storia del diritto penale... cit., p. 311 s.; J. Köhler,
Das Strafrecht der italienischen Statuten... cit., p. 56 s.; e il più recente P. R. Pazzaglini, The
criminal ban of the Sienese commune... cit., p. 6 s. e 100 s., che mette in rilievo il ruolo del
«popolo» nell’adozione del bando nelle pratiche giudiziarie comunali. Sull’esclusione
politica attraverso il bando si veda sopratutto G. Milani, L’esclusione dal Comune.... cit.; e Id.,
Giuristi, giudici e fuoriusciti nelle città italiane del Duecento... cit.
303. Sui rapporti tra bando e vendetta, cf. anche G. Dahm, Untersuchungen zur Verfassungs –
und Strafrechtgeschichte der italienischen Stadt im Mittelalter, Hamburgo, 1941, p. 98 s.
304. Sull’equivalenza, cf. A. Pertile, Storia del diritto italiano... cit., vi, p. 52 e 428; e D. Cavalca,
Il bando... cit., p. 175 s.
305. Cf. Gli Ordinamenti di giustizia del 6 luglio 1295, in G. Salvemini, Magnati e popolani in
Firenze... cit., r. LII, p. 425. Cf. anche, per un altro esempio, Statuto del podestà dell’anno 1325...
cit., l. III, r. LXXXI, p. 215-217.
306.Statuto del podestà dell’anno 1325... cit., l. III, r. XLIIII, p. 186-188: De penis tollendis.
307.Ibidem, l. II, r. LXXXVI, p. 140: non prestet beneficiun exbannitis vel condennatis pro
maleficio.
308. Cf., per esempio, ibidem, l. III, r, XLV, p. 190.
309. ASFI, PR, 17, cc, 98v, 30 marzo 1321.
310. L’episodio è sempre narrato nella memoria familiari di D. Velluti, La cronica domestica...
cit., p. 67-69.
311. E l’autore «si disse fu Piero Spini», secondo la testimonianza di D. Compagni, La
cronica... cit., l. I, cap. xxii, p. 68-69.
312.Cronaca marciana magliabechiana, stralci editi in I. Del Lungo, Dino Compagni e la sua
Cronica, II, Firenze, 1879-1887, p. 509.
313. La condanna a complessive 7.200 lire di Giachinotto dei Pazzi e di suo figlio Cherico
propter vulnus in fatie Richoverini domini Richoveri de Circulis si evince anche dalle successive
richieste di cancellazione e di restituzione della somma: cf. ASFI, PR, 14, e, 73r-74v, 7
dicembre 1310; e I consigli della repubblica fiorentina... cit., p. 519, stessa data.
314. D. Compagni, La cronica... cit., l. I, cap. xxii, p. 69.
315. Cf. ASFI, PR, 29, c. 135v-136r, 7 luglio 1338.
316. Sulle trasformazioni politiche di questo periodo della storia fiorentina, oltre a G.
Salvemini, Magnati e popolani in Firenze... cit.; N. Ottokar, Il Comune di Firenze... cit.; e alle
pagine di G. Tabacco, La storia politica e sociale. Dal tramonto dell’Impero alle prime formazioni di
Stati regionali, in Storia d’Italia, II, Torino, 1974, p. 223-242; cf. S. Raveggi e altri, Ghibellini,
guelfi e popolo grasso... cit.; p. Cammarosano, Il dominio della classe mercantile in Firenze nell’età
di Giovanni Boccaccio, in Problemi, 45, 1976, p. 54-77; e J. M. Najemy, Corporatism and
consensus... cit., p. 17-125.
317. Sul processo di magnatizzazione e sulla negoziazione penale, cf. A. Zorzi, Politica e
giustizia a Firenze... cit., p. 144-147. Sull’uso politico del bando, cf. ora G. Milani, L’esclusione
dal Comune... cit.
318. Cf. ancora A. Zorzi, Negoziazione penale... cit., p. 21-22.
319. Cf. la normativa, edita in Ordinamenta iustitiae communis et populi Florentiae anni
MCCLXXXXIII, ed. F. Bonaini, in Id., Gli Ordinamenti di Giustizia del Comune e Popolo di Firenze
compilati nel 1293, in Archivio storico italiano, n.s., I, 1855, p. 37-71; Gli Ordinamenti di giustizia
del 6 luglio 1295... cit., p. 384-432; e Ordinamenti della Justizia del Popolo di Firenze, ed. P. Emiliani
Giudici, in Id., Storia politica dei municipj italiani, II, Firenze, 1851, p. 303-426. Sulle misure
antimagnatizie fiorentine, oltre alla bibliografia citata nelle note successive, cf. anche G.
Salvemini, Magnati e popolani in Firenze... cit.; N. Ottokar, Il Comune di Firenze... cit.; N.
Rubinstein, La lotta contro i magnati a Firenze. La prima legge sul «sodamento» e la pace del Card.
Latino, in Archivio storico italiano, 93, 1935, p. 161-172; e D. Cavalca, Il ceto magnatizio a Firenze
dopo gli Ordinamenti di Giustizia, in Rivista di storia del diritto italiano, 40-41, 1967-1968, p. 85-
132.
320. Cf. N. Rubinstein, La lotta contro i magnati a Firenze. II. Le origini della legge sul
«sodamento»... cit., p. 56-57; M. B. Becker, A study in political failure... cit., p. 256-257; C.
Lansing, The Florentine magnates... cit., p. 197 s.
321. Per questa interpretazione rinvio all’analisi che ne ho dato in A. Zorzi, Politica e giustizia
a Firenze... cit., p. 120-122.
322.Ibidem, p. 109-110.
323. Per altre vendette di «popolo» nei confronti dei magnati, si vedano, per esempio, i casi
di Asti e di Chieri analizzati da R. Bordone, Magnati e popolani in area piemontese, con
particolare riguardo al caso di Asti, in Magnati e popolani nell’Italia comunale... cit., p. 401 s.
II. Le personnel de justice
Forme di implicazione politica dei
giuristi nei governi comunali italiani
del xiii secolo
Sara Menzinger

INTRODUZIONE
1 L’impiego di giuristi da parte dei governi non rappresenta una
specificità della storia comunale italiana, né dei secoli xii e xiii. In
questo spazio geografico, istituzionale e cronologico, tale fenomeno
assunse tuttavia delle caratteristiche originali, che non si presentano
negli stessi termini altrove: si tratta del ruolo fondamentale che gli
esperti di diritto rivestirono nella politica cittadina e nella
costruzione dell’amministrazione comunale. A partire all’incirca
dalla metà del xii secolo, la valorizzazione della nuova cultura
giuridica di matrice scolastica determinò un intervento dei giuristi
non solo negli apparati giudiziari, dunque nell’esercizio specifico
della loro professione, ma più in generale nei consigli e negli organi
politici delle città dell’Italia centro-settentrionale.
2 Molte ricerche incentrate sulle istituzioni comunali in contesti
specifici hanno segnalato, fin dagli esordi dei governi consolari, la
presenza di figure designate con un titolo che rimanda a competenze
giuridiche. A tali figure viene tradizionalmente assegnata una
funzione «consultiva», che è ritenuta esplicarsi nella sfera dei
rapporti diplomatici cittadini e nella consulenza, appunto, ai
governi. Sebbene tecnicamente sia questa la principale funzione dei
giuristi nei governi comunali, parlare di un’attività consultiva da una
parte sembra sminuire la portata storica del loro intervento politico,
dal-l’altra non illumina molto sulla qualità e le ragioni di questo
intervento. Per superare la constatazione di una presenza nelle
istituzioni, e cercare quindi di determinare le cause e la specificità
del contributo apportato dagli uomini di legge, si tenterà, nelle
pagine seguenti, di avanzare alcune riflessioni sulla funzione politica
dei giuristi nella società comunale, maturate nell’ambito di una
ricerca condotta sulle città di Siena, Perugia e Bologna nel xiii secolo
1 . Con le vaghe designazioni di «giuristi», «esperti di diritto» o

espressioni analoghe, si fa riferimento a quelle persone che nelle


fonti vengono definite iudices, sapientes iuris e iurisperiti, o, assai più
raramente, con la sola eccezione di Bologna, doctores legum.
Complessivamente, si tratta di figure note non tanto per la
produzione scientifica, ma per l’attività politica e professionale
svolta a livello locale.
3 Il dato che accomuna le città sopra menzionate è quello di avere
dato vita, a partire dagli anni Quaranta-Cinquanta del xiii secolo, a
governi di Popolo. Il termine «popolo» (populus) viene qui usato
nell’accezione precisa che assume nelle fonti duecentesche,
nell’ambito delle quali designa quella parte della cittadinanza
generalmente dedita all’esercizio di un mestiere, che non si
identifica e si oppone alla aristocrazia cittadina (militia).
L’affermazione di forme di rappresentanza vasta, di magistrati
forestieri rappresentativi delle forze popolari e di una politica
mirata a ridimensionare il dominio aristocratico sul governo, sono
gli elementi che rappresentano il denominatore comune degli
sviluppi istituzionali di queste tre realtà. Per le profonde differenze
politiche ed economiche, l’affermazione del movimento popolare
senese, perugino e bolognese avvenne tuttavia con tempi,
caratteristiche ed intensità profondamente diversi. Di conseguenza,
le fasi di maggiore definizione politica nel corso del xiii secolo non
sono strettamente coincidenti, e i decenni a cui verrà rivolta
maggiore attenzione sono quelli reputati più significativi per il te-
ma in esame, vale a dire gli anni Quaranta-Sessanta a Siena, gli anni
Sessanta-Ottanta a Perugia e gli anni Settanta-Ottanta a Bologna.
Nonostante le differenze, in ognuna di queste tre realtà la posizione
politica dei giuristi e la funzione attribuita al diritto costituirono
questioni fondamentali nella seconda metà del Duecento, e un esame
comparativo consente di cogliere alcuni problemi ed esigenze
comuni che, al di là delle specificità locali, emersero in conseguenza
di questa particolare esperienza istituzionale.
4 In un articolo apparso nel 1982, Ennio Cortese affrontava la
questione dello studio dei ceti applicato ai giuristi, e identificava
nella possibilità di definire una funzione, una dignitas e un’ideologia,
le tre caratteristiche essenziali perché un gruppo potesse definirsi
ceto 2 . Il campo di indagine prescelto era allora l’epoca e l’area in
cui cominciano a moltiplicarsi le testimonianze di giuristi dotti, vale
a dire la Toscana tra la fine dell’xi e il xii secolo. Si tratta tuttavia di
tre categorie estendibili ad altri contesti ed epoche dell’Italia
comunale: in particolare, l’importanza attribuita dall’autore alla
questione del ruolo, come principale tratto caratterizzante di un
gruppo, richiama l’attenzione su un campo di indagine ancora
complessivamente poco battuto, che merita tuttavia esplorazioni
ulteriori.
5 Nell’ambito degli studi sulla posizione dei giuristi nella società
comunale, sono ancora oggi di riferimento le ricerche di Peter
Classen e di Johannes Fried, alla base delle quali i due studiosi
tedeschi avevano posto l’interesse per esperienze istituzionali
distinte 3 . Laddove i lavori di questi due autori sono stati recepiti,
l’impronta soprattutto delle ricerche di Fried, basate su studi di
carattere prosopografico, ha influenzato il modo di trattare
l’argomento nelle diverse realtà comunali italiane, da una parte
generando un’attenzione maggiore alla presenza di esperti di diritto
nei ceti dirigenti, dall’altra condizionando gli interrogativi che ai
giuristi e alla loro posizione nella società comunale potevano porsi,
focalizzando l’attenzione soprattutto sulla provenienza sociale.
Sebbene la questione dello status degli esperti di diritto rivesta una
importanza notevole, la concentrazione solo su questo aspetto ha
fatto passare in secondo piano sia l’alto grado di intervento nella
politica cittadina, sia, soprattutto, le ragioni per le quali i governi si
rivolsero con tanta intensità alla mediazione giuridica.
6 Per l’approfondimento di questi temi si è scelto di assumere una
prospettiva diversa, incentrando l’indagine sulla natura e i termini
del potere politico nelle città italiane, e cercando di ricostruire il
ruolo degli esperti di diritto a partire dal funzionamento del sistema
comunale. Concretamente, questo significa differenziare le tipologie
di fonti a cui rivolgere l’attenzione, affiancando alla documentazione
normativa (statuti) e giudiziaria, l’esame delle delibere dei consigli
(riformagioni). È soprattutto da quest’ultime, infatti, che emerge la
frequenza con cui, nel dibattito politico quotidiano, certe questioni
furono delegate alla componente dei giuristi cittadini, tanto da
apparire in alcuni casi essere loro affidata la vera e propria gestione
di momenti politici rilevanti.
7 La dignitas, ossia lo status riconosciuto ai giuristi dalla società
comunale, il ruolo che essi svolsero, e l’ideologia, qui intesa
soprattutto come la funzione che alla cultura giuridica venne
assegnata in questo contesto, costituiscono interrogativi
fondamentali per ricostruire la complessità dei rapporti esistenti tra
i giuristi e i governi duecenteschi, e più in generale la dialettica che
si instaura a quest’epoca tra diritto e politica. L’attenzione si
concentrerà in particolare sul complesso dialogo tra posizione
sociale aristocratica dei giuristi e funzione politica nei governi di
Popolo della seconda metà del Duecento, tentando di
contestualizzare i dati emergenti dalle realtà di Siena, Perugia e
Bologna, nella vicenda complessiva del movimento comunale.

DIGNITAS
8 In molte realtà comunali duecentesche, chi possiede competenze
giuridiche è invariabilmente qualificato come dominus nella
documentazione, oppure con titoli analoghi che ne attestano
l’appartenenza allo strato aristocratico dei milites, o, nella seconda
metà del Duecento, dei magnati. Ci si può chiedere, dunque, se tale
costante rappresenti una premessa per l’accesso alla formazione
giuridica, o se, viceversa, sia lo studio delle leggi a consentire
l’accesso ai ceti nobiliari 4 . Numerose ricerche hanno ricostruito le
fortune di figure particolari o di singole famiglie di giuristi, che
contribuiscono molto ad arricchire il panorama delle informazioni in
proposito nelle varie realtà urbane 5 . Complessivamente, le
ricostruzioni prosopografiche duecentesche si scontrano, però, con
la difficoltà di identificare un canale esclusivo di affermazione
sociale, considerata la diffusione di attività economiche come la
mercatura, il cambio, o l’usura, che rendono complesso stabilire su
grandi numeri quanto il possesso di una cultura giuridica abbia
contribuito al successo delle famiglie magnatizie, e tutto sommato in
quest’epoca secondario.
9 Se la professionalità costituisca uno strumento duraturo di
affermazione politica è un quesito più rilevante nella prima età
comunale, che non successivamente. È nel corso del xii secolo che si
compie infatti il passo più significativo, quando, per conferire
legittimità alle decisioni, si assiste alla frequente tendenza di
motivare tecnicamente gli atti giuridici da parte di chiunque eserciti
un pote-re di giurisdizione. Ne consegue una valorizzazione delle
competenze giuridiche e la crescente presenza di giuristi nelle
posizioni dominanti. In un quadro complessivo, la scarsità di
documentazione conservata per la prima metà del xii secolo non
consente molti approfondimenti, ma nel caso eccezionale di Lucca
sembra essere molto rilevante l’osservazione avanzata di recente da
Chris Wickham, che vede una frattura tra gli iudices cittadini del
secolo xi e quelli del xii, identificando nei primi gli antenati delle
famiglie di milites lucchesi del xii, e riconducendo invece i secondi a
famiglie di recente affermazione, con scarsi patrimoni fondiari 6 . Il
dato sembra importante perché spinge a chiedersi quanto il bagaglio
di competenze, a cui, assai più che in passato, comincia a rimandare
il titolo di iudex nel xii secolo, implichi dei cambiamenti di ceto
sociale.
10 È in primo luogo la rinascita degli studi romanistici a sollevare
questo problema, perché il lento processo attraverso il quale il
diritto diventa una scienza comporta necessariamente un certo
grado di professionalità da parte di chi lo maneggia. La
testimonianza più evidente è la fioritura simultanea, a partire
all’incirca dalla metà del xii secolo, di numerose scuole di diritto più
o meno strutturate tan-to nell’Italia settentrionale, quanto nella
Francia meridionale. Come hanno mostrato gli studi di Ennio Cortese
e di André Gouron, queste scuole nascono in risposta ad esigenze
pratiche, e in esse prevale l’interesse per la materia processuale,
quindi l’insegnamento di un diritto da utilizzare nei tribunali 7 . In
entrambe le aree, l’impatto di questa produzione accademica sulla
giustizia delle città, ed in particolare l’adozione di procedure
romano-canoniche sortirà l’effetto di rinforzare la legittimità delle
giurisdizioni urbane.
11 A partire da dopo la metà del 1100, la spinta verso un
potenziamento delle istituzioni cittadine impone un ripensamento
dell’organizzazione della città. Il coinvolgimento degli iurisperiti
nell’amministrazione comunale, a cui assistiamo quasi ovunque negli
ultimi due decenni del xii secolo, indica quanto la crescente
articolazione della vita amministrativa, fiscale e giudiziaria ponga
dei problemi nuovi alla classe di governo, che portano a valorizzare
delle competenze. Una testimonianza importante è costituita dal
caso di Milano, dove fin dalla comparsa delle liste consolari sono
presenti persone che con regolarità portano il titolo di iudex.
Attraverso lo studio delle liste dei consoli di Milano per l’arco di
tempo che va dagli anni Quaranta agli anni Ottanta del xii secolo,
Peter Classen ha dimostrato quanto il possesso di competenze
giuridiche abbia consentito carriere politiche straordinarie nel
consolato milanese 8 . Questo fenomeno illustra chiaramente quanto
il ruolo politico del ceto dirigente comunale non corrisponda più alla
semplice traduzione di una posizione sociale, ma sia complicato da
un’esigenza di professionalità 9 . Proprio il coinvolgimento precoce
di iudices, causidici o iurisperiti nell’amministrazione della città,
ancora prima delle origini familiari, potrebbe avere comportato, già
a partire dalla fine del xii secolo, l’identificazione dei giuristi
cittadini con i ceti dirigenti comunali. In altre parole,
l’identificazione dei giuristi con il ceto dei milites, che emerge con
chiarezza da molte realtà duecentesche, potrebbe essere la
conseguenza in primo luogo di una funzione dirigente nella politica
comunale che si diffonde nel xii secolo, anziché un fenomeno di
lungo periodo.
12 Per il xiii secolo, sono state principalmente le riflessioni di Jean-
Claude Maire Vigueur a fornire una risposta all’interrogativo della
provenienza sociale dei giuristi, chiarendo come, per tutto il
Duecento, il possesso di una cultura giuridica e l’esercizio di
professioni giudiziarie restino in gran parte prerogativa del ceto
aristocratico. Tali considerazioni hanno avuto il merito di porre
l’accento, per la prima volta con tanta chiarezza, sull’identità sociale
degli esperti di diritto nella società comunale, contemporaneamente
sfatando sia il mito di un legame tra diritto e borghesia che vedrebbe
la cultura giuridica prevalentemente legata alle forze dinamiche
della società, sia l’immagine di una professionalità in campo
giuridico come significativo canale di ascesa sociale su grandi
numeri 10 . Queste riflessioni maturavano soprattutto in reazione
all’immagine proiettata da Fried sul ceto dei giuristi bolognesi nella
seconda metà del xii secolo, che enfatizzava molto la comparsa di
homines novi tra le fila dei giudici, amplificando il dato di una
provenienza sociale non aristocratica.
13 Nonostante le ricerche di Maire Vigueur e le importanti
puntualizzazioni prosopografiche effettuate da Nikolai Wandruszka
11 , dalla ricerca di Fried emergeva tuttavia un fenomeno molto

rilevante, che resta l’intuizione più profonda del suo lavoro: si tratta
del legame che egli stabiliva tra il coinvolgimento nel governo dei
giuristi bolognesi e le trasformazioni istituzionali che a Bologna si
verificarono nella seconda parte del xii secolo 12 . La novità a cui
questo cambiamento rimandava era la nascita di un ceto
professionale, che per la prima volta veniva utilizzato in virtù delle
competenze di cui era depositario. Fried mostrava in modo
convincente come fosse proprio nelle precoci esperienze podestarili
bolognesi che si rendesse manifesto quanto una cultura giuridica
potesse essere sfruttata non solo per le nuove cariche giudiziarie che
furono istituite a partire da quel momento, ma nella
amministrazione della città.
14 L’esigenza di professionalità è alla base della scelta della stessa
forma di governo che, tra la fine del xii secolo e i primi decenni del
xiii, abbracciano moltissimi comuni italiani, passando da collegi di
consoli locali alla delega di importanti sfere della vita
amministrativa e giudiziaria a podestà forestieri. Per ragioni sulle
quali ci si soffermerà nel paragrafo seguente 13 , proprio questo
nuovo assetto istituzionale aumenta la richiesta di un
coinvolgimento politico dei giuristi cittadini, che, alla soglia dei
conflitti sociali della metà del Duecento, sono chiaramente
identificati con la classe di governo aristocratica al vertice delle
istituzioni comunali nella fase generalmente detta podestarile.
15 A metà del Duecento, quando le battaglie del Popolo per ottenere
una maggiore rappresentanza politica nel governo comunale
portano alla nascita di consigli più vasti, all’affermazione di
funzionari forestieri rappresentativi del Popolo (capitani del
Popolo), e all’elaborazione di strategie di contenimento
dell’influenza aristocratica sulle istituzioni, l’identificazione dei
giudici con il ceto dei milites, o dei magnati, comincia a rendere
problematico il ricorso alle competenze giuridiche in campo sia
giudizario, che politico. Siena, che costituisce una delle poche città
italiane per le quali siano sopravvissute fonti amministrative
antecedenti alla metà del xiii secolo, mostra chiaramente, alla fine
degli anni Quaranta, l’alto grado di intervento dei giudici nella
politica comunale 14 . In veste di consiglieri negli organi collegiali
del comune e di principali, se non talvolta esclusivi animatori della
politica cittadina, i iudices-domini senesi si autodelegano con
straordinaria frequenza le questioni discusse nei consigli, in dibattiti
governati, fino a metà degli anni Cinquanta, da una fortissima
autoreferenzialità. È questo il ruolo politico che nella seconda metà
del secolo viene posto in discussione in quei comuni dove maggiore è
l’affermazione istituzionale del Popolo.
16 Per comprendere a fondo i termini della questione, è bene
richiamare l’attenzione sulle differenze profonde che intercorrono
tra la situazione comunale italiana e altre realtà descritte
nell’ambito di questo volume. Sia in Provenza, sia in Germania, sia in
altri contesti qui analizzati, i giuristi sono al servizio di poteri
superiori, e prestano una consulenza, o esercitano una professione,
per organi politici o per sovrani 15 . Questo non significa che non
svolgano una funzione politica, perché anzi, il caso di Norimberga
illustrato da Eberhard Isenmann costituisce un bell’esempio di
quanto intensa sia la do-manda di pareri dotti per questioni politiche
da parte delle città tedesche 16 . La differenza sta piuttosto nel fatto
che, nelle città comunali italiane, i giudici sono allo stesso tempo
consulenti e rappresentanti politici, membri dei consigli comunali e
autori di pareri tecnici. In certa misura sono quindi consulenti di sé
stessi, nel senso che i loro pareri sono rivolti a governi in cui
esercitano un ruolo di primo piano.
17 La sopravvivenza delle delibere del Consiglio del Popolo senese a
partire dalla sua nascita consente di farsi un’idea delle questioni
maggiormente discusse durante il passaggio al nuovo sistema
politico popolare 17 . Nella lotta contro la vecchia classe di governo,
viene sferrato un attacco radicale contro i privilegi politici connessi
a certi uffici e a certe categorie, nell’ambito del quale assume
un’importanza notevole la contestazione della consulenza politica da
parte dei sapientes iuris. Nel 1258, il capitano del Popolo di Siena pone
nell’ambito del Consiglio ristretto del Popolo, detto dei Ventiquattro,
una questione inerente all’elezione di questi ultimi, per la quale pare
fossero state commesse delle irregolarità 18 . Alla proposta avanzata
nel Consiglio di delegare a tre sapientes iuris l’esame dello statuto del
Popolo, si oppone con forza un consigliere, secondo il quale la
questione dell’elezione doveva essere risolta dai Ventiquattro stessi,
coadiuvati da dieci uomini del Popolo per terzerio, senza l’intervento
di altri sapientes iuris; egli afferma infatti che i Ventiquattro
avrebbero provveduto riguardo al loro ordinamento meglio da soli
che con i sapientes (et alios sapientes iuris non vult habere, et non vult
quod super dicto facto sapientes alii iuris debeant consulere, quia ipsi
XXIIIIor sciunt eorum facta et eorum ordinamenta melius quam alii
sapientes) 19 . Questa ed altre dichiarazioni analoghe più o meno
coeve sono facilmente comprensibili alla luce del ruolo straordinario
che i giudici senesi avevano rivestito nella politica comunale della
prima metà del secolo, e che rivestivano ancora negli anni Cinquanta
20 .

18 Nei provvedimenti antimagnatizi, ossia quelle leggi attraverso le


quali, intorno agli anni Settanta del Duecento, i governi popolari
cercano di escludere le famiglie più potenti dal governo comunale, la
componente degli iudices viene esplicitamente identificata con
questo gruppo. Il divieto di accesso alle cariche politiche per i giudici
è infatti l’espressione più evidente dell’antagonismo del Popolo, ed
un tema comune della legislazione comunale tardo-duecentesca, che
ritroviamo a Bologna, a Siena o a Firenze, solo per citare gli esempi
più noti. La diffidenza verso i giudici porta i governi popolari a
valorizzare le competenze amministrative di un altro ceto
professionale, quello notarile. Sia a Perugia, sia in misura maggiore a
Bologna, i notai rappresentano una delle principali anime del Popolo
21 .

19 A Perugia, come a Siena, l’identificazione aristocratica dei giuristi è


netta. Nel corso degli anni Ottanta del xiii secolo, che costituiscono il
momento di maggiore pressione del Popolo perugino sulle istituzioni
22 , assistiamo a un ridimensionamento dell’intervento politico dei

sapientes iuris rispetto al passato, e, in particolare, rispetto al


decennio precedente. Iudices e doctores legum appaiono con frequenza
assai minore in un Consiglio ristretto all’interno del quale, nel corso
degli anni Settanta, avevano rappresentato la componente più
significativa 23 . A questo fenomeno corrisponde un aumento
dell’intervento politico dei notai, che sembrano in alcuni frangenti
costituire una garanzia per delle competenze necessarie a livello
amministrativo, tuttavia in versione popolare. È quanto
testimoniano, ad esempio, due accese sedute del Consiglio generale
di Perugia nell’agosto del 1280, dove si discute la composizione di
una commissione che avrebbe dovuto revisionare gli statuti del
Popolo 24 . Come a Siena, anche in questo caso il problema è
costituito dall’intervento, o meno, di iurisperiti, in alternativa al
quale alcuni consiglieri sembrano spingere verso una delega ai notai.
Le proposte avanzate dai diciassette interventi complessivi registrati
per le due sedute sono orientativamente quattro: un primo gruppo di
consiglieri chiede che della faccenda si occupino i magistrati
forestieri, confidando probabilmente in un certo grado sia di
neutralità, che di competenze; altri sostengono invece l’intervento
dei sapientes iuris, affiancati da esponenti del Popolo; la terza
proposta è che la commissione sia tutta de populo, e in questa
formazione è particolarmente caldeggiata la presenza di notai. La
soluzione che prevale si uniforma tuttavia all’intervento più radicale
di un consigliere che rifiuta del tutto l’idea di una commissione
ristretta, e chiede che gli statuti del Popolo siano esaminati dal
Consiglio stesso, dai rettori del Popolo e da tutti gli abitanti di
Perugia che desiderino intervenire (quod per consilium et per rectores et
per omnes homines civitatis Perusii qui adesse voluerint illis statutis fiat illa
examinatio 25 ).
20 Questa discussione perugina illustra bene quanto la contestazione
della delega ai giuristi rispecchi una questione politica più vasta che
ricorre in forme diverse in altre esperienze popolari, e che, per certi
aspetti, costituisce un problema endemico di un sistema di governo.
Nella gerarchia dei consigli comunali della seconda metà del
Duecento, quello più vasto è sovrano, ma ciò non significa affatto che
costituisca la sede massima di elaborazione politica. La lotta per
consigli più allargati, composti esclusivamente, o in parte
considerevole, da elementi diversi dai domini, e, allo stesso tempo, un
frequente ricambio dei consiglieri teso a evitare la formazione di
gerarchie stabili al potere, comportano, nella seconda metà del
Duecento, la delega continua a commissioni ristrette. In questo
senso, le balie di esperti rappresentano un postulato necessario delle
rappresentanze vaste, e l’idea che sembra sottendere
l’organizzazione dei governi popolari è che le competenze e la forza
di cui era depositario lo strato alto della società comunale potessero
essere utilizzate attraverso il ricorso a commissioni tecniche,
sottoposte, in misura variabile, al controllo dei consigli.
21 Se la potenza politica a cui giungono inevitabilmente le balie genera
una sfiducia diffusa per il meccanismo della delega, gli interventi dei
consiglieri che intervengono nelle sedute senesi e perugine sopra
esaminate rivelano una diffidenza specifica nei confronti dei giuristi:
non è sufficiente la garanzia del controllo dei consigli per
supervisionare l’attività delle commissioni dei sapientes iuris. Tale
posizione attesta da una parte la coscienza che qualsiasi attività
interpretativa sulle fonti normative non rappresenti un intervento
neutrale, ma sia politicamente connotato; dall’altra che il lavoro di
una balia di iurisperiti non poteva essere integralmente controllato
da chi non ne condivideva la cultura e le competenze. Questo
secondo elemento, in particolare, sembra emergere tanto dalla
decisione finale del Consiglio generale di Perugia, quanto da due
discussioni simili che avvengono a Siena nel 1257 e nel 1258, nelle
quali si decide, rispettivamente, che un giudice interpreti una norma
dubbia dello statuto del Popolo direttamente nel Consiglio, anziché
in una sede separata, e che la spiegazione di un altro capitolo dubbio
fosse fatta dal Consiglio stesso 26 . In termini analoghi a Bologna,
quando, nel 1284, in seguito a problemi tra la città e il pontefice,
acquista molto potere una commissione di sapientes iuris a cui era
stata delegata la vicenda, i rappresentanti del Popolo chiedono
prima a un’altra commissione composta esclusivamente da
esponenti popolari di controllare i documenti prodotti dai giuristi,
poi agli stessi doctores di diritto civile e canonico di andare a una
riunione unificata dei consigli cittadini, nella quale avrebbero
dovuto leggere e spiegare i documenti in questione 27 .
22 Nonostante queste tensioni esistano, si tende tuttavia a tracciare dei
legami troppo stretti tra professione, provenienza sociale e ruolo
politico dei giudici e dei notai, e ad attribuire un valore eccessivo alle
dichiarazioni contenute nelle leggi antimagnatizie, che sono state
spesso interpretate come una testimonianza del fatto che i giudici
fossero esclusi dalla vita politica della seconda metà del Duecento. Lo
studio del funzionamento del sistema comunale tardo-duecentesco
rivela rapporti assai più complessi: a Perugia, a Siena, e a Bologna, se
vediamo prevalere la componente popolare nei consigli comunali,
sorgono parallelamente delle commissioni ristrette di sapientes in cui
sono principalmente attivi giudici e doctores legum. Si tratta di
commissioni formalmente esterne al governo, non sottoposte, cioè,
al rigido criterio di rotazione dei consiglieri, ma che di fat-to
rappresentano un forte e costante canale di intervento politico. La
ragione principale della loro esistenza è la continua richiesta di una
consulenza politica dei sapientes iuris da parte dei governi popolari.
23 Nella legislazione perugina non è rintracciabile, peraltro, una
dichiarazione programmatica contro la componente dei giudici, sul
genere di quelle che compaiono nelle legislazioni antimagnatizie di
altre realtà comunali. John P. Grundman e successivamente Sarah R.
Blanshei hanno visto nell’esclusione dei giuristi dalla vita politica
uno dei tratti caratterizzanti delle istituzioni perugine tardo-
duecentesche, in contrapposizione, secondo la Blanshei, alla realtà
bolognese 28 . A tale idea i due studiosi sono stati spinti
dall’affermazione contenuta nei primi ordinamenti popolari del
1260, secondo la quale, in materia penale, le categorie dei milites,
iudices e notarii non dovevano essere considerati de populo 29 .
Proprio il riferimento ai notai, la cui identità sociale e politica
rimanda a Perugia (come altrove) a un’appartenenza popolare,
spinge non solo a ridimensionare l’importanza di questa
affermazione, ma anche ad attribuirle un significato diverso. Il fatto
che iudices e notarii siano equiparati ai milites in materia penale, ossia
che non godano dei privilegi spettanti ai popolari nel pagamento
delle condanne, sembra essere una conseguenza della professione
che esercitano, più che dell’appartenenza sociale, considerato che
l’amministrazione della giustizia dipendeva essenzialmente da loro.
24 La difficoltà di applicare delle identificazioni rigide tra ceti
professionali e funzione politica emerge con chiarezza a Bologna
negli anni Ottanta del Duecento, quando i notai sono per
appartenenza sociale e politica una delle forze principali del Popolo,
ma anche una corporazione potentissima, che sembra opporsi alle
più estreme posizioni popolari in materia giudiziaria 30 ; i doctores
legum si schierano chiaramente dalla parte dei magnati, ma per via
delle competenze che possiedono sono anche coloro che siglano gli
ordinamenti antimagnatizi; gli iudices politicamente intervengono
spesso al fianco dei magnati, ma rivendicano in più di un’occasione
un’appartenenza al Popolo.
25 Alla fine del Duecento, la presenza ultrasecolare dell’Università
sembra comportare, a Bologna, una stratificazione delle professioni
giuridiche altrove non riscontrabile. Mentre nelle altre realtà
comunali il possesso di una cultura giuridica rappresenta un
elemento sufficiente per designare la categoria complessiva degli
esperti di diritto, nel senso che la distinzione tra il titolo di doctor e
quello di iudex, o iurisperitus, non si traduce in una differenza
significativa di posizione sociale e di intervento politico, la distanza
tra le due categorie a Bologna è avvertita. Tale impressione si ricava
complessivamente dalle discussioni dei Consigli comunali bolognesi
degli anni Ottanta del Duecento, dove sia il ruolo dei doctores legum
nella politica cittadina, sia alcune dichiarazioni da parte dei
consiglieri restituiscono l’immagine di una identificazione del ceto
dei doctores con lo strato alto della società bolognese. Benché in
alcuni casi la distinzione tra doctores e iudices sia fittizia, nel senso
che le stesse persone vengono qualificate con entrambi i titoli,
complessivamente un confine tra le due categorie esiste. Negli ultimi
decenni del xiii secolo, la categoria di immediata identificazione
aristocratica è quella dei doctores legum, e, a differenza di altre città,
il titolo di iudex ri-manda a una professione, assai più che a uno
status.
26 È quanto attesta un documento prodotto dalla collettività dei giudici
bolognesi nel 1285, quando essi si rivolgono al collegio ristretto del
Popolo di Bologna, il Consiglio degli Anziani, per avanzare delle
richieste che poi gli stessi Anziani pongono nel più vasto Consiglio
del Popolo 31 . All’inizio della petizione, i giudici affermano di
essere, ed essere stati in passato, quasi tutti figli, fratelli e nipoti
degli uomini della società del Popolo; la ragione per la quale si
rivolgono agli Anziani sono gli scarsi guadagni che traggono dalla
loro professione a causa del servizio che prestano negli uffici
comunali 32 . L’incompatibilità tra la nomina a questi ultimi e
l’esercizio della professione legale è sancita a chiare lettere negli
statuti del 1288, che ingiungono ai giudici di non patrocinari pro aliquo
nec procurationem exercere per tutto il tempo in cui ricoprono cariche
comunali 33 . I giudici di Bologna chiedono dunque che, poiché
quelli di loro che operano in questi uffici sono per la maggior parte
persone del Popolo e membri delle società d’Arti e d’Armi, possano
esercitare la professione di avvocati e consulenti anche mentre sono
ufficiali del comune, affinché le cariche comunali continuino ad
essere ricoperte da personale valido e preparato (boni et literati
iudices).
27 Sebbene la dichiarazione di un’appartenenza popolare in un
documento che mira ad aumentare le prerogative dei giudici abbia
un chiaro valore strumentale, siamo tuttavia di fronte a una
petizione pubblica, la discussione sulla quale, su proposta di un
notaio, viene rimandata dal Consiglio del Popolo. Oltre alla reiterata
affermazione di un identità de populo, colpisce il riferimento alle
società d’Arti e d’Armi, che costituivano gli organi corporativi
professionali e militari del Popolo bolognese, l’accesso ai quali era
precluso ai magnati. Non si tratta di una testimonianza isolata:
esistono infatti altri segnali di un’integrazione dei giudici nella
politica popolare 34 . In base a ciò che si conosce di altre realtà
comunali, la specificità bolognese, a questa altezza, sembra essere
forte. Nell’arco di circa un secolo, la presenza dell’Università ha
agito in due direzioni distinte: da una parte ha innalzato il livello
culturale degli ufficiali comunali e consentito un allargamento
sociale delle professioni giuridiche, dall’altra ha determinato una
stratificazione all’interno della categoria degli esperti di diritto.
28 Tuttavia, anche nelle città in cui il diritto resta un quasi mono-polio
della nobiltà comunale, i giuristi non sono qualificabili come
semplici esponenti dei valori nobiliari, proprio in virtù della cultura
che possiedono e delle competenze non solo tecnico-processuali
nella sfera giudiziaria, ma più in generale amministrative e politiche.
Il contributo fondamentale che essi di fatto apportano alla
definizione della politica popolare invita appunto a non sovrapporre
il problema dell’identità sociale a quello della funzione di un gruppo.

FUNZIONE
29 Nel recente libro sulle strategie di disputa toscane nel xii secolo,
Chris Wickham solleva una questione importante quando affronta il
caso di Pisa: lo studioso afferma infatti che l’adozione del diritto
romano nella legislazione e nella pratica giudiziaria fu qui
un’operazione che si realizzò per una precisa volontà del governo
cittadino, in conseguenza di quella che viene da lui definita in modo
molto efficace come una «scelta politica» della classe dirigente
pisana 35 . Gli studi condotti sulle leggi pisane da parte di Classen e
di Claudia Storti Storchi hanno ricostruito le varie fasi di redazione
dei constituta, e datato al 1155 l’inizio di questa intensa opera di
ridefinizione legislativa 36 . Pisa rappresenta un caso eccezionale
per precocità ed intensità, ma prefigura quello che avverrà nel giro
di pochi decenni nella maggior parte dei comuni italiani:
indipendentemente da un maggiore o minore grado di
romanizzazione del diritto municipale, la nascita di una nuova
cultura stimola le esigenze di definizione istituzionale di una società
urbana profondamente mutata.
30 A prescindere dalla questione se Pisa abbia intrapreso questa
operazione per desiderio di emulazione degli antichi Romani, l’idea
per cui l’adozione del diritto romano risponda a un’esigenza di
identità sembra suggestiva, e ancor più l’immagine di un’operazione
cosciente intrapresa dalla élite cittadina, un’«iniziativa ideologica»
appunto, e non una «decisione disinteressata» 37 . Wickham pone la
questione nei termini di una costruzione identitaria di Pisa
soprattutto verso l’esterno, in particolare verso altre città italiane e
rivali come ad esempio Lucca, che legava invece il suo prestigio a
una tradizione longobardo-carolingia, o Genova, con la quale forse
Pisa aspirava a competere proprio sul terreno giuridico e culturale.
Storti Storchi ha messo in luce quanto alla base delle esigenze
ideologiche del comune pisano siano presenti anche dei
fondamentali problemi di legittimità del potere cittadino nei
confronti dell’imperatore: nella ricostruzione avanzata del clima
culturale e politico della metà del xii secolo, la studiosa sottolinea la
rilevanza dell’imminente incontro della città con Federico
Barbarossa, e vede nella separazione del campo della lex da quello
dell’usus, attuata dai sapientes addetti alla redazione dei constituta, un
probabile strumento che gli intellettuali pisani adottarono per
tutelare la propria giurisdizione dalle proteste o interferenze
imperiali 38 .
31 Le esigenze di legittimità non sono tuttavia avvertite solo nei
confronti di poteri esterni: a metà del xii secolo è altrettanto urgente
una definizione verso l’interno delle stesse strutture amministrative
in cui le città si vanno organizzando, ossia quel processo per cui con
tempi e modi diversi esse giunsero al risultato comune di legittimare
i tribunali cittadini, dunque all’affermazione del potere di
giurisdizione. Per entrambi questi aspetti la mediazione giuridica
cominciò a rivestire a quest’altezza un ruolo molto importante
perché ad essa fu delegata la definizione e la legittimazione di un
fondamentale mutamento politico e istituzionale. In questo senso la
romanizzazione del diritto municipale, la nascita di tribunali
specializzati e la richiesta di una conoscenza del diritto al personale
giudiziario, segnano l’inizio di un processo di investimento politico
sulla cultura giuridica, che in questi termini si presenta come un
fenomeno nuovo.
32 A distanza di pochi decenni dalla redazione delle leggi pisane, molti
governi comunali cominciano ad investire sul diritto in due direzioni
distinte: da una parte nella costruzione di apparati giudiziari sempre
più articolati e complessi, dall’altra nella valorizzazione della cultura
giuridica come strumento essenziale di legittimazione politica. La
distinzione tra queste due categorie risponde tuttavia solo a scopi
esemplificativi, se consideriamo che l’esercizio di una giurisdizione
pubblica, che è quello a cui tendono le città a partire in modo diffuso
dalla metà del xii secolo, non appare tanto come un settore del
potere politico comunale, ma come l’essenza stessa di esso. Il primo
tratto attraverso il quale si autodefiniscono le città tanto verso
l’esterno nei confronti degli altri poteri in campo, quanto verso
l’interno per ottenere il consenso e l’adesione dei soggetti che le
compongono, è la rivendicazione di una giurisdizione esclusiva sul
territorio, sulle persone e sulle cose, che si attua attraverso il
riconoscimento dei tribunali cittadini. Da qui deriva una spiccata
accezione politica dell’attività giudiziaria, o viceversa una visione del
potere politico comunale come un potere essenzialmente giudiziario.
33 La scarsa distinzione tra queste due categorie è un elemento da
tenere in forte considerazione per comprendere il ruolo assunto
dagli esperti di diritto fin dagli esordi istituzionali delle città nel xii
secolo. Da sempre la storiografia comunale ha sottolineato la
rilevanza del ruolo dei giuristi italiani sulla base da una parte della
funzione da essi svolta in campo giudiziario, dall’altra della presenza
nei consigli comunali. Questi due aspetti della loro attività sono stati
considerati distinti, rappresentando il primo l’esercizio specifico di
competenze professionali, il secondo l’espressione di un’attività
essenzialmente politica. Lo studio parallelo delle forme di intervento
in campo giudiziario e politico dei giudici italiani consente tuttavia
di mettere a fuoco una funzione assai più unitaria di quanto la
distinzione tra il campo della giustizia e quello del governo
lascerebbe pensare, dove professione giudiziaria e consulenza
politica sono da subito percepiti come sbocchi altrettanto naturali
del possesso di una formazione giuridica.
34 È un fenomeno che vediamo già in atto nella seconda parte del xii
secolo: il caso esemplare, anche se a quest’epoca rappresenta ancora
un’eccezione, è quello menzionato di Milano. Classen ha infatti
dimostrato come le persone alle quali con più frequenza venne
affidata la guida della città, soprattutto nei momenti di crisi con il
potere imperiale, furono un gruppo chiaramente identificabile di
iudices e causidici. Come era avvenuto a Pisa in occasione
dell’incontro tra la città e Federico Barbarossa, anche a Milano i
rapporti con l’imperatore sembrano determinare un ricorso più
intenso al diritto, e un’utilizzazione politica della cultura giuridica
39 . È stato anzi sottolineato quanto proprio il confronto con il

potere imperiale abbia stimolato una maggiore professionalità


dell’amministrazione comunale e un perfezionamento della
burocrazia cittadina 40 .
35 La recente pubblicazione della ricerca sui podestà dell’Italia
comunale restituisce bene la centralità assunta da Milano nella
prima fase dell’esperienza podestarile 41 , a cui potrebbe avere
contribuito il fenomeno descritto da Classen. Il fatto che nei primi
decenni di affermazione dei podestà forestieri si registri una netta
prevalenza di ufficiali milanesi, e che, come sostiene Maire Vigueur,
tale preferenza rispecchi soprattutto la professionalità politica degli
ufficiali di Milano 42 , ben si accorda al dato che evidenziava lo
studioso tedesco, secondo il quale era soprattutto a Milano che,
nell’epoca consolare, la cultura giuridica aveva conosciuto
un’intensa utilizzazione politica. È possibile che proprio il possesso
di competenze giuridiche di qualche genere, attestato con una certa
frequenza dagli esponenti consolari di Milano, abbia contribuito alla
professionalità che i podestà milanesi sembrano possedere nei primi
decenni del xiii secolo.
36 Se fino dal xii secolo le città italiane trovano nel diritto uno
strumento di legittimazione fondamentale, l’utilizzazione delle
competenze giuridiche costituisce un fenomeno costante ma non
uniforme, nel senso che si presenta particolarmente accentuato in
alcune fasi della storia comunale, ed in particolare in conseguenza di
importanti trasformazioni istituzionali. Complessivamente, il
passaggio ai magistrati forestieri segna un cambiamento molto
significativo. Il caso più importante studiato in quest’ottica per i
decenni a cavallo tra xii e xiii secolo è quello di Bologna, dove Fried ha
mostrato come sia proprio con l’affermazione dei podestà che si
affermi un ricorso politico stabile ai giuristi 43 . Benché altrove tale
fenomeno sia riscontrabile solo a partire dalla metà del Duecento,
esistono in alcuni casi dei segnali importanti, anche fuori da Bologna
che per ovvie ragioni costituisce un caso particolare.
37 A partire dalla fine degli anni Venti del xiii secolo, sono rintracciabili
a Siena dei pagamenti ai giudici cittadini che, diversamente dalla
maggior parte delle altre realtà comunali, sono a quest’epoca già
riuniti in una universitas 44 . Sebbene nel primo pagamento
documentato sia detto che tali versamenti avvenivano propter longam
consuetudinem, è solo a partire dal 1229 che cominciano ad essere
attestati con una certa regolarità, prima come stipendio del console
di questa embrionale corporazione, poi, dal 1249, come pagamento
per la consulenza prestata dai giudici al comune stesso (pro consiliis
que dederunt pro comuni). In modo non continuativo, è possibile
seguire questi pagamenti fino al 1268: la formula giustificativa varia
di poco, ossia continuano ad essere ricordati i consilia e i servitia
prestati dai giudici, ma a partire dal 1257 scompare il riferimento al
console della corporazione, e il pagamento è detto essere fatto
direttamente ai giudici di Siena per i loro servigi (iudicibus totius
civitatis Senarum pro remuneramento servitiorum que faciunt comuni), ed
è specificato poi nel palazzo del podestà, del capitano e altrove 45 .
38 A partire dall’epoca per la quale sono sopravvissute le riformagioni
dei consigli, siamo in grado di stabilire con esattezza in cosa
consistessero i consilia che i giudici senesi prestavano al comune.
Dalla fine degli anni Quaranta a Siena, e a partire da due o tre
decenni dopo altrove, i verbali consiliari attestano la frequenza con
cui nella politica comunale intervengono commissioni di sapientes
iuris, alle quali i consigli cittadini e gli ufficiali forestieri delegano
l’esame di questioni diplomatiche, politiche e istituzionali.
39 A Perugia e a Bologna, la sopravvivenza di un archivio giudiziario
consente di verificare il significato preciso dell’espressione sapientes
iuris nella seconda metà del Duecento, perché le stesse persone cui
nelle fonti amministrative si fa riferimento in questo modo
compaiono come iudices, iurisperiti e, nei casi in cui possiedano il
titolo, doctores legum, nelle carte processuali. Salvo poche eccezioni,
non rientrano in questa categoria i notai. In entrambe le realtà,
l’espressione sapientes iuris rimanda inoltre al possesso di
competenze e non a una funzione professionale, come mostra la
quasi esclusiva utilizzazione in ambito amministrativo, e, viceversa,
l’eccezionalità con cui compare nelle fonti giudiziarie 46 . Nel caso di
Siena, al contrario, iudices, sapientes iuris, o sapientes iudices, sono
designazioni intercambiabili nelle riformagioni dei consigli, ma
anche per questa realtà è possibile affermare che le commissioni di
sapientes iuris non includono, di norma, i notai 47 .
40 Il ricorso a queste balie di iudices e doctores legum conosce una
diffusione tale nella seconda parte del Duecento da dare vita, in
alcuni comuni, a veri e propri consigli, all’interno dei quali gli
esperti di diritto ricoprono un ruolo fondamentale. Benché tale
fenomeno presenti una consistenza e un significato variabili da una
città all’altra, da un esame comparativo dell’attività svolta dalle
commissioni di sapientes iuris di Siena, Perugia e Bologna, emergono
con chiarezza tre esigenze comuni che, nel corso del xiii secolo,
determinano una richiesta di un intervento tanto intenso nella vita
politica comunale: la consulenza ai magistrati forestieri, la
definizione politica dei governi a livello regionale e nei confronti dei
poteri sovraregionali, la costruzione di un sistema politico nuovo
sotto le spinte del populus.

La consulenza dei sapientes iuris ai magistrati forestieri

41 Un primo e generale motivo dell’intervento politico degli esperti di


diritto nel Duecento è rappresentato dalla forma di governo adottata
dalle città italiane. È noto quanto la nomina di ufficiali forestieri in
carica per un arco di tempo limitato risponda allo stesso tempo alla
necessità di un’amministrazione più professionale e all’esigenza di
attenuare il dominio dell’aristocrazia locale sulle istituzioni
comunali. La delega di ampie sfere di governo e complessivamente
dell’amministrazione della giustizia a funzionari esterni pone però
in primo piano la questione della vigilanza sull’attività da essi svolta.
A livello giudiziario, la soluzione comune che vediamo adottare è
una sorta di controllo «in uscita» sull’operato dei giudici forestieri,
che si attua attraverso l’intervento nei processi dei giudici cittadini.
L’imponente ricorso ai consilia sapientum per la definizione delle
sentenze è un dato che da tempo ha richiamato l’attenzione degli
esperti di storia della giustizia comunale 48 . Se le ricerche dedicate
alla struttura e alla funzione di questa fonte hanno notevolmente
arricchito la conoscenza della pratica consiliare, sembra tuttavia
meritare ulteriori riflessioni la convergenza dei dati che emerge in
proposito dalla documentazione giudiziaria di esperienze comunali
profondamente diverse. Il fatto che praticamente tutte le ricerche
condotte su fonti giudiziarie duecentesche rivelino la centralità del
consilium sapientis nel processo spinge a valutarne la funzione al di là
dei contesti e delle consuetudini locali, e a vedervi un elemento
costitutivo della giustizia e del sistema politico comunale della
seconda parte del xiii secolo. Tanto a Bologna, a Milano e a Perugia,
quanto in realtà di proporzioni assai più ridotte, come il comune
toscano di San Gimignano, il ricorso al consilium si presenta come
una pratica generalizzata dei tribunali cittadini 49 . Nell’ambito di
contesti istituzionali molto diversi, ci si confronta con il dato
comune di una giustizia teoricamente delegata a personale
forestiero, ma che di fatto ritorna in parte considerevole nelle mani
dei giudici cittadini, il cui ruolo è garantito dal costante intervento
nei processi in veste di consulenti 50 . Gli studi di lungo periodo
condotti da Antonio Padoa Schioppa sulla giustizia milanese
evidenziano per Milano la novità di tale fenomeno nella seconda
parte del Duecento. Lo studioso mostra infatti quanto la richiesta di
una consulenza a uno iurisperitus locale da parte del giudice che
istruiva il processo sia una pratica che non conosca eccezioni nelle
sentenze civili milanesi sopravvissute per questa epoca. Benché il
ricorso al consilium sapientis sia naturalmente attestato anche prima,
la funzione da esso svolta nella giustizia milanese alla fine del xii
secolo non sembra affatto rivestire un’importanza paragonabile a
quella assunta negli ultimi decenni del Duecento 51 .
42 Se è quindi probabile che sulla diffusione del consilium sapientis
influisca l’esigenza di mantenere il controllo della giustizia da parte
dei giudici locali, non molto diversi sono i problemi e le soluzioni
escogitate per una vigilanza sull’attività amministrativa svolta dai
magistrati forestieri.
43 È noto che alla fine del periodo per il quale erano in carica, i
funzionari forestieri venivano sottoposti a un processo di sindacato,
che consisteva in un esame complessivo del loro operato, nel quale
dovevano rispondere davanti a una commissione locale dell’attività
svolta 52 . L’importanza del processo di sindacato è stata più volte
sottolineata proprio in relazione al consilium sapientis, a cui è assai
probabile che, tra le altre ragioni, i giudici forestieri ricorressero
anche per sottrarsi alla responsabilità di sentenze per le quali
sarebbero stati in seguito giudicati. Meno esplorato è stato invece un
altro fenomeno che si collega al sindacato, ossia il rapporto
privilegiato che i magistrati forestieri stabiliscono con gli esperti di
diritto delle città in cui governano. La scelta delle città di essere
amministrate da ufficiali esterni rende necessario un raccordo con il
potere locale, per garantire un difficile equilibrio tra delega e
controllo sulla loro attività. L’organo di raccordo è in misura
crescente rappresentato dai giudici cittadini sia per l’ovvia
confidenza che possiedono con le leggi e l’amministrazione locale;
sia per l’esigenza da parte degli stessi magistrati forestieri di
tutelarsi da possibili accuse di atti illeciti che potevano essere loro
mosse al termine dell’incarico.
44 Dai verbali dei consigli senesi della metà del Duecento, come anche
dalle riformagioni e dalla documentazione giudiziaria perugine e
bolognesi di poco successive, emerge con chiarezza la frequenza con
cui gli ufficiali forestieri si rivolgono autonomamente ai giuristi
locali per una consulenza politica. A commissioni di consistenza
variabile, la cui composizione può oscillare da tre o quattro persone,
fino a diverse decine di iudices e doctores legum, podestà e altri
funzionari pongono questioni di varia natura. Il pretesto di tali
consultazioni è spesso rappresentato dall’incertezza a procedere su
situazioni specifiche, dal coordinamento problematico tra norme o
raccolte statutarie, dall’interpretazione dubbia di una certa legge.
Tuttavia, sia a Siena, sia a Bologna, sia soprattutto a Perugia, le
convocazioni degli esperti di diritto locali rispondono in prima
istanza all’esigenza da parte degli ufficiali di garantirsi da
contestazioni al termine della carica. La preoccupazione
fondamentale è quella di non incorrere nell’accusa di spergiuro per
il mancato rispetto degli statuti che il personale forestiero giurava di
osservare al momento in cui prendeva servizio.
45 Nel 1276, il podestà di Perugia riunisce nove sapientes iuris e chiede
loro come comportarsi rispetto agli statuti del Popolo, dal momento
che questi erano stati modificati dopo che egli era entrato in carica e
si presentavano dunque diversi da quelli che aveva giurato di
osservare. In particolare, il dubbio è se attraverso l’applicazione
delle nuove leggi lui e i suoi funzionari fossero venuti meno al
giuramento prestato 53 . I sapienti autorizzano il rispetto dei nuovi
statuti, affermando che ciò non avrebbe comportato conseguenze
per il giuramento 54 .
46 Nel 1277, quando il pontefice domanda a Perugia un contributo di
una certa quantità di pesce per le festività pasquali (pro cena do-mini),
gli ufficiali forestieri riuniscono una commissione di diciannove
giuristi, eletta dai consoli cittadini, alla quale chiedono se essi
possano porre nel Consiglio generale di Perugia la richiesta del papa
senza incorrere in una pena, potendo in sé tale richiesta presupporre
una servitù reale 55 . La costituzione di un obbligo di prestazione
periodica veniva infatti configurata allora dalla dottrina come una
servitù reale atipica, che implicava l’alienazione stabile di alcuni
diritti. Con ogni probabilità, la convocazione dei giuristi era dunque
motivata dal timore del podestà e del capitano del Popolo che in se-
de di sindacato potesse essere loro contestato di avere posto
all’ordine del giorno una questione implicante l’alienazione di beni e
di diritti del comune. Il responso dei giuristi è che i magistrati
possono porre la questione nel Consiglio senza conseguenze per il
loro giuramento, ma affermano che ottemperare alla richiesta del
pontefice avrebbe potuto comportare in futuro per Perugia una
servitù (potest servitutem comuni Perusii generare et ad subsequentia
tempora posset servitus reputari) 56 . Nello stesso anno, gli ufficiali
forestieri di Perugia convocano una commissione di ventitrè giuristi
alla quale chiedono se il Consiglio generale possa scioglierli dal
rispetto di alcuni capitoli statutari in teoria inderogabili 57 .
47 A prescindere dalla rilevanza delle questioni poste, interessa
sottolineare come in queste tre convocazioni i giuristi svolgano una
funzione di mediazione tra gli ufficiali forestieri e le istituzioni
comunali. È, infatti, ai giudici che il podestà e il capitano chiedono
preventivamente quale linea di comportamento adottare rispetto al
Consiglio comunale.
48 Oltre alla preoccupazione del sindacato, è probabile che anche la
maggiore diffusione del titolo di doctor legum tra i magistrati
forestieri della seconda parte del Duecento contribuisca a creare un
canale di comunicazione privilegiato con i giudici locali 58 . La
formazione universitaria spingeva forse questi ufficiali a valorizzare
le risorse culturali delle città all’interno delle quali erano attivi,
attraverso forme frequenti e differenziate di consultazione dei
sapientes locali. In altre parole, il podestà, il capitano del Popolo e i
loro giudici si esprimevano attraverso la cultura di cui erano
depositari, ricorrendo spesso alla guida di giuristi locali che ne
condividevano il linguaggio 59 .
49 Questo compito di guida è peraltro specificato a Perugia da una
norma degli statuti del 1279, dove agli iudices civitatis viene
espressamente prescritto di prestare consulenza ai magistrati
forestieri, affinché osservino la legislazione comunale e assicurino la
concordia della città 60 . Tale rubrica merita un’attenzione
particolare non solo perché riconosce ai giudici un preciso ruolo
amministrativo in qualità di custodi della normativa perugina, ma
anche per il modo in cui i loro compiti politici vengono associati a
quelli giudiziari. In essa infatti, una volta ricordato l’obbligo di
prestare consilium et operam agli ufficiali forestieri, si passa a
regolamentare, senza soluzione di continuità, la consulenza dei
giudici in campo processuale, ossia le modalità di ricorso ai consilia
sapientum. L’associazione è significativa perché conferma
l’impressione di una stretta parentela tra consultazione politica e
professionale degli esperti di diritto, che, a un livello diverso, è
riscontrabile nella documentazione amministrativa e giudiziaria
perugina.
50 La sollecitazione di un intervento politico degli esperti di diritto
conosce proporzioni tali a Perugia da apparire in certi anni come
una sorta di «consulenza istituzionalizzata». Le tre convocazioni a
cui si è fatto sopra riferimento sono tratte dai verbali di un Consiglio
ristretto, nell’ambito del quale, nella seconda metà degli anni
Settanta del Duecento, i sapientes iuris rivestono un ruolo di primo
piano. Il grado di integrazione tra il linguaggio giudiziario e quello
politico è così profondo, che lo stesso organo istituzionale è in
origine definito Consilium sapientum 61 . L’ambivalenza semantica del
termine consilium, che, come «consiglio» nell’italiano corrente,
possiede il doppio significato di «consulenza», e di «consiglio» nel
senso di organo collegiale, viene sfruttata per designare
contemporaneamente il parere tecnico del giurista nel processo e la
sede istituzionale nella quale i giuristi sono spesso riuniti per
prestare una consulenza politica 62 .
51 Le riunioni dei sapientes iuris sono verbalizzate in modo identico a
quelle dei consigli comunali, e il loro parere coincide con la de-libera
finale della commissione. Poiché tecnicamente si tratta di consigli
forniti dai sapienti, le decisioni di queste balie sono abitualmente
chiamate consilia sapientum. In analogia a quanto avveniva nel
processo, dove il giurisperito era chiamato a esprimere il parere su
una controversia e il consilium da lui fornito costituiva il dispositivo
della sentenza, a livello politico i giuristi erano convocati a consulere
su questioni di varia natura, e il consilium da loro prestato si
esprimeva attraverso la delibera stessa dell’organo politico
all’interno del quale erano riuniti. Si tratta di due attività consulenti,
una tecnico-giudiziaria e l’altra politica, che si esplicano in campi
differenti, ma si contaminano e si presentano estremamente simili.
52 La somiglianza è resa a Perugia ancora più evidente dal fatto che
alcuni consilia collettivi su questioni amministrative sono conservati
oltre che nelle riformagioni, anche nella documentazione
giudiziaria. In registri di sentenze o di altri documenti processuali è
possibile infatti rinvenire pareri di giudici che non presentano
attinenza a cause particolari. È il caso per esempio di quattro consilia
risalenti agli anni 1277-78, in cui un giudice forestiero chiama da due
a nove iurisperiti locali a pronunciarsi rispettivamente: sulla facoltà
per il podestà e il capitano del Popolo di essere assolti da prescrizioni
statutarie relative all’obbligo di manutenzione dell’area circostante
al lago di Chiusi; sui poteri di inquisizione dei funzionari forestieri;
sul salario da corrispondere agli ufficiali comunali che avessero
catturato un bandito su istanza del creditore e sulle modalità di
elezione del podestà 63 . Benché siano conservati tra le carte
giudiziarie, e in due casi compaiano in un registro di sentenze dove
sono altrimenti riportati solo pareri forniti dai giudici nei tribunali, i
consilia citati non sono legati a processi particolari, dunque non
assolvono la funzione tipica di definizione di una controversia
all’interno della sentenza. Ciò nonostante, la tecnicità della forma in
cui si presentano, ossia il fatto di essere richiesti sempre da un
giudice forestiero, l’ufficialità dell’atto e il luogo in cui sono
registrati, li pongono su un piano quasi identico ai consilia
processuali in senso stretto, benché la valenza sia diversa. Come
mostrano le materie su cui vertono i pareri, le domande poste ai
giudici perugini sono in questi casi richieste generali, non dubbi di
procedura, anzi in alcuni casi la materia di dubbio si situa
completamente al di fuori della sfera giudiziaria. Questi aspetti
sembrano allora attestare che la forma della consultazione giuridica
processuale del consilium fosse utilizzata dal personale forestiero a
garanzia del suo operato, confidando proprio nell’ufficialità che il
parere degli iurisperiti possedeva, per il ruolo che tradizionalmente
rivestiva nei processi. Il trasferimento nella sfera politica di forme di
intervento tecniche che si erano an-date consolidando in campo
giudiziario diventa in questo senso funzionale a dimostrare la
legalità delle azioni politiche.
53 Il caso più eclatante è costituito da alcuni consilia bolognesi
registrati nelle delibere del Consiglio degli Anziani del 1272, richiesti
dal capitano del Popolo a otto giuristi locali tra i quali figura il
celebre Tommaso da Piperata 64 . Benché anche in questo caso i
pareri siano richiesti da un magistrato forestiero, la funzione
trascende l’esigenza di attestare la legalità delle scelte dell’ufficiale
in carica in vista del sindacato, perché la materia su cui i giuristi
sono chiamati a consulere costituisce una questione di estrema
rilevanza politica, che era allora al centro del conflitto tra le fazioni
guelfa e ghibellina di Bologna. Tra il 1271 e il 1272, il partito
ghibellino dei Lambertazzi si era reso promotore di un attacco
contro il governo guelfo di Modena, a cui si opponeva invece
fermamente la fazione guelfa bolognese. Le discordie si inasprirono
quando a Bologna fu eletto un capitano del Popolo filo-ghibellino,
che negli ultimi mesi del 1271 con-dusse una serie di azioni militari
di scarso successo. A tali iniziative seguirono nuove sollevazioni
guelfe, e, tra il gennaio e il febbraio del 1272, la tensione salì a tal
punto che i ghibellini fecero apporre una lapide nel palazzo
comunale contenente i provvedimenti antimodenesi e l’impegno da
parte delle autorità di Bologna a muovere guerra entro l’inizio di
maggio 65 .
54 In questo frangente si situa l’intervento degli otto giuristi, a cui il
capitano del Popolo chiede di spiegare il senso di una norma
statutaria nella quale veniva affermato che, qualora comunità o
persone sottoposte a Bologna avessero effettuato azioni di disturbo,
la città sarebbe stata autorizzata a considerarle come «nemici
capitali, traditori e nemici perfidi, e a danneggiarle in tutti i modi
possibili». A giudicare dai loro pareri, il compito dei giuristi era
quello di chia-rire fino a che punto avesse potuto estendersi l’azione
di Bologna, e in particolare se la ritorsione fosse potuta giungere fino
alla guerra, dunque se le parole dello statuto autorizzavano un
attacco militare con l’esercito. Nonostante il fatto che non sia mai
menzionata Modena, per la congiuntura particolare in cui i consilia
vengono richiesti è altamente probabile che si riferiscano alla
questione centrale che allora divideva le fazioni bolognesi. L’ipotesi
più verosimile è che il capitano del Popolo, di posizioni ghibelline e
sostenuto dalla fazione lambertazza bolognese, nello sforzo di
legittimare una spedizione militare contro Modena, ricorresse al
parere di giuristi noti e in alcuni casi simpatizzanti per la causa
ghibellina perché, attraverso un parere tecnico e l’interpretazione di
uno statuto, autorizzassero, de iure, la guerra 66 . Tommaso da
Piperata, esiliato poco dopo da Bologna per l’adesione alla fazione
ghibellina 67 , avanza l’interpretazione più ardita; non si limita,
come i suoi colleghi, a dichiarare legale l’intervento militare in virtù
del testo statutario, ma trasforma la legittimazione in una
prescrizione: i funzionari forestieri e le autorità bolognesi avrebbero
commesso un atto illecito se non fossero intervenute, perché
sarebbero andate contro i doveri loro imposti dallo statuto. Il famoso
giurista segue nel suo consilium un ragionamento lineare: dichiara la
normativa generale applicabile al caso, legittima l’intervento
militare appellandosi al significato tecnico delle espressioni presenti
nella rubrica statutaria (inimici capitali, proditores e inimici perfidi),
sancisce infine l’obbligo da parte delle autorità comunali di
rispettare lo statuto 68 . La netta posizione politica del giurista si
esprime attraverso un metodo scientifico che conferisce legittimità
alle pretese della fazione ghibellina bolognese.
55 Ad esigenze di legittimità è probabilmente riconducibile anche la
forma particolare attraverso la quale si esprimono in questo
frangente i giuristi bolognesi. Se, come a Perugia, anche nei verbali
dei consigli di Bologna ci si imbatte con notevole frequenza in
consultazioni di sapientes iuris, siamo di fronte a una testimonianza
diversa, perché i giuristi questa volta non sono membri di una delle
usuali balie, ma chiamati ad esprimersi individualmente attraverso
responsi del tutto simili ai consilia sapientum processuali. In primo
luogo, l’interpretazione dello statuto è messa per iscritto e definita
da quasi tutti i giuristi come consilium; inoltre, all’inizio di ciascuna
dichiarazione, compare tanto l’invocazione (in Christi nomine amen),
quanto la formula classica con cui nel processo il consulente
rivendicava la paternità del parere (consilium mei... tale est), elementi
che fanno pensare a un intervento ufficiale dei giuristi, che prestano
una consulenza politica in forma del tutto simile a quella che
fornivano in campo giudiziario 69 .

L’intervento dei sapientes iuris per la definizione della


posizione politica della città a livello regionale e
sovraregionale

56 Se la condivisione di una cultura e il ruolo di guida e garanti


dell’attività degli ufficiali forestieri fanno dei giuristi locali gli
interlocutori privilegiati di questi magistrati, il significato
dell’intervento politico dei sapientes iuris non si esaurisce in questa
funzione, perché alla loro consulenza ricorrono con estrema
frequenza anche gli organi politici dei comuni ai quali appartengono.
Nonostante le materie delegate ai giuristi varino molto tra una città
e l’altra, anche in quest’ambito sono rintracciabili delle costanti, nel
senso che esistono dei campi in cui l’esigenza di una consulenza
giuridica sembra essere molto avvertita. Questo fenomeno è
particolarmente visibile nella sfera dei rapporti tra le città e i poteri
sovraregionali. Come si è accennato, si tratta di un fenomeno di
lungo periodo, perché è almeno a partire dalla metà del xii secolo che
le città intensificano il ricorso al diritto per rivendicare la propria
autonomia rispetto al potere imperiale. Nel corso del Duecento, i
confronti con l’imperatore e con il papa sono occasioni che generano
convocazioni molto vaste di giuristi, tanto da apparire quasi come un
campo di loro esclusiva competenza.
57 A Siena, che rimane fedele alla causa imperiale per tutta la prima
metà del Duecento e anche oltre, i rapporti con Federico II occupano
uno spazio considerevole nei dibattiti consiliari. A partire dal 1240,
dopo gli insuccessi militari contro Bologna e Milano, l’imperatore
aveva intensificato il controllo politico sulla Tuscia, e le frequenti
richieste di sostegno indirizzate al comune di Siena alla fine degli
anni Quaranta costituiscono una chiara sollecitazione di un
intervento politico degli iudices locali. Le ragioni sono molteplici: in
primo luogo è probabile che eserciti un’influenza il contatto con la
burocrazia sveva, all’interno della quale erano spesso affidati a
giudici gli incarichi amministrativi e diplomatici. Gli intensi scambi
intrattenuti con il mondo imperiale in questo decennio favoriscono
l’idea di una politica gestita da giudici, forse anche per imitazione di
un modello che, fin dai tempi di Roncaglia, aveva assegnato agli
uomini di legge un ruolo fondamentale nell’elaborazione politica: a
metà del xiii secolo, sono invariabilmente iudices gli ambasciatori
inviati da parte di Federico II e dei suoi vicari, come anche coloro che
compongono le ambascerie senesi ad essi dirette.
58 Nel solo mese di ottobre del 1249, quando si fanno particolarmente
pressanti le richieste militari ai senesi da parte del vicario imperiale
Federico di Antiochia, sono presenti, in tre riunioni diverse del
Consiglio cittadino: due giudici di Montefalcone, ambasciatori del
capitano generale imperiale per l’area da Amelia a Corneto; uno
iudex et assessor inviato da Federico di Antiochia; Federico stesso e un
suo giudice. Sebbene i giudici senesi tendano ad intervenire su
qualsiasi questione riguardante la politica comunale, i verbali di
queste riunioni mostrano chiaramente quanto il loro contributo au-
menti nelle discussioni su problemi inerenti ai rapporti tra Siena e
l’amministrazione imperiale 70 .
59 Ma non è solo l’imitazione di un modello di burocrazia a sollecitare
un intervento dei giudici senesi. Siena è schierata con Federico II, ma
deve combattere contro le ingerenze imperiali nella vita
istituzionale comunale; attraverso il diritto e l’elaborazione di
procedure deve far rispettare le proprie libertà in materia di
elezione dei magistrati forestieri, e i diritti acquisiti sull’area che
domina. Paolo Cammarosano ha chiarito le forme attraverso le quali
si espresse il dominio imperiale sulla Toscana, individuando nella
sfera giurisdizionale e negli interventi giudiziari dei rappresentanti
federiciani i principali canali utilizzati dalle forze imperiali per
attuare un controllo politico sulla regione 71 . Il frequente ricorso ai
tribunali dei vi-cari e la scelta del campo giudiziario come terreno
privilegiato per dirimere i conflitti politici contribuì, molto
probabilmente, alla valorizzazione delle competenze giuridiche 72 .
Una serie di processi svoltisi negli anni Quaranta davanti al
procuratore imperiale Pandolfo di Fasanella mostra come l’uso del
diritto romano acquisti, in alcuni frangenti, la funzione politica di
legittimare i privilegi cittadini, per conservare, nel caso specifico, i
diritti senesi su alcuni castelli, o tutelare gli ordinamenti comunali
73 .

60 Per Perugia e Bologna problemi analoghi si pongono con i pontefici.


Nella seconda metà del Duecento, entrambe le città incorrono nella
scomunica in conseguenza di un’opposizione da parte papale
all’occupazione di cariche o terre nelle rispettive regioni. In queste
occasioni, il ricorso ai giuristi diventa fondamentale perché la
scomunica stessa si configura come un processo contro le città, che
può comportare pesanti riduzioni dei diritti da esse detenuti.
61 Perugia viene scomunicata nel 1276 per il mancato pagamento al
pontefice del censo di Gubbio, che ammontava complessivamente a
trecento libre; erano inoltre oggetto di lite la podesteria di Gualdo e
il controllo di alcune terre del comitato di Nocera 74 . La questione è
fonte di profonda preoccupazione per le autorità comunali, e le
discussioni in proposito sono attestate nei verbali dei consigli per
almeno quattro mesi. In primo luogo, è interessante il fatto che la
scomunica, nata da un problema politico tra l’amministrazione
pontificia e la città, sia da subito ritenuta materia di competenza dei
giuristi. Fin dalla prima riunione in proposito, il Consiglio comunale
chiede agli ufficiali forestieri di eleggere a loro arbitrio dei sapientes
iuris, che identifichino i diritti di Perugia e i documenti che essa
possiede per difendersi; gli ambasciatori avrebbero poi dovuto
portare con sé questo materiale, e mostrarlo al papa 75 . Poiché la
delegazione dal pontefice si traduce in un insuccesso, il Consiglio
decide in seguito di convocare un numero più vasto di esperti di
diritto civile e canonico, specificando che, qualora non fossero stati
reputati sufficienti i giuristi perugini, avrebbero dovuto esserne
chiamati altri 76 .
62 A trentacinque sapientes iuris viene quindi assegnato il compito di
riesaminare l’intero processo e i diritti che Perugia detiene nel
comitato di Nocera, per capire se la scomunica è valida; in caso
contrario, ossia qualora ritengano quod excomunicatio non tenetur,
decidano il da farsi. Nei mesi successivi, i lavori sono portati avanti
da una commissione più ristretta, composta inizialmente per metà
da esperti di diritto civile e canonico, e per l’altra metà da layci, ma
in cui tenderà a prevalere, nel tempo, la componente dei primi. Dai
verbali di queste commissioni è possibile vedere come i giuristi
apportino allo stesso tempo un contributo tecnico e diplomatico. Da
un lato sottolineano costantemente l’importanza dei diritti da
studiare, da mettere per iscritto e da far valere, insistendo sul
reperimento di documentazione rilevante per la vicenda, e sul valore
di prova da essa rivestito 77 . Dall’altro elaborano una complessa
strategia diplomatica che passa per la mobilitazione degli amici di
Perugia presenti nella Curia romana, per il reclutamento di cardinali
che consiglino e difendano la città, e per offerte vantaggiose al
pontefice. Complessivamente, la scomunica stessa si configura come
una grande controversia tra il papa e il comune, che ne delega ai
giuristi la gestione. Essi devono mostrare la fondatezza o
infondatezza giuridica degli argomenti addotti dalla Santa Sede, in
modo non molto di-verso da come si comporterebbero in un
processo ordinario; lo stesso ruolo dei cardinali da reclutare sembra
per certi aspetti essere assimilato a quello di avvocati, visto
l’esplicito riferimento al compito di difendere e prestare consilium
alla parte che li ha assoldati 78 .
63 Anche a Bologna, l’interdetto pontificio si configura come
un’occasione in cui la città fa appello a tutte le risorse giuridiche che
possiede. I rapporti con il papa e i suoi delegati costituiscono una
sfera che viene automaticamente ritenuta di competenza degli
uomini di legge, e benché la città disponga di forze culturali
maggiori nel campo del diritto, l’atteggiamento assunto è
sostanzialmente analogo a quello descritto per Perugia. Bologna
incorre nella scomunica nel 1284 per essersi indebitamente
appropriata di alcuni diritti su terre situate nelle vicinanze della
località di Medicina. Fin dalle prime proteste del legato pontificio, il
Consiglio degli Anziani, che a que-st’epoca costituisce il principale
organo politico della città, decide di rivolgersi ai sapientes iuris,
affinché difendano i diritti del comune (ius comunis) e stabiliscano se
a Bologna spettino o meno i diritti (si ius habet oppure si ius non habet)
che le vengono contestati 79 . La questione viene inizialmente
affidata a una commissione di canonisti, il cui compito è quello di
affermare, allegare, proteggere, difendere e trattare i diritti di
Bologna davanti al cardinale 80 . Va segnalato che il cospicuo
intervento di doctores decretorum in questa vicenda non corrisponde a
un impegno diffuso della categoria nella politica comunale. A
differenza dei civilisti, che compaiono con estrema frequenza negli
organi politici bolognesi tardo-duecenteschi, l’intervento dei
canonisti è attestato ma specifico, perché non sembra estendersi a
problemi diversi dai rapporti della città con il pontefice.
64 Dopo ambascerie non risolutive, la questione della scomunica torna
nei consigli comunali, dove questa volta a otto tra i più dotti giuristi
di Bologna viene assegnato il compito di mettere per iscritto le
proposte avanzate dai consiglieri per risolvere il problema. Le figure
messe in campo sono in questo caso davvero de sapientioribus, come
attesta la presenza di alcuni dei doctores bolognesi più famosi del
periodo, quali Lambertino Ramponi, Francesco d’Accursio ed Egidio
di Foscarari 81 . Più che una sintesi delle proposte avanzate, il
documento redatto da questa commissione costituisce un vero e
proprio consilium, articolato in nove punti, in cui i giuristi spiegano
le mosse necessarie a Bologna per uscire dalla scomunica.
65 Come i giuristi perugini, anche quelli bolognesi apportano in primo
luogo un contributo tecnico. Essi infatti identificano la causa della
scomunica in alcune delibere del Consiglio del Popolo, nelle quali si
diceva che il podestà poteva esercitare una iurisdictio plenissima sulle
terre contestate. Gli otto giuristi affermano che queste delibere
dovevano essere revocate e cassate, e che i magistrati forestieri
avrebbero dovuto recarsi personalmente dal cardinale, portando con
sé la revoca scritta delle riformagioni incriminate 82 . Il podestà e il
capitano dovevano inoltre dichiarare al rappresentante pontificio
che Bologna restituiva alla Chiesa romana la possessio consueta delle
terre, senza tuttavia pregiudicare i diritti che la città aveva detenuto
su di esse prima dell’usurpazione 83 . Al fianco di altre proposte,
suggeriscono poi la linea diplomatica che il comune avrebbe dovuto
adottare: Bologna doveva invitare il legato pontificio per dare un
segnale pubblico della distensione dei rapporti, ma, aggiungono, era
meglio soprassedere per il momento su un’ambasciata al pontefice,
che avrebbe dovuto essere pianificata solo dopo che si fosse
raggiunta la pace con il cardinale, servendosi del suo consiglio e del
suo aiuto 84 .
66 La questione si protrae per almeno altri due mesi nei consigli
comunali, che fanno nuovamente appello a due commissioni di
sapientes iuris. Nella seconda, e ultima documentata, del dicembre
1284, ventotto giuristi sono di nuovo chiamati ad esaminare una de-
libera consiliare, per capire se alcune parole in essa contenute
pregiudichino o meno i diritti di Bologna sulle terre di Medicina 85 .
Diversamente dalle convocazioni precedenti ordinate dai consigli
comunali, questa volta è il podestà che convoca i sapientes, ed è
probabile che il ricorso ai giuristi sia motivato dal timore che potesse
essergli in qualche modo addossata la responsabilità di decisioni che
mettevano a repentaglio i diritti cittadini. Di nuovo ai sapientes è
richiesto un intervento tecnico, che si esplica nel controllo delle
delibere consiliari da un punto di vista giuridico, attraverso un
esame dei contenuti e la cancellazione di espressioni inappropriate.
67 La scomunica è un evento straordinario nella vita politica di una
città, ma quello che avviene a Perugia e a Bologna in queste
occasioni sembra essere una traduzione in vasta scala di ciò che si
verificava nei quotidiani rapporti intercittadini o regionali. Il ricorso
ai giuristi per la definizione di questioni politiche regionali è molto
attestato sia a Siena che a Perugia. Gli anni Quaranta-Sessanta del xiii
secolo rappresentano per entrambi le città fasi di notevole
espansione, e il ricorso al diritto è sollecitato dall’esigenza di
rafforzare e garantire le posizioni acquisite. Arbitrati, patti e
sottomissioni rappresentano la ragione per cui i giuristi vengono
convocati con più frequenza dai consigli comunali.
68 Tra il 1249 e il 1255, il podestà e gli organi politici senesi si rivolgono
per almeno dodici volte a balie di sapientes iuris, composte in genere
da nove iudices, ma che possono giungere fino ai diciassette
componenti. Alla base delle consultazioni sono i rapporti politici di
Siena con città, comunità o persone particolari della regione, e il
ricorso ai giudici risponde all’esigenza di tradurre in un linguaggio
giuridico i rapporti di forza tra i poteri in campo. Attraverso la
redazione di nuovi patti e trattati, o un esame puntuale di quelli già
esistenti, viene loro affidato il compito di formalizzare i nuovi assetti
territoriali che si erano andati definendo negli anni precedenti,
ratificando le conquiste e facendo rispettare gli accordi stipulati.
69 Non solo: talvolta la perizia in campo giuridico sembra essere
divenuta parte integrante dell’esercizio di una supremazia politica.
Nel 1249, in seguito a una lite con il comune di Colle Val d’Elsa che si
era appropriato di terre che Siena sosteneva invece appartenere al
proprio comitatus, il Consiglio senese decide di eleggere degli arbitri
a cui ciascuna parte avrebbe dovuto mostrare i propri diritti e
documenti; una commissione di sapientes iuris stabilisce poi che, nel
caso in cui Colle si fosse rifiutata di ottemperare a questa richiesta,
due ambasciatori senesi avrebbero dovuto recarsi nella città
portando con sé il documento scritto da Siena, e costringendo Colle a
redigere il suo 86 . L’ostentazione di una superiorità culturale è
visibile ancora nel 1255, quando, di fronte a delle richieste di
Grosseto che Siena reputa contrarie ai patti intercittadini, uno
iurisperitus senese è mandato nel Consiglio comunale di questa città a
leggere e spiegare i patti, e a chiarire il significato delle clausole sul
sale, che erano allora oggetto di discordia 87 . Nello stesso anno,
davanti alle pretese signorili di un nobile della campagna senese, i
giudici della città affermano che per il riconoscimento della
titolarità dei diritti non era sufficiente rivendicare delle prerogative,
ma esisteva una procedura da rispettare, ed era necessaria una
documentazione da esibire 88 . La procedura, complessivamente,
riveste un ruolo importante nei responsi dei consulenti, come, nel
caso specifico, mostra l’attenzione prestata alla documentazione
(instrumenta), ai testimoni (testes) e alla redazione formale di un atto
nel quale Ubertinus doveva spiegare la sua pretesa (intentio).
70 In modo analogo ragionano in certi frangenti i giudici di Perugia:
nel 1277, quando alcuni ambasciatori perugini interpellano il
vescovo di Chiusi su delle decime che egli riscuoteva nella località di
Casamaiore, il vescovo si dichiara disponibile a mostrare i suoi diritti
davanti a un certo giurista perugino, al quale anche Perugia e gli
uomini di Casamaiore avrebbero dovuto mostrare i propri. A questa
proposta, il Consiglio dei Sapienti di Perugia risponde che la
questione doveva essere portata davanti alle autorità politiche
perugine, e che sarebbe spettato ai sapientes iuris della città l’esame
della documentazione, come anche la designazione, o meno, del
giudice indicato dal vescovo 89 . Negli ultimi decenni del Duecento,
la perizia degli arbitri e dei consulenti perugini si afferma a tal punto
a livello regionale, che essi non solo intervengono costantemente
nella definizione dei rapporti politici che interessano direttamente
Perugia, ma vengono chiamati per dirimere le liti tra altre città,
comunità, o signori dell’area umbra 90 .

Il ricorso ai sapientes iuris per la costruzione di un nuovo


assetto politico

71 Il terzo campo in cui è richiesto l’intervento dei giuristi cittadini è


quello della politica interna. Si tratta del campo più controverso nei
governi popolari, perché in forme e con intensità diverse, la
provenienza aristocratica degli esperti di diritto, o comunque lo
schieramento con la parte dei magnati cittadini, costituisce un
problema notevole. Tuttavia, questo non implica mai un rifiuto della
cultura giuridica da parte dei movimenti di Popolo, principalmente
per due ragioni: la prima va identificata in quella funzione
fondamentale che comincia ad essere affidata alla scienza giuridica
nel xii secolo, quando le città costruiscono la propria identità politica
attraverso la progressiva legittimazione del potere di giurisdizione. È
a partire da quest’epoca che i giuristi vengono utilizzati in virtù delle
competenze che possiedono e in virtù di una funzione che
continueranno ad esercitare lungo tutta la storia comunale. In altre
parole, non esiste una cultura «popolare» alternativa al diritto, come
non esiste un’identificazione aristocratica del diritto, che ne
precluda il ricorso a un ceto diverso da quello nobiliare. Il fenomeno
a cui assistiamo è anzi opposto: sia a Siena, sia a Perugia, sia a
Bologna, l’utilizzazione del diritto è straordinariamente intensa
proprio durante i governi di Popolo. Se da una parte questo
fenomeno è riconducibile alla stessa esigenza di legittimità che
spinge le città a ricorrere alla mediazione giuridica per stabilire la
propria posizione nei confronti di poteri esterni, dall’altra esiste una
volontà chiara da parte dei governi popolari di costruire un quadro
di legalità nuovo all’interno del quale definire lo spazio dell’azione
politica. Questo compito è affidato agli esperti di diritto locali, come
mostrano le continue convocazioni che li vedono impegnati a
tradurre in leggi i cambiamenti che avvengono a livello istituzionale.
72 La seconda ragione ha invece a che vedere con il programma
politico attuato dai regimi popolari, che trova principalmente
espressione nella sfera giudiziaria. Quando il Popolo giunge a
un’affermazione istituzionale, la giustizia acquista un significato
politico nuovo 91 . Per fronteggiare infatti la superiorità militare, la
solidarietà dei lignaggi, le rivalità familiari, e più in generale
l’attaccamento a valori e a comportamenti tradizionali del mondo
aristocratico, vengono introdotte delle importanti innovazioni sia in
termini di ordine pubblico, che nell’organizzazione della sfera
giudiziaria comunale. Complessivamente, il fenomeno diffuso a cui
assistiamo è la criminalizzazione di una gamma sempre più vasta di
comportamenti, che porta a uno straordinario rafforzamento dei
tribunali cittadini.
73 A Siena, la giustizia si presenta come una questione centrale già alla
vigilia della nascita del Consiglio del Popolo. Nel marzo 1255, nel
Consiglio comunale viene presentata una petizione da parte di sei
boni homines del Popolo che chiedono di istituire una commissione di
quattro boni et legales homines per terzerio (costituita quindi da dodici
persone), che indaghi in segreto su coloro che portano armi in città e
giocano di giorno o di notte, contravvenendo a quanto prescritto
dagli statuti; che questa commissione abbia la facoltà di denunciare e
accusare chi commette i reati suddetti, e di condannarli in
conformità alle pene stabilite dagli statuti, se le accuse sono
sostenute da almeno due membri della commissione 92 . Il Popolo
compare dunque sulla scena istituzionale con uno degli argomenti
classici della politica popolare, che attacca i milites attraverso
provvedimenti di polizia urbana e la condanna di comportamenti
violenti. L’aspetto interessante è che con la proposta di questa
commissione si cerchi di escludere i giudici dai compiti giudiziari,
dal momento che si prevede di concentrare la facoltà di accusare e di
condannare nelle sole mani dei dodici boni homines. Un consigliere
interviene apertamente a favore dell’ordinamento proposto,
specificando che se qualcuno viene denunciato da almeno due
componenti della commissione, può essere condannato sulla loro
parola, senza bisogno di esibire altre prove, né di una condanna
formale (absque aliam probationem et condempnationes exigant).
74 Che si tratti di una denuncia del funzionamento della giustizia
comunale è reso evidente da alcune contestazioni, negli anni
immediatamente seguenti, di consilia giudiziari forniti dai giudici
senesi: nel 1258 il capitano del Popolo di Siena informa il consiglio
ristretto dei Ventiquattro che un bandito aveva chiesto il permesso
di rientrare in città per rispondere alle accuse mosse contro di lui,
ma a ciò si opponeva l’accusatore, su istanza del quale l’uomo era
stato condannato. Segue un’accesa discussione tra i consiglieri, uno
dei quali propone di chiedere il consilium dei sapientes iuris, che
avrebbero dovuto esaminare gli statuti e i documenti relativi al caso,
fornendo il loro parere al consiglio dei Ventiquattro. La proposta
solleva delle reazioni, e il consiglio si uniforma infine alle posizioni
espresse da altri due consiglieri che prospettano soluzioni molto
significative: uno sostiene che prima di ricorrere ai giuristi, il
capitano, insieme ai consoli della mercanzia e ai rappresentanti del
Popolo, avrebbe dovuto cercare di raggiungere la concordia delle
parti, e solo qualora fosse fallita questa strada si sarebbe dovuto
ricorrere al parere dei sapientes iuris 93 ; l’altro mostra una
diffidenza ancor più esplicita, perché afferma che, in caso di ricorso
al consilium, i sapientes avrebbero dovuto essere costretti a fornire
una consulenza conforme a quanto il capitano e gli altri
rappresentanti del Popolo ritenevano giusto su questo caso (et
predicti sapientes constringantur per dominum capitanum consulere
super dicto facto prout ei et prioribus videbitur) 94 . Dai verbali
successivi, apprendiamo che la mediazione delle autorità popolari
non giunge a buon fine, perché quattro giudici forniscono un parere,
molto probabilmente assolutorio 95 .
75 Se da una parte il Popolo senese spinge per una giustizia più efficace
che garantisca la pace cittadina e colpisca uno stile di vita violento,
chiede allo stesso tempo una maggiore tutela giudiziaria per la parte
della popolazione che rappresenta. Tale esigenza è comune a molte
altre città, e contribuisce alla duplicazione delle magistrature
forestiere con la nascita della figura del capitano del Popolo. La
superiorità giudiziaria di quest’ultimo, che trova espressione nel
potere di annullare le sentenze emesse dai funzionari podestarili, si
lega però a Siena a un’altra questione, ossia il diritto a un’assistenza
in tribunale per chi non possa permettersi di pagare la consulenza
dei giudici cittadini. Nel 1256, in un lungo intervento nel Consiglio
del Popolo, un giudice, al quale era stato richiesto di chiarire il
significato di una norma degli statuti del Popolo, definisce la
struttura e le competenze di una magistratura la cui funzione era
quella di assistere due categorie diverse di persone: coloro che
intendevano appellarsi, perché reputavano di essere stati
condannati ingiustamente dalle sentenze del podestà o di altri
ufficiali, e quelli economicamente incapaci di procurarsi giudici ed
avvocati che li assistessero 96 . Il giudice chiarisce inoltre che tre
sapientes iuris avrebbero dovuto prestare consulenza
sull’ordinamento del giudice del capitano del Popolo 97 . Queste due
diverse attività consulenti, una ai poveri in tribunale, l’altra al
capitano del Popolo, si unificano negli anni seguenti: le fonti fiscali
senesi testimoniano infatti che entrambi i compiti sono svolti dalla
magistratura dei tres iudices de populo, retribuita dal comune e attiva
per almeno due anni 98 .
76 Complessivamente, da queste discussioni senesi emergono due
aspetti interessanti: in primo luogo il fatto che, per l’esigenza di
legalità delle nuove forme di governo che si vanno instaurando a
par-tire dalla metà del Duecento, la consulenza dei giuristi continua
a rivestire un’importanza estrema. L’intervento del consigliere che,
contestando il ricorso al consilium sapientum, propone di costringere i
sapientes a dire quello che volevano le autorità popolari, attesta
chiaramente il peso che ancora riveste un pronunciamento ufficiale,
per ottenere una legittimazione giuridica delle scelte politiche. In
seconda istanza, la definizione di una politica giudiziaria è delegata
ai giuristi, cosa visibile non solo dal fatto che è un giudice colui che
stabilisce poteri e competenze delle magistrature popolari, ma anche
dall’istituzione di una commissione stabile di tre giudici che prestino
consulenza al capitano. Nonostante i momenti di tensione, la
diffidenza diffusa nei confronti della categoria dei sapientes iuris non
porta ad esiti stabili, perché si scontra con la costante aspirazione da
parte del populus a definire in termini giuridici i cambiamenti.
77 In misura più intensa che in altre città, la delega a funzionari esterni
costituisce a Perugia la strada per l’applicazione del programma
politico popolare 99 . Tra l’inizio degli anni Sessanta e la fine degli
anni Ottanta del Duecento, ci si imbatte in continue autorizzazioni al
personale forestiero a procedere su una gamma sempre più vasta di
reati e comportamenti, che portano a una dilatazione inedita
dell’arbitrium, ossia dello spazio di intervento assegnato al podestà e
al capitano del Popolo 100 . Per questa ragione, sebbene in linea di
principio la questione del controllo sull’attività di funzionari esterni
accomuni tutte le città dell’Italia centro-settentrionale, in questo
contesto assume una rilevanza maggiore e, per certi aspetti, un
significato politico diverso. Lo sbilanciamento di poteri verso
l’esterno impone infatti l’elaborazione di correttivi agli effetti che un
sistema così concepito produceva, tesi a mantenere il controllo della
giustizia da parte dei giudici locali e ad attenuare la repressione
giudiziaria.
78 Una riunione del Consiglio generale di Perugia del 1275 aiuta a
mettere a fuoco i termini della questione: la discussione verte su una
magistratura locale detta dei sindacatori e degli esaminatori delle
sentenze. Da testimonianze della loro attività nelle fonti giudiziarie e
dalla descrizione dell’ufficio negli statuti del 1279, risulta chiaro che
il compito di questi ufficiali era quello di convalidare o annullare le
sentenze emesse dal podestà e dal capitano del Popolo 101 . Nella
riunione suddetta, un consigliere denuncia l’attività svolta da questi
ufficiali, esortando al rispetto delle norme statutarie che vietavano
l’intervento dei sindacatori su certi reati, e chiedendo che fossero
mantenute valide le sentenze emesse da podestà e capitano su
malefici debitamente provati; chiariva che in questa categoria
rientravano i reati provati per testes, per contumacia dell’accusato e
per confessione 102 . Denunciava, inoltre, le eccezioni che venivano
continuamente opposte dai sindacatori i quali, attraverso i consilia di
giudici conniventi, si appellavano a vizi di forma relativi alla
citazione, o alla procedura, per ottenere l’annullamento delle
sentenze 103 , nonostante il fatto che i malefici fossero stati provati
apertamente, o che le citazioni fossero avvenute in modo debito
(propter huiusmodi cavillationes pronuntiaverint sententias esse nullas et
condempnationes factas cassaverunt, et licet maleficia manifeste probata
essent, et citationes in vultu hominum apparerent) 104 . Accusava i
sindacatori da una parte di andare contro quanto stabilito dagli
statuti, intromettendosi in condanne per crimini al di fuori delle loro
competenze, dall’altra di servirsi di consilia di giudici che si
appellavano a cavilli, anziché ricorrere alla consulenza di giudici
validi (consilia bonorum iudicum) che avrebbero espresso un’opinione
contraria 105 .
79 L’importanza delle parole del consigliere traspare oltre che dalla
decisione finale del Consiglio, dal fatto che gli argomenti da lui toc-
cati sembrano confluire nello statuto del 1279. La norma statutaria
che regola i poteri dei sindacatori delle sentenze prescrive loro di
confermare le condanne per i reati accertati nei tre modi ricordati
(testes, confessione, contumacia), a prescindere dal fatto che nel
processo fossero state osservate tutte le formalità (iuris solemnitates),
e nonostante eccezioni, allegazioni e cavilli che, in base al rito
processuale, avrebbero dovuto essere allegati e opposti. A scopo di
eliminare, presumibilmente, qualsiasi tentativo di corruzione dei
giudici, gli statuti ordinavano inoltre ai sindacatori di mantenere
segreta l’identità dei sapienti a cui intendevano rivolgersi per avere
consilia 106 .
80 Nella ricerca dedicata al sistema giudiziario di Perugia, Massimo
Vallerani ha mostrato l’entità che il fenomeno dell’annullamento
delle sentenze assume a partire da subito dopo la metà del xiii secolo,
richiamando l’attenzione su una seduta del Consiglio perugino del
1266, all’interno della quale podestà e capitano chiedevano di
escludere l’intervento dei sindacatori dalle condanne per porto
d’armi e gioco d’azzardo da loro emesse 107 . Questo conferma
l’impressione che l’ufficio dei sindacatori delle sentenze possieda a
Perugia una rilevanza politica notevole, se consideriamo quanto le
armi e il gioco fossero espressione di comportamenti e modelli di
vita aristocratici, contro i quali erano diretti i provvedimenti
giudiziari popolari. Nel 1275 si ripropone allora un problema già
palesatosi nell’amministrazione della giustizia perugina, e
l’identificazione del 1274 come anno di eccezionale intervento dei
sindacatori sulle sentenze dei magistrati forestieri chiarisce la
rilevanza della questione nell’anno successivo 108 . Colpisce come,
accanto al 1274, l’altro anno che si qualifichi come eccezionale per il
massiccio intervento dei sindacatori sia il 1260 109 , ossia l’anno di
pubblicazione dei primi ordinamenti popolari di Perugia. Tali
elementi autorizzano allora a supporre che, fin dai primi manifesti
politici del Popolo, siano presenti le due esigenze opposte che
caratterizzeranno la giustizia comunale della seconda parte del
Duecento: l’enorme potenziamento dei magistrati forestieri, e la
conseguente necessità di introdurre un correttivo dei loro poteri
giudiziari. Sia il programma politico che la sua attenuazione trovano
espressione nella sfera giudiziaria, da cui si evince l’importanza del
ruolo dei giuristi per entrambi i fenomeni. Da questo punto di vista,
è esemplare l’intervento del consigliere che nel 1275 denuncia gli
iudices conniventi per l’attività di supporto che prestano ai
sindacatori, e identifica la soluzione del problema sempre nei
giudici, lamentando il mancato ricorso ai consilia di giudici preparati.
81 La questione dell’annullamento delle sentenze viene discussa altre
volte negli anni successivi, e affrontata a fondo nel 1277. Nel me-se
di maggio dello stesso anno, sono convocate quattro commissioni
composte dai sedici ai venticinque giuristi, ai quali è richiesto di
coordinare norme conflittuali contenute negli statuti del comune e
del Popolo, e di sciogliere le contraddizioni tra le decisioni del
Consiglio cittadino e gli statuti relative ai poteri dei sindacatori sulle
sentenze di bando 110 . In queste convocazioni ai giuristi è
chiaramente delegata la funzione di tradurre in un linguaggio
giuridico e in uno schema razionale le scelte politiche dei governi
popolari. Si tratta di un compito assolto attraverso quell’attività che
Mario Sbriccoli ha identificato come qualificante del giurista
comunale, ossia l’interpretazione dello statuto 111 . I giuristi
perugini svolgono infatti in questo caso la funzione di chiarire,
interpretare, e in certi momenti esplicitamente produrre la
normativa comunale, attraverso un processo che prende avvio dallo
statuto, nel senso che le convocazioni hanno come oggetto il
coordinamento tra norme in conflitto e la chiarificazione del
significato di certi capitoli, e che torna allo statuto, perché le loro
decisioni assumono potere normativo ed entrano nel testo
statutario. È quanto avviene in particolare nella terza seduta dei
giuristi perugini del maggio 1277, quando essi riscrivono le norme
statutarie sull’annullamento delle sentenze di bando, che
definiscono, già a partire dall’ultimo punto trattato nella
discussione, come statutum 112 .
82 La correlazione tra potenziamento giudiziario dei magistrati
forestieri ed esigenza di un controllo sulle sentenze si intensifica
negli anni Ottanta del Duecento. Nel 1283, quando Perugia si trova
coinvolta da più di un anno nello scontro con Foligno ed è di
conseguenza assillata da problemi di rifornimento alimentare dal
contado, le autorità popolari emanano una serie di provvedimenti in
materia, stabilendo che: il capitano del Popolo e i suoi ufficiali
dovevano avere piena giurisdizione di fare inquisizioni pubbliche e
segrete, e di punire chi fosse andato contro i provvedimenti sul
grano e sul contado, a prescindere dal rispetto della procedura e dei
capitoli degli statuti del comune e del Popolo 113 . Il capitano poteva
procedere a sua discrezione su reati debitamente provati, semi-
provati o non provati affatto, e le sue decisioni non sarebbero state
sottoposte al sindacato. Infine, veniva fatto espresso divieto ai
sindacatori di Perugia di intrommettersi in queste condanne,
nonostante i poteri loro conferiti dagli statuti, che d’ora in poi
dovevano essere considerati nulli 114 .
83 Benché si tratti di provvedimenti varati in un momento eccezionale,
vediamo qui adottare delle soluzioni estreme a problemi che erano
stati ampiamenti discussi da più di un decennio. La stretta del Popolo
sulle istituzioni perugine si traduce, a livello giudiziario, nella
dilatazione massima dell’arbitrium degli ufficiali forestieri,
attraverso il conferimento di poteri straordinari al capitano del
Popolo su una categoria definita di reati. Alla luce delle discussioni
precedenti, risulta chiaro quanto l’indifferenza nei confronti degli
strumenti probatori e la prescrizione di non osservare le iuris
solemnitates siano argomenti in polemica con l’attività svolta a livello
locale dai sindacatori e dai giudici consulenti, che congiuntamente
riuscivano ad annullare buona parte delle sentenze emesse dagli
ufficiali forestieri. Sembra essere, allora, in forte continuità con
questi eventi l’istituzione a Perugia della magistratura del Giudice
sgravatore, terza figura forestiera, a cui, a partire dal 1286, o poco
prima, è assegnato il preciso compito di convalidare o annullare le
sentenze emesse dal podestà e dal capitano del Popolo 115 .
84 Da un bilancio sommario dell’attività svolta da questo giudice per
circa un anno (gennaio-novembre 1287), è possibile vedere come egli
annulli poco più della metà delle sentenze che gli vengono
sottoposte 116 . Nei casi in cui l’annullamento venga giustificato,
ricorrono con particolare frequenza due motivazioni: l’assenza di
prove e i vizi di forma del processo, tra i quali il più diffuso è la
mancata osservanza delle regole della citazione. Complessivamente,
le sentenze sembrano quindi essere annullate attraverso quelle che il
consigliere del 1275 aveva definito cavillationes, quando denunciava i
consilia assolutori dei giudici perugini.
85 Se per uscire dalla attività faziosa dei giudici si arriva ad autorizzare
l’esercizio di una giustizia sommaria, l’aumento del potere del
capitano comporta, ancora una volta, l’esigenza di un correttivo
sulla sua attività; l’istituzione di una terza magistratura forestiera
sembra dunque costituire la risposta alla connotazione politica che
aveva assunto l’ufficio dei sindacatori e l’attività dei giudici locali. Il
Giudice sgravatore, di fatto, non agisce in modo molto diverso, ma
anzi, per certi aspetti, rappresenta l’istituzionalizzazione del ricorso
in appello sulle sentenze del podestà e del capitano del Popolo.
86 La lettura politica di questi fenomeni non si presta a facili
semplificazioni: se la repressione giudiziaria rappresenta uno
strumento di lotta fondamentale dei governi popolari, e i giudici
locali, in quanto esponenti dei milites, vi si oppongono anche per
ragioni politiche, il ricorso ai giudici cittadini come correttivo
dell’attività svolta da funzionari forestieri ha un significato più
vasto, perché è diventato parte integrante del funzionamento di un
nuovo sistema politico. Il fatto che i giudici annullino, o mitighino, le
sentenze, ossia che il loro intervento nei processi sia spesso
assolutorio, è comune anche a Bologna, dove Vallerani ha illustrato
la frequenza con cui, negli anni Ottanta del Duecento, l’intervento di
un sapiens nel processo comporti di fatto l’assoluzione dell’imputato
117 . È possibile che la scarsa applicazione degli ordinamenti

popolari da parte dei giudici sia determinata, in entrambi i contesti,


oltre che da ragioni politiche anche da un’identità professionale, che
comporta una reazione allo stravolgimento del sistema giudiziario e
una resistenza a capovolgere un sistema che ha delle regole, che
sono state elaborate e sulle quali si è ragionato per più di un secolo
118 . La tendenza assolutoria prevalente non solo nei consilia dei

giudici locali, ma anche, a Perugia, nell’attività del Giudice


sgravatore forestiero, o, a Bologna, nei processi condotti in genere
dai giudici del podestà e del capitano, mostra quanto la condivisione
di una cultura prevalga sull’applicazione di regole eccezionali. In
questo senso, il diritto non costituisce solo uno strumento ideologico
che fornisce motivazioni dotte a moventi politici, ma possiede
ancora una forte funzione regolatrice di una società e di istituzioni
informate da principi giuridici romanistici o da regole
consuetudinarie mediate attraverso la scienza romanistica.
87 Nella fase più cruenta della storia comunale, quando dilagano i
conflitti tra città e città, tra guelfi e ghibellini, tra milites e populus,
divengono indubbiamente di casa nei tribunali comunali
procedimenti sommari, deroghe alle garanzie e condanne politiche.
Ciò nonostante, l’esame del contributo apportato dai giuristi sia sul
piano giudiziario, che su quello politico, spinge a vedere la seconda
metà del Duecento non solo come la fase delle epurazioni politiche,
della tortura giudiziaria e più in generale della deviazione degli
strumenti processuali, ma anche come un’epoca segnata da una
profonda esigenza di agire in base a regole formalizzate, e un
laboratorio di esperimenti istituzionali, nell’ideazione dei quali
furono largamente protagonisti gli esperti di diritto.

NOTE
1. L’intervento politico dei giuristi in queste tre realtà è al centro del libro da me pubblicato
Giuristi e politica nei Comuni di Popolo. Siena, Perugia e Bologna, tre governi a confronto , Roma,
2006, cui rimando per un aggiornamento delle questioni trattate in questo articolo.
2. E. Cortese, Intorno agli antichi iudices toscani e ai caratteri di un ceto medievale , in Studi in
memoria di Domenico Barillaro , Milano, 1982, p. 5-38. Il concetto di ceto è al centro degli
interessi dell’autore anche in altri due saggi degli stessi anni: cfr. Id., Scienza di giudici e
scienza di professori tra xii e xiii secolo , in Legge, giudici, giuristi (Cagliari, 18-21 maggio 1981) ,
Milano, 1982, p. 93-148; Id., Legisti, canonisti e feudisti: la formazione di un ceto medievale , in
Università e società nei secoli xii - xvi (Pistoia, 20-25 settembre 1979) , Pistoia, 1982, p. 195-282, poi
rielaborati e pubblicati come monografia: Id., Il Rinascimento giuridico medievale , Roma, 1992.
3. Le ricerche di Peter Classen sono incentrate sui collegi consolari di Milano e di Pisa,
mentre quelle di Johannes Fried si concentrano principalmente sulla prima fase podestarile
a Bologna e a Modena. Cfr. P. Classen, Studium und Gesellschaft im Mittelalter , Stoccarda, 1983
( Schriften der M.G.H. , 29), con particolare riferimento alla sezione Richterstand und
Rechtswissenschaft in italienischen Kommunen des 12. Jahrhunderts , p. 27-126. J. Fried, Die
Entstehung des Juristenstandes im 12. Jahrhundert. Zur sozialen Stellung und politischen Bedeutung
gelehrter Juristen in Bologna und Modena , Colinia, 1974.
4. Su questo problema, ha richiamato l’attenzione A. Padoa Schioppa, Sul ruolo dei giuristi
nell’età del diritto comune: un problema aperto , in Il diritto comune e la tradizione giuridica
europea. Atti del convegno di studi in onore di G. Er-mini (Perugia, 30-31 ottobre 1976) , Perugia,
1980, p. 153-166.
5. La provenienza sociale dei giuristi è stata soprattutto studiata come parte della storia dei
ceti dirigenti comunali: per Padova, cfr. in generale J. K. Hyde, Padova nell’età di Dante ,
Manchester, 1966 (trad. it. Trieste, 1985); riflessioni importanti sono contenute in S.
Bortolami, Fra «Alte Domus» e «Populares Homines»: il comune di Padova e il suo sviluppo prima di
Ezzelino , in Storia e cultura a Padova nell’età di S. Antonio. Convegno internazionale di studi
(Padova, 1-4 ottobre 1981) , Padova, 1985; per il rilievo che la cultura giuridica sembra
assumere a Padova per la sopravvivenza e il successo di famiglie aristocratiche in decadenza
nella prima metà del xiii secolo, cfr. T. Pesenti Marangon, Università, giudici e notai a Padova
nei primi anni del dominio ezzeliniano (1237-1241) , in Quaderni per la storia dell’Università di
Padova , 12, 1979, p. 1-61. Per Pisa, parallelamente alle ricerche citate di P. Classen sul
rapporto tra giuristi e istituzioni nella seconda parte del xii secolo, cfr. M. Ronzani, I
«giurisperiti» e il Comune di Pisa nell’età delle sperimentazioni istituzionali (1190-1254) , in
Legislazione e prassi istituzionale a Pisa (secoli xi - xiii ). Una tradizione normativa esemplare ,
Napoli, 2001, p. 201-240. Per Firenze, riflessioni retrospettive relative alla fine del xiii secolo
e la prima metà del xiv sono contenute in L. Martines, Lawyers and Statecraft in Renaissance
Florence , Princeton, 1968, p. 40-61. Per Lucca nel xii secolo, cfr. C. Wickham, Legge, pratiche e
conflitti . Tribunali e risoluzione delle dispute nella Toscana del xii secolo , Roma, 2000, p. 105-113.
Per Milano, accanto ancora alle ricerche di P. Classen per il xii secolo, è stata recentemente
prestata attenzione all’argomento da P. Grillo, Milano in età comunale (1183-1276). Istituzioni,
società, economia , Spoleto, 2001, p. 267-270, 407-429. Considerazioni sulla provenienza
sociale dei giudici nella realtà laziale di Tivoli sono state espresse da S. Carocci, Tivoli nel
Basso Medioevo. Società cittadina ed economia agraria , Roma, 1988, p. 53-61.
6. C. Wickham, Legge, pratiche e conflitti... , p. 111.
7. E. Cortese, Il diritto nella storia medievale. II. Il Basso Medioevo , Roma, 1995, p. 116-143.
8. P. Classen, Studium und Gesellschaft... cit. n. 3, p. 45-68.
9. Per uno sguardo complessivo sui cambiamenti che si verificano nell’ambito dei ceti
dirigenti urbani tra il xii secolo e i primi decenni del xiii , cfr. P. Cammarosano, Élites sociales
et institutions politiques des villes libres en Italie de la fin du xii e au début du xiv e siècle , in Les
Élites urbaines au Moyen Âge , Roma, 1997, p. 193-200, e Id., Il ricambio e l’evoluzione dei ceti
dirigenti nel corso del xiii secolo in Magnati e popolani nell’Italia comunale (Pistoia, 15-18 maggio
1995) , Pistoia, 1997, p. 17-40.
10. Queste tesi sono espresse da Jean-Claude Maire Vigueur principalmente in: Justice et
politique dans l’Italie communale de la seconde moitié du xiii e siècle: l’exemple de Pérouse , in
Académie des inscriptions et belles lettres. Comptes rendus , 1986, p. 312-330; Id., Il comune
popolare , in Società e istituzioni nell’Italia comunale: l’esempio di Perugia (secoli xii - xiv ) , Perugia,
1988, p. 41-56; Id., Gli iudices nelle città comunali: identità culturale ed esperienze politiche , in A.
Paravicini Bagliani e P. Toubert (a cura di), Federico II e le città italiane , Palermo, 1994, p. 161-
176.
11. N. Wandruszka, Die Oberschichten Bolognas und ihre Rolle während der Ausbildung der
Kommune (12. und 13. Jahrhundert) , Francoforte, 1993, p. 181-185, attraverso l’esame di nuovi
dati prosopografici e delle liste dei possessori di servi del 1256, mostra come il numero di
giuristi provenienti da famiglie aristocratiche sia maggiore rispetto a quanto sostenuto da
Fried.
12. Cfr. J. Fried, Die Entstehung des Juristenstandes... cit. n. 3, in particolare, p. 81-85 e 116-117.
13. Cfr. infra , p.206 e s.
14. Il fenomeno è chiaramente visibile a partire dal primo registro conservato di
riformagioni del Consiglio della Campana del 1248-1249: Archivio di Stato di Siena [d’ora in
avanti: «ASS»], Deliberazioni, Consiglio generale 1 (1248, dicembre 3-1249, dicembre 30:
deliberazioni del Consiglio generale della Campana al tempo del podestà Bernardino Foschi
di Faenza). Per la descrizione di questo e dei seguenti volumi delle delibere a cui farò
riferimento, cfr. Archivio del Consiglio Generale del Comune di Siena. Inventario , Roma 1952,
Pubblicazioni degli Archivi di Stato, IX, Archivio di Stato di Siena, p. 1 e s.
15. Cfr. i contributi di J. L. Bonnaud, E. Isenmann e I. Paquay in questo volume.
16. Oltre al contributo in questo volume, il tema del rapporto tra giuristi dotti, università e
amministrazione delle città tedesche, è ampiamente trattato da E. Isenmann in Gesetzgebung
und Gesetzgebungsrecht spätmittelalterlicher deutscher Städte , Berlino, 2001 ( Zeitschrift für
historische Forschung , 28).
17. ASS, Deliberazioni, Consiglio generale 6 , in cui sono riportate le prime delibere del
Consiglio del popolo del 1256, e quelle prodotte dallo stesso Consiglio nei due anni
successivi. Alle delibere del Consiglio del popolo sono inframmezzate quelle del Consiglio
dei Ventiquattro.
18. Ibidem , fol. 171v. Sul Consiglio dei Ventiquattro e l’affermazione politica del popolo
senese, cfr. P. Cammarosano, Tradizione documentaria e storia cittadina. Introduzione al Caleffo
Vecchio del Comune di Siena , Siena 1988; V. Crescenzi, Note critiche sul codice Statuti 1
dell’Archivio di Stato di Siena , in Archivio storico italiano , CXLVIII, 1990, p. 511-579; U. G.
Mondolfo, Il populus a Siena nella vita della città e nel governo del comune fino alla riforma
antimagnatizia del 1277 , Genova, 1911; Id., Le cause e le vicende della politica del comune di Siena
nel secolo xiii , Siena, 1904.
19. Cfr. ASS, Deliberazioni, Consiglio generale 6 , fol. 171v, l’intervento nella discussione di
Orlandus Renaldi .
20. La presenza alla guida del popolo di Ranieri Pagliaresi al fianco di Provenzan Salvani,
portava L. Zdekauer ( Dissertazione sugli statuti del Comune di Siena , introduzione a Il Constituto
del Comune di Siena dell’anno 1262 , Milano, 1897, p. lxxvi , nota 3) a parlare di un legame
privilegiato tra i giudici e il popolo senese. Le riformagioni del 1255 e del 1256 mostrano
invece un rapporto estremamente conflittuale tra populus e iudices , e la posizione politica
delle figure citate non è esemplificativa di una posizione filo-popolare dei giudici, ma della
scelta di schieramento di alcune famiglie aristocratiche senesi.
21. Sui rapporti politici tra componente notarile e governi di popolo, cfr., in particolare, per
Bologna G. Tamba, Una corporazione per il potere. Il notariato a Bologna in età comunale ,
Bologna, 1998, p. 35-38 e 299-324; M. Giansante, Retorica e politica nel Duecento. I notai
bolognesi e l’ideologia comunale , Roma, 1999, per Perugia S. Merli, Un notaio e il popolo. Notizie
su Bovicello Vitelli, cancelliere duecentesco del Comune di Perugia , in Bullettino dell’Istituto storico
italiano per il Medio Evo , 101, p. 199-303.
22. Per la storia del movimento di popolo di Perugia, cfr. J. P. Grundman, The popolo at
Perugia. 1139-1309 , Perugia, 1992.
23. Questa affermazione si basa su uno spoglio delle delibere dei consigli perugini tra il 1275
e il 1285, e in particolare sullo studio della composizione di un Consiglio detto Consilium
sapientum de credentia , la cui esistenza è attestata a balzi tra il 1276 e il 1285 in Archivio di
Stato di Perugia [d’ora in avanti: «ASP»], Riformanze 8, Riformanze 5, fascicolo 11, Riformanze
5, fascicolo 6. Per la composizione e la funzione di questo Consiglio, vedi sotto alla nota 61.
Sull’allontanamento degli esperti di diritto dal governo comunale di Perugia negli anni
Ottanta e Novanta del Duecento, cfr. J. P. Grundman, The popolo at Perugia ...
24. Si tratta delle sedute del 4 e 12 agosto, conservate in ASP, Riformanze 5, fascicolo 10,
rispettivamente: fol. 117-118 e 122-123. Su di esse ha richiamato l’attenzione A. Bartoli
Langeli, Scrivere lo statuto , in Statuto del comune di Perugia del 1279 , a cura di S. Caprioli,
Perugia, 1996, II, p. 71-99, 80-81.
25. ASP, Riformanze 5, fascicolo 10, 123. A una decisione analoga era giunto il Consiglio del
popolo nel 1262: cfr. U. Nicolini, Reformationes comunis Perusii quae extant anni MCCLXII ,
Perugia, 1969, p. 39-43.
26. Per il primo caso, cfr. ASS, Deliberazioni , Consiglio generale 6 , fol. 83v-84, dove si dice che
Dominus Ciampolus Ranieri Uliveri iudex lecto capitulo populi in dicto consilio [...] petito a dictis
vicariis consilio super declaratione dicti capituli etc. (per il contenuto del consilium che il giudice
fornisce nel Consiglio, vedi sot-to al § 2.3. Il ricorso ai sapientes iuris per la costruzione di un
nuovo assetto politico); per il secondo caso, cfr. la discussione del 1258 edita da V.
Crescenzi, Note critiche sul codice Statuti 1... cit. n. 18, p. 542-544, in cui il Consiglio del popolo
critica il lavoro di una commissione addetta alla revisione dello Statuto del popolo, e,
uniformandosi alla proposta di un notaio, decide che il significato di una certa rubrica deve
declarari per dictum consilium [ populi ].
27. Cfr. Archivio di Stato di Bologna [d’ora in avanti: ASB], Governo , Riformagioni e provigioni ,
Serie cartacea, Registro 2, fol. 46. La commissione dei cento esponenti popolari decide: quod
dictum instrumentum sindicatus [...] et protestatio debeant legi in consilio VIII c et Populi in quo
consilio interesse debeant sapientes iuris canonici et civilis qui fuerunt die veneris [...] ad dictandum
predictum instrumentum et protestationem; et unus dictorum sapientum surgere debeat in dicto
consilio et dicere et declarare ipso consilio formam dicti sindicatus et protestationem et causas ac
capitula etc.
28. Cfr. S. R. Blanshei, Criminal Justice in Medieval Perugia and Bologna , in Law and History
Review , I, 1983, p. 251-275, p. 271. La stessa posizione è stata recentemente accolta da P.
Jones, The Italian City-State. From Commune to Signoria , Oxford, 1997, p. 508.
29. Cfr. J. P. Grundman, The popolo at Perugia... cit. n. 22, Ap. III, p. 389: Et intelligatur quilibet
de popullo esse ad penas et banna imposita popullaribus, exceptis militibus, eorum filiis, iudicibus et
notariis .
30. Tale impressione si ricava in primo luogo dagli statuti, dove i notai appaiono in più di
un’occasione spingere verso una revisione degli Ordinamenti Sacrati del 1282. Gli statuti (
Statuti di Bologna del 1288 , a cura di G. Fasoli e P. Sella, Città del Vaticano, 1937-1939, p. 423-
427) ci informano infatti che: nel 1283 tre notai di spicco avevano presentato la prima
modifica agli Ordinamenti Sacrati, e nel 1284 i consules societatis Notariorum avevano
partecipato alla redazione della riforma della legge sulle accuse, perno della nuova politica
giudiziaria pro-posta dagli Ordinamenti popolari del 1282. Inoltre, sappiamo che alcuni
notai, tra i quali il massimo rappresentante della corporazione, partecipano, nel 1287, a un
complotto contro gli Ordinamenti antimagnatizi. Per quest’ultima informazione, cfr. G.
Milani, Bologna’s two Exclusions , in corso di stampa.
31. Cfr. ASB, Governo, Riformagioni e provigioni , Serie cartacea, 1282-1400. Registro 4, fol. 16v.
32. Ibidem: Consilium Populi et Masse fecit [...] capitaneus Populi Bononie [...] in quo [...] consilio
[...] , de voluntate antianorum et consulum, dixit et proposuit infrascripta: in primis quid placet
consilio Masse Populi facere et providere super infrascripta petitione, tenor cuius talis est: «Suplicant
vobis domino capitaneo, antianis et consulibus Populi Bononie iudices civitatis Bononie, qui fuerunt
et sunt quaxi omnes filii vel fratres vel nepotes hominum societatum Populi Bononie, quod cum hoc sit
quod propter munus quod redunt ad gabellam et ad datium vini et in campo merchati et specialiter
propter potestarias de bandiera comitatus Bononie officia de Palatio quaxi ad nichil sunt deducta et
quaxi nichil lucrantur propter causas predictas, que officia pro maiori parte [...] exercentur per
iudices de Populo Bononie qui sunt de societate Artium vel Armorum Populi Bononie , quod placeat
vobis ponere ad consilium Populi Bononie et in eo reformari facere quod omnes iudices de Populo et de
civitate Bononie, qui nunc sunt vel in futurum erint in officiis comunis vel Populi Bononie, durantibus
eorum officiis possint advochare, patrocynari et consilia dare et recipere [...] concionari et consulere
in consilio comunis Bononie non obstante quod sint officiales comunis Bononie. Ita quod propter hoc
boni et literati iudices per hoc initient ad recipienda officia et exercenda, salvo quod aliquis officialis
civitatis Bononie non possit dare consilium alicui officiali comunis unus alterum stando in officio et
operando dictum officium [...] » .
33. Statuti di Bologna del 1288... , I, p. 62, rubrica X .
34. Per un esame di altre testimonianze in questo senso, rinvio al mio libro Giuristi e politica
nei Comuni di Popolo ... cit. n. 1, p. 293-306.
35. C. Wickham, Legge, pratiche e conflitti... cit. n. 5, p. 206.
36. P. Classen, Studium und Gesellschaft... cit. n. 3, p. 68-88; C. Storti Storchi, Intorno ai Costituti
pisani della legge e dell’uso (secolo xii ) , Napoli, 1998.
37. C. Wickham, Legge, pratiche e conflitti... cit. n. 5, p. 204-206.
38. C. Storti Storchi, Intorno ai Costituti pisani... , p. 14-17, 62-68, 137-143, con particolare
riferimento alla p. 64, dove l’autrice afferma che: «Il iudicium legis , con la disciplina delle
materie ad esso afferrenti, costituiva la contropartita che la città era disposta ad offrire
all’impero in cambio dell’autonomia giurisdizionale nelle materie dell’uso».
39. P. Classen, Studium und Gesellschaft... cit. n. 3, p. 45-68. Cfr. anche il paragone tra le
esperienze consolari bolognese, milanese e pisana avanzato da N. Wandruszka, Die
Oberschichten Bolognas... cit. n. 11, p. 66-67.
40. Cfr. E. Cortese, Il diritto nella storia medievale , II. Il Basso Medioevo... cit. n. 7, p. 266-267; J.
Fried, Die Entstehung des Juristenstandes... cit. n. 3, p. 156, e la recensione di Cortese al libro di
Fried, ora in Scritti , a cura di I. Birocchi e U. Petronio, Spoleto, 1999, II, p. 1437-1444; A.
Bartoli Langeli, Notariato, documentazione e coscienza comunale , in Federico II e le città italiane...
cit. n. 10, p. 264-277, alla p. 274.
41. Cfr. E. Occhipinti, Podestà «da Milano» e «a Milano» fra xii e xiv secolo , e le riflessioni di J.-C.
Maire Vigueur, Flussi, circuiti e profili , in J.-C. Maire Vigueur (cura di), I podestà dell’Italia
comunale. Parte I. Reclutamento e circolazione degli ufficiali forestieri (fine xii sec.-metà xiv sec.) ,
Roma, 2000, rispettivamente, I, p. 47-73, e II, p. 897-1099.
42. J.-C. Maire Vigueur, Flussi, circuiti e profili... , p. 1012-1018.
43. J. Fried, Die Entstehung des Juristenstandes... cit. n. 3, p. 80-87, 115-120. Sull’attività dei
giuristi bolognesi, in particolare del ristretto consilium dei Quattro Dottori nell’arco della
prima e lunga podesteria di Guido da Sasso, cfr. anche R. Ferrara, La scuola per la città:
ideologie, modelli e prassi tra governo consolare e regime podestarile (Bologna, secoli xii - xiii ), in
Civiltà Comunale: Libro, scrittura, documento (Atti del Convegno, Genova 8-11 novembre 1988) ,
Genova, 1989, p. 593-647.
44. Sull’esistenza di un Breve dell’arte dei giudici e notai già dal 1238, cfr. L. Zdekauer,
Dissertazione sugli statuti del Comune di Siena... cit. n. 20, p. liiii ; l’autore ha identificato nelle
rubriche del Costituto del 1262, II, 132-142, quelle che originariamente formavano il Breve.
Il primo vero e proprio statuto dell’arte dei giudici e notai conservato è dei primi anni del
1300, ed è riprodotto nell’edizione di G. Catoni, Statuti senesi dell’arte dei giudici e notai del
secolo xiv , Roma, 1972. Per un paragone tra questo statuto ed esemplari analoghi conservati
per altre realtà comunali, cfr. U. Meyer Holz, Collegia Iudicum. Über die Form sozialer
Gruppenbildung durch die gelehrten Berufsjuristen im Oberitalien des späten Mittelalters, mit einem
Vergleich zu Collegia Doctorum Iuris , Baden-Baden, 1989.
45. L. Zdekauer, Dissertazione sugli statuti del Comune di Siena... cit. n. 20, p. lii-liiii .
46. Fino all’inizio degli anni Ottanta del Duecento, in cui sono documentate le prime forme
di insegnamento giuridico, è ignoto quale sia lo studio universitario in cui si formavano gli
esperti di diritto perugini, sempre qualora, esclusi i doctores , rimandino rigidamente a una
formazione universitaria i titoli di iudex , iurisperitus e sapiens iuris , con cui essi sono
definiti.
47. Tuttavia a Siena è riscontrabile una maggiore oscillazione nell’uso dei titoli
professionali, nel senso che le stesse persone compaiono qualificate in certi casi sia come
giudici, che come notai. L’incertezza riguarda comunque un numero esiguo di casi. Per
alcune considerazioni sull«intervento politico di notai e giudici senesi, cfr. U. Morandi, Il
notaio all’origine del comune medioevale senese , in Il notariato nella civiltà toscana , Roma, 1985,
p. 311-336. Sulle forme di insegnamento accademico a Siena nel Duecento, cfr. P. Nardi,
Comune, impero e papato alle origini dell’insegnamento universitario in Siena (1240-1275), in
Bullettino senese di Storia Patria , XC, 1983, p. 50-94, alle p. 67-71. L’autore ricostruisce anche
le carriere di alcuni giudici senesi di spicco, tra i quali desta particolare interesse la figura
del doctor legum Pepone, professore di diritto a Siena e molto attivo nei consigli cittadini alla
fine degli anni Quaranta. Per la storia dello studio senese vedi anche P. Nardi, Maestri e
scolari: alle origini dello studio , in R. Barzanti, G. Catoni e M. De Gregorio (a cura di), Storia di
Siena. I. Dalle origini alla fine della Repubblica , Siena, 1995, p. 141-154; Id., Le origini dello studio
senese , in Studi senesi , CIV (III serie, XLI), fascicolo 2, 1992, p. 284-303; Id., L’insegnamento
superiore a Siena nei secoli xi - xiv . Tentativi e realizzazioni dalle origini alla fondazione dello studio
generale , Milano, 1996; G. Minnucci, Professori e scolari giuristi nello studio di Siena dalle origini
alla fine del xv secolo , in L’Università di Siena, 750 anni di storia , Siena, 1991; G. Prunai, Lo studio
senese dalla «migratio» bolognese alla fondazione della «domus Sapientiae» (1321-1408) , in Bullettino
senese di Storia Patria , LVII (serie III, anno ix ), 1950, p. 3-54.
48. Oltre al classico lavoro di G. Rossi, Consilium Sapientis Iudiciale. Studi e ricerche per la
storia del processo romano-canonico. I. (secoli xii - xiii ) , Milano, 1958, per un panorama delle
ricerche dedicate all’argomento negli ultimi decenni, cfr. I. Baumgärtner (a cura di), Consilia
im späten Mittelalter. Zum historischen Aussagewert einer Quellengattung , Sigmaringen, 1995, e il
recente saggio di M. Ascheri, Le fonti e la flessibilità del diritto comune: il paradosso del consilium
sapientis, in M. Ascheri, I. Baumgärtner e J. Kirshner (cura di), Legal Consulting in the Civil Law
Tradition , Berkeley, 1999, p. 11-53.
49. Per Bologna: M. Vallerani, I processi accusatori a Bologna fra Due e Trecento , in Società e
Storia , 78, 1997, p. 741-788; per Milano: A. Padoa Schioppa, La giustizia milanese nella prima età
viscontea (1277-1300) , in Ius Mediolani. Studi di storia del diritto milanese offerti dagli allievi a
Giulio Vismara , Milano 1996; per Perugia: M. Vallerani, Pace e processo nel sistema giudiziario
del comune di Perugia , in Quaderni storici , 101, 1999, p. 315-353, con particolare riferimento
alle p. 339-341, e C. Cutini, Giudici e giustizia a Perugia nel secolo xiii , in Bollettino della
Deputazione di storia patria per l’Umbria , 83, 1986, p. 67-110; per S. Gimignano, con ampia
discussione della pratica toscana, M. Chiantini, Il Consilium Sapientis nel processo del secolo
xiii . S. Gimignano 1246-1312 , Siena, 1996.

50. Parziale eccezione è il caso di S. Gimignano, dove i consilia venivano richiesti anche a
giudici di altre città toscane; cfr. tuttavia la frequenza con cui si faceva ricorso alla
consulenza di giudici locali, che, in base alle notizie biografiche fornite dalla Chiantini ( Il
Consilium Sapientis nel processo del secolo xiii ... , p. lxxxii-xc e p. 3-5) costituiscono almeno il
25 % degli estensori dei consilia della raccolta sangimignanese; il dato è verosimilmente
inferiore al numero effettivo, data l’assenza, in molti casi, di notizie sui consulenti. Per
alcuni spunti comparativi che offre la prassi giudiziaria sangimignanese con altre realtà
comunali, rimando alla mia recensione al libro della Chiantini, in Initium , 4, 1999, p. 739-
746.
51. A. Padoa Schioppa, La giustizia milanese nella prima età viscontea , cit., p. 24-25, e Id., Aspetti
della giustizia milanese dal x al xii secolo , in Atti dell’ xi Congresso internazionale di studi sull’Alto
Medioevo (Milano 26-30 ottore 1987), Spoleto, 1989, p. 459-549.
52. Sulla funzione del sindacato, cfr. V. Crescenzi, Il sindacato degli ufficiali nei comuni
medievali italiani , in L’educazione giuridica. IV. Il pubblico funzionario: modelli storici e comparativi
, Perugia, 1981, 1. Profili storici: la tradizione italiana , p. 383-529.
53. ASP, Riformanze 8, 2v-3r: die dominica v. ianuarii. Congregatis infradictis sapientibus iuris in
caminata domini potestatis [...] . In quo consilio predictus do-minus potestas proposuit quod statuta
Populi mutata sunt et [...] sunt contraria et diversa aliorum statutorum super quibus iuravit et in
quibus pena est diminuta vel addita, et super consilium petivit si ea que de novo facta sunt debent per
eum et eius familiam observari vel alia, et < si > contra iuramenta eorum < venire > si novissima
observarent .
54. Ibidem .
55. ASP, Riformanze 8, 136r: Congregatis infrascriptis sapientibus iuris electis per consules ad
providendum litteram missam a domino Papa super provisione facienda pro cena Domini et si ipsa
littera potest poni ad consilium sine pena et sacramento et si posset comuni Perusii servitutem
aliquam generare .
56. Ibidem . Per un esame del dibattito in campo dottinario sulla materia delle servitù, cfr. E.
Conte, Servi medievali. Dinamiche del diritto comune , Roma, 1996, p.124 es.
57. ASP, Riformanze 8, fol. 148.
58. La rilevanza che Perugia sembra attribuire alla cultura giuridica nella scelta di alcuni
magistrati forestieri a partire all’incirca dalla metà degli anni Sessanta del Duecento è stata
recentemente sottolineata da C. Cutini e S. Balzani, Podestà e capitani del popolo a Perugia e da
Perugia (1199-1350) , in I podestà dell’Italia comunale... cit. n. 41, II, p. 693-739.
59. L’ambiente delle curie forestiere come spazio politico-intellettuale e terre-no di scambio
di competenze professionali è stato valorizzato da E. Artifoni, Retorica e organizzazione del
linguaggio politico nel Duecento italiano , in P. Cammarosano (a cura di), Le forme della
propaganda politica nel Due e nel Trecento , Roma, 1994, p. 157-182.
60. Statuto del comune di Perugia... cit. n. 24, cap. 89, p. 109.
61. L’attività di questo Consiglio è attestata per gli anni 1276, 1277, 1283 e 1285. Si tratta di
un Consiglio dalla fisionomia molto fluida, che sembra costituire una sorta di
istituzionalizzazione delle balie di sapientes , a cui i Consigli comunali o gli ufficiali forestieri
delegano l’esame di questioni specifiche. La frequente presenza dell’elenco dei consiglieri
consente di verificare il grado di intervento dei sapientes iuris . La loro attività si concentra
particolarmente negli anni 1276 e 1277, per i quali sono testimoniate quindici sedute da essi
esclusivamente composte, che oscillano tra i quattro e i trentacinque giuristi. Nelle restanti
sedute del Consiglio, la percentuale dei giuristi si aggira intorno al 50 % nel 1276 (anno per
il quale sono conservati i verbali di quarantatré sedute tenutesi tra gennaio e aprile, che in
diciannove casi includono l’elenco dei partecipanti), e intorno al 30 % nel 1277 (per il quale
sono conservati i verbali di quarantacinque sedute tenutesi tra gennaio e giugno, che in
quarantadue casi includono l’elenco). I dati sono stati elaborati attraverso lo spoglio del
volume ASP, Riformanze 8.
62. L’ambiguità del termine consilium è stata recentemente oggetto di riflessioni da parte di
Enrico Artifoni, che ha mostrato come nell’opera composta nel 1246 dal giudice Albertano
da Brescia avvenga una contaminazione tra il significato di consilium inteso come assemblea,
e quello di consilium inteso come pare-re. Cfr. E. Artifoni, Prudenza del consigliare. L’educazione
del cittadino nel Liber consolationis et consilii di Albertano da Brescia , in C. Casagrande, C.
Crisciani, S. Vecchio (a cura di), Consilium. Teorie e pratiche del consigliare nella cultura
medievale [Atti del convegno di Pavia, 14-16 dicembre 2000], Firenze, 2004, p. 195-216.
63. I primi due consilia menzionati sono conservati in ASP, Giudiziario , Busta 4 (1277-1278),
registro 1, fol. 13; gli altri due in un registro di sententiae et pronunciationes , ASP, Giudiziario ,
Busta 4 (1277-1278), registro 4, fol. 1v.
64. Questi consilia sono stati pubblicati senza data da Gaudenzi, in appendice all’edizione
degli Ordinamenti Sacrati e Sacratissimi ( Statuti del popolo di Bologna del secolo xiii . Gli
Ordinamenti Sacrati e Sacratissimi colle Riformagioni da loro occasionate e dipendenti , a cura di A.
Gaudenzi, Bologna, 1888. Appendice B, Consigli e Questioni di dottori bolognesi relative agli
statuti della città ). Sono stati successivamente segnalati da G. Fasoli e P. Sella come
frammento statutario ( Statuti di Bologna del 1288... cit. n. 30, I, in Appendice), ed
erroneamente datati al 1271. Il registro delle delibere consiliari degli Anziani all’interno del
quale sono conservati, ASB, Governo, Provvigioni dei Consigli Minori (1248-1337), I, fol. 35,
mostra che i consilia sono stati registrati tra la riunione dell’11 febbraio e quella del 16
febbraio 1272.
65. Per una ricostruzione dettagliata di questi eventi, cfr. A. Hessel, Storia della città di
Bologna dal 1116 al 1280 , Bologna, 1975 (trad. it. di Geschichte der Stadt Bologna von 1116 bis 1280
, Berlino, 1910), p. 257-267. Per le lotte di fazione bolognesi e il bando dei Lambertazzi, cfr.
G. Milani, Il governo delle liste nel comune di Bologna. Premesse e genesi di un libro di proscrizione
duecentesco , in Rivista storica italiana , 108, 1996, p. 149-229, e Id., Dalla ritorsione al controllo.
Elaborazione ed applicazione del programma antighibellino a Bologna alla fine del Duecento , in
Quaderni storici , 94, 1997, p. 43-74.
66. I giuristi interpellati sono: Federico (dalle Scale?), Guglielmo de Terrafoculi , Nicola de
Tencarariis, Alberto d’Odofredo legum doctor , Rolando de Romanzi legum doctor , Nicola de
Zovenzoni, Bonromeus legum doctor , probabilmente identificabile con il Bonromeus Boniacobi
de Dugliolo legum doctor attivo negli stessi anni, e Tommaso da Piperata legum doctor .
67. Per una breve rassegna di giuristi celebri che si impegnarono o prestarono la loro
consulenza nelle lotte di fazione, cfr. M. Sbriccoli, L’interpretazione dello statuto. Contributo allo
studio della funzione dei giuristi nell’età comunale , Milano, 1969, p. 60-61, con particolare
riferimento a Tommaso da Piperata (p. 61, in nota), esiliato per l’adesione alla parte
lambertazza.
68. Statuti del popolo di Bologna... , Appendice B: Ego Tomax Peverati legum doctor dictum
statutum ibi ubi dicitur in fine «quod comune et populus Bononie illam civitatem vel illas debeat
tenere pro capitalibus inimicis, et tamquam proditores et inimicos perfidos comunis et populi Bononie
persequi debeat et tractare et ad destructionem eorum et malum intendere toto posse» sic intelligo:
scilicet faciendo eis guerram per se et alios et dando licentiam singulariter et generaliter voce
preconia omnibus volentibus eis guerram facere, et favendo et annuendo volentibus eis guerram
facere tam in capitaneo quam in locis competentibus habendis in quibus possint se redducere in
comitatu Bononie et in Fregnano, ut volentibus eis facere guerram melius videbitur, et omnie aliud
faciendo quod ex hominis coscientia et industria melius potest percipi quam scriptura vel hore
exprimi. Et si non fiant predicta, intelligo dominum potestatem, dominum capitanum, antianos et
consules dictum ordinamentum non servare .
69. Cfr., ibidem , i consilia in particolare di Guglielmo de Terrafoculi , Nicola de Tencarariis,
Alberto d’Odofredo legum doctor , Rolando de Romanzi legum doctor .
70. Cfr. ASS, Deliberazioni, Consiglio generale 1 , fol. 68, 70, 71v, 72, che riportano le riunioni in
cui sono presenti le ambascerie imperiali, le cui richieste vengono discusse in particolare
da: dominus Arigerius Ugolini iudex, dominus Paganellus iudex , dominus Uguccius Meçolombardi
iudex, dominus Gratianus iudex . Per l’intervento politico dei giudici in questi anni, alcuni dati
sono forniti da U. Morandi, Il notaio al l«origine del comune medioevale senese... cit. n. 47.
71. P. Cammarosano, La Toscana nella politica di Federico II , in A. Esch e N. Kamp (a cura di),
Friedrich II. Tagung des deutschen historischen Instituts in Rom im Gedenkjahr 1994 , Tubinga,
1996, p. 363-380.
72. Per l’amministrazione della giustizia da parte dei vicari imperiali nell’area senese fino al
1251, cfr. J. Ficker, Forschungen zur Reichs- und Rechtsgeschichte Italiens. IV , Innsbruck 1874,
rist. anast. Aalen, 1961, doc. n. 369, 371, 374-376, 385-389, 396, 407, 414, 416-417.
73. Cfr. P. Nardi, Comune, impero e papato alle origini dell’insegnamento ... cit. n. 47, p. 50-94.
Sulle cause degli anni Quaranta e l’utilizzazione del diritto romano con i rappresentanti del
potere imperiale, vedi anche F. Schneider, Toskanische Studien. Urkunden zur Rechtsgeschichte
von 1000 bis 1268 , 1910-1913, rist. anastatica Aalen, 1974, p. 191-202, e i documenti editi nelle
p. successive.
74. Al contenzioso accenna D. Waley, The Papal State in the Thirteenth Century , Londra, 1961,
p. 187 e s.
75. ASP, Riformanze fol. 8, 6v: (...) item quod potestas et capitaneus et consules elligant (...) illos
sapientes iuris quos eis videbitur expedire, cum quibus curare et invenire debeant omnia iura et
instrumenta que habemus pro defendendis nostris terris et iuribus que habemus in comitatu et
districtu Nucerii, et pro aliis nostris iuribus (...) defendendis coram domino papa et eius cardinalibus;
item quod ipsi ambaxatores qui ibunt pro ipsa absolutione portare debeant omnia iura secum et ea
ostendere domino papa et cardinalibus, et auditis omnibus illius questionis (...) defendere debeant (...)
iura nostra .
76. ASP, Riformanze fol. 8, 10v: (...) placuit omnibus nemine discrepante quod habeantur homines
sapientes iuris et canonici qui videre debeant excomunicationem predictam et processus factum
contra excomunicationem illam, et qui videre debeant omnia iura et instrumenta que habemus in
comitatu Nucerii, ita quod si excomunicatio non tenetur quod fiat id quod videbitur sapientibus
faciendum; et si non sufficerent sapientes quos habemus inquiratur de aliis et habeantur .
77. I verbali di queste commissioni si trovano in ASP, Riformanze 8, distribuiti tra le fol. 11-
20v.
78. Cfr. ibidem, fol. 12, dove una commissione decide: quod debeant acquiri sex cardinales in
curia cum nostra pecunia qui debeant esse nostri defensores (...) ; acquisitis dictis defensoribus in
curia debeat recipi ab eisdem consilium quod habeamus facere in dicto negotio hostendendo et
dicendo sibi omnia jura nostra et vias per quam melius exire valeamus de ipsa excomunicatione .
79. I primi scontri con il legato papale si verificano apparentemente nell’agosto del 1284
(cfr. ASB, Governo, Riformagioni e provigioni , Serie cartacea, Registro 2, fol. 19v), quando il
legato presenta delle richieste su un non meglio specificato factum muri , espressione che
rimanda forse a una fortificazione indebita da parte dei bolognesi. La questione si chiarisce
nelle sedute successive, al centro delle quali è posto il problema delle terre di Medicina.
80. Ibidem , fol. 20v: su proposta di Bonicontrus doctor decretorum il Consiglio perviene alla
seguente decisione: In reformatio cuius congregationis placuit omnibus nemine discrepante quod
per dominos vicarios vocantur doctores decretorum civitatis Bononie et ex parte domini potestatis,
capitanei et comunis Bononie requirantur quod eis placeat videre super facto ecclesie, facendo ipsos
iurare quod omni hodio, amore, timore remoto jura comunis Bononie debeant dicere et allegare,
protegere et deffendere et cum domino legato tractare (...) pro honore comunis Bononie .
81. Gli otto giuristi sono: Lambertinus Ramponis doctor legum, Bonincontrus doctor decretorum,
Franciscus domini Accursi doctor legum, Nicolaus de Tebaldis sapiens iuris, Egidius de Foscarariis
doctor decretorum, Albertus domini Odofredi doctor legum, Basacomater de Basacomatribus doctor
legum, Franciscus de Artemisiis .
82. ASB, Governo, Riformagioni e provigioni , Serie cartacea, Registro 2, 40v-41v: In nomine
Christi amen. Hec sunt ea que provisa sunt per infrascriptos octo sapientes asumptos per antianos et
consules secundum reformationem consilii ducentorum sapientum quibus fuit atributa potestas per
reformationem consilii Populi scripta manu Iohannis [...] notarii antianorum et consulum Populi
supradicti de presenti mense octobri. In primis videtur dictis octo sapientibus, diligenti deliberatione
inter eos habita, quod reformatio seu reformationes facta et facte per Populum Bononie super
apprehendenda possessione terre Medicine, et officialibus quibuscumque ponendis ad regiminem
predicte terre, et quod potestas Bononie ire debeat ad terram Medicine et in ipsa nomine comunis
Bononie iurisdictionem plenissimam exercere, et omnia alia que continentur in dicta reformatione
[...] revocari debeant et tolli totaliter [...]. Item quod ad dominum Cardinalem ire debeant dominus
potestas et dominus capitaneus et specialiter ex eo quia speciales processus videntur esse facti contra
eos per dictum dominum Cardinalem, et debeant associari secundum quod videbitur eis et antianis et
consulibus; et quod per predictos dominos et ambaxatores exponantur omnia et singula coram ipso
domino Cardinali ad reconcilliationem presentis negotii et [...] coram eo proponatur quod comune et
Populus Bononie revocaverunt reformationes factas de presenti mense octubri super facto Medicine
in totum et perinde dictas reformationes habeant et intelligant at si facte non essent, et quod
predictam revocationem predicti domini secum porta-re debeant .
83. Ibidem: Item quod Populus et comune Bononie revocaverunt officiales destinatos per comune
Bononie ad terram predictam ita quod Romana Ecclesia et predictus dominus Cardinalis possessionem
consuetam et quam habere solebat habere et recipere potest, remotis processibus omnibus factis per
comune Bononie in preiuditium predictorum, non preiudicando per hoc comuni Bononie in eo iure
quod habebat in terra predicta ante aprehensionem predictam.
84. Ibidem .
85. ASB, Governo, Riformagioni e provigioni , Serie cartacea, Registro 2, fol. 52v: Dominus
potestas fecit congregari sapientes iuris quorum nomina inferius sunt descripta super providendo
verba reformationis (...) que incipiunt «salvo jure etc.» si preiudicant iura comunis Bononie nec ne,
quod habet in terra Medicine .
86. ASS, Deliberazioni , Consiglio generale 1 , 57v; il Consiglio della Campana di Siena si
uniforma alla proposta di un giudice che suggerisce la risposta da fornire agli ambasciatori
di Colle Val d’Elsa: dominus Vesconte iudex consuluit dicens quod respondeatur dictis
ambasciatoribus quod si ipsi volunt eligere arbitros pro eorum parte, nos sumus parati eligere
arbitros [...] ad hoc omnis materia schandali tollatur; qui arbitri habeant unum sapientem iuris qui
cognoscat de iure utriusque partis et quod debeat ita fieri instrumentum, et si hoc facere noluerint
dic quod mittantur duo ambasciatores apud Collem, qui portent dictum instrumentum [...] et faciant
[...] fieri instrumentum et id quod retulerunt redeatur in Consilio.
87. Nel gennaio 1255 i grossetani presentano nel Consiglio della Campana delle richieste,
attraverso le quali cercano di ridimensionare i diritti di Siena sull’estrazione e il trasporto
del sale. Il Consiglio delega la questione ai consoli della mercanzia e a sei boni homines , che a
loro volta eleggono una commissione composta da nove giudici; l’operato della
commissione di iudices viene poi sottoposto al Consiglio della Campana, che si uniforma al
seguente intervento: dominus Bernardinus Albis consuluit dicens quod mittatur apud Grossetum
duo ambasciatores boni quorum unus sit iurisperitus qui sapientes proponant in ipso consilio omnia
que continentur in contractu facto inter nos et eos et omnia que ipsum comune facere tenetur ex
forma contractus et quod ipsi per se studeant ut comune Grosseti permittat extrahi de sale sicut
consuevit (ASS, Deliberazioni, Consiglio generale 4, fol. 13). Per i rapporti tra Siena e Grosseto,
cfr. S. Collavini, Honorabilis domus et spetiosissimus comitatus. Gli Aldobrandeschi da «conti»
a «principi territoriali» (secoli ix - xiii ) , Pisa, 1998, p. 382-396 e 483-493; P. Cammarosano e V.
Passeri, Città borghi e castelli dell’area senese-grossetana. Repertorio delle strutture fortificate dal
Medioevo alla caduta della Repubblica senese , Siena, 1984, p. 79-81.
88. La questione nasce dalla proposta di Ubertinus de Rigomagno di vendere a Siena i suoi
diritti su questa terra; Siena non gli riconosce tuttavia alcun diritto su Rigomagno, ma teme
che una sottrazione della signoria a Ubertinus possa implicare la rottura del trattato di pace
con Firenze, con la quale Siena intratteneva in questo anno buoni rapporti. La questione è
delegata a dieci giudici, che affermano (ASS, Deliberazioni, Consiglio generale 4, fol. 15v): Omnes
sapientes iuris sunt in concordia cum domino Gratiano predicto consulente, visis articulis pacis, quod
dominus Sinibaldus iudex [giudice del podestà assente] dicat Ubertino predicto quod si ipse habet
privilegium aliquod vel (...) instrumenta de facto Rigomagni, quod ea ostendat; et si ostenderit
dominus Sinibaldus videat ea cum sapientibus (...) et si non ostenderit instrumenta et vellet probare
aliquid per testes, petatur a dicto Ubertino ut ipse det intentionem suam de hiis que intendit probare
et recepta dicta intentione idem iudex videat ipsam intentionem cum sapientibus (...), et si per
intentionem videant quod contineatur aliquid quod sit contra tenorem pacis, fiat ita per ipsum
dominum Sinibaldum quod non veniamus contra formam pacis. Di seguito a questa decisione, è
riportata l’azione del giudice del podestà e la risposta del signore alle richieste dei giudici di
Siena: dominus Sinibaldus, exequendo formam dicti consilii, quesivit a dicto Ubertino ut ostenderet si
habet aliqua instrumenta vel privilegia de Rigomagno ; Ubertinus risponde: quod nolebat ostendere
quia non habebat; dixit tamen quod habebat privilegium (...) sed nolebat ostendere quia non
videbatur sibi quod comune Senensis vellet intendere ad faciendum compram, et dixit quod fama erat
publica per contratam quod terra erat sua .
89. ASP, Riformanze 8, fol. 125v-126.
90. Cfr. J. P. Grundman, The popolo at Perugia... cit. n. 22, p. 160-162.
91. La centralità della giustizia nella politica del popolo di Perugia è stata oggetto di
approfonditi studi da parte di Grundman, che ha illustrato le importanti novità che si
verificano in campo giudiziario tra la metà del Duecento e i primi decenni del secolo
successivo: J. P. Grundman, The popolo at Perugia... cit. n. 22.
92. ASS, Deliberazioni, Consiglio generale 4 , fol. 33.
93. Il ricorso ai consules della Mercanzia per questioni giudiziarie è testimoniato altre volte
nei dibattiti consiliari senesi della metà del Duecento e sembra costituire una
manifestazione embrionale del fenomeno descritto da Mario Ascheri per i primi decenni del
Trecento, quando la Mercanzia giunge ad avere una vera e propria corte dei mercanti,
competente, in teoria, solo sulle cause mercantili, ma, di fatto, su una gamma assai più vasta
di questioni. Cfr. M. Ascheri, Giustizia ordinaria, giustizia di mercanti e la Mercanzia di Siena nel
Tre-Quattrocento , in Id., Tribunali, giuristi e istituzioni dal Medioevo all’età moderna , Bologna,
1989, p. 23-54; Id., Istituzioni politiche, mercanti e Mercanzie: qualche considerazione dal caso di
Siena (secoli xiv - xvi ) , in C. Mozzarelli (a cura di), Economia e corporazioni: il governo degli
interessi nella storia di Italia dal Medioevo all’età contemporanea , Milano, 1988, p. 40-55.
94. Cfr. rispettivamente gli interventi di Ranierus Cictadini e di Orlandus Ranaldi nella
discussione del Consiglio dei Ventiquattro: ASS, Deliberazioni, Consiglio generale 6 , fol. 166v.
95. Il parere dei giudici non è registrato, ma è stato fornito perché il contenu-to è oggetto di
discussione tra i consiglieri; gli interventi sembrano alludere al fatto che il consilium dei
giudici autorizzasse il rientro del bandito. Cfr. ASS, Deliberazioni, Consiglio generale 6, fol. 168.
96. ASS, Deliberazioni, Consiglio generale 6 , fol. 83v-84: Dominus Ciampolus Ranieri Uliveri iudex
lecto capitulo populi in dicto consilio quod loquitur de tribus iudicibus eligendis secundum formam
constituti populi predicti pro gravatis et iniuste condempnatis a potestate vel ab aliis officialibus et
etiam pro impotentibus qui comode iudices vel advocatos habere non possent iusta formam dicti
capituli et petito a dictis vicariis consilio super declaratione dicti capituli et etiam super illis qui
volunt in lucem testes et probationes novas et acta facere coram capitano et coram eis super
condempnationibus de eis factis a domino Rufino olim Senensi pote-state de mense decembris
proximo preterito (...) de aliquo de civitate vel comitatu Senensis, consuluit : super hiis et aliis que in
dicta imposita continentur quod si quis gravatus vel condempnatus vel impotens vult sive volunt ad
tres iudices electos pro populo (...) recurrere hoc facere possit (...), sed si ipse gravatus vel
condempnatus vel impotens volunt habere de aliis iudicibus et advocatis de civitate Senensi et non
dictos tres iudices vel aliquem ex eis possit hoc facere et habere ad suam voluntatem pro salario quod
ei dederit vel statuerit (...).
97. Ibidem: Et pro facto imposito de ordinamento et breve dicti domini Russi iudicis (...) consuluit et
dixit: quod dominus Russus iudex dictus habeat breve et ordinamentum quod pro populo Senensi
factum fuit pro domino Oddolino olim iudice populi [giudice del capitano precedente], et habeat
illos tres sapientes iuris qui electi sunt pro populo et ostendat eis dictum breve et ordinamentum et
sicut eis tribus iudicibus placuerit facere addere et minuere ita faciant et facere possint et id quod
super isto facto per tres factum fuerit vel statutum reducatur et loquatur ad istud consilium (...) et
Deo concedente capietur de hoc facto quod esset melius pro populo; et si dicti tres iudices haberi non
possint habeantur duos adminus .
98. Nell’ottobre del 1258, i libri di Biccherna attestano infatti il pagamento di dodici lire a
testa a Iacoppo, Dietavive , e Gratiano iudices, positis ad consulendum dominum capitanum et ad
defendendum pauperes et impotentes non valentes habere iudices pro eorum iuribus defendendis
secundum formam constituti Populi . Cfr. L. Zdekauer, Dissertazione sugli statuti del Comune di
Siena... cit. n. 20, p. lxxxvi , nota 3.
99. Sulla presenza di questo elemento fin dai primi Ordinamenti popolari perugini del 1260,
cfr. J. P. Grundman. The popolo at Perugia... cit. n. 22, p. 109-110, 390. Sull’aumento di
competenze del personale forestiero in relazione alla repressione giudiziaria a Perugia, cfr.
S. R. Blanshei, Criminal Justice in Medieval Perugia and Bologna... cit. n. 28, con particolare
riferimento alla p. 255. Per alcune considerazioni sul programma politico del popolo di
Perugia, cfr. J.-C. Maire Vigueur, Il comune popolare... cit. n.10, p.48 es.
100. La definizione di un margine di intervento sempre più vasto nella normativa comunale
è stato oggetto dell’indagine di M. Meccarelli, Arbitrium. Un aspetto sistematico degli
ordinamenti giuridici in età di diritto comune , Milano, 1998. Cfr. anche il recente contributo di
M. Vallerani, Il potere inquisitorio del podestà. Limiti e definizioni nella prassi bolognese di fine
Duecento , in G. Barone, L. Capo e S. Gasparri (a cura di), Studi in onore di Girolamo Arnaldi ,
Roma, 2001, p. 379-417.
101. Cfr. Statuto del comune di Perugia... cit. n. 24, p. 150-153, cap. 134: De electione sindicorum
communis Perusii et de salario eorundem; et qualiter eorum officium exerceant .
102. ASP, Riformanze 2, 122v-123v: dominus Blaçardus dixit et consuluit quod forma omnium
statutorum Communis que continentur de offitio sindicorum, et que vetant dictis sindicis et
examinatoribus ne se intromittant de ceteris criminibus cognominatis in dictis statutis, serventur in
totum ita quod non possint ledi, et nec dicti sindici de predictis criminibus seu condempnationibus
faciendis per predictos dominos tpotestatem et capitaneum [...] se intromittant [...], sed
condempnationes [...] valeant et teneant si maleficia sunt bene probata, et cuiuscumque generis
probatum sit, vel per testes, vel per contumaciam eius per quam habetur pro confesso, vel per
confessionem, propter que dicte condempnationes fient .
103. Ibidem: etiam non obstantibus aliquibus exceptionibus que actenus opposite sint, maxime quod
dici posset quod citationes facte de illis qui condempnabuntur [...] per predictos facte non erant
solempniter et iuris ordine non servato; seu quod dictum est [...] quod processus cognitionum
dictorum maleficiorum non fuit servatus, videlicet quia iudex non interfuerit receptioni testium, vel
quia tabellio foras exierat pro malleficio inquirendo, vel quia alias impeditus non poterat superesse,
seu aliis solempnitatibus [...] omissis .
104. Ibidem .
105. Ibidem: seu in consilio petendo sepe iudicibus qui talem consulebant ut dictum est et omictendo
consilia bonorum iudicum qui contrarium volebant dicere ut dicebatur.
106. Statuto del comune di Perugia... cit. n. 24, p. 150-153, cap. 134. La rilevanza di questo
ufficio è testimoniata anche dalle numerose e contradditorie norme che negli statuti ne
regolano l’intervento; esemplari sembrano essere le parole del capitolo 134, che affermano:
et ad hoc ut cesset et tollatur contrarietas et diversitas que reperiretur in voluminibus statutorum in
multis capitulis in quibus habetur mentio de iurisdictione sindicorum tollenda vel concedenda,
statuimus... etc.
107. Cfr. M. Vallerani, Il sistema giudiziario del Comune di Perugia: conflitti, reati e processi nella
seconda metà del xiii secolo , Perugia, 1991, p. 13.
108. Le condanne del podestà annullate nel 1274 sono 70 su 247 ( ibidem ).
109. Le condanne annullate nel 1260 sono 50 su 200 ( ibidem ).
110. Cfr. in particolare la seduta del 22 maggio 1277, in ASP, Riformanze 8, fol. 154v: die
sabbati xxii intrnate maio: suprascriptis sapientibus iuris (...) requisitis et vocatis (...) dominus
potestas volente domino capitaneo predicto proposuit coram eis infrascripta et super hiis sibi exhiberi
consilium postulavit. Primo lectis in presentia ipsorum statutis comunis quod est sub rubrica
«qualiter exbanniti et condemnati actenus intelligantur etc.», incipientis «vir nemo in civitate Perusii
de non observata sibi iustitia etc.», et etiam capitulo statutis comunis existente sub rubrica «qualiter
potestas et capitaneus non faciant aliquem exbanniri vel condemnari ultra penam malefitii etc.», qui
incipit «Idem dicimus quod omnes illi qui erunt pro maleficiis exbanniti etc.», et lectis propositionibus
et reformatione super dicto statuto et intelecto et declaratione ipsius statutis loquentis de bannitis et
condemnatis certo modo rebanniendis factis in consilio generali comunis Perusii in MCCLXXVII
indictio V. die iovis XX intrante maio, quomodo et qualiter procedendum et faciendum sit in predictis
in dictis statutis propositionibus et reformationibus contentis secundum dictam reformationem
declaretur dicant et consulant sapientes .
111. M. Sbriccoli, L’interpretazione dello statuto... cit. n. 67.
112. Si tratta della seduta citata del 22 maggio 1277.
113. ASP, Riformanze 5, fascicolo 11 , fol. 145v-146: Item quod in omnibus et singulis suprascriptis
capitulis dominus capitanus per se et quemlibet de sua familia habeat plenam jurisdictionem
potestatem et bayliam et plenam jurisdictionem inquirendi pallam vel secrete, et suo puro et mero
officio capitulis inquisitioni porectis et non porectis, iuris et capitulorum comunis et populi Perusii
solempnitate qualibet pretermissis, contra omnes et singulos qui contra predicta capitula vel aliquid
predictorum fecerit per se vel per alium seu contrafacentes doanam Blave in civitate vel comitatu
Perusii seu contra aliquid membrum aliquorum vel alicuius dictorum capitulorum .
114. Ibidem: intelligendo in omnibus predictis et singulis plenam probationem et etiam semiplenam
et vacuam secundum quod dominus capitaneus voluerit inter pretari ita et taliter quod sindici
comunis Perusii de condempnationibus que faceret occasio aliqua predictarum per ipsum
dominum capitaneum vel eius consensu vel suorum iudicum alicuius de qua fiat mentio in
aliquo dictorum capitulorum nullam cognitionem habeant nec se possint intromictere
ullomodo non obstantibus aliquibus capitulis in contratium factis editis vel loquentibus que
sunt in totum autoritate presentis reformationis vana et cassa; et quicquid dominus
capitaneus et sui officiales omnes et singuli fecerint, dixerint, decreverint, ordinaverint,
providerint, pronuntiaverint (...) sententiaverint, condempnaverint, et exercuerint in pre
dictis et quolibet predictorum et occasio aliqua predictorum qualitercumque et quo cumque modo
intelligatur bene et legiptime et secundum formam iuris et statutorum (...) fecisse, etiam
faciendo ultra vel preter ipsa statuta vel ordinamenta vel (...) obmictendo in omnibus et per
omnia (...), nec proinde possint sindacari, impediri vel vexari modo aliquo vel ingenio vel
pretextu non obstante aliquo capitulo consti tuti comunis que omnia et singula auctoritate
presentis consilii sint (...) cassa .
115. Sulla figura del Giudice Sgravatore, cfr. C. Cutini, Giudici e giustizia a Perugia nel secolo xiii
... cit. n. 49; C. Cutini e S. Balzani, Podestà e capitani del popolo a Perugia e da Perugia... cit. n. 58,
p. 714-715; J. P. Grundman, The popolo at Perugia... cit. n. 22, p. 181 e s. L’interpretazione che
Grundman avanzava del significato politico di questa magistratura non sembra tuttavia
esaurire la funzione da essa svolta negli anni Ottanta del Duecento. Secondo lo studioso
americano, l’istituzione di questa carica rispose alle esigenze di maggiore tutela giudiziaria
del popolo minuto. Se questa idea in certa misura è corretta, nel senso che il Giudice
sgravatore nasce in un momento in cui cambiano gli equilibri politici all’interno del
movimento popolare, i problemi che vediamo emergere tra l’83 e l’86 sono più complessi. La
necessità di una terza magistratura forestiera sembra infatti essere determinata non solo
dalle esigenze di tutela del popolo, ma anche dalla connotazione politica che aveva assunto
l’ufficio dei sindacatori e l’attività dei giudici locali. Grundman è tuttavia interessato alla
figura del Giudice sgravatore negli anni Novanta del Duecento, quando la magistratura
compare sotto il nuovo nome di «giudice di giustizia» e aumenta di importanza perché le
viene affidato l’importante compito di sindacare sui consoli delle arti. Alcune
considerazioni sull’attività del capitano e del Giudice sgravatore in questi anni sono state
avanzate da M. Vallerani, Pace e processo nel sistema giudiziario del comune di Perugia... cit. n.
49, p. 342-343.
116. ASP, Giudiziario, Giudice sgravatore 1A (1287-1289) , fascicolo 2. Al termi ne del fascicolo in
cui è riportata l’attività del Giudice sgravatore del 1287, il notaio traccia il seguente
bilancio: le sentenze per le quali sia stato presentato ricorso al Giudice sgravatore sono 171;
56 sono state annullate, e specifica che in 15 casi l’annullamento è motivato dal fatto che il
condannato era clericus , e non poteva di conseguenza essere giudicato dai tribunali
comunali; 35 sentenze erano state cassate; 79 sentenze erano state confermate. Il notaio è
impreciso, perchè afferma che le sentenze sulle quali è intervenuto il giudice sono 171, ma
la somma delle cifre che poi fornisce corrisponde a 170; in base al conteggio da me
effettuato le sentenze sottoposte al giudice nel 1287 sono 181. È possibile tuttavia che il
calcolo del notaio si avvicini alla cifra reale, perché su alcune sentenze il Giudice sgravatore
dichiara di non avere competenze. Una verifica esatta è resa difficile dal danneggiamento di
alcune carte del registro, ma, con qualche cautela, le cifre possono essere ritenute vicine
alle proporzioni reali. Il Giudice sgravatore annulla quindi il 54 % delle condanne che gli
vengono sottoposte nel 1287, ma il notaio calcola come confermate anche le sentenze
convalidate in parte, ossia i casi in cui il giudice diminuisce (generalmente di metà) la pena.
L’intervento assolutorio è quindi più vasto delle cifre da lui riportate.
117. M. Vallerani, I processi accusatori a Bologna fra Due e Trecento... cit. n. 49, e Id., Il potere
inquisitorio del podestà... cit. n. 100.
118. Si vedano le recenti osservazioni di Mario Ascheri riguardo all’importanza attribuita
dai giuristi alla legalità del processo: M. Ascheri, Il processo civile tra diritto comune e diritto
locale: da questioni preliminari al caso della giustizia estense , in Quaderni storici , 101/2, 1999, p.
355-388.
Funktionen und Leistungen gelehrter
Juristen für deutsche Städte im
Spätmittelalter
Eberhard Isenmann

1 Städte des römisch-deutschen Reiches haben zu verschiedenen


Zeitpunkten und in unterschiedlichem Umfang im römisch-
kanonischen Recht geschulte, an Universitäten ausgebildete und
graduierte Rechtsexperten, Angehörige der im 12. Jahrhundert
entstandenen neuen Funktionselite 1 , gelegentlich bei Bedarf zur
juristischen Beratung herangezogen oder fest in Dienst genommen.
Ein kontinuierliches Bedürfnis nach juristischer Beratung und die
Beschäftigung von rechtlich gebildetem Personal hatten eine
bestimmte verfassungsgeschichtlich erworbene Autonomie der
Stadt, die Handlungsfähigkeit und Verantwortung des Rates sowie
einen organisierten Geschäftsbetrieb in Kanzlei und Gerichten zur
Voraussetzung. Verschiedene Regionen und Städte ergeben für eine
Untersuchung der Rechtsberatung durch Juristen aufgrund deutlich
unterschiedlicher Quellenarten verschiedene Aufschlüsse, so daß
örtlich fehlende spezifische Quellen durch Vorhandenes an anderen
Orten vorsichtig surrogiert werden können und insgesamt ein
vollständigeres Gesamtbild entsteht.
I
2 1. Gerade im Norden des Reiches, wo die Ratsverfassung schon früh
etabliert wurde, lassen sich frühe Zeugnisse von Bemühungen um
eine Anstellung von Experten im römischen und kanonischen Recht
erkennen. So beauftragte die Stadt Lübeck bereits um 1250 ihren
nuncius et procurator Conradus Pictor in der Lombardei, einen in iure
civili et chanonico kundigen Mann zu suchen 2 . Nachdem der
Gesandte Lübecks tatsächlich zwei viri periti gefunden hatte, die
bereit waren, im hohen feuchten Norden in städtischen Dienst zu
treten, scheiterte die Anwerbung jedoch am Verbot und den
Sanktionsandrohungen des Statthalters König Konrads, Ezzelino da
Romano. Dagegen beschäftigte Lübeck um diese Zeit einen
Ratsschreiber (scriptor) oder Ratsnotar und konnte 1270 neben dem
Stadtschreiber mit dem Magister Heinrich von Wittenborn einen
Juristen für bestimmte Tätigkeiten in der Kanzlei, vor allem aber für
die Rechtsberatung in Dienst nehmen 3 . Der Magister war
verpflichtet ad consulendum in causis spiritualibus und bezeichnete
sich selbst in einem Rechtsgutachten vom Jahre 1300 mit
Allegationen aus den Digesten, dem Codex und dem Liber Extra, die
ein universitäres Rechtsstudium vermuten lassen, als iurista civium
Lubicensium 4 . Im Jahre 1310 eröffnete dann der Bürgermeistersohn
Wilhelm von Bardewik, der 1299 in Bologna immatrikuliert war, die
bis 1851 nicht mehr unterbrochene Reihe der rechtsgelehrten
Syndici 5 .
3 2. Als Folge der Inanspruchnahme von Rechtskundigen oder
studierten Juristen der gelehrten Rechte finden sich noch vor 1294
im lübischen Recht erste Spuren des römischen Zivilrechts in der
Frage der Mündigkeit. Prozeßvollmachten für städtische
Prokuratoren, die vor geistlichen Gerichten auftreten sollten,
wurden im 14. und 15. Jahrhundert von städtischen Notaren häufig
nach Vorschriften des Kaiserrechts errichtet 6 . Doch schon im 13.
und 14. Jahrhundert werden Begriffe und Rechtskonstruktionen des
römischen Rechts auch auf die Ratsherrschaft angewandt, wenn
etwa der Bischof von Lübeck 1277 in Anlehnung an die «lex regia»
des römischen Rechts verlauten ließ: consules civitatis, in quos populus
et voluntatem et potestatem transtulit 7 ; oder wenn Prozeßvertreter
des Lübecker Rates vor der römischen Kurie in Avignon 1366
vortrugen, Lübeck werde – mit delegierter Gewalt – vice et nomine
imperatoris sive imperii von ständigen Ratsherren – ut collegium –
regiert, die über die Einwohner das merum et mixtum imperium
hätten, die hohe und niedere Gerichtsbarkeit als Inbegriff der
jurisdiktionellen Vollgewalt 8 und Inbegriff der auch die
Gesetzgebung einschließenden Herrschaft schlechthin, wie dies vor
allem von Bartolus und Baldus de Ubaldis als theoretisches Konzept
und Rechtslehre ausgearbeitet wurde. Aus dem Jahre 1300 ist eine
Reihe von Gutachten überliefert, in denen es um die Abgrenzung der
mit Lübischem Recht bewidmeten Stadt Elbing gegen Ansprüche des
Deutschen Ordens ging. Gutachten erstatteten damals
gemeinschaftlich zwei Pariser Kanoniker und Legisten, ferner der
Lübecker Jurist Heinrich Wittenborn und vier Lübecker Domherren,
von denen insgesamt zwei Gutachten stammen, die Allegationen
sowohl aus dem kanonischen als auch dem römischen Recht
aufweisen 9 . Der Hamburger Ratsnotar Jordan von Boizenburg legte
bereits 1270 eine Überarbeitung und Systematisierung des
niederdeutschen «Ordeelbooks» in zwölf Abschnitten und insgesamt
168 Artikeln samt einem Anhang von 28 Schiffsrechtartikeln vor 10 .
Das «Ordeelbook» wurde Hamburgs Recht für das Spätmittelalter,
bis der aus Buxtehude stammende gelehrte Jurist und
Finanzreformer Dr. iuris utriusque Hermann Langenbeck, als
rechtsgelehrter Bürgermeister im 15. Jahrhundert eine
niederdeutsche Spezialität 11 , 1497 eine Neubearbeitung des
Hamburger Stadtrechts schuf und es glossierte 12 .
4 Zu den noch relativ frühen Rechtsgutachten und gelehrten
Urteilsvorschlägen gehören die juristischen Rechtsweisungen, die
sich der zum Schiedsrichter angerufene Rat der Stadt Hannover 1404
in einem Nachlaßstreit mit der speziellen Frage des
Urkundenbeweises erteilen ließ 13 , oder in dem Urteilsvorschlag,
den der Rat der Stadt Brauschweig 1419 in einer Injuriensache
zwischen Ratsherren von einem Rechtsgelehrten erhielt 14 . Der
Göttinger Rat beschloß 1449 als Schiedsinstanz in einem
Vormundschaftsstreit, sich auf Kosten der Parteien in der Sache an
«weise gelehrte Leute» zu wenden und bat die Juristenfakultät zu
Leipzig um ein Gutachten, nachdem bereits in den Prozeßschriften
der Parteien eingehend mit dem römischen und kanonischen Recht
neben dem Sachsenspiegel und als rechtswissenschaftliche
Autoritäten die Lehrer beider Rechte Alexander von Imola, Jacobus
de Arena und Bartolomäus de Saliceto aufgeboten worden waren 15 .
Das Gutachten der Fakultät ist zwar nicht überliefert, aber wir
erhalten in diesem Falle willkommene nähere Auskünfte über den
zeitlichen Aufwand und die Kosten der gelehrten Rechtsweisung 16 .
Gleichfalls auf der Rechtsbelehrung durch «weise Leute» beruhte
eine schiedsgerichtliche Entscheidung des Göttinger Rates vom Jahre
1448 in einer lehnrechtlichen Streitsache zwischen einem Göttinger
Bürger und den Herren von Plesse wegen Evindizierung des
Lehnsobjektes. Auch in diesem Falle hatten bereits die Parteien mit
dem Usus feudorum, dem Codex und den Digesten sowie mit
lehnrechtlichen Autoritäten wie Jacobus de Belvisio und Baldus de
Perusio argumentiert, wobei die lateinischen Quellenzitate
immerhin in freier deutscher Übersetzung geboten wurden 17 .
Konfrontiert mit einem bestimmten juristischen Niveau der
Schriftsätze, blieb dem Rat, wollte er adäquat reagieren, kaum etwas
anderes übrig, als seinerseits die Hilfe von Rechtsgelehrten in
Anspruch zu nehmen. Die gelehrten Rechte, das kanonische Recht
und das römische Recht als ius commune, waren früher noch im
Verkehr mit der überall, auch im weltlichen Leben gegenwärtigen
Kirche und ihren geistlichen Gerichten 18 sowie zunehmend im
überörtlichen Rechtsverkehr mit weltlichen Instanzen und Mächten
unentbehrlich 19 . Hansische Gesandte benutzten es bei
Verhandlungen mit fremden Nationen, insbesondere mit den
Engländern. Ein Schiedsspruch des Hamburger Rates von 1423 über
das Strandrecht rekurrierte sowohl auf das römische als auch auf das
kanonische Recht 20 . Und der rechtsgelehrte Hamburger
Bürgermeister Dr. iur. Heinrich Langenbeck, der die Reformation des
Hamburger Stadtrechts von 1497 angeregt und in der Vorrede zur
Neufassung seine Bewunderung für Gaius mit Bezug auf den
Digestentitel De origine iuris (D. 1, 2, 1) ausgedrückt hatte, stützte sich
in seiner Glosse zu eben diesem, von ihm mit Unterstützung durch
die beiden Hamburger Syndici revidierten Stadtrecht in hohem
Maße auf das römische Recht («gemeine Kaiserrechte»), die Glosse,
das Speculum iuris, vereinzelt auf legistische Literatur (Bartolus,
Salicetus, Angelus de Ubaldis) und in geringerem Umfang auch
unmittelbar auf das kanonische Recht 21 . Im 16. Jahrhundert drang
dann in Hamburg das römisch-kanonische Recht massiver in die
örtlichen Rechtsverhältnisse ein 22 .
5 3. Das städtische Rechtsleben orientierte sich nicht nur an einem
genuinen Stadtrecht, das aus stadtherrlichem Privilegienrecht und
autonomer Satzung (Willkür) zusammengesetzt war, sondern
zumindest subsidiär auch an überlokalem Recht. So legte der
Lüneburger Rat, als er 1401 die Aufzeichnung des Stadtrechts
beschloß, im Hinblick auf die Rechtsquellen als Subsidiaritätsregel
die folgende Reihenfolge der Rechtsgeltung und Rechtsanwendung
23 fest: die nunmehr in Buchform gesammelten Statuten, d. h. die

Satzungen des Rates, und die von den welfischen Herzögen als
Stadtherren verliehenen Privilegien, sodann für den Fall, daß nach
diesen Rechten nicht alle Fragen entschieden werden können, das
«gemeine sächsische Landrecht», d. h. der «Sachsenspiegel», ferner
«Kaiserrecht», das in Lüneburg wohl gerade nicht das römische
Recht oder Reichsrecht, sondern den «Schwabenspiegel» meint, und
geistliches Recht, schließlich noch Präzedenzfälle 24 . Rechtsbücher
wie die des «Sachsenspiegels» und des «Schwabenspiegels» waren
grundsätzlich geeignet, zur Bewahrung des heimischen Rechts zum
Teil die Lücken zu schließen, in die sonst das römische Recht
eindringen konnte 25 . Der Lüneburger Rat konnte in den siebziger
Jahren des 14. Jahrhunderts seinen Ratsgenossen (1375) und
Bürgermeister (1377) Johannes Lange, der früher dem geistlichen
Stand angehört und in Bologna studiert hatte, und von 1436 bis 1451
Ratsherrn Brand von Tzerstede, der die Universität Leipzig besucht
hatte und die Entstehung einer von ihm – unter Benutzung des
römischen Rechts – glossierten Sachsenspiegelhandschrift zum
Gebrauch im Rat initiierte 26 , um rechtlichen Rat fragen. Wollte er
nicht autark oder autonom entscheiden und Rechtsauskünfte
einholen, so konnte der Lüneburger Rat um die Mitte des 15.
Jahrhunderts seinen Stadtschreiber, ferner seinen Syndicus, aber
auch einen fremden geistlichen Rechtsgelehrten oder eine
nahegelegene oder weitentfernte Rechtsfakultät, wie sogar die
Paduas, bemühen, die alle mehr oder weniger das römisch-
kanonische Recht präferierten, oder sich vom Magdeburger
Schöffenstuhl das heimische Recht des sächsischen Rechtskreises
weisen lassen 27 , während für andere norddeutsche Städte Lübeck
anstelle von Magdeburg oder für die westfälischen Hansestädte Köln
als Oberhof in Frage kam.

II
6 1. Bestimmte Rechtskenntnisse, die nicht an Universitäten erworben
sein mußten, sollten neben der im Magisterstudium oder empirisch
erwobenen «ars dictandi» die Stadtschreiber oder Ratsnotare
besitzen, ferner die Prokuratoren als Prozeßvertreter der Stadt vor
geistlichen und weltlichen Gerichten, Schiedsgerichten und
insbesondere bei der römischen Kurie und bei dem königlichen
Hofgericht und dem späteren Kammergericht. Die juristischen
Fachleute in der Position – wie die unterschiedlichen Bezeichnungen
lauten – eines «Stadtjuristen», «Ratsjuristen», «Doktors des Rates»,
«Ratskonsulenten», «Stadtadvokaten» oder «Syndikus» hatten
hingegen ein rechtswissenschaftliches Studium, in der Regel
abgeschlossen mit dem Grad des Licentiaten oder Doktors
aufzuweisen. Terminologisch kann «Syndikus» wie im Norden in
einem allgemeineren Sinne den Rechtsberater und Prokurator oder
aber wie in Frankfurt und Nürnberg den lediglich in spezieller
Funktion gerichtlich oder außergerichtlich auftretenden Prokurator
meinen, der erheblich geringer als der Stadtjurist besoldet war und
ein ungleich geringeres Sozialprestige genoß 28 .
7 2. Unentbehrlich für den kontinuierlichen Geschäftsbetrieb des
Rates und des Stadtgerichts war der Stadtschreiber, der die Kanzlei
mit den Unterschreibern und Substituten leitete, Ratssitzungen und
Ratsbeschlüsse protokollierte 29 , Akte der freiwilligen
Gerichtsbarkeit, Ratsurteile und Satzungen sowie Gerichtsurteile
urkundlich fixierte, die Korrespondenz des Rates mit Städten,
Fürsten und Königen formgerecht stilisierte, ingrossieren und
registrieren ließ, die vielfältigen städtischen Bücher, Kopiare,
Statutensammlungen und eventuell Formelbücher und
Konsiliensammlungen anlegte, führte und vielfach zusammen mit
den Urkunden verwahrte. Sofern der Geschäftsanfall die
Differenzierung und Funktionsteilung erforderlich machte, gab es
einen speziellen Kanzleischreiber und hatten Gerichtsschreiber die
Prozesse an dem vom Stadtherrn übernommenen Stadtgericht und
an verschiedenen Spezialgerichten zu protokollieren und die Urteile
sowie die sonstigen erforderlichen Urkunden auszufertigten. Ein
weiterer dienstrechtlicher Aufgabenbereich des Stadtschreibers
bestand in der auswärtigen diplomatischen und geschäftlichen
Vertretung von Rat und Stadt, insbesondere in prokuratorischen
Funktionen vor fremden Gerichten. Soweit er spezifische
Rechtskenntnisse besaß, konnte der Ratschreiber auch zur Abgabe
gutachtlicher Stellungnahmen beauftragt werden. Für viele dieser
Tätigkeiten bedurfte es zumindest empirischer, eventuell in der
Kanzlei selbst während der Ausbildung erworbener
Rechtskenntnisse und einer gewissen Schulung, die befähigte, von
der zur Verfügung stehenden und auch für den juristisch Gebildeten
unentbehrlichen rechtswissenschaftlichen Hilfsliteratur Gebrauch
zu machen 30 . Durch gebildete und ihre Gelehrsamkeit vorzeigende
Stadtschreiber und Notare gelangten wiederum auch durch Termini
und Klauseln in lateinischer, aber auch übertragen in deutscher
Sprache Elemente des römisch-kanonischen Rechts in Urkunden 31
und städtische Bücher 32 als gelehrter Aufputz oder als Zeichen der
Rezeption fremden Rechts, andererseits wurden die wechselnden
Stadtschreiber in ihrer Gestaltungsfreiheit eingeschränkt und, wie
1494 dienstrechtlich in Freiburg im Breisgau in ihren Geschäften,
vorbehaltlich abweichender Verfügungen des Rates, an den alten
stilus der Stadt gebunden 33 . Dieser Geschäftsstil konnte vor allem
dann gewahrt werden, wenn sich in Städten regelrechte Dynastien
von Stadtschreibern, wie etwa die von 1378 bis 1477 ununterbrochen
und auch später noch gelegentlich amtierenden Neidhart in Ulm,
herausbildeten.
8 3. In einigen Städten wie Erfurt, aber auch in südwestdeutschen
Städten, trat im Amt des Protonotars, des Stadtschreibers,
zunehmend die Tätigkeit in der Kanzlei hinter den diplomatischen
Diensten und der juristischen Beratung des Rates zurück, bis im 15.
Jahrhundert Beamte mit der Bezeichnung Protonotar
verschiedentlich nur noch als Syndici im Sinne von Prokuratoren
und Rechtsberatern fungierten und das spezielle Amt des Syndicus
schließlich organisatorisch von der Kanzlei getrennt eingerichtet
wurde. Andererseits wurde in Städten wie Braunschweig, Lübeck
oder Nürnberg zeitweise in verschiedenen Dienstverträgen
ausdrücklich die Doppelfunktion im Amt als «Jurist» und
«Stadtschreiber» ausgewiesen 34 . In Nürnberg wurden beide
Tätigkeiten bereits seit 1377 getrennt, so daß nunmehr dem Juristen
die Aufgabe zufiel, den Rat und die Bürger in der Stadt zu beraten,
während der Stadtschreiber sich auf die Kanzleigeschäfte
konzentrieren konnte 35 , aber daneben doch noch weitere
auswärtige Aufgaben («Reise- und Reitpflicht») zu erfüllen hatte.
Eine gleiche Herauslösung der juristischen Beratung aus dem Amt
des Protonotars oder Stadtschreibers läßt sich in Oberdeutschland
etwa auch in Ulm beobachten, wo es rechtsgelehrte Stadtschreiber
gab und das separierte Amt des Ratsadvokaten oder Ratskonsulenten
erst im frühen 16. Jahrhundert, nachweislich 1508 und seit 1511
definitiv, eingerichtet wurde 36 . Die mit dieser Entwicklung zur
intensiven Rechtsberatung und Rechtsvertretung verbundenen
gesteigerten Anforderungen, die an rechtliche Ausbildung und
Rechtskenntnisse gestellt waren, lassen sich an der zunehmenden
Graduierung von Amtsinhabern vom Baccalaureus bis zum
Licentiaten und in einer Vielzahl von Städten Doktor der Rechte
ablesen 37 . Nur in Nürnberg durfte der studierte Ratsschreiber
nicht in Rechtswissenschaft promoviert sein 38 , da der Rat den
Doktoren des Rechts, auch wenn sie dem Patriziat entstammten, als
Angehörigen einer Bildungselite mit Adelsprätentionen und
Expertenwissen die Zugehörigkeit zum Inneren Rat verwehrte und
den Zugang zu seinen Sitzungen versperrte 39 und die Tätigkeit der
Ratsschreiber im Rat natürlich unumgänglich war. In Freiburg im
Breisgau hatte 1494-1496 für kurze Zeit der rechtsgelehrte
Baccalaureus Ulrich Zasius, der spätere berühmte Schöpfer der
Stadtrechtsreformation und als Dr. legum Professor der Freiburger
Universität, das Amt des Stadtschreibers inne und wurde danach
«verpflichteter Doctor» des Rats 40 , gleichfalls um die
Jahrhundertwende in Augsburg Dr. Konrad Peutinger als Nachfolger
des gleichfalls rechtsgelehrten Licentiaten Valentin Eber, in Ulm
Peter Neidhart, in Nördlingen Dr. Ulrich Tengler ( † ca. 1510), der
Verfasser des wichtigsten Werks der praktischen Rechtsliteratur, des
«Laienspiegels» 41 , in Straßburg Sebastian Brant (1458-1521),
Verfasser der «Expositiones sive declarationes omnium titulorum juris
tam civilis, quam canonici» 42 , oder in Bern der 1473 auf Wunsch des
Rates an der Universität Pavia etwas außerhalb der Ordnung zum
Examen zugelassene und zum Doctor in decretis promovierte
Thüring Fricker 43 . In einzelnen Fällen führte die Promotion eines
Stadtschreibers zum Überwechseln in das Amt des Ratskonsulenten
und Stadtjuristen 44 .
9 4. Seit der Mitte des 15. Jahrhunderts hingegen sind in einer ganzen
Reihe von Städten Syndici oder rechtsgelehrte Protonotare
nachzuweisen 45 . Mit der Einrichtung von Dienstämtern des
Syndicus oder Stadtjuristen unterlag die Rechtsberatung, auch wenn
es sich zunächst sozialgeschichtlich und amtsrechtlich um
bepfründete Klerikerjuristen handelte, einer Spezialisierung und
zugleich einer weitergehenden juristischen Professionalisierung,
auch wenn Stadtschreiber über dieselbe Ausbildung verfügen
konnten. Gebildete Stadtschreiber waren in der Lage, zugleich die
Funktion eines Stadtjuristen erfüllen, andere vermochten dies nicht;
und in der Erstattung von förmlichen Rechtsgutachten mit
gelehrtem Apparat lag sicherlich eine Schwelle, die in der Regel nur
von einem Stadtschreiber mit Rechtsstudium zu überwinden war. In
Frankfurt, wo eine personelle und dienstrechtliche Aufteilung in ein
Amt des Stadtschreibers und in das des Stadtjuristen stattgefunden
hatte, kam es 1494/1495 dazu, daß sich der Frankfurter
Stadtschreiber und ein graduierter Advokat aus Mainz als
plädoyierende Parteienvertreter 1494 im Prozeß vor dem mit
Schöffen besetzten Stadtgericht gegenübertraten 46 . In Städten, die
sich das gesonderte Amt des Stadtjuristen nicht leisteten, blieb auch
der Stadtschreiber, der nicht die Rechte studiert hatte, auf Grund
seiner überragenden Geschäftskenntnis und dienstrechtlich dazu
verpflichtet, für die Beratung von Bürgermeister und Rat in Fragen
von Recht und Politik sowie in kirchlichen Angelegenheiten
zuständig 47 . Außerdem war es, abgesehen von den bedeutenden
Schöffenstühlen, vornehmlich der Stadtschreiber, der von
Tochterstädten vorgebrachte Anfragen zum Stadtrecht der
Mutterstadt beantwortete und Rechtsauskünfte erteilte, wenn eine
Stadt als Oberhof in Anspruch genommen wurde. Die Bedeutung, die
für die Stadt der Rechtsverkehr und die rechtlichen und
gerichtlichen Auseinandersetzungen mit der Kirche, mit dem
Weltklerus auf verschiedenen Ebenen, Orden und Kongregationen
und der römischen Kurie besaßen, führte dazu, daß die großen
norddeutschen Städte, aber auch Köln, kanonistisch gebildete
Kleriker zu ihren Stadtschreibern, zu sogenannten «clerici civitatis»,
«Stadtklerks» oder «Stadtpfaffen», bestellten, die auch
Rechtsgutachten erstatteten, doch konnten «Stadtkleriker» auch
Juristen sein 48 . In Bischofsstädten stammte das Kanzleipersonal
wegen der unmittelbaren Nähe zur kirchlichen Gerichtsbarkeit und
kirchlichen Beurkundungsstellen aus diesem Umkreis, während in
anderen Städten Welt- und Ordensgeistliche zu den frühen
Stadtschreibern gehörten. Im frühen 15. Jahrhundert forderte die
Reformatio Sigismundi in Übereinstimmung mit Reaktionen von
Bürgerschaften in verschiedenen Städten mit antiklerikaler
Tendenz, daß nur noch weltliche Personen mit dem Amt betraut
werden sollten 49 .
10 5. Gehörten festangestellte Stadtschreiber, anfänglich und in einigen
Städten bis ins 15. Jahrhundert hinein bepfründete oder besoldete
Kleriker, zur Grundausstattung zumindest einer jeden größeren
Stadt, so konnten Prokuratoren und juristische Experten nach
Bedarf herangezogen werden, so daß vor allem gelehrte Juristen
fallweise für die schwierigere Rechtsberatung beschäftigt wurden
und es nur in größeren Städten zur Einrichtung juristischer
Dienstämter und zur festen, vertraglich geregelten Anstellung von
gelehrten und graduierten Ratsjuristen kam, die auch
Ratskonsulenten, Stadtjuristen oder Syndici genannt wurden.
Juristischer Rat und Beistand konnten von den Rechtsgelehrten der
Dom- und Stiftskapitel, den Rechtsfakultäten ausländischer,
landesherrlicher und städtischer Universitäten sowie von den
Ratsjuristen und Syndici befreundeter Städte mit Genehmigung der
jeweiligen Korporationen und Dienstherren erbeten werden.
Handelte es sich um prokuratorische oder schwierigere juristisch-
diplomatische Tätigkeiten, konnte man gelehrte Juristen von ihren
Dienstherren «ausleihen» 50 , insbesondere wenn es galt, einer
hochrangigen Gegenpartei ein umfangreicheres kompetentes
Personal entgegenzustellen 51 . Das Ausleihen war so üblich, daß
eine Stadt wie Nürnberg in einem Formularbuch von 1460 für diesen
Vorgang Formulare von Bittschreiben an unterschiedliche
Adressaten bereithielt 52 .
11 Niederrheinische Städte wie Duisburg und Wesel erhielten seit dem
ausgehenden 14. Jahrhundert Rechtsgutachten von den Juristen der
1388/89 gegründeten, mit Juristen gut ausgestatteten Universität
Köln 53 , während bereits vor der Universitätsgründung Kölner
Kanoniker in einem Gutachten von 1352 Kenntnisse im kanonischen
und römischen Recht ausgebreitet hatten 54 . Auch andere Städte
waren bestrebt, enge Verbindungen zu Universitäten der Region und
darüber hinaus zu unterhalten. Städte mit eigenen Universitäten wie
Köln (1388), Erfurt (1392), Leipzig (1409), Rostock (1419) und Basel
(1460) konnten auf die Gelehrten ihrer Universität zurückgreifen 55
. So schloß die Stadt Köln, die nachweislich seit 1312 Kleriker als
«geschworene Pfaffen» für rechtliche Angelegenheiten in Anspruch
nahm, nach der Gründung der Universität seit 1389 Dienstverträge
mit einem oder später gelegentlich zwei vom Rat gewählten
Professoren der Juristenfakultät als «Doktoren der Stadt»,
«Doktoren des Rats» oder «Meister vom Recht» genannte «Diener»
und «Räte» auf sechs oder acht Jahre oder auf Lebenszeit für die
Rechtsberatung sowie für prokuratorische und diplomatische
Aufgaben 56 , verpflichtete aber auch in anderer Form noch weitere
Rechtsgelehrte 57 .
12 Dabei spielte es wie auch vielfach andernorts keine Rolle, ob es sich
um Doktoren des römischen, des kanonischen Rechts oder beider
Rechte handelte; jedenfalls gibt es keine Präferenz, die in einer
zielstrebigen und einfachen Entwicklungslinie vom Klerikerjuristen
zum laikalen bürgerlichen Juristen, vom kanonischen zum
römischen Recht oder ius utrumque führt, da häufig Person,
Gelegenheit und Verfügbarkeit von Pfründen bei der Auswahl eine
große Rolle spielten. Bald nach Gründung der Universität wurden
vom Kölner Rat sehr früh mit Johann vom Neuenstein und Johann
vanme Hirze Doktoren im Kaiserrecht als Rechtsberater verpflichtet,
sodann auch Doktoren beider Rechte, die wiederum von Kanonisten
abgelöst wurden 58 . Stehen am Anfang freilich meist
Klerikerjuristen und Kanonisten und spielen hinsichtlich der
Notwendigkeit, juristischen Rat und Beistand zu suchen,
Auseinandersetzungen mit der Geistlichkeit und Streitigkeiten vor
dem geistlichen Gericht in Formen des kanonischen Prozesses eine
vorherrschende Rolle, so ist andererseits trotz der Dekretale c. 10 X
ne clerici III, 50 59 der Drang der Geistlichkeit in Köln, Mainz und
anderen Gegenden zum Bologneser Studium und zu anderen Zentren
des römischen Rechts wie zeitweise Paris bis zum Verbot des
legistischen Studiums durch Papst Honorius III., vor allem aber nach
Orléans, Montpellier und Toulouse seit dem ausgehenden 13.
Jahrhundert deutlich ausgeprägt 60 .
13 Nachdem der Kölner Rat außer der Reihe bereits am 13. Dezember
1410 den Protonotar Heinrich Frunt zu seinem «Rat» bestellt hatte
61 , verpflichtete er am 9. Februar 1448 wiederum seinen

Protonotar und Verwalter der Schreibstube Johannes Frunt, der in


dieser Position bereits seit sechs Jahren amtierte, auf Lebenszeit als
«Kanzler» und «Rat», doch dieses Mal mit der Auflage, bis zum 1.
Oktober des Jahres an einer vornehmen approbierten Universität
den Doctor in geistlichen Rechten zu erwerben, was dieser dann
auch tat 62 . Wenn im Ausnahmefall ein Jurist der Universität wie
der Dr. utriusque iuris Johann vanme Hirtz in den Rat gelangte und
Bürgermeister und Rentmeister wurde, geschah dies wegen seiner
Familienzugehörigkeit und führte zu Konflikten, weil der
Rechtsgelehrte, der mit seinem Ratseid der Stadt und dem Rat
verpflichtet war sowie den Gaffeleid geleistet hatte, dennoch nicht
auf seine pflichtgebundene Stellung an der Universität und die
Privilegien als Doktor verzichten wollte und überdies gegen die
Bestimmung des Eidbuchs von 1471 als Ratsherr dem römischen
König als dessen Rat eidlich verpflichtet war 63 . Studierte
Ratsherren und Bürgermeister sind als häufigere Erscheinung oder
als Typus in Köln erst im ausgehenden 16. Jahrhundert anzutreffen
64 .

14 Die Stadt Greifswald vereinbarte im Jahre 1456 sofort mit der dort
etablierten Universität, die ihre Gründung wie etwa in Rostock und
früher noch in Köln und Erfurt auch den Interessen des gebildeten
Ratsbürgertums und städtischer Amtsträger verdankte, daß die
Juristische Fakultät der Stadt als Beratungsgremium zur Verfügung
stehen und ein Mitglied der Fakultät zum Syndicus bestellt werden
sollte 65 . In Lüneburg wurde zwar um 1470 die Errichtung einer
zivilrechtlich geprägten Juristenfakultät mit zwei oder drei
Doktoren der «leges imperialia» und «jura civilia» geplant, aber nicht
ausgeführt, obwohl die Stadt bereits ein 1471 ein entsprechendes
Privileg Kaiser Friedrichs III. erhalten hatte 66 . In Basel «stärkten
und intensivierten Ereignisse wie das Konzil von Basel (1431-1448/
49) mit seiner auch eine juristische Fakultät umschliessenden
Konzilsuniversität und seinem Konzilsgericht sowie die Gründung
einer eigenen Basler Universität (1460) mit ihren verhältnismäßig
zahlreichen Rechtslehrstühlen das Streben nach juristischer
Schulung und die Wertschätzung der Jurisprudenz in der Stadt» 67 .
Der Rat zog nun weltliche Doktoren der Juristenfakultät als
rechtskundige Berater heran und an den städtische Gerichten
amtierten geschulte No-tare als Schreiber, während die Richter und
Urteilsprecher noch immer rechtliche Laien aus dem Handwerker-
und Kaufmannsstand waren. Der aufkommende Buchdruck schlug
sich unter anderem in der Verbreitung früher so genannter
«populärjuristischer» Schriften, genauer der juristischen
Hilfsliteratur 68 , nieder 69 .

III
15 1. Die Kölner «Doktoren der Stadt» wurden als Mitglieder in
Ratskommissionen («Schickungen») berufen, die Beschlüsse des
Rates unter einem berichterstattenden Vorsitzenden («Meister der
Schickung») beratend vorzubereiten oder auszuführen hatten,
ferner in Ratsgesandtschaften zu anderen Fürsten und Städten in
Fragen des Erzstifts und der Landstände 70 , zum Herzog von
Burgund in Fragen des Geleits und das Brügger Kontor betreffenden
Hanseangelegenheiten 71 , an den Königshof 72 und die römische
Kurie in Prozeßsachen und Privilegienangelegenheiten 73 , zu
Verhandlungen über Hilfsforderungen von Kaiser Friedrich III. und
König Maximilian I. 74 oder zur Tagfahrt der Londoner
Hansekaufleute nach Hamburg 75 . Eine Gesandtschaftsreise, die Dr.
Walter von Bilsen 1469/ 1470 an den Kaiserhof unternahm, um dort,
gestützt auf eine Appellation einer betroffenen Partei, überregionale
Zuständigkeitsansprüche des in Händen des Markgrafen von
Brandenburg-Ansbach befindlichen Kaiserlichen Landgerichts des
Burggrafentums Nürnberg abzuwehren und bei dieser Gelegenheit
auch kaiserliche Privilegien für die Stadt Köln zu erwerben, dauerte
nicht weniger als elf Monate 76 . Im Einzelfall war der Rat bei
auswärtiger Geschäftstätigkeit eines Doktors darum bemüht, für
seine Vorlesung an der Universität eine vorübergehende
Stellvertretung zu besorgen 77 .
16 2. Die Ratskommissionen, in die Doktoren des Rates berufen wurden
und aus denen sich die geschäftsmäßige Tätigkeit der städtischen
Rechtsgelehrten ersehen läßt, befaßten sich mit dem schwierigen
Verhältnis des Rates sowie der Ratsgerichtsbarkeit zum alten Hohen
Gericht, dem Schöffengericht, dessen formeller Gerichtsherr der
Erzbischof von Köln als ehemaliger Stadtherr noch immer war, mit
Reformen des Hohen Gerichts wegen dortiger Mißstände,
insbesondere Verfahrensverschleppungen durch Prokuratoren 78 ,
mit der Unterlassung der durch Gewohnheit und Privileg gebotenen
Ankündigung kaiserlicher Arrestmandate gegen Kölner an die Stadt
vor ihrer Vollstreckung durch das Hochgericht 79 und mit
Widersetzlichkeiten der Schöffen gegen den Rat hinsichtlich der
Aushändigung der Gerichtsbücher 80 . Ferner beschäftigten sie sich
mit der Ladung des Hohen Gerichts auf Antrag eines Kölner Bürgers
durch den kaiserlichen Fiskal vor das kaiserliche Hofgericht wegen
Behinderung seiner Appellation vom Hochgericht an den Erzbischof
81 , mit einer auf kaiserliches Privileg, das dem Rat die

Gerichtsbarkeit über Blut, Leib, Ehre und Erbe einräumte, gestützten


Appellation gegen ein Mandat des Erzbischofs, das dem Hochgericht
die Jurisdiktion verbot 82 , mit Appellationen von den vielfältigen
Kölner Gerichtsinstanzen an den Rat 83 , mit der Wahrung der
städtischen Privilegien, insbesondere der Ladungs- und
Appellationsprivilegien im Hinblick auf die kaiserliche und
päpstliche Gerichtsbarkeit 84 , mit kaiserlichen und päpstlichen
Exekutorial- und Inhibitionsmandaten 85 sowie mit Ladungen der
westfälischen Femegerichte 86 . Dr. Walter von Bilsen hatte als
Angehöriger einer Ratskommission mit dem kaiserlichen Fiskal Dr.
Georg Ehinger in eigener und fremder Sache zu verhandeln 87 . Von
außen kamen ferner kaiserliche Kommissionsmandate zu
Untersuchungen in Streitsachen und zur Beschlagnahme von Gütern
von geflohenen Schuldnern 88 oder päpstliche Zwangsbriefe
(Kompulsorien) gegen das Hochgericht 89 . Eine Ratskommission
hatte in einer Streitsache die kaiserlichen und päpstlichen Mandate
und Inhibitionsbriefe sowie die einschlägigen Gesetze der Stadt zu
prüfen, um festzustellen, wie der Rat vorzugehen habe 90 , eine
andere wurde damit beauftragt, die Gesetze der Stadt über die
Appellation mit den vom Kaiser erhaltenen Appellationsprivilegien
in Übereinstimmung zu bringen 91 . Gleichfalls viele
Rechtsprobleme und Streitigkeiten, die den Kommissionen
zugewiesen wurden, ergaben sich aus der Wahrung der städtisch-
weltlichen Jurisdiktion in Konkurrenz mit der geistlichen
Gerichtsbarkeit, bei der zum Schaden der städtischen
Gerichtsbarkeit Schuldsachen anhängig gemacht wurden, bei
Bedrängen mit dem geistlichen Gericht 92 , bei unberechtigten
Appellationen vom Hochgericht an den Erzbischof 93 oder bei
Kirchenbann 94 und Interdikt 95 , bei Verhängung von Güterarrest
über einen Nachlaß durch den Offizial während des Schuldnergeleits
96 , während andererseits Offizial und Fiskal in weltliche Prozesse

wegen der Behinderung der geistlichen Gerichtsbarkeit durch


Ladungen oder Inhibitionsmandate gegen städtische exekutorische
Maßnahmen, im Parteienstreit und in Erbschaftssachen einzugriffen
97 , einem Treuhänder die Rechenschaftsablegung 98 oder die

Auslieferung von Urkunden und Rechnungen einer


Handelsgesellschaft im Falle des Todes eines Gesellschafters geboten
99 und das «privilegium fori» des Klerus gegen städtisches Vorgehen

geltend machten 100 . Ratskommissionen befaßten sich aber auch


mit der Reform der Augustiner und des Johanniterhauses in Köln,
jedesmal auf Antrag des Provinzials oder des Komturs und der
Brüder 101 , mit Beschwerden, wonach der Abt von St. Pantaleon das
hochverschuldete Kloster verlassen und nach Rom ziehen wolle und
der Kirchenschatz verschleppt sei oder verschleppt werden solle
102 sowie mit der Verhütung eventueller Gewalttätigkeiten bei der

Visitation des Klosters 103 , mit dem Begehren der Nonnen von St.
Cäcilien, das Kloster notdürftig auszubauen 104 , oder mit der
Wirtschaftstätigkeit von Geistlichen in der Stadt 105 . Eine
Ratskommission verhandelte mit den vom Erzbischof bestellten
Richtern über die Unterbindung von Ehebruchsvergehen 106 , eine
weitere mit dem Dekan und dem Kapitel von St. Aposteln, die den
Rat in Rom hatten vorladen lassen, weil er den Abriß einer
Bretterwand hinter dem Stift angeordnet hatte 107 , während eine
andere Kommission die Ladung von Kölner Domrentenempfängern
vor die römische Kurie behandelte 108 , weitere Kommissionen
wiederum den Vertreter in einem in Rom geführten Prozeß von Rat,
Stadt und Bürgern 109 und in einem gegen städtische Privilegien
dort anhängig gemachten Prozeß wegen einer Universitätspfründe
zu beraten hatten 110 . Bestehende Verschreibungen des Erzbischofs
gegenüber der Stadt wurden bei dessen Tod überprüft 111 , ein
Vertrag mit dem amtierenden Erzbischof sollte auf Verbesserungen
hin durchgesehen werden 112 . Ratskommissionen verhandelten mit
dem Administrator des Kölner Erzstifts und dem Domkapitel über
Renten und Zolleinnahmen 113 . Hinzu kommen Beratungen über
Verfasser (Heinrich Urdemann) und Verleger des 1477 in Köln
erschienenen «Dyalogus super libertate ecclesiastica» 114 und 1480
Verhandlungen mit dem Ketzermeister Dr. theol. van Elten aus dem
Dominikanerorden 115 . Nach außen gewandt waren
Ratskommissionen mit einem Ersuchen des Bischofs von Lüttich um
eine Anleihe 116 und dem vom Bischof von Lüttich verhängten
Verbot des Transportes englischer Tuche durch seine Lande befaßt
117 , ferner hatten sie es häufiger mit Fragen des Geleits und des

Güterarrests zu tun 118 .


17 Die Doktoren wurden um Rat gefragt über Verfahren im
Parteienprozeß vor dem Ratsgericht und im Falle von Klagen gegen
den Rat 119 , sie behandelten Beleidigungssachen 120 und
zusammen mit den Urteilsmeistern des Rats Appellationen an den
Rat und wurden tätig bei der Entgegennahme von Testamenten, der
Inventaraufnahme und der Untersuchung der Gültigkeit von
Testamenten 121 . Sie beratschlagten als Kommissionsmitglieder die
Türkenkriegsteuer des Regensburger Christentages von 1471 122
und führten darüber Verhandlungen mit der Geistlichkeit 123 ,
ferner über eine Türkensteuer im Jahre 1482 124 . Sie wurden in
Kommissionen berufen, die auswärtige Gesandte wie die des Herzogs
von Burgund anhörten 125 und halfen die Empfänge Kaiser
Friedrichs III., König Maximilians und des kaiserlichen Protegés und
Kardinals Georg Heßler vorzubereiten 126 . In den gefährlichen
Zeiten des Burgunderkrieges von 1474/75 nahm der Doktor des
Rates an geheim zu haltenden Sitzungen des Rates und der
Gemeinderepräsentation der Vierundvierziger teil und war an
Beratungen über dringliche finanzielle Angelegenheiten und an der
Einrichtung einer geheimen Kommission in der Kriegszeit mit
besonderen, schriftlich festgelegten Vollmachten beteiligt 127 . Als
Mitglieder von Ratskommissionen gaben Doktoren ihren Rat in den
Auseinandersetzungen mit den oberländischen Fürsten über den
vom Kaiser der Stadt wegen ihrer Aufwendungen im Burgunderkrieg
verliehenen Rheinzolls und hinsichtlich der Verhandlungen mit
Kaiser Friedrich III. über eine Ablösung des vorbehaltenen
kaiserlichen Anteils an den Zollerträgen durch einen Modus der
Kapitalisierung 128 .
18 Die Auswertung der Beschlüsse des Kölner Rates in der Zeit von 1320
bis 1500 ergibt, die annähernde Vollständigkeit der Überlieferung
vorausgesetzt, als Befund, daß die Doktoren des Rates vor allem in
Auseinandersetzungen des Rates mit dem Hochgericht, mit dem
geistlichen Gericht und dem Klerus, in Fragen der Zuständigkeit der
örtlichen weltlichen Gerichte und der Appellation sowie bei
Ladungen und Mandaten, die vom Kaiserhof und der römischen
Kurie ausgingen, in Ratskommissionen berufen wurden, in
gerichtlichen Angelegenheiten vor allem, bei denen die von Königen,
Kaisern und Päpsten der Stadt gewährten Privilegien 129 geltend zu
machen und zu verteidigen waren. Die Tätigkeit der Doktoren in
Kommissionen setzt nachweislich erst 1435 ein, um in großen
Intervallen 1456 und 1461, seit 1467 dann kontinuierlicher
fortgesetzt zu werden. Eine außerordentlich hohe
Geschäftsbelastung durch Kommissionstätigkeit ist jedoch für das
Jahr 1470, als Dr. Walter von Bilsen amtierte, wegen heftiger
Auseinandersetzungen mit der Geistlichkeit und dem geistlichen
Gericht und 1474-1476 während der Kriegszeit und des
nachfolgenden Zollstreits mit den rheinischen Fürsten festzustellen.
19 3. Rechtsgutachten der Doktoren des Rats oder der Rechtsfakultät
für Stadt und Rat sind nur wenige überliefert 130 , vielleicht
deshalb, weil die Ratschläge in den Kommissionen vorgetragen und
nur mündlich erteilt wurden. Tatsächlich aber entfaltete die
Rechtsfakultät vielfach unter Vermittlung des Kölner Rats für
andere Städte schon früh seit dem ausgehenden 14. Jahrhundert eine
reiche schriftliche Konsiliartätigkeit zur Klärung der Rechtslage bei
strittigen Rechtsfragen und unmittelbar als Urteilsvorschläge, so für
die niederrheinische Territorialstadt Wesel, die damals verpfändete
Reichsstadt Duisburg 131 , mehrfach sogar für die Reichsstadt
Nürnberg, die über eigene gelehrte Stadtjuristen verfügte, und im
Einzelfall für die Reichs- und Hansestadt Lübeck 132 .
20 Im Hohen Gericht hatte der Gerichtsverfassung gemäß einer der
Schöffen dem Richter («Greve») auf seine Befragung hin spontan
oder binnen einer Frist in einem Urteilsvorschlag das Recht zu
weisen. Anschließend stimmten auf weitere Befragung durch den
Richter alle anwesenden Schöffenkollegen dem erfragten Urteil zu.
Wenn nach der Statutensammlung von 1437 dem beauftragten
Schöffen vor Abgabe seines Urteilsvorschlags eine Bedenkzeit für
Beratung eingeräumt wird, kann das heißen, daß der Schöffe den Rat
seiner Mitschöffen sucht, möglicherweise aber auch sich bei
Rechtsgelehrten der Kölner Juristenfakultät Rat für seinen
Urteilsvorschlag holen konnte. Von der Rechtsberatung durch die
Universitätsjuristen wurde im 15. Jahrhundert offenbar kein
Gebrauch gemacht, doch ist sie, und zwar kostenlos, in einem
Schiedsvertrag zwischen der Stadt Köln und dem Erzbischof aus dem
Jahre 1506 ausdrücklich vorgesehen, der außerdem die
Juristenfakultät zur Schiedsstelle für Kompetenzstreitigkeiten
zwischen weltlicher und geistlicher Gerichtsbarkeit bestimmte. Die
rechtswissenschaftliche Fakultät befand sich insoweit in einer
delikaten Position, daß Rechtsgelehrte dem Rat zur Rechtsberatung
zur Verfügung standen, andererseits aber auch das geistliche
Offizialat gelehrten Rat in Anspruch nahm, wenn nicht einer der
Kölner Rechtsgelehrten ohnehin das Amt des Offizials bekleidete.
Angehörige der Juristenfakultät waren ferner als Advokaten am
geistlichen Gericht des mit der Stadt rivalisierenden Erzbischofs
tätig und diesem durch Benefizien verbunden 133 .

IV
21 1. Die Reichsstadt Frankfurt am Main, die 1372 das kaiserliche
Schultheißenamt erworben hatte und damit gerichtsherrlichen
Einfluß auf das Stadtgericht als ein Gericht von König und Reich
besaß, nahm Prokuratoren in Anspruch, die beim geistlichen
Hofgericht in Mainz zugelassen waren und dort lediglich die
Terminvertretung im schriftlichen Verfahren wahrnahmen. Es
handelte sich dabei meist um Geistliche mit gewissen juristischen
Nebenkenntnissen, ohne volle rechtswissenschaftliche Ausbildung
und daher ohne akademische Grade. Sie vertraten die Stadt
Frankfurt, Angehörige des Patriziats und andere Wohlhabende vor
dem geistlichen Gericht in Mainz. Im ausgehenden 14. Jahrhundert
nahm der Rat einen Prokurator ohne Residenzpflicht mit einer
üblichen, gegenüber Stadtschreiber und Stadtjuristen niedrigen
Besoldung bis zu 20 Gulden für Prozeßvertretungen in Mainz und
andernorts fest in seinen Dienst 134 . Einen rechtsgelehrten und
graduierten «Pfaffen» und «Stadtadvokaten», beide in gleicher
Funktion als Juristen von Rat und Stadt, die in der Stadt wohnen
mußten und keine fremden Dienste übernehmen durften,
verpflichtete der Frankfurter Rat etwa seit der Mitte des 14.
Jahrhunderts für die juristische Beratung des Rates und auswärtige
rechtliche und politische Missionen gegen eine Besoldung von
jährlich 100 Gulden Besoldung. Bis zum Jahre 1460 sind es
Kanonisten, 1465 folgt ein Dr. legum und von da an handelt es sich
um Doctores iuris utriusque. Teilweise stammten die Stadtadvokaten
aus wohlhabenden oder auch patrizischen Frankfurter Familien.
22 2. Erst in den sechziger Jahren des 15. Jahrhunderts begann das
Schöffengericht in einzelnen Fällen den Stadtadvokaten, der
ursprünglich nichts mit der Rechtspflege zu tun hatte, zu Rate zu
ziehen. Das mochte damit zusammenhängen, daß mit dem Patrizier
Dr. Ludwig Marburg zum Paradeis, der eine besondere Karriere als
Rechtsgelehrter durchlief, im Jahre 1464 in Frankfurt erstmals ein
Jurist zum Schöffen gewählt wurde, der darüber hinaus nicht wie
sonst üblich vorher Ratsmitglied gewesen war. Dr. Ludwig Marburg
amtierte als Schöffe zwei Jahre lang und sodann wieder 1468/69. Im
Jahre 1469 trat er in die Dienste des Kurfürsten Friedrichs I. von der
Pfalz und war danach von 1470 bis 1473 Ratskonsulent in Nürnberg,
im Anschluß daran 1473 bis 1485 Stadtadvokat in Frankfurt. Im Jahre
1486 wurde er schließlich auf Empfehlung Kaiser Friedrichs III. als
erster juristisch Gebildeter in das Amt des Schultheißen, der das
Schöffengericht leitete, gewählt, damit in das ehrenvollste
städtische Amt, das bis daher nur Ritter bekleidet hatten. Als Schöffe
mochte Dr. Ludwig Marburg, wenn das Urteil an ihn gestellt wurde,
seinen nichtgelehrten Kollegen die Arbeitsweise eines Juristen
demonstriert und vorgeführt haben, wie die Urteilsfrage sicher zu
entscheiden war 135 . Mit Dr. Johann von Glauburg amtierte in den
Jahren 1483 bis 1486 ein weiterer Jurist im Schöffenrat, gefolgt von
dem Licentiaten der kaiserlichen Rechte Friedrich von Alzey von
1489 bis 1524. Dieser war auch Mitglied der Kommission, die mit der
Abfassung der Reformation des Frankfurter Stadtrechts beauftragt
war 136 . Erstmals im Dienstvertrag des Dr. Johannes Gelthaus vom
Jahre 1467 und von da an regelmäßig findet sich die Bestimmung,
daß der Stadtadvokat neben Bürgermeister und Rat auch dem
Schöffengericht seinen Rat zu leihen habe 137 . In einzelnen Fällen
berieten nun Stadtadvokaten als Advokaten die Parteien und als
dienstrechtlich gebundene Stadtadvokaten das Gericht. Vermutlich
sind auch schon etwas früher Stadtadvokaten gelegentlich vom
Schöffengericht in Prozessen zu Rate gezogen worden, in die
geistliche Gerichte eingegriffen hatten, oder in sonstigen
schwierigen Fällen 138 . Zum ersten Mal in einer Sitzung des
Schöffengerichts trat 1488 ein Stadtadvokat in einem schriftlich
geführten Prozeß in Erscheinung. Der schriftliche Prozeß mit
regelmäßigem Aktenreferat und Votum des Stadtadvokaten setzte
sich mit dem Jahr 1493 definitiv durch. Mit dem schriftlichen
Prozeß, den Schriftsätzen, in denen auf das römische Recht Bezug
genommen wurde, drangen in größerem Umfang als zuvor römische
Rechtsgedanken in die Rechtspflege ein. Jedenfalls hatte in Frankfurt
die zunehmende Romanisierung des Prozeßgeschehens, gefördert
vor allem durch die Bezugnahmen auf die gelehrten Rechte in den
Einlassungen der Parteien und ihrer Prokuratoren 139 , die
regelmäßige Zuziehung der Stadtadvokaten zur Folge, die nun
ihrerseits die Rezeption förderten, doch waren die Stadtadvokaten
nicht die einzigen juristischen Berater des Gerichts. Sowohl die
Parteien als auch für die Urteilsfindung das Schöffengericht selbst
holten bei einzelnen Mitgliedern der Mainzer Rechtsfakultät,
Kanonisten und Legisten gleichermaßen, Rat und Gutachten ein. Als
in den Jahren 1495 bis 1497 das reformierte Reichskammergericht in
Frankfurt seinen Sitz hatte, tauchten mehrere Prokuratoren des
Kammergerichts als Verfasser von Schriftsätzen in den Akten des
Frankfurter Schöffengerichts auf.
23 3. In einer Stadt wie Straßburg, in welcher der Rat mit seiner
Etablierung im Unterschied zu anderen Städten sofort auch die
Zivilgerichtsbarkeit besaß und der große Schöffenrat, der aus 300
rein zunftbürgerlichen Schöffen aus den Handwerken bestand,
Appellationsinstanz war, dauerte es aus Gründen der
Gerichtsverfassung, der statutarisch fortentwickelten Gerichts- und
Verfahrensordnung und der personellen Zusammensetzung des
Großen Rates insgesamt länger, bis Elemente des römisch-
kanonischen Rechts nachhaltig in den Prozeß eindrangen 140 . Die
Schöffen blieben bis weit in das 17. Jahrhundert hinein ohne
Kenntnisse der gelehrten Rechte, sie verfuhren nach den alten
Verfahren der Rechtsfindung, und erst 1598 wurde die mündliche
Verhandlung ganz abgeschafft. In schwierigen Fällen behalf man
sich zunächst damit, schriftliche Gutachten bei Sachverständigen,
insbesondere bei Rechtsfakultäten einzuholen. Andererseits
erschienen im ausgehenden 15. und frühen 16. Jahrhundert
verschiedene Schriften der juristischen Hilfsliteratur zur Belehrung
der Schöffen, darunter der bedeutende «Laienspiegel» des
humanistisch gebildeten Straßburger Stadtschreibers Dr. iur. utr.
Sebastian Brant, der die Auffassung vertrat, ganz Ungelehrte sollten
nicht Richter sein und auch als Schöffen möglichst ausgeschlossen
werden. Die Inhaber der leitenden Positionen des Stadtregiments,
die Stettmeister und Ammeister, begannen hingegen an den
Universitäten Heidelberg, Tübingen, Orléans und Grenoble die
Rechte zu studieren. Die Stadt beschäftigte nach dem ersten Drittel
des 16. Jahrhunderts Stadtadvokaten, die zum Teil an der Schule
Vorlesungen über römisches Recht hielten, aber nicht für die
Rechtspflege zuständig waren, während dann 1552 bei jedem Gericht
ein Advokat angestellt wurde, der für die Parteien und das Gericht
selbst die Rechtslage nach den neuen Gesichtspunkten darzustellen
hatte.

V
24 1. Später als etwa Lübeck im Norden konnte sich die Reichsstadt
Nürnberg, stark gefördert von Karl iv., durch Verdrängen der
zollerischen Burggrafen von Nürnberg aus der Stadt und die 1385
erfolgte pfandweise Übernahme des Schultheissenamts von dem
eigenständigen Amtsträger des königlichen Stadtherrn
emanzipieren und eine weitgehend autonome Stellung erlangen,
doch nahm die patrizisch-aristokratisch regierte Stadt eine
vorbildliche, in vielem gewissermaßen modellhafte Entwicklung
kommunaler Herrschaft und kommunalen bürgerlichen Lebens, so
daß die Verfassung Nürnbergs in der Darstellung des
Ratskonsulenten Dr. Christoph Scheuerl von 1516 – im ausgehenden
16. Jahrhundert ins Italienische übersetzt – europäische Publizität
besitzt und die Stadt dem französischen Juristen und
Staatstheoretiker Jean Bodin als die am besten geordnete,
aristokratisch regierte Stadt unter den Reichsstädten gilt 141 . Rat
(«Innerer Rat») und Stadt verfügten, um die Nürnberger
Verhältnisse zu einem Stichjahr etwas genauer darzustellen,
ausweislich der nicht vollständig erhaltenen Rechnungsbücher der
zweiten Hälfte des 15. Jahrhunderts um 1470 an festen Stellen über
einen Ratsschreiber, einen Gerichtsschreiber und weiteren
Ratsämtern zugeordnete Schreiber, ferner über einen städtischen
Prokurator (seit 1431), einen Prokurator am kaiserlichen
Kammergericht 142 , und sie versicherte sich dort durch einen
Jahressold zusätzlicher prokuratorischer Dienste des prominenten
kaiserlichen Fiskals und früheren Nürnberger Bürgers, des
Licentiaten Johannes Kellner. Darüber hinaus beschäftigte der Rat
im Dienstamt des Ratsjuristen mindestens drei graduierte
Rechtsgelehrte mit festen Jahresbesoldungen. Außerdem erhielt der
damals vermutlich bekannteste Jurist im Reich, der ehemalige
Nürnberger Ratskonsulent und damalige Rat Herzog Ludwigs von
Bayern, Dr. decret. Martin Mair, feste jährliche Zahlungen und war
dadurch mehr oder weniger förmlich, aber doch nicht
dienstrechtlich wie die Stadtjuristen an den Nürnberger Rat
gebunden. In einer dritten Form, derjenigen der generellen
Dienstbereitschaft («Gewärtigkeit»), war schließlich der Würzburger
Domherr Dr. Kilian von Bibra als Rechtsberater und Rechtsbeistand
in Wartestellung mit einer Grundvergütung vom Nürnberger Rat für
gelegentliche Aufträge verpflichtet, die dann zusätzlich speziell
honoriert wurden 143 . Dem Augsburger Rat standen im Vergleich
dazu etwa um diese Zeit (1477) lediglich ein gelehrter Jurist als
spezieller Rechtsberater, ein rechtsgelehrter Stadtschreiber und ein
weiterer Stadtschreiber zu Diensten 144 .
25 2. Doch damit nicht genug. Der Nürnberger Rat bezog 1443 in der
Frage der Deposition der Heiltümer des Reichs, der Reichsinsignien,
in Nürnberg und ihrer Rückforderung durch König Friedrich III. 145
, sodann erneut 1452/53 im Krieg gegen den benachbarten
Markgrafen Albrecht von Brandenburg-Ansbach Rechtsgutachten
von den Juristen der Universität Padua 146 . Zahlreiche Gutachten
holte der Nürnberger Rat von gelehrten Juristen an der Universität
Ingolstadt, in Augsburg, beim Würzburger und Regensburger
Domkapitel sowie bis zu dessen Tod bei dem nachmaligen
bayerischen Rat Dr. Martin Mair ein. Der Würzburger Domherr Dr.
Kilian von Bibra fungierte für den Nürnberger Rat nicht nur als
Gutachter, sondern auch als «Fürsprecher» (Prokurator) in einem
Schiedsprozeß. Die eindrucksvollste Aktion zur Einholung von
Rechtsgutachten führte der Rat im Jahre 1467 durch, als er sich in
einem Rechtsstreit zu ein und derselben Sache mit gleicher
Sachverhaltsdarstellung und gleichlautenden Quaestiones insgesamt
24 Konsilien mit wenigen Ausnahmen in lateinischer Sprache von
Juristen der Universitäten von Erfurt, Köln, Heidelberg, Padua und
Bologna, dem Kanzler des Erzbischofs von Mainz, einem Chorherrn
von Freising, Doktoren des Eichstätter Stiftskapitels und speziell des
Johannes Pirckheimer, des Advokaten des päpstlichen Stuhls Andrea
de Sancta Crucis, ferner namentlich des Lorenz Blumenau, des
Joachim de Narnia und des Angelus de Castro sowie von eigenen
Ratskonsulenten erstatten ließ. Das Gutachten der Universität Erfurt
wurde von der dortigen Rechtsfakultät erstattet, von der Kölner
Universität gingen drei Gutachten ein, die einmal von elf, im zweiten
Fall von acht Doktoren und im dritten von drei Doktoren
unterschrieben waren. Ein Gutachten aus Padua war von den «vier
vornehmsten hochgelehrten Doktoren» unterschrieben, ein weiteres
von mehreren Doktoren. Ferner gingen dem Rat zu Fragen des
Zeugenbeweises und der Auswahl prozessual geeigneter Zeugen aus
Padua «Informationes» des Bartholomäus Cepolla und des Baptista de
Sancto Blasio zu. Das Gutachten aus Eichstätt zeichneten fünf
Doktoren. Der Nürnberger Ratsjurist, der die Gutachtenaktion
organisierte, stellte aus den Gutachten Extrakte und einen
summarischen Extrakt her 147 .
26 Der Nürnberger Rat ließ in der Stadt durch seine Juristen
Rechtsgutachten für seine Belange produzieren, er importierte
zudem Konsilien in beträchtlichem Umfang, aber es fand zugleich
auch ein Export an Gutachten und Urteilsvorschlägen Nürnberger
Juristen statt, die noch vor 1500 über den Rat von einer Vielzahl
pfälzischer Orte und einer Reihe von Reichsstädten wie Rothenburg,
Windsheim, Weißenburg, Schweinfurt, Nördlingen, Schwäbisch Hall,
Bopfingen, Donauwörth, Dinkelsbühl, Heilbronn, Eßlingen,
Reutlingen, Ulm, Augsburg und Regensburg um Rechtsgutachten
oder Urteilsvorschläge gebeten wurden 148 . Der Nürnberger
Stadtjurist Dr. iur. utr. Johann Letscher etwa korrespondierte 1506
auf der Ebene der Rechtsgelehrten mit dem Augsburger
Stadtschreiber und nachmaligen kaiserlichen Rat Dr. Conrad
Peutinger, der während seiner Laufbahn von einer immensen Zahl
meist oberdeutscher Städte um Rat und förmliche Rechtsgutachten
angegangen wurde. Es handelte sich um die Frage, ob Nürnberger
Bürger, welche die niederen Weihen angenommen hatten, um sich
von den städtischen Lasten zu befreien, das Steuerprivileg der
Kleriker beanspruchen durften oder ob sie durch die Stadt besteuert
werden konnten, ferner was in diesem Fall von dem geistlichen
Gericht und der Kurie in Rom zu befürchten war 149 . Infolge dieses
mehrseitigen Austausches erlangte lokales gelehrtes Rechtswissen
eine gesteigerte Verbreitung; außerdem wurde es in
Konsiliensammlungen für die Zukunft thesauriert. Seit der zweiten
Hälfte des 15. Jahrhunderts war das Nürnberger Stadtregiment mit
einer wachsenden Anzahl von Ratsjuristen wohl mit einem
personellem Optimum an juristischem Sachverstand ausgestattet
und konnte durch die zusätzliche Beschäftigung externer Juristen
neben den Universitäten und Domund Stiftskapiteln als weiteres
großes Zentrum an Rechtsgelehrsamkeit und Rechtswissen
rechtspraktischer Art gelten.
27 3. Die Hauptaufgabe der Nürnberger Ratsjuristen bestand in der
Rechtsberatung des Rates in Konsultationen, die in mündlicher Form
zwei deputierte Ratsherren je nach Bedarf auch mehrfach in der
Woche morgens mit ihnen abhielten. In schwierigeren Fragen hatten
die Juristen zudem schriftliche Gutachten zu erstatten, die
vermutlich von den Ratsdeputierten in der Ratsversammlung, zu der
die Ratskonsulenten keinen Zutritt hatten, in geeigneter Form
vorgebracht oder vom Ratsschreiber verlesen wurden. Wieweit die
Rechtsberatung des Rates oder die gerichtliche Gutachtertätigkeit
der Juristen überliefert ist, hängt nicht zuletzt von der Qualität der
Beratung ab, ob sich der Rat mit mündlichen Rechtsauskünften
begnügte und ob er diese protokollieren ließ, ob er fachgerechte
Gutachten mit scholastischer Argumentation und
wissenschaftlichem Apparat wünschte oder nur an Konklusionen
und Empfehlungen interessiert war, schließlich ob die Gutachten für
künftige vergleichbare Fälle aufbewahrt oder darüber hinaus kopiert
und in Buchform gesammelt wurden. Während der Nürnberger Rat
spätestens seit der Mitte des 15. Jahrhunderts förmliche Konsilien
und rechtliche Notizen, später auch protokollierte Konsultationen
auf Jahrhunderte hinaus abschriftlich in den sogenannten
Ratschlagbüchern sammelte, und auch der Rat Schwäbisch Halls
noch im ausgehenden 15. Jahrhundert eine Sammlung zugegangener
Gutachten anlegte 150 , versuchte der Augsburger Rat etwa hundert
Jahre später, um die Mitte des 16. Jahrhunderts, einen derartigen
Standard der Rechtsberatung durch förmliche Gutachten und ihre
Aufbewahrung für die Zukunft endlich durchzusetzen 151 . Von den
für die Beratung des Kölner Rats zuständigen Professoren der
Rechtsfakultät der Universität zu Köln sind für das ausgehende 14.
und das 15. Jahrhundert so gut wie keine Rechtsgutachten für das
dortige Stadtregiment überliefert, möglicherweise weil sie mit dem
Rat nur mündlich verkehrten oder die Gutachten verlorengingen
152 . Hingegen sind seit dem ausgehenden 14. Jahrhundert

zahlreiche wichtige Konsilien der Kölner Rechtsfakultät für die


klevische Territorialstadt Wesel, die Reichsstadt Duisburg und in der
zweiten Hälfte des 15. Jahrhunderts sogar für den Nürnberger Rat,
für Lübeck sowie für das Bistum Utrecht überliefert 153 .
28 4. Für ihre Arbeit konnten die städtischen Juristen auf ihren eigenen
Besitz an handschriftlichen und gedruckten Juridica zurückgreifen,
der in Nachlässen dokumentiert ist, ferner auf Ratsbibliotheken, die
während des Spätmittelalters in verschiedenen Städten eingerichtet
wurden 154 . In Nürnberg 155 kann bereits im ausgehenden 14.
Jahrhundert Buchbesitz von Rat und Stadt, der zu dienstlichen
Zwecken ausgeliehen wurde, nachgewiesen werden. Auch in dem
frühen kommunalen Handschriftenbestand spiegelt sich das
zunächst überragende Interesse am geistlichen Recht wider. Am
Ende des Jahres 1370 gibt ein Gylbert Weygel, bewert in geistlichen
rechten, der vermutlich ursprünglich Nürnberger Ratsschreiber war
und nach einem Rechtsstudium auf Kosten der Stadt an der
Universität Padua als Stadtjurist beschäftigt wurde, dem Rat der
Stadt einen Revers über dreizehn mit ihren Titeln aufgeführte
Werke fast ausschließlich kanonistischer Provenienz, die er für die
Zeit seines Dienstes für die Stadt erhalten hat. Die Nürnberger
Ratsbibliothek und ihr Bestand an Juridica vermehrten sich
schubartig durch die Schenkung inter vivos des Stadtjuristen Dr. iur.
utr. Konrad Konhofer ( † 1452) im Jahre 1443 und die gezielte
Anschaffungspolitik des Rates unter Mitwirkung zweier
Ratskonsulenten in den Jahren 1486 bis 1490 156 . Hinzu kommt, daß
in Nürnberg die Offizin des Anton Koberger 1478 mit der «Lectura
super authenticis» des Bartolus ihre juristische Verlagsproduktion
eröffnete und in den Jahren 1483 bis 1504 die erste Gesamtausgabe
des Corpus iuris civilis in Deutsch-land druckte 157 . Der Nürnberger
Rat selbst förderte die Rechtswissenschaft dadurch, daß er sich
1528/29 entschloß, die kritische Pandektenausgabe des Gregor
Haloander zu subventionieren, nachdem Ratskonsulenten mit dem
Vorhaben befaßt worden waren und der Humanist Willibald
Pirckheimer ein positives, die wissenschaftliche Qualität des Werkes
und die Absatzchancen günstig beurteilendes Gutachten erstattet
hatte 158 .
29 Ein weiteres Arbeitsinstrument stellten in Nürnberg die spätestens
im ausgehenden 15. Jahrhundert angelegten «Ratschlagbücher» dar
159 , die in der erhaltenen Überlieferung mit Rechtsmaterien etwa

seit der Jahrhundertmitte einsetzen und für die zweite Hälfte des 15.
Jahrhunderts insgesamt fünfzehn gesondert numerierte Bände 160
aufweisen und bis zur Mitte des 17. Jahrhunderts, private
Provenienzen eingeschlossen, um weitere 100 Bände angewachsen
sind 161 . Die ältesten Bände der Ratschlagbücher bestehen nicht
nur aus Konsilien der örtlichen Ratskonsulenten und der
auswärtigen Juristen oder sonstigen Rechtsauskünften in Form von
Notizen, sondern auch aus fremden juristischen Traktaten und
Exzerpten aus der rechtswissenschaftlichen Literatur.
Aufgenommen wurden aber auch Kaiserprivilegien, daneben
fundamentale Reichsgesetze wie die Goldene Bulle von 1356, die
Frankfurter Reichsfriedensordnung von 1442 und der Reichsfriede
von Wiener Neustadt des Jahres 1467 mit seinem absoluten
Fehdeverbot, die Ordnung des kaiserlichen Kammergerichts von
1471, das Gesetz Karls iv. zum Schutz der Geistlichkeit von 1359
(«Carolina»), die Konkordate der Reichsfürsten mit Papst Eugen iv.
von 1447, päpstliche Bullen, heimische und fremde Statuten und
Ordnungen, Urkunden und Korrespondenzen des Basler Konzils,
Schriftstücke zur Türkenkriegsdiskussion auf dem Kongreß zu
Mantua von 1459 und anderes mehr 162 . Dadurch ergab sich über
die Konsilien, Rechtsauskünfte und rechtswissenschaftlichen
Exzerpte als Kern der Sammlung hinaus ein Kompendium, dessen
disparate Materialien vielfältigen praktischen Zwecken dienten
sowie vom Streben nach Vermehrung des Rechtswissens und seiner
Konservierung für künftige Verwendung zeugen. Während nun in
einigen Bänden die Konsilien und rechtswissenschaftlichen Exzerpte
völlig überwiegen 163 , sind in einer ganzen Reihe von Bänden
wiederum vornehmlich Urkunden und Akten von Prozessen
gesammelt, die zu einem überwiegenden Teil an fremden Gerichten
geführt wurden, ohne daß ein Zusammenhang zu Nürnberg bestand,
von denen man sich aber in irgendeiner Weise für die Zukunft einen
Erkenntnisgewinn versprach 164 . Ein Band vorwiegend mit Akten
und Urkunden des Gerichts des Bamberger Bischofs hatte die
spezielle Funktion eines prozeßrechtlichen Formularbuches 165 ,
das den vorbildlichen kanonischen Prozeß des geistlichen Gerichts
in den Vordergrund stellt. Zur Benutzung sind die einzelnen
Rechtsfiguren und Verfahrenselemente rubriziert und in einem
vorangestellten Register alphabetisch zusammengestellt, wie zwei
Bände überwiegend mit Konsilien gleichfalls zur Erleichterung ihrer
Benutzung mit Sachindices ausgestattet wurden 166 . In
erstaunlicher Weise wurde in Nürnberg eine Masse fremder
rechtlicher Dokumente beschafft, gesammelt und in Buchform
handhabbar gemacht, darunter auch Mandate des Markgrafen von
Brandenburg an Dritte. Bei der Sammlung und Anlage der Bände mit
disparaten und fremden Materialien hat sich besonders der aus Ulm
stammende und von 1480 bis 1505 in Nürnberg als Gerichtsschreiber
amtierende Johann Tuchscherer 167 verdient gemacht. Für die
Stadt Braunschweig kann in diesem Zusammenhang als
Besonderheit angeführt werden, daß der Rat eine Sammlung der
Entscheidungen der Rota Romana anlegen ließ 168 .
30 5. Die Rechtsberatung und Gutachtertätigkeit der Nürnberger
Stadtjuristen und Ratskonsulenten, unter denen sich um die Mitte
des 15. Jahrhundert zeitweise so überragende und reichspolitisch
bedeutsame Persönlichkeiten wie Dr. Gregor Heimburg 169 und Dr.
Martin Mair 170 befanden, bezogen sich auf Rechtsfragen, die aus
der Verbindung mit dem Stadtherrn, der zugleich römischer König
und Kaiser war, und aus königlichen Mandaten an die Stadt sowie
aus dem durch Privilegien und Prozesse bestimmten Verkehr mit
der Römischen Kurie resultierten, ferner auf Rechtsfragen, die
infolge der Beziehungen zu den umliegenden adelig-fürstlichen
Herrschaften, den Bischöfen von Bamberg, Würzburg und Eichstätt
und auf weltlicher Seite dem Markgrafen von Brandenburg-Ansbach,
dem notorischen militärischen und gerichtlichen Streitgegner der
Stadt mit übergreifenden gerichtlichen Zuständigkeitsansprüchen
seines kaiserlichen Landgerichts des Burggrafentums Nürnberg 171 ,
oder zu den Herzögen von Bayern von außen an die Stadt
herangetragen wurden. Als Reichsstadt war Nürnberg zudem in die
Reichspolitik, d. h. in Fragen des Landfriedens, der Reichsreform und
der Militärhilfen gegen die ketzerischen Hussiten, die Türken und
fremde europäische Mächte wie Ungarn und Frankreich sowie in
Konflikte des Kaisers mit Reichsfürsten involviert, und die Stadt
blieb von den territorialen Konflikten der benachbarten
Landesherren untereinander nicht unberührt. Aus allen diesen
rechtlichen und politischen Konstellationen ergab sich eine Vielzahl
von Rechtsproblemen und Rechtsstreitigkeiten 172 .
31 6. Ein weiterer Aufgaben- und Gegenstandsbereich konsultatorischer
und konsiliatorischer Tätigkeit ergab sich aus der städtischen
Gerichtsbarkeit. Ratsjuristen waren Beisitzer im Stadtgericht, das im
Namen von König und Reich und bis 1497 in der Ratsstube amtierte,
und hatten Urteilsvorschläge zu unterbreiten, durften jedoch an der
Urteilsfindung der Rechtshonoratioren, der ratsherrlichen und
sonstigen Schöffen aus der städtischen Ehrbarkeit, selbst nicht
teilnehmen. Gewichtige Rechtssachen wuchsen den Juristen zur
Begutachtung durch die Jurisdiktion des Rats und vor allem dadurch
zu, daß vom Stadtgericht an das Ratsgericht appelliert werden
konnte. Außerdem behielt sich der Rat die Aburteilung schwerer
Kriminalfälle vor. Im Wege der Appellation gelangten kompliziertere
privatrechtliche Streitsachen bis zu einem bestimmten Streitwert,
der in königlichen Privilegien «de non appellando» festgelegt war, an
den Rat, dessen Gericht in der Regel mit Fragen des städtischen
Friedens- und Ordnungsrechts («Polizei») und in Ratsdeputationen
mit Verbal- und Realinjurien befaßt war, aber für die Stadt wichtige
Zivilrechtsfälle annehmen und an sich ziehen konnte. Anders als
hinsichtlich des Ordnungsrechts (Polizeirechts), das vom Rat unter
Maßgabe und Zweckbestimmung der «utilitas publica» gesetzlich
normiert wurde, beruhte das «bürgerliche Recht» bis zur
Stadtrechtsreformation von 1479 weitgehend auf stadtherrlichen,
teilweise noch ländliche Verhältnisse widerspiegelnde privilegialen
Rechtsverleihungen, herausgebildetem örtlichem Gewohnheitsrecht
und dem Rechtswissen am Stadtgericht sowie auf einzelnen
statutarischen Bestimmungen. Das örtliche Gewohnheitsrecht
konkurrierte mit dem römisch-kanonischen Recht, der Domäne der
Ratsjuristen, und die Einwohner konnten bei entsprechenden
Streitwerten (600 Gulden) von der städtischen Gerichtsbarkeit an die
höchste Gerichtsbarkeit des Kaisers und des kaiserlichen
Kammergerichts appellieren. Auch im Hinblick auf mögliche
Appellationen nach außen mußte bei der Urteilsfindung durch das
Stadtgericht sorgfältig vorgegangen werden. Über die
Verfahrensrechte der städtischen Gerichte hinaus waren allgemeine
Kenntnisse des römischen und kanonischen Prozesses und
Einsichten in die Verfahrenspraktiken der Rota romana, der
fürstlichen Gerichte sowie der verschiedenen territorialen
kaiserlichen Landgerichte, des kaiserlichen Hofgerichts und des 1471
und 1495 reformierten Kammergerichts erforderlich. Hinsichtlich
des kaiserlichen Kammergerichts gilt es zu beachten, daß in ihm
bereits vor den Reformen eine beträchtliche Anzahl gelehrter Räte
als Beisitzer tätig waren 173 und als kaiserliche Fiskale gelehrte und
nachweislich mit dem römisch-kanonischen Recht operierende
Juristen fungierten 174 . Die Kammergerichtsordnung von 1471, die
in die Nürnberger Ratschlagbücher aufgenommen wurde 175 , legte
zwar die Qualität der Beisitzer des Gerichts nicht fest, bestimmte
jedoch, daß zur Vertretung der Parteien nur redeliche und gelerte
advocaten, die den parthien wissen zu raten, zugelassen werden sollten
176 . Dies bedeutete immerhin, daß das Gericht, wie dies bereits

Reformvorschläge von 1438 und 1442 gefordert hatten 177 , dem


römisch-kanonischen Recht verpflichtet sein sollte, bis dann
schließlich die Kammergerichtsreform von 1495 anordnete, daß die
Hälfte der urteilenden Beisitzer mit Personen zu besetzen sei, die der
recht gelert und gewirdigt, d. h. im römisch-kanonischen Recht
ausgebildete Juristen waren, während korrespondierend dazu das
Gericht zumindest subsidiär nach des Reichs gemainem rechten richten
sollte 178 . Aus der Praxis und aus den Ordnungen der höchsten
Gerichtsbarkeit von Kaiser und Reich resultierte spätestens seit der
zweiten Hälfte des 15. Jahrhunderts über die Bestellung von
gerichtlichen Prokuratoren hinaus ein weiterer nachhaltiger Zwang,
in Rechtsfragen den Rat gelehrter Juristen einzuholen.
32 Mit ihren Urteilsvorschlägen und elaborierten Rechtsgutachten
traten die Ratsjuristen als Rechtsexperten in ein
Spannungsverhältnis zu den mit der Entscheidungsgewalt
ausgestatteten herrschaftsständischen Ratsherren und
Rechtshonoratioren, die andererseits durch ihren intensiven
Verkehr mit den Juristen eine gewisse juristische Schulung
erhielten, von denen einige jedoch selbst die Rechte studiert hatten.
Offensichtlich durften Stadtjuristen im 15. Jahrhundert auch
Bürgern juristischen Beistand leisten, nur sollte dies im prekären
Fall von Rechtsstreitigkeiten vor fremden Gerichten nur mit
Genehmigung des Rates geschehen 179 . Als die Zahl der Ratsjuristen
um die Wende zum 16. Jahrhundert nochmals zunahm, legte der Rat
einen Kreis von Juristen fest, der ausschließlich für städtische
Angelegenheiten tätig war, und einen solchen, der eine niedrigere
Besoldung erhielt, aber zusätzlich auch Bürgern Rechtsbeistand
leisten durfte.
33 7. Es liegt die Vermutung nahe, daß die Ratsjuristen auch bei der
städtischen Gesetzgebung um Rat gefragt wurden. Erforderlich war
jedoch ihre Mitwirkung am wenigsten bei der auf Zweckmäßigkeit
abzielenden, außerdem gesetzestechnisch – abgesehen von der
Formulierung von Vorbehaltsrechten des Rates – formlosen
Polizeigesetzgebung, während in Nürnberg bei der
prozeßrechtlichen und zivilrechtlichen Stadtrechtsreformation von
1479 ausdrücklich im Vorwort vom Rat der gelehrten Juristen die
Rede ist. Juristen hatten mit der Ratsdeputation für die Reformation
zusammengearbeitet, und der Nürnberger Rat hatte sich sogar um
Rat und Unterstützung nach Frankfurt am Main gewandt, worauf die
Stadtjuristen beider Städte miteinander korrespondiert und sich
einmal in Frankfurt zu einem Meinungsaustausch getroffen hatten
180 . Andererseits erläuterten Nürnberger Juristen die rechtlichen

Konsequenzen einzelner Artikel der Rechtsreformation 181 ,


während am Stadtgericht sofort Fürsprecher der Parteien
prozessuale Bestimmungen der Rechtsreformation geltend machten
182 . Für Basel wird angenommen, daß die Konkurrenz der

kirchlichen Offizialate insbesondere in Vollstreckungssachen für den


städtischen Gesetzgeber einen Anstoß bildete, sich mit den
gemeinen Rechten auseinanderzusetzen und sich bei der
Gesetzesredaktion der Mitarbeit von Juristen zu bedienen. So
häuften sich Anzeichen für die Einwirkung der gemeinen Rechte und
die Arbeit von Juristen nach wenigen Einzelbeispielen seit der
zweiten Hälfte des 14. Jahrhunderts erheblich in der
Stadtgerichtsordnung von 1457 183 . Für die Sammlung, mehr noch
für eine Systematisierung und Revision des Stadtrechts wurde
juristischer Sachverstand unentbehrlich, zumal wenn der Rat dabei
rechtspolitisch eine Angleichung des Stadtrechts an die gelehrten
Rechte, das ius commune, anstrebte. Dabei wirkten die Stadtjuristen
maßgeblich in den Ratskommissionen für die
Stadtrechtsreformationen seit dem ausgehenden 15. Jahrhundert
mit. Der Stadtadvokat Dr. Adam Schönwetter betrieb in Frankfurt
die Romanisierung des Stadtrechts mit dem Resultat der
Reformation von 1509 184 , die Freiburger Reformation von 1520
war das Werk des berühmten Rechtslehrers Ulrich Zasius 185 ,
während für die Stadt Weißenburg bei Nürnberg freilich der
Stadtschreiber Greffinger 1521 eine aus vorausgegangenen fremden
Stadtrechtsreformationen kompilierte Re-formation vorlegte 186 .
34 8. Nicht zuletzt aus den Nürnberger Rechnungsbüchern geht hervor,
daß Ratsjuristen zusammen mit dem städtischen Prokurator
(«Syndikus») und Ratsherren an Gesandtschaften beteiligt waren,
die an Fürstenhöfen streitige Rechtsfragen zu klären versuchten.
Ratsjuristen waren mit der Festlegung einer prozeßtaktischen
Strategie und mit der Führung der langwierigen rechtlichen
Auseinandersetzung mit dem Markgraf Albrecht von Brandenburg-
Ansbach – unter anderem vor Kaiser Friedrich III. – betraut 187 und
wurden vom Rat als Beisitzer von seiten der Stadt in Schiedsgerichte
entsandt. Für wichtige Gesandtschaften war es bereits im
Spätmittelalter üblich, dem sozial hochrangigen Repräsentanten der
Obrigkeit einen sachkundigen Experten an die Seite zu stellen. Dabei
konnte in der Hanse der dem Bürgermeister untergeordnete
Syndikus rangmäßig jedoch noch vor dem Ratsherrn rangieren 188 ,
was in Nürnberg trotz des – nach Meinung eines Ratskonsulenten
selbst – hohen informellen Sozialprestiges («Ehre») in der
Bevölkerung ausgeschlossen war.
35 9. In dem Zeitraum von 1366 bis zum Ende des 15. Jahrhunderts
lassen sich etwa 30 Juristen ermitteln, die für den Nürnberger Rat
kontinuierlich als fest besoldete Ratsjuristen oder in Wahrnehmung
gelegentlicher Aufträge Rechtsgutachten erstatteten oder in anderer
Weise in Rechtsangelegenheiten tätig waren 189 . Einer Darstellung
des Ratskonsulenten Dr. Christoph Scheuerl aus dem Jahre 1516
zufolge unterhielt der Nürnberger Rat damals für gewöhnlich fünf
oder sechs besoldete rechtsgelehrte Doktoren «im Amt der gelehrten
Räte», die ausschließlich ihm für Rechtsberatung, Gutachten und
diplomatische Missionen in Angelegenheiten der städtischen
Gesamtheit und zu deren «gemeinem Nutzen» zur Verfügung
standen und ohne Erlaubnis des Rates keinem einfachen Bürger
Rechtsbeistand leisten durften. Weitere vier Rechtsgelehrte, die
gleichfalls aus der Stadtkasse eine angemessene jährliche Besoldung
für ihre Dienste erhielten, durften als zweite Kategorie von
Ratsjuristen daneben, wie dies 1514 ein Ratsbeschluß nun
ausdrücklich festgelegt hatte, mit Erlaubnis des Rates für Bürger
gegen Honorar als vereidigte allgemeine Advokaten tätig sein. Die
Nürnberger Stadtrechtsreformation von 1479 hatte damit gerechnet,
daß den Streitparteien für ihre Prozesse nur eine begrenzte Anzahl
von Advokaten in der Stadt zur Verfügung stand und ordnete daher
an, daß sich jede Partei mit einem Advokaten begnügen solle,
andernfalls sollten Advokaten auch der Gegenpartei Rechtsbeistand
leisten dürfen 190 . Darüber hinaus unterhielt der Rat mit Doktoren
in Ausgsburg und an der Universität Ingolstadt ein besoldetes
Konsulentenverhältnis und holte in schweren Fällen auch von ihnen
Rechtsgutachten ein. Das Einholen auswärtiger Gutachten war
indessen bereits eine für die zweite Hälfte des 15. Jahrhunderts
nachweisbare Praxis.
36 Die höhere Anzahl besoldeter Juristen im städtischen Dienstamt und
ihre Binnendifferenzierung ergibt sich aus der partiellen Öffnung für
die Bedürfnisse der Bürgerschaft und aus einer um die Wende zum
16. Jahrhundert erfolgenden verstärkten Institutionalisierung und
Bürokratisierung der Amtstätigkeit der Juristen. Nach den
Darlegungen Dr. Scheuerls, für die es auch im 15. Jahrhundert
Anhaltspunkte gibt, war es am Stadtgericht Aufgabe der dazu
verordneten drei oder vier Ratsjuristen, nunmehr graduierte
Doktoren beider Rechte 191 , die einzelnen Streitsachen zu beraten
und den Schöffen die Rechtslage gemäß den geschriebenen Rechten,
d. h. des römischen und kanonischen Rechts, aufzuweisen, worauf
die Gerichtsschöffen dann ihre Voten für die Urteilsfindung nach
dem Mehrheitsprinzip abgeben konnten 192 . Demnach war, wenn
der Bericht Scheuerls zutreffend ist, vor der Urteilsbildung
grundsätzlich die Rechtsauffassung nach römisch-kanonischem
Recht zu würdigen, auch wenn nach der Auseinandersetzung mit
den gelehrten Rechten dann die nichtgelehrten Schöffen und
Rechtshonoratioren vielleicht doch nach örtlichem
Gewohnheitsrecht und vor allem der Stadtrechtsreformation von
1479 entschieden. Ein Ratsdekret aus dem Jahre 1497 legte in aller
Deutlichkeit fest, daß die am Stadtgericht tätigen Ratsjuristen als
Inhaber eines Dienstamtes lediglich Berater und nicht Urteiler sein
durften, d. h. keine Stimme besitzen sollten und sich nicht an der
Beschlußfassung beteiligen durften 193 . Ein weiterer Ratsjurist war
entsprechend als Rechtsberater am städtischen Bauerngericht tätig,
das um die Mitte des 14. Jahrhunderts entstanden und für
Streitsachen der Hintersassen der patrizischen Grundbesitzer und
Grundherren auf dem Lande zuständig war. Die-ses Gericht wurde
mit angesehenen Bürgern des Großen Rates und frisch verheirateten
Patriziersöhnen besetzt, die unter Anleitung des promovierten
Juristen eine elementare Schulung in Recht und Rechtsprechung
erhielten und sich in Reservestellung für die höheren Aufgaben im
Stadtgericht oder schließlich im Rat qualifizieren konnten 194 .
37 10. Eine ähnliche Aufgabe wie im Stadtgericht hatten die Juristen bei
der Behandlung der Appellationssachen am Gericht des Rates, die
diesem von nicht weniger als zwölf städtischen Gerichtsinstanzen
zugingen 195 . Gelegentlich ließ sich der Rat von einem Juristen
empfehlen, ob er eine Appellation vom Stadtgericht annehmen sollte
oder nicht 196 . In Appellationssachen wandte der Rat nach Ansicht
des Ratskonsulenten Dr. Scheuerl große Arbeit auf und verfuhr
außerordentlich sorgfältig. Er fällte sein Urteil erst, nachdem die
gerichtshändl, d. h. alle zum Fall gehörigen Schriftstücke, verlesen
worden waren und er die Meinungen und förmlichen Gutachten
zweier oder dreier Juristen zur Kenntnis genommen hatte. Waren
die Stellungnahmen der Juristen divergent, wurden weitere,
eventuell auswärts in Augsburg oder von Juristen der Universität
Ingolstadt, wo der Rat besoldete Konsulentenverhältnisse unterhielt,
eingeholt 197 . Die Aufgaben der Stadtjuristen bestanden, wiederum
anders gewendet, darin, daß diese die Akten mündlich referierten,
Rechtsgutachten dazu erstatteten sowie materiell und formell
rechtskonforme Urteilsvorschläge verfaßten 198 . Da die
Stadtjuristen grundsätzlich keinen Zutritt zu den Ratssitzungen
hatten, mußten die Gutachten und Urteilsvorschläge in
Konsultationen mit der jeweiligen Ratsdeputation vorgebracht
werden. Die Juristen nahmen zwar einen möglicherweise sehr
weitgehenden Einfluß auf die Urteilsfindung im Rat, formell jedoch
entschied der Rat selbstverständlich allein nach dem
Mehrheitsprinzip 199 .
38 Ein Beleg oder Anhaltspunkte dafür, daß die Darlegungen Dr.
Scheuerls zu ihrer gerichtlichen Tätigkeit auch für frühere Zeiten
gelten, sind zahlreiche privatrechtliche Konsilien, die für
gerichtliche Zwecke erstattet wurden 200 , ferner die
prozeßrechtlichen Teile der Stadtrechtsreformation von 1479. Nicht
jedoch ist es möglich, wie in Frankfurt am Main, wo die beiden
letzten Jahrzehnte des 15. Jahrhunderts dafür entscheidend waren,
die Tätigkeit der Juristen im Prozeß vor dem Stadtgericht und das
Eindringen römischkanonischen Rechts in die Gerichtspraxis
genauer zu ermitteln, weil die Akten und Urteile des Stadtgerichts
im 15. Jahrhundert nur für den knappen Zeitraum von 1480 bis 1483
erhalten geblieben sind und erst wieder mit dem Jahr 1512
einsetzen, in dem überlieferten Zeitabschnitt zudem keine Akten
und ohnehin keine Urteilsbegründungen beinhalten.
39 11. Der Rat, tagte er nun in der Eigenschaft als Gericht oder als
politisch-administratives Gremium, nahm die Rechtsberatung durch
seine besoldeten Juristen dann in Anspruch, wenn die Meinungen
innerhalb des Rates divergent ausfielen oder der Fall sehr
kompliziert und wichtig war und daher eine rechtsgelehrte
Betrachtung erforderte. Dann wurden zwei Ratsherren deputiert, die
nach dem Frühstück mit den Juristen konferierten, ihre Ratschläge
hörten und am nächsten Tag darüber im Rat berichteten 201 .
Zutritt zu den Ratssitzungen hatten die Juristen nicht, wie
überhaupt promovierte Juristen, selbst wenn sie dem städtischen
Patriziat entstammten, vom Ratsamt strikt ausgeschlossen waren
202 . Wenn der aristokratische Rat der Stadt Nürnberg die Doctores

trotz ihres von dem nichtpatrizischen Ratkonsulenten Dr. Scheuerl


behaupteten außerordentlich hohen Sozialprestiges in der Stadt 203
und trotz ihrer Gleichstellung mit dem niederen Adel nach
römischem Recht 204 vom regierenden Rat aus schloß, so
offensichtlich deswegen, weil der Rat die geburtsständische
Berechtigung zur Herrschaft in der Stadt prinzipiell und rigoros
wahren und etwaige politische Ansprüche einer autogenen
«Noblesse de robe» mit überlegenem Expertenwissen von
vornherein unterbinden wollte, zumal die Doctores in ihrem
bürgerrechtlichen Status und Untertanenverhältnis im römischen
Recht steuerlich und gerichtlich privilegiert waren 205 . Die
routinemäßigen Konsultationen der Stadtjuristen durch die
deputierten Ratsherren fanden je nach Anfall schwerer Sachen
häufig drei- bis fünfmal in der Woche statt 206 . In schwierigen
Fällen hatten die Juristen schriftliche Rechtsgutachten zu erstatten,
die möglicherweise in der Ratsversammlung oder in Kommissionen
durch die Ratsdeputierten verlesen wurden, und zwar nicht selten
mehrere und kurzfristig von einem Tag auf den anderen 207 , so daß
die Juristen Tag und Nacht gewärtig sein mußten.
40 12. Dr. Scheuerl unterscheidet prinzipiell zwei unterschiedliche
Aufgabenbereiche der Stadtjuristen. «Daheim» haben sie für den Rat
als politische Instanz und als Appellationsgericht sowie für das
Stadtgericht Stellungnahmen in Rechtsfragen, förmliche Konsilien
und Urteilsvorschläge zu erarbeiten, «außerhalb der Stadt» durch
diplomatische Dienste und den Vortrag von Gravamina das
Gemeinwohl der Stadt vor Herren und Fürsten zu vertreten 208 .
Insgesamt ergaben sich dadurch ein breites Aufgabenspektrum und
eine hohe Arbeitsbelastung. Andererseits wirft die vielfältige
Beschäftigung der Ratsjuristen und die Inanspruchnahme
zusätzlicher auswärtiger Rechtsgelehrter, die beträchtliche
zusätzliche Kosten verursachte, ein deutliches Licht auf das
intellektuelle und technische Niveau des Nürnberger
Stadtregiments.
41 Die Nürnberger Ratsbeschlüsse, soweit sie für das 15. Jahrhundert in
den Ratsbüchern und in den Ratsmanualen, den sogenannten
Ratsverlässen, verzeichnet sind, geben Aufschluß über die
Zusammenarbeit zwischen Ratsdeputationen und den örtlichen
Stadtjuristen in bestimmten Rechtsfragen und bestätigen im
wesentlichen die Darstellung Dr. Scheuerls für eine frühere Zeit 209 .
Der Rat beauftragte zum einen einzelne Juristen mit der Beratung in
einzelnen Rechtsfällen, mit prokuratorischen Diensten vor allem am
geistlichen Gericht in Bamberg und mit auswärtigen Verhandlungen
über Rechtsfragen, zum anderen beauftragte er einzelne Ratsherren
oder Deputationen von zwei Ratsmitgliedern, die ohne
Namensnennung generell die «Gelehrten» oder «Doktoren» um Rat
zu fragen hatten oder in Fortsetzung um weiteren («mehreren») Rat,
der sich auch auf weitere Verfahrensschritte beziehen konnte. Im
Unterschied zu Köln, wo das Hohe Gericht die entscheidende Instanz
in der Stadt für Fälle der Zivil- und hohen Strafgerichtsbarkeit war,
ging es in Nürnberg überwiegend um Streitsachen und
«Gerichtshändel», mit denen das Gericht des Rates als
Appellationsinstanz befaßt war. In einigen Fällen wurde das
«Wiederanbringen» der Sache oder die «Wiedervorlage» beim
gesamten Rat 210 oder das «Aufschreiben», die schriftliche Fassung
des Rats der Gelehrten 211 eigens angeordnet. Die Juristen
Heimburg und Mair waren wenig ortsfest und während ihres
Dienstverhältnisses in einer Art von mehrfacher Loyalität für
verschiedene Territorialherren tätig, so daß der Rat mit ihnen
häufiger schriftlich korrespondieren 212 oder sie zum weiteren
Verbleiben in der Stadt 213 oder zur Rückkehr auffordern mußte
214 . Martin Mair trat 1449 in Nürnberger Dienst, erneuerte 1452

seinen Vertrag mit der Stadt, wurde aber gleichwohl 1454 Rat
Erzbischof Jakobs von Trier und 1455 Kanzler Erzbischof Diethers
von Mainz. Die nächste Generation fest bestallter Stadtjuristen war
wohl grundsätzlich residenzpflichtig.
42 Dr. Gregor Heimburg, der sehr lange, von 1435 bis 1439 und erneut
von 1444 bis 1461, in Diensten der Stadt Nürnberg stand und dort der
erste laikale Ratsjurist war, erhielt vom Rat 1450 einen
Bestallungsvertrag auf vier Jahre, demzufolge der Juristen die ersten
beiden Jahre das enorme Jahresgehalt von 500 Gulden Landwährung,
für die restlichen zwei Jahre 400 Gulden beziehen sollte, zuzüglich
jährlicher 20 Gulden an Subvention für Verbrauchssteuern, die er
wie die in Nürnberg wohnhaften Bürger und Einwohner zu leisten
hatte 215 . Das außergewöhnlich hohe Jahresgehalt erklärt sich
dadurch, daß der Rat den Juristen exklusiv an den Dienst für
Nürnberg band, aber während der Laufzeit des Vertrags ein
einseitiges Kündigungsrecht beanspruchen durfte. In den Jahren
1455 und 1458 beinhalteten die Dienstverträge eine Laufzeit von
jeweils drei Jahren und Jahresbesoldungen von 200 Gulden 216 . Der
Licentiat Martin Mair erhielt 1449 einen Dienstvertrag gleichfalls
mit einseitigem Kündigungsrecht des Rates auf drei Jahre mit einer
Besoldung von 2 Gulden Landwährung pro Woche und jährlich 20
Gulden an Trinkgeld («bibales»), jährlich also 124 Gulden 217 . Im
Vertrag des frisch zum Licentiaten promovierten Martin Mairs sind
die Dienstaufgaben, seine an lehnrechtliche Formulierungen
gemahnenden Treuepflichten 218 und seine lebenslängliche
Geheimhaltungspflicht 219 genauer fixiert. Der Jurist hatte dem Rat
und den Nürnbergern in deren notdurft in geistlichen und weltlichen
sachen zu dienen und erforderliche Gesandtschaften zu den vom Rat
bestimmten Orten zu übernehmen. Er wurde angehalten, täglich die
Ratskanzlei aufzusuchen, um sich dort von den laufenden
Geschäften und aktuellen Problemstellungen des Rats ein Bild zu
machen und beratend tätig zu werden 220 , ferner zu Stoßzeiten mit
Überlast in der Kanzlei selber beim «Schreiben» zu helfen, womit das
Konzipieren und selbständige Fertigen von Schriftstücken, nicht das
bloße Ingrossieren gemeint war. Nach Ablauf des ersten Vertrages
wurde Mair 1452 auf weitere zehn Jahre mit den gleichen
Dienstaufgaben und mit dem gleichen Jahresgehalt (pro salario) von
225 Gulden bestallt 221 . Doch wenn man ihn während dieser Zeit
«in den Rat nimmt», d. h. wenn er in der Ratssitzung Protokoll führt,
soll er jährlich weitere 50 Gulden und die üblichen Trinkgelder der
anderen Ratsschreiber erhalten. Bei auswärtigen Geschäften sollte er
wöchentlich 2 Gulden an Trinkgeld erhalten. Noch deutlicher tritt in
diesem Vertrag von 1452 die Doppelfunktion als Jurist und
zusätzlicher Ratsschreiber hervor. Der Wunsch, Mair langfristig zu
binden, wird dadurch noch erkennbar, daß dieser nach Erfüllung der
Vertragsdauer eine jährliche Leibrente von 25 Gulden erhalten sollte
und Mair das Nürnberger Bürgerrecht einging. Noch im selben Jahr
erhielt Martin Mair eine außerordentliche Zuwendung («Liebung»)
oder Beisteuer zur Erlangung der Doktorwürde 222 . Die langfristige
Bindung Mairs sollte jedoch nicht gelingen, denn 1456 ging die Stadt
mit ihm, als er bereits zum Kanzler des Mainzer Erzbischofs
avanciert war, einen Vertrag über drei Jahre und einem Jahresgehalt
von 50 Gulden, fällig zu den beiden Messeterminen in Frankfurt, ein
223 und erneuerte den Vertrag 1458 wiederum um drei Jahre 224 .

Im Jahre 1460 wurde noch Dr. Johann Zenner für ein Jahresgehalt
von 60 Gulden für zwei Jahre zu einem juristen dem rat vnd der stat
bestellt 225 , doch läßt sich aus der Besoldung ersehen, daß die
Grundbeschäftigung nicht sehr umfangreich sein sollte. Um eine
lebenslängliche Bindung seines Juristen wiederum, des 1464 in
Nürnberger Dienste getretenen Doktors in geistlichen Rechten
Seyfrid Plaghal, bemühte sich der Nürnberger Rat im Jahre 1470, als
der Erzbischof von Mainz dem Stadtjuristen ein Konkurrenzangebot
machte. Dr. Plaghal war im Aschaffenburger Stift bepfründet und
hatte einen Hof des Stifts in-ne, so daß er grundsätzlich auch dem
Mainzer Erzbischof verpflichtet war und von ihm zu Diensten
erfordert («gemahnt») werden konnte. Der Erzbischof unterbreitete
dem Stadtjuristen noch während dessen vertraglicher Bindung an
Nürnberg bei einem persönlichen Zusammentreffen das Angebot
gegen die Aschaffenburger «Dekanei» mit Jahreseinnahmen von
veranschlagten 300 Gulden und die Ernennung zum «Kommissar für
das gesamte Erzstift» unmittelbar in die Dienste von Erzbischof und
Stift zu treten. Nachdem der Rat davon Kenntnis erhalten hatte,
verhandelte er im Geheimen mit Plaghal und bat ihn, die
Vertragsdauer zu erfüllen. Der Rat trug dem Juristen dabei vor, daß
dieser die bedeutenden geheimen Belange von Rat und Stadt zur
Kenntnis genommen habe und der Rat ihn, was ihm unverborgen sei,
mehr als irgendeinen Stadtjuristen ins Vertrauen gezogen habe.
Ferner bat er Dr. Plaghal um die Zusage, nach Ablauf des Vertrags
auf Lebenszeit in Nürnberg zu bleiben, auch wenn ihm danach die
«tägliche Mühe und Arbeit» im Dienste von Rat und Stadt zu schwer
sein sollte, oder er krankheitshalber nicht mehr in der Lage sein
sollte, sie auf sich zu nehmen. Der Rat wollte keine verbindliche
Summe für künftige Dienste nennen und bat ihn, hinsichtlich der
Besoldung für Mühe und Arbeit seinen Glauben und sein Vertrauen
auf eine gütliche Entscheidung des derzeitigen und künftigen Rates
zu setzen. Er erlangte von Dr. Plaghal die Zusage, in Nürnberger
Diensten und auf Lebenszeit in der Stadt zu bleiben, ferner lehnte
dieser das Angebot des Erzbischofs ab und zeigte sich bereit, die mit
Verpflichtungen behaftete Pfründe in Aschaffenburg aufzugeben
226 . Die Beispiele zeigen, daß die Bestallungsverträge der

Nürnberger Stadtjuristen in deutlich unterschiedlicher Weise die


dienstrechtliche Bindung, die Laufzeit des Vertrags, die
Dienstobliegenheiten und den Geschäftsumfang nach Art und
Volumen regelten, so daß in dieser Zeit noch keine standardisierten
Anstellungen anzutreffen sind und unterschiedliche
Vertrauensstellungen eingenommen wurden.
43 Ausweislich der Ratsbeschlüsse waren im Jahre 1449 für Nürnberg
Licentiat Martin Mair und Dr. Gregor Heimburg, die sich häufiger
auswärts aufhielten, sowie der ortsansässige und in Nürnberg
bepfründete Dr. Konrad Konhofer und in einigen wenigen Fragen Dr.
Georg Rummel als Stadtjuristen tätig. Dr. Konhofer war der
vorrangige Spezialist für Fragen von Klerus und geistlichem Gericht
und den Verkehr mit der Geistlichkeit zuständig, von ihm stammt
namentlich auch der Rat, den Papst zu ersuchen, den am Krieg des
Markrafen von Brandenburg-Ansbach gegen die Stadt Nürnberg
beteiligten geistlichen Fürsten unmittelbar die Kriegführung und
den weltlichen Fürsten Frieden, d. h. Waffenstillstand für
Verhandlungen, zu gebieten 227 . Die Geschäftsjahre 1448/49 und
1449/50, wie der Rat ausdrücklich den mündlichen Austausch mit
dem Juristen wünscht 228 , einen Juristen mit einer Sache betraut
und hernach einen weiteren zu Rate zieht oder allen Doktoren
zugleich Dokumente verlesen läßt, um ihren Rat zu hören. Dabei
handelt es sich um Gerichtsladungen des römischen Königs und des
Bamberger Gerichts, Schreiben des Königs und des Markgrafen von
Brandenburg-Ansbach, Appellationen oder Geleitbriefe. Juristen
werden für die Vorbereitung von Schiedstagen und die «Fertigung»,
d. h. die Beglaubigung, Bevollmächtigung und Instruierung, von
Ratsgesandtschaften beigezogen oder übernehmen selbst, in
wenigen Fällen auch zu zweit Gesandtschaftsreisen.
44 Die Streitsachen sind, abgesehen von lehnrechtlichen Fällen, nicht
näher bezeichnet und nur nach den Parteien benannt, zuweilen
handelt es sich, bei einer Lücke in der Überlieferung der Ratsverlässe
nach 1461 nachzuweisen für 1470/71, ausdrücklich um anhängig
gewordene «Gerichtshändel» am Stadtgericht, das vom Rat gesteuert
wurde, oder es wurde eine Appellation an den Rat ausgewiesen 229 .
Dr. Gregor Heimburg wurde 1454 vom Rat zusammen mit dem
Ratsherrn Jobst Tetzel in einer Streitsache als Schiedsrichter
eingesetzt, um rechtlich oder gütlich zu entscheiden 230 . Führte in
einer Sache ein gütliches Verfahren nicht zum Ziel, so sollte in dem
«Gerichtshandel» der Rat der Gelehrten eingeholt werden 231 . Die
Erstattung von Konsilien wird selten durch Ratsbeschluß
angeordnet. Am 19. Juli 1459 wird im Rat beschlossen, den Ratschlag
Dr. Gregor Heimburgs «verzeichnen», d. h. in Buchform aufzeichnen
zu lassen, womit man den Ratsherrn Nikolaus Muffel beauftragt,
während unmittelbar darauf der Eintrag folgt, daß der Ratschlag
Meister Mertins, des Licentiaten Martin Mair, auch zu hören sei 232 .
Vielfach ist jedoch die Erstattung von Rechtsgutachten nur durch die
Existenz der Konsilien in den Ratschlagbüchern zu ermitteln,
während auswärtige Rechtsgelehrte verschiedentlich brieflich um
Gutachten gebeten wurden, so daß der Auftrag aus den Briefbüchern
ersichtlich ist. Gelegentlich soll die Ratsdeputation Schriften, d. h.
die Klageschrift oder sonstige Einlassungen, den Gelehrten zu Gehör
bringen 233 oder ihnen Privilegien verlesen, wie etwa das
Appellationsprivileg in Fällen, in denen der Appellant den
geforderten Eid nicht geleistet hat 234 . Im Einzelfall sollte in einer
Sache die Rückkunft eines Stadtjuristen abgewartet werden, ehe
man in ihr fortfuhr 235 . Die Beratung durch die Doktoren wurde
ferner beschlossen, wenn Ladungen vor das geistliche Gericht in
Bamberg 236 , Inhibitionsbriefe oder in Streitsachen gerichtliche
Ladungen, Mandate («processe») oder Kompulsorien des Kaisers
oder päpstliche Schreiben in Nürnberg eintrafen 237 . Da der Rat
bestrebt war, für die Stadt einen von allen auswärtigen
Gerichtsgewalten möglichst eximierten Gerichtsbezirk zu schaffen,
hatte Dr. Heimburg Briefe zu entwerfen, die der Kaiser an den Papst
in Sachen der westfälischen Gerichte schreiben sollte und
Appellationen von Urteilen des burggräflichen Landgerichts an den
Kaiser 238 . Da Bürger selbst von den städtischen Gerichten an
auswärtige Gerichte appellierten, nahm der Rat die Hilfe der
Stadtjuristen Dr. Konhofer und Dr. Heimburg in Anspruch, um dies
zu unterbinden oder Bürger vor den Rat zu laden, um sie gütlich zur
Abstellung ihrer Appellation zu bewegen 239 . Spezielle
Rechtsfragen, bei denen der Rat der Gelehrten gesucht wurde,
betrafen ein Wiesengrundstück 240 , Lehen 241 , das Schuldnergeleit
242 , Acht- und Bannfälle 243 , Rentengläubiger in Köln 244 , die

Westfälischen Gerichte 245 und das Landgericht zu Hirschberg 246


oder die Türkensteuer von 1471 247 . Gelehrte hatten beim Empfang
des Kardinals Heßler eine lateinische Ansprache zu halten 248 ,
Notariatsinstrumente inhaltlich vorzubereiten 249 , an
Verhandlungen mit Pröpsten, Dompröpsten und Dekanen in
Nürnberg und in Bamberg teilzunehmen oder sie zu führen 250 , an
der Gerichtsreformation und nachfolgenden umfassenderen
Stadtrechtsreformation 251 sowie an einer verbesserten Ordnung
des Bauerngerichts 252 mitzuwirken. Ein Gelehrter wurde gefragt,
ob man dem Bischof von Bamberg die Abschrift der Spitalurkunde
geben solle 253 .
45 13. Die Erstattung von Rechtsgutachten 254 erfolgte auf verschie
dene Weise. Häufig begnügte sich der Rat nicht mit dem Gutachten
eines Ratsjuristen, sondern forderte ein zusätzliches Gutachten des
Kollegen an. Dieser hatte sein Gutachten unabhängig vom
Erstgutachter zu erstellen oder explizit zu dem ersten Gutachten
Stellung zu nehmen 255 . Es kommen aber auch kollegiale Gutachten
der Ratsjuristen vor, doch legte der Rat grundsätzlich Wert auf
voneinander unabhängige Stellungnahmen, die eine Vielfalt der
möglichen Ansichten sicherten, Divergenzen zum Vorschein
brachten oder die Evidenz durch Übereinstimmung erhöhten, aber
auch den Rat als Dienstherren die Arbeit und die Ergebnisse seiner
Juristen besser kontrollieren ließen. Bei vier Gutachten
einschließlich auswärtiger Stellungnahmen liegt eine gewisse
Grenze, doch konnte sich die Zahl in Einzelfällen exorbitant
erhöhen, so im Jahre 1467 im Fall «Paumgartner», einem
schuldrechtlichen Rechtsstreit zwischen einem prominenten, in
Konkurs gegangenen Nürnberger Kaufmann und der Stadt 256 , oder
um 1530 in der hochpolitischen und gefährlichen Frage eines
Widerstandsrechts gegen den Kaiser, der zugleich Stadtherr war, in
Angelegenheiten des Glaubens 257 . Wurden Rechtsfakultäten um
Gutachten angegangen, so traten in der frühen Zeit einzelne
Rechtsgelehrte als Gutachter auf; oder das Konsilium eines
Fakultätsmitgliedes wurde von mehreren Professoren
mitunterschrieben, wobei es vorkommen konnte, daß die
Unterzeichner durch weitere Argumente das Gutachten abrundeten
oder ihm sogar regelrechte Anschlußgutachten hinzufügten. Die
autoritative Kraft und prozessuale Wirkung von Gutachten mochte
dadurch gesteigert werden, daß auch außerhalb der
Rechtsfakultäten möglichst viele Gelehrte ein Gutachten bestätigten
und mitunterzeichneten und da-mit so etwas wie die «communis
opinio doctorum» zum Ausdruck brachten 258 .
46 Die in den ältesten Teil der Konsiliensammlung der Stadt
aufgenommenen Rechtsgutachten für den Nürnberger Rat stammen
aus der zweiten Hälfte des 15. Jahrhunderts. Eine große Anzahl von
ihnen ist noch in lateinischer Sprache verfaßt, andere in Deutsch.
Nur im seltenen Einzelfall wird ein Gutachten übersetzt (teutschung),
anders als im Falle der bereits in der ersten Hälfte des 15.
Jahrhunderts von den Rechtslehrern der Universität Köln für die
mittelgroße niederrheinische Territorialstadt Wesel erstatteten
Konsilien, die in großer Anzahl mit Ausnahme des gelehrten
Apparats, aber in der Argumentation vollständig wörtlich übersetzt
wurden. Daraus könnte man auf ordentliche oder gute
Lateinkenntnisse in den Nürnberger Ratskreisen schließen. Die
Gutachten sind zumeist, auch die deutschsprachigen, mit einem
lateinischen Apparat mit Allegationen und Autoritäten versehen. Es
gibt auch den Fall, daß die den Juristen vorgelegten «Fragstücke»
(«quaestiones» oder auch «dubitationes» oder «dubia») deutsch
formuliert, die «argumenta» und «solutiones» hingegen lateinisch
ausgeführt sind.
47 Während die mündlichen Konsultationen der Nürnberger
Ratsjuristen mit den deputierten Ratsherren erst seit dem 16.
Jahrhundert zeitweise in protokollierter Form greifbar sind, treten
am deutlichsten und rechtsgeschichtlich wie juristisch am
ergiebigsten die Rechtsberatung und die Qualität der
Rechtskenntnisse im diskursiven Zusammenhang der von den
Juristen erstatteten Rechtsgutachten entgegen.
48 14. Die Überlieferung der zweiten Hälfte des 15. Jahrhunderts in der
Nürnberger Konsiliensammlung besteht, um die quantitative Seite
anzudeuten, aus mehr als 3.000 Seiten. Daneben hat ein einziger Fall
aus dem Jahre 1467, der Rechtsstreit des in Konkurs gegangenen
Kaufmanns und früheren Nürnberger Ratsherrn Anton Paumgartner
mit seiner Stadt weitere 600 Seiten an Rechtsgutachten produziert;
hinzu kommen an Gerichtakten weitere 800 Seiten und 400 Seiten
Handakten des von Nürnberg für diese Streitsache speziell
verpflichteten plädierenden «Fürsprechers» («Redner»/ «orator»),
einem renommierten Rechtsgelehrten des Würzburger Domstifts, so
daß erkennbar wird, in welche quantitative Dimensionen der
Schriftlichkeit Rechtsberatung und rechtliche
Auseinandersetzungen bereits im späten Mittelalter führen konnten
259 .

49 Als beratende Beisitzer im Stadtgericht, als Berater und Gutachter


vor allem in Streitsachen, die beim Rat als Appellationsinstanz
anhängig waren, und als Rechtsgutachter für andere Städte, waren
die Ratsjuristen durch die Rechtsstreitigkeiten, wie sie eben das
alltägliche Leben hervorrief 260 , mit verschiedenen Materien des
«bürgerlichen Rechts» befaßt, insbesondere mit Fragen von
Testament und Erbrecht, auch des lehnrechtlichen Erbrechts, des
ehelichen Güterrechts, des Rechts der Zwangsvollstreckung und des
bürgerlichen Verkehrs- und Wirtschaftsrechts mit
Gesellschaftsrecht, Kauf und Verkauf sowie Wucher. Sehr wichtig für
die Rechtsdurchsetzung waren die Rechtsauskünfte der Juristen zum
Prozeßrecht einschließlich des Schiedsverfahrens und zur
Appellation. Alles dies ist ein sehr weites Feld und betrifft in erster
Linie die Rechtsverhältnisse der Bürger und Einwohner der Stadt
untereinander, wobei es für die Kompetenz zur Behandlung der
bürgerlich-weltlichen Rechtssachen zunächst so gut wie keine Rolle
spielte, ob die Ratsjuristen lediglich Doktoren des kanonischen
Rechts, der kaiserlichen Rechte oder Doktoren beider Rechte waren,
auch wenn eine Tendenz zur Anstellung von Doktoren beider Rechte
erkennbar ist. Kanonisten waren sogar in besonderer Weise für
Fragen des Krieges zuständig 261 .
50 Generell sorgten die Juristen mit ihrem Rekurs auf das
römischkanonische Recht dafür, daß an den Gerichten angesichts
eines lückenhaften Statutarrechts, nicht statutarisch zu regelnder
Rechtsfragen und eines nicht stets zweifelsfreien oder zureichenden
Gewohnheitsrechts für die im Gericht trotz aller Bemühungen um
eine außergerichtliche Streitbeilegung letztlich unabdingbare
Streitentscheidung und Urteilsfindung auf jeden Fall positive
Rechtsnormen oder wenigstens diese surrogierende Rechtsregeln
und wissenschaftlich erarbeitete Rechtsprinzipien, die gleichfalls
eine Entscheidung ermöglichten, zur Verfügung standen. Dadurch
erwiesen sich die Ratsjuristen und auswärtigen Gutachter als
Schrittmacher der Rezeption des römisch-kanonischen Rechts im
städtischen Rechtsbereich.

VI
51 1. Recht prägnant lassen sich die konsultatorischen und
konsiliatorischen Leistung darstellen, die gelehrte Juristen für das
Stadtregiment und für die Korporation Stadt – vielfach zugleich in
ihrem Verhältnis zum Stadtherrn 262 und zur Außenwelt –
erbrachten. Es waren vor allem die Konkurrenz des geistlichen
Gerichts mit seinen avancierten rationalen Prozeßformen, die
«causae ecclesiasticae» und die zivilrechtliche Tätigkeit des
geistlichen Gerichts 263 , sodann auch Auseinandersetzungen mit
der adelig-fürstlichen Umwelt, die mit juristischer Waffengleichheit
geführt werden mußten, Stadträte veranlaßten, sich juristischen
Sachverstandes zu versichern. Ferner waren die Kompetenzen der
Räte auch weitgehend autonomer Städte wie der Reichsstädte, der
Freien Städte oder der großen Hansestädte keineswegs völlig
eindeutig festgelegt und unbestritten. Außerdem standen die
Verfügungen des Rats und seine Gesetzgebung unter Vorbehalts-
und Interventionsrechten des Stadtherrn, und von den Urteilen des
Rats und der Stadtgerichte konnte an den Stadtherrn und die
höchste Reichsgerichtsbarkeit appelliert werden. Daraus resultierte
ein stetiges Bedürfnis nach rechtlicher Klärung. Von besonderer
Bedeutung waren sowohl im Hinblick auf den Stadtherrn als auch
auf die Bürger und Einwohner die juristische Begründung eines
genuinen städtischen Besteuerungsrechts und eines
Steuerstrafrechts durch Ratsjuristen 264 oder ihre Behandlung von
Fragen des Bürgerrechts.
52 Die Nürnberger Ratsjuristen analysierten kaiserliche Mandate, die
bei Bürgermeister und Rat in Nürnberg und in anderen Städten
eingegangen waren, im Hinblick auf ihre Rechtsbeständigkeit
anhand der erforderlichen Verklausulierungen und des materiellen
Rechts, außerdem erörterten sie die Rechtswirkungen kaiserlicher
Konfirmationen zu Rechtsgeschäften. In diesem Zusammenhang
erläuterten die Juristen die Bedeutung der den kaiserlichen Willen
artikulierenden Klauseln «ex plenitudine potestatis», «ex certa scientia»,
«ex motu proprio» und «non obstante», und sie stellten die an das Recht
gebundene und präsumierte «ordinaria potestas» des Kaisers im
Unterschied zu dessen Inanspruchnahme einer «absoluta potestas»
heraus. Den Rat klärten sie auf der Grundlage der römisch-
kanonischen Reskriptlehre darüber auf, daß der in einem Mandat
oder Reskript enthaltene Befehl eines Oberen (superior) keineswegs
sofort und uneingeschränkt befolgt werden mußte, sondern
zunächst durchaus begründete Einwendungen dagegen vorgebracht
werden durften, daß damit nicht der Tatbestand des Ungehorsams
erfüllt wurde und Einwendungen zugunsten des besseren Rechts
sogar im Interesse des Oberen lagen. Mit dieser zentralen
Rechtsfeststellung zum Verhältnis von Befehl und Gehorsam
ermutigten die Juristen den Rat zur Wahrung städtischer Rechte und
Interessen im Wege der Gegenvorstellung oder der zähen
Obstruktion auch gegen den Oberen, d. h. den Stadtherrn und Kaiser
265 . In langwierigen militärischen, gerichtlichen und
schiedsgerichtlichen Auseinandersetzungen, so etwa in den
Auseinandersetzungen mit dem Markgrafen Albrecht Achilles von
Brandenburg-Ansbach um 1452/1453, entwarfen Juristen für den
Nürnberger Rat Prozeßstrategien 266 .
53 2. Auf der anderen Seite sorgten die Ratsjuristen für die
rechtstechnisch zureichende Verklausulierung städtischer
Supplikationen, die beim Kaiser impetriert werden sollten, damit
diese gegen mögliche Anfechtungen von dritter Seite
rechtsbeständig blieben. Sowohl die Nürnberger Ratsjuristen als
auch die Rechtsgelehrten der Kölner Universität versuchten die
stadtherrschaftlichen Privilegien 267 , insbesondere solche der Zoll-
und Steuerfreiheit, dadurch gegen Mißachtung durch den
stadtherrlichen Privilegiengeber zu sichern, daß sie die Rechtsnatur
der für die Städte so wichtigen Privilegien als nicht revozierbare
Schenkung («donatio»), als Vertrag («contractus», «pactum») oder als
auf die Rechtspflichten übersteigende Leistungen für den
Privilegiengeber gegründetes «ius quaesitum» interpretierten und die
Dauerwirkung des der unsterblichen, dauerhaften Korporation
verliehenen «privilegium reale» herausstellten 268 . Die Kölner
Juristen umgingen die Frage einer rechtsnotwendigen Erneuerung
der städtischen Privilegien durch den neu ins Amt gelangten
Stadtherrn, die mit dem Grundsatz des «par in parem non habet
imperium» verbunden war, indem sie auf das Institut der
Universalsukzession rekurrierten, demzufolge der neue Herrscher
als Rechtsnachfolger bei fiktiver Personenidentität vollständig in die
Rechte und Pflichten des verstorbenen Vorgängers eintrat. In der
Frage der Deposition der Reichsinsignien, der «Heiltümer», in
Nürnberg suchte der Nürnberger Rat gegen Kaiser Friedrich III., der
die Herausgabe verlangte, die rechtliche Unterstützung durch
Konsilien der Paduaner Juristen, die sich zur Rechtsnatur des
Privilegs im Sinne Nürnbergs äußerten. Die Nürnberger Ratsjuristen
ihrerseits konstruierten die beim Kaiser auszubringenden
Privilegien durch entsprechende Klauseln in der Weise, daß auch der
Nachfolger des Kaisers gebunden wurde und der Kaiser
Verfügungen, die er selbst gegen das gewährte Privileg traf, im
vorhinein für kraftlos und nichtig erklärte. Im hochpolitischen
Einzelfall erstattete ein Ratsjurist ein Rechtsgutachten, das die
Revokation eines von Kaiser Friedrich III. gewährten Privilegs, das
der Stadt Neutralität im Reichskrieg zugestand, für nicht rechtens
erachtete.
54 3. Die durch prohibitorische Interventionen des Stadtherrn und des
Kaisers aufgeworfene, für die Herrschaft des Rates und die
Autonomie der Stadt zentrale Frage, ob eine Territorialstadt (Wesel)
oder eine Reichsstadt (Nürnberg) ohne Wissen, Willen oder
Konfirmation ihres Oberen Statuten gründen darf, aber auch der
Widerstand von Bürgern gegen Statuten des Rats, führten zu
grundlegenden Erörterung der städtischen Gesetzgebungsbefugnis
durch Rechtsgelehrte der Kölner Universität, Nürnberger
Ratsjuristen und einen für den Nürnberger Rat gutachtenden
auswärtigen Juristen 269 . Dabei wurden die im 14. Jahrhundert
namentlich von Bartolus und Baldus entwickelten Konzepte oder
Theorien der «potestas condendi statuta», die Konzeptionen der
«iurisdictio» und der «permissio» vorgetragen, die Unterscheidungen
zwischen «statutum» und rechtsgeschäftlicher, vertraglicher
«conventio», zwischen «decisio» und «administratio» dargelegt und
auch für subordinierte Territorialstädte ohne «merum et mixtum
imperium» und für weitere subordinierte universitates zumindest ein
Recht auf den Abschluß von «conventiones» in Angelegenheiten der
eigenen «res publica» begründet, vorausgesetzt, die «conventiones»
beeinträchtigten nicht Rechte des Oberen. Gestützt auf Baldus, der
den «populus» und sein inhärentes «regimen» zum Bestandteil des ius
gentium macht, wurde diese Befugnis von den Kölner
Rechtsgelehrten sogar letztlich unanfechtbar im «ius gentium» und
«ius naturale» verankert. Damit wurde auch für kleinere
Körperschaften innerhalb eines größeren Verbandes das Recht
konstatiert, unmittelbare gemeinsame Lebensinteressen der
Korporation selbstbestimmt durch Regelungen zu ordnen.
55 Die Reichsstadt Nürnberg konnte sich ohnehin auf den Rechtsbesitz
und den ungestörten Gebrauch des «merum et mixtum imperium» seit
Menschengedenken und darüber hinaus auf königlichkaiserliche
Privilegierung («Freiheit») zur Gesetzgebung berufen. In Gutachten,
die sie zu einzelnen privatrechtlichen Streitfällen erstatteten,
äußerten sich Nürnberger Ratsjuristen verschiedentlich zur Frage,
ob der Rat befugt war, in derartigen Materien Statuten zu geben und
ob das Statutarrecht zur rechtlichen Entscheidung heranzuziehen
war. Und selbstverständlich erörterten die Juristen die Frage der
Rechtsgeltung der lokalen Statuten und des örtlichen
Gewohnheitsrechts im Hinblick auf die «lex universalis» des ius
commune oder bei materiellrechtlichen Erörterungen die Hierarchie
von ius divinum et naturale, ius gentium und menschlichem ius
positivum. Auf diese Weise wurden die Ratsherren anläßlich der
verfassungsrechtlichen Grundfragen städtischer Autonomie zugleich
in große strukturelle Themen der Rechtswissenschaft eingeführt.
56 Wenn der Rat gestützt auf seine Willensmacht rechtsgeschäftlich auf
dem Wege der Satzung und der conventio oder des obrigkeitlichen
Rechtgebots eine Norm vereinbarte oder einseitig autoritativ
festsetzte, war es keineswegs sicher, ob seine Rechtsetzung im
Hinblick auf seine Kompetenz in der Sache formell und materiell
gegenüber dem lokalen Gewohnheitsrecht, der Rechtsfindung im
Stadtgericht, gegenüber der Rechtsetzung des rechtlich
übergeordneten, zweifellos das «merum et mixtum imperium»
innehabenden Stadtherrn, gegenüber einer stadtherrlichen
Intervention oder gegenüber den Rechtsvorschriften und Prinzipien
des römischen und kanonischen Rechts standhielt. Weiterhin war es
eine Frage, ob der Rat, der mit Teilen der Bürgerschaft eine
«conventio» eingegangen war, sich als Obrigkeit aus übergeordneten
Interessen der necessitas und des Gemeinwohls über diese conventio
im konkreten Fall auch hinwegsetzen durfte. Als der Lüneburger Rat
sich um die Mitte des 15. Jahrhunderts von einer eidlichen
Vereinbarung («ordinatio et conventio») befreien wollte, die er 1388
namens aller auf der alten Saline begüterten Bürger mit den
«Sülzprälaten», den geistlichen Sülzbegüterten, eingegangen war
und die bestimmte, daß der Rat die Einkünfte aus der Saline zu
keiner Zeit mit einer Beisteuer belasten wollte, ließ er dazu auf der
Grundlage einer überstellten narrativen Sachverhaltsdarstellung
und einer Abschrift des Vertragstextes vom Prior des
«Sacratissimum collegium paduan collegii dominorum doctorum
utriusque iuris» ein Rechtsgutachten erstatten 270 .
57 4. Da die Stadt ihre Herrschaft und Autonomie – sowohl gegenüber
der Umwelt als auch gegenüber dem übergeordneten Stadtherrn –
rechtspolitisch dadurch gewährleisten wollte, daß sie durch den
Erwerb entsprechender Privilegien, Satzungen oder durch
Festlegungen im Bürgereid versuchte, alle Rechtsstreitigkeiten, an
denen Bürger beteiligt waren, auch gegen
Gerichtsstandbestimmungen des römisch-kanonischen Rechts
grundsätzlich an städtischen Gerichten anhängig zu machen 271 ,
war es angesichts der Existenz eines Stadtherrn eine überaus
wichtige Frage, wer in Streitigkeiten zwischen der Stadt selbst und
Bürgern oder Einwohnern und Ansprüchen gegen die Stadt
zuständiger Richter («iudex competens») sein sollte. Unter anderem
diese Frage wirft ein 1456/57 geführter Streit zwischen einem
Bürger und der niederrheinisch-klevischen Landstadt Wesel um den
besitzrechtlichen Anspruch auf ein Amt der städtischen
Wirtschaftspolizei auf, das sogenannte Schrot- oder Rodeamt, dem
die Befugnis eignete, gegen festgesetzte Gebühren den Inhalt großer
Weinfässer auf kleinere zu verteilen. Hinzu kommt die gleichfalls zu
würdigende verfassungsrechtliche Besonderheit, die den Fall
komplizierte, daß der Rat in Wesel – wie auch in anderen klevischen
Städten – aus dem älteren Schöffenkollegium des stadtherrlichen
Stadtgerichts gemeinsam mit dem jüngeren Kollegium der
«consules», jeweils in gleicher Zahl von zwölf Angehörigen, gebildet
wurde und bei den Ratsmitgliedern sowohl gemeinsame als auch,
wie bei den Schöffen, zusätzliche besondere eidliche Bindungen
vorlagen. Alle waren als Ratsherren dem Nutzen der Stadt
verpflichtet, während das Schöffenamt die weitere Verpflichtung
gegenüber dem Landes- und Gerichtsherrn auferlegte, das Amt gut
zu versehen und nach bestem Wissen und Gewissen Urteil zu
sprechen. Juristen der Kölner Rechtsfakultät, die vom Weseler Rat
um ein Rechtsgutachten ersucht wurden, hatten es, da die
Streitsache zuvor gemäß dem Recht der Stadt extrajudicialiter vom
Stadtrat erörtert worden war, zunächst mit der Frage zu tun, ob
nicht eine gerichtliche Entscheidung einer Klage des Bürgers gegen
die Stadt vor dem Stadtgericht ausgeschlossen war, weil die Schöffen
des Gerichts sich bereits in ihrer Eigenschaft als Ratsherren mit der
Sache befaßt hatten 272 .
58 Die Kölner Rechtsgelehrten, der Verfasser des Gutachtens Dr. legum
Johann von Erpell und seine vier mitunterzeichnenden Kollegen,
ließen sich auf die Prämisse der auftraggebenden Stadt und ihre
satzungsrechtliche Regelung ein, wonach Ansprüche gegen die Stadt
zunächst beim Rat verfolgt werden mußten, im Falle des Scheiterns
einer Einigung nach Maßgabe Weseler Rechts Klage beim
Stadtgericht vorgebracht werden konnte und kein anderes Gericht
vorhanden sei, und sahen stillschweigend von der Möglichkeit eines
rechtlichen Austrags vor dem Stadtherrn ab 273 . Sie fixierten die
Streitsache, da es sich um ein städtisches oder von der Stadt
herrührendes Amt handle, als zivilrechtliche Auseinandersetzung
super jure reipublicae et communitatis; deshalb könne den Schöffen
keinerlei Nutzen ut singuli zuwachsen, freilich kann der städtischen
«communitas» ut universitati etwas anwachsen. Infolgedessen könnten
die Schöffen, die aus alter Gewohnheit in zivil- und strafrechtlichen
Sachen invicem principis judizieren, in der vorliegenden Sache ut
competentes cognoscere et diffinire 274 . Zu klären war ferner mit
Bezug auf C. 3, 5 (neminem sibi esse iudicem vel ius sibi dicere debere) die
prozessuale Frage, ob das städtische Schöffengericht in dem
Streitfall, der einen Anpruch gegen die Stadt betraf,
unzulässigerweise als Richter in eigener Sache zu betrachten sei.
Dies wird auf der Grundlage der Separierung der Einzelperson von
der Korporation und ihrer res publica verneint; da die Sache ein jus
reipublicae betreffe, werde sie nicht für eine causa sua, causa propria
oder causa singulorum erachtet 275 . Kanonisches Recht und die
Kommentare der Kanonisten Hostiensis, Innocenz III., Johannes
Andreae, Baldus de Ubaldis, Antonius de Butrio und Nicolaus de
Tudeschis (Panormitanus) werden von dem Verfasser des
Gutachtens, einem Dr. legum, in breitem Umfang und unter
Bezugnahme auf weltliche Korporationen für die Auffassung
bemüht, daß der Prälat sowohl Zeuge als auch zuständiger Richter
sein darf in Sachen, die seine Kirche und nicht seine mensa oder
bursa, genereller formuliert privata jura personae betreffen 276 ,
während von den wenigen zitierten legistischen Autoritäten Cinus
de Pistorio und Bartolus hinsichtlich der Strafgerichtsbarkeit und
von Delikten gegen die res publica und ein Amt gleiches darlegen
und darüber hinaus D. 28, 4, 3 entnommen wird, daß der Kaiser –
oder sein Sachwalter – zuständiger Richter in causa fiscali ist 277 .
Gleiches gilt für die Schöffen, da es sich nicht um einen
Rechtsanspruch handelt, der ihr Geldvermögen, sondern die
gesamte Gemeinschaft betrifft und sie – extrajudicialiter – in der
Sache als gesamter Rat handeln 278 .
59 Die Besonderheit der Weseler Stadtverfassung, daß die Schöffen dem
Gericht und zugleich dem Rat angehören, und des Verfahrensrechts,
das extrajudicialiter die Behandlung eines Anspruchs gegen die Stadt
vor dem Rat und dann vor dem Schöffengericht vorsieht, wird in der
Weise beurteilt, daß die Schöffen wegen der Teilnahme am
Extrajudicialverfahren nicht als befangen (suspecti) oder parteiisch
(partiales) zu erachten sind, weil sie von Gewohnheit her beide Ämter
innehaben und angenommen wird, daß sie dies mit Zustimmung des
Stadtherrn (princeps) und des Volkes (populus) tun 279 , und weil sie
hinsichtlich eines jeden Amtes schwören, es dem Recht gemäß
auszuüben 280 . Es ist hier der noch seltene Fall zu beobachten, wie
der spätmittelalterliche Jurist ein in spezieller Weise ausgeformtes
städtisches Verfassungsrecht nach Rechtsvorschriften und
Prinzipien des römisch-kanonischen Rechts interpretiert. Als
Problem liegt die Ämterkumulation und, wichtiger noch, der vor der
Durchführung des modernen Prinzips der Gewaltenteilung häufig
anzutreffende Sachverhalt zugrunde, daß zwar zwei unterschiedlich
zu bewertende Ämter mit gesonderten Handlungsbereichen und
Verfahrensweisen auf zwei grundsätzlich separierte Institutionen
verteilt sind 281 , zugleich aber in der Besetzung der beiden Ämter
und Institutionen wenigstens partiell eine Identität der Personen
besteht 282 .
60 Die verfassungsgeschichtliche Problematik einer Zusammensetzung
des Rates aus Schöffen des stadtherrlichen, in die
Verfassungsordnung der Stadt integrierten Gerichts und einfachen
Ratsherren zeigt in noch anderer Weise das Beispiel der Stadt Köln,
wo die patrizischen, als Kollegium sich selbst ergänzenden Schöffen
des Hohen Gerichts während des 14. Jahrhunderts im Unterschied
zur Quotierung in Wesel einen nicht festgelegten, aber hohen Anteil
der Ratsherren im Engeren Rat stellten. Die auch dem Erzbischof
verpflichteten Schöffen besaßen gemäß den Eidbüchern von 1372
und 1383 sogar das Privileg, ihren Amtseid als Ratsherren nur
vorbehaltlich ihrer Rechte, und damit auch ihrer durch den Amtseid
begründeten Pflichten, als Richter und Schöffen leisten zu müssen
283 . Zeitweise wurde angesichts der kontinuierlichen und

gelegentlich verschärften Spannungen zwischen Rat und Schöffen


der Anteil der Schöffen an den Ratsherren zahlenmäßig
zurückgedrängt, und im Jahre 1395 statuierte der Rat, daß das Amt
des Schöffen mit dem eines Ratsherrn völlig unvereinbar sei 284 . Im
selben Jahr indessen wurde in einem Versöhnungsvertrag die
Wiederaufnahme von Schöffen in den Rat vereinbart, doch entfiel
endgültig der Vorbehalt gegenüber dem Ratseid 285 . Eine
Pflichtenkollision war keineswegs nur abstrakt, denn es konnte
durchaus in der Gerichtsbarkeit zu einer die Eide und Amtspflichten
berührenden Konkurrenz in der Zuständigkeit zwischen der
Gerichtsbarkeit des Rats und derjenigen der Schöffen des
Stadtgerichts, zu statutarischen und reformatorischen Eingriffen des
Rates in Gerichtsverfassung und Verfahrensrecht des Stadtgerichts
sowie hinsichtlich des anzuwendenden Rechts zu einem Gegensatz
zwischen der auf Gewohnheitsrecht fußenden, durch einen Amtseid
gebundenen Rechtsfindung am Schöffengericht und dem
Statutarrecht des Rates kommen 286 .
61 Hinsichtlich der Weseler Verfassungsverhältnisse erscheint das
Problem juristisch zunächst dadurch gelöst, daß von ein und
derselben Person eben zwei unterschiedliche Amtseide geleistet
werden können. Im übrigen hilft hier vor allem das römisch-
kanonische Vormundschaftsrecht weiter, das bereits die berühmte
Formel «quod omnes tangit» bereitgestellt hat, ferner das
Testamentsrecht und das Recht des Prokurators. Aus zwei Ämtern
treffen in einer Person zwei Rechte im Sinne von Rechtsbefugnissen
zusammen. Wenn jemand stellvertretend für mehrere Personen die
Geschäfte wahrnimmt, besitzt er mehrere Stimmen (voces), wie auch
eine einzige Person, in der zwei Eigenschaften (qualitates)
zusammenkommen, mehrere Stimmen hat 287 . Deshalb haben die
Schöffen zwei Stimmen, die aus zwei Ämtern resultieren 288 .
62 5. Die innere Verwandtschaft von kanonischem und römischem
Recht, die enge Verflechtung von legistischem und kanonistischem
Studium 289 sowie von geistlichen und weltlichen Institutionen in
rechtswissenschaftlicher Betrachtungsweise zeigt sich in der
rechtspraktisch orientierten Konkretion der Konsilien sowohl in der
Frage der Gesetzgebung, wo bei gleichgerichteter Intention, der
Begründung einer Befugnis zum Abschluß von «conventiones»,
universal mit dem Recht verschiedenster «universitates», der
Korporation Stadt gegenüber dem Stadtherrn, der
Handelskorporation im Hinblick auf die Ratsobrigkeit und der
geistlichen Korporation des Domkapitels gegenüber dem
übergeordneten Bischof argumentiert wird 290 , als auch in der
Frage, ob die Schöffen der Stadt Wesel in einer Sache, die einen
Anspruch eines Dritten gegenüber der städtischen «communitas»
betrifft, Richter sein könne, wo Analoges für den Prälaten
hinsichtlich der Kirche, den Kaiser hinsichtlich des Fiskus und
schließlich die Weseler Schöffen hinsichtlich der «res publica» und
«communitas» sowie anderer Körperschaften (universitates) gilt, nicht
zuletzt weil es sich auch um eine Frage der «ratio naturalis» handelt
291 .

VII
63 1. Die Bezugnahme auf römisches und kanonisches Recht durch
mehr oder weniger gelehrte Stadtschreiber und professionelle
Rechtsgelehrte erfolgte mit unterschiedlicher Intention und war von
unterschiedlicher Qualität. Handelte es sich bei frühen und
vereinzelten Zitaten vielfach eher um eine dekorative
Zurschaustellung von Bildungsgut ohne wirkliche Rezeption
fremden Rechts 292 , so konnte bei den Gutachten und
Urteilsvorschlägen gelehrter Juristen mit ihren diskursiven
Zusammenhängen die Absicht verfolgt werden, die Gleichartigkeit
von Landrecht, lokalen Gewohnheiten und Statuten mit dem
römischen und kanonischen Recht zu erweisen, so daß die
Allegationen aus den gelehrten Rechten «nur als ein Hilfsmittel»
erscheinen, «um das, was die einheimischen [Rechtsquellen] sagen
oder was diesen wenigstens nicht widerspricht, in möglichst
eindringlicher Weise festzustellen» 293 . Oder es traten deutliche
Widersprüche zwischen dem Orts- und Landrecht und den gelehrten
Rechten zutage, die dann Reflexionen über die Anwendbarkeit der
gelehrten Rechte hervorriefen 294 , der gerichtlichen oder
schiedsgerichtlichen Rechtsprechung durch den Rat eine
rechtspolitische Entscheidung abverlangten, aber auch
Unsicherheiten in die Rechtsverhältnisse hineintrugen und
Inkonsequenzen in der Rechtsprechung verursachten 295 .
Hinsichtlich des Gebrauchs der Allegationen römisch-kanonischen
Rechts sind aufgesetzte Assoziationen und ungefährer Gleichklang
von tieferem Verständnis für die Rechtsbegriffe, Rechtsfiguren und
die wissenschaftliche Argumentation zu unterscheiden.
64 2. Bei seiner Prüfung des Eindringens romanistischer
Rechtsgedanken und Prozeßformen anhand der Frankfurter
Gerichtsprotokolle des Schöffengerichts seit 1475 unterscheidet
Helmut Coing gewissermaßen idealtypisch eine «Teilrezeption» des
römischen Rechts, mit der schon früher «einzelne römische oder
romanistische Institute den Weg nach Deutschland gefunden»
hätten und, ohne die – gedankliche – Einheitlichkeit des deutschen
Rechts zu stören, lediglich «in die deutsche Entwicklung
einbezogen» worden seien, und eine «Totalrezeption», die eine
«grundsätzliche Änderung der rechtlichen Betrachtung» mit sich
gebracht und «zum Aufgeben der eigenen Rechtsüberlieferung»
geführt habe, weil sie «nicht nur einzelne Institute, sondern ein
vollkommen fremdes Rechtssystem» eingeführt habe 296 . Auf der
empirischen Ebene kann er für das Frankfurter Schöffengericht
ermitteln, daß erst seit 1482, zunächst vereinzelt, dann allmählich
häufiger und umfassender römisches Gedankengut zutagetritt, bis
sich um die Wende des 15. Jahrhunderts eine Gesamtrezeption
abzuzeichnen beginnt. Dafür entscheidend ist, daß in den Prozessen
«nicht nur ein einzelner römischer Rechtssatz angeführt», sondern
«aus der Gesamtheit des römischen Rechts heraus argumentiert»
wird 297 . Die Rezeption der gemeinen Rechte am Stadtgericht
erfolgte dadurch, daß bereits Juristen als Parteienvertreter – in
einem Erbschaftsstreit von 1492/93 boten beide Parteien bereits je
zwei persönlich plädierende graduierte Juristen auf 298 – in ihrem
mündlichen Vortrag und vor allem später in den Schriftsätzen 299
die gemeinen Rechte allegierten und vor allem die Schöffen als
Rechtshonoratioren vor der Urteilsfindung mit den Stadtadvokaten
berieten oder auf Kosten der Parteien bei den örtlichen
Stadtadvokaten oder bei auswärtigen Juristen, so etwa in Mainz, die
Belehrung über gemeines Recht und förmliche Rechtsgutachten
einholten 300 .
65 Insgesamt betrachtet, wandelten sich die Prozesse vor dem
Stadtgericht von Prozessen, die von Rechtslaien – eventuell mit
juristischer Beratung – geführt wurden, hin zu ausgesprochenen
Juristenprozessen. Dazwischen lag eine Phase der
Rechtsunsicherheit, in der die Schöffen, die der gelehrten Rechte
unkundig waren, auf die gemeinrechtlichen Ausführungen dadurch
reagierten, daß sie die Parteien zu einem gütlichen Ausgleich
drängten und auf einfache Billigkeitsentscheidungen auszuweichen
versuchten. Durch das Eindringen des römisch-kanonischen Rechts
tritt in Frankfurt und an anderen Orten 301 die für die beginnende
Rezeption charakteristische Situtation ein: «Das Recht wird
unsicher; das Gericht rechtsunkundig. Daher nimmt man seine
Zuflucht zur Billigkeitsentscheidung, die an positives Recht nicht
gebunden ist» 302 . Dieser Zustand konnte indessen nicht von Dauer
sein. Waren die Parteien nicht bereit, auf eine Entscheidung nach
Recht zu verzichten, so waren die der gelehrten Rechte unkundigen
Schöffen gezwungen, Rechtsbelehrungen von Juristen einzuholen,
bis die Juristen als regelmäßige Berater sowohl der Parteien als auch
des Gerichts in das Verfahren einzudringen begannen, während
dann die Einführung des grundsätzlich schriftlich geführten
römisch-kanonischen Rechts zum Schrittmacher einer
Gesamtrezeption wurde 303 . Aus der Gerichtspraxis der
vergangenen Jahre und der Rechtsunsicherheit durch die
prozessuale Rezeption des römisch-kanonischen Rechts resultierte
in Frankfurt das Bedürfnis nach einem Stadtrecht, das dem
gemeinen Recht gemäß sei und erwuchs nach einem Ratsbeschluß
von 1498 und der Einsetzung einer Ratskommission im Jahre 1499
die Stadtrechtsreformation von 1509. Wie bei der älteren
Nürnberger Reformation von 1479 waren die Gerichtsordnung und
der nunmehr schriftliche Prozeß sowie seine Abgrenzung vom
mündlichen der Ausgangspunkt, in Frankfurt zugleich das Kernstück
der Stadtrechtsreformation 304 , während im Privatrecht
vornehmlich mit Bestimmungen zum Familiengüter-, Erb- und
Schuldrecht «im wesentlichen nur Fragen geregelt» wurden, «bei
denen der Widerspruch zwischen heimischem und gemeinem Recht
immer wieder Streitigkeiten verursacht» hatten 305 .
66 3. Die gelehrten Juristen waren, wenn sie um Rat oder Gutachten
gebeten wurden, geneigt, grundsätzlich oder ausschließlich die
Rechtsvorschriften und Rechtsprinzipien des römisch-kanonischen
Rechts einer Beurteilung der Rechtsverhältnisse und Streitsachen
zugrundezulegen, oder der Rat wünschte in seinem
Gutachtenauftrag eine derartige Beurteilung grundsätzlich zur
Prüfung der Rechtsbeständigkeit von örtlichen Normen und zur
Absicherung seiner Handlungsweise nach außen. Die
Stadtrechtsreformationen seit dem letzten Drittel des 15.
Jahrhunderts zeigen die Bandbreite zwischen lehrbuchhafter
Rezeption römisch-kanonischen Rechts wie in Worms 1499 und einer
maßvollen, den örtlichen Verhältnissen Rechnung tragenden
Rezeption in Nürnberg 1479, wo allerdings 1544, zwanzig Jahre nach
der zweiten Reformation von 1522, eine erheblich stärkere
Angleichung der verbliebenen örtlichen Rechtsgewohnheiten an das
römisch-kanonische Recht intendiert wurde 306 .

VIII
67 1. Weitere, für die städtische Selbstbehauptung und die
Außenbeziehungen von Stadt und Bewohnern wesentliche Fragen,
zu denen sich Juristen für Städte äußerten, seien nur noch
ausschnittsweise angedeutet 307 . Sie betreffen das Friedensrecht
und Kriegsrecht, die Tötung und Gefangennahme im Krieg,
Kriegsbeute, ferner das Bündnisrecht der Städte 308 , den «salvus
conductus» 309 oder die durch das Königsrecht, die Regalien,
begründete Verkehrsfreiheit auf den Reichsstraßen 310 ,
Repressalien und Güterarreste («Bekümmerung»). Seit dem frühen
16. Jahrhundert kamen als städtischer Beitrag zur Diskussion von
Grundfragen der Reichsverfassung vor allem die gutachtliche
Erörterung der Frage eines Widerstandsrechts gegen den Kaiser 311
hinzu und die zentral vom Städtetag gelenkte große Aktion zur
Begründung des Rechts der Freien Städte und Reichsstädte auf Sitz
und Stimme im Reichstag durch umfangreiche Aktenerhebungen
und durch Rechtsgutachten, die im Auftrag des Städtetages von
Juristen der Städte Straßburg, Frankfurt, Nürnberg, Ulm und
Augsburg erstattet wurden 312 .
68 2. Das Bedürfnis der Städte nach juristischer Beratung war fast
typologisch unterschiedlich ausgeprägt und begründet durch die
jeweiligen inneren Verfassungsverhältnisse und die erreichte
Autonomie sowie die Beziehungen zu innerstädtischen kirchlichen
Institutionen und Korporationen und durch den Wirkungskreis
geistlicher Gerichte, ferner durch die territoriale Situierung, die
äußeren Rechtsbeziehungen zu Untertanen des städtischen
Territoriums, zum benachbarten und dominanten oder weit
entfernten Stadtherrn, zu adeligen Herren und fürstlichen Mächten
und zu König und Reich und die sich daraus ergebenden politischen
und jurisdiktionellen Aufgaben, Rechtsprobleme und Streitfälle.
Darin unterscheiden sich nach charakteristischen Schwerpunkten
etwa die klevische Landstadt Wesel mit ihren Streitigkeiten mit dem
Stadt- und Landesherrn wegen der Geltung der Zoll- und
Steuerprivilegien – das von König, Papst und Erzbischof privilegierte
Köln als Freie Stadt und seit 1475 als Reichsstadt mit seinen
Konflikten mit der Geistlichkeit, mit den Eingriffen des geistlichen
Gerichts des ehemaligen bischöflichen Stadtherrn und dem
selbständigen Gebaren des vom Erzbischof herrührenden
städtischen Schöffengerichts – die auf ihre eigene Jurisdiktion im
Schöffengericht konzentrierte Reichsstadt Frankfurt am Main, die
aber durch Prozesse vor dem geistlichen Gericht wie auch
andernorts veranlaßt wurde, Juristen in ihren Dienst zu nehmen
313 – die Reichsstadt Nürnberg mit ihrer ratsherrlichen
Appellationsgerichtsbarkeit, mit ihrer Gegnerschaft zum
umliegenden Markgrafen von Brandenburg, ihren Patriziern mit
Lehen von Fürsten und vom Reich und ihrer rechtlichen und
politischen Nähe zu König und Reich- und die eidgenössische
Reichsstadt Bern mit ihrer Herrenstellung im Territorium ohne
größere Herausforderung durch Adel und Kirche.
69 3. Als Fazit kann festgehalten werden, daß die für Städte seit dem
ausgehenden 13. Jahrhundert tätigen gelehrten Juristen kirchlicher
Korporationen, universitärer Rechtsfakultäten oder kommunaler
Dienstämter den vielfältigsten, streitig gewordenen
Lebensinteressen der Bürger und der Korporation Stadt sowie den
Befugnissen des Stadtregiments, nicht zuletzt in Abwehr
stadtherrlicher und fremder Ansprüche, ein durch das römisch-
kanonische Recht begründetes, rationales oder bestehende
Verhältnisse rationalisierendes Fundament gegeben haben 314 . Die
Juristen leisteten Dienste für die Stadt zunächst und vor allem
gegenüber der Kirche und ihren geistlichen Korporationen und
Gerichten, sie waren für die allgemeine juristischer Beratung des
Rats in rechtlichen und gerichtlichen Angelegenheiten zuständig,
übernahmen auswärtige prokuratorische und diplomatische
Aufgaben für die Stadt und erhielten schließlich seit dem späteren
15. Jahrhundert die Aufgabe, das mit Rechtshonoratioren besetzte
Stadtgericht juristisch zu beraten und Urteilsvorschläge
auszuarbeiten. Von unterschiedlichen Zeitpunkten an und in
unterschiedlichem Maße beförderten sie eine Umgestaltung der
Rechtsordnung durch die Gerichtspraxis auf dem Wege von
mündlichen Plädoyers, Schriftsätzen und Rechtsgutachten im Sinne
des römisch-kanonischen Rechts und wurden so zu Trägern der
Rezeption 315 . Sie erstatteten zivil-, lehn- und strafrechtliche
Gutachten für Stadtgericht und Rat sowie für andere Städte, ferner
zu rechtlichen Aspekten der äußeren Politik des Rates, und sie
unterstützten mit ihren juristischen Mitteln die Verfassungspolitik
des Rates zugunsten der herrschaftlich-obrigkeitlichen
Kompetenzsicherung oder Kompetenzerweiterung des
Stadtregimentes gegenüber dem Stadtherrn im Sinne städtischer
Autonomie wie auch gegenüber den Bürgern. Zu den
herausragenden Leistungen gehört, daß Kölner und Mainzer Juristen
um 1450 und 1470 in Deutschland erstmals juristisch ein
kommunales Selbstverwaltungsrecht begründeten 316 . Die
Ratsjuristen waren Berater, nicht unmittelbar Entscheidungsträger,
besaßen aber auf Grund ihrer umfassenden, vom römisch-
kanonischen Recht geprägten autoritativen Rechtsvorstellungen und
Rechtsideen, auf Grund ihrer diskursiven Argumentation und ihres
virtuosen logischen Argumentationsstils die Chance, gegenüber den
Rechtshonoratioren oder juristischen Laien in Gericht und Rat ihre
Rechtsauffassungen zur Geltung zu bringen.
NOTES
1. J. Fried, Die Entstehung des Juristenstandes im 12. Jahrhundert. Zur sozialen Stellung und
politischen Bedeutung gelehrter Juristen in Bologna und Modena, Köln-Wien, 1974 (Forschungen
zur neueren Privatrechtsgeschichte, 21); H. G. Walther, Die Anfänge des Rechtsstudiums und die
kommunale Welt Italiens im Hochmittelalter, in J. Fried (Hg.), Schulen und Studium im sozialen
Wandel des hohen und späten Mittelalters, Sigmaringen, 1986 (Vorträge und Forschungen, 30), p.
121-162.
2.Urkundenbuch der Stadt Lübeck, 2. Teil, Lübeck, 1858, nr. 25, p. 19 s. F. Keutgen, Urkunden
zur städtischen Verfassungsgeschichte [Berlin, 1901 (Ausgewählte Urkunden zur Deutschen
Verfassungsgeschichte, I)], ND Aalen, 1965, nr. 197, p. 257. W. Ebel, Lübisches Recht, 1, Lübeck,
1971, p. 252.
3. K. Wriedt, Das gelehrte Personal in der Verwaltung und Diplomatie der Hansestädte, in Hansische
Geschichtsblätter, 96, 1978, p. 15-37; Id., Stadtrat-Bürgertum-Universität am Beispiel
norddeutscher Hansestädte, in B. Moeller, H. Patze und K. Stackmann (Hg.), Studien zum
städtischen Bildungswesen des späten Mittelalters und der frühen Neuzeit (Abhandlungen der
Akademie der Wissenschaften in Göttingen, Phil.-hist. Klasse, dritte Folge, 137), Göttingen, 1983,
p. 499-523; Id., Bürgertum und Studium in Norddeutschland während des Spätmittelalters, in Fried
(Hg.), Schulen und Studium (nt. 1), p. 501, 507; Id., Gelehrte in Gesellschaft, Kirche und Verwaltung
norddeutscher Städte, in R. Ch. Schwinges (Hg.), Gelehrte im Reich. Zur Sozial- und
Wirkungsgeschichte akademischer Eliten des 14. bis 16. Jahrhunderts, Berlin, 1996 (Zeitschrift für
Historische Forschung, Beiheft 18), p. 438-452, 440. Urkundenbuch der Stadt Lübeck, 1. Teil,
Lübeck, 1849 (= Codex diplomaticus Lubecensis Abteilung 1), nr. 34; Bd. 2, 1858, nr. 25. Die
wendischen Hansestädte hatten 1265 beraten de uno legista. Hanserecesse, I. Die Recesse und
andere Akten der Hansetage von 1256-1430, 1, Leipzig, 1870, nr. 9, § 12.
4.Codex diplomaticus Warmiensis, 1. Urkunden der Jahre 1231-1340, Mainz, 1860 (Monumenta
historiae Warmiensis oder Quellensammlung zur Geschichte Emslands, 1, 1), nr. 118.
5. Ebel, Lübisches Recht (nt. 2), p. 250 s. «Spätestens seit den 1320er Jahren hat die Stadt
Lübeck dann das Amt des Syndikus ständig besetzt, und seit der Mitte des 15. Jahrhunderts
wird hier der Doktorgrad als Voraussetzung üblich». Wriedt, Bürgertum und Studium (nt. 3),
p. 507. Cf. die Anstellung des magister Heinricus de Fulda, utriusque iuris professor, in Speyer
1322. Keutgen, Urkunden zur städtischen Verfassungsgeschichte (nt. 2), nr. 198, p. 257 s.
6. Ebel, Lübisches Recht (nt. 2), p. 252, 294.
7.Urkundenbuch der Stadt Lübeck, 1. Teil (nt. 3), nr. 260. Ebel, Lübisches Recht (nt. 2), p. 292. Cf.
D. 1, 4, 1.
8.Ciuitas Lubicensis, que est imperialis et nulli alteri nisi imperatori siue imperio subiecta, et regitur
vice et nomine imperatoris siue imperii per certos perpetuos consules, ciues dicte ciuitatis, qui in
eadem ciuitate tenent et habent super gentes inhabitantes eandem merum et mixtum imperium, siue
supremum judicium atque bassum, et president ut collegium ciuibus et communitati ciuitatis
eiusdem. Urkundenbuch der Stadt Lübeck, 3. Teil, Lübeck, 1871, nr. 595, p. 633. Cf.
Urkundenbuch... (nt. 2), 2. Teil, 2. Hälfte, nr. 848 (1346): consules, ad quos liberum exercicium
causarum meri et mixti imperii in ipsa civitate [...] pertinere dinoscitur auctoritate imperiali. Ebel,
Lübisches Recht (nt. 2), p. 292 s.
9. Wriedt, Bürgertum und Studium (nt. 3), p. 494; E. Isenmann, Zur Rezeption des römisch-
kanonischen Rechts im spätmittelalterlichen Deutschland im Spiegel von Rechtsgutachten, in J. A.
Aertsen, M. Pickavé (Hg.), «Herbst des Mittelalters?». Fragen zur Bewertung des 14. und 15.
Jahrhunderts, Berlin-New York, 2004 (Miscellanea Mediaevalia, 31), p. 216 f.
10. H. Reincke, Das hamburgische Ordeelbook von 1270 und sein Verfasser, in Zeitschrift der
Savigny-Stiftung für Rechtsgeschichte, Germanistische Abteilung, 72, 1955, p. 83-110.
11. Cf. den etwas anders gelagerten Kölner Sonderfall, unten, p. 260.
12. J. M. Lappenberg (Hg.), Die ältesten Stadt-, Schiff- und Landrechte Hamburgs, Hamburg, 1845
(Hamburgische Rechtsalterthümer, I), p. 165-320. Die Bilderhandschrift des Hamburgischen
Stadtrechts von 1497, erläutert von H. Reincke, neu hg. von J. Bolland, Hamburg, 1968
(Veröffentlichungen aus dem Staatsarchiv der Freien- und Hansestadt Hamburg, X).
13. J. Merkel, Der Kampf des Fremdrechtes mit dem einheimischen Rechte in Braunschweig-
Lüneburg, Hannover-Leipzig, 1904 (Quellen und Darstellungen zur Geschichte Niedersachsens, 19),
p. 12 s.
14. Merkel, Der Kampf des Fremdrechtes (nt. 13), p. 13-15. Als Rechtquellen werden angeführt
das Sächsische Landrecht, der Schwabenspiegel als «Kaiserrecht», sämtliche Bücher des
Corpus iuris civilis, der Liber Extra und der Liber Sextus sowie die Decisiones der Rota
Romana, an Literatur die Glosse zum Sächsischen Landrecht, die Summa des Goffredus de
Trano Super rubricis decretalium, der Kommentar des Dinus Mugellanus Super regulis iuris,
ferner die Kommentare des Johannes Andreae und des Hostiensis.
15. Merkel, Der Kampf des Fremdrechtes (nt. 13), p. 15-18.
16. Der Ordinarius der Fakultät soll vier ganze Tage an der Ausarbeitung des Urteils
gesessen und dafür wegen der großen Mühe 10 Gulden gefordert haben. Er erhielt von dem
Vermittler aber lediglich 8 Gulden und für einen halben Gulden «welschen Wein», doch
wurden an die mitunterzeichnenden Doktoren zusammen ein weiterer Gulden und für den
Schreiber, der das Gutachten kopierte, ein halber Gulden gezahlt, so daß sich als
Gesamtkosten ohne Kostenansprüche des Vermittlers insgesamt 10 Gulden ergaben. Merkel,
Der Kampf des Fremdrechtes (nt. 13), p. 18.
17. Merkel, Der Kampf des Fremdrechtes (nt. 13), p. 18.
18. Eine eindringliche Vorstellung von den rechtlichen Konflikten zwischen Rat und
Bürgerschaft und der Geistlichkeit und geistlichen Korporationen vermittelt die Edition: Rat
und Domkapitel von Hamburg um die Mitte des 14. Jahrhunderts. Teil 1: Die Korrespondenz zwischen
dem Hamburger Rat und seinen Vertretern an der päpstlichen Kurie in Avignon 1337 bis 1359,
bearbeitet von R. Salomon; Teil 2: Das Prozeß-Schriftgut aus den Streitigkeiten des Hamburger
Rates und einzelner Bürger mit dem Domkapitel 1336 bis 1356, bearbeitet von J. Reetz, Hamburg,
1968/1975 (Veröffentlichungen aus dem Staatsarchiv der Freien und Hansestadt Hamburg, IX). Zu
den Streitigkeiten zwischen Stadt und Geistlichkeit in Köln cf. unten, p. 264-267.
19. Zur Rezeption des römischen und kanonischen Rechts im römisch-deutschen Reich v.
W. Trusen, Anfänge des gelehrten Rechts in Deutschland. Ein Beitrag zur Geschichte der
Frührezeption, Wiesbaden, 1962 (Recht und Geschichte, 1); H. Coing, Römisches Recht in
Deutschland, Mediolani, 1964 (Ius Romanum Medii Aevi, Pars V, 6); F. Wieacker,
Privatrechtsgeschichte der Neuzeit unter besonderer Entwicklung der deutschen Entwicklung,
Göttingen, 1967, p. 97-203; H. Coing (Hg.), Handbuch der Quellen und Literatur der neueren
europäischen Privatrechtsgeschichte, 1. Mittelalter (1100-1500). Die gelehrten Rechte und die
Gesetzgebung, München, 1973; W. Stelzer, Die Rezeption des gelehrten Rechts nördlich der Alpen,
in P. de Rachewiltz und J. Riedmann (Hg.), Kommunikation und Mobilität im Mittelalter.
Begegnungen zwischen dem Süden und der Mitte Europas (11.-14. Jahrhundert), Sigmaringen, 1995,
p. 231-247; O. Hageneder, Die Übernahme kanonistischer Rechtsformen im Norden, ibid. p. 249-
260; W. Sellert, Zur Rezeption des römischen und kanonischen Rechts in Deutschland von den
Anfängen bis zum Beginn der frühen Neuzeit: Überblick, Diskussionsstand und Ergebnisse, in H.
Boockmann, L. Grenzmann, B. Moeller und M. Staehelin (Hg.), Recht und Verfassung im
Übergang vom Mittelalter zur Neuzeit, I. Teil, Göttingen, 1998 (Abhandlungen der Akademie der
Wissenschaften in Göttingen, Phil.-Hist. Klasse, dritte Folge, 228), p. 115-166; H. Schlosser,
Grundzüge der Neueren Privatrechtsgeschichte. Rechtsentwicklungen im europäischen Kontext,
Heidelberg, 2001 (9. ed.), p. 35-67.
20. H. Reincke, Hamburg am Vorabend der Reformation, Hamburg, 1966 (Arbeiten zur
Kirchengeschichte Hamburgs, 8), p. 27. In das Schiffs- und Strandrecht des Hamburger
Stadtrechts von 1497 gingen vor allem Bestimmungen des Digestentitels De lege Rhodia de
iactu (D. 14, 2) ein. Lappenberg (Hg.), Die ältesten Stadt-, Schiff- und Landrechte Hamburgs (nt.
12), p. 306-320.
21. Zitiert werden ferner Sallusts «Coniuratio Catilinae», die «Politik» des Aristoteles und die
Bibel, insbesondere die Sprüche Salomons; Lappenberg (Hg.), Die ältesten Stadt-, Schiff- und
Landrechte Hamburgs (nt. 12), p. 165-320. Coing, Römisches Recht in Deutschland (nt. 19), p. 198
s.; Wriedt, Gelehrte in Gesellschaft, Kirche und Verwaltung (nt. 3), p. 446.
22. Reincke schreibt dazu mit nationalem und romantischem Pathos: «Jetzt aber zieht das
Fremdrecht der alten Römer auch in die Verhältnisse des täglichen Lebens ein, verdrängt
und verfälscht eigenständige heimische Gewohnheit selbst dort, wo über sie kein Zweifel
bestand. Hatte bisher der Bürger wie der Bauer sein Recht und Unrecht selbst gekannt und
ausgesprochen, jetzt gilt das unverständliche fremde Wort des Papinian und Ulpian in der
Fassung des Justinian mehr als die Spruchweisheit der Schöffen und Abfinder. [...] Die
Einheit des Rechts wurde bei solchem Verfahren freilich am Ende gewonnen, aber um
welchen Preis! Im Grunde war es doch eine Selbstaufgabe des deutschen Geistes, eine
Fahnenflucht, unter deren Folgen Generationen bis in unsere Gegenwart zu leiden hatten».
Reincke, Hamburg am Vorabend der Reformation (nt. 20), p. 27 s. Dabei wird übersehen, daß es
sich um ein im Mittelalter wissenschaftlich bearbeitetes Recht der römischen Juristen und
der Kaisergesetzgebung sowie um kanonisches Recht, vor allem um rechtliche Rationalität
handelt, die für die Probleme einer komplizierter gewordenen Lebenswelt vielfach
adäquatere Lösungen bot oder bereits eingetretene Entwicklungen im heimischen Recht
begrifflich besser zu fassen half und handhabbarer machte. Dr. Langenbeck macht in seiner
Glosse zum Stadtrecht von 1497 grundlegende Unterschiede zwischen dem römischen Recht
und dem heimischen Recht deutlich, wenn er etwa klarstellt, daß nach Kaiserrecht der
Richter das Urteil selber spreche, nach Stadtrecht und sächsischem Recht jedoch der
Richter das Urteil vom Umstand erfrage. Lappen berg (Hg.), Die ältesten Stadt-, Schiff- und
Landrechte Hamburgs (nt. 12), p. 196 (zu Art. II ad verbum vraghen). Cf. Wriedt, Gelehrte in
Gesellschaft, Kirche und Verwaltung (nt. 3), p. 446, nt. 34.
23. W. Wiegand, Studien zur Rechtsanwendungslehre der Rezeptionszeit, Ebelsbach, 1977
(Münchener Universitätsschriften. Juristische Fakultät. Abhandlungen zur rechtswissenschaftlichen
Grundlagenforschung, 27).
24. E. Thurich, Die Geschichte des Lüneburger Stadtrechts im Mittelalter, Lüneburg, 1960, p. 47-
72, hier p. 59-61. Zum «Schwabenspiegel» als «Kaiserrecht» in einem gerichtlichen
Gutachten für den Rat der Stadt Braunschweig von 1419 und in einem Prozeß vor dem
Göttinger Rat als Schiedsinstanz im Jahre 1447 v. Merkel, Der Kampf des Fremdrechtes (nt. 13),
p. 13, 16. Merkel selbst ging von einer Abfolge von Stadtrecht – Landrecht – Kaiserrecht als
römischem Recht einschließlich der Reichsgesetze – kanonischem Recht aus; ibid., p. 26-28.
Die Frage der Rechtsquellen stellte sich auch in Fällen, die an die Stadt herangetragen
wurden. Als Herzog Wilhelm von Braunschweig-Lüneburg im Jahre 1444 dem Rat der Stadt
Hannover ein Schiedsurteil übertrug, erkundigte sich der Rat zunächst beim Herzog, nach
welchen Rechtsgrundsätzen erkannt werden solle, ob nach Lehnrecht, Kaiserrecht,
Landrecht oder sonst anderen geschriebenen Rechten erkannt werden solle. Nachdem
mitgeteilt worden war, daß sich der Fürst nach keinem anderen Recht für verpflichtet halte
als nach jenem, dessen er «nach Recht» zu genießen habe, d. h. in seiner Eigenschaft als
Reichsfürst, legte der Rat dem Schiedsspruch das Landrecht zugrunde, aber «ohne die
Collection Ecconis von Repkau zu allegieren», d. h. nicht in Gestalt des «Sachsenspiegels»
des Eike von Repgow. Ibid., p. 21.
25. Cf. H. Coing, Die Rezeption des römischen Rechts in Frankfurt am Main, Frankfurt a. M., 1939
(Frankfurter wissenschaftliche Beiträge. Rechts- und wirtschaftswissenschaftliche Reihe, 1), p. 147,
nt. 2.
26. Merkel, Der Kampf des Fremdrechtes (nt. 13), p. 5, 7, 29; Thurich, Die Geschichte des
Lüneburger Stadtrechts (nt. 24), p. 61.
27. Im 15. Jahrhundert wandte sich der Lüneburger Rat um Rechtsauskunft nachweislich an
die Rechtsfakultäten von Erfurt (um 1410) und Padua (um 1450), seit dem beginnenden 17.
Jahrhundert an die Rechtsfakultäten der Universitäten Jena, Marburg und Rostock, doch
gingen im Zeitraum von 1410-1614 die meisten Anfragen an den Schöppenstuhl von
Magdeburg. Freundliche Auskunft und Aufstellung von Frau Dr. Uta Reinhardt, Stadtarchiv
Lüneburg. Nachweislich gab der Lüneburger Rat im Jahre 1401 den Rechtsauskünften nach
Sachsenrecht denen nach römischem Recht den Vorzug, und er beschloß 1498, als ihm eine
Belehrung nach römischem Recht und eine nach Sachsenrecht vorlag, sich an das
sächsische Recht zu halten. Thurich, Die Geschichte des Lüneburger Stadtrechts (nt. 24), p. 61 s.
Trotz der Indienstnahme am römischen und kanonischen Recht ausgebildeter Syndici seit
der ersten Hälfte des 15. Jahrhunderts kam es in Lüneburg erst im ausgehenden 16.
Jahrhundert zu einer sehr maßvollen Rezeption des gemeinen Rechts; ibid., p. 62.
28. Syndikus im engeren Sinne ist etwa nach römisch-kanonischem Recht der Prokurator
einer juristischen Person: Procurator proprie est ille, qui a persona singulari constituitur, syndicus
autem est ille, qui est consitutuitus ab universitate vel collegio, 1, 1, § quibus ff. quod cuiusque
universitatis [D. 3, 4, 11]. Jacobus de Ferrariis, Praxis Aurea, Titel 18, Glosse 2, Ausgabe Köln,
1618, p. 440; zitiert nach Coing, Die Rezeption des römischen Rechts (nt. 25), p. 152, nt. 1.
29. Das Stadtschreiberamt war ein Dienstamt, deshalb konnte der Stadtschreiber nicht
zugleich Ratsherr sein. In eidgenössischen Städten durften entsprechend die Stadtschreiber
nicht Mitglieder des Kleinen oder täglichen Rates sein, doch waren sie außer in Luzern
praktisch immer Angehörige des Großen Rates und gelangten nach dem Rücktritt von
ihrem Amt unter Umständen in die eigentliche Regierung. U. M. Zahnd, Studium und Kanzlei.
Der Bildungsweg von Stadt- und Ratsschreibern in eidgenössischen Städten des ausgehenden
Mittelalters, in R. Ch. Schwinges (Hg.), Gelehrte im Reich (nt. 3), p. 470.
30. Zur vermittelnden «Klasse der Halbgelehrten und Halbwissenden», d. h. «zwischen den
gelehrten Doctoren und den volksthümlichen Schöffen, zwischen der gelehrten
Jurisprudenz und dem Wissen des Rechts aus eigener Erfahrung», R. Stintzing, Geschichte der
populären Literatur des römisch-kanonischen Rechts in Deutschland am Ende des fünfzehnten und
im Anfang des sechzehnten Jahrhunderts, Leipzig, 1867, ND 1959, p. xxii, xxvi s. Cf. dazu Trusen,
Anfänge des gelehrten Rechts (nt. 19), p. 125-134; Wriedt, Gelehrte in Gesellschaft, Kirche und
Verwaltung (nt. 3), 443 s. Ablehnend gegenüber dem Ausdruck «Halbgelehrte»: Zahnd,
Studium und Kanzlei (nt. 29), p. 466. Der wissenschaftliche Ausdruck erscheint immer noch
brauchbar, wenn er auf keinem Werturteil beruht, sondern Fachwissen konstatiert und
ferner lediglich auf den formalen schulisch-universitären Bildungsgang und einen
möglichen Abschluß bezogen ist.
31. Merkel, Der Kampf des Fremdrechtes (nt. 13), p. 11 s. Grundsätzlich: L. Rockinger, Über
Formelbücher vom dreizehnten bis zum sechzehnten Jahrhundert als rechtsgeschichtliche Quelle,
München, 1855; Id., Zur Bedeutung von Anklängen an römisches Recht in bayerischen Urkunden
des 15. Jahrhunderts, in Archivalische Zeitschrift, N. F., 5, 1894, p. 127 s.; H. Schlosser, Die Rechts-
und Einredeverzichtsformeln in den deutschen Urkunden vom 13. bis zum ausgehenden 15.
Jahrhundert, Aalen 1963; D. Willoweit, Zum Einfluß gelehrten Rechtsdenkens in Urkunden des 13.
Jahrhunderts, in P. Landau (Hg.) De iure canonico Medii Aevi. Festschrift für Rudolf Weigand, Rom,
1996 (Studia Gratiana, 27), p. 574-596.
32. So stellte der Weseler Stadtschreiber und vermutlich Schulrektor der Anlage des
Stadtbuches von 1354 eine langwierige gelehrte Vorrede voran, in der er erläutert, daß im
Sinne der «utilitas rei publice» durch das Buch der Schwäche des menschlichen
Gedächtnisses und dem Vergessen und damit der «corruptio rerum» entgegengewirkt
werden solle, ferner daß den in öffentlichen Archiven verwahrten Büchern volle
Beweiskraft zukomme: «[...] quando per hujus libros in archivo publico receptos probatio plena
habetur, sicut scribitur per Innocentium papam III extra de praescriptionibus, ad audientiam [c. 13 x
II, 26], et probatur per decretum: Deus dedit sancte Romane ecclesie episcopum XXX questio I
pervenit [c.1C.30 qu. 1], et per dominum Honorium papam extra de probationibus, cum causam [c.
13 x II, 19], et per jura civilia probetur C. de fide instrumentorum, Autentica ad hec [Nov. 49, 2]».
Die Allegationen wurden offensichtlich aus Lehrbüchern des Tancredus und des Durantis
zusammengestellt. J. Kohler und E. Liesegang, Entäußerung und zukünftiger Rechtserwerb, mit
besonderer Rücksicht auf ein im Jahre 1352 von Kölner Kanonikern erstattetes Gutachten, in Archiv
für bürgerliches Recht, x, 1895, p. 102 s.
33. F. Thiele, Die Freiburger Stadtschreiber im Mittelalter, Freiburg i. B., 1973 (Veröffentlichungen
aus dem Archiv der Stadt Freiburg im Breisgau, 13), p. 82 s., Anhang nr. I, Art. 21, p. 108.
34. Trusen, Anfänge des gelehrten Rechts (nt. 19), 224, 227. M. J. Schmied, Die Ratsschreiber der
Reichsstadt Nürnberg, Nürnberg, 1979 (Nürnberger Werkstücke zur Stadt- und Landesgeschichte,
28), p. 27 s.
35. Schmied, Die Ratsschreiber der Reichsstadt Nürnberg (nt. 34), p. 28.
36. G. Gänßlen, Die Ratsadvokaten und Ratskonsulenten der Freien Reichsstadt Ulm, insbesondere
ihr Wirken in den Bürgerprozessen am Ende des 18. Jahrhunderts, Köln-Berlin, 1966, p. 19-27.
Schon im 14. Jahrhundert hielten die Städte Lindau und Konstanz einen Advokaten, der sie
in kirchlichen Fragen und in Auseinandersetzungen mit dem Konstanzer Bistum beriet. Es
ist die Frage, ob nicht die Stadtschreiber in dieser Eigenschaft auftraten. Ibid., p. 23 s. G.
Burger, Die südwestdeutschen Stadtschreiber im Mittelalter, Böblingen 1960, p. 40.
37. Wriedt, Bürgertum und Studium (nt. 3), p. 507 s.: Hildesheim, Mühlhausen/Thür., Goslar,
Göttingen. Der Lüneburger Rat nahm seit der ersten Hälfte des 15. Jahrhunderts römisch-
rechtlich gebildete Syndici in seinen Dienst. Thurich, Die Geschichte des Lüneburger
Stadtrechts (nt. 24), p. 62. Allerdings lassen sich bereits 1305 Lüneburger Studenten an
Juristenfakultäten nachweisen, und seit Ende des 14. Jahrhunderts sind auch einige
Ratsherren und Bürgermeister römisch-rechtlich gebildet, doch streben sie nicht nach
einer Umformung des Lüneburger Rechts gemäß dem römischen Recht, statt dessen wird in
nachweislichen Einzelfällen dem Sachsenrecht gegenüber dem römischen Recht der Vorzug
gegeben. Ibid., p. 61. Merkel, Der Kampf des Fremdrechtes (nt. 13), p. 23 s. Im Süden sind
Doktoren der Rechte und Licentiaten etwa in Augsburg, Eßlingen, Ulm, Schwäbisch Hall,
Rottweil, Schweinfurt, Straßburg, Zürich, Bern oder Linz nachzuweisen. Burger, Die
südwestdeutschen Stadtschreiber (nt. 36), p. 61. Trusen, Anfänge des gelehrten Rechts (nt. 19), p.
229. Schmied, Die Ratsschreiber der Reichsstadt Nürnberg (nt. 34), p. 66.
38. Schmied, Die Ratsschreiber der Reichsstadt Nürnberg (nt. 34), p. 66-68.
39. E. Isenmann, Reichsrecht und Reichsverfassung in Konsilien reichsstädtischer Juristen (15.-17.
Jahrhundert), in R. Schnur (Hg.), Die Rolle der Juristen bei der Entstehung des modernen Staates,
Berlin, 1986, p. 545-628, hier p. 560-562. H. Boockmann, Gelehrte Juristen im
spätmittelalterlichen Nürnberg, in Recht und Verfassung I (nt. 19), p. 205 s. H. G. Walther,
Italienisches gelehrtes Recht im Nürnberg des 15. Jahrhunderts, in Recht und Verfassung I (nt. 19),
p. 220 s. B. Hamm, Der Nürnberger Ratsschreiber Lazarus Spengler als Rechtsdenker und Advokat
der Reformation, in Recht und Verfassung I (nt. 19), p. 232.
40. R. Stintzing, Ulrich Zasius, Basel, 1857, p. 44, 383.
41. Coing, Römisches Recht in Deutschland (nt. 19), p. 207 s.
42.Ibid., p. 172 s.
43. Zusammenfassend E. Isenmann, Die deutsche Stadt im Spätmittelalter 1250-1500. Stadtgestalt,
Recht, Stadtregiment, Gesellschaft, Wirtschaft, Stuttgart, 1988, p. 143 s. Thiele, Die Freiburger
Stadtschreiber (nt. 33). P. Rowan, Ulrich Zasius. A Jurist in the German Renaissance, 1461-1535,
Frankfurt a. M., 1987 (Ius commune. Studien zur Europäischen Rechtsgeschichte, 31), p. 23-34.
Burger, Die südwestdeutschen Stadtschreiber (nt. 36), p. 61. Trusen, Anfänge des gelehrten Rechts
(nt. 19), p. 229. H. Lutz, Conrad Peutinger. Beiträge zu einer politischen Biographie, Augsburg,
1958 (Abhandlungen zur Geschichte der Stadt Ausgsburg, 9). Zahnd, Studium und Kanzlei (nt. 29),
p. 453-476. U. Meier, Ad incrementum rectae gubernationis. Zur Rolle der Kanzler und
Stadtschreiber in der politischen Kultur von Ausgsburg und Florenz in Spätmittelalter und Früher
Neuzeit, in Schwinges, Geleherte im Reich (nt. 3), p. 477-503.
44. Siehe p. 260.
45. Wriedt, Bürgertum und Studium (nt. 3), p. 508 mit nt. 96: Berlin, Braunschweig, Hamburg,
Lüneburg, Rostock, Wismar. «Der Ausbau des Syndikats mit einer Vermehrung der Stellen
fällt erst in die Mitte des 16. Jahrhunderts». Ibid. mit nt. 97. Cf. auch den Überblick über
Juristen in städtischen Diensten bei Trusen, Anfänge des gelehrten Rechts (nt. 19), p. 222-235.
46. Coing, Die Rezeption des römischen Rechts (nt. 25), p. 101, nr. 19 (1494). Cf. auch die direkte
Konfrontation in dem Injurienprozeß zwischen dem Stadtschreiber von Odernheim und
dem Frankfurter Stadtadvokaten Dr. Ludwig Marburg; ibid., p. 89, nr. 3.
47. W. Stein, Deutsche Stadtschreiber im Mittelalter, in Beiträge zur Geschichte vornehmlich Kölns
und der Rheinlande. Zum achtzigsten Geburtstag Gustav von Mevissens, Köln, 1895, p. 27-70.
Burger, Die südwestdeutschen Stadtschreiber (nt. 36), p. 168-186. Thiele, Die Freiburger
Stadtschreiber (nt. 33), Anhang I, p. 108 (Art. 19). Schmied, Die Ratsschreiber der Reichsstadt
Nürnberg (nt. 34), p. 84 s. P. Hoheisel, Die Göttinger Stadtschreiber bis zur Reformation. Einfluß,
Sozialprofil, Amtsaufgaben, Göttingen, 1998 (Studien zur Geschichte der Stadt Göttingen, 21), p.
110-119.
48. Stein, Deutsche Stadtschreiber (nt. 47), p. 44-46, 48. Die Hansestadt Osnabrück wandte sich
1418 und 1424 rechtssuchend an Köln, das damals Vorort für die westfälischen Städte in der
Hanse war. Für die Anfrage im Jahre 1418, die eine Sache über Leben und Tod betraf,
erklärte sich der Kölner Rat für nicht zuständig und gab sie an das Kölner Schöffenkolleg,
den eigentlichen Oberhof, weiter. Als die Stadt sich 1424 offensichtlich in Streitigkeiten mit
dem Bischof von Osnabrück erneut unter Einsendung der Klage- und Antwortschriften
wiederum um Rechtsweisung an den Kölner Rat wandte, lehnte dieser erneut ab und sandte
einen Teil der versiegelten Schriften unerbrochen zurück, holte aber für einen anderen Teil
Gutachten seiner rechtsgelehrten Stadtnotare («Stadtpfaffen») ein. Für diese
Begutachtungen übernahm der Kölner Rat keine Gewähr und riet der Stadt Osnabrück, auch
noch an anderen Orten Rechtsbelehrungen einzuholen und dann nach eigener Einsicht zu
handeln. L. von Winterfeld, Die stadtrechtlichen Verflechtungen in Westfalen, in Der Raum
Westfalen, Bd. II, 1, Münster 1955, p. 173-254, hier p. 241.
49. H. Koller (Hg.), Reformation Kaiser Siegmunds, Stuttgart, 1964 (MGH Staatsschriften des
späten Mittelalters, vi), p. 308. Stein, Deutsche Stadtschreiber (nt. 47), p. 68 s.
50. Als 1482 die sächsischen Städte einen Schiedstag zwischen dem Bischof und der Stadt
Hildesheim beschicken wollten, baten sie die wendischen Städte, ihnen drei oder vier
Doktoren abzustellen, die von Nutzen sein könnten. Hanserecesse, III. Abt., Bd. 1, Leipzig
1881, nr. 378; cf. Wriedt, Gelehrte in Gesellschaft, Kirche und Verwaltung (nt. 3), p. 447.
51. Die Hansestädte, die 1491 in Antwerpen mit England Verhandlungen führte, boten
gegenüber den zahlreichen englischen Doktoren eine Delegation aus zwei Syndici,
mehreren Sekretären und dem rechtsgelehrten Hamburger Bürgermeister Dr. iur. utr.
Heinrich Langenbeck auf. Wriedt, Das gelehrte Personal (nt. 3), p. 36. Das Brügger
Hansekontor mahnte 1476 die Stadt Lübeck, man müsse zu den Verhandlungen mit König
Ludwig xi. von Frankreich ton allermynsten eynen doctorem under ander dreplike man schicken.
Hanserecesse, II. Abt.: Hanserecesse 1431-1476, Bd. 7, Leipzig 1892, nr. 389 § 113. Wriedt, Gelehrte
in Gesellschaft, Kirche und Verwaltung (nt. 3), p. 448.
52. Staatsarchiv [StA] Nürnberg, Rep. 52 b, Amts- und Standbücher, nr. 30, fol. 308 (Bettbriue
ann ein stat vmb ein gelerttenn mann auff ein tag zu leyennn). Ein weiteres Formular findet sich
für Schreiben an die Universitäten und ihre Doctores. Ibid., fol. 52. So bat der Nürnberger
Rat im Juni 1449 die Stadt Regensburg und das dortige Domkapitel, ihm Dr. Heinrich
Leubing für Schiedsverhandlungen zu «vergönnen» und wandte sich im Oktober des selben
Jahres erneut an die Stadt Regensburg und Dr. Leubing. I. Stahl (Hg.), Die Nürnberger
Ratsverlässe, Heft 1, Neustadt an der Aisch, 1983 (Schriften des Zentralinstituts für fränkische
Landeskunde und allgemeine Regionalforschung an der Universität Erlangen-Nürnberg, 23), p. 126,
309, cf. p. 256, 349. Am 8. Juni 1471 richtete der Rat an den damaligen bayerischen Rat Dr.
Martin Mair ein Schreiben mit der Bitte, Nürnberg auf dem Regensburger Tag in der Sache
gegen Markgraf Albrecht von Brandenburg zu unterstützen; am selben Tag bat der Rat
Herzog Ludwig von Bayern, den notorischen Gegner des Markgrafen, Dr. Mair für diese
Sache zu leyhen. StA Nürnberg, Briefbücher, nr. 34 a, fol. 48r/v. Zugleich wird in den
Ratsverlässen, den Entscheidungen des Rates, ein Ratsherr mit der Erledigung der Botschaft
an Dr. Mair beauftragt. M. Schieber (Hg.), Die Nürnberger Ratsverlässe, Heft 2: 1452-1471,
Neustadt an der Aisch, 1995 (Schriften des Zentralinstituts für fränkische Landeskunde und
allgemeine Regionalforschung an der Universität Erlangen-Nürnberg, 23, II), p. 149 mit nt. 9.
Mehrfach bat der Nürnberger Rat den Bischof von Würzburg, für den Rechtsstreit zwischen
der Stadt und Anton Paumgartner den Dr. Kilian von Bibra, der von Nürnberg eine
Besoldung für seine Gewärtigkeit bezog, auszuleihen, zuletzt, weil die Sache nun anhängig
geworden sei. Dabei äußerte der Rat sogar den Wunsch, der Bischof möge Dr. Kilian in
dieser Zeit mit anderen Geschäften um so weniger beladen, damit dieser nicht gehindert
werde, nach Nürnberg zu kommen und den Auftrag wahrzunehmen. Schreiben vom 9.
September 1469. StA Nürnberg, Briefbücher, nr. 33, fol. 133v. Auf der anderen Seite lieh der
Nürnberger Rat seine eigenen Juristen, so etwa Meister Martin Mair und Dr. Gregor
Heimburg, an andere Reichsstädte wie Ulm und Eßlingen aus, nicht jedoch 1447 an
Frankfurt. P.-J. Heinig, Kaiser Friedrich III. (1440-1493). Hof, Regierung und Politik, Köln-Weimar-
Wien, 1997 (Forschungen zur Kaiser- und Papstgeschichte des Mittelalters, Beihefte zu J. F.
Böhmer, Regesta Imperii, 17), p. 672.
53. J. Kohler und E. Liesegang, Das Römische Recht am Niederrhein. Gutachten Kölner
Rechtsgelehrter aus dem 14. und 15. Jahrhundert, Stuttgart, 1896-1898 [ND Amsterdam, 1962].
54. Kohler und Liesegang, Entäußerung und zukünftiger Rechtserwerb (nt. 32), p. 59 s.
55. Wriedt, Bürgertum und Studium (nt. 3), p. 502 s.
56. Siehe die Liste der Kleriker und Doktoren von 1312 bis 1530 in Beschlüsse des Rates der
Stadt Köln 1320-1550, Bd. 1: Die Ratsmemoriale und ergänzende Überlieferung 1320-1543, bearbeitet
von M. Huiskes, Düsseldorf, 1990 (Publikationen der Gesellschaft für Rheinische Geschichtskunde,
65), p. xxx. Einzelne Dienstverträge: Verlängerung des Vertrages als Diener und Rat der
Stadt Köln auf Lebenszeit mit Johann vom Neuenstein, Dr. im Kaiserrecht, gegen ein
Jahrgehalt von 350 Gulden, Hausmiete von 24 Gulden und Kleidung vom 2. März 1403; H.
Keussen, Regesten und Auszüge zur Geschichte der Universität Köln 1388-1559, in Mitteilungen aus
dem Stadtarchiv von Köln, 36/37, 1918, nr. 92, p. 15. Vertrag des Johann vom Hirze, Dr. im
Kaiserrecht, vom 20. September 1417 über seinen Dienst als Rat und über die oberste
Vorlesung im Kaiserrecht an der Universität auf sechs Jahre; ibid., nr. 293, p. 45; neuer
Vertrag vom 1. Oktober 1419, ibid., nr. 326, p. 50. Vertrag des Heinrich von Luet, Dr. iur. utr.,
vom 1. Februar 1427 als Rat auf sechs Jahre und eventuell über die Übernahme der obersten
Vorlesung in einem der beiden Rechte; ibid., nr. 448, p. 65. Vertrag der Stadt vom 23. Juni
1437 mit Johann Schucking von Coesvelt, Dr. in geistlichen und Lic. in weltlichen Rechten,
über seinen Dienst als ihr Rat auf acht Jahre gegen jährlich 150 Pagamentsgulden, eine
Prälatenkleidung und ein bestimmtes Quantum Ratswein und 70 Gulden für die Vorlesung;
ibid., nr. 589, p. 85. Am 5. Mai 1466 wird Wolterus von Bilsen, Dr. in geistlichen Rechten, als
Diener und Rat von der Stadt auf acht Jahre gegen ein Jahresgehalt von 200 fl. rhein.,
Prälatenkleidung, Präsenzgeld und Ratswein verpflichtet. Er darf den Vertrag nicht
kündigen, die Stadt ist dazu nur bei vorsätzlichen Vergehen des Juristen berechtigt; ibid.,
nr. 1378, p. 178 s. (1478 März 30). Beglaubigung des Bürgers Johann de Cervo [vanme Hirtz],
utriusque iuris doctor, universitatis studii Col. regentem et in iure can. ordinarie legentem,
für eine Gesandtschaft in städtischen Angelegenheiten an den Papst; ibid., nr. 1660-1662, p.
220, cf. nr. 1696, p. 225 s. Wahl Johann Bareyts von dem Busche zum Doktor und Rat der
Stadt; ibid., nr. 1788, p. 240 (1483).
57. Die Grundbesitzer im Kirchspiel St. Severin beklagten sich 1460, daß die von ihnen in
ein Schiedsgericht als Obleute gewählten Professoren der Universität, Dr. Walter von Bilsen
und Dr. Johannes Spull, das Schiedsamt nicht annehmen wollten, obwohl sie doch eynre stat
bewant synt mit dienste ind lecturen, darumb sij ee billich zo dem besten solden helpen raiden; die
Stadt solle einen der Obleute zur Übernahme des Amtes veranlassen. Keussen, Regesten und
Auszüge (nt. 53), nr. 1232, p. 154. Im Jahre 1468 ist neben den «Doktoren des Rats» von
weiteren vier namentlich genannten Doktoren der Universität die Rede, die dem Rat
verbunden seien. Drei Doktoren werden 1470 tätig. Beschlüsse des Rates der Stadt Köln I (nt.
56), p. 352, nr. 11; p. 410, nr. 166.
58. Cf. nt. 56.
59. Zu den Studierverboten durch die in das Dekretalenrecht aufgenommene Constitutio
«Super speculam» Papst Honorius III. von 1219 und durch Papst Gregor ix. 1231 v. Trusen,
Anfänge des gelehrten Rechts (nt. 19), p. 13-21; Sellert, Zur Rezeption des römischen und
kanonischen Rechts (nt. 19), p. 120.
60. Kohler und Liesegang, Entäußerung und zukünftiger Rechtserwerb (nt. 32), p. 95-100.
61. Keussen, Regesten und Auszüge (nt. 53), nr. 163, p. 24; W. Stein, Akten zur Geschichte der
Verfassung und Verwaltung der Stadt Köln im 14. und 15. Jahrhundert, 2. Bd., Bonn, 1895
(Publikationen der Gesellschaft für Rheinische Geschichtskunde, x, 2), p. 211, nr. 122.
62. Keussen, Regesten und Auszüge (nt. 53), nr. 980, p. 119; cf. nr. 1040, p. 128 s.; nr. 1062 s., p.
132; nr. 1078, p. 134; nr. 1179, p. 148 s. H. Diemar, Johann Vrunt von Köln als Protonotar (1442-
1448), in Beiträge zur Geschichte vornehmlich Kölns und der Rheinlande (nt. 47), p. 71-106. Cf. den
gleichen Fall des Berner Stadtschreibers Thüring Fricker und der ähnliche des Nürnberger
Stadtschreibers Gylbert Weygel, p. 255, 279.
63. Keussen, Regesten und Auszüge (nt. 53), nr. 2921 s., p. 274 s.; nr. 2030, p. 275; cf. nrr. 2026,
2027, p. 275. Beschlüsse des Rates der Stadt Köln I (nt. 56), p. 779, nr. 15. W. Stein, Akten zur
Geschichte der Verfassung und Verwaltung der Stadt Köln im 14. und 15. Jahrhundert, 1. Bd., Bonn,
1893 (Publikationen der Gesellschaft für Rheinische Geschichtskunde, x, 1), p. 543-546, nr. 306
(bedingungsweise Wiederaufnahme in den Rat mit Darstellung der Streitpunkte).
64. W. Herborn, Der graduierte Ratsherr. Zur Entwicklung einer neuen Elite im Kölner Rat der
frühen Neuzeit, in H. Schilling und H. Diederiks (Hg.), Bürgerliche Eliten in den Niederlanden und
Nordwestdeutschland. Studien zur Sozialgeschichte des europäischen Bürgertums im Mittelalter und
in der Neuzeit (Städteforschung, Reihe A, 23), Köln-Wien, 1985, p. 337-399. Cf. auch zum
Stadtgericht W. Herborn/P. A. Heuser, Vom Geburtsstand zur regionalen Juristenelite – Greven
und Schöffen des kurfürstlichen Hochgerichts in Köln von 1448 bis 1798, in Rheinische
Vierteljahresblätter, 62, 1998, p. 59-160.
65. K. Wriedt, Schulen und bürgerliches Bildungswesen in Norddeutschland im Spätmittelalter, in
Studien zum städtischen Bildungswesen (nt. 3), p. 159; Id., Gelehrte in Gesellschaft, Kirche und
Verwaltung (nt. 3), p. 442, 448. R. Gramsch, Erfurter Juristen im Spätmittelalter. Die
Karrieremuster und Tätigkeitsfelder einer gelehrten Elite des 14. und 15. Jahrhunderts, Leiden, 2003
(Education and Society in the Middle Ages and Renaissance, 17).
66. Merkel, Der Kampf des Fremdrechtes (nt. 13), p. 10 s.; Thurich, Die Geschichte des Lüneburger
Stadtrechts (nt. 24), p. 62.
67. H.-R. Hagemann, Basler Rechtsleben im Mittelalter, 1, Basel-Frankfurt am Main, 1981, p. 11.
68. Stintzing, Geschichte der populären Literatur des römisch-kanonischen Rechts (nt. 30). N.
Horn, Die legistische Literatur der Kommentatoren und der Ausbreitung des gelehrten Rechts, in
Coing, Handbuch der Quellen und Literatur I (nt. 19), p. 348-355. Wieacker,
Privatrechtsgeschichte (nt. 19), p. 171-175. Trusen, Anfänge des gelehrten Rechts (nt. 19), p. 125-
134. Sellert, Zur Rezeption des römischen und kanonischen Rechts (nt. 19), p. 141 s.
69. R. Hagemann, Rechtswissenschaft und Basler Buchdruck an der Wende vom Mittelalter zur
Neuzeit, in Zeitschrift der Savigny-Stiftung für Rechtsgeschichte, Germanistische Abteilung, 77,
1960, p. 241-287. Zu den juristischen Drucken in Nürnberg v. unten, p. 37 s.
70.Beschlüsse des Rates der Stadt Köln I (nt. 56), p. 524, nr. 58 (1474).
71.Ibid., p. 375 s., nr. 65 (1469).
72. Dr. Frunt hatte bezüglich seiner Gesandtschaft an den Kaiserhof 1453 bei der
Kostenabrechnung mit der Rentkammer einen Fehlbetrag von 214 oberländischer fl. rhein.
aufzuklären. Beschlüsse des Rates der Stadt Köln I (nt. 56), p. 247, nr. 8.
73. Cf. etwa die von Dr. Neuenstein an der Kurie in Rom ausgebrachten Privilegien für die
Stadt, den Rat, die Kirchen und die Universität; Keussen, Regesten und Auszüge (nt. 53), nr.
18, p. 3 (1394).
74.Beschlüsse des Rates der Stadt Köln I (nt. 56), p. 652, nr. 7 (1482); p. 729, nr. 10 (1489); p. 748,
nr. 33 (1490).
75.Ibid., p. 341, nr. 29 (1467).
76.Ibid., p. 387, nr. 49. Der Doktor berichtete nach seiner Rückkunft zweieinhalb Stunden
dem Rat über die Gefahren der Gesandtschaft zu Lande und zu Wasser, über die am
Kaiserhof erfolgten prozessualen Schritte, die vom kaiserlichen Fiskal angezeigten
Bestechungen der Beisitzer des Gerichts durch die Parteien mit Geschenken, die zur
Suspension des Gerichts führte und ein Endurteil zugunsten eines kaiserlichen Stillstands-
und Evokationsmandats verhinderte, ferner über die beim Kaiser erwirkte schriftliche
Intervention bei Papst, Kardinalskollegium und dem kaiserlichen Prokurator in Rom
zugunsten des Kölner Gerichtsprivilegs, über ein kaiserliches Indult, das die Neuordnung
der Appellation am Kölner Hochgericht erlaubte, und ein Privileg, das die Ergreifung von
Feinden der Stadt, die insbesondere im Gebiet Gelderns Güterarrest vorgenommen hatten,
und von Bürgern, die gegen das Recht verstoßen hatten, innerhalb der Bannmeile ohne
Einrede des Kurfürsten – als des Inhabers des Hochgerichts und früheren Stadtherrn –
gestattete. Ibid., p. 398 s., nr. 107. Am folgenden Tag verlas Dr. von Bilsen im Wortlaut die
Privilegien und Indulte, die von der schon vor der Gesandtschaft zu ihrer Beauftragung
eingerichteten Kommission «wegen der kaiserlichen Prozesse» zu prüfen waren. Außerdem
sollte er die Vorgänge des brandenburgischen Prozesses vom Gerichtsschreiber
niederschreiben lassen, um darüber ein öffentliches Instrument zu erhalten. Ibid., p. 400, nr.
114. Danach begab er sich mit einer Ratskommission zum Hochgericht, um dem Gericht das
kaiserliche Mandat über die Appellation zu überreichen. Ibid., p. 414, nr. 183. Zur
auswärtigen Tätigkeit Lübecker Syndici v. G. Neumann, Lübecker Syndici des 15. Jahrhunderts
in auswärtigen Diensten der Stadt, in Hansische Geschichtsblätter, 96, 1978, p. 38-46; G. Neumann,
Erfahrungen und Erlebnisse Lübecker Syndici und Prokuratoren in Österreich zur Zeit Kaiser
Friedrichs III. 1455-1470, in Zeitschrift für Lübeckische Geschichte, 59, 1979, p. 29-62.
77.Beschlüsse des Rates der Stadt Köln I (nt. 56), p. 374, nr. 57 (1469); cf. p. 375, nr. 65.
78.Ibid., p. 653, nr. 11 (1482). Zum Hohen Gericht v. D. Strauch, Das Hohe Weltliche Gericht zu
Köln, in D. Laum, A. Klein und D. Strauch (Hg.), Rheinische Justiz, Köln, 1994, p. 743-831. Zur
statutarischen Regelung von Gerichtsverfassung und Verfahren des Hohen Gerichts v. U.
Heppekausen, Die Kölner Statuten von 1437. Ursachen, Ausgestaltung, Wirkungen, Köln-Weimar-
Wien, 1999 (Rechtsgeschichtliche Schriften, 12), p. 28-38, 73-104.
79.Beschlüsse des Rates der Stadt Köln I (nt. 56), p. 304, nr. 15 (1461).
80.Ibid., p. 438, nr. 11 (1471).
81.Ibid., p. 304 s., nr. 16 (1461).
82.Ibid., p. 336 s., nr. 8 (1467).
83.Ibid., p. 423, nr. 226 (1470); p. 468, nr. 135 (1471); p. 603, nr. 41 (1478).
84.Ibid., p. 410, nr. 166 (1470); p. 564, nr. 36 (1476); p. 733, nr. 26 (1489). Hinsichtlich eines
Prozesses vor einem päpstlichen Kommissar erging die Weisung des Rats, die Sache so lange
ruhen zu lassen, bis er die Meinungen seiner Doktoren vorliegen habe. p. 556 s., nr. 2 (1475).
85.Ibid., p. 351 s., nr. 11 (1468); p. 430, nr. 262 (1470).
86.Ibid., p. 396 s., nr. 100 (1470); p. 672, nr. 31 (1483).
87.Ibid., p. 414, nr. 179 (1470).
88.Ibid., p. 630, nr. 18 (1480); p. 670, nr. 20 (1483).
89.Ibid., p. 419, nr. 207 (1470).
90.Ibid., p. 430, nr. 262 (1470).
91.Ibid., p. 611, nr. 80 (1478); cf. p. 414, nr. 183 (1470).
92.Ibid., p. 418, nr. 202 (1470).
93.Ibid., p. 416, nr. 189 (1470).
94.Ibid., p. 427, nr. 243 (1470).
95.Ibid., p. 421, nr. 216 (1470).
96.Ibid., p. 417, nr. 193 (1470).
97.Ibid., p. 417, nr. 198 (1470); p. 420 s., nr. 214 (1470); p. 424, nr. 231 (1470); p. 433 s., nr. 275
(1470); p. 476; nr. 36 (1472); p. 515, nr. 27 (1474); Keussen, Regesten und Auszüge (nt. 53), p.
197, nr. 1499 (1470).
98.Beschlüsse des Rates der Stadt Köln I (nt. 56), p. 346, nr. 41 (1467)
99.Ibid., p. 644, nr. 9 (1481).
100.Ibid., p. 425 s., nrr. 233 s. (1470).
101.Ibid., p. 416, nr. 190 (1470); p. 418, nr. 201 (1470).
102.Ibid., p. 423, nr. 225 (1470).
103.Ibid., p. 490, nr. 11 (1473).
104.Ibid., p. 672, nr. 8 (1480).
105.Ibid., p. 550, nr. 103 (1475); p. 586, nr. 51 (1477).
106.Ibid., p. 411, nr. 170 (1470).
107.Ibid., p. 621, nr. 42 (1479).
108.Ibid., p. 410, nr. 166 (1470); p. 411, nr. 171; p. 417 s., nr. 199 (1470). Die Doktoren wurden
damit beauftragt, Briefe an den Papst zu entwerfen. p. 416, nr. 188 (1470).
109.Ibid., p. 439, nr. 13 (1471).
110.Ibid., p. 502, nr. 56 (1473).
111.Ibid., p. 632 s., nr. 28 (1480).
112.Ibid., p. 722, nr. 125 (1488).
113.Ibid., p. 563, nr. 31 (1476); p. 565, nr. 45 (1476).
114.Ibid., p. 606, nr. 56 (1478).
115.Ibid., p. 638, nr. 48 (1480).
116.Ibid., p. 439, nr. 17 (1471).
117.Ibid., p. 464, nr. 115 (1471).
118.Ibid., p. 273, nr. 15 (1456); p. 417, nrr. 193 s. (1470); p. 427, nr. 244 (1470). Zur
statutarischen Regelung von Geleit und Arrestverfahren («Kümmerung») v. Heppekausen,
Die Kölner Statuten von 1437 (nt. 78), p. 116-147.
119.Beschlüsse des Rates der Stadt Köln I (nt. 56), p. 160, nrr. 10 s. (1435).
120.Ibid., p. 616, nr. 22 (1479).
121.Ibid., p. 596, nr. 26 (1478); p. 721, nr. 20 (1488).
122. Dr. Walter von Bilsen hatte den Regensburger Tag von 1471 als bevollmächtigter
Vertreter der Stadt Köln mit dem Auftrag besucht, dort auch städtische Nebengeschäfte zu
besorgen. Deutsche Reichstagsakten unter Kaiser Friedrich III., 8. Abt., 2. Hälfte, 1471, hg.
von H. Wolff, Göttingen, 1999 (Deutsche Reichstagsakten, 22, 2), nr. 92c, p. 318; nr. 99a, p.
348 s.; nr. 109d, p. 503 s.; nr. 114c, p. 710-714. Der Frankfurter Stadtadvokat Dr. iur. utr.
Johannes Gelthaus erstattete zusammen mit dem Frankfurter Stadtschreiber Ludwig
Waldeck, beide Gesandte der Stadt auf dem Augsburger Reichstag von 1474, ein
eingehendes Gutachten über die wirtschaftliche und soziale Steuerwirkung zu der 1474
revidierten Ordnung der Türkenkriegssteuer. E. Isenmann, Reichsfinanzen und Reichssteuern
im 15. Jahrhundert, in Zeitschrift für Historische Forschung, 7, 1980, p. 1-76, 129-218; hier p. 176-
180.
123.Beschlüsse des Rates der Stadt Köln I (nt. 56), p. 475, nr. 31 (1472); p. 469, nr. 3 (1472).
124.Ibid., p. 657, nr. 32 (1482).
125.Ibid., p. 492, nr. 23 (1473). Cf. auch die Beratung über den in französischer Sprache
geschriebenen Brief des Herzogs von Burgund in einer Streitsache Kölner Bürger. Ibid., p.
493, nr. 29 (1476).
126.Ibid., p. 584, nr. 41 (1477); p. 601, nr. 34 (1478); p. 695, nr. 42 (1485).
127.Ibid., p. 515 s., nr. 29; p. 518, nr. 37 (1474).
128.Ibid., p. 562, nr. 28 (1476); p. 567, nr. 50 (1476); p. 683, nr. 33 (1484); p. 703, nr. 23 (1486);
p. 724, nr. 34 (1488); p. 725 s., nr. 43 (1488); p. 728, nr. 8 (1489); p. 738, nr. 41 (1489); p. 750 s.,
nr. 41 (1490).
129. Zum Bestand Kölns an stadtherrlich-erzbischöflichen, päpstlichen und königlichen
Privilegien cf. F. Lau, Entwicklung der kommunalen Verfassung und Verwaltung der Stadt Köln bis
zum Jahre 1396, Bonn 1898 [ND Amsterdam] 1969, p. 342-250; A. von den Brincken, Privilegien
Karls iv. für die Stadt Köln, in Blätter für deutsche Landesgeschichte, 14, 1978, p. 234-264.
130. So erstatteten etwa 1441 sechs Professoren ein Rechtsgutachten im Erbschaftsprozeß
der Kölner Kaufleute Viehof/Rosenkranz; Keussen, Regesten und Auszüge (nt. 53), p. 100, nr.
859. Am 9. Juli 1471 erteilten vier Professoren der Stadt auf ihr Ersuchen hin einen
einmütigen Ratschlag; ibid., nr. 1506, p. 198.
131. Kohler und Liesegang, Das Römische Recht am Niederrhein (nt. 53). Cf. p
132. Keussen, Regesten und Auszüge (nt. 53), nr. 2028, p. 275 (1494). Der Kölner Rat legte auf
Ersuchen der Stadt Lübeck übersandte Prozeßakten eines Rechtsstreits zwischen Lübecker
Bürgern den «ordinarie doktoren» vor und leitete dann das erstattete Gutachten an Lübeck
weiter. Die Kosten für das Gutachten legte zunächst der Kölner Bürgermeister Gerard von
Wesel aus.
133. Heppekausen, Die Kölner Statuten von 1437 (nt. 78), p. 81 s.
134. Hierzu und zum Folgenden v. Coing, Die Rezeption des römischen Rechts (nt. 25), p. 152-
177.
135.Ibid., p. 160-163, 175 s.
136.Ibid., p. 174.
137.Ibid., p. 157 s.
138.Ibid., p. 158.
139. Im Prozeß selber gewannen die Prokuratoren und Anwälte zunehmend an
irritierender Bedeutung; sie mochten ihre Befähigung und Gelehrsamkeit durch Berufung
auf die gelehrten Rechte demonstriert haben. Im Nürnberger Ratsbuch findet sich zum 14.
November 1459 folgender Eintrag: item mit den procuratoren vnd die den lewten clage am gericht
machen ein ernstliche rede geton, sich zufleißen mit den clagen vnd antworten, solcher massen zu
handeln mit vermajdung vnnuczer wort, nit vnloblich sej. StA Nürnberg, Ratsbücher, nr. 1 b, fol.
369 s. Zitiert nach P. Joachimsohn, Gregor Heimburg, Bamberg, 1891 (Historische Abhandlungen
aus dem Münchener Seminar, 1), p. 114, nt. 4.
140. Das Folgende nach U. Crämer, Die Verfassung und Verwaltung Straßburgs von der
Reformationszeit bis zum Fall der Reichsstadt (1521-1681), Frankfurt, 1931, p. 58-61.
141. Dieser Abriß der Nürnberger Verfassung wurde von Dr. Scheuerl auf Wunsch des
Generalvikars des Augustinerordens Dr. Johann Staupitz in lateinischer Sprache verfaßt
und diesem in einer vom 15. Dezember 1516 datierenden «Epistel» übermittelt. Die
zeitgenössische deutsche Übersetzung ist mit einer Einleitung (781-784) ediert von K. Hegel,
in Die Chroniken der deutschen Städte vom 14. bis in’s 16. Jahrhundert, Bd. 11, Leipzig, 1874
(Nürnberg, 5), [ND Göttingen, 1961], Anhang A, p. 785-804. Eine Rekonstruktion der
lateinischen Fassung auf Grund einer Handschrift um 1700 bietet P. Frhr. von Scheuerl,
Näher am Original. Zur Verfassung der Reichsstadt Nürnberg 1516, in Mitteilungen des Vereins für
Geschichte der Stadt Nürnberg, 86, 1999, p. 27-35. Dr. iur. utr. Christoph Scheuerl (*1481 in
Nürnberg) hatte acht Jahre lang in Bologna die Rechte studiert und dort promoviert,
danach war er auf Empfehlung seines Studienfreundes Dr. Johann Staupitz im Jahre 1507 als
Professor der Jurisprudenz an die neue Universität Wittenberg berufen worden. Dort hatte
er fünf Jahre lang gelehrt, bis er 1512 in seiner Vaterstadt das Amt des Ratskonsulenten
übernahm, das er bis zu seinem Tode 1542 bekleidete. Ph. N. Bebb, Christoph Scheuerl, Role as
Legal Adviser to Nürnberg City Council, 1512 to 1525, Diss. Ohio State University, Michigan 1971.
Wegen verschiedener Affinitäten zur venezianischen Verfassung wurde Scheuerls
Darstellung am Ende des 16. Jahrhunderts in Venedig ins Italienische übersetzt und fand
dort Eingang in verschiedene vergleichende statistische Werke. Die Chroniken der deutschen
Städte 11 (5) (nt. 141), p. 782-784 (Einleitung). Bodin nennt – mit Verweis auf Conrad Celtis –
Nürnberg la plus grande, la plus illustre, & la mieux ordonnee de toutes les villes imperiales, qui est
establie en forme Aristocratique. Jean Bodin, Les six Livres de la République, l. 2, chap. 6, éd. Paris,
1583, [ND Aalen, 1961], p. 327.
142. Zu negativen Berichten über die mangelhafte Qualität und Geschäftstätigkeit der
Prokuratoren am Kaiserhof v. Ch. Reinle, Ulrich Riederer (ca. 1406-1462). Gelehrter Rat im Dienste
Kaiser Friedrichs III., Mannheim, 1993 (Mannheimer Historische Forschungen, 2), p. 480 mit nt.
101; danach P.-J. Heinig, Gelehrte Juristen im Dienst der römisch-deutschen Könige des 15.
Jahrhunderts, in Boockmann, Grenzmann, Moeller und Staehelin (Hg.), Recht und Verfassung I
(nt. 19), p. 167-184, hier p. 182 s.
143. Für das Jahr 1470 ergibt sich nach der Stadtrechnung folgendes Bild: Von den
festbesoldeten Stadtjuristen erhielten an Jahressold Dr. Seyfrid Plaghal 200 Gulden
(Landwährung), Dr. Luwig Marburg zum Paradeis 260 Gulden und Dr. Conrad Schütz 107,5
Gulden (1469 97,5 Gulden). Dr. Seyfrid Plaghal hatte 1469 seinen Vertrag über fünf Jahre
erneuert. Dr. Martin Mair bezog nach laut seiner bestellung 87,5 Gulden, ferner auf Geheiß der
Älteren Herren, des Geheimen Rates, in diesem Jahr ein einmaliges Geschenk für Leistungen
von 400 Gulden. Für die Besoldung Dr. Mairs kam die Stadt mit 37,5 Gulden auf, weitere 50
Gulden steuerten offensichtlich gewohnheitsmäßig die Juden bei (die im die judischeit alhie
pflegen zu geben). Das Wartegeld für Dr. Kilian von Bibra betrug 40 Gulden. Ein weiterer
Jurist vermutlich in Wartestellung, Dr. Johann Heberer, der unter den Prokuratoren geführt
wird, erhielt 30 Gulden. Auf den städtischen Syndikus Johann Sperber entfielen 80 Gulden,
auf den Prokurator am kaiserlichen Kammergericht Berthold Happ 31 Gulden, den
Gerichtsschreiber am Kammergericht Peter Gamp 31 Gulden und weitere 31 Gulden auf den
kaiserlichen Reichskammerprokuratorfiskal für prokuratorische Dienste am kaiserlichen
Kammergericht. Den Reisekostenabrechnungen ist zu entnehmen, daß Dr. Heberer in einer
Testamentssache in Bamberg tätig war und daß sich ferner der früher fest bedienstete Dr.
Johann Zenner, über den es keinen festen Besoldungseintrag gibt, zweimal gleichfalls in
Bamberg, Dr. Seyfrid Plaghal in Ansbach, der Residenz des Markgrafen von Brandenburg,
und Dr. Ludwig Marburg in Streitigkeiten wegen Markgraf Albrechts in Landshut, der
Residenz Herzog Ludwigs von Bayern, aufhielten. Dr. Zenner hatte 1469 eine «Verehrung»
von 20 Gulden erhalten. StA Nürnberg, Rep. 54, Stadtrechnungen, nr. 15 (1469), nr. 16
(1470). In den Stadtrechungen 1471/1472 werden an Stadtjuristen insgesamt vier, Dr.
Seyfrid Plaghal mit 200 Gulden, Dr. Ludwig Marburg mit 240 Gulden, Dr. Schütz mit 117,5
Gulden und Dr. Rummel mit 40 Gulden (Jahressold vermutlich 200 Gulden) verzeichnet,
daneben sind Dr. Mair, Dr. Kilian, der städtische Syndikus und die Prokuratoren am
kaiserlichen Kammergericht mit den üblichen Beträgen weitergeführt. Stadtrechnungen,
nr. 17. Im Jahre 1460 erscheinen nur Dr. Johann Lochner (25 von insgesamt 100 Gulden) und
Dr. Johann Zenner (15 von insgesamt 60 Gulden) als festbesoldete Stadtjuristen.
Stadtrechnungen, nr. 14. Dr. Mair war wie der Nürnberger Stadtjurist Dr. Seyfrid Plaghal
oder der kaiser-liche Fiskal Licentiat Johannes Kellner mit der Stadt auch durch den Kauf
von «Ewigrenten», d. h. Kommunalobligationen, finanziell verbunden. Von den früher
tätigen Juristen erhielt Dr. Konrad Konhofer jährlich 150 Gulden, während mit Dr. Gregor
Heimburg 1435 ein Jahressold von 200 Gulden und 1450 sogar von 500 Gulden vereinbart
wurde. Im Falle Dr. Heimburgs kommen beträchtliche Sonderzahlungen hinzu. So erhielt er
1449 für seine Teilnahme an zwei «Tagen», d. h. schiedsgerichtlichen Verhandlungen, als
«Verehrung» 100 Gulden. Dr. Scheuerl spricht dann von einer Besoldung von 200 Gulden,
doch konnte das Jahresgehalt im 16. Jahrhundert bis auf 500 Gulden ansteigen.
Zusammenstellung mit Nachweisen bei Isenmann, Reichsrecht und Reichsverfassung (nt. 39),
p. 561 mit nt. 75; Stahl (Hg.), Die Nürnberger Ratsverlässe I (nt. 52), p. 233 (Sonderzahlung an
Dr. Heimburg). Der Nürnberger Ratsschreiber bezog bereits 1420 ohne Nebenbezüge und
Naturalleistungen 200 Gulden, eine Summe, die auch für das 16. Jahrhundert galt. Schmied,
Die Ratsschreiber der Reichsstadt Nürnberg (nt. 34), p. 100 s.
144. Der Stadtjurist Meister Ulrich, Licentiat; der Stadtschreiber Meister Valentin Eber,
Licentiat; der Stadtschreiber Cunratt Fludwigsen. StadtA Augsburg, Reichsstadt, Schätze, nr.
123, fol. 544.
145. Isenmann, Reichsrecht und Reichsverfassung (nt. 39), p. 597-603. H. G. Walther, Die
Rezeption Paduaner Rechtswissenschaft durch die Aufnahme Paduaner Konsilien in die Nürnberger
Ratschlagbücher, in I. Baumgärtner (Hg.), Consilia im späten Mittelalter. Zum historischen
Aussagewert einer Quellengattung, Sigmaringen, 1995 (Studi, Schriftenreihe des Deutschen
Studienzentrums in Venedig, 13), p. 215-219. Walther erfaßt indessen nur einige der Paduaner
Rechtsgutachten für Nürnberg und nur deren Aufzeichnungen in den Ratschlagbüchern.
146. Isenmann, Reichsrecht und Reichsverfassung (nt. 39), 605-609; Id., Recht, Verfassung und
Politik in Rechtsgutachten spätmittelalterlicher deutscher und italienischer Juristen, vornehmlich des
15. Jahrhunderts, in H. Boockmann, L. Grenzmann, B. Moeller und M. Staehelin (Hg.), Recht
und Verfassung im Übergang vom Mittelalter zur Neuzeit, II. Teil, Göttingen, 2001 (Abhandlungen
der Akademie der Wissenschaften in Göttingen, Phil.-hist. Klasse, dritte Folge, nr. 239), p. 47-245,
hier p. 200-206.
147. Cf. unten, nt. 259.
148. Im 16. Jahrhundert kam vor allem noch Eger in Böhmen mit seinen fünf
Tochterstädten hinzu. W. Schultheiß, Die Einwirkungen Nürnberger Stadtrechts auf Deutschland,
bes. Franken, Böhmen und die Oberpfalz, in Jahrbuch für fränkische Landesforschung, 2, 1936, p. 18
s.; H. Liermann, Nürnberg als Mittelpunkt deutschen Rechtslebens, ibid., p. 1-17. R. Wenisch,
Nürnbergs Bedeutung als Oberhof im Spiegel seiner Ratsverlässe, in Mitteilungen des Vereins für
Geschichte der Stadt Nürnberg, 51, 1962, p. 443-467, hier p. 448-449; M. Parigger, Die
Rechtsgutachten Nürnberger Juristen für die freie Reichsstadt Rothenburg ob der Tauber, Diss. iur.
Würzburg, Nürnberg, 1975; K. R. Pütz, Haischurteile der Reichsstadt Nürnberg für ihr
Territorium im Spiegel der Ratsverlässe vom 15. bis 18. Jahrhundert, Diss. iur. Würzburg,
Nürnberg, 1977; Isenmann, Reichsrecht und Reichsverfassung (nt. 39), p. 560. Nachdem Urteile
seit dem ausgehenden 13. Jahrhundert anfangs in Nürnberg mit den auswärtigen Schöffen
von Städten und Märkten beraten und diesen dann in der Regel mündlich beschieden
worden waren, beschloß der Nürnberger Rat, der noch zu Beginn des 15. Jahrhunderts den
Grundsatz der Mündlichkeit ständig hervorgehoben hatte, im Jahre 1471 und erneut 1479,
als die Rechtserteilung im wesentlichen an die Stadtjuristen übergegangen war, daß solche
Urteile für auswärtige Gerichte nun aufzuzeichnen seien, doch sind keine entsprechenden
Bücher überliefert. Schieber (Hg.), Die Nürnberger Ratsverlässe II (nt. 52), p. 169; W. Schultheiß,
Geschichte des Nürnberger Ortsrechts, Nürnberg 1972, p. 11; cf. Parigger, Die Rechtsgutachten, p.
30-33.
149. StadtA Augsburg, Peutingerselect, 1506 Oktober 9.
150. Isenmann, Reichsrecht und Reichsverfassung (nt. 39), p. 560 mit nt. 73.
151. Isenmann, Recht, Verfassung und Politik (nt. 146), p. 65 s.
152. G. Bohne, Die juristische Fakultät der alten Universität Köln in den beiden ersten
Jahrhunderten ihres Bestehens, in Festschrift zur Erinnerung an die Gründung der alten Universität
Köln im Jahre 1388, Köln, 1938, p. 109-236, hier p. 155-189. H.-J. Becker, Die Entwicklung der
juristischen Fakultät in Köln bis zum Jahre 1600, in Der Humanismus der oberen Fakultäten
(Mitteilung xiv der Kommission für Humanismusforschung), Weinheim, 1987, p. 48. E. Meuthen,
Kölner Universitätsgeschichte I: Die alte Universität, Köln-Wien, 1988, p. 138-140. Cf. auch
Meuthen, Konsilien Kölner Professoren (nt. 131).
153. Kohler und Liesegang, Das Römische Recht am Niederrhein (nt. 53); E. Isenmann,
Gesetzgebung und Gesetzgebungsrecht spätmittelalterlicher deutscher Städte, in Zeitschrift für
Historische Forschung, 28, 2001, p. 1-94, 161-261, hier p. 179-207; Meuthen, Konsilien Kölner
Professoren (nt. 131).
154. P. Kaegbein, Deutsche Ratsbüchereien bis zur Reformation, Leipzig, 1950 (Zentralblatt für
Bibliothekswesen, 77); Thurich, Die Geschichte des Lüneburger Stadtrechts (nt. 24); p. 63. K.
Schreiner, Bücher, Bibliotheken und «gemeiner Nutzen» im Spätmittelalter und in der Frühneuzeit,
in Bibliothek und Wissenschaft, 9, 1975, p. 202-249; B. Moeller, Die Anfänge kommunaler
Bibliotheken in Deutsch-land, in Studien zum städtischen Bildungswesen (nt. 3), p. 136-151.
155. Zum Folgenden mit Nachweis der einzelnen juristischen Werke und der
Forschungsliteratur zur Nürnberger Ratsbibliothek v. Isenmann, Reichsrecht und
Reichsverfassung (nt. 39), p. 553-555; Id., Recht, Verfassung und Politik (nt. 146), p. 64.
156. J. Petz, Urkundliche Beiträge zur Geschichte der Bücherei des Nürnberger Rats, 1429-1538, in
Mitteilungen des Vereins für Geschichte der Stadt Nürnberg, 6, 1886, nrr. I, II, iv, p. 127 s.;
Isenmann, Reichsrecht und Reichsverfassung (nt. 39), p. 553-555. In Frankfurt am Main war es
der Schöffe, Stadtadvokat und Schultheiß Dr. Ludwig Marburg zum Paradeis († 1502), der
seine Bibliothek testamentarisch dem Rat vermachte und damit den Grundstock der
Frankfurter Stadtbibliothek legte. Coing, Die Rezeption des römischen Rechts (nt. 25), p. 160 s.;
Kaegbein, Deutsche Ratsbüchereien (nt. 154), p. 23-26.
157. O. v. Hase, Die Koberger [3. ed. 1885], ND Amsterdam, 1967, p. 446-451.
158. G. Kisch, Haloander-Studien, in Id., Gestalten und Probleme aus Humanismus und
Jurisprudenz, Berlin, 1969, p. 201-223, 224-234 (Quellen).
159. Zu den Nürnberger Ratschlagbüchern v. Joachimsohn, Gregor Heimburg (nt. 139), p. 114
s.; Isenmann, Reichsrecht und Reichsverfassung (nt. 39), p. 555-562.
160. StA Nürnberg, Ratschlagbücher, nrr. 1*-15*.
161. StA Nürnberg, Ratschlagbücher, nrr. 1-100.
162. StA Nürnberg, Ratschlagbücher, nr. 6*; mit der Aufschrift: Rathschleg zu den [...]
seltzamen hanndeln, latein vnd tewtsch begriffen, Johann Tuchscherer. E.
163. StA Nürnberg, Ratschlagbücher, nrr. 1*-6*.
164. Die Materien sind Prozessen in einem Zeitraum von 1453 bis 1498 entnommen. StA
Nürnberg, Ratschlagbücher, nrr. 8*-15*. Das die Anlage derartiger Bände leitende Interesse
geht aus der Aufschrift zu Band 9* hervor: Gerichtshendel von allen sachen, die auch gut zu
wissen sein. Jo[hann] Tuchscher[er].
165. StA Nürnberg, Ratschlagbücher, nr. 7* (1456-1475). Als 1447 eine Reformation des
geistlichen Gerichts in Bamberg in Aussicht stand, bat der Nürnberger Rat den Stadtjuristen
Dr. Gregor Heimburg, sich dazu zu fügen und hilflich zu sein, da er wohl wisse, daz wir, vnsere
burger vnd die vnsern vmb lauter werntlich sach vnd sprüche mit geistlichen gerichten angelangt zu
grossen costen, mü vnd schaden vnpillich bracht vnd beschwert werden, daz vns die leng nicht zu
leyden stehen möchte. Joachimsohn, Gregor Heimburg (nt. 139), p. 113. Am 31. Januar 1449
erhielt eine Ratsgesandtschaft nach Bamberg den Auftrag, eine Abschrift der
«Reformation», d. h. wohl des geistlichen Gerichts, zu verlangen. Stahl (Hg.), Die Nürnberger
Ratsverlässe I (nt. 52), p. 21.
166. StA Nürnberg, Ratschlagbücher, nrr. 2*, 6*.
167. Schmied, Die Ratsschreiber der Reichsstadt Nürnberg (nt. 34), p. 224, 227. Von Tuchscherer
stammt nicht nur die Anlage von nr. 6* und nr. 9* der Ratschlagbücher, sondern es sind
auch nachweislich durch ihn Akten eines Prozesses in Schwäbisch Hall und Urkunden, die
einen eigenen Rechtsstreit um ein Haus in Nürnberg betreffen sowie Ulmer Gerichtsakten
aus der Zeit, als er in Ulm Kanzleischreiber und Verweser des Ammannamtes war, in die
nrr. 10*, 11* und 13* gelangt. Es ist zu vermuten, daß er zumindest auch diese Bände
angelegt hat.
168. Merkel, Der Kampf des Fremdrechtes (nt. 13), p. 14.
169. Joachimsohn, Gregor Heimburg (nt. 139); A. Wendehorst, Gregor Heimburg, in Fränkische
Lebensbilder, 4, Würzburg, 1971 (Veröffentlichungen der Gesellschaft für Fränkische Geschichte, vii
A), p. 112-129; P. Johanek, Heimburg, Gregor, in Die deutsche Literatur des Mittelalters.
Verfasserlexikon, 3, Berlin-New York, 1981, col. 629-642.
170. G. Schrötter, Dr. Martin Mair. Ein biographischer Beitrag zur Geschichte der politischen und
kirchlichen Reformfragen des 15. Jahrhunderts, Diss. München, 1898; F. J. Worstbrock, Art. Mayr
(Mair, Meyer), Martin, in Die deutsche Literatur des Mittelalters. Verfasserlexikon, 6, Berlin-New
York, 1987. col. 241-248; J. Laschinger, Art. Mair, Martin, in Neue deutsche Biographie, 15,
Berlin, 1987, p. 712-714. Neuerdings R. Hansen, Martin Mair. Ein gelehrter Rat in fürstlichem
und städtischem Dienst in der zweiten Hälfte des 15. Jahrhunderts, Diss. phil. Kiel, 1992.
171. In späterer Zeit hat die Stadt Nürnberg bis zum Ende des Alten Reiches in über 260
Prozessen, überwiegend mit dem Markgrafen, vor dem Reichshofrat Rechtsstreitigkeiten
ausgetragen. E. Franz, Nürnberg, Kaiser und Reich, München, 1930, p. 199; Liermann, Nürnberg
als Mittelpunkt deutschen Rechtslebens (nt. 148), p. 5.
172. Im Unterschied zu Nürnberg und anderen Städten ließ sich die Stadt Bern im 14. und
15. Jahrhundert selten in Rechtsstreitigkeiten durch Prokuratoren vertreten, und wenn bei
einzelnen Besitzänderungen Juristen beigezogen wurden, geschah dies meist auf Initiative
der Gegenpartei. Erklärt wird dieser Sachverhalt damit, daß mächtige kirchliche Zentren im
näheren Umfeld Berns fehlten, die Stadt wegen der wirtschaftlichen und politischen
Schwäche des umliegenden Adels bereits früh ihren Einflußbereich zur mediaten und
immediaten Landesherrschaft verdichtet hatte und der Rat deshalb in Rechtsstreitigkeiten
meist nicht als Partei, sondern als Gerichtsherr und Obrigkeit auftrat. Der Stadtschreiber
war deshalb in Bern wie etwa auch in Luzern und Freiburg im Üchtland Rechtsberater des
Rates, Unterhändler und Diplomat. Im Unterschied zu Bern hatten etwa St. Gallen,
Schaffhausen und Basel ständig Rechtsstreitigkeiten mit weltlichen und vor allem mit
kirchlichen Institutionen vor fremden auswärtigen Gerichten auszutragen, so daß der
Einsatz von juristisch geschulten Prokuratoren und Diplomaten unumgänglich war und der
Stadtschreiber im wesentlichen auf seine Kanzleitätigkeit beschränkt blieb. Außerdem
wiesen in diesen Städten Angehörige der regimentsfähigen Oberschicht, Ratsherren und in
Einzelfällen sogar Bürgermeister ein juristisches Universitätsstudium auf und waren zum
Teil graduiert. Zahnd, Studium und Kanzlei (nt. 29), p. 473-476.
173. P. Moraw, Gelehrte Juristen im Dienst der Könige des Spätmittelalters (1273-1493), in Schnur
(Hg.), Die Rolle der Juristen (nt. 39), p. 77-147. Heinig, Gelehrte Juristen (nt. 142), S. 179-183.
174. U. Knolle, Studien zum Ursprung und zur Geschichte des Reichsfiskalats im 15. Jahrhundert,
Diss. jur. Freiburg im Breisgau, 1965; Isenmann, Reichsfinanzen und Reichssteuern (nt. 122), p.
38 ff; Id., Kaiser, Reich und deutsche Nation am Ausgang des 15. Jahrhunderts, in J. Ehlers (Hg.),
Ansätze und Diskontinuität deutscher Nationsbildung im Mittelalter (Nationes, 8), Sigmaringen,
1989, p. 145-246, hier p. 235-245.
175. StA Nürnberg, Ratschlagbücher, nr. 6*.
176. F. Battenberg, Von der Hofgerichtsordnung König Ruprechts 1409 zur
Kammergerichtsordnung Kaiser Friedrichs III. von 1471, in Id., Beiträge zur höchsten Gerichtsbarkeit
im Reich im 15. Jahrhundert, Köln-Wien, 1981 (Quellen und Forschungen zur höchsten
Gerichtsbarkeit im alten Reich, 11), p. 74-79.
177. Zuletzt Sellert, Zur Rezeption des römischen und kanonischen Rechts (nt. 19), p. 134-136. Cf.
auch K.-F. Krieger, König, Reich und Reichsreform im Spätmittelalter, München, 1992
(Enzyklopädie deutscher Geschichte, 14), p. 21-25, 88-96.
178.Deutsche Reichstagsakten unter Maximilian I., I, 1, Göttingen, 1981 (Deutsche
Reichstagsakten, Mittlere Reihe, v), nr. 342 iv, p. 384, 388. B. Dick, Die Entwicklung des
Kameralprozesses nach den Ordnungen von 1495 bis 1555, Köln-Wien, 1981 (Quellen und
Forschungen zur höchsten Gerichtsbarkeit im alten Reich, 10).
179. Einem Ratsbeschluß von 1464 zufolge sollte der Rat bei der Bestallung von gelehrten
Juristen darauf achten, daß die Verträge die Bestimmung enthielten, wonach dieselben
gelerten einen burger wider den andern an außwendige rechte nicht beystant tun on eins rats
verwilligung. StA Nürnberg, Rep. 60 a, Ratsbücher, nr. 1 c, fol. 57.
180. D. Waldmann, Die Entstehung der Nürnberger Reformation von 1479 (1484) und die Quellen
ihrer prozeßrechtlichen Vorschriften, in Mitteilungen des Vereins für Geschichte der Stadt Nürnberg,
17, 1906, p. 4-6, 22, 23, 66. Dazu und zur späteren Frankfurter Stadtrechtsreformation als
Werk der gelehrten Juristen v. Coing, Die Rezeption des römischen Rechts (nt. 25), p. 162, 164 s.
181. StA Nürnberg, Ratschlagbücher, nr. 3*, fol. 335r/v. Dr. Peter Stahel zum 10. Gesetz des
33. Titels der Stadtrechtsreformation, das den verwillkürten schiedsgerichtlichen
Streitausstrag und die nachfolgende Durchsetzung mit dem Gerichtszwang des
ordentlichen Richters im Falle von Ungehorsam. G. Köbler (Hg.), Reformation der Stadt
Nürnberg, Gießen, 1984 (Arbeiten zur Rechts- und Sprachwissenschaft, 25), XXXIII, 10, p. 396 (=
fol. 198 b).
182. StadtA Nürnberg, B 14/III, nr. 14.
183. Hagemann, Basler Rechtsleben I (nt. 67), p. 52-54. An der Abfassung der früheren
Statuten von 1437 in Köln waren keine Mitglieder der Juristenfakultät beteiligt.
Heppekausen, Die Kölner Statuten von 1437 (nt. 78), p. 22 s.
184. Isenmann, Reichsrecht und Reichsverfassung (nt. 39), p. 163-165, 177.
185. Zuletzt zusammenfassend Rowan, Ulrich Zasius (nt. 43), p. 123-134.
186.Die Rechtsreformation des Stadtschreibers Johann Greffinger für die Reichsstadt Windsheim
(1521), bearbeitet von H. Hünefeld, München, 1974.
187. Siehe unten, nt. 266.
188. Wriedt, Gelehrte in Gesellschaft, Kirche und Verwaltung (nt. 3), p. 451.
189. F. Ellinger, Die Juristen der Reichsstadt Nürnberg vom 15. bis 17. Jahrhundert, in Freie
Schriftenfolge der Gesellschaft für Familienforschung in Franken, 6, 1954, p. 130-222, hier
besonders p. 162-165. Isenmann, Reichsrecht und Reichsverfassung (nt. 39), p. 548-597. Mit
dem weiteren fränkischen Umfeld: D. Willoweit, Juristen im mittelalterlichen Franken.
Ausbreitung und Profil einer neuen Elite, in Schwinges (Hg.), Gelehrte im Reich (nt. 3), p. 225-267.
190. Köbler (Hg.), Reformation der Stadt Nürnberg, (nt. 181), V. Titel, 5. Gesetz, p. 96 (= fol. 48
b).
191. Dr. Scheuerl nennt die Rats- oder Stadtjuristen «juris consulti senatus», in der
deutschen Übersetzung werden sie die räthe, so der geschribnen recht erfarn sein, die
«gelehrten Räte» oder einfach die doctores genannt. Die Chroniken der deutschen Städte 11 (5)
(nt. 141), p. 801, 802 s. In den Ratsverlässen, den kurzen Aufzeichnungen der
Ratsbeschlüsse, werden die Ratsjuristen mit Namen und Doktortitel oder der Bezeichnung
«Meister» genannt, oder es ist vom Doctor, vom «Licentiaten», gemeint ist Martin Mair, als
Ausnahme familiär vom «Konhofer», den «Gelehrten» oder den «Doktoren» und den
«Doktoren der Stadt» die Rede.
192. Das Stadtgericht besteht Dr. Scheuerl zufolge und gemäß der Gerichtsordnung der
Stadtrechtsreformation von 1479 aus acht Schöffen, die der Rat aus dem Kreis der
«Genannten» des Großen Rates, die ihren Lebensunterhalt im wesentlichen aus Kapital- und
Grundrenten beziehen, auswählt und auf die verschiedenen beiden «Tische», d. h. Senate,
des Gerichts unter obligatorischem Beisitz von jeweils einem Ratsherrn verteilt. Scheuerl
unterscheidet ein sehr summarisches Verfahren bei Streitwerten bis zu 32 Gulden und das
ordentliche Verfahren, bei dem die schriftlichen gerichtshendel verlesen, urthail verfast und
beschlossen werden. In großen und wichtigen Streitsachen müssen beide «Tische»
zusammentreten und gemeinsam ein Urteil fällen. Es sein auch durch ein erbarn rath zu
beisitzern verordnet drei oder vier doctores baider rechten, dero ampt ist, die gerichtshändel zu
berathschlahen und das so derhalben in geschribnen rechten geordnet ist anzuzaigen, darauf als
dann die schopfen ire stim geben und urthail machen können. In der lateinischen Version heißt
es knapper und unspezifischer: quorum est consulere et jus indicare tantum, scabinorum dare
suffragium. Die Chroniken der deutschen Städte 11 (5) (nt. 141), p. 801 mit nt. 2.
193. Es wurde bestimmt, daß die Doctores, die ein erber rat in der newen gerichtzordnung an das
gericht prauchen will, allein ratgeben und nit urteyler sein, auch nit vocem haben sollen, auch kein
mererss machen. Die Chroniken der deutschen Städte vom 14. bis in’s 16. Jahrhundert, 1, Leipzig,
1862 (Nürnberg, 1) [ND Göttingen 1961], p. xxviii, nt. 3 (Einleitung). Isenmann, Reichsrecht und
Reichsverfassung (nt. 39), p. 561, nt. 77.
194.Die Chroniken der deutschen Städte 11 (5) (nt. 141), p. 802.
195.Ibid., p. 803.
196. Der Rat befragte Martin Mair, damals Licentiat und später Doctor decre torum. StA
Nürnberg, Ratsbücher, nr. 1b (1460), fol. 395: Item meister Mertein Meyer der licentiat hat
geraten, das einem rate nit fuglichen sei einichen sachen, die an dem statgericht allhie gerichtlichen
gehandelt wirt in forme und appellacion weise an sie gedinget, anzunemen und rechtlichen
außzurichten, wo aber bede partey mit willen ein lewterung einer vrteil begerende sein, nit in
appellacion weise, mage ein rate woll annemen und lewterung tun. Relatores Nicolas Muffel, Jobst
Tetcel. Zu Annahme einer Appellation und Ansetzung eines Termins durch den
Bürgermeister v. hingegen StA Nürnberg, Ratsbücher, nr. 1c, fol. 238.
197.[...] dann ein erbar rathe pflegt in kainer appellation handlung ichts zu urthailn, es sei dan das
zuvor die gerichtshändl verlesen und zweier, dreier oder wann sie zwispeltig sein noch mer doctor
mainung und gutbedunken daruber gehort sein worden. Die Chroniken der deutschen Städte 11 (5)
(nt. 141), p. 803.
198. Als Amtsaufgabe der gelehrten Räte, d. h. der Stadtjuristen, werden genannt: zu
appellation sach fürlesen, ratschleg daruber machen und zuletzt rechte urthail verfassen. Ibid., p.
803.
199. Cf. auch Boockmann, Gelehrte Juristen (nt. 39), p. 202.
200. Gerichtsgutachten für das Ratsgericht oder das Stadtgericht in den Ratschlagbüchern
sind nur ausnahmsweise als solche gekennzeichnet. Cf. StA Nürnberg, Ratschlagbücher, nr.
6*, fol. 458: Nach vleissigem uberlesen solichs gerichtshanndels zwischen [...].
201.Kainen doctorn lest man zu Nürmberg in rath, sonder so oft die herrn in iren fürschlegen
zwispaltig oder der vaal so verwirt und wichtig ist [lat.: aut casus juris prudentiam expostulat], das
man die erfarnen der rechten darumb fragen muß, so erweelet man zwen auß den ratsherrn die nach
dem früe essen bei den doctorn rathschläg suchen und nachmals den andern tag solichs im rath
wider ansagen. Die Chroniken der deutschen Städte 11 (5) (nt. 141), p. 802.
202. Darüber geben folgende Quellen Auskunft: Briefliche Mitteilung des Humanisten
Johannes Roth an Dr. Gregor Heimburg vom 16. Mai 1454; Joachimsohn, Gregor Heimburg (nt.
139), Anhang, B, nr. 3, p. 314: Si quid autem stultum ipsis exciderit, id ex lege esse contendunt, ut
non immerito Nurembergae edicto publico cautum sit, ne quis doctorum vestrorum teneat
gubernacula civitatis aut rei publicae consiliis intersit. Dr. Christoph Scheuerls teilt in seinem
Abriß der Nürnberger Verfassung von 1516 mit, daß kain doctor, er sei vom geschlecht wie edel
er immer woll, in rat gesetzt würt; Die Chroniken der deutschen Städte 11 (5) (nt. 141), p. 792, cf. p.
802. Zur Interpretation dieser Haltung gegenüber den promovierten Juristen v. oben, nt. 39.
Es ist nicht nachweislich, daß der Nürnberger Rat im Jahre 1454 eine derartige Bestimmung
beschlossen hat, wie Walther unter Berufung auf Herrmann irrtümlich behauptet. Walther,
Italienisches gelehrtes Recht (nt. 39), p. 220 s. Herrmann nennt als Quelle nur den Brief Johann
Roths an Dr. Heimburg aus dem Jahre 1454; wo von der Existenz eines derartigen
Ratsbeschlusses ohne Angabe eines Datums die Rede ist, und berichtet ausdrücklich, daß
seine Suche nach einem archivalischen Beleg für eine derartige Verordnung erfolglos
geblieben sei. M. Herrmann, Die Reception des Humanismus in Deutschland, Berlin, 1898, p. 4.
203.Die Chroniken der deutschen Städte, 11 (5) (nt. 141), p. 803.
204. C. 12, 15, 1. P. Koschaker, Europa und das römische Recht, 4. ed., München, 1966, p. 225;
Fried, Die Entstehung des Juristenstandes (nt. 1), p. 113 s.; H. Lange, Vom Adel des doctor, in K.
Luig und D. Liebs (Hg.), Das Profil des Juristen in der europäischen Tradition. Symposion aus Anlaß
des 70. Geburtstages von Franz Wieacker, Ebelsbach, 1980, p. 279-294.
205. I. Baumgärtner, «De privilegiis doctorum». Über Gelehrtenstand und Doktorwürde im späten
Mittelalter, in Historisches Jahrbuch, 106, 1986, p. 298-332. Zu juristischen Äußerungen und
Rechtsgutachten dazu in den Nürnberger Ratschlagbüchern v. Isenmann, Reichsrecht und
Reichsverfassung (nt. 39), p. 561 s. mit nt. 78; Isenmann, Recht, Verfassung und Politik (nt. 146),
p. 193-195.
206.Die Chroniken der deutschen Städte 11 (5) (nt. 141), p. 802.
207. Isenmann, Reichsrecht und Reichsverfassung (nt. 39), p. 589.
208.[...] das ampt der zu Nürmberg geleerten räthe steet in dem das sie ausserhalb der stat den
gemainen nutz verthäidigen, gemainer stat potschaft werben, vor fürsten und herrn allerlai
beschwerden fürtragen. In der lateinische Version heißt es knapp: Praeterea doctorum officium
in causis reipublicae patrocinari, orare. Die Chroniken der deutschen Städte, 11 (5) (nt. 141), p. 803.
209. Die folgenden Ausführungen beruhen vor allem auf den Ratsmanualen, den
«Ratsverlässen», die bislang für die Zeit von 1449-1450 sowie 1452 bis 1471 ediert sind,
jedoch im Zeitraum von 1452 bis 1471 nicht für alle Jahre überliefert sind. Die Nürnberger
Ratsverlässe I und II (nt. 52).
210. Schieber (Hg.), Die Nürnberger Ratsverlässe II (nt. 52), p. 63, 83, 227.
211.Ibid., p. 90.
212. Stahl (Hg.), Die Nürnberger Ratsverlässe I (nt. 52), p. 56, 61, 209, 284, 293, 304, 310, 326,
344. Zur Korrespondenz zwischen Stadtjuristen und Rat v. auch D. Rübsamen (Hg.), Das
Briefeingangsregister des Nürnberger Rates für die Jahre 1449-1457, Sigmaringen, 1997 (Historische
Forschungen, 22).
213. Stahl (Hg.), Die Nürnberger Ratsverlässe I (nt. 52), p. 235, 268 (Dr. Heim burg).
214.Ibid., p. 329 (Lic. Mair).
215. StA Nürnberg, Amts- und Standbücher, Nr. 269, fol. 176 (1450 Dezember 22). Der
Vertragsabschrift ist eine Notiz über die zweimalige Zahlung der 520 Gulden in den Jahren
1451 und 1452 hinzugefügt.
216. Joachimsohn, Gregor Heimburg (nt. 139), p. 98 s. mit nt. 6.
217. StA Nürnberg, Amts- und Standbücher, Nr. 269, fol. 148, 149 (1449 Febru ar 3). Druck: F.
v. Weech, Historische Darstellung der zwischen Markgraf Albrecht von Brandenburg und Heideck –
Nürnberg geführten Kriegs- und Friedensverhandlungen, in Die Chroniken der deutschen Städte vom
14. bis in’s 16. Jahrhundert, 2, Leipzig, 1864 (Nürnberg, 2), [ND Göttingen, 1961], Beilagen zu
Nürnbergs Krieg gegen Markgraf Albrecht, I, p. 380, nt. 1.
218.[...] iren nutz und fromen fürdern und werben und iren schaden wenden und warnen sulle und
wölle, alsverren er kun und müge treulich on aller slacht geverd; Weech, Historische Darstellung (nt.
217), p. 380.
219.[...] und was er des rats und der stat geheyme eynneme, erfar und wisse, das er das, die weil er
lebt, verswigen haben und gein nyemand melden sulle und wölle, auch on all arglist und geverd; ibid.
220.Er sol auch die zeit nemlich geflissen sein, teglich in des rats schreibstuben zu geen und des rats
lewffe und gelegenheit dorinn vleissig ein und war nehmen; ibid.
221. StA Nürnberg, Amts- und Standbücher, Nr. 269, fol. 169v-170r (1452 Januar 15).
222.Ibid., fol. 170.
223.Ibid., fol. 170 (1456 Februar 28).
224.Ibid., fol. 170 (1458 Dezember 8).
225.Ibid., fol. 188 (1460 September 6). Zur weiteren Verpflichtung Dr. Mairs cf. nt. 143.
226.Ibid., fol. 207v-208r (1470 September 19).
227. Eintrag im Ratsmanual vom 16. Dezember 1449: Item in gedechtnus zu haben doctor
Könnhofers rat, daz papa in sunderheit den gaistlichen fürsten des kriegs und den werntlichen
fürsten frid gepieten sölt. Ibid., p. 350. Zuvor war mit Dr. Konhofer über ein Rechterbieten der
Stadt an den Papst, d. h. über eine schiedsgerichtliche Entscheidung des Streits durch einen
Bevollmächtigten des Papstes, beratschlagt worden. Ibid., p. 290 (16. Oktober 1449). Der
Beschluß des Rates vom 23. August 1449, wegen der Auseinandersetzungen mit Markgraf
Albrecht von Brandenburg einige Häuser abzubrennen, um ein Glacis für den Krieg zu
schaffen, steht in einem inneren Zusammenhang zu der in den Ratschlagbüchern
verzeichneten gutachtlichen Notiz Gregor Heimburgs unter der Rubrik necessitas facit, quid
ius illicitum. Ibid., p. 230. StA Nürnberg, Ratschlagbücher, nr. 6*, fol. 208 rv; Isenmann, Recht,
Verfassung und Politik (nt. 146), p. 126.
228. Stahl (Hg.), Die Nürnberger Ratsverlässe I (nt. 52), p. 3 (Dr. Heimburg).
229. Einige Streitsachen finden sich jedoch in den Bänden der Ratschlagbü cher, die keine
förmlichen Konsilien, sondern Gerichtsakten enthalten. Herausgegriffen sei der Fall des
sich außerhalb Nürnbergs aufhaltenden früheren Bürgers Stefan Ußmer, der mit dem Rat in
Sachen Bürgerrechtsaufsage und Nachsteuer im Streit lag, Träger eines Reichslehens sowie
Diener Kaiser Friedrichs III. war und zu dessen Hofgesinde zählte. Schieber (Hg.), Die
Nürnberger Ratsverlässe II (nt. 52), p. 69 s. 79, 81, 114, 115, 116, 117, 126, 194, 198, 203, 216,
220, 222, 225, 226, 244, 260. Zu Ußmer v. auch Heinig, Kaiser Friedrich III. (nt. 52), p. 414, 1133.
Im Laufe des Jahres 1471 zog der Rat den Stadtjuristen Dr. Konrad Schütz zu Verhandlungen bei
(Ratsverlässe II, p. 114) und ließ später den Rat der Gelehrten einholen (p. 226). Akten der
Auseinandersetzung, darunter Korrespondenzen, eine gerichtliche Kommission für den
Bischof von Eichstätt (1470), festgehaltene mündliche und schriftliche Aussagen,
Notariatsinstrumente, ein kaiserliches Privileg von 1469, in dem Stefan Ußmer geadelt wird
und Gerichtsfreiheit erhält, ein weiteres Privileg von 1470, in dem der Kaiser Hab und Gut
Ußmers und seiner Schwester in den besonderen Frieden, Schutz und Schirm des Reichs
nimmt, sind in de Ratschlagbüchern nr. 13* enthalten, darunter auch der undatierte
Entwurf einer Supplikation des Nürnberger Stadtrichters an Kaiser Friedrich III. In der
Supplikation beruft sich der Stadtrichter bezüglich des Rechts der Supplikation pauschal
auf das römische und kanonische Recht und macht speziell gegen das Privileg Ußmers ein
aus Machtvollkommenheit und unwiderruflich erteiltes kaiserliches Privileg für Nürnberg
von 1464, die statutarisch vom Rat fixierte städtische Vermögensteuer («Losung») und
Nachsteuer betreffend, geltend. Nürnberg hatte um eine Erklärung des Kaisers gebeten,
wonach das Privileg Ußmers den von Nürnberg ir freyhaitten [priuilegia], pollicey vnd regirung
nicht sperren [verhyndern] oder verletzen solt. Fol. 68v, 69r. Die Supplikation stammt vom Notar
Sperber und ist mehrfach von anderer Hand korrigiert. In ihr wird die Privilegiensituation
Nürnbergs dargestellt und behauptet, das gerichtliche Privileg Ußmers sei vom Kaiser wider
satzung, ordnung vnd schicke gemainer gesatzter geschribner recht, gnad, alt gewonhait vnd
herprachte gesetzt durch furgebung der vnwarhait villeycht vnder verschweygung der warhait zu
seiner zeytt clerer dann die sunn schinet in mittemtag antzuzaigen, erlangt und erworben worden sei.
Fol. 6668v. Zur Privilegienpolitik des Nürnberger Rats und zur Konzeptualisierung und
Verklausulierung von Privilegien durch seine Juristen in der Zeit von 1464 bis 1471 v.
Isenmann, Recht, Verfassung und Politik (nt. 146), p. 134-172.
230. StA Nürnberg, Ratsbücher, nr. 1 b, fol. 261. Joachimsohn, Gregor Heim burg (nt. 139), p.
113.
231. Schieber (Hg.), Die Nürnberger Ratsverlässe II (nt. 52), p. 58 (1471).
232.Ibid., p. 20.
233.Ibid., p. 25.
234.Ibid., p. 143, 183.
235.Ibid., p. 71, 100.
236.Ibid., p. 65, 120, 159, 258.
237.Ibid., p. 63, 118, 129, 187, 233, 238, 241.
238. Joachimsohn, Gregor Heimburg (nt. 139), p. 112 s.
239. Schieber (Hg.), Die Nürnberger Ratsverlässe II (nt. 52), p. 113.
240.Ibid., p. 148.
241.Ibid., p. 83, 85, 89, 159.
242.Ibid., p. 68 s.
243.Ibid., p. 41, 103, 169.
244.Ibid., p. 122.
245.Ibid., p. 46, 48.
246.Ibid., p. 244.
247.Ibid., p. 194, 251.
248.Ibid., p. 182.
249.Ibid., p. 224.
250.Ibid., p. 61, 95, 106, 115, 124, 241.
251. Waldmann, Die Entstehung der Nürnberger Reformation von 1479 (nt. 180), p. 21-23.
252. Schieber (Hg.), Die Nürnberger Ratsverlässe II (nt. 52), p. 222.
253.Ibid. 53 (Seyfrid Plaghal).
254. Zu den Rechtsgutachten und ihrer Funktion: Kohler und Liesegang, Das Römische Recht
am Niederrhein (nt. 53); Coing, Römisches Recht in Deutschland (nt. 19), § 79, p. 208-212; Trusen,
Anfänge des gelehrten Rechts (nt. 19), p. 231 s.; Id., Spätmittelalterliche Jurisprudenz und
Wirtschaftsethik, Wiesbaden, 1961 (Vierteljahrschrift für Sozial- und Wirtschaftsgeschichte, 43); H.
Lange, Die Rechtsquellenlehre in den Consilien Paul de Castros, in Gedächtnisschrift Rudolf Schmidt,
Berlin, 1966, p. 421-440; Id., Das Rechtsgutachten im Wandel der Geschichte, p. 157-163; Id., Die
Consilien des Baldus de Ubaldis (gest. 1400), Wiesbaden, 1973 (Abhandlungen der Akademie der
Wissenschaften und Literatur Mainz, geistes- und sozialwiss. Kl., 1973, nr. 12); A. Erler, Die Mainzer
Stiftsfehde 1459-1463 im Spiegel mittelalterlicher Rechtsgutachten, Wiesbaden, 1963; C. Schott, Rat
und Spruch der Juristenfakultät Freiburg i. B., Freiburg i. Br., 1965 (Beiträge zur Freiburger
Wissenschafts- und Universitätsgeschichte, 30); D. Stievermann, Der Jurist Martin Prenninger gen.
Uranius, Professor in Tübingen 1490 bis 1501, und seine Tätigkeit für die Herrschaft Württemberg, in
Der Sülchgau, 24, 1980, p. 27-33; G. Kisch, Das Rechtsgutachten als Quelle der
Rezeptionsgeschichte, in Id., Studien zur humanistischen Jurisprudenz, Berlin, 1972, p. 163-177;
Isenmann, Reichsrecht und Reichsverfassung (nt. 39), p. 545-628; I. Baumgärtner, Martinus
Garatus Laudensis. Ein italienischer Rechtsgelehrter des 15. Jahrhunderts, Köln-Wien 1986, p. 223-
234; Ead., Stadtgeschichte und Consilia im italienischen Spätmittelalter. Eine Quellengattung und
ihre Möglichkeiten, in Zeitschrift für Historische Forschung, 17, 1990, p. 129-154. Zu
mittelalterlich-frühneuzeitlichen Rechtsprechungs- und Konsiliensammlungen v. G. Kisch,
Consilia. Eine Bibliographie der juristischen Konsiliensammlungen, Basel, 1970; M. Ascheri
(Italien) und H. Gehrke (Deutsches Reich) in H. Coing (Hg.), Handbuch der Quellen und
Literatur der neueren europäischen Privatrechtsgeschichte, II, 2, München, 1976, p. 1113-1221,
1343-1398. Zur Systematik einer künftigen Erschließung v. M. Ascheri, Il consilio dei giuristi
medieva li. Per un repertorico-incipitario computerizzato, Siena, 1982. Neuerdings zu
verschiedenen Aspekten der Konsiliarpraxis die Beiträge in Baumgärtner (Hg.), Consilia im
späten Mittelalter (nt. 145), cf. insbesondere V. Colli, I libri consiliorum. Note sulla formazione e
diffusione delle raccolte di consilia dei giuristi dei secoli xiv-xv, ibid., p. 225-235; M. Ascheri, I.
Baumgärtner und J. Kirshner (Hg.), Legal Consulting in the Civil Law Tradition, Berkeley, 1999;
Isenmann, Reichsrecht und Reichsverfassung (nt. 39). Id., Gesetzgebung und Gesetzgebungsrecht
(nt. 153), p. 161-261; Id., Recht, Verfassung und Politik (nt. 146); Id., Zur Rezeption (nt. 9), p. 206-
228. Für das 16. Jahrhundert v. H.-R. Hagemann, Die Rechtsgutachten des Bonifacius Amerbach.
Basler Rechtskultur zur Zeit des Humanismus, Basel, 1997; H. E. Troje, Bonifacius Amerbach als
juristisches Gewissen des Basler Rats- darge stellt anhand von drei seiner Gutachten, in Zeitschrift
für Neuere Rechtsgeschichte,19, 1997, p. 1-16.
255. Isenmann, Reichsrecht und Reichsverfassung (nt. 39), 589.
256. Cf. nt. 259.
257. E. Isenmann, Widerstandsrecht und Verfassung in Spätmittelalter und früher Neuzeit, in
Menschen und Strukturen in der Geschichte Alteuropas (nt. 131), p. 49-62, 67-69.
258. Ein Gutachten des Dr. Johannes Zenner, der zeitweise in Nürnberger Diensten stand,
vom Jahre 1455, trug vier weitere Unterschriften bedeutender Nürnberger Juristen.
Joachimsohn, Gregor Heimburg (nt. 139), p. 116. Als Stadtschreiber Freiburgs im Breisgau war
Ulrich Zasius bemüht, in einem Rechtsstreit um die Ablösung der städtischen Schulden bei
namhaften Doktoren Rechtsgutachten und Bestätigungen zu erhalten, wie er später selber
sowohl Konsilien anderer Verfasser bestätigte als auch seine Fakultätskollegen um ihre
Unterschrift seiner Gutachten bat. Im Jahre 1495 war Zasius nach Tübingen und Konstanz
zum geistlichen Gericht unterwegs, um ein Gutachten des Freiburger Professors Dr. Johann
Knapp von einer Reihe von Rechtsgelehrten, insgesamt vier, mitunterschreiben zu lassen.
Stintzing, Ulrich Zasius (nt. 40), p. 18 s.; Schott, Rat und Spruch der Juristenfakultät Freiburg i.
Br. (nt. 254), p. 19 s.
259. Sowohl die älteren Bände der Nürnberger Konsiliensammlung, diese un-ter
bestimmten Fragestellungen, als auch der Fall «Paumgartner», dieser in seiner ganzen
überlieferten Komplexität, werden derzeit in einem von der Deutschen
Forschungsgemeinschaft geförderten Forschungsprojekt an der Universität zu Köln mit der
Bezeichnung «Recht und Wirtschaft in Spätmittelalter und früher Neuzeit» untersucht.
260. Grundsätzlich: H. Schlosser, Gerichtsbücher als Primärquellen der Rechtswirklichkeit, in
Zeitschrift für Historische Forschung, 8, 1981, p. 323-330.
261. Isenmann, Recht, Verfassung und Politik (nt. 146), p. 128-131.
262. Rat und Gemeinde Hannovers ließen sich in den späten siebziger Jahren des 14.
Jahrhunderts zur Frage der Rechtskraft eines Huldigungseides zwei Rechtsgutachten
erstatten. H. Sudendorf, Urkundenbuch zur Geschichte der Herzöge von Braunschweig und
Lüneburg, Bd. iv, Hannover, 1864, nrr. 118, 119, p. 80 ss, cf. nr. 184, p. 138. Cf. Trusen, Anfänge
des gelehrten Rechts (nt. 19), p. 230. Auch der Rat der Stadt Lüneburg unterrichtete sich bei
hemeliken wysen lueden. Urkundenbuch der Stadt Lüneburg, bearbeitet von W. F. Volger, 2. Bd.,
Hannover, 1875, nr. 683, p. 62 (1371).
263. Trusen, Anfänge des gelehrten Rechts (nt. 19), p. 34-62; Id., Die gelehrte Gerichtsbarkeit der
Kirche, in Coing, Handbuch der Quellen und Literatur I (nt. 19), p. 467-504.
264. Isenmann, Recht, Verfassung und Politik (nt. 146), p. 172-187.
265. Mit Belegstellen aus Nürnberger Konsilien und einer Basler Supplikation und
Appellation: E. Isenmann, Reichsstadt und Reich an der Wende vom späten Mittelalter zur frühen
Neuzeit, in J. Engel (Hg.), Mittel und Wege früher Verfassungspolitik, Stuttgart, 1979, p. 9-223,
hier Anhang, nr. 2, p. 195-201 (Basel 1462); Id., Reichsrecht und Reichsverfassung (nt. 39), p.
563-597; Id., Recht, Verfassung und Politik (nt. 146), p. 210-216; Id., Gesetzgebung und
Gesetzgebungsrecht (nt. 153), p. 241 s. mit nt. 474. Dort findet sich auch ein Hinweis auf
entsprechende prägnante Aussagen und Allegationen im Fürstenspiegel Philipps von
Leyden von 1355. Philippus de Leyden, «De cura reipublicae et sorte principantis», E. Fruin/P. C.
Molhuijsen (Werken der Vereeniging tot uitgave der bronnen van het oude vaderlandsche recht II
1), s’-Gravenhage 1900, Casus LX 40, Tabula tractatus rubrica I, nr. 65, p. 255, 374. Wenn
Walther im Falle von möglichen Einwendungen gegen ein kaiserliches Mandat vom Jahre
1479, das ein prozessuales Judenstatut des Nürnberger Rats aufhob, von «Ungehorsam»
spricht, so lehren die Juristen gerade das Gegenteil, daß mit der Suspendierung der
Gehorsamsleistung und dem Vorbringen von Einwendungen eben noch kein Ungehorsam
vorliegt. Außerdem kann man nicht von einem «Verfahrensfehler» des Kaisers sprechen.
Walther, Die Rezeption Paduaner Rechtswissenschaft (nt. 145), p. 222-223; Walther, Italienisches
gelehrtes Recht (nt. 39), p. 224.
266. Joachimsohn, Gregor Heimburg (nt. 139), p. 120-143. Hansen, Martin Mair (nt. 170), p. 16-
59; Ch. Reinle, Ulrich Riederer (nt. 141), p. 245 s. (Gutachten Dr. Gregor Heimburgs). Das vom
Nürnberger Rat eingeholte Paduaner Rechtsgutachten ist nicht in erster Linie prozessual,
sondern friedensrechtlich ausgerichtet und erörtert lehnrechtliche Konsequenzen. Zu dem
Paduaner Gutachten und zum Gutachten Martin Mairs v. Isenmann, Reichsrecht und
Reichsverfassung (nt. 39), p. 605-609; Id., Recht, Verfassung und Politik (nt. 146), p. 200-208.
267. Zum Folgenden v. Isenmann, Recht, Verfassung und Politik (nt. 146), p. 109-121, 134-172.
268. Cf. auch das Rechtsgutachten der Kölner Rechtslehrer von 1456/57. Dort wird im
Hinblick auf das Verhältnis von «cives» und «civitas», das Telos des «commodum
reipublicae» und auf die üblichen urkundlichen Privilegienmotivationen mit positivem
Resultat die Frage behandelt, ob ein den Bürgern gewährtes Privileg, daß sie nicht vor ein
auswärtiges Gericht geladen werden dürfen, sich auch auf eine Klage gegen die
Stadtgemeinde beziehe. [...] breviter videtur dicendum, quod istud privilegium esse concessum
civibus universaliter seu indefinit (iv)e, quod hoc videtur concessum eis contemplatione
communitatis et non singularum personarum, verum est perpetuum, licet isti cives moriantur, qui
tunc vixerunt [D. 33, 1, 20, 1]. Verum etiam videtur principaliter concessum communitati et oppido;
ergo dicit lex, quod legatum relictum civibus alicujus civitatis videtur relictum civitati [D. 34, 5, 2;
Glosse zu D. 31, 88, 8]; et Bartolus dicit in dicta l. civibus [D. 34, 5, 2], quod, quando relinquitur sic
civibus indefinite, videtur relinqui civitati; secus si uni personae. Immo quod istud videtur tenere ad
commodum reipublicae, quod non trahantur cives extra in dispendium ipsorum, multo magis videtur
concessum ipsimet reipublicae; nam propter (quod) unumquodque tale et illud ma-gis: Authentica
multo magis C. de sacrosanctis ecclesiis [C. 1, 2]; facit ad idem, quod notatur per glossam in l. non
plures C. de sacrosanctis ecclesiis [C. 1, 2, 4 ] in fine, ubi dicit, privilegium concessum clerico
praesumitur concessus favore ecclesiae et sic propter ecclesiam: ergo multo magis ecclesiae; ubi
doctores videntur se-qui distinctionem Bartoli praetactam, quod, quando relinquitur civibus vel
canonicis pluribus in genere et praesertim, quia hic non sub nomine proprio sed appellativo datum
est privilegium, jure concessum vel relictum contemplatione ecclesiae et communitatis, hoc ergo
multo magis debet extendi ad ipsum oppidum; et maxime si in prooemio privilegii ponatur, quod illud
privilegium concedatur civitati et civibus, tunc praecedentia declarant sequentia, quod etiam clare
debeat comprehendi communitas [D. 45, 1, 134, 1; D. 50, 16, 126]. Kohler und Liesegang, Das
Römische Recht am Niederrhein (nt. 53), Gutachten vi (1456-1457), p. 99 s.
269. Siehe dazu Isenmann, Reichsrecht und Reichsverfassung (nt. 39), p. 570-577; Id.,
Gesetzgebung und Gesetzgebungsrecht (nt. 153), p. 162-239. Die Ausführungen Walthers zu den
Gutachten für den Nürnberger Rat in mehreren Beiträgen sind in vielen Punkten
unzutreffend. Insbesondere läßt sich nicht zeigen, daß die Nürnberger Konsulenten 1480
«ganz bewußt Argumente aufgreifen, die 1443 Roselli und Johannes de Sancto Lazaro in
ihren Konsilien zum Heiltumsstreit eingeführt haben». Walther, Italienisches gelehrtes Recht
(nt. 39), p. 228 s. Rechtsinhaltlich ist das nicht der Fall; außerdem stammt das große
Gutachten mit großer Sicherheit nicht von einem örtlichen Ratskonsulenten, sondern von
dem ehemaligen Nürnberger Ratskonsulenten und damaligen Rat Herzog Ludwigs von
Bayern-Landshut, Dr. Martin Mair, der an der Universität Heidelberg 1448 zum Licentiaten
und 1465 zum Dr. decretorum promoviert wurde. Cf. auch Walther, Die Rezeption Paduaner
Rechtswissenschaft (nt. 145), p. 222 s.; mit wenig zutreffenden Schlußfolgerungen auf einer
unzulänglichen Quellengrundlage (p. 224). Nochmals H. G. Walther, Die Macht der
Gelehrsamkeit. Über die Meßbarkeit des Einflusses politischer Theorien gelehrter Juristen des
Spätmittelalters, in J. Canning und G. O. Oexle (Hg.), Politisches Denken und die Wirklichkeit der
Macht im Mittelalter, Göttingen, 1998 (Veröffentlichungen des Max-Planck-Instituts für Geschichte,
147), p. 259-261.
270. Das Konsilium des Dr. iur. utr. Leonardus de Baziol wurde als notariell beglaubigte
Abschrift übermittelt. StadtA Lüneburg, A b. Der Paduaner Jurist stellte klar, daß das
Versprechen, nicht die Einkünfte zu belasten, nicht nur eine Reallast meinte und sich nicht
nur auf die «res», sondern auch auf die «persona» bezog, daß das Versprechen den
vollständigen Genuß der Einkünfte betraf und die intentio der Consules und Proconsules der
Stadt darin bestand, zu gestatten, daß die Personen mit keinerlei Beisteuer (contributio)
belastet wurden. Er löst den Lüneburger Rat aber von der Bindung an die ordinatio und
conventio, indem er darlegt, daß unter der Voraussetzung, daß der Rat von der communitas
der Stadt «libera potestas et arbitrium» besaß, dennoch nicht durch ihr Versprechen zu
einer «remissio» von Ansprüchen («debita») der Stadt befugt war und das Versprechen
daher nicht rechtsgültig war. Im vorliegenden Fall handelt es sich um eine remissio de iure
petendi contributionem expensarum communitati debitum, abstrakter gefaßt um eine «remissio
iuris et actionis». Bei seinen Ausführungen bezieht sich der Paduaner Jurist vor allem auf
die lex ambitiosa (D. 50, 9, 4) und den Kommentar des Bartolus dazu. Die «remissio» wird als
«donatio» und «alienatio» begriffen; sie ist nicht mero iure, sondern pro interesse publico
gültig und bedarf eines offenkundigen wahren und nicht falschen Grundes (causa), den der
Gutachter anhand des Urkundenkontextes für nicht gegeben erachtet. Doch selbst wenn ein
solcher legitimer und wahrer Grund gegeben wäre, so reichte dieser für die Gültigkeit im
Falle einer «alienatio rerum civitatis» nicht aus, denn darüber hinaus bedarf es bestimmter
Formerfordernisse (solempnitates), die hier nicht erfüllt sind. D. 50. 9, 4: Ambitiosa decreta
decurionum rescindi debent, sive aliquem debitorem dimiserint sive largiti sunt. Proinde, ut solent,
sive decreverint de publico alicuius vel praedia vel aedes vel certam quantitatem praestari, nihil
valebit huiusmodi decretum. Zur lex ambitiosa im Zusammenhang mit der städtischen
Gesetzgebungsbefugnis v. Isenmann, Gesetzgebung und Gesetzgebungsrecht (nt. 153), p. 174, nt.
330; p. 175, nt. 332; p. 181, nt. 346. Das Rechtsgutachten wird mit seinen Allegationen an
anderer Stelle ausführlicher dargestellt. Dr. Leonardus de Baziol ist nicht aufgeführt bei A.
Belloni, Professori giuristi a Padova nel secolo xv. Profili bio-bibliografici e cattedre, Frankfurt a. M.
1986 (Ius Commune, 28).
271. Cf. oben nt. 268.
272. Kohler und Liesegang, Das Römische Recht am Niederrhein I (nt. 53), Gutachten vi (1456-
1457), Historische Einleitung (a), p. 74-82.
273. Rechtsgutachten vi (c); ibid., p. 83-101. Es trägt die Rubrik: Argumen tum. An in causis, ubi
agunt cives contra civitatem, scabini sint judices competentes.
274.Ad hoc videtur bonus textus cum glossa in l. 1 C. de officio ejus qui vicem alterius gerit [iudicis
obtinet] [C. 1, 50, 1], ubi clare inquit textus cum glossa, quod, cum agitur super jure concernente
utilitatem reipublicae, tunc praeses provinciae vel suus vicarius potest desuper indubie cognoscere et
diffinire; isti ergo scabini quoad officium cognitionis causarum tam civilium quam criminalium
(quod) consueverunt vicem principis in illo oppido sustinere et super illis ex antiqua consuetudine
cognoscere: ergo ipsi super jure tali possunt cognoscere et diffinire. Die Glosse bemerkt zu C. 1, 50,
1, daß dies auch von den magistratus ordinarii gelte. ibid., p. 84 s.
275. Als Belegstellen werden D. 1, 8, 6, 1; D. 2, 4, 10, 4; D. 3, 4, 7, 1 und D. 49, 4, 1, 11 allgiert.
Ibid., p. 85.
276.Ibid., p. 85-88.
277.Ibid., p. 87 s.
278. Cum ergo hic agitur non de jure concernente bursam scabinorum, sed totam
communitatem, nec ipsi constituerunt ad causam, nisi sub titulo totius consulatus et
communitatis, immo ipsi non dederunt nec vellent dare consilium ad formandam petitionem
nec nominato constituere actorem, videtur clare, quod possint super hujusmodi causa cognoscere et
diffinire. Ibid., p. 86.
279.[...] sic illa consuetudo etiam videtur tollere omnem suspicionem et dare jurisdictionem, quia illa
attenditur tam in cognitionibus causarum, quam approbationibus, quam recusationibus, ut notatur
per Hostiensem in c. licet ex suscepto 10 x de foro competenti II, 2], juncto c. cum contingat de foro
conpetenti [c. 13 x II, 2], et glossam, in qua: «consuetudo dat iurisdictionem» inter suos. Ibid., 89 s.
Nam ex quo de consuetudine, ut praesupponitur, iidem assumentur ex consensu principis et populi ad
utrumque officium et consulatus et scabinatus et jurant in effectu utrumque officium sustinere
legaliter [...]. Ibid., p. 91.
280.Praeterea ex quo juratur facere justiciam etc., ut praemittitur, in effectu non est praesumendum,
quod propter modicam utilitatem communitatis vellent dejerare, quod communiter solet non curari et
negligi, quod est communitatis, text. in l. 2 C. quando et quibus quarta pars debetur [C. 10, 35, 2, 1].
Nec obstat praemissis, si dicatur, quod illi fuerint in dictis consiliis et tractatibus super ista materia
ex parte dictae communitatis, quod hoc non fuerint in commodum suum, ut praemittitur, sed ex
necessitate alterius officii, scilicet consulatus, ratione cujus etaim fuerunt ad hoc astricti ad
consulendum pro bono communi, et si potuissent rationabiliter partem adversam informare. Ibid., p.
90. [...] praesumitur pro istis, quae fecerunt extrajudicialiter ut consules, quod in hoc se habuerunt
legaliter, et etaim, quod postea ut scabini se iterum habebunt, et sic propter tale duplex officium non
debent haberi suspecti aut partiales, et maxime propter vinculum juramenti non praesumitur contra
eoa, quod velint esse suae salutis immemores, l. fin. C. ad l. Juliam repetundarum [C. 9, 27, 6], nisi
aliae causae suspicionis allegarentur. Ibid., p. 92 s.
281.Ergo videtur, cum non sit aliud ibi judicium, coram quo tales causae terminentur, quod
istorum scabinorum fides adeo videtur ex tali consuetudine, qua ad utrumque officium
assumuntur, explorata et approbata, quod non sint suspecti ex hoc repellendi, si in aliqua causa super
jure communitatis consuluerunt ut consules ad bonum communitatis extrajudicialiter. Quando
tamen postea in eadem causa possunt cognoscere ut scabini, si causa coram ipsis ventiletur
judicialiter, (quia) praesumitur pro ipsis, sic assumpti[s] ad utrumque, quod legaliter se in
utroque officio praestitum, sicut praesumitur pro quolibet jurato in suo officio vel existente in
dignitate, quod legaliter se habebit – mit zahlreichen Allegationen. Ibid., p. 91 s.
282. Siehe dazu am Beispiel der venezianischen Verfassung Montesquieu, De l’Esprit des Lois,
l. III, chap. 3; Edition Gonzague Truc, Bd. 1, Paris, 1961, p. 24.
283. Stein, Akten I (nt. 63), p. 81, nr. 28, I (1372); p. 117 s., nr. 38, Art. 1 (1383). Zum
Folgenden cf. Heppekausen, Die Kölner Statuten von 1437 (nt. 78), p. 105 s.
284. Stein, Akten I (nt. 63), p. 148, 166, nr. 49, Art. 5.
285. Stein, Akten I (nt. 63), p. 166, 178, 184.
286. Zum Hohen Gericht v. Strauch, Das Hohe Weltliche Gericht zu Köln (nt. 78), p. 743-831. Zur
statutarischen Regelung von Gerichtsverfassung und Verfahren des Hohen Gerichts v.
Heppekausen, Die Kölner Statuten von 1437 (nt. 78), p. 28-38, 73-104. Zum Streit um die
Anwendung von Statutarrecht des Rates am Ulmer Stadtgericht v. Isenmann, Gesetzgebung
und Gesetzgebungsrecht (nt. 153), p. 244-252.
287.Praeterea et quod ad utrumque officium praetactum sic assumitur, duplicia jura in persona
eorum concurrunt, et quando illa duplicia concurrunt in persona unius, proinde est, ac si in personis
plurium; ut probatur in l. tutorum ff. de his quae ut indignis [D. 34, 9, 22] et l. post legatum §
advocatum praecitatis [D. 34, 9, 5, 13], l. cum quaedam C. de administratione tutorum [C. 5, 37, 26].
Verum cum duplicia officia isti habent, etiam duplicia jura, et sic primo potuerunt in hac causa
consulere pro bono communitatis ut consules et maxime(que) hoc fecerunt ex necessitate officii et
obligationis juramenti, qua illi fuerunt astricti. Ergo non debent postea repelli ab officio judicandi vel
cognoscendi in eadem causa, ex quo ambo officia habent, sicut l. tutorem [D. 34, 9, 22]: licet tutor ex
officio suo, quo pupillo obligatus est, impugnaverit testamentum, tamen postea ex alio jure non
prohibetur ex persona sua petere ex testamento. Facit ad hoc optime, quod notatur in c. olim, de
sententia et re judicata [c. 12 x II, 27] per Innocentium et alios, ut, si homo plurium personarum
vices gerit, etiam debet habere plures voces, et si quodlibet jus producit, jus vocatur; et hoc nedum ibi
Johannes Andreae; facit ad hoc optime si consul ff. de adoptionibus [D. 1, 7, 3], c. ex litteris, de
probationibus [c. 3 x II, 19] et l. generaliter ff. de fidejussoribus [D. 46, 1, 5]; et pro plures qualitates
concurrunt in persona unius, etiam debet habere plures voces et loco plurium censeri [c. 18 x I, 6; c.
16 und c. 18 x III, 26; D. 45, 3, 4; D. 33, 8, 22, 1]». Kohler und Liesegang, Das Römische Recht am
Niederrhein I (nt. 53), p. 93 s.
288.Sicut igitur, licet consuluerunt ut consules, non tamen prohibentur postea habere vocem in hac
causa ut scabini, et ad hoc facit bene, quod notat Bartolus in l. tutorem [D. 34, 9, 22], quod utrumque
facit ex necessitate officii, utroque jure utriusque officii fruitur, ut ibi notatur; facit § advocatum [D.
34, 9, 22, 1]. Item ex quo ambo officia debent habere, etiam jura utriusque possunt exercere [D. 42, 1,
57; c. 5 x de officio delegati; D. 3, 3, 56; D. 3, 3, 62]. Ibid., p. 94 s.
289. U. Wolter, Ius canonicum in iure civili, Köln, 1975 (Forschungen zur neueren
Privatrechtsgeschichte, 23); Trusen, Anfänge des gelehrten Rechts (nt. 19), p. 102-115; G.
Dolezalek, Art. «Jus utrumque», in HRG, Bd. 2, Berlin, 1978, col. 502-504; Sellert, Zur Rezeption
des römischen und kanonischen Rechts (nt. 19), p. 119-122.
290. Isenmann, Gesetzgebung und Gesetzgebungsrecht (nt. 153), p. 197-203.
291. Der Verfasser des Kölner Gutachtens beruft sich auf den Dekretalenappa rat des
Hostiensis zu c. 12 x de iudiciis II, 1, wo es heißt: papa potest esse judex in causa sua, sicut
imperator in causa fiscali [...] sicut etiam praelatus potest esse testis in causa ecclesiae suae [...] et
etiam judex. [...] nec ipse nec alius praelatus do-minus est, immo bona ecclesiae communia sunt [...].
Et haec est ratio naturalis, quare praelatus in causa ecclesiae potest esse et judex et testis, sicut et
unus de collegio in causa collegii. Kohler und Liesegang, Das Römische Recht am Niederrhein I (nt.
53), p. 88 mit nt. 3. Zur Zeugnisfähigkeit wird auch Panormitanus zitiert mit Hinweis auf die
weltlichen Korporationen. Ibid., p. 88.
292. H. Coing konstatiert hinsichtlich eines Erbstreits vor dem Frankfurter Schöffengericht
im Jahre 1482, daß die Anführung der gemeinen Rechte durch einen Schöffen «beinah nur
rhetorischer Schmuck» ist und der Schöffe sich gleichzeitig auf die nach römischem Recht
unzulässige Unwiderruflichkeit des gemeinsamen Testaments und auf das römische Recht
berief. Coing, Die Rezeption des römischen Rechts (nt. 25), p. 90, nr. 5.
293. Merkel, Der Kampf des Fremdrechtes (nt. 13), p. 15 (mit Bezug auf zwei Rechtsgutachten
für den Braunschweiger Rat vom Jahre 1419). Eine Sonderstellung nimmt Nikolaus Wurm (†
nach 1401) ein, der in Bologna bei Johannes de Lignano studiert hatte und im ausgehenden
14. Jahrhundert versuchte, das heimische sächsische und magdeburgische Recht in
Verbindung mit den gelehrten Rechten darzustellen. Dabei ging er von der Vorstellung aus,
daß das sächsische Recht auf einem kaiserlichen Privileg beruhe, also in Übereinstimmung
mit den gelehrten Rechten und nach diesen auszulegen und zu ergänzen sei. Coing,
Römisches Recht in Deutschland (nt. 19), p. 183 s.; H.-J. Leuchte, Das Liegnitzer Stadtrechtsbuch
des Nikolaus Wurm. Hintergrund, Überlieferung und Edition eines schlesischen Rechtsdenkmals,
Sigmaringen, 1990 (Quellen und Darstellungen zur schlesischen Geschichte, 25); Isenmann,
Gesetzgebung und Gesetzgebungsrecht (nt. 153), p. 42-52.
294. Merkel, Der Kampf des Fremdrechtes (nt. 13), p. 15-17 (1447 in den Schriftsätzen der
Parteien in einem Vormundschaftsstreit).
295.Ibid., p. 19-24 (mit Entscheidungen der Stadträte Braunschweigs, Hannovers und
Lüneburgs im 15. Jahrhundert in erbrechtlichen Streitfällen gegen die gelehrten Rechte).
296. Coing, Die Rezeption des römischen Rechts (nt. 25), p. 86 s. Auf Grund seiner Quellen
handelt Coing vom Prozeß- und Privatrecht, nicht jedoch vom Eindringen römisch-
kanonischen Rechts in das Verfassungsdenken und in die rechtliche Gestaltung von
Außenbeziehungen, worüber die Rechtsgutachten für den Nürnberger Rat als
Stadtregierung Auskunft geben, obwohl die Frankfurter Stadtadvokaten zuerst in diesem
Bereicht tätig waren, ehe sie in der städtischen Rechtspflege eine Rolle spielten. Zum
wissenschaftlichen Begriff der Rezeption und ihren chronologischen Varianten einer
Frührezeption, einer Haupt-, Volloder Totalrezeption im 15. Jahrhundert und einer
Nachrezeption im 19. Jahrhundert v. zuletzt Sellert, Zur Rezeption des römischen und
kanonischen Rechts (nt. 19), p. 116-119.
297. Coing, Die Rezeption des römischen Rechts (nt. 25), p. 103.
298.Ibid., p. 98 s. Darunter befand sich auch der Frankfurter Stadtadvocat Dr. Schönwetter.
299.Ibid., p. 119 s.
300.Ibid., p. 90-102. Zu einem Einzelfall v. M. Matthäus, Das Frankfurter Patriziat und die
Rezeption des römischen Rechts. Rechtsstreitigkeiten um den Saalhof im Spätmittelalter, in Archiv
für Frankfurts Geschichte und Kunst, 66, 2000, p. 248-296.
301. Siehe oben, p. 271 s.
302. Coing, Die Rezeption des römischen Rechts (nt. 25), p. 103.
303.Ibid., p. 104, 105-118.
304. Waldmann, Die Entstehung der Nürnberger Reformation von 1479 (nt. 180), passim. Coing,
Die Rezeption des römischen Rechts (nt. 25), p. 147-149. Die Regelung des Verfahrens folgte im
einzelnen den Formen des kanonischen Prozesses, die sich schon früher durchgesetzt
hatten, und wurde nunmehr – mit Schwerpunkten auf dem Versäumnis-, Vollstreckungs-
und Arrestverfahren – systematisch in gemeinrechtlichem Sinne umgestaltet; außerdem
erfolgte eine entsprechende Anpassung der Gerichtsverfassung. Der Nürnberger prozeß-
und privatrechtlichen Nürnberger Reformation von 1497 war 1469 eine reine
Gerichtsreformation vorausgegangen, die im übrigen auch aus den Stadtrechnungen
hervorgeht. Der Nürnberger Stadtjurist Dr. Seyfrid Plaghal erhielt 1469 vom Rat neben
seiner Besoldung eine «Verehrung» von 50 Gulden, dem Viertel seines Jahressolds, auf
Geheiß der Älteren Herren, des Geheimen Rates, für seine Vertragsverlängerung, auch der
ratslagung der reformacion des gerichts vnd auch an-der sachen halb. StA Nürnberg, Rep. 54,
Stadtrechnungen, nr. 15, fol. 105 v. Im Jahre 1471 war der städtische Syndikus Johann
Sperber in Bamberg eins armen manns [Hintersassen] halb wider die reformacion furgenommen.
Stadtrechnungen, nr. 17, fol. 118.
305. Coing, Die Rezeption des römischen Rechts (nt. 25), p. 149-151. Coing stellt den von den
Juristen am Stadtgericht bewirkten Vorgang der Rezeption des Privatrechts
folgendermaßen dar: «Das gemeine Recht wächst in das heimische hinein und über es
hinaus. Soweit seine Rechtsformen den römischen ähneln, werden sie umgedeutet. Soweit
sie fremd sind, ohne in Widerspruch zur romanistischen Rechtslehre zu stehen, bleiben sie
unbeeinflußt bestehen. Soweit sie widersprechen, werden sie als Statutarrecht erhalten,
aber isoliert und einschränkend ausgelegt. Zugleich dringt das Recht des Corpus Iuris
überall da ein, und zwar ohne Rücksicht auf seine Verträglichkeit mit dem heimischen
Recht, wo das deutsche Recht, vom Standpunkt des umfassenderen römischen Rechts aus
gesehen, Lücken oder rechtsfreie Räume aufweist. Damit geht das heimische Recht als
Einheit verloren. Das rechtliche Denken folgt nicht mehr ihm, sondern dem Corpus Iuris
und seinen italienischen Commentatoren. In diesen Rahmen werden die Reste des
heimischen Rechts, so wie sie der Romanist verstehen kann, eingefügt» ibid., p. 147.
306. Isenmann, Gesetzgebung und Gesetzgebungsrecht (nt. 153), p. 252-257.
307. Isenmann, Recht, Verfassung und Politik (nt. 146), p. 123-196.
308. Rechtsgutachten des Dr. Seyfrid Plaghal, ca. 1468/69; Isenmann, Reichsstadt und Reich
(nt. 265), Anhang, nr. 3 e, p. 207 s.
309. Isenmann, Recht, Verfassung und Politik (nt. 146), p. 126 f. Die gutachtliche Notiz zur
zeitlichen Dauer des Geleits bezieht sich allerdings ausweislich der Allegationen nicht auf
das Geleitsrecht als Regal, sondern auf das Geleit in strafrechtlichen und schuldrechtlichen
Sachen.
310.Rechtsgutachten des Dr. iur. utr. Conrad Schütz von 1477; Isenmann, Reichsstadt und Reich (nt.
265), Anhang, nr. 4, p. 207-212.
311. Isenmann, Widerstandsrecht und Verfassung (nt. 257), p. 49-69.
312. Isenmann, Reichsstadt und Reich (nt. 265), p. 141-189.
313. Coing, Die Rezeption des römischen Rechts (nt. 25), p. 172 s.
314. E. Isenmann, Aufgaben und Leistungen gelehrter Juristen im spätmittelalterlichen
Deutschland, in Orbis Iuris Romani, 10, 2005, p. 41-65.
315. Coing nimmt an, daß sich der Vorgang der Rezeption römischen Rechts gipfelnd
zunächst in der Stadtrechtsreformation von 1502 in einem Zeitraum von etwa dreißig
Jahren abspielte, daß die Rezeption in Nürnberg etwa zwanzig Jahre früher als in Frankfurt
erfolgte, in Städten sächsischen Rechts wie Braunschweig etwa vierzig Jahre, in Bremen und
Lübeck etwa fünfzig bis sechzig Jahre später als Frankfurt. Dies sind freilich zur
Groborientierung nützliche zeitliche Größenordnungen, die aber auf vielen Unbekannten
beruhen und stark von juristischrechtshistorischen Bewertungen abhängen. Coing, Die
Rezeption des römischen Rechts (nt. 25), p. 180. Eingehend zur gerichtlichen Tätigkeit der
Juristen jetzt E. Isenmann, Gelehrte Juristen und das Prozeßgeschehen in Deutschland im 15.
Jahrhundert, in F.-J. Arlinghaus, I. Baumgärtner, S. Lepsius, Th. Wetzstein (Hg.), Praxis der
Gerichtsbarkeit in europäischen Städten des Spätmittelalters, Frankfurt am Main, 2006
(Veröffentlichungen des Max-Planck-Instituts für europäische Rechtsgeschichte Frankfurt am Main,
23), p. 305-417.
316. E. Isenmann, Zur Modernität der kommunalen Welt des Mittelalters, in Geschichte in Köln, 52,
2005, p. 93-105.
Les juges locaux du comte de
Provence au xive siècle
Entre la ville, la pratique privée et l’État

Jean-Luc Bonnaud

1 Les études prosopographiques du personnel politique à la fin du


Moyen Âge se sont faites de plus en plus nombreuses depuis
quelques années. Cependant rares sont celles qui abordent le milieu
des officiers locaux. Que ce soit pour les royaumes ou les
principautés, ces études sont consacrées au personnel des grands
corps administratifs de l’État, parlement de Paris 1 , conseillers du
roi 2 , d’un prince 3 , ou gens de finance 4 . Après le travail
précurseur de Bernard Guenée sur les gens de justice du bailliage de
Senlis 5 , quelques articles seulement 6 nous ont donné un aperçu
du personnel de l’administration locale. Si ce n’est deux ouvrages
récents 7 , peu d’historiens ont tenté des études d’envergure qui ont
l’ambition de couvrir l’ensemble des officiers locaux d’un appareil
administratif.
2 La tâche peut dans bien des cas paraître impossible car ce personnel
est bien souvent fort nombreux et ses contours ne sont pas toujours
aisés à cerner. Enfin, principal obstacle à la réalisation d’une telle
étude, il est rare que soient disponibles des séries continues de
sources livrant pour une période assez longue les noms des officiers
locaux. Cette entreprise ne peut donc être réalisée que dans le cadre
d’un État aux dimensions réduites et ayant laissé de belles séries
documentaires aisément exploitables.
3 Les historiens ont tous décrit l’histoire de l’État provençal avec une
césure importante : le règne de la reine Jeanne (1343-1382). Depuis le
dernier prince catalan, Raymond-Bérenger V (1209-1245), en passant
par Charles Ier d’Anjou jusqu’à Robert Ier le Sage (1309-1343), l’État
provençal n’a cessé de perfectionner ses institutions avec un accent
sur le xiiie siècle, le « grand siècle législatif » 8 . Par la suite, l’arrivée
au pouvoir de la reine Jeanne, les troubles politiques qui marquèrent
son règne, plongèrent le pays dans un état de décadence
administrative 9 .
4 Des recherches antérieures portant sur l’appareil administratif en
vigueur durant tout le xive siècle dans une circonscription
particulière, la viguerie de Forcalquier, ont ouvert un
questionnement sur l’impact des troubles politiques de la seconde
moitié du siècle sur l’appareil administratif 10 . À la lumière de ce
cas particulier, la thèse d’une désorganisation de l’administration
durant la seconde moitié du xive siècle fut remise en question. Bien
au contraire, il est apparu que cette époque avait connu une
permanence du fonctionnement de l’appareil administratif, une
certaine standardisation des méthodes administratives, une hausse
de la qualité du personnel ainsi qu’un acharnement à rendre la
justice 11 . Ces hypothèses méritaient d’être vérifiées en élargissant
la zone géographique étudiée à la Provence tout entière et en
privilégiant l’étude des hommes faisant fonctionner ces institutions.
C’est ce qui s’impose comme le meilleur moyen d’appréhender
l’évolution du fonctionnement de l’appareil administratif et de
comprendre cette faible incidence des troubles politiques.
5 De fait, il nous a semblé que ces phénomènes devaient être reliés à
l’augmentation du nombre des hommes de loi et des notaires ou, du
moins, au plus grand rôle qu’ils ont joué dans l’appareil administratif
à cette époque. La deuxième moitié du xive siècle témoigne de
l’arrivée de juristes en plus grand nombre. L’administration devient
alors de plus en plus l’affaire des hommes de loi et de leurs
méthodes, des techniciens, des spécialistes, rompus aux techniques
administratives et judiciaires.
6 Ces constatations nous ont incité à proposer l’hypothèse suivante : si
l’appareil administratif provençal a continué à fonctionner malgré
les troubles politiques de la seconde moitié du siècle, c’est
notamment parce qu’il s’est constitué un corps relativement
homogène d’officiers, plus particulièrement de juges, dont une
partie – la proportion reste à déterminer – se consacre
essentiellement et de façon prioritaire au service de l’État et dont la
compétence technique s’est sensiblement améliorée au cours du
siècle. Cette hypothèse est à rapprocher de l’affirmation faite par
Michel Hébert au sujet de l’éclipse du pouvoir royal consécutif à la
captivité de la reine Jeanne au début des années 1380 : « Dans le
doute, aux côtés des officiers royaux, les états marquent la
continuité du pouvoir » 12 . Dans la seconde moitié du siècle et dans
un contexte politique difficile pour le pouvoir central, le
fonctionnement de l’appareil administratif est en grande partie
assuré par les officiers royaux.
7 Au demeurant, les officiers locaux sont très mal connus. Nous ne
savons presque rien sur leur origine sociale, leur carrière ou leur
mentalité, si ce n’est quelques généralités. Jacques Chiffoleau 13 ,
par exemple, a fait ressortir la mobilité des juges. Nous savons aussi
que ces derniers, dans la majorité des cas, devaient avoir reçu une
formation juridique. Cela dit, il nous est pour l’instant difficile, faute
d’un recensement systématique, de préciser le niveau général de
leurs grades et l’endroit où ils ont pu acquérir leur formation. La
fonction de juge local était-elle un premier emploi ouvrant vers de
plus hautes responsabilités à l’intérieur de l’appareil administratif
ou ne fournissait-elle qu’un complément de revenus pour des
hommes de loi qui, comme dans le Languedoc étudié par Joseph R.
Strayer, vivaient d’abord de la pratique privée 14 ?
8 Nous montrerons, en examinant les fonctions et les carrières des
juges locaux durant les règnes du roi Robert et de la reine Jeanne
(1308-1381), la place essentielle prise par les juristes et la justice
dans l’encadrement politique de la société provençale grâce au rôle
central qu’ils jouèrent dans l’appareil administratif de l’État et, dans
une moindre mesure, des villes 15 .
9 La justice est, à la fin du Moyen Âge, un des principaux instruments
utilisés par les princes pour assurer leur pouvoir. Le comté de
Provence ne fait pas exception à la règle ; les comtes angevins
tentèrent de s’assurer le monopole du merum imperium pour
quadriller le territoire de leur justice. Dans chaque chef-lieu de
circonscription territoriale – le comté était divisé en une vingtaine
de vigueries ou baillies – s’élevait un tribunal où siégeait un juge du
comte ayant la connaissance en première instance de la majorité des
délits. C’est sur ces hommes que, dans le quotidien, le comte
s’appuyait pour faire régner sa justice.
10 Le juge local est en charge de la justice civile et pénale 16 . Durant
l’année de son mandat 17 , il doit, selon les Statuts du roi Robert,
tenir six parlements 18 , obligation qui semble avoir été bien
respectée à la lumière de sondages effectués dans les comptes des
trésoriers locaux 19 . C’est lui également, plutôt que le viguier ou le
baile, qui effectue des tournées d’inspection régulières de sa
circonscription 20 . Il peut également mener certaines enquêtes
importantes dans sa circonscription 21 mais aussi à l’extérieur de
celle-ci 22 . C’’est lui aussi qui est en charge du contrôle du travail
du trésorier local, le clavaire 23 . Enfin, la plupart du temps, c’est
vers lui que se tournent les autorités municipales lorsqu’elles ont
besoin de faire vidimer un acte 24 et c’est lui, également, qui
préside le plus souvent les assemblées du conseil municipal. Le juge a
donc dans les faits de multiples fonctions, plus nombreuses
probablement que celles du viguier ou du baile, en théorie
représentant du souverain et supérieur hiérarchique des officiers du
lieu. En pratique, il est l’officier le plus important de chaque
circonscription. Les comptes de clavaire, comptes annuels des
trésoriers locaux, témoins de l’activité administrative des
circonscriptions provençales, rendent compte abondamment de
l’activité du juge local, alors qu’ils restent muets sur d’éventuelles
actions du viguier ou baile. Cela expliquerait la décision prise par la
reine Jeanne, en 1355, de ne plus ordonner de nouveaux viguiers et
bailes dans certaines circonscriptions 25 et le fait que ce soit
toujours un juriste qui soit nommé lorsque les fonctions de juge et de
baile ou viguier sont fusionnées.
11 Arrêtons-nous maintenant sur l’origine sociale de ces officiers.
Précisons, avant d’aller plus loin, l’absence des clercs de la fonction
publique provençale. Noblesse ou bourgeoisie ? Il faut être très
prudent lorsque nous abordons la question de la noblesse à cause de
l’imprécision des termes servant à désigner les membres du second
ordre. Aussi, pour juger du statut social des juges, il faut combiner
différents critères. Ce peut être, quand cela est possible,
l’appartenance à une famille connue, la possession de seigneuries,
mais aussi la prise en compte des prédicats d’honneur qui donnent
des indices sur le statut social de la personne qui les porte. Ces
prédicats sont cependant des outils délicats à manier car la
signification de chacun d’eux subit des évolutions dans le temps au
rythme des changements qui affectent la société. Nous en retrouvons
principalement trois associés à ce statut : miles, domicellus et nobilis.
12 Pendant la période étudiée, l’appareil administratif provençal utilisa
396 juges locaux. Sur ce nombre, 242 portent le titre de noble,
chevalier ou damoiseau dont seulement 14 chevaliers 26 et 4
damoiseaux 27 .
13 Ajoutons qu’il y avait certainement davantage d’officiers, chevaliers
ou damoiseaux, que ne l’indiquent les sources. La négligence des
scribes mais plus souvent, la nature même des documents utilisés
expliquent ce décalage. En effet, bon nombre de juges ne nous sont
connus que grâce aux longues listes de registres de condamnations
incluses dans les états des droits. Les juges y sont alors présentés,
quel que soit leur statut, précédés du seul prédicat d’honneur do-
minus. Aussi, pour avoir des renseignements supplémentaires sur ces
officiers, il faut impérativement qu’ils apparaissent à d’autres
occasions, ce qui n’est pas le cas de beaucoup d’entre eux. Que
signifient ces chiffres bruts ? Une forte proportion de nobles ? Une
faible présence des membres de la vieille noblesse ? La réalité est en
fait beaucoup plus complexe.
14 Peu de chevaliers et de damoiseaux donc, mais cela ne fait que
refléter l’attitude de la noblesse provençale qui, au xive siècle, ne se
faisait plus guère adouber. Et encore, il ne s’agit guère ici de
membres de la vieille noblesse, laquelle ne semble pas encore vouloir
se lancer dans les professions juridiques, mais pour la plupart de
gradués en droit ayant accédé aux plus hautes fonctions de la cour
centrale. Deux seulement, André de Crota 28 et Pierre de Marculpho
29 , proviennent de vieilles familles nobles. Les autres ne semblent

pas issus d’anciens lignages 30 à l’instar de Raymond Clementis,


originaire de Brignoles, qui apparaît comme chevalier pour la
première fois, en 1372, au moment même où il porte le titre de
docteur et peu de temps avant que le sénéchal ordonne que ses gages
soient augmentés en raison de nombreux services rendus. Le plus
souvent, ces hommes portent le titre de chevalier lorsqu’ils sont
investis d’une charge importante. Ainsi, le professeur en droit civil
Jean de Revesto, membre d’une famille installée à Nice depuis la fin
du xiiie siècle, est chevalier, à partir de 1341, au moment même où il
est maître rational de Provence, Jacques Bermundi également
professeur en droit, quand il devient avocat et procureur fiscal et le
docteur en droit Guiran de Viens lorsqu’il est juge des appellations à
Avignon L’acquisition de ce titre par les juges paraît ainsi dépendre
de la possession de hauts grades universitaires combinée à
l’occupation d’un office important à la cour centrale, phénomène
déjà mis en lumière par Raymond Cazelles pour le royaume de
France 31 .
15 Quant au terme nobilis, il peut, en Provence, recouvrir des réalités
très différentes. Certains auteurs ont mis en évidence qu’il peut
n’être qu’un simple prédicat d’honneur accordé aux juristes. Son
titulaire ne serait pas obligatoirement membre de la noblesse 32 . Il
serait donc très hasardeux d’additionner les occurrences de ce terme
pour dénombrer les juges qui furent nobles. Cependant, ce terme
était beaucoup plus qu’un simple prédicat attaché à la qualité de
juriste. Une preuve, a contrario, est que le prédicat nobilis n’est pas
systématiquement accordé aux juges ou juristes. Certains, ayant
réalisé une longue carrière et apparaissant donc à de nombreuses
reprises dans nos sources, ne portent jamais ce titre. Hugues Blanchi,
d’Arles, malgré 12 postes occupés, ne fut jamais présenté comme
noble. Il n’occupa, il est vrai, aucun poste à la cour centrale tout
comme Compagnus Ruffi, titulaire de 11 postes. Le prédicat qui
caractérise le mieux ce groupe, est celui de dominus. Il est
systématiquement accordé aux juges alors que le prédicat nobilis
n’est quant à lui donné que de façon sporadique. Il est donc fort
probable que ce dernier terme confère une qualité supplémentaire à
celui qui le porte.
16 Nous pouvons ainsi avancer avec certitude que les membres de la
noblesse étaient plus nombreux que les quelques chevaliers et
damoiseaux recensés mais par contre en moins grande quantité que
le nombre de nobiles peut nous le laisser croire. Dans leur grande
majorité, ce sont des membres de familles d’une noblesse assez
récente, le plus souvent urbaine 33 , mais aussi des représentants de
la petite et moyenne noblesse seigneuriale à l’instar de Bertrand et
Guillaume de Reillanne, membres d’une ancienne famille de
seigneurs de Reillanne.
17 Dans les nombreux cas où le doute persiste, ces nobiles sont
assurément des hommes issus de familles notariales et marchandes
dont la réussite sociale a permis d’envoyer un ou plusieurs de leurs
enfants poursuivre des études universitaires. La richesse, le mariage,
la carrière, les compétences ou les fonctions les portent alors
irrésistiblement vers la noblesse, s’ils ne l’ont pas encore d’une
manière ou d’une autre réellement acquise. Ils se situent dans une
zone floue entre la bourgeoisie et la noblesse comme ces riches
bourgeois d’Arles, étudiés par Louis Stouff, qui pendant un temps
obtiennent la création de la catégorie juridique des burgensis, sorte
de « purgatoire, avant l’entrée dans le paradis noble » 34 . Ce
phénomène reflète cette volonté des juristes d’accéder à la noblesse
mais aussi le fait que la fonction judiciaire est peut-être devenue,
dans la Provence du xive siècle, un office anoblissant ou du moins un
office conférant certains attributs de la noblesse. Cela pose le
problème de l’anoblissement royal. Le comte de Provence a-t-il
anobli certains juges ? Il ne subsiste malheureusement pas d’actes
d’anoblissement pour la Provence du xive siècle. Il est toutefois
concevable que les souverains aient pu remercié certains de leurs
officiers de cette manière 35 . Cependant, il est davantage probable
que la progressive intégration de ces officiers dans l’ordre de la
noblesse soit, comme le précise Raymond Cazelles « l’expression
spontanée et populaire de l’autorité que ces hommes ont acquise,
tant auprès du roi et dans ses conseils qu’auprès des particuliers
qu’ils défendent et qui les pensionnent et probablement aussi de la
richesse qui en est la conséquence et qui en fait les égaux de bien des
nobles de naissance » 36 .
18 Aussi, il semble, qu’à cette époque, le terme nobilis quand il n’était
pas signe d’une réelle noblesse, caractérisait l’importance d’un
personnage ou était donné à des hommes en voie d’accéder à la
noblesse. Cette imprécision reflète la grande diversité sociale du
monde des hommes de loi dans un siècle où les membres de cette
profession sont en pleine ascension sociale sans avoir pour autant
atteint, dans la société, le rang qu’ils obtiendront dans les siècles
suivants.
19 S’il est acquis que les juges locaux sont, sans nul doute, presque tous
des juristes de profession ayant suivi une quelconque formation
universitaire, il est, par contre, plus difficile de préciser le niveau de
cette dernière. Sur les 396 juges, 217 sont assurément des juristes
dont 24 bacheliers, 27 licenciés, 29 professeurs ou docteurs et 137
jurisperiti. 80 juges sur 396 (20,2 %) ont donc indubitablement un
grade universitaire.
20 Ces chiffres peuvent paraître faibles mais ils ne représentent pas
fidèlement la réalité. En fait, la part des gradués universitaires était
certainement supérieure au nombre précédemment cité du fait,
d’une part de la négligence des scribes, d’autre part, de l’imprécision
du terme jurisperitus qui put, au moins dans la première moitié du
siècle, être utilisé pour désigner les gradués.
21 Il est en effet difficile de savoir exactement quelle population
recouvrait ce terme. Ces hommes possédaient assurément une
certaine culture juridique. Toutefois, il est malaisé d’évaluer leur
niveau de culture. Ont-ils tous été à l’université et, dans ce cas, ce
passage se concrétisait-il par l’obtention d’un grade universitaire 37
?
22 Il ne fait aucun doute qu’un bon nombre ont certainement achevé
leur cursus universitaire. En effet, longtemps prévaut la pratique,
chez les scribes, d’inscrire indifféremment la mention du grade ou
celle de jurisperitus 38 . Si cette double appellation peut s’expliquer
par le fait que certains officiers complétèrent leur cursus
universitaire au cours de leur carrière, cela est aussi dû au fait que
les scribes ne prenaient pas toujours la peine d’inscrire le grade
universitaire de l’officier, se contentant d’indiquer, par
l’intermédiaire du vocable jurisperitus, que ce dernier était détenteur
de certaines connaissances juridiques 39 . Ainsi, 22 juges, bien qu’ils
aient été titulaires d’un grade universitaire apparaissent, plus tard
dans leur carrière, simple jurisperitus 40 . François Bernardi est
présenté comme bachelier en droit, puis comme jurisperitus et enfin
comme bachelier dans les deux droits. Il est donc fort probable que
le nombre exact de gradués était supérieur aux 80 recensés. Nombre
de juges, simplement appelés jurisperiti, n’apparaissant qu’à une ou
deux reprises dans les sources, et surtout n’étant cités que dans de
longues et sèches listes de registres de condamnations, ont pu voir la
mention de leur grade omise par les scribes.
23 Il n’est pas exclu que certains jurisperiti malgré des études en droit
ne terminèrent pas leur cursus universitaire. Jacques Verger a fait
ressortir, pour les universités du Midi de la France à la fin du xive
siècle, la forte sélectivité des études universitaires 41 , ayant même
retrouvé des étudiants « échouant près du port (peut-être faute de
moyens financiers), après de longues années d’études » 42 . Il est
donc possible que plusieurs juges, bien qu’ayant passé un certain
temps à l’université, en soient ressortis sans aucun grade, leurs
connaissances juridiques étant cependant suffisantes pour qu’ils
soient appelés jurisperiti. Nous ne pouvons malheureusement étayer
davantage cette affirmation. Malgré tout, certains juges, ayant
occupé un grand nombre de postes, sont à maintes reprises décrits
sous le seul vocable jurisperitus 43 . Peut-être est-ce là un indice de
l’existence de ce groupe d’hommes.
24 Même si le nombre de juristes est resté stable au cours du siècle, les
gradués deviennent plus nombreux à partir des années 1340. À partir
de cette décennie, le comte de Provence utilise régulièrement une
vingtaine de gradués par décennie pour atteindre un maximum de
quarante dans les années 1370 à 1380.
25 Plusieurs interprétations peuvent être données de ces chiffres. Tout
d’abord, le comte de Provence aurait, dans la première moitié du
siècle, utilisé en priorité des jurisperiti puis un changement se serait
opéré, dans les années 1340-50, consistant en l’arrivée d’un plus
grand nombre de gradués. Une autre interprétation serait de
reconnaître qu’un changement se serait graduellement opéré dans la
façon de désigner les juristes. Dans la seconde moitié du siècle, les
juristes auraient été plus souvent présentés avec la mention de leur
grade, nouvelle habitude reflétant la reconnaissance accrue de ce
groupe social dans la société 44 . Il est en fait possible que ces deux
explications aient joué conjointement. L’appareil administratif
provençal aurait employé, tout au long du xive siècle, un nombre
grandissant de gradués d’université. Ce phénomène, également
perceptible au niveau des institutions municipales, se serait traduit
par une reconnaissance accrue de leurs titres.
26 Toutefois, l’analyse des lieux de travail des juges permet d’apporter
un éclairage supplémentaire à cette question. En effet, nous
remarquons que gradués, jurisperiti et autres juges ne travaillent pas
toujours dans les mêmes régions. Les premiers sont surtout en poste
dans les circonscriptions de Basse-Provence, centres du pouvoir,
telles qu’Aix, Marseille, Apt 45 , Tarascon, ou Avignon 46 ainsi que
celle de Nice. La situation est très différente pour les simples
jurisperiti. Ceux-ci sont surtout présents dans des circonscriptions
d’importance moyenne, quelque peu délaissées par les gradués,
comme Draguignan, Puget-Théniers ou Moustiers. Enfin, les juges
qui n’ont aucune qualification apparente se retrouvent surtout dans
les localités périphériques ou des chefs-lieux de circonscriptions
secondaires telles que Réauville, Vintimille ou le Val de Stura. Aussi,
le fait que les simples jurisperiti furent plus souvent nommés dans
des circonscriptions de second ordre permet de supposer qu’ils
pouvaient parfois être réellement moins scolarisés ou du moins
qu’ils n’avaient tout simplement pas obtenu, du fait du coût des
études universitaires, leurs grades. Cela montre également
l’importance des compétences juridiques pour qui veut faire carrière
dans l’appareil administratif. Les juges leur doivent en grande partie
leurs éventuelles promotions.
27 Le personnel judiciaire des cours locales nous apparaît dans son
ensemble instruit. Dans un siècle où, à partir de 1348, la justice tend
à fournir la part la plus importante des revenus des circonscriptions
provençales et où les communautés disposent également de juristes
pour défendre leurs privilèges, l’appareil administratif comtal
pouvait donc compter sur un important bassin d’hommes de loi qui,
dans leur majorité, avait suivi des études universitaires.
28 Depuis le xiie siècle, la Provence est intimement liée à l’Italie. La
renaissance du droit romain, la présence du jus commune, y fut très
précoce sous l’influence, dans un premier temps, de clercs et de
moines se rendant étudier dans la péninsule et d’Italiens venant
répandre leur savoir de l’autre côté des Alpes et, dans un second
temps, des universités et studia locaux. La conquête du royaume de
Naples par les Angevins, le contrôle de l’appareil administratif
provençal par la cour centrale napolitaine amena en Provence un
nouveau contingent de juristes italiens venant servir, le plus
souvent, de façon temporaire. Toutefois, faute d’un relevé
systématique, la question de l’importance de la présence italienne
dans l’administration provençale n’a pas encore trouvé de réponse
satisfaisante 47 .
29 Il importe donc de se pencher sur l’origine géographique des juges.
Ceux-ci proviennent-ils majoritairement de la Provence ou l’Italie
fournit-elle encore un nombre important d’hommes de loi ? Nous
connaissons l’origine géographique de 187 juges sur 396 (47,2 %). De
ce nombre, 164 juges (87,7 %) sont originaires de Provence, douze
(6,4 %) d’Italie, cinq (2,7 %) du Piémont, trois (1,6 %) de la
principauté d’Orange, un du Dauphiné, un du Comtat Venaissin et un
de la ville de Nîmes. Peu d’Italiens et de Français donc, et une très
forte majorité de Provençaux. Ainsi, même si la Provence était
dirigée de loin par la cour napolitaine, cette dernière n’envoya que
très peu d’hommes de loi servir dans le comté.
30 Il faut dire, qu’en ce xive siècle, les juristes provençaux étaient en
assez grand nombre pour répondre à la demande. Nous devons
toutefois nous demander comment se répartissent ces hommes de loi
à l’intérieur du territoire provençal ? Sont-ils essentiellement
originaires des grands centres urbains ou bien se dispersent-ils
jusque dans les plus modestes noyaux de peuplement ?
31 86 juges sont originaires des grandes villes de Provence, 53 juges
proviennent de localités ayant entre 250 et 1 000 feux tandis que 25
sont issus de communautés ayant moins de 250 feux 48 . Les grandes
villes de Provence fournirent donc la moitié des juges d’origine
connue. Cela n’a rien d’étonnant en soi. Cela reflète en fait
l’implantation géographique des hommes de loi qui s’installent
généralement dans les villes les plus importantes, les plus à même de
leur fournir des revenus honorables.
32 Cependant, les chiffres nous montrent que les juges sont loin d’être
absents des localités plus modestes. Notons tout d’abord
l’importance des différents chefs-lieux de circonscription. Ceux-ci
sont en effet susceptibles d’accueillir des hommes de loi à cause de la
présence du tribunal comtal. Ce dernier constitue une source
potentielle de revenus pour les juristes qui peuvent y servir comme
juge du comte ou y représenter des justiciables. Cependant, la
présence des juristes ne s’arrête pas à ces centres administratifs. De
petits centres locaux tels que Saint-Paul-sur-Ubaye ou les Baux-de-
Provence, des localités de moins de 100 feux, comptent quelques
hommes de loi en leur sein. On aurait pu s’attendre à ne trouver
dans ces lieux que des juristes à la qualification incertaine 49 . Cela
est loin d’être le cas puisque nous y retrouvons tant des bacheliers
ou licenciés que des docteurs.
33 La présence de notaires jusque dans les plus petits villages
provençaux est un phénomène depuis longtemps démontré. Qu’il en
ait été de même pour les juristes est quelque peu étonnant ! Ce
phénomène peut s’expliquer par deux facteurs. Il est à la fois la
résultante de l’emprise du droit romain, de la justice et de ses
tribunaux sur la société provençale mais aussi du fait qu’une bonne
partie de la noblesse rurale a décidé d’investir les professions
juridiques.
34 Une des caractéristiques des États de la fin du Moyen Âge est la
présence d’un nombre grandissant d’officiers qui travaillent de façon
plus ou moins permanente au sein de l’appareil administratif. En
conséquence, il est nécessaire d’essayer de voir s’il s’est créé dans la
Provence médiévale un groupe de juges professionnels qui selon
l’expression de Bernard Guenée, « consentaient à consacrer de plus
en plus de leur temps à l’État » 50 .
35 La plus grande diversité règne quant aux types de carrière menés
par ces officiers. Le nombre de mandats acceptés par chaque juge
varie de 1 à 19. L’analyse de ces carrières montre tout d’abord
l’existence d’un nombre relativement restreint de « fonctionnaires »
à temps plein qui semblent avoir donné la priorité de leur fidélité à
l’appareil administratif comtal. Ainsi, plus d’une cinquantaine – 57
exactement – d’entre eux passèrent presque toute leur carrière au
service de l’État et occupèrent près de la moitié des postes
disponibles. C’est à eux, en outre, que furent confiées les nombreuses
et diverses missions ponctuelles ordonnées par le roi ou la cour
centrale d’Aix. Les enquêtes, les missions de représentation, les
ambassades leur sont souvent confiées plus fréquemment qu’aux
autres officiers 51 . Ces commissaires étaient tous, sauf quelques
rares exceptions, des hommes de confiance de l’appareil
administratif, d’origine provençale 52 , qui firent une longue
carrière au sein de l’appareil judiciaire.
36 Cela confirme l’existence d’un petit groupe de juges qui forme en
quelque sorte l’ossature, le noyau dur du personnel judiciaire
provençal, auquel les souverains accordent une telle confiance qu’ils
leur accordent parfois la tâche d’enquêter contre ses officiers. Ce ne
sont pas forcément les plus scolarisés 53 et ils n’obtinrent pas tous
un office à la cour centrale mais ce sont des hommes qui avaient
acquis une solide expérience du travail administratif.
37 Ce nombre de 57 juges « à temps plein » ou « réguliers » est-il faible ?
Il est difficile de répondre à cette question. Toute comparaison avec
nos appareils administratifs modernes ne peut être sérieusement
envisagée d’autant plus que l’annualité des charges oblige tout
officier à quitter son office chaque année. Nous ne pouvons donc
nous attendre à retrouver un fonctionnariat aux contours stables et
bien définis. Ce dernier forme alors un groupe social en gestation.
Contentons-nous de remarquer que certains individus ayant fait,
selon l’expression de Françoise Autrand, du service de l’État « leur
principale orientation » 54 peuvent être considérés comme des
fonctionnaires de profession 55 . Ayant pu servir, pour certains plus
de 35 ans, ils ont donc un poids au sein de l’administration locale
sans comparaison avec leur nombre relativement restreint. C’est sur
eux que reposait le fonctionnement quotidien du système judiciaire.
38 Autre signe de l’importance prise par les hommes de loi dans
l’appareil administratif provençal, de tous les officiers œuvrant au
sein des cours locales, ce sont les juges qui accédèrent en plus grand
nombre, aux grands offices du Comté. En effet, 41 des 396 juges
(10,4 %) occupèrent un office au sein de l’appareil administratif
central où ils remplirent les fonctions les plus diverses, judiciaires ou
financières 56 . Aucun cependant n’occupa le poste de sénéchal ni
aucune fonction militaire 57 . Leur grand nombre est révélateur,
encore une fois, de l’importance prise par les hommes de loi dans les
appareils administratifs de la fin du Moyen Âge.
39 La majorité de ces juges ne remplirent, avant leur nomination qu’un
nombre assez restreint de postes locaux, voire aucun 58 . Ainsi, 29
d’entre eux n’eurent, avant d’accéder à la cour centrale, que de zéro
à six postes. Ces derniers appartiennent souvent à des familles
proches du pouvoir. Louis de Tabia, par exemple, d’une famille
aixoise qui avait fourni plusieurs juges locaux et grands officiers,
n’avait occupé que le modeste poste de juge de Digne avant de
commencer sa carrière à la cour centrale. Raymond de Crota, le fils
du maître rational, Geoffroy de Crota, avant de devenir juge des
premières appellations de Provence puis maître rational, n’avait
rempli qu’un seul office et pas le moindre, celui de juge du palais de
Marseille. Tous ces hommes ont vraisemblablement bénéficié
d’appuis familiaux pour grimper aussi vite dans la hiérarchie
administrative. L’appartenance à des familles proches du pouvoir
diminuait donc de beaucoup le temps passé dans les offices locaux
allant, parfois, jusqu’à le supprimer totalement et permettait même
à certains, dépourvus de grades universitaires, à l’instar des
jurisperiti Raymond de Crota et Bernard Garde, d’accéder à ces
grands offices.
40 Outre le fait d’appartenir à des familles proches du pouvoir, être
gradué constituait une autre condition pour l’accession à ces hauts
offices. 19 de ces 28 grands officiers étaient dans ce cas. Des neuf
autres officiers, si nous éliminons de ce groupe les membres de
familles déjà présentes dans l’appareil administratif, seuls quelques
individus ne doivent leur présence, dans l’état actuel de nos
connaissances, ni à leur milieu familial ni à leurs études.
41 Pour certains, cette promotion était l’aboutissement d’une longue
carrière locale mais, pour la plupart des grands officiers, les grades,
les appuis familiaux ou l’éclat d’actions particulières écourtèrent de
façon significative ce purgatoire. Ils étaient alors assez souvent
remerciés par des libéralités royales et les portes de la noblesse leur
étaient grandes ouvertes avec les prédicats d’honneur sapiens et
egregius, mais aussi parfois le titre de chevalier. L’acquisition de ce
titre par les juges paraît ainsi dépendre de la possession de hauts
grades universitaires combinée à l’occupation d’un office important
à la cour centrale. Nous pouvons peut-être rapprocher ces docteurs
chevaliers de ces juristes montpelliérains qui portent parfois le titre
de « comte ès lois » (comes legum) 59 , de ces chevaliers ès lois du
temps de Philippe le Bel 60 et de ces sires ès lois 61 ou docteurs et
chevaliers 62 du règne de Philippe vi de Valois. S’agit-il, comme
l’affirme Raymond Cazelles, « d’un véritable droit à la noblesse pour
les docteurs en droit » 63 , ceux-ci s’arrogeant ce titre sans en
demander l’autorisation, ou ces hommes obtinrent-ils des lettres
d’anoblissement ? La question reste pour l’instant sans réponse.
42 Le parcours était toujours beaucoup plus long pour ceux qui ne
possédaient pas de grades universitaires ou d’appuis familiaux 64 .
Faire une longue carrière au sein de l’administration locale ne
constitue pas, en tout cas, un passeport pour qui veut grimper dans
la hiérarchie. Au contraire, il s’agit là le plus souvent de juges qui
n’avaient pas, en leurs mains, les atouts nécessaires à une telle
promotion. Il faut toutefois se demander si tous les hommes de loi
avaient pour objectif d’occuper un office à la cour centrale. Il est, en
fait, probable – nous n’avons cependant aucun moyen de le vérifier –
que certains n’étaient pas intéressés à de telles carrières.
43 Cependant, quel que fut le type de carrière menée, le service du
comte de Provence ne fut jamais exclusif. La majorité des juges
comptèrent sur d’autres sources de revenus pour s’enrichir. Les
justices seigneuriales tout autant que celles des États voisins, surtout
les États pontificaux et excepté le royaume de France, exercèrent un
attrait certain 65 . D’autre part, étant donné la modestie des gages
66 , ce fut probablement davantage la pratique privée du droit

(représentation, consultation, arbitrage) et les profits parallèles à


leurs offices qui purent permettre à la majorité des juges, ceux que
nous ne voyons officier que de façon périodique, d’accroître leur
fortune. Pour la minorité de juges « réguliers », cependant, les gages
devaient consister l’essentiel de leurs revenus d’autant plus qu’ils
avaient une obligation de résidence. La lourdeur de leur tâche,
l’obligation de résidence étaient autant d’obstacles à la pratique
privée du droit. Cette dernière ne devait donc fournir qu’un
complément de revenus pour les juges « réguliers » alors qu’elle
constituait probablement la principale activité pour les autres.
44 Devons-nous en conclure que les juges « réguliers » étaient, parmi
tous les juges, ceux qui avaient le moins de possibilités de se bâtir
une clientèle personnelle ? Les indices allant dans ce sens sont
nombreux d’autant plus qu’ils étaient de façon générale peut-être
moins scolarisés, ce qui devait en faire des hommes d’une notoriété
moindre que leurs collègues gradués. D’autre part, même si la
fortune des juristes reste difficilement saisissable, les quelques
achats effectués par ces hommes confirment un fait que les
historiens ont déjà mis en lumière ; la forte tendance des hommes de
loi à investir leur capital en biens immobiliers 67 mais surtout le
niveau de fortune moyen de la majorité d’entre eux. Seuls, quelques
juristes des grandes villes et ceux qui parvinrent à obtenir un office à
la cour centrale voient leur fortune croître de façon significative 68 .
La promotion de ces derniers est alors accompagnée par leur
installation dans la capitale du comté, Aix 69 .
45 L’aisance moyenne des juges locaux explique leur désir d’obtenir une
certaine permanence que ne pouvait leur permettre le principe de
l’annualité des charges. Ils tentèrent de contourner cet obstacle par
le biais de l’alternat, technique permettant à un juge d’être nommé
simultanément à deux postes pour y exercer alternativement d’une
année à l’autre. Cette pratique commence à apparaître dans la
seconde moitié du siècle mais paraît être resté fort marginale durant
la période étudiée. La vénalité des offices, que certains historiens
voient comme la conséquence de l’alternat, ne semble pas non plus
se développer outre mesure. Les plaintes des justiciables à ce sujet
n’apparaissent qu’à la toute fin du siècle 70 . Cela peut s’expliquer
par le fait que peu d’hommes ne désiraient encore, en ce xive siècle,
s’enraciner au sein de la fonction publique. Celle-ci ne constituait un
objectif de carrière que pour une minorité d’hommes de loi.
46 Les hommes de loi qui servirent le comte de Provence ne
délaissèrent pas pour autant la vie municipale. Bien que le type de
sources consultées ne prédisposât pas à les découvrir nous avons
quand même retrouvé un nombre non négligeable d’entre eux dans
ce secteur d’activités. Faire une carrière au sein de l’administration
comtale n’empêchait pas ces juges d’avoir des fonctions municipales
71 . Même ceux qui firent de longues carrières administratives

apparaissent régulièrement dans les fonctions de syndic ou de


conseiller municipal. Pour ces derniers, cependant, leur savoir était
utilisé par leur communauté une fois leur carrière comtale achevée.
Il semble y avoir, dans ce cas, une incompatibilité entre le service
simultané de ces deux maîtres. On passe de l’un à l’autre, plus
souvent de celui du comte à celui de l’université, mais on ne sert pas
les deux conjointement. C’est peut-être le temps de la « retraite »
mais surtout, distingués par le service du prince, ils ont acquis une
reconnaissance sociale qui leur permet d’occuper les plus hautes
charges municipales. Ils font alors profiter leurs concitoyens de leur
vaste expérience et des « amitiés » acquises au cours de leur carrière.
Pour les autres qui ne firent que de brefs passages dans les offices
comtaux, on passe allègrement de l’un à l’autre. Ils multiplièrent, à
l’instar de Guillaume de Monteolivo à Marseille ou Pierre Amalrici à
Sisteron, les responsabilités municipales. Le service momentané du
comte doit probablement être interprété, chez ces hommes, comme
la volonté d’acquérir une expérience et des contacts indispensables à
leur pratique privée et au service de leur communauté. Le comte de
Provence, quant à lui, va chercher chez ces personnalités locales leur
connaissance du monde municipal et des administrés.

***

47 Les structures de l’administration locale furent d’une étonnante


stabilité tout au long du xive siècle, ce qui contraste avec le va-
etvient incessant des juges qui, tous les ans, quittaient leurs
fonctions. Cela ne pouvait se faire sans que n’existassent des
instruments permettant la transmission de l’information
administrative d’un officier à un autre 72 et aussi sans que ne fût
disponible un nombre important d’hommes aptes à accomplir des
tâches nécessitant une certaine éducation. Cela met en perspective
la richesse d’un comté qui, malgré ses dimensions modestes, était
bien pourvu en hommes maîtrisant les techniques de l’écriture, du
calcul et du droit.
48 Certains choisirent de centrer une partie ou la totalité de leur
carrière sur le service du comte. C’est que le temps était à ces
spécialistes. Que ce fût l’État provençal, les communautés ou les
particuliers, tous étaient de possibles employeurs qui offraient à ces
techniciens du droit de multiples occasions d’accroître leurs
revenus. C’est pourquoi le service de l’État ne fut que rarement
exclusif chez nos officiers. Ceux qui le servirent de façon prioritaire
y virent un instrument de promotion sociale. L’État provençal a ainsi
pu compter sur un noyau assez important de juristes qui firent
carrière au sein de l’appareil administratif, hommes de confiance à
qui il confiait non seulement les offices habituels mais toutes autres
sortes de missions ponctuelles. Selon nos observations, et même si
ces hommes ne forment pas un groupe socio-professionnel aux
contours solidement constitués, il n’en reste pas moins qu’une
« fonction publique » provençale se met en place, impliquant des
spécialistes qui doivent en grande partie leur carrière au service du
comte. Ce sont eux qui, aux temps sombres du règne de la reine
Jeanne, maintinrent le fort et, avec l’aide des communautés, mirent
le pays en défense.
49 L’importance des juristes et des notaires, le fait qu’ils aient été les
seuls à faire des carrières administratives, montrent l’importance
prise par les secteurs des finances et de la justice dans le
fonctionnement de l’État. Dans cette perspective, le contrôle du
territoire consiste en l’exercice quotidien de droits royaux qui
constituent autant de sources de revenus pour la couronne. Pour
assurer sa présence, pour faire respecter ses droits et récolter les
revenus attenants, l’État a besoin d’un nouveau type d’officiers qui
commencent lentement à faire valoir leur utilité et à faire sentir leur
présence dans la société. Qu’ils soient issus de la petite noblesse
rurale ou du monde urbain, ce sont de façon générale tous des
hommes d’expérience, proches des administrés, ayant côtoyé le
monde municipal. L’ascension sociale du groupe des notaires et des
hommes de loi est ainsi en partie due à ces nouvelles fonctions de
l’État. Les officiers du roi furent d’ailleurs d’ardents défenseurs de la
conservation des droits royaux qui n’hésitèrent pas à protester
contre les nombreuses aliénations du domaine royal effectuées par la
reine Jeanne dans la seconde moitié du siècle. Ce faisant, ils avaient
peut-être conscience que leur sort était étroitement lié à celui de la
couronne.
50 Soulignons pour terminer que dans la majorité des royaumes et des
principautés de la fin du Moyen Âge, à cause de la croissance des
fonctions de l’État, s’opèrent des changements de nature dans les
tâches des administrateurs principaux des administrations locales.
Cela se caractérise principalement par la dévolution des tâches
originellement confiées à l’officier principal dans les mains de
lieutenants. L’originalité provençale réside dans le fait que ce
processus n’a occasionné aucun changement dans les structures
administratives, aucune apparition de nouveaux types d’officiers ni
engagement de lieutenants. Les compétences du viguier et du baile
passèrent progressivement dans les mains du juge, officier en place
depuis le milieu du xiiie siècle. Le processus de spécialisation des
offices étant achevé au début du xive, nous pouvons même déceler
une évolution inverse à celle observée ailleurs, puisque les
compétences du juge s’élargissent et dépassent sa seule compétence
en matière de justice. Le juge devient le véritable représentant de
l’autorité comtale. Dans un comté depuis longtemps acquis au droit
romain, il est ainsi symptomatique de voir les hommes en charge de
la justice devenir les véritables représentants de la souveraineté du
comte auprès de la population. Cela en dit long sur l’importance de
la justice dans l’État provençal.

NOTES
1. F. Autrand, Naissance d’un grand corps de l’État : Les gens du parlement de Paris 1345-1454,
Paris, 1981.
2. M. Hargsor, Recherches sur le personnel du Conseil du roi sous Charles viii et Louis xii, Lille-
Paris, 1980.
3. J. Bartier, Légistes et gens de finances au 15e siècle, les conseillers des ducs de Bourgogne Philippe
le Bon et Charles le Téméraire, Bruxelles, 1955.
4. J. Kerhervé, L’État breton aux xive et xve siècles. Les ducs, l’argent et les hommes, Paris, 1987.
5. B. Guenée, Tribunaux et gens de justice dans le bailliage de Senlis à la fin du Moyen Âge (vers
1380-vers 1550). Paris, 1963.
6. A. Demurger, Guerre civile et changement de personnel administratif dans le royaume de France
de 1400 à 1418 : l’exemple des baillis et sénéchaux, dans Francia, 6, 1978, p. 151-298 ; G.
Castelnuovo, Centres et périphéries : les châtelains en terre savoyarde (moitié xive-moitié xve siècle),
dans Savoie et région alpine. Actes du 116e Congrès national des sociétés savantes. Sections d’histoire
médiévale et de philologie... Chambéry-Annecy, 1991, Paris, 1994, p. 97-108 ; Ph. Maurice, Les
officiers royaux du bailliage de Marvejols à la fin du Moyen Âge, dans Revue historique, 582, avril-
juin 1992, p. 285-309.
7. O. Mattéoni, Servir le prince. Les officiers des ducs de Bourbon à la fin du Moyen Âge (1356-1523),
Paris, 1998 ; G. Castelnuovo, Ufficiali e gentiluomini. La società politica sabauda nel tardo
medioevo, Milan, 1994.
8. G. Giordanengo, Arma legesque colo. L’État et le droit en Provence (1246-1343), dans L’État
angevin. Pouvoir, culture et société entre xiiie et xive siècle, Actes du colloque international (Rome-
Naples, 7-11 novembre 1995), Rome, 1998 (Collection de l’École française de Rome, 245), p. 35-80.
9. J.-P. Boyer, Administration d’une baillie provençale au temps du roi Robert : le comté de
Vintimille et Val de Lantosque, dans Recherches régionales. Côte d’Azur et contrées limitrophes, 3,
1983, p. 127-149 ; Id., Hommes et communautés du haut pays niçois médiéval. La vallée de la
Vésubie aux xive et xve siècles, Nice, 1990, p. 270, 271, 281 ; É. Baratier, Histoire de la Provence,
Paris, 1969, p. 193 ; V. L. Bourilly, R. Busquet et al., Les Bouches-du-Rhône. Encyclopédie
départementale. II. Antiquité et Moyen Âge, Paris-Marseille, 1924, p. 390 ; G. Giordanengo, Arma
legesque colo... cité n. 8, p. 61.
10. J.-L. Bonnaud, La transmission de l’information administrative en Provence au xiv
e siècle :
l’exemple de la viguerie de Forcalquier, dans Provence historique, 46, 1996, p. 221-228.
11. Une analyse des revenus comtaux dans la viguerie de Draguignan et la baillie d’Apt
montre que si les revenus des fermes comtales chutent dramatiquement dans la seconde
moitié du xive siècle, cette baisse est compensée par l’accroissement des revenus liés à la
justice. J.-L. Bonnaud, La bonne justice en Provence au xive siècle : coûts et revenus à l’échelle
locale, dans B. Garnot (dir.), Les juristes et l’argent : le coût de la justice et l’argent des juges du xive
au xve siècle, Dijon, 2005, p. 15-26.
12. M. Hébert, Les États de Provence à l’époque de la Dédition niçoise, dans 1388 la dédition de Nice
à la Savoie. Actes du colloque international de Nice (septembre 1988), Paris, 1990, p. 187.
13. J. Chiffoleau, Les justices du pape : délinquance et criminalité dans la région d’Avignon au xive
siècle, Paris, 1984.
14. J.-R. Strayer, Les gens de justice du Languedoc sous Philippe le Bel, Toulouse, 1970.
15. Cet article reprend une bonne partie des conclusions de notre thèse : J.-L. Bonnaud. Les
agents locaux de l’administration royale en Provence au xive siècle : catalogue et étude des carrières,
Université de Montréal, 1997 et J.-L. Bonnaud, Un État en Provence. Les officiers locaux du comte
de Provence au xive siècle, Rennes (sous presse).
16. Pour un rapide aperçu des fonctions des juges, voir M.-J. Bry, Les vigueries de Provence :
aperçu de leur histoire jusqu’à la fin du xvie siècle, Paris, 1910, p. 167-171, ainsi que J.-P. Boyer,
Hommes et communautés du haut pays niçois médiéval... cité n. 9, p. 322-324.
17. Les statuts du roi Robert précisent la durée des mandats des officiers locaux : Statuimus
igitur et ordinamus ut vicarii, judices et bajuli sint annuales, nisi eos providerimus ad tempus de
certa nostra sciencia statuendos. Item constituti jam vitam debeant amoveri (Ch.-M. Giraud, Essai
sur l’histoire du droit français au Moyen Âge, Paris, 1846, p. 71). Cette exigence est souvent
rappelée. Ainsi, le 31 août 1331, le roi Robert, confirmant certains privilèges des Niçois,
rappelle quod officiales in dicta civitate sint annuales prout dicta universitas de privilegium habet
(Arch. comm. Nice, AA4-1-15). De fait, dans les quelques lettres de nomination des juges,
retranscrites dans les comptes de clavaire, les juges sont toujours nommés pour une seule
année. À cette occasion, les clavaires font parfois retranscrire les lettres du sénéchal ou des
souverains leur annonçant la nomination de cet officier. Voici l’exemple de la nomination
du juge de Forcalquier, Albert Jusbert : Fulco de Agouto, miles, valle Rellanie dominus,
comitatuum Provincie et Forcalqueriis senescallus, clavariis curie regie et reginalis Forcalqueriis,
presenti scilicet et futuris salutem et dilectionem sinceram, scire vos facimus quod fisi de fide
sufficiencia et legalitate circumspecti viri domini Alberti Jusberti, juresperiti de Aquis, ipsum judicem
ipsius loci euisque judicature sive districtus usque, ad annum unum et die ingressus sui ad ipsum
officium in antea manua numerandum, et quousque successor suis, in ipso officio aduenerit [...].
Datus Aquis per virem nobilem dominum Johannem de Revesto militem juriscivilis professore magne
regie et reginalis curie magistrem rationalem ac de mandato nostro vicegerentem maioris judicis
comitatuum preditorum Anno millesimo CCCLIII die XXIIII decembris viie indictionis (Arch. dép. des
B.-du-Rh., B1894 f. 263). Cette exigence fut toujours, à quelques exceptions près,
scrupuleusement respectée. Pour les vigueries ou bail-lies dont nous disposons de listes
presque complètes de juges, nous remarquons que les juges changent de façon régulière à
chaque année.
18.Ut judices sex parlamenta in anno facere teneantur (Ch. Giraud, Essai sur l’histoire du droit
français..., p. 74).
19. Les nombreux registres de condamnations conservés par les différentes cours tant que
des amendes restent à percevoir témoignent de la tenue régulière des parlements (sur ce
sujet, voir J.-L Bonnaud, La transmission... cité n. 10, p. 211-228). Les clavaires notent
également soigneusement dans leurs comptes toutes les amendes perçues. Celles-ci
montrent que les juges organisaient de façon assidue des parlements non seulement au
chef-lieu de la viguerie mais aussi dans les villages de leur circonscription.
20. Les statuts du roi Robert sont assez vagues sur l’identité de l’officier devant faire cette
visite générale : De visitatione facienda per vicarium, bajulum vel judicem ter in anno. Item,
statuimus quod quilibet vicarius, bajulus, judex vel alter eorum saltem ter in anno ad minus loca
demanii et alia principaliter visitare (Ch. Giraud, Essai sur l’histoire du droit français..., p. 73).
Dans les faits, c’est presque toujours le juge qui effectue cette tournée. Il en profite parfois
pour tenir des parlements dans les villages de sa circonscription et réaliser des enquêtes.
Les exemples sont nombreux. Le 10 mai 1372, le juge de Puget-Théniers reçoit 4 livres pro
dietis suis dierum vinginti quatuor quibus vacavit visitando castra vicarie (Arch. dép. des B.-du-
Rh., B1997 f. 34). À Draguignan, le 11 juin 1353, le juge reçoit 3 livres 10 sous pro parlamentis
faciendis tam in castris de Rocabruna, Modii et Grimaudi quam in Frayneto visitatione generali
facienda (B1849). À Sisteron, le juge reconnaît avoir reçu de l’argent, le 17 août 1344, pro
dietis nostris per nos factis infra bajuliam Sistarici generalem facientem in dicta bauilia juxta regiam
ordinationem (Arch. dép. des B.-du-Rh., B2012 f. 345). J.-P. Boyer fait la même remarque pour
le comté de Vintimille et le Val de Lantosque (Hommes et communautés... cité n. 9, p. 323).
21. Les mentions de remboursement de frais de voyage à des juges ayant mené des enquêtes
à l’intérieur de leur circonscription sont très fréquentes dans les comptes de clavaire.
22. Par exemple, le juge d’Avignon, Pierre de Marculpho, fut chargé par le sénéchal, en
1323, d’aller enquêter dans la viguerie d’Arles contre certains nobles, bourgeois et gens du
peuple de la ville (Arch. dép. des B.-du-Rh., B1519 f. 18). En 1309, Jacques de Vascalla, alors
juge de Sisteron, fut envoyé par le sénéchal enquêter sur la rupture (fractione) de la prison
de la cour de Nice (B1921 f. 76v).
23. Il pose son sceau sur les registres comptables tenus par les clavaires avant que ceux-ci
n’aillent les faire vérifier par la chambre des comptes.
24. Ces documents se retrouvent en grand nombre dans les archives communales.
25.Item ordinamus atque statuimus quod de cetero in comitatibus ipsis exceptis civitatibus
Massilie Arelatis Nice Sistarici et castri Barcilonie et Tharasconis nul-li ordinentur vicarii
seu baiuli curie sed judices quos volumus bonos et expertos creari gerant officium
vicariorum et bajulorum et sunt contenti gagiis que consueverunt percipere et habere
solum pro officiis judicature et gerentes utrumque officium bajuli et judices aut bajuli et vicarii
morentur (Arch. dép. des B.-du-Rh., B4 f. 56v, 25 novembre 1355).
26. Bérard de Aquila, familier de la reine, probablement d’origine italienne. Isnard de
Belloaffari, seigneur de Bellaffaire, Gigors et Faucon-du-Caire. Jacques Bermundi, professeur
de droit civil, originaire de Manosque. Honorat de Berra, docteur et professeur en droit
civil, originaire de Nice. Raymond Clementis, de Brignoles, docteur en droit. Arnulph
Colleti. André de Crota, docteur et professeur de droit civil, d’un vieux lignage noble installé
à Aix. Isnard Cusanderii. Pierre de Marculpho, professeur de droit civil, seigneur de la
Bastide des Bains, membre d’une vieille famille noble de la région de Digne. Jean de Revesto,
professeur de droit civil, coseigneur de Châteauneuf-de-Contes, membre d’une famille
installée à Nice depuis le dernier quart du xiiie siècle. Pierre Thome, professeur en droit
civil. Jean de Vicedominis, jurisperitus, comte palatin, originaire d’Arezzo, en Toscane et issu
d’une famille servant le comte de Provence depuis le xiiie siècle. Guiran de Viens, docteur en
droit, originaire de Viens. Gautier de Ulmeto, docteur en droit, conseiller du roi, originaire
d’Hyères et seigneur de Mazauges.
27. Jean Belhome, peut-être originaire de Nice. Raybaud Berardi, jurisperitus, originaire de
Barcelonnette. Bertrand Trelhe, jurisperitus, originaire de Draguignan et détenteur, selon
Noël Coulet (N. Coulet, Les juristes dans les villes de la Provence méridionale, dans Les sociétés
urbaines en France méridionale et en péninsule Ibérique au Moyen Âge. Paris, 1991, p. 319), du
record de participations aux conseils élargis de la ville de Draguignan. Thomas de
Vicedominis, originaire d’Arezzo et probablement parent avec le chevalier Jean de
Vicedominis, cité plus haut.
28.M. Hébert, Tarascon au xive siècle : histoire d’une communauté urbaine provençale, Aix-en-
Provence, 1979, p. 133 ; N. Coulet, Répertoire des familles nobles attestées à Aix avant 1350, dans
Aix-en-Provence : espace et relations d’une capitale (milieu xive – milieu xve siècle), Thèse
multigraphiée, 1979, Annexe I, p. 8.
29. Vieille famille noble, implantée dans la région de Digne au moins depuis le début du xiie
siècle.
30. Honorat de Berra, Raymond Clementis, Jean de Revesto, Guiran de Viens, Gautier de
Ulmeto, Pierre Thome, Jacques Bermundi.
31. Huit chevaliers sont docteurs ou professeurs. Raymond Clementis, originaire de
Brignoles, apparaît comme chevalier pour la première fois, en 1372, au moment même où il
porte le titre de docteur et peu de temps avant que le sénéchal ordonne que ses gages soient
augmentés en raison de nombreux services rendus. Jean de Revesto, membre d’une famille
installée à Nice depuis la fin du xiiie siècle, est chevalier, à partir de 1341, au moment même
où il est maître rational de Provence, Jacques Bermundi quand il devient avocat et
procureur fiscal et Guiran de Viens lorsqu’il est juge des appellations à Avignon.
32. L. Larochelle, Le vocabulaire social et les contours de la noblesse urbaine provençale à la fin du
Moyen Âge, dans Annales du Midi, 104, 1992, p. 167-168.
33. C’est le cas par exemple d’Hugues Sardine, de Nice, membre d’une famille de marchands
récemment admise à la noblesse.
34. L. Stouff, Noble et bourgeois dans l’Arles du bas Moyen Âge, dans Mélanges offerts à Georges
Duby. II. Le tenancier, le fidèle et le citoyen, Aix-en-Provence, 1992, p. 189.
35. F.-P. Blanc a fait ressortir l’apparition du droit régalien d’anoblissement en Provence au
e
xiii siècle et cite quelques exemples pour ce siècle (F.-P. Blanc, L’apparition du droit régalien

d’anoblissement en Provence au e siècle, dans Provence historique, 23, fasc. 93-94, juil.-déc.
xiii

1973, p. 69-93).
36. R. Cazelles, La société politique et la crise de la royauté sous Philippe de Valois, Paris, 1958, p.
293.
37. Selon Noël Coulet, pour la Provence, et Jan Rogozin´ ski, pour le Languedoc, le terme de
jurisperitus postule que celui qui le porte a obtenu un grade universitaire dans une faculté de
droit civil ou de droit canon (N. Coulet, Les juristes... cité n. 27, p. 311 ; J. Rogozin´ ski, Power,
castle and law. Social conflict in fourteenth-century Montpellier, Cambridge MA, 1982, p. 163-164).
38. 137 juges apparaissent uniquement comme jurisperitus, sans autre mention de grade
(34,6 %), alors que nous dénombrons 170 jurisperiti. Donc, sur ce dernier nombre, 33 sont
également mentionnés, à un autre moment, comme titulaire d’un grade universitaire.
39. Nous ne pouvons parfois qu’imputer à la négligence des scribes les parcours
incompréhensibles de certains juges tels Advocatus de Ferrariis, licencié en 1370, 1375, 1377
et docteur en 1371, 72 et 76, ou Raymond Garnerii, licencié en 1382 et bachelier en 1389.
40. Par exemple, les bacheliers Rostaing Almarici, Jacques Aycardi, Foulques Chantelmi,
Jacques Claperii, Guy Crespini, Renaud Arpilhe, Jean Olivarii, Antoine Terracii et Jacques
David sont, après avoir été mentionnés comme titulaires d’un baccalauréat, présentés
comme simples jurisperiti. Il en est de même pour les licenciés Antoine Botarici, Paul de
Ponte, Antoine de Sarciano, Raybaud de Carniolis, des docteurs en droit Jacques de Ceva et
Raymond Clementis ainsi que des professeurs Jean de Forti et Jacques de Gappo.
41. J. Verger, Prosopographie et cursus universitaires, dans N. Bulst et J.-P. Genet (éd.), Medieval
lives and the historian : studies in medieval prosopography, Kalamazoo, 1986, p. 314. Dans le
même article, l’auteur estime que « selon les cas, 20 à 35 % seulement des étudiants
parvenaient au baccalauréat, 5 à 10 % à la licence, une poignée au doctorat » (op. cit., p. 315).
42. J. Verger, Prosopographie..., p. 318.
43. Par exemple, Pelin de Perusio et Guillaume de Rigaudo sont appelés huit fois jurisperitus.
Hugues Turelli et Jean Simeonis, quant à eux, sont présentés comme tel à six reprises tandis
que Guillaume Maurandi et Jourdain Sardine le sont à cinq reprises.
44. Jacques Verger situe cependant ce changement plus tôt dans le siècle. En effet, il note
«...qu’à partir du xive siècle la mention des titres possédés suit normalement, dans les
documents, le nom du titulaire » (J. Verger, Les gradués en droit dans les sociétés urbaines du
Midi de la France à la fin du Moyen Âge, dans D. Poirion [dir.], Milieux universitaires et mentalités
urbaines au Moyen Âge. Colloque du département d’études médiévales de Paris-Sorbonne et de
l’Université de Bonn, Paris, 1987, p. 146). Aussi, « le triomphe du strict modèle universitaire
pour la formation des juristes méridionaux se reflète dans le vocabulaire même des
documents du temps, par la précision croissante des titres et à l’inverse, le déclassement
des termes plus vagues comme jurisperiti ou causidici n’impliquant pas la possession de
grades universitaires » (p. 147). D’autre part, André Gouron notant la difficile intégration
des juristes à la vie politique des villes, souligne que ce n’est jamais avant la deuxième
moitié du xive siècle et parfois bien après, que leurs effectifs s’élevèrent dans les
gouvernements urbains des villes méridionales (A. Gouron, Le rôle social des juristes dans les
villes méridionales au Moyen Âge, dans Id., La science du droit dans le Midi de la France au Moyen
Âge, Londres, 1984, art. no III, p. 63).
45. La proximité d’Avignon et de la cour pontificale explique très probablement la présence
en grand nombre des gradués dans cette ville. Les docteurs et professeurs représentent 59 %
des gradués universitaires.
46. Les docteurs et professeurs représentent 84,6 % des gradués en poste dans cette ville.
47. Le relevé établi par F. Cortez des grands officiers de la cour d’Aix donne une image
quelque peu travestie de la réalité car il inclut nombre d’officiers de la cour napolitaine
venus faire une tournée en Provence (F. Cortez, Les grands officiers royaux de Provence au
Moyen Âge, Aix-en-Provence, 1921).
48. Ce sont les localités d’Aups (79 feux), Barjols (138 feux), les Baux-de-Provence (115 feux),
le Broc (73 feux), Cadenet (74 feux), Cuers (115 feux), Entrages (146 feux), Fréjus (233 feux),
Gardanne (34 feux en 1471), Mirabeau (37 ou 72 feux), Peynier (30 feux en 1471), Puget-
Théniers (247 feux), Orgon (114 feux), la Pérusse (7 feux), Puimichel (122 feux), la Roque-
d’Anthéron (inhabitée en 1471), Saint-Jurs (121 feux), Saint-Paul-sur-Ubaye (191 feux),
Saint-Vincent-les-Forts (Raybaud Vesiani), Viens (38 feux).
49. J. Verger avance qu’on ne retrouvait des docteurs et licenciés que dans les villes
universitaires et « dans les capitales politiques ou administratives ; ailleurs se rencontraient
isolés, de simples bacheliers ou des “jurispérits” à la qualification incertaine » (Les gradués...
cité n. 44, p. 148).
50. B. Guenée, L’Occident aux xive et xve siècle : les États, Paris, 1987, p. 277.
51. Ces missions sont très diverses : enquêtes contre les officiers, enquêtes sur les droits
royaux mais aussi missions de représentation, peut-être les plus nombreuses.
52. Cela nous amène à nuancer quelque peu les remarques de Jean-Paul Boyer sur la
nationalité des enquêteurs. Cet auteur ne remarque que des enquêteurs d’origine italienne
durant le règne du roi Robert (J.-P. Boyer, Construire l’État en Provence. Les « enquêtes
administratives » (mi-xiiie-mi xive siècle), dans Des principautés aux régions dans l’espace européen
(colloque de Lyon, mars 1994), Lyon, 1997, p. 21). Il semble bien que certains Provençaux furent
en charge d’enquêtes, même celles ayant pour objectif le contrôle des officiers.
53. Il n’y a que 13 gradués parmi ce groupe de juges « réguliers » (22,8 %) (voir tableau xix).
Ce pourcentage, très légèrement supérieur à celui de l’ensemble des juges (20,2 %), est en
fait beaucoup plus significatif car il tient compte de juges qui apparaissent à de très
nombreuses reprises dans nos sources, donc de juges dont les grades, s’ils en possédaient,
avaient d’autant plus de chances d’être inscrits. Par contre, il y a 32 (56,1 %) simples
jurisperiti et 12 personnes (21,1 %) n’ayant aucune qualification apparente. Les juges non
gradués, si nous acceptons que le terme jurisperitus rend compte de juges moins scolarisés,
forment donc la grande majorité de ces officiers. Il faut toutefois faire une distinction, dans
ce groupe, entre les jurisperiti, en très grand nombre, et les juges sans qualification qui sont
ici très peu nombreux. C’est parmi ce groupe de juges réguliers que se retrouve la plus
grande proportion de jurisperiti et la plus faible de juges sans qualification. Il semble donc,
en examinant la qualification professionnelle de ces juges à partir de leurs grades, que ceux-
ci étaient souvent des juristes de seconde zone, d’une qualification parfois incertaine mais
le plus souvent possesseurs d’une certaine culture juridique.
54. F. Autrand, Naissance d’un grand corps de l’État... cité n. 1, p. 265.
55. Joseph R. Strayer utilise cette expression pour les hommes de loi du Languedoc qui
servirent, durant des années, le gouvernement en se déplaçant d’une sénéchaussée à une
autre (J. R. Strayer, Les gens de justice du Languedoc... cité n. 14, p. 15).
56. Juges-mages : Jacques Bermundi, professeur de droit civil, de Manosque ; Pierre
Dalmacii, licencié en droit, de Cuneo (Piémont) ; Jean de Vicedominis, jurisperitus, d’Arezzo.
– Lieutenants du juge-mage : Geoffroy Berengari, docteur en droit, d’Aix ; Jacques
Bermundi, professeur de droit civil, de Manosque ; Pons Cayssii, licencié en droit,
coseigneur de Peillon ; Jacques Claperii, bachelier en droit, de Toulon ; Jacques de Gappo,
jurisperitus, de Pertuis ; Advocatus de Ferrariis, licencié en droit, de Pavie ; Antoine Gregorii,
licencié en droit, de Draguignan, Pierre Salamite, de Grasse ; Jourdain Sardine, jurisperitus,
de Nice ; Jean Spine, jurisperitus, de Nice. – Juges des appellations : Jacques de Gappo ;
François de Tabia, jurisperitus, d’Aix. – Vice-juges des premières appellations : Albert
Curaterii, jurisperitus, d’Aix ; Jacques de Gappo, jurisperitus, de Pertuis ; Simon de Girona,
jurisperitus, de Puget-Théniers ; Pierre Salamite ; François de Tabia, jurisperitus, d’Aix. –
Juges des premières appellations : Pierre Arnaudi, jurisperitus, de Barcelonnette ; Jacques
Claperii, bachelier en droit, de Toulon ; Raymond de Crota, jurisperitus, d’Aix ; Pierre
Raynaudi, jurisperitus, de Fréjus ; Véran Sclaponi, professeur en droit, de Barjols. – Juge des
secondes appellations : François de Tabia, jurisperitus, d’Aix. – Rationaux : Honorat de Berra,
docteur en droit, de Nice ; Bernard Garde, jurisperitus, de Sisteron. – Présidents rationaux :
Honorat de Berra, docteur en droit, de Nice ; Bernard Garde, jurisperitus, de Sisteron ;
Étienne de Mayronis, docteur en droit, de Meyronnes, Raymond de Crota, jurisperitus, d’Aix ;
Jean Simeonis, jurisperitus, de Saint-Paul-sur-Ubaye. – Lieutenants des maîtres rationaux :
Bulgarinus de Tiboldis, jurisperitus, d’Aix. – Maîtres rationaux : Jacques Arnavesii, licencié
en droit, de Toulon ; Antoine Botarici, licencié en droit, d’Aix ; Jacques de Ceva, docteur en
droit, de Cadenet ; Jean Isoardi, licencié en droit, de Digne ; Jean de Revesto, professeur en
droit civil, de Nice ; Véran Sclaponi, professeur en droit, de Barjols ; Gautier de Ulmeto,
docteur en droit, d’Hyères. – Vice-procureurs fiscaux : Antoine Gregorii, licencié en droit,
de Draguignan ; Bertrand Raybaudi, jurisperitus, d’Aix. – Avocats et procureurs fiscaux :
Antoine Botarici, licencié en droit, d’Aix ; Jacques Bermundi, professeur de droit civil, de
Manosque ; Aymeric Burgensi, de Tarascon ; Léonard de Cassaneis, professeur en droit civil,
d’Asti ; Léonard de Ceva, licencié en droit, de Cadenet ; Pierre Giraudi, licencié en droit, du
Broc ; Jean de Forti, jurisperitus ; de Draguignan ; Hugues de Luco, jurisperitus, de
Draguignan ; Jean Simeonis, jurisperitus, de Saint-Paul-sur-Ubaye ; Jean Spine, jurisperitus, de
Nice ; Jean de Vicedominis ; Gautier de Ulmeto. – Avocats et procureurs en cour romaine :
Jacques de Ce-va, docteur en droit, de Cadenet ; Jean de Revesto, professeur en droit civil, de
Nice. – Vice-trésorier de Provence : Bernard Garde, jurisperitus, de Sisteron.
57. Seul le professeur Jean de Revesto fut vice-sénéchal.
58. Ceux-ci furent juges pendant ou après leur office à la cour centrale.
59. J. Verger, Les gradués... cité n. 44, p. 151.
60. R. Cazelles, Société politique, noblesse et couronne sous Jean le Bon et Charles v, Genève-Paris,
1982, p. 82.
61. R. Cazelles, La société politique et la crise de la royauté sous Philippe de Valois... cité n. 36, p.
292-293.
62. R, Cazelles, Société politique, noblesse..., p. 83.
63.Ibid.
64. C’est le cas, par exemple, du simple jurisperitus, Jean de Forti, originaire de Draguignan,
qui officia au sein de la justice locale pendant 36 ans avant d’être d’accéder à la fonction
d’avocat et procureur fiscal en 1353, puis de lieutenant du juge-mage en 1353. Son
concitoyen, Hugues de Luco, connut une carrière similaire. Simple jurisperitus également, il
dut occuper dix postes locaux avant d’être nommé avocat et procureur fiscal en 1361.
65. Il y eut sans doute un va-et-vient certain entre la « fonction publique » provençale,
celles du Dauphiné, des États pontificaux et peut-être également celle du duché de Savoie.
Malheureusement, l’ampleur de ces mouvements nous échappe faute d’outils
documentaires.
66. Entre 36 et 100 livres coronats par année selon les endroits.
67. J. R. Strayer, Les gens de justice du Languedoc... cité n. 14, p. 34 et 37 ; J. Verger, Les
gradués... cité n. 44, p. 150.
68. Sur ce sujet, voir N. Coulet, Les juristes... cité n. 27.
69. Le gros du contingent de juristes ayant accédé à la cour centrale provient de ces
nombreuses petites villes, chefs-lieux de circonscription, qui parsèment le territoire
provençal, à l’exemple du docteur en droit Gautier de Ulmeto, originaire d’Hyères, du
licencié en droit Jacques Arnavesii, originaire de Toulon, ou de Hugues de Luco, originaire
de Draguignan, qui prirent tous, excepté Gautier de Ulmeto, la citoyenneté aixoise. Ce
dernier apparaît seulement comme habitant d’Aix.
70. v.-L. Bourilly, R. Busquet et al., Les Bouches-du-Rhône... cité n. 9, p. 636.
71. Il est par contre exceptionnel qu’un juge officie dans sa circonscription d’origine
d’autant que les Statuts du roi Robert interdisent de nommer un officier dans sa
circonscription d’origine ou de résidence ainsi que celle de sa femme : Item, statuimus quod
nullus in terra originis vel domicilii proprii aut uxoris possit officium gerere (Ch. Giraud, Essai sur
l’histoire du droit français... cité n. 17 p. 72).
72. Voir à ce sujet, J.-L. Bonnaud, La transmission... cité n. 10.
Justice « populaire », justice savante
Les consulats de la France Méridionale (xiie-xive siècle)

Jean-Marie Carbasse

1 Dans les premiers consulats « français », comme dans les consulats


italiens qui leur ont servi de modèle, les consuls ont obtenu une
compétence juridictionnelle à peu près complète, qu’il s’agisse de
justice « civile » (comme on dira plus tard) ou de justice criminelle.
Mais ensuite, au fur et à mesure que le régime consulaire s’est
diffusé 1 , puis s’est intégré dans des structures territoriales plus
vastes – comté de Provence ou royaume de France –, le lien originel
entre consulat et justice s’est diversifié. Si l’on considère l’ensemble
des consulats du Midi entre les années 1150 et la fin du Moyen Âge,
l’implication du consulat en tant que tel dans les fonctions
judiciaires a pris des formes extrêmement variables. Elle se décline
en une série de degrés, entre d’une part la situation la plus favorable,
qui est celle où les consuls sont les seuls maîtres d’une cour
municipale jouissant de la plénitude de la juridiction (ce que les
civilistes appelleront dès le xiiie siècle le merum imperium), et d’autre
part la situation la plus défavorable, celle où les consuls n’ont
aucune part à la justice, celle-ci étant restée (ou étant redevenue)
une compétence exclusive du seigneur 2 .
2 Pour s’en tenir à un rappel très général et en considérant ici la
question du seul point de vue organique – qui intervient, à quel
moment et à quelle place, dans le procès ? –, la typologie des
juridictions urbaines dans la moitié Sud de la France actuelle peut se
résumer de la façon suivante.
3 1. Dans l’hypothèse la plus favorable aux villes – par exemple celle
des consulats provençaux jusqu’au début du xiiie siècle –, les consuls
rendent seuls la justice dans tous les domaines : ils disposent à la fois
d’une compétence judiciaire illimitée et d’une complète autonomie
décisionnelle, depuis la formation de la sentence jusqu’à son
exécution. C’est l’hypothèse d’une justice municipale « souveraine »,
selon le modèle italien postérieur à la paix de Constance. Ainsi,
d’après la charte qui consacre, entre 1152 et 1158, l’existence du
consulat d’Arles, « les consuls corrigent, châtient et punissent les
vols, les rapines, les adultères, les homicides, les effusions de sang,
les rapts de femmes et toutes les diverses sortes d’injures et de
turpitudes, à leur jugement (juxta arbitrium suum), avec le bon conseil
de ceux qui siègent dans les conseils, chevaliers et autres
prud’hommes » 3 . En Languedoc, le meilleur exemple d’une telle
situation est celui des capitouls de Toulouse qui, jusqu’en 1254, ont
rendu des jugements sans appel 4 . Naturellement, l’indépendance
judiciaire n’a pas survécu à l’autonomie politique : celle-ci disparaît,
en Provence, dès le règne de Raimond-Bérenger v et elle prend fin en
Languedoc dans les deux décennies qui suivent la fin de la croisade
albigeoise. Dès lors que s’affirme une justice de type « étatique »,
qu’elle soit comtale ou royale, les juridictions urbaines lui sont
nécessairement subordonnées – en particulier par le biais de l’appel
réformatoire.
4 2. De fait, dans la situation qui prévaut en Languedoc après le milieu
du xiiie siècle, la cour municipale fonctionne sous le contrôle d’une
autorité seigneuriale ou du pouvoir royal. Elle dispose désormais
d’une compétence juridictionnelle qui est à la fois limitée et
partagée. Certaines affaires sont réservées aux juges du seigneur ou
du roi (les futurs « cas royaux »), comme peuvent aussi leur être
réservés, pour d’évidentes raisons fiscales, l’exécution des sentences
criminelles et les profits afférents. Dans ce schéma la cour
municipale, constituée à titre principal par le collège consulaire,
siège sous la présidence et donc la surveillance du représentant local
du seigneur, baile ou viguier. Telle est la règle qui prévaudra à
Toulouse à partir de 1283 ; elle se généralisera au xive siècle dans la
plupart des consulats du Sud-Ouest. Les rapports entre le
représentant du seigneur et les consuls sont en pratique très
variables. Dans certains cas, le baile préside effectivement les
audiences, avec voix délibérative ; dans d’autres cas, il est cantonné
à une présidence purement passive 5 . Au xive siècle, dans les
sénéchaussées du Sud-Ouest, il est de règle que les consuls soient
« juges des causes criminelles » avec l’agent local du pouvoir royal 6
.
5 3. Dans d’autres cas, cependant, le collège consulaire est exclu du
tribunal proprement dit – celui-ci ne comportant que des officiers
royaux ou seigneuriaux –, mais les consuls sont associés à
l’instruction des affaires criminelles (ou du moins au stade
préliminaire de l’instruction que l’on appelle l’« information »). Tel
est le cas, tout particulièrement, dans les bastides fondées par
Alphonse de Poitiers 7 . Les consuls forment alors une sorte de jury
chargé de veiller au respect des garanties procédurales qui
constituent toujours, en Languedoc comme ailleurs, l’un des
principaux chapitres des libertés locales. Lorsque la torture
judiciaire réapparaît, vers le milieu du xiiie siècle, puis se généralise
au début du siècle suivant 8 , les consuls exigent d’en contrôler
l’application. Dans certains cas, c’est l’ensemble de la procédure que
les consuls obtiennent le droit de surveiller : ainsi à Réalmont, en
Albigeois, où une charte de 1341 permet aux consuls d’être présent
d’un bout à l’autre de la procédure « ut omnes fraudes circa
punitionem... criminum evitantur » 9 .
6 4. Enfin dans une dernière hypothèse, ces garanties sont placées sous
la surveillance non pas directement du corps consulaire, mais d’un
groupe de prud’hommes plus ou moins précisément défini. Ceux-ci
doivent être convoqués par les officiers de justice pour participer
aux informations et, au xive siècle, aux interrogatoires pratiqués sous
la question. C’est le cas par exemple à Narbonne, dans les deux cours
seigneuriales 10 , ou encore à Albi dans la cour temporelle de
l’évêque. Dans ce dernier cas, il est précisé que les prud’hommes qui
sont appelés à constituer le jury criminel sont différents des consuls
11 : il est manifeste que l’archevêque, seigneur de la cité, n’a voulu

reconnaître au collège consulaire aucune prérogative judiciaire. Ces


prud’hommes jouent souvent un rôle identique dans les
communautés qui n’ont pas obtenu de consulat, de sorte que, même
en l’absence de consuls, des « représentants » de la population locale
sont associés à l’exercice de la justice, du moins de la justice
criminelle 12 . Aussi bien, même là où les consuls ont officiellement
la qualité de « juges criminels », il n’est pas exclu que de simples
prud’hommes soient appelés à donner leur avis à la cour sur une
affaire judiciaire, que ce soit au stade de l’instruction ou à celui du
jugement. On retrouve souvent dans ces jurys les mêmes notables
qui siègent au conseil de ville et délibèrent autour des consuls sur les
affaires générales de la ville ; mais il peut arriver aussi que les
prud’hommes chargés de fonctions judiciaires soient statutairement
différents de ceux qui sont appelés à siéger au conseil de ville. On se
bornera à signaler le cas particulier de Montpellier, où l’organisation
judiciaire est tout à fait spécifique : les consuls, qui apparaissent
définitivement en 1205, n’exercent par eux-mêmes aucune
juridiction ; ils ont cependant le droit de désigner le baile qui rend la
justice dans la ville au nom du seigneur et qui siège entouré de
curiales pris, selon l’usage, parmi les prud’hommes du lieu 13 .

***

7 Quoi qu’il en soit de ces diverses modalités, la participation des


consuls ou des prud’hommes à l’exercice de la justice, et surtout de
la justice criminelle, relève à première vue d’un schéma de « justice
populaire », dans le sens où celle-ci serait rendue sinon par la
population elle-même, du moins par un organe constitué en tout ou
en partie par des habitants du lieu – cette justice « populaire » étant
en toute hypothèse une justice de notables. Ce schéma est bien
antérieur à l’apparition des consulats. Dès le xie siècle en effet (et
sans doute avant, dans la mesure où cette organisation perpétue des
pratiques carolingiennes), on trouve à la tête de certaines
communautés urbaines et rurales des notables que les textes
qualifient de boni ho-mines, probi homines, ou jurati (prud’hommes,
jurats ou jurés) et dont l’une des attributions principales était la
participation aux sessions judiciaires tenues par le seigneur 14 . Si le
statut et le mode de désignation de ces « assistants » judiciaires sont
incertains, on constate du moins que leur influence s’accroît au
cours du xiie siècle au point qu’ils apparaissent dans certains cas
comme pleinement intégrés à l’organe juridictionnel, le seigneur ou
son agent ne rendant la justice aux roturiers qu’avec l’assistance des
prud’hommes – ce qui revenait à reproduire en faveur des roturiers
le principe du « jugement par les pairs » caractéristique des cours
féodales jugeant les milites vassaux du seigneur.
8 À partir des années 1130, au fur et à mesure que la nouvelle science
juridique romaine commence à aborder aux rivages provençaux et
languedociens, ces prud’hommes se parent, comme leurs
homologues italiens, du titre prestigieux de consuls. En même temps
ils adoptent un mode de fonctionnement plus régulier, inspiré du
droit romain (désignation élective, annalité etc.), et ils s’efforcent de
consolider leurs prérogatives judiciaires. Dans certains cas, ils
parviennent à accaparer la totalité de la compétence « civile » et/ou
criminelle, écartant ainsi les seigneurs du domaine juridictionnel.
C’est ainsi qu’apparaissent, d’abord dans les grands consulats
provençaux, puis en Languedoc (lato sensu), des juridictions
consulaires à compétence très étendue (Arles et Avignon dès les
années 1150, Toulouse en 1189, etc.). Par la suite cette compétence a
connu diverses vicissitudes. Ici elle a reflué : c’est le cas surtout dans
la Provence de Charles d’Anjou, où l’autonomie municipale a été
contestée dans son principe. Ailleurs, essentiellement dans le
Languedoc oriental et le grand Sud-Ouest, elle s’est au contraire
enracinée et généralisée, mais au prix d’une tutelle plus ou moins
précise qui est venue en contrôler l’exercice. C’est cette évolution,
complexe et variable selon les lieux et les moments, qui a donné
naissance à l’un ou l’autre des types juridictionnels que nous venons
d’évoquer.
9 Né dans le contexte de la renaissance romaniste, le régime
consulaire ne pouvait échapper, dans les modalités de son
fonctionnement, à l’influence du droit savant. C’est ainsi que les
cours municipales les plus importantes adoptent dès la fin du xiie
siècle des techniques judiciaires romano-canoniques, aussi bien dans
le domaine de la procédure (distinction entre voie civile et voie
criminelle, entre procédure accusatoire et procédure inquisitoire,
régime des preuves objectives, etc.), que dans celui du jugement
(distinction de la faute civile et de la faute pénale et distinction
corrélative de la peine et de la réparation civile, principe de
l’arbitrium judicis etc.). Un témoignage particulièrement remarquable
de cette acculturation civiliste des juridictions municipales du
Languedoc est fourni par le registre de la cour consulaire de Nîmes
pour 1217-1218, miraculeusement conservé 15 . Les grands traits de
la procédure ordinaire du Bas-Empire, tels que les décrivaient depuis
quelques décennies les auteurs d’ordines judiciarii, y semblent
parfaitement acclimatés : litis contestatio et serment de calumnia,
présentation par les parties d’un libelle contenant leurs allegationes
ou positiones, technique de la productio testium (ou de la renonciation
à cette production) et de l’interrogatoire des témoins (avec la
distinction entre le témoignage direct et le testimonium de credentia),
enfin le principe du contradictoire, fondement du procès civil,
exprimé par la formule auditis utriusque allegationibus (ou
confessionibus) – tout cela témoigne d’une science procédurale déjà
parfaitement maîtrisée. Si la procédure mise en œuvre par les
consuls nîmois, en ce début du xiiie siècle, n’est pas exactement celle
qu’exposent, au même moment, les premiers traités savants de
procédure, les ordines judiciarii ou ordines judiciorum 16 , il est clair
qu’elle s’en rapproche et qu’elle lui emprunte au moins ses traits
principaux. La question de savoir si ces ordines sont des traités
purement théoriques ou des « manuels » de pratique est ancienne.
Les ordines offrent à coup sûr l’image d’un « procès idéal » dont la
pratique ne pouvait pas respecter absolument toutes les règles. Il est
néanmoins évident que ces écrits sont avant tout destinés aux
praticiens de la justice, qu’il s’agisse des cours d’Église ou des
« justices » laïques 17 . Encore fallait-il que ces diverses juridictions
disposent d’un personnel capable de transposer dans leur exercice
judiciaire quotidien les règles de la procédure savante – ou du moins
des règles inspirées du modèle savant.
10 A priori, une telle transposition ne pouvait pas être le fait, du moins
au début de la renaissance civiliste, de simples « jurys » de notables.
Si donc les modalités techniques de l’ordo influencent dès la fin du
xiie siècle la pratique judiciaire des cours municipales dans les

grandes cités du bas-Rhône ou du Languedoc méditerranéen, c’est


par l’intermédiaire de spécialistes du droit civil, les fameux jurisperiti
ou causidici, formés à Bologne ou dans les écoles « provençales » qui
ont fleuri entre Valence, Arles et Montpellier dans la seconde moitié
du xiie siècle. Admis dès cette époque dans l’entourage des
principaux seigneurs de la région, ils prennent part également à la
vie municipale et influencent de diverses manières le
développement des institutions urbaines, d’abord dans les grandes
villes, puis dans des centres plus modestes 18 . Dès la première
moitié du xiiie siècle, dans les villes de la vallée du Rhône et du
littoral méditerranéen, mais aussi à Toulouse et dans les grands
consulats du Sud-Ouest, la présence de juristes gradués devient
presque banale. C’est sous leur influence que la procédure des
justices urbaines du Midi accède à une technicité que l’on
chercherait en vain, du moins aux xiiie et xive siècles, dans les cours
urbaines ou seigneuriales des futurs « pays de coutumes ».
11 Les rapports entre l’autorité municipale et les juristes gradués
qu’elle prend à son service sont complexes. Ils varient selon les
temps et les lieux. Il y a en gros deux situations possibles, selon que
les jurispérits siègent à titre permanent au sein du tribunal municipal,
ou qu’ils apportent à ce tribunal un concours extérieur et
simplement occasionnel.

***

12 Dans les premiers consulats provençaux, qui reproduisent


simplement à cet égard le schéma italien, le juriste professionnel qui
assiste les consuls à titre permanent reçoit la qualité de « juge ».
Institué par le collège consulaire, le « juge des consuls » peut dans
certains cas siéger au sein de la cour municipale aux côtés des
consuls, ou de certains d’entre eux, qui constituent toujours
l’élément central de la juridiction. Dans d’autres cas, le juge de la
ville peut siéger seul, sur délégation donnée par les consuls soit pour
toutes les affaires (délégation générale), soit pour certaines
catégories d’affaires ou certaines affaires précises (délégation
spéciale). Lorsque le juge de la ville reçoit une délégation générale,
les consuls conservant l’administration stricto sensu, on peut dire
qu’il y a une séparation (au moins partielle) entre l’activité
administrative et la juridiction. Au début de la période consulaire, il
y a ainsi des « juges de la ville » dans tous les consulats provençaux :
Arles 19 , Avignon 20 , Marseille, Grasse, Nice, Tarascon, Toulon, etc.
21 . Au xiiie siècle, dans les grands consulats languedociens, le

jurispérit porte le plus souvent le simple titre d’« assesseur » des


consuls 22 , ce qui lui confère un statut de simple consultant, de
donneur d’avis : il siège à côté de la cour et non en son sein. Mais à
Périgueux, où la ville ne dispose que d’une juridiction civile, le maire
et le collège consulaire délèguent l’exercice de cette compétence à
un judex villae qui peut être soit un gradué extérieur au collège
consulaire, soit l’un des consuls 23 .
13 Une fois recruté, le juge ou l’assesseur était solennellement installé
dans sa charge et prêtait serment entre les mains des consuls 24
coram populo, ou du moins en présence du conseil de ville. Comme en
Italie, ces juristes étaient liés à la municipalité par un contrat qui
fixait à la fois la durée de leur engagement et le montant de leur
rémunération. Dans la mesure où les consuls étaient élus pour un an
(et en principe non immédiatement rééligibles), « leur » juge ou
assesseur ne pouvait pas être engagé pour une durée supérieure.
Néanmoins, en pratique, on constate que les juges étaient très
souvent reconduits d’année en année par les collèges consulaires
successifs, ce qui avait pour conséquence de faire du juriste
stipendié, en théorie simple délégué ou assesseur des consuls,
l’élément le plus stable de la juridiction urbaine. Cette stabilité,
jointe à sa compétence technique, donnait en pratique au « juge de la
ville » ou à l’« assesseur des consuls » une importance considérable.
14 Au xive siècle, dans les grandes villes, les juristes qui sont au service
de la municipalité tendent à se rapprocher des autres juges qui
officient pour le compte du roi ou du seigneur et à former avec eux
un véritable « corps » judiciaire : à Montpellier, comme l’a remarqué
André Gouron 25 , ce corps s’individualise dans les cérémonies
publiques dès la fin du xive siècle. Au xve siècle, un pas
supplémentaire sera franchi lorsqu’apparaîtront des offices de juges
ou d’assesseurs permanents. Au surplus, les juges ou assesseurs des
consulats, comme les juges royaux ou seigneuriaux, ne se limitent
pas à une activité judiciaire : ils sont aussi consultants (donnant des
conseils payants aussi bien à des institutions publiques qu’à des
particuliers) et même parfois enseignants. C’est ainsi qu’à
Montpellier, dans les années 1300, plusieurs docteurs-régents de
l’Université ont été nommés (sur proposition des consuls) juges de la
ville pour le roi de Majorque, le plus célèbre étant Pierre Jamme.
15 À la fin du xiiie siècle, la doctrine reconnaît aux juges une autorité
propre, fondée sur la présomption quod facit judex, populus videbitur
facere. Cette théorie s’est trouvée particulièrement adaptée à la
situation des juges des villes qui tiennent leur autorité directement
des magistrats municipaux et donc, indirectement, du populus. En
même temps, les juges urbains peuvent bénéficier de la théorie
(formulée d’abord à Orléans par Jacques de Révigny et approfondie
par Bartole) selon laquelle le juge participe à la formulation de la
coutume, elle-même fondée sur le consensus populi : lorsque le juge
formule une règle coutumière à l’audience, le silence de la part de
l’assistance équivaut à une approbation du public : tacendo videtur
consentire. Cette reconnaissance implicite du juge comme créateur de
droit ne pouvait que favoriser la professionnalisation de la justice
municipale, selon une évolution comparable à celle que l’on
constate, à la même époque, dans les justices du roi. Corollairement,
ce processus aurait dû entraîner au sein des cours municipales un
changement comparable à celui qui s’était produit au sein des cours
royales : le remplacement progressif de l’élément politique – en
l’espèce les magistrats municipaux, consuls ou jurats –, par l’élément
technique : le juge professionnel. Cette évolution ne s’est pas
produite, et il faut se demander pourquoi.

***

16 Deux grandes raisons semblent avoir joué. La première est d’ordre


politique : c’est l’attachement des magistrats municipaux à l’exercice
effectif de leurs fonctions judiciaires, tout au moins en matière
criminelle. En effet, alors même que le tribunal municipal comporte
en permanence un juriste de métier – ce qui est le cas dans les villes
les plus importantes comme Toulouse, Cahors, Agen, Périgueux, etc.
– les magistrats municipaux ne se sont jamais désintéressés de leurs
attributions judiciaires. Loin de s’en décharger sur « leur » juge en
lui confiant une délégation générale de leur potestas judicandi, ils ont
toujours à cœur d’exercer cette fonction par eux-mêmes, avec le plus
d’exactitude possible, en dépit de sa lourdeur. Dans une ville comme
Toulouse, où le rôle de la cour consulaire est naturellement très
chargé, les capitouls siègent alternativement, par groupes de trois
26 , et se réservent expressément la qualification de « juges ». Le

juriste qui les assiste est simplement désigné comme leur


« assesseur » et on prend bien soin de marquer qu’il n’est pas partie
prenante à la décision de la cour : les consuls ne lui demandent
qu’un simple « conseil » 27 . Les consuls de Foix, juges au civil et au
criminel, sont eux aussi secondés par un assesseur qui est, à la fin du
e
xiv siècle, un licencié en décret : c’est lui qui tient le registre des
informations et qui sans doute, procède, par délégation des consuls,
à l’instruction préalable des procès pénaux – mais ce sont toujours
les consuls qui jugent 28 ... Il en va de même à Castelnaudary 29 , à
Moissac 30 , à Limoux 31 . À Bordeaux, à la même époque, le maire
est assisté par un « conseiller pensionné » qui est l’assesseur
ordinaire de sa cour 32 .
17 Aussi bien les consulats dans lesquels le collège consulaire est assisté
d’un « juge » ou d’un assesseur permanent ne sont-ils pas les plus
nombreux. En effet, dans les petits consulats – la grande majorité –
la « ville » n’a tout simplement pas les moyens de s’offrir les services
d’un gradué en droit. Seules les municipalités les plus importantes
peuvent appointer des juristes gradués – « spécialistes » dont les
services, dès le xiiie siècle, sont relativement coûteux. Ce luxe est
hors de portée des petits consulats, très nombreux en Languedoc,
Quercy, Agenais, Gascogne..., où le moindre village a des consuls.
C’est la seconde raison qui explique le maintien d’un exercice effectif
de la justice municipale par les consuls eux-mêmes, jusqu’à la fin du
Moyen Âge et au-delà.
18 A priori, la possibilité pour la cour municipale de recourir aux
services d’un juriste permanent aurait dû constituer un important
élément de discrimination entre les justices des grandes villes et
celles des petits consulats, celles-ci conservant leur caractère
originel de « justices populaires », les autres évoluant vers un mode
de fonctionnement de plus en plus professionnel. Cette opposition
s’esquisse parfois, du moins à la fin de la période, à travers une
question simple, mais lourde d’arrière-pensées : lorsque les consuls
jugent seuls, peuvent-ils vraiment rendre une bonne justice ? Ainsi
en 1418, dans un conflit qui oppose les consuls de Lectoure au
seigneur de la ville, le comte d’Armagnac. Les consuls ayant
demandé à ce dernier de leur restituer la moyenne justice qu’il leur
avait auparavant confisquée, le comte repousse leur prétention au
motif que de simples bourgeois seraient incapables de pratiquer
correctement l’arbitrage des peines 33 . Le comte se réfère ici à la
construction doctrinale de l’arbitrium judicis dont la mise en œuvre
supposait en effet un examen raisonné des diverses causes de
minoration, de majoration ou d’exonération de la peine – c’est
pourquoi on parlera plus tard d’arbitraire « réglé » 34 . Pour le
comte d’Armagnac, bien conseillé par ses propres juristes, un tel
exercice n’était pas à la portée de juges non professionnels.
L’argument était tout de même inattendu, dans la mesure où depuis
plusieurs décennies l’arbitrage des peines était quotidiennement
pratiqué, dans tout le Sud-Ouest, par de nombreuses cours
municipales. Est-ce à dire que les consuls, là où ils jugeaient les
crimes sans l’assistance d’un spécialiste, rendaient forcément une
justice « déréglée » ? Est-ce à dire, plus largement, qu’il faille
opposer deux sortes de justices municipales : d’une part, une justice
« savante » qui serait rendue dans les grands consulats par des
juristes professionnels ou avec leur assistance et, d’autre part, une
justice « populaire » rendue dans les petits consulats par des cours
municipales a priori ignorantes du droit ?
19 À vrai dire, c’est ce présupposé d’une totale ignorance juridique des
consuls, même dans des consulats villageois, qu’il faut examiner de
plus près. En effet, si l’on parcourt les registres judiciaires qui nous
sont parvenus 35 , on ne remarque aucune différence majeure dans
la pratique judiciaire des cours municipales selon qu’elles
comportent ou non un élément professionnel, pas plus qu’entre la
pratique des cours municipales elles-mêmes et celle des autres
tribunaux : en matière criminelle tout au moins, c’est partout la
même procédure, largement influencée par la doctrine. À quelques
nuances près, l’« ordre » du procès pénal suivi par les consuls juges
est ainsi identique à celui qui est en usage au même moment dans les
justices des seigneurs ou du roi. Même si la rareté des sources
disponibles rend difficile une comparaison vraiment systématique, il
est clair que les consuls ont adopté, au moins dans ses grandes
lignes, les règles de la procédure savante – qu’il s’agisse des modes
d’ouverture du procès (accusation, dénonciation, saisine d’office),
des techniques probatoires (en particulier le droit du témoignage),
du régime des peines (arbitrium judicis) ou de la réparation
« civile »...
20 Faut-il s’en étonner ? À cette époque où le droit est considéré comme
une discipline reine et où le prestige social des juristes est
considérable, nul ne méconnaît ni la valeur ni l’utilité de la
technique juridique. C’est la vie municipale tout entière, et pas
seulement dans ses manifestations juridictionnelles, qui est
constamment encadrée par le droit. Aussi bien les consuls eux-
mêmes, ou du moins quelques-uns d’entre eux, pouvaient-ils avoir
accédé à une certaine formation juridique, voire à une compétence
reconnue. Dès le xiiie siècle, les juristes plus ou moins gradués
recherchent les fonctions municipales et c’est d’abord dans le cadre
local que les ambitions sociales et politiques des jurispérits et autres
« savants en droit » ont trouvé à se satisfaire. Même si on rencontre
ici et là des dispositions qui tendent à restreindre l’accès des juristes
aux charges municipales (c’est une réaction assez compréhensible
des autres catégories de notables contre l’invasion des hommes du
droit), la plupart des consulats leur font une place ; il s’agit même
parfois d’une place réservée. Un peu partout, on trouve donc des
consuls gradués en droit. À Toulouse, entre 1300 et 1400, une
cinquantaine de capitouls sont titulaires de diplômes juridiques ;
certains sont même professeurs – ainsi Arnaud de Ponte, l’un des
doctores tholosani 36 . Un autre de ces docteurs, Géraud de Sabanac, a
été quant à lui consul de Cahors à partir de 1292 37 ...
21 Mais surtout, alors même que les magistrats municipaux n’étaient
pas juristes gradués – c’est tout de même le cas le plus fréquent –, ils
ont pu accéder par la simple pratique de la cour à un niveau
minimum de culture juridique, ou du moins judiciaire. Dès lors qu’au
delà d’une annalité de principe ils pouvaient être réélus dans les
mêmes fonctions (soit immédiatement au terme de leur mandat, soit
après un certain délai) et ainsi siéger au tribunal urbain pendant une
période parfois assez longue, cette longévité ne pouvait que
favoriser une certaine professionnalisation des fonctions
municipales et donc de la pratique juridictionnelle qui leur était
attachée. Aussi bien, à supposer que dans un cas inédit leur science
juridique fût incertaine ou trop courte, les consuls pouvaient
toujours solliciter le conseil de spécialistes pour résoudre une
difficulté particulière. C’est ainsi qu’à Toulouse le commentateur de
la coutume cite une sentence rendue à la fin du xiiie siècle par les
capitouls de consilio multorum peritorum (y compris des docteurs en
droit), dans une affaire où ni les capitouls ni leurs assesseurs
ordinaires n’avaient pu trancher le point de droit 38 . En 1315, les
consuls d’Agen demandent une consultation aux doctores tholosani
sur les modalités précises de l’enquête criminelle 39 et en 1346 les
consuls d’Albi interrogent les mêmes spécialistes sur la nature du
serment prêté par les prud’hommes de la ville lors des procès
criminels 40 . Cette possibilité de recourir à des lumières extérieures
est parfois expressément prévue par les coutumes ou statuts locaux :
ainsi, en 1262, la charte des coutumes de Clermont-Dessous (en
Agenais), dispose que si le baile et les consuls ne savent pas juger une
affaire difficile « même avec le conseil des prud’hommes et des
chevaliers du lieu », ils doivent recourir aux lumières de « savis
homes » (il s’agit évidemment de jurispérits), qui seront payés aux
frais des parties 41 . En 1301, la coutume d’Auch contient une
disposition semblable : si les consuls de la ville et les bailes des
seigneurs (l’archevêque et le comte d’Armagnac) ne sont pas
d’accord sur la décision à prendre, ils désigneront quelques discreti
viri pour les éclairer ; et si ces prud’hommes ne parviennent pas eux-
mêmes à s’accorder, « on cherchera à avoir le conseil de juristes
savants, qui seront payés aux frais communs des seigneurs et de la
ville » 42 .
22 En réalité, dans l’immense majorité des affaires, les consuls
pouvaient sans doute se contenter des connaissances pratiques qu’ils
avaient acquises dans l’exercice de leurs fonctions et qui se
transmettaient, année après année, d’un collège consulaire à l’autre,
le jeu des réélections modérant l’effet de rupture inhérent à
l’annalité du mandat. La transmission du savoir judiciaire était
évidemment favorisée par la présence permanente d’un juge ou d’un
assesseur gradué, là où il y en avait un. Mais elle l’était aussi, plus
généralement, dans la totalité des « cours » locales, par la présence
obligatoire du notaire-greffier : aidé par son formulaire et guidé par
l’expérience, celui-ci maîtrisait au moins la terminologie judiciaire et
les grandes lignes de la procédure courante. Bien que la formation
juridique des notaires fût en général assez superficielle (mais il y
avait de grandes disparités), ils en savaient toujours assez pour
donner à la procédure une allure « savante », pour rédiger avec plus
ou moins d’exactitude les actes nombreux qu’exigeait le procès écrit,
voire pour suggérer aux consuls les éléments d’une sentence simple.
Au début du xiiie siècle, les consuls de Nîmes n’ont ni juge ni
assesseur, mais le greffe de leur curia est tenu par un notaire, Pons
Niel, auquel il faut certainement imputer les tournures savantes que
nous avons relevées plus haut.

***

23 Aussi bien, là où les consuls étaient investis d’une fonction judiciaire,


quelle qu’elle fût, ils ont toujours été considérés comme exerçant
l’« office du juge », au sens large de l’expression. Dans la mesure où
les docteurs ont admis, à partir du modèle italien du xiie siècle, que
les consuls étaient des juges à part entière et que les juridictions
municipales, même les plus modestes, étaient des justices de droit
commun, le moindre consul de village, pour peu qu’il exerçât une
parcelle de juridiction, était assimilable à un juge professionnel. De
fait, si dès la fin du xiie siècle les traités savants de procédure ont
fourni des modèles de libelles introductifs d’instance adressés, par
exemple, aux consuls de Bologne 43 , on a immédiatement considéré
que des libelles semblables pouvaient être présentés, et sur le même
mode, non seulement aux puissants capitouls de Toulouse, mais
aussi aux magistrats municipaux de Montauban 44 , de Cahors, de
Foix, d’Agen..., comme aux consuls beaucoup plus modestes de
simples bastides. Au xive siècle, dans l’ensemble du Sud-Ouest, les
membres des collèges consulaires sont considérés comme juges
ordinaires ; et c’est bien en qualité de judices in causis civilibus, ou in
criminalibus, ou in civilibus et criminalibus, qu’ils siègent dans la cour
locale.
24 Ils sont donc soumis aux mêmes obligations « déontologiques » que
les juges de métier nommés par le roi ou les seigneurs. Ainsi le
serment que les consuls-juges doivent prêter, selon les divers statuts
locaux, au moment de leur entrée en charge ne fait-il pas seulement
référence aux obligations morales qui incombent, dans la tradition
du bonus judex de l’Écriture, à tous ceux qui disposent d’une parcelle
de la juridiction ; il rappelle aussi l’obligation proprement
professionnelle du juge, qui est de juger « selon le droit ». À
Montpellier, d’après la coutume de 1204, le baile et chacun des
curiales jurent de rendre la justice « sans haine, faveur, ni affection,
sans considération de parenté, d’affinité ou de voisinage, selon ce qui
[lui] paraîtra le meilleur et selon ce que [sa] conscience [lui] dictera
de meilleur » 45 . Dès les années 1160-1180, les statuts d’Arles
rappellent que la bonne justice exclut toute acception de personne :
il est donc strictement interdit aux consuls et aux juges de recevoir
« des dons ou cadeaux de la part d’un citoyen ou d’un étranger, si ce
n’est un peu de manger ou de boire (esculenta et poculenta) » 46 . Dans
les consulats du SudOuest les serments imposés aux consuls
comportent des formules comparables. À Montcuq (Quercy), d’après
la charte de 1224, ils jurent de « faire droit au pauvre comme au
riche, ne grevant pas plus le pauvre que le riche, ni l’étranger que
l’habitant » 47 . On retrouve des prescriptions semblables dans les
coutumes de Laroque-Timbaut (1270), de Prayssas (1275), d’Astaffort
(1304), de Casteljaloux (1413), etc., et là où le statut local ne prévoit
rien, la clause est implicite 48 . Mais le serment des juges, qu’il
s’agisse de juges municipaux, royaux, seigneuriaux, ou des consuls
eux-mêmes, renvoie ensuite à l’obligation proprement
professionnelle du juge selon l’École : juger « selon le droit ». Ainsi le
baile et les curiales de Montpellier promettent-ils de juger secundum
consuetudines et mores curie qui modo certi sunt vel erunt, et ubi mores
et consuetudines curie deficiunt, secundum juris ordinem 49 –
l’allusion à l’ordo juris est ici particulièrement significative.

***

25 Dès lors, la justice rendue par les cours consulaires du Midi, si on la


considère dans ses modalités d’exercice, n’a plus grand-chose de
« populaire ». Dès la fin du xiie siècle les justices urbaines du Midi
français se sont ouvertes comme les autres aux progrès de la science
juridique – qu’il s’agisse de la technique procédurale ou de la théorie
plus générale de l’officium judicis – au point que leur fonctionnement
ne diffère pas substantiellement de celui des autres justices, celles
qui sont confiées par un seigneur ou par le roi à un gradué
permanent. Aussi bien, dès le début du xive siècle, les gens du roi
considèrent-ils les justices urbaines comme simplement
« concédées » par le prince aux magistrats municipaux, et donc
susceptibles d’un contrôle de plus en plus étroit de la part des
instances royales. Et les outils de ce contrôle, en particulier la
technique de l’appel réformatoire, sont eux aussi fournis par le droit
savant – fût-ce au prix, dans certains cas, de quelque
réinterprétation 50 ...
26 Au-delà de ce constat, il faut insister en terminant sur la rapidité de
l’acculturation juridique des élites locales dans la période qui suit la
renaissance civiliste. Entre la seconde moitié du xiie siècle et la fin du
Moyen Âge, plus ou moins vite selon les régions (la diffusion du droit
savant, comme on le sait, s’est faite par cercles concentriques à
partir du « foyer » bas-rhodanien), les notables méridionaux se sont
convertis au droit. Au « droit » tout court, celui de Rome, le seul qui
eût un prestige suffisant pour susciter une aussi rapide adhésion. De
façon plus ou moins complète, non sans approximations ou contre
sens, les notables urbains du Midi en ont adopté le langage, les
procédés démonstratifs, les mécanismes. Mais surtout ils en ont
« intégré » les valeurs et, sur tous les tons, ils en ont célébré le culte.
Devenir consul, fût-ce dans un village, ce n’était pas seulement,
comme c’est le cas aujourd’hui pour nos magistrats municipaux,
accéder aux délices de la « gestion publique » ; c’était avant tout,
délices d’un autre genre, « siéger dans la cour », revêtir, comme les
juges les plus prestigieux, la robe longue – et comme eux rendre la
justice en suivant l’« ordre du droit »...

NOTES
1. Sur cette question, voir A. Gouron, Diffusion des consulats méridionaux et expansion du droit
romain aux xiie et xiiie siècles, dans Bibliothèque de l’École des chartes, 121, 1963, p. 26-76.
2. Sur cette typologie, on nous permettra de renvoyer à notre étude : Consulats méridionaux
et justice criminelle, xiie-xive siècle, thèse de droit, Montpellier, 1974, dactyl.
3. Charte du consulat d’Arles, éd. Ch. Giraud dans Essai sur l’histoire du droit français au Moyen
Âge, II, Paris, 1846, p. 2 ; la charte du consulat d’Avignon, de peu postérieure à celle d’Arles,
comporte une formule semblable (éd. J.-H. Albanès et U. Chevalier, dans Gallia christiana
novissima. vii. Avignon, Valence, 1920, no 245). Pour la datation de ces textes, voir A. Gouron,
Sur les plus anciennes rédactions coutumières du Midi : les « chartes » consulaires d’Arles et
d’Avignon, dans Annales du Midi, 218, 1997, p. 189-200.
4. H. Gilles, Les coutumes de Toulouse (1286) et leur premier commentaire (1296), Toulouse, 1969,
p. 107, n. 2.
5. C’est le cas à Toulouse, où l’ordonnance de 1283 interdit au viguier de « faire acte de
juge » ; aussi bien s’est-il rapidement lassé d’un rôle si ténu, laissant les capitouls siéger
seuls dès le début du xive siècle (ce qui ne signifie évidemment pas que la justice municipale
soit à nouveau « souveraine » !).
6. Si bien qu’à cette époque les chartes de fondation de bastides, en conférant aux consuls la
connaissance des causes criminelles, présentent cette compétence comme allant de soi :
Consules dicti loci... habeant una cum bajulo dictae villae cognicionem causarum criminalium dictae
villae, sicut alii consules bonarum villarum dictae senescalliae habent (privilèges de Trie, en
Bigorre, 1325 : E. de Laurière et al., Ordonnances des rois de France de la troisième race..., Paris,
1723-1849, 22 vol., réimp. Farnborough, 1965-1968 [désormais cité « ORF »], xii, p. 487 et s.,
art. 29). Il y a cependant des exceptions (voir la note suivante).
7. Les chartes octroyées par Alphonse aux nombreuses bastides qu’il a fondées reprennent
toutes l’un des trois types de base (Najac-Villefranche, Monclar-Monflanquin et
Villenouvelle-Castelsagrat), qui ne reconnaissent aux consuls que des attributions de voirie
et une petite juridiction de police.
8. Sur ce point, on nous permettra de renvoyer à notre étude : Les origines de la torture en
France du xiie au début du xive siècle, dans B. Durand et L. Otis-Cour (éd.), La torture judiciaire :
approches historiques et juridiques, Lille, 2002, I, p. 381-419.
9.ORF, vii, p. 194.
10. Lorsque la cour temporelle de l’archevêque et la cour vicomtale siègent au criminel,
elles doivent s’adjoindre un jury de prud’hommes désignés par les consuls ; ce jury ne se
borne pas à contrôler la régularité de la procédure, il se prononce aussi sur la peine à
appliquer ; faute d’être eux-mêmes juges criminels, les consuls narbonnais ont toujours
défendu fermement les prérogatives du jury contre les juges des seigneurs ou du roi (voir de
nombreux exemples dans Mouynès, Archives de Narbonne. Annexes de la série AA, p. 227-228,
276 etc.).
11. S’il arrive que le baile appelle un consul dans ce jury, c’est à titre de simple
prud’homme, ita quod consulatus officium nihil facit ad hoc (compromis de 1269 entre
l’archevêque et les consuls, éd. Cl. Compayré, Études historiques et documents inédits sur
l’Albigeois, le Castrais et l’ancien diocèse de Lavaur, Albi, 1841, p. 159).
12. Le jugement par jury est de règle à cette époque dans tout le Midi, et pas seulement dans
la Guyenne « anglaise » : ainsi les réformateurs d’Alphonse de Poitiers prescrivent-ils en
1258 aux bailes du Quercy de faire les enquêtes criminelles fideliter et cum bono consilio,
servato more laudabili regionis ; même chose en Toulousain, où les bailes doivent agir habito
proborum consilio (Enquêtes administratives d’Alphonse de Poitiers, éd. P.-F. Fournier et P.
Guébin, Paris, 1959, p. 69, 71).
13. L’art. 17 du statut de 1205 (éd. A. Teulet, Layettes du Trésor des chartes, I, Paris, 1863, p.
255-266, 289-291) précise que les curiales sont nécessairement distincts des consuls. Au xixe
siècle, A. Tardif voyait dans cette disposition « une forme primitive de séparation des
pouvoirs » (Le droit privé au xiiie siècle, Paris, 1886, p. 13) ; en réalité, l’exclusion des consuls
de toute participation à l’exercice de la justice s’explique par le souvenir durable qu’avait
laissé dans la famille seigneuriale le consulat insurrectionnel de 1141, formé sur le modèle
des républiques italiennes et donc avec une complète judiciaria potestas aux mains des
consuls (A. Germain, Histoire de la commune de Montpellier, I, Montpellier, 1851, p. 13).
14. Voir en dernier lieu la synthèse de P. Ourliac, Juges et justiciables au xie siècle : les « boni
homines » (= Justice et justiciables : Mélanges Henri Vidal), Montpellier, 1994 (Recueil de mémoires
et travaux publié par la Société d’histoire du droit et des institutions des anciens pays de droit écrit,
16), p. 17-33.
15. Archives communales de Nîmes, BB 5. C’est un petit registre de papier, très abîmé et de
lecture particulièrement difficile (il s’agit certainement d’un simple brouillon). Quelques
extraits en ont été publiés par Ménard, Histoire civile... de la ville de Nîmes. I. Preuves, 1744, p.
55-63. Nous nous proposons de revenir sur ce document exceptionnel dans un prochain
travail.
16. Le plus célèbre étant celui de Tancrède de Bologne, rédigé au lendemain du ive concile
du Latran ; entre l’ordo le plus ancien, dû à Bulgarus, et celui de Tancrède, plusieurs traités
du même type ont été rédigés soit par des civilistes soit par des canonistes : L. Fowler-
Magerl, Ordo iudiciorum vel ordo iudiciarius. Begriff und Literaturgattung, Francfort-sur-le-Main,
1984 (Ius commune. Sonderhefte, 19), à compléter avec l’ouvrage plus synthétique du même
auteur : Ordines iudiciarii and libelli de ordine iudiciorum, Turnhout, 1994 (Typologie des sources
du Moyen Âge occidental, 63).
17. Sur ce point, voir les remarques de G. Dolezalek, Une nouvelle source pour l’étude de la
pratique judiciaire au xiiie siècle : les livres d’imbréviatures des notaires de cour, dans Confluence des
droits savants et des pratiques juridiques. Actes du colloque de Montpellier (1977), Milan, 1979, p.
224-241 (avec une rééd. partielle du registre nîmois précité).
18. Sur toutes ces questions, il suffit de renvoyer aux études du doyen A. Gouron, pour la
plupart réunies dans quatre recueils des Variorum collected studies (Londres et Ashgate) : La
science du droit dans le Midi de la France, 1984 ; Études sur la diffusion des doctrines juridiques
médiévales, 1987 ; Droit et coutume en France aux xiie et xiiie siècles, 1993 ; Juristes et droits
savants : Bologne et la France médiévale, 2000.
19. Statuts du xiie siècle, art. 1er, 62, 63, etc. (éd. Ch. Giraud, Essai sur l’histoire du droit
français... cité n. 3, II, p. 185-245). Le plus ancien juge consulaire d’Arles a été repéré en 1143 :
J.-P. Poly, Les légistes provençaux et la diffusion du droit romain dans le Midi ( = Mélanges Roger
Aubenas), Montpellier, 1974 (Recueil de mémoires et travaux publié par la Société d’histoire du
droit et des institutions des anciens pays de droit écrit, 9), p. 613-635, à la p. 614, n. 59.
20. Les plus anciens statuts mentionnent deux juges aux côtés des consuls ; d’après les
statuts de 1243, ces juges sont désignés par le podestat lorsque ce magistrat remplace les
consuls (R. de Maulde, Statuts et règlements de la république d’Avignon, dans Nouvelle revue
historique de droit français et étranger, 1877, p. 234, et 1878, p. 333 et suiv.).
21. Sur ces premiers juges des consulats provençaux et le problème de leur formation
juridique, voir J.-P. Poly, Les légistes provençaux..., p. 620-623.
22. À Montpellier, les consuls rémunéraient des assesseurs pour les assister dans
l’administration de la ville, alors même qu’ils n’avaient pas de compétences
juridictionnelles : voir la liste de ces assesseurs, à partir de 1266, dans A. Germain, Histoire de
la commune de Montpellier, I, Montpellier, 1851, p. 390-391.
23. La désignation de l’un des consuls comme juge de la ville deviendra systématique au xvie
siècle, sans doute parce qu’alors il y aura toujours un ou plusieurs consuls gradués en droit :
voir la liste des consuls juges de la ville entre 1532 et 1604 dans le registre FF 187 des
Archives communales de Périgueux.
24. D’après les statuts de 1243, les juges d’Avignon jurent quod omnia et singula que in
sacramento consulum vel potestatis continetur servabunt per se legaliter et bona fide... (R. de
Maulde, Statuts et règlements..., p. 335). Pour l’un des premiers exemples italiens, voir la
Formula sacramenti consulibus Ianuae a iudicibus prestandi de bene exercendo eorum officio, dans
Liber iurium reipublicae Genuensis, Historiae Patriae Monumenta, I, Turin, 1854, p. 90, no LXXXV.
Sur les serments prêtés par les consuls eux-mêmes lorsqu’ils exercent en corps la
juridiction, voir infra, p. 362-363.
25.Medieval courts and towns : examples from Southern France, dans Juristes et droits savants... cité
n. 18, xiv, p. 42.
26. Au xiie siècle, les consuls d’Arles siégeaient aussi au tribunal municipal par groupes de
trois, de huit jours en huit jours, tout au long des quatre sessions judiciaires annuelles
(« assises ») ; fonctions sans doute pénibles si l’on songe que la cour consulaire devait siéger
nocte dieque (Statuts municipaux, éd. Ch. Giraud, Essai sur l’histoire du droit français... cité n. 3,
II, p. 209, art. 60).
27. Voir par exemple les termes précis qu’emploie vers 1296 le savant commentateur de la
coutume : Magister Vitalis de Forgis una cum magistro Guillelmo Geraudi, qui tunc erant assessores
consulum, dederunt pro consilio consulibus antedictis quod... (H. Gilles, Les coutumes de Toulouse...
cité n. 4, p. 187).
28. G. de Llobet, avec la collaboration de J. Hoareau-Dodinau, Le registre criminel des consuls
de Foix (1401-1402), Limoges, 2001 (Cahiers de l’Institut d’anthropologie juridique, 5), p. 29-30 et
passim. C’est évidemment à la suggestion de ce décrétiste que l’on doit la citation littérale
dans une sentence consulaire de mars 1402 d’un adage tiré du Sexte : Semel malus, semper
presumitur esse malus (ibid., p. 99 : VIo, 5, 13, 18).
29. Coutume de 1333, éd. Ramière de Fortanier, Chartes de franchises du Lauragais, Paris, 1939,
p. 302.
30. Lagrèze-Fossat, Études historiques sur Moissac, II, 1872, p. 198
31. Dr Buzairies, Règlements et sentences consulaires de... Limoux, 1852, p. 2.
32. Rabanis, Administration municipale et institutions judiciaires à Bordeaux pendant le Moyen
Âge, dans Revue historique de droit, 1861, p. 493.
33.Ad istum primum articulum dictus dominus noster comes respondit per hunc modum : si aquesta
causa se autreiava, engendraria plusors debatz quar de plusors crims es dificil assaber qual pena
emportan, maiorment quar las penas son arbitrarias... (H. Morel, Seigneur et cité à la fin du moyen
âge : le comte d’Armagnac et Lectoure en 1418, dans Mélanges Henri Morel, Aix-en-Provence, 1989,
p. 67-78, à la p. 76).
34. On nous permettra de renvoyer sur ce point à notre Histoire du droit pénal et de la justice
criminelle, 2e éd., Paris, 2006, p. 227-245.
35. Cf., ici même, la contribution de L. Otis-Cour.
36. Capitoul en 1318, 1319, 1322 ; sur la place des diplômés de droit au sein des institutions
municipales, voir A. Gouron, Le rôle social des juristes dans les villes méridionales au Moyen Âge,
dans Annales de la Faculté des lettres de Nice, 1969, p. 56-67, à la p. 63.
37. C’est en qualité de premier consul qu’il a posé la première pierre du pont Valentré : H.
Gilles, L’enseignement du droit en Languedoc au xiiie siècle, dans Cahiers de Fanjeaux, 5, 1970, p.
204-229, repris dans H. Gilles, Université de Toulouse et enseignement du droit, e e siècles,
xiii -xvi
Toulouse, 1992, p. 70.
38. C’était un délicat problème de contumace ; parmi les juristes consultés, on trouve trois
legum doctores : Arnaud Nouvel, Guillaume Arnaud de Poujols et Guillaume Hébrard (H.
Gilles, Les coutumes de Toulouse... cité n. 4, p. 178-179).
39. E. M. Meijers, Responsa doctorum tholosanorum, Haarlem, 1938, annexe 4.
40. H. Gilles, Les doctores tholosani et la ville d’Albi, dans Mélanges Roger Aubenas... cité n. 19,
p. 313-342, repris dans Université de Toulouse..., p. 95-126 (édition p. 116-126).
41. Éd. E.-H. Rebouis, dans Nouvelle Revue historique de droit français et étranger, 1881, p. 45-97,
art. 10.
42. S’agissant de juger des criminels, la décision, à chaque niveau, doit être prise à
l’unanimité (éd. J. Duffour, Le livre rouge du chapitre métropolitain d’Auch, 1908, p. 211.
43. Ainsi dans les modèles de libelles introductifs d’instance proposés à la fin du xiie siècle
par Jean Bassien : Deo et vobis consulibus Bononiae conqueror ego Johannes de Huberto E. qui
injuste detinet fundum meum..., ou encore : Deo et vobis consulibus Bononiae conqueror ego J. de H.
E. qui per vim abstulit mihi possessionem meam illius fundi vel rei, etc. ; vel ita : qui per vim detinet
possessionem illius fundi quem sibi locavi, etc. (Ordo Quicumque vult, éd. L. Wahrmund, Quellen
zur Geschichte des römisch-kanonischen Prozesses, iv, 2, p. 3 et 4).
44. Dans son traité de procédure rédigé vers 1285, le professeur toulousain Guillaume de
Ferrières propose des modèles de libelles adressés, entre autres juges, aux consuls de
Montauban : Coram vobis dominis consulibus Montis Alba-ni, asseruit Berengarius contra Johannem
dicens et proponens dictus actor in iudicio contra dictum quod... (Summa conceptionis libellorum,
BNF, lat. 4604, fol. 153r-a).
45. Art. 5, éd. A. Teulet, Layettes du Trésor des chartes, I, Paris, 1863, no 721 ; formulation
reprise par la coutume d’Alès de 1217, art. 3, pour le serment du viguier (éd. J.-M. Marette,
Recherches historiques sur la ville d’Alès, Alès, 1860, p. 471).
46. Art. 175 (éd. Ch. Giraud, Essai sur l’histoire du droit français... cité n. 3, II, p. 241). La
limitation aux esculenta et poculenta est reprise de la législation romaine (en particulier D. 1,
16, 6, 3, et Nov. 8) et de la glose (sub vo annonis à la Nov. 8) ; on la retrouve dans les statuts
donnés aux bailies provençales par Raimond-Bérenger v, dans les règlements d’Alphonse de
Poitiers en 1251, dans l’ordonnance de Saint Louis en 1254 (la valeur des esculenta et
poculenta qu’il est permis aux sénéchaux de recevoir est plafonnée à dix sous par semaine),
etc.
47. Art. 2 de la confirmation de 1463, ORF, xvi, p. 124-136.
48. Coutume de Laroque-Timbaut, éd. A. Moulliez, Revue historique de droit, 10, 1864, p. 141-
194, art. 4 ; « petite coutume » de Prayssas, éd. A. Mouillez, Revue historique de droit, 1860, p.
133-159, art. 2 ; coutume d’Astaffort, éd. Baradat de Lacaze, Astaffort en Agenais, 1886, art. 7
(les consuls faran e tendran drechura al paure e al ric e al major cum al menor, e do no prendran ni
faran prendre de neguna persona que aïa plaghs devan lor) ; charte de Casteljaloux, éd.
Samazeuilh, Monographie de Castejaloux, Nérac, 1860, p. 37 (e que los jutgements que monsenhor
o son baile los demandara en la cort reddran bos e leals tant per lo petit cum per lo gran, per lo paüre
e per lo ric).
49. Coutume de 1204, éd. Ch. Giraud, Essai sur l’histoire du droit français... cit. n. 3, I, art. 5.
50. En particulier sur la question de l’appel criminel, théoriquement interdit selon le droit
romain à tout condamné confessus et convictus (C. 7, 65, 2), mais de plus en plus en plus
largement admis, dès le xive siècle, par le Parlement : voir sur ce point Louis de
Carbonnières, La procédure devant la chambre criminelle du Parlement de Paris au xive siècle,
thèse droit, Paris II, 2001, Ire partie. Le terme de cette évolution sera l’institution de l’appel
de droit par l’ordonnance criminelle de 1670 ; sur les étapes intermédiaires, voir A. Soman,
Aux origines de l’appel de droit dans l’ordonnance criminelle de 1670, repris dans A. Soman,
Sorcellerie et justice criminelle, xvie-xviiie siècle, Londres, 1992, vi.
Des pratiques sociales courantes au
sein des cours de justice médiévales
L’hérédité des fonctions et l’endogamie. La Haute Cour de Namur aux
e e
xiv et xv siècles 1

Isabelle Paquay

Introduction
1 Namur est une petite ville au destin assez banal. D’après les
estimations, elle n’aurait pas compté plus de 8 300 habitants vers
1429 2 , bien moins que certaines villes flamandes et brabançonnes
3 . Elle connaît peu de soubresauts politiques d’envergure. À

plusieurs reprises, elle ose se mesurer au comte sans jamais parvenir


à s’imposer 4 . En 1411, Jean III, le dernier comte de Namur, vend
son comté au duc de Bourgogne moyennant le paiement d’une rente
viagère. Il meurt sans descendants en 1429. Le comté est dès lors
incorporé à l’ensemble bourguignon 5 . Malgré sa modeste taille et
son intégration à l’état bourguignon, Namur a une vie politique
propre. La Haute Cour, qui est à la fois une cour de justice de premier
plan et la clef de voûte du gouvernement urbain en atteste.
Composée du maire, remplacé en cas d’absence par son lieutenant, et
des six puis sept échevins, elle rend la justice au nom du comte de
Namur puis du duc de Bourgogne. En matière civile, elle règle les
conflits de voisinage et les querelles de familles, décide de la mise
sous tutelle des orphelins. En matière criminelle et pénale, elle punit
d’amendes les bourgeois coupables d’infractions légères contre les
règlements de la ville. Pour des crimes plus graves contre l’ordre
public, elle impose aux coupables des pèlerinages judiciaires ou
ordonne leur mise à mort. Elle exerce aussi la juridiction gracieuse.
Elle reçoit les contrats et les actes de la vie courante tels les
testaments, les contrats de mariage, les ventes, les constitutions de
rentes qui concernent des biens situés dans la ville et la franchise de
Namur 6 . Elle est amenée à résoudre les conflits qui peuvent surgir
à propos de ces mêmes contrats. Elle joue enfin le rôle de chef de
sens : elle donne des conseils et des rencharges aux cours inférieures
du comté 7 . Son cercle de compétences s’est probablement élargi au
fil du temps pour englober finalement les fonctions traditionnelles
d’un gouvernement urbain. Au xve siècle, il incombe à l’échevinage
namurois de faire régner l’ordre dans la ville et sa banlieue et
d’organiser la gestion des finances 8 . Divers agents subalternes
l’aident dans l’exécution de ses multiples tâches : sergents, jurés,
élus, clercs, ouvriers assermentés... Avec le souverain bailli ou le
gouverneur 9 , le maire et les échevins émettent des édits relatifs à
l’administration générale de la ville. Ils définissent ainsi la
perception des impôts, déterminent les mesures à prendre pour
assurer la sécurité, décident l’organisation des métiers ou la
circulation dans les rues 10 .
2 De par l’étendue de ses compétences, la Haute Cour présente des
enjeux non négligeables. D’une part pour les individus et les familles
susceptibles d’y siéger. Se retrouver au Cabaret 11 leur permet dans
une certaine mesure de contrôler la ville et d’en tirer quelque profit.
D’autre part pour le prince qui, en gardant un droit de regard sur
l’institution, peut empêcher certains namurois d’acquérir trop de
poids dans leur ville. Cet article a pour but de lever le voile sur
d’éventuelles familles échevinales namuroises. De telles familles
existent-elles ? Des liens familiaux forts unissent-ils les hommes qui
exercent les fonctions de maire et d’échevin à Namur au bas Moyen
Âge ? Quelle est l’attitude du prince vis à vis de telles familles ?
L’hérédité et l’endogamie touchent-elles la Haute Cour de Namur à
l’instar d’autres cours de justice et d’autres institutions médiévales
12 ?

L’attitude du seigneur vis à vis des familles :


la mesure de 1411, une tentative de contrôle
parmi d’autres
3 L’emprise du prince sur le comté et la ville de Namur est forte, qu’il
s’agisse du comte de Namur ou du duc de Bourgogne. Pour le
premier, Namur est sa capitale. Pour le second, même si elle ne
présente pas les mêmes enjeux politiques que certaines grandes
villes du nord des Pays-Bas bourguignons, il doit la contrôler.
L’influence du seigneur pèse sur la Haute Cour de Namur. Le prince
ou ses commissaires nomment le maire et les échevins namurois
sans l’intervention de la communauté urbaine 13 . Le pouvoir
central peut placer ses hommes sur l’échiquier urbain, les révoquer,
pourvu qu’ils soient namurois.
4 L’étude approfondie de la durée des carrières et surtout celle des
mesures prises par le prince pour réglementer celles-ci confirme de
prime abord l’idée de mainmise d’hommes et de familles sur la Haute
Cour 14 . Un changement radical dans la possibilité d’y mener une
carrière plus ou moins longue survient en 1464. Aucune ordonnance
ne rend compte de cette réforme ni de ses motivations. Seuls les
registres de la Haute Cour permettent d’en prendre connaissance
indirectement. Ces documents, conservés de manière continue à
partir de 1411 sont issus de l’exercice de la justice gracieuse et
contentieuse par la Haute Cour 15 . Ils donnent pour chaque jour où
la cour a siégé les noms des membres présents à cette date
permettant ainsi la reconstitution des collèges échevinaux. À partir
de 1464, la charge échevinale devient annuelle alors qu’elle était
auparavant attribuée à vie. Le nombre d’échevins passe de 6 à 7.
Dans la foulée, le maire ne porte plus simultanément le titre de
maieur et eskevin mais uniquement celui de maieur. Malgré l’absence
de textes normatifs, on peut émettre des hypothèses quant à
l’objectif de cette triple réforme. Elle doit permettre au prince de
remédier à la situation d’avant 1464 et par là même de renforcer son
emprise sur la ville et son gouvernement 16 . Pour le maire, le
changement est minime, mais significatif. Avant 1464, le
« président » de la cour est à la fois le représentant du prince et de la
communauté urbaine. Il porte un double titre : maire et échevin.
Après 1464, il est plus que jamais l’homme du prince. Nommé à vie
au contraire des échevins, il constitue désormais le seul élément
stable de la cour. Les carrières de certains maires sont
impressionnantes, aussi bien avant qu’après 1464 : Massart Colle (24
ans), Jacquemin du Pont (19 ans), Jean de Forville (13 ans), Thierry
Bonnant (30 ans). Seuls 11 individus occupent le siège pour
l’ensemble du xve siècle. Ils défendent les intérêts du prince dans la
longue durée 17 .
5 La situation des échevins évolue différemment. Entre 1411 et 1464,
alors qu’ils sont nommés à vie, certains n’effectuent qu’un passage
éclair à la cour. D’autres s’y implantent de manière beaucoup plus
durable : Jean Baduel (37,7 ans), Guillaume de Fumalle (26,8 ans),
Jean de Jandrain (17,9 ans), Jean de Warisoul (13,3 ans) ou encore
Jacquemin du Pont (13,3 ans)... En outre, les mêmes hommes siègent
longtemps ensemble (3, 4, 5 ou même 6 ans), ce qui peut porter
préjudice au prince. Des hommes durablement installés au Cabaret
durant plusieurs années risquent d’acquérir une influence contraire
aux intérêts du prince. Des collusions autour de causes ou d’intérêts
communs peuvent mettre l’autorité centrale en péril. Il faut réagir.
L’annalité et l’augmentation des charges échevinales sont les
moyens mis en œuvre par le prince. Le résultat ne se fait pas
attendre et la rupture est nette. Seuls Daniel de Hodège, Jean de
Fumalle et Jean de Warisoul l’aîné prolongent leur carrière au-delà
de 1464. Les autres membres n’ont jamais siégé auparavant. Le
renouvellement est patent et se poursuit d’année en année.
Désormais, chaque collège comprend son lot de nouveaux venus.
Plusieurs chiffres permettent de mesurer l’accélération du
renouvellement et la plus grande ouverture de la cour aux hommes
nouveaux. Avant 1464, 31 échevins se partagent 126 sièges sur une
durée de 53 ans soit 2,3 sièges disponibles par an et 6 sièges par
personne en moyenne. Après 1464, 187 sièges sont accessibles en 35
ans pour 70 hommes, soit 5,3 sièges chaque année et 2,6 sièges par
personne. Certains hommes font encore partie de plusieurs collèges,
mais jamais de manière continue. La durée entre deux prestations
doit être au minimum de 13 mois soit la durée d’un collège
échevinal. La possibilité de connaître d’aussi longues carrières
qu’avant 1464 s’en trouve considérablement restreinte. On ne
rencontre plus de carrières étalées sur 20 ou 30 ans. On atteint
parfois les 14 ans, mais c’est exceptionnel. Le maximum de sièges
obtenu par un seul individu diminue après 1464 : on passe de 14 à 12.
Enfin, l’analyse statistique de la répartition des sièges est révélatrice
(Tableaux n°1et n°2). On a calculé pour les échevins ayant exercé un,
deux, trois... mandats le pourcentage que chaque catégorie ainsi
établie représente par rapport au total des mandats exercés et par
rapport au total d’individus. Avant et après 1464, les pourcentages
les plus élevés correspondent aux classes les plus basses : un grand
nombre d’individus n’exercent qu’un ou deux mandats. Mais ce
même pourcentage augmente après 1464 : il passe de 47,66 % à
59,9 %, signe par excellence de l’accélération du renouvellement et
de la plus grande ouverture de la cour. On peut affiner l’analyse en
additionnant les pourcentages. Avant 1464, alors que la moitié des
hommes (47,66 %) devait se contenter d’un cinquième (17,45 %) des
sièges disponibles, l’autre moitié détient les 4/5 des sièges. Après
1464, les 2/3 des hommes (59,9 %) obtiennent le tiers des sièges
(29,4 %). Une minorité faite d’hommes aux longues carrières
monopolisant un maximum de sièges se dégage aux deux époques,
mais son poids s’affaiblit après 1464.
Tableau n°1. LA RÉPARTITION DES SIÈGES DE LA HAUTE COUR DE NAMUR ENTRE
1411 ET 1509 (nomination à vie et annalité des charges)
(1) : nombre de sièges ; (2) : nombre d’échevins ayant occupé autant de sièges ; (3) :
pourcentage du total d’individus ayant exercé la fonction d’échevin ; (4) : pourcentages
cumulés du total des individus ayant exercé la fonction d’échevin ; (5) : nombre total de
sièges ; (6) : pourcentage du total de sièges ; (7) : pourcentages cumulés du total de
sièges.
Tableau n°2. LES ÉCHEVINS AYANT EXERCÉ UN OU DEUX MANDATS AVANT ET
APRÈS 1464. RÉCAPITULATIF

6 La réforme porte ses fruits et le prince réalise son objectif. Seules les
carrières individuelles ont été abordées ici. Qu’en est-il des familles ?
Certains noms attirent l’attention. Les d’Outremont et les Louvegnis
fournissent à eux seuls 4 maires sur 11. Dans les deux cas, il s’agit du
père et du fils. Les Louvegnis toujours, les de Fumalle, les de
Warisoul, les du Pont avant 1464, les d’Eve, d’Outremont, de Fumalle,
de Hun, de Longchamps, de Warisoul, Gai-fier, Honoré, Marchand
après 1464 se distinguent de la masse en fournissant plusieurs
échevins, même si les chiffres sont loin d’être impressionnants. La
rupture de 1464 semble moins nette puisque des familles présentes
avant la réforme le sont toujours après (de Fumalle, de Warisoul,
d’Outremont). À ne considérer que les individus et les noms de
familles, l’impression reste floue. On peut supposer l’existence de
familles élargies et donc de liens familiaux complexes entre tous les
échevins qu’ils soient d’avant ou d’après 1464. En apparence, le
prince a pu élargir le cercle des hommes susceptibles d’accéder au
Cabaret. Mais les mesures prises ne sont-elles pas contournées par
les familles ?
7 Le souverain prend très tôt conscience du danger que peuvent
constituer pour son pouvoir certaines familles namuroises. Dès 1411,
Jean III interdit aux membres d’une même famille de siéger au sein
d’un même collège échevinal affin deschever les faveurs et desordres qui
en justice pourroient estre et avenir cy-après 18 . Le père et le fils, les
frères, les cousins germains, l’oncle et le neveu, les beaux-frères ne
peuvent plus siéger ensemble sur les bancs du Cabaret. Ici aussi, le
souverain tente de remédier à une situation qui peut lui être
préjudiciable. Des hommes du même sang ont forcément des
affinités. Après 1411, des parents proches continuent-ils à siéger
simultanément ou certaines familles parviennent-elles à se
maintenir dans la longue durée ? L’étude des liens familiaux entre
les membres de la Haute Cour doit permettre non seulement de
mesurer le degré d’efficacité de la réforme de 1411, mais aussi de
celle de 1464.

Les réformes de 1411 et de 1464 : entre


théorie et réalité. Le point de vue des familles
8 Pour répondre à ces questions, il faut reconstituer les relations
familiales des membres de la Haute Cour. Ses registres aux
transports et œuvres de loi conservés à partir de 1411 contiennent
une mine de renseignements, notamment généalogiques. Lors des
transactions traitées quotidiennement, les parties en présence sont
désignées en détail par rapport à leurs parents proches (fille de, fils
de, père de, épouse de, seconde épouse de...). À force de
recoupements et de comparaisons 19 , le tissu familial des maires et
des échevins sort petit à petit de l’ombre. Le dépouillement des
documents susceptibles de nous venir en aide est toujours en cours.
Les résultats présentés ici sont donc provisoires, mais, à notre avis
déjà significatifs.
9 Le premier échevinage connu date de 1159. La composition de
certains collèges des xiiie et xive siècles nous est révélée dans des
documents épars. Elle est ensuite connue de manière continue à
partir de 1411 grâce aux registres de la Haute Cour. Avant le xive
siècle, la rareté des documents ne permet pas de reconstituer un
grand nombre de relations familiales. Quelques données ont été
enregistrées pour le xive siècle (tableau n°3). Pour les 247 membres
de la cour dûment identifiés, 571 relations familiales ont été mises en
exergue, la majorité (487) pour le xve siècle. 454 individus sont
impliqués dans ces relations, 1 même individu pouvant être
apparenté à plusieurs membres de la cour. Pas moins de 48 hommes
sont à la fois détenteurs de sièges et impliqués dans le réseau
familial de leurs confrères. Il reste dans tous les cas à déterminer
l’exacte nature de ces liens.
Tableau n°3. LES MEMBRES DE LA HAUTE COUR DE NAMUR ET LEURS RELATIONS
FAMILIALES CONNUES DANS L’ÉTAT ACTUEL DES RECHERCHES (xiiie-xve SIÈCLE)

(1) : périodes ; (2) : nombre de membres de la HCN connus ; (3) : nombre de relations
familiales connues ; (4) : nombre d’individus apparentés à un ou des membres de la
HCN ; (5) : nombre de membres de la HCN apparentés à un ou d’autres membres de la
HCN ; (6) : nombre d’individus n’ayant jamais siégé au sein de la HCN apparentés à un
ou des membres de la HCN.

Les présences simultanées de parents


proches au sein de la Haute Cour (à partir de
1411)
10 Avant 1411, ce phénomène reste malheureusement insaisissable du
fait de la rareté des données engrangées, tant pour la composition
des échevinages que pour les relations familiales des échevins 20 .
Nous ne pouvons que mesurer le degré d’efficacité de la réforme de
1411 après cette date et non pas la situation qui lui a donné
naissance. Entre 1411 et 1464, alors que 33 individus sont passés par
les bancs échevinaux, nous avons relevé 7 présences simultanées
impliquant 14 individus 21 . Parmi elles, le cas des frères Jean et
Jacquemin du Pont est particulier. Jean remplace son frère en qualité
de lieutenant-maire sans avoir jamais exercer la fonction d’échevin.
Les deux frères ne siègent finalement jamais ensemble. Ils ne doivent
pas être comptabilisés parmi les présences conjointes relevées. Le
choix de Jean du Pont pour ce rôle de suppléant tend à prouver
l’importance de la famille lors de l’obtention d’une charge. Même en
cas d’absence, la fonction de maire reste ici aux mains de la même
famille. Philippe le Bon a choisi Jacquemin du Pont comme maire
namurois après avoir destitué Colart d’Outremont, désigné par le
dernier comte de Namur. Il montre ainsi sa volonté de rompre avec
la période des comtes particuliers en choisissant un homme de
confiance. Jacquemin du Pont a en effet exercé d’autres charges au
service du prince : conseiller du duc et changeur chargé par le duc de
diverses missions officielles à propos de la monnaie. Le 25 avril 1450,
il reçoit de celui-ci une pension de 40 livres pour services rendus et
pour les pertes qu’il a subies à la guerre. Lui et sa famille bénéficient
sans doute des bonnes grâces du duc. Pour preuve, Jean est choisi
comme lieutenant du maire 22 et d’autres membres de la famille
obtiennent un siège namurois (tableau n°6).
11 Certains parents siègent côte à côte durant une longue durée : les
cousins Bertrand Colle et Gillekin Gaifier un peu plus de 20 ans,
Thomas aux Louvegnis et Guillaume de Fumalle 16 ans, Guillaume et
Simon de Fumalle 9 ans, le même Simon et Jean de Fumalle 12 ans.
Plus de 2 membres d’une même famille siègent ensemble : Massart
Colle, Bertrand Colle et Gillekin Gaifier. Enfin, un même échevinage
peut compter plusieurs présences simultanées. La réforme a
quelques difficultés à trouver ses marques. Les chiffres donnés ici
sont d’autant plus significatifs que le groupe étudié est petit. La
moitié des détenteurs de sièges (maires et échevins) durant cette
période partagent les bancs échevinaux avec un ou des parents
proches. Les noms de familles sont tout aussi frappants. Aux
Louvegnis, Bon-nant, Colle, d’Outremont, de Fumalle, de Warisoul,
du Pont sont autant de familles dans lesquelles le prince a puisé pour
pourvoir à l’office de maire. On a pu démontrer par ailleurs que les
maires sont des hommes de confiance du souverain 23 . Si d’autres
critères entrent certainement en ligne de compte pour accéder à la
cour, la faveur princière déteint peut-être sur les parents des maires
qui se voient dès lors attribuer l’un ou l’autre siège, le prince passant
outre la réforme de 1411. La place qu’occupent les membres de la
famille de Fumalle est remarquable. S’agit-il ici d’une famille plus
étroitement liée au prince et sur laquelle il tend à s’appuyer plus
particulièrement ? Ou s’agit-il d’une famille ayant entretenu une
multitude de liens avec d’autres familles échevinales namuroises de
telle manière qu’elle devienne incontournable 24 ?
12 La situation évolue nettement à partir de 1464. Parmi les 72
membres de la Haute Cour, 10 sont impliqués dans 7 présences
simultanées. La proportion d’individus siégeant avec un ou des
parents proches par rapport au total des membres de la cour
diminue nettement. Elle passe de 42,4 % à 13 % (tableau no 5) 25 .
Quelques familles « maiorales » se font toujours remarquer après
1464, mais de manière plus furtive. La durée des présences
conjointes n’atteint plus les records d’avant 1464. L’application du
principe de l’annalité des charges n’est pas pour rien dans la réussite
de la réforme de 1411. Il permet au prince d’élargir le cercle des
candidats et d’éviter plus facilement la présence conjointe de
parents proches au sein d’un même échevinage.
Tableau n°4. LA PRÉSENCE SIMULTANÉE DE PARENTS PROCHES AU SEIN DES
COLLÈGES ÉCHEVINAUX NAMUROIS (1411-1509)

Note 26
Note 27
Note 28
29
Note
(1) noms des membres de la Haute Cour ; (2) : liens de parenté entre ces individus ; (3) :
dates du début et de la fin de leur présence simultanée ; (2) durée en années de leur
présence simultanée.
Tableau n°5. PROPORTION DES INDIVIDUS SIÉGEANT SIMULTANÉMENT AU SEIN DE
LA HAUTE COUR DE NAMUR AVEC UN OU DES PARENTS PROCHES PAR RAPPORT
AU TOTAL DES MEMBRES DE CETTE MÊME COUR

(1) : périodes ; (2) : nombre total de membres de la HCN ; (3) : nombre de présences
simultanées ; (4) nombre d’individus siégeant simultanément avec un ou des parents
proches ; (5) : pourcentages du nombre d’individus siégeant simultanément avec un ou
des parents proches par rapport au total des membres de la HCN.

La présence des familles dans la longue


durée (xive-xve siècles ; focus sur les années
1411-1509)
13 Sur les 128 familles connues pour les xive et xve siècles 30 , 30 d’entre
elles (23,4 %) fournissent plus d’un de leurs membres à la Haute Cour
(tableau n°6) 31 . Les familles Colle ou du Pont établissent le record :
elles comptent chacune 7 officiers. Quelques familles présentes au
e
xv siècle l’étaient déjà au siècle précédent (aux Louvegnis, Bonnant,

Colle, d’Erpent, Davin...). Le xvie siècle s’annonce propice pour


d’autres (d’Outremont, de Marbais, de Spontin...) 32 . Certaines
traversent même les trois siècles, malgré les changements politiques
qu’ont connus la ville et le comté de Namur (de Warisoul, Gaifier).
Tableau n°6. LES FAMILLES NAMUROISES AYANT FOURNI PLUS D’UN DE LEURS
MEMBRES À LA HAUTE COUR DE NAMUR (xive-xvie SIÈCLE) 33
(1) : noms de familles ; (2) : nombre d’individus de cette famille connus en tant que
membres de la HCN ; (3) individus ayant siégé au xive siècle ; (4) : individus ayant siégé
au xve siècle ; (5) : individus ayant siégé au xvie siècle.
* sont notés en petites capitales les individus ayant exercé la fonction de maire.

14 Entre 1411 et 1509, seule période pour laquelle l’exercice est


réalisable, nous avons calcule le nombre d’années totalisées par une
même famille ainsi que le nombre de sièges qu’elle détient de
manière a chiffrer cette présence dans la longue durée (tableau no 7).
Tableau n°7. LE NOMBRE D’ANNÉES ET DE SIÈGES POUR LES FAMILLES AYANT
FOURNI PLUS D’UN MEMBRE A LA HAUTE COUR ENTRE 1411 ET 1509
(1) : noms de familles ; (2) : individus des familles ayant siégé entre 1411 et 1509 ; (3) :
nombre d’années ; (3) : nombre total d’années que ces individus ont passées au sein de
la HCN ; (4) : nombre total de sièges détenus par ces individus.
* sont notés en petit capitales les individus ayant exercé la fonction de maire.

15 Les résultats sont d’une manipulation délicate. Pour chaque famille,


nous avons additionne la durée des carrières individuelles telle que
déterminée dans notre précédent article. Les chiffres ainsi obtenus
sont seulement indicatifs puisque les quelques rares présences
simultanées relevées ci-dessus ne sont pas prises en compte dans ce
calcul. Leur observation et leur interprétation doivent être doublées
de celle du nombre de sièges par famille. Ce dernier chiffre varie
selon les circonstances, soit selon que les individus ont siégé avant
ou après la réforme de 1464. Ainsi, seuls 2 membres de la famille
Bonnant ont siégé au Cabaret au xve siècle. Ils totalisent pourtant à
eux seuls 50,7 années de présence à la cour alors qu’ils ne détiennent
que 7 sièges. Thierry Bonnant le jeune n’a occupé qu’un seul siège,
celui de maire, mais durant une période très longue jusqu’à son
décès. La famille d’Eve a obtenu de nombreux sièges (9), mais sa
présence totale est finalement assez courte (13 ans). La plupart des
membres de cette famille siègent après 1464 au moment où les sièges
disponibles sont plus nombreux. Une famille peut donc être présente
durant une longue période tout en ne détenant que quelques sièges
et inversement. Ces deux exemples montrent l’obligation de coupler
les deux données pour une analyse efficace et juste. Dans l’ensemble,
l’impression globale est confirmée par ces nouveaux chiffres.
Quelques familles marquent particulièrement l’échevinage namurois
de leur empreinte, en lui fournissant plusieurs membres, en
prolongeant leur présence sur ses bancs ou en additionnant les
sièges. Les chiffres les plus élevés dans les trois séries correspondent
à nouveau aux familles liées à la mairie namuroise par l’un de leurs
membres (aux Louvegnis, Bonnant, Colle, d’Outremont, de Fumalle,
de Warisoul, du Pont). Ce second constat nous renforce dans l’idée
qu’il conviendra de s’interroger sur la place de ces familles et le lien
qu’elles entretiennent avec le pouvoir central. S’agit-il de familles de
premier plan ? Pour quelles raisons exactement ? D’autres familles
échevinales ont-elles eu tendance à favoriser les unions
matrimoniales avec ces familles « maiorales » de manière à jouir de
leur aura ? Les questions sont ouvertes.

L’hérédité
16 Tous les liens unissant les hommes présents dans le tableau n°6 n’ont
pas encore été mis en lumière. La question de l’hérédité des charges
y trouve pourtant une première réponse (tableau n°8). 30 membres
de la Haute Cour voient la relève assurée par l’un ou l’autre fils soit
15,7 % du nombre total d’individus ayant obtenu un siège (199, voir
le tableau n°3) ; 28,8 % du nombre total des maires et des échevins
issus des familles ayant fourni plus d’un membre à la cour (104 ; voir
le tableau n°6) 34 . Si l’on distingue le xive et le xve siècles, on obtient
respectivement 11,8 % et 17 % du nombre total de détenteurs de
sièges. Même si ces chiffres sont peu élevés, il est permis de croire
qu’ils augmenteront au fur et à mesure de l’avancement de nos
recherches. Quelques noms peuvent encore venir s’ajouter à la liste
des fils des échevins du xve siècle, notamment pour le xvie siècle.
17 De véritables lignées existent. Jacquemin d’Eve, Philippart de
Fumalle ou Jamart du Pont ont plusieurs fils à la cour. On peut être
membre de l’échevinage du grand-père au petit-fils, en passant par
le fils (Honoré, de Fumalle...) ou non (Bonnant, d’Outremont, du Sart,
Honoré).
Tableau n°8. PÈRES ET FILS MEMBRES DE LA HAUTE COUR DE NAMUR (xive-xvie
SIÈCLE)
(1) : noms de familles ; (2) : pères et fils ; (3) : grand-pères et petits-fils.
* sont notés en petites capitales les individus ayant exercé la fonction de maire.

L’endogamie
18 Jusqu’ici notre réflexion s’est essentiellement appuyée sur les
hommes portant le même nom de famille. Cela a permis de
recomposer les liens unissant ces individus, avec une attention
particulière aux pères et à leurs fils. La réalité est plus complexe
encore. S’arrêter à la seule étude des noms de familles est
insuffisant. La mise en évidence de quelques présences simultanées
au sein des collèges échevinaux l’a montré. Des liens familiaux
unissent aussi des hommes aux noms différents : Massart Colle est
l’oncle de Gillekin Gaifier, Jean de Warisoul le beau-frère de Pierart
aux Louvegnis, Jean d’Acosse le beau-père de Warnier de
Longchamps... (tableau n°4). Le mariage joue forcément un rôle de
premier plan dans le tissage de ces multiples liens. Son étude est
indispensable, qu’il s’agisse de celui des membres de la cour eux-
mêmes, de leurs fils n’ayant jamais siégé 35 ou de leurs filles 36 .
Dans les trois cas, les questions posées sont identiques. Les mariages
ont-ils lieu avec des filles ou des fils de membres n’ayant jamais siégé
ou avec des personnes entretenant d’autres liens de parenté avec les
membres de la Haute Cour (sœur, frère, tante, oncle...). En résumé, il
s’agit de préciser dans quelle proportion on a affaire à des mariages
endogamiques ou non.
19 Les tableaux numéros 9, 10 et 11 rendent compte des premiers
résultats obtenus. Ils distinguent systématiquement les xive et xve
siècles. Pour le xive siècle, le nombre de mariages connus est assez
faible. Nous l’utilisons malgré tout à titre indicatif. Notre attention
se porte surtout sur le siècle suivant et le cumul des deux périodes.
Pas moins de 99 mariages de membres de l’échevinage ont été
enregistrés à ce jour pour les 199 individus connus 37 . Plus de la
moitié (51) unissent un échevin et une fille d’échevin (19) ou une
femme directement liée à la cour (32).
Tableau n°9. LES MARIAGES DES MEMBRES DE LA HAUTE COUR DE NAMUR (xive-xve
SIÈCLES)

(1) : nombre de mariages pour chaque catégorie et chaque période ; (2) : pourcentages
par rapport au nombre total de mariages de chaque catégorie et de chaque période.

20 Seuls 13 mariages de fils d’échevins, non échevins eux-mêmes ont


été mis à jour pour les 78 fils connus dont 6 mariages endogamiques
(46,1 %).
Tableau n°10. LES MARIAGES DES FILS DE MEMBRES DE LA HAUTE COUR DE
NAMUR N’AYANT JAMAIS SIÉGEAU SEIN DE CETTE INSTITUTION (xive-xve SIÈCLES)

(1) : nombre de mariages pour chaque catégorie et chaque période ; (2) : pourcentages
par rapport au nombre total de mariages de chaque catégorie et de chaque période.

21 Enfin, pour les 72 filles d’échevins connues, on compte 48 mariages


dont 14 endogamiques (29 %). Ce sont uniquement les mariages des
filles d’échevins avec des hommes liés à la Haute Cour sans être
échevins ou fils d’échevins qui sont pris en compte ici 38 .
Tableau n°11. LES MARIAGES DES FILLES DE MEMBRES DE LA HAUTE COUR DE
NAMUR (xive-xve SIÈCLES)
(1) nombre de mariages pour chaque catégorie et chaque période ; (2) : pourcentages
par rapport au nombre total de mariages de chaque catégorie et de chaque période.

22 Cette remarque démontre combien l’étude des mariages est délicate.


Il ne faut pas compter deux fois le même mariage. Toutefois, il peut
être utile de rassembler l’ensemble des données en un tableau
récapitulatif (tableau n°12). Le pourcentage des mariages
endogamiques y est impressionnant : 40 % au xive siècle mais surtout
44,4 % au xve siècle et 43,75 % pour les deux périodes cumulées.
Tableau n°12. LA HAUTE COUR DE NAMUR ET L’ENDOGAMIE (xive-xve SIÈCLES)
(1) nombre de mariages pour chaque catégorie et chaque période ; (2) : pourcentages
par rapport au nombre total de mariages de chaque catégorie et de chaque période.

Conclusion
23 Les résultats sont provisoires, mais encourageants à un double titre.
L’approche des familles a permis d’aller au-delà de l’apparente
efficacité des réformes de 1411 et 1464. Même si les présences de
parents proches au sein des mêmes échevinages diminuent tout au
long du xve siècle, même si les longues carrières individuelles sont de
plus en plus rares, certaines familles namuroises marquent la Haute
Cour de leur empreinte. Elles se maintiennent dans la longue durée,
à travers les liens d’hérédité et du mariage. Le prince est confronté à
une contrainte de taille. La ville est petite et le nombre d’individus
susceptibles d’accéder à son gouvernement est peu élevé. Le
seigneur est toujours obligé de désigner les membres de la cour dans
le même groupe d’hommes et de familles. Ceux-ci mettent au point
une stratégie familiale et matrimoniale particulière de manière à se
maintenir au plus haut niveau du pouvoir urbain. Le prince, malgré
ses efforts, participe à la transformation de ce groupe d’hommes en
un véritable milieu échevinal namurois. L’examen des conditions
d’accès à la Haute Cour et la caractérisation de ce milieu échevinal
sont désormais indispensables.

NOTES
1. Abréviations utilisées : AEN (Archives de l’État à Namur), AGR (Archives générales du
Royaume), ASAN (Annales de la Société archéologique de Namur), HCN (Haute Cour de
Namur).
Il s’agit ici d’une première version de notre réflexion à propos de l’hérédité des fonctions et
de l’endogamie au sein de la Haute Cour namuroise. Depuis l’organisation du colloque en
2001, cette réflexion a été largement approfondie dans notre thèse de doctorat, intitulée
Gouverner la ville au bas Moyen Âge. Les élites dirigeantes de la ville de Namur au xve siècle,
défendue en décembre 2005 aux Facultes universitaires Notre-Dame de la Paix à Namur. Sa
publication est prévue dans la collection Studies in European Urban History éditée par Brepols.
2. L. Genicot, Une ville en 1422, dans Namur. Le site. Les hommes, Bruxelles, 1988, p. 79.
3. Les villes de Gand, Anvers, Bruges ou Bruxelles comptent toutes au moins 32 000
habitants à la même époque (M. Boone, Gestion urbaine, gestion d’entreprises : l’élite urbaine
entre pouvoir d’état, solidarité communale et intérêts privés dans les Pays-Bas méridionaux à
l’époque bourguignonne (xive-xve siècles), Gand, 1991 (Studia Historia Gandensia, 275).
4. L. Genicot, Une ville en 1422..., p. 89.
5. H. Douxchamps, La vente du comté de Namur à Philippe le Bon (16 janvier 1411), dans ASAN, 65,
1987, p. 119-176.
6. La franchise namuroise est le territoire que le comte a dotée d’une série de privilèges
particuliers à la fin du xie ou au début du xiie siècle. Elle correspond au xve siècle à ce que
l’on a coutume d’appeler aujourd’hui le Grand Namur (Namur, Wépion, Bouges, Naninnes,
Salzinnes, Beez...). Voir L. Genicot, L’économie rurale namuroise au bas Moyen Âge. III. Les
hommes. Le commun, Bruxelles, 1982, p. 119-206.
7. P. Godding, Conseils et rencharges de la Haute Cour de Namur, Bruxelles, 1992.
8. Voir la thèse de M. Liénart, Les finances de la ville de Namur (1411-1477), thèse inédite UCL,
2000 et son article La gestion des finances de la ville de Namur (1362-1477) : rouages humains et
politique urbaine, dans M. Boone, W. Prevenier, Finances publiques et finances privées au Bas
Moyen Âge, Louvain, 1996 (Studies in urban social economic and political history of the medieval
and modern Low Countries, 4), p. 131-162.
9. Ce haut dignitaire, appelé aussi gouverneur représente la personne du prince à la tête du
comté de Namur avec tous les honneurs dus à son rang. Il exerce ses fonctions de
« lieutenant » momentanément sous les comtes de Namur qui résident dans le comté ; de
manière définitive sous les ducs de Bourgogne.
10. Voir X. Lelièvre, Institutions namuroises : la Cour du Magistrat, dans ASAN, 8, 1864, p. 369-
379 ; J. Muller, La représentation populaire dans le comté de Namur au début du xve siècle, dans
Études d’histoire et d’archéologie namuroises dédiées à F. Courtoy, Namur, 1952, p. 486-489 ; A.
Moreau d’Andoy, L’organisation judiciaire du comté de Namur, dans ASAN, 54, 1967, p. 187 et
suivantes.
11. Il s’agit du nom donné à « la maison là où on plaide », la maison communale de Namur à
l’époque. La première mention de ce lieu de réunion date de 1213 lorsque le Chapitre Saint-
Aubain accorde au maire et aux échevins de Na-mur d’ériger sur ses terres près de Saint-
Rémi (l’actuelle place d’Armes) un appentis pour tenir leurs séances (voir J. Borgnet et S.
Bormans, Cartulaire de la ville de Namur, II, no 4, Namur, 1876).
12. En voici quelques exemples : J. Bartier, Légistes et gens de finances au xv
e siècle. Les
conseillers des ducs de Bourgogne Philippe le Bon et Charles le Téméraire, Bruxelles, 1955-1957 ; B.
Guenée, Tribunaux et gens de justice dans le bailliage de Senlis à la fin du Moyen Âge (vers 1380-
1550), Paris, 1963 ; F. Autrand, Naissance d’un grand corps de l’État. Les gens du Parlement de Paris
(1345-1454), Paris, 1981 ; O. Mattéoni, Servir le prince. Les officiers des ducs de Bourbon à la fin du
Moyen Âge (1356-1523), Paris, 1998.
13. La procédure exacte est inconnue. Le prince effectue peut-être son choix sur base d’une
liste. Rien ne permet vraiment de l’affirmer. La décision finale revient de toute manière au
prince ou à ses représentants. Le nouvel officier doit leur prêter serment.
14. Nous résumons ici les idées principales de notre article Maires et échevins namurois au xve
siècle : d’une institution à un milieu ? Premier indice : la durée des carrières présenté lors du
colloque organisé par la Société d’histoire du droit et des institutions en pays flamands, picards et
wallons en mai 2001 à Namur (Les acteurs de la justice : magistrats, ministère public, avocats,
huissiers et greffiers (xiie-xixe siècles), Namur, 2002 (Travaux de la Faculté de droit de Namur, 24),
p. 27-53). Ce résumé a pour but de démontrer la volonté du prince de contrôler la Haute
Cour de Namur et les individus qui y siègent. Il ne s’agit pas de répéter l’ensemble du
raisonnement tenu lors de cette précédente communication. Nous reportons le lecteur à cet
article, notamment pour les différents tableaux relatifs à la durée des carrières dont sont
tirés les chiffres cités ici. Les reproduire dans leur totalité ne ferait qu’alourdir le propos du
fait qu’ils sont assez nombreux et fort longs. Nous donnons uniquement les tableaux relatifs
à la répartition des sièges entre les individus qui résument parfaitement l’impression
générale (tableaux nos 1, 2 et 3).
15. AEN, HCN 6-33. Quelques registres aux sentences criminelles ont été conservés (AEN,
HCN 352-353).
16. Nous avons pu établir que le prince profite aussi du contexte socio-économique difficile
pour Namur et certains membres de son gouvernement dans les années 1460 pour entamer
cette réforme. Une analyse approfondie de cette question figurera dans la publication de
notre thèse.
17. Certains prolongent encore leur présence au sein de la cour en occupant un siège
d’échevin avant ou après être passés par la mairie. Le cumul des deux carrières est lui aussi
impressionnant : Massart Colle (37 ans), Thomas aux Louvegnis (23 ans), Jacquemin du Pont
(29 ans), Thierry Bonnant (30 ans)... Voir le tableau no 3 de notre article sur la durée des
carrières.
18. S. Bormans, Cartulaire de Namur, III, p. 379, note 1.
19. Le rassemblement puis le traitement des données généalogiques ont été facilités par la
mise au point d’une base de données informatique et prosopographique personnalisée
(Access).
20. Par facilité, nous utilisons ici uniquement le terme d’échevins pour désigner n’importe
quel membre de la Haute Cour, qu’il s’agisse d’un maire, d’un lieutenant-maire ou d’un
échevin.
21. Nous avons relevé également pour les deux périodes quelques cas de beau-père et beau-
fils siégeant en même temps à la cour : Jean de Warisoul a épousé la mère de Guillaume de
Fumalle (Sinte de Seilles) ; Antoine Ponchin a épousé la mère de Thierry Bonnant (Sébille
Confessé) ; Warnier de Longchamps a épousé la fille de Jean d’Acosse ; Jacquemin Mathieu
celle de Jacques de Spontin. Ces cas ne sont pas touchés par la disposition de 1411.
22. Cet exemple le démontre : la fonction de lieutenant-maire devra être étudiée avec
attention. Qui l’exerce ? Quels enjeux sont liés à sa détention ? Le cas des frères du Pont est-
il exceptionnel ?
23. Voir cette question traitée en profondeur dans la publication de notre thèse.
24. Voir ci-dessous la présence des familles dans la longue durée, p. 376-380.
25. Les chiffres sont petits mais l’évolution vaut la peine d’être évoquée.
26. Ont épousé deux sœurs, Sinte et Catherine de Seilles.
27. Thierry Bonnant a épousé Marguerite, sœur de Jean Lamistant.
28. Jean de Fumalle a épousé Marguerite, sœur de Thierry Bonnant.
29. Jean de Fumalle a épousé Marguerite, sœur de Philippe d’Outremont.
30. Nous comptabilisons ici les différents noms de familles relevés pour l’ensemble de la
période sans prendre en compte d’éventuels liens familiaux entre elles. À chaque nom
correspond une famille au sens strict du terme.
31. Les liens exacts entre tous les individus portant le même nom de famille ne sont pas
toujours connus. Par exemple, nous ne savons pas encore quel lien unit Jean Rideal de
Frocourt et Jean Rideal, ou Thomas de Warisoul et les autres porteurs du nom. Nous
considérons toutefois que ces hommes ont une origine commune et que les dépouillements
à venir éclaireront leurs relations familiales.
32. D’autres noms viendront sans doute s’ajouter à cette liste encore peu fournie. La
question du maintien des familles au-delà de la fin du xve siècle vaudra la peine d’être
approfondie.
33. Les chiffres notés en exposant à côté de certains prénoms sont destinés à différencier les
homonymes, relativement nombreux au sein des familles.
34. Parmi les 113 fils que nous connaissons actuellement, 35 ont siégé à la cour (30,9 %).
35. Les fils ayant siégé à la Haute Cour sont forcément comptés parmi les membres de la
cour, d’où cette utile distinction.
36. D’autres mariages pourront être abordés par la suite : celui des frères n’ayant jamais
siégé et des sœurs des membres de la cour par exemple. Les données recueillies jusqu’à
présent sont trop peu nombreuses.
37. Parmi les membres de la cour dont les unions sont connues, 87 ont été mariés une seule
fois, 11 deux fois et seul Simon de Fumalle trois fois. La question des remariages devra elle
aussi faire ultérieurement l’objet d’un traitement spécifique.
38. Les mariages des filles d’échevins avec des échevins et des fils n’ayant pas siégé ont été
comptabilisés dans les tableaux nos 9 et 10.
III. Pratiques conflictuelles et
procédures judiciaires
Justice négociée, justice hégémonique
L’émergence du pénal public dans les villes italiennes des xiiie et xive
siècles 1

Mario Sbriccoli

Les prodromes doctrinaux du droit pénal


public
1 Dans les cités communales italiennes du bas Moyen Âge, le pénal
connaît une précoce « publicisation » dont les premiers signes
apparaissent – dans la pratique d’abord et ensuite dans l’élaboration
théorique des juristes 1 – vers le milieu du xiiie siècle.
2 En disant « publicisation », j’entends faire référence à l’entrée
(active) du sujet public dans les pratiques de justice pénale à
l’intérieur des villes. L’action pénale et le procès qui découle d’elle,
pris ici comme indicateurs de la « nature » du système punitif, voient
l’apparition d’un acteur nouveau à côté des deux acteurs
traditionnels (la victime ou son entourage 2 d’un côté, l’auteur du
délit, avec le sien, de l’autre), lequel nouvel acteur joue un rôle de
plus en plus important. Rôle important mais, je le souligne, non
unique : celui d’un protagoniste de poids, mais pas toujours
prépondérant, qui doit conquérir son espace propre.
3 Il faut dire que ce processus de publicisation n’a à voir qu’en partie
avec ce que l’on appelle, par convention, l’avènement de
l’inquisitoire. Un procès de type inquisitoire, limité à des domaines
réservés 3 , existait depuis longtemps dans les sources romaines et
avait été remis en usage, au début du xiiie siècle, dans les décrétales
pontificales et dans la justice pratiquée par l’Église. Dans les faits,
mis à part ces domaines réservés, l’ensemble du régime de l’injuria
facta privatis 4 restait pris dans une optique civiliste et limité – pour
ce qui concerne la justice – au champ du dédommagement. La
victime pouvait, si elle le voulait, déclencher un procès de type
accusatoire (possible cadre de négociations ultérieures), mais son
objectif était, normalement, d’être dédommagée, ce qui pouvait se
faire plus facilement en-dehors du procès ; quant à l’auteur de
l’injuria, il y a lieu de penser qu’il voulait se tirer d’affaire
rapidement et obtenir, comme on disait, la paix de l’offensé.
4 Du reste, en anticipant sur une possible classification, sur laquelle je
reviendrai, il me semble devoir dire que ce que nous percevons, ou
tendons à voir, comme deux modèles processuels distincts –
l’accusatoire, l’inquisitoire – correspondent à des façons de procéder
différenciées qui tendent toutefois à s’entremêler dans le
déroulement effectif du procès. Différenciées, il faut le préciser, par
trois aspects.
5 Le premier est celui de la nature de l’action : a) accusatio, engagée
par la victime, qui donnera forme à un procès accusatoire ; b) cognitio
judicis, engagée d’office et menée per inquisitionem. Il s’agit d’une
distinction qui aide à comprendre le système, mais qui produit
inévitablement deux Idealtypen auxquels il n’est pas aisé, ensuite, de
faire correspondre les procès tels qu’ils se déroulaient effectivement.
6 Le second aspect concerne les vocations respectives des deux formes
processuelles. D’un côté, la procédure accusatoire « pure », destinée
aux violences mineures 5 , semble faite pour résoudre (ou différer)
des conflits qui, ayant pour objet un intérêt bien limité, sont adaptés
à un type de procès pénal formé sur le modèle de l’ordo qui avait été
conçu pour les litiges civils 6 . De l’autre, la procédure qui s’appuie
sur le juge promoteur, accompagnateur ou instigateur de l’action
judiciaire s’affirme progressivement comme le procès du grand et du
moyen criminel et, en même temps, comme instrumentum
jurisdictionis – et comme moyen de résoudre des conflits ayant aussi
pour objet, à côté de l’intérêt du particulier, quelque forme
importante d’interesse civitatis.
7 Le troisième aspect réside dans le conflit entre le modèle romaniste,
prestigieux et stratifié, jalousement gardé par des notarii et curiales
qui savent bien le mettre en œuvre, et le modèle construit pas à pas
par les judices potestatum, qui évoluent entre pratique et textes et en
viennent à mettre en contradiction le schéma processuel romain (en
substance, celui du judicium publicum classique) et les regulae, rationes
et principes présents eux aussi dans le Corpus juris, jusqu’à en arriver
à un troisième type, qui a la saveur du droit romain mais n’est autre
que le nouveau procès, nécessaire aux villes dans la cruciale phase
de maturation située à cheval entre xiiie et xive siècles.
8 Déjà à partir du xiie siècle, la doctrine avait commencé l’élaboration
des pré-conditions du tournant du xiiie siècle 7 en développant des
prémisses déjà présentes dans le droit romain, et en particulier dans
le système normatif des pacta de crimine, que l’on peut relever dans C.
2.4.18 8 et dans d’autres lieux du Code 9 . La question s’était
concentrée autour de la valeur que devait avoir pour les tiers, juge
compris, une transaction intervenue entre la victime et l’auteur du
délit. On raisonnait sur la possibilité qu’un autre offensé puisse
exiger de négocier lui aussi avec l’offenseur après que celui-ci avait
obtenu la pax de la première victime. C’est dans ce cadre, je crois,
qu’il faut considérer l’introduction de l’acteur public dans la
dynamique de la transaction en matière pénale, avec les
conséquences qu’eut cette introduction pour la transformation
progressive de l’instrument pénal dans le sens de sa publicisation.
Les paces stipulées par les particuliers sont elles-mêmes replacées
dans la logique de l’intérêt public : elles deviennent légitimes parce
qu’elles aident à obtenir la pax publica seu civitatis, qui est la fin
première et la vraie valeur.
9 L’acteur public s’insère dans une procédure qui est encore introduite
de façon privée, parce que l’offense est encore considérée
fondamentalement comme la cause d’un dommage qui confère des
pouvoirs de revanche ou droits de rétorsion à celui qui le subit. En
termes processuels, le principe selon lequel « l’impulsion revenait à
celui à qui revenait aussi la sanction » 10 impose à l’acteur public de
trouver une justification convaincante pour son intervention dans
cette dynamique. Il doit définir un type de dommage qui légitime
son intervention, mais aussi aller vers une forme procédurale qui lui
permette de clore le procès avec la peine, ce qui n’est pas conforme
au format juridique de la transaction. Le nœud de la question est
tout entier dans ce tournant qui a, comme on sait, une motivation
politique très forte, faite de préoccupation pour l’efficacité de la loi
et pour la crédibilité du pouvoir politique, d’intérêt pour la concordia
civium et de craintes pour l’ordre public. Ce n’est pas un hasard s’il y
a là une de ces questions qui furent tranchées par la pratique, en
fonction d’exigences concrètes et de nécessités politiques, et furent
ensuite seulement, pour ainsi dire, rationalisées par la doctrine.
10 On peut dire en effet que la discussion que les juristes conduisirent
au cours du xiie et au début du xiiie siècle, considérée dans son
ensemble, n’offre pas de clef interprétative certaine eu égard à la
direction prise par l’évolution doctrinale. Guglielmo da Cabriano et
Pillio da Medicina, Azzon puis Accurse, Alberto Galeotti, Odofred,
Guido da Suzzara s’alignent sur l’une ou l’autre position (affirmant
ou niant que la transaction vienne clore la question concernant les
tiers ou limite le rôle du juge) 11 en vertu de raisonnements qui se
fondent, selon les circonstances, sur des principes d’équité, sur des
considérations de juste mesure ou bien sur la logique ou la finalité de
l’institution. Il ne semble pas que la question principale – celle qui
conduirait à la publicisation du pénal à travers une fongibilité
substantielle de l’action privée et de l’action publique, accompagnée
d’une progressive réduction de la transaction pénale au seul
domaine de la compensation du dommage – soit présente dans leur
discussion sous une forme adéquate.
11 C’est peut-être dans les démarches de Jacopo d’Arena et de l’école
d’Orléans 12 que l’on peut trouver des éléments implicites laissant
penser à une conscience initiale de ce problème de fond. Parmi les
premiers qui semblent rapporter au critère de l’intérêt public la
nécessité de donner au juge pénal l’espace nécessaire à l’imposition
de la peine, au-delà de l’accord intervenu entre coupable et victime,
on trouve Martino Sillimani (quia publica utilitas hoc requirit) et Dino
del Mugello (publice utile est ne maleficia remaneant impunita) 13 .
L’argument, tiré de D. 9.2.51.2 14 ou de C. 9.47.14 15 , reviendra très
souvent dans le raisonnement des juristes, marquant l’un des
critères politiques prééminents 16 dans le processus de
publicisation du pénal.

Les raisons techniques et politiques des


nouvelles consuetudines
12 Fragmentaire et, sous certains aspects, timide, la progression
doctrinale sera dépassée et, en quelque façon, rendue inutile par les
nécessités de la pratique. Le système exige une forme processuelle
plus pénétrante et des moyens qui permettent d’exprimer à plein la
dialectique irrépressible entre pouvoirs publics et intérêts (et
pouvoirs) privés. C’est ainsi que, de fait, et avec une progression qui
dans la seconde moitié du xiiie siècle en arrive à recouvrir tout
l’espace de l’expérience communale, les gouvernements podestariles
instaurent des pratiques innovantes, contraires au jus civile, mais
légitimées immédiatement per interpretationem et validées par leur
effectivité.
13 En offre témoignage Alberto Gandino, dans ce qui est probablement
le passage le plus célèbre et cité de toute l’histoire du procès pénal
citadin – à preuve du très grand intérêt que suscite chez les
historiens du droit toute allusion faite par le juriste à son
expérience, à ce qui se passait autour de lui, aux faits comme ils
étaient. Alberto écrit donc, probablement au cours de sa période
pérugine (1286-1287), que
hodie de jure civili judices potestatum de quolibet maleficio cognoscunt per
inquisitionem ex officio suo. [...] Et ita servant judices de consuetudine, ut notat
Dominus Guido et ut vidi communiter observari, quamvis sit contra jus civile 17 .
14 Ut vidi communiter observari, donc, et selon la réflexion qu’avait déjà
menée Guido da Suzzara 18 sur cette même consuetudo affirmée
dans la pratique. La figure de l’accusateur ex officio, qui a ensuite
aussi le pouvoir d’inquirere generaliter aut specialiter, s’étend à
quodlibet maleficium et finit par s’imposer. Cette pratique s’affirmait
dans les faits, de consuetudine, en trouvant des espaces au sein d’un
ordo justitiae qu’elle-même remaniait, en se justifiant per argumenta :
non en application du droit et de ses commandements, mais en
s’appuyant, de façon purement justificative, sur des principes et des
valeurs déductibles de maximes présentes ça et là dans le Digeste et le
Code. Et il ne faut pas oublier qu’avant même d’être une forme
processuelle accomplie, elle constituait, dans les faits, une manière
efficace de mobiliser les preuves par l’usage pénétrant de pouvoirs
publics.
15 Une pratique née de la force des choses, validée par l’usage, élargie
par la logique du précédent, légitimée rethorice, et que l’on fait
souvent passer dans les statuts pour qu’elle prenne finalement un
format normatif.
16 Les deux points de départ les plus vraisemblables de la nouvelle
communis observantia semblent résider, d’un côté, dans la torsion à
laquelle la force des choses soumet l’institution de l’accusation
privée, de l’autre, dans la maturation institutionnelle de la
conflictualité politique qui est à l’œuvre au sein des villes et dans les
nécessités stratégiques qui finissaient par l’orienter 19 .
17 L’accusation privée semble présenter un déroulement dont on peut
déduire qu’elle constituait parfois un moyen pour contraindre le
coupable à accepter une transaction 20 . C’est là probablement le
motif de nombreux procès qui commencent par une accusatio pour se
perdre ensuite, suspendus dans les archives, sans que l’on puisse en
connaître l’issue. Quand l’auteur du méfait était inconnu, comme je
le redirai plus loin, il n’y a pas à s’attendre à une accusation
d’aucune sorte, parce que dans ce contexte processuel et dans la
logique (romaniste) de l’accusatio, une action contre des inconnus
apparaît tout à fait incohérente. S’il arrive que quelqu’un dénonce
un fait criminel dont il a été victime en disant ne pas avoir de
soupçons – mais en taisant, en réalité, ce qu’il sait –, la raison en sera
probablement à chercher dans l’intention de donner un
avertissement sans supporter de frais ni courir de risque. Ceci parce
que la voie pénale, pour le particulier, est par-dessus tout coûteuse
(il faut régler d’avance les frais, payer avocats et garants, persuader
les témoins, obtenir des fidéjussions) 21 et semble ne pouvoir être
(utilement) pratiquée qu’entre sujets de rangs égaux ou proches :
non contre des inopes dont on ne peut espérer rien récupérer, mais
pas davantage contre des potentiores, desquels il serait difficile de
venir à bout, parce que la partie est longue, risquée et coûteuse, et
parce que les ressources y semblent compter beaucoup plus que les
arguments : ressources économiques, mais aussi sociales, gens à
disposition, entourages nombreux et disposés au soutien, haut degré
d’intégration dans la communauté citadine. Parce qu’il est certain
que le pénal à action privée 22 finit inévitablement par être dominé
par le critère « économique » (la logique des avantages, pas
seulement matériels évidemment), qui fait de l’action le résultat
d’un calcul. Et le calcul met au premier plan – dans le compte de ce
que l’on donne et de ce que l’on a, de la négociation ou du risque pris
– la taille de l’adversaire, parce que l’on peut prévoir, à partir de
celle-ci, s’il y aura à la fin quelque contrepartie rentable aux
dépenses et aux dangers.
18 En outre, le fait que le procès engagé par la victime soit,
structurellement, le même que celui qui se pratiquait pour les litiges
civils a contribué à tenir dans l’ombre la fonction justice (pénale)
propre à la governance citadine, plus longtemps qu’il eût peut-être
été bon. C’est ainsi que les judices potestatum, et donc le pouvoir
podestarile 23 , valorisent l’autre forme processuelle, celle qui donne
l’initiative au juge (ou la lui permet) et offre d’efficaces moyens
d’enquête pour l’acquisition des preuves. Il y avait bien là un
instrument de gestion de la justice pénale et, dans la même mesure,
un instrument de gouvernement de la ville, spécialement s’il était
combiné – comme cela arrivait de plus en plus souvent dans les
régimes podestariles – avec l’attribution d’arbitria en tout genre, qui
autorisaient les juges à inquirere bien au-delà des règles et des
usages.
19 Quant à la conflictualité politique affectant les villes, qui se
dirigeaient, pendant cette période, vers des formes de gouvernement
de plus en plus caractérisées par des pouvoirs personnels enclins aux
méthodes despotiques, on peut certainement la situer, entre autres
choses 24 , à l’origine du phénomène, mais il ne faut pas penser
qu’elle en épuise les raisons. La raison principale du déclin de la
procédure accusatoire classique tient au fait qu’elle était laissée à la
seule volonté de l’offensé, sans possibilité pour les pouvoirs publics
de solliciter efficacement l’action privée ou d’agir, au besoin, en s’y
substituant ; ce procès portait avec lui des inconvénients qui allaient
bien au-delà de l’intérêt que les seigneuries « tyranniques »
naissantes pouvaient avoir à un procès pénal indubitablement plus
gouvernable et pénétrant. Il suffira de penser au cas d’un crime pour
lequel la victime n’était pas objectivement en mesure d’accuser
quelqu’un, en l’absence de tout suspect possible, ou au cas –
assurément pas rare – d’une victime intimidée, ou bien sans aveu 25 ,
c’est-à-dire dépourvue de cet entourage qui aurait dû s’engager à ses
côtés dans la procédure d’accusation. Ou à quelqu’un qui a été
victime précisément des siens, et qui pour cette raison n’a personne
qui puisse agir en sa faveur pour que justice soit faite 26 . Que l’on
pense aux difficultés que l’accusateur privé, dans une société qui se
complexifiait de plus en plus, aurait pu rencontrer dans le
rassemblement des preuves, s’il n’avait pas été aidé par des « phases
inquisitoires » conduites par le juge au moyen de pouvoirs publics
pourvus de vis et destinées à vérifier ses accusations. Que l’on pense,
enfin, au cortège de conséquences, en termes de pax publica, de
défaut de justice, de ludibrium legum, qu’aurait de plus en plus
entraînées un système processuel mis à la merci des rapports de
force entre les citadins et donc destiné à se faire instrument de
prévarication et à perdre progressivement valeur ou utilité.
20 Le système institutionnel citadin et les oligarchies dominantes
supportent de moins en moins l’existence de ces inconvénients, et
pas seulement parce qu’il en résulte une justice critiquable. Leurs
répercussions négatives sur l’ordre public interne ne sont pas
ignorées et l’effet de dissémination des pouvoirs que ce type de
procès porte avec lui n’est pas sous-évalué. Car la mobilisation de
tant d’énergies techniques, économiques et clientélaires autour de
chaque accusation pénale contribue à maintenir et augmenter les
pouvoirs disparates et dispersés, à tenir en état de subordination la
fonction jurisprudentielle publique et à maintenir de forts pouvoirs
sociaux enkystés dans le système de pouvoir politique de plus en
plus intégré qui était alors en construction.
21 Le fait que, pour obtenir un effet de publicisation du pénal, on n’ait
pas actionné le levier du droit substantiel mais choisi la voie du
procès démontre que la clef tenait à la titularité de l’action et que
c’est seulement en agissant sur le procès qu’il était possible d’éviter
ces inconvénients, en ouvrant en même temps des opportunités de
type politique. Non plus seulement des crimina publica (pour lesquels
cuilibet competit accusatio), mais une action entreprise par le juge ex
officio suo 27 , ou, mieux – comme je le disais plus haut – une
possibilité d’intervention pour le pouvoir politique dans un procès
qui conserve cependant de nombreux traits de sa physionomie
originelle : chaque fois que sont identifiées de bonnes raisons
« publiques » à sauvegarder, le juge pourra intervenir, entrer dans le
jeu, se substituer à la partie faible, inerte ou absente, sortir si
nécessaire pour intervenir de nouveau au besoin, ou bien
commencer lui-même, avant tout autre, ou encore s’attribuer la
fonction entière (accusation et enquête) si l’utilité publique le lui
suggère, en gardant toujours, dans tous les cas, le droit d’infliger la
peine.
Institutions proactives 28 et métamorphose
de l’accusation. Les prodromes du pénal
hégémonique
22 L’invention théorique, ou, si l’on veut, la voie technique, ou la base
logique, par laquelle on arrive à la pleine légitimation du nouveau
devoir du juge (est officium judicis, judex ex officio suo 29 ), tient à la
scission de l’intérêt à agir en deux versants distincts : l’un qui reste dans la
sphère de la victime, l’autre qui s’installe dans la sphère du commune
civitatis. Avec l’affirmation d’un présupposé de pure création
politique, sur lequel je reviendrai aussi plus avant, selon lequel omnis
delinquens offendit rem publicam civitatis, ubi maleficium committitur,
et illum quem ledit 30 .
23 Cette dimension publique du pénal coexiste – d’abord sur un mode
conflictuel, ensuite pacifiquement ; d’abord depuis des positions
minoritaires, ensuite sur une base de nette hégémonie – avec des
procédures de justice « à conduite privée », fondées sur la
transaction et sur les paix, rendues d’une certaine façon, à leur tour,
publiques, par le fait d’être (au moins dans un premier temps)
encouragées par les autorités publiques et – si l’on peut dire –
« constitutionnalisées » (parce que reconnues et réglementées) par
les statuts 31 .
24 L’évolution qui en découle a des effets aussi sur le versant substantiel
de l’appareil pénal. Le système de l’incrimination est
progressivement investi par la publicisation de l’intérêt à réagir
devant un nombre croissant d’infractions qui, à leur tour – en
référence à la distinction romaniste classique entre crimina et delicta
–, se publicisent de plus en plus.
25 La peine, entendue comme marque par excellence de la publicisation
du système – gage du bonum comune – gagne progressivement en
poids, importance et fréquence tout au long du xiiie siècle
(bannissements 32 et confiscations, par-dessus tout), en se
connectant à deux autres phénomènes, liés eux aussi à l’urgence
politique qui caractérise les villes en crise de légalité et d’autorité :
a. le premier consiste en une proactivité des appareils de justice, qui se limitent de moins
en moins à réagir à ce qui se passe et agissent de plus en plus pour garantir l’ordre
public et la pax civitatis. Que les pouvoirs publics prennent l’initiative dans les
questions qui concernent la loi et l’ordre apparaît de plus en plus naturel, parce que la
chose semble de plus en plus nécessaire et sera de plus en plus considérée comme
impérative. S’accomplit dans la mentalité commune cette coïncidence entre l’intérêt
de la ville et le devoir de ses gouvernants qui constituera un des fondements
« contractuels » du pouvoir des seigneuries et la condition légitimante de la
progressive absolutio de ce pouvoir 33 . Celui qui garantit des biens suprêmes comme la
justice et l’ordre doit être conditionné, entravé, contrôlé le moins possible. Et c’est
dans le cadre de cette inclination croissante à une attitude proactive de la justice
pénale que doit probablement être replacée la fonction en forte croissance assignée à
la fama 34 comme occasion de donner l’impulsion à l’action répressive.
b. le second phénomène est le mélange de pratiques relevant de l’accusatio et de
l’inquisitio dans l’activité ex officio des magistratures pénales, laquelle admet cependant
l’existence à côté d’elle du « système de la transaction ». En naît un procès de fait,
progressivement modifié par des consuetudines qui paraissent plutôt des usus curiae,
conditionnées par les statuts, mais à leur tour capables de conditionner les statuts,
parce qu’elles produisent des sentences qui passent souvent dans le corpus des normes
citadines, transformant en règles stables certaines décisions judiciaires cruciales.
Accusatio et inquisitio ne sont pas en effet deux manières alternatives de concevoir le
procès telles qu’elles définiraient séparément deux formes processuelles opposées
(l’accusatoire et l’inquisitoire, selon une phraséologie hâtive et désormais inadaptée),
mais semblent correspondre à des états de la procédure, ou à des phases 35 , vouées au
seul but de mieux former la preuve. Tout procès les verra se combiner en doses et
séquences différentes, commandées par l’opportunité.

26 La procédure qui en découle apparaît mixte : caractérisée de plus en


plus par l’expansion de la fonction d’enquête 36 , mais toutefois
conditionnée par le comportement également extra-processuel des
parties impliquées. Le mélange provient des faits. En doctrine, Guido
da Suzzara, Guillaume Durant, Martino da Fano, Alberto Gandino ou
Dino del Mugello 37 persistent, comme il était normal et inévitable,
à considérer l’accusatio comme la forme régulière pour mener un
procès (pénal) normal de jure civili, et considèrent l’éventualité de
cognoscere per inquisitionem comme un speciale, sujet à conditions,
éventuel et limité à des cas de nécessité impérative. De là, on entrera
dans la logique de l’arbitrium, qui pourra être concédé au juge en
dérogation à l’ordo juris 38 . Tandis que c’est dans l’effectivité des
pratiques, celles de facto et celles qui naissent de l’émergence
(interprétative) de nouveaux aspects de l’accusatio, que fait
concrètement son chemin le procès « mixte ».
27 La pratique, c’est-à-dire le juge, c’est-à-dire l’autorité publique. C’est
la figure du juge qui se présente donc, dans les dernières décennies
du siècle, comme figure cruciale de la publicisation du pénal. Juge
proactif, mais conditionné par l’action ; qui tend à prendre le
premier rôle, mais peine à se libérer de pratiques qui viennent d’une
autre tradition.
28 Beaucoup passe par la transformation de l’accusatio. D’acte typique
de l’offensé qui engage l’action judiciaire, l’accusatio tend à se faire
l’équivalent d’un acte processuel qualifié, réalisable par des agents
différents, que l’on peut ramener à la méthode de la positio 39 . Est
accusatio l’acte de la victime qui demande justice pour soi, de même
que correspond au format de l’accusatio la démarche du juge qui
entreprend de faire justice au nom de la civitas offensée par l’acte
criminel, quand la victime ne le fait pas ou quand il n’est pas prévu
40 ou n’est pas nécessaire 41 qu’elle le fasse ; y équivaut la

denunciatio 42 et y équivaut tout genre de notitia criminis « revêtue »,


pour ainsi dire, d’une requête de sanction ou de dédommagement ;
tout comme aussi la réponse (contra positio) de l’accusé lorsqu’il fait
valoir, dans les délais légaux, des circonstances atténuantes ou des
excuses, réponse à laquelle on peut comparer l’exceptio, qui elle aussi
donne vie à un procès sui generis 43 ; y correspondent ces actions de
mise en alerte de la justice publique que le pénal plus mature va
distinguer dans les plaintes, dénonciations, délations, indications ou
rapports 44 ; et la fama 45 aussi, du moment qu’elle pourrait
constituer un argument légitime pour se substituer publice à un ayant
droit inerte, accompagnée de précisions et de mesures de prudence,
est considérée comme une forme d’accusatio implicite ou collective
capable de mettre le juge en action. Toutes ces formes possibles de
l’accusation légitiment un procès lancé par le juge et commencé par
une inquisitio generalis pour un nombre croissant d’infractions ; la
possibilité classique demeurant intacte que l’accusatio garde sa forme
traditionnelle, soit engagée regulariter et cum libello inscriptionis 46
par un particulier, conduisant ainsi à l’ouverture d’un procès
secundum jus civile, qui pourrait cependant connaître lui aussi, par la
suite, des phases d’enquête décidées ou guidées par les pouvoirs
publics.
29 On voit bien comment le juge modifie son rôle en relation avec le
glissement de sens et de fonction qui affecte l’accusatio. De l’office
d’arbitre, tiers et passif, qui lui revenait dans le vieil actus trium
personarum, il passe à celui de partie, en gardant cependant les
prérogatives du juge, qui a pour lui ab origine les deux pouvoirs, non
des moins importants, de conduire et de décider : il peut ainsi
ajouter à ses devoirs celui de « concourir » avec les parties dans
l’ouverture du procès, dans son développement, dans sa clôture.
30 Ce sont là les premiers pas d’un long chemin. Sur le long terme, la
métamorphose de l’accusation et le juge qui se fait aussi partie
seront à l’origine d’un procès tout à fait différent de celui de départ,
dominé par les pouvoirs publics 47 et propre à conduire à des effets
de transfiguration franchement paradoxaux 48 .

La compulsio ad accusandum et les raisons de


la peine publique
31 Les opportunités offertes à la publicisation du pénal par l’évolution
de l’accusatio, commencée sur une base interprétative et soutenue
par des arguments politiques, pragmatiques, mais aussi techniques,
s’incorporent à un noyau normatif qui prévoyait déjà une série de
cas dans lesquels le juge devait procéder de jure, ex officio, et, ce qui
compte le plus, per inquisitionem. Dans l’exposé d’Alberto Gandino, il
s’agit de cas, auxquels j’ai déjà eu l’occasion de faire allusion, dont
l’énumération, avec une valeur impérative semble-t-il, est donnée à
l’alinéa 3 de la rubrique Quid sit accusatio et quando accusator sit
necessarius, puis répétée à l’alinéa 3 de la rubrique Quomodo de
maleficiis cognoscatur per inquisitionem 49 . Ce qui a été dit, écrit le
juriste de Crema, à propos du fait que l’on ne peut condamner
quelqu’un si personne ne l’accuse et qu’en l’absence d’une
accusation il ne peut être procédé à la criminis cognitio, ne vaut pas
dans certains cas spéciaux. Ce sont les cas où il faut agir officio judicis,
per inquisitionem 50 .
32 Toutefois, en-dehors de ces cas aussi, ajoute Alberto, il peut arriver
que le juge se voie dans la nécessité de contourner de quelque
manière l’impossibilité qui est la sienne d’agir ex jure, aux fins de
compenser l’inertie inadmissible de l’entourage de la victime. Bien
que ne disposant pas d’un vrai pouvoir de substitution, il peut en
effet réaliser une synthèse différente et concrète entre la procédure
ex accusatione et celle qui naîtrait de sa propre initiative d’office. Il
s’agit de compellere ad accusandum.
33 Alberto écrit donc :
Sed pone quod Titius interfecit aliquem ; heredes illius mortui timebant hunc
Titium accusare propter ejus potentiam.
Modo queritur numquid potestas possit compellere illos heredes quod accusent
istum Titium, cum hoc sit quod potestas de illo maleficio non possit inquirere, ex
eo quod hic casus non est de casibus in quibus possit inquirere.
Videtur quod possit :
Quia expedit rei publicae ne maleficia remaneant sine pena ;
Item quia judex debet curare ut provincia quam regit malis hominibus sit
purgata ;
Item propter tumultum et scandalum evitandum, alias conceditur quod alias non
concederetur ;
Item quia si istud homicidium non puniretur, esset res mali exempli ;
Solutio : dic quod judex bene faciet, si predictos heredes accusare compellat,
quamvis hoc non sit bene lege expressum ; et si timeatur de potentia dicti Titii,
faciet potestas eum dare bonam securitatem de non offendendo illum
accusatorem 51 .
34 Quamvis hoc non sit bene lege expressum. Là réside, par-dessus tout, la
raison technique de l’opposition à l’idée de compellere ad accusandum
faite par des avocats et juristes, célèbres pour certains, qui se
rendent compte du caractère explosif d’une telle faculté concédée au
juge. Parmi les cas pratiques portés en lumière par Vallerani 52 , on
trouve un consilium de Bonagrazia Pascipovero et Antolino de’
Mazzolini, juristes de bonne tenue, qui nient que le juge puisse
procéder invito vel non instante accusatore (il s’agit d’un problème que
je reprendrai plus avant), ni compellere accusatorem in accusatione
procedere, cum nemo invitus agere vel accusare cogatur. Comme on voit,
la référence est au droit romain classique et au principe selon lequel
on ne procède pas nemine accusationem promo-vente, raison pour
laquelle le procès ne peut avancer ni s’orienter dans de nouvelles
directions ou vers de nouvelles personnes si l’accusation originelle
n’est pas effectivement mise en œuvre ou si elle n’est pas renouvelée
en fonction des éléments qui sont portés au jour. Les deux sapientes
nient aussi la légitimation du juge à agir, en ajoutant non obstante
arbitrio, si quidem habet dominus potestas vel dictus judex in dicto negocio.
La contestation du pouvoir ex arbitrio prend la valeur d’une
méconnaissance de jurisdictio, étant donné que l’arbitrium procedendi,
que l’on doit considérer, par hypothèse, comme concédé (délégué)
au juge, est transféré ad inferiores magistratus et judices, provenant de
ceux qui habent jurisdictionem et administrationem jure proprio, en tant
que superiorem non recognoscentes 53 . Le consilium tire argument tam
de juri communi quam ex forma statutorum et ordinamentorum comunis
Bononie, mais se pose manifestement à contre-courant, eu égard à la
doctrine qui est en train de se faire dominante.
35 Comme j’ai déjà eu l’occasion de le dire, l’opération de progressive
publicisation du pénal se développe par le biais de l’interprétation et
procède par déplacements successifs dans la pratique, corroborés
parfois par la réception dans les statuts des villes de principes
affirmés dans les sentences, éventuellement issus de declarationes sur
des lois qui « ne s’expriment pas bien ». Il est significatif, d’ailleurs,
qu’Alberto Gandino, dans le passage rappelé plus haut, tire certains
de ses argumenta de la lettre ou de l’esprit de ces casus speciales pour
lesquels le juge doit procéder per inquisitionem : une fois de plus, on
voit comment l’émergence du pénal public se réalise sur le terrain
processuel, par le renforcement du pouvoir d’initiative du juge, par
l’élargissement du sens et de la casuistique même de l’accusatio ou
par l’invention d’institutions inédites du type compulsio ad
accusandum, qui permettent de rester à l’intérieur de l’ordo judiciarius
coutumier, préservent le schéma accusatoire, mais sont le pur
résultat de la proactivité politique du juge.
36 Les motivations déclarées, en effet, ont forme juridique, trouvent
toutes un solide ancrage dans les sources romaines, mais leur valeur
est purement politique, tout comme est politique l’origine de leur
force argumentative. Est politique la nécessité invoquée que celui
qui gouverne libère la ville des malfaiteurs ; est politique
l’importance accordée à l’exigence d’éviter tumultes et scandales 54
; sont politiques les raisons qui conseillent de ne pas donner le
mauvais exemple pour ne pas offrir de prétexte aux mal
intentionnés. Et en ce qui concerne l’intérêt du commune civitatis à ce
que les crimes ne restent pas impunis – sur lequel on insiste
invariablement depuis près d’un siècle –, je crois que l’on peut dire
que nous sommes en présence du principal vecteur, au plan
argumentatif, de l’hégémonie de la peine dans le champ de la gestion
des conflits mettant en danger l’ordre public ou la concordia civium.
La peine (publique) doit en effet se faire un chemin dans un système
de « justice » pour ainsi dire diffuse et souple, qui ne passe pas, sinon
occasionnellement, par le Palais et qui depuis l’origine de la
commune a été fondamentalement pratiquée en-dehors des logiques
et des procédures publiques.
37 Dans un cadre caractérisé par l’affrontement entre intérêts des
particuliers et des familles, ou entre utilité « générale » et « autres »
utilités, la justice était faite pareillement par la vengeance ou par les
représailles sur les biens, par la transaction ou par la paix, et
seulement en dernière instance, ou en l’absence d’autre moyen, par
la peine. Dans la logique typique d’une face to face society, comme
l’était certainement la société citadine dont nous nous occupons, ces
solutions ont même été instrumentalisées de façons variées au sein
des stratégies de satisfaction des victimes et des auteurs des
préjudices, jouées par séquences, utilisées comme composantes de
schémas plus vastes. Il arrive souvent que les victimes connaissent
les auteurs, que tous sachent ce qu’il en est et comment les faits se
sont déroulés, et que ce soit les rapports de pouvoir qui décident de
la forme et de l’issue de la justice mise en œuvre. C’est ainsi que la
satisfaction, fatidique point nodal de toute l’histoire de la justice
pénale, vient occuper le devant la scène : elle peut être morale,
économique, virtuelle ; elle peut provenir d’une vengeance ou d’un
dédommagement, de représailles sur les biens ou de l’humiliation du
coupable, de la médiation d’un tiers ou, paradoxalement, de la
conscience d’une impuissance absolue, imposée par une intimidation
irrésistible.
38 Comme j’ai déjà eu l’occasion de le rappeler, le recours à la justice
publique peut être, dans cette dynamique, une forme de pression
pour obtenir des conditions meilleures dans les tractations, un
passage temporaire au cours d’une négociation plus large (car l’on
peut entrer dans la procédure publique, y demeurer pour un certain
temps, puis en sortir), une sorte d’avertissement pour avoir
satisfaction autrement, ou bien le moyen de dernière extrémité pour
celui qui n’a pas la possibilité d’emprunter d’autres voies. C’est à
partir de cette réalité que la peine publique doit ressurgir : d’abord
pour se conquérir un espace parmi les autres moyens de satisfaction,
ensuite pour prévaloir sur eux, enfin pour les faire disparaître en
demeurant la seule maîtresse du champ. C’est là l’histoire de la
montée hégémonique du pénal public. L’histoire longue et
tourmentée, loin encore d’être conclue, de la sortie de la vengeance
et de l’affranchissement de la satisfaction, sur la voie des règles, de la
garantie, de la justice efficace et impartiale.

Inquisitio, transactions et peine : les pouvoirs


du juge deviennent des devoirs
39 Quand Alberto Gandino écrivait son Tractatus, entre 1286 et 1287, il
était juge à Pérouse. Les statuts qu’il appliquait obligeaient déjà
depuis longtemps le podestat, et par conséquent son judex, à
inquirere, même en l’absence d’accusation ou de dénonciation, pour
des crimes qui de jure civili auraient été réservés à l’initiative des
personnes légitimement fondées à accuser. Il en va ainsi dans les
statuts de 1279, qui donnent faculté au podestat et au capitaine de
facere inquisitionem secretam de omnibus maleficiis unde sanguis exiret
55 , et il en va ainsi pour d’autres fonctions liées au maintien de l’ordre

public et au bonum statum de la ville. De la même manière, une série


d’obligations de dénonciation concernant certains de ceux qui
exercent des fonctions publiques ainsi que les particuliers titulaires
d’autorisations spéciales 56 finissent par définir d’autres occasions
de lancement de procédures cum inquisitione, sur des terrains
traditionnellement laissés à la décision des parties lésées.
40 Comme on le voit, la consuetudo qu’Alberto écrivait avoir vu
observer, en vertu de laquelle les judices potestatum menaient des
enquêtes de quolibet maleficio ex officio suo, était partie de si loin et
avait été pratiquée si tranquillement, qu’elle avait déjà eu la
possibilité de se consolider, passant, fût-ce pro parte, dans les statuts
de Pérouse, entrés en vigueur nombre d’années avant son arrivée
dans la ville.
41 Mais le mélange de l’accusation et de l’inquisition dans la même
instance avait eu à Pérouse au moins une autre occasion, encore plus
tôt, de se manifester – à preuve de l’importance que la figure du juge
avait déjà prise depuis le milieu du siècle – dans le cadre de cette
revalorisation politique de la fonction judiciaire qui allait permettre
l’émergence d’un système pénal public dans les villes italiennes du
xiiie siècle.

42 Dans la nuit du 10 janvier 1258, cinq personnes avaient agressé,


devant sa maison, Maffucio Benvegnati 57 . Le blessé dénonce
immédiatement ses agresseurs, en donnant leurs noms et en
décrivant les faits, et demande au juge de faire une enquête. Il s’agit
d’une agression avec blessures, de celles qui, à Bologne, des années
plus tard encore, seraient désignées comme insulta cum effusione
sanguinis et confiées, à ce qu’il semble (mais en allait-il vraiment
ainsi ?), à la bureaucratique, lente et inefficace procédure de
l’accusatoire : libelle, intentiones, termes, fidéjussions, témoins à
produire et à garantir, allégations, défenses, positiones, issue
coûteuse et cependant lointaine et incertaine.
43 Dès 1258 à Pérouse 58 , à l’inverse, on permet au juge, sur requête
explicite de la partie offensée (mais dans la suite de l’instance ce
même juge se passera de requêtes ou d’autorisations), d’agir avec ses
pouvoirs propres et de prendre en main le procès, sans se limiter à
arbitrer seulement.
44 Le juge fait des recherches sur l’agression de cette nuit là, interroge
les accusés, entend des témoins, rassemble des informations que
Maffucio n’avait pas. Tandis que le juge enquête, cependant, à en
juger par le comportement des intéressés, il semble que se soient
engagées des tractations entre les parents de Maffucio et l’entourage
des accusés. Ressort donc de ce cas, comme on le pressent, un
nouveau problème théorique, de ceux qu’Alberto Gandino posera
dans son Tractatus quand il s’agira de composer, en termes de théorie
et d’argumentation juridique, entre l’intérêt des particuliers et
l’intérêt public. Nous verrons plus loin sa réponse, mais nous nous
apercevons d’ores et déjà, dans le concret d’un cas réel, qu’une
double partie s’engage à l’intérieur du même périmètre de l’actio
justitiae (et il ne faut pas oublier que la transaction aussi, ou le
renoncement de la victime moyennant satisfaction, sont des
manières reconnues de justice acceptée). D’un côté, donc, le juge
enquête, attentif à ce que font les intéressés et prêt à seconder la
partie lésée par des mesures susceptibles de la favoriser, y compris
par la suspension de sa propre activité pour que celle-ci puisse
obtenir sa satisfaction ; de l’autre, deux groupes familiaux entrent en
tractations, mais doivent compter avec la variable « justice
publique », qui complique les choses et conditionne leur
comportement, en ayant l’air, il faut le dire, de prendre partie pour
les offensés – ce qui montre, si je puis dire, comment ces juges
utilisaient tout l’éventail des possibilités de cette justice très
diversifiée pour parvenir, quoi qu’il arrive, au résultat espéré, à
savoir que les offensés obtiennent la réparation qu’ils recherchaient.
Peu après ces années là, ils allaient exiger, en plus et
impérativement, la peine publique pour les offenseurs.
45 Le 13 janvier, Maffucio meurt. Son père renouvelle l’accusation
(cette fois pour homicide), à l’encontre de trois des cinq agresseurs
seulement, ce qui laisse penser que les deux autres l’ont dédommagé
en quelque manière ou, pourquoi pas, qu’il les considérait, quant à
lui, non coupables (ils vont être relaxés). Les trois accusés (Burgolo
Donadei, Filipucio Uguccioni, Bencivegna Bonagiunta) sont
rapidement interrogés et libérés sous caution fidéjussoire.
46 Pendant les délais, ce juge fait, pour ainsi dire, de la politique. Il
interdit aux frères de Maffucio de se livrer à des actes de rétorsion
contre les accusés, pour éviter des désordres, montrant ainsi qu’il
considère que si des tractations peuvent accompagner une inquisitio,
la vengeance n’a pas place pour coexister avec la justice publique. Il
inflige une peine pécuniaire aux accusés qui ne se sont pas présentés
au palais pour répondre de l’agression, montrant qu’il a compris le
sens profond de l’inquisitio, lequel tient au fait que le juge prend en
main les rênes du procès, ainsi retirées aux parties. C’est ainsi que le
procès déplace son focus et que le système de justice se publicise.
47 Pendant ce temps, vraisemblablement, les tractations avancent. Elles
connaissent probablement des phases de rupture et donc
d’affrontement. Le 21 janvier, les fidéjusseurs des trois sont accusés
d’avoir attaqué de nuit Benvegnate, le père de Maffucio, et un
certain Ufreduccio. Ils nient et contre-accusent en faisant allusion au
fait qu’Ufreduccio s’apprêterait à déposer un (faux) témoignage
contre eux. Les accusés sont de nouveau cités, puis intimés de se
présenter dans un délai fixé. Burgolo et Bencivegna se rendent
contumaces (ils se sont cachés dans la ville ou ont peut-être quitté
Pérouse) et sont de nouveau condamnés à payer une somme
considérable.
48 Nous qui connaissons l’issue de l’affaire, nous pouvons lire les faits à
la lumière de leur conclusion. Il est tout à fait vraisemblable que les
agressions nocturnes et la contumace, les faux témoins dont on fait
miroiter la menace et les amendes infligées par le juge, soient des
éléments de tractation rendus plus dramatiques par l’existence
d’une inquisitio ouverte. Ce que nous observons est un procès qui est,
dans les faits, complexe et élargi, avec une avant-scène et des
coulisses, avec des actes au grand jour, que nous pourrions aussi
interpréter comme la réponse dissimulée à des évolutions qui ne
nous sont pas connues, et avec des actes occultes qui probablement
répondent à ceux accomplis au grand jour ou tentent de les anticiper
et de les prévenir.
49 Filipucio, l’un des trois accusés, dissocie son destin de celui des deux
autres. Il se présente en jugement, n’admet aucune responsabilité,
s’en remet au jugement, quel qu’il soit, et s’engage auprès du
podestat à demeurer chez lui sans sortir. Sa position reste
incertaine. On dirait qu’il a trouvé un accord avec les Benvegnati et
que le juge le tient en suspens : ce dernier ne le punit pas, parce que
(j’en fais l’hypothèse) Filipucio a payé, mais il ne le libère pas tant
que l’affaire n’est pas résolue dans son intégralité (les cas de Burgolo
et Bencivegna), puisqu’en relâchant Filipucio, qui avait été vu
commettant le crime par des témoins fiables, l’issue de l’inquisitio au
sujet des deux autres risquerait d’être compromise.
50 La pression continue. Le 12 février, les garants des contumaces
Burgolo et Bencivegna sont condamnés au paiement de la fidéjussion
et finalement Benvegnate, le père de Maffucio, décide de passer au
quatrième et suprême niveau probatoire du procès pénal à Pérouse
59 en demandant à Filipucio (le seul accusé qui demeure sous la

main) de se soumettre avec lui à la « pugna », le duel judiciaire prévu


par les statuts de Pérouse pour résoudre les cas qui ne semblent pas
pouvoir être résolus autrement. Le coup semble atteindre son
objectif. Deux mois plus tard, le 5 avril 1258, Benvegnate se présente
au pallacium Comunis et déclare au juge que Filipucio n’est pas
coupable, que la pugna n’aura pas lieu, qu’il renonce à toute
exigence. Le procès retourne pour un moment à sa dynamique
accusatoire et le juge, étant donné que l’accusation renonce, y met fin
définitivement.
51 Les enseignements à tirer de ce cas, exemplaire par le renoncement
final au châtiment du crime, par le comportement (et le rang) des
parties, par la conduite du juge et par les questions techniques qui
sont soulevées, sont nombreux et significatifs. Après l’avoir
commenté au fur et à mesure que j’en retraçais le déroulement, je
peux isoler deux questions. L’une, résolue à mon sens, est celle de la
mise en œuvre d’un procès « nouveau », qui commence avec une
accusatio mais n’est pas accusatoire, se poursuit avec des inquisitiones
mais peut difficilement être dit « inquisitoire », tient compte de ce
qui arrive « au-dehors » sans perdre prise sur l’affaire et sur ses
protagonistes, se termine – dirions nous aujourd’hui – avec un
classement de l’affaire, lequel semble cependant cacher une
réparation (adéquate ? et Burgolo ? et Benvegnate ?) pour la victime
du crime et une charge, vraisemblablement pécuniaire, imposée aux
coupables de celui-ci. Une sentence impropre, pourrait-on dire, liée
à des rapports de force que le jugement public a contribué à faire
peser à l’avantage de celui qui demandait justice.
52 L’autre question demeure ouverte. Elle tient aux interrogations
suivantes : si les parties s’accordent, le juge doit-il en prendre acte
jusqu’à conclure et classer l’affaire ? La satisfaction de la victime,
quelle que soit la manière dont elle est atteinte, est-elle vraiment le
seul but d’un système de justice désormais intégralement pris en
charge par le commune civitatis ? Une retentissante affaire
d’homicide, dans un contexte de conflits citadins qui mettent
continuellement en danger la pax de toute la ville, est-elle vraiment
et seulement l’affaire des privés qui l’ont commis et subi ?

Offendit rem publicam civitatis. Le format


pénal de l’accusation
53 Retournons donc à Alberto Gandino. Pendant les trente années qui le
séparent, lorsqu’il écrit, de l’affaire de Maffucio Benvegnati, les
choses ont notablement évolué, et pas seulement à Pérouse. Ces
années furent celles d’affrontements politiques très durs dans de
nombreux contextes citadins italiens, années pendant lesquelles
l’ordre pénal en est venu à assumer une nécessaire centralité,
comme il arrive inévitablement chaque fois que le conflit gagne les
institutions et que les règles sont en conséquence réformées ou
soumises à des torsions et, dans le vif des combats, pliées à la mesure
de ces dernières. C’est ainsi – si je puis généraliser – que les villes ont
pris une plus vive conscience de l’importance de la justice et de leurs
devoirs pour l’assurer (ou des possibilités qui étaient les leurs d’en
tirer les meilleurs fruits), que les juges ont adopté certaines
pratiques et imposé des consuetudines, que les juristes ont affiné des
arguments.
Sed pone homicidam habuisse ab heredibus pacem occisi. Numquid per
potestatem poterit puniri, non obstante pace predicta ?
Et videtur quod sic :
Quia jus acquisitum communi pactione privatorum nec tolli nec muta-ri potest ;
Item quia maleficia non debent impunita manere ;
[...] secundum opiniones communiter aliorum [contra opinionem Guidonis de
Suzaria] dic quod, sive super illo crimine possit transigi sive non, quod illa
transactio sive pax non impediat condemnationem super eo faciendam per
potestatem, sive sit statutum sive non ; et ita de consuetudine observatur ; et hoc
illa ratione quia omnis delinquens offendit rem publicam civitatis, ubi
maleficium committitur, et illum quem ledit [l. locatio, § quod illicite, ff. de
publicanis et vectigalibus et commissis 60 ].
Unde remittendo quis injuriam suam non propterea remittitur injuria communis
et publica. Et ita sentit dominus Dynus [de Muxello] et determinavit Bononie [mi-
e
xiii siècle].
Dic quod injuria non tollitur quantum ad jus quod est acquisitum communi, ut
patet ex juribus supra proxime notatis. Hoc est quando pro injuria agitur
criminaliter, quod fieri potest. Nam eo casu pena, que debet imponi, applicanda
est fisco.
Si autem civiliter agitur, tunc dissimulatione injuria tollitur, nisi statim dixisset
illam injuriam ad animum revocasse. Nam eo casu non tollitur nuda voluntate,
61
sed verbis expressis vel pacto .
54 Le texte d’Alberto est le point d’arrivée d’un long processus,
complexe, qui réalise une synthèse entre les principes du droit
romain, les activités judiciaires des podestats et des capitaines qui
gouvernent les villes, les normes statutaires, souvent formées –
particulièrement pour la casuistique pénale – par glissement dans les
statuts de dispositifs et motivations de sentences prononcées pour
des affaires exemplaires ou techniquement cruciales.
55 Une valeur primordiale dans les stratégies politiques de la ville reste
celle de la concorde, et ce d’autant plus que le pouvoir se réfère aux
familles hégémoniques. Le bien politique correspondant est l’ordre
public, qui repose sur la paix entre les familles, les factions, les
citoyens particuliers. Mais à côté du bien que procure la
« transaction », instrument de la pax, il y a le bien de la justice,
instrument du bon ordre citadin : que les crimes ne demeurent pas
impunis et que l’on n’empêche pas le juge de mener à bien son
œuvre.
56 Le raisonnement d’Alberto, qui valorise la pax dans son aspect
réparatoire (il est bon qu’il y ait des paix, non seulement pour la
ville, mais aussi pour que les victimes voient leurs dommages
réparés), se développe selon un parcours qui passe avant tout par
quelques principes reconductibles à la logique du droit civil. Il s’agit
de l’autonomie des parties et des droits de chacune d’elles.
57 Le présupposé principal que je crois saisir est que la ville est
assurément partie en cause in omni delicto, parce que elle aussi
offensée par le delinquens, et que l’offense subie crée pour elle un jus
acquisitum, qui ne peut lui être retiré ni être diminué par la communis
pactio d’autres parties impliquées dans la même affaire. L’autonomie
de ces parties doit être respectée (paciscant pro bono civitatis), mais il
y a aussi une autonomie de la res publica civitatis à sauvegarder.
Ensuite (et c’est là le présupposé mineur, mais, si je puis ajouter, la
plus grande finesse inventive), une fois assuré à la ville le droit
d’obtenir sa satisfaction, à la faveur d’un brusque changement de
plan, Alberto met la res publica civitatis en situation d’exiger une
réparation qu’elle imposera elle-même, en la confiant à ses juges, au
moyen de son judicium publicum, à l’intérieur de son système pénal et
avec ses lois, à travers la condemnatio. Car la satisfactio exigée par la
ville consiste en l’infliction de la peine. Cette même ville qui
revendique des droits selon les principes du jus privatorum en exige
ensuite une sorte de self enforcement en termes de jus publicum.
58 Le juge, donc, ne s’arrêtera pas en présence d’un accord intervenu
entre celui qui a tué et les héritiers du mort 62 . Leur pax vaut
seulement inter eos. Une partie (privée) a été satisfaite, en ce que la
réconciliation a probablement donné lieu à un dédommagement ou à
quelque autre forme de satisfaction par l’entourage de la victime :
c’est une bonne chose, en termes de justice et d’état pacifique de la
civitas 63 .
59 Demeure cependant, en présence d’une transactio sive pax, l’exigence
de faire poursuivre le jugement, et la ratio d’une telle poursuite, dit
Alberto, tient dans le fait qu’il existe une autre partie lésée
(publique) qui attend d’être satisfaite. Si le crime dont il s’agit est de
ceux pour lesquels on ne peut transiger, la question est résolue : le
juge pourra sans obstacle arriver à prononcer la condemnatio. Si, à
l’inverse, ce crime supporte la transactio, si cette dernière est
intervenue et si, en conséquence, homicida habuit ab heredibus pacem
occisi, alors, statut ou pas statut, de consuetudine observatur que le juge
en arrive tout de même à prononcer sa condamnation – soit en
raison d’un principe général, à la fois moral, juridique et politique,
qui interdit de laisser les crimes impunis, soit parce que la civitas a le
droit d’obtenir sa satisfaction particulière, étant elle aussi partie
lésée, et ce parce que tous ceux qui commettent un crime, outre
leurs victimes directes, offensent aussi la res publica civitatis de la
ville dans laquelle ils se rendent coupables.
60 À bien y regarder, donc, la publicisation du système pénal, qui est
passée par l’action ex officio et a été valorisée par le renforcement de
la fonction d’acquisition des preuves (de omni crimine) de la part des
judices potestatum, a son point d’appui fondateur dans la
« personnification », pour ainsi dire, de la res publica civitatis et dans
son identification comme partie offensée à l’occasion d’un crime.
61 Considérer la civitas comme sujet juridique et, par conséquent,
comme titulaire de droits, pourvu même d’une forme singulière de
type « majestatique », n’était pas chose nouvelle et était, somme
toute, chose évidente. Le raisonnement qui en faisait à l’occasion une
partie lésée était donc persuasif. Il était plus compliqué de la faire
recevoir comme partie lésée à l’occasion d’un crime quand la partie
lésée était visiblement une autre, c’est-à-dire la victime concrète.
Parce que le crime n’existe et n’a de sens qu’en présence d’une
relation matérielle entre auteur et victime, à savoir d’une lésion
injuste, née d’une injuria, dans le cadre d’un comportement
délictueux mis en œuvre par un sujet pour déterminer un dommage
(avec dol) au détriment d’un autre, dans une logique de causalité.
Insérer dans cette dynamique la res publica civitatis à titre de seconde
partie lésée, quand la chose n’avait aucune évidence matérielle,
impliquait un formidable effort d’abstraction 64 . Cela impliquait,
fondamentalement, le déplacement du pénal sur un plan plus élevé,
en le détachant du simple rôle para-privé tout entier orienté vers le
dommage et son dédommagement, pour lui assigner une vraie
fonction d’ordre. Un ordre pénal public dans lequel un droit de punir
s’ajoutait aux droits de revanche propres au privé – reprenant ainsi
la fonction classique de l’ordre punitif, qui est d’abord celle de clipeus
reipublicae, comme le disait le Code, et seulement en conséquence de
cela celle d’ultor uniuscujusque civis.
62 La doctrine travaillera encore pendant plus d’un siècle autour de
l’émancipation de la dimension pénale de l’ordre juridique, en
s’appuyant sur la pratique et en la sublimant en théorie juridique à
travers un usage argumentatif de valeurs et de principes 65 . Le
modèle de la poursuite pénale du haut criminel (crimes d’infidélité
politique, vol, crimes de l’ordre du nefandum) gagnera vers le bas,
étendant à de nombreuses autres infractions, jadis objets de
transactions possibles, la légitimité à frapper criminaliter, et ceci à
partir d’un double présupposé : celui de la désobéissance, résultat
d’une infidelitas qui provoque l’offense à la ville, et celui du trouble à
l’ordre, qui dérive toujours du crime, ressenti et défini comme
discordia civium. Les mêmes présupposés seront à l’œuvre dans
l’application à tous les crimes de ce que j’ai signalé ailleurs comme le
paradigme du crime politique 66 : aura lieu un déplacement de la
réponse pénale depuis le plan du dommage vers celui de la
désobéissance, qui était, précisément, le noyau fondamental de
l’infraction politique (ou de la déviance religieuse). Commettre un
crime sera, d’abord et avant tout, désobéir (au Prince, d’abord, puis à
la loi), et impliquera d’abord et avant tout l’infliction d’une peine. Le
point de vue du dommage occasionné sera maintenu aux fins de
dédommagement, mais cessera d’être essentiel. Le dommage, en
effet, peut aussi bien être inexistant (par exemple dans les crimes
sans victime, ou dans les crimes de mise en danger), tandis que
l’infraction – et, par conséquent, la désobéissance – représentent un
indépassable naturale delicti. Le procès qui un temps avait été pensé
pour l’ennemi (le rebelle, le traître, l’hérétique), et qui s’étendait
parfois aux vagabonds et aux sans aveu, passe en usage contre tous les
auteurs de quelque délit que ce soit. Pierre Ayrault, juriste de grande
qualité, au regard fort perçant, saisira parfaitement – au cours d’une
phase plus tardive 67 – l’avènement du nouveau paradigme :
critiquant l’ordonnance de Villers-Cotterêts de 1539, il dira
clairement que, pour sacrifier à la sécurité, on avait abandonné le
modèle des hommes libres pour se servir – dans le pénal – de celui
des ennemis jurés et des vagabonds, pour lesquels avaient été
inventée ces prisons, tortures et fourches, qui maintenant
s’appliquaient indifféremment à tous 68 .
63 C’est sur ces présupposés qu’est construit le cas judiciaire relatif aux
blessures suivies de mort infligées à une domina Cecilia habitante de
Passignano, sur le lac Trasimène, en avril 1287 69 . L’homicide est
Giacopuccio Dati, qui a commis le crime de nuit, avec un couteau de
type prohibé (« grand, aiguisé, frauduleux et malicieux »), dans la
maison même de la victime. Affaire ordinaire, comme tant d’autres.
Si ce n’est que le capitaine du Peuple de Pérouse ouvre une inquisitio
(nemine accusante, nisi fama) contre Giacopuccio : ...et item contra
communem et homines [...] dicte ville [...] pro eo quod non ceperunt dictum
Jacoputium homicidam et [...] pro eo quod eum non duxerunt et non
dederunt potestati vel capitaneo vel eorum judicibus, secundum quod facere
debent et tenentur secundum formam statutorum [...] communis et populi
Perusii.
64 Il y a inobservance des statuts de Pérouse 70 : désobéissance, donc,
et infidélité, mais aussi désordre et entrave à la justice. Ce ne sont
pas les parents ou les amis de la victime qui s’en ressentent – il s’agit
d’une sans aveu, en faveur de laquelle personne ne s’est manifesté –
mais la commune de Pérouse. Le procès se fait contre la
communauté de Passignano, qui n’a pas capturé Giacopuccio, ne l’a
pas dénoncé, a laissé passer le temps et s’est laissée remplacer par la
fama du fait, parvenue tout de même à Pérouse, mais trop tard.
65 Au présupposé (désobéissance au Statut édicté) s’ajoute, pour ainsi
dire, un point d’appui en plus : tandis qu’Alberto Gandino écrivait
(exactement à la même époque) que désormais tous les juges des
podestats, de fait et en pratique, de quolibet maleficio cognoscunt per
inquisitionem ex officio suo, à Pérouse était déjà établie depuis
longtemps une obligation de dénoncer et de faire poursuivre (et, par
conséquent, pour le juge, d’engager une procédure), obligation dont
la violation constituait un crime ou, pour mieux dire, impliquait
l’infliction d’une peine applicanda fisco. Il s’agissait ici d’un homicide,
donc d’un crime soumis de jure à la procédure per accusationem. En
cas d’inertie des personnes intéressées ou en leur absence – pouvait-
on dire –, l’initiative publique aurait pu concourir, toujours pour la
raison bien connue selon laquelle il n’est pas bon que les crimes
demeurent impunis. À l’inverse, le statut oblige à la seule initiative
publique, ne dit mot d’accusationes de la part des proches de la
victime, impose sub poena de mettre en action la justice pérugine,
cette action judiciaire consistant en l’inquisitio d’un juge auquel le
coupable doit être remis. Dans le cas présent, dans la Pérouse de la
seconde moitié du xiiie siècle, en ce qui concerne les homicides et les
autres maleficia 71 , les questions de la double voie d’accès au procès
pénal, du choix entre accusation et enquête, du pouvoir du juge ou
de celui de la partie lésée, semblent résolues à l’avantage exclusif
d’un iter inquisitoire nécessaire – l’empêchement de cet iter
inquisitoire, ou le fait de ne pas le favoriser, faisant tomber dans
l’omission d’actions dues, passible de punition. La res publica civitatis
a pris ici forme concrète. Il ne s’agit plus d’une abstraction difficile à
saisir, mais d’une réalité qui semble pleinement acquise : les maleficia
offensent la civitas et c’est pour cette raison que les citoyens sont
tenus selon les termes dans lesquels le statut les oblige.
66 Mais revenons à Alberto Gandino et à ses réflexions sur la transactio
et sur la peine, sur l’offense à la victime et sur celle faite à la
communauté. Le texte du juriste romain Paulus 72 sur lequel
Alberto appuie ses syllogismes semble bien soutenir l’argumentum. Le
couple conceptuel représenté par l’utilitas privatorum d’un côté et le
vigor publicae disciplinae de l’autre est plus que suffisant pour soutenir
l’existence d’un sujet offensé double et, par conséquent, le caractère
double de la réparation que l’on invoque. Intervient donc ici, avec ce
mixte constitué par une demande de dédommagement double et
différenciée, la dernière question théorique contenue dans le
raisonnement complexe d’Alberto Gandino : celle qui concerne le
format juridique de l’accusation.
67 Le format juridique double de l’action sert à réaffirmer l’idée que la
res publica est acteur légitime à chaque fois qu’il y a lieu d’agir ad
vindictam publicam. Concernant une injuria, on peut en effet agir
civiliter aut criminaliter. Si l’on agit civiliter, on conserve entièrement
la maîtrise de l’action engagée, qui peut être révoquée verbis, vel
pacto, c’est-à-dire dissimulatione – c’est-à-dire en gardant un
comportement rémissoire, qui fait présumer oblitérée l’offense, en
raison d’acta subsequentia.
68 La quaestio était posée dans ces termes 73 : Sed quid, si tibi feci
injuriam et postea bibisti et comedisti mecum ? Si l’action engagée par
l’offensé relativement à cette injuria avait pris une forme civile, son
comportement par la suite aurait pris la valeur d’une rémission nuda
voluntate, parce que le fait de bibere et comedere était par lui-même
susceptible de représenter à la fois pardon et renoncement à quelque
compensation que ce soit.
69 Mais si l’action avait pris une forme pénale (autrement dit, si
l’offensé s’était engagé criminaliter, quod fieri potest), alors la fonction
publique aurait été impliquée, parce que, dans la logique criminelle –
étant mis à part les aspects liés au dédommagement –, ce que
l’acteur demande est une peine ; et la peine que debet imponi
applicanda est fisco. Le sujet public, ainsi impliqué, acquiert un droit
qui n’est pas gérable par d’autres que lui et qui n’est assurément pas
appropriable par celui qui pourtant a déclenché la procédure.
70 Deux points de vue, donc, l’un à maîtrise privée, qui cherche le
dédommagement, l’autre de gestion publique, qui vise à la peine. De
l’intérieur d’un intérêt privé et particulier émerge un point de vue
immatériel (symbolique, pourrait-on dire aujourd’hui), qui vient
constituer la base du publice interest et du devoir public – l’officium –
qui en dérive. La violation de droit se sépare de la lésion du bien et le
bien lésé se scinde selon deux logiques distinctes qui donnent vie à
deux aspects différents : l’aspect matériel, appréciable concrètement,
qui relève de la victime et doit être compensé ; l’aspect immatériel,
politique, qui relève de la communitas – ou de la civitas – et qui doit
être rétribué par la peine. Une abstraction, comme on voit. Un tel
phénomène survient à chaque fois que le juridique opère un saut de
qualité ou se trouve à un tournant décisif dans l’histoire de sa
progression sur la voie de l’adhésion aux exigences nouvelles des
sociétés qui se développent en se complexifiant.
71 C’est en un acte de pure création politique qu’est présupposée la res
publica civitatis en tant que sujet porteur d’intérêts susceptibles
d’être « pénalement » lésés – ce qui veut dire, dans une large mesure,
« abstraitement » lésés, en conséquence d’un pur acte de
désobéissance aux règles – et, par conséquent, susceptibles d’être
rétablis par la punition. Chose qui réalise, comme je l’ai dit, une
abstraction supplémentaire : celle qui consiste à faire reposer dans la
peine pour le crime le dédommagement de la ville.
72 Deux équilibres sont ainsi rétablis, relativement à deux offenses.
C’est le format pénal de l’accusation qui permet d’atteindre ce
résultat, en fondant l’idée que, même si l’offense concerne un sujet
particulier, le pouvoir/devoir d’y répondre concerne la puissance
publique, la seule qui puisse/doive prendre en charge les deux
aspects de l’offense, en partant de la violation considérée comme
présupposé de la lésion. Le format pénal auquel l’accusation doit se
conformer produit un renversement du rapport entre la violation et
le dommage : il faut maintenant reconnaître la violation pour
réparer le dommage, au lieu de vérifier le dommage (s’il existe, s’il a
été indemnisé, objet d’une composition, réparé, satisfait ou non),
pour ensuite procéder à la punition de la violation.
73 La nature composite d’un conflit relevant du crime tient
précisément dans la coexistence d’une composition (avec
dédommagement) et d’une peine publique. Tel est le schéma, in nuce,
du moderne droit pénal et de la logique du procès moderne.
NOTES
1. Parmi les sources doctrinales, je me réfère principalement au Tractatus de maleficiis
d’Alberto Gandino, écrit, comme on sait, alors qu’Alberto était juge à Pérouse entre 1286 et
1287, puis revu, corrigé et complété à Sienne (1299) et de nouveau à Pérouse (1300). Le
Tractatus a été publié par H. Kantorowicz, Albertus Gandinus und das Strafrecht der Scholastik,
II, Die Theorie. Kritische ausgabe des Tractatus de maleficiis nebst textkritischer Einleitung, Berlin-
Leipzig, 1926. En ce qui concerne la pratique, je ferai principalement référence à deux
affaires judiciaires récemment portées en lumière : a) le cas de Maffucio Benvegnati (1258),
publié et analysé par M. Vallerani, Il sistema giudiziario del Comune di Perugia. Conflitti, reati e
processi nella seconda metà del xiii secolo, Pérouse, 1991, p. 89 et s. ; b) celui de Giacopuccio Dati
(1287), publié par O. Marinelli Marcacci, Liber inquisitionum del capitano del Popolo di Perugia
(a. 1287), dans Annali della Facoltà di lettere e filosofia dell’Università degli Studi di Perugia, 1975,
p. 34-44, et analysé avec acuité par S. Caprioli, Il caso Giacopuccio (un momento della storia delle
funzioni di accusa), dans Bullettino dell’Istituto storico italiano per il Medio Evo e Archivio
muratoriano, 97, 1991 p. 337-355.
2. Note du traducteur : toutes les occurrences d’entourage sont en français dans le texte
italien.
3. Ce sont des domaines imposés par une logique juridique plausible. Il s’agit en effet de
crimes qui portent directement contre les pouvoirs publics (ou la sphère de la foi) ; crimes
dont la preuve est très difficile ou qui, de par leur nature, non habent ultorem. Alberto
Gandino, Tractatus de maleficiis, rubr. Quomodo de maleficiis cognoscatur per inquisitionem, éd.
H. Kantorowicz, Albertus Gandinus und das Strafrecht... cit. n. 1, p. 38, en donne une liste
partielle mais déjà indicative : quando dominus a familia sit occisus / quando accusator corruptus
petit abolitionem / quando generaliter inquiritur contra malos homines / in crimine lenocinii / in
crimine suspecti tutoris / in crimine sacrilegii / in falso teste / pro carta falsa / in calumnie crimine /
quando aliqua sunt subtracta de hereditate adita cum beneficio inventarii / pro rebus naufragio
amissis / quando malefactor confitetur de sociis ; et tunc inquiritur contra eos / in crimine lese
majestatis / in notorio crimine / in cri-mine apostatarum / in crimine hereseos / in bonis
damnatorum indagandis / in omni falso / quando infamatus deficit in probatione / item in casibus
notatis his le-gibus... (et il cite D. 50.15.4 / Nov. 17.8 / D. 26.3.5 / C. 5.70.2.1 / D. 27.9.5).
4. J’emploie librement la notion d’injuria pour désigner, en général, les actions
préjudiciables effectuées avec dol.
5. Comme le montrent les recherches de M. Vallerani, I processi accusatori a Bologna fra due e
trecento, dans Società e storia, 78, 1997, spécialement aux p. 756 et s., pour Bologne entre 1280
et 1330, les accusations qui sont à l’origine de procès menés selon la méthode des positiones
concernent toujours un nombre limité de comportements qui semblent consister, pour être
clair, en des agressions (insulta) avec ou sans effusion de sang (ces dernières étant parfois
dénuées de dimension physique), vols (comprenant de nombreux types d’appropriation
illicite des choses) et formes disparates (mais également incertaines) d’attentat à la
propriété immobilière, identifiables comme usurpations, invasions, troubles violents de la
possession, dommages. La reconstruction de Vallerani fait en outre apparaître que l’aspect
pénal de l’injuria qui est objet d’accusation est souvent laissé dans l’ombre par les raisons
qui la sous-tendent, lesquelles ne sont pas toujours inhérentes à l’épisode en cause.
L’apparence pénale est parfois entièrement effacée par un objectif purement revendicatif
de choses ou de droits ; elle est parfois produite artificiellement par la logique de longs
conflits entre individus ou clans familiaux. Ce qui émerge de la recherche minutieuse de
Vallerani, à mon sens, c’est que la procédure per accusationem, tournée principalement vers
les aspects de dommage, contrainte par ses attaches de type « privatiste » à remplir une
fonction pénale secondaire, émoussée par le fait qu’elle serve souvent de prétexte, apparaît
marquée – au-delà des nombres qui nous en montrent la pratique – par un caractère
accessoire, et ce dès la fin du xiiie siècle.
6. L’autorité publique se limite à fournir le cadre, les règles, l’arbitre, et garantit le
caractère exécutoire du résultat. Par ailleurs, dans un mécanisme processuel qui avait été
pensé avant tout pour les affaires civiles, le dommage qui naît du délit (de la vis ou de
l’iniquitas) finit par prendre plus d’importance que le délit lui-même : on demande
dédommagement avant de demander une peine. C’est ainsi que le comportement délictueux
est absorbé dans le format civil, de la même manière que la procédure mere criminalis tendra
à assigner un format pénal à tout type de violation, fût-ce celle, improductive de dommage,
qui consiste en la simple désobéissance. Les choses étant ainsi, il est difficile de dire si la
justice communale se présente effectivement comme « réactive », quand la forme
processuelle prise en considération est celle de l’ordo fondé sur les solemnitates, sur les
documents, et structuré par positiones (M. Vallerani, I processi accusatori... cit. n. 5, p. 752).
7. Certains des éléments saillants de cette réflexion doctrinale ont été relevés et analysés
par A. Padoa Schioppa, Delitto e pace privata nel pensiero dei legisti bolognesi, dans Studia
Gratiana, 20 [Mélanges Fransen], 1976, II, p. 269-288 ; le même auteur, dans son article Delitto e
pace privata nel diritto lombardo : prime note, dans Diritto comune e diritti locali nella storia
d’Europa. Atti del Convegno di Varenna (12-15 giugno 1979), Milan, 1980, p. 557-578, a ensuite
abordé à nouveau la même question pour la législation statutaire de l’aire lombarde entre
e e
xiii et xiv siècle, poussant sa recherche jusqu’aux Nouvelles Constitutions de 1541. Une
bibliographie plus large est réunie dans la synthèse de ces questions doctrinales donnée par
E. Dezza, Accusa e inquisizione dal diritto comune ai codici moderni, I, Milan, 1989, p. 3 et s.
8.Transigere vel pacisci de crimine capitali, excepto adulterio, prohibitum non est. In aliis autem
publicis criminibus quae sanguinis poenam non ingerunt, transigere non licet, citra falsi
accusationem.
9. Éléments dans A. Padoa Schioppa, Delitto e pace privata... cit. n. 7, p. 275-76.
10. S. Caprioli, Il caso Giacopuccio... cit. n. 1, p. 348, en relation avec le Statut de Pérouse de
1279. Mais le principe peut être considéré comme général à cette période.
11. Cf. A. Padoa Schioppa, Delitto e pace privata... cit. n. 7, p. 277 et s.
12. Ibid. , p. 284 et s.
13. Cf. G. D’Amelio, Indagini sulla transazione nella dottrina intermedia, con un’appendice sulla
scuola di Napoli , Milan, 1972, p. 100-101.
14. . ..cum neque impunita maleficia esse oporteat .
15. . ..ne ad maleficia temere quisquam prosiliat .
16. Sur la valeur de la publica utilitas comme argument pragmatique primordial, on peut
voir M. Sbriccoli, L’interpretazione dello statuto. Contributo allo studio della funzione dei giuristi
nell’età comunale [1969], réimp. Milan, 2001, p. 445 et s., et Id., Législation, justice et pouvoir
politique dans les cités italiennes du xiiie au xve siècle, dans A. Padoa Schioppa (éd.), Justice et
législation, Paris, 2000, spécialement aux p. 67 et s.
17. Alberto Gandino, Tractatus de maleficiis, rubr. Quomodo de maleficiis cognoscatur per
inquisitionem, éd. H. Kantorowicz, Albertus Gandinus und das Strafrecht... cit. n. 1, p. 39. Je
répète, sur le Tractatus d’Alberto Gandino, ce qui a été souvent dit et se trouve indiqué dans
le proemium de l’œuvre : commencé comme libellus (œuvre destinée à la pratique
juridictionnelle), il se présente fondamentalement comme la reprise d’une série de
quaestiones débattues principalement par Odofred et par Guido da Suzzara, qui avait été son
maître, avec l’insertion de morceaux tirés des œuvres de Guillaume Durant, Jacopo d’Arena
ou Dino del Mugello et de nombreuses autres questions provenant de juristes imprégnés
d’usus cottidianus, qui pratiquaient aussi bien la chaire que le tribunal, comme Lambertino
Ramponi ou Riccardo Malombra, Tommaso di Piperata, Francesco d’Accursio, Federico delle
Scale. Une œuvre conçue pour la pratique, qui rend compte de la pratique, et qui apparaît
ainsi particulièrement révélatrice. D. Quaglioni, entrée « Gandino Alberto » dans Dizionario
biografico degli Italiani, 52, 1999, p. 147-152, donne l’état des connaissances sur le texte et sur
son historiographie.
18. Si le renvoi concerne effectivement Guido da Suzzara et non le beaucoup moins
probable Guillaume Durant, l’allusion est, selon Kantorowicz, aux Supleciones à C. 4.2, pr., et
C. 9.42.2.
19. Une contribution importante à cette problématique est donnée désormais par la
remarquable recherche de G. Milani, L’esclusione dal Comune. Conflitti e bandi politici a Bologna
e in altre città italiane tra xii e xiv secolo, Rome, 2003.
20. Cette hypothèse a été formulée depuis longtemps, notamment par l’auteur de ces lignes,
en raison de sa forte vraisemblance, puis vérifiée de diverses manières dans la
documentation et enfin démontrée sans contestation. C’est ce que nous apprend, en dernier
lieu, le cas du procès pour le meurtre de Maffucio Benvegnati (Pérouse, 1258) étudié dans M.
Vallerani, Il sistema giudiziario del Comune di Perugia... cit. n. 1, p. 89 et s. C’est probablement
dans cette perspective qu’il faut comprendre la présence des infinies solemnitates, garanties,
fidéjussions, dépôts de cautèle, jurajuranda de calumnia, témoins et termes, qui ponctuent la
procédure ordinaire, peut-être destinés aussi à conjurer un usage instrumental ou
franchement hostile de l’instrument judiciaire – pour qu’il ne devienne pas, pour ainsi dire,
la poursuite des colluctationes civium par d’autres moyens.
21. Confirmations dans M. Vallerani, I processi accusatori... cit. n. 5, passim, et spécialement
aux p. 765 et s., 769 et s., qui saisit bien le sens de légitimation communautaire de l’acteur
processuel que portaient ces obligations. De toute l’étude de Vallerani émerge avec
évidence, et très opportunément, cette dimension de « pénal lié aux logiques de
communauté », sur lequel il sera bon de mieux et plus réfléchir, pour les historiens du droit
et pour les autres historiens qui travaillent sur la justice entre Moyen Âge et époque
moderne. Je crois que bien creuser la double logique du « pénal protégé » destiné aux
membres de la communauté et du pénal expéditif et non négociable réservé aux ennemis,
aux vagabonds, aux sans aveu, servira à mieux comprendre cette justice et à réinterpréter
des questions, même doctrinales, qui sont aujourd’hui mal comprises, ou, pour mieux
m’expliquer, « illisibles ».
22. Quand je parle de pénal à action privée, je me réfère évidemment au procès que nous
appelons accusatoire, accompagné de formalités et de rites qui lui étaient fortement
attachés, adapté à ceux qui avaient des relations, du crédit et quelque influence dans la
ville, mené par positiones et peu productif du point de vue de la politique judiciaire de la
commune. Ce procès-là venait directement des sources romaines, des écoles, de la logique
notariale. Il ne s’était pas formé dans l’expérience citadine et ne s’était pas construit sur les
faits et les nécessités, en relation avec la figure constitutionnelle, en constante évolution, de
la commune. Si bien que l’aspect de ce procès qui frappe le plus pour son importance sociale
et politique, et qui se révèle propre à nous reconduire à la dynamique réelle de la vrai vie
citadine, ne tient pas à lui en tant que tel, mais à l’usage instrumental qu’on en faisait
parfois, ou souvent.
23. Vont de pair – et la chose pourrait surprendre – le déclin du pouvoir du podestat, qui
commence entre le xiiie et le xive siècle, et le succès du procès pénal que ce dernier avait
contribué à imposer. Il me semble voir que les podestats s’affaiblissaient, mais que leur rôle
judiciaire demeurait important et se trouvait même surdimensionné eu égard à leurs forces.
Et de fait, les podestats passeront, de même que leur commune, tandis que le procès qu’ils
avaient contribué à construire avec leurs juges et leurs juristes demeurera et se renforcera
entre les mains de ceux qui les remplaceront dans le gouvernement des villes (ou de ce que
les villes deviendront entre le xive et le xve siècle). Et je n’attacherais pas trop d’importance
aux quantités d’archives – qui peuvent faire penser à une prépondérance maintenue de
l’accusation privée – pour mettre en doute une réalité qui est démontrée, sinon autrement,
par son inexorable point d’arrivée. Sans pour autant invoquer la qualité politique des
phénomènes pour l’opposer aux chiffres des registres, ce qui serait également possible, et
facile. Le fait est que lorsque Alberto Gandino, qui était là et qui comprenait la situation, me
dit que les juges du podestat enquêtaient sur tout et que lui-même l’a vu faire comme une
chose ordinaire un peu partout en Italie, il me vient à l’esprit que les quantités d’archives
sont parfois pleines de pièges et requièrent de l’interprète une immense vertu.
24. Ndt : en français dans le texte.
25. Tel semble être le cas, par exemple, d’une femme dénommée Cecilia tuée par
Giacopuccio Dati en 1287 à Passignano, près de Pérouse, dont je reparlerai plus avant. Ndt :
toutes les occurrences de « sans aveu » sont en français dans le texte.
26. Dans un tel cas, officio judicis per inquisitionem proceditur (Alberto Gandino, Tractatus de
maleficiis, rubr. Quid sit accusatio et quando accusator sit necessarius, éd. H. Kantorowicz,
Albertus Gandinus und das Strafrecht... cit. n. 1, p. 3 et s.)
27. Étant toujours possible, quand le juge entreprend l’action sine accusatione alicujus, la
présence de quelque notitia criminis, d’une diffamatio (au sens où la définit Alberto dans le
Tractatus de maleficiis, rubr. Quomodo de maleficiis cognoscatur per inquisitionem, éd. H.
Kantorowicz, Albertus Gandinus und das Strafrecht... cit. n. 1, p. 38), ou au moins de suspiciones
issues de aliquot indicia. Advertendum autem est – écrira bien plus tard Angelo Gambiglioni (De
maleficiis, Venise, Cominus de Tridino, 1532, rubr. Quod fama publica, n. 4) – quod oportet quod
diffamatio sive indicia praecedant ; sine indiciis autem et sine suspicionibus praecedentibus et
diffamatione, in criminali non potest ad aliquem actum judex procedere, vel capturae, vel
arrestationis personae, vel tormentorum, vel inquisitionis formationem. Doctrine d’origine
canonique, ancienne et commune, déjà déclarée, avant Alberto Gandino, au moins par
Hostiensis et répétée après lui, entre autres, par Jean d’André et par Antonio da Budrio.
28. Ndt : le vocabulaire de la proattività, qui relève de l’anglicisme aussi bien en italien qu’en
français, a été maintenu dans la traduction.
29.Mero officio, arbitrio, autoritate, potestate atque bailia est la série terminologique avec
laquelle Angelo Gambiglioni nous montre le point d’arrivée de cette doctrine qui commence
avec Alberto Gandino. Angelo ajoute même, en se référant aux pratiques arbitraires de son
premier Quattrocento, que ces mots (ce sont des verba importantia arbitrium : voyez-en la
valeur dans M. Meccarelli, Arbitrium. Un aspetto sistematico degli ordinamenti giuridici in età di
diritto comune, Milan, 1998, p. 78 et s.) – tout comme les expressions de necessitate, et utilitate,
et cum ministerio – sunt multum utilia apponi in inquisitione : nam per talia verba apposita in
inquisitione non est necesse quod praecedat diffamatio (Angelo Gambiglioni, De maleficiis, cit. n.
27, rubr. Mero officio, n. 1).
30. Alberto Gandino, Tractatus de maleficiis, rubr. De transactione et pace in maleficiis faciendis,
éd. H. Kantorowicz, Albertus Gandinus und das Strafrecht... cit. n. 1, p. 194.
31. Pour tous, A. Padoa Schioppa, Delitto e pace privata... cit. n. 7, et M. Vallerani, Il sistema
giudiziario del Comune di Perugia ... cit. n.1, p. 99 ets.
32. Franciscus a Lignamine, padouan, définirait la bannitio comme ejectio a bono publico, à la
suite de Nicola Materelli,...quia per bannitionem separatur bannitus a bono publico [...] ita ut
gaudere non debeat auxilio et honoribus reipublicae (Consilium 45, nos 7-10, dans Consiliorum seu
responsorum in causis criminalibus [...], II, éd. G. B. Zilletti, Venise, ad Signum Stellae, 1571).
33. Référence est ici faite à l’ordre d’idées établi dans les désormais classiques réflexions de
G. Chittolini, La crisi delle libertà comunali e le origini dello Stato territoriale, dans Rivista Storica
Italiana », 82, 1970, p. 99-120, repris dans Id., La formazione dello Stato regionale e le istituzioni
del contado, Turin, 1979, p. 3-35.
34. « Denunciante fama, pouvez-vous lire dans le canon 8 du Quatrième concile du Latran –
écrit S. Caprioli, Il caso Giacopuccio... cit. n. 1, p. 355 –, qui est aussi la décrétale X, 5, 1, 24... »
35. Telle est l’analyse, à partir des chapitres 463, 298, 327 du Statut de Pérouse de 1279, faite
par S. Caprioli, Il caso Giacopuccio... cit. n. 1, p. 348.
36. Ou, si l’on veut, par le recul corrélatif du modèle accusatoire « pur », tel qu’il est attesté
dans la pratique : cf. P. Fiorelli, Accusa e sistema accusatorio, dans Enciclopedia del diritto, I,
Milan, 1958, p. 333.
37. Ces noms viennent du Tractatus de maleficiis d’Alberto Gandino, ou bien parce qu’ils sont
rappelés pour adhésion ou donnés en renvoi dans son texte par Alberto, ou bien parce que
la quaestio concernée porte les initiales de l’un d’eux.
38. Sur cet aspect, voir les pertinentes observations de M. Meccarelli, Arbitrium... cit. n. 29,
spécialement p. 280 et s.
39.Positiones succedunt in locum probationum, disaient communément les juristes qui
s’occupèrent de la chose entre le xiie et le xive siècle (on en trouvera une longue liste dans
U. Nicolini, Martino da Fano e i trattati « De positionibus » a lui attribuiti [1935], désormais sous
le même titre dans Scritti di storia del diritto italiano, Milan, 1983, p. 54-56). Comme on sait,
leur logique tenait à l’affirmation (en forme de positio) d’un fait, d’une qualitas, d’une ratio ou
d’un motif, affirmation à laquelle l’autre partie répliquait avec une contra positio. On
considérait contestées les positiones qui étaient rejetées, confessées et ainsi acquises celles
qui étaient admises ou passées sous silence. La série et l’entrecroisement des intentiones,
interrogationes, questiones et depositiones testium, transposées in criminalibus, correspond à ce
noyau fondamental du procès formalisé.
40. Et ce sont les cas dans lesquels on procède nécessairement per inquisitionem. Voir plus
haut, à la n. 3.
41. Et c’est le cas du crimen notorium, pour lequel – si certaines conditions sont réunies – nec
requiritur actor vel denuntiator, nec datur libellus, nec lis contestatur, nec juratur de calumnia vel de
veritate dicenda, nec requiruntur testes nec aliqua probatio ; immo tunc ordinem judiciorum non
servare est secundum ordinem juris procedere. Le droit avant tout, et avec le droit ses rationes, la
logique des choses, le raisonnable : critères qui inspirent la pratique et qui lui donnent le
pouvoir de procéder extra ordinem ou, en respectant l’observantia, comme on l’a vu,
d’explorer de nouvelles voies quamvis contra jus civile : Alberto Gandino, Tractatus de
maleficiis, rubr. Quomodo de maleficio cognoscitur quando crimen est notorium, éd. H.
Kantorowicz, Albertus Gandinus und das Strafrecht... cit. n. 1, p. 100 et s. Le passage cité est à la
p. 103.
42. Dans le cas de la denunciatio, on peut aussi déterminer une séparation entre celui qui se
trouve à l’origine de l’action et celui qui, par la suite, soutient l’accusation au cours du
jugement. En règle générale, à une denunciatio fait suite une inquisitio (Guillaume Durand,
Speculum judiciale, Lyon, Dionysius Harsaeus, 1547, De inquisitione, Proemium), d’où la
possibilité que le procès se poursuive sans que celui qui l’a déclenché soit « tenu par les
liens et soumis aux charges prévus dans le modèle de l’accusatio » (M. Meccarelli, Arbitrium...
cit. n. 29, p. 284).
43. Alberto Gandino, Tractatus de maleficiis, rubr. Quomodo de maleficiis cognoscatur per
exceptionem, éd. H. Kantorowicz, Albertus Gandinus und das Strafrecht... cit. n. 1, p. 48-51. La
procédure per exceptionem part de formes de reaccusatio contre l’accusateur, récusation ou
réprobation de témoins, contestation de preuves fausses ou suspectes, et sert
principalement à repousser des accusations ou des moyens d’accusation, aux fins d’éviter la
peine.
44. La doctrine plus tardive s’accordera, grosso modo, sur le fait que le plaignant est
l’offensé qui accuse pour obtenir réparation, le dénonciateur est le particulier mû par le désir
de justice, qui cependant ne se trouvera pas en jugement comme accusateur, le délateur est
celui qui dénonce pour obtenir un avantage promis par l’autorité publique, l’indicateur est le
complice qui fait des révélations concernant ses co-accusés pour obtenir l’impunité, le
rapporteur est celui qui porte les délits à la connaissance du juge parce qu’investi, en qualité
d’officialis, de charges et devoirs de surveillance.
45.Jure canonico – précise Alberto – de quolibet maleficio inquiritur et cognoscitur si jam
interveniant omnia que sequuntur, et non aliter regulariter. In primis enim est necessarium, quod
ille, contra quem inquiritur, sit infamatus de illo cri-mine, id est sit publica vox et fama quod sit
culpabilis. Secundo, quod ille sit subditus, de quo est illa talis infamia. Tertio, quod ad aures judicis
pervenerit illa talis infamia. Quarto, quod non semel tantum, sed pluries. Quinto, quod non pervenerit
a malevolis, sed a providis et discretis. Sexto, quod non causa malitie, sed zelo justitie talis infamia de
aliquo predicetur (Alberto Gandino, Tractatus de maleficiis, rubr. Quomodo de maleficiis
cognoscatur per exceptionem, éd. H. Kantorowicz, Albertus Gandinus und das Strafrecht... cit. n. 1,
p. 38).
46. Selon les prescriptions des formulaires, qui traduisent en formes stéréotypées les
situations particulières et les circonstances. Exemples bolonais de l’influence des
formulaires et de la logique des enregistrements dans la documentation processuelle : M.
Vallerani, I processi accusatori... cit. n. 5, p. 752 et s.
47. Sur l’affirmation d’une justice hégémonique publique qui double et progressivement
remplace, au pénal, la pratique de la négociation (sans parvenir toutefois à l’abolir), on peut
voir M. Sbriccoli, Giustizia criminale, dans M. Fioravanti (éd.), Lo Stato moderno in Europa.
Istituzioni e diritto, Roma-Bari, 2002, p. 163 ets.
48. Comme j’ai déjà eu l’occasion de l’écrire à un autre propos (M. Sbriccoli, Tormentum idest
torquere mentem. Processo inquisitorio e interrogatorio per tortura nell’Italia comunale, dans J.-C.
Maire-Vigueur et A. Paravicini Bagliani (éd.), La parola all’accusato, Palerme, 1991, p. 23), la
rupture du monopole privé de l’accusation qui s’effectue pendant cette période réduira
progressivement les « trois personnes » de la procédure originaire à deux seulement : le
juge (qui prendra aussi le rôle de l’accusateur) et l’accusé. Le poids de la victime, qui était
auparavant déterminant pour l’action et la conduite du procès, diminue progressivement à
l’avantage de celui de l’accusation, qui agit théoriquement (aussi) en son nom, mais qui,
partant d’un intérêt collectif abstrait et de pure production politique, finira par renvoyer de
plus en plus à elle-même. L’accusation, comme on le sait, élargira énormément son rôle. Elle
prendra des pouvoirs d’enquête croissants, privilégiés et armés, mettra en place un jeu
processuel fait sur mesure pour elle, élargira autant que possible l’asymétrie du procès et,
au moment de la décision, abandonnera l’habit de « partie » pour prendre celui du juge.
Tout ceci ne suffisant pas, la garantie du résultat sera recherchée en augmentant l’usage de
la torture comme moyen d’« invention » de la preuve. La pratique de la torture, peut-on
ajouter, réduira à une seule les trois personnes qui étaient déjà réduites à deux. Contraint
violemment, l’accusé se fera accusateur de lui-même en finissant par prendre le point de
vue de l’enquêteur, qui sera aussi son juge. Le lointain ac-tus trium personarum, entièrement
transmuté, se convertira dans ce cas en action unitaire d’une seule force. Ce qui restera de
l’accusé qui s’accuse lui-même, écrivais-je, c’est seulement le reus : un objet (reus vient de
res), ou une figura ficta, pratiquement sans voix, qui dans le combat processuel a contre lui
les trois protagonistes, y compris l’autre lui-même, qui agit, comme les deux autres, pour le
faire succomber et le perdre.
49. Alberto Gandino, Tractatus de maleficiis, éd. H. Kantorowicz, Albertus Gandinus und das
Strafrecht... cit. n. 1, p. 3-5 et p. 36.
50. Voir ci-dessus, à la n. 3.
51. Alberto Gandino, Tractatus de maleficiis, rubr. Quid sit accusatio et quando accusator sit
necessarius, éd. H. Kantorowicz, Albertus Gandinus und das Strafrecht... cit. n. 1, p. 5.
52. M. Vallerani, I processi accusatori ... cit. n. 5, p. 775-76, n. 74.
53. M. Meccarelli, Arbitrium ... cit. n. 29, p. 302 et s.
54.Scandalum, dans ce contexte, n’est rien d’autre que l’indignation suscitée par l’impunité
de l’homicide, la réprobation morale devant un cas d’évidente injustice, avec la crainte du
ludibrium legis susceptible de s’ensuivre de la part des malfaiteurs et d’une perte de
confiance, de la part des personnes honnêtes, à l’égard de l’autorité, de la justice et des lois.
55. Statuto del Comune di Perugia del 1279 , éd. S. Caprioli, Pérouse, 1996, I, cap. 283, Item
dicimus , p. 284.
56. S. Caprioli, Il caso Giacopuccio... cit. n. 1, p. 350.
57. Le cas de Maffucio Benvegnati, comme je l’ai déjà rappelé, a été publié et analysé, avec
en plus des schémas récapitulatifs, par M. Vallerani, Il sistema giudiziario del Comune di
Perugia... cit. n. 1, p. 89 et s., 127 et s.
58. On apprend des recherches pérugines de Vallerani (p. 116) que dans cette ville sont
portés ad inquisitionem des cas de vol, d’insultum sine sanguine et aussi d’infractions non
spécifiées qu’il serait peut-être difficile d’inclure parmi les ordinaires maleficia. Le procès
partait donc d’une accusation ou éventuellement d’une dénonciation, pour ensuite
connaître des phases gouvernées par le juge, qui enquêtait par lui-même, guidait, faisait
avancer ou arrêtait la procédure, infligeait des peines. Le fait que le procès intégrant les
usages de pratique soit déjà mis en œuvre ainsi dans la Pérouse du milieu et de la fin du xiiie
siècle suggère l’opportunité d’une reconsidération de la valeur et du poids de l’accusatoire
classique dans le système judiciaire d’ensemble, à cette période et à l’échelle italienne. Et
surtout dans des situations comme celle de Bologne, pour laquelle l’enquête a été poussée
jusqu’au cours du xive siècle.
59. Le premier est la confession, le second la convictio per testes, le troisième est le serment
de l’accusé (mais l’adversaire peut le rejeter en disant quod sit perjurus), le quatrième est la
pugna. Prévue au chap. 283 des statuts de Pérouse (elle existait donc encore vingt ans plus
tard, en 1279, et demeurerait longtemps encore), la pugna est conçue (aussi) comme moyen
extrême de défense pour un accusé qui nie, qui n’est pas convaincu par les témoignages et
qui a juré son innocence. Ce sont le podestat et le capitaine qui la décident, par
l’intermédiaire de leur juge, et l’on ne donne pas recours au Conseil par délibérations
spéciales. Elle se déroule per pugilem et son issue constitue la sentence (Si vero constabit
aliquem per suam confessionem, vel per testes aut per pugnam, fecisse homicidium, substineat penam
[...] de maleficio homicidii).
60. H. Kantorowicz transcrit avec quelques erreurs.
61. Alberto Gandino, Tractatus de maleficiis, rubr. De transactione et pace in maleficiis faciendis,
éd. H. Kantorowicz, Albertus Gandinus und das Strafrecht... cit. n. 1, p. 193-95.
62. Déjà Dino del Mugello dans une des Additiones super Digesto Novo , l. Hoc edicto , § Inde, De
operis novi nuntiatione , éditée par G. D’Amelio, Indagini sulla transazione... cit. n. 13, p. 101,
s’était prononcé dans ce sens avec un dico ergo quod remissio adversarii non impedit quin judex
procedat [...] quatenus enim ex pacto leditur jus publicum nullum est .
63.Nam pax est ad bonum et lenitatem (Alberto Gandino, Tractatus de maleficiis, rubr. De
transactione et pace in maleficiis faciendis, éd. H. Kantorowicz, Albertus Gandinus und das
Strafrecht... cit. n. 1, p. 193).
64.Ludovico Zdekauer a précisément parlé d’« abstraction formidable » à propos de la
Commune de Sienne, qui dans le Liber census et liber memorialis offensarum (le « Memoriale
delle offese », daté de 1223-24) se représente comme personne offensée par l’inobservance du
Constitutum senense de facto bladi de la part de certaines communautés de son contado
(rappelé dans M. Ascheri, Statuti, legislazione e sovranità : il caso di Siena, dans G. Chittolini, D.
Willoweit (éd.), Statuti, città territori in Italia e Germania tra Medioevo ed Età moderna, Bologne,
1991, p. 151). Mais dans le cas siennois, l’offensé était vraiment la Commune, et non « la
Commune, en tant qu’avait été touché quelqu’un d’autre ».
65. Le Tractatus de maleficiis d’Angelo Gambiglioni, par exemple, publié pour la première fois
en 1438, est encore dans cette orientation et suit encore ce type de méthode. Seule la
doctrine pénale supérieure du xvie siècle (Ippolito Marsili avant tout, mais également Claro,
et ensuite le grand Deciani) parviendra, grâce à la plénitude atteinte par une pensée
pénaliste désormais mature, et reconnue académiquement, à renverser le rapport avec la
pratique. Au sens où, après s’en être nourrie pour s’affirmer et progresser, elle la nourrira à
son tour pour lui conférer ordre et légitimité.
66. M. Sbriccoli, Giustizia criminale... cit. n. 47, p. 178 et s. Les recherches sur Bologne de G.
Milani, L’esclusione dal Comune... cit. n. 19, p. 27 et s., nous disent qu’un prototype de « crime
politique », non formalisé, mais déjà modelé sur une forme de violence et d’insoumission
qui naît de l’inimitié, apparaît sur la scène communale à partir du milieu du xiie siècle et se
trouve puni par l’exclusion de la ville.
67. L’expérience des villes italiennes en ce qui concerne l’ordre pénal devança d’un siècle au
moins celles du royaume de France et d’autres régions d’Europe. Il faut ajouter, cependant,
que cette même Italie qui avait vécu pendant la période communale le très précoce début
d’un système pénal public, qui en avait vu progresser l’hégémonie au détriment de formes
de justice transactionnelles, coutumières et négociées jamais disparues, connaîtra – à partir
de la fin du xvie siècle – un net repli, qui se transformera en un très sévère retard.
68. «...il a esté necessaire, pour la seureté publique, laisser les exemples des hommes libres,
et se servir de ceux des ennemis iurez, des vagabonds, des esclaves, pour lesquels evoient esté
inventées les prisons, les questions, les gibets » (Pierre Ayrault, L’Ordre. Formalité et
instruction judiciaire dont les anciens Grecs et Romains ont usé ès actions publiques, lib. III, p. I, §
30, Paris, Laurens Sonnius, 1604, p. 418).
69. L’affaire Giacopuccio, comme je l’ai déjà rappelé, a été publiée par O. Marinelli Marcacci,
Liber inquisitionum del capitano... cit. n. 1, p. 34-44, et finement commentée par S. Caprioli, Il
caso Giacopuccio... cit. n. 1, spécialement aux p. 344 et s.
70. Le chap. 327 du Statuto del Comune di Perugia del 1279... cit. n. 55, I, p. 310-11, menace de
peines pécuniaires le castrum vel villa ubi factum fuerit homicidium, si non ceperint homicidam.
Plus précisément, il dit que si aliquis fuerit occisus in aliquo castro vel villa comitatus et districtus
Perusii, homines illius cas-tri vel ville ubi factum fuit maleficium homicidii seu homicidium
teneantur capere homicidam vel homicidas et ducere et dare potestati et capitaneo vel eorum
judicibus [...]. Item homines castri vel ville teneantur predicta maleficia potestati et capitaneo
denunciare, ad quartum vel intra quartum diem postquam maleficium fuerit commissum.
71. Le même chap. 327 cité ci-dessus stipule que si aliquod maleficium factum fuerit in civitate
seu districtu Perusii, teneantur homines vicinantiae vel contrate vel parochie, seu castri vel ville,
concurrere ad rumorem et dare operam bona fide ad juvandum offensos et capiendo malefactores. Il
s’agit principalement d’une obligation de secours, mais s’y insinue un principe d’action
publique nécessaire (le malefactor captus devra être livré aux juges du podestat ou du
capitaine), pour tous les maleficia commis à Pérouse ou dans son contado.
72. D. 39.4.9.5 : Quod illicite publice privatimque exactum est, cum altero tanto passis injuriam
exsolvitur. Per vim vero extortum cum poena tripli restituitur : amplius extra ordinem plectuntur :
alterum enim utilitas privatorum, alterum vigor publicae disciplinae postulat.
73. Alberto Gandino, Tractatus de maleficiis, rubr. De transactione et pace in maleficiis faciendis,
éd. H. Kantorowicz, Albertus Gandinus und das Strafrecht... cit. n. 1, p. 194-95.

NOTES DE FIN
1. Traduction Julien Théry (Université de Montpellier III/CHREMMO), qui remercie Jacques
Chiffoleau pour ses relectures. Mario Sbriccoli est mort brutalement quelques jours après
avoir relu et retouché cette traduction. Puisse-telle être un salut à sa belle œuvre de juriste
et d’historien.
Témoins et témoignages dans les
causes civiles à Marseille, du xiiie au
e
xv siècle

Daniel Lord Smail

1 Dès son apparition au xiie siècle, la procédure romano-canonique a


inventé une science sophistiquée des faits qui sont à la base des
preuves. D’après les historiens du droit, ce savoir juridique a permis
aux juges de découvrir les faits obscurs et de distinguer les faits réels
des allégations douteuses 1 . Les traités du xiiie siècle, tels que l’Ordo
judiciarii de Tancrède et le Speculum judiciale de Guillaume Durand,
attestent que les juristes contemporains s’en préoccupaient 2 . Mais
les traités juridiques sont moins utiles aux chercheurs qui
s’intéressent au droit tel qu’il apparaît dans les actes de la pratique.
Mon ouvrage sur la pratique de la justice à Marseille au Moyen Âge,
dans lequel je me place du point de vue des utilisateurs des cours,
montre que l’épistémologie des cours dans la pratique n’était pas
dominée par un savoir juridique des preuves tel que les juristes
l’avaient décrit. Par exemple, par le caractère public de quasi toutes
les agressions on peut déduire que les juges et les gens étaient bien
au courant des faits criminels sans devoir faire une enquête. Bien
que la cour criminelle ait utilisé une procédure inquisitoriale, la
procédure elle-même était en grande partie inutile. La plupart des
causes d’homicide tournent autour de la question suivante : la cour
criminelle avait-elle le droit d’infliger une amende par contumace
aux meurtriers enfuis prudemment après l’agression ? 3 Par
rapport à cette préoccupation, les preuves que l’agression ait eu lieu
étaient en grande partie non pertinentes.
2 Une étude soignée des témoins et de leur témoignage suggère que la
preuve était d’une importance marginale dans la majorité des causes
civiles de Marseille médiévale, objet principal de mes recherches.
D’abord, il faut constater que la majorité des causes n’a jamais
atteint la phase de la preuve, parfois parce qu’on a abandonné
l’affaire sans résultats, parfois parce qu’on a eu recours à un
arbitrage. En deuxième lieu, en revanche, dans les causes où les
témoins ont attesté des faits, le déroulement de ces causes nous
suggère que les faits eux-mêmes étaient moins importants que le
niveau social des témoins ou d’autres aspects du témoignage. Enfin,
on remarque que dans plusieurs des causes tranchées par un même
juge, le juge a souvent basé sa décision non pas sur les faits disputés,
mais plutôt sur une exception posée par une des parties en litige.
L’exception, l’objet de la dernière partie de ces propos, était une
procédure permettant aux défenseurs de récuser les témoins des
plaignants. Les raisons en étaient nombreuses : une amitié avec le
plaignant, par exemple, une haine contre l’accusé, ou la turpitude
morale du témoin. Une telle récusation ne nie cependant pas la
pertinence des faits et des preuves aux procès. Mais poser une
exception, c’était changer la substance des faits disputés. On ne
demandait plus si le défenseur aurait acquitté sa dette, mais plutôt si
le témoin n’était pas lié par amitié avec le plaignant, si le témoin
était honnête, si la cause aurait pu être motivée par la haine.
L’emploi de l’exception dans les cours de Marseille signale une
transformation dans la substance des faits : les arguments reposant
sur les faits d’une blessure ou d’un transfert de biens se
transforment en arguments reposant sur des sentiments moraux et
sur l’esprit moral des témoins. Il ne s’agissait plus de faits tels que
ceux envisagés dans les traités juridiques, maniés facilement à
travers les normes légales et professionnelles des juges et des
avocats. Le savoir juridique utilisé dans les cours civiles de Marseille
au bas Moyen Âge, un savoir déterminant comment les juges et les
parties en litige ont choisi et manié les faits importants, s’écarte
donc profondément du savoir des juristes contemporains mais aussi
du nôtre, leurs interprètes modernes.
3 Les archives de la ville de Marseille comprennent une riche série de
procès relatifs à des causes civiles. Pour la période entre le début du
xive siècle jusqu’à 1423, les dates limites de mon étude, il existe
environ 250 registres de causes entamées devant les trois cours
civiles de première instance. Ces 250 registres comprennent à peu
près 3 000 causes dont j’ai dépouillé un tiers. Les dépositions de
témoins ne s’y trouvent pas fréquemment. Beaucoup des causes
entamées devant le juge du palais, la cour civile la plus importante
de Marseille médiévale et l’objet principal de mon étude, étaient très
courtes : la moitié se terminent en cinq pages ou moins, arrivant
rarement à l’introduction des preuves. Dans 849 causes entamées
entre 1323 et 1416, il y en a seulement 212 (ou 25 %) qui ont avancé
jusqu’à la phase des preuves et il n’y en a que 136 (ou 16 %) qui
incluent des dépositions de témoins. Étant donné l’absence de
preuves, la plupart des causes n’ont donc pas été jugées. Il nous
manque, certes, les registres de sentences, mais une étude
scrupuleuse de dix registres de causes datés d’entre 1323 et 1336
montre que seulement 10 % des causes se terminent par une décision
du juge. Huit registres entre 1400 et 1416 rapportent un pourcentage
de 14 % 4 . Un certain nombre de causes a été réglé par arbitrage,
mais il est quand même clair que ces dénouements heureux étaient
minoritaires. La plupart de ces causes, sapées par les frais de justice
ou frustrées par les exceptions et d’autres manœuvres, tombèrent à
l’eau.
4 Lorsqu’une cause arrivait à la phase des preuves, le plaignant devait
présenter son argument sous forme d’articles de preuve, une liste
quasi-narrative détaillant les faits essentiels à prouver d’après les
actes, les témoignages ou la notoriété, la publica vox et fama. Le style
littéraire de certaines de ces histoires suggère que le contexte et la
chronologie sont aussi importants que les faits attestés 5 . Bien de
ces histoires, comme celles étudiées par Claude Gauvard et d’autres,
étaient insérées pour jouer des sentiments des juges ou du public. La
plupart de ces histoires se terminent, en effet, par une clause d’usage
constatant que les faits ainsi établis étaient « la voix et la rumeur
publiques à Marseille » (publica vox et fama in Massilia). Prenons un
exemple typique, celui d’un juif du nom de Salomon Mordacai, qui a
porté plainte contre son beau-père afin de provoquer le retour de sa
femme enfuie. Le plaignant a utilisé des articles pour confirmer
l’état normal de leur mariage. Pour en terminer, il s’est servi d’une
clause indiquant qu’il avait « l’intention de prouver [ses dires] par la
voix et la rumeur publiques concernant chaque et toute chose à
Marseille, surtout parmi les juifs et les connaissances, les voisins et
d’autres au courant de tout ce qui est cité ci-avant » 6 . Les réponses
des témoins aux clauses de fama sont souvent longues et délibérées,
et l’on souligne l’importance de la rumeur comme une sorte de fait
légal dans nombre de travaux récents 7 .
5 Une fois que les adversaires avaient nié formellement les articles de
preuve (en partie ou en entier), les plaignants devaient établir les
articles contestés par le moyen de documents ou témoignages ou des
deux ensemble. La preuve écrite, à base d’instruments notariaux
pour l’essentiel, était assez commune, et les plaignants dans ce cas
n’ont eu apparemment aucune difficulté à rassembler tous les
testaments, actes dotaux, ventes de biens, crédits de vente,
sentences judiciaires et autres documents dont ils avaient besoin.
Pourtant, bien peu de listes d’articles dépendent exclusivement de
l’écrit. La conviction que tous les notaires étaient des escrocs était
répandue et a sans doute contribué à créer une atmosphère de
suspicion dans les contrats privés de l’époque 8 . Dans la majorité
des cas, cependant, force est de constater que la preuve dépendait en
grande partie des témoignages. On peut en dégager, en un certain
sens, l’importance stratégique ou symbolique accordée aux témoins
– qui acceptaient de donner leur témoignage et appui publiquement
devant la cour – en considérant le fait curieux selon lequel plusieurs
plaignants prouvent l’existence de contrats par le moyen des
témoins au lieu de produire le contrat lui-même. Dans un cas très
caractéristique, datant de 1326 et concernant un contrat de comenda
litigieux, les témoins attestent du fait que le notaire Johan Locusta
avait dressé une quittance devant les portes de Notre-Dame des
Accoules en présence de plusieurs témoins 9 . Pourtant, on n’a pas
présenté la quittance elle-même comme preuve. Il existe aussi un
nombre de cas surprenants dans lesquels les notaires, eux-mêmes,
affirment l’existence de contrats qu’ils ont dressés, tel un cas daté de
1330 dans lequel un notaire affirme ainsi, par oral, l’existence d’un
testament qu’il est censé avoir dressé. Un deuxième notaire jure
avoir lu le testament plus tard 10 . Les décisions de la cour elle-
même sont prouvées de préférence par le recours à des témoins
plutôt que par les instruments écrits. En 1339, un avocat du nom de
Bernat Raymon atteste avoir entendu un juge absoudre les deux
parties en litige devant lui des dépenses l’une de l’autre 11 . Une
pareille situation se présente encore en 1336, dans un cas
concernant une femme, Alazays, séparée de son mari, Jacme
Guilhem, pour mauvais traitement. Le fils d’Alazays, Antoni, porte
plainte contre Jacme afin de recouvrir la dot de sa mère. Dans sa
défense, Jacme affirme que quelque temps auparavant, un juge avait
décidé qu’Alazays n’avait aucun droit de quitter son mari. Le fait que
Jacme n’ait eu en sa possession aucun instrument prouvant cette
décision importait peu : il a eu recours aux services d’un avocat, du
nom de Serrutus de Gossolengo, qui était présent à la cour au
moment du rendu de cette première sentence, et qui a attesté de son
existence 12 .
6 Il est possible que certains plaignants aient perdu ces instruments
écrits, les obligeant à avoir recours aux attestations orales. Pourtant,
dans plusieurs cas, il semble clair que l’attestation orale d’un citoyen
honorable avait plus de poids qu’un acte écrit. Les témoins mettent,
en effet, leur réputation en jeu pour aider le plaignant. Personne ne
s’étonnera, ainsi, d’apprendre que les plaignants n’ont demandé que
rarement aux individus diffamés publiquement – aux prostituées,
par exemple – de témoigner en leur faveur. Vu sous cet angle, un
aspect important du recrutement de témoins dans les cours de
justice de Marseille au xive siècle est qu’on se servait des attestations
des femmes sans rencontrer d’obstacles légaux ou coutumiers.
Considérons les 945 procès entamés entre 1323 et 1416 que j’ai
examinés de près. Parmi eux, 147 incluent les attestations de 912
témoins, dont 184 étaient des femmes, soit 21 % en tout. Ce
pourcentage égale plus ou moins le pourcentage de cas concernant
les femmes parties prenantes des litiges (27 %) et le pourcentage des
femmes propriétaires de biens à Marseille (grosso modo 27 % aussi)
13 . Dans nombre de cas, la preuve dépendait entièrement du

témoignage des femmes. Il est aussi important de noter que, sur


certains points, on a même considéré essentiel le témoignage des
femmes. Le fait que les hommes n’assistaient que rarement à
l’accouchement d’un enfant, par exemple, ou qu’ils avaient moins
d’importance dans le monde des enfants, a produit en conséquence
le fait que les articles de preuve concernant l’âge ou la parenté des
enfants reposaient quasi toujours sur le témoignage d’au moins une
femme et normalement de plusieurs. Le témoignage des femmes
était aussi extrêmement utile dans les disputes concernant le
moment de la mort, dans les disputes de titres de propriété
dépourvue de documents écrits, et dans les disputes ayant trait à
l’infrastructure intra-muros tels les litiges relatifs aux limites de
propriétés et les questions sur les systèmes d’écoulement. Les
femmes de Marseille étaient aussi des commerçantes, rencontrées
notamment dans le commerce du vin au détail ; on trouve donc le
témoignage de femmes présentes au moment des faits dans plusieurs
cas de litiges concernant des opérations de vente.
7 De tels cas nous montrent que les preuves fondées sur les faits
jouaient quand même un certain rôle dans les procédures à la cour.
Un trait saillant des groupes de témoins est qu’à l’évidence leur
choix repose sur la volonté d’avoir un groupe socialement aussi
divers que possible. Ainsi, la qualité de la personne qui attestait un
fait donné était à certains égards aussi importante que le fait en soi.
Cette différenciation repose sur plusieurs critères : le statut social, le
lieu de résidence, et le sexe en sont quelques uns. Parmi les groupes
de témoins que j’ai étudiés, on trouve des hommes et des femmes de
tout statut social, depuis les notaires jusqu’aux ouvrières agricoles,
des nobles jusqu’aux domestiques ou servantes. Bien des groupes de
témoins comprenaient et les voisins proches du plaignant et les
témoins qui vivaient loin de lui ou d’elle. L’analyse des groupes de
témoins prenant énormément de temps, je ne vous propose qu’un
exemple, le cas du cordonnier Antoni d’Ays et de sa concubine,
Dousa d’Esparon, un procès entamé devant la cour du palais l’été de
1340 14 . L’affaire commence par la volonté exprimée par certains
des cordonniers de la rue Negrel d’évincer Dousa, qu’ils accusaient
d’être une prostituée. L’un d’entre eux, Guilhem de Podio, porte
l’affaire devant la justice en produisant des témoins afin de prouver
que Dousa était une femme querelleuse, pleine de vices, une femme
scélérate qui avait l’habitude d’insulter les bonnes femmes de la rue
Negrel. Pour prouver ses points, Guilhem de Podio eut recours à six
témoins dont les attestations étaient stéréotypées et
interchangeables, ce qui suggère que la personne même du témoin
était plus importante que le contenu du témoignage. Trois des
témoins étaient cordonniers et propriétaires de maisons dans la rue
Negrel 15 . À la suite de leur témoignage, Guilhem a pu démontrer
sans difficulté à quel point les gens du quartier avaient ressenti de
l’animosité contre Dousa et Antoni. Pourtant, le résultat de ce
témoignage était de donner à la dispute l’air d’une querelle privée
entre cordonniers.
8 Par la suite, Guilhem trouve trois témoins de plus, une ancienne
domestique d’Antoni, un verrier, et un marchand 16 . La domestique
n’avait rien de neuf à ajouter malgré son poste d’observation
privilégié ; sa présence servait simplement à montrer que même les
personnes au service d’Antoni pouvaient se retourner contre lui. Le
témoignage des deux hommes était, en revanche, d’autant plus
important qu’ils étaient tous les deux artisans d’un bon niveau social
et ni l’un ni l’autre n’habitait la rue Negrel. Le verrier habitait dans
le quartier de l’ancienne verrerrie, qui se trouvait en haut de la rue
Negrel (au Nord). Le marchand a dû vivre dans la rue de la Haute
Draperie, au sud de la rue Negrel. Guilhem de Podio a pu montrer
ainsi que la notoriété du comportement de Dousa s’était répandue
dans les quartiers au delà de la rue Negrel, au Nord et au Sud, et qu’il
était connu des gens du monde des verriers et marchands aisés.
Cette démonstration a sans doute était l’un des éléments qui a
convaincu le juge en faveur de Guilhem de Podio.
9 La plupart des plaignants et leurs avocats et procureurs étaient
pleinement conscients de ces coutumes et stratégies et ils ont
rassemblé leurs groupes de témoins en conséquence. Le fait que les
notaires se sont souvent servis de l’expression « Il/elle ne sait rien »
(nichil scit) pour enregistrer l’attestation d’un témoin signifie que le
procédé du recrutement et de la sélection des témoins n’était ni
infaillible ni truqué ; néanmoins, il y a certainement eu des cas où un
témoin s’est rétracté devant la perspective de devoir faire un
témoignage public contre un adversaire ou un ennemi
potentiellement puissant. Il est peu douteux que les défenseurs ont
considéré le témoignage hostile comme un geste inamical : en 1307,
après avoir témoigné, un homme appelé Peire de Bellaygris s’est fait
crever les yeux par la faction de Jerusalem, presque certainement
parce qu’il avait témoigné contre elle 17 . Parfois, les réponses aux
interrogations enregistrées ont l’air d’une formule toute faite,
comme si on les avait arrangées d’avance. Dans un cas datant de
1379, le procureur de l’accusé a demandé à chaque témoin non
seulement si quelqu’un l’avait instruit sur ce qu’il devait dire – une
question posée à chaque témoin – mais, plus explicitement, si lui ou
elle avait reçu des instructions d’un ou de plusieurs hommes
particuliers – le plaignant ou son procureur 18 . Il est clair qu’une
préparation des témoins au préalable n’était pas impensable. La
procédure pour l’interrogation des témoins s’était donc concentrée
non seulement sur les faits mais aussi sur le niveau social et moral
des témoins eux-mêmes.
10 Tournons-nous donc vers la procédure d’interrogation. Soulignons,
tout d’abord, que les cours de justice dans Marseille médiévale se
tenaient d’habitude en plein air, devant les portes inférieures de
l’église paroissiale de Notre-Dame des Accoules, ou dans des
emplacements situés près des marchés centraux. On entendait
normalement les témoins dans cet espace public, et les registres des
procédés mentionnent de temps en temps que l’adversaire était
présent pour écouter le témoignage. Dans un cas très bref datant de
1335 et opposant deux femmes, Esteva de Poriers et Alazays Buena,
par exemple, le notaire de la cour a noté expressément qu’Alazays
était présente quand les témoins pour Esteva sont venus témoigner
et qu’elle les a écoutés 19 . Néanmoins, il est important de noter que
le rapport matériel des registres judiciaires de Marseille montre
qu’on a souvent rédigé les témoignages sur une main de papier
séparée, puis reliée plus tard dans le registre au bout d’un certain
temps. Dans une contestation particulièrement désagréable de 1332,
mettant un père aux prises contre son fils, une main de papier reliée
en parchemin et contenant les attestations des témoins (lesquelles, à
108 pages au total constituent plus de la moitié du rapport du
procès) a été reliée au registre et placée à la fin plutôt qu’à sa place
chronologique, sans doute parce qu’elle était trop longue pour être
insérée au bon endroit 20 . Il y a d’autres cas aussi où les dépositions
ne sont pas dans l’enchaînement logique. De tels cas montrent qu’on
tenait les dépositions des témoins distincts des rapports des procès,
et qu’on ne les a reliées au registre que plus tard. Il y a bien des
raisons pour cette pratique. D’abord, il n’était pas nécessaire de
témoigner devant un juge. Dans un procès civil de 1407, le notaire a
inscrit le commentaire suivant à propos d’une femme témoin,
Batrona, la femme d’Antoni Dalmas :
Bien que la femme dudit Antoni, cité à comparaître ci-devant comme témoin, a
été citée à comparaître afin de témoigner en disant la vérité dans le procès
actuel, par pudeur, il n’est pas permis qu’elle vienne devant la cour pour prêter
serment. Pour cette raison, le notaire est enjoint de se rendre chez ledit Antoni
Dalmas pour prendre l’attestation jurée sous serment de sa femme dans sa
propre maison et pour l’interroger 21 .
11 Cette circonstance était bien peu ordinaire mais elle montre que la
cour acceptait d’envoyer les notaires chez les témoins pour les
interroger in situ. Puisque tous les notaires de la cour étaient aussi
notaires publics, il n’est pas rare de trouver les rapports originaux
des dépositions de témoins dans les registres notariaux. Ceci était
pratiquement la norme dans les cas où le témoin était un membre du
clergé régulier, ou s’il était trop infirme pour se déplacer jusqu’à la
cour, ce qui pouvait arriver quand la victime d’un crime violent
devait attester de la perte d’un bras ou d’une oreille. Un notaire qui
se déplaçait chez le témoin gardait apparemment le rapport original
de l’interrogation dans son registre privé. En 1393, par exemple, un
notaire de la cour d’enquête nommé Guilhem Barban a utilisé son
registre pour enregistrer l’interrogatoire d’un moine de Saint-Victor
qui avait tué un autre homme au cours des guerres de faction de la
décennie 22 . Dans les causes civiles, on remarque surtout les
dépositions de témoins absents dans les procès concernant les
disputes de commerce avec des marchands étrangers. Dans ces
causes civiles, il fallait parfois avoir les dépositions sous serment des
marchands, et dans de tels cas, un notaire de la ville du marchand
devait enregistrer le témoignage, puis l’envoyer à Marseille 23 . Les
notaires étrangers ont parfois utilisé de l’encre différente, du papier
d’un format différent ou même du parchemin, des indications qui
font ressortir leurs actes dans le procès-verbal.
12 Les dépositions des témoins ayant témoigné devant la cour étaient
également placées sous séquestre pour la raison suivante : les parties
adversaires avaient à leur disposition une variété de stratagèmes
procéduriers, qui, s’ils réussissaient, pouvaient empêcher
l’admission du témoignage. Jusqu’au moment où les objections
étaient rejetées, le témoignage, qui existait sur du papier, restait
suspendu dans les limbes du système légal, présumé être dans la
possession du notaire, mais officiellement, sans avoir été lu ni
reconnu par le juge. J’ai lu nombre de cas où l’on voit qu’on a fait
venir les témoins et peut-être aussi leur a-t-on fait prêter serment,
mais leurs témoignages n’apparaissent jamais dans le registre, grâce
à la réussite des stratagèmes de l’adversaire.
13 On sait que les juges pouvaient et ont interrogé les témoins, mais
c’était normalement un notaire de la cour qui s’en occupait. Dans un
à-côté fascinant d’un cas entendu en 1401, un homme se plaignait
que ses témoins refusaient de témoigner parce qu’ils étaient dans un
état formel d’inimitié avec le notaire responsable de la conduite de
l’interrogatoire 24 . Le défenseur pouvait également orienter les
questions en fournissant au notaire une liste préétablie. Les notaires
n’avaient apparemment pas l’habitude d’inclure ces questions dans
les registres – elles existent souvent sous forme de cédules rangées
séparément dans la reliure du registre – et plusieurs ont disparu
pour cette raison, mais il nous en reste assez pour nous donner une
bonne idée de la procédure. La plupart des interrogatoires étaient
stéréotypés. On demandait systématiquement aux témoins d’attester
des faits très simples et en apparence sans rapport avec les faits
relatifs à leur affaire. Dans un cas de 1407 concernant une voie
d’accès dans un champ et un pré que le plaignant, Peire Mosson,
venait d’acheter, on a demandé à ceux qui étaient présents au
moment de l’achat d’identifier l’année, le mois, le jour et même
l’heure de l’acte aussi bien que l’endroit où on l’a fait, le lieu précis
du litige à l’intérieur du territoire (in quo loco et in qua parte loci), et
les noms des personnes présentes. On leur a demandé aussi de
rappeler si le notaire avait dressé le contrat et en avait fait un
instrument, et si oui, quels témoins étaient présents 25 . Tous les
témoins devaient fournir au notaire responsable de l’interrogatoire
des renseignements sur leur propre statut social et leur compétence
en tant que témoins : Est-ce qu’on les a instruits ou subornés ? ont-
ils témoigné par amour du gain ? ou agi par peur, amitié, faveur ou
haine ? Est-ce qu’ils étaient apparentés ou en affinité avec le
plaignant, et à quel degré ? D’où venaient-ils ? Quel âge avaient-ils ?
Combien de biens possédaient-ils ? Est-ce qu’ils avaient une
préférence pour une des parties du procès ? Laquelle auraient-ils
préféré voir gagner ? et ainsi de suite. Dans leur réponse à la clause
de fama, on a demandé à tous d’expliquer comment ils étaient au
courant de la fama et en quoi elle consistait précisément. Dans le cas
de Peire Mosson, la liste (assez méprisante) de questions posées par
son adversaire sur ce point se présentait ainsi :
Au dernier titre, on doit leur demander ce que c’est que la notoriété. Qu’est-ce
que c’est que la vérité ? ce qui est manifeste ? ce que c’est que la rumeur, et ce
que c’est que la fama. Aussi, quelle est la différence entre ces deux ? Aussi, qui
sont les gens qui sont conscients de ces choses ? 26
14 Les mêmes sortes de questions se trouvent posées aux témoins dans
les cours de droit coutumier du nord de la France 27 . La plupart du
temps, on ne tire rien d’utile de ces interrogations stéréotypées.
Personne n’a, en effet, jamais admis que son témoignage avait été
instruit, récompensé, ou motivé par amour ou par haine.
Pareillement, les témoins admettent rarement être excommuniés ;
quelques-uns, cependant, signalent une préférence pour une des
parties. Il y a aussi quelques cas de domestiques qui ont admis être
employés par le plaignant.
15 Outre les formules normales, certaines questions de l’interrogatoire
soulignent également des problèmes plus spécifiques que l’avocat
considère comme particulièrement pertinents. Dans le cas du droit
de passage de Peire Mosson, l’adversaire, face à l’ensemble des
articles dans lesquels Peire se plaignait amèrement de l’injustice
d’une décision antérieure, a insisté, assez sarcastiquement, pour que
l’on demande aux témoins : « s’ils sont juristes tels qu’ils puissent
comprendre ce qui est juste et injuste » 28 . Dans un procès entamé
en 1379, une série-clé d’arguments était centrée sur la question de
savoir si une jeune femme appelée Ricardona, qui était en train de
mourir, avait acquitté ou non le mari de sa sœur, Johan Caprier, de
toutes les dettes résultant de l’administration de l’héritage de son
beau-père. Dans ses articles de preuve, Johan a soutenu qu’elle
l’avait fait verbalement. Il a ajouté, en outre, qu’elle avait essayé
d’appeler un notaire pour rédiger la quittance, mais son mari,
Antoni Bertran, l’a empêché de venir. Ceci était, bien sûr, une façon
de contrer la procédure entamée par Antoni contre son beau-frère.
Les témoins de Johan, d’après la demande d’Antoni, devaient
répondre aux questions suivantes : sur l’insistance de qui Ricardona
a-t-elle dit les paroles trouvées dans l’article ? Comment les a-t-elle
dites ? Qui était le notaire empêché de venir ? Comment s’appelait-il,
son nom de famille et prénom ? Comment Antoni, a-t-il provoqué
cette interdiction, par parole ou par fait, et par quels mots ou quels
gestes ? 29 Tout l’interrogatoire a été préparé afin de découvrir si le
notaire n’était qu’une invention, ou, par contre, si une femme, à
l’esprit confus et, sur le point de mourir, aurait été contrainte à faire
la quittance.
16 Quel était alors le but de ces questions ? Il nous faut avoir recours à
la procédure d’exception. La procédure d’exception que j’ai
mentionnée au début de ces propos, était une objection de la part
des défenseurs à la véracité ou la légalité des arguments offerts par
le plaignant, utilisée pour interrompre la suite du procès 30 . Si l’on
ne rejetait pas l’exception de façon péremptoire, le juge devait
demander des preuves et décider sur la légitimité de l’exception. Au
mieux, un élément-clé du procès de l’adversaire pouvait être écrasé.
Au moins, soulever une exception, ce qui nécessitait invariablement
un certain temps, c’était donner un répit au défenseur assiégé 31 .
17 Les exceptions les plus fréquentes étaient celles fondées sur une
récusation de la parole et/ou la personne d’un témoin (dicta et
persona testium). Pour récuser la parole des témoins hostiles, on
employait des arguments logiques afin de montrer que « les
dépositions des témoins sont variables et contradictoires
(depositiones dictorum testium varii et contradictorii sunt) ». Les
questions d’usage évoquées plus haut étaient en partie posées pour
empêcher le recours à cette procédure, le plaignant pouvant
exploiter cette contradiction en sa faveur. Prenons le cas de Peire
Mosson que l’on vient de voir. Les questions d’usage révèlent
plusieurs contradictions quant à la datation des événements, ce qui a
ébranlé la véracité des témoignages.
18 Les défenseurs pouvaient aussi récuser les témoins eux-mêmes pour
le motif qu’ils souffraient d’une condition débilitante légale, une
procédure parfois connue sous le nom de la reprobatio testium, où
réprobation des témoins 32 . Pour récuser un ou plusieurs témoins,
la partie adverse devait rédiger une liste d’exceptions contre eux
(exceptiones contra testes) et les prouver en se servant de ses propres
témoins ou parfois de documents. Ce genre d’exception servait aussi
à récuser le plaignant lui-même. Une exception de ce genre se trouve
dans un cas entendu en 1343 dans lequel le défenseur, Gilet Alfans, a
réussi à récuser le plaignant, Ugo Gaydon. Gilet a signalé qu’Ugo
avait été excommunié non seulement en raison d’un rapport
adultère avec Ermessens Maliana, commis dans le vestibule de l’autel
à l’église Sainte-Catherine, mais aussi parce qu’il exerçait des arts
magiques (excerceus artem magicam), puisqu’il avait utilisé de la magie
et des philtres afin de séduire Ermessens 33 . Ugo s’est plaint
amèrement, déclarant que les exceptions accordées pour des
sentences d’excommunication étaient malignes et permettaient au
défenseur d’éviter les vraies accusations du procès tout en
augmentant les frais du plaignant. Le juge a néanmoins permis à
Gilet de prouver ses exceptions par des témoins, ce qu’il a fait de
façon pittoresque 34 .
19 Dans le cas de Peire Mosson, on a montré que l’un des témoins était
apparenté au plaignant, et qu’un autre, Antoni Vinsens, était dans un
état d’excommunication et donc empêché de prêter serment et de
témoigner. On l’avait excommunié à la demande d’Agneta Beroarde,
une religieuse du couvent de Syon. L’ironie ici est qu’Agneta, en tant
que seigneur du terrain en question, a participé au procès comme
membre principal de la partie adverse. On a aussi accusé Antoni
d’avoir témoigné contre Agneta à cause de la haine qu’il portait
contre celle-ci (quia habet odio dictam dominam monialem). Le
témoignage de son frère, Guilhem, a été contesté pour ce même
motif de haine 35 .
20 Une des stratégies de récusation la plus souvent utilisée, en fait, était
basée sur l’état affectif du témoin. Il y avait deux arguments
possibles : ou bien le témoin était dans un état d’amitié ou d’amour
avec le plaignant, ou bien dans un état formel de haine capitale
contre l’accusé. Un exemple de cette sorte d’exception (et bien riche
en détails) nous provient d’un appel fait par un notaire du nom de
Guilhem de Belavila et sa femme Uga en 1365.
21 Bien que l’appel vienne d’une affaire criminelle – Guilhem était
conspirateur dans le meurtre du marchand Guilhem Tomas – les
arguments employés sont identiques à ceux que l’on trouve dans des
procès civils. Trois femmes, Uga Bernarda, Alazays Antonia et
Alazays Rogeta, témoignent en défaveur de Guilhem de Belavila. Les
récusations des trois femmes de la part de Belavila incluent les
observations que les femmes étaient ses ennemies capitales,
malveillantes envers lui, mais les voisines bienveillantes de la
victime. De nombreux témoins ont attesté ces articles.
22 Les récusations basées sur l’état affectif du témoin étaient courantes.
Ce qui les distingue est que ces récusations ne reposaient pas sur ce
que nous, de nos jours, appellerions les faits de l’affaire. Plus
précisément, de telles récusations transformaient les faits disputés, à
la base des blessures ou des contrats rompus, en faits reposant sur
des états affectifs et des liens sociaux. Les lois de preuves romano-
canoniques n’ont offert que peu de direction dans ce domaine
d’enquête, et les preuves de haine ou d’affection dans de tels cas
dépendaient des interprétations basées plutôt sur les notions de
l’amitié et de l’inimitié courantes. Il est à signaler que Guilhem de
Belavila a presque certainement gagné son procès, comme ont fait la
plupart des défenseurs qui se servaient de cette sorte de récusation.
23 Les procédures de récusation ont aussi permis la récusation d’un
témoin en raison de sa turpitude morale 36 . En voici quelques
exemples : « Tanno Sorbi est et était un habitué des tavernes des
pauvres ; il se trouve pratiquement toujours dans ces tavernes des
bas-fonds. Il est aussi débiteur de Vivauda (le défenseur) depuis
longtemps, pour le loyer de la maison en question » 37 . Ou bien,
« Micaela est la plus pauvre des femmes, diffamée et de mauvaise
réputation, et que plusieurs appellent “vielh destral” » 38 . « Guilhem
de Cina (un clerc), est un homme abject et un mendiant, habitué à
vivre en mendiant de porte en porte ; il fréquente aussi les tavernes
et les bordels. À cause de son style de vie et de sa conversation
ignobles, on l’a expulsé du castrum de Ginhaco et d’autres endroits.
C’est un homme grossier et idiot, quasiment ignorant du latin » 39 .
24 Dans de tels procès, on voit à quel point l’emploi de la procédure de
récusation permet aux faits de devenir des arguments sur le statut
moral des témoins. La réputation était, bien sûr, une sorte de fait
dans la société médiévale. Il est clair que les juges professionnels
aussi bien que les usagers ordinaires des cours étaient plus à l’aise en
disputant cette sorte de fait que ceux conçus par les juristes.
25 Pour conclure, la procédure romano-canonique se vante de son
approche rationnelle des faits et des preuves. Les historiens du haut
Moyen Âge nous ont signalé qu’à cette époque le droit coutumier
n’était pas aussi primitif et superstitieux dans sa nature qu’on ne
l’avait pensé, ce qui réduit l’écart entre la pratique légale du début et
de la fin du Moyen Âge. Mais l’étude des témoins et de leur
témoignage ébranle notre appréciation de la procédure romano-
canonique d’une autre façon, car elle montre comment les faits, tels
que les juristes les ont compris, étaient moins importants comme
arguments que nous pensions. Le pourcentage relativement bas
d’affaires comprenant l’intervention de témoins montre que la
majorité nette des procès intentés devant les cours civiles ne se sont
jamais servis de faits. La quantité de temps et d’espace consacrée à la
clause de fama dans les procès existants nous montre qu’on prenait
la rumeur et la notoriété très au sérieux. Dans un autre esprit, la
composition soignée des groupes de témoins montre que le statut
des témoins valait autant que leur témoignage. Enfin, l’importance
générale de la procédure de récusation des témoins et sa capacité à
transformer les faits disputés en éléments affectifs montre que la
législation civile était axée non sur les arguments reposant sur les
faits – l’existence de dettes, de contrats, de droits ou d’obligations –
mais sur les états affectifs et moraux. Ceci rend clair à quel point le
système de droit procédural, tel que les juristes l’avaient conçu, était
néanmoins flou et changeant et ouvert aux intérêts et desseins de
ceux qui se sont réellement servis des cours de justice.
NOTES
1. J.-Ph. Lévy, La hiérarchie des preuves dans le droit savant du Moyen Âge, Lyon, 1939 ; La preuve.
II. Moyen Âge et temps modernes, Bruxelles, 1965 (Recueils de la Société Jean Bodin pour l’histoire
comparative des institutions).
2. Pilii, Tancredi, Gratiae, Libri de iudiciorum ordine, éd. F. Bergmann, Göttingen, 1842 ;
Guillaume Durand, Speculum iudiciale, Strasbourg, 1473.
3.D. L. Smail, The consumption of justice: emotions, publicity, and legal culture in Marseille, 1264-
1423, Ithaca-Londres, 2003. Au sujet de l’exil et la contumace, voir A. Esmein, A history of
continental criminal procedure with special reference to France, trad. J. Simpson, Boston, 1913, p.
73-77 ; J. Chiffoleau, Les justices du pape : délinquance et criminalité dans la région
d’Avignon au xive siècle, Paris, 1984, p. 148 ; O. Raggio, Faide et parentele : lo stato genovese visto
dalla Fontanabuona, Turin, 1990 ; C. Guimbard, Exil et institution du comune à Florence dans la
seconde moitié du xiiie siècle, dans J. Heers et C. Bec (éd.), Exil et civilisation en Italie (xiie-xvie
siècles), Nancy, 1990, p. 21-31 ; D. S. Chambers et T. Dean, Clean hands and rough justice : an
investigating magistrate in Renaissance Italy, Ann Arbor, 1997, p. 65.
4. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, 3B 16, 19, 24-31, 132, 136, 138, 141, 143,
147, 151, et 152.
5. N. Z. Davis, Fiction in the archives: pardon tales and their tellers in sixteenth-century France,
Stanford, 1987; Cl. Gauvard, « De grace especial » : crime, État et société en France à la fin du
Moyen Âge, Paris, 1991 ; voir aussi mon article Telling tales in Angevin courts, dans French
historical studies, 20, 1997, p. 183-215.
6. Arch. dép. B.-du-Rh. 3B 94, fol. 62r, cause entamée le 28 avr. 1379 au f. 59v.
7. A. Courtemanche, La rumeur de Manosque : femmes et honneur au xive siècle, dans M.-Cl.
Déprez-Masson (éd.), Normes et pouvoir à la fin du Moyen Âge. Actes du colloque « La recherche en
études médiévales au Québec et en Ontario », 16-17 mai 1989, Montréal, 1989 ; Cl. Gauvard, Rumeur
et stéréotypes à la fin du Moyen Âge, dans La circulation des nouvelles au Moyen Âge. XXIVe Congrès
de la Société des historiens médiévistes de l’enseignement supérieur public, Rome-Paris, 1994. Voir
aussi les articles de J. Bowman, Th. Kuehn et C. Wickham, dans T. Fenster et D. L. Smail (éd.),
Fama: the politics of talk and reputation in Medieval Europe, Ithaca-New York, 2003.
8. Th. Kuehn, Law, family, and women: toward a legal anthropology of Renaissance Italy, Chicago,
1991; J. A. Brundage, Medieval canon law, Londres, 1995, p. 132-133; voir aussi M. T. Clanchy,
From memory to written record: England 1066-1307, 2e éd., Londres, 1993, p. 304-308 et 318-326.
9. Arch. dép. B.-du-Rh. 3B 19, f. 107r-116v, cause entamée le 19 fév. 1326 au f. 95r.
10. Arch. dép. B.-du-Rh. 3B 25, f. 151r-v, cause entamée le 21 nov. 1330 au f. 142r.
11. Arch. dép. B.-du-Rh. 3B 38, f. 52r, cause entamée le 13 oct. 1339 au f. 47r.
12. Arch. dép. B.-du-Rh. 3B 31, f. 11v-12r, cause entamée le 14 déc. 1336 au f. 7r.
13. Pour ce dernier, voir mon article Démanteler le patrimoine : les femmes et les biens dans la
Marseille médiévale, dans Annales HSS, 52, 1997, p. 343-368.
14. Arch. dép. B.-du-Rh. 3B 41, f. 164r-185v, cause entamée le 16 août 1340. J’ai analysé ce
cas dans Los archivos de conocimiento y la cultura legal de la publicidad en la Marsella medieval,
dans Hispania. Revista española de historia, 57, 1997, p. 1049-1077.
15.Ibid., f. 166r-168v.
16.Ibid., f. 169r-171r.
17. Arch. dép. B.-du-Rh. 3B 820, f. 78v, cause entamée le 7 juil. 1356 au f. 8r.
18. Arch. dép. B.-du-Rh. 3B 94, par exemple f. 298v, cause entamée le 9 déc. 1379 au f. 193v :
si fuit instructus per dictum Antonium seu magistrem Johannem Georgii notarium sic deponere.
19. Arch. dép. B.-du-Rh. 3B 30, f. 37r-47v, cause entamée le 7 juil. 1335.
20. Arch. dép. B.-du-Rh. 3B 27, f. 143r-240r, cause entamée le 28 jan. 1332. Le témoignage
commence au f. 185.
21. Arch. dép. B.-du-Rh. 3B 147, f. 59r, cause entamée le 24 fév. 1407 au f. 21r.
22. Arch. dép. B.-du-Rh. 351E 92, f. 35v-36r, 49r, et 160r-166v. Ce dernier était intitulé
informatio delati.
23. Voir Arch. dép. B.-du-Rh. 3B 147, f. 61r-84v, cause entamée le 24 fév. 1407 au f. 21r.
24. Arch. dép. B.-du-Rh. 3B 1016, f. 169v, cause entamée le 7 fév. 1401 au f. 149r.
25. Arch. dép. B.-du-Rh. 3B 147, f. 155r, cause entamée le 15 mars 1407 au f. 136v.
26.Ibid., f. 155v.
27. Cl. Gauvard, « De grace especial »..., p. 129-131 ; Id., La dedinazione d’identità negli archivi
giudiziari del regno di Carlo VI, dans J.-C. Maire Vigueur et A. Paravicini Bagliani (éd.), La
parola dell’accusato, Palerme, 1991, p. 170-189.
28. Arch. dép. B.-du-Rh. 3B 147, f. 155v : interrogentur dicti testes si sunt iuristi ut possint
cognoscere quid est justum vel injustum.
29. Arch. dép. B.-du-Rh. 3B 94, fol. 267v, cause entamée le 9 déc. 1379 Au f. 193v.
30. Sur l’exception comme élément de procédure, voir A. Engelmann et al., A history of
continental civil procedure, trad. R. W. Millar, Boston, 1927, p. 467-469 ; J.-M. Carbasse,
Introduction historique au droit pénal, Paris, 1990.
31. J. A. Brundage, Medieval canon law... cité n. 8, p. 131.
32. Comme exemplaire, voir la liste d’articles de récusation (titulos reprobationes) vers le
début d’une procédure de récusation dans Arch. dép. B.-du-Rh. 3B 859, f. 132r, cause
entamée le 26 avril 1408 au f. 105r.
33. Arch. dép. B.-du-Rh. 3B 45, f. 170r-180v, cause entamée le 15 oct. 1343.
34.Ibid., f. 172v.
35. Arch. dép. B.-du-Rh. 3B 147, f. 175r-v.
36. E. Peters, Wounded names: The Medieval doctrine of infamy, dans E. B. King et S. J. Ridyard
(éd.), Law in Medieval life and thought, Sewanee, 1990. Voir aussi l’article de J. Bowman cité n.
7, et F. R. P. Akehurst, Good name, reputation and notoriety in French customary law, dans T.
Fenster et D. L. Smail (éd.), Fama... cité n. 7, p. 75-94.
37. Arch. dép. B.-du-Rh. 3B 54, f. 32v, cause entamée le 12 juil. 1354 au f. 6r.
38.Ibid., f. 66r, cause entamée le 19 juil. 1354 au f. 62r
39. Arch. dép. B.-du-Rh. 3B 29, f. 45r, cause entamée le 28 juin 1334 au f. 35r.
Procedura e giustizia nelle città
italiane del basso medioevo (xii-xiv
secolo) 1
Massimo Vallerani

1 Nella storia della giustizia la procedura gioca un ruolo scomodo.


Rappresenta la parte tecnica del racconto, spesso ricostruita in modo
meccanico e astratto come un susseguirsi di atti senza rilevanza
effettiva. Al tempo stesso è uno degli indicatori principali per
giudicare i sistemi e valutarne lo stadio di sviluppo: il passaggio
dall’accusa all’inquisizione, in qualunque realtà avvenga, è sempre
visto come il segno di una compiuta struttura giudiziaria statuale. Si
tratta naturalmente di un processo graduale, inquadrato in schemi
di evoluzione cronologica di diversa lunghezza. Spesso si scelgono
tempi lunghi, a volte lunghissimi, dal xiii al xviii secolo, o addirittura
dal xii al xix, insistendo poi su un’evoluzione lenta e contrastata o su
un punto di rottura preciso: la Vergentis in senium di Innocenzo III o
la crociata anticatara – termini a quo scelti in moltissimi studi sulle
procedure inquisitoriali antiereticali – oppure il Tractatus de
maleficiis di Alberto Gandino, che segnerebbe la rottura del
monopolio dell’accusa privata, o ancora i grandi processi politici del
primo Trecento che fusero lesa maestà ed eresia in un grande
sistema penalistico-repressivo senza confini. In tutti i casi si
presuppone l’affermazione inarrestabile dello stato e quindi di una
giustizia di stato a scapito delle altre: un paradigma profondamente
evoluzionista, nonostante le sfumature diverse usate nei singoli
studi e nonostante la diffusione massiccia di categorie «altre» – come
l’infragiudiziario (un’indistinta congerie di prassi intermediatorie
ester-ne al giudizio pubblico), o la negoziazione, (termine che indica
una sorta di compromesso fra le pretese dei singoli e quelle dello
Stato) – nate in origine per relativizzare uno schema così
meccanicamente predeterminato 1 .
2 L’affaticarsi della storiografia di questi ultimi anni verso sempre
nuove formule e nuove metafore (infra/extra/para-giudiziario,
negoziazione, penale negoziato, penale prodromico, emergenza del
penale, emergenza del penale egemonico), la dilatazione dei tempi
del cambiamento, fino a immaginare evoluzioni continue di sette-
otto secoli in cui tutto diventa prodromico a qualcosa che stenta a
farsi riconoscere fino a tempi recentissimi, e l’inevitabile diluirsi
delle specificità di questi inquadramenti astratti appena si metta
mano alle fonti, dimostrano, a mio avviso, tutte le difficoltà del
paradigma evoluzionistico e la sua scarsa utilità nella ricerca sul
campo. Soprattutto in due momenti: per il momento iniziale, quel xii-
xiii secolo descritto in termini quasi aurorali di poteri deboli
incredibilmente aperti verso i propri soggetti 2 ; e per la fase
«moderna», fra xv e xvi secolo, dove l’ipotesi di un monolite statal-
penalistico onnicomprensivo si scontra con continue eccezioni e con
un’esplosione di giustizie concorrenti che mal sopportano uno
schema oppositivo binario «giustizie avanzate» vs. «giustizie
ritardate». Al fondo di questi studi si intravede la pretesa implicita
che la procedura rifletta le fasi evolutive dello stato e dunque la
giustizia «spieghi» lo stato. Pretesa eccessiva e a mio avviso errata.
Se proprio vogliamo rimanere nel campo del rispecchiamento
biunivoco, allora sarebbe meglio invertire il rapporto e pensare che
sia la politica a dare senso alla giustizia e alle sue articolazioni
procedurali; ma soprattutto bisogna liberare la procedura dal peso
eccessivo di essere «segno» di questa o quella fase e cercare il senso
storico alle pratiche processuali recuperando il significato politico
della giustizia nei diversi momenti del tardo medioevo.
3 È quanto cercheremo di fare in questo studio, evitando i
condizionamenti evolutivi e limitando il campo di osservazione alle
procedure come mezzo per comprendere la funzione della giustizia
pubblica nel sistema politico comunale. Più che i modelli procedurali
così come dovrebbero funzionare secondo la fase di sviluppo,
interessano i modi di svolgimento dei processi nelle curie comunali e
l’insieme di pressioni politiche e di interazioni sociali che ne
condizionavano gli assetti finali. Questo emerge bene esaminando i
momenti di rottura e di fibrillazione dei sistemi: le eccezioni alle
norme, le strategie elusive seguite dalle parti, le tensioni politiche
che si creano intorno alla giustizia, i provvedimenti eccettuativi e
sospensivi che ne modificano continuamente il senso. Si prende atto,
in sostanza, che nelle giustizie di antico regime, la modifica e
l’adattamento continuo delle procedure non costituiscono un sotto-
insieme di pratiche alternative esterne al giudizio (come forse
intende il ricorso alla categoria dell’infragiudiziario), ma ne
disegnano la trama applicativa necessaria alla sua esistenza:
ordinario e straordinario fanno parte del medesimo quadro,
condividono lo stesso profilo «sistematico» 3 . Per questo si è
cercato di tenere uniti tre momenti nell’analisi delle procedure in
uso nelle città italiane tra xii e xiv secolo: il momento
dell’elaborazione culturale, fondamentale per capire il senso delle
procedure come forma di ordinamento della realtà politica secondo i
ruoli dei protagonisti; i modi di applicazione dei processi nei sistemi
giudiziari pubblici su larga scala e infine le deformazioni provocate
inevitabilmente dal contesto sociale e politico, vale a dire l’uso delle
procedure da parte dei cives.
4 1. Iniziamo dal significato profondo della messa in campo di un
modello processuale come motore della giustizia pubblica
nell’Europa del secolo xii. Dopo gli studi di André Gouron 4 e di
Ennio Cortese 5 e la sistemazione degli ordines iudiciarii di Linda
Fowler Magerl 6 , sappiamo che l’elaborazione di un ordo iudicii
condiviso da poteri diversi è avvenuta con il contributo di una
pluralità di centri culturali, spesso indipendenti da Bologna, anche
se tutti o quasi gli autori hanno avuto un contatto con la scienza
bolognese 7 : scuole cittadine, università, chiese cattedrali, grandi
centri monastici. Si è visto anche che le procedure elaborate seguono
in maniera rilevante interessi e spinte locali dipendenti dagli autori,
dalla loro collocazione politica, dalle domande dei destinatari, dalle
scuole che favorivano un determinato indirizzo interpretativo.
Questo vale per Montpellier e per Orléans, ma anche per le scuole
cittadine italiane come Modena, Mantova, Piacenza, Arezzo: esempi
non casuali, perché la circolazione, e direi anche la circolarità, dei
testi e degli autori tra questi centri e le città transalpine individua
veramente un contesto europeo, a un tempo sovralocale per la
qualità dei problemi affrontati, e specifico per le risposte date nei
diversi luoghi 8 .
5 È evidente che un processo culturale di tale portata risponde a un
riassestamento importante delle strutture sociali e politiche. Ne
ricordiamo due. Da un lato la spinta potente dell’ordinamento
ecclesiastico verso la diffusione dell’ordo iudicii sia al proprio interno,
come forma di garanzia per i prelati accusati, sia verso l’esterno
come disciplina dei conflitti spesso violenti che contrapponevano
enti religiosi ai signori laici e alle comunità 9 . E dall’altro, su un
piano generale, la lenta costruzione di una nuova idea di iurisdictio
che le comunità politiche urbane dovevano presto fare propria. La
diffusione di un ordo relativamente coerente sia nelle corti laiche, sia
in quelle ecclesiastiche, con una sequenza di atti «giusti» che i
rappresentanti della iurisdictio pubblica devono seguire e imporre, fu
un momento importante di costruzione del politico, sia perché
riconosceva di fat-to un «diritto al processo» che da quel momento
divenne stabile (va-le a dire il diritto di presentare la propria querela
davanti a una cor-te pubblica), sia perché legittimava l’autorità ad
assumersi il compito di giudicare secondo un ordine regolato 10 .
Forse bisognerebbe ampliare il concetto di politico, prendendo in
esame tutti i centri di definizione delle regole della convivenza
associata e non solo le istituzioni riconosciute; in questo senso la
«formalizzazione esplicita delle regole di confronto» è un dato che
accomuna tutte le esperienze politiche del xii secolo, basate su una
serie di processi di astrazione di varia natura 11 .
6 È dunque opportuno rinunciare ad alcuni luoghi comuni relativi al
processo di tipo accusatorio: che sia «privato», che sia un gioco
lungo e farraginoso in mano alle parti, che appartenga a una fase
primordiale dello stato in cui la respublica debole si limita a risarcire
il querelante negoziando la giustizia con i litiganti; in sostanza che
rappresenti uno «stadio della civiltà» primitivo necessariamente da
superare. Proprio in questo caso si avvertono più chiaramente gli
effetti deformanti di quella pretesa di spiegare lo stato attraverso la
giustizia (giustizia «negoziata» = stato debole). Proviamo a invertire
l’ordine di lettura, chiedendoci quale fosse il valore politico della
giustizia e commisuriamo su questo dato il senso e la funzione delle
procedure.
7 Gli ordines iudiciarii, pur nelle differenze di struttura e di soluzioni
che li caratterizza, condividono un insieme di problemi comuni.
8 In primo luogo il problema dell’inizio della lite: la necessità di una
disciplina delle dispute, con l’esigenza diffusa ovunque di riscrivere
le querele in forma di pretese, come richieste di giustizia. La teoria
delle actiones, riscoperta nei testi romanistici e studiata in profondità
dalla prima generazione di professori, proprio in virtù
dell’astrattezza del linguaggio usato, valido per i casi «generali» e
non solo specifici, ha fornito un materiale comune per la
riformulazione dei conflitti in forma di querela. Questo vale per i
tribunali delle città italiane e francesi, ma vale anche in parte per le
corti inglesi, data la forte omogeneizzazione delle richieste
individuali imposta dal sistema dei writs 12 . Si formò ovunque uno
stock di scritture da usare in giudizio, una scelta del modo di iniziare
e di impostare la lite su una infrazione specifica 13 . Contrariamente
a quanto si potrebbe pensare, il sistema delle actiones non ridusse,
ma aumentò notevolmente le possibilità di formulare una pretesa, e
di conseguenza il numero delle liti. Di ogni reato l’actio prendeva in
esame aspetti differenti, a seconda delle pretese che il denunciante
intendeva avanzare: da un furto potevano nascere tre o quattro
azioni diverse. Così i manuali fornivano centinaia di varianti per
conflitti altrimenti privi di sbocchi processuali. Nello spazio italiano
la preparazione dei libelli ricevette oltretutto una cura particolare
con numerose opere monografiche sul tema: la redazione di un
manuale sui libelli era complementare a quella di un ordo, anche
quando le grandi artes notarie duecentesche, in primo luogo quella di
Ranieri da Perugia, avevano inserito il libello all’interno di un
organico sistema di scritture notarili.
9 Il secondo punto è la conduzione della lite: sia le istituzioni
ecclesiastiche locali, sia i ceti dirigenti urbani della prima età
comunale spingevano verso un disciplinamento del modo di
condurre le dispute. Si cercava un’arena di confronto regolamentata
e sottoposta al controllo di un’autorità esterna che prendesse in
considerazione gli argomenti delle parti presentati in forma
ordinata, consentendo subito dopo la confutazione dell’avversario.
Ma contavano anche i modi di questo confronto, i luoghi neutri, i
tempi prestabiliti, le regole della citazione, la pubblicità degli atti, la
necessità di garanzie fideiussorie: proprio quegli aspetti che hanno
creato il mito negativo, ma privo di fondamento, della natura
inutilmente complessa del processo accusatorio. In realtà le
formalità processuali andrebbero lette come una parte costitutiva e
non accessoria del processo, come un’espressione diretta del potere
(in questo caso del comune) di regolare la giustizia, di imprimere al
confronto un andamento prefissato che non dipendeva dalle
persone, ma appunto dall’istituzione.
10 Infine, il terzo problema è la costruzione di un percorso di
valutazione delle prove tendenzialmente razionale, vale a dire
basato sull’interpretazione delle testimonianze secondo livelli di
conoscenza ordinati su una gerarchia sensoriale che parte dalla vista
e arriva al sentito dire. La scala di credibilità delle testimonianze
serviva a inquadrare i dicta dei testimoni in sequenze logiche
coerenti, in scritture comprensibili e condivise fra tutti gli attori del
processo. Nella pratica i giochi erano naturalmente più complessi,
ma ancora una volta conta la gerarchia delle prove come atto di
autorità, come mezzo di controllo del confronto da parte del giudice
che accoglie gli argomenti dei litiganti, ma si riserva uno spazio
autonomo di valutazione della loro attendibilità. Sull’ampiezza di
questo spazio i giuristi discussero a lungo, anche dopo l’affermazione
del principio di base dell’ordo che il giudice deve giudicare secondo
allegata et probata e non secondo coscienza 14 .
11 In tutti questi passaggi gli ordines tentano di definire delle forme del
processo precise e condivisibili. Forme che non escludono a priori
una partecipazione attiva delle parti e dei loro modi di vedere. Anzi,
in almeno due momenti importanti esse avevano l’opportunità di
riformulare il conflitto secondo una propria ricostruzione della
storia precedente, spesso più lunga e complessa della denuncia
iniziale: prima nelle positiones, affermazioni di una parte contro
l’altra da presentare per iscritto subito dopo la contestazione di lite,
e poi nelle intentiones (capitoli da dimostrare) e nelle domande da
fare ai testi redatte dalle parti e filtrate dal giudice 15 . Si mette in
atto uno scontro dialettico di argomentazioni contrastanti, delle
quali, per altro, esistevano numerosi esempi diffusi attraverso una
nuova lette-ratura processuale che si nutriva di dialettica giuridica
volgarizzata ad usum fori 16 . La procedura cosiddetta «romana» era
dunque sì formulare e formalistica, ma riusciva a includere le percezioni dei
singoli immettendole in canali obbligati di ridefinizione linguistica. I
processi delle curie comunali sono pieni di argomentazioni e di allegazioni
delle parti inserite come elemento costitutivo della procedura, tanto che per
lungo tempo processo e arbitrato potevano integrarsi con relativa facilità. A
cambiare, semmai, era la spinta politica che sosteneva i due sistemi
procedurali, diversificando sul piano giuridico un uso che nei fatti si
intrecciava continuamente, sia nei modi, sia nelle persone.
12 2. Tutti i principali ordines iudiciarii, quelli di matrice laica ancora di
più, insistono su un fatto basilare nella configurazione della
giustizia: il giudizio è un’espressione della iurisdictio e dunque del
potere. L’esistenza dei tribunali è un dato inerente all’esistenza di
una respublica e «il dare giustizia» un suo obbligo irrinunciabile.
Nell’epistola di Bulgarinus causidicus, impropriamente considerata
come ordo, la differenza tra iudex e arbiter non è procedurale, è
politica: l’arbitro lo eleggono le parti e dipende dalla loro volontà,
mentre il giudice è dato dalla publica potestas 17 . Simili l’ordo
anonimo Iudicandi formam, quando ricorda che il giudice riceve il suo
potere di giudicare da una dignitas superiore 18 , e l’ordo Incerti
auctoris che invoca la nomina necessariamente pubblica del giudice
propter singulorum utilitates, vale a dire perché i singoli possano
«richiedere le cose perse e riottenere le proprie» 19 : dunque una
funzione redistributiva della giustizia che solo dei poteri territoriali
ristrutturati in senso pubblicistico potevano rivendicare in forme
così palesemente imitative dei testi romanistici. E che la giustizia
non fosse solo un servizio passivo da offrire ai cives, ma un obbligo
del potere lo mostra bene la Summa Trecensis, il celebre testo di
origine provenzale scritto intorno al 1160, quando ricorda la natura
coercitiva del pote-re giurisdizionale: la giustizia si basa sulla
volontà dei prìncipi di constituere equitatem facendo osservare i
precetti da tutti, tam ab omnibus volentibus quam etiam invitis, e
dirimendo le liti dei singoli publica auctoritate 20 . In sostanza il
giudizio si impone a tutti, presenti o assenti, intenzionati a
raggiungere un accordo o meno, conferendo alla citazione e alla
mancata risposta, la contumacia, un valore giuridico fortissimo e
decisorio: l’assenza del reo, citato legittimamente, non impedisce il
giudizio ma lo determina a suo sfavore 21 . La differenza con
l’arbitrato, in cui l’arbiter non può emettere il lodo se una delle due
parti è assente o contraria, salta agli occhi e spiega in buona parte la
rapida espansione della giustizia pubblica nonostante la presunta
debolezza del primo comune e la concorrenza con i sistemi
alternativi 22 . Nei comuni italiani, per altro, i giudici o erano i
consoli medesimi che svolgevano funzione giudicante, o erano eletti
dai consoli ufficialmente come iudices publici, dunque erano
rappresentanti diretti della publica potestas 23 .
13 Il libro di Chris Wickham sulle dispute nella Toscana del secolo xii ci
mostra bene come i tribunali comunali fossero camere di
compensazione flessibili e aperte, dove il richiamo forte esercitato
dalla iurisdictio comunale non escludeva anzi accettava i criteri di
argomentazione delle parti, in particolare l’uso, come consuetudine
con beni e persone che attestano un diritto, e le «azioni ripetute»,
affermazioni rituali di possesso mediante gesti simbolici, anche
violenti 24 . I litiganti sapevano che i loro diritti sarebbero stati
presi sul serio, ma sapevano anche che la sottomissione della lite al
tribunale pubblico non era neutra e senza conseguenze. Oltre al fatto
che il contumace avrebbe comunque perso la causa, la sentenza, al
contrario dell’arbitrato, non era necessariamente equitativa e poteva
assegnare il bene a una delle parti 25 . Su questi fondamenti si
affermò la giustizia comunale. Per Wickham è possibile spiegare
l’aumento dei casi demandati al tribunale comunale con una ragione
tecnica, quasi strumentale: i giudici non solo accoglievano le ragioni
delle parti, ma adottavano le tecniche tradizionali dell’arbitrato per
legittimarsi agli occhi dei cives 26 . È una lettura fine, ma si può
andare oltre e rivalutare il peso politico del processo pubblico.
L’aumento delle cause giudicate dal tribunale comunale ci fu perché
il tribunale rivendicava un primato palese, politico, in chiave
appunto di iurisdictio. Se la scelta di altri fori rimaneva sempre
possibile, la preminenza del tribunale comunale era motivata
proprio in virtù della forza politica dell’ente pubblico e delle sue
pretese. Con alcune conseguenze sulla procedura che rendono
ragione di una così rapida espansione.
14 L’accusa sporta davanti ai consoli dava inizio al procedimento
indipendentemente dalla volontà o dal consenso di entrambe le
parti, anzi consegnava nelle mani dell’accusatore un potente mezzo
coercitivo per costringere l’avversario ad aprire un confronto su
«quel» conflitto. Inoltre la gamma relativamente ampia di possibili
riformulazioni del conflitto attraverso le actiones e la garanzia che il
procedimento sarebbe proseguito anche in assenza del convenuto,
aprivano la via alla lite giudiziaria a un numero consistente di
persone che forse trovavano difficile usare le procedure alternative:
accedere all’arbitrato era costoso e in molti casi, quando l’avversario
(ad esempio il proprietario) era troppo legato all’arbitro o al suo
entourage, quasi controproducente. Nel tribunale comunale il
panorama cambiava radicalmente, perché la lite era pubblica e le
regole date dalla procedura, per quanto elastiche, imponevano
comunque un iter non deciso dalle parti. Che poi i consoli e i giudici
fossero anche arbitri e si mostrassero spesso disposti a riconoscere o
favorire un accordo tra le parti non indica necessariamente una
debolezza strutturale del comune 27 . A volte indica proprio il
contrario.
15 3. È noto che nella costruzione di uno spazio giurisdizionale del
comune si usarono materiali diversi, aggregati per esperienze
successive. Il controllo degli strumenti di pacificazione e di
mediazione arbitrale rientra da subito negli scopi del comune. Anzi
diventa un fattore strategico del governo consolare e del primo
esperimento podestarile. Nel giuramento dei consoli del placito di
Siena il giudice deve sia diffinire lites et discordias di cui si è fatta
querimonia davanti a lui, sia concordare le parti si de concordia partes
in me consenserint 28 . I campi d’azione sono quindi due, in facienda
iustitia aut concordia. Sempre nel testo senese, si stabilisce che i
rettori sono obbligati a proteggere oltre le sentenze dei consoli,
anche quelle degli arbitri o delle parti in qualunque modo raggiunte,
conferendo il medesimo valore alle soluzioni dei magistrati comunali
e a quelle dei privati 29 . Anche nel Breve consulum di Pistoia i consoli
prendono in esame tanto le sentenze e gli accordi fatti davanti ai
consoli, quanto le decisioni raggiunte ante amicos o inter se,
ricomprendendoli tutte sotto la protezione giuridica del comune 30 .
Inoltre chi rompe la pace (comunque raggiunta) non potrà più
abitare in civitate Pistorii e nei borghi, a sottolineare il carattere
politico degli accordi fra cives e la natura territoriale della giustizia
pubblica consolare 31 . Medesimo impegno giuravano i consoli di
Pisa nel breve del 1162, dove alle concordie private si pone come
unico limite l’appello ai consoli, che possono annullarne gli effetti
32 .

16 Comuni deboli in cerca di consenso tra i cives e dunque costretti a


convalidare qualsiasi forma di accordo? Non mi sembra una
prospettiva realistica. Al contrario, in questa ricercata elasticità
della giurisdizione comunale vi leggo un progetto di graduale ma
continua conquista di spazi giurisdizionali esterni al processo: una
sorta di protezione imposta, e dunque di controllo, estesa agli
accordi bilaterali e negoziali che sfuggivano a una esplicita
definizione pubblica. L’integrazione di sistemi diversi deriva dunque
da una pretesa politica alta, da un tentativo, questo sì egemonico,
basato su calcoli di inclusione (non di esclusione) di soluzioni utili a
risolvere conflitti di rilevanza collettiva.
17 Come agiva nel concreto questa giustizia pubblica è possibile
desumerlo da alcuni situazioni locali meglio documentate.
Prendiamo come esempio un caso molto conosciuto, la giustizia
milanese in età consolare avanzata 33 . Il quadro d’insieme è
contrastato, difficile da cogliere con una prospettiva impostata su
fasi procedurali preordinate. Da un lato la procedura romana, in
funzione da tempo e perfezionata negli anni centrali del secolo xii, fu
usata con ampie libertà dai consoli giudicanti: si veda, ad esempio, il
sensibile aumento di una pratica apparentemente irrazionale come il
giuramento decisorio, proprio nella fase di maggiore assestamento
del regime consolare tra gli anni Sessanta a Settanta: anche in
presenza di testimoni, i consoli possono obbligare una delle parti o
entrambe a prestare giuramento sulla veridicità della propria
pretesa e se la parte a cui è stato imposto accetta e giura, vince la
causa 34 . D’altro lato, se andiamo a ricostruire i contesti delle
decisioni prese, anche di quelle compromissorie, ci accorgeremo
della notevole forza politica dispiegata dal comune milanese che
interviene nelle liti (spesso esterne al suo distretto) con un preciso
progetto politico: contenere le giurisdizioni concorrenti, fermare la
pretesa di molti proprietari privati di acquisire l’honor e il districtus
insieme alla terra, ridurre le aree di esenzione assicurando al
contempo il rispetto dell’uso continuativo e incontestato di un bene,
definire le condizioni sociali in base al tipo di servizi richiesto. Sono
campi di intervento importanti, che ridefiniscono le base politiche
della vita associata spesso dopo scontri violenti e fenomeni di
resistenza militare, anche all’interno dell’aristocrazia consolare che
affondava le radici in un sistema feudale altamente formalizzato già
a metà del xii secolo 35 .
18 Una lettura «formalistica» di questi elementi che parta dall’alto
medioevo (e quindi da un modello di placito) insisterebbe sulla
nuova struttura del processo, ricalcata su un ordo iudicii di tipo
romanistico (querimonia, contestazione di lite, prova, sentenza), ma
lascerebbe in ombra il dato saliente di questa ripresa, vale a dire la
deformazione della procedura operata dai consoli a scopi politici 36 ;
una lettura invece moderna, attenta solo al dato esterno della
procedura, relegherebbe questi processi in qualche fase prodromica,
fondandosi sulla natura apertamente compromissoria di alcune
sentenze di tipo arbitrale. Dall’esame dei casi si vede bene invece
come la scelta di convalidare o meno le prove, la responsabilità di
giudicare quali sono sufficienti e quali no, l’imposizione del
giuramento appartengono a una giustizia quanto mai lontana dalle
pratiche «infragiudiziarie» o «negoziali-negoziate». In entrambi i
casi lo schema evoluzionista finisce per oscurare la specificità della
giustizia pubblica consolare.
19 4. È vero piuttosto che in questo ordine politico rientra pienamente
una serie di scelte tendenzialmente conciliatrici che rispondono al
fondamento ideologico della città: la convivenza civile, quel «vivere
al riparo della violenza» di matrice ciceroniana-agostiniana che
diventa uno dei topoi politici di tutti i grandi trattati de regimine 37 .
Una breve parentesi sui valori semantici del termine pax potrebbe
servire a chiarire questo punto 38 . Una comunis opinio assai radicata
giudica la pace un istituto di composizione arretrato, privatistico
(secondo profili moderni: indirizzato al soddisfacimento della
vittima), residuo di un mitico «diritto germanico» sopravvissuto
sotto le ceneri della rinascenza del secolo xii. La testualità giuridica
del tardo xii secolo non consente una tale semplificazione 39 . I
giuristi capirono subito la natura immediatamente politica della
pace, se non altro perché ereditarono un ingarbugliatissimo passo
del Codice che metteva a nudo le contraddizioni dell’atto transattivo
così come configurato nella constitutio dioclezianea del 293 d. C. (C.
2.4.18): si ammetteva la transazione anche per i crimina capitalia, in
contrasto con il divieto di transigere sui delitti pubblici stabilito in
altri luoghi 40 . La contraddizione non sfuggì a Pillio che anzi nel
commento al lemma non prohibitum la mise in luce in maniera
eclatante: Mirum est che si possa transigere in questi casi, cum alias
dicatur pactis privatorum ius publicum non ledi 41 . L’impasse
dottrinaria ricevette una soluzione politica. Lo si può fare, così
risposero Rogerio e Pillio e altri, perché l’interesse collettivo
richiede a volte di soprassedere alle liti, di evitare il radicarsi di odii
personali che la violenza del processo non attenua ma anzi acuisce; e
richiede anche di soprassedere alla pena, all’esecuzione materiale
della vendetta pubblica, per una ragione di utilitas collettiva 42 . È la
spia di una visione funzionale della giustizia come sistema
compositivo inteso a mantenere in primo luogo lo «status pacifico»,
anche limitando le soddisfazioni della respublica se questo serve a
diminuire il numero delle liti. Puntare sulla transactio significava
attribuire alla pace una forma negoziale blindata, che legava i due
contraenti come un patto (quindi partendo dalle loro volontà) e allo
stesso tempo li sottraeva da possibili estensioni del conflitto come
una sentenza (l’accordo riceveva una sanzione pubblica che
prevedeva anche delle pene per i trasgressori). Insomma è una
lettura sottilmente politica quella fatta da Pillio e da Rogerio,
nient’affatto piegata alle esigenze privatistiche delle parti. Semmai
riflette quella esigenza primaria di pace sociale su cui il comune
maturo del tardo secolo xii fonda le pretese di autonomia e di
crescita istituzionale. Un’esigenza che non esclude, anzi presuppone,
l’uso della forza da parte dell’organo comunale.
20 Anche su un piano di testualità più specificatamente politica, pax è
un termine di altissima densità per tutto il xii e xiii secolo. La pace è
una «condizione dello stato», un punto di partenza necessario alla
costruzione di un ordinamento pubblico in tutte le comunità
politiche organizzate dello spazio europeo: nelle città francesi, dove
sono comprovati fenomeni di imitazione e di ripresa delle clausole
stesse delle paci di Dio 43 ; nel regno inglese, dove pax finisce per
coincidere molto presto con la «giustizia del re», indicando sia la
pace da assicurare nel regno, sia la pace raggiunta fra le parti dopo
un omicidio (il writ de pace habenda e de securitate) 44 ; nella
monarchia francese, dove a fatica Luigi VII viene convinto da Suger a
proclamare finalmente una pax regni nel 1155, tre anni prima della
famosa pax curie Roncalie di Federico I del 1158 45 . E ancora l’ondata
di giuramenti di pace nelle città tedesche imposti dai vescovi locali
con valore costituente, o la funzione dei «cerchi di pace» nella
costruzione dei centri castrali in Catalogna 46 , dove, per
controprova, è significativo il fallimento delle paci imposte solo
come tassa signorile, senza un chiaro impianto territoriale 47 .
21 Un modello di costituzione della comunità come delimitazione di
uno spazio pacificato è chiarissimo anche nei primi statuti comunali
che contengono il giuramento dei magistrati cittadini di mantenere
e imporre la pace tra i cives. Un dovere che ha origini antiche,
rinnovate dai capitolari carolingi che vedevano nell’imposizione
della compositio e di un accordo coattivo tra vittima e offensore un
mezzo necessario per il mantenimento della pace pubblica. Si tratta
di un’azione a due livelli: il primo impone la pace a persone che
hanno un conflitto in corso, tema presente in tutti gli statuti delle
città italiane; il secondo assicura la protezione degli accordi
comunque raggiunti. La protezione giuridica e giudiziaria delle
concordie tra le parti era dunque una conseguenza diretta della
natura costituente della pace della città, come attestano i brevi e gli
statuti tra xii e xiii secolo.
22 Essendo un valore generale del politico, la pace, anche nelle sue
manifestazioni singole, mantiene un’utilitas pubblica pienamente
riconosciuta nelle prassi giudiziarie comunali. Con un senso
pragmatico tipico dei primi teorici del comune, la pax della città era
identificata, quasi materializzata, nella somma delle concordie
individuali dei cives. Da qui il problema delle forme di interferenza
fra le paci interpersonali e i processi in corso. Gli accordi potevano
sospendere il processo o ridurre la pena secondo una gradazione di-
versa da statuto a statuto: in ogni caso le paci erano protette
dall’ordinamento, anche quelle stipulate solo con atto notarile o in
forma orale e la loro rottura era equiparata a un reato capitale
punito con la morte. Nel corso del Duecento gli effetti della pace
tendono a concentrarsi sul momento di fuoriuscita dal bando, dove
la concordia concessa dalla vittima diventa un atto necessario per
essere rebannito e riammesso in città dopo aver pagato la pena al
comune 48 . Un atto «di parte» che si interseca con le politiche di
reinserimento sociale decise dal comune senza per questo eludere il
problema della pena (che va comunque pagata).
23 5. Dalla metà del Duecento le spinte verso la trasformazione delle
procedure provengono da direzioni diverse. In primo luogo
l’apertura del sistema giudiziario pubblico a tutti i cives integrati
ebbe effetti macroscopici sui modi di condurre le dispute. La
richiesta di giustizia nelle città italiane fu altissima e lo rimase per
lungo tempo, come prova la crescita esponenziale del volume degli
affari trattati e della documentazione relativa. Giocava a favore dello
strumento giudiziario un generale contesto di conflittualità legittima
interna ai cives, e tra i cives e le istituzioni comunali: da un lato era
possibile litigare per molti argomenti (grazie anche all’aumento di
ambiti giurisdizionali sottoposti al comune e dunque all’aumento di
tribunali); dall’altro si cercava nel processo una qualche forma di
definizione del proprio disaccordo, una certificazione dello scontro
che poteva risolversi all’interno del sistema giudiziario pubblico
(raramente) o modificare uno status di relazioni interpersonali in
stallo 49 .
24 È evidente che le procedure hanno dovuto subire una drastica
riconversione nella struttura e nella funzione. Una maggiore
serialità degli atti processuali era inevitabile: accusa, citazione,
giuramento de veritate dell’accusatore, giuramento dell’accusato,
fideiussione, sono gli atti standard necessari per impiantare un
confronto processuale e sono atti che vanno compiuti in sequenze
temporali rigide, secondo procedimenti scrittori ormai fissati una
volta per tutte. Questo fu un primo cambiamento importante: nel
corso del Duecento scrittura e procedura tesero a coincidere, nel
senso che gli atti scritti «erano» il processo. Tra i formulari di
Rolandino Passageri e gli atti dei registri giudiziari, almeno a
Bologna, vi è una quasi totale coincidenza testuale e procedurale, ma
ancora di più questa pervasiva presenza di formule scritte si rivela
negli atti accessori, come le procure, le cure, le fideiussioni, le stesse
intentiones che seguono modelli comuni e iterabili 50 .
Contrariamente a un radicato luogo comune che vede nella struttura
formulare degli atti un segno palese della non rilevanza del processo,
è bene ribadire che proprio la natura iterabile delle scritture e degli
atti ha reso possibile l’espansione del sistema giudiziario comunale,
o meglio ha fatto del processo il perno della giustizia pubblica. Una
giustizia che aveva come compito primario quello di costruire un
filtro fra i conflitti dei cives e la regolamentazione dei
comportamenti imposta dal comune. Bisognava spezzare l’unitarietà
del singolo conflitto in segmenti procedurali di diversa durata e
intensità fino ad abbassare drasticamente la carica di violenza
iniziale. Da qui la necessità delle «fasi»: presentazione al giudice,
garanzie di proseguimento, riformulazione della disputa nell’accusa,
accettazione delle regole del confronto e preparazione delle prove.
Da qui anche l’aumento degli atti collaterali di garanzia e di
certificazione delle persone – procure, fideiussioni, testi – che
obbligando le parti a trovare sostenitori attivi raggiungevano il
duplice scopo di rendere pubblico il grado di inserimento dei singoli
(trovare fideiussori è un segno inziale di integrazione) e di
condividere il peso dello scontro con un numero alto di persone. Le
tensioni delle città, che erano fortissime e non affrontabili su un
piano puramente repressivo, venivano così frammentate attraverso
«micro implosioni» regolate dai diversi passaggi procedurali. Per
questo il processo è un grande fatto sociale, una creazione
consustanziale alla stessa dimensione politica della città,
inseparabile dai meccanismi di sopravvivenza e riproduzione del
tessuto connettivo della società urbana. Ogni visione riduzionista (ad
esempio quelle binarie: procedure deboli/procedure forti)
risulterebbe antistorica.
25 6. Ma come valutare l’impatto fra le procedure e la società urbana?
Sono possibili due prospettive di ricerca, parziali e da integrare con
studi più approfonditi. La prima prende in esame le diverse tipologie
di uso del processo da parte dei litiganti: intendendo per «uso» la
capacità dei litiganti di portare avanti e di concludere un confronto
che, per quanto regolato, era anche costoso e difficile 51 . Dai
risultati delle ricerche su grandi città comunali si nota una struttura
dell’assetto generale dei processi a forma di imbuto: una grande
pressione iniziale di accuse che si assottiglia velocemente dopo i
primi fondamentali passaggi, garanzie, fideiussioni, contestazione di
lite. Il ricorso reale ai testimoni riguarda una quota relativamente
ridotta dei processi iniziati, nel corso dei quali le parti, e in specie
l’accusatore, sono riuscite a produrre le prove sufficienti per
proseguire il processo. L’escussione dei testi non porta
necessariamente alla soluzione e spesso sono necessari altri
passaggi, come le eccezioni presentate da un procuratore e la
richiesta di un consilium per dirimere dubbi sostanziali sulla
procedura, una risorsa complessa e di limitato accesso 52 . In
definitiva i processi arrivati a sentenza non corrispondono mai al
totale delle cause iniziate e risolte; anzi, il numero straordinario di
assoluzioni, spesso oscillante fra l’80 e il 90 % dei casi, allude a una
rinuncia di fatto a trovare e imporre una vera soluzione processuale.
Le condanne quasi ovunque rappresentano una quota
selezionatissima e limitata dei processi di partenza. Uno stato delle
cose non solamente medievale, ma tipico di diversi contesti di ancien
régime, una volta sottratti alle aspettative messianiche di un sistema
punitivo puro, separato dal vecchio armamentario della
negoziazione 53 . Questo vuol dire che il massimo di pressione
conflittuale sul processo viene esercitata nella fase iniziale: il da-to
importante per le popolazioni urbane è la possibilità di presentare
l’accusa, di accedere al sistema giudiziario trascinandovi dentro la
controparte. Il valore strategico del processo risiede soprattutto
nella sua capacità di permettere una ri-formulazione regolata e
protetta di un conflitto, spesso di media-lunga durata 54 .
26 La seconda prospettiva prende in esame i modi di integrare, eludere
o deformare il processo attraverso una serie di atti collaterali che
interferiscono con il succedersi delle fasi procedurali. Qui la ricerca è
più difficile, perché il più delle volte questi atti paralleli sono
nascosti o non registrati. Eppure costituiscono una trama
importante del processo pubblico, accusatorio e inquisitorio. Non mi
riferisco solo alla possibilità che il confronto violento potesse
continuare al di fuori del processo, sotto forma di minacce o di
pressioni indebite, ma piuttosto ad altri modi più nascosti di accordi
condizionali che prevedono azioni diverse secondo la piega presa
dalla causa in giudizio. Una volta iniziato il processo, cambiavano le
forme del confronto fra individui e famiglie. Proprio il relativo
automatismo del procedimento (e non il suo presunto
condizionamento da parte dei litiganti) spingeva le parti ad adattarsi
alle fasi imposte dall’ordo e, in caso, a elaborare queste strategie di
uscita alternative. Alcuni frammenti di atti processuali bolognesi di
fine Duecento lasciano intravedere una trattativa preliminare tra le
famiglie sulla possibile concessione della pace, in caso di processo
inquisitorio per reati di sangue 55 . Prassi ampiamente attestata
nella Perugia della seconda metà del Duecento, dove le paci
raggiunte tra le parti mostrano un’intensa storia di contratti e di
contatti tra le parti prima e durante lo svolgimento dei processi 56 .
Questo fitto scambio di rapporti e di ipotesi intorno al processo
rappresenta a mio avviso un elemento di grande interesse dei sistemi
giudiziari comunali: non perché alluda a una forma «privata» e
dunque primitiva di giustizia negoziata prestatuale (per altro il
mercato era possibile con qualsiasi tipo di procedura, visto che si
concentrava, il più delle volte, sulla pace per uscire dal bando o per
evitare le pene fisiche) ma perché è il segno dell’adattamento delle
pratiche relazionali dei cives agli schemi procedurali della giustizia
pubblica.
27 7. Parallelamente allo sviluppo del processo, avviene tra fine secolo
xii e inizio xiii anche una revisione profonda dei sistemi di inchiesta

pubblica d’ufficio. Lo ha ricordato Giorgia Alessi in un libro dedicato


al processo penale nel contesto europeo 57 . Nelle città italiane la
diffusione dell’inchiesta ex officio come forma ordinaria di giustizia
pubblica segue di qualche anno queste sperimentazioni preco ci: una
presenza sensibile sul piano documentario e legislativo la si avverte
a partire dagli anni trenta-quaranta del Duecento. Stiamo parlando
naturalmente del processo ex officio e dato che su questa procedura si
sono stratificati anni, se non secoli, di complesse ricostruzioni
generali, fino a creare un’unica chimerica inquisitio ex officio 58 , vale
la pena soffermarsi brevemente sulle differenze ideologiche e
procedurali dei numerosi tipi di inchieste ex officio che anima-no le
giustizie duecentesche cittadine e non.
28 La procedura ex officio dei tribunali cittadini duecenteschi si afferma
nella prassi come imitazione e rielaborazione di procedimenti
ecclesiastici e di forme tradizionali di inchieste pubbliche di età
consolare. Non fu un fenomeno improvviso, dunque, ma è vero che la
definizione delle regole procedurali ha avuto fasi di più densa
elaborazione. Ad esempio nei primissimi anni del secolo xiii, quando
ci troviamo davanti a quel blocco straordinario di «dottrina della
prassi» rappresentato dalle decretali di Innocenzo III. Nate come
provvedimenti specifici su singoli casi giudiziari, che vedevano
coinvolti ecclesiastici di ogni grado gerarchico, le decretali
presentano già gli elementi costitutivi delle procedure ex officio usate
nell’Europa tardomedievale: la necessità di un clamor iniziale, la fama
come agente «denunciante», la distinzione tra un momento di
verifica generale del fatto e uno particolare del colpevole, la ricerca
della veritas come scopo finale del processo, la discrezione e la
segretezza degli atti, la verifica dei capi di accusa indipendente dalla
volontà dell’accusato (vale a dire la ricerca di testimoni affidabili
non manipolati dalle parti). I punti di contatto, come si vede, sono
molti, anche perché il canone del concilio Lateranense IV Qualiter et
quando (X, 5, 1, 24), che univa due decretali molto importanti (come
la Licet Heli, X, 5, 3, 31e la Qualiter et quando, X, 5, 1, 17), divenne un
testo di riferimento per la cultura giuridica sul processo del
Duecento anche prima del suo inserimento nel Liber Extra di Gregorio
IX 59 . I grandi canonisti attivi a Bologna nel primo ventennio del
secolo, Vincenzo Ispano, Giovanni Teutonico, Damaso, Tancredi
compilarono i loro commenti al concilio tra il 1215 e il 1220,
affrontando prima le decretali già inserite nella Compilatio III, e poi i
canoni conciliari del 1215 60 . A questa data erano pronti i primi
trattati di procedura che inserivano l’inquisitio come quarto modo di
conoscere un crimen insieme all’accusa, alla denuncia e al notorio. Ne
è un esempio la Summula de criminibus del canonista Tancredi, che
contiene già la sostanza del procedimento e uno stock di riferimenti
tecnici che fecero scuola 61 . In particolare il capitolo sull’inquisitio è
una riproposizione delle decretali Cum oporteat, Qualiter et quando e
Licet Heli, confermando l’innegabile valore dottrinale delle decretali
innocenziane: le stesse che fondano un’importante quaestio svolta da
Tancredi in coda alla Summula, sul ruolo di accusatore svolto dalla
fama, il perno centrale del processo ecclesiastico 62 . Anche i
commentatori successivi si soffermarono sui punti nodali del
procedimento, che erano, non a caso, la necessità del clamor contro
una persona per avviare un’inchiesta, la segretezza degli atti
(sempre come garanzia per l’imputato), il ruolo centrale della veritas
nella definizione delle regole di condotta 63 .
29 Ma vanno anche sottolineate le specificità del modello
innocenziano, che rendono l’inquisitio ecclesiastica una procedura
per molti versi inimitabile. La principale riguarda la fortissima
motivazione ideologica dell’inchiesta canonica, intesa da Innocenzo
III come strumento ordinario di difesa dell’istituzione dalle devianze
dei suoi stessi ministri. La veritas era urgente perché quello che
contava non era il fatto ricostruito dalle parti, ma il fatto come
percepito nella parrocchia e il danno che la fama negativa di quei
comportamenti, o della persona, arrecava alla Chiesa. Tutto è
commisurato a questo dato politico della fama intesa come
meccanismo di valutazione collettiva che finisce per interessare la
Chiesa nel suo complesso. In questo senso la segretezza aveva anche
una funzione di garanzia verso le accuse incontrollate presentate dai
sottoposti o dai parrocchiani contro le gerarchie ecclesiastiche
locali, che andavano sottratte al giudizio critico della collettività 64 .
Sia Innocenzo, sia Onorio III e Gregorio IX, detestavano le giurie
popolari e le intromissioni dirette dei fedeli nelle vicende della
Chiesa, anche sotto forma di consulenza tecnica di giuristi laici 65 .
Le decretali disegnano uno spazio giudiziale di puro dominio
ecclesiastico.
30 In secondo luogo il ruolo della pena. A dispetto della massima tante
volte ripetuta, anche da Innocenzo III, che i crimini non devono restare
impuniti, non è la punizione del colpevole il fine ultimo della
procedura ecclesiastica d’ufficio 66 , ma il ristabilimento
dell’armonia della parrocchia, la ritrovata credibilità del ministro
nella sua circoscrizione. Molte sentenze stupiscono per la flessibilità
dell’aspetto punitivo, che veniva chiaramente modulato secondo la
ricomposizione o meno del quadro locale. L’inquisitio era dunque un
procedimento penale interno all’ordinamento della Chiesa, con
garanzie e punizioni bilanciate secondo un’idea di istituzione
assolutamente peculiare e non esportabile. Anche grandi canonisti
come l’Ostiense, che ne accentuarono gli aspetti coercitivi – ad
esempio giustificando l’uso della tortura sia per l’imputato sia per il
reo, in base al noto principio che i crimini non devono restare
impuniti 67 – non ne modificarono radicalmente la natura di
procedimento interno all’istituzione ecclesiastica 68 .
31 8. È vero d’altra parte che in quei decenni i canonisti, e in generale i
giuristi, dovettero fare i conti con altri modelli processuali di
inchiesta sempre più definiti negli aspetti penali-punitivi: ad
esempio le numerose norme anti-ereticali emanate da Federico II,
che riprendevano, in alcune versioni (quella del 1220), i canoni
conciliari del Lateranense IV (c. Excomunicamus) riguardo alla
punizione degli eretici, aumentando nel tempo la carica punitiva.
Norme che in un gioco di incastri continuo furono integrate nelle
provvisioni pontificie di metà Duecento, dalle bolle di Innocenzo IV,
in particolare la Ad extirpanda del maggio 1252, che ammetteva la
tortura, a quelle di Alessandro IV, Cum adversus hereticam del 1257,
che riprendeva le leggi di Federico II del 1239 69 . Si apriva così una
serie di percorsi paralleli che immettevano il modello inquisitoriale
antiereticale in un circuito giudiziario comunale, con un esplicito
intento di coinvolgimento dei poteri cittadini nella punizione degli
eretici «riconosciuti come tali» o quelli inventi notabiles sola
suspicione. La formula è ambigua, non chiarendo bene fino a che
punto questa verifica giudiziale dell’eretico fosse di competenza solo
dei delegati papali o anche dei poteri laici, come nel caso dei
giustizieri imperiali o dei corpi di zelatores e boni catholici incaricati
della sorveglianza e della delazione 70 . Innocenzo IV cercò di
rispondere nella bolla Ad extirpanda, riducendo i poteri di intervento
e di controllo dei magistrati comunali sull’operato degli inquisitori,
ma le resistenze cittadine a questi tribunali sovralocali rimasero
forti per buona parte del Duecento 71 .
32 Sul piano specificatamente procedurale, tuttavia, questo insieme di
atti declamatori sotto forma di diplomi o di bolle offrono pochissimi
elementi utili a capire il funzionamento reale di un processo. È
probabile che la finalità prevalentemente repressiva di questi
provvedimenti abbia schiacciato la fase probatoria sulla verifica
severa di una «pre-conoscenza» di colpevolezza delle persone
chiamate in giudizio. In altre parole, spesso, si sapeva già che le
persone citate erano o dovevano diventare colpevoli, e dunque si
cercavano conferme più che vere probationes. Per questo le prassi
inquisitoriali in materia fidei tendono a privilegiare in primo luogo la
formulazione dei capi d’accusa (fondamentale nei grandi processi
politici del xiv secolo) e quindi le domande riguardanti i nomi dei
sostenitori o dei compagni di «setta», valutando in base alle risposte
la collaborazione (e il pentimento) o meno dell’imputato. Su questo
però sospendiamo il giudizio, avvertendo tuttavia che è difficile,
anche in questo caso, pensare a un’unica omogenea procedura
antiereticale, come non è ormai più possibile ipotizzare un Tribunale
dell’inquisizione slegato dai contesti locali 72 . Visto nel suo
ambiente, ogni processo assume una configurazione diversa, sia per
la flessibilità dello strumento inquisitorio, che assegnava alla fama e
alla sua valutazione arbitraria da parte del giudice un potere
amplissimo, sia per le peculiari relazioni dei giudici legati con la
società politica locale che non consentiva sempre il medesimo iter
procedurale o un esito predeterminato 73 .
33 Non assimilabili in tutto a un idealtypus inquisitorio sono anche le
inquisitiones pubbliche in uso nel Regno e formalizzate da Federico II
nel Liber Augustalis. Si trattava in quel caso di una procedura
complessa – possibile solo in un sistema di stretta sottomissione
gerarchica dei giudici al potere politico – che recepiva impulsi
diversi, del potere naturalmente, ma anche delle comunità locali che
di fatto controllavano e determinavano la fama delle persone 74 : ed
essendo il sistema dei giustizieri largamente dipendente dai
meccanismi di riconoscimento legati alla fama, alle comunità era
affidato un forte potere di autocontrollo e di collaborazione con i
giudici regi. Una forma di coinvolgimento assai diffusa in Europa e
come vedremo, non estranea alle dinamiche effettive delle
inquisizioni d’ufficio in uso nelle città comunali. Senza contare che il
modello ideale federiciano venne di fatto smantellato sotto la
dominazione angioina, quando la giustizia alta fu riconosciuta
prerogativa delle baronie feudali a discapito proprio dei giustizieri
75 .

34 In definitiva le prassi erano numerose, diverse per impostazione e


finalità, e ancora strettamente dipendenti dai contesti territoriali di
applicazione. L’inquisizione, come sistema unico, non esiste.
35 9. I dottori laici non opposero subito una cosciente riflessione sui
modelli processuali ex officio validi in ambito urbano. Le opere
processuali della prima metà del Duecento continuavano a seguire
l’impostazione classica dell’ordo iudiciorum: ad esempio, quello,
citatissimo, di Guido da Suzzara non contempla l’inquisitio 76 .
Eppure processi di tipo inquisitorio erano diffusi e praticati nelle
corti podestarili già dagli anni Venti-Trenta e divennero prassi
corrente dalla metà del secolo xiii, segno che ormai i comuni cittadini
avevano acquisito il potere di iniziare l’azione processuale anche in
assenza di un accusatore formale. Non stupisce, quindi, che il primo
a inserire la procedura ex officio negli schemi ordinari del processo
comunale, e cioè il giudice-giurista Alberto da Gandino, abbia
inquadrato nel Tractatus de maleficiis 77 la procedura inquisitoria
dentro una cornice empirica di riferimenti giuridici e politici diversi:
il diritto lombardo, le decretali, la prassi corrente, i consigli di
Federico II, pareri di illustri maestri. E neanche sorprende che al
momento di definire una successione di atti secondo criteri tecnici
coerenti si sia appoggiato ai testi innocenziani contenuti nel Liber
Extra, che costituiscono, come vedremo, la trama linguistica e
ideologica dei capitoli procedurali.
36 Il De maleficis di Gandino tuttavia va inquadrato brevemente, pena
una sua lettura troppo moderna 78 . Gandino era un giudice
professionale di altissimi gusti culturali: l’apparato di citazioni del
suo trattato lo dimostra. Ma in questa pretesa di essere al tempo
stesso giudice e giurista (anche se di seconda mano) risiede buona
parte delle ambigue contraddizioni del suo libello. Da un lato, è
evidente che Gandino cerca di elaborare i criteri di base del giudizio,
in grado di aiutare i giudici a prendere una decisione in forma di
sentenza. A sostegno di questo sforzo pone un’ideologia della pena in
cui il giudice diventa l’esecutore e il difensore degli interessi della
respublica: ogni reato commesso comporta un danno alla respublica
che esige sempre e comunque la sua riparazione. D’altro canto, il suo
libello si nutre in gran parte di questiones de facto risolte in modi
diversi e in momenti diversi dai maggiori giuristi del Duecento,
spesso in contraddizione con gli altri colleghi e con sé stessi. Le
questiones costituiscono dunque un materiale pericoloso, fondato sul
dubbio e su uno schema dialettico strutturalmente inadatto a
fondare un sistema. Gandino opera una serie di scelte consapevoli,
selezionando i pareri che rafforzano il suo senso dello «stato», ma
questa selezione si scontra con la natura frammentaria ed episodica
di un corpus di pareri fondato su casus. Spieghiamoci meglio.
37 I doctores, che Gandino riprende con un deferente complesso di
inferiorità culturale, avevano impostato da tempo la trasmissione di
un sapere pratico della giustizia in termini di «questioni» da
considerare singolarmente: e avevano anche preteso – questo sì in
maniera sistematica – di poter intervenire in tutti i casi
considerando la singola questio come problema a sé stante, da
risolvere con il ricorso a una sapientia giuridica che poteva
prescindere tanto dagli statuti quanto dai severi programmi di law
enforcement dei governanti comunali 79 . Lo stesso potere di
interpretare lo statuto, trattando come lacuna qualsiasi caso diverso
da quello configurato nel testo, aveva creato un ampio campo di
tensione fra giudici e giuristi riguardo al significato delle norme
comunali e le forme di applicazione 80 . La nuova impostazione
culturale del problema della giustizia era resa ancora più complessa
dalla facilità di trasmigrazione dei casi e delle soluzioni tra
quaestiones di scuola e consilia che gli stessi giuristiprofessori erano
chiamati a dare in numero crescente nei tribunali cittadini. La
congiunzione tra scuola e prassi divenne immediata e creò un corto
circuito fra doctor e consultor di non facile soluzione: le quaestiones
nascevano spesso da casus reali dibattuti come consulenti e riadattati
all’insegnamento, ma al tempo stesso la natura scolastica
dell’esercizio dialettico doveva influenzare il contenuto dei pareri
dati in sede consulente. Un’attitudine a imporre una soluzione
«scientifica» ai singoli casi, o almeno a valutare il problema alla luce
di una sapienza tecnica romanistica, è ad esempio ampiamente
riscontrabile nei consilia dei dottori bolognesi del tardo Duecento,
tanto nei processi ordinari, quanto nelle cause politiche 81 . E la
forza politica del consilium era tale da sovrapporsi spesso alle
magistrature forestiere sia come controllo, sia come una sorta di
giurisdizione parallela 82 .
38 Tutto questo era ben presente a Gandino, grande lettore di raccolte
di quaestiones e per due volte giudice a Bologna nel 1289 e nel 1294:
esperienze che lo misero in contatto diretto con alcuni dei maggiori
maestri del tempo. Non fu un contatto facile. Il De maleficiis è
disseminato di microconflitti teorici che rimandano a scontri
procedurali realmente avvenuti con i maestri bolognesi, che, con i
loro consilia, devono aver frenato o censurato l’azione del giudice
Gandino. Insomma il De maleficis è opera complessa, che tradisce uno
stato di tensione acuta fra il diritto del giudice e il diritto dei dottori
e una faticosa costruzione di una scienza empirica del processo che
cambia fonti e metodi secondo i temi trattati e i diversi modelli
procedurali esaminati.
39 Di questo complesso quadro di riferimenti prenderemo in esame tre
elementi fondamentali per capire la grammatica giudiziaria
gandiniana e li metteremo a confronto con le giustizie applicate nei
comuni italiani: 1) le fonti della procedura ex officio, che si presenta,
fin dai primi capitoli dedicati all’accusa, come il «vero» sistema
processuale di uno stato ben regolato in cui le colpe sono scoperte e
punite sempre, con il consenso di tutti, della vittima, dei governanti,
degli avvocati e possibilmente dello stesso reo; 2) il ruolo
dell’arbitrium iudicis, indirizzato naturalmente verso un’ideologia
della pena che Gandino, con un continuo e tacito auto-inganno, dà
per scontato essere sempre condivisa e assoluta (e d’altra parte non
combatte il giudice a fianco e per la respublica?); 3) la funzione della
fama, che nelle sue molteplici accezioni è divenuta tanto il motore
primo del processo, quanto lo strumento di base di un sistema
probatorio largamente fondato sugli indizi indiretti. In sostanza,
proprio la sua duplice esperienza di giudice e teorico, e le numerose
tracce di conflitti aperti con i giuristi locali nei suoi vari mandati, ci
consentono di osservare le linee di tensione lungo le quali si è
sviluppata la giustizia pubblica ex officio.
40 10. Il capitolo sull’inquisitio del Tractatus de maleficiis ci interessa per
più motivi. Gandino interpreta inizialmente l’inquisitio come
procedimento extra-ordinem, ma di fatto usato correntemente nelle
curie podestarili delle città italiane. Sul piano pratico non ci sono
problemi, ma sul piano teorico l’assenza della procedura ex officio nei
testi romanistici rende difficile introdurre il tema. È difficile in
particolare eludere il principio di base dell’ordo romanistico: senza
accusatore non si può iniziare un processo (quod sine accusatore
criminis cognitio et pene impositio non procedunt). È la regola che lo
angustia maggiormente, più volte richiamata (già nei capitoli relativi
all’accusa) e sempre esorcizzata sia con una ipervalutazione delle
non numerose eccezioni previste dal diritto romano (i «casi speciali»
nei quali si può iniziare un processo senza accusa), sia con un uso
ideologico del vecchio adagio che «i crimini non devono restare
impuniti», divenuto ora il fondamento della nuova giustizia: un
principio complementare al diritto lombardo e al diritto canonico
che consentono di inquirere su qualsiasi cosa 83 . Il richiamo ai diritti
concorrenti, del resto, non è formale.
41 Il ricorso al diritto canonico, in particolare, diventa decisivo quando
si descrivono i meccanismi interni del procedimento inquisitorio,
ripresi letteralmente dal Liber Extra 84 , e gli snodi ideologici che
animano la trama del processo: l’infamia come motore primo del
procedimento, la ricerca della veritas come fine superiore della
giustizia, la localizzazione della veritas nella persona, e dunque la
necessità della sua presenza (e non quella del suo avvocato), e infine
la pre-determinazione del processo verso la punizione del colpevole,
il famoso ne crimina remaneant impunita. È quest’ultima regola che
giustifica una graduale sovrapposizione nel linguaggio gandiniano
tra veritas e culpa, e tra inquirere e punire, come se ogni verità da
scoprire sia in realtà una colpa da punire. Ed è sempre il principio
punitivo che legittima, secondo Gandino, tanto il procedimento
ordinario quanto quello straordinario, che incontrava ancora alcune
difficoltà a legittimarsi sul piano giuridico. In un passo di rara
densità ideologica, Gandino, smentendo le sue titubanze iniziali,
riassorbe le differenze procedurali dentro la nuova funzione politica
della giustizia: Qui accusat tendit ut maleficium puniatur, et iudex, qui
inquirit, similiter, et ius commune est, ne maleficia remaneant impunita
85 . Ecco ricomposta l’unità del sistema: lo ius commune ordina che i

maleficia non restino impuniti, indipendentemente dalla procedura


adottata. Un salto teorico indubbiamente originale, che pochi
giuristi riuscirono a fare con la medesima disinvoltura di Gandino.
42 Sul piano tecnico, la ripresa letterale dei testi innocenziani ha
conferito alle pagine di Gandino un tratto artificialmente coerente,
anche se alcuni elementi di tensione emergono già in sede teorica.
Ad esempio la pluralità delle procedure ex officio possibili. Gandino,
imitando i testi ecclesiastici, ne presenta almeno tre:
un’inquisitio generale per raccogliere voci su possibili comportamenti delittuosi,
dunque senza imputati e senza solennità;
un’inquisitio speciale contro una persona specifica infamata de ipso crimine: e allora
scattano le procedure previste dalla Qualiter et quando, che, essendo una procedura di
garanzia, almeno nella prima parte, permette un confronto processuale ancora
provvisto del contraddittorio e di controprove (citazione, consegna dei capitoli di
accusa e dei nomi dei testi);
e infine un’inquisitio cum promovente dove il promotor, che promuove l’inchiesta, deve
provare l’infamia dell’imputato con testimoni appositamente chiamati a deporre solo
sull’esistenza dell’infamia o meno. Testi che possono essere contraddetti dall’imputato
come malevoli e smentiti da altri testimoni. Insomma un modello di confronto non
semplice, che Gandino cerca di rendere più efficiente diminuendo le garanzie
presentate dai testi per essere credibili, e aumentando il potere discrezionale del
giudice che può interrogare i testi senza contraddittorio e decidere di non consegnare
la copia degli atti al reo di chiara malafama 86 . Forzature non casuali, che Gandino
adotta per abbassare la soglia di tollerabilità di comportamenti criminosi nelle corti
laiche rispetto ai modelli ecclesiastici, nella speranza di rendere coerente al mondo
cittadino procedure nate in altri contesti. Nonostante la somiglianza superficiale dei
formulari, le differenze restano sostanziali.

43 Nella ripresa dei modelli ecclesiastici il Tractatus riflette comunque


un dato reale: anche nel mondo comunale abbiamo una reale
molteplicità di procedure adottate nei tribunali pubblici, un fascio di
possibili sistemi di inchiesta che si nutrono di fonti e di spunti molto
diversi, tenuti insieme dai giudici del podestà in maniera empirica.
Le inquisitiones generales, promosse mensilmente dal podestà,
sembrano conservare una vaga somiglianza con il modello
ecclesiastico, ma procedono con ben diversa velocità: si tratta infatti
di lunghe sedute in cui i ministrali delle cappelle, gli ufficiali
responsabili delle unità di base delle circoscrizioni urbane, devono
denunciare i reati commessi nelle loro parrocchie 87 . Il tasso di
scoperta di nuovi reati in seguito a questo tipo di indagini è assai
variabile: a Bologna è quasi nullo, mentre a Firenze sembra esserci
stato un controllo territoriale più efficace 88 . A queste si possono
aggiungere le inchieste iniziate su denuncia notificata dagli ufficiali
del contado o della familia podestarile cittadina. Si tratta spesso di
processi appena abbozzati, dove la notitia criminis arriva tardi, spesso
senza indicazione del colpevole. Poi abbiamo un ampio settore di
inquisitiones ex officio iniziate su notizie di reato (clamor o rumor)
pervenute genericamente ad aures potestatis, secondo una formula
imitativa dei procedimenti ecclesiastici. È un settore composito, che
non esclude la compresenza di notifiche anonime, cripto-denunce
della parte lesa o denunce dei corpi di polizia podestarili. In altri
casi, numerosi, esiste un denunciante palese, simile al promovente del
diritto canonico, che presenta al podestà una richiesta esplicita di
inquirere contro una data persona per un reato specifico. Lo stesso
Gandino, quando era giudice a Bologna nel 1289, ha seguito spesso
questo metodo, trasformando però il denunciante in un
«collaborante» fattivo del giudice. Nei suoi processi ha imposto un
formulario in cui la parte lesa non solo chiede al giudice di aprire il
processo ex officio, ma si impegna a non perseguire lo stesso reato
con un’accusa, riconoscendo al giudice il potere di perseguire i reati:
Dixit quod vult et placet sibi quod dominus potestas et dictus iudex ex eorum offitio
inquirant de ipso homicidio contra omnes culpabiles sine alia accusatione per eam
facienda quam facere non vult sed contentatur quod potestas et iudex inquirant de
predictis et de aliis 89 .
44 Che il formulario sia in buona parte una creazione di Gandino stesso
non ci sono dubbi, a dimostrazione di quanto il giudice lombardo si
sforzasse di «creare» una nuova giustizia. Ma questo non cambia la
natura delle cose. Una volta avviato, il processo seguiva due fasi:
nella prima il giudice citava ed ascoltava i testimoni del luogo
presumibilmente informati dei fatti, per confermare l’esistenza del
reato e l’indicazione del nome del colpevole (non ci sono due fasi
distinte, come spesso si scrive); nella seconda si interroga il reo,
ammesso che sia reperibile e si ascoltano le difese. La vera novità
rispetto all’accusa è la prima: selezionare e interrogare i testimoni
apparentemente neutri, non indicati dalle parti, assicura al giudice
una preconoscenza dei fatti che lo pone su un piano di superiorità
rispetto all’imputato. Anche da un punto di vista concettuale il ruolo
del giudice si trasforma, eludendo quel divieto di supplenza nella
ricostruzione dei fatti che era il cardine basilare del processo
accusatorio: ora il giudice può e deve de facto supplere cercando di
capire cosa è stato fatto e chi lo ha fatto.
45 11. L’influenza delle decretali è determinante anche per il
funzionamento dei meccanismi di prova, in particolare per quanto
riguarda il ruolo centrale della fama della maior pars vicinie che di-
venta la chiave di volta del processo ex officio. Su un piano generale
Gandino ha seguito una teoria delle prove legali: vengono prima le
prove certe come la confessione e il notorio, quindi le presunzioni
violente (un uomo che esce dalla stanza con la spada insanguinata e
dentro si trova un cadavere), e infine gli indizi indiretti e incerti, ad
esempio la vox della vicinia. È su questi ultimi che Gandino insiste
con particolare attenzione, perché sa bene, in base alla sua
esperienza nelle corti podestarili, che nella maggioranza dei casi il
giudice non avrà il conforto della testimonianza diretta oculare, ma
solo i segni incerti degli indizi e del sentito-dire. Come sbrogliarsi in
queste occasioni, sapendo che per omnes doctores i semplici indizi non
sono sufficienti per emanare una sentenza di condanna 90 ? Si
potrebbe pensare a un ricorso generalizzato alla tortura, ma sarebbe
una risposta in parte inesatta 91 : nel Tractatus gandiniano e nella
prassi dei tribunali comunali, la tortura non gioca ancora un ruolo
pienamente probatorio, ma viene di fatto considerata una forma di
pena da irrogare solo in presenza di requisiti particolari, tanto che
gli indizi per condannare o per torturare sono molto simili. Dunque
bisogna trovare un sistema di riferimenti con valore probatorio
prima di decidere se dare la tortura o condannare. È il punto debole
del sistema, direi di ogni sistema a base inquisitoria, perché, come è
noto, degli indizi non si dà dottrina certa e la materia resta sospesa.
Per colmare questa lacuna tecnica Gandino decide di aumentare in
maniera più o meno surrettizia il potere discrezionale del giudice
nella valutazione di tutti gli elementi relativi alla persona, al reato e
alla sua modalità. Vediamo la catena di assimilazioni logiche e
linguistiche che sostiene l’impianto ereditato da una confusa
letteratura penalistica e rielaborato da Gandino 92 .
46 1) Per dare la tortura è necessario avere indizi sufficientia et
verisimilia, altrimenti il giudice si mette fuori legge, la confessione
così ottenuta non vale e la condanna sarebbe comunque nulla 93 .
47 2) Degli indizi non si può dare dottrina certa e dunque bisogna
affidarsi all’arbitrio iudicantis, anzi ogni lacuna del diritto dovrebbe
essere risolta dal giudice:
...nec de eis poterit dari certa doctrina, sed hoc committitur arbitrio iudicantis (...) et
generaliter omne quod non determinatur a iure relinquitur arbitrio iudicantis 94 .
48 In altre parole il giudice deve avere il potere di valutare la questione
in sua «coscienza», termine cardine del discorso giudiziario che però
Gandino intende in maniera diversa dal tradizionale dibattito
intorno alla sentenza secondo «coscienza» o secondo allegata et
probata. In quel frangente la coscienza del giudice indicava una
conoscenza dei fatti delittuosi precedente o esterna al processo, e il
dilemma verteva sul dovere del giudice di attenersi alle prove
processuali e non alla verità extra-processuale presente nella sua
coscienza: da Azzone in poi era prevalsa un’ipotesi restrittiva dei
poteri discrezionali del giudice, che non potevano prescindere dai
probata nel corso del confronto 95 . In questi capitoli, invece, la
coscienza del giudice è una sapienza tecnica inerente alla sua
funzione: vale a dire la capacità di selezionare gli indizi veramente
indicativi, di dare immediatamente una valutazione empirica della
persona, dal suo aspetto e dai segni esterni, di soppesare la
resistenza fisica del soggetto e altro ancora. Dunque il iudex curiosus
deve indagare e inquirere con quali uomini e in quali luoghi
l’incolpato si accompagna, quale vita ha condotto e quale estimatio e
fama aveva 96 ; dopo vengono gli indizi relativi al delitto: se era
nemico della vittima, se fuggì dal luogo dove si era commesso il
crimine, se fu catturato in quella occasione.
49 Un arbitrio assai ampio, che Gandino, riprendendo il De fama di
Tommaso da Piperata 97 , definisce appunto «coscienza», in una
sovrapposizione ambigua di significati tra l’arbitrium concesso dagli
statuti e la coscienza del giudice: alla domanda se il podestà poteva
torturare in presenza di un solo indizio (contro il diritto, che ne
richiedeva due), Tommaso aveva risposto di sì, perchè dare l’arbitrio
concesso al podestà nihil aliud est dicere nisi cum bona conscientia
procedat secundum quod eius coscientia dictaverit 98 . In realtà le due
cose sono molto diverse 99 : una cosa è l’arbitrium inquirendi, altra è
il potere del giudice di colmare le lacune delle prove con la propria
coscienza-convinzione che l’indizio indicasse con sufficiente
certezza la colpevolezza del reo. Insomma una scappatoia linguistica,
che pur salvando il principio di base che senza indizi non è possibile
torturare, abbassava il livello probatorio sufficiente per la tortura e
la condanna a un solo indizio indiretto rafforzato dalla coscienza del
giudice.
50 3) Tra i vari indizi che deve prendere in considerazione, la fama
gioca un ruolo centrale, con un forte valore probatorio. Il salto in
questo caso è duplice: far diventare gli indizi semiprove e la fama un
indizio forte. Ci riesce con l’aiuto del diritto canonico. In una questio
importante nella rubrica sulla tortura, si chiede se la sola fa-ma nata
contro una persona sia sufficiente a dare la tortura: trova la
soluzione negli iura canonica secondo i quali talis fame probatio
semiplenam probationem adducit et (...) ex sola fame probatione pote-rit ad
tormenta procedere 100 . Risposta debole per un problema che non ha
soluzioni certe: e infatti chiude la questio ricordando che ha visto
sepissime observari pro et contra per iudices et assessores secundum
opiniones varias diversorum.
51 12. Dunque tutto dipende dalle scelte del giudice. Qui però troviamo
un secondo campo di tensione del modello processuale immaginato
da Gandino. Ci si avvede subito che nel Tractatus ci sono due
significati della fama: da un lato la reputazione della persona
incolpata prima del delitto (altrimenti chiamata opinio, status,
dignitas) e dall’altro la fama del reato, le voci sul possibile autore del
fatto, il clamor tecnicamente all’origine dell’inchiesta 101 . I rapporti
ambigui fra queste due facce della fama condizionano pesantemente
i sistemi probatori del processo ex officio. Gandino elabora in tal
senso due percorsi di inchiesta basati su un criterio di empiria
sociale assai comune che hanno la fama come punto di snodo. La
stessa questio sopra esaminata viene riproposta con una variante
significativa: la fama della persona incolpata. Siamo sempre nel
campo degli indizi indiretti, una situazione, come vedremo, che si
ripropone di frequente ai giudici del podestà. Se due o tre testimoni
indicano come autore del fatto una persona di «buona fama» (la cui
fama non era illesa al momento del fatto) il giudice non deve
procedere alla tortura e alla condanna contro quella persona, perché
la buona fa-ma, in quanto carattere permanente della natura umana,
è un indice di innocenza più forte di un rumor occasionale, che resta
un «accidente» 102 . Il contrario avviene nel caso di una persona di
cattiva fa-ma: è sufficiente la semplice credenza pubblica che sia lui
il colpevole (anche se è una fama tardiva e indiretta) per procedere
alla tortura e alla condanna 103 . Insomma tra la fama del fatto
diffusa nel luogo dove è stato commesso il crimine e la fama
(estimatio) della persona provata da testi degni, vince quest’ultima.
La condizione personale prevale sui riscontri indiretti. In questo caso
le conseguenze logiche rilevanti per la procedura sono due: in primo
luogo la tortura si conferma una vera e propria pena da irrogare a
chi se la merita (e chi si è comportato male in passato lo ha
meritato); in se-condo luogo, fondandosi quasi esclusivamente su
passi canonistici, l’opinio della maior pars vicinie assume un ruolo
decisivo nell’orientare le decisioni del giudice, addirittura è
sufficiente ad questionem contra aliquem faciendam 104 .
52 L’elaborazione di Gandino condivide criteri di conoscibilità del vero
assai diffusi nel xiii secolo: ignorare questi significa fraintendere, e di
molto, la sostanza della veritas che dava forma all’inquisitio,
immaginando un’accezione assoluta e moderna di verità come
«realtà fattuale» in buona parte estranea ai giuristi due-trecenteschi.
È evidente invece che l’inferenza logica è di tipo pre-giudiziale e
investe sia la persona – secondo un’antica regula iuris presuntiva di
origine romana: semel malus semper malus, chi ha commesso un reato
una volta lo può commettere ancora perché la sua natura è
predisposta al male 105 –, sia l’opinione corrente nella vicinia, in
grado di orientare il giudice sulla buona o la cattiva fama
dell’imputato. Anche questo è un criterio di lettura della realtà di
ampia circolazione nel medioevo europeo, che avvicina l’inquisitio ex
officio comunale a tutti quei sistemi di inchiesta che si basano, in
maniera diretta o indiretta, sul giudizio collettivo della comunità
riguardo l’imputato o i testimoni: ad esempio nelle Siete Partidas di
Alfonso X la veridicità del racconto e la fides che il giudice gli presta
dipende dalle condizioni della persona 106 ; così come il «jury of
presentment» dei tribunali inglesi non ricostruisce dei fatti in senso
moderno, ma giudica delle persone in base al ruolo e alla valutazione
che ne esprime la comunità 107 . In fondo l’opinio della maior pars
vicinie che Gandino giudice nei suoi processi cerca sempre di
verificare (tenendola ben separata dalla fama del reato) riflette una
valutazione sociale del soggetto che funge da prova giuridicamente
riconosciuta: in assenza di altri indizi Gandino usa la buona fama dei
soggetti come criterio di assoluzione e la cattiva fama come indizio
violento valido almeno per la tortura.
53 In sostanza, il giudice deve avere un ampio arbitrio nella scelta dei
mezzi di prova in base a una propria ed esclusiva valutazione degli
indizi. Su questo punto bisogna essere chiari: Gandino rivendica per
il giudice il potere di trasformare le presunzioni in prove con buona
pace di quel nascente sistema delle prove legali, impostato su una
complessa gradazione di elementi probatori da sommare secondo
regole rigide. Sfuggiva a questa impostazione dogmatica il problema
centrale della valutazione della qualità degli indizi, elementi incerti
e dunque di fatto non definibili a priori 108 . Indizi che servivano a
ricostruire un quadro certo, sostituendo a una verità fattuale che
mancava, elementi credibili di verosimiglianza. In quella fase
tardoduecentesca, ma il sospetto è che continui molto dopo, i criteri
del verosimile si basavano principalmente sulla «persona» del reo:
aspetto fisico, vita passata, lavoro, segni di integrazione, capacità di
stare in giudizio. Gandino conosceva bene la logica sociale delle città
italiane e cercava di far diventare il giudice l’interprete di un
comune sentire del civis medio in grado di giudicare chi è di buona
fa-ma (vale a dire accettato dalla comunità e dunque degno di
garanzie processuali) e chi no. Il giudice diventa il difensore del
sistema e per questo il sistema si deve affidare a lui e fidare di lui.
54 13. Le cose non vanno propriamente così. L’arbitrio rivendicato da
Gandino come inerente alla funzione del giudice, anzi inerente
all’idea di giustizia come fondamento della respublica che il giudice
mette in pratica, non esiste in rebus. La configurazione dell’arbitrium
inquirendi o puniendi negli statuti è spesso contraddittoria e non
disegna mai un autonomo potere del giudice svincolato da limiti e
percorsi eccettuativi. Conferire il potere giudiziario ai magistrati
forestieri implica una rinuncia grave alla piena iurisdictio da parte
delle istituzioni cittadine. Da qui una serie di clausole statutarie che
regolamentano l’arbitrium inquirendi e in alcuni casi l’arbitrium
torquendi. Da qui anche una serie di limiti formali alla capacità di
inquirere e chiaramente di torturare stabiliti dai medesimi testi
statutari in base ai tempi, alla condizione delle persone e alla qualità
dei reati, senza considerare la presenza necessaria di indizi e
presunzioni per adire ai tormenti. A Novara (1277) l’arbitrio
inquirendi vale solo per reati commessi tra la festa di San Tommaso e
la fine dell’anno: gli altri malefici non possono essere puniti nisi in
figura iudici seu accusationes ordinarie, nisi fuerit publicus latro vel
bannitus de maleficio 109 . A Como il podestà ha ormai un liberum
arbitrium inquirendi su tutti i crimini, ma la stessa rubrica impone dei
limiti all’inquisitio per tormenta, impedendo di comminare la tortura
per i reati non punibili con pene corporali 110 . Simile lo
sbarramento previsto dallo statuto di Ferrara del 1287: si può
procedere ex officio ma non per tormenta se non nei casi di un famosus
latro, vel homo male oppinionis, vel falsator monete, proditor e per i
crimini gravi 111 . Insomma la fama negativa crea una categoria di
marginali giudiziari per i quali la soglia delle garanzie è
pericolosamente più bassa, regola diffusa in quasi tutte le normative
statutarie del tardo duecento, come a Pisa 112 , Bologna 113 , Brescia
114 , Siena 115 e Firenze 116 . A Ravenna non si può tenere in

prigione un civis se questo si impegna a garantire con fideiussione di


ripresentarsi 117 . A Verona si concede il libero arbitrio al podestà di
perseguire i reati con inquisizione ex officio, salvo specificare che
arbitrium è il volere dei giudici locali 118 .
55 Le normative di Popolo ponevano ulteriori sbarramenti all’uso
indiscriminato della tortura, richiedendo dei controlli preventivi da
parte del capitano alle azioni giudiziarie del podestà. A Bologna lo
statuto del 1287 obbliga il podestà a chiedere una licenza al capitano
prima di comminare i tormenti ai membri delle società di Popolo
(circa 12 000 iscritti) 119 . Un divieto simile si ha nella carta del
Popolo di Orvieto, che addirittura pretende la voluntas e la coscientia
dei signori Sette prima di torturare un civis orvietano, salvo
concedere il permesso in presenza di un testimone de visu e della
fama publica su quel reato 120 . A Firenze lo statuto del Capitano
sottraeva al giudizio pubblico i Priori, che non potevano essere
indagati se non in caso di omicidio e con il consenso degli altri Priori
121 . Si tratta di soluzioni complicate, ricche di eccezioni minute e

di tentativi non riusciti di trovare un equilibrio stabile fra l’arbitrium


concesso dal potere di procedere ex officio e la conscientia del giudice.
I numerosi percorsi paralleli inventati dagli statuti riflettono una
tensione non risolta né sul piano teorico, né su quello normativo.
56 Gandino si scontrò frequentemente con questi momenti di
resistenza e ridefinizione delle politiche giudiziarie. A Perugia nel
1287 era giudice del podestà quando il consiglio emanò due norme in
apparente contrasto e probabilmente risultato di spinte politiche
diverse: la prima allargava in maniera indiscriminata il potere di
sottoporre a tortura qualsiasi persona 122 ; la seconda, invece,
limitava il diritto di denuncia ai soli protagonisti diretti, alla vittima
o ai parenti, restringendo drasticamente lo spettro dei possibili
denunciatori pubblici. Tensioni che si riversarono proprio in quegli
anni sull’intero assetto giudiziario del comune con il potenziamento
del «giudice di giustizia» (che sostituiva il giudice sgravatore), con
poteri di cassazione per le condanne non rituali emanate dai
magistrati forestieri 123 . Anche a Bologna nel 1289 finì accusato
durante il sindacato per aver sottoposto a tortura il servo di un
doctor legum, Alberto di Odofredo, anche se uscì vittorioso dallo
scontro dialettico con il giurista 124 .
57 Ma le resistenze vere erano altre e si ponevano quasi sempre su un
crinale instabile fra dottrina e prassi, spesso definite sotto forma di
consilia. Il conflitto latente fra Gandino e i giuristi rileva una effettiva
differenza culturale e mentale relativa al modo di intendere il
processo. A Bologna in particolare non dovette avere vita facile: la
maggior parte dei consilia ricordati nel Tractatus sono lampi di
esperienze dirette dei mandati bolognesi. Si scontra con i giuristi su
numerosi argomenti. In particolare sui diritti alla difesa nei processi
criminali, da lui ridotta ai minimi termini, subisce una sfilza di
pareri contrari da parte di Lambertino Ramponi e soci, che frenano
la sua ansia anti-avvocatesca: non solo la difesa è sempre possibile
(di contro al suo refrain che in criminibus la vera difesa sarebbe
vietata perché in caso di condanna corporale il procuratore sarebbe
soggetto alla pena), ma anche in presenza di indizi pesanti,
sufficienti per la tortura, la richiesta di presentare argomenti a
difesa deve essere accettata 125 . Il parere restrittivo degli omnes
doctores sul valore probatorio degli indizi lo obbliga a contorti giri di
pensiero per fondare il primato della coscienza del giudice. Ma è
nelle questioni penali che i contrasti sono più evidenti. Nel 1289,
sempre a Bologna, incappa in un altro incidente di rilievo: nel corso
di un processo inquisitorio alcuni testi hanno dato falsa
testimonianza, ma in realtà il processo era comunque da annullare
perché il casus non rientrava tra quelli perseguibili ex officio (come
spesso capita, Gandino aveva interpretato i suoi poteri in senso
estensivo). Nel dubbio il podestà, Antonio Fissiraga, chiede un
consilium a Lambertino Ramponi e Ubaldino de Malavolti, due
eminenze della consulenza processuale bolognese, che concordano
nel lasciare cadere l’imputazione di falso contro i testimoni. Gandino
non la pensa così, per lui il reato è stato commesso e deve essere
punito in quanto tale, indipendentemente dalla validità del processo:
Quamvis non leserit partem vel eius dictum non habuerit effectum, come
stabilisce il Liber Extra e conferma Dino del Mugello 126 . Nella solutio
non esita a smentire il consilium appoggiandosi sulla lettura
restrittiva di Dino. La dottrina dei doctores così elastica, attenta alle
forme, profondamente segnata da una visione «procedurale» del
processo, visto come sequenza di atti da esaminare nelle singole fasi,
non poteva non scontrarsi con la rigida impostazione ideologica di
Gandino che del processo vedeva soprattutto la necessità della pena.
58 14. Un tema su cui Gandino mantiene una coerenza concettuale
costante riguarda proprio la necessità della pena come riparazione
verso l’autorità pubblica 127 . Non è una scoperta originale di
Gandino, perché quasi tutti i passi dove viene affermata, in via di
principio, la superiorità dell’interesse pubblico nella pena sono di
Dino del Mugello; ma di Gandino è la selezione dei pareri del grande
giurista in posizione preminente e autoritativa rispetto ai pareri
discordi degli altri dottori. Ogni volta che si trova un contrasto la
parola ultima accolta nella solutio è sempre quella di Dino. La
connotazione pubblica dell’offesa è richiamata più volte: nei capitoli
sull’accusa 128 , nella lunga rubrica sulla transactio – la transactio è
ammessa ma non cancella la condanna perché il reato ha colpito la
repubblica e la pace non elimina la iniuria reipublice 129 – e
chiaramente nelle rubriche sulle singole tipologie di reato. Una
quaestio in particolare rende bene l’idea: se lo statuto punisce con
cento soldi l’insulto manuale, deve essere punito chi dà uno schiaffo
a una persona consenziente (Ecce aliquis dedit alapam patienti et
volenti)? Se si considera il danno alla vittima certamente no, ma dato
che ogni maleficio contiene un’offesa alla repubblica, e questa non è
riparabile a discrezione dei singoli, la persona va punita comunque
130 . Gandino applica questa visione sostanziale del reato a tutte le

fattispecie, esaltandone la natura intrinsecamente eversiva


dell’ordine costituito. Così, vecchie questioni semi-nominalistiche
ricevono soluzioni nuove: ad esempio se siano da punire come reati
diversi atti di violenza iterati contro la stessa persona 131 , o se si
debbano condannare tutti gli aggressori, anche se uno solo ha
colpito materialmente la vittima 132 . Ma soprattutto ne esce
esaltato l’interesse pubblico, incomparabilmente superiore agli
interessi privati: in caso di contrasto, semper preferatur ius publicum,
come attesta l’autorità di Dino 133 .
59 Questa attenzione alla pena riflette un momento particolare delle
politiche giudiziarie urbane della seconda metà del xiii secolo:
l’affermazione di una nuova ideologia della pena nei regimi di
popolo di metà duecento. Un’offensiva che si sforzava da un lato di
reprimere i tentativi del ceto magnatizio di evadere la giurisdizione
comunale e condizionarne la vita politica – la pressione dei regimi di
Popolo per il processo ex officio è motivata anche dalle difficoltà di
trovare accusatori contro personaggi potenti 134 –, e cercava
dall’altro di imporre una sorta di «ortodossia legalista» alla
popolazione urbana, identificata attraverso gli elementi costitutivi
della cittadinanza eticamente orientati. In entrambi i casi si assiste a
un vasto processo di criminalizzazione di comportamenti devianti
sanzionati da pene sempre più severe: i libri penali degli statuti si
accrescono in maniera geometrica nel giro di pochi anni.
60 Gli ordinamenti antimagnatizi dagli anni Sessanta in avanti
abbondano di pene capitali per azioni di normale routine signorile,
ora diventate pericolosi segni di sedizione: le leggi bolognesi del
1257, successive alla liberazione dei servi, abrogano i giuramenti di
vassallaggio e naturalmente gli atti di servitù 135 ; a Perugia gli
ordinamenta populi del 1260 prevedevano la condanna a morte per chi
si faceva vassallo di un dominus, e vietavano accompagnarsi a un
magnate, accettare la sua assistenza giudiziaria, o fare un
giuramento di pars 136 . Ugualmente severe le leggi bolognesi del
1282-1284, basate su una presunzione di colpevolezza di ogni azione
attribuita ai magnati, o quelle fiorentine del 1293-1295 137 . Per
altro questo uso terroristico delle pene si accompagnava a una serie
assai variegata di forzature linguistiche e procedurali, che ne hanno
costituito a lungo la trama applicativa. In queste, la tortura giocò un
ruolo molto limitato (a riprova di quanto poco sia un «indice» della
inevitabile modernizzazione dei sistemi giudiziari). I tratti
caratterizzanti furono altri e di ben maggiore spessore politico: ad
esempio l’adozione di un insieme di presunzioni che traducono
automaticamente in reato qualsiasi comportamento dei sospetti;
l’uso massiccio di meccanismi di criminalizzazione per analogia
(trattare i nemici «come se» fossero ghibellini, o magnati o nobili,
anche se non lo erano); il ricorso alle liste come sistema di
censimento dei sospetti, con elenchi predeterminati di colpevoli da
inserire o cancellare secondo le occasioni; l’emanazione di una serie
di norme di autodifesa del regime che riservava di fatto l’uso delle
armi ai membri dell’élite al potere; e naturalmente il bando politico,
graduato secondo livelli diversi di pericolosità 138 .
61 Su un altro piano, le norme statutarie aumentano a dismisura il
numero dei comportamenti antisociali che minano l’immagine
eticamente accettata di cittadino. Non basta essere cives riconosciuti,
dunque residenti inquadrati nell’esercito e iscritti ai ruoli fiscali, ma
bisogna essere boni cives secondo un modello di lavoratore che vive
de suo labore, è iscritto a una corporazione, partecipa alla vita politica
e «presumibilmente» non è dedito al vizio del gioco e non ha bisogno
di commettere furti. Si tratta di una grammatica sociale empirica
che univa lavoro, stile di vita, inquadramento sociale e familiare in
un solo sistema di riconoscimento di immediata lettura e con un
valore giuridico esplicito. Presunzioni e garanzie, come si è visto,
erano calibrate su questi segni di appartenenza «positiva» alla
cittadinanza. Chi ne rimaneva escluso era soggetto a regimi giuridici
diversi. È indubbio, ad esempio, che la carica di violenza impiegata
contro il gioco d’azzardo, la prostituzione o in generale contro quel-
la categoria ambigua degli homines male fame, avesse anche la
funzione di marcare un confine simbolico tra la cittadinanza e le sue
proiezioni negative, incarnate in figure infamanti e prive di diritti
139 .

62 15. La punizione fa parte di questa politica e dunque la pena deve


diventare uno strumento di governo, ma pensare che il
cambiamento del linguaggio comportasse una concezione assoluta
della pena sarebbe ingenuo. La declamazione politicamente rilevante
della necessità della pena fa parte di una strategia di governo che
non prevede la sua applicazione indistinta. I criteri punitivi restano
assai fluidi nei comuni italiani. È in questi anni, anzi, che si
moltiplicano i provvedimenti di riduzione delle pene, di fuoriuscite
controllate dai bandi, o di vere e proprie amnistie. Un processo assai
articolato di intervento «straordinario», ma fissato poi negli statuti,
sulle modalità di soluzione della pena.
63 Divenne rubrica statutaria il provvedimento di riduzione dei bandi e
delle condanne preso a Perugia nel 1276 e a lungo discusso nel
consiglio fra il 1276 e il 1277. Nonostante le tensioni create con lo
statuto del Popolo, notevolmente più severo, si arrivò alla fissazione
di una pena ridotta per le condanne e i bandi 140 . A Bologna le
riduzioni di pena sono numerose, dagli inizi del Duecento ai primi
del secolo successivo. Interessante l’indulto concesso nel 1292, in
piena divisione politica fra Lambertazzi e Geremei, quando si emanò
un lungo decreto di uscita controllata dal bando formalmente per i
banditi comuni della parte geremea, quella vittoriosa: nei fatti venne
estesa a tutti i cives della città e del distretto che erano in banno
perpetuo per reati di sangue, e anche ai Lambertazzi che accettavano
di stare ai mandati del comune. Le condizioni richieste erano due: la
pace con l’offeso, se era ancora identificabile (altrimenti al suo posto
si stipulava una pace con il comune) e l’iscrizione nell’estimo per
dimostrare di essere cives 141 . Un provvedimento molto simile fu
preso dal comune di Siena nel 1302, allo scopo dichiarato di trovare
soldi per pagare le operazioni militari; anche qui per ottenere il
rebannimento bisognava avere la pace della parte offesa e pagare
una percentuale della pena 142 . Il provvedimento fu ripetuto nel
1307 e nel 1308 con un abbassamento sensibile delle aliquote da
pagare.
64 Ultimo esempio lo statuto fiorentino del 1325. Nel capitolo De
exbannitis rebanniendis, è contenuto un ordinamento specifico di
amnistia che cancella i bandi per i reati violenti, sempre dopo aver
ottenuto la pace dalla vittima, senza pagare nulla al comune se i reati
erano stati commessi prima del 1282 143 . Ma anche questa volta si
cerca di estendere il valore del provvedimento, creando una sorta di
tribunale di riesame dei bandi sotto la guida del podestà: se un ban-
dito quacumque de causa si presenta davanti al Difensore e al Capitano
prima della sua condanna, eximatur et cancelletur de dicto ban-no nihil
propterea solvendo. Non sembrano esserci limiti temporali a questa
amnistia controllata e anzi il meccanismo di estensione del
provvedimento è una testimonianza preziosa del modo di procedere
della politica giudiziaria dei comuni, fatta di eccezioni,
provvedimenti temporanei convalidati nel tempo, letture incerte e
interpretazioni forzate delle rubriche statutarie.
65 All’arbitrium del giudice si sovrapponeva, in sostanza, un più potente
e presente arbitrium proveniente direttamente dal potere politico
che si intromette nei processi, modifica situazioni particolari, crea
nuove norme, definisce il corpo dei reati sui quali è possibile
inquirere e modula la fuoriuscita dalle pene. Si tratta certamente di
arbitria a tempo, su casi singoli, ma non per questo segni di debolezza
o peggio ancora di «illegalità» del potere che evade dai suoi compiti
primari di difesa delle istituzioni. Qui è necessario un ulteriore
rovesciamento concettuale che sottragga l’arbitrium alla sua
dimensione di eccezione eversiva dell’ordine e del diritto, per
rivalutare in pieno la sua funzione ordinaria di «stabilizzazione» e
riforma del sistema 144 . Solo in questa chiave è possibile
comprendere la miriade di provvedimenti di attenuazione e
cancellazione della pena, di reinserimento di banditi, di sospensione
di processi in corso per ragioni di ordine pubblico. Provvedimenti
che spesso hanno assunto la veste di rubriche statutarie, a rimarcare
la natura strutturale di un sistema ri-compositivo che si basava per
forza su un continuum di decisioni estemporanee. Questa non è
«negoziazione» della pena, slegata dal vero e più cogente
funzionamento del sistema punitivo: è il sistema e basta.
66 16. Un quadro così complesso, di forze in continua ricerca di
equilibri momentanei, non sembra indicare una veloce
ricomposizione delle procedure sotto la vigile guida di nuovi assetti
statuali. Almeno in Italia. La prudenza è d’obbligo perché la
competizione politica intercittadina fece emergere già tra la fine del
XIII e il primo ventennio del XIV una pluralità di forme di governo
veramente eccezionale. Due dati di fondo mi sembra accomunare
queste esperienze sul piano tecnico-procedurale.
67 Il primo riguarda la ridefinizione dell’arbitrium in termini più
strettamente dipendenti dalla iurisdictio effettiva del dominus: una
sorta di riappropriazione del «diritto di giudicare» da parte del pote-
re politico. Gli statuti signorili, in particolare quelli viscontei,
costituiscono un buon campo di osservazione. Una lettura cursoria
dei libri penali di Como, Bergamo, e Piacenza attesta lo spostamento
di attenzione verso il potere del signore di scoprire e di punire i
reati, in primo luogo quelli che lo offendono direttamente. Un
processo che ha come conseguenza implicita un apparentamento
sempre più stretto tra il lessico della tortura e il campo semantico
della inquisitio. La corrispondenza tra le procedure inquisitorie e i
metodi costrittivi esalta la natura punitiva del processo d’ufficio
conferendo un tono più «repressivo» alle legislazioni principesche.
Non vi è dubbio che in tal senso, la procedura inquisitoria sia non
solo un segno del potere, ma anche un suo strumento attivo.
68 Ma il secondo aspetto è forse più importante perché riguarda la
moltiplicazione repentina dei livelli giurisdizionali e di giustizie
esistenti in città. Anche i governi tardo-repubblicani subirono questi
processi di frammentazione: nella Bologna di inizio Trecento e a
Firenze, Lucca e nei grandi regimi di Popolo, agli Anziani o ai Priori
si aggiunsero magistrature di parte, magistrature di emergenza poi
re-se definitive, come il bargello, il difensore, il capitano di guerra, e
poi piccoli collegi specializzati nel perseguimento di alcuni reati
specifici. Questa pluralità di livelli giurisdizionali non condusse alla
creazione di una sola «procedura di stato», ma provocò, al contrario,
lo sviluppo di un numero crescente di procedure alternative al
processo o integrative dei suoi effetti. Qui veramente la reductio ad
unum del sistema processuale mi sembra difficile da sostenere, così
come è difficile pensare che le diverse giustizie rispondessero tutte a
una sola unificata «ideologia del potere». Si sviluppò invece una
competizione di fatto tra le diverse magistrature, che quando
vengono studiate da vicino, e non per teoremi, mostrano una reale
differenza di piani e di livelli tutt’altro che gerarchizzati. I tribunali
urbani di primo grado dovevano convivere sia con le magistrature
forestiere, che rimasero il più delle volte funzionanti anche se
soggette al principe, sia con le nuove magistrature territoriali
provviste di speciali compiti di controllo e di avocazione delle cause
criminali; su tutti si sovrapponevano i Consigli del principe, organi
con poteri straordinari e soprattutto discrezionali. Un quadro
complessivo continuerebbe dunque ad essere fortemente
frammentato, e altrettanto sperimentale di quello precedente.
Vediamo brevemente quali potrebbero essere i livelli di operatività
delle diverse procedure in atto e soprattutto quali sono le questioni
ancora aperte relative ad ognuno di essi.
69 Il primo riguarda l’aspetto più eclatante della giustizia di stato: il
reato politico, al quale dedico solo brevissimi cenni ad alcuni casi di
quell’epidemia di «grandi processi» che toccò anche l’Italia nel corso
del primo ventennio del Trecento. È palese la differenza sostanziale e
procedurale con le «causes celebres» della monarchia francese,
giustamente considerate come la base politica necessaria per
sostenere la diffusione della procedura ex officio nel regno 145 . Per
la realtà italiana uno studio complessivo è ancora da fare, ma in
alcuni casi le indicazioni restano contrastanti, come ad esempio, i
processi celebrati da Giovanni XXII contro i signori ribelli delle
Marche 146 , oppure contro Rainaldo e Opizo d’Este 147 . Gli
elementi di base ci sono tutti: accusa di lesa maestà, imputazione di
eresia (in un secondo momento, per i signori delle Marche) con tanto
di testimonianze di adorazione del diavolo, frasi e atti blasfemi e
sprezzanti dell’autorità pontificia. Ma possiamo dire che in questi
casi il crimen lese maiestatis crei la procedura? Non credo. Proprio i
grandi processi mettono in luce lo scarto tra l’armamentario
ideologico dell’accusa e la debolezza dell’impianto procedurale
quando non si ha il dominio sui «corpi» degli imputati. Ma si può
andare ancora oltre. Si può dire che mancò agli stati italiani un asse
ideologico della «maestà» intorno a cui costruire una procedura
eccezionale, superiore alle altre o comunque di esempio e di
riferimento per le altre. Una secolare tradizione di smitizzazione del
potere e la fortissima conflittualità del primo ventennio del Trecento
fra «pretese di statualità» contrapposte e delegittimanti tra loro,
forse hanno impedito la nascita di una mistica dello stato
paragonabile a quella sorta intorno ai monarchi francesi.
70 A un livello ordinario le giustizie pubbliche mostrano un grado di
frammentazione ancora maggiore. Sembra quasi che il «problema
della giustizia» per i grandi signori italiani, coincidesse in gran parte
con i tentativi continui di armonizzare l’azione di questi livelli
giurisdizionali sempre in conflitto. Con quali riflessi sulla procedura?
Su un piano generale mi sembra che il dato comune sia proprio
l’estrema differenziazione delle procedure adottate e soprattutto la
maggiore elasticità e irregolarità di svolgimento. Non direi che
aumenta in assoluto il grado di arbitrarietà, nel senso negativo del
termine, ma aumenta certo la possibilità di manipolazione e di
deformazione delle procedure ordinarie. Una volta stabilita una
routine accettabile per i procedimenti ordinari, anche se di tipo
inquisitorio, questa ordinarietà poteva essere interrotta e integrata
continuamente, anche dagli interventi di curie speciali e di
magistrati di controllo. Il tratto distintivo di queste procedure
sembra essere una rinnovata «volontà di sapere», di conoscere e
controllare un vasto ed eterogeneo campo di comportamenti
pericolosi che le varie compagini governative decisero di sottrarre al
normale funzionamento giudiziario e di sottomettere al proprio
giudizio, sia per la scelta delle procedure, sia per la determinazione
delle pene 148 .
71 Una preoccupazione che creò un altro fenomeno relativamente
nuovo nel tardo xiv e xv secolo: l’aumento repentino dei canali per
avanzare richieste individuali e ad personam direttamente al principe
come ad esempio le suppliche. Nel caso bolognese, analogo a molti
altri, le suppliche di natura processuale, importate in città dai legati
pontifici e poi riadattate da Taddeo Pepoli, sono tutte
profondamente eversive della normale procedura di base ex officio
149 . E le risposte date, soprattutto in età pepolesca, portarono alla
sospensione frequente dei processi, con una vistosa diminutio
dell’arbitrio dei giudici.
72 Il valore politico delle suppliche attesta gli sforzi del potere di
appropriarsi di quegli strumenti che aumentavano la flessibilità del
sistema, e non la sua rigidità 150 . Questo vale anche per gli atti di
pace. Recenti studi su casi assai diversi 151 , mostrano una vitalità
nuova del problema della pace proprio nel secolo xvi. Nel ducato
estense i tentativi di sottoporre a controllo gli atti di pacificazione si
susseguono con continuità per tutto il Cinquecento 152 . A Bologna il
tribunale del Torrone estende nel 1560 il valore della pace 153 . A
Milano le Nuove costituzioni del 1541 vietano la pace per i reati di
sangue, ma ne consentono il ricorso a tutti gli altri punibili con pene
pecuniarie 154 . Una pratica che anche il granduca toscano voleva
rinnovare nel 1564, in parallelo a una esplosione di magistrature di
pace nello stato pontificio del Cinquecento 155 . Questa
riformulazione delle tecniche e dei modi della giustizia pubblica
tardomedievale deve essere ancora studiata in un quadro
comparativo allargato e forse con mezzi e metodi diversi dalla
tradizionale storia giudiziaria; e tuttavia, su un piano tecnico, è
indubbio che l’integrazione degli strumenti di pacificazione (e non la
loro emarginazione) resta un segno irrinunciabile del potere.

NOTE
1. Mi sembrano assolutamente condivisibili le riserve avanzate da M. Sbriccoli, Giustizia
negoziata, giustizia egemonica. Riflessioni su una nuova fase degli studi di storia della giustizia
criminale , in M. Bellabarba, G. Schwerhoff e A. Zorzi (a cura di), Criminalità e giustizia in
Germania e in Italia. Pratiche giudiziarie e linguaggi giuridici tra tardo medioevo ed età moderna ,
Bologna, 2001, p. 345-364, qui p. 349, sulla natura implicitamente statalista del concetto di
infragiudiziario, che finisce per attribuire il giudiziario solo allo stato. La distinzione
proposta da Sbriccoli fra due ambiti della giustizia, negoziata (prima) ed egemonica (dopo)
da intendersi comunque in modo unitario, non comporta di per sé una prospettiva
evoluzionista: «La giustizia negoziata ha le sue origini nel penale privato della prima fase
cittadina» (p. 356), poi viene gradualmente marginalizzato, e destina-to a lunga
sopravvivenza ma in posizione subordinata, mentre la giustizia egemonica «dal xiv secolo in
poi sembra crescere ed imporsi con incessante continuità, riducendo gli spazi della giustizia
negoziata» (p. 360). Per un quadro di sintesi più ampio si veda Id., Giustizia criminale , in M.
Fioravanti (a cura di), Lo stato moderno in Europa. Istituzioni e diritto , Bari, 2002, p. 165-205.
2. Come se prima di Alberto Gandino non esistessero giustizie penali: sarebbe utile qualche
lettura sul contesto sociale europeo e i modi di creare e punire il dissenso tra xi e xii secolo:
J. Russell, Dissent and order in the Middle Ages. The search for legitimate authority , New York,
1992, e R. Moore, The formation of a persecuting society: power and deviance in western Europe,
950-1250 , Oxford, 1987; una cronologia che potrebbe essere anticipata se pensiamo ai grandi
processi di separazione interni alla cristianità in atto nei secoli x e xi , cfr. D. Iogna Prat,
Ordonner et exclure. Cluny et la société chrétienne face à l’hérésie, au judaisme et à l’islam , Parigi,
1997.
3. Estenderei in parte il quadro efficacemente disegnato per il concetto di arbitrium da M.
Meccarelli, Arbitrium. Un aspetto sistematico degli ordinamenti giuridici in età di diritto comune ,
Milano, 1998, un libro importante per capire gli assetti reali della giustizia medievale.
4. Della estesa produzione dell’autore si guardi almeno A. Gouron, Primo tractavit de natura
actionum Geraudus: studium bononiense, glossateurs et pratiques juridiques dans la France
médiévale , in Id., Droit et coutume en France aux xii e et xiii e siècles , Aldershot, 1993; Id.,
Placentin et la somme Cum essem Mantuae, ibid. , dove sono studiati gli stretti legami di
dipendenza testuale tra la Summa Codicis di Rogerio, scritta probabilmente ad Arles, la
Summa Trecensis del maestro provenzale Géraud, le Codi , che dipende dalla Summa Trecensis ,
e la Summa de actionum varietatibus di Piacentino. E ancora, sempre di Gouron, L’entourage de
Louis VII face aux droits savants: Giraud de Bourges et son ordo , ibid. , un’altra paziente ricerca
intorno all’ ordo Inter cetera studiorum , attribuito a Giraud de Bourges, capellanus del re e
notaio. Più recente Id., Une école de canonistes anglais à Paris: maître Walter et ses disciples , in
Journal des savants , jan-vier-juin 2000, p. 47-72, che riconduce al maestro inglese Walter l’
ordo Tractaturi .
5. E. Cortese, Il Rinascimento giuridico medievale , Roma, 1992, e Id., Il diritto nella storia
medievale. II. Il Basso Medioevo , Roma, 1995, p. 103-142.
6. L. Fowler Magerl, Ordo iudiciorum vel ordo iudiciarius. Begriff und Literaturgattung ,
Francoforte, 1984 ( Ius commune, Sonderheft , 19), e Id., Ordines iudiciarii and libelli de ordine
iudiciorum , Turnhout, 1994 ( Typologie des sources du Moyen Âge occidental , 63), sulla forma
degli ordines , p. 57-73; K. W. Nörr, Ordo iudiciorum und ordo iudiciarius , in Studia gratiana , 11,
1967, p. 327-343, ora in Id., « Iudicium est actus trium personarum». Beiträge zur Geschichte des
Zivilprozessrechts in Europa, Goldbach, 1993, p. 3-19.
7. Lo ha ricordato di recente A. Padovani, La cultura giuridica , in G. Ropa e G. Malaguti (a
cura di), Vitale e Agricola sancti doctores . Città, chiesa e studio nei testi agiografici bolognesi del
xii secolo ,
Bologna, 2002, p. 103-115.
8. Un esempio eclatante le Codi , testo scritto in provenzale e tradotto in latino da copisti
probabilmente toscani: A. Gouron, L’auteur du Codi , in Tijdschrift voor Rechtsgeschiedenis , 70,
2002, p. 1-20.
9. La procedura ha un’origine conflittuale che non va dimenticata. Insiste sull’influenza
della lotta delle investiture per l’elaborazione di un ordo processuale J. Fried, Die römische
Kurie und die Anfänge der Prozeßliteratur , in Zeitschrif der Savignystiftung für Rechtsgeschichte,
Kanonistische Abteilung , 59, 1973, p. 151-174. Si veda anche K. Pennington, Due process,
community and the Prince in the evolution of the Ordo iudiciarius, in Rivista internazionale di
diritto comune , 9, 1998, p. 9-47, che nota le prime menzioni sistematiche dell’ ordo iudicii
nelle decretali di Alessandro III, proprio in occasione di violenti conflitti con poteri signorili
lai-ci. L’imposizione dell’ ordo andava a discapito delle consuetudini locali, osteggiate anche
da Innocenzo III: in tale contesto va inserito anche il divieto per gli ecclesiastici di
partecipare ai duelli e alle ordalie.
10. Sul diritto al processo cfr. K. Pennington, Due process, community and the Prince... cit., con
rimandi a B. Tierney, The idea of natural rights: studies on natural rights, natural law and Church
law, 1150-1625 , Atlanta, 1997 (tra. It. L’idea dei diritti naturali , Bologna, 2002); sui diritti alla
difesa stabiliti dall’ ordo , cfr. R. Fraher, Ut nullus describatur reus prius quam convincatur:
presumption of innocence in medieval canon law , in Proceedings of the sixth international Congress
of medieval canon law , Città del Vaticano, 1985, p. 493-506. Sulla natura dell’ ordo iuris , cfr. A.
Giuliani, L’ ordo iudiciarius medievale tra retorica e logica , in M. Bellomo (a cura di), Die Kunst
der Disputation. Probleme der Rechtsauslegung und Rechtsanwendung im 13. Und 14. Jahrhundert ,
Monaco, 1997, p. 133-145.
11. Si veda la rilevanza dei centri monastici in A. Boureau, Les moines anglais et la construction
du politique , in Annales. Histoire, sciences sociales , 54, 1999, p. 637-666, e ora Id., La loi du
royaume. Les moines, le droit et la construction de la nation anglaise ( xi e - xiii e siècles) , Parigi,
2001; sul contributo cistercense alla procedura cfr. anche A. Gouron, Cisterciens et droit
romain: sur une conjecture de Federico Patetta , in Rivista internazionale di diritto comune , 12,
2001, p. 101-117.
12. Sui writs inglesi, cfr. H. A. Hollond, Writs and bills , in Cambridge Law Journal , 8, 1943, p.
15-35, e Id., New light on writs and bills , ibidem , p. 252-265.
13. I libelli de actionibus sono stati scritti dai principali giuristi del xii - xiii secolo. Pillio,
Piacentino, e poi Martino de Fano; si veda A. Errera, Arbor actionum. Genere letterario e forma
di classificazione delle azioni nella dottrina dei glossatori , Bologna, 1995.
14. Si veda più avanti, §10, il problema dei fondamenti della prova indiziaria e del ruolo
dell’arbitrio del giudice.
15. Ho cercato di ricostruire gli effetti di questi passaggi in I fatti nella logica del processo
medievale. Note introduttive , in Quaderni storici , 108, 2001, p. 665-693, ora in La giustizia
pubblica medievale ... cit.
16. Possiamo ricordare almeno i manuali di Bonaguida, Summa introductoria super officio
advocationis in foro ecclesiae , in A. Wunderlich, Anecdota quae ad processum civilem spectant ,
Göttingen, 1841, e di Gratia, in Pillii, Tancredi, Gratiae libri de ordine iudiciorum , ed. F. C.
Bergmann, Göttingen, 1842.
17. Excerpta legum edita a Bulgarino causidico , in L. Wahrmund, Quellen zur Geschichte des
römisch-kanonischen Processes im Mittelalter , IV -1, p. 1. Le parti rimettono di propria volontà
la lite al compositore, il giudice invece ha di suo la iurisdictio: Arbitrium itaque dicimus cui
proprio consensu compromittentes actor et reus partes iudicis committunt: iudex vero est qui
iurisdictioni preest, ut praetor . E ancora sotto: Arbitrum privati eligunt, iudicem dat potestas
publica aut princeps .
18. Iudicandi formam in L. Fowler Magerl, Ordo iudiciorum vel ordo iudiciarius... , cit. n. 6, p. 274:
Vel iudex is dicitur cui iudicandi potestas ex publico est concessa, ut ab imperatore presidi provincie,
vel a summo pontefice metropolitanis .
19. Incerti auctoris ordo iudiciarius , ed. Carl Gross, Innsbruck, 1870, p. 97: Iudicium a peritis
iuris sic describitur: iudicium est animi arbitrium publica auctoritate introductum propter
singulorum utilitates inventum. Oportet enim quod iudex publice constituatur cum solempnitate
maxima .
20. Edita sotto la errata paternità di Irnerio come Summa codicis des Irnerius , a cura di H.
Fitting, Berlin, 1894, p. 46. Intendunt quidem principes aequitatem constituere et eam in
preceptione redactam tam ab omnibus volentibus quam etiam invitis observari et lites singulorum
publica auctoritate dirimi .
21. Il richiamo a passi romanistici che giustificano la contumacia sono presenti già in placiti
del secolo xi ; lo aveva rilevato A. Padoa Schioppa, Il ruolo della cultura giuridica in alcuni atti
giudiziari italiani dei secoli xi e xii , in Nuova rivista storica , 64, 1980, p. 269: nel processo
celebrato a Roma nel 1060 i figli di Crescenzio, i convenuti, non si presentano e alla
domanda del papa su come procedere, i giudici citarono il passo del Codice che vietava
all’assente volontario di interporre appello. Per la diffusione, o meglio l’uso, della procedura
romana nelle corti ecclesiastiche si veda il lungo esame di G. Chiodi, Roma e il diritto romano:
consulenze di giudici e strategie di avvocati dal x al xii secolo , in Roma fra oriente e occidente , XLIX
settimana di studio del Centro italiano di studi sull’alto medioevo (19-24 aprile 2001) , Spoleto, 2002,
p. 1141-1245. Il valore della contumacia è presente anche nel costituto pisano, cfr. C. Storti
Storchi, Intorno ai costituti pisani della legge e dell’uso , Napoli, 1998, p. 96: qualsiasi magistrato
cittadino poteva emanare l’ordine di comparizione, eos inquirere quos ex officio sibi premisso
iudicare debent . Chiamare ex officio i convenuti è azione perentoria e non negoziata.
22. Come ricorda il canonista Tancredi nel 1216 ( Pillii, Tancredi, Gratiae libri de ordine
iudiciorum ... cit. n. 16, p. 106).
23. C. Storti Storchi, Intorno ai costituti pisani... , p. 86-88.
24. C. Wickham, Legge, pratiche e conflitti. Tribunali e risoluzione delle dispute nella Toscana del xii
secolo , Roma, 2000.
25. Wickham lo nota subito per il caso lucchese, respingendo le teorie «privatistiche» del
comune, p. 71: «a partire dagli anni trenta del xii secolo i primi tribunali consolari appaiono
organizzati in maniera coerente e in grado di decretare senza difficoltà la vittoria o la
sconfitta, non richiedendo alcuna legittimazione».
26. Wickham, Leggi, pratiche e conflitti... , p. 76, ritiene che la vera legittimazione del
tribunale comunale avvenne per imitazione e ripresa delle tecniche arbitrali: «usando
strategie e sensibilità nel giudicare, rispettando le norme e le procedure già note, anche se,
nello stesso tempo, avevano per la prima volta qualche possibilità di costringere i perdenti a
rispettare la sentenza». E sempre tecniche, relative alla strategie delle parti, sono le ragioni
dell’indubbia espansione del tribunale comunale lucchese ( ibidem , p. 184).
27. Troppo vasta la bibliografia antica e moderna che ha ripreso questo luogo comune come
dato di partenza per schemi evoluzionisti, per altro essenzialmente ipotetici. Più rilevante
la definizione chiarissima ed efficace di M. Sbriccoli, Giustizia negoziata, giustizia egemonica...
cit. n. 1, p. 356-357, sul carattere negoziato e comunitario del «penale privato della prima
fase cittadina, quello rimesso all’iniziativa della vittima, che aveva come fine il
risarcimento». In questa giustizia fondata sull’appartenenza e sulla protezione, la
negoziazione tra le parti è costitutiva del processo, e il giudice terzo è visto come
«espressione di equilibri comunitari e non alla stregua di delegati di una forma statale» (p.
357). Il quadro delle funzioni così delineato è corretto formalmente, ma rischia di far
passare in secondo piano il fatto che anche la negoziazione è spesso frutto di un conflitto e
imposta dai poteri emergenti: non è solo accettazione constativa di equilibri sociali. In altre
parole, la struttura politica del primo comune assegnava alla giustizia una funzione più
importante di quanto le procedure formali lascino intendere. Non basta rilevare un uso
interscambiabile di processo e arbitrato se non si considera il significato politico, in termini
di rapporti di forza, che soggiace a quell’arbitrato.
28. L. Zdekauer, Il constituto dei placiti del comune di Siena , in Studi senesi , 1889, cap. X , p. 160:
Iuro quod per tempus sex mensium (...) illam litem vel lites, discordiam vel discordias de qua vel de
quibus apud me querimonia fuerit deposita, legiptime diffiniam vel diffiniri faciam in scriptis, (...) aut
concordabo, si de concordia partes in me consenserint, bona fide sine fraude .
29. Ibidem , p. 166: Et diffinitiones a rectoribus comunis Senarum et consulibus et ante eos, et a
rectoribus artis et ab amicis vel vicinis aut quocumque modo voluntate partium, de illis litibus et
discordiis quas partes ad diffiniendum commiserint, firmas tenebo et retractari non permictam .
Proprio l’ultimo passo, quel retractari non permittam , indica la nascita di un nuovo e
superiore sistema di protezione dei negozi privati da parte del comune. Prassi che riguarda
molti altri contratti oltre quelli strettamente giudiziari.
30. Statuti pistoiesi del secolo xii , a cura di N. Rauty, Pistoia, 1996, Breve consulum , p. 141:
Omnes illas sententias et laudamenta a retro consulibus vel iudicibus vel a me aut iudicibus meis aut
amicis vel arbitris olim vel in antea datas vel facta (...) de quibus mihi vel meis iudicibus reclamatio
facta fuerit in meo dominio, firmas et ratas tenebo. Anche nel caso pistoiese arbitrati e lodi
rientrano sotto la giurisdizione del comune.
31. Ibidem: Item si quis finem vel pacem ante consules vel potestatem aut rectores seu vicinos aut
amicos seu factam inter se, studiose feriendo ruperit, non permittam illum habitare in civitate
Pistorii me sciente nec in sui burgis (...) et puniam eum sicut infra de homicidio continetur .
32. I brevi dei consoli del comune di Pisa degli anni 1162 e 1164 , a cura di O. Banti, Roma, 1997, p.
77: Et conventiones et laudamenta que ab eis inter partes facte sunt et fient, que per usum valent,
firmas tenebo, nisi sententie appellatione suspense fuerint .
33. Gli atti consolari sono editi in Gli atti del comune di Milano fino all’anno 1216 , a cura di C.
Manaresi, Milano, 1919. Si veda il dettagliato esame condotto da A. Padoa Schioppa, Aspetti
della giustizia milanese dal x al xii secolo , in Milano e il suo territorio in età comunale ( xi - xii secolo),
Atti dell’ XI congresso internazionale di studi sull’alto medioevo, Milano, 26-30 ottobre 1987 , Spoleto,
1989, p. 459-549, e per il periodo successivo Id., Note sulla giustizia milanese nel xiii secolo , in
Milano e la Lombardia in età comunale, secoli xi - xiii , Milano, 1993, p. 66-70.
34. Su 37 sentenze comprese tra il 1150 e il 1170 in ben 18 casi i consoli hanno imposto il
giuramento a una delle parti.
35. Sul significato politico delle decisioni giudiziarie non vi sono dubbi: lo nota A. Padoa
Schioppa, Aspetti della giustizia milanese... , p. 518-520, a proposito delle cause che
coinvolgono i conti di Castelseprio, per tre volte sconfitti e obbligati a rinunciare alle
pretese signorili sugli uomini e le comunità vicine. Anche le cause riguardanti il districtus
erano particolarmente delicate ( ibid. , p. 523). Sul parziale fallimento delle rivendicazioni
signorili, fermo restando un equilibrio «feudale» attentamente bilanciato dagli stessi
giudici-consoli, si veda G. Rossetti, Le istituzioni comunali a Milano nel secolo xii , in Milano e il
suo territorio in età comunale... , p. 83-112.
36. Se ne veda lo schema in Gli atti del comune di Milano... , p. cvii-cxv .
37. A iniziare dal Trésor di Brunetto che rielabora il mito dell’eroe fondatore della civilitas
come il grande retore che convince gli uomini a vivere uniti dentro le mura della città («Il
retraist les homes des sauvages roches ou il abitoient, et les amena a la comune habitation
de cele cité»), in Li livre du Trésor , a cura di F. J. Carmody, Berkeley, 1948, p. 318. Giovanni da
Viterbo aveva invece letto la parola civitas come citra vi habitas , in Liber de regimine civitatis ,
a cura di G. Salvemini, in Scripta et anecdota glossatorum , Bologna, 1901; su questi passi si
veda E. Artifoni, Retorica e organizzazione del linguaggio politico nel Duecento italiano , in P.
Cammarosano (a cura di), Le forme della propaganda politica nel Due e nel Trecento , Roma, 1994,
p. 157-182, specie p. 162-163, sulla ripresa del mito ciceroniano da parte di Brunetto.
38. F. Treggiari, Profili storici della transazione , in Studi senesi , 104, 1992, p. 304-378, in
particolare p. 361 e s., § 9, «Visuali semantiche del transigere» dove si specifica che tra xii e
xiii secolo la transazione fosse intesa soprattutto come un «mezzo di risoluzione pattizia

delle controversie», in altre parole transige-re aveva un’etimologia certa in agere


processualmente. Sulla disciplina della pace presso i giuristi si veda A. Padoa Schioppa,
Delitto e pace privata nel pensiero dei legisti bolognesi. Brevi note , in Studia Gratiana , 20, 1976, p.
271-287. Sugli aspetti rituali, cfr. N. Offenstadt, Interaction et régulation des conflits. Les gestes
de l’arbitrage et la conciliation au Moyen Âge ( xiii e - xv e siècles) , in Cl. Gauvard e R. Jacob (a
cura di), Les rites de la justice. Gestes et rituels judiciaires au Moyen Âge , Parigi, 2000, p. 201-228.
39. Vede la pace come un residuo inspiegabile di pratiche antiche J.-M. Car-basse, Ne
homines interficiantur. Quelques remarques sur la sanction médiévale de l’homicide , in S.
Dauchy, J. Monballyu e A. Wijffels (a cura di), Auctoritates. Xenia R. C. Van Caeneghem oblata ,
Bruxelles, 1997, p. 165-185, un lavoro utile e informato, ma verso il quale non si può non
esprimere un radicale dissenso, soprattutto per la parte dedicata ai giuristi e alle città tra xii
e xiii secolo. Non vedo un diritto romano che, in maniera contraddittoria, da un lato ha
fornito le armi «à la reconstruction pénale de l’État» e dall’altro «ait pu servir aussi à
canoniser les vieilles pratiques indemnitaires» (p. 181); né mi sembra affatto «singolare»
l’argomentazione basata sulla publica utilitas usata da Rogerio per accettare gli accordi di
pace: utilitas non annuncia con sei secoli di anticipo un qualche «utilitarismo illuminista» (?)
ma è termine basilare del linguaggio giuridico romano e del lessico politico medievale, e
presuppone una sottomissione vantaggiosa degli interessi individuali all’ utilitas di tutti i
cives (cfr. E. Dovere, Le discours juridique et moral d’utilitas à Rome , in Studia et documenta
historiae et iuris , 65, 1999, p. 239-247). Infine, non è propriamente vero che i formulari degli
atti di pace redatti dai notai fossero «destinés à régler leurs affaires pénales sur un mode
strictement indemnitaire»: gli atti di concordia, proprio quelli formulati nei manuali di
Ranieri e di Salatiele, prevedono sempre un piano di intervento dell’autorità pubblica,
anche con forme di risarcimento al comune di parte della pena; su questi Vallerani, Pace e
processo nel sistema giudiziario del comune di Perugia , in Quaderni storici , 101, 1999, p. 315-353,
qui p. 323-324.
40. Sul passo vedi A. Padoa Schioppa, Delitto e pace privata nel pensiero dei legisti bolognesi... , p.
277, e J.-M. Carbasse, Ne homines interficiantur... , p. 179.
41. A. Padoa Schioppa, Le Quaestiones super Codice di Pillio da Medicina , in Studia et documenta
historiae et iuris , 39, 1973, p. 239-280, alla p. 263: La do-manda successiva era se una volta
raggiunta la transactio fra due persone si potesse riaccusare da parte di terzi. Pillio è
contrario: vuole stabilizzare i risultati dell’accordo conferendogli il valore di una sentenza.
Che questo terzo potesse essere anche un giudice pubblico è assai probabile: per questo,
nelle ipotesi più favorevoli, come quella di Guido da Suzzara, la pace estingueva di fatto
tutti i processi in corso.
42. L’arco delle risposte funzionalistiche andava dal pragmatismo di Rogerio, Summa Codicis:
Multo namque commodius est homines iure servari quam capite detruncari , all’anonimo autore
del De criminalibus causis , ed. E. Schulte, in Festschrift für Bernhard Windscheid , Bonn, 1888, p.
7-15: Ideo licet pacisci ne homines interficiantur, quia utilius est romano imperio homines propter
peccata non mori, quam interdictis pactionibus mortis suplicio tradi . Si veda anche A. Padoa
Schioppa, Delitto e pace privata nel diritto lombardo: prime note , in Diritto comune e diritti locali
nella storia dell’Europa. Atti del convegno di Varenna , Milano, 1980, p. 557-578.
43. A. Graboïs, De la trêve de Dieu à la paix du roi. Étude sur les transformations du mouvement de
la paix au xii e siècle , in P. Gallais e Y.-J. Riou (a cura di), Mélanges offerts à René Cozet , I,
Poitiers, 1966, p. 585-596; D. Kennelly, Medieval towns and the peace of God , in Medievalia et
Humanistica , 15, 1963, p. 35-53, e da ultimo T. Gergen, Paix éternelle et paix temporelle.
Tradition de la paix et de la trêve de Dieu dans les compilations du droit coutumier territorial , in
Cahiers de civilisation médiévale , 45, 2002, 165-172, che ricerca la permanenza dei canoni della
pace di Dio e della tregua Dei nelle Usatges di Barcellona e nello Specchio dei Sassoni; sul
ricorso ai canoni della pax dei in questioni giudiziarie cfr. Id., Et meam considerans culpam...
La paix de Dieu comme source juridique pour la résolution des conflits , in J. Hoareau Dodinau e P.
Texier (a cura di), La culpabilité . Actes des XX e s journées d’Histoire du droit , Limoges, 2001, p.
367-385. Uno sviluppo interessante in J. S. Ott, Urban space, memory and episcopal authority:
the bishops of Amiens in peace and conflict, 1073-1164 , in Viator , 31, 2000, p. 43-77. In generale,
cfr. G. Althoff, Satisfaction: peculiarities of the amicable settlement of conflict in the Middle Ages ,
in B. Jussen (a cura di), Ordering medieval societies. Perspectives on intellectual and pratical modes
of shaping social relations , Philadephia, 2001, p. 270-284.
44. Ancora un caso eclatante di «non separazione» fra «soddisfazione della parte» e ordine
pubblico, cfr. D. Feldman, The King’s peace, the royal prerogative and public order: the roots and
early development of binding over powers , in Cambridge Law Journal , 47-1, 1988, p. 101-128; P.
Dalton, Churchmen and the promotion of peace in king Stephen’s reign , in Viator , 31, 2000, p. 79-
119. Uno sviluppo assai complicato ebbero i «keepers of peace», trasformati alla fine del xiii
secolo in «Justices of peace», suscitando un dibattito intensissimo nella storiografia inglese;
si veda A. Musson e W. M. Omrod, The evolution of the english justice: law, politics and society ,
Basingstoke, 1998, e del solo A. Masson, Sub-keepers and con-stables: the role of local official in
keeping peace in fourteenth century England , in English Historical Review , 470, 2002, p. 1-24.
45. A. Graboïs, De la trêve de Dieu à la paix du roi... e O. Guillot e Y. Sassier, Pouvoirs et
institutions dans la France médiévale. 1. Des origines à l’époque féodale , Parigi, 1998, p. 261-263.
46. P. Bonnassie, Les sagreres catalanes: la concentration de l’habitat dans le «cercle de paix» des
églises ( xi e siècle) , in Id., Les sociétés de l’an mil. Un monde entre deux âges , Bruxelles, 2001, p.
285-315. Per gli usi istituzionali della pace nelle comunità di confine cfr. J. P. Barraqué, Du
bon usage du pacte: les passeries dans les Pyrénées occidentales à la fin du Moyen Âge , in Revue
historique , 614, p. 307-335.
47. Il riferimento al caso è trattato da Th. Bisson, The organised peace in southern France and
catalonia, ca. 1140-ca 1233 , in The American Historical Review , 82, 1977, p. 290-311.
48. È un dato comune a tutti i sistemi giudiziari pubblici; per una verifica sugli ordinamenti
di Siena cfr. P. Pazzaglini, The criminal ban of the Sienese commune 1225-1310 , Milano, 1979, p.
93-98.
49. La funzione di certificazione di uno scontro in atto si mantenne a lungo, vi insiste molto
R. Ago, Una giustizia personalizzata. I tribunali civili di Roma nel xvii secolo , in Quaderni storici ,
101, 1999, p. 389-412.
50. Per la struttura del processo accusatorio bolognese si veda, di chi scrive, I processi
accusatori a Bologna fra due e trecento , in Società e Storia , 78, 1997, p. 741-788. Per i processo
civile cfr. A. Padoa Schioppa, Profili del processo civile nella Summa artis notariae di Rolandino ,
in Rolandino e l’ars notaria da Bologna all’Europa , Milano, 2002, p. 586-609.
51. Una prospettiva simile, anche se accentua il significato strumentale dell’uso del
processo come mezzo per proseguire i conflitti in altro modo, in M. Dinger, Usi della giustizia
come elemento di controllo sociale nella prima età moderna , in Criminalità e giustizia in Germania e
in Italia... cit. n. 1, p. 285-324.
52. M. Vallerani, I processi accusatori a Bologna... , p. 778: nell’ultimo quarto del Duecento la
quota di processi con la presentazione di testi (almeno l’elenco dei possibili testi) oscilla fra
il 40 e il 50 % dei casi. Nel primo ventennio del trecento questa quota crolla al 20-25 %.
53. Anche se in genere si tratta di situazioni assai ridotte, molti dati sparsi indicano che
quasi ovunque i tribunali funzionassero come filtro delle cause sottoposte a indagine: solo
una quota ristrettissima di domande iniziali finiva in processo. Cfr. ad esempio A Soman,
Deviance and criminal justice in western Europe, 1300-1800: an essay in structure , in Criminal justice
history , 1, 1980, p. 7, calcola che nel bailliage di Mamers, nella prima metà del Settecento, su
704 casi criminali solo 62 (l’8,8 %) sono sanzionati. Altri dati per tribunali di età moderna
raccolti in M. Dinger, Usi della giustizia come elemento di controllo sociale... , p. 285-286,
oscillano tra il 4 e il 7 % delle denunce iniziali terminate con una sentenza di condanna.
54. Che l’accusa in sé sia un elemento centrale nelle strategie conflittuali è dimostrato
anche dal numero spesso notevole di accuse incrociate e iterate, vale a dire di accuse
presentate contro l’accusatore oppure contro la stessa persona o membri della sua famiglia
più volte di seguito. Un dato inerente alla conflittualità urbana e regolato in maniera
diversa dai singoli comuni. Se a Perugia lo scambio di accuse incrociate incide in maniera
strutturale nell’assetto generale del sistema, a Bologna una norma statutaria cerca di
limitare la riaccusa dell’accusatore, ricadendo sotto la disciplina dei tentativi di allungare
artatamente i tempi del processo.
55. È il caso, assai interessante, di un processo dove la famiglia di un reo condannato a una
pena fisica chiede la restituzione di una somma alla famiglia della vittima: secondo i parenti
del colpevole i soldi che avevano sborsato facevano parte di un accordo condizionato alla
non condanna del loro familiare. Il processo sarà oggeto di uno studio in preparazione.
56. M. Vallerani, Pace e processo nel sistema giudiziario del comune di Perugia... cit. n. 39, p. 315-
353. Si vedano su piano comparativo gli atti di pace di Marsiglia, molto prossimi alla realtà
italiana (anche se in numero inferiore), esaminati da D. L. Smail, Common violence: Vengeance
and inquisition in fourteenth century Marseille , in Past and present , 151, 1996, p. 28-59; e Id.,
Hatred as a social institution in late medieval society , in Speculum , 76, 2001, p. 90-126.
57. G. Alessi, Il processo penale. Profilo storico , Bari, 2001, p. 23-64, nel capitolo II, sono passati
in rassegna i principali sistemi di inchiesta dal secolo xi in avanti.
58. Parafrasando un breve ma assai significativo scritto di R. Orestano, La cognitio extra
ordinem: una chimera , in Studia et documenta historiae et iuris , 46, 1980, p. 236-247, dove si
smonta l’idea, per altro corrente, di una cognitio «in quanto sistema di cui cogliere e
delineare la storia, seguire le vicende, operare la ricostruzione». I dati concreti delle realtà
storica sono soltanto le cognitiones ( ibid. , p. 237).
59. Sulla natura del processo inquisitorio canonico cfr. W. Trusen, Der Inquisitionprozess.
Seine historische Grundlagen und frühen formen , in Zeitschrift der Savignystiftung für
Rechtsgeschichte , Kanonistische Abteilung , 1988, p. 163-230; L. Mayali, Entre idéal de justice et
faiblesse humaine: le juge prévaricateur en droit savant , in Justice et justiciables: mélanges Henri
Vidal , Recueil de mémoires et travaux publié par la Société d’histoire du droit et des institutions des
anciens pays de droit écrit , 16, Montpellier, 1994, p. 91-103: il nuovo procedimento risponde a
un cambiamento delle condizioni socialmente accettabili di verità, a una razionalizzazione
del rapporto fra giustizia e verità; R. Fraher, IV Lateran’s revolution and criminal procedure: the
birth of inquistio, the end of ordeals, and Innocent III’s vision of ecclesiastical politics , in R. I.
Castillo Lara (a cura di), Studia in honorem eminentissimi cardinalis Alphonsi M. Stickler , Roma,
1992, p. 96-111, insiste sul carattere politico delle innovazioni procedurali, tese a un
maggiore controllo gerarchico delle cause ecclesiastiche.
60. Per orientarsi, cfr. J. Gaudemet, Les sources du droit canonique, viii
e - xx e siècles , Parigi,
1993, p. 124-127; P. Landau, L’evoluzione della nozione di legge nel diritto canonico classico , in Lex
et iustitia. Atti del VII colloquio romano canonico , Roma, 1989 ( Utrumque ius , 30), p. 263-280. Il
testo delle compilationes è in Quinque Compilationes Antiquae , a cura di E. Friedberg, Graz,
1956, mentre per il concilio e i suoi commentatori è fondamentale Constitutiones Concilii
quarti Lateranensis una cum Commentariis glossatorum , a cura di A. Garcia y Garcia, Città del
Vaticano, 1981 ( Monumenta iuris canonici , ser. A, Corpus Glossatorum , 2). I testi delle decretali
in Decretalium collectiones, editio Lipsiensis , a cura di E. Friedberg, Lipsia, 1879.
61. R. Fraher, Tancred’s Summula de criminibus . A new text and a key to the ordo iudiciarius,
in Bullettin of the Medieval canon law , 9, 1979, p. 25-35. Tancredi cita anche nel suo ordo
iudiciarius la procedura inquisitoria, ma in maniera veloce, concentrandosi sulle fasi
tradizionali del processo, cfr. Pilli, Tancredi, Gratiae libri de ordine iudiciorum ... cit. n. 16, p.
153).
62. Ibid. , p. 32, la quaestio verte sulla possibilità per qualcuno di agire contro una persona
oggetto di inquisitio: in teoria no, perché la fama gerit vicem accusatoris et ipsa fama accusat .
Tancredi ha subito messo in opera il principio fondamentale della procedura inquisitoria
innocenziana: la fama al posto del denunciante.
63. P. V . Aimone, Il processo inquisitorio: inizi e sviluppi secondo i primi decretalisti , in Apollinaris
, 67, 1994, p. 591-634, ha riunito in appendice le glosse dei principali commentatori; in
particolare le glosse di Giovanni Teutonico al c. Qualiter , p. 624, in cui si ribadisce che solo
l’infamia intollerabile, quod amplius sine scandalo non potest tolerari , può dare inizio a
un’inquisizione.
64. È da ricordare che la prima parte del canone Qualiter et quando è tratto da una decretale
omonima ( Decretalium collectiones... , p. 738), apertamente garantista, che invitava il vescovo
di Novara ad ammettere un errore procedurale ( si forte contra prescriptum ordinem tamquam
homines excessistis, non pudeat vos errorem vestrum corrigere ) e dunque a recedere dall’accusa
in caso non ci fosse il clamor iniziale necessario ad avviare l’inchiesta. Nella glossa alle
decretali di Bernardo di Parma questo passo serve appunto a ricordare che regulariter non fit
inquisitio nisi contra infamatum .
65. Ha ricordato l’ostilità dei pontefici verso i consilia , e in particolare di Innocenzo III, che
condannava la prassi di affidare non al giudice ma a coloro che lo circondavano, dotti o
indotti, la decisione della causa, M. Ascheri, Le fonti e la flessibilità del diritto comune: il
paradosso del consilium sapientis, in Id., I. Baumgärtner e J. Kirshner (a cura di), Legal
consulting in the civil law tradition , Berkeley, 1999, p. 11-53, alla p. 25.
66. Sull’utilizzo del principio nella decretale Ut fame ( X , 5, 39, 35) del 1203, cfr. R. Fraher,
The theoretical justification for the new criminal law of the high Middle Ages: rei publicae interest
ne crimina remaneant impunita, in University of Illinois Law review , 3, 1984, p. 577-595,
commento ai passi della decretale a p. 578-579.
67. Cfr. R. Fraher, Preventing crime in the high Middle Ages: the medieval lawyers’ search for
deterrence , in J. R. Sweeney and St. Chodorow (a cura di), Popes, teachers and canon law in the
Middle Ages , Ithaca-Londra, 1989, p. 212-233, alla p. 222: Ostiense valorizza l’aspetto
educativo della punizione e insiste sul valore apertamente terroristico delle pene: Alias et
per impunitatis. Nam facilitas venie incentivum tribuit delinquenti (...) et pene inflictio terrorem
incutit .
68. Ad esempio Vincenzo Ispano e Giovanni Teutonico riservavano il diritto di chiedere un’
inquisitio solo a chi aveva interesse in quanto membro della chiesa, (P. V . Aimone, Il processo
inquisitorio... cit. n. 63, p. 598). Gugliemo Durante nel suo Speculum iuris , pars III, Venezia,
1576, esamina i capitoli relativi all’ inquisitio ex officio presentando subito i limiti del
procedimento «in negativo»: senza clamor non si può inquirere (fornisce proprio la formula
di eccezione: Domine, non potestis contra me de iure inquirere, quia non sum de his criminibus
infamatus ), ugualmente se non si è subditus – come se si volesse conferire maggiore rilievo
alla contestazione del procedimento rispetto al suo funzionamento.
69. I primissimi anni Trenta del Duecento si confermano cruciali, cfr. H. Maisonneuve,
Études sur les origines de l’Inquisition , Parigi, 1969. Nel 1231 la constitutio contro gli eretici
romani segna una nuova fase della lotta del papato contro gli eretici: Gregorio riprende la
legge contro gli eretici di Federico II del 1224, che prevedeva la pena di morte, e in una
lettera del 22 maggio 1231 la invia a tutti i vescovi della Tuscia e Lombardia, cfr. A. Piazza,
«Affinché...costituzioni di tal genere siano ovunque osservate». Gli statuti di Gregorio IX contro gli
eretici d’Italia , in Scritti in onore di Girolamo Arnaldi offerti dalla scuola nazionale di studi medievali
, Roma, 2001, p. 425-458.
70. Nelle leggi del 1220, che riprendono in diversi punti il canone Excomunicamus del IV
concilio lateranense, si impegnano i rettori a sterminare gli eretici su richiesta o dopo una
valutazione delle autorità ecclesiastiche ( MGH , Leges. IV . Constitutiones et acta publica , p.
108). Nella constitutio del 1224 contro gli eretici lombardi Federico si è ormai attribuito il
gladium materialem contro i nemici della fede e ordina di sterminare gli eretici ma sempre
post condignam examinationem del vescovo ( ibid. , n. 100, p. 126). Anche nelle leggi del 1232
per la Germania, estese poi nel 1238 all’impero ( ibid. , n. 158, p. 196), l’ inventio degli eretici
spetta agli inquisitores inviati dalla Sede apostolica e ai zelatores: i giudici possono punire solo
ad insinuationem inquisitorum . Si veda anche G. Di Renzo Villata, La Constitutio in basilica beati
Petri nella dottrina di diritto comune , in Studi di storia del diritto , II, Milano, 1999, p. 151-301: le
disposizioni del podestà di Milano Ariprando Faba del 1228 prevedevano un intervento
misto: un ufficio di dodici uomini «cattolici» agivano insieme a due predicatori e a due
minori nella ricerca degli eretici, mentre un collegio giudicante misto composto dal giudice
laico e dal legato dell’arcivescovo doveva esaminarli (p. 163). Per il regno di Sicilia, invece,
l’inchiesta è affidata interamente ai giudici regi che perseguono direttamente il reato di
eresia. Nel Liber Augustalis ( MGH , Constitutiones et acta publica imperatorum et regum. II. Die
Konstitutionen Friedrichs II. für das Königreich Sizilien , a cura di W. Stürner, Hannover, 1996,
Konst. I.1, p. 151) si legge che gli eretici per officiales nostros sicut et alii malefactores inquiri, ac
inquisitiones notatos, si levis suspicionis argumento tangantur, a viris ecclesiasticis et prelatis
examinari iubemus .
71. Cfr. A. Padovani, L’inquisizione del podestà , in Clio , 21-3, 1985, p. 345-393, che data dalla
bolla Ad extirpanda il vero punto di svolta per il rapporto fra giudici delegati e poteri laici,
con la completa esclusione degli organi comunali da tut-te le fasi del processo, salvo,
naturalmente, quella esecutiva. Della normativa antiereticale sembra che le più citate negli
statuti siano le bolle di Innocenzo IV (ripresa da Alessandro IV , Ad Extirpandam , del 7
gennaio 1262, e da Clemente IV nel 1265) e le leggi di Federico II del 1239. Ma sui metodi per
vincere le resistenze dei comuni italiani, che in mancanza di un’autorità superiore come il
re in Francia, dovevano essere «convinti» alla lotta contro gli eretici, si veda anche Th.
Scharff, Die Inquisition in der italienischen Geschchtsschreibung im 13. und frühen 14. Jahrhundert ,
in Bene vivere in comunitate. Hagen Keller zum 60. Geburstag , Münster, 1997, p. 255-279.
72. Posizioni chiare in tal senso sono state prese da H. A. Kelly, Inquisition and Prosecution of
Heresy: misconceptions and abuses , in Church history , 58, 1989, p. 439-451, ora in Id.,
Inquisitions and other trial procedure in the medieval west , Ashgate, 2001, e da R. Kieckhefer, The
office of Inquisition and medieval heresy: the transition from personal to institutional jurisdiction , in
Journal of Ecclesiastical History , 46, 1995, p. 36-61, e J. Given, Inquisition and medieval society.
Power, discipline and resistance in Languedoc , Ithaca, 1997, specialmente il cap. I.
73. Sottraendosi agli «schemi da manuale», dove imperversa quello di Bernar do Gui – sul
quale si veda J. Paul, La mentalité de l’inquisiteur chez Bernard Gui , in Bernard Gui et son monde ,
Toulouse, 1981 ( Cahiers de Fanjeaux , 16), p. 279-316 –, le analisi ravvicinate di processi
inquisitori mostrano bene l’ampiezza delle variazioni possibili. Segnaliamo solo pochissimi
esempi: J.-L. Biget, Un procès d’Inquisition à Albi en 1300 in Le Credo, la morale et l’inquisition ,
Toulouse, 1971 (Cahiers de Fanjeaux 6), p. 273-341; si veda anche il ricorso massiccio alle
garanzie fideiussorie nei processi inquisitoriali di Carcassonne in J. Paul, La procédure
inquisitoriale à Carcassonne au milieu du xiii e siècle , in L’église et le droit dans le Midi ( xiii e - xiv e
siècle) , Toulouse, 1994 ( Cahiers de Fanjeaux , 29), p. 361-396; e di recente J. Théry, Les Albigeois
et la procédure inquisitoire: le procès pontifical contre Bernard de Castanet, évêque d’Albi et
inquisiteur (1307-1308) , in Heresis , 33, 2000, p. 7-48, dove si esamina il lungo conflitto tra il
vescovo di Albi e l’élite cittadina: si tratta di un momento di pieno sviluppo della natura
apertamente politica dell’ inquisitio , che si basa in maniera preponderante sulla
stratificazione dei capi d’accusa, in questo caso ben 42, e su una esplicita volontà politica
della stessa curia pontificia.
74. Die Konstitutionen Friedrichs II... , p. 213, per le inquisitiones generales de malefactoribus et
hominibus male conversationis et vite per seipsos iudices ... dove l’elemento della mala fama è
considerato di per sé un reato. Nel capitolo successivo (I, 53.2), l’elemento della fama è
ancora più decisivo, sia nelle inquisitiones generales dove le persone diventano notabiles se la
cattiva fama è provata da dieci boni viri ; sia in quelle speciali, dove il giudice deve prestare
attenzione al delator e alla sua fama prima di procedere contro il «delato». Resta comunque
interessante l’equilibrio instabile tra l’arbitrio del giudice che deve valutare le delazioni e
l’accentramento voluto da Federico che deve avere l’ultima parola sul caso dopo la relazione
del giustiziere.
75. E. Cortese, Nicolaus de Ursone de Salerno. Un’opera ignota sulle lettere arbitrarie angioine nella
tradizione dei trattati sulla tortura , in Per Francesco Calasso. Studi degli allievi , Roma, 1978, p.
191-284.
76. In Tractatus Universi Iuris , Venetiis, 1584, vol. XI , 1.
77. H. Kantorowicz, Albertus Gandinus und das Strafrecht der Scholastick. II. Die Theorie. Kritische
Ausgabe des Tractatus de maleficiis nebst textkritischer Einleitung , Berlin, 1926 [d’ora in
avanti: « Tractatus »].
78. Per un inquadramento del testo si vedano E. Cortese, Il rinascimento giuridico medievale...
cit. n. 5; M. Sbriccoli, «Vidi communiter observari». L’emersione di un ordine penale pubblico nelle
città italiane del secolo xiii , in Quaderni fiorentini , 27, 1998, p. 231-268; D. Quaglioni, Alberto
Gandino e le origini della trattatistica penale , in Materiali per una storia della cultura giuridica , 29,
1999, p. 49-63. Per la natura politica degli aspetti tecnico-giuridici del Tractatus , si veda F.
Cordero, Criminalia. Nascita dei sistemi penali , Bari, 1985, p. 184-188.
79. Il richiamo alle ideologie di base al sistema questionante è a M. Bellomo, I fatti e il diritto,
tra le certezze e i dubbi dei giuristi medievali (secoli xiii - xiv ) , Roma, 2000, in particolare il cap.
XII , p. 629-667.
80. Lo aveva acutamente notato M. Sbriccoli, L’interpretazione dello statuto: contributo allo
studio della funzione dei giuristi nell’età comunale , Milano, 1969 (ristampa Milano, 2001).
81. Per queste ultime si veda in questi atti il contributo di G. Milani.
82. Fondamentale per la funzione del consilium M. Ascheri, Le fonti e la flessibilità del diritto
comune... cit. n. 65. Si veda, a p. 24, l’attacco di Guglielmo Durante, esperto anche di cose
bolognesi, contro la consuetudo dei consilia che se-condo lui, deresponsabilizza il giudice. Cfr.
anche J. Kirshner, Consilia as authority in late medieval Italy: the case of Florence , in Legal
consulting in the civil law tradition... cit. n. 65, p. 107-140.
83. Tractatus , p. 38: iure enim canonico de quolibet maleficio inquiritur et cognoscitur .
84. Quando presenta l’ inquisitio Gandino ne riprende le caratteristiche principali secondo le
parole del canone Qualiter , ormai il testo di riferimento ( Tractatus , p. 38): è necessario che
la persona contro cui si indaga sia infamata, cioè che la publica vox lo indichi come
colpevole, che sia suddito, che la notizia sia pervenuta ad aures potestatis , che non venga da
persone malevole ma «provvide e discrete». Quando poi si affrontano i singoli modelli, il
canone Qualiter diventa fonte diretta, cfr. ibid. , p. 39: Et si quidem inquirat contra aliquam
specialem personam tunc servandus est ordo traditus , Extra, de accusationibus , c. Qualiter et
quando .
85. Tractatus , p. 46.
86. È probabile che Gandino non si aspettasse di processare dei vescovi, ma persone di mala
fama che non meritavano quel livello di attenzione assegnato da Innocenzo alle fonti
dell’infamia. Gandino riduce la portata della clausola che la fama non deve provenire da
persone malevole: è sufficiente che i testi abbiano ascoltato l’infamia non dagli stessi
provvidi uomini ma anche da persone diverse (allarga la possibilità di esistenza di
un’infamia); non nello stesso momento e nello stesso luogo, ma in momenti diversi (
Tractatus , p. 41-42). Il passo sulla consegna della copia degli atti al reo male fame et vite ( ibid.
, p. 44) mostra bene come Gandino costruisca una procedura empirica in base alle
condizioni personali degli imputati.
87. Esempi in Kantorowicz, Albertus Gandinus... cit. n. 77, I. Die Praxis , p. 250-253. Il testo delle
inquisitiones generales riprende i capitoli dello statuto che impone al podestà e alla sua familia
di interrogare i ministrali su quei reati: presenza di meretrici, gioco d’azzardo, homines di
mala fama , ferimenti e omicidi su commissione, ricezione di banditi, false accuse, parentele
con i Lambertazzi, fino alla falsificazione delle misure per il vino. Ogni ministrale deve
rispondere di persona e dunque le inquisitiones occupano diverse carte dei registri. In genere
i reati denunciati sono rarissimi.
88. A. Zorzi, Contrôle social, ordre public et répression judiciaire à Florence à l’époque communale:
éléments et problèmes , in Annales. Économies, sociétés, civilisations , 1990, p. 1169-1188, ascrive
la maggior parte delle denuncie ai cappellani.
89. Archivio di Stato di Bologna, Inquisitiones , 1289, busta 16, reg. 1, fol. 10.
90. Sentenza chiara, riportata due volte da Gandino. La prima nella rubrica sugli indizi (
Tractatus , p. 98), quando prima sostiene sulla scia di Tommaso da Piperata che si può
condannare, ma alla fine della rubrica ricorda: Sed omnes sapientes, quod Bononie vidi et alibi,
dicunt, et etiam ita vidi et de consuetudine observari, quod propter talia vel similia non possit quis in
diffinitive in persona damnari .
91. Anche se è la risposta classica che la dottrina sul processo penale ha sempre dato: vedi
da ultimo G. Alessi, Prova legale e pena. La crisi del sistema tra medioevo ed età moderna , Napoli,
1979, e Id., Il processo penale... cit. n.57, p.62: «l’esasperato e inane tentativo di
predeterminare i gradi della certezza giudiziale rese spesso difficile l’acquisizione della
prova piena e confermò la centralità della confessione e dunque della tortura».
92. Sono note le difficili questioni di paternità della rubrica De questionibus nel De maleficiis
di Gandino: abbiamo un nucleo consistente di capitoli che troviamo in un De tormentis
attribuito a Guido da Suzzara e commentato da Ludovico Bolognini in Tractatus Universi iuris
, Venetiis, 1584, vol. XI /1, fol. 240-246, e un Tractatus super materia quaestionum attribuito a
un misterioso Ambertus di Antramonia, ibidem, fol. 307-308. Sul De tormentis , cfr. E. Cortese,
Nicolaus de Ursone... cit. n. 75, p. 234-236, che non risolve il problema della paternità ma lo
dissolve nella composizione a strati dell’operetta, come in Id., Il rinascimento giuridico
medievale... cit. n. 5, p. 71. Restano da chiarire i rapporti di tradizione tra il De tormentis e il
De maleficiis . Una recente analisi dei manoscritti catalani di M. Semeraro, Osservazioni in
margine al Tractatus de tormentis: attribuzione e circolazione dell’opera sulla base di alcuni
manoscritti , in Initium , 4, 1999, p. 479-499, arriva alla conclusione che il misterioso
«Amberto di Antramonia» fosse una corruzione di «Alberto da Cremona» e quindi dello
stesso Alberto Gandino. Un passo avanti, che non spiega del tutto il rapporto tra i due testi.
Se è vero che una grande parte dei capitoli coincidono, è anche vero che permangono
differenze stilistiche continue: il De tormentis è sempre più succinto del De maleficiis e
soprattutto non conserva la forma di questio che Gandino ha conferito a molti capitoli ( pro e
contra ). Una tecnica di semplificazione che sembra addirsi più a un compendio che a una
fonte: dunque di allievi o studenti che hanno riassunto una parte di Gandino.
93. Tractatus , par. 2, p. 157, è la definizione classica che Gandino ripete sempre: gli indizi
devono precedere la tortura e devono essere verisimili, tali che manca solo la confessione; e
ancora a p. 159: gli indizi sono necessari, altrimenti non si può torturare e in caso si proceda
ugualmente ai tormenti la condanna non vale, come ricorda Gandino al capitolo 25 della
rubrica De questionibus , p. 167.
94. Tractatus , p. 175. Qui si differenzia dal De tormentis , sua ipotetica fonte, che non
contiene questa indebita estensione dell’arbitrio. Dalle sue fonti riprende invece la
convinzione che un solo teste de visu sia un indizio sufficiente per comminare i tormenti (p.
172), e che lo sia anche la sola fama.
95. È questo il locus classico delle questiones dal secolo xii in avanti, che mettevano alla prova
il potere di supplenza del giudice rispetto alle prove presentate dalle parti. Si veda D.
Maffei, Il giudice testimone e una quaestio di Jacques de Revigny , in Id., Studi di storia delle
università e della letteratura giuridica , Goldbach, 1995, p. 65-88, e ora l’importante saggio di A.
Padoa Schioppa, Sur la conscience du juge dans le ius commune européen , in J.-M. Carbasse e L.
Depambour Tarride (a cura di), La conscience du juge dans la tradition juridique européenne ,
Parigi, 1999, p. 95-129, ora tradotto in italiano, Id., Sulla coscienza del giudice nel diritto comune
, in Iuris vincula . Studi in onore di Mario Talamanca , Napoli, 2001, p. 121-162, specialmente p.
133-134 sul significato coscienza = conoscenza presso i civilisti. Gandino per altro conosce la
questio e la risolve secondo la soluzione già proposta da Guido da Suzzara e da Azzone, che
distingue una conoscenza ut iudex che può modificare gli allegata , da una ut privatus che non
deve entrare nel processo ( Tractatus , p. 369-370). Si veda anche A. Gouron, Aux racines de la
théorie des présomptions , in Id ., Droit et coutume en France... cit. n. 4, e sul principio L. Mayali,
Entre idéal de justice et faiblesse humaine... cit. n. 59: Il ruolo del giudice, obbligato a giudicare
secondo gli allegati e non secondo coscienza, risponde a una maggiore razionalità del
confronto che deve seguire criteri oggettivi e verificabili.
96. Tractatus , p. 160. Ma i luoghi dove Gandino si sofferma sull’arbitrio iudicis sono ancora
più numerosi, per limitarsi al campo dei tormenti: deve decidere quanti uomini
costituiscono un fatto notorio, p. 102: Tu vero dicas quod arbitrio iudicis committitur quot
homines faciant notorium, cum hoc non sit iu iure expressum ; come dare i tormenti, p. 158: Sed
iudex debet considerare cuius fortitudinis et cuius debilitatis et cuius valitudinis et cuius etatis sit ille
qui torquetur ; quanto deve essere lungo l’intervallo tra i tormenti e la conferma della
confessione, p. 169: la legge non lo dice, tu tamen dic quod illud modicum potest dici arbitrio
iudicis .
97. Le domande sono di Tommaso da Piperata, De fama , in Tractatus Universi iuris , Venezia,
1584, vol. XI /1, fol. 9b, n. 55: Et ideo dixi secundum iura communia sive romana quia quando
potestas habet arbitrium etiam si non essent indicia plura , sed unum tantum, posset ad tormenta
procedere quia dare arbitrium nil aliud est... Sul passo, cfr. R. Fraher, Conviction according to
conscience: the medieval jurists’ debate concerning judicial discretion and the law of proof , in Law
and history review , 7/1, 1989, p. 23-88, alla p. 38.
98. Tractatus , p. 175. La domanda di Gandino è diversa da quella originaria di Tommaso da
Piperata: Gandino, infatti, si chiede se può torturare senza alcun indizio: e la risposta è
chiaramente negativa, ma serve a far passare come rispettosa della legge la soluzione che
almeno un indizio doveva esserci, quando anche la scelta di un solo indizio era al di fuori
delle leges . In questo passo, il De maleficiis si distanzia notevolmente dal Tractatus super
materia quaestionum (cit. n. 92), che si domandava se il giudice poteva torquere accusatos sulla
base della sola fama: Et est fama quod ipse fecit et fama ita probatur (fol. 307b). Nel Tractatus de
tormentis attribuito a Guido de Suzzara, invece, si trova una formulazione più prossima a
quella gandiniana, fol. 245b, n. 96: Sed quid si potestas habet arbitrium quod nil aliud est dicere
nisi quod bona fide procedat secundum quod eius coscientiam dictaverit, an possit supplere defectum
probationis indiciis vigore arbitri? Dic quod non ; la risposta è negativa e non consente l’uso
della tortura in assenza di indizi. Insomma Gandino pur riprendendo testi noti, ha elaborato
una rubrica che legittima di fatto l’uso dell’indizio unico.
99. Il dubbio che arbitrio e coscienza non siano esattamente coincidenti è stato espresso
anche da Padoa Schioppa, Sulla coscienza del giudice... , p. 140, quando nota che proprio
questa incertezza tra ubi placuerit e conscientia è alla base della diffidenza dei giuristi per la
coscienza del giudice, vista come arbitrio non autorizzato.
100. Tractatus , p. 175. Ma con due interessanti appendici: Et sic servant communiter assessores,
quamquam per iura civilia possit dici contrarium . Insomma è materia irrisolta e lui ha visto
spesso osservare opinioni diverse. Lascia la questione con un consiglio: se trovate altri
indizi è meglio. Anche su questo punto cruciale, il De tormentis semplifica molto, eliminando
subito il riferimento al diritto canonico e le cautele finali di Gandino.
101. Ho già notato questo sdoppiamento in I fatti nella logica del processo... cit. n. 15, p. 683.
102. Sulla forza della buona fama della persona, si veda Tractatus , p. 62: se si può iniziare
un’ inquisitio contro una persona cuius opinio in publicum lesa non fuerit solo sulla
testimonianza di due o tre testi; la risposta è negativa: talis fame probatio ad dictum paucorum
orta (...) non debet ad inquisitionem iudicis animum promovere , mancando lo scandalo. Si noti
l’espressione promovere animum iudicis che pone questi indizi al di fuori di una contabilità
certa delle prove. Del tutto simile la questio 14 ( ibidem , p. 83), nella rubrica sugli indizi, ma
la domanda riguarda la possibilità di sottoporre a tortura il presunto colpevole: ancora una
volta no, secundum omnium doctorum opiniones , in virtù di un privilegio di buona fama che è
potentius infamia . Lo è perché fama et integra opinio naturaliter inest alicui et ideo magis est
duratura, quia naturalia non ita de facili immutantur .
103. È la questio 5 ( ibidem , p. 64) della rubrica A quo vel a quibus possit fama incipere e
riguarda l’arresto di un homo male condicionis et fame: solo dopo la sua cattura clamor insonuit
quod iste erat conscius et culpabilis ; la domanda è se in presenza di tali indizi si possa inquirere
questionibus contra illum , cioè torturarlo. Qui vale una presunzione di colpevolezza in base
alla cattiva fama, quia ea que in preterita vera fuerunt, sic esse vera et in eo statu hodie presumitur
; inoltre il giudice nei reati occulti deve affidarsi a ciò che è più simile al vero cum magis isto
verisimilius videatur ; inoltre la tortura è una pena per la acclarata improbità del reo e
ancora, la sua mala fama è un argumentum verisimile che diventa una prova semipiena. Siamo
in un campo completamente arbitrario affidato a una logica sociale di cui solo il giudice è
l’interprete. Ha messo in luce alcuni aspetti della questio anche R. Fraher, Conviction
according to conscience... cit. n. 97, p. 47, uno dei pochi a rilevare l’importanza del privilegium
di cittadinanza.
104. Alle cinque ragioni addotte per dare la tortura, Gandino ne aggiunge tre nella solutio ,
tratte principalmente dal Liber Extra ( Tractatus , p. 68-69).
105. H. Kiefner, «Semel malus semper praesumitur esse malus». Bemerkungen zur Bildung von
Präsumptionen im Recht des Mittelalters, insbesondere in der Glossa ordinaria des Accursius , in
Zeitschrift der Savigny-Stiftung für Rechtsgeschichte , Romanistische Abteilung , 91, 1961, p. 308-
354.
106. Fondamentali per un inquadramento culturale della funzione giudicante i saggi di M.
Madero, Façon de croire. Les témoins et le juge dans l’œuvre juridique d’Alphonse X le sage, roi de
Castille , in Annales. Histoire, sciences sociales , 1999, p. 197-218; Id ., Langages et images du procès
dans l’Espagne médiévale , in Cl. Gauvard e R. Jacob (a cura di), Les rites de la justice. Gestes,
rituels judiciaires au Moyen Âge , Parigi, 2000, p. 73-97.
107. R. H. Helmholz, The early History of the Grand Jury and the Canon Law , in The University of
Chicago Law Review , 50, 1983, p. 613-627, stabilisce un parallelo fra le procedure delle corti
ecclesiastiche e quelle laiche proprio a partire dal valore della pubblica fama; K. B.
Shoemaker, Criminal procedure in Medieval European law , in Zeitschrift der Savigny-Stiftung für
Rechtsgeschichte , Kanonistische Abteilung , 129, 1999, p. 174-202; R. D. Groot, The Early
Thirteenth Century Criminal Jury , in J. S. Cockburn e T. Green (a cura di), Twelve Good Men and
true. The Criminal trial Jury in England, 1200-1800 , Princeton, 1988, p. 4-35, ma si vedano anche
i casi svedesi: T. Linndkvist, Law and the making of the State in Medieval Sweden: kinship and
communities , in A. Padoa-Schioppa (a cura di), Legislation and justice , Oxford, 1997, p. 211-
228, alle p. 224-225.
108. Forse qui possiamo anticipare i tempi di un dibattito che vide animare la penalistica in
età moderna, soprattutto la domanda se questa eversione palese del sistema delle prove
legali sia configurabile come una vera rottura di quel sistema o come una forzatura
congenita, una necessaria «estensione», pena il blocco dell’attività giudiziaria. Sul problema
si veda l’eccellente analisi di M. Meccarelli, Arbitrium. Un aspetto sistematico degli ordinamenti
giuridici... cit. n. 3, che propende per una tenuta generale del sistema: gli indizi al posto delle
prove non rompono l’ordine precedente, anche se lo modificano profondamente; dello
stesso parere I. Rosoni, «Quae singula non prosunt collecta iuvant». La teoria della prova indiziaria
nell’età medievale e moderna , Milano, 1995, e P. Marchetti, Testis contra se. L’imputato come
fonte di prova nel processo penale dell’età moderna , Milano, 1994, p. 87-106. Anche se è illusorio,
forse, pensare che la teoria delle prove legali abbia risolto i problemi della valutazione degli
indizi, problema che rimase apertissimo anche dopo l’affermazione delle pene
straordinarie, lasciando all’ arbitrium iudicis un ruolo centrale nella determinazione della
sufficienza e verosimiglianza degli indizi (I. Rosoni, «Quae singula non prosunt collecta
iuvant»... , 170-171). Anche la distinzione tra indizi dubitati e indubitati crea insiemi mol-to
sbilanciati; di fatto degli indizi indubitati si conosce sempre il solito esempio dell’uomo che
esce dalla stanza con la spada insanguinata, (P. Marchetti, Testis contra se... , p. 103, n. 272),
tutti gli altri erano dubitati, e dunque occupavano uno spazio vastissimo: l’imbrigliamento
nella legge era assai scarso. La dottrina ondeggia sugli effetti di questi indizi, F. Cordero,
Criminalia. Nascita dei sistemi penali... cit. n. 78, p. 260-262.
109. Statuta comunitatis Novariae , a cura di A. Ceruti, in Historiae Patriae Monumenta. XVI .
Leges municipales , II-1, Torino, 1876, 1277, rubrica 94, col. 595.
110. Liber statutorum Novocomensium pars altera , a cura di A. Ceruti, in Historiae Patriae
Monumenta... , col. 134-135: Quod potestas et iudex maleficiorum (possono) inquirere et processum
ex officio facere de quibuscumque et super quibuscumque maleficiis (rubrica 37, del 1284); e
un’altra rubrica, la 6, col. 125: non si può torturare ubi pena pecuniaria vertatur . Nei reati
dove invece si può dare una pena sanguinis , possint torquere et questiones subicere,
precedentibus tamen indiciis. Et in illis quibus pena maior et maius periculum adhiberet, maiora
tormenta possint et debeant adhiberi .
111. Statuta Ferrariae anno MCCLXXXVII , Ferrara, 1955, p. xx .
112. I brevi del comune e del popolo di Pisa dell’anno 1287 , a cura di A. Ghignoli, Roma, 1998, p.
397: Ad girellam vel talliolam aut sub questionibus aut aliud tormentum non ponemus nec poni
faciemus aut permictemus vel conscientiemus poni aliquem vel aliquos de civitate pisana vel eius
districtu nisi fuerit fur, latro vel persona male fame vel habeatur vel teneatur pro persona male fame
. In questi casi non si può estendere l’arbitrio concesso: Et de hoc nullum intendimentum vel
liberationem aut arbitrium petemus .
113. Statuti di Bologna dall’anno 1245 all’anno 1267 , a cura di L. Frati, I, Bologna, 1869, p. 295:
Item statutimus quod nullus amodo ponatur ad tondolum seu tirellum nisi esset famosus latro seu
falsarius..vel derobator et contra ipsum erunt violente presumptiones... La specificazione delle
violente presunzioni non è casuale, alzando il livello di garanzie per le decisioni affidate all’
animus del giudice.
114. Statuti bresciani del secolo xiii , a cura di F. Odorici, in Historiae Patriae Monumenta. XVI .
Leges municipales , II-2, Torino, 1876, col. 142: Item non debeam aliquem Brixie et brixiane ponere
et suspendere ad tornellum nec in catenis comunis (...) nisi sit famosa persona de malo vel contra eum
fuerit presumptio .
115. Nello statuto volgare del 1309 si dà ampio arbitrio di invenire i malefici per tormenti in
base alle presunzioni o a cinque testimonianze, Il costituto del comune di Siena volgarizzato nel
MCCCIX-MCCCX , a cura di A. Lisini, Siena, 1903, p. 276, ma questo «abia luogo ne li publici
ladroni et falsatori, huomo o vero huomini de mala fama o vero di provevole suspicione».
116. Statuti della repubblica fiorentina , a cura di R. Caggese, nuova edizione a cura di G. Pinto,
F. Salvestrini e A. Zorzi, I, Statuto del capitano del Popolo degli anni 1322-1325 , Firenze 1999, p.
127.
117. Statuto ravennate di Ostasio da Polenta (1327-1346) , a cura di U. Zaccarini, Bologna, 1998, p.
223.
118. Gli Statuti veronesi del 1276 colle correzioni e aggiunte fino al 1323 , a cura di G. Sandri,
Venezia, 1940, p. 399. La frase è complessa: Potestas possit inquirere et ponere ad tormentum
prout ei videbitur suo arbitrio quamlibet personam pro maleficio, videlicet pro homicidio, furto,
robariis (...). Et in predictis maleficiis (...) potestas liberum arbitrium habeat puniendi, cum consilio et
voluntate omnium iudicum Verone . Anche nel capitolo sulle pene torna questa co-decisione: In
criminibus non sim adstrictus iudicare secundum leges, sed meo arbitrio, cum consilio et voluntate
iudicum .
119. Statuti di Bologna dell’anno 1288 , a cura di G. Fasoli e P. Sella, Città del Vaticano, 1939 (
Studi e testi , 73), I, p. 184: non si può tormentare nullus qui sit de societatibus Artium vel
Armorum, Cambii vel Mercadantie Populi Bononie (...) nisi dominus capitaneus Populi omnia acta
viderit .
120. In Codice diplomatico della città di Orvieto. Documenti e regesti dal secolo xi al xv , a cura di L.
Fumi, Firenze, 1884, p. 783: Quod nulla persona ponatur ad tormentum sine licentia dd. Septem et
penam facienti contra . I livelli di certezza giuridica per i quali è possibile concedere il
permesso di torturare sono diversi secondo i reati commessi di giorno (un teste de visu e
fama pubblica) o di notte (basta la fama pubblica). Detto questo la rubrica consente
ugualmente ai giudici del capitano e del podestà di mettere ad tormenta anche contro il
parere dei sette se gli indizi sono violenti e le forme rigorosamente rispettate. Le pene per
gli ufficiali che sbagliano sono severissime, e in caso di contenzioso si crede al giuramento
del tormentato.
121. È la rubrica De immunitate et privilegio dominorum et priorum in Statuto del Capitano del
Popolo... , p. 81: non si può indagare e naturalmente non si può sottoporre a tortura alcun
membro del collegio dei priori nisi in casu homicidii per eum commissi et tunc precedentibus
inditia (!), secundum formam iuris et non aliter .
122. La norma sulla tortura in cui si equiparano maiores e minores è citata in J. Grundman,
The Popolo at Perugia, 1139-1309 , Perugia, 1992, p. 168, e su suggerimento di Roberto
Abbondanza viene attribuita proprio a Gandino, giudice del podestà in quell’anno. Curioso
che nessun esegeta di Gandino l’abbia notata, privilegiando invece un processo ordinario,
per altro di profilo statuale assai basso, celebrato contro una comunità colpevole di non
aver catturato un probabile reo contumace, quel «Giacopuccio» divenuto simbolo
involontario della svolta della giustizia medievale, per il quale vedi S. Caprioli, Satura Lanx
26. Il caso Giacopuccio (un momento della storia delle funzioni d’accusa) , in Bullettino dell’Istituto
storico italiano per il medioevo , 97, 1991, p. 337-356. Nel 1301 altre norme in contraddizione
con questa ridimensionano i poteri dei magistrati forestieri, (J. Grundman, The Popolo at
Perugia... , p. 201).
123. J. Grundman, The Popolo at Perugia... , p. 209-210. Per altro già il giudice sgravatore era
intervenuto pesantemente sulle sentenze di Gandino giudice; se-condo S. Menzinger, La
funzione politica del giudice nei governi comunali del xiii secolo , tesi di dottorato in storia
medievale, Università di Torino, XII ciclo, 2001, p. 133-134, il giudice sgravatore annulla
circa la metà delle sentenze dell’anno 1286-1287.
124. Tractatus , p. 398.
125. Il ricorso alla sapienza questionante e consulente nel capitolo sul procura-tore è
massiccio: e del resto la cosa non stupisce, visto l’interesse diretto dei sapienti nella
faccenda; in particolare Lambertino Ramponi è citatissimo e sempre a favore dell’intervento
dei procuratori, prassi che in verità era già stata seguita da Odofredo e Guido da Suzzara. La
questione dell’intervento del procuratore nei casi di tortura è invece più avanti, Tractatus ,
p. 165: nella solutio si ammette la possibilità di allegare da parte del reo, maxime (...) quo
probato iste Titius non debet ad tormenta poni. Et super hoc ita mihi consuluit Bononie dominus
Lambertus Ramponi .
126. Tractatus , p. 339.
127. Ampio spazio a questo concetto in M. Sbriccoli, «Vidi communiter observari»... , cit. n. 78.
128. Così si giustifica l’obbligo di accusare imposto ai parenti della vittima, Tractatus , p.5:
Quia expedit reipublice ne maleficia remaneant sine pena .
129. Tractatus , p. 194, così Dino sentit et determinavit a Bologna: Et hoc illa ratione quia omnis
delinquens offendit rem publicam civitatis (...) unde remittendo quis iniuria sua non propterea
remittitur iniuria comuni et publica .
130. Tractatus , p. 222: Quia pena que debetur publice non debet posse tolli privatorum consensu,
pactis vel dissimulatione (...) et ita hanc questionem solvit do-minus Dinus .
131. Tractatus , p. 247-248, la solutio secundum dominum Dynum et alios communiter omnes
doctores è che bisogna punire ciascuna percussio . Anche un’altra questio apparentemente
linguistica riceve una soluzione grazie al principio punitivo: se lo statuto punisce più
severamente le aggressioni commesse in casa e uno commette insulto sotto il «portico» di
una casa, è da equipararsi al casus dello statuto? Sì, perché così intende la consuetudo e quia
magis ratio suadet ne maleficia remaneant impunita , Tractatus , p. 255.
132. Un’altra risposta positiva, sulla scorta di Guglielmo Durante, Tractatus , p. 263: Omnes
tamen iudices propter bonum regimen et ut ceteri et ne maleficia remaneant sine pena .
133. Tractatus , p. 268: Ratio autem est ista, quia favor publicus preferre debet utilitatibus
privatorum .
134. Un esempio nello statuto di Vicenza F. Lampertico, Statuti del comune di Vicenza
MCCLXIV , Venezia, 1886, p. 120: Et timore ipsius magnatis ipse non possit habere aut dicat se non
posset habere testes qui dicant veritatem in servicio suo, quod potestas et anciani teneantur suo
officio inquirere veritatem, et ea inventa bene et alte puniat ipsum magnatem. Et si testes negarent
dicere veritatem, potestas et anziani suo officio per tormentum veritatem inquirere teneantur .
135. Il Liber Paradisus con le riformagioni e gli statuti connessi , a cura di F. S. Gatta, G. Plessi,
Bologna, 1956.
136. J. Grundman, The Popolo at Perugia... cit. n. 122, p. 388: Item dicimus et ordinamus quod
nullus se faciat vasallum alicuius vel alterius faciat vel iuret fidelitatem. Et qui contrafecerit perdat
capud .
137. Sulle quali oltre al tradizionale studio di G. Salvemini, Magnati e popolani in Firenze dal
1280 al 1295 , 1899, nuova edizione Milano, 1966, p. 186-193, si veda A. Zorzi, Politica e giustizia
a Firenze al tempo degli ordinamenti antimagnatizi , in V . Arrighi (a cura di), Ordinamenti di
giustizia fiorentini. Studi in occasione del VII centenario , Firenze, 1995, p. 105-147.
138. G. Milani, Il governo delle liste del comune di Bologna. Premesse e genesi di un libro di
proscrizione duecentesco , in Rivista storica italiana , 108, 1996, p. 149-229; Id., Dalla ritorsione al
controllo. Elaborazione e applicazione del programma antighibellino a Bologna alla fine del Duecento ,
in Quaderni storici , 94, 1997, p. 42-74. Per il meccanismo di estensione per analogia delle
condizioni penalmente rilevanti, si veda ancora il caso bolognese: M. Vallerani, Il potere
inquisitorio del podestà. Limiti e definizioni nella prassi bolognese di fine Duecento , in G. Barone, L.
Capo e S. Gasparri (a cura di), Studi sul medioevo in onore di Girolamo Arnaldi , Roma, 2001, p.
379-417.
139. Per i sistemi di riferimento che partono dal gioco d’azzardo si veda A. Rizzi,
Ludus/ludere. Giocare in Italia alla fine del Medioevo , Treviso-Roma, 1995; M. Vallerani, Ludus e
giustizia: rapporti e interferenze tra sistemi di valori e reazioni giudiziarie , in Ludica , 7, 2001, p.
61-75.
140. Statuto del comune di Perugia del 1279 , a cura di S. Caprioli, Perugia, 1996, p. 273: le
condanne superiori alle 100 lire devono essere ridotte a 100 e una volta pagate si è assolti in
perpetuo . Chi è stato condannato per porto d’armi deve pagare solo 100 soldi; le persone
tenute in galera per porto d’armi siano rilasciate senza pena; le persone condannate per
malefici con pene inferiori alle 100 libre siano assolte dopo aver pagato metà della pena.
Sulle discussioni relative a questa amnistia controllata e le tensioni tra consiglio del comune
e organi di Popolo, quando alla fine il Popolo dovette accettare un ridimensionamento della
propria linea giudiziaria intransigente, si veda S. Menzinger, La funzione politica del giudice...
cit. n. 123, p. 119-128.
141. Statuti di Bologna dell’anno 1288... cit. n. 119, rubrica 69, p. 360: vale per tutti gli iscritti
nei libri bannitorum , ubicumque sint ; vale anche per gli altri banditi ordinari (quelli per i
quali non è specificato la controparte. Ma anche senza pace, nel caso di offese ai forestieri e
di offese ai Lambertazzi, possint et debeant cancellari de banno sine pena cum pace vel sine pace .
Possono essere cancellati dal bando anche i lambertazzi che pagano le collette et qui stant ad
mandata comunis solvendo collectas et faciendo publicas factiones communi Bononie qui sunt in
banno aliqua ratione vel causa . E inoltre omnes et singuli exempti de protetione comunis Bononie
possint et debeant restitui in integrum et ad gratiam et protectionem comunis habendo pacem vel
concordiam ab offensis . Insomma parte come riforma limitata ad alcune categorie e poi si
allarga fino a comprendere quasi tutti i banditi.
142. P. Pazzaglini, The criminal ban of the sienese commune , 1225-1310 , Milano, 1979, p. 152, ma
si tratta di un’amnistia pagata a caro prezzo, dalle 1 500 alle 2 000 libre per i condannati per
omicidio (quindi doveva trattarsi di bandi mortali); mentre per gli altri reati si poteva
pagare 5 soldi per ogni libra di pena.
143. Statuti della repubblica fiorentina... cit. n. 116, p. 142.
144. Il riferimento è ancora al fondamentale libro di M. Meccarelli, Arbitrium. Un aspetto
sistematico degli ordinamenti giuridici... cit. n. 3.
145. Si veda J. Chiffoleau, Sur la pratique et la conjoncture de l’aveu judiciaire en France du xiii e
au xv e siècle , in L’aveu, Antiquité et Moyen Âge. Actes de la table ronde de Rome, 28-30 mars 1984 ,
Roma, 1986, p. 341-380; l’estensione dell’accusa di eresia ai reati politici avrebbe favorito
l’adozione da parte delle città italiane delle procedure inquisitoriali ecclesiastiche. Una
veloce panoramica anche in J. Shatzmiller, Justice et injustice au début du xiv e siècle. L’enquête
sur l’archevêque d’Aix et sa renonciation en 1318 , Roma, 1999, p. 7-17.
146. F. Bock, I processi di Giovanni XXII contro i Ghibellini delle Marche , in Bullettino dell’Istituto
storico italiano per il Medioevo , 57, 1941, p. 19-70. Si tratta in questo caso di processi per
rebellio intesa come attentato alla iurisdictio pontificia su città e territori di sua pertinenza.
L’aspetto militare e anche concreto della iurisdictio è di assoluto rilievo: i signori incriminati
impedivano l’esercizio delle funzioni di governo. Non c’è mai stato un confronto diretto,
una confessione, una costrizione a proferire l’indicibile come manifesto della verità del
potere. Al contrario le accuse di argomento religioso, oltre che artefatte, sembrano le più
esterne al sistema di riferimenti dotti e giuridici di queste imputazioni, impostate sulle
categorie romanistiche della rebellio .
147. Per i processi contro gli Estensi, cfr. F. Bock, Der Este Prozess von 1321 , in Archivum
fratrum praedicatorum , 7, 1937, p. 41-95. Anche questo caso presenta molte note
contraddittorie. Dopo la messa in campo di un notevole apparato d’imputazioni e di
citazioni, gli Este, adoratori del diavolo, hanno mandato i procuratori, si sono presentati dal
giudice pontificio a Bologna e si sono discolpati. E anche quando il vescovo di Bologna, che
conduceva l’inchiesta, volendo procedere alla sentenza di eresia, chiese un consilium
collettivo a frati inquisitori teologi e a giuristi laici, si dovette scontrare con altre difficoltà:
il parere discorde, ma pesantissimo, di Giovanni di Andrea che non ammetteva come prove
le testimonianze singole raccolte nel processo.
148. Un caso importante è quello fiorentino degli Otto di Guardia, che sembrano agire su
campi diversi con grande libertà procedurale: A. Zorzi L’amministrazione della giustizia penale
nella repubblica fiorentina. Aspetti e problemi , Firenze, 1988. La velocità della procedura e
soprattutto il pragmatismo delle soluzioni – spesso si tratta di re-integrare le persone
condannate per reati minori dopo un accordo con la controparte o di imporre accordi sotto
forma di sentenza espeditiva –, riflettono una nuova preoccupazione dei governanti: quella
per «la giustizia da dare ai sudditi», un dovere cui bisogna far fronte in modi diversi, a
cominciare dalle risposte veloci e pacificatrici a quella conflittualità minore, di confine tra
civile e penale ma in grado di evolvere rapidamente verso livelli di scontro più gravi.
149. G. Orlandelli, L’autorità del signore in un decreto di Taddeo Pepoli sulla formula di deroga , in
Id., Scritti di paleografia e diplomatica , Bologna, 1994, p. 54-69.
150. G. M. Varanini, «Al magnifico e possente segnoro». Suppliche ai signori trecenteschi italiani fra
cancelleria e corte: l’esempio scaligero , in C. Nubola e A. Würgler (a cura di), Suppliche e
gravamina. Politica, amministrazione e giustizia in Europa (secoli xiv - xviii ) , Bologna, 2002, p. 65-
106. Un esempio di forma scritta con notizie, importanti per capire la natura del testo, sui
procedimenti redazionali, in P. Repetti, Scrivere ai potenti. Suppliche e memoriali a Parma (secoli
xvi - xviii ) , in Scrittura e civiltà , 24, 2000, p. 295-358.

151. Su un piano generale, cfr. M. Bellabarba, Pace pubblica e pace privata: linguaggi e
istituzioni processuali nell’Italia moderna , in Criminalità e giustizia in Germania e in Italia... cit. n.
1, p. 189-216; per uno studio recente di integrazione piena tra la pace e il processo pubblico,
anche se celebrato dalla corte episcopale, cfr. M. Della Misericordia, Giudicare con il consenso.
Giustizia vescovile, pratiche sociali e potere politico nella diocesi di Como nel tardo medioevo , in
Archivio storico ticinese , XXXVIII, 130, 2001, 179-218.
152. C. E. Tavilla, Paci, feudalità e pubblici poteri nell’esperienza del Ducato estense (secc. xv - xviii )
, in Duelli, faide e rappacificazioni. Elaborazioni concettuali, esperienze storiche. Atti del seminario di
studi storici e giuridici, (Modena, 14 gennaio 2000) , a cura di M. Cavina, Milano, 2001, p. 285-318.
Nel 1531 il duca estende l’obbligo di non rompere la pace anche ai fideiussori e ai parenti
lontani, e nel 1604 si ordina la registrazione pubblica di tutti gli atti di garanzia di non
offendere giurati nel ducato.
153. O. Niccoli, Rituali di pacificazione della prima età moderna , in Studi storici , 40, 1999, p. 219-
260. Le costituzioni del tribunale bolognese del Torrone del 1560 ammettevano la pace, anzi
le davano maggiore vigore, perché, come a Milano, avevano l’effetto di interrompere la
causa. Ma sulla pace a Bologna è tornato di recente, ridimensionandone la diffusione, T.
Dean, Violence, Vendetta and peacemaking in late medieval Bologna , in A. Knafla (a cura di),
Crime, Gender and Sexuality in criminal prosecution , Londra, 2002, p. 1-17.
154. Cfr. A. Padoa Schioppa, Delitto e pace privata nel diritto lombardo... cit. n. 42, p. 557-578.
155. A. Osbat, «È il perdonar magnanima vendetta». I pacificatori tra bene comune e amor di Dio ,
in Ricerche di storia sociale e religiosa , 53, 1998, p. 121-146.
NOTE FINALI
1. Gran parte di questo saggio (par. 1-15) è stato ripreso nel capitolo 1 del mio lavoro La
giustizia pubblica medievale , Bologna, 2005.
IV. Politiques judiciaires et résolution
des conflits
Politiques judiciaires et résolution des
conflits dans les villes de l’Occident à
la fin du Moyen Âge
Quelques hypothèses de recherche

Xavier Rousseaux

1 La question des politiques judiciaires et de résolution des conflits est


indissociable des réflexions menées dans les sessions précédentes
sur la documentation, le personnel, les conflits et les procédures
comme dans celle qui suit sur les rituels judiciaires dans l’espace
urbain. Les cinq contributions de cette section portent toutes sur les
villes du quart sud-ouest de l’Europe, pour autant que l’on considère
Dijon comme située sous la ligne du partage des eaux entre la mer du
Nord et la Méditerranée...
2 L’exposé qui suit tentera d’articuler les grandes lignes des textes
proposés avec quelques travaux publiés portant essentiellement sur
des villes du Nord de l’Europe occidentale et une étude de cas
constituée par nos propres recherches sur une communauté urbaine
de la fin du Moyen Âge : Nivelles en Brabant.
3 Le thème abordé peut se résumer en une double interrogation sur la
« sortie du crime » dans les villes médiévales. Quelles sont les
pratiques de résolution des conflits ? Peut-on distinguer des
« politiques judiciaires » des villes à la fin du Moyen Âge ?
4 Il importe en premier lieu de préciser l’usage de ces termes.
5 Dans le droit fil du thème des procédures, le concept de résolution des
conflits renvoie aux approches d’anthropologie du droit 1 . Il s’agit
de détecter, au delà des cas d’espèce, s’il existe des « logiques », voire
des « modèles » de résolution des conflits spécifiques aux villes
médiévales et quelle fut leur place dans l’histoire occidentale.
6 Évoquer ensuite des politiques judiciaires suggère l’existence de
logiques cohérentes urbaines (politiques) de gestion de la sortie du
crime. Il peut s’agir de politiques internes des autorités urbaines vis-
à-vis des diverses composantes de l’oligarchie, voire des fractions de
la population urbaine. Il peut aussi s’agir de politiques externes, vis-
à-vis des pouvoirs extérieurs et concurrents à la ville, en particulier
les seigneurs locaux, ou les tribunaux ecclésiastiques comme
l’inquisition ou les princes territoriaux et les monarques.
7 Nos connaissances des pratiques judiciaires des villes occidentales à
la fin du Moyen Âge sont encore fragmentaires. Malgré le
développement des recherches d’histoire de la justice, les
monographies locales qui forment l’essentiel du matériau sont
encore trop peu nombreuses 2 . On dispose de travaux récents pour
les villes italiennes 3 , quelques villes françaises (Lyon, Avignon,
Marseille) 4 , les centres urbains des Pays-Bas (Gand, Bruxelles,
Malines, Anvers, Nivelles) 5 , Utrecht, Amsterdam) 6 , de
Scandinavie (Stockholm) 7 et du monde germanique (Constance ou
Nuremberg) 8 ou helvétique (Fribourg, Zürich, Bâle) 9 . Il faut
compléter par des études plus anciennes de facture institutionnelle
et juridique ou repérer les pages consacrées à la justice dans les
monographies urbaines 10 . Quant aux synthèses sur la justice
médiévale, elles sont encore fragiles : la spécificité des cités y est peu
discutée 11 . La diversité des sources conservées, des périodes
étudiées, le caractère local des configurations socio-politiques et
socio-judiciaires, les approches privilégiées (histoire politique,
histoire juridique, histoire sociale) rendent en effet la comparaison
très difficile, en particulier entre les pratiques des deux grands pôles
de développement urbain au xiiie siècle : l’Italie du Nord et les Pays-
Bas.
8 Que retenir de cet éventail de travaux ? Trois questions nous
guideront dans la réflexion. Existe-t-il un modèle urbain de gestion
de l’insécurité et du désordre ? Quelles furent les fonctions socio-
politiques de ce modèle ? Comment ce modèle évolua-t-il à la fin du
Moyen Âge ?

Éléments de cohérence : la pacification, un


modèle urbain ?
9 La justice médiévale urbaine est largement modelée par les acquis de
l’émancipation des communautés bourgeoises à partir des xie-xiie
siècles 12 . L’autonomie judiciaire de la communauté fut partout une
exigence des citadins face à la justice des seigneurs considérée
comme arbitraire et peu favorable aux intérêts des citadins. Quelle
que fut la configuration du pouvoir judiciaire dans la cité : plénitude
de pouvoir pour le conseil urbain, autonomie relative d’une
juridiction urbaine au nom du pouvoir seigneurial 13 , partage entre
le représentant du seigneur dominant, celui d’un prince souverain et
les bourgeois..., ce sont bien les bourgeois qui négocièrent,
arrachèrent ou imposèrent une uniformité la plus grande possible de
la justice dans les murs de la cité. Les intérêts que partagent les
bourgeois sont d’abord l’ordre et la sécurité à l’intérieur des murs.
La pax, l’amicitia, la concordia sont les valeurs fondamentales qui
cimentent les factions d’habitants à Florence, à Constance ou à Gand
14. La bonne police est la concordia inter pares et la règle
fondamentale est l’isonomia, l’égalité de traitement entre pairs.
10 La principale menace de discordia est la violence interpersonnelle.
Les chartes des villes du Nord en rendent compte, à l’exemple de la
« paix » de Valenciennes (1114) ou la « keure » de Bruxelles (1229)
15 . Ces textes, en effet, présentent la caractéristique d’être issus

d’une concertation du Prince avec des représentants des bourgeois.


A Bruxelles, malgré l’invocation de la loi du talion en matière
d’homicide et de mutilation dans les deux premiers articles, le texte
organise essentiellement un système de règlement final de la guerre
privée : la reconciliatio. Le maintien de la paix urbaine passe par la
réconciliation entre les acteurs du conflit. Il importe de faire baisser
au plus vite la tension susceptible d’éclater en violence sanglante,
sans pour autant stigmatiser l’une ou l’autre des parties en conflit.
11 L’initiative des acteurs du conflit est donc au centre de la résolution.
Si la procédure d’office gagne du terrain dans les juridictions
royales, les villes résistent à l’enquête criminelle. À Reims comme à
Provins, au xive siècle, l’enquête du pays reste la règle pour les
bourgeois. Celle-ci suppose un accusateur ou tout au moins un
dénonciateur 16 . Devant le silence de l’accusation, le suspect peut
se purger de l’accusation par l’« escondit » ou serment purgatoire
17 .

12 On comprend que face au danger de la violence entre bourgeois,


conscientes des lacunes de la procédure accusatoire mais méfiantes
face à l’enquête d’office sous contrôle des représentants
seigneuriaux ou princiers, les autorités urbaines s’efforcent de
développer une autre politique de gestion des conflits. Ainsi, une
procédure originale est celle qui invite les auteurs d’agression à
signaler eux-mêmes le fait aux autorités. À Bruxelles, la demande de
l’auteur ou d’un intermédiaire met en branle une trève de 24 heures
18 . À Nivelles, une ordonnance de 1390 systématise la procédure à
suivre en cas de « meffait desoubs la singnorie de nivelle » :
...que quelconques personnes dès ce en avant sont nul fait desoubs le justice et
signorie de Madamme de nivelle de hommes ou de personnes quaissier, navrer
ou tueir soit par nuit ou par jours, mais que plaie y aist overte que ilh convenrat
que ilh lamende deutement par devant esquivins par boins tesmoins devens trois
jours apres ce que li fais serat advenut 19 .
13 La pratique du « mandement de fait » est attestée dans les comptes
de justice à partir de 1391 jusqu’en 1505. En cas de négligence, pour
n’avoir pas mandé le fait d’une blessure infligée à un concitoyen, un
bourgeois peut s’exposer à une amende doublée, voire à une
accusation criminelle 20 ...

Fig. 1 – Le « fait mandé » de violence dans les comptes du maire de Nivelles (1378-
1550).

14 Ainsi révélé par les auteurs de violence, tout conflit interpersonnel


doit en priorité déboucher sur un processus de paix entre les parties.
C’est pourquoi les autorités dans les villes du Nord de l’Occident
s’efforcent de lier les parties à un système complexe de trêves,
provisoires (Treuga, « trièves », « Friede », « vrede »), en vue
d’obtenir une paix, définitive, entre les adversaires (pax, « paix à
partie », « Suhne », « zoen », « Uhrfehde » 21 ). La « paix à partie »
est exigée dans tout conflit de violence physique ou verbale ; en
matière d’homicide, faire « paix à partie » est une condition
préalable à l’octroi d’une rémission par le Prince. Dans les villes, la
technique de l’arbitrage, courante dans les milieux princiers,
ecclésiastiques et commerçants, est également utilisée pour négocier
une paix durable entre parties après une querelle 22 . Pour être
durable, cette paix est parfois garantie par l’assurance de ne pas
récidiver, jurée par les parties (« asseurance », « asseguranche »...)
23 . En matière de gestion de la violence, la distinction entre

initiative privée et publique n’est pas pertinente. De nombreux


registres urbains conservés pour les xive-xve siècles enregistrent à la
fois des paix entre parties et des décisions politiques et judiciaires
des magistrats 24 . Dans certaines villes, la fréquence des heurts
violents entre bourgeois justifie même la création de juridictions
réservées à l’apaisement de leurs conflits. Dans les villes flamandes,
comme à Gand ou Bruges, et brabançonnes, ces collèges d’apaiseurs
offrent à leurs concitoyens la garantie du maintien de la paix jurée
25 . Ces apaiseurs fascineront jusqu’à la fin de l’Ancien Régime. À

Leyde, l’institution des « vredemakers » frappa l’imagination de


Voltaire en 1742 ; il en répandra l’idée, qui figure parmi les sources
du « juge de paix » de la Révolution. Obnubilés par le modèle anglais,
beaucoup ont oublié qu’il s’agissait de créations urbaines qui, comme
à Lille et à Bruxelles, fonctionnaient toujours au xviiie siècle. Ils ne
seront supprimés que par la Révolution française au profit des
bureaux de paix et conciliation 26 .
15 Cette diversité des procédures et des instances dans les villes
médiévales du Nord nous paraît cependant profondément unifiée
par une philosophie sous-jacente. Un mot la résume, porteur dans sa
polysémie d’une philosophie de résolution des conflits et d’une
politique judiciaire : l’amende 27 .
16 L’amende traduit d’abord une philosophie reposant sur
l’autodénonciation de l’auteur d’un « mé-fait ». Le mandement de
fait est aussi un amendement. Le 13 mars 1495, « devant Willaume
Bernart, prebstre religieux », Ernoult le Soyeur « mande le mésus
d’avoir blessé et navré », le 12 mars, son frère Jacop Henry « sur son
corps deffendant » 28 .
17 L’amende est ensuite l’amendement au bénéfice de la partie lésée,
par exemple en matière d’homicide. À Bruxelles, la composition
proposée par le coupable sous le contrôle des échevins s’appelle
l’emendatio 29 . Comment se pratiquait la négociation ? Le 16 mai
1453, Nicaise Jackelart, accompagné de ses proches et amis et Jehan
et Estienne Germain et leurs proches et amis, comparaissent devant
le maire et les échevins de Nivelles pour entériner un traité de paix
conclu pour l’homicide commis par Jehan Germain sur la personne
d’Anthoine, fils de Nicaise Jackelart. Aux termes de ce traité, ledit
Jehan est tenu en premier lieu « de faire en non d’amende et
reparation audit Nicaise les quatres voyes dusaige du pays c’est
assavoir d’outremer, de saint jacque en campostele, de rochemadou
et de sainte larme en vendome... » Le premier voyage, en Terre
Sainte, est rachetable moyennant le payement de 20 piètres d’or
philippus à Nicaise Jackelart ; pour les autres pèlerinages, Germain
« serat tenus dedens quatre moix après ledit saint pierre passé de
faire de paine de corps ou avoir greit de partie... » Pour assurer ce
traité, les parties ont élu des arbitres et « fu dit par iceux amis et
amiables appaiseteurs que bonne paix fuist entre les deux ditez
partiez... moyennant la sollempnité et pryère que ledit jehan
germain est tenus et laquelle il a souffissament et benignement fait
et acomplit comme l’usaige et coustume du paix... » Pour conclure
l’accord, le maire demande aux parties de confirmer leur accord à
voix haute, en présence des échevins 30 . L’amende(ment) est un
préalable à la pacification. « Faire bonne paix » entre les parties
suppose certes l’intervention des autorités, en l’occurrence le maire
et les échevins de Nivelles, mais comme garants de l’accord passé
entre les parties par l’intermédiaire des « amis et arbitres »
présentés comme « amiables apaisiteurs » et comme témoins publics
de l’application d’un accord privé.
18 L’amende est aussi profitable pour l’autorité : l’amende au sens
financier, contemporain, du mot. Dans les villes du Nord, les chartes
de franchise concédées par le seigneur contiennent généralement un
tarif d’amendes pour violence, tandis que les premiers textes
législatifs urbains, les bans de justice, détaillent les amendes
encourues dans l’exercice des métiers ou du commerce. Le droit
urbain privilégie un modèle de contrat entre deux parties qui se
connaissent ; ce modèle correspond à la nature principale des
échanges économiques dans les cités médiévales. Le développement
du capitalisme commercial et artisanal dans les communautés
urbaines va de pair avec la prédilection pour une sanction
financière, symbole du marché et de la négociation, mais aussi d’une
sécurité juridique face aux peines arbitraires des haut-justiciers 31 .
Les chartes pénales prévoient généralement un mécanisme de
répartition du profit des amendes. Ainsi la charte bruxelloise de 1229
établit un tarif d’amendes détaillé et diversifié et reconnaît
désormais qu’un tiers de sa recette ira au bénéfice de la commune, le
solde demeurant au duc 32 . À Utrecht, le profit des amendes est
destiné au paiement de pierres destinées à la sécurité collective des
remparts, la valeur de l’amende est donc exprimée en « pierres » 33 .
Dans bien des villes des Pays-Bas ou de Rhénanie, bannissements et
pèlerinages judiciaires sont tarifés et rachetables. L’ensemble des
profits financiers de la justice est appelé « amendes » dans les
comptes nivellois, qui distinguent les « amendes communes » (cas
civils), partagées entre la ville et les seigneurs, par opposition aux
« amendes réservées aux seigneurs » (cas criminels).
19 L’amende peut être « amende de composition » avec l’officier qui
scelle publiquement la réintégration dans la ville (apaisement). Les
comptes de justiciers des xive-xvie siècles utilisent les mots
d’« apaisement », « appointement » et « accord », pour évoquer cette
forme de transaction financière, généralement négociée par
l’intermédiaire d’hommes de bien, entre l’officier représentant le
pouvoir et le contrevenant. La composition est un instrument de
politique pénale particulièrement efficace aux mains de l’autorité. Il
permet à l’officier de transiger dans les cas de crimes difficiles à
prouver. Il permet à l’accusé de négocier une remise de peine en
fonction de ses capacités contributives 34 .
20 L’amende peut être « honorable ». Elle comporte une reconnaissance
du tort causé à la victime, que l’on tient pour « homme ou femme de
bien et d’honneur » et ajoute des formes religieuses et de pénitence
publique à l’amende originelle : « demander pardon à Dieu, au
seigneur, à la justice... ». On sait combien l’honneur est un ressort
fondamental des expressions violentes que constituent insultes,
rixes et homicides dans les sociétés reposant sur l’interconnaissance
et en particulier dans les espaces urbains. Les clans familiaux, les
clientèles, les métiers, mais aussi les femmes, en sont les
protagonistes 35 . La réparation de l’honneur féminin est cependant
souvent traduite en finances dans les villes médiévales. À Manosque,
le montant de la réparation est fonction du statut social de la
femme ; à Nivelles, les femmes déflorées négocient un contrat de
réparation de pucelage où honneur et intérêts matériels sont
scrupuleusement discutés 36 .
21 Le difficile équilibre entre expression de l’honneur et pacification
des conflits se retrouve dans les formes et les rituels d’amende
honorable. Au cours des xve et xvie siècles, ces peines se développent
dans le droit urbain, dans un contexte de moralisation plus forte des
atteintes à l’honneur 37 . Elles s’accompagnent de mises en scènes
de plus en plus spectaculaires au nom de la restauration de
l’honneur souillé par le crime.
22 Si l’objectif de l’amende(ment) est la paix et la réconciliation, les
voies de la résolution sont variables, souples, modifiables à souhait.
En cela, les pratiques de pluralisme judiciaire développées dans les
villes italiennes au xiie et xiiie siècles se retrouvent dans les villes du
Nord.
23 Comme l’ont bien vu les spécialistes des villes italiennes 38 ,
l’introduction du concept de pluralisme judiciaire, issu de
l’anthropologie juridique, permet de comprendre la différence entre
la logique juridique des villes médiévales et des juridictions
modernes. La logique du mode de résolution ne repose pas sur le
type de conflit ou le statut des personnes, mais sur un ensemble
complexe de facteurs sociaux et contextuels du conflit. Les voies de
recours sont comme un stock de rituels permettant de négocier une
sortie honorable du conflit pour les parties.

Ce système fondé sur l’amende fonctionne-t-il ?

24 Une difficulté majeure de l’évaluation des pratiques médiévales est


la mesure de leur représentativité 39 . Les chroniques n’offrent pas
une vision fiable de la réalité des sanctions, mais tout au plus la
perception par des acteurs privilégiés de cas « énormes ». De plus, en
période de crise, les chroniqueurs ont tendance à survaloriser les
dangers du crime et les juges sont tentés par un discours ultra-
répressif que dément parfois leur pratique 40 .
25 Le seul moyen de prendre la mesure réelle des pratiques judiciaires
est l’enquête systématique dans un espace urbain sur un corpus
solide de pratiques de résolution des conflits pour une période
donnée. C’est la démarche de Peter Schuster, analysant la situation à
Constance au milieu du xve siècle. Il s’inscrit en faux contre la thèse
de subsidiarité des amendes aux peines corporelles au nom d’un
adoucissement progressif des mœurs. Il observe qu’à Constance, peu
de peines corporelles sont pratiquées tandis que l’amende est au
cœur du système urbain ; entre 1444 et 1453, 77 % des amendes sont
payées par le délinquant ou par ses subrogés, pour un délit commis
par lui ou sa famille 41 . Nos conclusions pour Nivelles rejoignent les
siennes. À Nivelles, de 1378 à 1550, plus de 9 000 amendes sont
répertoriées pour une cité de 3 à 4000 habitants, soit environ 70
amendes annuelles 42 . À Arras, Robert Muchembled comptabilise
3273 amendes pour la période 1401-1534 43 .
Fig. 2 – Les « amendes » de justice à Arras et Nivelles (1401-1533). Nombre d’amendes.

26 Comme l’indique l’exemple nivellois, la structure même des amendes


est révélatrice dans son évolution. Parmi les sanctions « civiles »,
plus de 95 % sont des sanctions pécuniaires. Parmi les sanctions
« criminelles » la proportion des peines en numéraire reste
dominante jusqu’à la seconde moitié du xve siècle.

Figure 3 : Les « amendes » du maire de Nivelles (1378-1550). Structure des sanctions.

27 Globalement, sur plus d’un siècle et demi, près de 80% des amendes
sont financières. Dans la pratique des juges de la cite, les peines
corporelles sont marginales, même si on aperçoit des changements à
la fin du xve siècle.
28 L’équilibre structurel du compte est la meilleure preuve que le
système fonctionne entre 1350 et 1480. Jusqu’à la fin des années
1480, plus de 90 % des amendes sont payées dans l’année. Les
recettes enregistrent de nombreuses amendes, tandis que les
dépenses évoquent les frais minimaux de perception de l’amende et
quelques exécutions criminelles, visant généralement des étrangers.
29 Ce système d’amende n’est pas propre aux villes du Nord. Il est
surtout mis en lumière dans les régions pour lesquelles une
documentation comptable de la justice est conservée : comptes de
baillis au Nord, comptes de clavaires au Sud, en Provence et en
Avignon 44 .
Pourquoi l’amende est-elle au cœur du système
médiéval ?

30 À partir de l’exemple d’Avignon, Jacques Chiffoleau développe une


réflexion sur les fonctions du système d’amendes. Il observe que
l’échelle des peines d’amendes prévues dans la plupart des textes du
e e e
xii et du xiii siècle est abandonnée au xiv siècle. Il souligne deux

traits de la pratique d’amende, sa souplesse, son caractère


généralisé, et observe cependant une baisse sensible de son
enregistrement dans les comptes avignonnais à la fin du xive siècle. Il
estime que l’amende a une fonction exemplaire et dissuasive qui
s’émousse avec son emploi trop systématique. Nicole Gonthier
observe la même réduction du montant des amendes de violence en
Lyonnais 45 , qu’elle attribue à une accoutumance à la violence.
31 Étudiant les correspondances entre le mode de sanction et le type de
société dans Punishment and Social Structure, Rusche et Kirchheimer
proposent une autre explication. Pour eux, l’amende se développe
comme alternative aux peines corporelles après la crise
démographique de la seconde moitié du xive siècle 46 . Ils attribuent
cette mutation pénale au changement de la valeur de la vie humaine
– et de la force de travail – après la Peste Noire. Dans un monde
décimé, les peines corporelles prévues par les chartes des xiie-xiiie
siècles sont trop coûteuses 47 et l’amende paraît mieux adaptée à
une main d’œuvre rare. On sait que les villes ont mieux résisté à la
crise que les campagnes et que la reprise démographique se
manifeste dans les villes 48 . Enfin, ce système ne comporte pas de
stigmatisation morale ; ainsi est-il normal de voir le nom du justicier
figurer dans un compte d’amende médiéval comme auteur d’un acte
de violence taxé par l’amende.
32 Affirmer que l’amende est un modèle anthropologique cohérent
pour les villes médiévales ne signifie pas pour autant qu’elle n’est
pas socialement discriminante. Le système bénéficie à une catégorie
d’acteurs : les bourgeois. Les perdants sont les hors-la-loi (ou la
coutume) locale, ceux qui ne sont pas protégés par le réseau des
« proismes et amis », par les liens de parentèle ou de clientèle et par
une bonne renommée capable de faire pièce aux rumeurs de
« mauvais gouvernement » 49 . Dès les premières chartes urbaines,
une distinction soigneuse est faite entre les peines comminées pour
les bourgeois et pour les étrangers, notamment en cas d’usage
d’armes dans la cité. Dans la mentalité punitive médiévale, en
matière de violence, il est logique de punir l’affrontement entre deux
étrangers quatre fois plus sévèrement que l’affrontement entre deux
bourgeois. La notion d’aggravation de la sanction en cas de récidive
existe, mais essentiellement pour le vol, et la pratique semble
indiquer que le vol puni par une peine corporelle est surtout celui
qui est commis par des étrangers 50 . La rigueur des peines
corporelles est bien présente, mais là où les comptabilités ont été
conservées, comme dans les Pays-Bas ou en Provence en nombre
limité, les peines de mort constituent moins d’un 1 % des sanctions
51 . Dans le contexte de la crise démographique du xive siècle, les

exécutions sont dévalorisées, sauf comme mode d’affirmation du


Prince 52 .
33 Ainsi, dans les villes, c’est moins un comportement spécifique qu’un
profil social de statut inférieur qui encourt la rigueur des peines
corporelles. Les étrangers à la ville et les nouveaux migrants sont les
principales cibles des exécutions publiques. À Constance, un seul
bourgeois figure parmi les condamnés à mort entre 1430 et 1460 53 .
Face à l’afflux d’étrangers en période de crise, les magistrats urbains
préfèrent longtemps l’expulsion administrative à la rigueur de
justice 54 . Les sources urbaines ne distinguent d’ailleurs que très
progressivement les décisions politiques, les expulsions
administratives, les paix entre parties et les sentences « pénales »
55 . Comme l’ont montré les travaux sur les villes italiennes, le

bannissement ne doit pas être interprété à partir de sa figure


moderne du bannissement du vagabond étranger. À Courtrai, 50 %
des bannis, le plus souvent des habitants, obtiennent un rachat de
leur ban moyennant négociation d’une composition au bailli 56 . Ce
type de bannissement temporaire et négociable se rapproche d’une
autre sanction qui développe dans les villes du Nord une peine
originale, le pèlerinage judiciaire.
34 Peine religieuse présente dans les pénitentiels du haut Moyen Âge
57 , présente dans les procédures de conciliation entre parties, sous

l’influence du droit coutumier germanique, elle figure tout d’abord


comme sanction dans les paix à partie privées en matière
d’homicide, comme le montre l’affaire Jehan Germain-Anthoine
Jacquelart. Intégrée au xiiie siècle dans la pratique judiciaire des
villes d’Allemagne ou des Pays-Bas, elle apparut probablement tout
d’abord comme sanction dans le contexte des luttes politiques dans
les villes, notamment les tensions corporatives 58 . Appelé « amende
de voyage », le pèlerinage expiatoire devint souvent rachetable sous
la pression conjuguée des bourgeois et des autorités urbaines. Ce
type de sanction était particulièrement adapté à la philosophie
pragmatique de la justice bourgeoise en quête de consensus
économique et politique. Une telle amende permettait une souplesse
d’exécution. Rachetable selon un tarif progressivement mis au point
dans la cité, elle prend la forme d’une amende de pèlerinage pour
plus de 1400 nivellois de 1430 à 1550. Près de 400 d’entre eux ont pris
leur bâton de pèlerin. Les déterminants du choix entre partir ou
payer restent volontairement flous. Dans la majorité des cas, le
condamné ne veut ou ne peut payer l’amende et décide de prendre la
route. Dans certains cas, les échevins interdisent le rachat et
obligent le condamné à effectuer le voyage « de peine de corps ». En
tout cas, la sanction est négociable.
35 Si le condamné effectuait son pèlerinage, un véritable rituel
présidait à son départ. Ce rituel variait selon les principales villes 59
. Dans certaines villes des Pays-Bas, la mise en route n’avait lieu
qu’une ou deux fois par an, collectivement, lors des grandes fêtes. À
Nivelles, les départs étaient individualisés.

Fig. 4 – Le pèlerinage judiciaire dans quelques villes des Pays-Bas (xive-xvie siècle).

36 Quelques exemples documentés de manière systématique soulignent


l’importance de cette peine au xve siècle dans les villes des Pays-Bas
et plus particulièrement son efflorescence lors de domination
bourguignonne 60 . Communautaire et urbaine, cette peine est au
carrefour entre la politique pénale des villes et la politique
financière des Ducs de Bourgogne, soucieux de développer
l’intégration de leurs principautés 61 .
37 Parfaitement en cohérence avec la philosophie de la résolution des
conflits, cette sanction offrait donc une variété d’avantages pour les
autorités urbaines : possibilité de rachat, obligation éventuelle de la
pénitence « de peine de corps », ritualisation du départ et du retour
– avec production de la quittance signée des autorités du lieu saint
devant les échevins, réintégration sans stigmatisation après un
éloignement apte à calmer les passions. On peut se demander si dans
de nombreuses villes du Nord, le pèlerinage ne remplit pas la
fonction du bannissement systématiquement utilisé dans les villes
italiennes. Son déclin est cependant visible après la première moitié
du xvie siècle. Le « voyage » est ainsi, à Nivelles comme à Amsterdam,
de plus en plus chargé d’une signification de « correction » publique,
au lieu de la signification d’expiation et de réparation – matérielle et
immatérielle – privée et se trouve souvent conjoint avec des
pénalités infamantes 62 .
38 La grâce est un autre élément-clé de ce système de régulation des
conflits. Gracier est à l’évidence un acte de politique criminelle. Dans
les villes où les conseils ont ou prétendent à la souveraineté, ou dans
celles dirigées par un seigneur, c’est une souveraineté en dialogue
entre les bourgeois et le seigneur 63 . Les juges usent de la grâce par
prudence comme d’un instrument d’affirmation du pouvoir (celui de
pardonner à côté de celui de punir). Cette prérogative assure leur
rôle central, via les intercesseurs, dans le processus de réintégration
des condamnés. À Fribourg, les juges du conseil, à Nivelles, l’abbesse
de Sainte-Gertrude, gracient les condamnés à mort à l’intercession
de notables, et en particulier s’il s’agit de bourgeois accusés de
crimes graves. Le facteur premier dans l’octroi d’une grâce semble
être la présence active d’intercesseurs entre l’accusé et ses juges.
Plus que la richesse, une bonne insertion sociale est garante d’une
chance d’échapper à la peine capitale. En outre, l’usage de la grâce
semble plus fréquent en période de tension sociale dans la cité. La
grâce sert alors d’instrument de propagande des tenants du pouvoir,
soit pour manifester l’intransigeance face au crime, soit comme
soupape face aux pressions de la rue 64 . Enfin, comme le suggère
Nicole Gonthier, la grâce peut révéler un conflit politique entre
détenteurs de la justice : ainsi à Dijon, le duc de Bourgogne gracie
des condamnés à la peine capitale par les échevins de Dijon, que ces
derniers s’empressent de bannir par mesure de rétorsion 65 ...
39 Amende, pèlerinage, expulsion, grâce, réconciliation contribuent
donc au fonctionnement d’un système judiciaire où le retour à la
concorde entre pairs ou voisins est privilégié à la dureté de la
répression des autorités sur les bourgeois. Mais s’agit-il là d’un
discours idéaliste de la ville sur elle-même 66 ? Peut-on maintenant
mesurer les fonctions socio-politiques (politique judiciaire) d’un tel
système anthropologique ? Autrement dit, quelle est la part de
l’idéologie partagée et celle des rapports de force collectifs inégaux ?

Sortir du conflit : discours urbains et usages


socio-politiques
40 Les spécialistes de la justice pénale distinguent des approches
consensuelles de la régulation des conflits et des approches plus
conflictuelles 67 . Les premières soulignent le caractère fonctionnel
de la justice comme instrument de régulation de la vie sociale. Ils
privilégient donc une vision de la justice comme arène de règlement
des tensions interindividuelles. Les secondes considèrent le droit et
la justice comme une superstructure masquant plus ou moins bien
les conflits engendrés par les inégalités sociales. Ils privilégient une
approche instrumentale de la justice : utilisée par les puissants pour
dominer les faibles ou par les faibles pour se révolter contre les
puissants.
41 Une autre difficulté de l’histoire médiévale est de pouvoir relier les
pratiques politiques (en l’occurrence les pratiques judiciaires) aux
structures sociales et aux tensions entre groupes sociaux. Ce modèle
urbain, idéal-typique, tel qu’on en trouve des éléments dans diverses
villes, doit maintenant être mis à l’épreuve des crises. Les crises
urbaines constituent en effet un bon observatoire des usages plus
conflictuels de la justice entre composantes de la société urbaine :
patriciens contre artisans, ou factions oligarchiques en compétition
68 . Récemment, les conflits collectifs urbains ont été réétudiés, non

plus en terme de luttes des classes mais de mutations structurelles


du lien social. Le développement urbain des xiie-xiiie siècle aurait
engendré des solidarités fondées sur les liens du sang en solidarités
de clientèle économique et socio-politique 69 . Ce qui montre
l’importance la question de la régulation de la violence pour
l’histoire politique des cités 70 .
42 La politique judiciaire des cités peut prendre deux formes selon
qu’on a affaire à des conflits internes entre factions urbaines ou à
des conflits de la cité contre d’autres pouvoirs seigneuriaux ou
princiers. De plus, entre le xiiie siècle, apogée du « mouvement
communal », et le xvie siècle, période de mise sous tutelle des villes
par les Princes territoriaux, les rapports à l’intérieur des oligarchies
urbaines et entre les villes et les autres pouvoirs émergents
traversent des évolutions significatives.
43 Pour Walter Prévenier, dans les villes flamandes, en particulier
Bruges et Gand, ce modèle de paix urbaine n’est qu’un mythe qui
masque les conflits internes entre oligarchie et artisans, ou entre
factions de l’oligarchie en Flandres 71 . À Raguse, on peut également
expliquer de cette façon l’usage de la formule mixte décrite par Nella
Lonza 72 . Les riches peuvent plus que les pauvres risquer une
accusation criminelle et interrompre à tout moment la procédure
pour forcer la partie moins dotée à un accord extra-judiciaire, au
nom de la concorde urbaine.
44 Lectures consensuelle et conflictuelle ne me paraissent pas
incompatibles, à condition de les replacer dans le contexte des liens
entre justice et politique. Dans les pratiques judiciaires, on trouve à
la fois une dimension conflictuelle et une dimension consensuelle.
Mais au plan individuel comme au plan collectif, certaines périodes
de l’histoire sont plus propices à un fonctionnement consensuel et
d’autres manifestent des pratiques conflictuelles. Au Moyen Âge, ces
périodes varient de cité en cité en fonction des accidents de
conjoncture. Il importe donc d’historiciser les politiques judiciaires
au cas par cas. À Nivelles, par exemple, les rapports entre recettes et
dépenses de la justice sur le long terme confirment la complexité de
l’évolution.

Fig. 5 – Balance (recettes-dépenses) des comptes de la justice nivelloise (1423-1537).


45 La période de 1430 à 1480, marquée par une croissance économique
et démographique de la cité grâce au dynamisme de la production
textile (toiles légères) est caractérisée à la fois par une balance
positive des finances de la justice (approche quantitative) et un
profil peu répressif des délits enregistrés (approche qualitative).
Comme on l’a souligné plus haut, beaucoup d’amendes et de
pèlerinages rachetés (amendes communes), de rapport important et
systématiquement payées, face à peu d’exécutions criminelles
(amendes réservées) : c’est bien la recette d’amendes qui détermine
les dépenses de justice 73 .
46 En revanche, à d’autres périodes, les oscillations sont amplifiées.
Entre 1423 et 1430, les comptes renferment de nombreux indices de
conflits entre artisans et membres du magistrat. De même après
1480, la crise économique qui frappe l’ensemble des Pays-Bas se
manifeste par une diminution du nombre, de la valeur et du taux de
perception des amendes (changement quantitatif) et une
multiplication des exécutions criminelles (changement qualitatif).
47 Notre hypothèse centrale fondée sur l’analyse du système est que ce
système a réellement fonctionné dans plusieurs villes entre le xiiie et
le xve siècle. Par sa cohérence anthropologique avec l’idéologie
urbaine, il offre un socle de pensée et de rituels communs qui assure
le dynamisme économique des cités en offrant la sécurité juridique
aux habitants. Capable d’amortir les crises passagères, ce système
tient la route économique jusqu’à un certain point.
48 Bien entendu, il faut vérifier l’hypothèse sur d’autres cités. Il est
toujours difficile de mesurer des évolutions : la diversité des
rapports de force politiques, la variété des situations socio-
économiques, la spécificité des solutions aux crises de « régime »
rendent toute explication d’ensemble périlleuse. Ainsi la très riche
documentation nivelloise est tardive 74 . Seules des monographies
systématiques intégrant les différentes dimensions du « pluralisme
judiciaire » nous permettrait d’affiner, rectifier ou contredire
l’hypothèse.
49 Les travaux existants ne s’en tiennent pas pour autant à évoquer la
mise en place ou les logiques judiciaires au cœur des magistrats
urbains. Certaines recherches sur les villes du Nord pointent avec
précision la crise du système de la justice urbaine. Le modèle de
l’amende en même temps que l’idéologie de l’autonomie urbaine
semblent s’effondrer lorsque la croissance économique s’essouffle,
produisant une polarisation sociale plus forte, c’est-à-dire entre 1480
et 1560. Amsterdam, Nivelles, Bruxelles, Arras, Londres, nombre de
villes du Nord subissent une série de crises économiques, politiques
et religieuses qui transforment profondément la pratique judiciaire
urbaine 75 .

Les villes face à l’État : crises et


transformations de la paix urbaine
50 Constituant une série quasi continue depuis le début du xve siècle
jusqu’au milieu du xvie siècle, les comptes du maire de Nivelles
forment une sorte de sismographe des transformations judiciaires.
Non seulement à travers la forme des courbes comptables, mais à
travers l’évolution du vocabulaire. Tous les comptes sont divisés en
deux parties, selon le mode de répartition des amendes et ses
bénéficiaires principaux : la ville et les seigneurs. Sous l’apparente
continuité formelle de la source comptable, le vocabulaire désignant
le crime subit d’importantes transformations, entre le compte de
1423-1425 et celui de 1538-1543 par exemple. En 1423, le compte du
maire est inauguré par une première rubrique : « Primiers des
amendes fourfaitez par le temps de ces presens comptez ». Suit une
seconde partie : « Rechepte faite par le maieur dedens le terme de
ches present comptes des privez adcors ou le ville na point de
part... ». La division du compte repose sur la distinction entre
« amendes fourfaites » et accords privés ou compositions 76 . En
revanche, en 1537-40, c’est une toute autre terminologie qu’emploie
le maire de Nivelles : « Premiers des cas criminelz dont lempereur
comme duc de Brabant prent la tierche part, madamme de nivelle les
deux pars du remanant et monsieur le prevost dudict nivelle le
remanant et pour ce que la ville de nivelle ny a que cougnoistre
recepte, se fera desdites amendes criminelles a part icy apres... ». La
seconde partie s’appelle maintenant : « Aultre recepte des amendes
civiles desquelles le duc de Brabant a la tierche part de la moictie...
et la ville de nivelle en a franchement lautre moictié selon les
coustumes danchienette entretenues et observees et lesdictes
amendes se jugent par les eschevins dudict nivelle dont pour le
terme de ce compte... ».
51 Au lieu des amendes communes et des « privés accords », les
comptes du xvie siècle distinguent les cas criminels des amendes
civiles. En outre, l’inversion de la hiérarchie est instructive : les
amendes civiles sont désormais subordonnées aux cas criminels 77 .
Cette formulation donne le ton du changement profond qui affecte
l’idéologie judiciaire urbaine.
52 À Nivelles comme dans d’autres cités 78 , un net durcissement
affecte les pratiques judiciaires sous plusieurs aspects :
les modes de résolution non processuels sont dévalorisés au profit de l’accusation
criminelle par un officier agissant nomine officii 79 ;
la torture et les peines corporelles se multiplient contre des bourgeois, indice d’une
polarisation sociale plus forte dans les cités 80 ;
des comportements jusqu’alors punis d’amendes pécuniaires (blessures, injures) se
voient désormais stigmatisés par l’imposition d’amendes honorables et de peines
infamantes ou religieuses ;
les villes qui pratiquent le pèlerinage judiciaire le rendent plus stigmatisant ou
abandonnent celui-ci au profit de formes nouvelles : bannissement temporaire, puis
bannissement pur et simple après 1550 81 ;
le filet des marginaux susceptibles d’un jugement sommaire s’étend : vagabonds,
hérétiques, sorcières. Ainsi à Nivelles, Jean Dufour est accusé dans les années 1540 de
« plusieurs mourdres, de trahison contre nostre seigneur, de sacrilège, d’avoir bouté le
feuz et de beaucoup de larcins ». Sa collection de crimes lui vaudra d’être « bruslé viff »
par le bourreau nivellois 82 . Le cas n’est pas unique. Le nouveau vocabulaire employé
synthétise les caractéristiques de cette nouvelle « criminalité ». En conséquence, les
comptes des officiers de justice passent au rouge. Dans certaines villes, on observe de
moins en moins d’amendes et de plus en plus d’exécutions criminelles : c’est le cas pour
Bruxelles, Anvers, Arras, Nivelles, Amsterdam. À Nivelles, les cas seigneuriaux
consistant essentiellement en compositions financières cèdent la place à des « amendes
de justice », mot recouvrant des exécutions criminelles.

Fig. 6 – Les amendes civiles et criminelles à Nivelles (1378-1550).

53 Il semble que de cette époque, et non pas des siècles précédents, date
la formation d’une mythologie vigoureusement contestée par la
plupart des études de terrain : celle d’un Moyen Âge sanguinaire à la
justice inhumaine. À Amsterdam, les peines corporelles se
multiplient avec la croissance démographique de la ville à la fin du
e e
xvi siècle et au xvii siècle 83 . Dans les villes d’Allemagne, les
bourreaux deviennent les personnages principaux du théâtre de la
justice 84 .
54 Cette transformation des pratiques judiciaires est sans nul doute
accentuée par un climat de crise économique et de polarisation
sociale. Mais la crise économico-sociale n’explique pas tout. Les
pratiques subissent aussi l’effet de la recomposition qui affecte les
rapports entre sacré et pouvoir.
55 L’idéologie même du jugement connaît une importante mutation
entre le xive et le xve siècle 85 . La fonction même de juger n’est plus,
comme au haut Moyen Âge, une manifestation du divin, mais la
justice s’incarne davantage dans la pratique des juges en renforçant
leur légitimité. En conséquence, le groupe social des juges fut
cimenté par une haute conscience professionnelle et la justice plus
nettement représentée comme un lieu central de l’intersection du
spirituel et du temporel. L’iconographie comme l’architecture
judiciaires traduisent cette évolution. Dans les villes, la justice se
professionnalisa et s’installa. Les juges désormais prirent seuls la
responsabilité du jugement 86 . Des symboles religieux leur
rappelèrent cette exigence, que ce soient les tableaux de justice
commandés pour décorer les salles d’audience dans les villes du
Nord-Ouest (États allemands, Pays-Bas) ou le Christ en croix sous
lequel siégeait le juge français 87 . Dans les cités où les mêmes
hommes détenaient le pouvoir politique et judiciaire, les salles de
justice étaient ornées soit de tableaux représentant le jugement
dernier, soit d’exemples de bonne et de mauvaise justice tirés de la
Bible ou de l’Antiquité, soit encore de figures symboliques de la
Justice s’adressant avant tout aux magistrats 88 . Elles étaient
destinées à rappeler au juge humain sa subordination à la cour
céleste 89 . Robert Jacob a caractérisé la conception de la justice qui
se met en place à la fin du Moyen Âge par une double délégation qui
consacre de nouveaux rapports entre sacré, justice et pouvoir. Au
lieu d’être l’expression immédiate du jugement divin, le juge rend
désormais la justice au nom du seigneur ou du prince, mais il exerce
cet acte en communication intérieure avec le Souverain juge 90 .
Loin de disparaître dans la tourmente des Réformes, ce modèle de
spiritualité laïque des juges sortit au contraire grandi des crises
religieuses. À travers les représentations du Jugement dernier,
catholiques et protestants accentuèrent le lien privilégié entre le
magistrat chrétien et le Juge Souverain 91 .
56 À partir de la fin du Moyen Âge, l’exercice de la justice pénale se
structura selon un modèle légaliste-rationnel, à la fois dans son
cadre – les normes, l’organisation et les hommes – et dans son
exercice – la poursuite, la procédure, la décision, l’exécution des
peines. Changements structurels et transformations mentales
contribuent à cette « sacralisation » des juges qui se retrouve
également au cœur de nouvelles représentations critiques. Ainsi
Bruegel, observateur minutieux du fonctionnement de la justice
d’Anvers, transmet dans sa gravure Justitia un inventaire critique des
pratiques durcies d’un magistrat urbain vers 1550 92 .
57 Nouveaux pouvoirs normatifs, nouvelles définitions des crimes,
nouvelles institutions, nouvelles sanctions et nouveaux acteurs
privilégiés caractérisent cette mutation dans le processus pénal.
58 Du point de vue normatif, les xve-xvie siècles sont marqués par le
développement de normes générales censées s’appliquer à
l’ensemble d’un territoire et émanant du prince territorial 93 . La
supériorité des lois du roi sur les édits des villes et des seigneurs ou
d’autres pouvoirs s’appuya sur la référence au Dieu-législateur. Ce
fut aux juristes de l’entourage des souverains de la justifier. Ainsi
Bodin exprima le mieux le concept de majestas, permettant, à partir
de la tradition médiévale du souverain, de justifier l’indépendance
du roi face à la loi 94 . Le pouvoir législatif des cités se trouva
contesté par la prétention princière au monopole des lois. L’avancée
des justices royales, lieu de l’application de ces nouvelles normes et
de nouvelles incriminations, est patent. Les configurations varient.
En France, le réseau des justices ordinaires territoriales (bailliages et
sénéchaussées) se développa rapidement sous le contrôle du
souverain. En Espagne, l’Inquisition, tribunal épiscopal au Moyen
Âge, fut réorganisée au service de la monarchie de Castille-Aragon
sur l’ensemble des territoires hispaniques. Aux Pays-Bas et en
Allemagne, où les pouvoirs locaux, villes et seigneurs, contrôlaient
davantage leur justice, les souverains tentèrent de développer leur
emprise sur ces justices locales en s’efforçant de s’imposer, parfois
avec succès, parfois difficilement, aux cours supérieures 95 . Ils
développèrent également leur intervention dans le contrôle social
urbain à travers une exigence de « nouvelle police » 96 . Là où le
pouvoir judiciaire demeura aux mains des conseils urbains, comme à
Nuremberg, Fribourg ou Amsterdam, les magistrats urbains se
comportèrent comme les juristes princiers, en petits souverains.
59 Sur le plan de la résolution des conflits, le xvie siècle accéléra la
transition d’une justice de la paix, de l’arrangement et de la taxation
vers une justice de la répression et de la peine corporelle. L’image du
Christ-Juge, grand dispensateur du châtiment ou du pardon, hanta
les mentalités des deux côtés de la Réforme (protestante et
catholique). Dans le domaine de la pratique judiciaire, cette image
conduisit à concentrer entre les mains du juge le pouvoir de vie et de
mort qu’il détenait par la double délégation du souverain temporel
et éternel. Ce pouvoir de punir fut exprimé par les châtiments
corporels et la peine capitale plus fréquemment infligée aux xve-xviie
siècles qu’aux périodes antérieures et postérieures. À Dijon, le pilori
de bois de la fin du xive siècle est remplacé par une construction à
base de maçonnerie en 1511 97 . À Nivelles, aux xive-xve siècle, les
exécutions publiques nécessitaient le montage d’un gibet ad hoc sur
la place du marché. En revanche, en 1564, l’abbesse Marguerite de
Noyelles fit construire un gibet permanent, en pierres de taille, à la
limite de son territoire extra-muros 98 . Quant au pouvoir de
pardonner, il s’exprima dans le droit de grâce, prérogative de la
souveraineté royale, revendiquée concurremment par des seigneurs
locaux au nom même de la délégation divine. Ainsi, à Fribourg,
« l’impression que les juges veulent donner correspond bien à la
toile qui orne les murs du tribunal : d’une part, les damnés doivent
subir les tourments éternels, tandis que de l’autres, les élus ont droit
au salut... » 99 . À Nivelles, le rituel de la justice s’inspire des
tableaux et se déplace. Les sentences criminelles ne sont plus
prononcées dans la chambre des échevins mais dans l’hôtel de
l’abbesse, c’est-à-dire que les décisions capitales quittent le centre
du jugement urbain pour celui du pouvoir seigneurial, toujours
susceptible d’intervenir en ultime recours.
60 Dans ce contexte, les techniques de réintégration deviennent l’enjeu
d’âpres débats, comme on l’a vu pour le droit de grâce à Dijon. À
Nivelles, dès la fin du xve siècle mais surtout au xvie siècle, l’abbesse
ne rate pas l’occasion de manifester sa prérogative de pardonner les
criminels, souvent sur le lieu même de l’exécution 100 . Monopoliser
la grâce devient une revendication des Princes face à laquelle les
justices urbaines se trouvent sur la défensive. Dès la fin du xive siècle,
en France, l’État se construit « plus sur la grâce que sur la colère »
101 . Non que le monarque soit moins sévère que ses officiers, mais

parce qu’il a compris, comme l’avaient compris les bourgeois deux


siècles plus tôt, que l’ultima ratio du pouvoir n’est pas la punition
mais la réconciliation. Dans les Pays-Bas habsbourgeois, le débat sur
la grâce à la fin xve-début xvie siècle est éclairant sur les
protagonistes : les villes et les seigneurs perdent progressivement
tout droit de grâce au profit du Prince. En Flandre, en Zélande, en
Brabant après 1520, la grâce est rendue au nom de l’Empereur
Charles-Quint, par ses juridictions centralisatrices (Conseil privé et
conseils provinciaux). Fiction juridique ou réalité politique ? La pax
urbana, de pax civitatis, se transforme en pax maiestatis. Les justices
urbaines ne sont plus les porteuses d’une idéologie mobilisatrice
mais se trouvent confrontées à d’autres prétendants au monopole de
la justice.
61 Un autre indice de cette confrontation entre les villes et les figures
de l’État se mesure à l’aune de l’évolution du crime politique. En
partant du crime politique comme indicateur des tensions sociales,
on observe qu’au xiie-xiiie siècles, en Italie, le crime politique par
excellence est la rupture de la paix. Il en va de même dans les villes
du Nord jusqu’au xve siècle.
62 L’extension du contrôle du territoire entraîne une transformation du
délit politique. Dans l’Italie, la formation des États territoriaux
s’effectue à partir des noyaux urbains. Les villes s’étendent vers leur
hinterland qu’elles pacifient aux xive-xve s. par une série de
techniques nouvelles : procédure d’office, enquête écrite et surtout
crime de lèse-majesté 102 . Comme exemple, la multiplication des
accusations de sodomie à Venise, Florence ou Bruges s’inscrit dans
un contexte de durcissement des relations entre les sociétés
urbaines et les Princes 103 . Le développement de ces techniques
« inquisitoriales » serait donc intimement lié à la montée en
puissance d’une forme modernisée du pouvoir : l’État territorial et
non plus la cité 104 .
63 Si le modèle urbain est en crise, c’est à la fois une crise interne à
l’équilibre social urbain (anthropologique) et une crise externe face
à des pouvoirs agressifs (politique). C’est autant une crise de la
régulation des conflits que des politiques pénales.
64 La crise interne est liée globalement la capacité du système
régulateur d’amortir les chocs démographiques, économiques ou
sociaux. Ainsi, dans les villes italiennes, la politique du bannissement
repose sur l’idée de réintégration et de réversibilité du trouble à
l’ordre public. Nous bannissons ceux qui, à leur tour, pourront nous
bannir.... Les juristes participent de ce modèle en définissant des
critères économiques de réintégration. Mais au xive-xve siècles, la
réticence des juristes à punir les rebelles diminue. On peut faire
l’hypothèse que l’extension du territoire des communes vers les
États territoriaux rend le modèle de bannissement ingérable. La
sortie du conflit deviendrait plus politique qu’économique : la
rupture de la paix se transformerait en injuria rei publicae et la
réintégration serait plus difficilement négociable 105 .
65 La crise se manifeste également dans les révoltes urbaines. Au xiiie
siècle, la majorité des révoltes traduisent les oppositions entre
factions souhaitant le pouvoir dans la ville, soit entre fractions de
l’oligarchie, soit entre patriciens et représentants des corporations.
La description que nous donne Nicole Gonthier des rebeynes
lyonnaises de 1436 et de 1529 semble confirmer l’évolution des
sensibilités. Si la révolte de 1436 est une classique révolte anti-
taxation des artisans contre les « gros », celle de 1529 paraît
davantage traversée de contestation de la justice municipale elle-
même par des officiers royaux et seigneuriaux. N’aurait-on pas là
l’indice d’un déplacement du pouvoir dans la ville et de
l’intervention croissante des pouvoirs extérieurs, en particulier le
prince territorial ?
66 On sait que les villes du Nord résistent aux soubresauts des crises
jusque vers 1520 106 . Soumises à des acteurs plus puissants, les
représentants des princes souverains, leur résistance s’effondre. Les
révoltes révèlent donc la crise du modèle urbain face à la
concurrence des États en formation.
67 Déjà la crise de l’Inquisition au xiiie siècle dans les villes du Midi,
évoquée au présent colloque par Jean-Louis Biget, présentait les
caractéristiques d’un conflit entre deux « cultures judiciaires ». Des
juges non locaux, une procédure reposant sur l’action d’office et
l’enquête écrite, le crime de lèse-majesté comme instrument
politique de l’expansion de la papauté et surtout de la monarchie
capétienne, voilà bien un ensemble de pratiques judiciaires qui
provoquent des réactions locales, suscitées par les oligarques des
villes du Midi. Ces dernières résistent d’autant moins bien qu’elles
sont plus importantes comme Toulouse. Comme dans les Pays-Bas,
où Bruges et Gand seront vaincues aux xve et xvie siècles par un
comte de Flandre devenu Grand-Duc d’Occident puis Empereur
d’Allemagne 107 , la monarchie fondée sur la majestas s’attaque
directement aux centres les plus marquants de la culture judiciaire
urbaine, laissant les petites villes s’adapter ensuite à la nouvelle
idéologie judiciaire.
68 Quel que soit leur degré d’autonomie et de plénitude de juridiction
criminelle, les magistrats urbains présentent alors un discours de
plus en plus répressif. N’est-ce pas ce discours que l’on trouve dans
le Papier rouge dijonnais ? Ce document ne serait-il pas, à l’instar du
registre du Châtelet, un catalogue de propositions sécuritaires face à
la pression du Prince, c’est-à-dire les ducs de Bourgogne puis les rois
de France, tous deux porteurs d’un projet de modernisation
étatique ?
69 Le processus de longue durée de formation de l’État (xiie-xvie siècle)
force les villes à choisir leur camp. Quelle que soit leur réaction,
refus, réticence ou acceptation, ce ne sont plus elles qui, au milieu du
e
xvi siècle, déterminent les pratiques judiciaires de base, mais les
juridictions souveraines : Parlements et cours supérieures. Ainsi à
Nivelles au xvie siècle, l’abbesse est toujours seigneur de la ville, mais
elle se comporte en petit monarque assistant aux exécutions
publiques, alors que ses échevins soumettent de plus en plus les
affaires complexes à l’avis des juristes du Conseil de Brabant 108 .
70 Certes, des villes résistent, notamment les cités-états. Elle calquent
leur pratiques sur celles des juridictions souveraines. Il n’est pas
contradictoire qu’à la fin du xviiie siècle, ces grandes villes, à l’instar
d’Amsterdam, soient les plus réticentes à abandonner la torture
contre les bourgeois, à l’encontre des idées éclairées (de Beccaria ou
de Voltaire) venues d’en haut 109 . Et cela alors que, dans les villes
du Nord, la limitation de la torture aux bourgeois avait été une
conquête des justices urbaines médiévales face au développement de
cette technique d’enquête dans le droit romano-canonique depuis le
e
xiii siècle 110 .

***

71 Ce rapide parcours ouvre des pistes de réflexion pour une histoire


comparative des modèles de régulation des conflits et des politiques
judiciaires dans les villes. Sur le plan méthodologique, les travaux
existants ont montré l’importance d’études systématiques des
pratiques quotidiennes des juges urbains. En outre, elles plaident
pour dépasser la barrière entre fin du Moyen Âge et le début des
temps modernes : nombre de processus trouvent leur sens entre
1400 et 1600.
72 Sur le plan de la thématique, loin de distinguer entre « politiques
judiciaires » et structures de résolution des conflits, l’historiographie
de la justice dans les villes médiévales nous apprend que les
conditions des premières reposent sur la cohérence des secondes. Le
développement urbain s’est accompagné d’un modèle de bien
commun privilégiant la pacification comme objectif de la résolution
des conflits interindividuels. Dans un premier sens, entre le xiie et le
e
xiv siècle, les villes ont développé une « politique judiciaire » à
l’égard des pouvoirs dont elles arrachaient l’autonomie.
73 La croissance des villes, leur différenciation sociale et leur sensibilité
aux crises économiques ont transformé la justice urbaine en arène
de gestion des conflits collectifs et des différentiels sociaux. La
justice est devenue rapidement un instrument d’une politique des
puissants contre les pauvres ou parfois l’inverse.
74 Enfin, le développement aux xive-xvie siècles de pouvoirs plus
extensifs, États territoriaux et monarchies, ont fait de la justice
urbaine l’enjeu des conflits pour le contrôle des populations. Punir et
pardonner sont devenus des actes de prestige et de pouvoir,
davantage régaliens qu’urbains 111 .
75 Cruciale dans ce processus est la période xiie-xvie siècle, qui consacre
la défaite de la ville médiévale comme cadre d’une politique
désormais trop locale pour être compatible avec le processus
d’expansion territoriale des États.

NOTES
1. P. H. Gulliver, Disputes and negociations. A cross-cultural perspective, New York, 1979 ; Id.,
Law as process : an anthropological approach, Londres, 1978 ; S. Roberts, Order and dispute : an
introduction to legal anthropology, Oxford, 1979 ; N. Rouland, Aux confins du droit. Anthropologie
juridique de la modernité, Paris, 1991.
2. x. Rousseaux, Construction et stratégies : le crime et justice entre production politique et
ressources communautaires. Quelques réflexions sur l’histoire du crime et de la justice en Europe
médiévale et moderne, dans M. Bellabarba, G. Schwerhoff et A. Zorzi (éd.), Criminalità e giustizia
in Germania e in Italia. Pratiche giudiziarie e linguaggi giuridici tra tardo Medioevo ed età moderna,
Kriminalität und Justiz in Deutschland und Italien, Rechtspraktiken und gerichtliche Diskurse in
Spätmittelalter und Früher Neuzeit, Bologne-Berlin, 2001, p. 327-343.
3. A. Zorzi, Aspetti e problemi dell’amministrazione della giustizia penale nelle Repubblica
fiorentina, dans Archivio storico italiano, 145, 1987, p. 391-453, 527-578 ; Id., The judicial system
in Florence in the fourteenth and fifteenth centuries, dans T. Dean et K. J. P. Lowe (éd.), Crime,
society and the law in Renaissance Italy, Cambridge, 1994, p. 40-58.
4. N. Gonthier, Délinquance, justice et société dans le Lyonnais médiéval, de la fin du xiiie siècle au
début du xvie siècle, Paris, 1993 ; J. Chiffoleau, Les justices du pape. Délinquance et criminalité dans
la région d’Avignon au xiv
e siècle, Paris, 1984 ; D. L. Smail, Common violence : vengeance and
Inquisition in fourteenthcentury Marseille, dans Past & present, 151, 1996, p. 28-59.
5. Pour Gand : D. M. Nicholas, Crime and punishment in fourteenth century Ghent, dans Revue
belge de philologie et d’histoire, 48, 1970, p. 289-334, 1141-1176. – Malines : L. T. Maes, Vijf
eeuwen stedelijk strafrecht. Bijdrage tot de rechts – en cultuurgeschiedenis der Nederlanden,
Antwerp, 1947. – Bruxelles : F. Vanhemelryck, De criminaliteit in de ammanie van Brussel van de
late middeleeuwen tot het einde van het Ancien Régime (1404-1789), Bruxelles, 1981. – Nivelles : x.
Rousseaux, Taxer ou châtier ? L’émergence du pénal. Enquête sur la justice nivelloise (1400-1650), 2
vol., Louvain-la-Neuve, 1990 (Université catholique de Louvain, thèse de doctorat en
histoire, inédite).
6. Pour Utrecht : D. A. Berents, Misdaad in de middeleeuwen. Een onderzoek naar de criminaliteit
in het laat-middeleeuwse Utrecht, Utrecht, 1976. – Amsterdam : J. E. A. Boomgaard, Misdaad en
straf in Amsterdam, Een onderzoek naar de strafrechtspleging van de Amsterdamse schepenbank
1490-1552, Zwolle, 1992.
7. E. Österberg et D. Lindström, Crime and social control in Medieval and Early Modern Swedish
towns, Uppsala, 1988.
8. W. Buchholz, Anfänge der Sozialdisziplinierung im Mittelalter. Die Reichsstad Nürnberg als
Beispiel, dans Zeitschrift für historische Forschung, 1991, p. 129-147 ; P. Schuster, Eine Stadt vor
Gericht. Recht und Alltag im spätmittelalterlichen Konstanz, Paderborn, 2000.
9. Pour Zürich : S. Burghartz, Disziplinierung oder Konflikteregelung ? Zur Funktion städtischer
Gerichte im Spätmittelalter : Das Zürcher Ratsgericht, dans Zeitschrift für Historische Forschung,
1989, p. 385-407. – Bâle : K. Simon-Muscheid, Basler Handwerzünfte im Spätmittelalter.
Zunftinterne Strukturen und innserstädtische Konflikte, Bern, 1998 ; Id., Gewalt und Ehre im
spätmittelalterlichen Hanwerk am Beispiel Basels, dans Zeitschrift für Historische Forschung, 1991,
p. 1-31. – Fribourg : P. J. Gyger, L’épée et la corde. Criminalité et justice à Fribourg (1475-1505),
Lausanne, 1998 (Cahiers lausannois d’histoire médiévale, 22).
10. Par exemple les travaux récents sur Reims : P. Desportes, Reims et les Rémois aux xiiie et
e e
xiv siècles, Paris, 1979 ; Laon : A. Saint-Denis, Apogée d’une cité. Laon et le Laonnois aux xii et

xiii
e siècles, Nancy, 1994 ; Cluny : D. Méhu, Paix et communautés autour de l’abbaye de Cluny, xe-

xv
e siècle, Lyon, 2001.
11. Citons parmi les synthèses dévolues à la justice médiévale D. A. Berents, Het werk van de
vos. Samenleving en criminaliteit in de late middeleeuwen, Zutphen, 1988 ; N. Gonthier, Le
châtiment du crime au Moyen Âge, xiie-xvie siècles, Rennes, 1998 ; T. Dean, Crime in Medieval
Europe 1200-1550, Harlow, 2001.
12. J. Gilissen, Les institutions administratives et judiciaires des villes vues sous l’angle de l’histoire
comparative, dans La ville. I. Institutions administratives et judiciaires, Bruxelles, 1954 (Recueils de
la Société Jean Bodin pour l’histoire comparative des institutions, 6), p. 5-24.
13. Notamment dans les villes seigneuriales et surtout ecclésiastiques, comme Reims,
Nivelles ou Cluny.
14. A. Zorzi, Aspetti e problemi... cité n. 3 ; R. Van Caenegem, La peine dans les Anciens Pays-Bas
(xiie-xviie siècles), dans La Peine. II. Europe avant le xviiie siècle, Bruxelles, 1991 (Recueils de la
Société Jean Bodin pour l’histoire comparative des institutions, 56), p. 117-141 ; D. M. Nicholas,
Crime and punishment... cité n. 5.
15. Ph. Godding et J. Pycke, La paix de Valenciennes de 1114. Commentaire et édition critique,
dans Bulletin de la Commission royale pour la publication des Ordonnances de Belgique, 29, 1981, p.
1-142. Ph. Godding, La « keure » bruxelloise de 1229 : une relecture, dans P. Bonenfant et P.
Cockshaw (éd.), Mélanges Claire Dickstein-Bernard, Bruxelles, 1999, p. 119-152.
16. P. Desportes, Reims et les Rémois... cité n. 10, p. 496 ; R. Grand, Justice criminelle, procédure
et peines dans les villes aux xiiie et xive siècles, dans Bibliothèque de l’École des chartes, 102, 1941, p.
89-90.
17. Sur l’« escondit », cf. A. Lacour, Justice et société à Reims à la fin du Moyen Âge d’après le
registre du bailliage (1493-1496), mémoire de maîtrise dactylographié, Reims, 1992, cité par Cl.
Gauvard, Grâce et exécution capitale : les deux visages de la justice royale française à la fin du
Moyen Âge, in Bibliothèque de l’École des chartes, 153, 1995, p. 285.
18. Ph. Godding, La « keure »..., p. 127.
19.Cartulaire de Nivelles, éd. J. Buisseret, E. de Prelle de la Nieppe, dans Annales de la Société
archéologique de Nivelles et du Brabant Wallon, 4, 1894, p. 59-60 : ordonnance du 29 juin 1390.
20. Bruxelles, Archives générales du Royaume [désormais cité « AGR »], Chambre des
comptes, Comptes en rouleaux, 2716, Compte du maire de Nivelles.
21. Ph. Godding, La « keure »... cité n. 15, p. 128-129. Sur la zoene, voir R. Van Caenegem, La
peine... cité n. 14. Pour la Sühne, P. Schuster, Eine Stadt vor Gericht... cité n. 8, p. 139 et s. Sur
l’Uhrfehde, P. Gyger, L’épée et la corde... cité n. 9, p. 79 et suiv. Voir les remarques suggestives
de N. Offenstadt, Interaction et régulation des conflits. Les gestes de l’arbitrage et de la conciliation
au Moyen Âge (xiiie-xve siècles), dans Cl. Gauvard et R. Jacob (éd.), Les rites de la justice. Gestes et
rituels judiciaires au Moyen Âge, Paris, 1999, p. 201-228.
22. À Reims, P. Desportes, Reims et les Rémois...cité n. 10, p. 499.
23. Notamment les conflits conjugaux, comme en Catalogne, où les maris violents se voient
imposer des seguretats par les autorités : F. Sabaté, Femmes et violence dans la Catalogne du xive
siècle, dans Annales du Midi, 106, 1994, p. 306-307.
24. x. Rousseaux, Existe-t-il une criminalité d’ancien régime (13e-18e s.) ? Réflexions sur l’histoire de
la criminalité en Europe, dans B. Garnot (éd.), Histoire et Criminalité de l’Antiquité au xxe siècle.
Nouvelles approches. Actes du colloque de Dijon, 2-5 octobre 1991, Dijon, 1992, p. 128-129.
25. D. M. Nicholas, Crime and punishment... cité n. 5, p. 294 et s.
26. C. Clemens-Denys, Les apaiseurs de Lille à la fin de l’Ancien Régime, dans Revue du Nord, 77,
1995, p. 13-28 ; F. Vanhemelryck, De criminaliteit in de ammanie van Brussel, p. 128-129.
27. H. Benveniste, Le système des amendes pénales en France au Moyen Âge : une première mise en
perspective dans Revue d’histoire du droit français et étranger, 70, 1992, p. 1-28.
28. Bruxelles, AGR, Archives de la ville de Nivelles [désormais cité « VN »] 3376, fait mandé
pour Ernoul le soyeur, 13 mars 1495.
29. Ph. Godding, La « keure »... cité n. 15, p. 129.
30. Bruxelles, AGR, VN 4439, 16 mai 1453, chirographe à Nicaise Jacquelart.
31. B. Schnapper, Les peines arbitraires du xiiie au xviiie siècle : doctrines savantes et usages
français, dans Revue d’histoire du droit, 41, 1973, p. 237-277, 42, 1974, p. 81-112.
32. Ph. Godding, La « keure »... cité n. 15, p. 132.
33. D. A. Berents, Misdaad in de middeleeuwen... cité n. 6, p. 51-52.
34. J. van Rompaey, Het compositierecht in Vlaanderen van de veertiende tot de achttiende eeuw,
dans Tijdschrift voor Rechtsgeschiedenis, 29, 1961, p. 43-79.
35. B. Frenz, Paix, honneur et discipline. Quelques remarques sur l’incrimination d’insultes et
d’actes de violence dans les villes médiévales, dans J. Hoareau-Dodinau et P. Texier (éd.), Pouvoir,
justice et société. Actes des xixe Journées d’histoire du droit, 9-11 juin 1999, Limoges, 2000, p. 65-79 ;
S. Burghartz, Disziplinierung oder Konflikteregelung ?... cité n. 9 ; K. Simon-Muscheid, Gewalt
und Ehre... cité n. 9.
36. R. Gosselin, Honneur et violence à Manosque (1240-1260), dans M. Hébert (éd.), Vie privée et
ordre public à la fin du Moyen Âge. Études sur Manosque, la Provence et le Piémont (1250-1450), Aix-
en-Provence, 1987, p. 53.
37. x. Rousseaux, Du contrôle social et de la civilisation des mœurs. Pratiques judiciaires et
représentations religieuses à Nivelles aux temps des Réformes (xve-xviie s.), dans E. Put, M. J.
Marinus et H. Storme (éd.), Geloven in het Verleden. over het godsdienstig leven in de
vroegmoderne tijd. Studies aangeboden aan M. Cloet, Louvain, 1996, p. 89-108.
38. Voir les contributions d’Andrea Zorzi, Massimo Meccarelli et Nella Lonza dans ce
volume.
39. Les récentes synthèses de Nicole Gonthier et Trevor Dean (citées n. 11) n’échappent pas
au problème : faute de monographies, la comparaison entre les « discours » sur la peine et
les politiques réellement pratiquées est peu convaincante.
40. P. Gyger, L’épée et la corde... cité n. 9, p. 228.
41. P. Schuster, Eine Stadt vor Gericht... cité n. 8, p 143.
42. x. Rousseaux, Taxer ou châtier ?... cité n. 5.
43. R. Muchembled, Le temps des supplices. De l’obéissance sous les rois absolus e e siècle,
xv -xviii

Paris, 1992, p. 24, 245-247.


44. R. Lavoie, Les statistiques criminelles et le visage du justicier : justice royale et justice
seigneuriale en Provence au Moyen Âge, dans Provence historique, 28, 1979, p. 3-20 ; J. Chiffoleau,
La violence au quotidien. Avignon au xive siècle d’après les registres de la Cour temporelle, dans
Mélanges de l’École française de Rome. Moyen Âge, Temps modernes, 92, 1980, p. 325-371 ; Id., Les
justices du pape... cité n. 4.
45. N. Gonthier, Délinquance, justice et société en Lyonnais (fin xiiie siècle-début xvie siècle), Lyon,
1988, III, p. 599 (Thèse de doctorat d’État, Université Jean Moulin) ; Id., La répression et le
crime à la fin du Moyen Âge, dans Mémoires de la Société pour l’histoire du droit et des institutions
des anciens pays bourguignons, comtois et romands, 47, 1990, p. 116-117.
46. G. Rusche et O. Kirchheimer, Punishment and Social Structure, New-York, 1939, rééd. 1968.
Le lecteur francophone peut consulter l’excellente traduction critique par R. Lévy et H.
Zander, Peine et structure sociale. Histoire et théorie critique du régime pénal, Paris, 1994.
47. Ce que confirme B. Paradis, Les exécutions publiques en Provence au xive siècle : un usage
répressif en évolution, dans Memini. Travaux et documents publiés par la Société des études
médiévales au Québec, 3, 1999, p. 71-89.
48. G. Bois, Crise du féodalisme, Paris, 1981.
49. Cl. Gauvard, Rumeur et stéréotypes à la fin du Moyen Âge, dans La circulation des nouvelles au
Moyen Âge. Actes du XXIVe Congrès de la Société des historiens médiévistes de l’enseignement
supérieur public, Avignon, 1993, Paris, 1994, p. 174-176.
50. x. Rousseaux, La récidive : invention médiévale ou symptôme de modernité ?, dans F. Briegel et
M. Porret (dir.), Le Criminel endurci. Récidive et récidivistes du Moyen Âge au xxe siècle, Genève,
2005, p. 55-80.
51. R. Lavoie, Les statistiques criminelles..., cité n. 44 ; B. Paradis, Les exécutions publiques en
Provence...
52. B. Paradis, Les exécutions publiques en Provence... cité n. 47, note qu’en Provence, 89 % des
exécutions du xive siècle ont lieu avant 1349.
53. P. Schuster, Eine Stadt vor Gericht... cité n. 8, p. 219.
54. B. Geremek, Les marginaux parisiens aux xive-xve siècles, Paris, 1976 ; H. Zaremska, Les
bannis au Moyen Âge, Paris, 1996.
55. x. Rousseaux, Existe-t-il une criminalité d’ancien régime (13e-18e s.) ?... cité n. 24, p. 123-166 ;
Id., From medieval cities to national states. Historiography on crime and criminal justice in Europe,
1350-1850, dans C. Emsley et L. Knafla (éd.), Crime history and histories of crime. Studies in the
historiography of crime and criminal justice in Modern History, Westport (Connecticut), 1996, p.
3-32.
56. G. Dupont, Qu’est-ce que la marginalité ? Marginale groepen in de stedelijke samenlevingen in
de Late Middeleeuwen : definities en problemen, dans D. Heirbaut et D. Lambrecht (éd.), Van oud
en nieuw recht. Handelingen van het XVde Belgisch-Nederlands Rechthistorisch Congres. Universiteit
Gent. 16-17 april 1998, Anvers (Gandaius Ontmoetingen met Recht, 1), 1998, p. 219-240.
57. C. Vogel, Le pèlerinage pénitentiel, dans Revue des sciences religieuses, 38, 1964, p. 113-153 ;
Id., Les libri penitentiales, Turnhout, 1978 (Typologie des sources du Moyen Âge occidental, 27).
58. La littérature sur les pèlerinages judiciaires est abondante, particulièrement dans les
villes des Pays-Bas. J. Van Herwaarden, Opgelegde bedevaarten. Een studie over de praktijk van
opleggen van bedevaarten (met name in de stedelijke rechtspraak) in de Nederlanden gedurende de
late middeleeuwen (ca 1300-1550), As-sen, Amsterdam, 1978 (Van Gorkums historische
Bibliotheek), p. 29-47. E. Van Cauwenberghe, Les pèlerinages expiatoires et judiciaires dans le droit
communal de la Belgique au Moyen Âge, Louvain, 1922, p. 1-27.
59. J. Van Herwaarden, Opgelegde bedevaarten..., p. 407 et suiv. ; E. Van Cauwenberghe, Les
pèlerinages expiatoires..., p. 149-168.
60. Les données sont tirées de J. Van Heerwarden, Opgelegde bedevaarten..., x. Rousseaux,
Partir ou payer ? Le pèlerinage judiciaire à Nivelles (xve-xviie siècle), dans S. Dauchy et P. Sueur
(éd.), La route. Actes des Journées d’histoire du droit d’Enghien, Lille, 1995, p. 105-140 ; et pour
Anvers : J. van der Heyden, Misdrijf in Antwerpen. Een onderzoek naar de criminaliteit in de
periode 1404-1429, dans Acta Falconis, 83/3, p. 224-240.
61. Ainsi, en 1438, une ordonnance de Philippe le Bon, prise à la demande des bourgeois,
introduit un nouveau tarif d’amendes à Nivelles comprenant des pèlerinages rachetables (x.
Rousseaux, Taxer ou châtier ?... cité n. 5).
62. J. E. A. Boomgaard, Misdaad en straf in Amsterdam... cité n. 6, p. 226 ; x. Rousseaux, Partir
ou payer ?...
63. P. Schuster, Eine Stadt vor Gericht... cité n. 8, p. 317.
64. P. Gyger, L’épée et la corde... cité n. 9, p. 196.
65. N. Gonthier, La répression et le crime... cité n. 45, p. 130. Les exemples ne permettent pas
de savoir si la pratique témoigne d’une concurrence ou d’une coopération entre le Prince et
les autorités locales.
66. P. Schuster, Dschungel aus Stein ? Der mittelalterliche Diskurs über die Stadt zwischen Ideal
und Wirklichkeit, dans Kea. Zeitschrift für Kulturwissenschaften, 8, 1995, p. 191-208.
67. On trouvera une bonne mise au point en langue française dans P. Robert, La question
pénale, Genève, Paris, 1984.
68. J. W. Marsilje (éd.), Bloedwraak, partijstrijd en pacificatie in laat-middeleeuws Holland,
Hilversum, 1990.
69. L’hypothèse est présentée par D. L. Smail, Factions and vengeance in Renaissance Italy : a
review article, dans Comparative studies in Society and History, 38, 1996, p. 781-789.
70. Pour la France, voir Cl. Gauvard, Violence citadine et réseaux de solidarité. L’exemple français
aux xive et xve siècles, dans Annales ESC, 1993, p. 1113-1126. Pour Liège, G. Xhayet, Autour des
solidarités privées au Moyen Âge : partis et réseaux de pouvoir à Liège du xiiie au xve siècle, dans Le
Moyen Âge, 100, 1994, p. 205-219, n’aborde malheureusement pas la question de la violence.
71. Voir ici même la contribution de W. Prevenier.
72. Voir ici même la contribution de N. Lonza.
73. Comme le montre l’analyse économétrique des séries d’amendes, de recettes et de
dépenses : D. de la Croix, x. Rousseaux, J. P. Urbain, To fine or to punish in the Late Middle Ages :
a time-series analysis of justice administration in Nivelles, 1424-1536, dans Applied economics, 1996,
28, p. 1213-1224.
74. L’un est peut être lié à l’autre. En Brabant, le développement urbain est attesté un siècle
plus tard qu’en Flandre, à une époque où les sources comptables et judiciaires sont
davantage centralisées.
75. Ce que soulignent les études qui ne s’arrêtent pas à la fin du xve siècle mais vont
jusqu’au milieu du xvie siècle : J. E. A. Boomgaard, Misdaad en straf in Amsterdam... cité n. 6 ; R.
Muchembled, Le temps des supplices... cité n. 43 ; x. Rousseaux, Taxer ou châtier ?... cité n. 5 ; et,
dans une perspective socio-démographique, M. K. Mc Intosh, Controlling misbehavior in
England, 1370-1600, Cambridge, 1998.
76. Bruxelles, AGR, Chambre des Comptes [désormais cité « CC »] 12878, compte de Jehan
del Neufrue, 14 septembre 1423-16 mai 1425.
77. Bruxelles, AGR, CC 12883, compte de Philippe de Namur, 1537-1540.
78. J. Langbein, Prosecuting crime in the Renaissance : England, Germany, France, Cambridge
(Mass.), 1974.
79. x. Rousseaux, Initiative particulière et poursuite d’office. L’action pénale en Europe (xiie-xviiie
s.), dans IAHCCJ-Bulletin, no 18, 1993, p. 58-92 ; à Reims, à partir de 1377, le bailli royal est
flanqué d’un « procureur pour l’office » : P. Des-portes, Reims et les Rémois... cité n. 10, p. 504.
80. P. Desportes, Reims et les Rémois... p. 504. J. Langbein, Torture and the law of proof : Europe
and England in the Ancien Regime, Chicago-Londres, 1977.
81. x. Rousseaux, Partir ou payer ?... cité n. 60.
82. AGR, CC 12883, 1541-1548, Jan Dufour.
83. P. Spierenburg, The Spectacle of suffering. Executions and the evolution of repression : from a
preindustrial metropolis to the European experience, Cambridge, 1984.
84. R. Van Dülmen, Theatre of horror. Crime and punishment in Early Modern Germany,
Cambridge, 1990.
85. R. Jacob, Le serment des juges ou l’invention de la conscience judiciaire (xiie siècle européen),
dans R. Verdier (éd.), Le serment : signes et fonctions, I, Paris, 1991, p. 439-457 ; Id, Le jugement
de Dieu et la formation de la fonction de juger dans l’histoire européenne, dans Histoire de la justice,
no 4, 1991, p. 53-78.
86. R. Jacob et N. Marchal-Jacob, Jalons pour une histoire de l’architecture judiciaire, dans La
Justice en ses temples. Regards sur l’architecture judiciaire en France, Paris-Poitiers, 1992
(Association française d’histoire de la justice), p. 29 et suiv.
87. U. Lederle, Gerechtigkeitsdarstellungen in deutschen und niederländischen Rathäusern,
Philipsburg, 1937 (Inaugural-Dissertation, Heidelberg). C. N. Robert, La justice dans ses décors
(xve-xvie siècles), Genève, 2006.
88. J. H. A. De Ridder, Gerechtigheidstaferelen voor schepenhuizen in de Zuidelijke Nederlanden in
de XIVde, XVde en XVIde eeuw, Bruxelles, 1989, p. 12.
89. M. S. Dupont-Bouchat, x. Rousseaux, Images de la justice criminelle dans les Pays-Bas (xve-
e e
xviii s.) : justice divine et justice des hommes, dans Images et représentations de la justice du 16 au

18e s. Actes du colloque de l’IAHCCJ, Toulouse, 1985, p. 37-41.


90. R. Jacob, Le jugement de Dieu... cité n. 85, p. 73.
91. J. H. A. De Ridder, Gerechtigheidstaferelen voor schepenhuizen..., p. 155. C. Harbison, The Last
Judgment in Sixteenth Century Northern Europe : a study of the relation between art and the
Reformation, New-York-Londres, 1976.
92. A. Vancauwenberghe, Analyse du dessin Justicia de Pierre Bruegel l’Ancien (1559), Louvain-la-
Neuve, 2001 (Université catholique de Louvain, mémoire de DEC en Histoire de l’art).
93. J.-M. Cauchies et H. de Schepper, Justice, grâce et législation. Genèse de l’État et moyens
juridiques dans les Pays-Bas, 1200-1600, Bruxelles, 1994 (Cahiers du CRHIDI, 2) et A. Padoa-
Schioppa (éd.), Justice et législation, Paris, 2000.
94. K. Pennington, The Prince and the Law, 1200-1600. Sovereignty and rights in the Western legal
tradition, Berkeley-Los Angeles-Oxford, 1993, p. 277-290.
95. x. Rousseaux, Genèse de l’État et justice pénale (xiiie-xviiie siècle). Contribution pour une histoire
de la justice, dans De la Res publica a los Estados Modernos. Journées internationales d’histoire du
droit, 1992, p. 235-259 ; R. Lévy et x. Rousseaux, États, justice pénale et histoire : bilan et
perspectives, dans Droit et société, 20/21, 1992, p. 249-279 ; F. Battenberg, Beiträge zur höchsten
Gerichtsbarkeit im 15. Jahrhundert, Cologne-Vienne, 1981 ; H. de Schepper (éd.), Höchste
Gerichtsbarkeit im Spätmittelalter und der Frühen Neuzeit, Amsterdam, s.d. [1985].
96. Sur la police, voir K. Härter, Entwicklung und Funktion der Policeygesetzgebung des Heiligen
Römischen Reiches Deutscher Nation im 16. Jahrhundert, dans Ius Commune, 20, 1993, p. 61-141.
97. N. Gonthier, La violence judiciaire, dans Mémoires de la Société pour l’histoire du droit et des
institutions des anciens pays bourguignons, comtois et romands, 50, 1993, p. 28-29.
98. Bruxelles, AGR, Manuscrits Divers (MD) 774, [Baudouin des Hayes], Chronique des abbesses
de Nivelles, [xviie siècle], p. 143 ; J. J. Hoebanx, L’abbaye de Nivelles des origines au xive siècle,
Bruxelles, 1952 (Mémoires de l’Académie Royale de Belgique, CL, 46/4), p. 442.
99. P. Gyger, L’épée et la corde... cité n. 9, p. 228.
100. x. Rousseaux, Taxer ou châtier ?... cité n. 5.
101. Cl. Gauvard, Grâce et exécution capitale... cité n. 17, p. 289-290.
102. x. Rousseaux, Initiative particulière et poursuite d’office... cité n. 79.
103. C’est la thèse défendue par M. Boone, State power and illicit sexuality : the persecution of
sodomy in late medieval Bruges, dans Journal of Medieval history, 22, 1996, p. 135-153.
104. x. Rousseaux t R. Lévy (éd.), Le pénal dans tous ses états. Justice, États et sociétés en Europe
(xiie-xxe siècle), Bruxelles, 1997.
105. Voir ici même la contribution de M. Meccarelli ; G. Milani, Prime note su disciplina e
pratica del bando a Bologna alla metà del secolo xiii, dans Mélanges de l’École française de Rome.
Moyen Âge, 109, 1997, p. 501-523.
106. R. Muchembled, Le temps des supplices... cité n. 43.
107. M. Boone, « Le dict mal s’est espandu comme peste fatale ». Karel v en Gent, stedelijke identiteit
en staatsgeweld, dans Handelingen der Maatschappij voor Geschiedenis en Oudheidkunde te Gent, n.
s., 54, 2000, p. 31-63. L’auteur analyse à l’aune du conflit ville-État, l’écrasement par Charles-
Quint de la révolte de sa ville natale en 1540.
108. x. Rousseaux, Du contrôle social et de la civilisation des mœurs... cité n. 37, p. 106-107.
109. P. Spierenburg, The Spectacle of Suffering... cité n. 83, S. Faber, Strafrechtspleging en
criminaliteit te Amsterdam (1680-1811). De nieuwe menslievenheid, Gouda, 1983.
110. Sur la torture, voir W. Ullmann, Reflections on Medieval torture, dans Juridical review, 56,
1944, p. 123-137.
111. Cl. Gauvard, « De grace especial » : crime, État et société en France à la fin du Moyen Âge,
Paris, 1991, 2 vol. ; I. Paresys, Aux marges du Royaume. Violence, justice et société en Picardie sous
François Ier, Paris, 1998 ; M. Vrolijk, Recht door gratie Recht door gratie. Gratie bij doodslagen en
andere delicten in Vlaanderen, Holland en Zeeland (1531-1567), Nimègue, 2001.
L’inquisition et les villes du
Languedoc (1229-1329)
Jean-Louis Biget

1 L’Inquisition suscite, dès les années 1234-1235, des révoltes urbaines


en Languedoc ; elle en provoque de nouvelles entre 1280 et 1305. Ces
turbulences témoignent de rapports difficiles entre cette justice
spirituelle et les cités languedociennes durant un long xiiie siècle, qui
court de 1229 à 1329. L’examen de ses principes, de ses modalités et
de son impact en éclaire le sens, au-delà de ses finalités religieuses,
essentielles mais non exclusives.

Antécédents
2 Quand elle s’affirme en Languedoc, en 1229 sous sa forme épiscopale,
puis après 1233 sous sa forme pontificale, l’Inquisition met en œuvre
une procédure aux principes déjà bien établis, qui découlent
d’antécédents remontant à plusieurs décennies.
3 La procédure inquisitoire s’est progressivement mise en place
comme une réponse à l’hérésie, réelle ou supposée. Selon les
standards intellectuels du xiie siècle, l’hérésie est une perversion
occulte 1 . Il faut donc la débusquer. Le concile de Tours, présidé par
Alexandre III, évoque, dès 1163, la nécessité de rechercher les
hérétiques 2 . Il s’agit là d’une rupture majeure avec les usages de la
justice féodale, de nature accusatoire. La procédure d’office s’impose
très vite et les légats pontificaux conduisent dans le Toulousain des
inquisitions en 1178 et 1181 3 . C’est le moment où l’hérésie – en
toute bonne foi, sans doute – commence d’être instrumentalisée par
le pouvoir pontifical dans le but d’affirmer, sur tous et partout, la
plenitudo potestatis du pape. Aussi bien, toute opposition est-elle
qualifiée hérésie, tandis que la « dépravation hérétique » fait l’objet
de dénonciations hyperboliques. Ce discours et ces représentations
perturbent encore aujourd’hui l’image que l’on peut avoir du
Languedoc avant la croisade contre les Albigeois : on l’imagine
volontiers totalement acquis à la religion des bons hommes. La
décrétale Vergentis in senium de mars 1199, qui définit l’hérésie
comme un crime attentatoire à la majesté divine, constitue les
dissidences en ressort essentiel de la théocratie pontificale 4 , après
et avec la réforme et la croisade. Par une suite de décrétales
échelonnées de 1205 à 1213, Innocent III établit les règles majeures
de l’inquisitio 5 . Àla procédure accusatoire, orale et publique, il
substitue une procédure d’office, entièrement secrète. Les arcanes
sont d’évidence constitutifs de la toute-puissance et le secret lui est
consubstantiel, comme l’a souligné Robert Moore ; ainsi le huis-clos
accompagne-t-il logiquement la mise en place de la procédure
inquisitoire. Ils ont pour corollaire la suppression des ordalies.
4 En effet, au xiie siècle, la justice populaire a souvent débordé les
clercs. C’est le cas à Soissons, en 1112, si l’on en croit Guibert de
Nogent, qui narre les faits ainsi : « Le peuple croyant... se précipita
vers la prison, enleva les captifs et alluma hors de la ville un bûcher
dans lequel il les fit brûler. Ce fut ainsi que le peuple de Dieu, pour
éviter que ce chancre ne se propageât, exerça à leur encontre le zèle
de sa propre justice » 6 . Un phénomène identique se produisit à
Cologne, en 1147 ou bien un peu après, lorsque des hérétiques furent
brûlés malgré des clercs 7 . Le secret de la procédure évite un tel
dessaisissement et conserve à celui qui la conduit le monopole de la
vérité et de la justice. Il périme de fait le débat public avec les
dissidents, longtemps pratiqué en Languedoc et encore au début du
xiiie siècle par Diègue d’Osma et saint Dominique 8 . Ce genre de
controverse, dont le jugement est confié à des arbitres, relève de la
pratique des temps « féodaux ». Il laisse place à la pression de la
foule. Il en va de même des ordalies ; d’une part aléatoires et
susceptibles de laisser un coupable échapper à son châtiment, elles
revêtent, d’autre part, une certaine ambiguïté qui rend nécessaire de
les interpréter ; l’assemblée des assistants peut en la matière faire
prévaloir son opinion, réduisant la maîtrise du pouvoir sur les
événements 9 . Ainsi, le gain d’humanisme et de rationalité que
comporte aux yeux des hommes du xxie siècle la suppression des
ordalies présente-t-il un revers non négligeable : il confère au juge la
toute-puissance. Alexandre III 10 , Célestin III 11 , puis Innocent III
12 ont condamné les ordalies, avant que le quatrième concile du

Latran le fasse à son tour, dans son dix-huitième canon 13 .


5 La croisade lancée en 1209 contre les Albigeois ne s’embarrasse pas
de procédures complexes ; elle pratique une justice expéditive : tous
les dissidents qui refusent d’abjurer, environ six cents entre 1210 et
1211, montent sur le bûcher 14 . Avec la paix de Meaux-Paris, la
répression de l’hérésie passe en Languedoc de sa période militaire à
sa phase judiciaire. Cette dernière est d’abord organisée par le
concile tenu à Toulouse en novembre 1229 sous l’autorité du
cardinal-légat Romain de Saint-Ange 15 . Sont mises en place des
commissions paroissiales chargées de rechercher (inquirere) les
hérétiques en tous lieux. Les seigneurs ont pour devoir inhérent à
leur statut de faire de même : soliciti etiam sunt domini terrarum circa
inquisitionem haereticorum. Les actes du concile fixent un barème
des peines en fonction de l’étendue des fautes et ils instaurent la
prison (le « mur ») comme lieu de pénitence et de mise à l’écart des
condamnés. La procédure demeure confiée à l’ordinaire, mais ses
modalités et la manière dont les accusés doivent être entendus et
jugés ne sont pas évoquées. Il semble que les conditions définies par
les décrétales d’Innocent III s’appliquent immédiatement, au moins
pour partie.
6 En effet, parallèlement au concile, le légat ordonne une inquisition à
la suite de la confession d’un bon homme repenti, Guilhem Delsolier
16 . L’évêque Foulque produit aussi des témoins à charge contre les

Toulousains compromis et leurs dires sont couchés sur parchemin


afin d’en conserver la trace. On voit apparaître en l’occurrence le
recours à l’écrit et la constitution d’archives, qui tiennent
ultérieurement un rôle essentiel dans la procédure inquisitoriale 17
. Le chroniqueur Guillaume de Puylaurens raconte que certains
suspects refusent de reconnaître leur faute ; il rapporte les faits en
ces termes : « Il y en eut d’autres... qui disaient vouloir se défendre
en droit (qui dicebant se velle defendere in jure), demandant qu’on leur
livrât le nom des témoins qui avaient déposé contre eux, car ce
pouvaient être des ennemis mortels, auxquels il ne fallait pas ajouter
foi » 18 . La procédure est donc secrète et les Toulousains
demandent en matière de foi l’application du droit coutumier à eux
conféré par les franchises et libertés de la ville.
7 À ce moment, la procédure nouvelle soulève donc des oppositions,
qui se réfèrent aux usages traditionnels, battus en brèche. On ne
saurait donc être surpris que l’instauration de l’inquisiton
pontificale, quelques années plus tard, engendre de vifs conflits avec
la population de certaines villes.
Le temps des commencements et des
conflits (1231-1240)
8 Par un édit du 20 avril 1233, établi sous la pression du roi et du légat
pontifical, rédigé par Raimond du Fauga, évêque de Toulouse, et lu
dans la cathédrale Saint-Étienne, le comte Raimond vii systématise
les décisions du concile de 1229 et de celui de Béziers, tenu en 1232
19 . Cette décision s’inscrit dans un contexte particulier, car,

quelques jours plus tôt, le 13 avril, Grégoire ix vient d’étendre au


Midi de la France l’Inquisition pontificale, créée d’abord contre
Frédéric II et ses alliés. L’Inquisition est une justice pleinement
souveraine, puisqu’en matière d’hérésie, le juge délégué par le pape
bénéficie de la plenitudo potestatis de ce dernier. Elle déroge donc aux
coutumes, fortement teintées de droit romain, qui s’appliquent dans
les villes. Elle abrège, et même abroge, les franchises et libertés qui
comportaient des garanties pour les personnes et les biens et elle
anéantit les pouvoirs de justice des consuls ou des prud’hommes, qui
pratiquaient eux-mêmes les enquêtes et rendaient les sentences, ou
bien assistaient et contrôlaient les officiers des seigneurs dans ces
tâches 20 . Elle est exercée par des juges indépendants des pouvoirs
locaux, quels qu’ils soient. Un tel état de fait suscite la révolte de la
bourgeoisie citadine dans plusieurs cas.
9 À Toulouse, au xiiie siècle, les capitouls exercent la justice criminelle
dans toute son étendue. Après la croisade, la ville conserve ses
franchises. Or la toute-puissance des juges de l’Inquisition, qui
confine à l’arbitraire, en matière d’hérésie, ruine le pouvoir des
capitouls en même temps que le droit coutumier toulousain. Pour la
plupart, les habitants de la ville accusés d’être adhérents des bons
hommes et mis en scène dans la chronique de Guilhem Pélissou,
frère Prêcheur du couvent de Toulouse, requièrent l’application du
droit ordinaire et en appellent au public pendant qu’on les traîne à
travers les rues pour les amener au bûcher dressé hors les murs
(dans l’enceinte, les places sont étroites et Toulouse est une ville de
bois, qui connaît d’ailleurs un incendie général au xve siècle). Durant
tout ce parcours, ils crient à l’injustice. Ainsi Arnaut Sans clamaret
per plateas, quando ducebatur : « Videte omnes quam injuriam
faciunt mihi et ville » 21 . Et quand le viguier comtal veut conduire
un certain Jean Teisseire à son supplice, les défenseurs de ce dernier
portent plainte contre lui et lui enjoignent de ne rien faire, excipant
sans aucun doute du droit coutumier 22 . Ces Toulousains n’en sont
pas moins brûlés.
10 Fait aggravant, l’Inquisition met en jeu les vies, les privilèges et les
biens sans qu’on puisse rien contre elle, sauf à en appeler au pape,
appel malaisé à interjeter et à faire aboutir. Et l’expérience prouve
rapidement que, si l’on s’oppose peu ou prou à l’action des
inquisiteurs, on se trouve catalogué comme hérétique et justiciable à
ce titre. Rien d’étonnant à cela, puisque, par ailleurs, la seule non-
dénonciation constitue les fautores heretice pravitatis. Á ces dénis de
justice s’adjoint, bien évidemment, l’absence de publicité des débats,
l’exclusion de toute assistance pour les accusés, l’ignorance où ils
sont tenus des témoins ayant déposé à charge contre eux.
L’Inquisition travaille dans l’ombre et ce fait même entretien une
psychose d’inquiétude, voire d’angoisse, parmi les justiciables. La
violence imputée à ceux qui l’incarnent correspond bien plutôt à la
nature même de l’Inquisition et à la rupture qu’elle introduit dans le
droit urbain ; Alexandre Patchovsky a bien montré à cet égard que
les brutalités reprochées à Conrad de Marbourg ne relevaient pas
d’une personnalité perverse, mais de l’usage cohérent de la nouvelle
procédure 23 .
11 Grégoire ix lui-même, le 18 novembre 1234, à un moment où ses
relations avec Raimond vii se sont améliorées, prend conscience du
déséquilibre institutionnel que l’Inquisition introduit dans les villes
et invite ses légats et les évêques de Toulouse, Albi, Rodez, Agen et
Cahors à prendre en charge les actions contre les suspects d’hérésie
en respectant les formes coutumières de la justice 24 .
12 À toutes les violences qui bouleversent la tradition des communautés
urbaines et la sécurité de leurs membres s’ajoute la brutalité, inouïe,
des exhumations, démonstrations de la toute-puissance de
l’Inquisition, laquelle s’exerce sur les morts comme sur les vivants,
en rejetant dans le néant les défunts compromis dans l’hérésie. Les
inquisiteurs multiplient les procès posthumes et font déterrer,
porter en procession par les villes et brûler les restes des
condamnés, qui ne peuvent être ensevelis en terre consacrée ni
connaître le repos éternel. Ces viols de sépultures, contraires au
respect des morts hérité des temps les plus anciens 25 , suscitent un
véritable traumatisme chez les parents et les amis des défunts, accru
par une pénalité matérielle lourde, puisque les biens des morts
reconnus hérétiques sont confisqués à leurs héritiers. Cette justice
rétroactive déclenche une émeute à Albi le 15 juin 1234 26 .
13 L’inquisiteur Arnaud Cathala, socius de Guilhem Pélissou, ordonne
d’exhumer, dans le cimetière de l’église Saint-Étienne, une femme
qu’il a condamnée comme hérétique. Devant les réticences du baile
épiscopal, il s’empare lui-même d’une pioche pour commencer la
besogne : arrepto ligone, primos ictus dedit, fodiens in terram. Il est alors
pris à partie par un groupe d’Albigeois, qui le frappent, le
malmènent, menacent de l’égorger et entreprennent de le jeter dans
le Tarn. Toutefois, il se trouve suffisamment de citoyens de la ville
pour l’arracher à ceux qui le maltraitent et le ramener à la
cathédrale, où il excommunie incontinent tous les habitants d’Albi. Il
annule cependant bientôt cette sentence – à la demande de l’évêque,
également seigneur temporel de la ville, qui joue un rôle
modérateur. Dans les mois suivants, Arnaud Cathala, restauré dans
ses pouvoirs, poursuit son office, sans doute avec davantage de
souplesse 27 . On note que Guilhem Pélissou et lui-même sont
assistés à Albi par maître Guillaume de Lombers, un laïc, juriste
patenté, susceptible de freiner leur arbitraire 28 .
14 Les événements de Narbonne semblent plus graves que ceux d’Albi
29 . Cette ville, cité drapante, grand emporium ouvert sur la

Méditerranée, est double. Sur la rive gauche de l’Aude, autour de la


cathédrale, s’étend la Cité ; sur la rive droite se localise le Bourg.
L’archevêque et le vicomte sont les principaux seigneurs de ces deux
entités. L’instruction et le jugement de tous les délits doivent se faire
en présence et conformément à l’avis d’un jury de citoyens, consulté
sur la culpabilité des prévenus et sur la peine à leur appliquer. Le
Bourg aspire à une large autonomie. Il s’y est constitué, en 1219, une
confrérie, l’Amistansa (l’« Amitié », en occitan), pour la sauvegarde
des habitants et de leurs droits. Après 1233, le prieur du couvent des
Prêcheurs, Ferrier, maître en théologie de l’Université de Paris
auquel Bernard Gui fera gloire d’avoir été une règle de fer, virga
ferrea, à l’égard des hérétiques 30 , exerce l’Inquisition à Narbonne,
en pleine collaboration avec l’archevêque. Les habitants du Bourg
voient dans l’office inquisitorial une ingérence juridictionnelle qui
limite gravement leurs libertés au profit de l’archevêque, chef
religieux mais aussi seigneur temporel de la communauté. Au
printemps de 1234, ils s’opposent à l’arrestation de l’un des leurs.
Une véritable guerre, avec trébuchets et autres machines, oppose
alors la Cité et le Bourg. Celui-ci fait appel à des chevaliers
notoirement hérétiques, commandés par Olivier de Termes 31 . Vers
la fin de 1235, le couvent des Prêcheurs est saccagé de fond en
comble, si l’on en croit un appel au roi lancé par les frères,
l’archevêque et le vicomte 32 . De leur côté, les consuls du Bourg,
dans une lettre adressée à ceux de Nîmes, mettent en cause Ferrier
et ses assesseurs, qui conduisent l’Inquisition sans se conformer aux
règles du droit (on voit donc où le bât blesse) et pratiquent
l’arbitraire, car ils jettent en prison et dépouillent de leurs biens des
personnes qui ne sont nullement hérétiques 33 . En outre, ils
surprennent la bonne foi des gens par des questions-pièges, dont
quelques exemples sont fournis par les consuls. Ceux-ci requièrent le
retour à l’Inquisition épiscopale et l’application des décisions du
concile de Toulouse, qui ne donne justement aucune indication sur la
procédure à suivre – ce dont on peut exciper pour exiger le respect
des usages coutumiers.
15 Le roi étant suzerain de Narbonne depuis 1229, son sénéchal rétablit
finalement la paix entre Bourg et Cité en avril 1236 34 . On n’entend
plus parler d’hérétiques à Narbonne avant les Béguins. Sans doute
parce que l’archevêque cherche à préserver sa juridiction des
interventions de l’Inquisition et du roi. L’ensemble des événements
survenus à Narbonne souligne l’usage instrumental de l’hérésie et,
en tout cas, les incidences politiques de la poursuite des hérétiques.
16 Le fait s’avère également très net à Toulouse, où l’un des condamnés
ameute la foule en criant : « Ma croyance en Dieu est bonne. Prenez
garde à vous, car ces mauvaises gens veulent détruire la ville et les
gens honnêtes et enlever la ville à son seigneur » 35 .
17 Les relations de l’Inquisition pontificale et des Toulousains
s’engagent très mal, parce que les fils de saint Dominique, auxquels
elle est confiée, se sont fait mal voir entre 1230 et 1233, prêchant
qu’il y avait des hérétiques dans la ville et procédant, sous la
direction de Roland de Crémone, alors maître dans la nouvelle
Université, à des exhumations et à des destructions de maison 36 ;
ils ont en outre fait inverser par l’évêque, ratione materie, un
jugement rendu par les consuls 37 . Selon Guilhem Pélissou, dès les
premières années de l’Inquisition, on murmure contre les
inquisiteurs et les frères, on incite la population à lapider ces
derniers et à détruire leur couvent. On les taxe d’injustice, car ils
accusent d’hérésie de bons chrétiens, qui sont mariés 38 , et vont
jusqu’à en faire brûler certains – ainsi le forgeron Arnaud Sans, déjà
cité 39 , et une femme, dont les aveux sont obtenus par surprise,
alors qu’elle est sur son lit de mort 40 .
18 Le Vendredi saint 6 avril 1235 – jour symbolique – les inquisiteurs
déclenchent une grande offensive contre les suspects d’hérésie 41 ,
puis, en septembre, Guillaume Arnaud cite devant lui douze
personnes, des anciens consuls pour la moitié d’entre elles 42 . La
réaction est vive : il est expulsé de la ville le 10 octobre ; au début de
novembre, les Prêcheurs sont à leur tour chassés de leur couvent et
de Toulouse : on les porte, per caput et per pedes, à la sortie de la ville.
19 Cette crise, très significative du heurt des pouvoirs, est finalement
assez brève. Dès le printemps 1236, Prêcheurs et inquisiteurs
rentrent à Toulouse et l’Inquisition reprend son activité 43 .
20 Tout change bientôt, cependant, car le conflit entre le Saint-Siège et
l’Empereur a rebondi. Le pape a besoin du comte de Toulouse en
Provence. Raimond vii profite de la conjoncture. Il demande à
Grégoire ix que les Prêcheurs soient écartés de l’office d’Inquisition
dans ses états, « parce que, dans leurs enquêtes, ils procèdent
toujours à l’encontre des règles de droit civil et canonique ». Il
demande le retour à l’inquisition épiscopale et au droit ancien 44 . Il
est clair que l’Inquisition gêne autant le pouvoir comtal que le
pouvoir urbain et, finalement, nuit à tous les pouvoirs traditionnels.
Grégoire ix, qui recherche l’appui de Raimond vii contre Frédéric II,
suspend l’Inquisition en mai 1238. Un nouveau contexte politique la
restaure, à la suite d’un renversement d’alliances. Après Cortenuova
(1239), le pape s’allie, contre l’Empereur, à Raimond-Bérenger de
Provence ; Raimond vii se rapproche alors de Frédéric II et il est
excommunié au printemps 1240. La seconde période de l’histoire de
la justice inquisitoriale en Languedoc, celle de sa maturité, s’ouvre
alors.

La maturité (1240-1280)
21 Deux révoltes contre la monarchie ouvrent cette époque. D’abord
celle de Trencavel, l’ancien vicomte d’Albi, Carcassonne et Béziers. Il
réussit à soulever toute la petite aristocratie du pays entourant
Carcassonne, entre la fin d’août et le début d’octobre 1240, mais il
doit battre en retraite devant une armée royale. Les Enquêtes des
commissaires royaux, réalisées en 1247, montrent qu’une répression
très dure s’ensuit 45 . La révolte de Trencavel et la mort de Grégoire
ix (22 août 1241) relancent l’Inquisition. La soumission du comte de
Toulouse au roi, après son soulèvement de 1242, ouvre à cette
dernière un champ totalement libre. C’est le temps des enquêtes
générales. Ferrier débute des recherches étendues ; il fait
comparaître devant lui, entre 1240 et 1244, plus de sept cents
personnes et réussit à constituer des fiches sur plus de trois mille
individus 46 . Ensuite, après la chute de Montségur (15 mars 1244),
Jean de Saint-Pierre et Bernard de Caux citent à Toulouse, en 1245-
1246, plus de cinq mille personnes, qui en évoquent près de dix mille
autres. Encore ne conserve-t-on que deux de leurs registres sur les
dix qui résultaient de leur enquête 47 . Ces investigations ne
touchent qu’incidemment les villes.
22 En 1248, cependant, l’Inquisition pontificale cède le pas à
l’Inquisition épiscopale 48 . Le registre du greffier du tribunal
inquisitorial de Carcassonne montre que dans les années suivantes,
la juridiction d’exception redevient ordinaire, sa pratique s’alignant
sur celle des cours civiles – même si la procédure demeure
inquisitoire 49 . Tout change à nouveau, à partir de 1255, après
qu’Alphonse de Poitiers a pris le comté de Toulouse en main et que
saint Louis est revenu d’Orient. Joint à un renouvellement progressif
de l’épiscopat et à l’accession d’Alexandre iv au trône de saint Pierre,
ce contexte assure la restauration définitive de l’Inquisition
pontificale en Languedoc.
23 La procédure et les pratiques inquisitoriales sont désormais bien en
place ; leur caractère « moderne » et « rationnel » fait du tribunal
pontifical une instance redoutable.
24 L’arrivée à maturité de l’Inquisition se manifeste d’abord par
l’établissement de manuels pour les inquisiteurs 50 . Ils participent
évidemment de la révolution culturelle du xiiie siècle, celle de l’usage
étendu de l’écrit et des livres, avec l’apparition de manuels de tous
ordres. Ces manuels définissent les prérogatives de l’inquisiteur,
éclaircissant, à l’aide de consultations antérieures formant
jurisprudence, les problèmes qui peuvent se poser à lui. Ils donnent
les formulaires de la procédure, indiquent la marche des
interrogatoires et les questions à poser aux suspects ; ils comportent
enfin l’exposé de la doctrine et des pratiques des hérétiques. Ils
capitalisent les expériences et sont pour les inquisiteurs d’une utilité
fondamentale. L’ordo processus Narbonensis ou Processus inquisitionis
est élaboré entre 1244 et 1248 51 . Une chaîne d’ouvrages, de plus en
plus développés, aboutit vers 1323 à la Practica inquisitionis de
Bernard Gui, un traité raisonné, fortement structuré et exhaustif 52
.
25 Par ailleurs, l’Inquisition utilise des techniques « modernes »
relevant de la rationalité universitaire, d’autant que les juges qui
l’exercent, formés dans les Universités ou dans les studia des
Prêcheurs, sont des « intellectuels », avec tout ce que cela implique.
James Given a analysé ces techniques en les replaçant dans leur
contexte culturel. L’essentiel réside dans la constitution d’une
mémoire écrite 53 . La conservation actuelle des archives
inquisitoriales en Languedoc suggère que si la mise par écrit des
dépositions a commencé dès les origines 54 , leur organisation
systématique s’est effectuée à partir de 1241 surtout, c’est-à-dire
après la révolte de Trencavel 55 ; les documents foisonnent à partir
de 1243, c’est-à-dire consécutivement à la rébellion de Raimond vii
56 . Si l’on extrapole les données figurant dans les registres

conservés de Jean de Saint-Pierre et Bernard de Caux, on peut


considérer que ces derniers ont accumulé des renseignements
intéressant près de soixante-quinze mille personnes. Cet exemple
montre que l’Inquisition, grâce à l’écriture, au papier et à ses
méthodes, possède la capacité de contrôler la quasi-totalité de la
population régionale. Cela d’autant que les registres constitués sont
rendus aisément consultables, grâce à des systèmes de repères et des
tables détaillées. Ils forment des fichiers qui permettent de
confondre les suspects.
26 Une telle évidence conduit plusieurs fois les méridionaux à détruire
ou tenter de détruire les registres des inquisiteurs. C’est le cas lors
du massacre des inquisiteurs à Avignonet, en 1242, à Caunes-
Minervois, où un clerc et un courrier de l’Inquisition sont
interceptés à la fin de 1247 57 . À Carcassonne enfin, vers 1285, un
certain nombre de bourgeois forment un complot pour enlever les
registres de Jean Galand 58 .
27 Entre 1240 et 1280, les poursuites inquisitoriales s’effectuent avant
tout dans les campagnes et dans les bourgs. Les conflits de l’Office et
des villes sont apaisés. On peut estimer que l’hérésie est
pratiquement morte à Toulouse, sa capitale 59 . Il est
symptomatique, à cet égard, que Jean de Saint-Pierre et Bernard de
Caux, au cours de leur grande enquête sur la dissidence en Lauragais,
siègent à Toulouse, où ils font comparaître les populations
concernées. D’une manière générale, les villes importantes restent
paisibles. Les inquisiteurs se bornent à réconcilier quelques villes
moyennes, exigeant d’elles des travaux d’utilité religieuse pour avoir
abrité des hérétiques. C’est le cas de Lavaur, où ils imposent en 1255
aux consuls la reconstruction de l’église paroissiale 60 . C’est aussi le
cas, en 1258, de Najac, ville du Rouergue occidental, aux confins de
l’Albigeois et du Quercy, qui s’est révoltée contre le comte capétien à
la mort de Raimond vii en 1249. Cette insurrection entraîne une
offensive appuyée de l’Inquisition après 1253, moment où le tribunal
est repris par les Prêcheurs. En 1258, les inquisiteurs commuent
toutes les peines mineures (pèlerinages, passage outre-mer) en
amendes versées à l’œuvre de l’église Saint-Jean que les consuls se
sont engagés à édifier 61 . À Gaillac, en 1271, les membres du
tribunal patronnent également l’édification d’un pont sur le Tarn et
la reconstruction de deux églises 62 .
28 Après 1270, l’hérésie semble résiduelle en Languedoc. Les dissidents
de sa capitale, au nombre de 276, bénéficient en 1279 d’une amnistie
de Philippe III, qui leur confirme la possession de leurs patrimoines.
Toulouse, principal môle de résistance à la croisade, métropole de
l’hérésie, est devenue catholique et capétienne 63 . Les noyaux
hérétiques que l’Inquisition y frappe après 1280 n’ont guère de
consistance.
29 En revanche, c’est le moment où s’ouvre une période de grande
activité inquisitoriale dans certaines villes moyennes.
Points chauds de la répression inquisitoriale
après 1280 64
30 Cinq villes, situées sur un axe quasi méridien, s’unissent pour lutter
contre l’Inquisition entre 1280 et 1305 : Limoux, Carcassonne,
Castres, Albi et Cordes. Les facteurs de cette coalition sont multiples.
Sans doute l’hérésie a-t-elle été moins vivement combattue dans ces
centres urbains qu’à Toulouse et dans les campagnes, ce qui explique
sa reviviscence. Mais, dans ces villes florissantes – car l’axe évoqué
est celui d’une draperie légère exportée en Méditerranée –
interviennent également des frustrations, celles de juristes, de
marchands, de consuls, qui souhaitent plus de libertés, tant
spirituelles que politiques et économiques. Joue encore l’arbitraire
des inquisiteurs et l’impossibilité de les contrôler, de sorte qu’ils
vont jusqu’à entraver l’action des officiers royaux – notamment au
temps de la querelle entre Boniface viii et Philippe le Bel. Comptent
également les empiètements de la justice inquisitoriale sur celle des
officialités, comme la rivalité qu’entretiennent Dominicains et
Franciscains et l’approche différente des dissidences spirituelles qui
les oppose 65 . À Albi intervient en outre un facteur particulier :
l’évêque, seigneur de la ville, issu de la Curie, organise avec rigueur
une sorte de théocratie épiscopale dans son diocèse. Il entend ne
rien céder à personne de ses prérogatives spirituelles et temporelles
et, pour bien le manifester, il fait ériger deux monuments écrasants
de puissance : la cathédrale Sainte-Cécile et le Palais épiscopal. Son
cléricalisme outrancier porte sans nul doute une bonne partie des
élites albigeoises vers la religion des bons hommes 66 . Contre elles,
il use comme d’une arme de l’Inquisition à laquelle il est associé 67 .
31 La coalition des villes contre le Saint-Office a pour chef
emblématique un frère mineur, Bernard Délicieux, qu’Alain
Friedlander nomme « le marteau des inquisiteurs » dans
l’intéressante biographie qu’il vient de consacrer à ce révolté
permanent 68 .
32 Les péripéties événementielles de cette crise, qui débute en 1285 et
se prolonge jusqu’à 1305, ne nous intéressent pas ici en tant que
telles, mais les événements ont suscité la production d’archives
abondantes, conservées pour une bonne part 69 , et cette
documentation fait apparaître, de manière très claire, les moyens
utilisés à cette époque par les inquisiteurs pour obtenir l’aveu des
prévenus. Moyens que les villes mettent en cause, pour les plus
violents, et qui semblent très largement nouveaux, hormis la prison,
utilisée depuis les origines.
33 Ce sont, en premier lieu, des moyens subtils, des pressions morales
et psychologiques. Les actes du procès présidé par l’évêque d’Albi,
Bernard de Castanet, en 1286-1287, illustrent bien le fait 70 . Un
exemple, celui de Raimon Fumet suffit pour comprendre le savoir-
faire des inquisiteurs 71 . Il a échappé à une première fournée
d’arrestations. Cité quatorze mois après les premiers accusés, il
comparaît immédiatement devant ses juges ; on lui promet une
grâce, s’il dit toute la vérité ; il reçoit la possibilité de réfléchir un
jour et une nuit, mais en prison ; ce séjour en des cachots peu
hospitaliers doit faire naître chez lui le désir de leur échapper au
plus vite ; en outre, il lui donne le temps pour rassembler sa
mémoire et récapituler un maximum de faits et, pour ne pas être
pris en flagrant délit d’omission, puisque les inquisiteurs peuvent
comparer ses dires à ceux des autres accusés, il est certain qu’il s’y
efforce, livrant un maximum de renseignements. Le système
inquisitorial s’avère sans faille ; il brise la capacité de résistance
psychologique des prévenus les plus faibles, impressionnés en outre
par la majesté du tribunal et sa réputation de rigueur.
34 Les suspects qui persistent à ne rien dire subissent des pressions plus
sévères. Ils peuvent être soumis, durant un laps de temps
considérable – plusieurs mois parfois – à la détention dans des
conditions particulièrement difficiles, fers aux pieds. Bernard Gui
conseille cet usage de la prison dans son Manuel de l’inquisiteur, écrit
vers 1323 72 . L’usage de la torture devient normal après
qu’Innocent iv l’a légalisé en 1252 par la bulle Ad extirpanda 73 . Il
faut noter qu’il n’est pas spécifique de l’Inquisition, car l’on torture
aussi dans les juridictions laïques 74 . L’énormité du crime de lèse-
majesté divine justifie la violence utilisée.
35 La pression carcérale et la question contreviennent évidemment à la
forme d’habeas corpus dont jouissaient les justiciables devant les
cours urbaines, où ils devaient essentiellement fournir des cautions,
personnelles ou réelles, selon les cas.
36 Aussi bien, vers 1285, les consuls de Carcassonne lancent-ils contre
l’inquisiteur Jean Galand un appel au roi et au pape 75 . Ils lui
reprochent de maintenir les prisonniers dans des conditions de vie
misérables, dans des cachots sans air et sans lumière, sans
nourriture, fers aux pieds au milieu de leurs déjections. Ils l’accusent
en outre d’avoir rendu impotents certains de leurs concitoyens pour
les avoir abusivement soumis à la torture du chevalet. Ils lui
reprochent enfin de faire dire aux accusés, par les violences qu’il
leur inflige, sa propre vérité : quicquid requiritur ab eisdem. Le cas de
Jean Galand se présente sans doute comme un cas-limite, mais les
analystes les plus récents des dépositions faites devant l’Inquisition
sont d’accord pour dire que les juges du Saint-Office, de par leur
situation de pouvoir et par le fait qu’ils définissent et conduisent la
procédure, construisent pour une large part les dépositions
consignées par leurs notaires 76 . Pour ce qui concerne Jean Galand,
la véracité des confessions recueillies dans ses registres a été mise en
cause dès le xive siècle. Examinées par les cardinaux Jacques Fournier
– orfèvre en la matière – et Raimond de Mostuéjouls, elles furent
jugées peu conformes aux règles et peu susceptibles de faire
connaître le vrai et le faux 77 . Il est certain que les actes des
inquisiteurs ne décrivent pas la réalité et n’en donnent pas une
image exacte. La prise de conscience de cette donnée retire de la
validité aux ouvrages des historiens qui ont pensé le contraire, mais
elle permet de comprendre la réalité de l’Inquisition, qui nous
intéresse ici. Comme dans bien d’autres procès du début du xive
siècle, il existe un décalage considérable entre la vérité des juges et
les faits effectifs, entre les dires obtenus des accusés et la réalité
vécue. Aux cours des événements, les bourgeoisies citadines du Midi
et Bernard Délicieux dénoncent le phénomène en invoquant une
« falsification » des registres. En fait, il s’agit d’une donnée
structurelle qui tient, probablement, à l’idée que les inquisiteurs se
font de l’hérésie et aussi au but qu’ils poursuivent : l’obtention d’un
aveu.
37 En l’occurrence, il faut tenir compte de la dimension religieuse –
incontestable – de l’Inquisition. Elle cherche à convertir avant de
punir. Le terme confessio qui désigne les dires des prévenus est
totalement ambivalent. L’Inquisiteur est confesseur avant d’être juge
78 . Une confession pleine et entière des accusés mérite pénitence

et absolution, car elle concourt à rétablir l’unité de la foi et de


l’Église. La recherche de l’aveu paraît un progrès dans la constitution
des preuves, mais elle comporte un revers fondamental : il
authentifie l’accusation, atteste de la réalité des fautes suspectées.
Dans le jeu de rôles qui se déroule dans l’enceinte du tribunal, les
juges tendent à faire dire aux prévenus la vérité qui les conforte
dans leurs attitudes, leurs croyances et leurs fantasmes. Si l’aveu
obtenu ne se module pas sur cet habitus mental, il est de facto
considéré incomplet par les inquisiteurs, aux yeux desquels les
accusés conservent leur perversité intime et demeurent l’attentat
contre la majesté divine ainsi que la souillure de la communauté
chrétienne. Dans un tel contexte, assorti des moyens de pression
évoqués ci-dessus, le prévenu entre, plus ou moins consciemment,
dans les vues de ses juges ; il dit la « vérité » du tribunal 79 . Ainsi
Jacques Fournier, plus tard, obtient-il des lépreux de Pamiers qu’ils
reconnaissent avoir empoisonné les puits de la ville 80 .
38 Les Carcassonnais, en dénonçant Jean Galand, puis Bernard Délicieux
et ses alliés, en accusant les Inquisiteurs de Carcassonne et d’Albi,
mettaient en question non seulement des abus, mais la nature
profonde du système inquisitorial lui-même. Et c’est sans doute la
raison pour laquelle ils n’eurent gain de cause ni les uns ni les autres.
En tous cas, dans les exemples cités ici, la poursuite de l’hérésie a
certainement nourri quelque temps l’hérésie.
39 Quoi qu’il en soit, la dissidence des bons hommes disparaît après
1305 dans les villes, hormis les bourgades de la Haute-Ariège.
Cependant, les comptes ne sont pas définitivement soldés. Bien des
Albigeois et des Castrais sont encore inquiétés lors du procès de
Bernard Délicieux en 1319 81 et quelques procès posthumes ont
encore lieu dans les années 1320 82 , après que Carcassonne, Cordes
et Albi sont réconciliées avec l’Inquisition en des cérémonies
solennelles 83 . Ces villes, sous des conditions quelque peu
humiliantes, mais sans gravité afflictive, reçoivent l’absolution des
empêchements qu’elles ont mis à l’action des inquisiteurs entre 1285
et 1305.

Impact de la justice inquisitoriale


40 Il paraît intéressant et utile d’essayer de mesurer l’impact de
l’Inquisition entre 1229 et 1329 dans le champ géographique du
Languedoc toulousain (le cas spécifique des Béguins du Bas-
Languedoc n’étant pas évoqué, pour des raisons matérielles) 84 .
41 Il faut d’entrée de jeu renverser une idée largement reçue. Les
Cisterciens et les polémistes du xiie siècle, puis les chroniqueurs de la
Croisade contre les Albigeois et les inquisiteurs eux-mêmes ont
dessiné l’image d’un Midi toulousain totalement acquis à l’hérésie ;
plus récemment, celle-ci a été assimilée à une religion nationale
occitane, exprimant un élan populaire, brisé par l’oppression
ubiquiste de l’Inquisition. Or les sources, pour peu qu’on veuille les
lire sans préjugés, montrent que, d’une façon générale, mais aussi
dans la population des villes, la dissidence est très fortement
minoritaire d’un bout à l’autre du xiiie siècle. Elle concerne 2,5 % des
habitants de Béziers en 1209, 2,5 à 5 % de ceux d’Albi entre 1285 et
1300, 5 à 6 % de ceux de Toulouse vers 1250 et la même proportion de
Carcassonnais vers 1280. Son pourcentage maximal s’élève à 15 %
pour la population de Montauban 85 et celle de Limoux, vers 1245
86 .

42 Dans ce milieu relativement étroit, l’Inquisition frappe


sélectivement. À Toulouse, en cinquante ans, soit sur deux
générations, cinq à six cents personnes tout au plus sont concernées,
soit 1 % de la population totale. À Albi, ville connaissant une
répression sévère entre 1285 et 1305, seuls cinquante-huit habitants
sont soumis à des peines afflictives, soit moins du quart des
hérétiques fichés par les inquisiteurs, à peu près 6 % du total des
dissidents de la ville et de 0,6 à 0,8 % de sa population globale.
43 Les victimes de l’Inquisition appartiennent aux élites du pouvoir
(milieu des consuls et des probi homines), à celles de la richesse
(marchands) et du savoir (notaires, juristes), voire à celles de la
naissance (chevaliers urbains). Elle composent une oligarchie peu
nombreuse, dans laquelle apparaissent quelquefois des artisans,
membres d’une « upper middle class ». Guillaume de Puylaurens dit
que les Toulousains frappés par les Inquisiteurs ont « de la paille au
dos » 87 et Guilhem Pélissou les désigne comme des burgenses et
maiores de villa 88 . On doit à John Mundy une excellente
prosopographie des familles toulousaines du xiiie siècle 89 . Elle
laisse voir que les poursuites inquisitorialles n’ont pratiquement
concerné que des notables. Et l’amnistie royale de 1279 comporte le
nom de tous les grands lignages de la ville 90 . À Castres, Cordes, Albi
et Carcassonne, l’Inquisition frappe aussi des membres de
l’oligarchie 91 et de même à Limoux, dont le cas a été éclairé
récemment par une bonne étude de Jean-Loup Abbé 92 .
44 Les révoltes urbaines contre l’Inquisition, tant celles des années
1234-1236 que celles de la fin du xiiie siècle, sont toutes conduites par
des oligarques. Par exemple, ce sont des représentants de l’élite
albigeoise, dont Guilhem Pélissou énumère les noms, qui frappent
Arnaud Cathala en 1234 et hurlent proditores ! à ceux qui le
protègent. En effet, et c’est là un point notable, l’inquisiteur échappe
à ses ennemis et les révoltes tournent court. Miracle, selon les
thuriféraires de l’Inquisition. Plus prosaïquement, c’est que l’office
bénéficie de l’appui d’une part de l’oligarchie et de la neutralité
bienveillante des masses populaires.
45 Il convient à cet égard de revenir sur une manifestation essentielle
de la justice inquisitoriale, le sermon général, qui a fait l’objet d’une
intéressante étude de Grado Giovanni Merlo 93 . Il s’agit d’une
cérémonie liturgique solennelle, qui a toujours lieu un dimanche. Les
puissants laïcs et les dignitaires ecclésiastiques y participent. C’est la
seule manifestation publique de l’Inquisition et elle revêt pour cela
une importance majeure. On y énumère les aveux et les fautes de
chaque accusé, puis on y prononce les sentences 94 . Le tribunal
manifeste sa toute-puissance. Sans doute croit-il également à
l’exemplarité des peines.
46 Chez beaucoup d’historiens et d’auteurs du xxie siècle prévaut l’idée
que le sermon général marque pour les foules un moment de deuil et
que les actes de foi correspondent à une politique de l’effroi,
destinée à terroriser les masses et à faire craindre l’Inquisition.
Toutefois, le sermo generalis dépasse la mise en scène du pouvoir.
Comme l’a montré G. G. Merlo, contre les hérétiques qui soutiennent
la scission de l’universel 95 , il met en évidence, de manière
dramatisée, l’unicité de la foi, le fait qu’il existe une seule vérité,
celle de l’Église, puisque les pénitents abjurent leurs erreurs
publiquement et que ceux qui refusent de revenir à la communion
sont envoyés au néant par la remise au bras séculier. Le sermo
generalis répare l’offense faite à Dieu ; il restaure l’Alliance,
compromise par le péché horrible qu’est l’hérésie. C’est une
cérémonie pénitentielle et purificatrice, qui renouvelle, par
l’exclusion de corps étrangers, la cohésion de l’assistance autour
d’une positivité majeure, celle du salut et de la vie éternelle. Ce sens
s’exprime d’ailleurs dans le fait que les assistants à la cérémonie
bénéficient d’indulgences.
47 Ces dimensions anthropologiques, religieuses et sociologiques, ont
été bien mises en évidence à propos des sorciers et des sorcières,
notamment par Michel de Certeau à propos des possédées de Loudun
au xviie siècle. Voici ce qu’il écrivait, en 1970 : « En brûlant Urbain
Grandier, jugé sorcier et responsable du désordre des religieuses...,
[la société] a créé un déviant et se l’est sacrifié. Elle se reconstitue en
l’excluant » 96 . En réduisant toute différence et toute altérité, la
justice inquisitoriale ramène la société à l’unité, à l’ordre, à
l’harmonie. La communauté des assistants et son identité sont
renforcées par le rituel d’exclusion et une forme d’association au
pouvoir et à sa force.
48 On peut donc conjecturer que le sermo generalis, voire le bûcher des
hérétiques, ne sont pas, pour la très grande part de la population qui
y assiste, un spectacle terrifiant, même s’ils suscitent quelque effroi ;
la foule n’y vient pas sous l’effet de la contrainte, mais poussée par
des raisons religieuses et sociologiques profondes. Elle y retrouve
son unité et l’espérance du salut. Elle vit une fête qui s’accompagne
de liesse.
49 Par ces effets, l’acte de foi exalte ses acteurs principaux, inquisiteurs
et princes – ou leurs représentants –, qui renvoient les déviants au
diable et rendent à la société son unité fondamentale, religieuse et
terrestre. Mais la justice inquisitoriale ne concourt pas à maintenir
la société à l’identique, elle instaure de nouvelles communautés.

L’inquisition et le pouvoir laïc


50 L’inquisition est toujours considérée comme une institution d’Église,
ce qui est juste assurément, mais il convient de souligner une réalité
fondamentale, évidente bien que souvent négligée : en France
méridionale, elle ne peut agir qu’avec l’assistance des pouvoirs laïcs ;
elle a besoin du concours du prince. Nulle part les inquisiteurs ne
peuvent arrêter ceux qui sont suspects à leurs yeux, tenir leurs
assises, juger, faire exécuter leurs sentences, s’ils ne disposent de la
force armée, de l’accord et de l’assistance du pouvoir laïc dominant,
de ses représentants et de ses assistants.
51 On a soutenu que l’Inquisition avait engendré le totalitarisme d’État
97 . Sans doute faut-il inverser la proposition, car, dès le xiiie siècle,

justice inquisitoriale et pouvoir d’État sont fortement associés.


Quelques faits peuvent être rappelés, qui soulignent les liens entre
politique et religion dans l’affaire de l’hérésie.
52 On observe un extraordinaire synchronisme entre le développement
de la lutte contre les dissidences, l’instauration de la procédure
inquisitoire, l’affermissement du pouvoir pontifical et l’essor des
monarchies anglaise et française. Tous ces phénomènes prennent
naissance dans les années 1140-1160.
53 Comme il a été déjà rappelé, les papes utilisent le prétexte de
l’hérésie contre les révoltes urbaines dans leurs États et la bulle
Vergentis in senium répond d’abord aux tendances autonomistes de
Viterbe. L’Inquisition pontificale s’organise d’abord contre Frédéric
II et ses partisans.
54 Les monarques instrumentalisent également l’hérésie. Henri II, en
1166, en publiant l’édit de Clarendon, est, depuis l’Antiquité, le
premier prince séculier à émettre une loi contre les hérétiques 98 .
Cela conforte sa position vis-à-vis de Thomas Becket. Par ailleurs, les
clercs du roi d’Angleterre tiennent un discours exagéré sur l’hérésie
du Languedoc pour servir l’extension de la puissance territoriale de
leur maître, aussi duc d’Aquitaine. Est-ce l’effet d’un hasard si c’est
un concile tenu sur les terres de ce dernier, à Tours, qui préconise en
1163 la procédure inquisitoire contre les dissidents ? Et si la lettre de
Raimond v au chapitre général de Cîteaux, qui dénonce, pour la
première fois, l’existence du dualisme dans le Midi, n’est connue que
par la « copie » qu’en donne Gervais de Canterbury 99 ?
55 Le salut, bien commun suprême, fournit aux pouvoirs laïcs, comme à
la puissance ecclésiastique, prétexte à intervenir partout. « S’il y a
dans la révolution gouvernementale au xiie siècle une dimension
d’une importance décisive pour l’avenir, c’est bien cette capacité
acquise par le pouvoir, tant laïc qu’ecclésiastique, de pénétrer
vigoureusement tout l’éventail des collectivités locales, sans se
soucier des contraintes de la coutume, et d’enrégimenter leurs
notables, ou de les détruire, au nom de l’ordre et de l’orthodoxie »
100 . L’opinion, formulée par Robert Moore, semble tout à fait

pertinente.
56 Dans le Midi languedocien, la conjonction de « l’État » capétien et de
l’Inquisition se manifeste dès l’origine. Avant de partir pour la
croisade, en avril 1226, Louis viii promulgue une ordonnance qui
entérine le droit canon concernant les hérétiques 101 . Le droit de la
monarchie absorbe ainsi celui de l’Église. Quelques jours après le
traité de Paris, en avril 1229, est prise l’ordonnance Cupientes 102 .
Elle impose à tous les sujets du roi de rechercher et dénoncer sans
retard les hérétiques. Cette mesure généralise la procédure
inquisitoire dans le royaume de France, en constituant tous les
officiers du souverain, mais aussi tous les habitants du royaume, en
agents de la justice spirituelle, confondue avec la temporelle.
57 Plus tard, l’accession d’Alphonse de Poitiers au comté de Toulouse
confère à l’Inquisition sa meilleure assise 103 . Sans doute la
solidarité de la monarchie et de l’Inquisition se distend-elle
provisoirement à la fin du xiiie siècle, à l’époque de la querelle entre
Boniface viii et Philippe le Bel, et les villes révoltées contre les
inquisiteurs tentent alors d’exploiter la conjoncture. Toutefois,
l’unité structurelle des deux pouvoirs se révèle à la fin de 1303, dans
le refus de Philippe le Bel d’élargir les emmurés de Carcassonne,
même s’il adoucit leur sort. Le roi n’aime pas les hérétiques et les
rebelles et ne peut les aimer. Ce n’est pas un fait affectif, mais une
donnée politique essentielle. Avec l’avènement de Clément v, la
collaboration de l’Inquisition et de la monarchie redevient totale,
ainsi que le prouve l’affaire des Templiers 104 . Elle ne se dément pas
ensuite.
58 En Languedoc, au xiiie siècle, l’Inquisition n’est pas l’instrument
direct du pouvoir capétien, mais elle en est l’instrument objectif. Elle
ne peut œuvrer qu’avec l’appui constant des officiers royaux et elle
joue un rôle fondamental dans le passage de la région sous le
contrôle monarchique. Toulouse, république urbaine, capitale de la
résistance et de l’hérésie jusqu’en 1229, est devenue ville du roi dès
1279. D’autres cités luttent plus longtemps contre l’Inquisition, mais
toutes se réclament alors du souverain, la trahison de Carcassonne et
de Limoux en 1304-1305 n’étant qu’une péripétie. À une époque où
elles connaissent expansion et prospérité, la maîtrise de ces villes est
essentielle, car elles permettent de contrôler militairement et
politiquement le Languedoc 105 . L’Inquisition joue son rôle dans
l’évolution qui fait passer la région de la mouvance au domaine du
roi. A cet égard, il vaut la peine de noter que si les inquisiteurs du
Languedoc, aux premiers temps de l’Office, sont tous des
méridionaux, ils viennent majoritairement du Nord après 1250 106 .
59 Est-il possible de définir précisément les incidences politiques de la
justice des inquisiteurs quant aux villes ? Elle a, dans les années
1230-1250, contribué à décapiter les milieux urbains attachés à la
tradition coutumière et aux autonomies locales. Toutefois, on
constate que dans la seconde moitié du xiiie siècle, les familles
frappées par les inquisiteurs conservent le pouvoir à Toulouse 107 .
À Albi, celles qui sont en butte à la vindicte inquisitoriale demeurent
bien intégrées dans la vie citadine jusque très avant dans le xive
siècle 108 . Ce n’est donc pas par l’élimination complète des cercles
dirigeants que l’Inquisition sert la monarchie, car elle n’abat que
leurs membres les plus engagés dans l’opposition religieuse et
politique. Il semble, en revanche, qu’elle joue un rôle majeur en
instaurant et en faisant respecter une loi et une justice, dont la
validité ne se borne pas à une communauté territoriale étroite, mais
qui possèdent une portée générale, parce qu’elles sont de droit divin.
L’Inquisition instaure un espace judiciaire unifié à l’échelle de la
chrétienté. Elle impose à des villes, qui avaient chacune leur norme
particulière, parce qu’elles étaient des mailles élémentaires d’un
monde politiquement éclaté, une vérité unique et une justice
uniforme. Elle crée et elle fait comprendre qu’il existe un droit
général au-dessus de la mosaïque des droits locaux et que ce droit
prévaut. Elle le manifeste beaucoup plus concrètement que l’Église
antérieure – qui participait elle-même de l’éclatement politique –,
car elle organise des cérémonies théâtrales et solennelles où elle
impose la douleur et où, plus encore, elle suscite l’allégresse. Elle
n’agit pas, en l’occurrence, dans l’indépendance du pouvoir
monarchique, car elle ne le pourrait pas, mais en plein accord avec
lui. Et, en corollaire, constituant le droit urbain en droit subordonné,
elle ouvre la voie à une autre loi générale, à une autre norme
supérieure et à une autre justice, celles du roi, qui lui sont d’ailleurs
apparentées, car elles ont leur source dans une personne sacrée,
tenant son autorité de Dieu et veillant à l’ordre pour le salut de tous.
60 Veut-on une preuve encore de cette connexion entre l’Inquisition et
l’État ? Elle existe, tardive mais expressive : l’essentiel des archives
inquisitoriales du Midi a été préservé parce qu’il a été copié pour
Colbert et la bibliothèque du roi, sous l’égide d’un président au
Parlement de Navarre, Jean de Doat 109 .
61 Aux xive et xve siècles, les villes du Languedoc occidental témoignent
d’une grande fidélité à la monarchie. C’est probablement parce
qu’elles ont éprouvé un temps le déploiement de la justice
inquisitoriale, qui a commencé d’oblitérer les particularismes des
temps féodaux et qui a substitué, pour la réduction des altérités
réelles ou imaginées, une violence « d’État » à la violence populaire.
NOTES
1. Sur l’occulte, le contre nature et le nefandum, cf. J. Chiffoleau, Contra naturam. Pour une
approche casuistique et procédurale de la nature médiévale, dans Micrologus, 4, 1996, p. 265-312 ;
Id., Dire l’indicible. Remarques sur la catégorie du nefandum du xiie au xve siècle, dans Annales
E.S.C., 1990, p. 289-324 ; Id., Sur le crime de majesté médiéval, dans Genèse de l’État moderne en
Méditerranée, Rome, 1993 (Collection de l’École française de Rome, 168), p. 183-213.
2. Le canon 4, qui vise tout particulièrement les dissidents méridionaux, concerne les
réunions ou conventicula des hérétiques. On ne se borne plus à châtier ceux-ci quand ils se
dévoilent ; on postule leur recherche active : Et quoniam de diversis partibus in unum latibulum
crebro conveniunt et praeter consensum erroris, nullam cohabitandi causam habentes, in uno
domicilio commorantur : talia conventicula et investigentur attentius et, si vera fuerint, canonica
severitate vetentur (G. D. Mansi, Sacrorum conciliorum nova et amplissima collectio..., 1758-1798,
xxi, col. 1177 ; Ch.-J. Hefele, H. Leclercq, Histoire des conciles d’après les documents originaux,
1907-1938, v-2, p. 971-972).
3. Relation de ces missions par les légats Pierre de Pavie, cardinal de Saint-Chrysogone
(Patrologie latine [désormais citée « P.L. »], CXCIX, col. 1119-1124) et Henri de Marcy (P.L.,
CCIV, col. 235-240). Voir aussi Geoffroy du Breuil, prieur de Saint-Pierre de Vigeois, dans
Bouquet, Recueil des historiens des Gaules et de la France, xii, p. 447, et Geoffroy d’Auxerre,
Commentaire sur l’Apocalypse, rapporté in J. Leclercq, Le témoignage de Geoffroy d’Auxerre sur la
vie cistercienne, dans Studia Anselmiana, 31, 1953. Excellente étude du P. Congar, Henri de
Marcy, abbé de Clairvaux, cardinal-évêque d’Albano et légat pontifical, dans Studia Anselmiana, 43,
1958. Mission parallèle en Flandre, en 1184, dirigée par Guillaume aux Blanches-Mains,
cardinal de Sainte-Sabine, avec l’appui de Philippe d’Alsace (cf. Rigord, Gesta Philippi Augusti,
c. 22, dans Œuvres de Rigord et de Guillaume le Breton, historiens de Philippe-Auguste, éd. H.-Fr.
Delaborde, I, Paris, 1882, p. 35).
4. Voir W. Ullmann, The signification of Innocent III’s decretal « Vergentis », dans Études de droit
canonique dédiées à Gabriel Le Bras, I, Paris, 1965, p. 729-741. Cf. également H.-G. Walther, Ziele
und Mittel päpstlicher Ketzerpolitik in der Lombardei und im Kirchenstaat 1184-1252, dans P. Segl
(éd.) Die Anfänge der Inquisition im Mittelalter, Cologne-Bayreuth, 1993, p. 103-130. Éléments
aussi dans J. Chiffoleau, Sur le crime de majesté médiéval..., et dans L. Kolmer, Ad capiendas
vulpes : Die Ketzerbekampfung in Südfrankreich in der ersten Hälfte des 13. Jahrhunderts und die
Ausbildung des Inquisitionsverfahrens, Bonn, 1982, p. 35 et suiv.
5. Décrétales des 25 mai 1205, 29 juin et 1er septembre 1206, 20 décembre 1212Potthast,
Regesta pontificum romanorum, Berlin, 1874-1875, nos 2516, 2672, 2876 et 4628).
6. Guibert de Nogent, Autobiographie, éd. E.-R. Labande, Paris, 1981, III, 17, p. 428-434.
7. Lettre d’Evervin de Steinfeld à saint Bernard, P.L., CLXXXII, col. 677 : « On les convoqua
trois jours plus tard, mais comme ils refusèrent de céder, ils furent pris par un peuple mu
par trop de zèle, et, malgré nous, placés dans le feu et brûlés ». Une nouvelle datation (entre
1147 et 1151/52) de cette lettre est proposée, avec une certaine vraisemblance, par Uwe
Brunn dans sa thèse de doctorat, L’hérésie dans l’archevêché de Cologne 1000-1233, Université de
Nice, 2002, dactyl., ch. II, p. 119.
8. Colloque de Verfeil (début 1207), cf. Guillaume de Puylaurens, Chronique, éd. J. Duvernoy,
Paris, 1976, ch. viii ; Colloque de Montréal (printemps 1207), cf. Pierre des Vaux-de-Cernay,
Histoire albigeoise, éd. E. Lyon et P. Guébin, Paris, 1926, I, p. 28-29, no 26 ; Colloque de Pamiers
(septembre 1207), cf. Guillaume de Puylaurens, loc. cit., Pierre des Vaux-de-Cernay, op. cit., I,
p. 43-44. Sur ces colloques, voir également M.-H. Vicaire, Histoire de saint Dominique, I, Paris,
1957, p. 203 et s.
9. Sur les ordalies, cf. R. Moore. La persécution. Sa formation en Europe xe-xiiie siècle, trad. fr.
Paris, 1991, p. 151-157.
10.P.L., CC, col. 859.
11.x, 5, 35, 1 (Corpus Iuris Canonici, éd. E. Friedberg, II, Leipzig, 1879, col. 877-878).
12.P.L., CCXV, col. 29, et CCXVI, col. 502.
13. Actes du concile dans G. D. Mansi, Sacrorum conciliorum..., xxii, col. 953 et s.
14. Minerve (juillet 1210), 140 brûlés (cf. P. des Vaux-de-Cernay, Histoire Albigeoise, trad. P.
Guébin et H. Maisonneuve, Paris, 1951, p. 66) ; Lavaur (mai 1211), 3 à 400 brûlés, Guillaume
de Puylaurens, Chronique, cité n. 13, p. 70-75, et La Chanson de la Croisade Albigeoise, éd. E.
Martin-Chabot, I, Paris, 1931, p. 172 ; Les Cassés (printemps 1211), 60 brûlés (ibid., I, p. 200).
15. G. D. Mansi, Sacrorum conciliorum..., XXIII, col. 194-204, trad. dans P. Bonnasie et G.
Pradalié, La capitulation de Raymond vii et la fondation de l’Université de Toulouse 1229-1979,
Toulouse, 1979, p. 43-51.
16. Guillaume de Puylaurens, Chronique, cité n. 13, ch. XXXVIII, p. 137 et suiv.
17.Ibid., p. 138: eorum dicta in scriptis redacta eidem episcopo redderent conservanda.
18.Ibid., ch. XL.
19. Cl. de Vic et J.-J. Vaissète, Histoire générale de Languedoc, avec ses notes et pièces
justificatives, éd. A. Molinier, viii, Toulouse, 1879, col. 963-965 ; A. Teulet, Layettes du Trésor
des Chartes, II, Paris, 1866, no 2234.
20. Cf. J.-M. Carbasse, Consulats méridionaux et justice criminelle au Moyen Âge, thèse de droit,
Montpellier, 1974, dactyl. Voir la contribution du même dans le présent volume.
21. Guilhem Pelhisson, Chronique, éd. J. Duvernoy, Paris, 1994, p. 60.
22.Ibid., p. 52 : Et cum vicarius... vellet eum ad ignem trahere, clamaverunt contra eum illi qui eum
defendebant ne aliquo modo faceret.
23. A. Patchovsky, Zur Ketzerverfolgung Konrads von Marburg, dans Deutsches Archiv für
Erforschung des Mittelalters, 37, 1981, p. 641-693.
24. Le pape, chassé par les Romains, a été rétabli dans Rome par Raimond vii, auquel il a
rendu le marquisat de Provence. Dans sa lettre, il évoque – pour les suspendre – toutes les
pratiques des inquisiteurs : réception des témoignages en secret, absence de publicité des
noms des témoins, impossibilité pour les accusés de se défendre et d’avoir recours à un
avocat (L. Auvray, Les Registres de Grégoire ix, Paris, 1896-1908, no 2218).
25. Il apparaît dans la Bible, par exemple dans le Livre de Tobie (I, 15-19) ; rappelons en
outre le mythe d’Antigone.
26. G. Pelhisson, Récit des troubles d’Albi, dans Id., Chronique, cité n. 21, p. 112-113.
27. Les inquisiteurs remettent alors au bras séculier deux bons hommes, Pierre
Puechperdut et Pierre Bonmacip, qui sont brûlés. Douze autres Albigeois reçoivent comme
pénitence d’aller à la croisade en Terre Sainte (ibid., p. 58-59). Le 30 avril 1235, Arnaud
Cathala entend la confession du bonhomme R. Déjean, qui apostasie et dénonce un grand
nombre des amis de la dissidence ; avec l’évêque Durand, il lui délivre une lettre de
réconciliation (BNF, coll. Doat, 23, f. 260-273v).
28. La présence de Me Guillaume de Lombers aux côtés des inquisiteurs, marque peut-être
l’association du pouvoir temporel au pouvoir inquisitorial. En effet, Guillaume de Lombers
est plus tard juge royal d’Albi (cf. A. Friedlander, Les agents du roi face à l’hérésie, dans
Effacement du catharisme ? (xiiie-xive s.), Toulouse, 1985 [Cahiers de Fanjeaux, 20], p. 206).
29. Sur ces événements, cf. C. Douais, L’albigéisme et les frères Prêcheurs à Narbonne au e
xiii

siècle, Paris, 1894, et W. Emery, Heresy and Inquisition in Narbonne, New-York, 1941.
30. Sur Ferrier, cf. W.-L. Wakefield, Friar Ferrier, inquisitor, dans Heresis, 7, 1986, p. 33-41 ; L.
Albaret, L’Inquisition de Carcassonne. Ferrer ou Ferrier (1229-1244), la mémoire de Montségur, dans
Id. (éd.), Les Inquisiteurs : Portraits de défenseurs de la foi en Languedoc (xiiie-xive siècle), Toulouse,
2001, p. 33-39. Voici ce que Bernard Gui dit de Ferrier (à la rubrique des prieurs du couvent
de Carcassonne) : Hic fuit inquisitor et persecutor hereticorum constans et magnanimus, in virga
ferrea malleans et confingens eos cum fautoribus et credentibus eorumdem, adeo quod nomen ejus
quasi gladiosum in auribus hereticalium resonat (De fundatione et prioribus conventuum
provinciarum tolosanae et provinciae ordinis praedicatorum, éd. P. Amargier, Rome, 1961).
31. G. Langlois, Olivier de Termes. Le cathare et le croisé (vers 1200-1274), Toulouse, 2001, p. 92-
102.
32. A. Teulet, Layettes... cité n. 19, p. 321-323. Acte traduit dans Chronique de Guillaume
Pelhisson, éd. J. Duvernoy, Toulouse, 1958 (Archives romanes, 1), appendice iv, p. 52-54.
33. Ménard, Histoire civile... de la ville de Nîmes, I, Preuves, 1744, p. 73-75.
34. Cl. Vic et J.-J. Vaissète, Histoire générale de Languedoc... cité n. 19, col. 1002. En outre, il
rend, en mars 1237, une sentence sur le conflit, qui interdit les ligues : ibid., col. 1005-1007.
35. Guilhem Pelhisson, Chronique, cité n. 21, p. 52-53.
36.Ibid., p. 40-45.
37.Ibid., p. 48-51.
38.Ibid., p. 52-53.
39.Ibid., p. 58-61.
40.Ibid., p. 60-65.
41.Ibid., p. 64-71.
42.Ibid., p. 72 et s.
43.Ibid., p. 92-109.
44. L. Auvray, Les Registres... cité n. 24, no 4758.
45. Large édition de ces Enquêtes, ainsi que des assises de 1259-1262, dans Cl. de Vic et J.-J.
Vaissète, Histoire générale de Languedoc... cité n. 19, vii.
46. Cf. C. Douais, L’albigéisme et les frères Prêcheurs... ; W. Emery, Heresy and Inquisition..., cités
note 29.
47. Sur les enquêtes de Jean de Saint-Pierre et Bernard de Caux, cf. Y. Dossat, Les crises de
l’Inquisition toulousaine au xiiie siècle (1233-1273), Bordeaux, 1959, et M. G. Pegg, The corruption
of angels. The Great Inquisition of 1245-1246, Princeton-Oxford, 2001.
48. Dossat, Les crises de l’Inquisition..., p. 172 et suiv.
49. Cf. J. Paul, La procédure inquisitoriale à Carcassonne au milieu du xiiie siècle, dans L’Église et le
droit dans le Midi (xiiie-xive s.), Toulouse, 1994 (Cahiers de Fanjeaux, 29), p. 361-396.
50. A. Dondaine, Le manuel de l’Inquisiteur (1230-1330), dans Archivum Fratrum Praedicatorum,
17, 1947, p. 85-194.
51. Cf. Y. Dossat, Les crises de l’Inquisition..., p. 167-168. Voir également J. A. Arnold, Inquisition
and power. Catharism and the confessing subject in Medieval Languedoc, Philadelphie, 2001, p. 48-
53.
52. Bernard Gui, Practica inquisitionis heretice pravitatis, éd. C. Douais, Paris, 1886.
53. J. B. Given, Inquisition and medieval society. Power, discipline and resistance in Languedoc,
Ithaca-Londres, 1997.
54. Le premier document connu est une pénitence infligée le 29 novembre 1235 ; elle est
annexée à un interrogatoire du 24 janvier 1245 (BNF, coll. Doat, 22, f. 38-40).
55. Le premier registre conservé est celui des pénitences imposées par Pierre Seila en
Quercy en 1241-1242. Cf. J. Duvernoy, L’inquisition en Quercy. Le registre des pénitences de Pierre
Cellan, 1241-1242, Castelnaud-la-Chapelle, 2001.
56. Cf., notamment, les dépositions reçues par Ferrier en 1243-1244 (BNF, coll. Doat, 21).
Voir C. Douais, L’albigéisme et les frères Prêcheurs... ; W. Emery, Heresy and Inquisition... cités
note 29.
57. Y. Dossat, Les crises de l’Inquisition... cité n. 47, p. 169.
58. Dernière mise au point sur cette affaire par Michel Roquebert, Les cathares. De la chute de
Montségur aux derniers bûchers 1244-1329, Paris, 1998, p. 383. L’auteur indique la bibliographie
sur le sujet à la p. 527, n. 34.
59. J. H. Mundy, The repression of catharism at Toulouse. The royal diploma of 1279, Toronto,
1985, insiste sur la profondeur et la rapidité de l’action inquisitoriale. « The back of the
town’s catharism had been broken in the 1230s », écrit-il p. 66. Même fait, souligné par le
même auteur, dans Society and government at Toulouse in the age of the Cathars, Toronto, 1997,
p. 275.
60. BNF, coll. Doat, 81, f. 43-47.
61. BNF, coll. Doat, 146, f. 18 et s.
62. BNF, coll. Doat, 116, f. 42-46. Acte publié par G. Ahsell de Toulza et D. Cazes, dans Congrès
archéologique de France, Albigeois (1982), Paris, 1985, p. 291.
63. Cf. J. H. Mundy, The repression of catharism...
64. Sur les événements de la période, voir J.-M. Vidal, Un inquisiteur jugé par ses victimes : Jean
Galand et les Carcassonnais, Paris, 1903 ; J. Guiraud, Histoire de l’Inquisition au Moyen Âge, II,
Paris, 1938 ; M. Roquebert, Les cathares... cité n. 58, ch. 15 à 17 ; J.-L. Biget, L’extinction du
catharisme urbain : les points chauds de la répression, dans Effacement du Catharisme ? (xiiie-xive
siècle), Toulouse, 1985 (Cahiers de Fanjeaux, 20), p. 305-340.
65. J.-L. Biget, Autour de Bernard Délicieux. Franciscanisme et société en Languedoc entre 1295 et
1330, dans Revue d’histoire de l’Église de France, 70, 1984, p. 75-93.
66. Voir J. Théry, Cléricalisme et hérésie des bons hommes : l’exemple d’Albi et de l’Albigeois (1276-
1329), dans L’anticléricalisme en France méridionale (milieu xiie-début xive siècle), Toulouse, 2003
(Cahiers de Fanjeaux, 38), p. 471-508 ; Id., Fama, enormia. L’enquête sur les crimes de Bernard de
Castanet, évêque d’Albi (1307-1308). Gouvernement et contestation au temps de la théocratie
pontificale et de l’hérésie des bons hommes, thèse de doctorat, Université de Lyon II, 2003,
dactylographiée.
67. J.-L. Biget, Un procès d’Inquisition à Albi en 1300, dans Le credo, la morale et l’Inquisition,
Cahiers de Fanjeaux, 6, 1971, p. 273-341.
68. A. Friedlander, The Hammer of the Inquisitors. Brother Bernard Délicieux and the struggle
against the Inquisition in fourteenth-century France, Leyde, 2000.
69. Voir les travaux cités dans les trois notes précédentes.
70. BNF, ms lat. 12856.
71. Analyse du « travail » de l’Inquisition lors de ce procès par J.-L. Biget, I ca-tari di fronte
agli inquisitori in Languedoc, 1230-1310, dans J.-C. Maire-Vigneur et Paravicini-Bagliani (éd.), La
parola all’accusato, Palerme, 1991, p. 242 et suiv.
72. Bernard Gui, Practica inquisitionis... cité n. 52, p. 107, 218, 302; voir aussi J. B. Given,
Inquisition and medieval society... cité n.53, ch.2: « The technology of coercitive imprisonment », p.
52-65.
73. Y. Dossat, Les crises de l’Inquisition... cité n. 47, p. 214.
74.Ibid., p. 275 ; autres exemples dans J.-L. Biget, Un procès d’Inquisition... cité n. 67, p. 335, n.
87.
75. Sous forme d’apostrophe au représentant du Saint-Office, cf. J.-M. Vidal, Un inquisiteur
jugé... cité n. 64.
76. Sur ces problèmes, cf. J. A. Arnold, Inquisition and Power... cité n. 51, ainsi que P. Biller et
C. Bruschi (dir.), Texts and the repression of medieval heresy, York, 2002.
77. BNF, coll. Doat, 32, f. 163-240.
78. A. Cazenave a souligné le caractère pénitentiel de l’Inquisition : Aveu et contrition.
Manuels de confesseurs et interrogatoires d’inquisition en Languedoc et Catalogne (xiiie-xive siècle),
dans La piété populaire au Moyen Âge. Actes du 99e congrès des Sociétés savantes, Paris, 1977, p.
333-352.
79. Ces logiques ont été mises en évidence dans L’aveu, Antiquité et Moyen Âge, Rome, 1986
(Collection de l’École française de Rome, 88). Cf. la conclusion d’André Vauchez : « Avec
l’information secrète, la généralisation de la torture et la procédure extraordinaire, c’est
l’histoire moderne de l’aveu qui commence. Un aveu qui tend moins à porter la vérité à la
lumière qu’à faire proférer aux accusés, au prix d’un travail opéré par les juges sur les mots
et les consciences, la vérité du Pouvoir » (p. 417). Voir aussi la contribution de J. Chiffoleau,
« Sur la pratique et la conjoncture de l’aveu judiciaire en France du xiiie au xve siècle », aux
p. 341-380, et, du même auteur, les articles cités plus haut, à la n. 1.
80. Déposition de Guillaume Agasse dans Le registre d’Inquisition de Jacques Fournier, éd. J.
Duvernoy, II, Toulouse, 1965, p. 135.
81.Processus Bernardi Delitiosi: the trial of Fr. Bernard Délicieux, 3 September-8 December 1319, éd.
A. Friedlander, Philadelphie, 1996. Traduction J. Duvernoy, Le procès de Bernard Délicieux,
1319, Toulouse, 2001.
82. Cf. la liste de ces procès dans M. Roquebert, Les cathares... cité n. 58, p. 496 et suiv.
83. Réconciliation de Cordes, le 29 juin 1321, dans Le livre des sentences de l’inquisiteur Bernard
Gui, 1308-1323, éd. A. Palès-Gobilliard, II, Paris, 2002, p. 1218-1329. Réconciliation d’Albi dans
BNF, coll. Doat, 34, f. 169-185.
84. Pour les Béguins poursuivis par l’Inquisition, cf. J.-L. Biget, Culte et rayonnement de Pierre
Déjean-Olieu en Languedoc au début du xive siècle, dans A. Boureau et S. Piron (dir.), Pierre de
Jean Olivi (1248-1298) : pensée scolastique, dissidence spirituelle et société, Paris, 1999, p. 277-308.
85. Voir la justification de ces données numériques dans J.-L. Biget, L’extinction du catharisme
urbain... cité n. 64.
86. J.-L. Abbé, La société urbaine languedocienne et le catharisme au xiiie siècle : le cas de Limoux
(Aude), dans P. Boucheron et J. Chiffoleau (éd.), Religion et société urbaine au Moyen Âge. Études
offertes à Jean-Louis Biget par ses anciens élèves, Paris, 2000, p. 119-139.
87. Guillaume de Puylaurens, Chronique, cité n. 8, p. 150 : Sicque paulatim cepit maiores
quosdam inquisitio prevenire, factumque est ut nonnulli, dorsa palleosa habentes, ceperunt
difficultates opponere, quibus possent inquisitionis officium impedire.
88. Guilhem Pélissou, Chronique, cité n. 21, p. 50-51.
89. J. H. Mundy, The repression of catharism... cité n. 59, Part Three, The Family Histories, p. 129-
303. Id, Men and women at Toulouse in the Age of the Cathars, Toronto, 1990, Appendix 3, p. 173-
194. Id, Society and government... cité n. 59, Appendix one, Family Histories, p. 297-359,
Appendix Three : liste de ceux qui ont prêté serment d’observer le traité de Meaux-Paris en
février 1243, Appendix Four : Chaptermen and consuls (de 1120 à 1280), p. 385-416, Appendix
Five : Consuls and Heretics, p. 417-420. Des renseignements utiles également dans le premier
livre de J. H. Mundy, Liberty and political power in Toulouse 1050-1230, New-York, 1954.
90. J. H. Mundy, The repression of catharism... cité n. 59, p. 75 et suiv., avec listes des
bénéficiaires de l’amnistie et des introducteurs de la cause devant le roi.
91. Sur la sociologie des victimes de l’Inquisition dans ces villes, cf. J.-L. Biget, Un procès
d’Inquisition... cité n. 67, et Id., L’extinction du catharisme urbain... cité n. 64.
92. J.-L. Biget, L’extinction du catharisme urbain... cité n. 64.
93. G. G. Merlo, Il sermo generalis dell’inquisitore. Una sacra rappresentazione anomala, dans M.
Benedetti, G. G. Merlo et A. Piazza (dir.), Vite di eretici e storia di frati : a Giovanni Miccoli,
Milan, 1998, p. 203-220. G. G. Merlo a montré aussi comment l’inquisition médiévale suscite
l’adhésion à travers la répression : Coercition et orthodoxie : modalités de communication et
d’imposition d’un message religieux hégémonique, dans Faire croire. Modalités de la diffusion et de la
réception des messages religieux du xiie au xvie siècle, Rome, 1981 (Collection de l’École française de
Rome, 51), p. 101-118.
94. Sur le déroulement de la cérémonie, cf. Bernard Gui, Practica inquisitionis... cité n. 52, II,
p. 121-131. Mise en œuvre pratique du schéma général, dans Le livre des sentences... cité n. 83.
Il nous manque malheureusement, pour cette époque, la description imagée et concrète du
théâtre de la justice inquisitoriale.
95. J. Jolivet, Logique cathare : la scission de l’universel, dans E. P. Bos (éd.), Medieval semantics
and metaphysics. Studies dedicated to L.M. de Rijk... on the occasion of his 60th birthday, Nimègue,
1985.
96. M de Certeau, La possession de Loudun, Paris, 1970 (Archives, 37).
97. Voir encore D. Müller, Les bases juridiques de l’Inquisition, dans La persécution du
catharisme, vie-xive siècles. Actes de la 6e session d’histoire médiévale organisée par le Centre
d’études cathares, Carcassonne, 1996, p. 137.
98. R. I. Moore, La première révolution européenne, xe-xviiie siècle, trad. fr. Paris, 2001, p. 267 et
suiv.
99. Gervais de Canterbury, Chronicon, éd. W. Stubbs, Londres, 1879 (Rolls series), p. 270-271.
100. R. I. Moore, La première révolution européenne..., p. 281.
101. E. de Laurière et al., Ordonnances des rois de France de la troisième race..., Paris, 1723-1849,
22 vol., réimp. Farnborough, 1965-1968, xii, p. 319.
102. G. D. Mansi, Sacrorum conciliorum..., XXIII, col. 185-186.
103. Y. Dossat, Les crises de l’Inquisition... cité n. 47, p. 182-205, 276 et suiv.
104. A. Demurger, Vie et mort de l’ordre du Temple, Paris, 1985.
105. Sur l’importance des villes dans le contrôle du plat-pays, cf. J.-L. Biget, La croisade
albigeoise et les villes, dans La guerre et la ville à travers les âges, Paris, 1999, p. 75-104.
106. Citons Rainaud de Chartres, Pons du Pouget, Etienne de Gâtine, Jean Galand, Guillaume
de Saint-Seine, Bertrand de Clermont, Nicolas d’Abbeville, Foulques de Saint-Georges,
Geoffroy d’Ablis, Jean de Beaune, Jean Duprat, Pierre Brun, Henri de Chamay. Sur les
inquisiteurs, cf. C. Douais, Documents pour servir à l’histoire de l’Inquisition dans le Languedoc, I,
Paris, 1900, Introduction, p. cxxix et s. Voir aussi L. Albaret (dir.), Les Inquisiteurs... cité n. 30.
107. Cf. J. H. Mundy, The repression of catharism... cité n. 59.
108. Cf. J.-L. Biget, Sépulture des enfants et patria potestas. Un procès devant l’officialité d’Albi en
1335, dans La mort et l’au-delà en France méridionale (xiie-xve siècle), Toulouse, 1998 (Cahiers de
Fanjeaux, 33), p. 365-391. Voir aussi J. Théry, Le procès de Bernard de Castanet... cité n. 66.
109. H. Omont, La collection Doat à la Bibliothèque Nationale. Documents sur les recherches de
Doat, dans Bibliothèque de l’École des chartes, 77, 1916, p. 286-336.
Les priorités politiques dans la
pratique de la justice municipale
L’exemple de Dijon et de Lyon à la fin du Moyen Âge

Nicole Gonthier

1 L’importance du pouvoir judiciaire dans l’affermissement d’une


autorité politique n’est plus à démontrer. Aussi n’étudierons nous
guère ici la façon dont les gouvernements municipaux savent, à
l’instar des seigneurs, des princes ou du roi, utiliser la justice pour
accroître leurs prérogatives banales. Il s’agit plutôt d’analyser les
conditions dans lesquelles ces gouvernements sont appelés à exercer
le pouvoir de juger, les libertés et les entraves qu’ils éprouvent, afin
de comprendre en quoi de telles données politiques et
institutionnelles modifient ou orientent leur pratique de la justice.
L’exemple de deux villes comme Dijon et Lyon, à la fin du Moyen
Âge, présente l’avantage de comparer deux systèmes municipaux
fort différents et de lier dans l’étude des cités qui appartinrent à des
clans ennemis pendant le xve siècle lors du conflit des Armagnacs et
des Bourguignons puis de l’opposition de la Bourgogne à la France
(ligue du Bien Public, guerre de Louis XI contre Charles le
Téméraire).
2 On verra donc d’abord les conditions qui dans l’une et l’autre cité
président à l’exercice du pouvoir municipal, afin de concevoir
l’exacte ampleur de celui-ci en matière de justice. Puis on appréciera
les urgences politiques et économiques qui sont ressenties au sein de
ces villes et qui réclament une solution judiciaire, enfin on mesurera
les conséquences que ces éléments ont pu déterminer sur les formes
de la pratique judiciaire.

Le pouvoir de justice, enjeu de l’existence


politique
1) Dijon : un échevinat sous surveillance ducale

3 La ville dispose, à partir de 1183, d’une charte de commune que le


duc Hugues III lui a accordée, sans doute en contre partie d’une forte
somme d’argent. La charte définitive, confirmant la première
concession, date de 1187. Elle reconnaît l’association jurée des
habitants et leur consent quelques privilèges fiscaux (exemption de
la taille) mais l’abandon principal concerne la justice civile et
criminelle pour laquelle le duc ne se réserve que les cas « ducaux »
de haute justice (vol avec récidive, meurtre et rapt, et feu bouté).
Désormais la ville dispose d’une justice municipale ayant
compétence pour les affaires graves comme pour les causes
mineures, une justice haute et basse, qui peut décider seule du
montant des amendes et infliger des peines de sang, y compris la
mort.
4 Au tribunal siège la vingtaine de jurés qui ont fonction d’échevins
sous la présidence du maire. Les responsabilités judiciaires de ce
dernier sont signifiées à l’occasion de sa désignation. D’abord le
serment qu’il doit au duc contient la promesse de rendre
impartialement la justice à chaque « communier ». De plus, à partir
du milieu du xive siècle, le maire, à peine élu, prend place sur la
chaire de l’auditoire des prisons et inaugure son mandat par un
premier jugement.
5 Le recrutement des magistrats, appuyé sur des considérations
sociales, ne fait aucune place aux compétences juridiques. Le
patriciat urbain qui fournit les échevins et les maires rassemble, aux
e e
xiii et xiv siècles, de riches propriétaires fonciers et immobiliers,
descendants des chevaliers du château de Dijon ou des petits féodaux
qui les servaient. En dépit des termes de la charte initiale qui
écartent de la commune les hommes des chevaliers, il apparaît que
très vite l’amalgame s’est réalisé entre cette catégorie de vassaux,
ayant demeure en ville, et la bourgeoisie. Au xive siècle, les
changeurs et les banquiers grossissent ce patriciat et gèrent les
finances municipales comme ils le font des finances ducales ou
ecclésiastiques. Puis les riches drapiers, véritables entrepreneurs
contrôlant la production de la matière première jusqu’au produit
fini, s’imposent à la tête du gouvernement communal.
6 La place des juristes dans cette municipalité dijonnaise reste
curieusement minoritaire. Pourtant les multiples juridictions
ducales dans la capitale (cour de prévôté, cour de bailliage, cour de
chancellerie) et les juridictions seigneuriales non moins diverses,
suscitent la présence de nombreux spécialistes du droit. Or ces gens
de loi n’affichent qu’un intérêt mesuré pour l’exercice des
magistratures urbaines, leurs ambitions se trouvent ailleurs, dans
l’accomplissement d’une carrière d’officiers ducaux.
7 Toutefois, en charge d’un pouvoir de justice aussi large, le tribunal
de la mayerie ressent bientôt le besoin d’un personnel compétent,
capable d’instruire les causes et de conseiller efficacement les
magistrats ; le maire et les échevins ont peu à peu recours à des
gradués, pensionnés par leurs soins, qui sont tenus « de venir et
assister au conseil d’icelle ville ». De plus, un procureur « syndic »
est établi et gagé par la ville afin d’accomplir l’instruction des
affaires qui sont du ressort de la cour échevinale et de procéder aux
opérations de police nécessaires, en exécution des décisions de la
dite cour et du conseil de ville.
8 Investis du pouvoir politique que leur confère la charte de commune,
les membres du patriciat dijonnais disposent d’un pouvoir judiciaire
très étendu sur leurs concitoyens. Le duc de Bourgogne a pourtant
voulu conserver un droit d’intervention dans les règlements
judiciaires au sein de la ville. Dès 1183-1187 apparaissent les
mentions de cas « ducaux », réservés à la connaissance des
juridictions princières et à l’instruction de ses officiers. Cependant le
texte est si peu précis sur le contenu exact de ces affaires
d’exception que les conflits vont se multiplier au cours des siècles
entre le duc et la ville, la municipalité dijonnaise s’efforçant
d’étendre ses compétences aux dépens de l’autorité ducale. Les cas
ducaux sont ceux que se réservent tous les princes hauts justiciers,
soit les crimes de « rapt, meurtre, feu bouté et larrecin après le
premier larrecin » 1 . On peut y voir en effet une restriction majeure
à l’autorité judiciaire des magistrats puisque ces crimes, expression
de la plus extrême violence et d’une préméditation affirmée,
justifient les peines de confiscation de biens et de mort ou de
bannissement. Priver le tribunal échevinal de leur connaissance et
de leur résolution revenait à amputer sa compétence de la haute
justice criminelle et à le confiner dans la gestion des affaires
mineures. Les seigneurs et les princes étaient assez coutumiers de
ces concessions apparentes, mâtinées de clauses restrictives, pour
que les communiers dijonnais aient bien senti le danger de telles
formules.
9 Dans ce contexte, l’exercice de la justice municipale à Dijon devient
un combat politique. Les épisodes les plus âpres sont portés devant
le Parlement de Paris et sanctionnés par des arrêts arbitrant entre le
prince et la justice urbaine. Le duc s’octroie le droit de confisquer la
justice municipale quand il estime que le serment prêté par le maire
n’est pas tenu. Au xive et au xve siècle, à plusieurs reprises, des
mesures aussi incisives ont été adoptées. Pour les justifier le prince
allègue la partialité ou les abus de pouvoir dont les juges municipaux
font preuve dans l’exercice de leur juridiction. En 1332, c’est Eudes
IV qui dénonce la discrimination sociale que subissent les
« marcheanz et li menus communs » de la part des gens de la mairie
2 . En 1386, Philippe le Hardi reçoit l’approbation du Parlement de

Paris, pour sa saisie de la mairie, étant donné que les jurés du


tribunal municipal se sont mêlés d’instruire des affaires de meurtre
de rapt ou de vol aggravé et ont « forfaiz touz leurs privileges » 3 .
Mais les registres de la mairie qui consignent un grand nombre de
poursuites pour ces crimes, comme la réitération en 1427, 1431, 1441
et 1443 des saisies de la justice par le duc ou des transactions sur
l’extension des compétences du tribunal échevinal prouvent assez
que l’exercice de la haute justice par le personnel municipal prend
l’aspect d’une conquête quotidienne des prérogatives et que les
justiciables retiennent l’attention des jurés pour d’autres raisons que
les seuls besoins du rétablissement de l’ordre public. Dès le principat
de Jean sans Peur la pratique institue que le maire et les échevins
jouissent du droit de connaître des quatre cas ducaux, « par et soubz
la main du duc », mais il faut attendre 1477, pour trouver
confirmation officielle des privilèges de haute justice de la
commune, dans un acte signé du roi Louis XI.
10 La ville qui paraît émancipée par le duc Hugues III a donc subi, en
réalité, quelques sévères limitations dans ses prérogatives
judiciaires. Le duc n’a jamais cédé à la ville l’exécution des sentences
échevinales. Elle relève du prévôt ducal, à qui l’on remet les
prisonniers, soit pour les relaxer, soit pour les pendre ou les bannir.
Il continue à prélever une part des amendes. Mais la plus vive
concurrence ducale se manifeste dans les lettres de grâce ou de
rémission que le prince accorde aux divers condamnés du tribunal
municipal. Au-delà des conventions stylistiques de tels documents,
on devine dans les argumentations des grâces ducales le souci du
prince d’apparaître clément quand la ville s’est montrée rigoureuse,
de prendre en compte, plus que le procureur de Dijon, la pauvreté, la
faiblesse physique, la solitude ou la détresse des prisonniers retenus
dans les geôles de la ville. On peut imaginer tout autant
l’exaspération des échevins qui se voient imposer l’élargissement
d’un prisonnier ou qui doivent remettre au prévôt de Monseigneur
le Duc, au pied même du gibet où ils l’avaient fait conduire, un
condamné à mort miraculeusement épargné par mandement ducal.
Ces irritations expliquent les multiples empêchements que le maire
et les jurés de la ville ont licence d’opposer aux grâces du duc. Il faut,
pour que celles-ci prennent un plein effet, qu’elles soient entérinées
par le Conseil de Ville. L’enregistrement en est fort long et l’on
devine, dans ces retards cumulés, toute la mauvaise volonté des
magistrats urbains.
11 On ne saurait évoquer la dimension politique de l’exercice de la
justice à Dijon sans ajouter à ces conflits avec le duc tous ceux qui
naissent de la présence, dans l’enceinte de la cité, de seigneuries
ecclésiastiques très vétilleuses sur leurs prérogatives banales et sur
l’exemption de leurs hommes de la juridiction échevinale,
exemption précisée d’ailleurs dans la charte. Mais là, comme pour
les cas ducaux, la ville mène une politique de « sape » qui lui permet
de confisquer des affaires et des justiciables qui appartiendraient
davantage aux seigneurs ecclésiastiques : chanoines de Saint-
Étienne, moines de l’abbaye de Saint-Bénigne. Face à ces adversaires,
souvent confortés par leur prestige spirituel et par les interventions
de l’évêque de Langres ou celles du roi, en sa qualité de gardien des
abbayes, les représentants de la mairie ont fort à faire et doivent
mener une vigilante protection de leurs droits 4 .

2) Lyon : un consulat écartelé entre deux maîtres

12 La ville de Lyon présente l’exemple inverse d’une cité très


tardivement et très médiocrement émancipée de l’autorité de son
seigneur, l’archevêque. Une charte accordant des franchises aux
habitants ne leur est consentie qu’en 1320, à l’issue d’un long conflit
dans lequel le roi de France s’est permis d’intervenir bien que Lyon
soit terre d’Empire jusqu’en 1312.
13 Alors que Louis IX avait proposé un simple arbitrage entre les
chanoines comtes du chapitre cathédral et les bourgeois révoltés, en
1269, Philippe III avait été jusqu’à prendre les Lyonnais sous sa garde
pendant un an, entre 1271 et 1272, et Philippe le Bel, en mai 1292,
avait installé un « gardiateur » à Lyon pour faire respecter, en
collaboration avec son bailli de Mâcon, les « droits, libertés et
franchises » des Lyonnais. Quand Lyon était entré dans le domaine
royal, en 1312, le roi avait confisqué toute juridiction haute et basse
sur la cité et toute souveraineté. De ces affrontements la population
ne recueillit aucune liberté particulière sinon la garde et protection
du roi, du pape, ou des princes intéressés par le Lyonnais tels le
comte de Savoie ou le sire de Thoire-Villars, seigneur de Bresse.
Quand l’archevêque, à qui, le 4 avril 1320, Philippe V a finalement
restitué la justice temporelle sur la ville, décide de garantir aux
habitants les « usages, franchises, libertés et coutumes de la cité », il
énumère bien des droits qu’il est naturel à l’homme de rechercher et
dont – reconnaît-il – les Gaulois lyonnais jouissaient dans le droit
italique. Mais s’il accorde aux citoyens la liberté de constituer un
gouvernement consulaire, le droit de se faire représenter par un
syndic ou un procureur, la responsabilité fiscale de la levée et de la
répartition de l’impôt municipal, et celle du recrutement et de
l’organisation des milices, s’il concède des garanties relevant de
l’Habeas Corpus qui mettent les Lyonnais à l’abri des arrestations et
des inculpations arbitraires ou des prélèvements successoraux
abusifs, il ne concède nullement la moindre prérogative judiciaire.
Au contraire, la charte se termine par la confirmation que la justice
temporelle de Lyon appartiendra en tout temps et entièrement à
l’archevêque, cela pour bien affirmer que le chapitre n’aura aucune
juridiction dans la ville, moyennant dédommagement pécuniaire,
comme cela a été stipulé dans le traité précédent fait avec le roi.
14 La seule concession est la possibilité pour les citoyens de faire appel
au juge royal siégeant à Mâcon, dans les limites du droit écrit et de la
coutume. Désormais les Lyonnais vont être pris en otages, en tant
que justiciables, entre la justice du seigneur archevêque et celle du
bailli-sénéchal royal, s’insinuant chaque jour davantage jusqu’à
siéger à plusieurs reprises au sein de la ville même, dans l’Hôtel de
Roanne, en plein cœur du quartier épiscopal 5 , contrairement aux
termes des conventions signées entre l’Église de Lyon et le roi en
1320. À partir de 1417, la situation est encore plus claire : en raison
de la guerre civile et de la domination bourguignonne sur Mâcon, le
bailli royal ne peut plus siéger dans cette ville et se réfugie à Lyon où
il tient sa cour en l’Hôtel de Roanne.
15 Les notables lyonnais qui ont reçu quelques responsabilités
politiques en qualité de consuls doivent cependant supporter la
pression judiciaire du roi comme de l’archevêque. En octobre 1334, le
bailli Philippe de Chavery fait saisir et ouvrir les coffres et les
archives de plusieurs drapiers pratiquant le change sous prétexte de
vérifier qu’ils n’ont utilisé ni introduit dans la ville aucune monnaie
interdite de Bourgogne. L’officier royal met à rude épreuve les nerfs
des citoyens en question puisqu’il place leurs biens sous séquestre,
fait occuper leur boutique par ses sergents et procède à des
arrestations. La communauté des habitants s’émeut de cette
contravention manifeste aux franchises reconnues précédemment.
C’est en masse que les citoyens viennent épauler les conseillers qui
portent le débat devant le « juge mage des causes d’appel de la cité et
du ressort de Lyon », à la maison de Roanne. Ils obtiennent
rétractation de la part du bailli et reconnaissance écrite de leurs
libertés. L’acte si précieux est consigné dans le cartulaire municipal
6 . Deux lettres royales du 14 novembre et du 16 décembre 1334 le

complètent : le roi y tance vertement son bailli et le somme de


maintenir et garder les Lyonnais « en leurs franchises et libertés, en
la manière qu’il ont estez gardés et gouvernez ou temps de [ses]
prédecesseurs, et que il n’aient ochoison d’eulz doloir de [ses
officiers] » 7 .
16 Il convient tout autant aux consuls de se garder de l’archevêque
comme en témoigne l’incident majeur de 1394. Cette année-là,
l’archevêque Philippe de Thurey obtient du Parlement un arrêt qui
commande aux officiers royaux de revenir à l’application stricte des
termes du traité de 1320 : restitution à l’archevêque de la juridiction
temporelle entière sur la ville, ce qui suppose l’éloignement des
représentants du roi. L’affaire tourne à l’affrontement politique car
l’archevêque, accompagné du commissaire chargé de l’exécution de
l’arrêt, Étienne de Givry, donne à cette exécution l’aspect d’un
réglement de compte et d’une vengeance aux dépens des officiers
royaux. Après avoir déjà suscité des rassemblements houleux,
hostiles au roi, en pleine nuit, l’archevêque se rend à la maison de
Roanne suivi par une foule de gens d’Église auxquels se mêlent des
artisans maçons, carriers et charpentiers, qui scandent : « Allons
démolir l’Enfer, Tout est gagné ! ». Il signifie leur destitution aux
officiers royaux rassemblés là 8 . Le commissaire Étienne de Givry va
plus loin encore en commandant aux charpentiers qui
l’accompagnent de démolir la maison de Roanne ; pour signifier
mieux l’urgence de cette action, il entaille de son couteau le bois de
la cathèdre et arrache le calendrier et le répertoire des jugements ;
par des carriers, il fait desceller du mur un cercle servant à mesurer
les faisceaux de vigne. Enfin il se fait remettre les clefs des prisons et
comme on s’y oppose, il engage un forgeron pour faire sauter la
serrure et libère deux prisonniers arrêtés sur l’ordre du maître des
ports 9 .
17 Cette action de « commando » tourne à la manifestation
antifrançaise, car un meunier de la troupe, nommé Cartula, imagine
alors d’insulter l’autorité royale en attachant le panonceau peint des
fleurs de lis à la queue d’un âne qu’il chevauche à l’envers, par toute
la ville, en criant : « Nous n’avons plus de roi ! Tout est gagné ». Cet
incident démontre la tension politico-judiciaire qui existait dans la
ville depuis 1320. Outre cette réalité, le récit consigné dans le
Cartulaire révèle encore la difficile situation des Consuls en pareille
occurrence. On souligne en effet que les sbires de l’archevêque
agissent avec tant d’audace coram populi multitudine mais qu’à ce
spectacle nonnulli tristes de tanto scandalo, alii vero flentes recedebant
10 . Devant de tels excès les habitants de la ville commencent en effet, à

craindre pour leurs libertés. Ils ont la preuve que l’archevêque ose
désormais exercer des pressions judiciaires très graves : le Cartulaire
rappelle le cas de cet homme que le prélat a fait arrêter et dont il a confisqué
tous les biens ; il l’a tant malmené qu’il l’a réduit à la mendicité parce qu’il
avait été sergent royal et s’était opposé aux décisions injustes 11 . Les
consuls et habitants de Lyon protestent qu’ils ne sauraient être concernés
par l’arrêt du Parlement puisqu’ils bénéficient, depuis 1292, de la
sauvegarde royale, Philippe le Bel ayant délégué auprès d’eux, un
gardiateur 12 . À quoi l’archevêque leur fait répondre, de façon fort
inquiétante, que les privilèges qu’ils prétendent avoir sont le fruit des
conventions tacites entre le roi et l’archevêque et qu’ils ont été obtenues
subrepticement, en 1328 et 1336 ; le prélat entend revenir à la situation de
1307, quand ils étaient ses sujets. Il leur rappelle que la garde royale
prenait effet moyennant le versement annuel de dix sous par chaque
habitant et que la moitié de la somme devait aller à l’archevêque. De
plus il réaffirme que les habitants n’ont aucune juridiction ni aucun
droit de faire instrument de justice sous leur sceau 13 .
18 Philippe de Thurey semble vouloir rétablir une autorité totale sur la
ville et revenir sur les concessions de franchises de 1320. Aussi les
consuls ont-ils choisi leur camp : ils font cause commune avec le
procureur royal et en appellent au roi de ces abus de l’archevêque.
Le Cartulaire reproduit le long arrêt du Parlement du 5 octobre 1394
qui rétablit les officiers royaux dans leurs fonctions, confirme
l’existence des tribunaux à la maison de Roanne et assure aux
conseillers et habitants de Lyon toutes les garanties judiciaires
connues antérieurement : un juge des ressorts à l’Île Barbe 14 et le
recours aux officiers du roi si nécessaire. L’archevêque a perdu ce
combat.
19 On comprend combien les représentants du pouvoir municipal à
Lyon ont pu être écartelés entre les fortes autorités judiciaires qui
régissaient la ville et combien cette situation inconfortable a ruiné
tout espoir d’émancipation dans ce domaine. À cette complication
majeure, il faudrait ajouter, l’existence, non moins réductrice, au
sein de la cité, de plusieurs mandements seigneuriaux, relevant des
chapitres Saint-Jean, Saint-Just, de l’abbaye d’Ainay 15 . Comme
Dijon, Lyon est partagée entre plusieurs seigneuries judiciaires,
même si celle de l’archevêque reste prédominante.
3) La nécessaire justice municipale

20 Si les cadres politiques et administratifs dans lesquels les


responsables municipaux peuvent exercer leur autorité divergent
sensiblement de Dijon à Lyon, une même nécessité politique de la
pratique judiciaire s’y fait jour. En cette fin du Moyen Âge les deux
villes connaissent des besoins sensiblement identiques car elles
subissent les conséquences d’un même contexte événementiel.
21 La guerre de Cent Ans les affecte toutes deux de façon indirecte, en
jetant dans les campagnes environnantes et dans leurs murs des
gens de sac et de corde, déracinés victimes des exactions militaires
ou routiers en rupture de solde. La proportion des marginaux, des
errants, des gens « sans aveu » s’accroît en cette période où les
difficultés économiques provoquent la ruine de quelques artisans, le
passage de beaucoup d’ouvriers en dessous du seuil de pauvreté,
l’immigration des ruraux dans la ville. Il faut encore compter avec
l’accoutumance à la violence que les périodes de guerre apportent et
qui peut rendre la vie en société plus rude et dangereuse. Ces
circonstances obligent les échevins et consuls des villes en question
à réguler des troubles quotidiennement plus nombreux. Plus que
jamais gouverner la ville impose la compétence dans le maintien de
l’ordre public, et donc la sage et efficace gestion de la pratique
policière et judiciaire. Les registres de délibération communale 16
comme les archives des tribunaux urbains gardent mémoire de ces
affaires de rixes, coups, vols et insultes dont la fréquence témoigne
des tensions internes à la société urbaine.
22 À la guerre contre l’Anglais succède la guerre civile des Armagnacs
contre les Bourguignons. Bien que d’obédience opposée, les deux
villes développent alors une politique soupçonneuse et inquisitoire
qui entend débusquer complots et traîtrises. Une mentalité
obsidionale se manifeste et la police et la justice deviennent les
instruments de la défense contre l’ennemi, l’espion que l’on traque,
l’étranger que l’on craint. Le crime politique est à l’ordre du jour : il
reflète l’existence d’un certain « patriotisme » urbain. Ce conflit
laisse des traces et bien après la paix d’Arras (1435) sous le règne de
Louis XI, à Lyon comme à Dijon, des procès « politiques » continuent
à occuper les instances municipales. Il s’agit désormais de dénoncer
des partis hostiles au roi de France et à sa souveraineté.
23 Outre ces circonstances politiques qui requièrent un pouvoir
judiciaire efficace dans les deux villes, le développement
économique de celles-ci commande encore des interventions
attentives des autorités municipales afin de maintenir un ordre sur
les marchés et au sein des métiers. Dijon vit principalement de la
vigne, de l’industrie du drap et du marché des blés. Une population
d’artisans enrichis, drapiers, orfèvres, potiers d’étain et de cuivre,
bouchers et rôtisseurs, armuriers et couteliers constitue un patriciat
soucieux de sa prééminence économique et sociale. Des visiteurs des
métiers sont délégués par l’échevinage pour vérifier la qualité des
productions. La loyauté des poids et mesures fait partie également
des pouvoirs de basse justice que la commune a reçus. Les tonlieux
perçus par la municipalité l’engagent à faire régner paix et sécurité
sur les places et dans les rues où s’opèrent les échanges.
24 Quant à Lyon, qui voit se développer au xve siècle l’activité
marchande internationale à l’occasion des foires, (deux à partir de
1420, trois dès 1444, quatre enfin à partir de 1463) et qui abrite
depuis le xiiie siècle un artisanat nombreux et varié, elle se trouve
confrontée également avec les exigences de la politique
économique : procurer aux marchands, changeurs, courtiers qui
fréquentent la ville, aux fournisseurs des ouvroirs et aux convoyeurs
des produits issus de la fabrication ou des négoces lyonnais, la sûreté
des routes, des biens et des personnes, l’assurance contre le vol et la
fraude, le recours judiciaire en cas de dommage. En l’absence d’une
cour de justice consulaire, la résolution des affaires ayant trait au
commerce et à l’artisanat appartient en fait aux cours compétentes,
soit principalement la cour séculière de l’archevêque où de
nombreuses affaires de fraudes et déloyauté dans la fabrication ou
de police des marchés sont évoquées, tandis que la cour du bailli-
sénéchal se mêle des causes mettant en péril les marchands
concernés par la sauvegarde du roi.
25 Dès l’établissement des deux premières foires accordées à la ville par
le dauphin Charles, futur Charles VII, les conseillers se sentent
responsables de l’ordre qui doit y régner et les registres consulaires
consignent la délégation à cinq personnes de la surveillance des
portes 17 . On voit les consuls s’efforcer d’écarter l’archevêque de la
gestion de ces manifestations, en novembre 1420, quand le prélat
veut désigner lui-même les courtiers qui s’entremettront entre les
marchands 18 . De la juridiction des premières foires on ne sait rien
si ce n’est que le Dauphin accordait aux foires de Lyon, en 1420, les
privilèges octroyés aux foires de Champagne par lettres du 6 août
1349. Cela supposerait donc que des gardes des foires aient été
institués, assistés de six à huit des plus « souffisans de la foire » 19 ,
pour juger rapidement tout conflit. Ces gardes étaient-ils élus par le
Consulat ? On n’en conserve aucun écho dans les registres
consulaires. En 1447, en revanche, ces mêmes registres mentionnent
que les consuls ont « esleu pour conserver et garder les libertés et
franchises des foyres... et pour depescher les marchans estrangiers
qui viendront esdites foyres... » quatre Lyonnais 20 .
26 Pour la quatrième foire, Louis XI choisit de confier la juridiction sur
ces rassemblements à son sénéchal ou au lieutenant de ce dernier,
avec le titre de « conservateur et gardien des foires ». Mais dès
l’année suivante, en 1464, il revient à la solution, plus souple, d’un
conservateur élu par le consulat, « aucun prud’homme suffisant et
idoine » davantage capable d’exercer une justice de conciliation
entre les marchands ou entre les officiers et les marchands : « ledit
commis les appoinctera et accordera amiablement se faire le peut,
ou si non qu’il leur face eslire deux marchans non suspects ou
favorables pour les appoincter, s’il est possible ». Cependant la
juridiction de cet élu du Consulat reste très limitée comme celle de
tout conciliateur car si ses efforts se révèlent vains, les parties seront
renvoyées « devant le juge auquel la connoissance en devra
appartenir » 21 . Le tribunal qui, dès lors, demeure seul compétent
est celui du sénéchal. Lors du rétablissement des foires en 1494, le
Conservateur est directement nommé par le roi sans que l’on sache
si le Consulat dispose d’un pouvoir de proposition quelconque.

La pratique de la justice
27 On devine que les réalités institutionnelles et les intérêts politiques,
sociaux ou économiques qui viennent d’être exposés influent
lourdement sur la pratique judiciaire à Dijon et à Lyon.
28 Malgré leurs profondes différences, les deux villes semblent adopter
des solutions assez voisines. La première consiste à conforter un
pouvoir municipal fragile par l’exercice d’une grande rigueur
judiciaire. La seconde, réside dans l’utilisation du justiciable à des
fins politiques. Les disparités entre les deux villes apparaissent
toutefois dans les priorités que privilégient les tribunaux, priorités
qui reflètent clairement les données sociologiques propres aux
milieux dijonnais et lyonnais.

1) Sévérité exemplaire
29 La justice délivrée à Dijon par les échevins nous est bien connue par
diverses séries d’archives tant municipales que départementales 22 .
Les pièces qui offrent des informations complètes, évoquant la
teneur du délit ainsi que la sentence qui lui est apposée, témoignent
de la prise en compte de nombreux éléments d’appréciation pour
déterminer le jugement. L’arbitraire des juges s’exerce pleinement
dans ce tribunal échevinal. Toutefois, les jurés dijonnais disposant de
la haute justice n’hésitent pas à distribuer des peines sévères ou
définitives et à utiliser toute la gamme des peines corporelles ou
afflictives que la charte met à leur disposition. Un registre nommé le
Papier rouge résume à lui seul la politique judiciaire de la ville : c’est
un répertoire formé à partir « des registres et papiers aux causes du
procureur de la ville » auquel on a ajouté des noms de criminels tirés
d’autres archives judiciaires. Il rassemble les noms et les affaires les
plus significatifs de la criminalité dijonnaise entre 1383 et 1479.
Référence utile aux futurs échevins ou justificatif de la bonne
administration municipale face aux possibles critiques ducales, le
Papier Rouge en tout cas témoigne de la sévérité exemplaire du
tribunal échevinal. On y découvre que 13 % des affaires mentionnées
reçoivent une sentence de mort (57 sur 438). Des assassins, ou leurs
complices, des voleurs (9,3 % d’entre eux, 21 sur 224), des
« crocheteurs et larrons » professionnels, des récidivistes,
autochtones ou étrangers, certains violeurs et quelques séditieux
terminent leur vie aux fourches patibulaires. De plus, cette justice se
montre assez traditionaliste dans les types d’exécution qu’elle
ordonne. Jusqu’à la fin du xve siècle, des faux-monnayeurs
continuent de subir l’affreux supplice du chaudron d’eau bouillante,
des femmes infanticides sont encore enfermées dans un sac et
noyées 23 , des bûchers s’allument pour détruire les pervers ou les
empoisonneurs.
30 La rigueur froide de cette justice échevinale va jusqu’à appliquer la
torture de l’estrapade à des femmes au cours de l’instruction et à
prononcer contre des criminelles la peine de pendaison, en général
épargnée aux personnes de sexe féminin pour des raisons de
décence.
31 Justice démonstrative, celle des échevins de Dijon fait bon usage de
la vindicte populaire, en prononçant nombre de peines infamantes
longues et répétées : fustigations publiques données durant « trois
jours de marché » 24 , flagellations à chaque carrefour 25 ,
expositions dans les carcans et sur le pilori.
32 Enfin la sévérité de la justice dijonnaise s’exprime par le nombre des
bannissements signifiés au Papier Rouge. Une affaire sur trois se
termine par une telle sentence 26 . La ville se débarrasse ainsi de 44
meurtriers, de 49 larrons, de personnages hors norme : faussaires,
sodomites, flagellants, « séditieux, noiseux et débateux », individus
qu’elle juge sans doute irrécupérables pour la société voire
dangereux mais dont l’élimination physique ne présente aucun
avantage ni économique ni politique.
33 Dans la marge du Papier Rouge des dessins naïfs illustrent les
sentences de mort, croquis d’un ou de plusieurs pendus, figuration
d’une épée tranchant une tête. Au fil des pages ces illustrations se
font obsédantes, la justice échevinale de Dijon semble laisser peu de
répit aux criminels. Les Dijonnais convaincus d’un vol ont pu
bénéficier du « privilège de commune », qui veut que le premier vol
ne soit sanctionné que de 65 sous tournois d’amende. Toutefois le
Papier Rouge consigne leur nom avec l’indication infamante de lerre
ou larronesse. Aucun récidiviste ne peut espérer passer hors des
mailles du filet.
34 En faisant appliquer, avec sérieux et rigueur, une justice municipale
stricte et nuancée, les échevins entendent confirmer leur autorité
politique sur la ville. En concurrence avec d’autres juridictions et
surtout sous la menace d’une confiscation par le duc de leurs
pouvoirs judiciaires, ils ne peuvent se permettre de négliger des
délits, de laisser se propager une population criminogène. Dans les
cas extrêmes où le duc accorde sa grâce à un de ces criminels les
juges échevins conservent l’audace de la fermeté et, comme le
consigne le Papier Rouge, peuvent prononcer le bannissement du
coupable 27 .
35 La même rigueur « politique » de la justice s’exprime à Lyon,
épisodiquement, lorsque les conseils ressentent le besoin d’utiliser
les tribunaux et les polices de l’archevêque et du roi pour la
sauvegarde de leurs propres intérêts. L’occasion s’en présente lors
des « rebeynes » (révoltes), en 1436 et en 1529. La révolte de 1436 a
fait peur aux consuls comme au souverain. Le peuple des artisans
s’est soulevé contre le rétablissement des aides et des gabelles mais
cette « commotion », anti-fiscale a déversé sa haine à la fois contre
les officiers royaux, y compris le bailli, et contre les « gros », les
conseillers et le procureur de la ville, Rolin de Mâcon. Les lettres des
consuls au roi présentent « les excusations » de la ville sans éteindre
la colère du monarque qui déclenche une répression exemplaire. Les
consuls y donnent la main : ils obtiennent d’un des meneurs, Jean de
Condeyssie, des aveux détaillés, soutiennent les enquêteurs sur les
deniers publics et favorisent les arrestations et les incarcérations
dans les geôles de Roanne comme dans les prisons d’Église 28 .
36 La « rebeyne » de 1529, la « grande rebeyne » est davantage une
révolte de la misère. Les détails de la répression nous sont mieux
connus et la part prise par le Consulat apparaît clairement dans la
comptabilité de la ville. On y découvre le soin que le gouvernement
municipal apporta pour débusquer les insurgés qui avaient fui hors
de la ville. Les enquêtes durent encore en 1531, où l’on saisit un des
participants, réfugié à Ambierle 29 . Le Consulat passe un accord
avec le duc de Savoie pour qu’il restitue à la ville les coupables
cachés sur ses terres. Pour l’arrestation d’un menuisier, que l’on
soupçonne d’avoir aidé les insurgés, le Consulat sacrifie 32 livres, le 7
avril 1530. Il a payé les trois jours de vacation nécessaires à un
officier du Consulat afin d’aller chercher le suspect à Rive-de-Gier
30 ; il a loué des chevaux ; il a fourni plus de 11 livres à trois

archers du prévôt des maréchaux, officiers de police relevant du roi ;


il a dédommagé le geôlier du prisonnier et rétribué les assesseurs au
jugement 31 . Si pour un seul obscur participant à la « rebeyne », de
tels frais ne semblent pas inutiles, c’est que l’enjeu réel est l’autorité
du corps consulaire tout entier et sa légitimité aux yeux du roi. Pour
se débarrasser de Jean Musy, qui fut « le capitaine » des révoltés en
1529, les conseillers dépensent 45 livres entre les frais d’instruction
et ceux de la pendaison. Cette somme énorme va aux juges, aux
assesseurs, aux sergents royaux par le truchement desquels les
consuls, dépourvus de juridiction, font leur justice 32 .
37 Hormis les circonstances exceptionnelles des révoltes, le Consulat
manifeste clairement son souci de préserver sa crédibilité et la
dignité de son rôle politique en utilisant les voies judiciaires.
38 Il porte plainte devant une des instances judiciaires en place quand
des injures proférées à l’encontre de la ville atteignent sa fa-ma.
Ainsi en est-il en 1421 lorsqu’un clerc de Langres met en doute la
fidélité de la ville à la cause royale. Estimant que « lesquelles choses
ne doivent point soffrir par especial à un tel homme estrangier », les
conseillers déposent plainte auprès du bailli 33 . Mais quand l’intérêt
de la ville est mis en péril par les officiers royaux, « le procureur de
la ville se [joint] avec monseigneur de Lion, messeigneurs de
chapitre, ou leurs procureurs, et les notaires de Lion, en une
appellacion par eulx baillée de certaine ordonnance faite par Jehan
Paterin, lieutenant de bailli »... ; car elle est « contre toute la chose
publique » 34 .
39 La seule menace d’engager un procès suffit parfois à amener
l’adversaire à résipiscence. Le bedeau de Saint-Nizier qui avait tenté
de taxer au profit de ladite église, les marchands des foires
assemblés devant l’édifice, doit finalement « [gager] l’amende en
baillans son chapiron et [promettre] de paier et faire ce qui par
lesdiz consuls seraient ordonné » car ceux-ci ont décidé de
« l’actaindre et prendre pour partie » dans cette affaire 35 .
40 L’invocation du « fait commun de ville » permet aussi au Consulat
d’épouser la cause de n’importe quel plaignant ou de porter plainte
au nom de l’intérêt communautaire, voire même de diligenter police
et enquêteurs, en sollicitant auprès de l’archevêque ou du bailli.
C’est ce que demande un tondeur de Lyon, victime d’une mise à
rançon par des routiers en 1418 ; il requiert qu’on « lui vueille aidier
à porsuir les dessusdits malfaicteurs, comme à l’un des autres
habitans de la ville de Lion » 36 . La sévérité du Consulat est très
marquée quand un citoyen tombe sous les coups d’un étranger. Le 20
février 1426, les conseillers décident de lancer une information
contre un certain Pietre de Vera, Aragonais qui avait demeuré à
Lyon et qui a battu « très énormément » un citoyen de Lyon
« tellement que l’on espère plus de la mort que de la vie » de la
victime. Le procureur de la ville s’engage a « faire partie, avec la
partie battue, contre ledit Pietre, afin de l’en faire punir tellement
qu’il soit de cy en là exemple à tous autres » 37 .
41 Privés d’un tribunal, les consuls font appliquer malgré tout une
justice rigoureuse chaque fois que les délits imputés compromettent
l’image de puissance et d’autorité qu’ils veulent afficher. Ainsi, le 8
janvier 1425, ils portent devant le bailli une plainte contre
Jacquemet Grollier. Celui-ci a commis une triple atteinte à la ville en
rouant de coups le mandeur du Consulat, en vitupérant contre son
pennonier et en insultant les conseillers. En conséquence, outre la
poursuite judiciaire, les consuls réclament une amende honorable,
une pénitence publique de l’agresseur qui devra « dessaint, la tête
nue et une torche au poing, parcourir la ville et confesser à haute
voix tous les maux qu’il a fait a commun, qui seront registrés en un
rôle » 38 . « Il lui faudra crier merci à messeigneur les conseillers »
pour purger le crime de lèse-consulat, l’atteinte à la fama de la cité.
On peut deviner que cette cérémonie précèdera son bannissement.

2) L’utilisation politique du justiciable

42 Dans un contexte de concurrence entre les justices, les tribunaux


municipaux veillent à conserver leurs droits d’intervention toujours
menacés par les juridictions seigneuriales, princières ou royales. À
Dijon les contestations d’attribution et de compétence entre la
mairie et le duc traduisent clairement cette politique défensive. Le
débat ne porte plus alors sur le fond de l’affaire, la nature ou la
réalité du délit ou du crime mais sur la légitimité de l’autorité
judiciaire.
43 Lorsqu’en 1342, Eudes IV prétend punir un des notables de la ville,
Elie Bourgeoise, qui avait charge du sceau du secret du duc et qui
s’était rendu coupable de diverses malversations, la mairie s’oppose
à la saisie des biens de l’accusé. Un acte est dressé par un tabellion
rappelant que « le mahour de Dijon [...] ha toute juridiction en la
ville de Dijon et non autres et ni puet autres ne doit officier ne faire
fait de justice se nest li maires et li eschevins de Dijon » En
conséquence, le maire requiert la mise a neant de la saisie 39 .
44 À plusieurs reprises les échevins réclament restitution par les
officiers ducaux de prévenus qui ne sauraient comparaître devant
une autre juridiction que la leur sans contrevenir aux « libertés,
franchises et usages de la Commune ». C’est en 1356, un certain
Oudot, responsable de plusieurs délits 40 ; en 1386, un bourrelier du
nom de Thiebaut, mené aux prisons à Rouvres « pour certaine garde
du duc enfrainte » suscite les mêmes doléances de la mairie qui
obtient son renvoi à Dijon, « pour faire sur le cas saisie et justice »
41 ; en 1385, il s’agit d’un autre prisonnier dijonnais restitué par le

maître d’hôtel du duc 42 . En revanche, quand le cas inverse se


présente, le maire paraît moins conciliant. En juillet 1363, au temps
de la lieutenance royale de Philippe le Hardi au duché de Bourgogne,
la juridiction échevinale a fait arrêter et emprisonner le lieutenant
du bailli, et ne veut pas le rendre à celui-ci 43 . La pratique de la ville
est qualifiée, devant le Parlement de Paris où le duc finit par porter
plainte, de « plusieurs exces, abus de justice faiz... par les maires,
echevins et communauté et aucuns autres singuliers habitans de la
ville de Dijon 44 ». Il est probable en effet que, se sentant soutenus
par la juridiction échevinale, les habitants se permettent de braver
les interdits ducaux. Le justiciable, devenu un enjeu, tire profit de la
concurrence : les renvois d’un tribunal à l’autre offrent des occasions
de libération sous caution ou de « rescousses » ; ils multiplient les
délais judiciaires qui éteignent parfois une affaire avant jugement.
45 Notons encore que cette « guerre des justices » existe aussi bien à
l’encontre des seigneuries ecclésiastiques et que dans les premières
décennies du xve siècle, l’abbaye de Saint-Bénigne se plaint au roi des
pratiques prédatrices de la justice municipale à l’égard des clercs
qu’elle fait arrêter arbitrairement, prétend incorporer à ses
justiciables, rançonne enfin, puisqu’elle exige caution pour les
délivrer 45 .
46 Des conflits identiques animent le paysage judiciaire de la ville de
Lyon. Ils concernent surtout les seigneurs ecclésiastiques,
archevêque et chapitres, détenteurs de la haute et basse justice, et
leur concurrent direct, le bailli-sénéchal de Lyon. Le Consulat, qui
s’appuie sur la police et la juridiction de l’une et l’autre autorité est
moins concerné par une telle guerre mais son attitude prouve que
pour lui comme pour tout détenteur d’un pouvoir, le justiciable reste
un pion sur l’échiquier politique.
47 Ainsi lorsque le chapitre Saint-Jean dispute au bailli-sénéchal la
cause d’un certain Jean le Doux, les consuls de Lyon sont fort
préoccupés et conseillent aux chanoines de céder le justiciable à la
cour royale. Leurs arguments n’ont aucun trait à la bonne gestion de
la justice. On est alors en juillet 1466, depuis trois ans les foires de
Lyon prospèrent grâce au soutien du roi Louis XI et il convient donc
que « ceux de la ville ne en puisse nullement incourir l’indination et
malegrace dudit seigneur ». En lui abandonnant la cause de Le Doux,
les consuls espèrent « qu’il soit toujours mieulx affectionner de
maintenir et preserver à ladite ville les foyres par luy establies » 46 .
48 Quand le Consulat détient une part de pouvoir judiciaire, il pratique
tout autant la « chasse au justiciable » comme l’affaire Zénobi de
Scarperia, en octobre 1464, le prouve. Le prévenu est un marchand
florentin accusé de malversation aux dépens d’un autre marchand
italien. Le délit s’étant produit pendant les foires et concernant un
conflit économique entre marchands, le Consulat peut le traiter dans
le cadre du tribunal de la Conservation des foires. Il entre alors en
concurrence avec la cour séculière de l’archevêque qui a fait
procéder à l’arrestation, avec les chanoines de Saint-Jean qui exigent
l’élargissement du prisonnier arrêté dans la franchise et immunité
de l’Église de Lyon, et avec le procureur du roi qui veut le transfert
du marchand à l’Hôtel de Roanne. En réalité le délit importe guère et
il se peut même que l’accusation ait été éteinte en raison de ce
conflit des juridictions car le fraudeur se retrouve investi du
courtage des foires par les consuls, dès 1466 47 .

3) Une sensibilité judiciaire socio-politique

49 Les deux villes présentent donc des similitudes dans leur façon de
faire coïncider les intérêts politiques du gouvernement municipal et
les exigences de la justice. Pourtant les données socio-politiques qui
régissent chacune des cités différencient quelque peu leur pratique
judiciaire.
50 À Dijon, la justice municipale semble surtout soucieuse de pénaliser
les voleurs qui représentent une menace permanente pour les hôtels
des patriciens et pour les vignes de ceux-ci. La répétition des affaires
de ce type évoque une ville riche, où un peuple de valets et
servantes, d’ouvriers agricoles ou de filles publiques peuvent s’allier
à des « crocheteurs professionnels » pour monter un cambriolage ou
une escroquerie d’importance. Le tribunal s’intéresse également en
priorité aux homicides, ceux qui révèlent des dissensions graves au
sein de la société, au cœur des familles et des métiers ou celles qui
dénoncent la présence de trublions, noiseurs, assaulteurs de chemin.
51 Le pragmatisme caractérise la justice échevinale dijonnaise, moins
encline que d’autres à faire grand cas des dénonciations pour
sortilèges et sorcelleries ou des plaintes pour insultes entre
particuliers, ni même des affaires d’adultère ou de débauche ; elle
traite en revanche des empoisonnements lorsqu’ils révèlent un
complot politique 48 . Elle pénalise fortement les insultes quand
elles mettent en péril l’honneur de la ville, du duc, ou du roi ou
quand elles entraînent la rupture de la paix publique. La débauche
jugée dangereuse n’est pas celle des prostituées, régulièrement
inscrites au bordel municipal, mais le maquerellage qui corrompt les
bases de la famille et de la cité, en dévoyant les jeunes filles ou en
ménageant des viols domestiques.
52 À Lyon, les centres d’intérêt de la pratique judiciaire du Consulat
sont forcément plus restreints puisque la charte le confine dans un
rôle de conciliateur et que le privilège du « fait commun » le porte
surtout à soutenir les citoyens contre des violences physiques ou
financières. On découvre que les consuls veillent à limiter la violence
quotidienne, non moins importants qu’à Dijon, qu’ils ont le souci du
juste partage des terres et des édifices publics afin de ménager la
paix commune 49 , qu’ils interviennent en priorité pour toute
question de défense et de sécurité, Lyon étant d’abord une ville
fortifiée aux frontières avec l’Empire 50 . L’essentiel de la
criminalité est traité par le tribunal de la cour séculière de
l’archevêque, attentif à la violence quotidienne qui appartient à la
petite délinquance, les rixes et les coups formant près de la moitié
des causes. Les fraudes sur les marchés ou dans les fabrications dont
la fréquence avoisine celle des vols qualifiés révèle le soin qu’a la
justice épiscopale de contrôler la production des artisans nombreux
et industrieux. L’empreinte ecclésiastique sur la ville se marque
enfin dans l’attention donnée aux affaires de mœurs 51 et aux délits
de paroles 52 .

***

53 La justice est-elle l’auxiliaire indispensable du pouvoir municipal ?


L’exemple de Dijon semble le démontrer puisque la pratique
judiciaire dans cette ville prend très souvent l’aspect d’une guerre
offensive ou défensive, ayant pour enjeu la survivance de la mairie et
le maintien des privilèges contenus dans la charte.
54 La comparaison avec Lyon, ville dont les consuls ne disposent pas du
pouvoir judiciaire, n’infirme qu’en partie cet axiome. En employant
tous les moyens légaux mis à leur disposition, les conseillers
lyonnais prennent part à la justice comme conciliateurs, partie
formée, procureurs, médiateurs. Dans leurs interventions indirectes,
qui se servent des tribunaux du roi ou de l’archevêque, ils
manifestent les mêmes intentions que les échevins dijonnais :
médiatiser la justice au profit d’une communauté d’habitants, en
dépit des obstacles et des limites que seigneurs et princes leur
opposent.
55 Si le justiciable sert ainsi une cause politique, les exigences d’une
bonne justice ne sont pas pour autant négligées : les idéaux qui
inspirent et légitiment le pouvoir princier conduisent également les
gouvernements municipaux, ceux-ci peuvent varier dans
l’estimation des priorités en matière de poursuite judiciaire, mais la
même recherche d’une justice rigoureuse, rapide et efficace dans la
sauvegarde de la respublica se manifeste. Ainsi, les impératifs de la
politique ajoutent entraves et complications à l’exercice de la justice
municipale mais ils ne parviennent pas à la subordonner
entièrement.

NOTES
1. J. Garnier, Chartes de Communes et d’affranchissement de Bourgogne, 1, Dijon, 1867, p. 92.
2. J. Richard dans P. Gras (dir), Histoire de Dijon, Toulouse, 2e édition, 1987, p. 51.
3. J. Garnier, op. cit. , 1, p. 78.
4. Sur ces aspects, cf. N. Gonthier, Conflits de juridiction entre la Commune de Dijon et les
seigneurs ecclésiastiques au XVe siècle, dans Papauté, monarchisme et théories politiques, 2, Lyon,
1994, p. 709-716.
5. En 1334, cf. Cartulaire Municipal de Lyon, publié par M.-C. Guigue, Lyon, 1876, p. 128 ; en
1341, cf. CM, p. 246 ; en 1370, cf. A.N., X2 A 8, fos 381 v-384.
6.CM, p. 125-129.
7.CM, p. 156.
8. Ils sont nombreux selon le rapport consigné au Cartulaire municipal : il s’agit du
lieutenant du bailli ; du procureur du roi, du lieutenant du garde du petit sceau de
Montpellier, du juge du maître des ports, du prévôt des monnaies, du lieutenant du garde
du sceau de Mâcon, du juge des exempts et du juge des juifs ainsi que des quatre ou six
sergents royaux alors présents.
9.CM, p. 240-241.
10.CM, p. 241.
11.CM, p. 242.
12.CM, p. 243.
13.CM, p. 251.
14. Ile-Barbe, Rhône, arr. Lyon.
15. Sur ces points, cf. N. Gonthier, Délinquance, justice et société dans le Lyonnais médiéval,
Paris, 1993, p. 22-27.
16. Papiers du Secret à Dijon, Registres consulaires à Lyon.
17.Registres Consulaires, publiés par M. C. Guigue, Lyon, 1882, 1, p. 238-239.
18. « Ilz ont chargé messire Anthoyne Grant et Ennemond de Syvrieu à faire la response monseigneur
de Lion touchant les corratiers des foyres, et lui diront que pour le présent lesdis corratiers ne sont
point nécessaires jusques l’on ait parlé aux marchans qui viendront à la prouchaine foyre, qui
sauront mieulx deviser le gouvernement et les drois des corratiers que ne le sont les marchans de
ceste ville » : RC, op. cit., p. 264.
19. Cf. M. Brésard, Les foires de Lyon aux xve et xvie siècles, Paris, 1914, p. 294.
20. A. M. L. BB. 4, fo 47v, cité par M. Brésard, op. cit., p. 295, note 1.
21.Ibidem, p. 296.
22. A.M.D. Séries M : comptabilité et amendes ; I : police ; B : délibérations communales ;
A.D.C.O. BII 336 : registres des causes de la mairie ; BII 387 : causes du procureur syndic et de
l’Hôtel du maire ; BII 360 : procès criminels.
23. Alors que dans certaines juridictions, notamment à Lyon, ce genre de peine disparaît au
cours du xive siècle.
24. ADCO, BII 362, fo 512 v, 1394, affaire Jehan Bazcment, accusé de faux.
25.Ibid, fo 178, 1468, affaire Guillemain Loste et Pierre Pelutin, pour rapt et tentative de viol.
26. 144 au total dont 52 aggravés de peines infamantes comme la fustigation, 45 simples et
réellement exécutés, 47 sanctionnant une contumace.
27. De Pierre de Lisenne, complice d’un vol important, il est dit que « par vertu des lettres
patentes de Madame la duchesse de Bourgogne [il] a été mis au delivre de prison, ce
toutesvoyez qu’il a esté fusté une fois parmi la ville de Dijon et banni à toujours d’icelle »,
ADCO, BII 362, fo 32, 1419.
28. Selon A. Steyert Nouvelle histoire de Lyon et des provinces du Lyonnais, Forez, Beaujolais,
Franc-Lyonnais et Dombes, 2, Lyon ; 1895-1899, p. 620, se référant à des archives aujourd’hui
disparues, trois exécutions capitales ont ponctué cette répression.
29. Ambierle, Loire, arr. Roanne, c. Saint-Haond-le-Châtel
30. Rive-de-Gier, Loire, arr. Saint-Étienne, c. Rive-de-Gier.
31. A.M.L., CC 801, Pièce 4.
32. A.M.L., CC 785, Nos 4-6, et 15.
33.RC., t. 1, p. 349.
34.RC., t. 1, p. 317 : il s’agit de faire passer obligatoirement tout appel au Parlement de Paris
par le greffe de la cour de Roanne.
35. RC. , t. 1, p. 271.
36. RC. , t. 1, p. 123.
37. RC. , t. 2, p. 172.
38.RC., t. 2, p. 121 et 124.
39. A.M.D., C. 3/1.
40. A.M.D., C. 3/2.
41. A.M.D., C. 3/6.
42. A.M.D., C. 3/9.
43. A.M.D., C. 3/3.
44. A.M.D., C. 3/5, 24 juin 1377.
45. Cf. N. Gonthier, art. cité, dans Papauté, Monachisme... cit., 2, p. 709-717.
46. A.M.L., BB. 10, fo 182v, 9 juillet 1466.
47. Cf. N. Gonthier, Délinquance, justice et société... cit., p. 289-290.
48. Des « traîtres armagnacs » empoisonneurs de puits.
49. Gestion des brotteaux de la ville, zones de pacage et de coupe de bois ; partage des puits
publics.
50. Devoirs de guet et d’escharguet, milices, entretien des remparts, garde des portes.
51. Adultères, pour près de 6 %, jeux interdits, maquerellage.
52. Injures, blasphèmes, parjures.
Le categorie dottrinali della
procedura e l’effettività della giustizia
penale nel tardo medioevo
Massimo Meccarelli

1 Nella percezione della cultura giuridica contemporanea


consolidatasi a partire dal secolo xix e dai suoi codici, il processo è
visto come un rito – garantito nella misura in cui è predefinito – che
accerta una responsabilità penale attraverso l’esercizio di un potere
pubblico, orientato a rendere giustizia, vincolato ad una funzione di
protezione della comunità e per questo sostitutivo di altre pratiche
di composizione dei conflitti, le quali sono invece espunte dall’area
propriamente penalistica e semmai destinate a rilevare in area
privatistica.
2 Questo schema ricostruttivo appare sempre meno adeguato a
fungere da modello per la comprensione degli ordinamenti
processuali di altre epoche, come quella medievale. Esso induce ad
osservare le dinamiche di composizione dei conflitti, limitando
l’attenzione a quei momenti pubblicistici (secondo le percezioni
odierne), nel presupposto che esauriscano sostanzialmente l’essenza
del sistema processuale. Le altre dinamiche ‘privatistiche’ di
soluzione dei medesimi conflitti restano sullo sfondo come
rispondenti ad una logica diversa e ad una esigenza sistematica
separata rispetto al vero processo penale.
3 Possiamo invece ragionare su tale complessità come sistema 1 ,
osservarla cercando di percepire il simultaneo o correlato operare di
livelli qualitativamente e teleologicamente distinti, nei quali cogliere
il senso profondo dei diversi segmenti della giustizia tardo
medievale. In ciò va colta la cifra di quella esperienza di giustizia.
4 Si tratta di un’operazione possibile ma complessa; i dati da tenere
presenti sono molteplici e sono analizzabili solo ricorrendo a più
competenze storiografiche, che sappiano guardare, accanto al profilo
più strettamente giuridico della questione, anche a quello dei
processi socio-politici nello specifico locale come nel contesto
globale.
5 Per tali ragioni il presente lavoro intende limitarsi solo alla
formulazione di qualche ipotesi di avvio, verificando con quali
caratteri teorico-sistematici viene costruito un ordinamento
processuale in cui si integrano carattere egemonico-aggiudicativo e
negoziale 2 . Ci si rivolgerà alla dottrina giuridica, vero luogo di
elaborazione di questa importante porzione degli ordinamenti
giuridici tardo medievali. Si cercherà di spiegare il tipo di attitudine
che il sistema processuale di diritto comune aveva, nel rapportarsi
alla dimensione concreta del facere iustitiam. Si tratta di un’attitudine
all’effettività, che si esprime in un intreccio tra dinamiche di
svolgimento della vicenda processuale reciprocamente significative.
6 Con ciò si intenderà anche porre in evidenza un profilo genetico
delle categorie del processo penale : esse sono prodotte dalla scientia
iuris in quanto sollecitata dalla dimensione effettiva e fattuale dei
problemi a compiere un’operazione di sistemazione. Lo spazio per le
politiche penali si offre a partire da questa costruttiva tensione tra
dimensione fattuale e scientifica nell’universo giuridico.
I presupposti della costruzione sistematica
7 Dobbiamo anzitutto individuare quali sono i presupposti della
costruzione sistematica sul piano socio-giuridico.
8 Un dato rilevante per i nostri discorsi è certamente rappresentato
dal profilo comunitario della società medievale 3 ; qui l’individuo
trova la sua identità nel gruppo sociale di appartenenza e tende a
rilevare giuridicamente, in quanto soggetto singolo, solo portando in
sé quella appartenenza.
9 Il potere politico che informa queste società comunitarie – questo è
già un secondo presupposto della costruzione sistematica – si basa su
equilibri derivanti da un dialettico comporsi dei corpi sociali.
10 Ne deriva un ulteriore dato costitutivo della base del ragionamento
giuridico in questi secoli : in un tale contesto socio-politico
l’amministrazione della giustizia serve anche da luogo di regolazione
della reciproca estensione dei gruppi di potere; ciò determina
un’articolazione del facere iustitiam in una pluralità di giurisdizioni.
11 Resta poi da ricordare un altro fondamentale presupposto di ogni
costruzione giuridica del mondo medievale : il potere di produzione
del diritto non viene mai concepito in termini di monopolio di una
autorità, ma come esito di un armonizzarsi di luoghi concorrenti di
creazione giuridica.

Il quadro sistematico dell’ordo iudiciarius


12 La preoccupazione costruttiva dei giuristi in tema di processo
prende le mosse da tali presupposti. Essi per costruire un
ordinamento aperto alla necessaria evoluzione poggiano su due
colonne sistematiche : la straordinarietà e l’ordinarietà.
13 C’è un livello identificato come ordinarium e che rappresenta la
modalità consueta, diffusa, preesistente al momento storico stesso
che il giurista vive e da cui tenta di trarre i segni della
trasformazione. C’è poi un secondo livello, quello
dell’extraordinarium, che integra il primo 4 ; è ad esso correlato in
quanto costituisce il suo livello di aggiornamento, di adeguazione
permanente. Dal versante della straordinarietà si sperimentano
modalità di soluzione dei conflitti, che tendono esse stesse a divenire
ordinarie 5 , infatti ordinarium e extraordinarium non si rapportano in
termini di negazione reciproca ma di combinazione effettiva. Il
problema della garanzia si sposta dalle forme al giudizio 6 e il
sistema processuale si affranca da dinamiche di chiusura
autoreferenziale 7 – carattere non a caso ricercato dai sistemi
contemporanei fondati sul diritto positivo –, cioè da quel tipo di
chiusura sistematica, che si determina quando la dimensione
fattuale, a cui si applica, il diritto diventa puro approdo di un
discorso giuridico già compiutosi all’interno delle disposizioni
normative predisposte.
14 In ambiente di ius commune non si cerca l’esito autoreferenziale, non
essendo disponibile un apparato normativo con caratteristiche di
generalità e astrattezza e non essendo operativo un legislatore che
eserciti il potere di produzione del diritto in via esclusiva 8 . Sullo
sfondo, invece, c’è un potere politico articolato e i cui equilibri
cambiano in tempi relativamente rapidi 9 . In un simile contesto la
chiusura autoreferenziale non necessariamente svolge la funzione di
garanzia che modernamente siamo abituati a riconoscervi; piuttosto
può favorire derive patologiche per il prodursi di uno scarto tra
diritto e realtà.
15 L’ordo iudiciorum viene elaborato dai giuristi fino a conseguire una
consistenza relativa 10 ; è qualcosa che si modifica nel tempo perché
è il risultato di continui aggiornamenti. Esso convivendo con l’ordo
non servatus costituisce il punto di stabilizzazione relativa del sistema
11 .

16 Non si tratta solo o anzitutto di una convivenza di grandi tendenze;


ordinarium e extraordinarium operano dialetticamente all’interno di
ogni singola vicenda processuale, determinando un intreccio tra i
diversi fattori della vicenda processuale concreta; è sulla base di essi
che si determinano concatenazioni procedurali tra le due dimensioni
del processo. Ciò può accadere sia per impulso del giudice, come nel
caso dell’arbitrium procedendi, sia per impulso esterno al iudex e
dipendente o dalle parti stesse o dalle necessità sociali.
17 Ecco allora che si delinea un ulteriore livello di complicazione
sistematica : non solo l’iter processuale può diversamente
caratterizzarsi, oscillando tra ordinarium e extraordinarium,
all’interno del momento «egemonico-aggiudicativo»; esso può anche
slittare sul registro «negoziale». Questo ad esempio si profila in quel
complicato livello della soluzione dei conflitti che sposta il processo
sul piano della pace, della transactio e della dislocazione di iurisdictio.

Un ordine processuale flessibile


18 Il risultato di quella elaborazione dottrinale consiste dunque nel
mettere nella disponibilità della pratica un sistema processuale
flessibile sotto diversi profili. Possiamo analizzarne brevemente
alcuni :
19 a – Modulabilità e reversibilità dell’iter. Esso può variare in determinati
contesti se supportato da un conferimento di clausulae diminuentes
iuris ordinem, cioè da clausulae che autorizzano il giudice a modificare
cum arbitrio la composizione seriale del processo, al fine di favorire
un più rapido ed efficace compimento del facere iustitiam.
20 La costruzione fatta dai giuristi dell’ ordo iudiciarius prevede infatti
la possibilità che la sua composizione seriale venga modificata, senza
però rinunciare ad individuare un livello di tenuta costituito da
alcuni momenti del processo considerati de substantia 12 e come tali
indisponibili alle operazioni di abbreviazione o deviazione del
procedimento stesso. Tale livello inderogabile non appare
individuato tassativamente 13 ma attraverso criteri di
orientamento generale. In tal modo si finisce per configurare anche
la «limitazione» in ulteriore momento di potenziale variabilità del
rito processuale.
21 b – Carattere «aperto» del momento di chiusura dell’iter. Non è insolito
per il giurista prevedere possibili soluzioni del processo senza una
condanna o una assoluzione. L’iter può anche concludersi con un
giudizio di assoluzione parziale o condizionata, con una
composizione, una pace, o interrompersi solo temporaneamente.
22 Il problema, con il quale i giuristi si confrontano, non sembra tanto
consistere nel capire se ci si trovi dentro o fuori dal processo, ma
maggiormente nello stabilire quale articolazione adeguata esso
possa prendere sulla base della vicenda processuale fino a quel punto
delineatasi.
23 È a tale livello che il processo riesce a svolgere, in quella società, una
funzione di garanzia per l’ordine sociale. Tale originale profilo si
chiarisce considerandone altri due : la mancanza di centralità del
soggetto di diritto e l’assenza di una separazione tra diritto
sostanziale e processuale.
24 c – «Accidentalità» del soggetto di diritto. Il sistema processuale –
inteso in quel senso largo indicato sopra – non pone il suo baricentro
sul soggetto di diritto considerato come individuo meritevole di
tutela o di una individuale e personale punizione; c’è da tener conto
della pace sociale, dell’equilibrio interno tra i corpi sociali; queste
urgenze hanno implicazioni necessarie sulla vicenda processuale che
riguarda il singolo 14 , poiché non sono completamente affidate alla
cura di altri settori del sistema di prevenzione penale.
25 Per ciò il processo pubblico, seppure votato alla individuazione delle
responsabilità penali personali e della relativa pena, o a veicolare le
politiche di protezione della comunità tramite la punizione del reo,
accetta anche vie d’uscita diverse dalla sua conclusione o permette
che lo si anticipi nella soluzione del conflitto apertosi.
26 d – Assenza di una separazione tra momento sostanziale e processuale . Il
diritto penale del tardo medioevo appare processualizzato, si
appoggia su un piano in cui non c’è separazione tra momento
sostanziale e processuale 15 . È un dato che corrisponde alla
mancanza di centralità del soggetto. Il diritto penale sostanziale per
rilevare giuridicamente 16 deve combinarsi con una dimensione
processuale. Il processo, costruito in questa ottica, a sua volta non
può accordarsi con una procedura predefinita rigidamente; esso non
è neppure orientato a trovare necessariamente una conclusione
assoluta o del tutto irreversibile.
27 e – Giurisdizione concorrente/escludente, articolabile. Come già
accennato, la vicenda processuale può essere oggetto di dislocazioni
dipendenti da un incrociarsi di giurisdizioni concorrenti. La
soluzione è giuridicamente tangibile ma non precisamente
predefinita. I giuristi elaborano dei criteri che consentono di
individuare una soluzione, mettendo in contatto le esigenze
sistematiche del processo con la specificità della vicenda
processuale. Non sembra potersi individuare l’impiego di criteri
gerarchici, i quali farebbero pensare ad una giurisdizione unitaria. Si
tratta di combinare la coesistenza di giurisdizioni concorrenti,
assunte come dato fisiologico della realtà politica 17 . Autorevoli
studi hanno dimostrato quanto, in quei secoli, il pluralismo
giurisdizionale fosse fondante per l’ordine giuridico 18 .
28 La giurisdizione penale del medioevo, insomma, non è ripartita, ma
condivisa; il sistema processuale in atto va a fondarsi sull’attività di
giurisdizioni concorrenti, la giustizia amministrata è l’esito
dell’effettivo assetto che volta per volta esse reciprocamente
assumono.
29 C’è poi un secondo aspetto che pure sembra avere una sua
importanza rispetto ai caratteri che possono prendere le politiche
penali veicolate dal processo. È proprio la iurisdictio a legittimare i
poteri processuali straordinari come l’arbitrium procedendi in modo
da agganciarli ai reali equilibri tra i poteri interni ad una comunità.
Hanno questa valenza le iurisdictiones delegatae che possono
sorreggere buona parte di un impianto istituzionale comunale o
signorile 19 . Tale linea di distribuzione dei poteri, configurabile
all’interno di ciascuna delle giurisdizioni concorrenti, introduce un
ulteriore grado di complicazione della rete giurisdizionale che
sorregge il processo, conferendogli una aggiuntiva possibilità di
articolazione funzionale e strategica rispetto agli sviluppi del
confronto politico.

Alcuni esempi di flessibilità processuale


L’arbitrium procedendi

30 Quanto abbiamo accennato può essere facilmente rinvenuto in


alcune tipiche categorie che informano la teoria del processo penale.
31 Si pensi all’intreccio tra ordo, regime delle eccezioni e spazi o
soluzioni procedimentali a carattere discrezionale.
32 È la teoria dell’arbitrium procedendi che consente all’ordo di proporsi
come utensile duttile per l’amministrazione della giustizia. Es-sa
interessa tutti i profili decisivi dell’andamento di un processo : dalle
modalità di assunzione delle prove, alla ponderazione delle prove
stesse, ai regimi della condanna e/o dell’assoluzione.
33 Il valore strategico dell’arbitrium procedendi sta nella sua stessa
complessa natura, che lo rende da un lato omogeneo alla tradizione
negoziale pattizia della soluzione dei conflitti e dall’altro molto
efficace rispetto alle esigenze di creazione – nella vicenda
processuale che vede contrapposte due parti – di un punto di vista,
di una rappresentanza di interessi, di uno spazio di terzietà, pubblici.
34 L’arbitrium procedendi, vero motore di variabilità dell’iter nel
processo sommario, si fonda infatti su una struttura di tipo
transattivo. Esso assume in sé le dinamiche riconoscibili nella figura
dell’amicabilis compositor 20 , che finisce per attribuire al giudice una
capacità di giudizio consistente in una equa ponderazione degli
interessi dedotti in causa, per effettuare una corretta aestimatio della
soluzione. Contemporaneamente, tutto ciò si propone e si legittima
come esercizio di una iurisdictio e non come esito di una giustizia
privata arbitrale. La titolarità di arbitrium procedendi consente al
giudice di gestire il processo in relazione alle esigenze specifiche del
caso e del suo contesto socio-politico. È un potere permanente che lo
assiste durante tutto il corso del procedimento. Anzi possiamo anche
dire che l’arbitrium procedendi viene attribuito proprio per consentire
al giudice di conseguire con più efficacia i fines che sono riposti nella
sua iurisdictio. Va ricordato infatti che l’arbitrium ha una
connotazione oggettiva, va usato sulla base di una conscientia publica
iurium che è cosa distinta, anche per i giuristi medievali, dalla
conscientia privata 21 .
35 Questa doppia valenza, che rende il giudizio del giudice con
iurisdictio e arbitrium procedendi contiguo e sistematicamente
compatibile con le pratiche di composizione «privata» dei conflitti
22 , pare ben esemplificata dal passo in cui Bartolo, con un colpo

d’ala interpretativo, ragionando sulla valenza transattiva rinvenibile


nel giudizio dell’arbitrator, finisce per dare piena legittimazione a
modalità di giudizio ad arbitrium consistenti in condanna o
assoluzione 23 .
36 La funzione sistematica della discrezionalità emerge anche da alcuni
specifici istituti. Si pensi alla pena straordinaria e al regime
probatorio. Essa può essere applicata dal giudice sulla base di indizi
indubitati; indizi convincenti che non possiedono però i requisiti
formali della prova tipica. Si tratta di offrire al giudice una
possibilità in più per svolgere il procedimento; evitare la tortura o
attenuare gli effetti assolutori nel caso di mancata confessione. Si
tratta di consentirgli di non vanificare prove indiziarie convincenti e
di gestire inoltre anche situazioni conflittuali, che configurano
piuttosto un elemento di pericolosità sociale, che un reato in senso
proprio 24 .
37 Altro esempio interessante è rinvenibile nella disciplina
dell’absolutio. Anche nel medioevo vale in materia il principio del ne
bis in idem 25 , e vale anche il principio che ogni processo deve
concludersi o con una condanna o con una assoluzione 26 . C’è però
un ulteriore principio che completa tali profili sistematici e
stabilisce che l’absolutio può essere condizionata e dunque non
produttiva di effetti definitivi se nel processo non è stato esperito
adeguatamente l’onus probandi 27 . Si tratta delle formule assolutorie
che assumono varie denominazioni come absolutio cum clausula, rebus
sic stantibus, o ab instantia, ab observatione iudicii, absolutio ad cautelam,
ecc.
38 Il carattere aperto dell’absolutio risponde ad un criterio di natura
sistematica; fa parte cioè anch’essa delle geometrie e degli equilibri
processuali. L’assoluzione condizionata costituisce insomma una
ulteriore potenziale via d’uscita dal procedimento e finisce per
configurare un nuovo grado intermedio di «punibilità» tra la
condanna a pena ordinaria e l’assoluzione piena 28 , che si aggiunge
a quello già esistente della pena arbitraria.
39 Il giudice, in sede di procedimento penale in senso stretto, aveva
dunque nella sua disponibilità un ventaglio di possibilità processuali
per svolgere il suo facere iustitiam e seguire sul piano effettivo le
necessità di ordine generale. Ciò non implica un indebolimento del
profilo pubblicistico della giustizia, piuttosto favorisce un
potenziamento dei poteri politici che l’amministrano 29 .

Momenti di chiusura del processo diversi da condanna e


assoluzione : La transactio e la pax

40 Osserviamo ora come operano nell’ordinamento medievale le


dinamiche di giustizia negoziata per la chiusura di conflitti
penalmente rilevanti. In particolare possiamo soffermarci su due
distinte figure che i giuristi individuano (seppure con margini
definitori non troppo netti) : la transactio e la pax.
41 L’estensione e il regime degli effetti della transactio in criminalibus
sono oggetto di un dibattito che contiene diversi orientamenti e
conosce fasi diverse. Faremo solo qualche riferimento per ricercare,
dietro alle varianti dottrinali, la cifra che esprime la valenza
sistematica riconosciuta alla sponda negoziale del processo.
42 La possibilità di transigere in criminalibus è fondata fin dalla glossa sul
principio cuilibet est licitum redimere sanguinem suum 30 . Per
elaborare il profilo transattivo della giustizia penale i giuristi
avevano a disposizione un immediato supporto nel Corpus iuris civilis;
la lex Transigere del titulus De transactionibus del Codex, consentiva
infatti ampie possibilità di costruzione teorico-sistematica,
ammettendo già essa espressamente il transigere de crimine capitali
31 . È la necessità di darne una interpretazione alla luce della

contemporaneità che determina l’apertura di spazi di discussione.


43 Pur nella diversità di argomenti e orientamenti, tuttavia l’approccio
appare essere il medesimo : è da identificarsi nel fatto che le
transazioni operari non possunt, quoad praeiudicium iuris publici 32 .
Esse rilevano nella misura in cui mostrino di coordinarsi con il
pubblico interesse sotteso nell’esercizio della giustizia penale.
44 Transactio e processo in senso stretto appaiono così distinte ma
coordinate modalità di soluzione della controversia. La transactio,
per quanto legittimata ad interagire con il processo, non lo pone in
una condizione permanente di incertezza. La loro coesistenza
possibile riguarda solo la res dubia 33 . Sia la negoziazione, sia il
giudizio possono risolvere la questione giuridica non ancora definita,
dando una soluzione che, mentre soddisfa il senso di giustizia, è
valida per l’ordinamento.
45 L’impiego delle modalità negoziali di composizione dei conflitti,
dunque, nella percezione dei nostri giuristi, non corrisponde ad una
sospensione del carattere «pubblicistico» della giustizia penale. La
transactio, che certo soddisfa anzitutto l’interesse delle parti, è
accolta perché e nella misura in cui, dà un suo contributo alla tutela
del publicum interesse. Dove ciò non accade, la transactio non ha
ragione di sostituirsi al processo penale. Non si prevede, insomma,
con la transactio una alternativa separata o concorrenziale; è solo
concorrente dove il suo intervento può risultare funzionale alla
valenza «pubblicistica» del sistema punitivo, perché ad esempio
garantisce effetti di deflazione e di attenuazione delle sanzioni
estreme e una maggiore efficacia nel mantenimento della pace
sociale.
46 Questo è l’orientamento che i giuristi seguono quando riconoscono
la legittimità di una negoziazione imposta dal giudice 34 .
47 È anche l’orientamento a partire dal quale si articolano i punti di
vista su questioni controverse, come quelle riguardanti la titolarità
dell’iniziativa di transactio 35 , o il regime degli effetti 36 .
48 Proprio riguardo alla diversità di indirizzi dottrinali in riferimento
agli effetti della transactio, sembra significativo per il nostro discorso
soffermarci brevemente su due opiniones. Alberico da Rosate ricorda
l’orientamento attribuito a Guido da Suzzara : sul presupposto che
transactio omnibus praeiudicet, si vieta al giudice di procedere
d’ufficio. C’è una sola eccezione : il caso in cui sia lo statuto a
stabilire che non obstante pace vel transactione, iudex deberet procedere.
C’è poi un orientamento opposto, che invece tende a riconoscere al
giudice potere d’iniziativa ex officio, anche ove sia intervenuta
transactio 37 . Ma anche in questo ambito troviamo giuristi che
accettano l’eccezione, ove lo statuto abbia una previsione contraria
38 .

49 Le due opiniones dunque, seppure contrapposte, riconoscono la


possibilità che sia lo Statuto – il documento base che cristallizza gli
equilibri interni della comunità – ad avere l’ultima parola sulla
determinazione del corretto assetto di rapporti tra giustizia
egemonica e giustizia negoziata. Ma ciò vuol dire che entrambe le
modalità di composizione dei conflitti sono impiegate o impiegabili
per veicolare le politiche penali a rilevanza pubblica nella gestione
della pax civitatis.
50 Meno significativo, ma meritevole di essere segnalato, è l’approccio
rinvenibile a proposito della definizione dell’ambito di applicazione
39 , questione sulla quale i commentatori restano fedeli alla linea
che dal Codex passa alla glossa, confermando la possibilità di
transigere solo sui reati che implicano poenae sanguinis 40 , ad
eccezione però del reato di adulterio 41 . Significativo in particolare
è il modo con cui i giuristi spiegano l’eccezione del reato di falso.
Tale crimine infatti viene considerato transigibile seppure non
implichi una poena sanguinis, poiché, spiegano i doctores, produce
conseguenze sanzionatorie molto gravi e dunque, sotto questo
aspetto, non differisce dai reati capitali 42 . Il dato non è privo di
rilievo perché mostra come i giuristi riconoscessero nella transactio
uno strumento di moderazione della sanzione penale; il che
arricchisce il panorama dei profili sistematici riconoscibili nello
schema processuale della transazione.
51 La transactio appare in effetti pensata come parte dell’economia del
sistema processuale, in relazione alle esigenze di gestione e
stabilizzazione della pace sociale, che sono speciali esigenze, in quel
mondo immerso in un peculiare tipo di complessità politica.
52 Consideriamo ora la categoria dottrinale della pax. Essa sembra
svolgere una funzione del tutto simile a quella rinvenuta nella
transactio. La pace si rende disponibile proprio in questi casi ove la
transigibilità viene esclusa 43 . Pax e transactio sono distinte dai
giuristi soprattutto sotto il profilo degli effetti. La prima determina
una riduzione degli effetti sanzionatori dovuti al fatto che il rancor
quod est in animo iniuriati reiicitur, la seconda invece impedisce la
prosecuzione del procedimento. Per questo la pax, contrariamente
alla transazione in omni maleficio est licita 44 .
53 I due dispositivi di cui stiamo parlando esprimono due livelli diversi
di «contaminazione negoziale» dell’iter, ma, proprio per questo,
appartengono allo stesso panorama di strumenti «alternativi». Essi
svolgono la medesima funzione con effetti e rispetto a fasi diverse
del processo; i giuristi li avvertono come temi tangentes 45 e per
questo assoggettano pax e transactio ad alcune regole comuni.
54 Ad esempio anche la pax, come la transactio, può essere imposta ex
officio. In particolare ciò appare possibile quando verisimile esset ex
hoc tumultum in civitate oriri posse 46 . Il potestas può usare anche
mezzi di persuasione coattiva, come ad esempio minacciare i
guerrantes sibi ad invicem ponere ad confines si nolunt facere pacem.
Oppure può accipere fideiussores a qualibet parte, et postea eis
praeceptum facere quod unus alterum non offendat sub certa poena 47 .
Qui ci spostiamo sul terreno della cautio de non offendendo 48 .
55 La ratio che le autorizza è sempre il fine pubblico della pace sociale.
Anche nel caso della pax il momento compositivo si colloca
pienamente nel quadro teleologico del facere iustitiam
pubblicisticamente considerato. Esso ha la stessa portata cogente
della sentenza vera e propria, anche se consiste in un patto.
56 In sostanza tutta la riflessione sulle alternative alla condanna e
all’assoluzione strettamente intese mette in evidenza lo sforzo
creativo del giurista, al fine di predisporre una piattaforma
sistematica flessibile, capace di registrarsi con il concreto interesse
della comunità.
57 È questa una via con cui assegnare un rilievo giuridico agli equilibri
tra gruppi di famiglie nella cura del publicum interesse ne crimina
remaneant impunita; un rilievo giuridico corrispondente al pondus
politico di quegli entourages. Del resto è già stato dimostrato da
Sbriccoli che il processo di emersione di un ordine penale pubblico
«ha solo limitatamente a che fare» con l’avvento dell’inquisitorio 49
, e che la concordia tra famiglie egemoni costituisce un valore
primario a cui corrisponde il bene politico dell’ordine pubblico 50 .
In questo rileva molto la pace tra le famiglie; anche in base ad essa
prende forma la giustizia praticata. Si tratta di un tratto peculiare
dell’età medievale che è l’esito giuridico di una vicenda altrettanto
peculiare e consistente nel «riconfigurarsi sul piano istituzionale
delle politiche attuate da nuove famiglie e da nuovi gruppi sociali in
via di affermazione» 51 . La concreta dinamica sistematica che si
determina dipende dall’effettivo prevalere degli interessi
contemporaneamente presenti nella comunità.

Lo spazio per lo sviluppo di politiche penali


58 Un dato che mi sembra importante porre in evidenza, in una
prospettiva di analisi che cerchi di riflettere su politiche giudiziarie
e risoluzione dei conflitti, è che la costruzione di un processo penale
con siffatte caratteristiche non è di tipo verticale. Non possiamo
certo dire che dalla scientia viene proiettato nella vita pratica un
modello di soluzione dei conflitti. Piuttosto assistiamo ad un circuito
di creazione orizzontale e a doppio senso : la dottrina infatti orienta
la sua riflessione in quella direzione perché si lascia guidare dalla
fattualità e per la fattualità lavora 52 .
59 Cerchiamo ora però di capire in che misura tale sistema processuale
si presti allo svolgimento di politiche penali e instauri un
collegamento tra amministrazione della giustizia e strategia politica.
60 La sua flessibilità lo rende disponibile ad una giustizia effettiva e
dunque idoneo al perseguimento di politiche penali, seppure in un
senso che non corrisponde a quello odierno, in particolare per il fat-
to che esse scaturiscono da un complesso di poteri concorrenti e
reciprocamente autonomi. Dobbiamo inoltre ricordare che la
legittimazione giuridico-politica di alcuni istituti strategici, come ad
esempio l’arbitrium procedendi, oltre che a quello scientifico
dottrinale, fa riferimento ad un livello dipendente dai rapporti di
strumentalità con i poteri politici.
61 Il livello della prassi locale è certamente indispensabile per capire
quale giustizia una comunità abbia conosciuto, quali siano state le
sue pratiche giudiziarie di composizione dei conflitti. Il livello
sapienziale – che è quello che in queste pagine ci siamo limitati a
considerare –, tuttavia ci consente di capire quale sistematica
regolasse il processo di «effettivizzazione» della procedura nel fatto
processuale specifico.
62 I caratteri del processo penale non possono spiegarci il contenu-to
ma indicarci le modalità con cui le politiche penali venivano
veicolate. In particolare esse sembrano scaturire nel quadro di una
concorrenza dei diversi poteri per lo sviluppo di strumenti giuridici
sempre più efficaci per la lotta politica. Le strategie concorrenti
convergevano nel processo come luogo per la creazione di circuiti
rappresentativi di un potere il quale, amministrando la giustizia,
legittimava la propria posizione di dominio.
63 Gli strumenti processuali pertanto consentivano una politica penale
differenziabile nella sua intensità, capace di favorire lo stabilirsi di
un rapporto stretto tra duttilità dello strumento repressivo e
rafforzamento del potere politico di chi fosse il titolare della sua
gestione, nel particolare contesto di pluralismo dei poteri. Possiamo
in un certo senso dire che attraverso questo tipo di processo, in età
medievale, la lotta per il potere quotidianamente entra nel «discorso
giuridico» e compone il diritto vivente.
64 È in fondo la stessa centralità del processo nella questione penale a
costituire il carattere principale delle politiche penali di diritto
comune.

Considerazioni conclusive
65 I nostri giuristi usano gli approdi giuridici della contingenza, nella
turbolenta vita medievale, riuscendo a scorgervi la possibile e
adeguata valenza sistematica che nascondono. I doctores del Trecento
in particolare, sui quali ci siamo maggiormente basati per la nostra
indagine, compiono tale opera di sistemazione con particolare
efficacia rispetto ai loro predecessori perché il quadro è ormai in via
di progressivo consolidamento 53 . La natura del rapporto tra
elaborazione teorica e realtà della questione giuridica (che
potremmo anche definire dimensione teorica dell’esperienza pratica
del diritto) è tuttavia sempre la medesima.
66 Anche tali giuristi svolgono il loro lavoro di scienziati tenendo
presenti i rapporti di potere veicolati o veicolabili tramite la
struttura di un processo penale con le caratteristiche sopra descritte;
non si tratta di un potere politico unitario che si confronta con la
società, piuttosto si tratta di un intreccio complesso che si intesse tra
giurista interprete, giudice del processo, vertice politico-
istituzionale, parti della società coinvolte dalla vicenda processuale.
67 Tutto ciò serve a giustificare le trasformazioni degli equilibri
istituzionali determinatesi o a supportare quelle o in via di
emersione in quell’ultimo scorcio di esperienza giuridica medievale
54 . La giustizia di fronte a tali trasformazioni può facilmente

trasferirsi alla nuova giurisdizione dominante gestita dal nuovo


corpo sociale egemone, può inoltre adattarsi alle aggiornate esigenze
di politica criminale, riaprendo circuiti di soluzione dei conflitti
potenzialmente disponibili.
68 I giuristi preoccupati per il sistema 55 elaborano un ordine
giuridico un sistema capace di relazionarsi con tale complessità del
dato socio-politico. Il processo costituisce il risultato di una
combinazione tra problema politico e problema tecnico-giuridico.
69 La capitalizzazione a livello strutturale dei risultati della
combinazione soprascritta è garantita dalla dottrina che conferisce
alla soluzione giuridica il senso giuridico e con esso un valore utile e
permanente.
70 I giuristi che compiono tale operazione appartengono alla
movimentata vicenda (micro)storica; si collocano nella quotidianità
essendo profondamente sincronizzati con il tempo dell’esperienza,
nei suoi livelli stabili. Sono, cioè, parte della contingenza del
giuridico, restando nella posizione di chi percepisce il punto di
tenuta dietro alle (e a sostegno delle) trasformazioni.
71 Per certi versi la storia del processo penale, vista dal suo versante
dottrinale, può essere anche considerata la storia di uno dei modi
con i quali un sistema giuridico si sia legato ai regimi politici, ne
abbia accompagnato la nascita, sostenuto gli equilibri, senza essere
tuttavia travolto dalla loro fine.

NOTE
1. Si vedano M. Sbriccoli, Giustizia negoziata, giustizia egemonica. Riflessioni su una nuova fase di
studi della storia della giustizia criminale , in M. Bellabarba, G. Schwerhoff e A. Zorzi (a cura di),
Criminalità e giustizia in Germania e in Italia. Pratiche giudiziarie e linguaggi giuridici tra tardo
Medioevo ed età moderna , Bologna, 2001, p. 346-350; M. Sbriccoli, «Vidi communiter observari».
L’emersione di un ordine penale pubblico nelle città italiane del secolo xiii , in Quaderni fiorentini ,
27, 1998, p. 233; A. Zorzi, Conflits et pratiques infrajudiciaires dans les formations politiques
italiennes du xiii e au xv e siècle , in B. Garnot (a cura di), L’infrajudiciaire du Moyen Âge à l’époque
contemporaine , Digione, 1996, p. 20 e 36; X . Rousseaux, Entre accommodement local et contrôle
étatique : pratiques judi ciaires et non-judiciaires dans le règlement des conflits en Europe
médiévale et mo derne , ibid. , p. 91; M. Vallerani, Pace e processo nel sistema giudiziario del
comune di Perugia , in Quaderni storici , 101, 1999, p. 314-318; C. E. Tavilla, Paci, feudalità e
pubblici poteri nell’esperienza del Ducato estense (sec. xv - xviii ) , in M. Cavina (a cura di), Duelli,
faide e rappacificazioni. Elaborazioni concettuali ed esperienze storiche , Milano, 2001, p. 285-287.
2. Sul piano idealtipico, X . Rousseaux, De la négociation au procès pénal : la gestion de la violence
dans la société médiévale et moderne (500-1800) , in P. Gérard, F. Ost e M. van de Kerchove (a
cura di), Droit négocié, droit imposé? , Bruxelles, 1996, p. 277-278, individua la négociation come
processo sociale di decisione in cui «deux ou plusieurs parties ou leur représentants se font
face autour d’une table ou dans un espace ouvert», elaborando congiuntamente la
soluzione. L’ adjudication invece è un processo sociale di decisione in cui «deux ou plusieurs
parties séparées les unes des autres font face à un adjudicateur qui siège en face d’eux et
souvent au-dessus d’eux»; il giudice fonda la decisione «sur la comparaison des arguments
des parties, en référence à des principes formels ou ‘conceptuels’», imponendola alle parti. I
due modelli di soluzione del conflitto, continua Rousseaux, solo raramente si svolgono nella
realtà allo stato puro; «le plus souvent on retrouve dans la pratique un mélange des deux».
Utilizziamo le categorie di «giustizia egemonica» e «giustizia negoziata» nel senso precisato
recentemente da M. Sbriccoli, Giustizia negoziata, giustizia egemonica ... cit. n. 1, p. 356-364. La
giustizia negoziata «segnata da uno spiccato carattere comunitario, fondata
sull’appartenenza» comprende «varie figure di giustizia conseguita con la mera trattativa
tra gli interessati a esclusione di qualsiasi formalità, quelle che implicano una mediazione
sociale e anche quelle che si giovano della struttura giudiziaria pubblica» che può farsene
promotrice, fiduciaria e garante (p. 356). La giustizia egemonica è invece «segnata da uno
spiccato carattere di apparato, fondata sulla sudditanza» e «si incardina su quattro
presupposti tecnici : la legge, l’azione, la prova, la pena» (p. 360). I due livelli di giustizia
convivono in età medievale secondo una tendenza di progressiva emersione della giustizia
egemonica; tuttavia, prosegue Sbriccoli, «tra i due livelli sembra realizzarsi una vera e
propria osmosi degli stili di condotta, nel senso che se la giustizia negoziata soffre
l’egemonia della giustizia di apparato e ad essa insensibilmente si conforma, quest’ultima
finisce per adottare più d’uno dei caratteri della prima» (p. 363-364).
3. P. Grossi, L’ordine giuridico medievale , Bari-Roma, 1993, p. 75-79 e 195-201.
4. Sul punto si veda M. Meccarelli, Arbitrium. Un aspetto sistematico degli ordinamenti giuridici
in età di diritto comune , Milano, 1998, p. 288-298, 367-376, e alla bibliografia ivi citata.
5. Tipico è l’esempio della inquisitio rispetto alla accusatio e alla denuntiatio . La categoria
inquisitio , fondamentale per la giustizia dell’età tardo medievale e per il diritto comune in
genere, è di origine extraordinaria. Cfr. da ultimi M. Sbriccoli, «Vidi communiter observari» ...
cit. n. 1, p. 233 e 246-247; L. Garlati Giugni, Inseguendo la verità. Processo penale e giustizia nel
ristretto della pratica criminale dello Stato di Milano , Milano, 1999, p. 82; M. Vallerani, Il potere
inquisitorio del podestà. Limiti e definizione nella prassi bolognese di fine Duecento , in G. Barone, L.
Capo e S. Gasparri (a cura di), Studi sul Medioevo per Girolamo Arnaldi , Roma, 2001, p. 379s.; M.
P. Alonso Romero, El solemne orden de los judicios. La lenitud como problema en la historia del
proceso en Castilla , in Anuario de la Facultad de derecho de la Universidad autónoma de Madrid , 5,
2001, p. 26; C. Latini, Il privilegio dell’immunità. Diritto d’asilo e giurisdizione nell’ordine giuridico
dell’età moderna , Milano, 2002, p. 175; I. Birocchi, Alla ricerca dell’ordine. Fonti e cultura
giuridica nell’età moderna , Torino, 2002, p. 253-269.
6. La capacità di modificazione dell’iter così congegnata può determinare la negazione
stessa del processo. La dottrina però sembra voler assicurare una sua reale utilità alle
esigenze di riformabilità del sistema nel suo complesso sottolineandone il necessario
orientamento alla iustitia e alla veritas . Lo si nota bene nei doctores che commentano la
Clementina Saepe , le cui scarne indicazioni riguardo al vincolo delle probationes necessariae
et defensiones legitimae vengono interpretate come esempio di un orientamento finalistico
del processo sommario consistente nel raggiungimento della iustitia . Si vedano ad esempio
lo pseudo-Vitalini, Commentarii in Clementinas Constitutiones , Venezia, 1574, c. Saepe , tit. De
verborum significatione , n. 24; Giovanni d’Andrea nella sua Glossa alle Constitutiones Clementis
quinti , Venezia, 1572, c. Saepe , tit. De verborum significatione , glo. Defensiones legitimae , come
anche nel suo In secundum Decretalium librum novella commentaria , Venezia, 1581, c. Novit , tit.
De iudiciis , n. 45; Francesco Zabarella, In Clementinarum volumen commentaria , Venezia, 1579,
c. Saepe , tit. De verborum significatione , § Non sic tamen , n. 5, in princ.; Nicolo’ de Tedeschi,
Commentaria in Clementinas epistolas , Venezia, 1587, c. Saepe , tit. De verborum significatione , n.
39. L’ arbitrium determinato dall’uso di una clausula , lungi dal mettere in discussione la
iustitia , si propone come strumento appositamente riconvertito per garantire in maniera
più efficace proprio il compito del facere iustitiam . Connotata in questo modo la clausola
promuove e coadiuva l’attività del giudice nella sua funzione giudicante, proprio perché
determina un processo più veloce e perché non permette di depistare l’azione processuale
con un uso improprio e strumentale delle subtilitates previste nel processo ordinario. È il
ragionamento di Giovanni d’Andrea, Constitutiones Clementis quinti , cit., c. Saepe , tit. De
verborum significatione , glo. Defensiones legitimae , e glo. Exceptiones , in relazione allo strepitus
advocatorum . Accanto al compimento della iustitia si prevede il conseguimento della veritas .
Il mandato deducibile da una clausula è infatti quello di procedere, spiega Bartolo da
Sassoferrato, In secundam Digesti veteris partem commentaria , Venezia, 1580, l. Si fideiussor , §
Quaedam , tit. Mandati vel contra , n. 2, non inspectis apicibus iuris qui veritatem negotii non
tangunt . Concordano Baldo degli Ubaldi, In quartum et quintum codicis libros commenta-ria ,
Venezia, 1577, l. Si pro ea , tit. Mandati vel contra , n. 22. Il riferimento agli apicibus iuris si
trova già in Enrico da Susa, In secundum Decretalium librum commentaria , Venezia, 1581, c.
Dilecti , tit. De iudiciis , n. 1, v. Subtiliter , sulla base del principio enunciato anche nella l.
Fideiussor , tit. Mandati , § Quaedam del Digestum Vetus (la stessa che poi avrebbe commentato
Bartolo).
7. Cfr. A. Schütz, L’immaculée conception de l’interprète et l’émergence du système juridique : à
propos de «fiction» et «construction» en droit , in Droits : revue française de théorie juridique , 21,
1995, p. 113-123 e in particolare p. 120.
8. Da qui si produce quel meccanismo per il quale la validità e la permanenza delle norme in
diritto comune sussistono nella misura in cui sia possibile prevedere una loro sospensione,
ove risultino inadeguate. A. Schütz, L’immaculée conception de l’interprète , cit. n. 7, p. 123,
nella sua interessante riflessione, chiarisce anche il diverso metodo di risoluzione dei
problemi di autoreferenzialità che caratterizza i sistemi di diritto comune rispetto a quelli
attuali. I primi si affidano ai meccanismi della «politique fictive de l’autodéfense du droit», i
secondi alla «politique constructive de la réponse à la transgression».
9. Si veda da ultimo il convincente contributo di A. Zorzi, Negoziazione penale, legittimazione
giuridica e poteri urbani nell’Italia comunale , in M. Bellabarba, G. Schwerhoff e A. Zorzi (a cura
di), Criminalità e giustizia in Germania e in Italia ... cit. n. 1, p. 13-34, in particolare p. 24-26.
10. Lo osserva anche L. Fowler Magerl, Ordines iudiciarii and libelli de ordine iudiciorum ,
Turnhout, 1994, p. 20.
11. Alberico da Rosate, In primam Digesti infortiati partem commentarii , Venezia, 1585,
(ristampa anastatica Bologna, 1978), l. Hoc edicto , tit. Si mulier ventris nomine in possessionem
missa , § Necessario , n. 4, partendo come al solito dalla regola fondamentale, spiega : In
criminalibus et in civilibus regulariter servandus est ordo iudiciarius... Item videtur contra quod
dicitur aliquando extraordinario iure subveniri... Sed dic quod illi sunt casus speciales et fiunt etiam
cum aliquali causae cognitione, licet summaria . Seppure speciali e straordinari non sono casi
infrequenti; lo ricorda lo stesso Alberico, In secundam Codicis partem commenta-ria , Venezia,
1585, (ristampa anastatica Bologna, 1979), l. Non videtur , § Prolatum , tit. De sententiis et
interlocutionibus omnium iudicum , n.2: Multi tamen sunt casus in quibus ordo ex toto non servatur,
ut in summariis ... item in notoriis et extraordinariis .
12. Si veda a questo proposito Bartolo da Sassoferrato, In secundam Codicis partem
commentaria , Venezia, 1580, l. Prolatam , tit. De sententiis et interlocutionibus , n. 1-4, dove
ricorda il principio da cui prendere le mosse : Sententia lata contra ordinem iudiciorum est
nulla : Si ritiene infranto l’ ordo substantialis; secus in ordine qui non est de substantia . Lo stesso
ribadisce il concetto in In primam Digesti infortiati partem commentaria , Venezia, 1581, l. Si
quaeramus , tit. De testa-mentis et qui testamenta facere possunt quemadmodum testamenta facere ,
il cui oggetto è stabilire quando l’ ordo missus vitiet iudicium : il criterio è che non vitiat nel
caso in cui non est de substantialibus . Cfr. M. Meccarelli, Arbitrium... cit. n. 4, p. 122-123; M. P.
Alonso Romero, El solemne orden de los judicios... cit. n. 4, p. 37-38; K. W. Nörr, Prozeßzweck und
Prozeßtypus : der kirchliche Prozeß des Mittelalters im Spannungsfeld zwischen objektiver Ordnung
und subjektiven Interessen , in Zeitschrift der Savigny Stiftung für Rechtsgeschichte, kanonistische
Abteilung , 78, 1992, p. 192-203.
13. Ancora Bartolo da Sassoferrato, In secundam Codicis partem commenta-ria... cit. n. 12, l.
Prolatam , tit. De sententiis et interlocutionibus , n.5: dicitur de substantia illius rei quo cessante res
esse non potest . Così ad esempio si removemus examinationem testium vel publicationem,
sententia est et esse potest ; infatti, prosegue, non è necessario provare per testimoni, si può
provare anche con altri mezzi. Per quanto offra una elencazione, non si tratta di una
individuazione tassativa di segmenti di iter substantiales ; anche ciò è significativo.
14. È questa una giustizia strutturata per una società, come era quella medievale, in cui il
conflitto appare, per usare le parole di A. Zorzi, Conflits et pratiques infrajudiciaires... cit. n. 1,
p. 21, come «un mode de relation ordinaire, comme un processus social ouvert». Come ha
osservato M. Vallerani, Conflitti e modelli procedurali nel sistema giudiziario comunale. I registri di
processi di Perugia nella seconda metà del xiii secolo , in Società e storia , 48, 1990, p. 271, nella
società comunale il reato «non è solo l’infrazione dell’ordinamento normativo vigente, ma
una forma di manifestazione delle dispute... Tale conflittualità non trova mai uno sbocco
predeterminato verso un unico tipo di risoluzione, ma si definisce in modi diversi, ora in
opposizione reciproca, ora in convivenza tollerata e per quanto possibile disciplinata».
15. Questo è un dato che persiste anche nel sistema penale dell’età moderna. Cfr. M.
Meccarelli, Tortura e processo nei sistemi giuridici dei Territori della Chie-sa. Il punto di vista
dottrinale (secolo xvi ) , in B. Durand (a cura di), La torture judiciaire. Approches historiques et
juridiques , Lille, 2002, II, p. 706-707; M. Sbriccoli, Giustizia criminale , in M. Fioravanti (a cura
di), Lo Stato moderno in Europa , Roma-Bari, 2002, p. 177-178.
16. Si pensi ad esempio come la combinazione processuale di pena straordinaria e tortura
consentiva di dare spazio alla ponderazione delle circostanze e al profilo psicologico del
reato; cfr. M. Meccarelli, Arbitrium ... cit. 4, p. 225-237 e bibliografia ivi citata.
17. Per questo ad esempio nel caso, descritto da Bartolo da Sassoferrato, Tractatus de
iurisdictione , n. 12, in Consilia, quaestiones et tractatus Bartoli a Saxoferrato , Venezia, 1581, in
cui più giudici habent iurisdictionem in causis, ut puta potestas et capitaneus quorum uterque
habent iurisdictionem in maleficiis (è questo, ricorda Bartolo, il caso di Perugia) praeferendus est
qui in citatione praevenit . Dove non si possa definire chi ha per primo citato, la soluzione è
che inter se debent convenire quis eorum procedat et alter desistat . Anche qui c’è la percezione di
una convivenza di giurisdizioni, non di una loro divisione o comunque di una articolazione
funzionale reciproca. Altro esempio che viene risolto con lo stesso criterio della praeventio
riguarda l’ipotesi in cui il delitto è commesso in confinio duarum civitatum et dubitatur in cuius
territorio est commissum. Nam ratione dubii uterque civitatis rector procedere potest (n. 14). Qui
addirittura non abbiamo officiales interni che concorrono ad esercitare la propria iurisdictio
sullo stesso reato; gli officiales coinvolti sono quelli di due diverse comunità. Cfr. P.
Marchetti, De iure finium. Diritto e confini tra tardo medioevo ed età moderna , Milano, 2001, p.
213-218, e dello stesso, I limiti della giurisdizione penale. Crimini, competenza e territorio nel
pensiero giuridico tardo medievale , in M. Bellabarba, G. Schwerhoff e A. Zorzi (a cura di),
Criminalità e giustizia in Germania e in Italia... cit. n. 1, p. 85-99, in particolare p. 97-98. La
concorrenza tra iurisdictiones poteva essere risolta, grazie a norme statutarie, anche
attraverso la individuazione delle incapacità di inquirere che imponevano la dislocazione del
procedimento ex officio in accusatio . Ne parla M. Vallerani, Il potere inquisitorio del podestà...
cit. n. 5, p. 411-415.
18. Cfr. P. Grossi, L’ordine giuridico medievale... cit. n. 3, passim , in particolare p. 29-35, 130-
135, 223-235; G. Chittolini, Il «privato», il «pubblico», lo Stato , in G. Chittolini, A. Mohlo e P.
Schiera (a cura di), Origini dello Stato. Processi di formazione statale in Italia fra medioevo ed età
moderna , Bologna, 1994, p. 553-589; P. Costa, Civitas : storia della cittadinanza in Europa, 1. Dalla
civiltà comunale al Settecento , Bari-Roma, 1999, p. 9-19; L. Mannori e B. Sordi, Storia del diritto
amministrativo , Bari-Roma, 2001, p. 17-20.
19. La categoria della iurisdictio delegata infatti nella dottrina di ius commune è impiegata
proprio per regolare i regimi di titolarità dei poteri arbitrari nell’ordinamento giuridico.
Cfr. M. Meccarelli, Arbitrium... cit. n. 4, p. 302-306, 134-146.
20. Cfr. Ibidem , p. 54-61. Relativamente all’emersione e alle valenze sistematiche della
tipologia del processo sommario rispetto al consolidamento della inquisitio si vedano nello
stesso volume le p. 254-306, e da ultima M. P. Alonso Romero, El solemne orden de los judicios...
cit. n. 4, p. 40-43.
21. Cfr. Giason del Maino, In secundam Codicis partem commentaria , Venezia, 1590, l. Certum ,
tit. Unde legitimi , n. 13, ma anche Enrico da Susa, In primum Decretalium librum commentaria ,
Venezia, 1581, c. Canonum statuta , tit. De constitutionibus , n. 12.
22. Come ha ricordato M. Sbriccoli, «Vidi communiter observari»... cit. n. 1, p. 245-246, è lo
stesso scenario politico del tardo medioevo a favorire la commistione tra una procedura
penale ex officio e una persistenza del «sistema della transazione».
23. Quell’ arbitrium procedendi è transactio in genere , spiega Bartolo da Sassoferrato, In
secundam Digesti veteris partem... cit. n. 6, l. Societatem , § Arbitrium , tit. Pro socio , n. 7-8,
transactio intesa come genus a contractus contines sub se omnem modum per quem a lite receditur
(...) non intelligas de transactione in specie, in qua requiritur quod aliquid detur vel retineatur, et sic
poterit in totum absolvere vel in totum condemnare . Cfr. M. Meccarelli, Arbitrium... cit. n. 4, p. 59.
24. Riguardo al carattere proattivo degli apparati di giustizia, sollecitati alla protezione
anche preventiva della pax civitatis , oltre che alla punizione della violazione dell’ordine
pubblico interno, si veda M. Sbriccoli, «Vidi communiter observari»... cit. n. 1, p. 245. Riguardo
alle valenze sistematiche della pena ad arbitrium si veda M. Meccarelli, Arbitrium... cit. n. 4, p.
240-254.
25. Bartolo da Sassoferrato, In secundam Digesti novi partem commentaria , Venezia, 1585, l. Si
cui , § Iisdem , tit. De accusationibus , n. 1 : Absolutus non potest de eodem crimine accusari ad
eodem vel ab alio, nisi fuerit ingnorans et suam iniuriam persequatur . Vale, specifica Bartolo, non
solo per l’ accusatio ma anche per l’ inquisitio [n. 4]. Lo ribadisce ibidem , nella l. Divus
Adrianus , tit. De custodia et exhibitione reorum , n. 11 : Finaliter credo idem iuris esse sive quis
absolvitur super denunciatione, sive super accusatione, sive super inquisitione .
26. Cfr. Bartolo da Sassoferrato, In secundam Digesti novi partem... cit. n. 25, l. Denunciasse , §
Quid tamen , tit. Ad legem Iuliam de adulterii et stupro , n. 6-7 e dello stesso Tractatus de ordine
iudicii , n. 22, in Consilia, quaestiones, tractatus... cit. n. 17.
27.Giason del Maino, In primam Codicis partem commentaria, Venezia, 1590, l. Properandum, §
Et si quidem, tit. De iudiciis, n. 19. Le cause potevano essere diverse e non necessariamente
legate (come più esplicitamente accadrà in età moderna) alla parziale evidenza probatoria
che le prove assunte avevano saputo produrre. Tra esse c’è l’ineptitudo libelli, l’absentia
accusatoris, di cui Giasone parla ibidem, n. 16, e anche In secundam Digesti veteris partem
commentaria, Venezia, 1590, l. Iusiurandum, § Cum res, tit. De iureiurando n. 2; ne parla anche
Bartolo da Sassoferrato, In secundam Digesti novi partem... cit. n. 25, l. Titia, tit. De
accusationibus et inscriptionibus, n. 4. Ragioni di absolutio ab observatione iudicii possono essere
poi rappresentate dalle exceptiones peremptoriae; lo spiega ancora Bartolo da Sassoferrato, In
secundam Digesti veteris partem... cit. n. 6, l. Iusiurandum § Cum res, tit. De iureiurando, n. 2 :
Quandoque supervenit reo aliqua exceptio peremptoria pendente iudicio, qua tamen actionem ipso
iure non perimit, et tunc si quidem est de exceptionibus impedimentibus processus, ut iusiurandi,
transactionis, et rei iudicatae, si opponatur ad processum, absolvetur ab observatione iudicii. Cfr. M.
Schmoeckel, Humanität und Staatsraison. Die Abschaffung der Folter in Europa und die
Entwicklung des gemeinen Strafprozess- und Beweisrechts seit dem höhen Mittelalter, Colonia, 2000,
p. 360-384, e Id., L’absolutio ab instantia. Son développement en Europe et ses implications
constitutionnelles, in Revue d’histoire des Facultés de droit et de la science juridique, 19, 1998, p.
173-187.
28. Cfr. M. Schmoeckel, L’ absolutio ab instantia... cit. n. 27, p. 173-174, e Id., Humanität und
Staatsraison ... cit. n. 25, p. 360-366 e p. 370-373, dove anche si illustrano le linee del dibattito
dottrinale nei secoli xiii - xiv . Nell’economia del processo, tale tipologia di absolutio
consentiva di evitare la fase della tortura conservando gli indizi a carico; qualora poi la
tortura fosse stata esperita senza l’ottenimento di una confessione l’ absolutio ab instantia
rappresentava una via d’uscita per impedire che la mancata confessione producesse l’effetto
di purgare gli indizi e impedendo in futuro riaperture del procedimento. In età moderna il
percorso si chiarisce in maniera esplicita : l’ absolutio va regolata sulla qualità delle prove
esistenti; si legga ad esempio G. D. Raynaldi, Observationum criminalium civilium et mixtarum ,
Venezia, 1699, t. III, capitulum XXXII, suppletio VII , n. 232, il quale afferma : absolutio
regulanda venit ex processu juxta scilicet qualitatem probationum in processu existentium, et sic non
potest impartiri semper eodem modo. Sono forme assolutorie nelle quali però macula et
deminutio existimationi remanet , spiega Raynaldi, ibidem , capitulum XXXII, suppletio VII , n.
240-241. Cfr. M. Schmoeckel, Humanität und Staatsraison... cit. n. 27, p. 374-375 e M.
Meccarelli, Tortura e processo... cit. n. 15, p. 699-702.
29. Alle medesime conclusioni è giunto M. Schmoeckel, L’ absolutio ab instantia... cit. n. 27,
p. 175.
30. Glossa Prohibitum alla l. Transigere , tit. De transactionibus del Codex (edizione Venezia,
1592), post princ . Il principio è ribadito fra gli altri in Alberto da Gandino, Tractatus de
maleficiis , Venezia, 1555, tit. Transactio in criminalibus , n. 1, e nelle aperture dei commenti
alla l. Transigere , come ad esempio nei casi di Cino da Pistoia, In Codicem et aliquot titulos
primi Pandectorum tomi, id est Digesti veteris, doctissima commentaria , Francoforte, 1578
(ristampa anastatica Torino, 1964); Bartolo da Sassoferrato, In primam Codicis partem
commentaria , Venezia, 1581; Alberico da Rosate, In primam Codicis partem commentarii ,
Venezia, 1586 (ristampa anastatica Bologna, 1979).
31. Riportiamo di seguito il testo della lex Transigere , tit. De transactionibus , contenuto nel
Codex : Transigere vel pacisci de crimine capitali, excepto adulterio, prohibitum non est; in aliis
autem publicis criminibus, quae sanguinis poenam non ingerunt transigere non licet citra falsi
accusationem . Cfr. M. Sbriccoli, «Vidi communiter observari»... cit. n. 1, p. 235, A. Padoa
Schioppa, Delitto e pace priva-ta nel pensiero dei legisti bolognesi. Brevi note , in Studia gratiana ,
XX , 1976, p. 277; per riferimenti al dibattito dottrinale nei secoli xii - xiii si veda la
ricostruzione fattane da quest’ultimo nelle p. 278-282.
32. Alberico da Rosate, In primam Codicis partem... cit. n. 30, l. Transigere , tit. De
transactionibus , n. 6. Dello stesso segno è il ragionamento con cui si spiega l’esclusione
dell’applicabilità delle transazioni ai crimina publica che non implicano poena sanguinis ,
come nel caso di Cino da Pistoia, In Codicem et aliquot titulos... cit. n. 30, l. Transigere , tit. De
transactionibus , n. 8, proprio con la ragione che non si vanifichi il publicus zelus puniendi
delicta propter publicum interesse . Lo dirà anche Bartolo da Sassoferrato, In primam Codicis
partem... cit. n. 30, l. Transigere , tit. De transactionibus , n. 3.
33. Ad esempio viene ribadito il principio, come ricorda Bartolo da Sassoferrato, ibid. , l. Si
causa cognita , tit. De transactionibus , n. 1, che transactio sit de re dubia , e super eo quod est
iudicatum non potest transigi . Sulle sentenze definitive non si può transigere nisi ex aliqua
causa revocaretur in dubium . L’opinione sostenuta da Bartolo anche In secundam Digesti veteris
partem... cit. n. 6, l. Eleganter , tit. De iureiurando , n. 1.
34. Si veda Alberico da Rosate, In primam Codicis partem... cit. n. 30, l. Transigere , tit. De
transactionibus , n. 13. In particolare si chiede se nunquid potestas cogere possit aliquos ad pacem
seu transactionem super crimine faciendam e risponde affermativamente. Cfr. infra , nota 46.
C’è anche l’esempio della composizione resa dalle parti davanti ad un sacerdote che viene
sulla base della stessa ratio considerata o non considerata valida; la risposta di Alberico (n.
14), riguardo alla questione se la pace facta in manibus sacerdotis recipientis nomine offensoris
valeat , si concentra sulla possibilità o meno di riconoscere nel sacerdote la qualità di publica
persona . Per un inquadramento delle valenze della compositio compiuta tramite l’ intercessio
della Chiesa (in una prospettiva di età moderna) si veda C. Latini, Il privilegio dell’immunità...
cit. n. 5, p. 386-425.
35. La Glossa Prohibitum a l. Transigere , C., tit. De transactionibus , lasciava alla riflessione
tardomedievale una indicazione restrittiva, circoscrivendo la facoltà di chiedere una
transactio solo all’ accusatus ; accusanti est prohibitum unde si pacisceretur, vel transigeret,
incideret in Turpillianum . La linea della glossa è tenuta anche da Alberto da Gandino,
Tractatus de maleficiis... cit. n. 30, tit. Transactio in criminalibus , n. 2. Da questa impostazione
tuttavia i commentatori sembrano prendere le distanze finendo per autorizzare la
transazione anche su iniziativa dell’accusatore, a condizione che si profilasse ante
inscriptionem ; cfr. Bartolo da Sassoferrato, In primam Codicis partem... cit. n. 30, l. Transigere ,
tit. De transactionibus , n. 6; Cino da Pistoia, In Codicem et aliquot titulos... cit. n. 30, l. Transigere
, tit. De transactionibus , n. 2-3; Alberico da Rosate, In primam Codicis partem... cit. n. 30, l.
Transigere , tit. De transactionibus , n. 2, il quale ricorda orienta-menti in tal senso anche di
Durante e Pierre da Belleperche.
36. Ad esempio Bartolo da Sassoferrato, In primam Codicis partem... cit. n. 30, l. Transigere , tit.
De transactionibus , n. 7, sembra incline a riconoscere all’avvenuta transazione effetti ad
impediendum processum ; ciò però solo quando la transazione si perfeziona prima
dell’apertura del procedimento, altrimenti l’avvenuta composizione tra le parti non
impedisce al giudice di procedere d’ufficio. Ribadisce il concetto ibidem , l. Sub praetextu , tit.
De transactionibus , n. 3, dove riconosce che eiusdem conditionis est transactio et sententia , e
nella l. Accusationis , tit. De his quae vi, metu causa gesta sunt , n. 3, in cui precisa
ulteriormente : In casibus in quibus licet transigere, transactio impedit processum, et agenti potest
opponi . Sul regime degli effetti, come anche esemplifichiamo nel testo, le opiniones sono
tuttavia abbastanza differenziate. Si veda ad esempio Alberico da Rosa-te, In primam Codicis
partem... cit. n. 30, l. Transigere , tit. De transactionibus , n. 5 e 8, che ne riassume alcune.
37. Alberico da Rosate, In primam Codicis partem... cit. n. 30, l. Transigere , tit. De
transactionibus , n. 8. L’ orientamento di segno contrario a quello di Guido da Suzzara è
attribuito a Iacopo d’Arena et sequacium ; è fondato sul principio che quoad vindictam
publicam, non praeiudicet nisi transigenti . Cfr. M. Sbriccoli, «Vidi communiter observari»... cit. n.
1, p. 236-237, 268; M. Vallerani , Pace e processo... cit. n. 1, p. 319-320. Anche pseudo-Vitalini,
Tractatus super maleficiis , in Tractatus diversi super maleficiis , Venezia, 1555, tit. De pace , n. 4,
spiegava la ratio della procedibilità d’ufficio nonostante l’avvenuta negoziazione, nel senso
che rei publicae interest ne maleficia sint impunita ; lo sostengono, sottolineava, communiter , i
doctores .
38. Pseudo-Vitalini, Tractatus super maleficiis... cit. n. 37, tit. De pace , n. 4.
39. Come le ricerche di A. Padoa Schioppa, Delitto e pace privata nel diritto Lombardo : prime
note , in Diritto comune e diritti locali nella storia dell’Europa. Atti del Convegno di Varenna (12-15
giugno 1979) , Milano, 1980, p. 557-575, hanno messo in evidenza, il compito di specificare i
casi di possibile transigibilità è stato svolto prevalentemente dalla legislazione statutaria;
l’apporto della scientia iuris in materia è consistito piuttosto nel definire le regole di
raccordo processuale tra procedimento penale e composizione pattizia.
40. Cfr. Alberico da Rosate, In primam Codicis partem... cit. n. 30, l. Transige-re , tit. De
transactionibus , n. 9; Bartolo da Sassoferrato, In primam Codicis partem... cit. n. 30, l. Transigere
, tit. De transactionibus , n. 3 : riguardo al divieto di transactio nel caso di crimina che poena
sanguinis non ingeritur, ratio est favor publicae vindictae, qua reipublicae expedit ut maleficia non
remaneant impunita . La transigibilità non è ammessa neanche per i crimina di poena sanguinis
per i quali gli statuti prevedono una subrogatio con pena pecuniaria. Cessa la ratio che la
consentirebbe, spiega Cino da Pistoia, In Codicem et aliquot titulos... cit. n. 30, l. Transigere , tit.
De transactionibus , n. 17. Egli segnala però opinione contraria di Guido da Suzzara.
41. L’esclusione dell’adulterio dal novero dei reati transigibili, sembra universalmente
riconosciuta dai giuristi ma diversamente spiegata : secondo Bartolo da Sassoferrato, In
primam Codicis partem... cit. n. 30, l. Transigere , tit. De transactionibus , n. 2, ad esempio, la
ratio risiede nella frequentia delicti , se l’iniziativa viene dall’accusato; dove invece la
proposta è ex parte accusatoris , c’è l’impedimento della Lex Iulia , che punisce chi accetti
denaro per celare un adulterio. Ci sono altri giuristi come ad esempio Cino da Pistoia, In
Codicem et aliquot titulos... cit. n. 30, l. Transigere , tit. De transactionibus , n. 7, che ravvedono la
ratio in base alla quale lex in subditis pudicitiam inviolatam prae caeteris exigit . Anche altri
individuano la ratio nel fatto che sia maius crimen , o poiché imperator est amator castitatis .
Similmente la non applicabilità della l. Transactio alla materia canonistica si colloca su
questa linea : viene spiegata da Bartolo da Sassoferrato, Tractatus de differentia inter ius
canonicum et civili , n. 54, in Consilia, quaestiones et tractatus... cit. n. 17, come derivante dal
fatto che in diritto canonico è da escludere che si possano applicare poenae sanguinis . Come
si vede sono tutti argomenti che attengono a preoccupazioni di ordine pubblicistico (es. la
frequentia delicti ) o ad esigenze sistematiche (es. specialità del diritto canonico).
42. Bartolo da Sassoferrato, In primam Codicis partem... cit. n. 30, l. Transige-re , tit. De
transactionibus , n. 4-5 : anche se hominem non interimat, vel poena sanguinis non ingerat, tamen
eum totaliter vituperat (...), immo in eo omnino est eadem ratio quae est in criminibus ingerentibus
poenam capitalem . È questa, lo ricorda lo stesso Bartolo, l’ opinio di Cino da Pistoia, In Codicem
et aliquot titulos... cit. n. 30, l. Transigere , tit. De transactionibus , n. 9; cfr. Alberico da Rosate, In
primam Codicis partem... cit. n. 30, l. Transigere , tit. De transactionibus , n. 25.
43. Così è ad esempio per l’adulterio, dove l’intervenuta pacificazione produce l’effetto di
una parziale remissione della pena assegnata. Bartolo da Sassoferrato, Consilia, quaestiones et
tractatus... cit. n. 17, cons. CLXXV, Domine , n. 1, spiega che la pax induce una remissio certae
partis condemnatae ex forma statuti . È quel-la dinamica descritta già da M. Sbriccoli, «Vidi
communiter observari»... cit. n. 1, p. 256-257, della «doppia partita» che si svolge nel
perimetro della actio iustitiae ; accanto all’azione del giudice c’è la trattativa tra gli
entourages familiari coinvolti nel conflitto.
44. Bartolo da Sassoferrato, Consilia, quaestiones et tractatus... cit. n. 17, cons. CLXXV, Domine ,
n. 1.
45. Ciò è dimostrato anche dai riferimenti alla pax nei commenti svolti sulla l. Transigere ; ad
esempio, Alberico da Rosate, In primam Codicis partem... cit. n. 30, l. Transigere , tit. De
transactionibus , n. 11, avverte che i temi legati alla pax non directo sunt de materia nostrae legis,
tamen commode adaptantur e tanguntur hic per doctores .
46. Alberico da Rosate, In primam Codicis partem... cit. n. 30, l. Transigere , tit. De
transactionibus , n. 13. Sulla stessa linea è sostanzialmente anche lo pseudo-Vitalini, Tractatus
super maleficiis... cit. n. 37, tit. De pace , n. 7 : Sed nunquid offensus possit compelli a iudice ad
faciendum pacem cum offendente? Respondeo sic videtur : quia iudex habet procurare quod civitas
quam regit sit in pacem . Cfr. supra nota 34. L’intervento delle autorità pubbliche teso a
promuovere composizioni pacifiche appartiene alla fisiologia della composizione dei
conflitti nella vi-ta delle città medievali. Cfr. A. Zorzi, Conflits et pratiques infrajudiciaires... cit.
n. 1, p. 25-26, Cfr. X . Rousseaux, Entre accommodement local et contrôle étatique... cit. n. 1, p. 97,
e Id., De la négociation au procès pénal... cit. n. 2, p. 289. Il diritto in altre parole costituisce uno
strumento di gestione della dialettica tra conflitto e sociabilità e ne asseconda di volta in
volta le specifiche esigenze. Tale risultato è interessante anche nella prospettiva di una
lettura dell’esperienza giuridica che non si limiti alle sole aree europee a «diritto
sapienziale»; si veda ad esempio l’interessante ricostruzione svolta sui territori svizzeri in
K. Hürlimann, Soziale Beziehungen im Dorf. Aspekte dörflicher Soziabilität in den Landvogteien
Greifensee und Kyburg um 1500 , Zurigo, 2000. L’intreccio tra piano giuridico e altri piani di
regolazione dei rapporti sociali, come ha anche osservato R. Garrè nella Recensione fattane in
Ius commune , XXVIII, 2001, p. 408-410, emerge chiaramente. Ciò sembra suggerirci che tale
tipo di percezione delle dinamiche di amministrazione della giustizia attinge ai livelli
profondi ed effettivi delle percezioni, prima di diventare oggetto, come accade per i nostri
doctores , di raffinate trattazioni scientifiche.
47. pseudo-Vitalini, Tractatus super maleficiis... cit. n. 37, tit. De pace , n. 11. Altro esempio è il
caso di formule assolutorie concesse compositivamente ai ribelli in cambio della loro
redentio ad oboedientiam , e sotto condizione di revoca si de caetero similia attentabitis . Bartolo
da Sassoferrato, In secundam Digesti novi partem... cit. n. 25, l. Non solum , § Iniuriarum actio ,
tit. De iniuriis et famosis libellis , contesta la legittimità della clausola che farebbe riaprire il
processo in caso di recidiva dei ribelli assolti compositivamente; il patto, spiega Bartolo, ha
la forza di impedire la condanna, ma non di far rivivere l’imputazione. Il caso citato
riguarda officiales Ecclesiae che consueverunt facere pacta et conventiones cum rebellibus
redentibus ad obedientiam, hoc modo : Liberamus et remittimus vobis omnia delicta et omnes
sententias, omnes poenas spirituales et temporales quas incurrint usque in presente die hoc pacto si
de caetero similia attentabitis, reincedentis in omnes istas sententias .
48. In materia di cautio de non offendendo , cfr. C. E. Tavilla, Paci, feudalità e pubblici poteri... cit.
n. 1, p. 287s, e M. Meccarelli , Tortura e processo... cit. n. 15, p. 702-706.
49. M. Sbriccoli, «Vidi communiter observari»... cit. n. 1, p. 233.
50. Cfr. ibidem , p. 260 e anche p. 254; A. Padoa Schioppa, Delitto e pace privata nel diritto
Lombardo... cit. n. 39, p. 575-578. Il confronto e lo scontro tra le famiglie in effetti costituisce
un’espressione delle modalità originarie del discorso e del conflitto politico nelle città
medievali; cfr. A. Zorzi, Conflits et pratiques infra-judiciaires... cit. n. 1, p. 24; C. E. Tavilla, Paci,
feudalità e pubblici poteri... cit. n. 1, p. 285-287, 303; A. Gamberini, La faida e la costruzione della
parentela. Qualche nota sulle famiglie signorili reggiane alla fine del medioevo , in Società e storia ,
94, 2001, p. 659-677; G. Milani, Il governo dello liste nel Comune di Bologna. Premesse e genesi di un
libro di proscrizione duecentesco , in Rivista storica italiana , I, 1996, p. 149-152; G. Chiodi, Scelte
normative degli Statuti di Spoleto del 1296 , in Gli Statuti comunali umbri , a cura di E. Menestò,
Spoleto, 1997, p. 277; C. Storti Storchi, Diritto e istituzioni a Bergamo dal comune alla signoria ,
Milano, 1984, p. 223-232.
51. A. Zorzi, Negoziazione penale... cit. n. 9, p. 33-34. L’autore in queste efficaci pagine ha il
merito di aver messo a fuoco caratteri del publicum in età tardo medievale, che la
storiografia giuridica – la quale pure, almeno in alcuni suoi esiti, andrebbe collocata
nell’orizzonte interpretativo in cui si pone lo stesso Zorzi –, non aveva sufficientemente
esplicitato. In questo senso condividiamo pienamente anche la precisazione circa il fatto
che tali vicende tardomedievali non vanno considerate come prodromiche delle tendenze di
segno statalista.
52. Con riferimento proprio alla edificazione del sistema processuale, si veda M. Sbriccoli,
«Vidi communiter observari»... cit. n. 1, p. 235; si tratta di un aspetto che appartiene in
generale alle dinamiche di produzione del diritto in età medievale; cfr. P. Grossi, L’ordine
giuridico medievale... cit. n. 3, p. 151-182.
53. A. Zorzi, Negoziazione penale... cit. n. 9, p. 13.
54. Cfr. A. Zorzi, Conflits et pratiques infrajudiciaires... cit. n. 1, p. 32. Si pensi anche alla
ricostruzione fatta su Bologna da M. Vallerani, Il potere inquisitorio del podestà... cit. n. 5, p.
386 e 412-415, e da G. Milani, Dalla ritorsione al controllo. Elaborazione e applicazione del
programma antighibellino a Bologna alla fine del Duecento , in Quaderni storici , 94, 1997, p. 43-74
e in particolare p. 65-66.
55. Cfr. M. Sbriccoli, L’interpretazione dello statuto : contributo allo studio della funzione dei
giuristi nell’età comunale , Milano, 1969, p. 459-467.
Giuristi, giudici e fuoriusciti nelle
città italiane del Duecento
Note sul reato politico comunale 1

Giuliano Milani

1 Solo nel corso del secolo xiii, nelle città comunali italiane, le azioni
qualificate come attacchi nei confronti dell’autorità e dell’indirizzo
politico da essa perseguito divennero reati particolarmente gravi,
bisognosi di un trattamento preventivo e punitivo diverso da quello
posto in essere per i crimini che oggi definiremmo comuni. Questo
passaggio ebbe il suo punto culminante nell’avvento dei regimi che,
a partire dagli anni Sessanta del Duecento, dichiarandoli nemici
della parte vincitrice, esclusero migliaia di abitanti dalla città e dalla
cittadinanza. Tale trasformazione non fu accolta pacificamente dalla
società cittadina, che anzi, attraverso la partecipazione politica,
contribuì ad attenuare gli aspetti più rigidi delle esclusioni. I
sapientes, gli esperti di diritto che coadiuvavano e guidavano i go-
verni, giocarono un ruolo importante nei sistemi politici che
promossero e, allo stesso tempo, mitigarono le esclusioni
tardoduecentesche. Per ragioni che si cercherà di chiarire, ma che,
vale la pena di anticiparlo, non sono riconducibili né alla connivenza
con i banditi né al rifiuto pregiudiziale di una pratica, l’esclusione,
percepita come estranea al diritto romano, i giuristi contribuirono a
far sì che nei comuni italiani della fine del xiii secolo fosse
relativamente facile, per gli esclusi, rientrare in città, uscire dalla
condizione di ban-dito politico, ottenere l’annullamento della pena
1 .

2 Lo testimoniano, da un lato, gli esiti dei processi tenuti presso i


tribunali presieduti dai magistrati forestieri che amministravano la
giustizia contro i nemici politici (podestà e capitani del popolo), e,
dall’altro, le risposte alle quaestiones disputate dai professori negli
Studia. Questa concordanza della dottrina e della pratica non può
stupire. Licenziati (doctores) e professori (professores) di diritto
provenienti da Bologna e dalle altre università potevano essere
chiamati a fornire pareri (consilia) nei tribunali comunali e
condizionare in questo modo il risultato di un processo. Viceversa, le
quaestiones che i professori discutevano tra di loro, o con i loro
allievi, si cominciarono a sviluppare, a partire dall’ultimo trentennio
del Duecento, sempre più spesso sulla base di fatti concreti o di
tematiche dibattute in quegli stessi tribunali, per finire, una volta
risolte, nelle raccolte e nei trattati che sono, in parte, giunte sino a
noi 2 . A questa generale circolazione di argomenti e interessi, che,
per così dire, creava il diritto attraverso una sedimentazione
quotidiana, occorrerà rivolgersi per cercare le tracce delle molte
opportunità di discolparsi che ebbero gli uomini accusati di crimini
politici nel xiii secolo.
3 I documenti relativi alle esclusioni politiche ebbero scarsa
possibilità di conservarsi. Proprio perché risultato di azioni spesso
perce-pite come carenti sotto il profilo della legittimità e non solo
perché legati a contingenze transitorie, tali documenti nascevano già
destinati ad essere distrutti, per buona pace di tutti, una volta sanato
il conflitto che li aveva prodotti. Tenendo conto di ciò, apparirà più
significativo il corpus di sentenze, consilia e quaestiones che si
analizzerà nelle prossime pagine: un corpus essenzialmente
bolognese, composto, in primo luogo, dalle poco più di duecento
sentenze del tribunale del capitano del popolo di Bologna conservate
per il periodo 1277-1300 in merito a delitti legati all’appartenenza
alla fazione lambertazza, la locale parte ghibellina, in secondo luogo,
dai circa cinquanta consilia prodotti nella stessa sede e negli stessi
anni, e, in-fine, da un gruppetto di quaestiones relative ai lambertazzi
bolognesi confluite nelle principali raccolte edite oggi disponibili.
Ben più desolato appare infatti il panorama della giustizia contro i
nemici interni fuori da Bologna: a titolo di confronto in questa sede
si è tenuto conto, oltre che delle quaestiones relative a banditi politici
rinvenibili nelle principali edizioni a stampa 3 , dei processi pratesi
degli anni 1267-1280, di cui dà notizia un vecchio studio di Renato
Piattoli 4 .
4 Attraverso l’analisi di questo gruppo di testi, si cercherà di chia-rire
l’atteggiamento dei giuristi del xiii secolo nei confronti degli autori di
reati politici. Innanzitutto si analizzeranno le caratteristiche del
bando politico nel periodo che va dalle più antiche tracce della
persecuzione comunale dei nemici interni (seconda metà del secolo
xii) alla vigilia delle grandi esclusioni tardoduecentesche (anni
Cinquanta del Duecento). Si osserverà quindi il periodo delle grandi
esclusioni (dagli anni Sessanta del Duecento alla fine del secolo),
prima, dal punto di vista della pratica giudiziaria, poi, da quello della
giurisprudenza. Infine, per mostrare la stretta connessione tra
pratiche e teorie, si darà conto di un processo politico tenutosi nel
1294 a Bologna dinnanzi ad Alberto Gandino, allora giudice presso la
curia del capitano del popolo.

Il bando politico prima delle grandi esclusioni


5 La durata dell’esclusione fu un problema centrale per la prima
giustizia comunale. Proprio sulla durata si fondava la differenza tra
una giustizia, per così dire, normale, e una giustizia politica. Nelle
più antiche fonti normative e giurisprudenziali di ambiente
comunale giunte sino a noi, risalenti alla metà del secolo xii, è
possibile distinguere due sfere: quella degli atti riparabili, regolati da
sistemi di compensazione tendenti a ristabilire la pace violata; e
quella degli atti irreparabili, identificati nelle azioni contro la pace e
contro i sistemi per ristabilirla. L’esclusione dalla civitas – nel doppio
significato di città e di diritto di cittadinanza 5 – definita come
bannum, bando, dalla fine del xii secolo 6 , comportante la perdita dei
diritti di residenza e di protezione giuridica della persona e dei suoi
beni, era presente nelle due sfere, ma con caratteristiche e funzioni
differenti. Nella sfera del riparabile essa rimaneva provvisoria
poiché serviva a costringere a restaurare la pace chi non intendeva
farlo. Nella sfera dell’irreparabile l’esclusione era affermata come
definitiva e assume-va il valore di una punizione.
6 Per questa ragione il riferimento alla perpetuità nelle più antiche
condanne comunali che possediamo costituisce un indice sicuro
della natura politica del delitto sanzionato. A Genova nel 1139 i con-
soli stabilirono che i falsificatori della moneta sarebbero stati puniti
con l’amputazione della mano, la confisca dei beni e l’esilio perpetuo
7 . Dieci anni più tardi a Bologna l’assemblea plenaria di tutti i

cittadini decretò di punire con l’esclusione perpetua e la confisca dei


beni Grassus de Randuino, autore di un omicidio occultus, cioè
perpetrato al di fuori del sistema della faida, e, per questo, definito
nei termini di uno scandalo (scelus) 8 . Falsificazione e omicidio
occulto – ci si ritornerà – erano percepite come azioni politiche
poiché minacciavano il monopolio della monetazione e della
violenza che il comune cercava di rivendicare a sé. Non sorprende
trovarli definiti quali delitti particolarmente gravi. Anche nel secolo
successivo saranno esclusi dalle periodiche amnistie decretate dal
comune 9 .
7 Nello stesso tempo il governo consolare rivendicava a sé il
monopolio della giurisdizione. Anche chi metteva in dubbio il potere
comunale di risolvere le dispute attraverso il processo, l’arbitrato, la
mediazione, era escluso da quella protezione che il comune,
attraverso quegli stessi strumenti, affermava di poter garantire. In
questo senso anche chi si sottraeva alla giustizia non rispondendo
alla citazione e non presentandosi in tribunale compiva un reato
politico, che tuttavia, a differenza delle azioni appena osservate,
poteva esse-re riparato attraverso l’accordo con la parte offesa, il
pagamento dell’eventuale debito, la stipula della pace. L’esclusione
sancita dal tribunale era a questo punto revocata. Lo testimonia il
più antico statuto di Pistoia dove l’esclusione è prevista per gli
omicidi, ma con un’importante specificazione: da essa sono esenti
coloro che hanno fatto pace con la famiglia dell’offeso. Il console si
impegna a esiliare dalla città e dai borghi chiunque uccida
intenzionalmente un suo concittadino, «a meno che non abbia fatto
pace con colui con il quale è in lite» 10 .
8 L’esclusione costituiva dunque il principale meccanismo previsto dai
legislatori comunali del xii secolo per mantenere, tra i cittadini in
conflitto, un accordo garantito dal comune e dal suo tribunale 11 . Di
fronte ad azioni che lo infrangevano definitivamente, essa agiva
come una pena; di fronte ad atti che lo infrangevano
provvisoriamente, costituiva una misura coercitiva. Non sorprende
che i grandi giuristi vissuti in quest’epoca la vollero includere tra gli
oggetti delle proprie riflessioni. Com’è noto essi produssero, in
misura superiore rispetto ai propri predecessori, materiali destinati
alla prassi forense 12 . Per questo, nonostante non fossero previste
dal diritto romano 13 , gli esperti di diritto non nutrirono dubbi
riguardo alla legittimità delle due forme dell’esclusione comunale, le
giustificarono in vari modi, giungendo, verso il primo quarto del xiii,
in concomitanza con una parallela evoluzione visibile negli statuti, a
definirle in maniera coerente e destinata a durare.
9 Relativamente semplice appare la giustificazione della pratica di
escludere chi non si presentava in giudizio. Pillio da Medicina,
ponendosi, poco prima del 1170, il problema della sorte dei
contumaci, invocò il ricorso all’esclusione provvisoria così come era
stabilita dagli statuti e dalle consuetudini delle varie città 14 . Più
complessa doveva risultare per i giuristi la legittimazione
dell’esclusione perpetua in seguito all’accertamento di particolari
delitti. Accettare questa pratica significava attribuire al comune la
facoltà di punire mediante uno strumento che spettava, almeno in
teoria, al solo imperatore. Ma anche su questo punto i giuristi non
manifestarono un atteggiamento pregiudizialmente contrario
all’esercizio della giurisdizione comunale, anzi.
10 Verso la fine del secolo xii, in una quaestio si affrontò un caso
destinato a divenire scolastico: un cittadino, per aver perpetrato un
delitto – non, dunque, per non essersi presentato in tribunale – è
escluso dalla sua città. I suoi crediti vengono sequestrati dal comune
che li riscuote dai vari debitori. Ma il cittadino rientra, grazie agli
uffici di un nuovo imperatore. Intendendo riacquisire i suoi crediti,
ne chiede conto ai debitori che – sostiene – non sono stati liberati dal
pagamento al comune 15 . Due appaiono i punti interessanti del
discorso. In primo luogo, per definire quell’esclusione perpetua
comminata per particolari delicta che il breve dei consoli genovesi
chiamava exilium, si usarono due termini derivati dal diritto romano:
deportatio e relegatio, dati, implicitamente, come interscambiabili
perché congiunti dalla particella vel. Si trattava delle due pene di
allontanamento menzionate nel Corpus iuris civilis, che, sulla scorta di
una precedente tradizione 16 , consentirono di ridefinire in termini
romanistici la pratica del bando comunale coeva. In secondo luogo,
nella discussione, si affermò che il podestà, cioè il supremo giudice
del comune, poteva emettere sentenze di deportatio, cioè di
esclusione, in deroga al diritto comune, risolvendo in questo modo
con il valore della consuetudine il potenziale problema
dell’illegittimità della giustizia cittadina.
11 La quaestio è conservata dalla raccolta di Azzone. Forse essa fu
originariamente ideata dal suo maestro, Giovanni Bassiano. Un ramo
della tradizione manoscritta ne offre una variante in cui, secondo
alcuni interpreti, si ravviserebbe meglio la mano dell’allievo 17 . In
questa diversa formulazione, per descrivere l’esclusione originata da
un delitto, si utilizzò il solo termine deportatio, più pertinente, poiché
designava la pena più grave, quella che comportava la definitiva
perdita dei beni e dei diritti. Certamente Azzone, infine, a cui si deve
la soluzione giunta fino a noi, sostenne che il diritto a emanare
sentenze di deportatio derivava da un privilegio imperiale. Ennio
Corte-se ha ipotizzato che con questo accenno il giurista abbia
voluto riferirsi alla pace di Costanza con cui Federico I aveva
concesso ai comuni le regalìe. L’ipotesi troverebbe una conferma
nella legge Quae sint regalia promulgata a Roncaglia, nella quale, tra i
vari diritti di spettanza imperiale, trova posto anche quello di
sequestrare i beni dei proscripti, cioè, con ogni probabilità, proprio
dei banditi 18 .
12 Solo con l’allievo di Azzone, Accursio, i due tipi di esclusione
comunale trovarono finalmente definizioni coerenti e coordinate in
un sistema elementare. In una glossa alle Institutiones, Accursio si
pose il problema di quale istituto del diritto romano potesse essere
utilizzato per disciplinare la condizione giuridica dei banditi e lo
rinvenne nella deportatio, nel caso in cui la pena prevedesse il
sequestro dei beni e la perdita della cittadinanza (misure intese
evidentemente come definitive) e nella relegatio negli altri casi 19 .
Nello stesso periodo in cui viveva Accursio anche negli statuti
comunali l’antica distinzione tra un’esclusione perpetua, già definita
exilium, e una provvisoria andava stabilizzandosi formalmente
attraverso il doppio uso del termine bannum per designare, quando
accompagnato dall’aggettivo perpetuale, la pena dell’esclusione
comportante tra l’altro la perdita definitiva dei beni, quando privo
dell’aggettivo, gli altri sistemi di pressione contro i contumaci,
comportanti la perdita provvisoria di alcuni diritti. È probabile che
Accursio abbia voluto sistemare la risalente tradizione di
equiparazione degli istituti comunali alle misure romane per dar
conto della coerenza raggiunta dai legislatori cittadini 20 .
13 L’evoluzione dottrinale così delineabile costituisce un aspetto
particolare di ciò che Ennio Cortese ha definito il generale «progetto
di rinvenire in Giustiniano una sapientia autosufficente: una sapientia
civilis particolarmente adatta al mondo italiano comunale». Tale
progetto, osserva ancora Cortese, si accompagnò presto alla pretesa
che la nuova filosofia civile «spiegasse l’intera trama dei rapporti
umani e fosse quindi suo compito orientare almeno i diritti che si
dimostravano più vitali nella prassi», in particolare, per quello che
qui interessa, il diritto statutario. Si apriva in tal modo ai giuristi una
nuova possibilità, quella di affrontare (ed eventualmente
legittimare) non solo istituti come il bando dei contumaci e quello
dei criminali, che costituivano consuetudini tradizionali e indiscusse
delle città in cui vivevano, ma anche decreti di tipo nuovo, deliberati
nei consigli comunali e solennizzati, come ius proprium, mediante il
loro inserimento nei brevi e negli statuti. Tra questo genere di leggi
comparvero presto i bandi politici.
14 Mentre tre generazioni di giuristi inglobavano l’esclusione
comunale nel diritto comune, infatti, l’esclusione cominciò a essere
usata per scopi nuovi. Risalgono all’epoca dei conflitti tra i comuni e
Federico Barbarossa le prime tracce di provvedimenti di esclusione
emanati contro individui e gruppi che, pur non avendo compiuto i
delitti passibili di exilium secondo la normativa consolare, si erano
allontanati dalla città aderendo all’esercito imperiale. Attraverso il
progressivo chiarimento delle capacità politiche dei comuni che
operò la Lega lombarda, i comuni giunsero a immaginare un nuovo
reato, la proditio e a punirlo con l’esclusione perpetua.
15 Il breve di Piacenza testimonia come già nel 1167 i consoli cittadini
si impegnarono a sequestrare a nome del comune tutti i redditi in
natura e in denaro ricavabili dai possessi di «coloro che erano usciti
da Piacenza e che appartenevano alla parte dell’imperatore», e a non
riedificarne i beni danneggiati, fatto salvo – e si tratta di una
specificazione interessante se si considera la coeva questione
sollevata da Azzone – per ciò che riguardava gli eventuali diritti e
crediti vantati nei confronti degli usciti 21 . L’impegno al sequestro
fu rinnovato dai consoli del 1170 con alcuni piccoli aggiornamenti
che risentivano dell’influenza di alcuni patti stretti dalla Lega: il
sequestro dei beni fu esteso anche a coloro che avevano contatti con
l’imperatore o i suoi legati, così come era stato stabilito dal patto del
24 ottobre 1169 22 . Saltò invece l’impegno a mantenere le
devastazioni, sostituito da un’allusione a eventuali frodi (forse nella
distruzione, forse nell’assegnazione del materiale ricavato) che il
console si impegnava a scongiurare 23 .
16 La pratica testimoniata dal breve piacentino era politica in un senso
nuovo. L’esclusione di chi non si presentava in tribunale e quella di
chi compiva delitti contro la capacità dei consoli di fare giustizia e di
battere moneta colpivano crimini contro la città. Erano volte cioè a
proteggere la capacità comunale di svolgere alcune funzioni
politiche. La ritorsione contro chi usciva dalla città e si schierava con
l’imperatore colpiva un crimine contro il regime ed era volta a
proteggere la scelta di una linea politica e di un circuito di alleanze
compiuta dal governo. Si trattava di un fenomeno destinato a
sopravvivere e ad ampliarsi ben oltre la stagione dei conflitti con il
Barbarossa. Negli anni successivi alla morte di Enrico VI ripresero i
conflitti interni ed esterni alle città. Nel corso di questi conflitti si
moltiplicarono le occasioni di tradire il proprio comune schierandosi
con gli avversari e, per questo, di subìre l’esclusione. Sulla base di
questi scontri, nel primo Duecento si crearono i fronti destinati a
tradursi, nell’epoca di Federico II, nella pars imperii e nella pars
ecclesiae, che condussero, negli anni Trenta e Quaranta dello stesso
secolo a una nuova, più consistente, ondata di esclusioni di parte.
17 A differenza di quanto avevano fatto i loro predecessori e maestri
con l’esclusione dei contumaci e dei criminali, i giuristi della metà
del Duecento non sostennero con i loro argomenti le nuove
esclusioni dei nemici. Lo mostra per esempio una quaestio conserva-
ta nella raccolta di Alberto Gandino che, ai nostri fini, presenta il
vantaggio di riportare – oltre all’opinione del più tardo Guido da
Suzzara – il parere di Odofredo e di Alberto Papiense, maestri vissuti
a ridosso dell’età di Federico II.
18 Il casus della ventiquattresima delle Quaestiones statutorum è molto
simile a quello che aveva proposto Azzone: alcuni cittadini sono stati
esclusi e il podestà gli ha sequestrato i crediti. I debitori degli esclusi
hanno saldato i loro conti con il comune, ma quando i banditi sono
riammessi in città questi pretendono ugualmente il pagamento. È
tuttavia il contesto giuridico-politico a essere cambiato: gli esclusi
sono qui presentati come quidam de parte ecclesiae che exiverunt
civitatem propter timorem imperatoris. Insieme al tipo di esclusione
cambia anche il parere dei dottori. Nonostante – ci si ritornerà –
fossero molti gli argomenti a favore della tesi secondo cui gli esclusi
riammessi non potevano agire perché i debiti erano stati già pagati
al comune, Odofredo e Alberto Papiense risolsero la questione in loro
favore, invalidando il sequestro decretato dal podestà e con ciò, di
fatto, delegittimando l’esclusione comunale della parte nemica 24 .
19 Sin dalla loro comparsa nell’età di Federico Barbarossa i bandi dei
nemici fuoriusciti erano stati assimilati all’esclusione dei colpevoli di
reati gravi, e, dunque, qualificati come perpetui. In realtà, come
molte delle condanne giudiziarie all’esclusione perpetua, ebbero
durata limitata. Questo elemento produsse importanti riflessi sulla
conservazione della documentazione. Sappiamo qualcosa sul più
lungo bando collettivo del principio del Duecento, l’esclusione dei
Monticoli veronesi, che durò dal 1207 fino al 1213, perché negli
statuti del 1228 sono conservate alcune deliberazioni in merito alla
pace e ai problemi derivati dal rientro dei banditi 25 . Anche nella
quaestio appena esaminata, che può essere datata ai decenni centrali
del Duecento, il casus trae spunto da un rientro. Nell’ultimo quarto
del secolo xiii, quando l’esclusione dei nemici si fece sistematica,
l’effettiva provvisorietà dell’esclusione perpetua non venne meno, e
anzi, ad essa, diedero un contributo importante, mantenendo un
atteggiamento simile a quello che avevano avuto i loro maestri
Odofredo e Alberto Papiense, gli stessi giuristi.

La giustizia dell’esclusione alla fine del


Duecento
20 Colpire a posteriori, senza alcuna forma di processo, i gruppi di
persone che si erano allontanati dalla città nel corso di un conflitto
civile per esprimere il loro rifiuto a farsi governare da avversari
politici fu una pratica sempre più frequente nel corso del Duecento.
Prima del xiii secolo i bandi collettivi dei fuoriusciti erano stati
rarissimi e si erano limitati ai simpatizzanti di Federico I. A metà del
Duecento costituivano già una realtà più abituale. Fu tuttavia solo
con l’arrivo di Carlo I d’Angiò che assunsero larga diffusione e una
forma precisa. Se verso il 1240 i bandi erano stati emanati in un
numero limitato di città e riguardavano ancora gruppi di centinaia di
persone, trent’anni dopo, la loro presenza si poteva constatare in un
numero di comuni notevolmente maggiore, e in alcuni di questi
concernevano migliaia di cittadini ai quali si aggiungevano
altrettante condanne al confino di persone identificate come
favoreggiatori 26 . Come si arrivò a questo nuovo assetto, e quali
caratteristiche ebbe un esclusione così imponente? Osserviamo più
da vicino i due casi più testimoniati: Bologna e Prato.
21 A partire della vittoria di Benevento del 1266 Carlo I cercò di
mettere in atto nelle città dell’Italia centro-settentrionale un
programma politico volto all’affermazione della propria egemonia e
all’eliminazione degli avversari. A questo fine prese contatto con le
strutture locali che prima della sua venuta avevano sostenuto una
linea politica antiimperiale e filopontificia. In Toscana, favorì lo
sviluppo delle parti guelfe che dal 1260 avevano subìto l’egemonia
dei ghibellini, in Emilia, delle società che avevano sostenuto la
crociata contro Ezzelino e Oberto Pallavicino. A Milano sostenne lo
schieramento torriano contro quello visconteo, a Brescia giunse a
inventa-re, pressoché dal nulla, una pars ecclesiae che lo sostenesse
27 . In molti luoghi riuscì a stabilire una vera e propria signoria

attraverso trattati che gli concedevano il potere di nominare il


podestà, in altri l’influenza fu più indiretta. Ovunque, però, si
intensificò l’esclusione dei nemici. Le lettere della diplomazia
angioina testimoniano una specifica attenzione del re di Sicilia che
cercò di annullare la politica di pacificazione sostenuta dai pontefici
negli anni immediatamente precedenti 28 e che, attraverso una rete
di funzionari di sua fiducia, prima francesi, poi italiani, cercò di
impiantare un sistema dell’esclusione fondato sul bando, su varie
categorie di confino, distinte in base alla distanza dei luoghi di
soggiorno obbligato dalla città, e sostenuto dalla scrittura di elenchi
di banditi e confinati.
22 Il programma trovò risposte diverse nelle varie regioni e città.
Laddove, come a Prato e nel resto della Toscana, i guelfi avevano
subito un bando, l’esclusione dei ghibellini assunse la forma di una
sorta di risarcimento economico (mediante la redistribuzione ai
guelfi colpiti di una parte dei beni dei nuovi banditi) e politico (con
la istituzionalizzazione delle magistrature della parte), e fu
amministrata soprattutto dagli ex-fuoriusciti 29 . Laddove invece,
come a Bologna, non vi erano state esclusioni precedenti, l’aspetto
del risarcimento fu meno presente, si provvide a una distribuzione
dei beni più allargata, e la gestione dell’esclusione fu affidata al
«popolo», che negli anni precedenti aveva raggiunto una sostanziale
egemonia sulle istituzioni del comune 30 . Ovunque si decise di
istituire nuove commissioni speciali a cui fu dato il potere di censire
i ghibellini e collocarli nelle varie condizioni penali del bando e del
confino. A Prato furono creati gli otto capitani della guerra dotati di
un arbitrio super guerram et offensione ac defensione 31 . Il fatto che,
negli stessi anni, a Firenze una magistratura analoga, i dodici boni
viri super bono statu et custodia civitatis et super violentis reprimendis
deputati fosse incaricata, assieme a una balìa di due uomini per
sestiere, di individuare i ghibellini e assegnare loro le condizioni
penali, porta a credere che anche agli otto di Prato si conferì questo
incarico 32 . Anche a Bologna se ne occuparono collegi straordinari:
dapprima un comitato più largo, composto da cento sapientes 33 , poi
un’istituzione di cui ci sfugge il profilo e l’estensione, ma in cui ebbe
un ruolo note-vole il preconsole della società dei notai Rolandino
Passageri 34 . Il lavoro così condotto portò, nel giro di qualche anno
dai primi bandi, alla redazione di grandi elenchi. Non abbiamo dati
numerici su Prato, ma a Bologna l’esclusione della pars ghibellina dei
lambertazzi riguardò, come mostra il più antico libro di condanne
conservato, quello scritto nel 1277, più di millecinquecento banditi e
duemilacinquecento confinati 35 .
23 L’incarico di amministrare simili quantità di condannati non fu
affidato a tribunali speciali, ma alle curie già presenti in città,
presiedute da magistrati forestieri destinati a cambiare
periodicamente. A Prato, almeno dal 1267, esercitò questo ufficio un
giudice del podestà. A Bologna sin dal 1275, un giudice del capitano
del popolo. Il tribunale, dunque, non fu utilizzato per mettere i
nemici nelle condizioni penali di banditi e confinati – a questa
operazione provvidero come si è visto le commissioni speciali che
scrissero gli elenchi – ma per mantenerceli. I processi furono
condotti per colpire quanti si erano allontanati dai luoghi di
soggiorno obbligato o quanti, pur essendo stati banditi, erano stati
visti in città, o ancora chi era stato accusato di essere un
simpatizzante della parte esclusa eppure non era stato sottoposto ad
alcuna restrizione. Ma anche in quest’ultimo caso, come mostrano i
registri giudiziari bolognesi, il giudice forestiero che giudicava
colpevoli gli accusati non si occupava di punirli con il bando o con il
confino, lasciando questo lavoro alle commissioni speciali composte
da cittadini bolognesi, ma solo di far loro pagare la multa prevista
dagli statuti 36 . Nel contesto della repressione dei nemici politici la
giustizia vera e propria ebbe dunque una funzione accessoria.
24 Tale funzione, inoltre, fu svolta da istituzioni non fatte per
perseguire lo scopo politico di promuovere una ritorsione, ma
pensate per mediare le controversie tra i cittadini 37 . È stato
ribadito anche recentemente da Massimo Vallerani, a cui si deve
questa nuova immagine della giustizia cittadina duecentesca, come
«i governi comunali avevano conferito al sistema giudiziario una
funzione eminentemente amministrativa, priva di quella specifica
valenza ideologica richiesta dalla materia fidei dei processi ereticali,
ma inutilizzabile nei conflitti interpersonali urbani» 38 . La
giurisdizione sui nemici politici – con i limiti funzionali che gli erano
stati attribuiti nel sistema dell’esclusione guelfo-angioino che
emetteva condanne mediante strumenti extra-processuali – non
snaturò questa caratteristica dei tribunali comunali, ma, semmai, ne
fu essa stessa condizionata. A Prato sin dal 1270 si introdusse nel
giuramento del podestà l’impegno a proclamare entro un mese dal
suo insediamento il divieto di residenza, in città e nel contado, per i
ghibellini banditi e per le loro famiglie, pena l’arresto perpetuo nelle
carceri comunali. Ai cittadini fu vietato di ospitare ghibellini pena
cinquanta lire e la distruzione della casa in cui il bandito fosse stato
nascosto 39 . Ma nel 1271, quando Berardaccio di Rustichello accusò
due cittadini di aver ospitato e nutrito Mazzeo di Castelnuovo,
bandito ghibellino, gli accusati si presentarono, negarono l’accusa e
il denunciatore fu costretto a pagare quanto era stato stabilito al
momento della presentazione del libello 40 .
25 A Bologna le accuse ai favoreggiatori dei lambertazzi furono sin dal
1275 incentivate attraverso l’estensione a tutti della possibilità di
accusare e la promessa di premi pecuniari 41 . Ma tali incentivi si
dovettero scontrare con le ampie possibilità offerte dal sistema agli
accusati. Per citare un solo caso, esemplare nella sua tipicità, nel
1287, Francesco di Ventura accusò il suo collega Nicolò di Bertolino
Toschi di essere un lambertazzo, il cui nome era scritto negli elenchi
di confinati, e ne chiese pertanto la cancellazione dalla matricola
della società dei sarti. Citato, Nicolò si presentò, negò l’accusa, pagò
la cauzione prevista, contrappose la sua documentazione e i suoi
testimoni a quella e a quelli del suo accusatore. Dopo una serie
incrociata di obiezioni tra le parti il giudice sottopose il caso al
parere di due sapientes che, sulla base degli atti, dichiararono l’accusa
non sufficientemente provata. Il giudice ne prese atto e assolse
l’accusato 42 . Lungi dall’apparire come trappole allestite dal potere
per inchiodare gli accusati, i processi politici duecenteschi si
rivelano, allo stesso modo di quelli che nella stessa epoca vengono
condotti per reati comuni secondo il sistema accusatorio, come
luoghi in cui «la verità del fatto non è una verità teorica assoluta, ma
una verità pratica e relativa da ricercare attraverso procedimenti
dialettici con un confronto ragionato di ipotesi discordanti» 43 .
26 Nella persecuzione dei nemici si venne così a creare una tensione
tra le esigenze del regime e caratteristiche strutturali del sistema
giudiziario. Tale tensione era destinata a essere rivestita di
significati politici dai gruppi che all’interno del comune andavano
scontrandosi, portando avanti progetti alternativi. Perché se è vero
che le grandi esclusioni avevano senz’altro ridotto la dialettica
politica, esse non avevano lasciato una tabula rasa in cui i vincitori
agivano indisturbati. Anche su questo le testimonianze bolognesi e
pratesi sono concordi e lasciano scorgere almeno tre punti in cui la
tensione politica sull’esclusione si venne a concentrare.
27 Il primo punto di tensione si scorge negli anni immediatamente
successivi ai primi bandi e vede lo scontro tra il tentativo del regime
di affermare la distinzione guelfi/ghibellini come unica ed esclusiva
e le resistenze a questo tentativo. A Prato, come del resto a Firenze,
il regime angioino promosse sin dal 1267 un censimento volto a
distinguere, mediante grandi liste di nemici, il gruppo dei cives in
due parti: i guelfi, dotati della pienezza dei diritti giudiziari e politici,
e i ghibellini, destituibili dagli incarichi, maggiormente gravati in
caso di condanna pecuniaria e soggetti a tassazioni speciali. Si
trattava di una distinzione che estendeva il criterio
dell’appartenenza alle fazioni dall’aristocrazia direttamente
implicata negli scontri civili all’intera cittadinanza, cioè a quelle
fasce di popolazione che non avevano partecipato alle lotte. Da
questa porzione della società si manifestò un’opposizione al nuovo
criterio di distinzione della cittadinanza, come mostra la difesa
compiuta nel 1270 da un certo Rodolfo e dai suoi consorti contro
l’accusa di ghibellinismo mossa da Ugolino Bisdomini. Gli accusati
cercarono di provare mediante testimonianze «che essi non erano
espressamente ghibellini e che non tenevano espressamente per
alcuna parte» 44 . A Bologna, dove il censimento cominciò dal 1274,
le testimonianze mostrano, negli accusati, una consapevolezza
ancora maggiore di sottrarsi alla nuova logica esclusiva. Nel 1275,
quando Guido di Iacopo di Fabbro presentò l’accusa di ghibellinismo
contro Antonio Angelelli, volle sostenere che questi aveva
partecipato agli scontri dell’anno precedente dalla parte dei
lambertazzi. Un testimone della difesa, interrogato al proposito,
affermò che Antonio e suo padre «erano uomini che non avevano
alcuna intenzione di aiutare alcuna parte, se non quella di difendere
il comune di Bologna» 45 . Alla semplice negazione
dell’appartenenza faziosa, visibile a Prato, si aggiunge qui la
rivendicazione di una fedeltà politica superiore, quella nei confronti
del comune.
28 Il secondo punto di tensione si rinviene in merito al tipo di
procedure richieste ai condannati che intendessero rientrare. Sin
dall’inizio a Prato, Firenze e Bologna sono testimoniati rientri di
banditi e confinati e, quindi, la necessità di aggiornare i libri di
condannati esistenti. Sappiamo che a Prato uno statuto stabiliva
l’obbligo per ogni podestà di produrre una lista di condannati
aggiornata, e, anche se vi sono ragioni per credere che tale obbligo
non fosse scrupolosamente rispettato, è certo che nel 1270 e nel 1280
furono effettivamente scritte nuove liste 46 . Il pratese Maccarone,
confinato nel 1267, risulta libero da carichi penali nel 1270. Il dato
lascia supporre, non tanto, come sembrò a Piattoli, che il confino fu
sempre una pena transitoria, quanto che Maccarone, che era stato
incluso nelle liste più antiche, oggi perdute, non lo fu più in quelle
scritte nel 1270 47 . Anche a Firenze si scrissero almeno due liste di
confinati tra 1268 e 1269, come attestano con sicurezza gli elenchi
copiati nel Libro del Chiodo. Da questi elenchi si ricava che, per
esempio, nel sesto cittadino di Borgo, quattro cittadini che erano
stati inclusi tra i confinati nel 1268 non lo furono nell’anno
successivo (ma altri quattro si aggiunsero) 48 . Anche a Bologna,
infine, i rientri sono testimoniati, per così dire, in negativo,
dall’assenza, nelle liste successive, di alcuni nomi presenti nelle liste
precedenti 49 .
29 Vi erano però modi diversi di rientrare e su questi modi si sviluppò
il dibattito. La strada principale era costituita dal giuramento della
parte vincitrice: attraverso un atto formale il condannato poteva
essere «approvato», cioè riconosciuto dalle massime gerarchie della
pars al potere quale buon cittadino ubbidiente. A Prato questa
pratica è testimoniata dal 1270 ma è certamente più risalente.
Inoltre sappiamo che nello stesso anno il comune decretò che
potessero essere considerati guelfi anche quanti avevano giurato la
parte nel consiglio comunale e quanti avevano pagato le imposte
dirette dal gennaio 1269 50 . A Bologna, in virtù della maggiore
documentazione, le tre pratiche che a Prato sono previste
contemporaneamente appaiono scandite nel tempo. Il giuramento
della parte è attestato dal marzo del 1277 51 . Tra ottobre e dicembre
1279 inoltre i condannati lambertazzi che intendevano rientrare in
possesso della pienezza dei loro diritti dovettero essere approvati dai
loro vicini di parrocchia e, in seguito, prestare il giuramento di
adesione alla parte geremea dinnanzi a Rolandino dei Passageri,
capitano della parte geremea 52 . Nel corso del 1280 dopo che vi era
stato un rientro e una nuova fuga di lambertazzi, i condannati
iniziarono a giurare la parte non più presso le istituzioni della parte,
ma nel consiglio del comune 53 . Nel 1287, quando una commissione
formata da quaranta esperti emanò una serie di leggi volte a
cancellare dagli elenchi quanti avevano giurato la parte, si provvide
a specificare la situazione di chi aveva giurato nel consiglio e quella
di chi lo aveva fatto fuori dal consiglio, stabilendo che questi ultimi
avrebbero dovuto fornire prove sufficienti dell’avvenuto giuramento
54 . Ma già due anni dopo, come attestano i processi, era in vigore

un nuovo criterio: alcuni lambertazzi accusati furono assolti


dimostrando che avevano pagato le tasse e che erano stati iscritti
all’estimo 55 . Nel corso dei primi quindici anni dell’esclusione il
potere di revocare le condanne dei lambertazzi era dunque passato
dai vertici della parte geremea ai «vicini», quindi ai cives che
avevano accesso al consiglio del comune, per finire infine a quanti
potessero dimostrare un principio generale: l’inserimento di fatto
nella cittadinanza, attraverso l’iscrizione all’estimo. Dietro questa
evoluzione non si cela tanto un processo naturale di decantazione
della tensione politica, quanto la prevalenza di un gruppo, definibile
come maggiormente filopopolare, che, all’interno del comune,
combatteva per attenuare gli aspetti più duri dell’esclusione, per
togliere potere alla parte geremea e per darlo alla cittadinanza meno
coinvolta nella lotta di fazione.
30 Un terzo punto di tensione riguardò infine la stessa
amministrazione della giustizia contro i nemici politici. Scorrendo i
processi bolognesi e le riformagioni che li regolavano emerge un
contrasto tra un gruppo più radicale, intenzionato a stravolgere le
normali regole del sistema giudiziario premiando gli accusatori e
dando loro un credito privilegiato, e un gruppo più moderato, deciso
a mantenere tali regole. Mi sono soffermato altrove sull’evoluzione
delle norme sulle accuse ai lambertazzi, in questa sede sarà
sufficiente ricordare come a Bologna le leggi più radicali siano
giustificate invocando l’emergenza e il pericolo rappresentato dai
lambertazzi, mentre quelle più moderate definiscano false le accuse
che originano dalle leggi sull’emergenza e affermino la necessità di
mantenere le garanzie ordinarie per gli accusati 56 . A Prato la
stessa tensione sembra leggibile nello scontro tra chi intendeva
assimilare i banditi politici a quelli per reati comuni e chi cercava di
distinguerli 57 .
31 A Bologna come a Prato, ebbe dunque luogo un conflitto tra una
corrente più radicale, rappresentata in primo luogo dalla pars
vincitrice, e una più moderata. Tale conflitto riguardò, in un primo
momento, la possibilità di affermare la distinzione guelfi e ghibellini
come unica ed esclusiva, poi, le procedure di rientro, e, infine, le
leggi sulle accuse ai nemici. Lo scontro condizionò gli esiti della
nuova giustizia politica. Gli atti processuali pratesi meriterebbero
una nuova analisi sistematica, ma per quanto se ne può dedurre da
Piattoli, la maggior parte delle accuse ebbero un esito assolutorio 58
. A Bologna le cose sono più chiare. Nei registri giunti sino a noi è
conserva-ta la traccia di 294 processi tenuti contro i lambertazzi tra
1277 e 1300. Ignoriamo il risultato di 91 di questi processi (circa il
30 % del totale) e abbiamo buone ragioni per credere che in molti di
questi casi il procedimento fu interrotto senza alcun seguito cosa che
certamente avvenne in altri 15 casi (poco più del 7 % dei processi di
cui conosciamo l’esito). Quanto agli altri 188, 135 (più del 66 % dei
processi la cui fine ci è nota) terminarono con l’assoluzione, 53 (il
restante 26 %) in una condanna. La giustizia politica bolognese fu
quindi caratterizzata da una netta tendenza all’assoluzione 59 . Se si
considera poi che in molti casi, banditi e confinati accusati e assolti
si servirono della propria assoluzione come di un precedente per
uscire definitivamente dalla loro condizione, si comprende bene che
questa giustizia, concepita per mantenere i condannati nella loro
condizione ebbe il paradossale risultato di farceli uscire.
32 In 45 dei 203 processi di cui conosciamo l’esito, il giudice, su
domanda della difesa, richiese il consilium di uno o più sapientes per
formulare la sentenza. In questo modo molti illustri professori che
insegnavano a Bologna alla fine del Duecento, appartenenti alla
generazione di giuristi che le fonti definiscono doctores moderni,
furono coinvolti nei procedimenti, in qualità di esperti capaci di
orientarne il risultato. Quando questo ricorso al consilium ebbe luogo,
la tendenza all’assoluzione – come si è visto, già forte – s’intensificò
ulteriormente, raggiungendo in pratica la totalità dei casi 60 .
33 Si tratta di un dato significativo, che spinge a riconsiderare anche i
tre punti di tensione precedentemente analizzati alla luce del ruolo
che vi giocarono i sapientes iuris, che com’è noto, esprimevano il loro
parere nei consigli ordinari e speciali oltre che nei tribunali 61 . Per
fare un solo esempio, il principio secondo cui i lambertazzi potevano
rientrare solo dimostrando di pagare le collette ed essere iscritti
all’estimo si affermò proprio grazie all’intervento di alcuni sapientes
62 . Ora, se non può stupire il fatto che la giustizia politica comunale

ebbe un carattere contingente, destinato ad attenuarsi


progressivamente con l’appianarsi del conflitto che l’aveva generata,
risulta più sorprendente che furono gli stessi giuristi a contribuire in
modo determinante a questa attenuazione. Quali furono le loro
ragioni?
Gli argomenti dei giuristi nel periodo delle
grandi esclusioni
34 Non sembra, in primo luogo, soddisfacente l’idea secondo cui a
spingere i giuristi duecenteschi verso un’attenuazione delle
condanne dei nemici di «parte» fu la difficoltà di includere il bando
politico nella cornice concettuale del diritto romano, la unica capace
di conferire una legittimità formale sufficiente 63 . Ho già mostrato,
servendomi delle considerazioni di Ennio Cortese, come sin dalla fine
del xii secolo si fosse manifestata la volontà di ricondurre nel
contesto della scienza romanistica istituti tipicamente comunali,
assenti dal Corpus iuris civilis. Tanto più illegittimo suonerebbe
accusare i giuristi di «limitazione culturale» quasi un secolo dopo,
quando proprio dalla necessità di assimilare gli statuti alla
consuetudine, prevista e riconosciuta dalle compilazioni
giustinianee, si era diffusa la pratica delle quaestiones de facto su
problemi statutari 64 . Tra questi problemi vi era il bando politico, e
come problema, consapevolmente, fu affrontato. La già menzionata
XXIV quaestio gandiniana relativa alla possibilità di rifarsi sui
debitori per i banditi rientrati, che cita i pareri di Odofredo e Alberto
Papiense, testimonia già l’esistenza di quaestiones classiche, condotte
con allegationes tratte dal Corpus iuris civilis, che vertono proprio sui
bandi della parte. Uno sguardo più ravvicinato a tali quaestiones
mostra come, nel trattarle attorno agli anni Ottanta del Duecento,
non si invochino più solo argomenti privatistici, ma quanto di più
pubblico e politico era dato rinvenire nel Digesto.
35 Tra le ragioni che la quaestio XXIV elencava per sostenere che i
fuoriusciti di parte della chiesa, una volta rientrati in città, non
potevano agire contro i propri debitori che avevano pagato i loro
debiti al comune, vi era il fatto che essi avevano compiuto una
diserzione. Lasciando la propria patria, si spiegava, per il fatto stesso
di averla abbandonata, essi hanno compiuto un delitto 65 . E per
dimostrarlo si allegava un passo del Digesto in cui Paolo afferma che i
soldati che abbandonano le stanze del palazzo vanno puniti con la
pena capitale 66 . Non sappiamo con certezza quanto ci sia di
originalmente gandiniano in questa quaestio. Il riferimento ai pareri
di giuristi della generazione precedente lascerebbe però credere che
si tratti di un caso tratto dall’esperienza della metà Duecento.
L’accenno alla pars ecclesiae, il cui nome si diffonde attorno agli anni
Quaranta per poi essere sostituito da declinazioni locali (prima fra
tutte «parte guelfa», attorno agli anni Novanta), potrebbe
confermarlo. Se una simile ipotesi fosse valida si spiegherebbe anche
perché il centro dell’interesse sia sul ritorno dei banditi politici.
Come accennato, i bandi dell’epoca delle guerre federiciane ebbero
normalmente una durata piuttosto limitata e per questo fu
particolarmente urgente trovare soluzioni al problema dei
fuoriusciti rientrati. Tanto più significativo apparirebbe (sempre nel
caso di una ripresa integrale da parte di Gandino di una questione
emersa vent’anni prima della sua attività di giudice) il ricorso, in un
periodo così risalente, a un argomento romanistico atto a difendere
la facoltà del comune di comminare gravi pene ai rei di reati politici
67 .

36 La quaestio XXVI della stessa raccolta gandiniana propone un’altra


situazione che complica leggermente il quadro: può un cittadino
espulso per ragioni di parte, a cui sono stati sequestrati tutti i beni,
essere citato nel tribunale di un’altra città da un suo creditore 68 ?
Un problema di questo genere si poteva verificare più facilmente in
un’epoca più prossima a quella di Gandino, quando le esclusioni si
prolungarono in durata e i fuoriusciti invece di compiere un rapido
viaggio di ritorno, cominciarono a muoversi da un comune all’altro.
Una prova più certa in tal senso è offerta dall’attribuzione della
solutio a Guido da Suzzara (morto nel 1292 e operante nel trentennio
precedente). Dopo aver esposto alcuni argomenti, contrari, secondo i
quali il creditore non poteva citare il debitore bandito (chi è in fuga
non ha domicilio; chi è in fuga non può stipulare contratti), e uno
favorevole (chi non ha domicilio fisso può essere citato ovunque),
tutti desunti dal Digesto, viene esposta la soluzione per la quale, sulla
base del parere di Guido, si afferma che il creditore che intende
riavere il suo denaro deve citare il comune che ha sequestrato i beni
69 . L’autorità invocata è quella della Lex iulia de vi publica che nel

Digesto disciplina vari reati contro l’ordine pubblico (tra cui possesso
illegittimo di armi, rapina, incendio, stupro, sequestro) punendoli
con la deportatio, la pena romana che prevede l’esilio e il sequestro
integrale dei beni, come si è visto, richiamata dai giuristi dei comuni
per definire il bando sin dalla fine del xii secolo.
37 È interessante notare come lo stesso Guido, nel 1268, richiesto dal
comune di Perugia di un consilium sulla pena da applicare contro
alcuni perugini contumaci, accusati di aver fatto evadere sei
cavalieri dell’esercito di Corradino di Svevia presi prigionieri,
precisò che contro di loro non si poteva far ricorso ai testi giuridici
proposti dal comune richiedente, e cioè alle leggi che disciplinavano
negli statuti cittadini i crimini contra libertatem Ecclesiae, e la Lex iulia
maiestatis, la legge imperiale che disciplinava i crimini contro il
popolo romano e la sua sicurezza, ma a quella stessa Lex iulia de vi
publica citata nella solutio appena descritta. Se si seguono le analisi
compiute da Ugo Nicolini e più recentemente da Sara Menzinger 70 ,
Guido compì una precisa scelta interpretativa del crimine commesso
dai perugini. Rifiutando le soluzioni che, come gli era stato riferito,
erano state prospettate dal podestà del comune, Guido non qualificò
la liberazione dei filoimperiali quale atto contrario alla parte della
Chiesa (che in epoca di crociate antiimperiali definiva i nemici come
attentatori alla propria libertas), e pertanto non giustificò il ricorso
alle pene statutarie. E non volle nemmeno definirla come azione
contro il governo, che avrebbe comportato una incerta
equiparazione della maiestas del popolo romano a quella del comune
di Perugia. Egli fornì un’interpretazione dell’atto quale generico
crimine di violenza in quanto la liberazione dei prigionieri era
avvenuta per vim armatam 71 . Definendo il bando dei quattro
perugini come un bando pro maleficio, Guido lo liberò delle
connotazioni politiche che il comune avrebbe voluto attribuirgli.
38 In questa scelta fu aiutato dall’ambiguità della situazione in merito
alla quale era stato richiesto del parere. La liberazione dei
filoimperiali, per quanto mossa da ragioni politiche, era pur sempre
un crimine in sé, e come tale poteva essere trattata. Ma cosa pensava
Guido da Suzzara dei banditi politici veri e propri? La soluzione alla
XXIV delle Quaestiones statutorum gandiniane, analizzata poco sopra,
fornisce un primo indizio del fatto che egli tendesse verso una
lettura riduttiva del bando comminato ai nemici di parte, e che
inquadrasse anche loro, come i quattro perugini, nel contesto della
Lex iulia de vi publica, definendoli, di fatto, più perturbatori
dell’ordine pubblico che ribelli veri e propri. Apparentemente in
contrasto con questa interpretazione potrebbe apparire una glossa
di Guido al Codice, in cui, commentando la Lex iulia maiestatis,
affermava che il giudice che emette una sentenza per crimen
maiestatis non ha bisogno di specificare che i beni del condannato
debbano essere sequestrati poiché una tale sentenza implica che lo
siano ipso iure e che, tra l’altro, il giudice potesse procedere senza
che fosse stata mossa alcuna accusa 72 . Si potrebbe pensare che con
questa specificazione egli intendesse costruire una tipologia di reato
e di pena utile ai governi comunali che bandivano i nemici di parte.
Ma una quaestio dello stesso Guido fuga ogni dubbio. Interrogandosi,
stavolta a proposito della città di Pistoia, sul caso, già classico, in cui
i fuoriusciti della parte esclusa, una volta rientrati, potessero
convocare i debitori e riscuotere i loro crediti che questi avevano
pagato al comune, egli tolse implicitamente ogni valore giuridico al
sequestro messo in atto nel frattempo dal comune affermando che lo
potevano fare, perché i debitori, pur avendo pagato i propri debiti al
comune non erano stati affatto liberati 73 . In altre parole Guido da
Suzzara sapeva benissimo che esisteva una categoria illustre di
definizione della ribellione, il crimen maiestatis, ma non pensava che
tale categoria fosse applicabile ai nemici fuoriusciti ed esclusi, a suo
modo di vedere, vittime di un atto giuridicamente illegittimo.
39 Va ricordato che, come ha messo in rilievo ancora una volta Sa-ra
Menzinger, lo stesso Guido da Suzzara espresse una visione per
alcuni versi riduttiva anche dei bandi non politici, quelli emessi dal
comune contro i criminali comuni. In una glossa all’Authenticum
sostenne che i beni dei banditi, anche per reati gravi, non dovevano
considerarsi automaticamente sequestrati, e corresse in questo
modo l’interpretazione che aveva dato Accursio con la sua
equiparazione del bando alla deportazione, che in quanto tale,
prevedeva il sequestro 74 . Dal trattato dei banditi di Iacopo
dell’Arena, che visse qualche tempo dopo Guido ed ebbe con lui
rapporti di discepolato, sappiamo che Guido si allineò all’opinione
secondo cui il bandito poteva essere impunemente offeso 75 . Ma
non sembra che egli avrebbe esteso questa opinione ai banditi
politici per ragioni di parte. Nel consilium perugino nel quale aveva
fatto ricorso alla Lex iulia de vi publica Guido non specificò affatto che
i responsabili dell’evasione avrebbero potuti essere colpiti
impunemente, e il suo inquadramento dei banditi politici nel
contesto della stessa legge (che non prevedeva nulla al riguardo)
lascia pensare che, secondo Guido, neanche per l’uccisione di questi
ultimi si sarebbe potuta consentire l’impunità 76 .
40 Del resto, la posizione di Guido da Suzzara nei confronti della
possibilità di offendere i banditi criminali fu criticata da Iacopo
dell’Arena. Nella parte del Tractatus de bannitis da lui scritto dedicata
ai diritti del bandito egli fece leva sul fatto che tale posizione,
largamente presente negli statuti e nelle sentenze comunali, non
trovava alcun fondamento nella pena romana della deportatio, e
affermò che si trattava di una interpretatio ambitiosa in quanto
autorizzava a delinquere e privava gli uomini della vita 77 . Nello
stesso senso giunse anche a prospettare la possibilità per il bandito
criminale di difendersi in tribunale 78 . Non sappiamo con certezza
se tale visione fosse, nell’opinione di Iacopo, automaticamente
estendibile ai banditi politici, ma il carattere generale del Tractatus,
che privilegia nettamente i diritti dei banditi rispetto alla possibilità
del comune di colpirli, sembra far propendere per una risposta
affermativa. Un’altra prova in tal senso è offerta da un passo del
commento di Iacopo al Digesto, ripreso successivamente dal
Commentarium de statutis di Alberico da Rosciate, in cui si affermava
che le parti espulse dalla propria città avevano il diritto di compilare
statuti e di eleggersi un podestà 79 . Interessante il fatto che questo
diritto fosse suffragato da un’equiparazione delle partes addirittura
alla plebe romana, che, compiendo la secessione dalla città e dal
senato aveva promulgato i plebiscita. A rigore il dato non autorizza a
concludere che, nella mente di Iacopo, i fuoriusciti non fossero
perseguibili dalla città che li aveva banditi, ma è certo che siamo ben
lontani da una concezione protesa a giustificare la loro repressione.
41 Non così Alberto Gandino. Se Iacopo dell’Arena, professore, for-se
vittima egli stesso di un bando, aveva sciolto le ambiguità della
definizione dei banditi (criminali e politici) data da Guido da Suzzara
nella direzione di una tutela stretta dei loro diritti, Gandino, giudice
forestiero presso i tribunali di governi che bandivano, procedette in
senso contrario e privilegiò gli interessi del comune. Alla base di ciò
vi era una concezione della «res publica civitatis in quanto soggetto
portatore di interessi che possono essere penalmente lesi» 80 . Vale
la pena, per il discorso che qui interessa, provare a valutare quale
incidenza abbia avuto tale concezione sull’immagine dei reati
politici. Rivelatrice è a questo proposito la XXV delle Quaestiones
statutorum. La sostanza del caso è pressoché la stessa di tante altre
questioni sin’ora passate in rassegna: alcuni milites di Parma, nel
corso di una guerra con un’altra città, sono usciti e si sono schierati
con l’esercito nemico. Il podestà ha riscosso le rendite dai loro
fittavoli. Una volta fatta la pace hanno essi diritto di reclamare le
rendite incassate dal comune 81 ? Dopo essersi sbrigato rapidamente
delle allegationes, per le quali rimandava alla già analizzata quaestio
XXIV, risolta secondo il parere di Odofredo, Alberto Papiense e Guido
da Suzzara in favore dei banditi rientrati, Alberto offrì una soluzione
che presentava maggiore originalità, specificando che occorreva
distinguere due possibilità. Il podestà poteva aver estorto gli affitti
per violentiam, nel qual caso i fittavoli avevano tutto il diritto di non
pagare due volte e anzi di intentare causa per iniuriam al podestà. Ma
se il podestà lo aveva fatto iure magistratus, e cioè, specificava
Alberto, con l’autorità di una norma statutaria che lo aveva investito
del potere di sequestrare oppure perché i milites erano stati citati e
non avevano risposto alla citazione, allora i fittavoli sarebbero stati
liberati dal proprio debito e i milites rientrati non avrebbero potuto
rivalersi su di loro 82 . In aperto contrasto con la soluzione
presentata nella quaestio XXIV (che tuttavia a questo punto, con un
rimando, Gandino affermava di poter risolvere anche in questo modo)
si legittimò quindi il diritto del comune a sequestrare i beni dei
banditi politici in virtù non solo della contumacia, che rimandava a
una consuetudine antica e consolidata, ma anche di una
deliberazione, purché dotata del valore di statuto. Si tratta, a quanto
ne so, della prima aperta difesa degli interessi del comune contro i
banditi politici.
42 Il sequestro dei beni non fu l’unico argomento sul quale Gandino
assunse questo atteggiamento. Nella quaestio LVIII affronta il
problema della possibilità di infliggere le condanne al bando
perpetuo secondo la consuetudine della Lombardia, cioè in assenza
dell’accusato 83 . Tralasciando quasi la presentazione degli
argomenti, si dichiarò subito favorevole allegando tre elementi di
prova: un passo del Digesto che stabiliva, per il giudice, la possibilità
di proteggere la propria iurisdictio anche mediante un giudizio
penale; l’autorità di Accursio, che aveva affermato che la sentenza in
assenza, senza litis contestatio, poteva essere emanata usque ad
relegationem, e, in conclusione, l’equiparazione della contumacia con
la ribellione, espressa dalla frase: Et hoc bampnum loco rebellionis
succedit («e questo bando [il bando perpetuo] prende il posto di una
ribellione»). Il passo non è chiaro, dal momento che si pongono sullo
stesso piano, con uno scarto logico, la pena e il reato per la quale la
pena viene inferta, ma appare evidente che Alberto colloca qui il
bando perpetuo delle consuetudini statutarie in quell’area dalla
quale Guido da Suzzara aveva inteso separarlo, quella della ribellione
al potere. Potenzialmente, ogni comportamento che determina il
bando perpetuo viene a configurarsi come atto di ribellione, dalla
stessa contumacia degli accusati di gravi reati, alla fuga dei nemici
sconfitti.
43 Alberto sapeva che il diritto romano poneva precisi limiti alla
possibilità di punire – con tutte le conseguenze del caso: sequestro
dei beni, possibilità di rivolgersi alla giustizia, di essere offeso e, in
ultima analisi, ucciso – l’accusato assente 84 , ma sapeva anche che
ta-li limiti non erano affatto previsti dagli statuti 85 . Rilevò la
contraddizione tra i due ordinamenti 86 ma, in molti luoghi relativi
ai bandi criminali, fornì al comune appigli per procedere in questo
modo. I passi che nella sua opera riguardano i bandi della parte si
inquadrano quindi in un più generale atteggiamento di difesa del
comune, l’atteggiamento già ricordato, che spiega, tra l’altro, la
ripresa del passo del Digesto secondo cui «è interesse dello stato che i
malefici non rimangano impuniti» 87 . Massimo Vallerani ha
chiarito come in Alberto Gandino la valorizzazione della pena,
desunta in grossa misura dalle idee di Dino del Mugello, sia fondata
su un’inedita coincidenza tra gli interessi della res publica e quelli del
giudice 88 . All’interno di questa visione, come si è visto, compaiono
le prime argomentazioni a sostegno della capacità del comune di
punire i nemici fuoriusciti. Ma – ed è questo il punto che rivela la
quaestio LVIII sulla punibilità in assenza – Gandino non pensava che
la rebellio da essi compiuta consistesse nell’appartenenza a una
fazione ostile al governo, ma nel non essersi presentati in tribunale
una volta citati. Egli elaborò insomma un’ideologia della punizione
dei banditi politici, non perché politici, ma perché banditi.
44 Come dovrebbe apparire chiaro a questo punto, lungo tutto il corso
del Duecento il bando politico è largamente presente nella
riflessione della scienza giuridica. Non mancano i riferimenti
romanistici per risolvere i problemi legati all’emanazione di bandi
nei confronti dei nemici di parte. Alla riflessione accursiana sull
bando criminale, a sua volta debitrice delle precedenti speculazioni
di Azzone e forse Bassiano, si vennero ad affiancare, attorno alla
metà del secolo, quando il fuoriuscitismo si impose sulla scena
politica dell’italia comunale, i ricorsi ancora occasionali di Odofredo
e Alberto Papiense alla Lex iulia de vi publica. Nella generazione
successiva tale ricorso divenne più sistematico in Guido da Suzzara
che lo usò, come i predecessori, per attenuare alcuni aspetti del
bando politico previsto dagli statuti, come il sequestro dei beni.
Guido era d’altro canto convinto della possibilità di offendere
impunemente il bandito e non elaborò ancora una visione
rigidamente coerente. Egli tuttavia costituì il tramite per due visioni
che coerenti lo erano. Dalla sua opera presero le mosse, da un lato, il
professore Iacopo dell’Arena che giunse a elaborare un tractatus sui
diritti processuali del bandito e una giustificazione gloriosa dei
diritti delle parti escluse, e dall’altro il giudice Alberto Gandino, che
si fece promotore della necessità di erogare pene da parte del
comune e che tese a legittimare in questo quadro anche la
persecuzione del reato politico. In nessuno dei due autori tuttavia si
scorge una chiara distinzione tra diritti dei banditi politici e diritti
dei banditi criminali. Il primo prese le difese degli uni come degli
altri, il secondo li accusò entrambi. La medesima vischiosità tra
giustizia penale e giustizia politica che si osserva negli atti
processuali pratesi e bolognesi si rispecchia dunque nelle opere dei
maestri presso cui si formavano i giudici e i sapientes che in quei
tribunali si affrontavano.

Il giudice e i sapientes: Alberto Gandino a


Bologna
45 I diversi atteggiamenti verso il reato politico ricavabili dalle ope-re
degli esperti di diritto ebbero conseguenze nella concreta
amministrazione della giustizia contro i nemici interni? E come pesò
sulla conduzione e sull’esito dei processi il denominatore comune a
tali atteggiamenti, la difficoltà di distinguere il politico dal
criminale? Per poter dare una risposta a queste domande si rivelano
utili i registri superstiti che conservano gli atti condotti da Alberto
Gandino in qualità di giudice vicario del capitano del popolo di
Bologna dall’ottobre 1294 al marzo 1295. La possibilità di vedere
l’autore delle Quaestiones statutorum e del Tractatus de maleficiis
nell’atto di presiedere il tribunale che si occupava, tra l’altro, del
controllo dei lambertazzi banditi e confinati, fornisce importanti
indicazioni in due direzioni. In primo luogo mostra chiaramente che
la concezione del reato e della pena elaborata da Alberto raccoglitore
di quaestiones, che, come si è visto, comprendeva anche la fiducia
nella possibilità di punire gli autori di reati politici, guidava anche le
scelte di Alberto giudice itinerante. In secondo luogo, dal momento
che i registri conservati ci mostrano Alberto Gandino impegnato in
cause in cui si fa ricorso al consilium dei sapientes cittadini, essi
testimoniano «dal vivo» la polarità tra l’atteggiamento
tendenzialmente punitivo del giudice cremasco e quello degli altri
giuristi che, come emerge dai dati elencati alla fine del secondo
paragrafo, contribuirono notevolmente alle assoluzioni.
46 Su questo punto vale la pena di fare qualche precisazione. I sapientes
non contribuirono ad assoluzioni e rientri per contiguità politica o
familiare con i cittadini colpiti. L’idea di un presunto
«ghibellinismo» che avrebbe caratterizzato in maniera generalizzata
i professori bolognesi è stata ormai ampiamente confutata in merito
al secolo xii, in particolare alle relazioni dei quattro dottori con
Federico I 89 . Rispolverarla per il secolo successivo in un clima
completamente mutato risulterebbe ancora più azzardato. È vero
che i giuristi del tardo Duecento non restarono affatto estranei ai
conflitti che attraversavano la società in cui vivevano e che, per
questa ragione, alcuni di loro vennero a militare nei movimenti che
combattevano il progetto di un’egemonia angioina sull’intera Italia
comunale. A Bologna, dove le fonti ci consentono di orientarci
meglio, fu il caso, tra gli altri, di Francesco d’Accursio 90 , di
Tommaso dei Maloxelli 91 , di Martino Solimani 92 , di Alberto dei
Pizzigotti 93 , di Federico dalle Scale 94 , di Accarisio di Viviano
Toschi 95 , di Tommaso da Piperata 96 . Tutti costoro furono colpiti
in qualche forma dalla prima esclusione dei lambertazzi, anche se
solo due di loro furono banditi. Con la sola eccezione di Tommaso da
Piperata, tuttavia, riuscirono rapidamente a rientrare in possesso
della pienezza dei propri diritti giurando la parte o essendo assolti in
un periodo che va dal 1274 al 1283. In conseguenza di questo rapido
reinserimento si trovarono presto coinvolti nell’attività consulente,
non solo nel contesto di processi per reati comuni, ma addirittura di
procedimenti relativi a lambertazzi 97 , ma – ed è questo il punto
fondamentale – si comportarono esattamente come i consulenti di
provatissima fede guelfa e geremea 98 .
47 Quale che fosse la loro provenienza familiare o la loro scelta politica,
in tutto il periodo dell’esclusione dei lambertazzi, i sapientes
improntarono i loro pareri al principio secondo cui la normativa
straordinaria emanata dal comune a partire dal 1274 non doveva in
nessun modo sconvolgere i principi basilari del diritto che essi
difendevano e rendevano vigente. In un processo del 1287 il notaio
Giovanni da Predamala accusò due confinati di non aver
abbandonato la città 99 . In seguito alle citazioni degli accusati si
presentò in tribunale un loro difensore, Bonfantino Petrizoli, che
chiese di esse-re ammesso alla loro difesa, dichiarandosi disposto a
prestare l’idonea garanzia 100 . Ma l’accusatore obiettò che questo
difensore non poteva essere ammesso, e che nel caso in cui lo fosse
stato, avrebbe dovuto prestare una garanzia pari a quella
dell’accusato 101 . Il giudice chiese quindi il parere di Tommaso di
Guido Ubaldini, legum doctor, il quale, dando ragione agli accusati,
sostenne, tra l’altro, che, secondo il diritto (ius), è possibile
ammettere alla difesa degli assenti anche persone che normalmente
non sarebbero idonee a tale compito, poiché una tale pratica è più
giusta (iustius) di quanto non sarebbe esporre a una grave condanna
chi è assente e indifeso 102 . Non sempre i sapientes invocarono
principi di equità tanto generali, ma la loro azione fu volta in ogni
caso a garantire il rispetto delle procedure ordinarie e la difesa dei
diritti nei casi in cui quelle e questi venivano a scontrarsi con la
legislazione speciale. Per questo, interpellati dal tribunale del
capitano, furono intransigenti rispetto ai vizi di forma – che una
procedura esplicitamente incentivata come quella contro i
lambertazzi favoriva – e fecero interrompere numerosi processi. Per
questo, chiamati dall’ufficio ai beni dei banditi, non ebbero il minimo
dubbio nel concedere ai petitori i beni dei lambertazzi sequestrati
dal comune sulla base dei diritti di proprietà invocati nelle petizioni
103 . Risulta quindi particolarmente interessante osservare come si

comportò Alberto Gandino a contatto con questo ambiente.


48 Un’analisi completa dei registri bolognesi che attestano la presenza
di Gandino solleva problemi più ampi di quelli di cui si intende
trattare in questa sede ed è opportuno che venga condotta altrove.
Limitiamoci a prendere in esame, a titolo di esempio, un solo
processo dibattuto da Alberto in tema di nemici di parte. Si tratta di
un processo che Alberto ereditò, per così dire, dal capitano
precedente, sotto il quale si era aperto nell’agosto 1294 e il cui esame
si protrasse nell’arco di quasi tutto il semestre del suo mandato, dal-
l’ottobre 1294 fino al febbraio 1295 104 .
49 Nell’estate del 1294 Riccardino di Riccardino da Pontecchio e suo
figlio Nicola avevano presentato una petizione al capitano del popolo
in cui sostenevano di non essere tenuti al pagamento della securitas,
la garanzia pecuniaria normalmente imposta ai confinati di parte
lambertazza. Essi – spiegava il loro procuratore – avevano giurato la
parte geremea già nel 1279, e dunque, secondo le norme contenute
nello statuto del popolo, dovevano essere considerati cittadini a tutti
gli effetti. Ciononostante – proseguiva la petizione – il capitano del
popolo ancora precedente (in carica dall’ottobre 1293 al marzo 1294)
aveva imposto loro il pagamento della securitas. Cosa occorreva fare
105 ? Il capitano richiese il consilium di cinque sapienti: quattro

dottori di legge 106 e un giudice 107 . Costoro, sulla base della


documentazione presentata dai petitori e della normativa del
comune (statuti, riformagioni, ordinamenti), si pronunciarono in
favore dell’accoglimento della petizione, dichiarando nulla la
richiesta di garanzia pecuniaria avanzata dal comune e, con essa, la
stessa condanna al confino. Come d’abitudine, il capitano provvide a
trasformare il consilium in sentenza 108 .
50 Un mese dopo, alla fine del settembre 1294, Zanotto Artenisi,
cittadino bolognese appartenente a una famiglia di cambiatori, per
ragioni che ignoriamo, cercò di far annullare questa sentenza,
affermando, in una sua petizione, che essa era stata emanata sulla
base di allegazioni false 109 . Il giudice capitaneale lo convocò
insieme al nuovo rappresentante legale dei da Pontecchio, il notaio
Albertino Francoli. Quest’ultimo espose alcune obiezioni in merito
alla proposta di Zanotto, in particolare sostenendo che era stata
presentata in un giorno festivo e che per questo non poteva essere
considerata valida. Zanotto a sua volta controbiettò. Due giorni dopo
(25 settembre 1294), il giudice precettò le parti di portare tutti i
propri argomenti e le rinviò di lì a tre giorni per avere risposta alle
loro petizioni. Trascorsi i tre giorni il giudice chiese a due sapientes
cittadini un secondo consilium in merito alla questione del giorno
feriale. Ma questi si rifiutarono di darlo affermando che il periodo
feriale era ancora in corso e che dunque la loro decisione non
sarebbe stata valida 110 .
51 Fu così che, giunto ottobre, in virtù della scadenza del mandato
capitaneale e del subentro di un nuovo ufficiale forestiero, la causa –
pendente – giunse nelle mani di Alberto Gandino.
52 Esercitando la propria giurisdizione con caratteristico zelo, Alberto
Gandino non si limitò, come facevano abitualmente i giudici
forestieri, ad attendere che le parti impegnate nelle vecchie cause si
ripresentassero in tribunale per riprendere la disputa, ma le mandò
a chiamare. Egli, inoltre, non agì con l’equidistanza che aveva
manifestato il suo predecessore. Questi aveva accolto con lo stesso
atteggiamento le due petizioni contrastanti e aveva fatto citare le
due parti insieme, dando a entrambe lo stesso termine. Alberto
procedette diversamente. Il 7 ottobre precettò il solo Albertino
Francoli, procuratore dei da Pontecchio, affinché venisse a prendere
copia della petizione di Zanotto 111 . Quando questi, il nove ottobre,
puntualmente si presentò, non solo gli richiese nuovamente gli
strumenti di procura che lo istituivano rappresentante legale (e che
Albertino Francoli aveva già presentato al giudice precedente), ma
temporeggiò nel rispondere alla richiesta di un termine di dilazione
di dieci giorni che questi richiedeva per poter rispondere
convenientemente alla petizione di Zanotto 112 . In questo Alberto
Gandino accolse l’obiezione della controparte. Zanotto obiettava che
i passi statutari richiamati da Albertino Francoli non avevano luogo
nel caso in oggetto. Egli sosteneva inoltre che doveva essere
piuttosto preso in considerazione lo statuto che imponeva al nuovo
capitano di sbarazzarsi delle cause già avviate entro venti giorni.
Alberto Gandino, sulla base di questi argomenti, concesse solamente
due giorni ad Albertino Francoli 113 . Quindi, continuando a
incalzare la parte dei confinati, citò Nicola, il figlio minore di
Riccardino da Pontecchio, mostrando così di non considerare ancora
pacifico (nonostante anche questo risultasse chiaramente dagli atti
del capitano precedente) che Albertino Francoli fosse il
rappresentante legale, oltre che di Riccardino da Pontecchio, anche
di suo figlio 114 . Albertino dovette ripresentarsi di lì a poco, l’11
ottobre, con lo strumento di curatela 115 .
53 Zanotto Artenisi trovò dunque nel nuovo giudice un ascoltatore ben
disposto. Egli, peraltro, per consolidare la propria posizione aveva
anche approfittato dell’istruzione del sindacato al capitano del
popolo uscente. Com’è noto, alla fine del loro mandato, i magistrati
forestieri e i funzionari della loro familia erano sottoposti a un
processo nel corso del quale i cittadini potevano presentare
circostanziate accuse sul loro operato. Gli ufficiali che fossero
risultati colpevoli avrebbero dovuto pagare una multa, da scontare
dal loro salario. Zanotto, che nel semestre precedente aveva sporto
petizione per impugnare la sentenza contro i da Pontecchio
affermando che in quella sentenza erano state presentate allegazioni
false, presentò, in occasione del sindacato del capitano, un’accusa
per falsificazione contro il notaio capitaneale Luca, che, a suo parere,
aveva falsificato, appunto, le allegazioni relative alle petizione dei da
Pontecchio. I tre sapientes 116 che facevano parte della commissione
al sindacato gli diedero ragione, e il notaio Luca fu multato per
cinquanta lire 117 .
54 Di fronte a questo attacco condotto (e coronato da sucesso) su più
fronti, il principale accusato, Riccardino da Pontecchio, decise di
reagire tempestivamente. Nominò, in aggiunta al procuratore, un
proprio difensore, Deomelde, che giunse in tribunale portando una
nutrita serie di allegazioni che mostravano quanto fosse fondata la
richiesta di cancellazione dalla condizione di confinato che la
controparte riteneva illegittima 118 . Inoltre, attraverso il proprio
procura-tore, Albertino Francoli, presentò la risposta alla petizione
di Zanotto in cui elencava gli argomenti per cui non doveva essere
accolta. Tra questi, il fatto che Zanotto aveva espresso la richiesta di
cassazione della sentenza in forma condizionale, il fatto che non
aveva alcun titolo per chiedere una tale cassazione in quanto non gli
era lecito agire per difendere diritti del comune (quelli lesi dalla
mancata prestazione della garanzia da parte dei due confinati).
Pertanto, si concludeva, occorreva cassare dalla petizione di Zanotto
alcune frasi cruciali (il riferimento all’annullamento della sentenza e
quello alla falsità delle allegazioni presentate dalla controparte). Una
simile eliminazione avrebbe reso la petizione inutilizzabile 119 .
55 Tutto questo non sconcertò affatto Zanotto, che affermò di voler
procedere con la propria petizione 120 . Venutasi a determinare una
situazione di stallo, fu richiesto un nuovo consilium. In questo
secondo consilium, due sapientes diedero pienamente ragione ai
procuratori di Riccardino da Pontecchio e dichiararono illegittima la
petizione di Zanotto 121 .
56 Fu a quel punto che il giudice Alberto Gandino fece qualcosa che
costituisce un vero e proprio apax procedurale nel corpus processuale
bolognese relativo ai lambertazzi: rivolgendosi a Terzolino Artenisi,
procuratore di Zanotto, affermò di non essere affatto tenuto ad
accogliere l’esito del consilium e che nel caso in cui lui e il suo cliente
avessero dubitato di tale parere egli si dichiarava disposto a
chiederne uno nuovo 122 . Per quanto ne sappia, si tratta dell’unico
caso attestato in cui un magistrato capitaneale decide di non
trascrivere il parere ricevuto, di non trasformarlo in sentenza. Egli
diede dunque corso alla protesta, citò nuovamente il procuratore e il
difensore dei da Pontecchio perché venissero a sentire le obiezioni
sollevate dalla controparte in merito al consilium e a fornire nuove
prove 123 . Il procuratore di Zanotto, così incoraggiato, presentò un
elenco di eccezioni in cui sosteneva che, a differenza di quanto aveva
sostenuto Riccardino, questi aveva soggiornato a Faenza insieme ai
lambertazzi, nemici del comune di Bologna, e che anche dopo aver
prestato il giuramento, nel dicembre 1279, aveva combattuto contro
la parte geremea. Si dichiarava disposto a provare tutto ciò per
mezzo di testimonianze e concludeva sostenendo che lo diceva con
l’intenzione di difendere il diritto del comune e la giurisdizione e
l’ufficio del giudice 124 .
57 Non reputo affatto azzardato attribuire quest’ultima frase, per nulla
tipica del formulario del tribunale del capitano del popolo, a un
suggerimento dello stesso Alberto Gandino, teorico della
sovrapposizione tra interessi della res publica e interessi dello iudex.
Ma anche se le cose non stessero così, resterebbe comunque la
distanza che con questa ennesima protestatio – in questo scontro che
Gandino catalizzava invece di governare – venne a crearsi tra gli
argomenti della difesa e quelli dell’accusa: i primi tutti interni a una
logica procedurale che utilizzava strumentalmente norme,
provvedimenti, principi di diritto senza mai chiamare in causa la
sostanza del conflitto di parte, i secondi tendenti a scalzare questa
logica mediante il riferimento al delitto compiuto, che con la sua
oggettività si imponeva sopra e oltre ogni possibile obiezione 125 .
58 Come dimostra lo svolgimento successivo, fu la medesima distanza
tra il linguaggio dell’accusa e quello della difesa a procrastinare i
termini di una soluzione. Sulla base della protestatio appena
menzionata, Zanotto chiese la revoca del precedente consilium, ma,
ovviamente, a questa richiesta si oppose Deumelde, il difensore di
Riccardino da Pontecchio 126 . Alberto non poté far altro che
chiedere ad altri due sapientes un nuovo consilium (il terzo attestato
nel procedimento) in merito alla richiesta di revoca avanzata da
Zanotto. Come in precedenza, i sapientes si pronunciarono in favore
della parte dei da Pontecchio, dichiarandosi contrari sia alla revoca
del consilium precedente, sia all’accoglimento dei testimoni in merito
alle affermazioni contenute nella protestatio 127 . Forte di questo
nuovo successo Albertino Francoli tornò a chiedere l’annullamento
della prima petizione avanzata da Zanotto, ma da Alberto Gandino
non riuscì a ottenere altro che la richiesta di un quarto consilium, in
merito alla questione originaria, quella dell’accoglimento della
petizione di Zanotto in cui si chiedeva di cassare la prima sentenza
favorevole ai da Pontecchio; e finalmente i nuovi sapientes dettero
ragione a Zanotto, pur specificando che egli avrebbe dovuto provare
perché la sentenza che intendeva impugnare era da considerarsi
falsa e che egli, in ogni caso non aveva alcun titolo per ambire a una
restitutio 128 . È interessante notare che per giustificare tale
accoglimento essi chiamarono in causa l’interesse del comune, il
quale, a loro giudizio, non era stato adeguatamente tutelato. Si
trattava di un altro argomento che, se non era stato direttamente
insufflato dallo stesso Gandino, dimostrava almeno una straordinaria
consonanza tra giudice e accusa. Costoro, per vincere, non potevano
usare che l’argomento sostanzialista secondo cui il comune era stato
leso dal fatto che due persone dichiarate nemiche non avevano
pagato una securitas e non avevano subìto una pena. Sul piano
formale, tuttavia, una volta che fossero stati presi in considerazione i
diritti dei da Pontecchio, erano destinati a perdere.
59 È quanto emerge dagli atti successivi, che si svolsero dal novembre
1294 al marzo 1295: Zanotto chiese, sulla base del quarto consilium,
che i da Pontecchio fossero ricondannati al confino 129 ; Alberti-no
Francoli rispose chiedendo la cassazione del quarto consilium,
generando la richiesta, ad altri sapientes, di un quinto consilium, in
merito appunto alla cassazione del quarto 130 . Mentre tale richiesta
veniva presa in considerazione, giunse al tribunale da parte di una
persona sino a quel momento non coinvolta nel processo una nuova
accusa contro i da Pontecchio, forse istigata dallo stesso Zanotto, ma
ad essa non si diede corso 131 . Il quinto consilium finalmente giunse
e diede ragione ai da Pontecchio, cassando il precedente (che aveva
di fatto costituito l’unica vittoria della parte avversa) 132 . Infine,
per ragioni che ignoriamo, Alberto Gandino volle sentire il parere di
un terzo sapiente che si aggiunse agli altri due già consultati
nell’emanazione di un sesto consilium, identico al precedente, con la
cui apertura dinnanzi alle parti le ragioni dei da Pontecchio
trionfarono in maniera definitiva, riducendo al silenzio il loro
pervicace persecutore 133 .
60 Questi atti (che in ultima analisi non costituiscono altro che un
reiterato procedimento di conferma di una sentenza favorevole a
due lambertazzi rientrati) mostrano bene quali effetti potesse sortire
una visione del reato come quella di Alberto Gandino una volta cala-
ta nella concreta amministrazione della giustizia cittadina. Le
intenzioni di Gandino appaiono indiscutibili: egli intende far pesare
il fatto che coloro che hanno presentato una petizione per essere
liberati dalla propria condizione penale hanno compiuto un atto
grave nei confronti del comune, per il quale hanno meritato la
punizione. Per questo egli attenua gli elementi amministrativi, che
caratterizzano normalmente la conduzione dei processi nel tribunale
che presiede, e forza le procedure verso modelli più serrati,
accorciando i ter-mini alla difesa, offrendo continuamente all’accusa
la possibilità di presentare nuove obiezioni e fronteggiare così una
massa di consilia sfavorevoli (cinque contro uno), e infine suggerendo
o esaltando, tra gli argomenti dell’accusa, quelli che cantano la
gloria del comune, della sua giurisdizione e del giudice che la
amministra.
61 Ma da tutto ciò non ottiene granché. I procuratori e i difensori che
agiscono nel suo tribunale non stanno al gioco e non entrano mai nel
merito del crimine compiuto dai loro assistiti. Si limitano piuttosto a
decostruire gli argomenti della controparte in maniera analitica,
prendendoli uno per uno e opponendovi difese sostanziali (come
l’assenza, nella petizione di Zanotto, di ragioni che provino la falsità
degli argomenti) o formali (il riferimento alla presentazione della
petizione in un giorno feriale), desunte dalla normativa cittadina (in
merito, per esempio, alla lunghezza dei termini a difesa) o dalla
sapienza giuridica (come nel caso della forma condizionale in cui è
stata presentata la petizione di Zanotto). In modi diversi pervengono
a innalzare una cortina di fumo dietro alla quale il delitto politico –
che i nostri occhi, come quelli di Alberto Gandino si affannano a
cercare – diventa pressoché invisibile. Gli sforzi compiuti dall’accusa
e dal giudice per abbattere questa cortina si rivelano va-ni. Quando,
a un certo punto del procedimento, l’accusa chiede di ascoltare
testimoni che dimostrino come i due da Pontecchio hanno in realtà
continuato ad agire da lambertazzi anche dopo il giuramento della
parte geremea, è sufficiente un consilium contrario a impedirlo. Un
consilium nel quale – si badi – il parere negativo è espresso senza
alcuna giustificazione.
62 La medesima tecnica per raggiungere l’assoluzione emerge dalle
quaestiones che fanno direttamente riferimento all’esclusione dei
lambertazzi, dibattute a Bologna nel corso dei decenni successivi al
1274 e conservate nelle raccolte trecentesche. Una di esse, attribuita
a Lambertino Ramponi e discussa nel novembre 1277, prende le
mosse dal fatto che gli statuti bolognesi stabiliscono che i beni dei
lambertazzi che muoiono a Faenza lasciando i propri figli devono
pervenire integralmente al comune 134 . Si pone il caso in cui un
lambertazzo bandito muoia a Faenza istituendo i nipoti propri eredi.
Il podestà, in quel momento assente dalla città, nomina un
ambasciatore che vada a riscuotere questi beni. Gli anziani e il
consiglio cittadino confermano questa nomina. Ci si domanda se la
nomina abbia effettivamente valore e se il comune possa riscuotere i
beni. La quaestio, che ricorda da vicino i casi discussi in tribunale,
procede con la stessa tecnica utilizzata dai procuratori giudiziari, la
suddivisione in sottoquestioni. Si discutono pertanto la validità della
prima nomina da parte del podestà, quella della seconda nomina, da
parte dei consigli, e il problema fondamentale, quello del diritto del
comune a riscuotere i beni. Le allegazioni sono passate in rassegna
separatamente per ognuna delle sottoquestioni, a cui vengono date
anche separate soluzioni. Discussi i rispettivi argomenti, la prima e
la seconda nomina sono giudicate accettabili nelle soluzioni. Ma
passando al terzo e più importante dei problemi, Lambertino lo
risolve, sulla base di un parere di Francesco d’Accursio, affermando
che il comune non ha diritto a sequestrare perché lo statuto parla di
figli, ma non di nipoti e perché dal punto di vista logico la menzione
del figlio non comprende in sé quella del nipote 135 .
63 Come nei tribunali, dunque, anche nelle scuole si procede mediante
varie tecniche (suddivisione della quaestio, spostamento dal piano
giuridico a quello logico) a trasformare il caso di partenza, legato
all’attualità politica, originato e condizionato da un arbitrio del
governo comunale, in un caso astratto, che può essere manipolato
sino a farlo svaporare. Questo processo di astrazione rende le
quaestiones relative ai lambertazzi utilizzabili anche in contesti
differenti, lontani nello spazio e nel tempo, e ne spiega la
sopravvivenza nelle raccolte della metà del Trecento. La quaestio
appena ricordata, per esempio, poteva tornare utile in qualsiasi caso,
anche di diritto privato, in cui occorresse distinguere i diritti di un
figlio da quelli di un nipote. Così come non stupisce trovare il
riferimento, apparente-mente incongruo, ad uno statuto che
proibisce ai notai di confezionare strumenti relativi alle alienazioni
compiute dai lambertazzi e che risale, con ogni probabilità, agli anni
Ottanta del Duecento, in una quaestio confluita nel Commentarium de
statutis di Alberico da Rosciate che tratta di falsificazione di
documenti 136 . In seguito al primo rientro dei lambertazzi a
Bologna, quello del 1279 di cui avevano beneficiato anche i da
Pontecchio, molti ex banditi, temendo una nuova esclusione,
avevano provveduto a stipulare con geremei di propria fiducia falsi
contratti di vendita, così da mettere al sicuro i propri beni. L’ondata
delle false alienazioni aveva generato una normativa tesa ad
arginarla, e questa normativa, a sua volta, una se-rie di processi 137 ,
e dunque di allegazioni, in cui – per effetto di quel-l’astrazione a cui
si è appena fatto riferimento – non ci si limitava a prendere in esame
le nuove norme sulle alienazioni dei lambertazzi, ma si traeva
spunto dall’intero diritto in tema di falsificazioni. Così il caso politico
emergente era rimasto legato al più ampio contesto giuridico. Di
questo legame si conservava traccia nella quaestio riportata da
Alberico.
64 Nella fase di passaggio in cui i governi comunali cominciano a
legiferare contro i propri nemici politici interni, dunque, i giuristi si
rivelano un ceto che, lungi dal porre la propria scienza al servizio del
potere, costruisce e custodisce una scienza da cui trae potere. Questa
scienza comprende la nozione di crimine politico. Per questo i
giuristi non possono escluderla dal proprio orizzonte. Ma essi non
possono accettarne una potenziale implicazione, la capacità di
stravolgimento, in nome della difesa del potere, dell’assetto giuridico
normale: l’idea, per esempio, che un bando perpetuo di fuoriusciti li
privi effettivamente di qualsiasi capacità processuale, come si legge
negli statuti. Accettare una simile idea metterebbe a repentaglio
l’ordine su cui si fonda la scienza stessa da cui essi traggono
alimento. Per questo i giuristi provvedono ad attenuarne la portata,
rendendo ordinario e manipolabile ciò che è straordinario e
intangibile. Non stupisce che per fronteggiare un simile
atteggiamento e poter applicare le norme contro i banditi politici e i
lambertazzi, il giudice Alberto Gandino ricorra, nelle quaestiones e
nei processi, ad argomenti forti, fondati sulla necessità di difendere
gli interessi della res publica. I processi bolognesi tuttavia mostrano
che la posizione di Gandino è isolata, e che i giudici normalmente
non si comportano come lui. Solo all’interno di un quadro ideologico
come il suo, in cui l’intera amministrazione della giustizia penale è
dotata del valore di compito superiore e solenne, il reato politico può
essere giuridicamente giustificato.

Conclusioni
65 Anche l’analisi del comportamento in tribunale degli esperti di
diritto rivela dunque il dato già emerso, nei paragrafi precedenti,
dallo studio della giustizia comunale e da quello della letteratura
dottrinale: la difficoltà di distinzione nel trattamento di quelli che
oggi definiamo reati politici e di quelli che oggi definiamo reati
comuni. L’ambiente della città duecentesca, in cui si muovono
accusatori e accusati, giudici e avvocati, legislatori e giuristi, vede la
sovrapposizione tra queste due sfere. E dal nostro punto di vista di
osservatori moderni, testimoni di una realtà successiva, derivata
dalla rivoluzione penalistica cinquecentesca e dalla moltiplicazione
delle fattispecie di crimen lesae maiestatis, la cultura duecentesca del
reato politico acquisisce – come e più della cultura del reato tout
court – i contorni di un sistema a maglie larghe, che fornisce a chi
intende perseguitare i nemici poche risorse, riservandone molte a
chi manifesta la volontà di difenderli. Il sistema giudiziario, il ricorso
al diritto romano e le contingenze storiche compongono questa
cultura, la cui evoluzione complessiva, tuttavia, non costituisce una
semplice somma delle singole parti e merita pertanto alcuni brevi
richiami conclusivi.
66 Nel momento in cui i governanti comunali sentirono la necessità di
escludere i propri oppositori ribelli, dovettero procedere con
cautela, e ricorrere a giustificazioni accettabili che inquadrassero la
nuova pratica in un quadro politico e giuridico noto e condiviso. Ciò
era tanto più necessario dal momento che l’esclusione dei nemici
costituiva un fenomeno sostanziale inedito rispetto ai comuni
consolari della prima metà del xii secolo. Abbiamo mostrato in
apertura come, prima dell’arrivo di Federico I, la pena
dell’esclusione era riservata agli autori di crimini particolari (come
la rottura della pace o la falsificazione della moneta) che
minacciavano la giurisdizione comunale, cioè il monopolio che il
comune intendeva affermare rispetto ad alcune funzioni, come il
coniare moneta o il garantire un percorso per la soluzione dei
conflitti. A questo punto è necessario aggiungere che, nello stesso
periodo, le azioni che oggi definiremmo come crimini politici
(ribellione, diserzione, giuramento di fedeltà a un potere
concorrente a quello comunale o accordo con il nemico) non erano
punite con la pena dell’esclusione, ma con la sospensione dai
pubblici uffici. Lo mostrano con tutta evidenza i brevi consolari di
Genova e alcuni sparsi documenti provenienti da altre città.
67 Per questa ragione, quando (tra xii e xiii secolo) si diffuse l’uso di
escludere i fuoriusciti li si volle chiamare «banditi»: la pratica
consolidata dell’esclusione di chi minava la giurisdizione del comune
servì per travestire e rendere legittima quella di chi, con la pro-pria
secessione, aveva manifestato il rifiuto di condividere la linea
politica del governo. Conseguenza di ciò fu che la nuova esclusione
dei nemici assunse alcune delle caratteristiche che aveva conservato
l’esclusione dei contumaci e di chi aveva minacciato la giurisdizione
del comune. Così, per quanto dichiarato intangibile, anche il bando
dei ghibellini continuò a essere, nella pratica, revocabile. Più in
generale, non bastò una sentenza di bando politico per privare
completamente un cittadino della propria rete di relazioni o per
annullare il potere protettivo di tale rete. La novità del reato politico
compiuto dai fuoriusciti e la necessità di inquadrarlo in categorie già
note impedì insomma che fosse riconosciuto come qualcosa di di-
verso e, eventualmente, di più grave. Di fronte ai fuoriusciti banditi, i
giuristi si comportarono come di fronte agli accusati di reati comuni,
senza considerare la politicità del loro comportamento
un’aggravante pregiudiziale. Nonostante la sua più che secolare
utilizzazione penale, intensificatasi con le grandi esclusioni
tardoduecentesche, la nozione di bando conservava ancora un’idea
di reversibilità. Se si considera che i giuristi erano profondamente
convinti di ciò, si può comprendere meglio perché i consilia nei
processi per reati «di parte» furono quasi sempre assolutori: l’atto
stesso di presentarsi in tribunale, la volontà di difendersi alle
condizioni stabilite dal sistema giudiziario, fu considerato come un
segno sufficiente dell’obbedienza necessaria, e per molti versi lo era.
68 Se si accetta una simile ricostruzione, quanto cominciò a realizzarsi
nei primi decenni del Trecento viene a delinearsi come il segno di
una cesura particolarmente netta e improvvisa. Solo a partire da
questo momento la ribellione cominciò ad apparire in maniera
esplicita e sistematica come giustificazione dei bandi, quando non
addirittura come reato previsto dagli statuti. Solo allora si ebbe una
vera normalizzazione della giustizia politica, non più, come in
precedenza, nel senso di una sua assimilazione alla giustizia per reati
comuni, ma in quello di stabilizzazione del carattere straordinario e
di emergenza. Solo allora, in virtù di questa normalizzazione, la
giurisdizione sui nemici politici fu affidata a magistrati (cittadini)
specializzati e amministrata in tribunali speciali che
rappresentavano in maniera evidente la raggiunta autonomia della
repressione dei dissidenti; un’autonomia che, come si è visto,
sarebbe risultato vano cercare nel Duecento 138 .
69 La nettezza di questa cesura contribuisce, almeno in parte, a
giustificare la scelta di non condurre in questa sede un’analisi
dettagliata del passaggio dalla preistoria alla storia del reato politico,
del mutamento che vide l’affermazione di un nuovo paradigma. Si
spera che l’analisi di quello vecchio sia stata sufficientemente
esaustiva da suggerire al lettore qualche indicazione, e che laddove
si è voluto porre l’accento sulla persistenza non sia impossibile
scorgere la cri-si. Il fatto che le esclusioni di fine Duecento furono
attenuate dall’interpretazione «conservatrice» che ne diedero cives e
sapientes non toglie nulla al dato che tali esclusioni ebbero luogo.
Questa presenza fu di per sé gravida di conseguenze. Un cittadino
nato nel 1260, a differenza di suo padre, le dava per scontate,
considerandole un elemento imprescindibile del paesaggio politico
in cui si muoveva. L’atteggiamento dei giuristi nati in un simile
paesaggio non poteva esse-re lo stesso dei loro maestri che avevano
visto le esclusioni divenire qualcosa di importante e pervasivo nel
corso della loro vita. La perdita dello stupore rispetto a una pratica
nuova, l’attenuarsi del bisogno di leggerla attraverso il filtro di
istituti noti e consolidati contribuì a rendere più accettabile la forte
intromissione della politica nel campo del diritto che nel Duecento,
pur tentata, non aveva avuto successo. A questa evoluzione graduale
va aggiunta poi la sensibile intensificazione delle guerre
intercomunali e il connesso modificarsi dei rapporti di forza interni
al comune. Questi elementi, che si rendono visibili tra 1290 e 1320,
contribuirono in maniera determinante a rendere più frequente il
ricorso a categorie quali l’interesse della res publica o la necessità di
punire i ribelli, che aveva largamente utilizzato Alberto Gandino. Nei
primi decenni del Trecento tuttavia, rispetto all’opera gandiniana,
quest’uso appare più strumentale; più consapevole e studiata la
confusione tra crimini contro la città e cri-mini contro il regime.
70 Nella generazione successiva a quella di Alberto, Alberico da
Rosciate inserì nel suo Commentarium de statutis una quaestio in cui si
affrontava – per quanto ne sappia, per la prima volta – il problema
centrale dell’esclusione politica 139 . Quando una parte usciva dalla
città il podestà intrinseco aveva il diritto di bandirla in contumacia?
140 Gli argomenti pro e contra erano passati in rassegna in modo

tradizionale. La soluzione era pilatesca: nel caso in cui la parte era


stata espulsa per propria colpa, il podestà aveva diritto a bandirla, se
invece la colpa era stata del comune, il podestà non ne aveva diritto
141 . Attraverso la formale conservazione di un linguaggio giuridico

si esprimeva così la rinuncia dei sapientes a intervenire nel merito


dell’esclusione. Legittimare o meno un bando politico, stabilendo se
la colpa era stata del comune o dei suoi nemici, non era operazione
che si potesse compiere nelle capienti sale del palazzo che
ospitavano i tribunali, ma in stanze diverse, meno accessibili e più
piccole di quelle.

NOTE
1. Il tema dell’esclusione politica in età comunale è stato trattato in alcune sintesi dall’impianto
descrittivo: R. Starn, Contrary Commonwealth. The Theme of Exile in Medieval and Renaissance Italy
, Berkeley, 1982; J. Heers, L’esilio, la vita politica e la società nel Medioevo , Napoli, 1997; cfr.
anche C. Beck e J. Heers (a cura di), Exil et civilisation en Italie ( xii e - xvi e siècle) , Nancy, 1990.
Questi libri non contengono analisi sistematiche di fonti processuali e in generale si
soffermano poco sulla dimensione giudiziaria, fondati come sono sulla cronachistica. Gli
unici casi analizzati in maniera più ravvicinata (quello di Dante da St primo luogo) si
riferiscono al principio del Trecento, un momento in cui, come si vedrà, si assiste a una
serie importante di cambiamenti in tema di esclusione. Un tentativo di analizzare le
esclusioni duecentesche attraverso le fonti giudiziarie, normative e pattizie è stato fatto in
G. Milani, L’esclusione del comune. Conflitti e bandi politici a Bologna e in altre città italiane tra xii e
xiv secolo , Roma, 2003. Nel corso di questa ricerca, a cui mi permetto di rinviare, è emerso il

principale assunto che in questa sede intendo dimostrare: la relativa debolezza della
giustizia di parte nel Duecento.
2. Sul consilium è obbligatorio il richiamo a G. Rossi, Consilium sapientis iudiciale. Studi e
ricerche per la storia del processo romano canonico. I. (secoli XII-XIII) , Milano, 1958. Sulla
necessità di situare i consilia nel contesto della giustizia cittadina v. da ultimo I.
Bauumgärtner (a cura di), Consilia im späten Mittelalter. Zum historischen Aussagewert einer
Quellengattung , Sigmaringen, 1995, in particolare l’introduzione della curatrice. Sul ruolo
dei consilia nei processi comunali v. M. Ascheri, «Consilium sapientis», perizia medica e «res
iudicata»: diritto dei «dottori» e istituzioni comunali , in S. Kutner e K. Pennington (a cura di),
Proceedings of the Fifth International Congress of Medieval Canon Law , Città del Vaticano, 1980, p
. 555-564; A. Padoa Schioppa, La giustizia milanese nella prima età viscontea (1277-1300) , in «Ius
Mediolani». Studi di storia del diritto milanese offerti dagli allievi a Giulio Vismara , Milano, 1996, p
. 1-46 e p . 19-25, e M. Vallerani, L’amministrazione della giustizia a Bologna in età podestarile , in
Atti e memorie della Deputazione di storia patria per le province di Romagna , 43, 1992, p . 291-316.
Sull’emergere delle quaestiones de facto e sulla nuova aderenza di questo genere di
letteratura giuridica ai concreti problemi emersi nel corso dei dibattiti giudiziari v. M.
Bellomo, Legere, repetere, disputare , in M. Bellomo, Medioevo edito e inedito. I. Scolae,
Universitates, Studia , Roma, 2000, p . 53-97, alla p . 87; E. Corte-se, Il diritto nella storia
medievale. II. Il basso medioevo , Roma 1998, p . 153-155. Sulla confluenza delle quaestiones nelle
raccolte v. M. Bellomo, I fatti e il Diritto. Tra le certezze e i dubbi dei giuristi medievali (Secoli xiii -
xiv ) ,Roma, 2000. Sul ruolo dei giuristi nella politica comunale v. ora S. Menzinger, Giuristi e
politica nei governi di popolo , Roma, 2006.
3. Senza alcuna pretesa di esaustività, visto anche lo stato di avanzamento dei lavori su
questo tema, ho cercato quaestiones relative al reato politico in: A. Belloni, Le questioni
civilistiche del secolo xii . Da Bulgaro a Pillio da Medicina e Azzone , Francoforte, 1986; Id., Studi
sulle «Quaestiones» civilistiche disputate nelle università medievali , Catania, 1980; A. Romano,
Aspetti dell’insegnamento giuridico nelle università medievali. IV . Le «quaestiones disputatae» ,
Reggio Calabria, 1975; Albertus de Gandino, Quaestiones statutorum , ed. A. Solmi, Bologna,
1901 ( Bibliotheca Juridica Medii Aevi , 3); Albericus a Rosate, Commentarium de statutis , in
Tractatus Universi Juris , II, Venezia, 1584, f. 2-85.
4. R. Piattoli, I ghibellini del comune di Prato dalla battaglia di Benevento alla pace del cardinal
Latino , in Archivio storico italiano , ser. VII , 13, 1929, p . 195-240; 15, 1931, p . 3-58 e p . 229-
272.
5. P. Costa, Civitas. Storia della cittadinanza in Europa. 1. Dalla civiltà comunale al Settecento ,
Roma-Bari, 1999.
6. Nelle fonti statutarie della metà del xii secolo come il Breve dei consoli genovesi , la pena
dell’esclusione, forse per effetto dell’uso di un vocabolario classico, è più spesso definita
exilium .
7. Codice Diplomatico della Repubblica di Genova dal DCCCCLVIII al MCLXIII , I, ed. C. Imperiale di
Sant’Angelo, Roma, 1936, p . 115-116: Si ego invenero ullum hominem testibus qui sint recipendi
ad tam magnum crimen vel sua confessione qui falset monetam ianuensem vel qui eam falsatam
habeat, aut qui eam falsare faciat, vel qui eam falsari consentiat, vel cuius consilio falsetur, omnes res
suas mobiles et immobiles comuni Ianue laudabo et res eius quas invenero, ita quod eas capere
possim, capiam ad comune Ianue et amplius ei non reddam nec ulli alteri persone pro eo. Si enim
personam eius habere potero manum eius obtruncare faciam atque in parlamento publice laudabo ut
eius persona perpetim exilietur. (...) .
8. Quintodecimo kalendas iunii, indictione XII [= 18 maggio 1149]. Nos, inquam Bononiensis populus,
propter perpetratum foedus a Grasso de Randuino comissum, quod Ottolinum suum videlicet
generum occulte nocte interfecit, iuramus predictum Grassum et qui cum eo conscii et participes
fuerunt mortis prefati Octolini deinceps in perpetuum neque concives civitatis fore Bononie neque
habitatores castri sive burgi sive ville vel cuiuslibet alterius loci territorii sive comitatus Bononiensis,
eorumque bona in nullius bonis esse volumus set vacua semper atque deserta velut publicata et
proscripta in commune totius populi Bononiensis civitatis permaneant (pubblicato in R. Ferrara, La
scuola per la città: ideologie, modelli e prassi tra governo consolare e regime podestarile (Bologna
secoli xii - xiii ) , in Cultura universitaria e pubblici poteri a Bologna dal xii al xv secolo. Atti del 2 o
Convegno. Bologna, 20-21 maggio 1998 , a cura di O. Capitani, Bologna, 1990, p . 73-124, p . 87, n.
22.
9. G. Milani, Prime note su disciplina e pratica del bando a Bologna attorno alla metà del xiii secolo ,
in Mélanges de l’École française de Rome. Moyen Âge , 109, 1997, p . 501-523, p . 511.
10. Statuti pistoiesi del secolo xii , ed. N. Rauty, Pistoia, 1996, p . 163: Si cognovero aliquem civem
alterum concivem studiose interfecisse, nisi pro se defendendo fecerit, si habuerit turrim vel partem
turris meliorem casam ei faciam destrui et de civitate illum expellam et per quinquennium in civitate
Pist(or)ia eum habitare non permittam nec in suis burgis nec infra tria miliaria prope civitatem, [me]
sciente, nisi pacificatus fuerit cum eo cum quo litem habuerit .
11. Secondo un’altra rubrica dello stesso statuto pistoiese, chi avesse rotto un accordo di
conciliazione o pace già stabilito davanti ai consoli, al podestà o ai rettori, ai vicini, o agli
amici, o anche fatto semplicemente tra due persone, non avrebbe potuto abitare nella città,
nei borghi e nel raggio di tre miglia. Statuti pistoiesi... , p . 141: Item si quis finem vel pacem ante
consules vel potestatem aut rectores seu vicinos aut amicos, seu facta(m) inter se, studiose feriendo
ruperit, non permittam illum habitare in civitate Pist(or)ia me sciente nec in suis burgis in meo
dominio nec infra tria miliaria prope civitatem et puniam eum sicut infra de homicidio continetur,
excepto quam de casa et turri .
12. E. Cortese, Legisti, canonisti e feudisti: la formazione di un ceto medievale , in Università e
società nei secoli xii - xvi . Pistoia, 20-25 settembre 1979 , Pistoia, 1982, p . 195-281, alle p . 212-214.
13. Questo elemento ha condizionato le ricerche sul bando, facendo attardare per molto
tempo gli studiosi sul problema dell’origine romana o germanica di questo istituto. In
particolare C. Ghisalberti, La condanna al bando nel diritto comune , in Archivio giuridico , 1960,
p . 7-26, sostenne l’origine germanica, mentre D. Cavalca, Il bando nella prassi e nella dottrina
giuridica medievale , Milano, 1978, p . 63-65, lo criticò, obiettando che esistevano pene
romane molto vicine al ban-do.
14. Pillio trattò il punto in una rubrica del suo Libellus de preparatoriis litium et earum
preambulis : Sed quid si ille contumax, etiam multa indicta, non veniat nec in ea prestanda pareat?
Respondeo quod ponat eum in banno sue civitatis secundum loci consuetudine que pro lege habetur
(citato in Ghisalberti, La condanna al bando... , p . 15).
15. La quaestio , che la Belloni, Le questioni civilistiche del secolo xii ... cit. n. 3, p . 90, definisce
«Azo A9» recita: Titius commisit delictum, propter quod deportatus est a potestate huius civitatis
vel relegatus, qui multos habebat debitores. Debitores eius exacti sunt actione sue ciuitatis. Tandem
Titius iste a nouo imperatore restitutus est. Interim uult conuenire debitores suos, licet iam exactos
actione ciuitatis. Et intendit contra eos actionem, dicens eos non esse liberatos. Queritur an possit . È
pubblicata integralmente, secondo la raccolta azzoniana che la contiene, in Die Quaestiones
des Azo , ed. E. Landsberg, Friedburg, 1888, p . 65-69. Lo stesso Landsberg (p. 17) dimostra
l’attribuzione a Bassiano che tuttavia la Belloni non riprende.
16. La tradizione è analizzata in D. Cavalca, Il bando nella dottrina e nella pratica... , p . 79 es.
17. Belloni, Le questioni civilistiche del secolo xii ... cit. n.3, p . 92: Cum quidam a preside
Prouinciarum uel potestate huius ciuitatis propter delictum suum deportatus esset, interim debitores
ipsius a fisco exacti sunt. Ille postmodum a principe restitutus et ad debitores suos manus conuertens
conuenire contendit. Queritur an possit. Die Quaestiones des Azo... , p . 65, riporta questo incipit
come varian te. Sull’attribuzione di queste questioni, accenni in E. Cortese, Legisti, canonisti e
feudisti... cit. n. 12, p . 214, n. 67 e p . 247, n. 191.
18. E. Cortese, Il diritto nella storia medievale... cit. n. 2, p . 177, n. 76. La costituzione,
conservata nelle Consuetudines Feudorum , è riportata, tra l’altro in V . Colorni, Le tre leggi
perdute di Roncaglia (1158) ritrovate in un manoscritto parigino (Bibl. Nat., Cod. Lat. 4677) , in Scritti
in memoria di Antonino Giuffré , I, Milano, 1967, p . 116, ma si può leggere anche in Friderici I
Diplomata inde ab a. MCLVIII usque ad a. MCLXII ., ed. H. Appelt, Hannover, 1979 ( Monumenta
Germaniae Historica , Diplomata Regum et imperatorum Germaniae , X , II), p . 29: Regalia sunt hec:
(...) mulctarum penarumque compendia, bona vacantia, et que indignis legibus auferuntur, nisi que
spetialiter quibusdam conceduntur, et bona contrahentium incestas nuptias et damnatorum et
proscriptorum, secundum quod in novis costitutionibus cavetur, (...) et bona commitentium crimen
maiestatis (...) .
19. Accursi Florentini glossa ad Institutiones Iustiniani imperatoris (Liber I) , ed. P. Torelli,
Bologna, 1939, p . 11, glossa Retinent in Inst. 1.12, Quibus modis ius patriae potestatis solvitur :
Nota differentiam inter huc relegatum et deportatum quo ad familiam, ut hic et supra proximo
paragrapho (§ I). Item hic bona tenet, il non, ut ff. De interdictis et relegatis, l. I (D. 48.22.1). Item, hic
civitatem retinet, ille non, De interdictis et relegatis, l. Relegatorum, § sive ad tempus (D. 48.22.7.3).
Item quod hic ad tempus vel in perpetuum, ille autem tantuim in perpetuum deportatur, ut ff. De
interdictis et relegatis, Relegati, et l. Relegatorum, § Hec differentia (D. 48.22.4). Sed in libertate non
est differentia, nam uterque liber remanet, ut ff. De bonis dampnatorum, l. Sed si alia (D. 48.20.5, §
1). Sed bannitos nostri temporis quibus comparabimus? Respondeo si propter tantum maleficium est
ut, etiam cum civitate, et bona sua publicentur, vel de iure, vel de consuetudine civitatum, tunc
deportato comparabo, alias relegato, ut argumentum ff. De bonis dampnatorum, l. I (D. 48.20.1).
20. In un intervento ancora inedito, tenuto nel giugno 1998 presso il Circolo Medievistico
Romano, Sara Menzinger affermava: «Benché in questo modo Accorso sottolinei il carattere
penale del bando e non si esprima esplicitamente sulla condanna al bando come
conseguenza per la mancata presentazione in giudizio del convenuto, tuttavia ne legittima
indirettamente il ricorso tramite un’interessante operazione che mostra come
l’accostamento del bando alla relegazione-deportazione divenga nella sua interpretazione
funzionale, per diversi aspetti, alle esigenze dei tribunali comunali e non sia motivato
semplicemente da una generica somiglianza dei provvedimenti in questione: sottolineando
infatti un principio generale del diritto penale giustinianeo secondo il quale contro l’as-
sente non è lecito irrogare una pena di grado superiore alla relegazione, Accorso da una
parte autorizza la comminazione di una forma del bando anche in assenza del reo, ma
contemporaneamente lascia aperta la possibilità dell’utilizzazione dello stesso principio per
la condanna al bando per la sola contumacia. In altre parole configurandosi la relegazione
come pena comminabile nel diritto romano anche in assenza, diveniva particolarmente
adatta ad essere utilizzata allo stesso tempo come pena per l’assenza».
21. Il giuramento è pubblicato in A. Solmi, Le leggi più antiche del comune di Piacenza , in
Archivio storico italiano , 72, 1916, p . 3-81, p . 63: Et omnes fructus redditusque possessionum
illorum qui Placentiam exierunt et ex parte imperatoris sunt colligere faciam et in commune mittam,
vel eas guastas manere faciam, salvo eo quod pro isto sacramento non cogas alicui domino vel
creditori eorum contra rationem facere .
22. Nel trattato del 24 ottobre del 1169 la Lega aveva compiuto un ulteriore passaggio
dichiarando che le persone che avessero aderito alla pars imperii sarebbero state cacciate
dalle città e dai territori, mentre i loro beni sarebbero stati distrutti. Questa norma fu
accompagnata da una serie di clausole preventive relative a questo punto, non solo ai
proditores , ma ai loro favoreggiatori. Si dichiarò che non era consentito stringere accordi
segreti con l’imperatore, essere spia vel guida ad dampnum nostre partis , inviare lettere e
ambasciatori o ricevere doni da Federico. Gli atti del Comune di Milano fino al MCCXVI , ed. C.
Manaresi, Milano, 1919, p . 99: Et si aliqua civitas vel ulla persona societatis adheserit parti
imperatoris Frederici, ita quod sit contra hanc societatem nostram, ego bona fide operam dabo ad
eum expellendum de suo habitaculo et res eius deguastandas nec ero ultra in consilio ut receptus sit a
nobis, nisi comuni consilio omnium rectorum civitatum vel maioris partis; et si erit de mea civitate,
bona fide operam dabo ut domus eius quam habuerit in civitate destruatur et de civitate expellatur .
23. A. Solmi, Le leggi più antiche... , p . 67: Et omnes fructus redditusque pos sessionum illorum qui
cum imperatore ex Placentia exierunt et ex sua parte aut cum eo vel cum eius nunciis adhuc
sunt colligere faciam et ad communem hutilita tem eos mittam, nec magne vel parve persone
fraudem facere permittam, salvo iure et ratione alicui eorum domini vel creditori .
24. Albertus de Gandino, Quaestiones statutorum... cit. n. 3, p . 166-167: Sed pone questionem de
facto. Quidam de parte ecclesie exiverunt civitatem propter timorem imperatoris; potestas illius
civitatis compulit debitores illorum qui exiverunt solvere communi ex forma alicuius statuti. Facta
pace, revertuntur dicti creditores et volunt convenire debitores suos, qui solverunt communi.
Queritur quid iuris? (...) Solutio secundum Hodofredum et Albertum Papiensem et Guidonem de
Suzara; scilicet quod reversi creditores poterunt convenire debitores (...) .
25. Liber juris civilis Urbis Veronae , ed. B. Campagnola, Verona, 1728, p . 17.
26. A Verona, per esempio, nel 1239 furono banditi insieme ai conti di San Bonifacio più di
novanta maschi adulti (G. B. Verci, Storia degli Eccelini , III, Bassano, 1779, p . 270-271). Il
consiglio della parte della chiesa di Modena, bandita e rifugiata a Bologna, comprendeva,
nel novembre del 1249, 74 individui (G. Tiraboschi, Memorie Storiche modenesi col Codice
Diplomatico illustrato con note , V , Modena, 1795, p . 30). Per i dati nel periodo successivo
all’arrivo di Carlo I d’Angiò si fa riferimento alle circa tremila menzioni presenti in M. A.
Pincelli, Le liste di banditi e confinati da Firenze nel 1268-1269 , in Bullettino dell’Istituto storico
italiano per il Medioevo , 107, 2005, p . 283-482, e alle circa quattromila menzioni bolognesi
ricavabili dal Liber del 1277 conservato in Archivio di stato di Bologna [d’ora in poi ASBo],
Comune, Capitano del popolo, Ufficio del Giudice ai beni dei banditi e ribelli, Elenchi di banditi e
confinati [d’ora in poi Elenchi ], vol.3, reg. 2.
27. Per una visione d’insieme di questa fase occorre fare ancora riferimento a E. Jordan, Les
origines de la domination angevine en Italie , Parigi, 1909. Per le vicende relative alle esclusioni
v. G. Milani, L’esclusione dal comune cit. n. 1, p . 169-203.
28. Le lettere sono consultabili, per la Toscana, mediante il Codice diplomatico delle relazioni di
Carlo I con la Toscana , ed. S. Terlizzi, Firenze, 1954, e, per uno sguardo alle altre regioni,
attraverso i regesti di C. Minieri Riccio, Alcuni fatti riguardanti Carlo I d’Angiò dal 6 di agosto
1252 al 30 dicembre 1270 tratti dall’Archivio angioino di Napoli , Napoli, 1874.
29. Cfr. anche V . Mazzoni, Note sulla confisca dei beni dei ghibellini a Firenze nel 1267 e sul ruolo
della parte guelfa , in Archivio storico italiano , 158, 2000, p . 3-28.
30. G. Milani, Dalla ritorsione al controllo. Elaborazione e applicazione del programma antighibellino
a Bologna alla fine del Duecento , in Quaderni storici , 94, 1997, p . 43-74, p . 63-64.
31. R. Piattoli, I ghibellini del comune di Prato... cit. n. 4, I, p . 202. Cfr. anche S. Raveggi,
Protagonisti e antagonisti nel libero comune , in Prato. Storia di una città , sotto la direzione di F.
Braudel, 1. Ascesa e declino del centro medievale (dal mille al 1494) , a cura di G. Cherubini,
Firenze, 1991, p . 613-736, p . 717.
32. M. Campanelli, Quel che la filologia può dire alla storia. Vicende di manoscritti e testi
antighibellini nella Firenze del Trecento , in Bullettino dell’Istituto storico italiano per il medioevo ,
105, 2003, p . 87-247, p . 128-131 e G. Milani, L’esclusione dal comune ... cit. n. 1, p . 173-178.
33. ASBo, Elenchi , vol. IV , c. 1.
34. ASBo, Elenchi , vol.III, reg. 2, c. 59.
35. G. Milani, L’esclusione dal comune ... cit. n. 1, p . 249-260.
36. Per un esempio, l’unica condanna riportata nel più antico registro giudiziario che
contiene processi ai lambertazzi, conservata come nota marginale, re-cita: Condempnatus in.
X . libris pro lambertacio (ASBo, Comune, Capitano del popolo, Esecutore e Conservatore di Giustizia,
Giudici del capitano del popolo [d’ora in poi Giudici ], reg. 1, c. 20. Cfr. G. Milani, L’esclusione dal
comune ... cit. n. 1, p . 298, n. 18, p . 202.
37. Faccio uso in questa sede dei modelli desunti da M. Damaska, I volti della giustizia e del
potere , Bologna, 1981.
38. M. Vallerani, Il potere inquisitorio del podestà. Limiti e definizioni nella prassi bolognese di fine
Duecento , in G. Barone, L. Capo e S. Gasparri (cura di), Studi sul medioevo per Girolamo Arnaldi ,
Roma, 2001, p . 379-417, p . 384, ma v. ora idem, La giustizia pubblica medievale , Bologna,
2005.
39. R. Piattoli, I ghibellini del comune di Prato... cit. n. 4, IV , p . 232-233.
40. Ivi, p . 233-240.
41. ASBo, Giudici , reg. 3, c. 8: Item quod aliqua persona non teneat in eius domibus, curiis vel
curtilibus aliquem bannitum vel confinatum vel aliquem qui stetisset in civitate Faventiae..Vc. libras
bononinorum cuilibet militi et.cc. libras bononinorum cuilibet pediti et plus et minus ad voluntate
domini capitanei; et quilibet possit accusare contrafacientes, et medietas cuius banni sit comunis et
alia medietas accusantis.
42. ASBo, Giudici , reg. 99, c. 22-24.
43. M. Vallerani, I fatti nella logica del processo medievale. Note introduttive , in Quaderni storici ,
108, 2001, p . 665-693, p . 667. Cfr. supra n. 38.
44. R. Piattoli, I ghibellini del comune di Prato... cit. n. 4, III, p . 231: Quod ipsi vel aliquis eorum
non sunt expresse ghibellini nec expresse tenent aliquam partem .
45. ASBo, Giudici , reg.1, c.12: « Dominus Saxolinus (...) dicit quod tempore rumorum predictus
Antonius veniebat cum ipso teste et filii [sic] suos ad plateam comunis ad defendum bonum statum
comunis Bononie. Interrogatus si vidit eum trahere ad aliquam partem dixit quod ipse nec pater eius
sunt homines qui habuerint intentionem suam ad dandum favorem alicui partium nisi ad
defendendum comune Bononie ».
46. R. Piattoli, I ghibellini del comune di Prato... cit. n. 4, IV , p . 240.
47. Ivi, p . 216.
48. Sono dati rilevati in Campanelli, Quel che la filologia ... cit. n. 32, p . 161-164, la cui
ricostruzione è accolta in Pincelli, Le liste ... cit. n. 26, p . 297-302. Questi studiosi non
utilizzano, a titolo di confronto per la ricostruzione delle vicende fiorentine, i casi di Prato e
di Bologna. Specialmente tra Firenze e Bologna sono numerosi i parallelismi ai più evidenti
in entrambi i casi passarono più di due an-ni tra il momento della prima fuga di ghibellini e
la compilazione di un registro di banditi e confinati che raccoglieva i nomi in modo chiaro e
ordinato, frutto della sistemazione di liste precedenti. Nel corso di questi periodi, sia a
Firenze (nel 1269), sia a Bologna (nel 1275) al vertice del comune si trovò il riminese
Malatesta da Verucchio, fedele alleato di Carlo I d’Angiò, che da questo confronto sembra
emergere come esperto nelle operazioni di schedatura e punizione dei nemici. In entrambi i
casi si fregiò dell’appellativo di «vicario» che esprimeva il legame con il sovrano angioino.
49. Ad esempio, nel quartiere bolognese di porta Procola, i lambertazzi censitinel 1277
furono 1044, quelli censiti nel 1287, solo 806 (G. Milani, L’esclusione dal comune ... cit. n. 1, p .
278).
50. R. Piattoli, I ghibellini del comune di Prato... cit. n. 4, II, p . 221-222; IV , p . 238-239.
51. ASBo, Comune, governo, riformagioni e provvigioni. Riformagioni del consiglio del popolo ,
vol.I/1, c. 37v, 51, 59.
52. ASBo, Elenchi , vol.III, reg. 2, c. 77, contiene una correzione al Liber del 1277 relativa a un
giuramento del 1279. La pratica è confermata da ASBo, Giudici , reg. 86, c. 26. Cfr. G. Milani,
L’esclusione dal comune ... cit. n. 1, p . 261.
53. Le liste dei giuramenti del 1280 sono conservate in ASBo, Elenchi , vol.4.
54. Le norme relative ai rientri sono conservate in ASBo, Giudici , reg. 97.
55. ASBo, Giudici , reg. 136, c. 101. Un cittadino accusato di essere lambertazzo si difese
dimostrando con testimonianze quod illi quorum nomina que scripta sunt in libris bannitorum de
parte lambertatiorum, comuni opinione hominum civitatis Bononie habentur pro bannitis de dicta
parte, salvo quod non preiudicet illa scriptura alicui qui habet extimum et solvat collectas et est
obediens comuni Bono-nie .
56. G. Milani, Dalla ritorsione al controllo... cit. n. 30, p . 49-53 e Idem, L’esclusione dal comune ...
cit. n. 1, p . 291-327. Per un confronto tra queste norme e quelle relative alle accuse per altri
crimini, v. ora S. Menzinger, Giuristi e politica ... cit. n. 2, p . 242-251.
57. R. Piattoli, I ghibellini del comune di Prato... cit. n. 4, IV , p . 233-234.
58. Ivi, p . 234: «Sia per le precauzioni prese dai trasgressori dello statuto, sia per il
desiderio dei giudici di non infierire troppo, le più delle accuse di tal fatta si dimostrarono
infondate».
59. G. Milani, L’esclusione dal comune ... cit. n. 1, p . 319.
60. Ivi, p . 305-306; 318-319.
61. S. Menzinger, Giuristi e politica... cit. n. 2, passim .
62. G. Milani, L’esclusione dal comune ... cit. n. 1, p . 268-277.
63. Questa spiegazione ipotetica sfiora il problema della relazione tra bando politico e
crimen lesae maiestatis , e quindi della legittimazione del comune come autorità dotata di una
maiestas passibile di lesione, che in questa sede non sarà affrontato. Per l’età medievale, si
può ricorrere a C. Ghisalberti, Sulla teoria dei delitti di lesa maestà nel diritto comune , in Archivio
giuridico , CXLIV, 1955, p . 100-179, e soprattutto a M. Sbriccoli, Crimen Lesae Maiestatis. Il
problema del reato politico alle soglie della scienza penalistica moderna , Milano, 1974, in
particolare alle p . 204-209.
64. E. Cortese, Legisti, canonisti e feudisti... cit. n. 12, p . 248, n. 195, ha criticato la tesi secondo
cui l’assimilazione degli statuti alla consuetudine si sarebbe realizzata solo presso i
commentatori trecenteschi sostenuta da Calasso.
65. Albertus de Gandino, Quaestiones statutorum... cit. n.3, p . 167: Item isti qui aufugerunt
delinquerunt, et patriam suam relinquerunt ut ff. de re militari, l. qui excubias et l. desertorem (D.
49.16.10 e 3).
66. D. 49.16.10: Qui excubias palatii deseruerit capite punitur .
67. Come si ricava dal passo del Digesto appena citato, la pena prevista per la diserzione era
quella capitale. L’uso di questo argomento, per quanto strumentale, stabiliva un’implicita
equiparazione dell’esercito comunale a quello dell’impero romano e della capacità
imperiale di punire i disertori a quella comunale di esercitare una ritorsione contro i
fuoriusciti.
68. Albertus de Gandino, Quaestiones statutorum... cit. n. 3, p . 167-168: Sed pone questionem de
facto. Quidam expulsus fuit de civitate sua, ut fit ratione partium que sunt in Lombardia; et ex forma
statuti omnia bona sua sunt publicata. Quidem accidit quod quidam debitor meus fuit expulsus extra
terram pro parte; invenio eum in alia civitate: volo ipsum convenire ad id debitum solvendum;
numquid possim?
69. Ivi, p . 168: Solutio: dicit dominus Guido de Suzara quod si alie allegationes non ipsi iuvarent,
prime non valerent; sed ita putat esse distinguendum: aut publicata sunt omnia sua bona, certe
extinta est actio in solidum, ut ff. de capite diminutis, l. tutelas (D. 4.5.7); aut pro parte sunt bona
publicata et tunc pro parte est extincta actio, ut C. de fideiussoribus l. I. (D. 8.41.1), sed fiscus tenetur
respondere creditoribus in solidum si totum pervenit ad eum; sed si parva pervenit in parte tenetur
ut C. ad legem Juliam de vi publica, l. tutoris (D. 9.12.2).
70. U. Nicolini, Un consilium inedito di Guido da Suzzara e la lotta politica a Perugia al tempo di
Corradino , in Annali di storia del diritto. Rassegna internazionale , 8, 1964, p . 349-355; S.
Menzinger di Preussenthal, La pena del bando tra la fine del secolo xii e l’inizio del xiv , Tesi di
laurea, Università di Roma «La Sapienza», a. a. 1995-1996, Relatore prof. Girolamo Arnaldi, p
. 115-137.
71. Ivi, p . 131-133.
72. La glossa è edita in P. Torelli, Sulle orme di Guido da Suzzara , in Scritti di storia del diritto
italiano , p . 309, citato in S. Menzinger di Preussenthal, La pena del bando... , p . 136.
73. V . S. Caprioli, La miscellanea romana dell’archivio di stato (Ms. 1004) , in Studi sulle
«quaestiones» civilistiche... cit. n. 3, p . 139: Quaestio talis est. In civitate Pistorii sunt partes,
secundum quod sunt quasi in omnibus civitatibus Tuscie. Contingit quod una pars aliam expulit de
civitate et illi qui recesserunt de civitate multos habebant debitores qui in civitate remanserunt.
Modo isti debitores per iussum magistratus soluerunt pecuniam quam tare tenebantur illis qui
recesserunt. Processu temporis facta est pax; et sic reversi sunt in ciuit(atem) et restituti sunt ad iura
sua. Modo ipsi uolunt conuenire illos suos debitores qui iussu magistratus soluerunt; ipsi autem
debitores dicunt se liberatos esse. Queritur an possint. Solutio. Dico quod isti debitores non sunt
liberati set bene possunt conveniri, non obstante illa solut(ione). Et hoc per l... et C. de solut(ionibus).
L.inuito cum suis similibus. Guido de Suz(aria) .
74. S. Menzinger di Preussenthal, La pena del bando... , p . 134.
75. Iacobi de Arena, Tractatus de bannitis , in Praeclarissimum ac imprimis omnibus iurisperitis
per necessarium ac utilissimum omnium tractatum criminalium , Venezia, 1556, par. 17: Alii
tamen dicunt (...) quod bannitos licet impune occidere (...) et ita consuluit Guido de Suza .
76. Iacobi de Arena, Tractatus de bannitis... , par. 1 e 2, citato in S. Menzinger di Preussenthal,
La pena del bando... cit. n. 70, p . 152.
77. In altre parti, il trattato di Iacopo dell’Arena costituisce la prima grande revisione
dell’equiparazione del bando con la deportatio iniziata già da Azzone (o da Giovanni
Bassiano) e culminata in Accursio. Iacopo affermò che tale categoria non poteva essere
applicata perché mentre al deportato era proibita la presenza in tutti i luoghi tranne che in
quello della deportazione, con il bandito avveniva il contrario, poiché gli era consentito di
soggiornare ovunque tranne che nella città e nel territorio dal quale era stato escluso.
78. Iacobi de Arena, Tractatus de bannitis... , par. 16.
79. Albericus a Rosate, Commentarium de statutis ... cit. n. 3, f. 2v: An pars expulsa de civitate,
sicut saepe fit in Italia possit facere statuta et eligere sibi rectorem. Ia(copus) de Are(na) tenet quod
sic. Nam plebs in civitate romana recessit a patribus et fecit plebiscita. Iust. De iure, nam §
plebiscitum, et hoc tenet ipse Iac(opus) de orig. Iur. L. 2. § deinde cum esset in civitate (...) . V . il
notabile in D. 1.2.2.6, in Iacobus de Arena, Commentarii in universum ius civile , Bologna, 1971
(ed. anast. dell’ed. Lione, 1541), f. 63v, col B: Nota argumentum pro secedentibus pro parti-bus ut
non perdant legitimam potestatem quam habebant ante quod secederent: et ideo sibi potestatem
possunt eligere et statuta facere ut infra eo ‘hiisdem versi’ (D. 1.2.2.20).
80. M. Sbriccoli, «Vidi communiter observari». L’emersione d un ordine penale pubblico nelle città
italiane del secolo xiii , in Quaderni fiorentini per la storia del pensiero giuridico moderno , 27, 1998,
p . 231-268, alla p . 267.
81. Albertus de Gandino, Quaestiones statutorum... cit. n. 3, p . 167: Sed quid de questione que fuit
Parme de facto? Quidam milites erant in civitate illa, qui habebant fictuales, qui tenebantur dare illis
militibus certos redditus: postea civitas illa habuit guerram cum alia civitate; milites isti iverunt ad
civitatem inimicorum et sic contra suam civitatem: isti fictuales solverunt potestati, iussu ipsius
potestatis; et violenter, facta pace, reversi sunt et petunt fictum a dictis fictualibus preteritum,
scilicet pro tempore quo fuerunt in guerram, non obstante quod potestas exegit ab eis. Modo queritur
quid iuris?
82. Ivi, p . 167: Solutio: distingue, utrum per violentiam potestas extorserit redditus ab eis, aut iure
magistratus. Si per violentiam extorsit, tunc dicitur facere iniuriam et non sunt liberati rustici:
habebunt tamen actionem iniuriarum contra potestatem, argumento ff. de iniuriis, l. nec
magistratibus (D. 47.10.32) . Sin autem iure magistratus, puta quia tale statutum erat in civitate et
tunc potuit iure extorquere ab eis ratione statuti, vel forte quia milites fuerunt vocati et noluerunt
venire, et tunc sunt liberati. Bene dixi quod illud potuit facere ratione statuti, quia quelibet civitas
potest ius statuere, ut ff. de iustitia et iure, l. omnes populi (D. 1.1.9) ; et ad idem facit ff. communi
dividundo, l. si is cum quo (D. 10.3.20) , et similiter possit solvere superiorem questionem .
83. Ivi, p . 183: Sed numquid bampnum perpetuale possit dari alicui secundum consuetudinem
Longobardorum etiam lite non contestata, si accusatus fuerit aliquis de maleficio et ipse qui fuit
accusatus non venit? Dic quod sic, quia iudex potest tueri iurisdictionem suam penali iuditio, ut ff. si
quis iusdicenti non obtemperaverit, l. I. in principio (D. 2.3.1.) et maxime secundum Accursium, qui
dixit quod usque ad relegationem potest ferri sententia in absentem, etiam lite non contestata, ut ff.
de penis, l. Absentem § I. (D. 48.19.5); et hoc bampnum loco rebellionis succedit .
84. Albertus de Gandino, Tractatus de maleficiis , in H. Kantorowicz, Albertus Gandinus und das
Strafrecht der Scholastik. II. Die Theorie , Berlino, 1926, p . 130-131: De bannitis . Qui Alberto citò
il commento di Accursio alle Istituzioni che prevedeva la possibilità di punire in assenza solo
i relegati, non i deportati. Più oltre (alla rubrica De citationibus ) egli affermò che il bandito
poteva essere citato in giudizio se la pena era la relegatio .
85. Ivi, p . 129-130, Quid agendum sit reo absente et contumace : Sed hodie de consuetudine generali
non observatur contra contumaces, quod dicitur de annotatione bonorum et quod accusatus
expectetur per annum, immo, cum fuerit citatus solemniter, ponitur in banno communis et potestatis
et postea super illa accusa et banno condemnatur, et ita servatur in Lombardia, Marchia, Tuscia, et
alibi per totam Italiam . A proposito di questo passaggio, S. Menzinger di Preussenthal, La
pena del bando... cit. n. 70, p . 160, n. 206, ha opportunamente criticato l’interpretazione di D.
Cavalca, Il bando nella prassi e nella dottrina... cit. n. 13, p . 165, che aveva interpretato la
tensione individuata da Alberto con l’espressione sed hodie non come quella esistente tra il
diritto romano e quello statutario, ma come quel-la tra una pratica più antica e una più
moderna.
86. Albertus de Gandino, Quaestiones statutorum... cit. n. 3, p . 183: Sed pone quaestionem.
Aliquis requisitus est pro maleficium quod dicebatur fecisse; aufugit; datum est ei bampnum et bona
sunt publicata et condempnatus est capitaliter secundum statuta civitatis; post longum tempus venit
et petit audiri super bampno capitis; numquid debeat audiri? Respondeo: de consuetudine non
auditur, pe l. C. de assessoribus, l. consilia (Inst. 51.3) ibi «cum professo» et cet. Et ff. de sospectis
tutoribus, l. impuberibus (D. 36.10.7). Sed dic de iure audiri, quia absens ultra penam relegationis
condempnari non potest, ut ff. de penis, l. absentem (D. 48.17.4) in fine, C. de requirendis reis, l. II (C.
9.40.2 ); sed bona debent adnotari, ut ff. de requirendis reis, l. I. II. Et II. Et l. annus (D. 48.17.1-4) in
fine .
87. Per esempio ivi, p . 209, in una quaestio relativa a un omicidio.
88. M. Vallerani, Il potere inquisitorio del podestà... cit. n. 38, p . 384. Idem, La giustizia pubblica
... cit. n. 38, p . 39-53 e 95-100.
89. E. Conte, Federico I Barbarossa e il diritto pubblico giustinianeo , in Federico I Barbarossa e
l’Italia nell’ottocentesimo anniversario della sua morte. Atti del convegno, Roma, 24-26 maggio 1990 ,
in Bullettino dell’Istituto storico italiano per il Medio Evo , 96, 1990, p . 237-259, alle p . 250-257.
90. Franceso d’Accursio risulta confinato fuori dal contado e dal distretto della città nel
1277, ma già assolto nel 1280 (ASBo, Elenchi , vol.III, reg. 2, c. 53).
91. Tommaso dei Maloxelli appare bandito nel 1277 (ASBo, Elenchi , vol.III, reg. 2, c. 64), ma
fornisce consilia a partire dagli anni Ottanta.
92. Martino Solimani non appare nel Liber del 1277 ma è nominato in una petizione degli
studenti a cui il comune da corso l’8 giugno 1280, in cui si chiede che esso possa tornare a
Bologna e non essere molestato (ASBo, Comune, Governo , Riformagioni e provvigioni ,
Riformagioni del consiglio del popolo , vol.I/1, c. 39).
93. Alberto Sabbatini compare nella stessa petizione in cui appare Martino Solimani, ma
anche in una riformagione del dicembre 1274 in cui si stabilisce che venga rilasciato dai
confini (ASBo, Comune, Governo , Riformagioni e provvigioni , Riformagioni del consiglio del popolo
, vol.I/1, c. 37v).
94. Federico dalle Scale risulta confinato in città nel 1277 (ASBo, Elenchi , vol.III, reg. 2, c
72v). In una riformagione del 12 agosto 1283 viene decretato di parte geremea (ASBo,
Comune , Governo , Riformagioni e provvigioni , Riformagioni del consiglio del popolo, vol.I/1, c.
39v).
95. Accarisio di Viviano Toschi risulta confinato in città nel 1277, ma giura prima del 1280
(ASBo, Elenchi , vol.III, reg. 2, c. 58, 77v).
96. Tommaso di Piperata degli Storlitti risulta bandito nel 1277 (ASBo, Elenchi , vol.III, reg. 2,
c. 49v).
97. A titolo di esempio si veda il consilium di Federico dalle Scale edito in appendice a Gli
Ordinamenti sacrati e sacratissimi colle riformagioni da loro occasionate e dipendenti (sec. xiii ) , ed.
A. Gaudenzi, Bologna, 1888. L’attività consulente di Accarisio di Viviano Toschi è passata in
rassegna in G. Milani, L’esclusione dal comune ... cit. n. 1, p . 359.
98. Tra loro Lambertino Ramponi, Brandelisio dei Gozzadini, Alberto di Odofredo,
Rolandino Romanzi, Pace de Paci, Basacomare Basacomari, Giuliano di Cambio Graziadei.
99. ASBo, Giudici , reg. 99, c. 87: Iohannes de Predamala notarius cappelle sancti Ysahia iurat
denuntiat et accusat Filipum et Iacobum fratres et fili quondam Amadoris de Ponticlo de cappella
sancti Stephani qui olim consueverunt esse de cappella sancte Marie de Castrobrittonum, quos dicitur
esse de caxale illorum de Ponticlo, quem caxale fuit nominatum inter caxalia confinatorum de
lambertazzis quibus preceptum fuit ire ad confinia sub pena averis et persone et ipsos evitasse ire ad
confinia secundum formam reformationum, ordinamentorum factorum super ipsis confinatis et
caxalibus confinatorum mittendis ad confinia, stando in civitate Bononie publice in domo domini
Rizardi de Beccadellis contra formam reformationis de hoc loquentis et bannorum impositorum per
civitatem ex parte dominorum potestatis et capitanei, quare petit eius premium et condempnationem
secundum formam dicte reformationis et dictorum bannorum .
100. ASBo, Giudici , reg. 99, c. 87: Pregolarius nuncius comuni Bononie retulit mihi notario se
preceptavisse personaliter suprascripto Iohanni de Predamala quod incontinenti venire coram
predictum dominum Robertum [il giudice] ad postulationem Bonfantinum Petrizoli cappelle sancti
Blaxii qui offeret se ad defensionem suprascriptorum accusatorum et paratum satisdare secundum
formam iuris. Dicit dictus Bonfantinus se debere admitti ad defendendum predictos, paratum eos
defendere, et pro eis satisdare secundum quod de iure debet .
101. ASBo, Giudici , reg. 99, c. 87v: Suprascriptus Iohannes accusator dicit dictum Bonfantinum
don debere admitti ad predictum et si admitti contingit dictum debere satisdare et principalem
personam facere .
102. Ibidem: Conscilium mei Thomaxinui condam domini Guidoni Ubaldini legum doctoris super
suprascriptis postis, Dei nomine invocato, est tale: quod, (...) amittitur a iure ad defentionem absentis
etiam qui alias iuri comuni ydoneus non est ea ratione, quia iustius talem admittere defensorem
quam absentem et indefensum gravi condempnatione afficere, predictis omnibus consideratis scilicet
quod defensor (...) admittatur prestita ydonea satisdatione ab eo ad voluntatem iudicis .
103. G. Milani, L’esclusione dal comune ... cit. n. 1, p . 359-361.
104. I registri che danno conto dell’attività di Alberto Gandino presso il tribunale del
capitano del popolo di Bologna nel semestre ottobre 1294-marzo 1295 sono: ASBo, Giudici ,
reg. 257, 259, 260, 261, 266, 268. Il processo di cui si tratta in questo paragrafo risulta
spezzato tra numerosi registri: ASBo, Giudici , reg. 236, per la parte svoltasi nel semestre
precedente all’entrata in carica di Alberto Gandino, e ASBo, Giudici , reg. 259, 266, per la
parte condotta da Alberto. Un regesto dell’attività di Gandino a Bologna nello stesso
semestre è in H. Kantorowicz, Albertus Gandinus und das strafrecht der Scholastik. I. Die Praxis ,
Berlin, 1907, p . 397-401. Considerazioni sull’attività di Gandino presso altri tribunali in M.
Vallerani La giustizia pubblica medievale cit. n. 38, p . 51-52.
105. ASBo, Giudici , reg. 236, c. 22: Proponit coram vobis Galvano de Bonazuntis, honorabili
capitaneo populi Bononie, Rolandinus Falconis, procurator Ricardini quondam domini Ricardini de
Ponticlo de cappella sancte Marie de Castro Brittonum et curator Nicolai sui filii, quod ipsus
Ricardinus et Nicolaus iuraverunt partem ecclesie et ieremensium civitatis Bononie tempore quo
utraque pars erat in civitate Bononie, post reditum quem pars lambertaciorum fecit in civitatem
Bono-nie et quod haberi debent pro ieremensibus secundum formam statuti populi positi in quarto
libro statutorum populi, sub rubrica ‘de hiis qui iuraverunt partem ecclesie et ieremiensium civitatis
Bononie’, quod in civitate stant, quod omnes et singuli, et quod predicta apparent publicis et
manifestis instrumentis et sentencis super hiis factis et latis. Proponit etiam quod non requireretur ab
eis per dominum Florinum de Ponte Carare, olim capitaneum populi Bononie quod securitatem
prestarent tamquam confinati partis lambertaciorum .
106. Si trattava di Alberto di Odofredo, Basacomare Basacomari, Gardino Gardini,
Tommasino di Guido Ubaldini.
107. Il giudice consulente era Giuliano di Cambio Graziadei.
108. ASBo, Giudici , reg. 236, c. 23v.
109. ASBo, Giudici , reg. 236, c. 29: Coram vobis domino Galvano de Bonaiuntas capitaneo populi
Bononie dicit et proponit Zanochus quondam domini Iacobi de Artinisiis quod per vos dominum
capitaneum pronuntiatum est de consilio sapientum (...) ipsam pronuntiationem et sententiam
nullam esset et fuisset, si qua est vel fuit, dicit (...) eam revocandam et retractandam esse et
annullandam ope restitutionis cum lata fuerunt per errorem et per falsas probationes et falsas
allegationes et pro prevaricationem obmisis bonis probationibus et falsis et malitiosis productis, et
per vos pronuntiari debet securitates ab eis datas vel eorum nomine valere et tenere, et ipsos debere
stare ad confina ordinananda vel ordinata secundum for-mam statutorum ordinamentorum,
reformationum comunis et populi Bononie .
110. ASBo, Giudici , reg. 236, c. 24; 29-31.
111. ASBo, Giudici , reg. 259, c. 2r: Die iovis septimo mensis octubris. Dictus iudex statuit terminum
Albertino Franchi procuratori Ricardini de Ponticlo de hic ad die sabati proximi ante tercias, ad
accipiendum copiam et deliberandum et respondendum petitioni porecte per Zanotum de Artenisiis,
alioquin dictus iudex procedat secundum iuris ordinem; que petitio est in actis Lucche olim notarii
capitanei precedentis .
112. ASBo, Giudici , reg. 259, c. 2v: Die sabati nono mensis octubris. Dicit Al bertinus Francoli,
procurator domini Ricardini de Ponticlo, procuratorio nomine pro eo, ei dilationem.x.
dierum ad respondendum dicte petitioni ordinari debere, secundum formam statutorum
communis Bononie que loquitur de vocatis in iure et venientibus. Et fuit ante tercias. Die
lune.xi. octubris. Dictus Albertus produxit in strumentum procurationis dicti domini Ricardini
scriptum manu Michaellis Guidonis de Fuschis notarii .
113. ASBo, Giudici , reg. 259, c. 2v: Die lune.xi. octubris. Ad que [la richiesta di Albertino
trascritta nella nota precedente] respondit dictus Zanotus de Artenesiis dilationem decem dierum
non esse ordinanda secundum formam statutorum de quo facit mencionem pars adversa, sed
secundum arbitrium iudicis, cum dicta causa debeat expediri infra .xx. dies utiles secundum formam
statutorum nostrorum. Et statutum qui loquitur de dilatione danda decem dierum ad respondendim
libello non habet locum in isto casu. Dictus iudex statuit terminum Albertino Franculli procuratori
domini Ricardini predicti ad opponendum petitioni precedenti per Zanotum de Artenesiis,
quandoquid vult inter hodie et cras, omnes exceptiones quas obponere vult in dicta petitionem .
114. ASBo, Giudici , reg. 259, c. 2v.
115. ASBo, Giudici , reg. 259, c. 3.
116. I tre sapientes furono Guglielmo Rombodevini, Lazzaro de Lazzari, entrambi dottori, e
Francesco de Gatti, giurisperito.
117. La sentenza del giudice al sindacato, emessa il 14 ottobre 1294 è edita in H.
Kantorowicz, Albertus Gandinus und das strafrecht der Scholastik, I. Die Praxis... cit. n. 103, p .
200-201: Super quintodecimo libello, dato d. Luche, olim notario dicti domini Ghalvani, per
Zanochum olim domini Iacopini de Artinixiis, qui petiit ipsum condempnari, quia dolose et malitiose
et fraudolenter et contra veritatem scribere debuit in actis suis quandam sententiam et
pronuntiationem latam super quamdam petitionem datam per Rollandum Falchonem procuratorem
Richardini de Ponteclo et curatorem Nicholay filii dicti Richardini, ut in dicto libello continetur,
etcetera, consullunt quod per dictos sindicos dictus d. Lucha condempnetur in libris quinquaginta,
quia plus scripsit quam debuerat in dicta sententia, et actis non apparead (sic) autoritate capitanei
vel iudicis hoc fecisse .
118. ASBo, Giudici , reg. 259, c. 3: Furono così posti agli atti una sentenza, evidentemente
favorevole a Riccardino, emanata al termine di un processo che lo aveva coinvolto in
precedenza, un elenco di quattro persone che avevano testimoniato nel corso di quel
processo, uno strumento non meglio specificato, un altro dal quale si evinceva che Riccardo
aveva addirittura svolto le funzioni di rappresentante legale di un altro cittadino,
un’ulteriore sentenza e alcuni strumenti relativi a un’inquisizione condotta contro
Riccardino.
119. ASBo, Giudici , reg. 259, c. 4.
120. ASBo, Giudici , reg. 259, c. 4.
121. ASBo, Giudici , reg. 266, c. 7. Il consilium fu dato da due giudici: Alberto Panzoni e
Alberto de Calzina.
122. ASBo, Giudici , reg. 259, c. 5v: Die veneris die predicta. Protestationi facta per Terzolinum
condam domini Mathioli de Artenisis respondit dictus dominus Albertus iudex se non teneri facere
que petitiones nec probationes adiunte iuxta for-mam consilii sive sententie date per dominos
Albertum de Panzonibus et Albertum de Calzina, et per eum iudicem pronunciare et ex rationibus
contentis in dicti conscilio vel sententia, ut sibi videtur. Et si de dicta responsionem dubitant, paratus
est eis facere consilium sapientium .
123. ASBo, Giudici , reg. 259, c. 5v.
124. ASBo, Giudici , reg. 259, c. 6r: Dicit Trizolus, et excipiendo proponit contra defensiones
propositas per Dumelde Raymundini defensorem Ricardini de Ponticlo, Ricardinum de Ponticlo fuisse
et stetisse in civitate Faventie cum inimicis et rebellibus comunis Bononie de parte lambertaciorum
post secundam expulsionem partis lambertaciorum civitatis Bononie; et etiam, post iuramentum quod
dicitur prestatus per ipsum Ricardinum, prelliasse una cum aliis hominibus de parte lambertaciorum
civitatis Bononie contra homines partis Ecclesie et ieremensium civitatis Bononie, in platea et super
plateam comunis Bononie, tempore dicte secunde expulsionis. Procuratus fidem facere de predictis
dicens se debere admitti ad predicta probanda. Et predicta dicit volens defendere ius comunis et
iurisditionem et officium iudicis (corsivo mio).
125. Tra gli argomenti delle parti si rileva la medesima distanza che appare tra i fatti che
emergono nel processo accusatorio e quelle cercati nel modello inquisitorio così come è
stata messa in rilievo in M. Vallerani, La giustizia pubblica medievale ... cit., p . 75-101.
126. ASBo, Giudici , reg. 259, c. 6v.
127. ASBo, Giudici , reg. 266, c. 9: In Christi nomine et beate Marie virgini gloriose. Consilium
domini Guillelmi de Rombodevinis legum doctoris et Bonvilani de Thedrisis super postis factis inter
Terzolinum de Artinixiis ex una parte et Demelde procuratorem Ricardini de Ponticlo ex alia super eo
quod dicebatur se debere admitti ad probandum contra defensionem Ricardini predicti secundum
quod in posta sua continetur est tale: videlicet quod dictus Terzolinus non admitatur ad probandum,
super eo vero quod quis consilium domini Alberti de Panzonibus et Alberti de Calcina sit contrario
imperio revocandum consulunt sapientes predicti quod non revocetur, salvo quod predicta non
preiudicetur causam restitutionis inchoate .
128. ASBo, Giudici , reg. 266, c. 10v: In Christi nomine amen. Conscilium do-mini Franceschi de
Gatto et mei Pasipoveri domini Catelani Bayoli super postis ex ceptionibus seu replicationibus
scriptis per dominum Zanochum condam domini Iacobini de Artenisiis, et Abertinum
Francoli procuratorem domini Riccardini do mini Riccardini de Ponticlo et Nicolay sui filii
procuratorio nomine pro eo, et cura torio nomine dicti Nicolay ocasione petitionis porecte per
dominum Zanochum coram domino Galvano de Bonazuntis capitaneo populi Bononie est
tale: silicet quod in dicta petitione procedatur in ea parte petitionis in qua fit menzio de
nullitate dicte sententie et pronunciationis ipsius sententie et ipsos teneri stare ad confinia
ordinata per commune Bononie et persona ipsius Zanochi esse legiptima in predicta parte
petitoris, salvo quod teneatur et debeat declarare in sua petitione in quo fuit lata per
errorem et in quo per falsas alegationes et probationes et per prevaricatio nem (...). Et hoc
maxime cum intersit rey publice pluries habere defensiones , et non appareat in aliqua parte
actorum productorum comune Bononie super predictis fore legiptime defensum. Et quod non
procedatur in ea parte petitionis in qua fit menzio quod petit restitutionem in terzum et in ea parte
petitionis personam dicti Zanochi non esse legiptimam .
129. ASBo, Giudici , reg. 266, c. 13.
130. Ibidem .
131. ASBo, Giudici , reg. 266, c. 14.
132. ASBo, Giudici , reg. 266, c. 16.
133. ASBo, Giudici , reg. 266, c. 18.
134. F. Martino, «Quaestiones» civilistiche disputate a Bologna negli ultimi decenni del secolo xiii .
Studio sui manoscritti Leipzig, U.B., 992 e Paris, B.N., Lat. 4489 , in Studi sulle «quaestiones»
civilistiche... cit. n. 3, p . 233-234: Cauetur in statuto huius civitatis quod si aliquis de parte
Lambertatiorum decedat relictis filiis, qui sint vel fuerint in civitate Fauentie, siue decedat intestatus
sive testatus, etiam quocumque ciue cuiuscumque conditionis herede relicto, bona sua deueniant in
communi Bononie. Accidit quod quidam de parte predicta decessit relictis nepotibus ex filio vel ex filia
in civitate Fauentie, facto testatmento.Iste institutus te-net et possidet bona. Potestas Bononie
existens extra territorium fecit sindicum ad agendum; postea constitutio illius sindici confirmata fuit
a decurionibus uel conscilio Bononie; uel de conscilio, absente potestate, fecerunt sindicum et illa
constitutio sindici confirmata fuit per potestatem; uel pone quod non fuit confirmata. Modo quero
quis sindicatus ualeat et an omnes. Item an in principali questione commune Bononie debeat obtinere
uel subcumbere .
135. Ivi, p . 235: Solutio: dicebat dominus Franc(ciscus): si tu queras an appellatione filii contneatur
nepos ita dico: aut hoc nomen filii profertur ab homine aut a lege, si ab homine aut... aut... Si a lege
aut... aut...si proferatur ab ascendenti... Si autem ab alio... Si autem proferatur a lege.. Si autem de
odio... Si vultis tenere opinionem domine mei, potestis, sed si velitis possetis aliter dicere, quod
crederem verius. Ita responde et dicas quod appellatione filii non continetur nepos...
136. A. Romano, Aspetti dell’insegnamento giuridico nelle università medievali... cit. n. 3, p . 116:
Item quero tres questiones simul quia eiusdem sunt materie. Quidam notarius fecit falsum
instrumentum sed in ipso instrumento omis(s)it locum apponere, vel diem, vel aliquod aliud, propter
quod instrumentum non valet; vel ponamus statutum est Bononie quod nullus conficiat instrumenta
super alienationibus que fierent per aliquem de parte Lambertatiorum. Aliquis super talibus rebus
confecit instrumentum; tamen non fecit illud registrari ad cameram communis sicut ex forma
alterius statuti requirebatur et sic non valebat. Vel pone quod aliquis scienter deposuit falsum
testimonium in aliqua causa tamen non iuravit solemniter, vel deposuit falsum ultra capitula et sic in
hoc dictum eius non valet (...) .
137. Per alcuni esempi di processi per false alienazioni, v. ASBo, Giudici , reg. 5-6. Sul rientro
dei lambertazzi del 1279, v. G. Fasoli, La pace del 1279 tra i partiti bolognesi , in Archivio storico
italiano , 2, 1933, p . 49-75.
138. Per tutti questi aspetti, si rimanda a G. Milani, L’esclusione dal comune ... cit. n. 1, p . 377-
442.
139. Su Alberico da Rosciate v. almeno L. Prosdocimi, Alberico da Rosciate , in Dizionario
biografico degli Italiani , I, Roma, 1960, p . 656.
140. Albericus a Rosate, Commentarium de statutis... cit. n. 3, f. 81v: In Italia sepe occurrit
quaestio talis. Una pars expulit aliam de civitate, pars intrinseca eligit potestatem in civitate. Iste
potestas vult procedere contra expulsos et ex contumacia bannire. Queritur an possit?
141. Ivi, f. 81v: Solvendo distinguit aut pars expulsa fuit expulsa suo dolo vel culpa, aut dolo vel
culpa intrinsecorum. Primo casu, si civitati sint contumaces, potestas procedere possit contra eos
secundum formam iuris vel statutorum et consuetudinum civitatis (...). Secundo casu, quando dolo
vel culpa partis intrinsece sunt expulsi, tunc potestas non possit contra eos secundum formam
statutorum procedere mulctando vel banniendo, vel alio modo. Imo si expulsi sederentur per
intrinsecos praescriptione vel alio modo, restituentur, cum iusto metu absint, ut prolatum est supra .

NOTE FINALI
1. Dato l’intervallo trascorso tra il momento della scrittura e l’uscita di questo saggio è
risultato impossibile aggiornare in maniera completa la bibliografia senza compromettere
la struttura del lavoro. Si è cercato pertanto di limitare questi interventi allo stretto
indispensabile.
L’accusatoire et l’infrajudiciaire
La « formule mixte » à Raguse (Dubrovnik) au Moyen Âge 1

Nella Lonza

...justitia et pax osculatae sunt


Psaumes 85, 12

Les institutions judiciaires à Dubrovnik au


Moyen Âge
1 La structure judiciaire à Dubrovnik au Moyen Âge était relativement
simple. Vers le milieu du xiiie siècle, les procès étaient tenus devant
le Comte (comes), désigné par Venise à gouverner la ville
subordonnée pour deux ans, flanqué de quatre juges (iudices), qui
étaient nommés parmi les patriciens locaux. Depuis la fin du xiiie
siècle, cette cour est appellée Grande Cour (Curia maior) ou, parfois,
Cour du Comte (curia domini comitis), et elle exerçait aussi bien la
juridiction pénale qu’une partie de la juridiction civile. Les juges
étaient en même temps membres du Conseil Mineur (Consilium
Minus), une sorte de gouvernement collectif autour du Comte 1 . La
fin de la domination vénitienne en 1358 et l’institutionnalisation de
pouvoir du patriciat ragusain n’ont pas apporté des changements
immédiats dans l’organisation du judiciaire. La formation des
institutions judiciaires au sens stricte du terme n’a été achevée que
par la fondation de la cour civile en 1416 (Curia consulum causarum
civilium) 2 et du tribunal pénal en 1456 (Sex iudices de criminali) 3 .
2 La cour pénale était toujours composée de juges non-professionnaux,
élus parmi les membres du patriciat pour la durée d’une année 4 . La
juridiction de la cour était définie selon un double critère : dans la
ville de Dubrovnik et ses environs sa compétence était exclusive,
tandis que sur le reste du térritoire elle n’avait la juridiction que
pour les crimes les plus graves (qui peuvaient être punis par la peine
de mort ou la mutilation) 5 . De plus, une partie de la juridiction
concernant les infractions politiquement sensibles (désobéissance
aux autorités, etc.) était réservée à des institutions proprement
politiques, Conseil Mineur au complet, ou Consilium Rogatorum 6 .
Néanmoins, au Moyen Âge ces conseils n’exerçaient cette juridiction
qu’exceptionnellement (c’est-à-dire quelquefois par an).

Les sources
Les registres pénaux

3 Dans les années soixante du xiiie siècle les actes de la commune de


Dubrovnik, auparavant rédigés sous forme d’actes notariés 7 , ont
commencé à prendre l’aspect de registres reliés 8 . Un premier
registre pénal est mentionné en 1279 9 , mais le plus ancien volume
préservé date de 1284-1285. Dans les années quarante du xve siècle le
nom usuel Liber de maleficiis ou Liber maleficiorum est changé en Liber
lamentionum de intus, puisque le titre Liber lamentationum de foris était
introduit pour les registres des préjudices perpétués par des sujets
étrangers. Néanmoins, le changement de nom des registres pénaux
n’était pas accompagné par des changements de contenu juridique
ou de formules.
4 Seuls les deux volumes pénaux les plus anciens, de 1284-1285 et de
1312-1313 ont été édités 10 . Les autres sont rangés, de manière
assez incohérente, dans des fonds différents des Archives de
Dubrovnik (Državni arhiv u Dubrovniku). Par conséquent, on avait
l’idée erronée sur l’étendue des lacunes. Il est vrai, en effet, que la
majorité des volumes judiciaires du xive siècle ont été perdus, mais,
heureusement, ceux qui ont été conservés sont relativement bien
répartis sur tout le cours du siècle : le registre de 1312-1313 est suivi
par ceux de 1348-1350 11 et de 1372-1374 12 . Le nombre total des
cas pénaux disponibles pour le xiiie-xive est de 904. À partir de l’an
1401 les actes pénaux, toujours mal ordonnés, deviennent presque
complets, comportant quelques 70 volumes d’une moyenne de 250
feuilles pour le seul xve siècle ; il est difficile d’estimer le nombre des
procès que y sont registrés, mais je crois qu’il s’approche de 25 000.
Pour ma présente recherche, dans toute cette masse judiciaire du xve
siècle j’ai analysé des échantillons des années 1401-1402 13 , 1423
14 , 1447 15 , 1466 16 , 1489 17 et 1499 18 , en tout 1492 procès.

Donc, la totalité des cas sur lesquels sont fondés mes analyses est de
2396.

La typologie des procès et les formules

5 La procédure accusatoire attestée dans un unique document de 1255,


antérieur à la « période des registres », plaçait les parties dans une
situation symétrique devant le juge, tout comme dans les registres
de Trogir (Croatie) de 1266-1281 19 et dans les procès de Pérouse et
Bologne du xiiie siècle, analysés par Massimo Vallerani 20 .
6 Au contraire, les procédures accusatoires dans les registres
ragusains de la fin du xiiie siècle sont déjà « asymétriques », dans ce
sens que l’accusé n’y a plus un rôle actif. D’ordinaire, le procès se
déroule à partir des points d’accusation et des preuves proposées par
l’accusateur ; l’accusé n’est convoqué devant le tribunal que dans
une phase procédurale tardive, après qu’on ait entendu les témoins.
7 Puisqu’une grande majorité des procès pénaux s’arrêtait bien avant
la sentence, les enregistrements des procès complets sont très rares.
Les formules adoptées dans des différents registres varient un peu,
mais le schéma d’un procès accusatoire est en gros ceci :
date
A. coram domino comite conqueritur supra B. quod... Testes X.
Y.
X. examinatus super predictis coram domino comite et iuratis iudicibus C. et
D., suo sacramento dixit quod...
Y....
B. fuit condempnatus...
Les procès inquisitoires dans les mêmes registres ont, par contre, la
forme suivante :
date
Cum ad audientiam domini comitis Ragusii pervenisset quod A. fuisset
vulneratus..., ipse dominus comes volens ex officio et regimine suo inquirere
de dicto malefitio, invenit in hunc modum.
A. (offensé) examinatus super predictis
X. (témoin) examinatus ut supra suo sacramento dixit quod...
Y. (témoin) examinatus ut supra suo sacramento dixit quod...
B. (inculpé) examinatus super predictis coram domino comite et suis iu
dicibus..., ad excusationem suam de predictis suo sacramento firmavit
quod... ou
Die... P. preco communis de mandato domini comitis et dictorum iudicum
publice clamavit in locis solitis quod dictus B. infra tres dies proximos
comparere deberet ad faciendum defensionem suam de predictis, aliter sit
contumax secundum formam statuti.
Comparuit.
B. fuit condempnatus...
8 Dans la pratique les deux procédures divergeaient sur quelques
autres points encore (fréquence de l’application de la torture,
garanties, etc.), mais les similitudes procédurales l’emportaient
largement sur les particularités : c’était une procédure « mixte » 21 .
La différence essentielle entre ces deux types de procès se situait
dans la gestion de la poursuite, ce qui amenait des conséquences
fondamentales pour le déroulement des procès, comme je le
montrerai plus tard.

Les sources sur les règlements infrajudiciaires

9 L’analyse des règlements infrajudiciaires à Dubrovnik est limitée par


le fait que ce n’était pas la coutume de noter ces pactes dans les actes
du procès ; par conséquent, dans les registres pénaux examinés, je
n’ai trouvé que quelques apostilles explicites 22 . Par exemple, en
1447 une certaine Franuša a accusé Radosav Repušić de lui avoir
dérobé sa maison. Deux témoins sont proposés, mais le procès ne
s’est pas poursuivi. Deux mois plus tard l’accusatrice se présente au
tribunal pour dire qu’elle a été entièrement dédommagée et qu’elle
renonce à la poursuite (Franussa suprascripta confessa fuit quod sibi
integre solutum et satisfactum est a suprascripto Radissauo et dixit nole
amplius procedere per suprascriptum lamentum) 23 .
10 À Dubrovnik un accommodement ne prenait que très rarement la
forme d’un acte notarié 24 , à la différence de la pratique italienne
25 . Néanmoins, il est bien possible que certains accords privés avec

dédommagement de la partie lésée, ont pris la forme d’un acte


notarié abstrait, largement présent dans la pratique juridique
ragusaine.
11 À partir de quelques témoignages indirectes dans les sources
judiciaires, on peut présumer que les pratiques pacificatrices se
déroulaient sous une forme solennelle et rituelle mais orale, scellée
par un osculum pacis 26 . Il semble que parfois les compromis étaient
renforcés par des pratiques de fraternisation ou de parrainage, ou
bien par un échange rituel de cadeaux 27 .

L’intensification de l’activité judiciaire (fin xiiie


siècle-fin xve siècle)
12 Selon les actes judiciaires ragusains, entre la fin du xiiie et la fin du
xve s., le nombre de procès criminels a fortement monté : une

moyenne de seulement 8 procès mensuels s’est maintenue pendant


un demi-siècle, puis ce nombre a grimpé progressivement jusqu’à un
taux de plusieurs dizaines de procès par mois (tableau 1).
Tableau 1. FRÉQUENCE MOYENNE DES PROCÈS ACCUSATOIRES ET INQUISITOIRES
PAR MOIS
13 On doit d’abord se poser la question si une telle intensification de
l’activité judiciaire pourrait être due à des facteurs démographiques,
car pendant le xive et le début du xve siècle le territoire ragusain a
approximativement quadruplé. Pourtant, la juridiction pénale
« ordinaire » dans ces nouvelles provinces était déléguée aux
magistrats locaux. Le tribunal pénal central n’y était compétent que
pour les crimes les plus graves, c’est-à-dire ceux qui pouvaient être
punis par la peine de mort ou la mutilation. Il faut rappeler que non
seulement de tels crimes étaient rares, mais aussi que dans de tels
cas d’ordinaire une poursuite d’office avait lieu. Donc, le « facteur
territorial » aurait eu causé plutôt une augmentation des procès
inquisitoires, ce qui n’est pas le cas.
14 D’autre part, les fluctuations dans le nombre d’habitants (causées
par la croissance naturelle et l’immigration d’une part, des
épidémies de l’autre) aurait provoqué un accroissement
proportionnel et parallèle des deux types de procès, ce qui n’est pas
le cas non plus. Dans les registres on note plutôt d’un côté un
nombre rélativement stable de procès inquisitoires et de l’autre une
grande expansion de procès accusatoires (tableau 2).
Tableau 2 PROPORTION DES PROCÈS ACCUSATOIRES ET INQUISITOIRES

15 Vu que l’intensification de l’activité judiciaire ne peut pas être


attribuée aux éléments démographiques, l’explication doit être
cherchée dans les domaines institutionnels et /ou sociaux.

L’expansion de l’accusatoire
16 Les recherches sur les actes judiciaires des villes italiennes ont
montré qu’il n’y a pas de transition nette et générale de l’accusatoire
vers l’inquisitoire, qui pourrait être expliquée par le processus de
formation de l’État. Les analyses des registres florentins ont
démontré que l’inverse est vrai et que le domaine de l’accusatoire
s’est élargi au cours du xve siècle 28 . En apparance, l’évolution à
Bologne était différente encore. Tandis qu’au xiiie siècle les procès
accusatoires y étaient sept fois plus fréquents que les procès
inquisitoires 29 , déjà au xve siècle ils sont devenus rares. Toutefois,
il faut tenir compte du fait que les procès inquisitoires bolonais ont
souvent été initiés par une dénonciation de l’offensé, qui de cette
manière évitait de payer les frais et détournait des autres éléments
défavorables propres à l’accusation privée 30 . On dirait, donc, que
d’une manière directe ou indirecte les procès étaient entamés à
l’initiative de la victime.
17 Les données pour Dubrovnik entre la fin du xiiie et la fin du xve siècle
montrent le large domaine des procès initiés par l’offensé et le
rhytme avec lequel l’accusatoire a gagné du terrain dans le
judiciaire. Le taux de ces procès, qui était de deux tiers à la fin du xiiie
siècle, a dans les deux siècles suivants augmenté jusqu’à couvrir
presque la totalité des cas judiciaires.
18 Cette évolution peut être expliquée par l’analyse du déroulement de
2142 procès accusatoires, et par l’examen des phases jusqu’aux
quelles ces procès se sont déroulés (tableau 3).
Tableau 3. PHASE DANS LAQUELLE LES PROCÈS ACCUSATOIRES S’ARRÊTENT
19 Avant de proposer une interprétation des données, je voudrai
m’arrêter sur quelques points. Le premier est que dans beaucoup de
cas l’accusateur ne fait appel à aucun témoin (colonne 3). Dans
certains cas il pouvait s’agir d’une accusation précoce, faite sous la
pression du terme légal court, alors que l’existence de témoins
directs n’est pas encore confirmée ; il pouvait s’agir d’un « bluff » de
l’offensé qui en vérité ne peut pas prouver le délit, mais essaie
d’exércer pression sur l’accusé ; ou bien la stratégie de l’accusateur
pouvait être de garder les témoins pour une prochaine phase du
procès, de telle sorte que l’accusé ne connaisse les atouts de son
adversaire.
20 Il saute aux yeux qu’assez souvent les témoins semblent ne rien
savoir sur le crime. Il y a des cas où il est évident qu’aucune tierce
personne n’était présente sur le lieu du crime, mais des témoins ont
néanmoins été proposés. On pourrait penser, selon la thèse de
Massimo Vallerani sur des testes de nichilo à Bologne, à un écho rituel
d’une procédure plus ancienne 31 . Pourtant, à la différence de la
pratique bolonaise, à Dubrovnik une telle formule engendrerait la
suspension du procès. J’ai l’impression que certains des accusateurs
ragusains ne comprenait pas bien les « règles du jeu » de la
procédure judiciaire (la nécessité de produire les témoins occulaires)
32 et que dans des cas plus nombreux l’accusateur mentionnait des

noms de « témoins » simplement pour augmenter la pression sur


l’accusé et ainsi aboutir à un compromis extrajudiciaire. Pour
comprendre comment à Dubrovnik une telle manipulation avec des
noms des témoins était possible, il faut tenir compte du fait qu’alors
que le faux témoignage était condemnable, l’indication de témoins à
vide et l’echec des preuves proposées n’étaient point sanctionnés. En
outre, il est fort possible que des témoins ayant déposé ne rien savoir
sur le crime aient tout simplement cédé à une pression sociale de
l’accusé.
21 Du tableau présenté ressort que la distribution des procès selon la
phase dans laquelle ils s’arrêtent, varie d’un registre à l’autre, mais il
me semble quand même utile d’examiner les taux pour la période
entière. On voit, tout d’abord, que dans moins d’un quart des cas
(22 %) les procès accusatoires se terminent par une sentence ; pour
les procès inquisitoires de la même période le taux de sentences est
considérablement plus haut (53 %) 33 . Il est d’ailleurs logique que le
même intérêt public, qui dirigait la poursuite d’office, a été
responsable de l’engagement majeur du tribunal dans la recherche
des preuves. Une même proportion d’environ un quart (23 %) revient
aux procès de prime abord bloqués par manque de preuves. Le plus
intéressant est que, tandis que les procès inquisitoires restent
beaucoup plus fréquemment suspendus dans la phase finale, à cause
de l’échec des preuves éxaminées, presque la moitié des procès
accusatoires s’arrêtent juste avant l’audition des témoins, donc à un
point où il n’y a aucune raison juridique d’interrompre le procès. La
poursuite de la part de l’accusateur a dû être abandonnée pour
d’autres motifs que le manque de preuves. La conclusion qui
s’impose est que l’offensé s’est désintéressé de la voie judiciaire.
Certainement il y avait des cas où le temps a tempéré la réaction de
l’offensé et où il a perdu l’intérêt d’une action pénale. Néanmoins, la
raison principale de la suspension de la poursuite judiciaire
proviendrait d’une solution « bilatérale », c’est-à-dire d’un
compromis entre les partis hors de la cour, à l’amiable ou avec
dédommagement.
22 La recherche sur la question de savoir jusqu’à quel stade les procès
accusatoires se sont déroulés, peut être affinée par une analyse plus
détaillée en fonction des différentes sortes de crimes (tableau 4).
Avec cet objectif j’ai examiné des échantillons des années 1423, 1466
et 1487. Ils ont produit en tout 589 cas, qui peuvent être classés
grosso modo dans une des trois catégories : violence physique,
violence verbale ou vol.
Tableau 4. PHASES DANS LESQUELLES S’ARRÊTENT LES PROCÈS ACCUSATOIRES,
PAR TYPES DE CRIMES (ÉCHANTILLONS DU xve SIÈCLE)
23 Dans la troisième et quatrième ligne les données sont classifiées
selon que le crime est prouvé par le nombre des témoins requis (en
principe un, pour les crimes les plus graves deux) ou non. Tout en
tenant compte des limitations d’ordre méthodologique, les
différences entre les sortes de crimes sont évidentes et logiques.
Dans les procès concernants un vol on était dès le début confronté
avec deux problèmes, typiques pour un crime prémédité : le
délinquant était inconnu (32 %) ou on ne disposait pas de témoins
(aussi 32 %). Dans la même colonne le taux des sentences est minime.
Mais, si on omet les procès bloqués au départ (tableau 5), on voit que
les trois quarts des accusations de vol s’arrête avant l’examen des
preuves, par la volonté, je présume, de l’accusateur. Ce nombre est
nettement moins élevé pour la violence physique et verbale
(respectivement 60 % et 57 % selon la même méthodologie).
Évidemment il était plus facile d’atteindre un compromis s’il n’y
avait pas eu de violence directement dirigée contre la personne
offensée.
Tableau 5. PHASES POSTÉRIEURES À L’ACCUSATION DANS LESQUELLES
S’ARRÊTENT LES PROCÈS ACCUSATOIRES, PAR TYPES DE CRIMES (ÉCHANTILLONS
DU xve SIÈCLE)
La formule « mixte »
24 La pratique de combiner les mécanismes judiciaires et
infrajudiciaires était facilitée par quelques éléments propres à la
procédure accusatoire ragusaine, dont j’ai déjà évoqué une ébauche.
Le premier est qu’à Dubrovnik le terme pour présenter l’accusation
était très court : de trois jours si le délit avait eu lieu dans la ville et
de huit s’il s’était passé en dehors 34 . Vu qu’après l’expiration de ce
terme la voie judiciaire pour l’offensé était fermée, celui-ci ne
disposait d’aucun laps de temps pour d’abord tenter une résolution
alternative, il devait donc entamer parallèlement les deux voies. De
l’autre côté, le procès étant initié, l’offensé pouvait toujours se
désister de la poursuite et sans aucun obstacle légal laisser tomber le
procès. Contrairement aux pratiques de certaines villes italiennes et
dalmates et contre l’opinion dominante de la doctrine, à Dubrovnik
la retraite de l’accusation et le renoncement à la poursuite n’étaient
en aucune manière pénalisés 35 . En plus, la décision d’initier un
procès pénal était facilité par le fait qu’aucune taxe judiciaire n’était
imposé à l’accusateur 36 .
25 Dans la pratique ragusaine la victime d’une offense criminelle était
libre d’engager et de désengager à son gré l’appareil judiciaire,
comme de combiner la voie institutionnelle avec des pratiques infra-
judiciaires. Par conséquant, la stratégie préférée de l’offensé
ragusain peut être appellée une « formule mixte » : le procès
criminel était mis en marche (comme moyen de pression et par
précaution) et en même temps on cherchait à aboutir à un
compromis hors de la cour 37 . On peut en citer un exemple
relativement simple. En janvier 1466 une certaine Radosava accuse
Dobruško Doleta d’avoir brisé sa porte et volé certains objets de son
coffre. À ce moment-là elle ne mentionne aucun témoin. Huit mois
plus tard elle présente un témoin qui confirme les points de
l’accusation. Évidemment, cet acte devant la justice renverse la
situation, de sorte que l’accusé se dépêche de contracter un
compromis. Moins de deux semaines après l’audition du témoin,
l’offensée informe le tribunal que les objets volés lui ont été rendus
et qu’elle est satisfaite 38 . De mon point de vue ce n’est pas
tellement important si l’accusatrice a en effet seulement plus tard
trouvé (ou inventé) le témoin, ou bien c’était sa tactique de garder la
preuve jusqu’au moment juste. Quoi qu’il en soit, la « formule
mixte » a fonctionné : la procédure devant le tribunal a poussé le
voleur vers une résolution infrajudiciaire de la cause.
26 Commes ces analyses ont mis en relief, les procès accusatoires
pivotaient toujours autour de l’intérêt de l’offensé et très souvent ils
étaient interrompus par sa disposition. Même parmi les procès
initiés par la poursuite d’office, qu’on penserait plus résistants aux
règlements infrajudiciaires, un compromis des parties pouvait
facilement l’emporter sur la décision de la cour 39 . Notamment, il
arrivait que quelqu’un qui ait commis un crime très grave (p. ex.
homicide) et qui ait été condamné en son absence, aboutît à un
compromis avec la famille de la victime. Selon une loi ragusaine de
1293, incorporée dans le Statut, si cette personne s’était ensuite
présentée devant la cour, sa condamnation aurait été annulée et la
cause aurait été soumise à un nouveau procès 40 . En pratique, par
contre, le règlement pacifique entre le criminel et la famille de la
victime pesait extrêmement lourd sur l’épilogue de la cause : ce qui
selon la loi devait être un second procès, était en réalité une pure
formalité, puisque l’accusé était automatiquement absolu 41 .
L’apaisement connaissait une force sociale qui dépassait l’éfficacité
de la répression, étant la meilleure méthode pour mettre fin à un
conflit profond et redoutable pour la communauté 42 .

Les valeurs sociales et politiques prêtées au


compromis
27 Il se pose la question de savoir pourquoi les autorités ragusaines ont
toléré le double jeu de l’accusateur, qui initiait un procès, pour
poursuivre en vérité une voie extrajudiciaire. Comment se fait-il
qu’une telle utilisation des ressources judiciaires n’était pas
considérée comme abusive et dissipatrice ? Pourquoi était-il même
consenti qu’un accomodement stoppe une poursuite d’office ? La
réponse se trouve, selon moi, dans le domaine idéologique.
28 Il faut se rappeller que Raguse, jusqu’à 1358 sous la domination
vénitienne et depuis indépendante, s’était transformé de commune
en république aristocratique. Dubrovnik n’a pas parcouru le trajet de
la commune vers la seigneurie, typique de maintes villes italiennes
43 . Le pouvoir politique est resté dans les mains du patriciat, au

sein duquel certaines casate ont formé une élite politique, mais l’État
ragusain n’est pas non plus devenu une véritable oligarchie 44 . Le
tissu social et politique de Dubrovnik dépendait d’équilibres fragiles :
au sein du patriciat, entre les nobles et les autres, parmi les citoyens
et les nouveaux-venus, etc. Par conséquent, l’harmonie sociale était
devenue un des éléments les plus importants du « mythe ragusain »
45 .

29 À l’égard du domaine pénal, le régime ragusain fondait sa


légitimation sur deux piliers. L’un était l’idée que le bien-être des
citoyens est lié à l’efficacité de l’État dans la répression des crimes.
La formule ragusaine – L’è necessario a proveder alla correction delli
delinquenti per mantignir lo bom ( !) stato della re publica 46 – n’est
qu’une variante de topique du genre rei publicae interest ne crimina
remaneant impunita 47 . L’autre pilier idéologique était le mythe de la
paix sociale, du consensus des gouvernés, et de la résolution paisible
des conflits sociaux 48 . Ce credo politique était si fort à Raguse
qu’un écrivain de la Renaissance l’a parodié, en laissant un de ses
personnages dire que « un dommage fondé sur un accord est
préferable à un profit sans convention » 49 . La pratique de
l’apaisement ne menait pas seulement à la résolution de conflits
concrêts, mais elle affirmait en même temps une valeur sociale plus
élevée, que dans un acte pénal ragusain est appellée bonus et perfectus
amor 50 . Dans ce cadre, l’acte de chercher un compromis et un
accommodement était non seulement toujours bienvenu, mais aussi
perçu comme une des suprêmes vertus civiques.

NOTES
1. Pour une image plus détaillée et plus nuancée de l’organisation judiciaire au début de
e
xiv siècle, cf. N. Lonza, « Coram domino comite et suis iudicibus » : Penal Procedure in Early
Fourteenth-Century Dubrovnik, dans Criminal Justice History, 15, 1994, p. 5-7.
2.Liber viridis, éd. B. Nedeljković, Beograd, 1984 (Zbornik za istoriju, jezik i književnost srpskog
naroda, 3/23), ch. 164-171, p. 116-120.
3.Liber viridis, ch. 492, p. 433.
4. À Dubrovnik, à la différence de communes italiennes, les magistratures judiciaires n’ont
jamais été confiées aux gens du métier (cf. A. Zorzi, La politique criminelle en Italie (xiiie-xviie
siècles), dans Crime, History & Societies, 2/2, 1998, p. 93). Toutefois, depuis le dernier quart du
e
xiii siècle, les juges ragusains étaient flanqués de notaires professionnels, « importés »

d’Italie. C’est surtout à ces derniers que va le mérite de l’introduction des éléments de ius
commune dans la pratique juridique.
5. Cf. N. Lonza, Pod plaštem pravde : Kaznenopravni sustav Dubrovačke Republike u XVIII. stoljeću,
Dubrovnik, 1997, p. 57-59.
6. Les minutes des conseils jusqu’en 1392 ont été éditées : Libri reformationum, I-V, éd. J.
Gelcich, Zagreb, 1879-1897 (Monumenta spectantia historiam Slavorum Meridionalium, 9, 13, 27-
29); Odluke veća Dubrovačke Republike, I-II, éd. M. Dinić, Beograd, 1951 et 1964 (Zbornik za
istoriju, jezik i knjičevnost srpskog naroda, 3/15 et 21); Odluke veća za 1365 godinu, éd. M. Dinić,
dans Iz dubrovačkog arhiva, I, Beograd, 1957 (Zbornik za istoriju, jezik i književnost srpskog
naroda, 3/17), p. 3-24; Odluke dubrovačkih vijeća 1390-1392, éd. N. Lonza et Z. Š undrica, Zagreb-
Dubrovnik, 2005. Jusqu’en 1415 les actes des trois conseils sont registrés dans les
Reformationes (série 2) et depuis dans les volumes séparés : Acta Consilii Rogatorum (série 3),
Acta Minoris Consilii (série 5) et Acta Maioris Consilii (série 8).
7. Par exemple, Codex diplomaticus Regni Croatiae, Dalmatiae et Slavoniae, IV, éd. T. Smičiklas,
Zagreb, 1906, n. 517, p. 599-600.
8.V. Foretić, Dubrovački arhiv u srednjem vijeku, dans Anali Historijskog instituta JAZU u
Dubrovniku, 6-7, 1957-59, p. 320. L’adoption de registres judiciaires à Raguse suit de quelques
dizaines d’années leur introduction dans les communes italiennes. Sur l’interdépendence de
l’enregistrement des actes et l’évolution du procès, cf. M. Vallerani, I processi accusatori a
Bologna fra Due e Trecento, dans Società e storia, 78, 1997, p. 744-745. Pour un aperçu du
matériel judiciaire médiéval conservé en Italie, cf. A. Zorzi, Aspects de la justice criminelle dans
les villes italiennes à la fin du Moyen Âge, dans Déviance et Société, 15, 1991, p. 440.
9. G. Č remošnik, Istorijski spomenici Dubrovačkog arhiva : Kancelariski i notarski spisi g. 1278-
1301, Beograd, 1932, p. 21.
10. Spisi dubrovačke kancelarije , III, éd. J. Lučić, Zagreb, 1988 ( Monumenta historica Ragusina ,
3), p. 21, 124-226 (dorénavant cité : LM 1284-1285) ; Dubrovački « Liber de maleficiis » iz 1312-
1313. godine , éd. N. Lonza et Z. Janeković-Römer, dans Radovi Zavoda za hrvatsku povijest , 25,
1992, p. 173-228 (dorénavant cité : LM 1312-1313).
11.Libri maleficiorum, série 50.1, vol. 10 (dorénavant cité : LM 1348-1350).
12.Lamenta de intus et foris, série 53, vol. 1 (dorénavant cité : LM 1372-1374).
13.Libri maleficiorum, série 50.1, vol. 1, f. 1-100r, pour la période 7.2.140110.08.1402
(dorénavant cité : LM 1401-1402).
14.Libri maleficiorum, série 50.1, vol. 5, f. 216-362v, pour l’année 1423 (dorénavant cité : LM
1423).
15.Lamenta de intus, série 51, vol. 9, pour la période 8.2.- 25.11.1447 (dorénavant cité : LI
1447).
16.Lamenta de intus, série 51, vol. 21, f. 5v-155r, pour la période 2.1.-30.5.1466 (dorénavant
cité : LI 1466).
17.Lamenta de intus, série 51, vol. 31, f. 1-143r, pour la période 18.8.31.12.1487 (dorénavant
cité : LI 1487).
18.Lamenta de intus, série 51, vol. 43, f. 1-50r, pour la période 5.5.-17.6.1499 (dorénavant
cité : LI 1499).
19. Zapisci sudbenog dvora općine trogirske , I, éd. M. Barada, Zagreb, 1951 ( Monumenta
spectantia historiam Slavorum Meridionalium , 46).
20. M. Vallerani, Modelli processuali e riti sociali nelle città comunali , dans J. Chiffoleau, L.
Martines et A. Paravicini Bagliani (éd.), Riti e rituali nelle società medievali , Spolète, 1994, p.
124-140.
21. Cf. G. Zordan, Il diritto e la procedura criminale nel Tractatus de maleficiis di Angelo
Gambiglioni , Padoue, 1976, p. 33 ; M. Sbriccoli, ‘Vidi communiter observari’ : L’emersione di un
ordine penale pubblico nelle città italiane del secolo xiii , dans Quaderni fiorentini per la storia del
pensiero giuridico moderno 27, 1998, p. 247-248.
22. Par contre, dans les actes bolonais du xiiie siècle les renonciations à la poursuite parce
qu’on avait abouti à un accord privé étaient régulièrement notées, probablement à cause de
la taxe qui devait être payée. Voir M. Vallerani, I processi accusatori..., p. 779-780.
23. LM 1447, f. 121.
24. Par exemple, Diversa notariae, série 26, vol. 28, f. 202.
25.v. A. Zorzi, Conflits et pratiques infrajudiciaires dans les formations politiques italiennes du xiiie
au xve siècle, dans Benoît Garnot (éd.), L’infrajudiciaire du Moyen Âge à l’époque contemporaine,
Dijon, 1996, p. 22. À Florence ces compromis apparaissent dans les minutes notariales dès la
fin du xiiie siècle, devenant plus fréquents à partir de la fin du xive. Cf. M. Becker, Changing
Patterns of Violence and Justice In Fourteenth- and Fifteenth-Cenury Florence, dans Comparative
Studies in Society and History, 18, 1976, p. 284-285. Selon le Statut de Split de 1322 un
instrument ou une note dans les actes du procès étaient obligatoires. Cf. Statuta et leges
civitatis Spalati, éd. J. Hanel, Zagreb, 1878 (Monumenta historico-juridica Slavorum
Meridionalium, 2), L. IV, ch. 7, p. 137-138. Les deux mêmes formes étaient adoptées dans les
villes italiennes, cf. M. Vallerani, Pace e processo nel sistema giudiziario del comune di Perugia,
dans Quaderni storici, N.S. 101, 1999, p. 324.
26. Par exemple, LM 1401-1402, f. 55-57. Cf. C. Gauvard, Pendre et dépendre à la fin du Moyen
Âge, dans Riti e rituali..., p. 207.
27. Dans les sources sont documentés de tels rituels entre les citoyens de Raguse et les
sujets des seigneurs bosniaques qui dominaient les régions voisines. Cf. V. Č učković, Krvna
osveta u srednjovekovnom bosanskom pravu, dans Godišnjak Pravnog fakulteta Univerziteta u
Sarajevu, 19, 1971, p. 262-263, 266-268.
28. A. Zorzi, Aspetti e problemi dell’amministrazione della giustizia penale nella Repubblica
fiorentina, II. Gli assetti quattrocenteschi e dell’ultimo periodo repubblicano , dans Archivio Storico
Italiano , 145, 1987, p. 541.
29. M. Vallerani, Conflitti e modelli procedurali nel sistema giudiziario comunale. I registri di
processi di Perugia nella seconda metà del xiii secolo, dans Società e storia, 48, 1990, p. 281.
30. Cf. T. Dean, Criminal justice in mid fifteenth-century Bologna , dans T. Dean et K.J.P. Lowe
(éd.), Crime, Society and the Law in Renaissance Italy , Cambridge, 1994, p. 17; M. Vallerani,
Modelli processuali... , p. 133; M. Vallerani, I processi accusatori a Bologna fra due e trecento , dans
Società e storia 78, 1997, p. 747-748.
31. M. Vallerani, I processi accusatori... , p. 764-765.
32. Par exemple, une certaine Bratoslava a porté l’accusation contre son mari Radoslav qui
lui avait amputé le nez après qu’il a été confronté à l’infidélité de sa femme. Elle a nommé
deux témoins, tout en déposant que le crime eut lieu dans leur maison et que personne n’y
était présent (LM 1348-1350, f. 56v). Pourtant, maintes exemples de la pratique confirment
que le tribunal insistait pour que les témoins aient vu l’acte criminnel (par exemple, LM
1372-1374, f. 165).
33. Pour les taux à Florence cf. L. Ikins Stern, The Criminal Law System of Medieval and
Renaissance Florence , Baltimore-London, 1994, p. 229.
34.Liber statutorum Civitatis Ragusii compositus anno 1272, éd. V. Bogišićet C. Jireček, Zagreb,
1904 (Monumenta historico-juridica Slavorum Meridionalium, 9), L. VIII, ch. 37 (a. 1281), p. 185-
186. Par contre, les termes respectifs dans le Statut de Bologne de 1288, par exemple,
étaient de un et deux mois. Cf. Statuti di Bologna dell’anno 1288, I, éd. G. Fasoli et P. Sella, Cité
du Vatican, 1937 (Studi e testi, 73), L. IV, ch. 3, p. 172.
35.Pour Bologne v. M. Vallerani, I processi accusatori..., p. 779 ; T. Dean, Criminal justice..., p.
17. Cf anche Statuta et Reformatines c. Tragurii, éd. I. Strohal, Zagreb, 1915 (Monumenta
historico-juridica Slavorum Meridionalium, 10), L. II, ch. 4, p. 55 ; Statuta civitatis et insulae
Lesinae, dans Statuta et leges civitatis Buduae, civitatis Scardonae, et civitatis et insulae Lesinae, éd.
Š. Ljubić, Zagreb, 1882-1883 (Monumenta historico-juridica Slavorum Meridionalium, 3), L. III, ch.
13. Dans les actes judiciaires de Trogir du e siècle on trouve, en effet, un exemple où
xiii

l’accusateur, dont les allégations n’étaient pas confirmés par des témoins, a été condamné à
une amende (quia sui testes non adueritauere ; Zapisci sudbenog dvora općine Trogirske... : p. 78,
numéro 40). Sur la doctrine, cf. G. Zordan, Il diritto e la procedura criminale..., p. 34, 111-112.
36. Sur la situation à Bologne, cf. M. Vallerani, I processi accusatori... , p. 762-763.
37. Sur accusation comme moyen de pression sur l’accusé pour parvenir au compromis, cf.
M. Sbriccoli, « Vidi communiter observari »..., p. 240, 254.
38. LI 1466, f. 43v.
39. Sur cette pratique, largement présente à Pérouse au xiii
e siècle, cf. M. Vallerani, Pace e
processo..., p. 327-328. Pour la discussion sur les limites de l’accomodement chez les légistes,
cf. A. Padoa Schioppa, Delitto e pace privata nel pensiero dei legisti bolognesi. Brevi note, dans
Studia gratiana 20, 1976 (Mélanges G. Fransen, II), p. 278-287.
40. Liber statutorum Civitatis Ragusii , L. VI , ch. 29, p. 134-135.
41. Par exemple, LM 1401-1402, f. 55-57, 155-157v.
42. Pour un cadre général sur l’ambiance italienne cf. M. Vallerani, Pace e processo..., p. 316-
324 ; M. Sbriccoli, « Vidi communiter observari »..., p. 236.
43. Sur le rapport entre les « formations politiques post-communales » italiennes et les
pratiques judiciaires, cf. Zorzi, Conflits et pratiques infrajudiciaires..., p. 32-34.
44.Sur ce point on peut signaler B. Krekić, Influence politique et pouvoir économique à Dubrovnik
(Raguse) du xiiie au xvie siècle, dans Gerarchie economiche e gerarchie sociali, secoli xii-xviii,
Florence, 1990, réimprimé dans idem, Dubrovnik : a Mediterranean Urban Society, 1300-1600,
Aldershot-Brookfield, 1997, I, p. 246-252 ; D. Rheubottom, Age, Marriage, and Politics in
Fifteenth-Century Ragusa, Oxford-New York, 2000, p. 69-80 et 140-149 ; Z. Janeković Römer,
Okvir slobode : dubrovačka vlastela između srednjovjekovlja i humanizma, Zagreb-Dubrovnik,
1999, p. 176-180.
45. Z. Janeković Römer, Okvir slobode..., p. 19-25 et 251.
46.Liber viridis, ch. 492, p. 433.
47. Cf. M. Sbriccoli, L’interpretazione dello statuto: contributo allo studio della funzione dei giuristi
nell’età comunale, Milan, 1969, p. 456; R. M. Fraher, Preventing Crime in the High Middle Ages:
The Medieval Lawyer’s Search for Deterrence, dans J. R. Sweeeney et S. Chodorow (éd.), Popes,
Teachers, and Canon Law in the Middle Ages: Essays in Honor of Brian Tierney, Ithaca, 1989, p. 222 i
231; M. Sbriccoli, « Vidi communiter observari »..., p. 237-238.
48. Z. Janeković Römer, Okvir slobode..., p. 23; pour Venise cf. S. Chojnacki, Crime,
Punishment, and the Trecento Venetian State, dans Violence and Civil Disorder..., p. 184-192.
49. M. Držić, Dundo Maroje, dans idem, Djela, éd. F. Č ale, Zagreb, 1979, p. 380.
50. LM 1401-1402, f. 55-57. Sur la valeur de la paix pour la vie civile, cf. A. Zorzi, Conflits et
pratiques infrajudiciaires..., p. 26, 29 ; Id., La politique criminelle..., p. 94.
NOTES DE FIN
1. Je tiens à remercier mon amie Camille van der Zouw qui a bien voulu corriger le texte
français.
V. Rituels judiciaires et espaces
urbains
Hinrichtung in spätmittelalterlichen
Städten
Öffentlichkeit, Ritual, Kritik

Uwe Israel

Einleitung
1 Im Mai des Jahres 2001, als man in der Öffentlichkeit des
Fußballstadions von Kabul noch verschleierte Frauen durch
Genickschüsse hinrichtete – wovon im Fernsehen immer wieder
schreckliche Aufnahmen gezeigt wurden –, diskutierte man in den
USA lebhaft über die Todesstrafe: Weniger über die Frage, ob sie in
den Vereinigten Staaten weiterhin vollstreckt werden sollte, worauf
dort noch etwa 3.500 Verurteilte warten, als über die Frage, wer
dabei zusehen darf.
2 Die Diskussion hatte sich entzündet an dem Vorhaben der US-
amerikanischen Firma Entertainment Network Incorporated, die die
Exekution des Bombenattentäters von Oklahoma City, Timothy
McVeighs, für 1,95 Dollar per Web-cam via Internet live in die ganze
verkabelte Welt übertragen wollte. Am Ende entschied ein
Bundesgericht, daß nur die obligatorischen Augenzeugen
unmittelbar zuschauen durften; zu diesen 30 Personen traten dann
am 11. Juni 2001 noch mehr als 200 Angehörige der Opfer, die
gleichzeitig auf einer Großleinwand verfolgten, wie McVeigh die
Giftspritzen injiziert wurden 1 .
3 Nachdem es in einigen Staaten der USA längst Gesetz ist, daß
Sexualverbrecher nach Verbüßung ihrer Haftstrafe «im Internet, in
der Zeitung oder im Radio an den Pranger gestellt» werden 2 , um
Nachbarn oder potentielle Arbeitgeber vor ihnen zu warnen, ist es
gut möglich, daß wir nicht mehr lange darauf warten müssen, bis
uns live-Exekutionen ins Wohnzimmer übertragen werden.
4 Die Strafpraxis rückt also durch die Massenmedien wieder näher an
die Öffentlichkeit heran und gewinnt dadurch eine gesteigerte
Bedeutung, nachdem sie lange Zeit durch hohe Gefängnismauern
von ihr getrennt war, wie Michel Foucault gezeigt hat 3 . Wird die
Strafe für die Gesellschaft auf diese Art wieder zu einem sichtbaren
Zeichen, das ihr zu lesen gegeben wird, wie es schon einmal vor der
Geburt des Gefängnisses gewesen war? In der Zeit vor dieser
Invention spielte die Öffentlichkeit im Ritual oder Zeremoniell 4 des
Strafens noch eine entscheidende Rolle neben dem Richter und dem
Delinquenten.
5 Mit der Anwendung des Inquisitionsprozesses fand in
mittelalterlichen Städten bekanntlich ein Gutteil der gerichtlichen
Praxis nicht mehr vor den Augen einer interessierten Öffentlichkeit
5 statt, die sich hätte unmittelbar selbst davon überzeugen können,

daß alles seine Ordnung hatte. Der Ort der Urteilsfindung wurde
verlegt von unter freiem Himmel aufragenden Linden und
offenstehenden Lauben in die Abgeschiedenheit gediegener
Ratsstuben und finsterer Folterkeller. Erst mit dem Endlichen
Rechtstag trat man wieder ans Tageslicht. Erst nun, während der
feierlichen Urteilsverkündung und -vollstreckung, war der
Delinquent den Blicken der Rechtsgemeinschaft ausgesetzt – aber
auch der Richter.
6 Was, wenn der Delinquent in diesem entscheidenden Moment vor
großem Publikum sein Geständnis, die grundsätzliche
Voraussetzung für eine Aburteilung, nicht einfach wiederholte, wie
es sich gehörte, sondern vorgab, es nicht freiwillig abgegeben zu ha-
ben. Wenn er sagte, er sei unter der Folter dazu gezwungen worden,
es damit widerrief und also wertlos machte? Dieser häufiger
vorkommende und allzu verständliche Rückzieher konnte zumindest
das geplante Zeremoniell der Vollstreckung 6
durcheinanderbringen oder – wenn der Delinquent halsstarrig blieb
und sein Geständnis durchaus nicht erneuern wollte – gar eine
erneute Urteilsfindung erforderlich machen (wenn man denn nicht
bereit war, sich über diesen wesentlichen Formfehler
hinwegzusetzen und trotz eines Widerrufs gleichwohl zu
vollstrecken).
7 Auf alle Fälle schädigte ein solch unverabredetes Verhalten des
Delinquenten die Autorität der Gewalthaber, sei es allein schon
dadurch, daß das eingespielte Ritual 7 von Geständnis,
Urteilsverkündung, Prozession zur Richtstätte und Hinrichtung
durchbrochen wurde und es zu Diskussionen kam, sei es dadurch,
daß das Publikum wieder nach Hause geschickt wurde, womit man
sich lächerlich machte, oder sei es dadurch, daß der fatale Eindruck
entstand, hinter den verschlossenen Türen des Rathauses sei etwa
nicht alles mit rechten Dingen zugegangen.
8 Der Endliche Rechtstag barg also Risiken für den Richter wie den zu
Richtenden; für letzteren, daß nicht doch noch in letzter Minute
Gnade vor Recht erging und er die Strafe tatsächlich erleiden mußte,
für ersteren, daß er brüskiert wurde. Zudem bestand stets die
Gefahr, daß die Stimmung der zusammengerufenen Menge
umschlug und es zu Tumult oder Aufruhr kam, also die geplante
bekräftigende Demonstration von Recht und Ordnung in ihr
Gegenteil verkehrt wurde und im Chaos endete. Das konnte bei
politisch heiklen Verurteilungen leicht passieren und ebenso, wenn
nicht alles nach Plan verlief, zum Beispiel, wenn dem Henker ein
Kunstfehler unterlief.
9 Im Jahre 1498 mußte der Nachrichter von Nürnberg im Schutze
einer Eskorte vom Richtplatz geführt werden, weil ihn die puben, wie
es heißt, beschrien und steinigen wollten. Er hatte es an diesem Tag
zunächst nicht geschafft, einem Pferdedieb das Haupt vom Rumpf zu
trennen. Es gelang ihm erst, als er sein Richtschwert als Säge
verwandte. Gleich im Anschluß hatte er zu allem Unglück auch bei
einem zweiten Delinquenten, der an diesem Tag enthauptet werden
sollte, den Hals verfehlt und zu hoch angesetzt. Der Kopf, oder
jedenfalls ein Teil davon, fiel diesmal wenigstens von alleine herab
8 . Eine glücklichere Hand bewies der Scharfrichter drei Jahre

später, als er zwei Weindiebe mit einem einzigen Streich köpfte 9 .


10 Besonders riskant für beide Seiten, für den Richter wie den zu
Richtenden, war es natürlich, wenn das Urteil auf Hinrichtung
lautete, ging es in diesem Falle doch für den Delinquenten um Leben
und Tod und für den Urteilsfinder darum, am Ende nicht noch
persönliche Schuld auf sich zu laden, indem er trotz eines Widerrufs
auf Vollstreckung bestand, was als Justizmord hätte angesehen
werden können. – Die Regierenden einer Stadt waren also gut
beraten, das Verfahren im Rahmen der Tradition so zu gestalten,
daß ein möglichst reibungsloser Ablauf des Strafvollzugs
gewährleistetet war.
11 Im folgenden soll die Betrachtung des Zusammenspiels von Richter,
Delinquent und Öffentlichkeit zu allgemeinen Überlegungen über
die Hinrichtungspraxis in spätmittelalterlichen Städten führen. In
einem ersten Schritt möchte ich ausgehend von einem Straßburger
Ratsprotokoll die Vorbereitung des Delinquenten auf seinen
schweren Gang zum Hochgericht in den Tagen vor und am Endlichen
Rechtstag näher untersuchen. In einem zweiten Schritt soll die
Reform der Straßburger Praktiken verfolgt werden, die durch die
Kritik eines engagierten Seelsorgers erzwungen wurde. In einem
dritten und letzten Schritt wird anhand einiger prominenter Fälle
Augenmerk auf die Frage gelenkt, wo normgeleitete Hinrichtung
aufhörte und politischer Mord anfing.

Praxis im Spätmittelalter
12 Der Ablauf des Strafvollzugs konnte schon in der Nacht vor der
öffentlichen Urteilsverkündung eine ungewollte Wendung nehmen,
wie man in einem Straßburger Ratsprotokoll aus dem Jahre 1461
erfahren kann 10 . Der Rat hatte eine Dreierkommission eingesetzt,
die sich Gedanken darüber machen sollte, wie der städtische
Strafvollzug zu reformieren sei. Bislang hatte man den zum Tode
Verurteilten am Abend vor der Hinrichtung das Urteil verkündet,
wie es vielerorten üblich war. Mit dieser Praxis ließ man den
Endlichen Rechtstag mit der Vigil beginnen, wie man es ja auch bei
Feiertagen zu tun pflegte. Obwohl man den Verurteilten in der Nacht
das Henkersmahl 11 reichte (mit dessen Verzehr sie konkludent
Urfehde leisteten) und ihnen einen bruder, also einen Mönch zum
Trost beigab 12 , hatte sich manch einer von ihnen aus Verzweiflung
im Turmgefängnis 13 erhängt und damit, wie es heißt, libe und sele
verdampt. Das wollte man in Zukunft zu verhindern suchen.
13 Kam es den Straßburger Ratsherren wirklich darauf an, die Seelen
der Armen Sünder 14 vor der Verdammung zu retten? Wieso kam
es ihnen nicht gerade recht, wenn ein Übeltäter sich selbst richtete
und damit dem Henker die Arbeit und der Stadtkasse die Kosten für
dessen Handwerk ersparte? Man brachte die Delinquenten in
Straßburg ja auch zu Tode, ohne daß sie die Letztkommunion hätten
einnehmen dürfen, und man verwehrte nicht nur den
Selbstmördern, sondern grundsätzlich auch den Hingerichteten das
christliche Begräbnis, womit ihrem Seelenfrieden keineswegs
gedient war.
14 Die Ratsherren wollten eher vermeiden, daß durch eine vorgezogene
Tötung von eigner Hand ein entscheidender Akt im «Schauspiel des
Todes» fehlte 15 : der zeremonielle Vollzug der Strafe kraft
Autorität der Gewaltigen unter Anteilnahme der Öffentlichkeit.
15 Es ging ja nicht allein und vielleicht nicht einmal in erster Linie
darum, einen Übeltäter unschädlich zu machen oder Vergeltung zu
üben. Nach einem Suizid und ohne das Ritual des Endlichen
Rechtstags verblieb nicht nur die Urteilsfindung, sondern in
gewissem Sinne auch die Vollstreckung und damit das gesamte
peinliche Verfahren hinter dicken Mauern verborgen. Die Obrigkeit
konnte nicht in die angestrebte symbolgeladene Kommunikation mit
den Untertanen in Zeremoniell und Ritual treten, die sie auf andere
Weise nicht führen konnte 16 . Deshalb konnte es zum einen leicht
zu Gerüchten kommen, man habe den Gefangenen nicht recht
beaufsichtigt, man habe ihn in den Tod getrieben oder schlimmer,
man habe ihn klammheimlich umgebracht. Solche Nachrede, die
mindestens zu Autoritätsverlust führte, wollten die Ratsherren auf
alle Fälle vermeiden.
16 Vor allem wäre es ohne den Endlichen Rechtstag nicht zu dem in
aller Öffentlichkeit wiederholten Geständnis gekommen, das die
mangelnde Transparenz in der Urteilsfindung ausgleichen konnte,
indem es die Begründung und das Ergebnis des Urteils auch für all
jene, die nicht mit dem Fall befaßt waren, nachvollziehbar und
akzeptabel machte. Das war gerade in einer Stadt wie Straßburg
wichtig, die es für angemessen hielt, ihre die Leibesstrafen
betreffenden Rechtsnormen 17 noch um das Jahr 1500 nicht an die
Öffentlichkeit kommen zu lassen 18 .
17 Es wäre nicht zu einer möglichen Begnadigung in letzter Minute
gekommen, die Rücksicht genommen hätte auf die Bitten von
Verwandten, Freunden oder womöglich hochgestellten
Persönlichkeiten, die sich für den Delinquenten einsetzten, und die
man sich durch Nachgeben hätte verbinden können. Auch wäre es
nicht zu der legitimierenden Inszenierung des Rechtsganges in einer
Prozession zum Hinrichtungsort gekommen, die gleichzeitig eine
kräftige Machtdemonstration der Regierenden sein konnte. Diese
Inszenierung war aber besonders wichtig in Zeiten, in denen keine
übergeordnete Autorität mehr – wie ein königlicher Schultheiß oder
ein stadtherrlicher Vogt – die Blutgerichtsbarkeit ausübte, sondern
dies vielerorts die Gemeinde selbst in die Hand genommen hatte.
18 In Augsburg beispielsweise war der Vogt beim Endlichen Rechtstag
nurmehr als Statist präsent, nachdem die peinliche Gerichtsbarkeit
seit der Mitte des 14. Jahrhunderts beim Kleinen Rat konzentriert
war 19 . In Nürnberg hatte der Kleinere Rat ebenfalls die Kompetenz
zur Erteilung von Todesurteilen, seit das Amt des
Reichsschultheißen im 14. Jahrhundert an die Kommune
übergegangen war 20 . Nun mußten die Bürger selbst gegen das
fünfte Gebot verstoßen und unter Umständen die Hand sogar gegen
einen der ihren erheben und einen Genossen aus der gemeinsamen
Schwureinung töten, mit dem man unter Umständen auch noch
verwandtschaftlich verbunden war.
19 Das warf Probleme auf, die man beispielsweise dadurch zu umgehen
suchte, daß man Bürger weniger hart bestrafte als Fremde, oder
dadurch, daß der Henker als derjenige, der im Namen des Gesetzes
töten sollte, im allgemeinen nicht aus der Gemeinschaft stammen
durfte. Zu der gehörte er auch in seiner Amtszeit nicht, denn durch
sein Handwerk wurde er unehrlich und war im allgemeinen nur
noch für Drecksarbeiten gut, wie Kloakenreinigen, Abdecken und
Hundefang, oder für schmutzige Geschäfte, wie Prostitutionsaufsicht
21 . Wer ihm zu nahe kam, der setzte seine Ehre aufs Spiel.

20 In Nürnberg beispielsweise wurde im Jahre 1463 ein hilfsbereiter


Schmied von jedermann verspottet, nachdem er leichtsinnigerweise
dem Scharfrichter zur Hand gegangen war. Er hatte geholfen, einen
nicht aus der Stadt stammenden Juden, der Verrat begangen hatte,
ganz nach oben an den äußeren Balken des Galgens, die sog.
Judenspitze, zu ziehen. Man hatte dem Delinquenten zur
Verschärfung eine Pechhaube aufgesetzt, das im das pech über die
augen floß, allerdings darauf verzichtet, den obligaten Hund
dazuzuhängen, was der Chronist ausdrücklich vermerkt 22 . Selbst
wer nur beim Bau des Galgens mit Hand anlegte, hatte Ehrverlust zu
befürchten; so mußten sich in Augsburg alle Handwerker an einer
Neuerrichtung beteiligen, damit später keiner mit dem Finger auf
einen anderen zeigen konnte 23 .
21 Auch wenn man am Endlichen Rechtstag die vorgesehene Zeremonie
mit dem Leichnam des Selbstmörders vollzogen hätte 24 , wäre es
nicht zu der einmal festgesetzten, gegebenenfalls entehrenden oder
besonders grausamen Art gekommen, in der der Delinquent vom
Leben zum Tod zu befördern war, nicht zu den Schmerzen, die er
erleiden sollte: alles wesentliche Bestandteile des Strafrituals, denen
Reinigungsfunktion zugesprochen wurde. Es wäre nicht zu dem
Opfergang des reumütigen Sünders gekommen, der so manches Mal
seinen Richtern und sogar seinem Henker vor aller Augen verzieh
25 .

22 Man war auf seine Mitwirkung angewiesen, um den gebrochenen


Frieden und die gestörte Rechtsordnung wiederherzustellen 26
oder die Gemeinde wieder mit Gott zu versöhnen 27 . Es wäre auch
nicht zu dem abschreckenden Exempel gekommen, das man
statuieren wollte, und es wäre nicht zu angestrebten oder
unwillkürlich eintretenden Effekten einer Sozialdisziplinierung im
Angesicht der strafenden Hand des Nachrichters gekommen 28 .
23 Um das Risiko eines Selbstmordes möglichst gering zu halten, schlug
die Mehrheit der Straßburger Kommission vor, dem Delinquenten
das Todesurteil erst am Morgen des Hinrichtungstages mitzuteilen,
nachdem die Ratsglocke zum erstenmal geläutet hatte 29 . Erst dann
sollte ihm eine Henkersmahlzeit auf Stadtkosten serviert werden
und in seiner letzten Nacht sollte ihm kein Seelsorger zur Seite
stehen. (Das Auftreten eines Geistlichen hätte ihm ja auch ohne
besondere Mitteilung nur allzu deutlich gezeigt, was ihm am
nächsten Tag bevorstand).
24 Ganz ähnlich wie der Straßburger entschied der Basler Rat im Jahre
1484, als er eine Neuerung zurücknahm, die es den zum Tode
Verurteilten erlaubt hatte, drei oder vier Tage vor ihrer Hinrichtung
zu kommunizieren und nicht mehr, wie noch zuvor, lediglich am
Morgen dieses Tages 30 .
25 Die Mindermeinung der Straßburger Ratskommission wollte es beim
Herkommen belassen, also der Vorbereitung auf den Tod die übliche
Zeit einräumen, allerdings wollte der Ratsherr ebenfalls
Vorkehrungen dagegen treffen, daß der Todgeweihte sich selbst
etwas antue: Man solle ihn die Nacht über sowohl mit Händen als
auch Füßen in den Stock sperren. Dieser Vorschlag hätte aber eine
Verschärfung der Haftbedingungen bedeutet und zudem die
Einnahme der Henkersmahlzeit unnötig erschwert.
26 Im Alten Recht war bei Hinrichtungen die Strafe mit dem To-de am
Endlichen Rechtstag oft noch nicht vorbei, da auch der Leichnam im
«Theater des Schreckens» 31 , noch seine Rolle spielen sollte. In
Straßburg hatte es sich allerdings eingebürgert, die Körper der
Gehenkten nach der Vollstreckung abzunehmen 32 , wodurch der
galge allewegen lere gestanden ist, wie es in dem Ratsprotokoll lautet,
als obe man keinen dieb hie zu Strasburg stroffete, also als ob die
Strafjustiz hier nicht richtig funktioniere. Die ungewöhnliche Praxis
war damit begründet worden, daß zu nahe bei der Richtstätte
Nutzpflanzen stünden, daß die herabfallenden Gebeine von Hunden
oder anderen Tieren davongetragen werden könnten und daß es für
vorbeikommende oder in den umliegenden Gärten arbeitende
Frauen sehr bedrückend sei, die Toten dort hängen zu sehen.
27 In Nürnberg bekam im Jahre 1482 der Hundefänger (huntslaher) Lohn
dafür, daß er den vom Strang gestohlenen Leichnam eines Diebes
wieder in [den] galgen warf 33 ; – in Florenz dagegen wurde es
geduldet, daß Jugendbanden die Überreste der Hingerichteten
zerstreuten 34 . Und in Zürich wurde im Jahre 1439 wie in Straßburg
die Bestattung erlaubt, umb daz biderben lüten, so dann iro guot da umb
hand stand, von dem gesmak [Gestank] nit schad kome 35 .
28 Nun waren die Straßburger Ratsherren aber der Meinung, daß
gerade der Anblick der neben der Landstraße vergehenden Leichen
potentiellen Dieben einen forhtsam schreck einjagen würde, mithin
sie vor einer möglichen Tat abschrecke. Schon eine
Sachsenspiegelglosse lautete: «Darum henket man die diebe in die
höhe und begräbet sie selten, auf daß sie jedermann sehe und
dadurch geschrekket werde, dergleichen zu lassen» 36 . Außerdem
wurde durch das Hängenlassen jedermann augenscheinlich, daß
diesem Leichnam kein christliches Begräbnis vergönnt war.
29 Ferner argumentierten die Räte, um die Richtstätte sei doch eine
Mauer, die gerade verhindern würde, daß Tiere Knochen forttrügen.
Überdies hätte bislang niemand Anstoß an denjenigen Toten
genommen, die in der Nähe des Galgens auf den Rädern lägen. Also
beschloß man, wie es heißt, nachdem es der statt erelicher und den
myssedetigen erschröcklicher und besser sei, daß hinfort kein Gehenkter
mehr abgenommen werden dürfe, es sei denn, es handele sich um
einen Straßburger Bürger, für den seine Verwandten bäten, die
bereit seien, die Kosten der Abnahme selber zu tragen. Mit der
Abwälzung der Kosten wurde nicht nur die Stadtkasse entlastet,
sondern auch deutlich gemacht, daß der offizielle Akt im Strafritual
abgeschlossen war und nun eine Privatangelegenheit begann.
30 Kommen wir nun wieder zurück zum entscheidenden Moment des
Geständnisses am Endlichen Rechtstag und den diesbezüglichen
Sorgen der Ratsherren: In dem Protokoll wurde beklagt, daß
neuerdings manch ein Delinquent vor der pfaltzen vor menglich (also
vor dem Rathaus vor jedermann) sein Geständnis relativiert oder
widerrufen und dadurch den Rechtsfindern nachgesagt habe, sie
hätten ihn mit Folter gezwungen, die Unwahrheit zu sagen.
31 Was hatte nach Meinung der Ratsherren in letzter Zeit zu solch
mißlichen Situationen geführt und wie wollten sie diesen in Zukunft
begegnen? Erst vor wenigen Jahren habe man damit angefangen, den
Verurteilten am Abend vor oder am Morgen des Hinrichtungstages
im Gefängnisturm die Beichte abzunehmen, wodurch so manch einer
vielleicht auf die Idee gekommen oder vom Beichtiger dazu gebracht
worden sei 37 , sein Geständnis zu überdenken, das doch seine
Funktion auch darin hatte, das spätere öffentliche
Schuldeingeständnis leichter zu machen und den Tod anzunehmen.
32 Nun empfahl die Mehrheit der Kommission, den neuen Usus
abzustellen und diejenigen, die zum Richtplatz vor die Mauer zu
führen waren, erst in dem heiligen hüssel beichten zu lassen, das man
zu diesem Zweck extra dort errichtet habe 38 . Solche
Andachtsräume gab es auch andernorts, wie beispielsweise in Zürich
39 ; in Florenz gab es wie in vielen anderen italienischen Städten

eine Bruderschaft, die sich den Nöten der Delinquenten annahm 40 ;


diese hatte bei der Richtstätte eine Kapelle nebst Friedhof gestiftet
41 .

33 Denjenigen, die in Straßburg die Strafe des Ertränken zu erleiden


hatten 42 , sollte auf Vorschlag der Kommission auf der
schintbrucken, die ihren Namen vom nahegelegenen Schlachthaus
hatte 43 , Gelegenheit zur confessio gegeben werden, wo es eine,
teilweise auf Pfählen ruhende, Brückenkapelle gab 44 . Der direkte
Weg des Zuges zu dem später Rabenbrücke und heute Pont du
Corbeau genannten Übergang führte vom Rathaus im Zentrum nach
Süden über den zwischen Kauf- und Schlachthaus gelegenen
Fischmarkt 45 zur Breusch, dem Hauptarm der die Stadt
umfließenden Ill. Die Brücke trägt ihre frühere Funktion noch
immer im Namen, heißt sie doch nach dem schwarzen,
aasfressenden Vogel, der hier ebenso auf den Tod verweist wie an
vielen Orten die Rabenstein genannte Richtstätte 46 .
34 Zu dem Ort, wo in Straßburg der Galgen stand und die Räder
aufgerichtet wurden, ging man in die entgegengesetzte
Himmelsrichtung über den Weinmarkt durch das Kronenburger Tor.
Die Richtstätte war wie überall außerhalb der Stadtmauer gelegen,
rechts neben der nach Zabern (Saverne) führenden Landstraße 47 .
In Nürnberg lag der Galgen vor dem Frauentor 48 . Die Wormser
henkten und räderten an der wichtigen Straße vor dem Mainzer Tor
49 , die Lübecker vor dem Burgtor, die Konstanzer vor dem

Kreuzlinger Tor an der in die Stadt führenden Reichsstraße; ertränkt


wurde in der Stadt am Bodensee wie in Straßburg in der
entgegengesetzten Himmelsrichtung, an der Rheinbrücke 50 .
35 Schon die antike Jerusalemer Richtstätte war vor den Toren auf der
schädelförmigen Anhöhe Golgatha gelegen, auf der Jesus dann
gekreuzigt und begraben wurde. Der Straßburger Chronist Jakob
Twinger von Königshofen stellt im 14. Jahrhundert bei seiner
Erzählung der Legende des hl. Arbogast, der im 7. Jahrhundert lebte,
eine Verbindung zwischen der Straßburger und Jerusalemer
Richtstätte her. Der Lokalheilige habe Christus nachfolgen und auf
dem Straßburger Galgenberg begraben werden wollen, wo man
später über seinen Gebeinen die Michaelskapelle errichtet habe 51 .
Über eine ähnliche imitatio Christi berichtet auch die Legende des
hl. Franz von Assisi: Er habe sich die Richtstätte von Assisi zur Stelle
seines Grabes gewünscht, worüber dann seine Grabeskirche
entstanden sei 52 .
36 Der Straßburger Rat beschloß weiter, daß der Priester sich auf alle
Fälle schon vorab für seine Aufgabe bereithalten solle, damit es
wegen seiner zu keiner Verzögerung komme. Mit dieser Ergänzung
wurden die Einwände der konservativen Kommissionsminderheit
berücksichtigt, die es lieber beim Herkommen hatte belassen wollen:
Obwohl man kurz vor Sommeranfang beratschlagte, bedachte einer
der Ratsherren nämlich bereits die kalte Jahreszeit, und hatten
Sorge, daß die Pferde der die Hinrichtung begleitenden Amtsträger
winters durch Kälte Schaden nehmen könnten, wenn man den
Delinquenten am Richttag in aller Ausführlichkeit seine Sünden
bekennen ließe.
37 Eine solche Einstellung, die das Wohl des Reituntersatzes – und
sicher auch die eigene Bequemlichkeit – vor die Seelennot eines
Menschen setzte, der seinen nahen Tod vor Augen hatte, hätte einen
Seelsorger gewiß in Rage versetzt, der sich zwei Jahrzehnte nach den
eben besprochenen Kommissionsüberlegungen vehement dafür
einsetzte, die Straßburger Hinrichtungspraxis zu reformieren und
den peinlichen Strafvollzug menschlicher zu gestalten, was ihm
gegen den Widerstand des Rates nach über zwei Jahren teilweise
auch gelang. Hiermit sind wir beim zweiten Schritt unserer
Überlegungen angelangt.
Kritik eines Seelsorgers
38 Der Mann mußte dazu allerdings mehrere Eingaben an den
Bürgermeister machen und auch den Bischof einschalten, welcher
seinerseits Rechtsgelehrte befragen und Universitätsgutachten
einholen ließ, bevor man im Rat ein Einsehen hatte und ein neues
Statut verkündete 53 . Der Mann hatte gefordert, die in Straßburg
übliche Praxis abzuschaffen, nach der den zum Tode Verurteilten die
letzte Kommunion 54 und ein christliches Begräbnis verwehrt
wurden.
39 Gegen die Todesstrafe an sich hatte er wie seine Zeitgenossen nichts
einzuwenden: Der Körper durfte von menschlicher Hand bestraft
werden, nicht aber die Seele. Dieser Strafakt sollte dem Herrn am
Tag des Jüngsten Gerichts vorbehalten bleiben. Die Kirche hatte
längst die grundsätzliche Ablehnung der Todesstrafe aufgegeben, die
für die Inquisition eine Waffe gegen innerkirchliche Feinde
geworden war. Nach dem Mann würden Menschen zu
Kapitalverbrechen und, wie er sagt, anderem ubel geradezu verleitet,
wenn ihnen dafür nicht der Strang oder das Schwert drohe, da
Geldstrafen seiner Meinung nach nicht genügend abschreckten 55 .
Auf die Frage, wie man mit einem ihm bekannten Laien verfahren
solle, der sich als Priester verkleidet und die Beichte abgenommen
hatte, antwortete er: Wan ich ein her wer, so welt ich in ertrencken
lassen, so höret er keinen me beicht. Und ich hett im auch nit anderst
gethon dem schalck 56 .
40 Wer diese starken Worte sprach und sich in Straßburg für einen
menschlicheren Strafvollzug einsetzte, ist der wortmächtige Priester
und Doktor der Theologie Johannes Geiler von Kaysersberg (1445-
1510), der damals in Straßburg überaus populär war 57 . Vier Jahre
lang hatte er bereits von der Münsterkanzel herab als Stadtprediger
seiner Gemeinde ins Gewissen geredet; in den bald drei Jahrzehnten,
die noch folgten, sollte er geradezu zu einer moralischen Institution
der Stadt werden. Auch bei anderen Gelegenheiten scheute der
unerschrockene Redner den Konflikt mit den Regierenden nicht,
wenn es darum ging, in seinen Augen anstößige Gewohnheiten
abzustellen.
41 Verschiedentlich arbeitete er bei Reformvorhaben mit seinen
Freunden Jakob Wimpfeling (1450-1528) 58 und Sebastian Brant
(1457-1521), dem Syndikus der Stadt 59 , zusammen, mit denen er
zeitweise im Zentrum einer humanistischen Sodalität am Oberrhein
stand. Geiler war als Prediger weit über das Weichbild seiner Stadt
hinaus bekannt, war Berater des Augsburger Bischofs Friedrich von
Zollern (1451-1505) und sogar Hofkaplan und Beichtiger von Kaiser
Maximilian I.
42 Zu seiner Kritik der Straßburger Hinrichtungspraxis wurde Geiler
wohl durch sein großes Vorbild Jean Gerson (1363-1429) angeregt
60 . Der Kanzler der Pariser Universität hatte (ein Dekret von Papst

Clemens V. von 1312 61 aufgreifend) gefordert, den zum Tode


Verurteilten die letzte Beichte nicht zu verwehren 62 . In diesem
Sinne sollten später auch die Bambergensis und die Carolina
festschreiben, daß dem Armen Sünder die Sakramente nicht zu
verweigern seien 63 .
43 Geiler war mit dieser Forderung spätestens im Zusammenhang mit
der von ihm zusammen mit Peter Schott (1458-1490) 64 und Jakob
Wimpfeling veranstalteten Gesamtausgabe der Schriften Gersons
bekannt geworden 65 . In gut humanistischer Manier hatte sich
Geiler auch persönlich auf die Jagd nach Manuskripten für dieses
Unternehmen gemacht: Sie führte ihn bis nach Südfankreich ins
Coelestinerkloster von Avignon 66 , dem der Kanzler der Sorbonne
seine Bibliothek vermacht hatte.
44 Im Jahre 1482 setzte Geilers Kritik am Straßburger Strafvollzug ein.
Er verlangte öffentlich auf der Kanzel 67 und vor einer
Diözesansynode 68 eine Änderung, weil er davon überzeugt war, die
Praxis widerspreche der Heiligen Schrift, was seiner Meinung nach
gleichbedeutend damit war, daß das Heil der gesamten Gemeinde auf
dem Spiel stand 69 . Galt doch «Gefangene besuchen» als eines der
Werke der Barmherzigkeit und hatte Jesus doch selbst am Kreuz dem
bußfertigen Schächer verkündet, daß er mit ihm ins Himmelreich
komme 70 .
45 Geiler fing bescheiden an und kritisierte in einem Schreiben an den
Ammeister Jakob Wissebach zunächst nur die Haftbedingungen aus
der Sicht eines Seelsorgers 71 . Er habe vernommen, daß man vielen
Gefangenen nicht gestatte, zu beichten und daß diejenigen, die
länger in Haft säßen, in manchen Jahren die Hostie nicht einmal
empfangen hätten (was ja für einen guten Christen das Minimum
war). Damit die cristenliche ordenunge iren gang gewinn und der selen
heil gefürdret werde, wie er schreibt, bittet er den zünftischen
Bürgermeister, die Gefängniswärter anzuweisen, dafür zu sorgen,
daß den armen gefangnen nit an kristenlichen rechten und irer sel seligkeit
geirret werdend. Am 28. November wurde zwar im Rat die Frage
erörtert, ob die Abgeurteilten die Hostie empfangen dürften, doch
blieb vorerst alles beim alten 72 .
46 Im Jahr darauf wandte sich Geiler erneut an den Ammeister, der nun
Maternus Drachenfels hieß, und bat um die Gewährung jener Gnade
für die zum Tode Verurteilten und auch um ein christliches
Begräbnis für sie 73 . Dies sei vor Gott sehr verdienstlich, den Armen
Sündern ein besonderer Trost und vor der Welt ruhmvoll und
löblich, ja der Bürgermeister könne sich ewigen Lohnes sicher sein,
wenn er nur die Initiative ergreife.
47 Die Bettelorden, die schon heftig gegen die Installation einer mit
einem Weltgeistlichen zu besetzenden Prädikatur im Münster
opponiert hatten, insbesondere die Dominikaner und Franziskaner,
versuchten Geilers Vorstoß zu sabotieren und den Rat davon zu
überzeugen, daß die gängige Praxis tolerabel sei 74 , wofür Geiler sie
der Heuchelei und Lüge zieh 75 .
48 Am 15. Dezember 1483 beriet man im Rat über Geilers
weitergehenden Antrag, fünf Tage später beschloß man wiederum,
es bei der alten Regelung zu belassen, was hieß, die Hostie in einem
am Weg zur Hinrichtungsstätte liegenden Gotteshaus nur zu zeigen
76 , es also bei ihrer Elevation und einer gerade im 15. Jahrhundert

oft als ausreichend angesehenen Augenkommunion zu belassen 77 ,


sie aber nicht zu verabreichen. Außerdem sollte grundsätzlich keine
Friedhofsbestattung gestattet werden 78 .
49 Auch nach diesem Rückschlag gab Geiler nicht auf: Er appellierte
nun an den Straßburger Bischof Albrecht, in dieser Sache die
Stimme zu erheben. Der Oberhirte ließ darauf die Meinung von
Rechtsgelehrten der Diözese einholen, unter anderem auch die von
Geilers Freund Peter Schott 79 . Da die Experten aber zu
unterschiedlichen Ergebnissen bezüglich dieser sowohl das Recht
wie die Religion berührenden Frage kamen, ließ der Bischof Peter
Schott in seinem Namen unter anderen die theologische und
juristische Fakultät der Universität Heidelberg um eine
Stellungnahme bitten 80 . Am Neckar ließ man sich mit einer
Antwort zunächst einmal Zeit 81 , entschied aber schließlich, daß
den Verurteilten das Letzte Sakrament nicht verwehrt werden dürfe.
Nun forderte auch der Bischof, der längst entmachtete frühere
Stadtherr, vom Rat, die Praxis zu ändern und die Kommunion zu
gewähren.
50 Nachdem nun die moralische Stimme der Stadt, auswärtige gelehrte
Anstalten und das geistliche Oberhaupt der Diözese drängten,
konnte sich der Rat einer Reform nicht mehr gut verwehren. Am 21.
Februar 1485 wurde tatsächlich im Sinne der Kritik ein neues Statut
erlassen 82 , welches das folgende festschrieb: Die Beichte dürfe
fort-an im Anschluß an die nicht öffentliche Urteilsverkündung an
den Delinquenten (nun regelmäßig dienstags 83 ) gehört werden.
Gewinne der Seelsorger 84 dabei die Überzeugung, daß der
Übeltäter die Eucharistie verdiene, also aufrichtig seine Sünden
bekannt und bereut habe, dürfe er mittwochs die Kommunion
empfangen, worauf er wie gewöhnlich freitags hingerichtet werde.
51 Von diesem Tag als dem gewöhnlichen Richttag, der in typologischer
Weise auf den Wochentag verweisen mag, an dem Jesus Christus ans
Kreuz geschlagen wurde 85 , wollte man in Straßburg nicht
abweichen. Von einem Begräbnis auf geweihter Erde war aber nicht
die Rede. Eine Reintegration des gestraften Kriminellen nach seinem
Tod in den mystischen Leib Christi wurde nicht gewährt.
52 Der Ausschluß aus der christlichen communitas konnte also bis über
den Tod hinaus gehen. Er konnte mit der Entkleidung, Verspottung
und Scherung beginnen, was dem Delinquenten die ihn mit der
Gesellschaft verbindende Ehre schmerzlos nahm. Schmerzhaft
dagegen war das stigmatisierende Brennen mit heißen Zangen auf
dem Weg zum Hochgericht oder das brutale Schleifen am Schwanz
eines Vierhufers vor die Umfriedung der Kommune, was regelmäßig
vor dem Rädern praktiziert wurde 86 . Bei Vierteilungen stellte man
die Körperteile gewöhnlich vor den Stadttoren am Rand von in alle
vier Himmelsrichtungen führenden Straßen aus 87 . Beim
Versenken im Wasser oder Lebendigbegraben entzog man den
Körper den Augen der Gemeinschaft. Beim Verbrennen und dem
Zerstreuen der übrigbleibenden Asche schließlich sollte keine Spur
mehr von den sterblichen Überresten des Delinquenten bleiben.
53 Die Asche von Jan Hus, der im Jahre 1415 in Konstanz auf dem
Scheiterhaufen endete, streute man in den Rhein 88 , die von
Girolamo Savonarola, der im Jahre 1498 in Florenz zusammen mit
zwei Mitbrüdern zunächst gehängt und dann verbrannt wurde,
wurde vom Arno fortgetragen 89 . Auch in Nürnberg war
Verbrennen die Konsequenz für bereits tote Körper, wie an
Selbstmördern 90 oder an bereits zuvor geköpften Delinquenten
wie einem Falschmünzer 91 und einem Brandstifter 92 zu sehen
ist.
54 Die Kosten für den Geistlichen, der in Straßburg den Verurteilten bis
zu ihrem Tod Beistand leistete, wurden auf die unter städtischer
Aufsicht stehende Münsterbauhütte abgewälzt, wie die Rechnungen
des Frauenwerks aus den 1490er und den ersten Jahren des 16.
Jahrhunderts ausweisen. Der Satz lag bei 5 ß d für den letzten Dienst,
und zwar unabhängig davon, wieviele Personen an einem Tag dem
Scharfrichter überstellt wurden – übrigens ist das die gleiche
Summe, die dem Henker von Nürnberg pro Hinrichtung zustand 93 .
Der Priester, der in Basel den Delinquenten beistand, erhielt im
Jahre 1500 1 ß 8 d für die Verabreichung des letzten Sakraments und
1 ß für die Begleitung 94 .
55 Wenn man davon ausgeht, daß in Straßburg keiner auf geistlichen
Beistand verzichten wollte und sämtliche Fälle eingetragen wurden,
erfährt man auf diese Weise nebenbei, wieviele Christen in diesen
Jahren in der Stadt hingerichtet wurden, die Mitte des 15.
Jahrhunderts etwa 18.000 Einwohner hatte. Im ersten Halbjahr 1492
waren das neun. Im Manual für das Rechnungsjahr 1500/01 und auch
in den beiden folgenden erhaltenen Verzeichnissen sind lediglich
Kosten für je eine Hinrichtung ausgewiesen. 1504/05 waren es derer
drei, im folgenden Wirtschaftsjahr zwei, dann sieben, 1508/09 steht
kein Eintrag in der Rubrik Ußgobe von den verurtheilten luoten den
priestern. Im nächsten erhaltenen Buch für 1512/13 sind es dann
sechs 95 .
56 Mit diesen Zahlen läge Straßburg etwa im allgemeinen Durchschnitt,
der für andere Städte berechnet wurde 96 . Allerdings muß generell
vorsichtig mit Hochrechnungen verfahren werden, ist doch
beispielsweise der vor einigen Jahren unternommene Versuch,
anhand der ausführlichen Nürnberger Achtbücher 97 eine
differenzierte Statistik des städtischen Verbrechens von 1285 bis
1400 zu erstellen 98 , als gescheitert anzusehen 99 .
57 Die Straßburger Ratsherren behielten sich in ihrer Entscheidung
vor, die nun beschlossene Praxis bei Bedarf statutarisch wieder
anders zu regeln, was jedoch offenbar bis zur Reformation nicht
geschah 100 . Sollte es einmal notwendig werden, ilendes zu richten,
dann sollte dies unbenommen nach altem Herkommen möglich sein.
Für welche Anlässe ein solches Standgericht vorgesehen war,
erfahren wir nicht. Vielleicht dachte man an politisch brisante Fälle,
wo es darauf ankam, ohne Verzug Fakten zu schaffen, um einer
inneren Opposition keine Gelegenheit zur Formierung zu geben oder
um Eingriffen von außen zuvorzukommen. Hiermit sind wir beim
dritten und letzten Schritt meiner Ausführungen angelangt.

Hinrichtung oder politischer Mord?


58 Wenn solche Gefahr drohte, waren nicht nur die Stadtväter von
Straßburg bereit, schnell zu handeln und sich dafür Kritik an ihrem
Verfahren gefallen zu lassen. So war im Jahre 1469 der Kleinere Rat
von Nürnberg in einem prominenten Fall sehr rasch bei der Hand
gewesen, hart zu richten. Ein politisches Lied der Zeit legt nahe, es
habe sich um einen politischen Mord gehandelt 101 , und noch
einhundertfünfzig Jahre später nannte ein Chronist das Verfahren
gegen Nikolaus Muffel (1410-69) 102 ein unerhört und fast
unglaublicher Handel 103 . Muffel endete zwölf Tage, nachdem man
ihn am Aschermittwoch in seiner Amtsstube verhaftet hatte, und
nur fünf Tage nach seinem Verhör wegen Unterschlagung und
Geheimnisverrat am Galgen.
59 Der Rat kannte keine Gnade mit dem reichen Patrizier, damals
Vorderster Losunger, also das regierende Stadtoberhaupt, obwohl
zahlreiche Bittgesuche 104 vorlagen, nämlich des päpstlichen
Nuntius und Bischofs von Ferrara Lorenzo Roverello, des Herzogs
Ludwig des Reichen von Bayern, der Herzogin von Sachsen und
Gattin von Albrecht Achilles Anna, die sogar in eigener Person vor
dem Rat vorgesprochen hatte. Die Ratsherren handelten vielleicht so
unerbittlich, weil sie ein Eingreifen des Königshofes befürchteten
105 oder weil sie dem Gerede zuvorkommen wollten, es gebe eine

Besserbehandlung für einen der ihren. In der Stadt hatte man bereits
darauf gewettet, daß man Muffel nicht henken, sondern köpfen oder
begnadigen würde 106 .
60 Auch andernorts schonte man Honoratioren nicht und schickte sie
aufs Schafott, so zu Beginn des 15. Jahrhunderts in Krakau den
ersten unter den Ratsherren ebenfalls wegen Unterschlagung, 1489
in Zürich den Bürgermeister Hans Waldmann 107 oder 1492 in
Schaffhausen den Stadtrechner Konrad Heggenzi 108 wegen
geringfügiger Unterschlagung.
61 Muffel war nach glänzender Karriere zu den höchsten Ämtern der
Stadt gelangt, war jahrelang in diplomatischer Mission für Nürnberg
unterwegs gewesen, hatte gar die Krönungsinsignien, die damals in
der fränkischen Stadt verwahrt wurden, zur Krönung Friedrichs III.
nach Rom geleitet, wo er zu denjenigen gehörte, die in St. Peter den
Baldachin über Papst und Kaiser tragen durften. Er hatte ihnen auch
das Handwasser über dem Altar reichen und sogar unmittelbar nach
dem Kaiser kommunizieren dürfen, wenn man einem Nürnberger
Chronisten trauen darf 109 .
62 Diese Ehren und sein Drang, sich mit adliger Lebensweise vor seinen
Standesgenossen auszuzeichnen, hatte sicherlich Neid bei seinen
Kollegen geweckt, doch hatte er sich durch die Unterschlagung
seinen politischen Gegnern selbst ausgeliefert 110 . Sein Geständnis
hatte er zwar am Endlichen Rechtstag als unzutreffend und unter
der Folter erzwungen widerrufen: Er habe es, wie es heißt, unter
grosser marter nur gegeben, weil er sich besorgte, er stürb an der
marter on unsern lieben herrn, also ohne das Viaticum 111 , doch mit
seinem Testament bestätigte er indirekt die Unterschlagung, indem
er darin festlegte, die aus der Stadtkasse entwendeten 1000 fl zu
ersetzen 112 .
63 Nachdem zwei Ratsherren beeidet hatten, Muffel habe seine
Vergehen bereits vor Beginn der Folter bekannt, wurde er noch am
gleichen Tag gehenkt, in einer schamloten Schauben, wie ein Chronist
vermerkt 113 , also in einem Kamelhaar-Überwurf. Offenbar
gewährte man ihm immerhin standesgemäße Kleidung, nachdem
man schon nicht bereit gewesen war, auf das als besonders
schändlich geltende Henken zu verzichten und es in die als
ehrenvoller angesehene Enthauptung umzuwandeln. Henken war
auch in Nürnberg die gängige Strafe für einen Dieb (Diebinnen
vergrub man lebendig 114 ), doch war das Enthaupten die mit
Abstand am häufigsten angewandte Strafe 115 , die auf dem
Begnadigungsweg gelegentlich auch für Diebe angewandt wurde
116 .

64 Einem anderen, kleineren Dieb, dem Wächter (huter) Tanner, den


man in der Fastenzeit des Jahres 1482 in Nürnberg henkte 117 ,
wurde für die Zeremonie sogar auf Stadtkosten ein scheublein gekauft
118 . Tanners Leiche stahl man am dritten Tag 119 nach der

Hinrichtung vom Galgen. Ebenfalls am dritten Tag geschah das


gleiche mit dem Köper des reichen Kaufmanns Sebald Rem, den man
im Jahre 1483 in der Karwoche auf frischer Tat beim Diebstahl ergriff
und bald darauf henkte 120 . Auch die sterblichen Überreste von
Muffel entwendete man am dritten Tag vom Galgen. Zu schauriger
Stunde um Mitternacht führten zwölf Reiter seinen Leichnam auf
einem Wagen davon 121 und bestatteten ihn zunächst in der
Dorfkirche des der Familie Muffel gehörenden Landgutes Eschenau,
um ihn schließlich auf dem Kirchhof der dem Nürnberger
Stadtpatron Sebald geweihten Kirche mitten in der Stadt zur letzten
Ruhe zu legen 122 , woran dann offenbar niemand mehr Anstoß
nahm.
65 In Augsburg wollte man sich neun Jahre später den Körper eines
Gehenkten, dessen Schicksal viele Ähnlichkeiten mit dem Muffels
aufweist, nicht so bald entwenden lassen und ließ den Galgen zwei
Wochen lang bewachen 123 . Auch Ulrich Schwarz (1422-78) 124
war gestattet worden, in kostbarer Kleidung zur Richtstätte zu
treten. Er war ebenfalls mit einem Überrock aus Kamelhaar
bekleidet, der zusätzlich noch mit einem Marderpelz gefüttert war,
der diser zeyt nicht vil in Augspurg gewesen, den geschlechtern zuo layd,
wie es in einer offiziellen Publikation heißt 125 . Eine andere
Vergünstigung für den Spitalpfleger Schwarz war der Transport auf
dem Spitalwagen zum Galgen.
66 Die Patrizier der Stadt hatten auch schon vor Schwarzens letztem
Tag Grund gehabt, mit Neid und Mißgunst auf den
Zimmermannsmeister zu schauen, denn als Zunftbürgermeister war
er so gewaltig, das kainer in Augspurg nie so gewaltig was gewesen, wie es
der Chronist Hektor Mülich formulierte 126 . Im Jahre 1476 hatte
Schwarz es geschafft, den Rat zugunsten der niederen Zünfte zu
verändern, wodurch die Geschlechter mattgesetzt wurden. Nur zwei
Jahre später verhaftete man ihn aus einer Ratssitzung heraus und
hing ihn nach wenigen Tagen an den Galgen; nur kurze Zeit später
wurde die Ratsveränderung wieder zurückgenommen 127 . Wie
Muffel hielt man Schwarz Unterschlagung vor; er sollte zwar keine
Geheimnisse verraten, dafür aber als Diplomat das Ansehen der
Stadt Augsburg herabgesetzt und Ratsherren beleidigt haben.
67 Das schlechte Gewissen, das in Nürnberg die Administratoren dazu
gebracht hatte, erst post factum Akten vom Verhör anzulegen, als
sich die Stadt vor Kaiser und Papst für ihr Handeln rechtfertigen
mußte, trieb die Augsburger Kollegen offenbar zur Säuberung ihrer
Papiere, denn just über diesen wichtigen casus, der sich nicht zuletzt
dadurch als politischer Prozeß zu erkennen gibt, findet sich in der
ansonsten dichten Überlieferung so gut wie nichts.
68 Wie Muffel hatte auch Schwarz über seinen Standesgossen stehen
wollen, was sich beispielsweise an seiner weit jenseits der Grenzen
der Augsburger Luxusordnungen ausgerichteten Hochzeit zeigte.
Während Muffel einmal König Friedrich Gast in seinem Hause
nennen durfte, der ihm dafür eine Wappenverbesserung gewährte,
nahm Schwarz den Reichslandvogt in seinem Hause auf. Auch für
Schwarz intervenierten vergeblich Hochadlige: Herzog Ludwig und
Georg von Bayern Landshut verwandten sich schriftlich und mittels
Gesandter für ihn.
69 Muffel hatte wohl am Ende nur zu tief in die von ihm verwahrte
Stadtkasse gegriffen, die Aktivitäten Schwarzens dagegen hatten die
bestehende Ordnung umgewälzt, was ihn zu dem Typus mächtiger
Politiker macht, die den führenden Familien mehr zumuteten als die
zu tolerieren bereit waren und die von Hartmut Boockmann als
Stadt-Tyrannen bezeichnet wurden 128 .
70 Mit diesen machte man auch in anderen deutschen Städten kurzen
Prozeß, wenn es ihnen nicht wie Peter Egen (um 1414-52) aus
Augsburg in letzter Minute noch gelang, zu emigrieren. Egen
verband vieles mit Muffel und Schwarz. Er hatte eine glanzvolle
Laufbahn beschritten, war Bürgermeister und Baumeister, also
höchster Finanzbeamter, gewesen, hatte Friedrich III. auf dessen
Krönungszug nach Aachen zu Gast gehabt. Schon sein Vater hatte
Reichslehen besessen, er selbst war auf dem besten Weg zum Adel
gewesen und ließ sich von Argun nennen 129 .
71 Weniger glimpflich ging es aus für Heinrich Topler (1340/50-1408),
einen Kaufmann, Gastwirt und Geldhändler aus Rothenburg ob der
Tauber 130 . Der Aufsteiger, mehrfache Bürgermeister, Diplomat,
Kriegshauptmann und Kirchenpfleger war im Jahre 1408 verhaftet
worden und schon nach wenigen Tagen im Keller des Rathauses auf
dubiose Weise getötet worden: Vermutlich wollte man auch hier
einer Einmischung von außen zuvorkommen. Die Stadt Nürnberg, in
der Topler familiäre Bande hatte, beabsichtigte nämlich alsbald nach
der Verhaftung Verhandlungen über sein Schicksal zu beginnen.
72 Weder das genaue Datum seines Todes, noch die Modalitäten, noch
die genauen Gründe wurden je bekannt, nachdem seine Gegner die
Spuren erfolgreich verwischt hatten. Es hieß, er habe mit König
Wenzel konspiriert. Doch spielten sicherlich auch andere Gründe
eine Rolle, die im Selbstverständnis der führenden Oligarchie zu
suchen sind, die darauf achtete, daß keiner der Ihren sie zu weit
überragte. Der mit Abstand reichste Mann der Stadt und Stifter einer
Familienkapelle hatte sich eine Art Privatarmee gehalten,
ausgedehnten Landbesitz besessen, sich vor den Toren der Stadt mit
dem Toplerschlößchen gleichsam einen Adelssitz gebaut und war im
Besitz eines Adelsbriefes gewesen.
73 Während man im Falle Heinrich Toplers noch darüber spekulieren
kann, ob es sich bei seinem gewaltsamen Ende um eine heimliche
Hinrichtung oder einen politischen Mord handelte, liegen die Fakten
beim Tode des Dr. utriusque iuris Heinrich Rubenow (um 1400-62)
aus Greifswald klar zu Tage. Am letzten Tag des Jahres 1462 wurde
der Bürgermeister auf dem Rathaus von zwei Bürgern mit einem Beil
erschlagen. Zwei Ratsherren, die mit dem Landesherren im Bunde
waren, war der reichste Mann der Stadt, Gründer, Finanzier und
Professor der Greifswalder Universität zu mächtig geworden, so daß
sie kurzerhand Mörder dingten 131 .

Schluß
74 Mit einem Mord, auch wenn er aus politischen Motiven, in einem
städtischen Amtsgebäude und aufgrund der Anstiftung von
Mandatsträgern verübt wurde, haben wir die Sphäre der
Hinrichtungen verlassen, die im Spätmittelalter verlangen, daß sie
aufgrund eines von der öffentlichen Gewalt nach einem Prozeß
gefällten Urteils vollstreckt werden, und zwar vor den Augen der
Rechssubjekte in einer fest geregelten Form.
75 Ich hoffe, im Voraufgegangenen gezeigt zu haben, wie wichtig diese
in der Tradition gewachsene und sich in Ritual und Zeremoniell
ausprägende Form für die Hinrichtungspraxis war. Kirchliche Kritik
an der einmal gefunden Form hatte mit erheblichem Widerstand der
grundsätzlich traditionsverbundenen Autorität zu rechnen.
Vielleicht wären die Regierenden offener für Kritik gewesen, wenn
öfter solch ein Wunder geschehen wäre, wie es uns der aus Köln
stammende Zisterziensermönch Caesarius von Heisterbach (um
1180-nach 1240) in seinem um 1220 verfaßten Dialogus miraculorum
berichtet, mit dem ich schließen möchte 132 .
76 Ein Raubritter war auf Befehl Kaiser Friedrichs gehenkt worden. Als
ein Verwandter ihn am dritten Tag nach der Hinrichtung mit seinem
Knappen begraben wollte, rief ihnen der Gehenkte entgegen:
«Nehmt mich ab, ich lebe noch!» Der auf wundersame Weise derart
auferstandene Raubritter sagte, daß er Zeit seines Lebens täglich
diverse Gebete verrichtet habe. Unter anderem habe er jeden Tag
dem Leibe Christi ein Vaterunser gesagt, damit er am Ende seines
Lebens mit dieser Wegzehrung versehen werde. Und nun gewähre
ihm der Herr die Eucharistie durch seine Barmherzigkeit doch noch.
Man rief einen Priester, der die Beichte abnahm und das Abendmahl
reichte, worauf der Raubritter sogleich beglückt seinen Geist
aushauchte. Sie begruben ihn auf dem Kirchhof und verkündeten
überall dies große Wunder.

NOTES
1. A. Böhm, Hinrichtung live. Die Exekution des Oklahoma-Attentäters wird als Spektakel inszeniert.
Unterdessen wächst in den USA die Kritik an der Todesstrafe, in Die Zeit, 19, 2001.
2. K. Hummel, Scham und Schande sollen Wunder wirken. In Amerika werden entlassene
Sexualverbrecher im Internet, in der Zeitung und am Radio an den Pranger gestellt, in Frankfurter
Allgemeine Zeitung, 6.7.1999.
3. M. Foucault, Surveiller et punir. Naissance de la prison, Paris, 1995 (zuerst 1975).
4. Cf. C. Bell, Rituals. Perspectives and Dimensions, Oxford, 1997 und die Sammelrezension von
Barbara Stollberg-Rilinger, Zeremoniell, Ritual, Symbol. Neuere Forschungen zur symbolischen
Kommunikation in Spätmittelalter und Früher Neuzeit, in Zeitschrift für Historische Forschung, 27,
2000, S. 389-405.
5. Cf. L. Hölscher, Öffentlichkeit, in O. Brunner, W. Conze und R. Koselleck (Hg.), Geschichtliche
Grundbegriffe. Historisches Lexikon zur politisch-sozialen Sprache in Deutschland, IV, Stuttgart,
1978, S. 417-419. Cf. allg. K. Imhof, «Öffentlichkeit» als historische Kategorie und als Kategorie der
Historie, in Schweizer Zeitschrift für Geschichte 46, 1996, S. 3-25.
6. Cf. A. Zorzi, Le esecuzioni delle condanne a morte a Firenze nel tardo Medioevo tra repressione
penale e cerimoniale pubblico, in G. Lombardi und M. Miglio (Hg.), Simolo e realtà della vita
urbana nel tardo Medioevo. Convegno, Viterbo, 1988, Manziana, 1993, S. 153-253 und Id., Rituale e
cerimoniali penali nelle città italiane (secc. xiii-xvi), in J. Chiffoleau, L. Martines und A. Parivicini
Bagliani (Hg.), Riti e rituali nelle società medievali, Todi, 1994, S. 141-157.
7. Cf. E. Cohen, «To Die a Criminal for the Public Good»: the Execution Ritual in Late Medieval Paris,
in B. S. Bachrach und D. Nicolas (Hg.), Law, Custom, and the Social Fabric in Medieval Europe:
Essays in Honor of Bryce Lyon, Kalamazoo, 1990, S. 285-304 und Id., Symbols of culpability and the
universal language of justice: the ritual of public executions in late medieval Europe, in History of
Europe-an Ideas, 11, 1989, S. 407-416.
8.Item den Stainhauser kont der henker gar nicht herab köpfen, segt in doch mit dem schwert gar
herab. Item so köpft er den andern auch zu hoch, aber er viel herab. Da er herein gieng, da beschrirn
in die puben, wolten in gestaint haben. Da ließen in die soldner und der rihter zwischen den pferden
herein belaiten. Die Chroniken der fränkischen Städte. Nürnberg, V, Göttingen, 1874 (ND
Stuttgart, 1961) (Die Chroniken der deutschen Städte, 11), S. 597 (Heinrich Deichsler).
9.Er stellet in die ruk genainander anderhalb clafter weit, er köpft den ersten, der kniet, und dreet
sich umbhin und slug dem andern auf dem sessel den kopf im schwang auch ab:ibid., S. 637.
10. Straßburg, Archives municipales de Strasbourg (AMS), R 24, fol. 4r (9. 7. 1461). Gedruckt
teilw. bei J. [C.] Brucker, Straßburger Zunft- und Polizei-Verordnungen des 14. und 15.
Jahrhunderts, Straßburg, 1889, S. 20-22 und J. Wencker, Collecta archivi et cancellariae jura [...],
Argentorati, 1715, S. 435 s.
11. Cf. H. von Hentig, Vom Ursprung der Henkersmahlzeit, Tübingen, 1958.
12. In Basel war es in der Regel ein Augustiner oder Dominikaner. K. Metzger, Die Verbrechen
und ihre Straffolgen im Basler Recht des späteren Mittelalters, I. Die Verbrechen im allgemeinen,
Basel, 1931, S. 56.
13. Cf. allg. zu Gefängnissen und ihren Funktionen F. Rexroth, Die Topographie des Strafens
und die Erinnerung der sozialen Ordnung: Die Londoner Gefängnisse im späten Mittelalter, in H.
Brand, P. Monnet und M. Staub (Hg.), Memoria, communitas, civitas. Formen und Funktionen des
städtischen Gedächtnisses und Selbstbewußtseins in der spätmittelalterlichen Stadt, Ostfildern,
2001 (Beihefte der Francia, 55), S. 227-241.
14. Cf. allg. G. Radbruch, Ars moriendi – Scharfrichter – Seelsorger – Armersünder – Volk, in
Schweizerische Zeitschrift für Strafrecht, 59, 1945, S. 460-495.
15. R. van Dülmen, Das Schauspiel des Todes. Hinrichtungsritual in der Frühen Neuzeit, in id.,
Gesellschaft der Frühen Neuzeit. Kulturelles Handeln und sozialer Prozeß. Beiträge zur historischen
Kulturforschung, Wien-Köln-Weimar, 1993 (Kulturstudien. Bibliothek der Kulturgeschichte, 28), S.
103-156 (zuerst 1984). Cf. auch M. B. I. Merback, The thief, the cross, and the wheel. Pain and the
spectacle of punishment in Medieval and Renaissance Europe, London, 1999 (Picturing history)
16. Cf. A. Zorzi, Le esecuzioni... zit. Anm. 6, S. 177.
17. Cf. allg. W. Sellert, Studien- und Quellenbuch zur Geschichte der deutschen Strafrechtspflege, I,
Aalen, 1989 und R. His, Das Strafrecht des deutschen Mittelalters, I, Leipzig 1920; cf. zur
Todesstrafe D. Meurer, Todesstrafe, in Handwörterbuch zur Deutschen Rechtsgeschichte, V, 1998,
Sp. 264-270.
18. U. Israel, Johannes Geiler... zit. Anm. 57, S. 264.
19. R. Schorer, Die Strafgerichtsbarkeit der Reichsstadt Augsburg 1156-1548, Köln, 2001 (Konflikt,
Verbrechen und Sanktion in der Gesellschaft Alteuropas. Fallstudien, 3; zugl. Augsburg, Univ., Diss.,
1999), S. 159 und 165.
20. Cf. W. Leiser, Nürnbergs Rechtsleben, in W. Pfeiffer (Hg.), Nürnberg. Geschichte einer
europäischen Stadt, München 1971, S. 171-176 und H. Knapp, Das alte Nürnberger Kriminalrecht
nach Rats-Urkunden erlautert (!), Berlin, 1896.
21. Cf. J. Nowosadtko, Scharfrichter und Abdecker. Der Alltag zweier «unehrlicher Berufe» in der
frühen Neuzeit, Paderborn, 1994 (Univ., Essen, Diss., 1993).
22. 1463 Nov. 17: Die Chroniken der fränkischen Städte. Nürnberg, IV, Göttingen, 1872 (ND
Stuttgart, 1961) (Die Chroniken der deutschen Städte, 10), S. 285. Cf. H. Knapp, Das
Lochgefängnis, Tortur und Richtung in Alt-Nürnberg, Nürnberg, 1907, S. 75.
23. R. Schorer, Die Strafgerichtsbarkeit... zit. Anm. 19, S. 123 s. J. Geiler von Kaysersberg sagt
in einer Predigt, daß sich in einem Dorf ohne Henker das ganze Gericht an einer
Hinrichtung beteiligt habe: «und müssen allesamt an dem seyl ziehen, uf daß keiner dem
andren dörf verwisen, daß er den dieb erhenckt habe». Postille, Schlußpredigt, S. 30 nach J.
A. Silbermann, Local-Geschichte... zit. Anm. 38, S. 176.
24. Cf. F. Sturm, Symbolische Todesstrafen, Hamburg, 1962 (Kriminologische Schriftenreihe, 5).
25. A. Zorzi, Le esecuzioni... zit. Anm. 6, S. 215.
26. R. van Dülmen, Theater des Schreckens... zit. Anm. 31, S. 7 s.
27. A. Zorzi, Le esecuzioni... zit. Anm. 6, S. 252.
28. «Instrumente der Sozialdisziplinierung wurden im späten Mittelalter auch und vor
allem in den Städten entwickelt». W. Buchholz, Anfänge der Sozialdisziplinierung im Mittelalter.
Die Reichsstadt Nürnberg als Beispiel, in Zeitschrift für historische Forschung, 18, 1991, S. 129-147,
hier S. 147. Cf. auch P. Spierenburg, The spectacle of suffering. Execution and the evolution of
repression: from a preindustrial metropolis to the European experience, Cambridge, 1984.
29. Mitte des 14. Jahrhunderts wurde die sog. Mordglocke geläutet so man einen menschen
wolt verderben mit urteil des rotes. Die Chroniken der oberrheinischen Städte. Straßburg, I, Leipzig
1870 (ND Göttingen, 1961) (Die Chroniken der deutschen Städte, 8), S. 126.
30. K. Metzger, Die Verbrechen... zit. Anm. 12, S. 55.
31. R. van Dülmen, Theater des Schreckens. Gerichtspraxis und Strafrituale in der Frühen Neuzeit,
München, 3. Aufl. 1988 (zuerst 1985).
32. Cf. allg. C. Gauvard, Pendre et dépendre à la fin du Moyen Âge: les exigences d’un rituel
judiciaire, in Riti e rituali... zit. Anm. 6, S. 191-211.
33.Chroniken..., 10, zit. Anm. 22, S. 366 und Anm. 2. Es handelt sich um den Leichnahm des
Wächters Tanner. Cf. unten bei Anm. 117.
34. A. Zorzi, Le esecuzioni... zit. Anm. 6, S. 228-237.
35. E. Wettstein, Die Geschichte der Todesstrafe im Kanton Zürich, Zürich 1958 (Winterthur, Univ.
Diss., 1958), S. 124.
36. Zu Sachsenspiegel 2, 13 nach R. His, Das Strafrecht... zit. Anm. 17, S. 374 Anm. 6.
37. In der aus dem Jahre 1507 stammenden Bambergischen Halsgerichtsordnung, Hg. J. Kohler
und Willy Scheel, Halle a. d. S. 1902 (ND Aalen, 1968) (Die Carolina und ihre Vorgängerinnen.
Texte, Erläuterung, Geschichte, 2), Art. 38, 5 und 124 sowie der Peinlichen Gerichtsordnung Kaiser
Karls V. von 1532 (Caroli-na), G. Radbruch und A. Kaufmann (Hg.), 5. Aufl., Stuttgart, 1980, Art.
31, 5 und 103 werden die Seelsorger ernstlich ermahnt, die Delinquenten nicht zur
wahrheitswidrigen Zurücknahme ihres Geständnisses zu bewegen.
38. Cf. zu dem Beicht-Häuslein J. A. Silbermann, Local-Geschichte der Stadt Straßburg.
Straßburg, 1775, S. 167.
39. E. Wettstein, Die Geschichte der Todesstrafe... zit. Anm. 35, S. 134.
40. Cf. A. Zorzi, Le esecuzioni... zit. Anm. 6, S. 237-249 und G. Radbruch, Ars moriendi... zit.
Anm. 14, S. 474 s.
41. A. Zorzi, Le esecuzioni... zit. Anm. 6, S. 197.
42. Cf. C. B. Gorgoni, Die Strafe des Säckens, in Forschungen zur Rechtsarchäologie und rechtlichen
Volkskunde, 2, 1979, S. 144-162.
43. Die Brücke führte zum schinthûs. Die Chroniken der oberrheinischen Städte. Straßburg, II,
Leipzig 1871 (ND Göttingen, 1961) (Die Chroniken der deutschen Städte, 9), S. 1121 (Glossar). Cf.
H. v. Hentig, Die Brücke im Strafrecht und Strafverfahren, in Id., Studien zur Kriminalgeschichte,
Bern, 1962, S. 23-32 (zuerst 1946).
44. Cf. L. Dacheux, Geiler et la législation civile de Strasbourg au quinzième siècle, in Revue
catholique d’Alsace, 6, 1864, S. 239 Anm. 4.
45. Cf. H. von Hentig, Fischmarkt und Strafstätte, in Id., Studien... zit. Anm. 43, S. 33-41 (zuerst
1938).
46.46 Id., Der Rabenstein. Eine kriminal-geographische Studie, ibid., S. 9-22 (zuerst 1940).
47. Der Galgen, der bis ins 8. Jahrhundert links neben der nach Königshofen führenden
Verlängerung der Langen Straße stand, wurde zunächst nordöstlich in die «Schuchbus»
verlegt, wohl 1297 wiederum nach Nordosten rechts neben die nach Zabern führende
Straße (zum Schiltehtä ort); 1432 errichtete man drei steinerne Säulen. J. A. Silbermann,
Local-Geschichte... zit. Anm. 38, S. 35, 48, 153 und 165-177. Cf. Anm. 51.
48. Cf. W. Schultheiß, Altnürnberger Rechtspflege und ihre Stätten, in Mitteilungen des Vereins für
Geschichte Nürnbergs, 61, 1974, S. 188-203 und H. Knapp, Das Lochgefängnis... zit. Anm. 22, S.
69.
49. Cf. H. G. Gengler, Strafrechts-Alterthümer, Erlangen, 1882, 132 und F. Keutgen, Urkunden
zur städtischen Verfassungsgeschichte, Berlin, 1901 (ND Aalen, 1965) (Ausgewählte Quellen zur
deutschen Verfassungs- und Wirtschaftsgeschichte, 1), S. 111. A. Graßmann (Hg.), Lübeckische
Geschichte, Lübeck, 1988,S. 238.
50. P. Schuster, Eine Stadt vor Gericht. Recht und Alltag im spätmittelalterlichen Konstanz,
Paderborn, 2000, S. 267.
51. Als sein Tod nahte, habe er gesagt: Unser herre Jhesus Cristus were gemartelt, erstorben und
begraben worden ussewendig Jerusalem an der stat do men boese lüte verderbete. Nu wolte er unserm
herren nochvolgen und sprach: wenn er verfuere, so solte men in ouch ussewendig Strosburg
begraben bi dem galgen [...], begraben uf sant Michels bühel, das was dozuomole der henkebühel und
stunt der galge do [...]. Donoch det men den galgen dennen [von dannen. Cf. Anm. 47] sant
Arbogaste zuo eren und buwete über sin grap eine cappelle in sant Michels ere. Chroniken..., 9, zit.
Anm. 43, S. 630. Zur Michaelskapelle cf. M. Barth, Handbuch der elsässischen Kirchen im
Mittelalter, Straßburg, 1960 (Études générales. Forschungen zur Kirchengeschichte des Mittelalters,
NS, 4); zugl. Archives de l’Église d’Alsace, 11, 1960, 12, 1961 und 13, 1962-1963), S. 1412-1414.
52. G. Radbruch, Ars moriendi... zit. Anm. 14, S. 472.
53. Cf. J. Wimpfeling, Argentinensium Episcoporum Cathalogus [...], Argentine (J. Grüninger),
1508, S. 633-639, D. Specklin, Collectanea in usum chronici argentinensis [von 1587], Hg. R.
Reuss, in Bulletin de la Société pour la conservation des monuments historiques d’Alsace, 2e série,
13, 1887-1888, S. 157-360; 14, 1889, S. 1-178 und 201-405; 15, 1890 und 17, 1895, S. 57-80
(Supplément), hier Nr. 2153; O. Schad, Summum Argentoratensium Templum [...], Straßburg (L.
Zeßner), 1617, S. 85 s.
54. In einigen älteren Bibliographien wird ein spezielles diesbezügliches Werk aufgeführt,
das sich offenbar nicht erhalten hat: De communicandis his, qui ultimo supplicio plectuntur, lib.
So zuerst als Werk Geilers angeführt von J. Trithemius, Cathalogus illustrium virorum [...],
[Mainz (P. v. Friedberg), 1495], fol. 60r.
55. J. Geiler von Kaysersberg, Sämtliche Werke, Hg. Gerhard Bauer, T. 1, Abt. 1, I, Berlin-New
York, 1989 (Ausgaben deutscher Literatur des XV. bis XVIII. Jahrhunderts, 129), S. 193 (sog.
Einundzwanzig Artikel).
56. J. Geiler von Kaysersberg, Das buch der sünden des munds [...], Straßburg (J. Grüninger),
1518, Hg. [J. Pauli], fol. 71v-72r.
57. Cf. zu ihm U. Israel, Johannes Geiler von Kaysersberg (1445-1510). Der Straßburger
Münsterprediger als Rechtsreformer, Berlin, 1997 (Berliner Historische Studien, 27; zugl. Berlin,
Humboldt-Univ., Diss., 1995) und L. Dacheux, Un réformateur catholique a la fin du XVe siècle. Jean
Geiler de Kaysersberg. Prédicateur a la cathédrale de Strasbourg. 1478-1510. Étude sur sa vie et son
temps, Paris-Strasbourg, 1876.
58. Cf. zu ihm D. Mertens in P. G. Schmidt (Hg.), Humanismus im deutschen Südwesten.
Biographische Profile, Stuttgart, 1993, S. 35-57.
59. Cf. zu ihm H. Wiegand, ibid., S. 77-104.
60. Cf. zu ihm C. Burger, Aedificatio, Fructus, Utilitas. Johannes Gerson als Professor der
Universität Paris, Tübingen, 1986 (Beiträge zur historischen Theologie, 70).
61. F. Delome (Hg.), Acta Clementis Papae V (1303-14), Roma, 1955, S. 95 Nr. 62: 1312 Mai 6.
62. J. Gerson, Œuvres complètes, Hg. Glorieux, VII, Paris, 1966, S. 341-343 Nr. 323.
63.Bambergischen Halsgerichtsordnung... zit. Anm. 37, Art. 92 und 124; Carolina... zit. Anm. 37,
Art. 79 und 102. Cf. auch das Beispiel aus einer Lübecker Kirchenordnung von 1531 bei G.
Radbruch, Ars moriendi... zit. Anm. 14, S. 478.
64. Cf. zu ihm U. Israel, Der Straßburger Peter Schott d. J. (1458-1490). Zu einem humanistischen
Lebensentwurf, in Zeitschrift für die Geschichte des Oberrheins, 144, 1996, S. 241-258.
65. J. Gerson, Opera, I-III [Hg. J. Geiler von Kaysersberg und P. Schott], Straßburg (J. Prüss),
1488, IV [Hg. J. Wimpfeling], Straßburg (M. Flach d. J.), 1502.
66. Die Reise fand wohl im Jahre 1483 statt. U. Israel, Johannes Geiler... zit. Anm. 57, S. 128 s.
67. AMS, Archives du Chapitre de Saint Thomas (AST), 176 zu fol. 545r-v (1131a-b).
68. Am 18. 4. 1482. Cf. J. Geiler von Kaysersberg, Oratio habita in Sinodo argentinensis [...],
[Straßburg (H. Knoblochtzer), 1482] und C. Schmidt, Histoire littéraire de l’Alsace a la fin du
XVe et au commencement du XVIe siècle, I, Paris, 1879, S. 351.
69. Cf. P. Schott, The Works of Peter Schott (1460-1490), Hg. M. A. und M. L. Cowie, I. Introduction
and Text, Assen (Niederlande), [1963] und II. Commentary [Assen (Niederlande)] 1971]
(University of North Carolina Studies in the German Languages and Literatures, 41), hier I, S. 219
Nr. 210.
70. Cf. G. Radbruch, Ars moriendi... zit. Anm. 14, S. 471 s. nach Matth. 25, 36 und 43 und Luk.
23, 43.
71. [Straßburg 1482, vor dem 28. November]. T. W. Röhrich, Testament Doctor Johann Geiler’s
von Kaisersberg, in Zeitschrift für historische Theologie, 1848, S. 572-586, hier S. 577 Anm. 13.
72. Cf. Protokollzitat bei J. Wencker, Collecta archivi... zit. Anm. 10, S. 433 (ND in: P. Schott,
The Works... zit. Anm. 69, II, S. 806).
73. [Straßburg, 1483, vor dem 15. Dezember]. J. Ficker und O. Winckelmann,
Handschriftenproben des sechzehnten Jahrhunderts nach Straßburger Originalen. II. Zur Geistigen
Geschichte, Straßburg, 1905, Taf. 49 B.
74. Von Wimpfeling gerühmte Ausnahme: der Prior der Karmeliten, Johannes Freitag von
Düsseldorf. Cf. Argentinensium Episcoporum Cathalogus... zit. Anm. 53, S. 633-639.
75. D. Specklin, Collectanea... zit. Anm. 53, Nr. 2153.
76. Beim Zug zum Wasser in St. Martin; beim Zug zum Rabenstein in der vor dem
Kronenburger Tor gelegenen Kapelle zum Elenden Kreuz im Grünen Bruch, cf. M. Barth,
Handbuch... zit. Anm. 51, S. 1414.
77. Cf. C. Zika, Hosts, Processions and Pilgrimages: Controlling the Sacred in Fifteenth-Century
Germany, in Past and Present, 118, 1989, S. 25-64, hier S. 33.
78. AMS, AST 176 zu fol. 545r-v (1131a-b).
79. P. Schott, The Works... zit. Anm. 69, I, S. 219 Nr. 210; auch mit dem damals in Straßburg
weilenden päpstlichen Nuntius Emerich Kemel wurde darüber gesprochen: ibid., S. 205-207
Nr. 187. Cf. ibid., S. 220-225 Nr. 212.
80.Ibid., S. 218 s. Nr. 210. Wimpfeling spricht von mehreren Universitäten: Consilium petitur a
praeclaris universitatibus, a theologis et iureconsultis. Argentinensium Episcoporum Cathalogus...
zit. Anm. 53, S. 639; hohe schulen. M. Berler, Chronik, in A. G. Strobel und L. Schneegans (Hg.),
Code historique et diplomatique de la ville de Strasbourg, II, Strasbourg, 1848, S. 1-130, hier S.
120; D. Specklin, Collectanea... zit. Anm. 53 spricht von drei Universitäten; ebenso O. Schad,
Summum Argentoratensium Templum... zit. Anm. 53.
81. Cf. den nach einigen Monaten geschickten Brief P. Schotts an die Universität
Heidelberg, in dem er die Antwort anmahnt. The Works... zit. Anm. 69, S. 219 s. Nr. 211.
82. AMS R 29, fol. 254r; Druck in J. Wencker, Collecta archivi... zit. Anm. 10, S. 434 (ND in: P.
Schott, The Works... II, zit. Anm. 69, S. 807).
83. Nach G. Radbruch ist der Dienstag der vorchristlich-germanische Gerichtstag. Ars
moriendi... zit. Anm. 14, S. 473. In Bern vollzog man meist an Dienstagen, wohl vor allem weil
dann Markt war und man mehr Menschen erreichte. H. F. von Tscharner, Die Todesstrafe im
alten Staate Bern, Bern, 1936 (Univ. Bern, Diss., 1936), S. 101.
84. In dem Protokoll werden die Leutpriester der Münsterpfarrei und der Pfarr- und
Kollegiatkirchen St. Thomas und Alt St. Peter genannt.
85. Cf. G. Radbruch, Ars moriendi... zit. Anm. 14, S. 473.
86. Ein Beispiel aus Straßburg von 1337 Jun. 10: der jude wart geschleufet uf einre swinin hut
und geradebrechet (wegen Mordes an einer Jungfrau; Chroniken..., 8, zit. Anm. 29, S. 138).
Beispiele aus Nürnberg von 1401 Mai 18: maister Herman und waz von Wien pürtig [...] flaist und
radprecht (wegen Vergiftungsversuch an König Ruprecht). Die Chroniken der fränkischen
Städte. Nürnberg, I, Leipzig, 1862 (ND Göttingen, 1961) (Die Chroniken der deutschen Städte, 1), S.
54 (Ul-man Stromer); cf. dazu: außfuren und slaiffen und man radprecht in. Ibid., S. 365. 1476
Mai 2: slaift man hie einen paurnkneht auß [...] und man ließ in enpor tragen und radprecht in, gab
im 5 stöß auf füß und hend und 4 stoß hinten auf den hals oder das genick, und er petet iemer untz zu
dem letzten stoß dem münch nach. Was Jobs Hallers paukneht (wegen Mordes). Ibid., 10, S. 348.
1493 [Mai 17]: Antoni Schetzel [...] man slaist in und hielt im den kopf ein zwerh hant vom pflaster
und die schultern auf dem pflaster, das die schultern plutent. [...] man radprecht in und setzt in aufs
rad (wegen Mordes an einer Schwangeren). Ibid., 11, zit. Anm. 8, S. 573 s.
87. Ein Beispiel aus Nürnberg vom 1504 Jan. 11: Herman Reichenawer, ein messrer von
Wendelstain [...]. Man kopft in vor von großer pet wegen, darnach viertailt [man] in also tod und
hieng die viertail für die tor auf die wegschaid. Ibid., S. 669.
88. Ulrich Richental, Chronik des Constanzer Concils. 1414 bis 1418, Hg. M. R. Buck, Tübingen,
1882 (Bibliothek des Litterarischen Vereins in Stuttgart, 158), 81.
89. Luca Landucci, Diario fiorentino dal 1450 al 1516, Hg. I. Del Badia, Firenze, 1883, zu 1498
Apr.
90. 1469 März 4 wurde die Küsterin des neuen Spitals verbrannt, die sich erhängt hatte: und
man sprach, sie het dem Niclas Muffel zwai hundert gulden gelihen, het sich villeicht vor laid
erhangen. 1477 nach Apr. 5 wurde ein Gänsedieb verbrannt, der sich erhängt hatte. Ibid., 10,
S. 310 und 350. Eine andere Nürnberger Verfahrensweise mit Selbstmördern war das
Spunden in ein Faß und in einen Fluß werfen. Cf. H. Knapp, Das Lochgefängnis... zit. Anm. 22,
S. 73. Diese Verfahrensweise wurde auch in Straßburg praktiziert. Cf. J. A. Silbermann,
Local-Geschichte... zit. Anm. 38, S. 177.
91. 1482 Apr. 4: da köpft man den Kornreich, meßrer, und verprent in also tot, het gulden besniten,
und man het davor es keim in Nürnberg getan. Chroniken..., 10, zit. Anm. 22, S. 366.
92. 1487 Jul. 10: ein man, het eim sein eeweib hin gefürt und sein haus an zündt, und prunen darvon
sunst darneben 5 heuser ab; und nach dem köpfen da verprent man in; het große pit. Ibid., S. 385.
93. R. Schorer, Die Strafgerichtsbarkeit... zit. Anm. 19, S. 120.
94. K. Metzger, Die Verbrechen... zit. Anm. 12, S. 56 Anm. 49.
95.Item einn priester, der by vier verurtteillten menschen ab denen gericht unn bitz an ire endt by
inen gewesen ist, geben 5 ß d (AMS Œuvre Notre Dame 43 (1492) fol. 88v (Rechnung 1. Quartal
1492)); 1 weitere Hinrichtung (1. Quartal) 5 ß d, 4 weitere (2. Quartal) 5 ß d; im
Rechnungsbuch 1500/01 für eine Hinrichtung 5 ß d (fol. 67r); 1501/02 dito (fol. 62r); 1502/03
dito (fol. 54v); 1504/05 für 3 Hinrichtungen 10 ß d (fol. 54r); 1505/06 für 2 Hinrichtungen 10
ß d (fol. 56v); 1506/07 für 2 Hinrichtungen 5 ß d, dito 5 ß d, dito 5 ß d, für 1 Hinrichtung 5 ß
d (fol. 82r); 1508/ 09 kein Eintrag in der Rubrik Ußgobe von den verurtheilten luoten den
priestern (fol. 74r); 1512/13 für 1 Hinrichtung 5 ß d, für 2 Hinrichtungen 5 ß d, dito 5 ß d, für
1 Hinrichtung 5 ß d (fol. 95r). Zusätzlich wurden die Geistlichen noch gespeist: Den priestern
gab man auf Unserm frauenhauss zu essen. D. Specklin, Collectanea... zit. Anm. 53, Nr. 2153.
96. Jahresdurchschnitte für deutsche Städte im 15. Jahrhundert bei G. Schwerhoff, Köln im
Kreuzverhör. Kriminalität, Herrschaft und Gesellschaft in einer frühneuzeitlichen Stadt, Bonn-
Berlin, 1991 (zugl. Bielefeld, Univ., Diss., 1989), S. 468: Basel 4 – Breslau 6, 5/5, 7 – Frankfurt 3,
2 – Hamburg 2, 3 – Hildesheim 0, 9 – Lübeck 3, 1 – Mecheln 2, 0 – Speyer 0, 6 – Zürich 3, 8;
europäischer Durchschnitt 5-14: A. Zorzi, Le esecuzioni... zit. Anm. 6, S. 172.
97. W. Schultheiß (Hg.), Die Acht-, Verbots- und Fehdebücher Nürnbergs von 1285-1400,
Nürnberg, 1960 (Quellen und Forschungen zur Geschichte der Stadt Nürnberg).
98. M. Schüßler, Statistische Untersuchungen des Verbrechens in Nürnberg im Zeitraum von 1285
bis 1400, in Zeitschrift der Savigny-Stiftung für Rechtsgeschichte. Germanistische Abteilung, 108,
1991, S. 117-193.
99. G. Schwerhoff, Falsches Spiel. Zur kriminalhistorischen Auswertung der spätmittelalterlichen
Nürnberger Achtbücher, in Mitteilungen des Vereins für Geschichte Nürnbergs, 82, 1995, S. 23-35
spricht von einem «Fehlschlag auf der gan-zen Linie» (S. 26).
100. D. Specklin, Collectanea... zit. Anm. 53, Nr. 2153.
101. [...] die warheit wil ich jehen / von den im rat zu Nuremberg unt, / wie es sich hat verlofen, /
mit posheit sein sie gar geswind, / das clagen ser des Muffels kind, / die hat die falschheit trofen [...]
es schuf in nicht dann haß und neid, / daß sie in legten gefangen [...] falschheit du hast dich geregt, /
daß du sie darzu hast bewegt, / si wolten sein nit schonen. Heinz Ubertwerch, Von Niclas Muffels
Tod, in R. von Liliencron (Hg.), Die historischen Volkslieder vom 13. bis 16. Jahrhundert, I, Leipzig,
1865, S. 561-566 Nr. 123 b, hier S. 563 s.
102. Cf. G. Fouquet, Die Affäre Niklas Muffel. Die Hinrichtung eines Nürnberger Patriziers im Jahre
1469, in Vierteljahrschrift für Sozial- und Wirtschaftsgeschichte, 83, 1996, S. 459-500, G.
Hirschmann, Nikolaus Muffel, in Fränkische Lebensbilder, 3, 1969, S. 50-68, Die Chroniken..., 10,
zit. Anm. 22, S. 307-310 und ibid., 11, zit. Anm. 8, S. 753-777.
103.Es ist eine strenge, geschwinde Execution gewest, nit allein in Ansehen des Muffelischen
Geschlechts, sollches der ältisten und vornehmbsten nürmbergischen Geschlecht eines ist, sonder
auch der Justificirten Person, der durch ordenliche Grad zu den höchsten Ämbtern bei dem
nürmbergischen Stadtregiment erhebt worden. J. Müllner, Die Annalen der Reichsstadt Nürnberg
von 1623, Hg. G. Hirschmann, II, Nürnberg, 1984 (Quellen zur Geschichte und Kultur der Stadt
Nürnberg, 11), S. 578-581.
104. Cf. allg. A. Bauer, Das Gnadenbitten in der Strafrechtspflege des 15. und 16. Jahrhunderts,
Frankfurt a. M. 1996 (Rechtshistorische Reihe, 143).
105. G. Fouquet, Die Affäre... zit. Anm. 102, S. 493.
106.Item es wurd vil verwett, man wurd in nit hohen, man wurd in köpfen oder man wurd in
abpiten. Chroniken..., 10, zit. Anm. 22, 309.
107. G. Fouquet, Die Affäre... zit. Anm. 102, S. 465.
108. O. Landolt, Ein Finanzskandal im spätmittelalterlichen Schaffhausen. Die Hinrichtung des
Stadtrechners Cuonrat Heggenzi, in Schaffhauser Mappe, 61, 1993, S. 59-61.
109. J. Müllner, Die Annalen... zit. Anm. 103.
110. G. Fouquet, Die Affäre... zit. Anm. 102, S. 492 sieht einen politischen Mord.
111.Chroniken... 10, zit. Anm. 22, S. 308; der Kirchenpfleger, Stifter und große
Reliquiensammler Muffel war nach allem, was wir wissen, ein frommer Mann. G.
Hirschmann, Nikolaus Muffel... zit. Anm. 102.
112.Chroniken..., 11, zit. Anm. 8, S. 777. Cf. auch die Stelle aus dem Achtbuch I, 2 a: durch
Adam Becken, den löwen [sc. Gehilfen des Henkers] als ein dieb zu recht angesprochen. H. Knapp,
Das Lochgefängnis... zit. Anm. 22, S. 66.
113. J. Müllner, Die Annalen... zit. Anm. 103.
114. 1487 Jul. 12: ein grosse diebin [...], het neur ein or. Chroniken..., 10, zit. Anm. 22, S. 385. 1500
März 17: ein frawen bei virtzig jarn, het vil gestoln, und man het sie vor etlicher zeit in den Rein
geworfen und sie kam wider lebendig auß. Ibid., 11, zit. Anm. 8, S. 614. 1503 März 21: ein frawen
[...], het vil gestoln. Sie was bei 30 jaren. Ibid., S. 661.
115. Cf. die Auszählungen bei H. Martin, Verbrechen und Strafen in der europäischen Chronistik
Nürnbergs, Köln, 1996 (Konflikt, Verbrechen und Sanktion in der Gesellschaft Alteuropas.
Fallstudien, 1; zugl. Würzburg, Univ., Diss., 1996).
116. 1468 Okt. 28: der creutzer einen, des gulden schreibers sun, und einen paurnknecht mit im.
Chroniken..., 10, zit. Anm. 22, S. 306. 1498 Jun. 5: den Stainhauser. Ibid., 11, zit. Anm. 8, S. 597.
1501 Mai 11: Zwei Diebe. man solt sie gehangen haben, erpat man sie zum schwert. Ibid., S. 637.
1504 März 12: Kunhofer (Michel Konhover), het große pet. Ibid., S. 669. 1504 Apr. 15: ein
paurnkneht namens Cuntz Ramstocken von Sweig. Man hat keinen frolichern diep nie hie
außgefürt, sprach: es muß doch sein. Ibid., S. 689.
117.Ibid., 10, zit. Anm. 22, S. 366. Cf. Anm. 33.
118. Im Jahre 1482 weist eine Nürnberger Stadtrechnung aus: 15 ß fur eine scheublein der
Ochsenfelderin, darinn man den Tanner erhangen hatt. Ibid., S. 366 Anm. 1.
119. Cf. zum dritten Tag Handwörterbuch des deutschen Aberglaubens, VIII, Berlin-Leipzig,
1936-1937, Sp. 642-644.
120.Chroniken..., 10, zit. Anm. 22, S. 369.
121.Darnach als man in am eritag [Dienstag] erhangen het, da stal man in am pfintztag
[Donnerstag] zu mitternacht und hielten dapei mit zwelf pferden. Ibid., S. 310. Nach dreien Tagen
aber umb Mitternacht, vom Hochgericht bei dem 12. Pferd gehalten. J. Müllner, Die Annalen... zit.
Anm. 103.
122. G. Fouquet, Die Affäre... zit. Anm. 102, S. 478.
123.Die Chroniken der schwäbischen Städte. Augsburg, III, Leipzig, 1892 (ND Göttingen, 1965)
(Die Chroniken der deutschen Städte, 22), S. 436.
124. Cf. zu ihm E. Deuerlein, Ulrich Schwarz, in Lebensbilder aus dem Bayerischen Schwaben, 2,
1953, S. 94-121.
125.Chroniken..., 22, zit. Anm. 123, S. 437.
126.Ibid., S. 260.
127. K. Schnith in G. Gottlieb und al. (Hg.), Geschichte der Stadt Augsburg von der Römerzeit bis
zur Gegenwart, Stuttgart, 1984, S. 162 s.
128. H. Boockmann, Spätmittelalterliche deutsche Stadt-Tyrannen, in Id., Wege ins Mittealter.
Historische Aufsätze, Hg. D. Neitzert, U. Israel und E. Schubert, München, 2000 (zuerst 1983),
S. 37-54.
129.Ibid., S. 39-50.
130. Cf. zu ihm L. Schnurrer, Heinrich Toppler, in Fränkische Lebensbilder, 2, 1968.
131. H. Boockmann, Stadt-Tyrannen... zit. Anm. 128.
132.Caesarii Heisterbacensis monachi ordinis cisterciensis Dialogus miraculorum, Hg. J. Strange, I,
Köln, 1851 (ND Ridgewood, New Jersey, 1966), S. 204 s. (distinctio 9, capitulum 49).
Le rituel de la peine capitale dans les
villes allemandes à la fin du Moyen
Âge
Ruptures et continuités *

Peter Schuster

Les rituels d’exécution : une coutume


médiévale ?
1 Jusqu’à présent, la peine de mort et les rituels d’exécution ont été
peu étudiés par la médiévistique allemande. Ce que nous savons à ce
sujet nous vient de l’histoire du droit 1 . Pourtant, d’un point de vue
juridique, ou d’histoire du droit, la peine de mort et les rituels
d’exécution au Moyen Âge ne constituent qu’un objet d’étude d’un
intérêt assez limité, car les sources juridiques médiévales ne
fournissent que de très maigres informations relatives à la peine de
mort. Elles énoncent les peines encourues pour certains crimes
majeurs, mais sans amorcer la moindre réflexion ni la moindre
justification. Au début du xiie siècle, Eike von Repgow note de façon
lapidaire dans le Sachsenspiegel, la plus célèbre des sommes
juridiques du Moyen Âge : « Le voleur sera pendu » 2 . La façon dont
les assassins, les incendiaires, etc., doivent être mis à mort fait
l’objet d’aussi peu d’explications. Les autres sources juridiques ne se
soucient pas non plus de justifier les formes prises par ces
exécutions. À chaque crime correspond un mode d’exécution
particulier, ce dont témoignent les dictons populaires : Den Dieb soll
man henken, die Hure ertränken... (« le voleur sera pendu, la prostituée
noyée... »). Mais les sources sont peu éloquentes quant au pourquoi
de cet état de fait. Les juristes du Moyen Âge n’ont rien à dire à ce
sujet 3 . Il faut donc supposer que l’attribution de tel mode
d’exécution à tel crime s’ancrait dans des traditions, traditions que
l’histoire du droit a fait remonter jusqu’à l’époque des Germains,
d’autant que le Moyen Âge chrétien ne constituait pas un contexte
favorable à l’élaboration de formes spécifiques de mises à mort 4 .
2 Cependant, cette recherche de l’origine des exécutions capitales au
Moyen Âge, fréquemment menée il y a quelque temps par l’histoire
du droit en Allemagne, a détourné l’attention des chercheurs d’un
fait pourtant connu depuis longtemps : le recours régulier à la peine
de mort ne devint habituel que vers la fin du Moyen Âge 5 .
L’appareil d’État adéquat ne commença à s’imposer dans l’Empire
que vers 1400, s’établissant d’abord et durablement dans les zones
urbaines. La justice de plus en plus sanguinaire du Moyen Âge
finissant avait besoin d’une légitimation qui ne pouvait reposer
uniquement sur les titres juridiques, mais devait s’enraciner
également dans l’ancienneté des modes d’exécution employés. Ceci
explique que l’on ait conservé les rites traditionnels de mise à mort à
la fin du Moyen Âge. Il semblait à cette époque opportun de ne pas
toucher à la forme traditionnelle des exécutions, conformément au
dicton que Wilhelm Ebel trouva dans des sources médiévales : la
norme la plus ancienne, c’est la forme. Ce qui est ancien, ce qui a fait
ses preuves, n’a plus besoin d’être pensé ni justifié. En invoquant
l’ancienneté des rites employés, le nouvel usage de la peine de mort
s’inventa sa propre tradition.
3 Les recherches menées par les historiens du droit ainsi que les
sources juridiques du Moyen Âge et du début de l’époque moderne
suggèrent que les rites d’exécution étaient profondément ancrés
dans la coutume médiévale. Ce fut ainsi un véritable « théâtre de
l’horreur » que découvrit Richard van Dülmen lorsqu’il se pencha
sur les rituels d’exécution au début de l’époque moderne et proposa,
dans les années 1980, la première étude en langue allemande sur ce
sujet 6 . Du point de vue de la période étudiée, les rituels d’exécution
publique semblaient fortement enracinés dans la coutume
médiévale. Selon van Dülmen, un changement ne s’amorça qu’avec le
siècle des Lumières, lorsque la brutalité des rituels d’exécution pré-
modernes commença à être remise en question.
4 Depuis lors, la recherche a progressé, sans que l’on soit pour autant
parvenu à opérer la jonction entre le Moyen Âge et l’époque
moderne. Dans son étude sur le droit et la culture en France à la fin
du Moyen Âge, Esther Cohen s’est longuement penchée sur les
rituels d’exécution 7 . Samuel Edgerton et David Merback ont par
ailleurs étudié les exécutions capitales dans l’iconographie de la
Renaissance 8 . Tout cela n’a pas apporté d’éléments décisifs quant à
de possibles changements dans le déroulement des exécutions entre
le Moyen Âge et l’époque moderne. C’est donc toujours l’incertitude
qui prédomine ici. Otto Ulbricht a récemment noté que l’on cessa
peu à peu, vers la fin du xvie siècle, de noyer les femmes ou de les
enterrer vives ; la disparition progressive de ces modes d’exécution
habituellement employés pour elles constitue à ses yeux « un
processus qui mériterait d’être replacé par l’histoire des femmes
dans une évolution à plus long terme » 9 . Effectivement, le constat
d’Ullbricht est pertinent, comme il sera montré par la suite, et son
importance dépasse largement l’approche sexuée de l’histoire.

Quelques aspects du changement au début


de l’époque moderne
5 Jusqu’au xvie siècle, aucune pendaison de femme n’est, à ma
connaissance, attestée dans l’empire 10 . On ne trouve pas trace non
plus de femme exécutée à l’épée. En revanche, les traités juridiques
du Moyen Âge font régulièrement mention d’un châtiment
spécifique pour les femmes 11 . En 1486, la lettre jurée de la ville de
Lucerne mentionnait explicitement que sur le plan juridique, les
femmes coupables de meurtre devaient être traitées à l’instar des
hommes, avec néanmoins une restriction : « aucune femme n’aura la
tête coupée » 12 . La Tiroler Malefizordnung, le système judiciaire mis
en place par Maximilien Ier en 1499, procédait à une distinction
similaire pour la punition du vol : « De même, les femmes qui
commettent des vols pour lesquels un homme irait à l’échafaud
doivent être noyées » 13 . La jurisprudence confirme ce qu’indiquent
les textes juridiques de l’époque : jusqu’au milieu du xvie siècle, les
modes d’exécution prévus pour les femmes restèrent la noyade, la
tombe et le bûcher. Ce ne fut qu’au sortir du xvie siècle qu’un
changement se dessina. En 1580, à Nuremberg, un ecclésiastique et le
bourreau prirent l’initiative de décapiter une femme à l’épée 14 et
en 1584, toujours à Nuremberg, on assista aux premières pendaisons
de femmes. Maître Franz Schmidt, bourreau de Nuremberg, nota à
l’occasion de cet événement : « On n’a encore jamais entendu dire
qu’une femme ait été mise à la potence à Nuremberg, et cela n’était
encore jamais arrivé » 15 . Mais Nuremberg ne faisait que suivre une
tendance générale, qui jusqu’ici n’a pas du tout été étudiée à
l’échelle de l’Empire. Nous étayerons donc notre propos par ce que le
hasard a mis entre nos mains : en 1565, dans la ville de Nordhausen,
une femme condamnée pour magie fut tout d’abord décapitée à
l’épée puis finalement brûlée. En 1572, toujours à Nordhausen, une
voleuse finit à la potence 16 . En Suisse, à Aarwangen, on aurait pour
la première fois pendu une femme en 1578 17 . À Cologne aussi, une
voleuse fut pendue au gibet en 1616 18 . Malgré toutes les lacunes
qui subsistent dans nos connaissances actuelles, un phénomène se
dessine nettement : le système, hérité du Moyen Âge, attribuant telle
forme d’exécution à telle personne pour tel crime commis,
commença manifestement à se disloquer au début de l’époque
moderne.
6 Afin d’interpréter cette évolution, il convient de porter le regard
vers d’autres changements qui se produisirent à la fin du Moyen Âge
et au xvie siècle dans l’exécution des peines capitales. Parmi les
thèmes de prédilection des vies de saints et des miracles médiévaux
se trouve celui du condamné à mort miraculeusement sauvé par
l’intervention de Dieu ou d’un saint. Ce thème a déjà suscité
l’attention des chercheurs à plusieurs reprises 19 . Cependant, on ne
dispose toujours pas d’étude portant sur les faits réels qui font
pendant à ces miracles populaires. Le condamné à mort était-il
effectivement gracié lorsque la corde se rompait au cours de la
pendaison et que le condamné survivait au supplice ? La littérature
juridique de l’époque est peu claire à ce sujet et le reste jusqu’à un
stade avancé de l’époque moderne. Cela dit, si l’on considère plutôt
la jurisprudence, on en retire l’impression persistante que ce n’est
qu’au xvie siècle que les instances judiciaires commencèrent à avoir
quelques réticences à accepter l’idée que derrière l’échec d’une
exécution se cache une intervention divine. À la fin du Moyen Âge,
on trouve encore de nombreux exemples de condamnés à mort
graciés après l’échec de leur exécution 20 . À ma connaissance, la
première fois qu’un tribunal fit pendre à nouveau un condamné
après rupture de la corde est attestée en 1525 à Nuremberg 21 . Par
la suite, il y eut dans l’empire de plus en plus de textes législatifs
prescrivant que les condamnés qui survivaient à la pendaison en
raison d’une rupture de la corde ou de tout autre hasard devaient
être pendus de nouveau 22 .
7 Cette évolution dans la façon de réagir aux exécutions ratées, qui
passaient jusqu’alors pour des miracles, souligne le changement qui
s’opéra au xvie siècle, où l’influence du surnaturel et du divin semble
décroître. Le droit temporel affirma peu à peu sa prétention à
régenter seul la vie et la mort. Cette observation devrait permettre
d’interpréter les changements qui affectèrent les modes d’exécution
réservés aux femmes.
8 Indubitablement, les modalités spécifiques d’exécution des femmes
au Moyen Âge étaient chargées d’implications religieuses 23 . Dans
la société du bas Moyen Âge, on avait de fortes réticences à exécuter
les femmes. Ces réticences se manifestaient clairement dans les
châtiments réservés aux voleuses. Dans la ville de Constance, que j’ai
étudiée, les 49 voleurs exécutés entre 1430 et 1460 étaient tous des
hommes, bien que les femmes aient représenté près de 20 % des
membres de cette catégorie. Aucune femme ne fut condamnée à
mort durant la période étudiée. Ce constat ne peut en aucun cas être
expliqué par l’hypothèse selon laquelle les femmes auraient commis
des vols moins graves. La réticence à exécuter les femmes reflète
plutôt l’image que la société médiévale avait des femmes. Face au
gibet, la représentation de la femme comme être inférieur tant sur le
plan intellectuel que moral se transformait en un avantage qui les
protégeait. L’image que les juges avaient de la femme faisait qu’ils
renonçaient souvent à condamner à mort des voleuses. Cette image
de la femme se retrouve également dans les modes d’exécution
spécifiques réservés à celles pour qui la peine capitale était jugée
inévitable. Au Moyen Âge, les condamnées à mort étaient en règle
générale noyées ou enterrées vives. La règle d’un châtiment
spécifiquement féminin ne connaissait comme unique exception que
le cas de l’hérésie, c’est-à-dire de la magie et de la sorcellerie. Dans
ce cas, les femmes risquaient, comme tous les hérétiques, le bûcher.
Pour les autres crimes majeurs, le châtiment le plus employé pour
les femmes était la noyade. Comparée à d’autres modes d’exécution,
la noyade était le châtiment offrant le plus de chances de survie. Si la
femme condamnée à la noyade survivait à la tentative d’exécution,
cela passait pour un jugement de Dieu, et elle était graciée 24 . Il est
d’ailleurs intéressant de constater à quelles autres catégories de
criminels on réservait la noyade On l’employait en effet aussi pour
des hommes en cas de blasphème grave, mais également comme
mesure de clémence pour les jeunes criminels. Derrière tout cela se
cache à mon avis une certaine logique. Tant en ce qui concerne les
jeunes que les femmes, les tribunaux médiévaux doutaient de leur
pleine responsabilité. Lorsque des femmes étaient condamnées à
mort, elles étaient traitées comme des blasphémateurs ou de jeunes
criminels et l’on s’en remettait à la justice divine en ayant recours à
un mode d’exécution qui permettait en quelque sorte aux juges de se
disculper en avouant leur connaissance limitée de la vérité 25 .
9 Ainsi, au xvie siècle, on peut constater un changement d’attitude des
tribunaux face aux prétendus miracles, mais aussi face aux modes
d’exécution choisis pour les femmes criminelles ; suivant ce qui vient
d’être exposé, on peut dire que la façon dont on envisageait les
possibilités et les modalités d’une intervention divine au cours de
l’exécution se transforma peu à peu. Cette transformation nous
incite en particulier à formuler une supposition qu’il s’agit à présent
de vérifier : apparemment, au xvie siècle, l’idéologie évolue de telle
sorte que le châtiment terrestre n’a plus besoin d’être corrigé, ni
dans la théorie, ni dans la pratique, par l’intervention de Dieu ou des
saints. Afin de vérifier cette thèse, il paraît nécessaire d’étudier
d’autres éléments religieux dans les rites d’exécution.

Aspects religieux des rituels d’exécution


médiévaux
10 Vers 1500, dans l’Empire germanique, les exécutions étaient des
événements imprégnés de religion. Les témoignages écrits et
picturaux de cette époque montrent avec insistance l’assistance
spirituelle offerte aux condamnés à mort. La célèbre gravure qui
illustre le Laienspiegel d’Ulrich Tengler (début du xvie siècle), et qui a
souvent été interprétée à tort comme preuve de la cruauté de la
justice au Moyen Âge, montre au tout devant du tableau, à côté des
fameuses scènes d’exécution, un homme d’Église présentant la croix
à un condamné qui s’apprête à avoir la tête coupée 26 . Dans le
Salbuch, le coutumier de la ville franconienne de Volkach composé
en 1504, on trouve une miniature en couleurs représentant une
scène de pendaison qui illustre l’aboutissement d’un procès contre
un voleur de vin. Le chemin qui mène à la potence est un chemin de
croix. Très symboliquement, l’endroit où a lieu l’exécution,
l’extrémité sud de la cuvette de Volkach, se nomme locus calvarie. À
gauche de l’image, le condamné et un confesseur sont assis à l’ombre
du gibet. Au centre, qui représente le cortège allant jusqu’au lieu
d’exécution, on aperçoit le condamné, les mains liées dans le dos,
accompagné du confesseur qui porte une croix en tête du cortège ;
tous deux se dirigent vers le gibet. Au bas du tableau se trouvent les
spectateurs, tenus à distance de la tête du cortège par des hommes
en armes 27 . Dans le code de justice capitale (Halsgerichtsbuch) de la
ville franconienne d’Eichstätt, qui date du début du xvie siècle, un
dessin profane à la plume représente le lieu d’exécution de la ville. À
côté des symboles de la cruauté de la justice, la potence, l’épée, la
roue, les symboles chrétiens dominent. Au premier plan, une femme
montre la croix. Sur l’échafaud qui domine toute l’image, on a ajouté
une illustration représentant la crucifixion. La petite maison que l’on
aperçoit à droite pourrait être un confessionnal 28 . Les scènes
d’exécution du bas Moyen Âge contiennent toujours des allusions à
la passion du Christ. Johannes Müllner décrit dans les annales de
Nuremberg l’exécution d’un voleur assassin qui eut lieu en 1453 : « À
cette époque, il était d’usage de placer de tels criminels sur un
traîneau attaché à un cheval, de façon à ce que leur tête touche le
pavé. Ils étaient emmenés de cette manière jusqu’au lieu
d’exécution. Depuis, il s’est trouvé des gens pour avoir pitié du
criminel et lui tenir la tête. Mais personne n’a tenu la tête de ce
meurtrier-là » 29 .
11 Ce qui nous intéresse ici, c’est l’attitude du public. On apprend en
effet que les spectateurs étaient régulièrement pris de pitié, même
pour les assassins, et essayaient dans la mesure du possible
d’atténuer leur peine. Ils ne voulaient pas réitérer les erreurs des
soldats romains qui refusèrent le moindre soulagement au Christ sur
le chemin du Golgotha. Les mises en scène religieuses des exécutions
touchaient les spectateurs. Même quand le public était
fondamentalement hostile au condamné, il se laissait gagner par la
pitié, comme lors de l’exécution de l’ancien maire d’Augsbourg
Ulrich Schwarz 30 . Parvenu au lieu d’exécution, Schwarz commença
par se confesser, puis, sous la potence, il demanda pardon et « fit les
plus belles prières. Beaucoup de gens eurent alors pitié de lui » 31 .
Au xve siècle, qui fut le plus pieux de tout le Moyen Âge 32 ,
l’auditoire se montrait préoccupé par le salut du condamné. Si le
supplicié priait avec un moine sur le chemin du lieu d’exécution, cela
donnait lieu à de nombreux récits et à autant de louanges 33 . Une
réconciliation réussie avec Dieu à l’approche de l’exécution était un
fait dont les gens parlaient et pour lequel ils remerciaient Dieu 34 .
12 L’imprégnation religieuse des rituels d’exécution au xve siècle et les
réactions positives que cela suscitait chez les spectateurs ne doivent
cependant pas nous faire oublier qu’il s’agissait là d’un élément
nouveau, qui n’avait commencé à s’imposer que vers 1400. De notre
point de vue, il est particulièrement intéressant de constater que ce
processus fut conflictuel, car au Moyen Âge, les juges séculiers ne se
préoccupaient pas du salut de l’âme des condamnés.
13 Les auteurs chrétiens ont tout à fait perçu et dénoncé ce désintérêt
des juges séculiers. Vers 1220, le cistercien Césaire de Heisterbach
évoque, dans un exemplum intitulé De milite qui suspensus mori non
potuit, donec Christi corpus percepit, le cas d’un chevalier condamné
par l’empereur Frédéric à la pendaison. Au bout de quelques jours,
des gens de sa famille voulurent le décrocher de la potence et
l’enterrer, mais s’aperçurent qu’il vivait encore. Il parla à ses parents
de ses prières qui avaient enfin été entendues. Sa dernière volonté
était de voir un prêtre pour qu’il lui donne les derniers sacrements.
Une fois que ce fut fait, le chevalier trépassa 35 . Le mineur
Salimbene de Parme notait avec indignation au xiiie siècle que le chef
du parti impérial de Reggio, Guido von Sesso, avait en 1249 non
seulement condamné à la pendaison plusieurs partisans du pape,
mais avait de surcroît rejeté leur demande de se confesser avec ces
paroles cyniques : Non habetis necesse confiteri, quia vos estis sancti, cum
sitis ex parte ecclesie, et sic statim ibitis in paradisum. Sans hésiter, il les
avait ensuite fait pendre sans confession 36 .
14 Le désintérêt des juges pour le salut des condamnés avait une raison.
Jusqu’à la fin du Moyen Âge, la légitimité des tribunaux à prononcer
des sentences de mort ne leur provenait que de leur pouvoir
temporel. L’Église médiévale avait certes concédé ce droit aux
seigneurs temporels dès l’époque des Pères de l’Église, mais sa
position quant au droit d’user de la peine de mort était extrêmement
réservée 37 . Même lorsque l’Église s’allia avec la justice temporelle
au cours de l’Inquisition, cela n’aboutit pas à une approbation de la
peine de mort. Le pape Innocent III précisa en 1210 que la cruauté
des peines imposées par le pouvoir temporel n’était pas un péché
mortel à condition qu’elle ne soit pas infligée par haine ou à la
légère, mais qu’elle soit mûrement réfléchie et issue d’un jugement
38 . Nous n’avons pas trace de concessions plus larges que l’Église

ait faites. Dans l’ensemble, elle se contenta jusqu’à la fin du Moyen


Âge d’observer l’emploi légal de la peine de mort. Dans ce rôle
d’observatrice, elle ne s’opposa pas activement à la peine de mort,
mais n’en fut pas non plus partisane.
15 Cette position réservée de l’Église face à la justice temporelle ne
resta pas sans conséquences au Moyen Âge. On pouvait parfaitement
s’appuyer sur les écrits des Pères de l’Église pour soutenir l’opinion
que la peine de mort était en contradiction avec l’esprit du
christianisme et notamment les vertus chrétiennes fondamentales
que sont la charité et la miséricorde. Ce n’est donc sans doute pas un
hasard si les chrétiens qui critiquèrent l’Église à la fin du Moyen Âge,
comme John Wycliff et certains hussites, invoquèrent l’Église
primitive pour réclamer de l’Église un rejet catégorique de la peine
de mort 39 . Cette position chrétienne s’insinua jusque dans des
ouvrages de droit. Un traité juridique français enseignait ainsi au
juge : « il faut ne pas aller trop vite et attendre avant de livrer un
homme à la mort ; c’est une chose lourde que le châtiment lorsque
l’on détruit ce que Dieu a fait, et lorsque l’on fait ce qu’il ne veut pas
faire » 40 . Dans les sermons, des interprétations du verset de Luc,
Estote ergo misericordes, quia pater vester misericors est (Luc, 6, 36),
tentaient de persuader les juges que la miséricorde de Dieu ne leur
serait acquise que s’ils se montraient cléments dans leurs sentences
41 .

16 Les juges de la fin du Moyen Âge étaient sans cesse confrontés à ce


commandement chrétien depuis qu’ils prononçaient de plus en plus
de peines de mort. Il ne faut pas perdre de vue que les juges n’étaient
pas des juristes. Dans l’exercice de leur métier, c’est avant tout
devant Dieu qu’ils devaient répondre de leurs actes. Les textes
juridiques le montraient bien, ainsi que l’usage, répandu au Moyen
Âge, de placer des représentations du jugement dernier dans les
hôtels de villes et les lieux de jugements 42 . Le message était clair.
Dans le Sachsenspiegel, Eike von Repgow avait déjà prescrit aux juges
d’exercer la justice de façon à ce que Dieu soit clément envers eux
43 . Dans la région de la Saxe, le droit explicitait la situation de la

façon suivante : « Quand le juge rend la justice, Dieu siège en même


temps au même endroit avec son tribunal suprême et juge le juge et
les échevins. Pour cette raison, il est bon que tout juge place dans
l’hôtel de ville un tableau du jugement dernier de notre seigneur
Jésus Christ » 44 . En 1421, conformément à cela, le conseil de la ville
de Constance décida que l’on devait peindre dans l’hôtel de ville « le
jugement dernier de notre seigneur ». Tout juge appelé à rendre la
justice en cet endroit devait le contempler afin d’avoir « la crainte de
Dieu sous les yeux ». Autre leitmotiv, la citation récurrente de
Matthieu, 7, 2 : « C’est du jugement dont vous jugez qu’on vous
jugera ».
17 En dépit de toutes ces exhortations chrétiennes à la clémence, les
représentants du pouvoir temporel qu’étaient les juges
commencèrent à partir du xive siècle à considérer qu’il était de leur
devoir de prononcer de plus en plus de condamnations à mort. Face
à cette augmentation des sentences capitales, qui est sans doute due
non pas à une progression de la criminalité, mais plutôt à une
conception nouvelle de l’autorité et du pouvoir, l’Église dut réagir.
Lors du concile de Vienne en 1312, le pape Clément v menaça de
prendre des mesures contre l’abusum damnabilem des souverains
temporels qui refusaient d’accorder aux condamnés à mort les
derniers sacrements, mais cela semble avoir eu peu d’effet 45 . En
1397, l’influent théologien français et conseiller royal Jean Gerson
envoya au roi de France une requête (le terme est un euphémisme,
compte tenu du ton très ferme de la lettre) dans laquelle il lui
demandait ainsi qu’aux princes d’abandonner les usages en vigueur
et de concéder à tous les condamnés à mort le droit de se confesser.
Lorsqu’on objecta que la confession pouvait conduire à ce qu’un
criminel soit sauvé de l’exécution, Gerson répondit par cette subtile
pointe : « Dieu ne veult pas que tous maulx soient punis en ce
monde, car aultrement il n’auroit que jugier en l’autre » 46 . Dans
ces paroles transparaît une différence fondamentale entre la justice
temporelle et la justice divine, qui est tout aussi importante pour
comprendre la façon dont se concevaient les tribunaux du bas
Moyen Âge que l’attitude de l’Église face aux jugements temporels.
Selon l’interprétation chrétienne des sentences de mort rendues par
le pouvoir temporel, celui-ci n’avait qu’une vision limitée de la
culpabilité des hommes. Il ne devait pas avoir l’orgueil de prétendre
faire régner une justice parfaite dès l’ici-bas. Il convenait donc qu’il
fasse preuve de retenue dans l’emploi de la peine de mort.
18 La volonté des condamnés ainsi que l’engagement de l’Église
aboutirent à l’intégration d’éléments religieux dans les rituels
d’exécution au cours du xve siècle. Dans les villes de l’évêché de
Constance, les droits des condamnés à mort à se confesser, à recevoir
la communion ou à être enterrés en terre sacrée en cas de repentir
sincère s’imposèrent ainsi à partir de l’an 1400 environ. Dans la ville
de Constance, en 1434, deux tricheurs au jeu condamnés à mort
demandèrent au Conseil la permission de recevoir les derniers
sacrements avant d’être exécutés. « Le conseil accepta, et les fit
noyer le troisième jour. Par la suite, la majorité du Conseil convint
que désormais, on accorderait les sacrements à tous les condamnés
qui en feraient la demande » 47 . Tous les tribunaux n’étaient pas
aussi prompts à prendre soin des condamnés et à s’occuper du salut
de leur âme. Au début du xve siècle, Johannes von Frankfurt,
théologien et conseiller du prince électeur de Heidelberg, critiqua
sévèrement dans son traité contre la Sainte-Vehme l’usage en
vigueur dans les tribunaux vehmiques d’exécuter immédiatement les
condamnés. Cette pratique les privait de la possibilité de se repentir
et d’être absous 48 . En 1461, le Conseil de la ville de Strasbourg
débattit de cette question. Trois membres du Conseil avaient été
chargés de proposer des réformes portant sur l’assistance spirituelle
des condamnés à mort. Jusqu’alors, on informait les condamnés de
ce qui les attendait la veille de leur exécution et on envoyait un
homme d’Église dans leur cellule pour la nuit afin de leur apporter
une assistance spirituelle. Mais cela s’était révélé problématique :
certains avaient été poussés au désespoir par les paroles
réconfortantes de l’ecclésiastique et s’étaient dérobés à l’exécution
en mettant fin à leur jour ; d’autres, en revanche, avaient changé
d’état d’esprit après avoir discuté avec l’ecclésiastique et s’être
confessés et, sur le lieu de l’exécution, ils avaient fini par rétracter
leurs aveux et nier le crime devant la foule rassemblée, « à la suite de
quoi la rumeur avait couru que les conseillers avaient eu recours à la
torture pour contraindre le condamné à mentir » 49 . Il fallait
parvenir à concilier le souci du salut de l’âme des condamnés avec le
bon déroulement des exécutions. Pour les conseillers strasbourgeois,
la priorité était claire. Il ne fallait plus, à l’avenir, laisser aux
condamnés la possibilité de trop réfléchir, ceci afin qu’ils ne puissent
pas troubler le bon déroulement de l’exécution. Les conseillers
chargés du problème proposèrent que l’on n’annonce désormais aux
condamnés le déroulement prévu de leur exécution qu’au matin
même de celle-ci. L’assistance spirituelle devait ensuite leur être
prodiguée non plus en prison, mais dans un petit confessionnal
installé sur les lieux mêmes de l’exécution. Une minorité refusa
d’accepter ces propositions, sans toutefois pouvoir apporter
d’arguments convaincants. Ils objectèrent cependant qu’en d’autres
lieux, il était tout à fait d’usage de confesser les condamnés et de
leur donner les derniers sacrements quelques jours auparavant ; il
était donc préférable de laisser les choses en l’état. Le risque du
suicide pouvait être écarté en liant les pieds et les mains du
condamné à mort dans sa cellule, pour qu’il ne soit pas en mesure
d’attenter à sa vie. Ils firent également remarquer qu’en hiver, les
chevaux des stettmeister et des membres du Conseil pourraient geler
si on leur demandait d’attendre jusqu’à ce que le condamné ait
confessé tous ses péchés dans le confessionnal installé sur le lieu de
l’exécution 50 .
19 Dans les années 1480, l’Église se mit à contester les modalités de
l’assistance spirituelle aux condamnés telles qu’elles avaient été
décidées en 1461. Le célèbre prédicateur Geiler von Kaysersberg
exhorta les autorités à garantir aux condamnés à mort le droit de
communier et d’avoir un enterrement chrétien. Le Conseil débattit
par deux fois de cette question lors de ses réunions, sans pouvoir se
résoudre à adopter les exigences de Geiler. Les choses restèrent donc
en l’état. On se contentait de montrer l’hostie aux condamnés
repentants, la communion leur resta refusée 51 . Interrogés par
l’évêque sur la validité de cette pratique, des théologiens de
Strasbourg ne purent se mettre d’accord. Il fallut attendre un
rapport de l’université de Heidelberg pour que la situation
s’éclaircisse : il y était dit très explicitement qu’il n’était pas
acceptable que l’on refuse la communion aux condamnés à mort. En
1485, le Conseil de Strasbourg céda. À l’avenir, la confession devait
être reçue immédiatement après l’annonce de la sentence. Si le
condamné, au cours de la confession, s’était montré digne de
l’eucharistie, il avait le droit de communier le lendemain.
L’exécution devait alors avoir lieu deux jours plus tard. On procéda
ainsi jusqu’à la Réforme 52 .
20 L’état des recherches sur l’intégration d’éléments religieux dans les
rituels d’exécution à la fin du Moyen Âge a beau être encore
insuffisant, on peut néanmoins relever une tendance très nette. Vers
1500, le droit des condamnés à être membres à part entière de la
communitas christiana s’était imposé. La Bambergensis de 1507, l’un des
textes importants ayant servi à l’élaboration de la célèbre Constitutio
Criminalis de 1532, évoque explicitement le droit des condamnés à se
confesser. De plus, un homme d’Église devait accompagner le
condamné sur le chemin de la potence en portant constamment une
croix devant lui 53 . On ne peut cependant manquer de constater
que ces formes de mise en scène religieuse des rituels d’exécution
s’étaient parfois heurtées à la résistance des tribunaux temporels. Il
ressort des débats strasbourgeois que les juges du bas Moyen Âge
craignaient surtout que les rituels d’exécution ne soient perturbés
dans leur déroulement. D’après leurs observations, l’assistance
spirituelle rendait les condamnés rétifs et les poussait à rétracter
leurs aveux, ce qui jetait une lumière trouble sur l’activité des
tribunaux séculiers 54 . Ainsi, l’imprégnation religieuse des rituels
d’exécution au xve siècle ne conduisit pour aucun des groupes
concernés à une sacralisation de la peine de mort. Au contraire : elle
rappelait aux spectateurs comme aux juges les pouvoirs limités de la
justice temporelle, le caractère provisoire de leur jugement et
l’existence d’un juge suprême. Dans une telle conception de la
juridiction temporelle, les « miracles de potence » évoqués plus haut
avaient incontestablement leur place. Les innocents pouvaient
espérer qu’un juge suprême viendrait à leur secours.

Repentir et confession au xvie siècle


21 À première vue, au début de l’époque moderne, les traditions de la
fin du Moyen Âge se perpétuèrent. Les exécutions restèrent un
événement religieux, mais leur mise en scène religieuse véhicula un
nouveau message. Ce n’est sans doute pas un hasard si le premier
« miracle de potence » à ne pas être reconnu comme tel, et qui a été
évoqué plus haut, se produisit en 1525, c’est-à-dire à l’époque de la
Réforme. Ma thèse est la suivante : dans la théologie de la Réforme,
tribunal temporel et tribunal divin commencèrent à ne faire plus
qu’un. Il faudrait d’ailleurs préciser qu’à l’extérieur de l’Empire, une
évolution similaire eut lieu sous l’effet de la réception du droit
romain. Plusieurs facteurs s’associèrent ainsi pour provoquer des
modifications dans la conception que les tribunaux avaient d’eux-
mêmes. Certes, on continua comme au Moyen Âge à penser que les
juges étaient investis de leur tâche par Dieu, mais au lieu d’en
déduire une responsabilité particulière les assignant à répondre de
leur activité devant Dieu, on en tira une forme de légitimité. À partir
de la Réforme, Dieu ne surveilla plus l’activité des juges : le tribunal
devint lui-même un instrument de la justice divine 55 . Cette
nouvelle conception a été énoncée à de nombreuses reprises par
Luther, avec des formulations parfois marquantes : « La main qui
tient l’épée et qui étrangle n’est plus la main de l’homme, mais celle
de Dieu, et ce n’est pas l’homme, mais Dieu, qui pend, roue, décapite,
étrangle et guerroie » 56 .
22 En 1528, les Leçons de Nuremberg (Nürnberger Lehrartikel) précisent
cette idée : « Quand l’autorité chrétienne, sur ordre de Dieu, brandit
l’épée, ce n’est pas elle qui châtie ; c’est Dieu lui-même qui châtie à
travers elle » 57 . De même, dans les Sermons aux enfants
(Kinderpredigten) de 1533 : « L’autorité ne brandit pas l’épée sans
raison ; elle est servante et vengeresse de Dieu par le châtiment de
celui qui fait le mal » 58 . Au Moyen Âge, cette assertion aurait été
suivie d’une exhortation à se montrer digne de cette responsabilité
59 . La nouvelle conclusion est autre. Le texte continue : « Ainsi,

quand l’autorité juge et tue un malfaiteur, c’est comme si Dieu le


tuait lui-même. Car l’autorité agit sur ordre de Dieu, ainsi que Paul
l’enseigne dans l’Épître aux Romains, chapitre 13 » 60 . Dans cette
conception, les exécutions devenaient un office au cours duquel le
condamné à mort avait lui aussi un rôle à assumer. À partir de la
Réforme, plus personne ne remit en question le droit de se confesser
et de recevoir les sacrements 61 .
23 Il est écrit dans le manuel d’instruction chrétienne de Thomas
Stieber (1574) qu’il convient d’envoyer un religieux au condamné
quelques jours avant son exécution, afin qu’il l’incite à se repentir
sincèrement et à prendre conscience de ses péchés. Si aucun doute
ne subsiste quant à la sincérité du pauvre pécheur, on peut lui
administrer les derniers sacrements un ou deux jours avant
l’exécution. Tout le reste, ajoute Stieber, est décrit plus précisément
dans le « petit livre d’agende » 62 . Il fait ici allusion à une source
singulière qui servait à l’instruction religieuse des condamnés à mort
et qui eut apparemment une large diffusion : l’agende du pasteur de
Nuremberg Veit Dietrich, datée de 1543. Cet ouvrage apportait entre
autres aux religieux une aide quant à la façon dont ils pouvaient
remettre les condamnés à mort sur le droit chemin. On y apprend
que la tâche du pasteur était d’amener le condamné à comprendre et
accepter son châtiment et à se réconcilier avec Dieu. Pour ce faire,
on recommandait de parler sans ambiguïtés : « Avec pareilles
personnes et en pareil lieu », apprenaient les pasteurs, « l’art
théologique et la subtilité ne sont pas de mise » 63 . L’enseignement
ici dispensé s’appuyait certes encore sur une distinction entre
tribunal temporel et tribunal divin, qui cependant ne se déclinait
plus en une opposition entre vision finie et connaissance divine de la
faute ; les deux tribunaux étaient ici d’inspiration divine, l’un,
temporel, exprimant la colère de Dieu tandis que son pendant divin
tendait plutôt à la miséricorde. Il s’agissait donc de faire comprendre
aux obstinés que Dieu voit et sait tout. Parce que le condamné n’a
pas désavoué ses activités coupables, « Dieu t’a maintenant rattrapé
et te retient devant son tribunal, ainsi tu ne peux plus fuir mais
seulement recevoir la mort que tu as méritée. Il faut que tu
comprennes : Dieu est en colère et ne veut plus te pardonner tes
méfaits. Ce sont tes péchés qui ont attiré sur toi la colère de Dieu ».
De telles paroles étaient censées ouvrir les yeux des entêtés :
« Quand alors son cœur se brise et qu’il commence à s’émouvoir, il
faut le réconforter en lui rappelant la bonté de Dieu et la vie future »
64 . Il était bon de rappeler aux convaincus aussi que leur exécution

était une volonté divine : « Si Dieu n’avait pas eu pitié de toi, il


t’aurait fait périr sur le fait, c’est-à-dire qu’il t’aurait jugé dans tes
péchés. Cela t’aurait sans doute conduit à la mort éternelle, car le
péché amène la mort. Or il te fait maintenant la grâce de ne pas te
juger avec la plus grande sévérité, mais de te montrer sa clémence,
bien que tu ne l’aies pas méritée, en prenant soin de toi comme d’un
enfant et en voulant te pardonner tes péchés. (...) Sache reconnaître
sa clémence et sois reconnaissant à Dieu de te traiter comme un père
et avec tant de clémence » 65 . L’exécution est ici un office dû par le
condamné à mort et il lui faut se comporter en conséquence, sans la
moindre réserve. « Oui, tu dis qu’il est honteux de mourir devant
tous à cause de ses propres péchés. Eh bien, tu ne mérites pas une
autre mort. Assume-la donc telle que tes péchés te l’ont infligée.
Mais n’oublie pas non plus l’honneur qui est lié à ta honteuse mort.
(...) D’autre part, c’est aussi un honneur, car par cette mort tu
apprendras à comprendre que cette mort justement, qui t’est
infligée selon l’ordre divin et du fait de tes péchés, est l’œuvre par
laquelle tu fais pour la dernière fois preuve d’obéissance à Dieu, ton
seigneur. Car tu as désobéi à Dieu en t’adonnant au péché. À présent,
tu dois lui être obéissant, en acceptant de bonne grâce le châtiment
que tu as mérité. (...) De même que tu as nui à certains par tes
péchés, ta mort rendra meilleurs ceux qui auraient aussi succombé
au péché, mais qui seront frappés par ton exemple, craindront Dieu
et seront détournés du mal. (...) Que cela t’apporte donc le
réconfort ! En un instant, ta honte sera transformée. Tandis que ton
corps pendra à la potence ou sera mis en terre plein de déshonneur,
les anges porteront en tout honneur ton âme vers Dieu » 66 .
24 Dans cet enseignement, l’exécution décidée par le tribunal temporel
se transforme en volonté divine à laquelle le condamné doit se
soumettre pour assurer le salut de son âme. Le criminel promis à
l’exécution doit faire acte d’obéissance envers Dieu en acceptant la
sentence temporelle. Il est logique qu’à partir de la Réforme,
l’intervention divine lors des exécutions ait pris une autre forme que
les « miracles de potence » du Moyen Âge. Dieu cessa de sauver les
innocents pour châtier ceux qui refusaient de se soumettre à leur
destin. Les condamnés se montrant rétifs sous la potence n’étaient
pas seulement promis à la damnation éternelle. Dès le lieu
d’exécution se manifestait le châtiment divin pour ceux qui
refusaient le repentir et dont on disait qu’ils étaient possédés par le
démon. En 1504, le bourreau de Nuremberg fut chargé de pendre
deux voleurs. « Le Scheffer a eu une mort chrétienne, mais le Lang
n’a pas voulu prier ni parler de Dieu et n’a même pas voulu
reconnaître le nom du Christ. Quand on l’a interrogé sur Dieu, il n’a
fait que répondre qu’il ne savait rien, qu’il ne pouvait rien dire ni
prier... Il n’a alors pas reçu l’eucharistie et il est mort dans ses
péchés. Sur la potence, il s’est jeté à terre comme s’il était atteint
d’une grave maladie. C’était un impie » 67 . Six ans auparavant, il
s’était produit quelque chose de similaire. Hans Kolb devait être
exécuté, après plusieurs tentatives de fuite et d’automutilation. « Il
s’est comporté comme s’il ne pouvait pas marcher. Finalement, il a
fallu le porter pour le faire sortir. Il n’a pas prié, a dit au prêtre de se
taire car il savait cela et ne voulait pas l’entendre et ça rendait sa
tête folle. Dieu sait très bien comment il est mort » 68 . Les
spectateurs avaient horreur des condamnés récalcitrants, ainsi que
le chroniqueur suisse Ulman Fischer sut le relater. À l’instar de
Maister Franntzn, il interpréta le comportement étrange d’un
blasphémateur condamné en 1534 à Bern, qui refusa l’assistance
spirituelle et dut mourir sans confession, comme une volonté divine,
« car personne ne connaît le cœur des hommes hormis Dieu. Lui
aurait pu aider son âme. Telle est la volonté divine, même si c’est un
tribunal temporel qui l’a poursuivi ». Cette nouvelle lecture des faits,
prétendant que Dieu avait refusé au pauvre pécheur toute
miséricorde en raison de la gravité de ses fautes, ne fut cependant
pas approuvée par tous les témoins de l’exécution. Il semblerait que
quelques compagnons étrangers à la contrée aient eu la même
intuition que le lecteur d’aujourd’hui lorsqu’il prend connaissance
de ces témoignages : le pauvre homme était devenu fou durant sa
détention, et on n’aurait donc pas dû l’exécuter 69 .

Conclusions
25 L’objectif de ce travail était de mettre en lumière quelques aspects
des changements qui affectèrent les exécutions publiques, tant dans
leur forme que dans leur légitimation, au sortir du Moyen Âge. Les
rituels d’exécution pré-modernes ont nimbé les modes d’exécution
publique d’une aura d’ancienneté qui n’a que trop induit en erreur
les historiens eux-mêmes dans la formulation de leur problématique
comme dans leur étude du thème. Entre-temps, l’étude des rituels a
enseigné que de nouveaux éléments signifiants peuvent venir se
greffer autour du noyau central du rituel et donc favoriser
l’émergence d’une nouvelle lecture de celui-ci. En outre, il arrive que
des actions symboliques traditionnelles et des rituels soient
transférés avec le temps dans d’autres systèmes de sens et qu’ils
soient donc à interpréter différemment 70 . Il faut donc, tout en
tenant compte des continuités, accroître notre attention pour les
changements qui s’opèrent.
26 Dans les autres pays non plus, il n’existe pas d’études portant sur les
changements dans les rituels d’exécution à l’époque qui nous
intéresse, ce qui doit nous inciter à considérer les quelques
conclusions formulées ici comme des thèses nécessitant d’être plus
précisément étayées par des recherches détaillées. Cela vaut en
particulier pour l’intégration de symboles religieux dans les rituels
médiévaux d’exécution, ainsi que pour les changements dans les
modalités et dans la perception de la peine capitale au xvie et au
début du xviie siècle. En l’état actuel des recherches, le tableau est le
suivant.
27 Ce n’est qu’à partir du moment où la peine de mort est
régulièrement employée, c’est-à-dire pas avant 1400 dans l’Empire,
que les exécutions commencent à devenir des mises en scène
religieuses. Cette imprégnation religieuse des exécutions publiques
ne manque pas de se heurter à des résistances. Le juge suprême peut
parfaitement intervenir dans le déroulement de l’exécution pour
corriger la sentence rendue par le tribunal temporel. « Miracles de
potence » et tableaux représentant le jugement dernier en
témoignent. Avec la Réforme apparaît l’idée selon laquelle les arrêts
de mort prononcés par les tribunaux temporels et le déroulement de
l’exécution sont portés par la volonté de Dieu. C’est Dieu lui-même
qui fait sentir sa colère aux condamnés sous la potence, pour ensuite
leur accorder sa miséricorde dans l’au-delà. Cela crée une nouvelle
forme de légitimation de la peine de mort qui abolit les tensions,
caractéristiques du Moyen Âge, entre la justice temporelle et la
justice divine 71 . Les miracles de potence n’ont ici plus leur place,
puisqu’ils présupposaient une contradiction entre la volonté des
juges et celle de Dieu. Par ailleurs, certaines formes de mise à mort
qui intégraient la possibilité de l’intervention divine n’ont désormais
plus de raison d’être. Cela explique à mon avis la disparition
progressive de la mort par noyade au début de l’époque moderne. Le
tribunal temporel n’a plus besoin de s’en remettre à la providence,
puisqu’il en est lui-même devenu partie intégrante.
28 Dans la mesure où à partir du début de l’époque moderne, la peine
de mort ne tire plus seulement sa légitimité de la tradition et du
droit temporel, mais aussi de la volonté divine, le pouvoir temporel
se voit logiquement investi d’un plein droit de disposer des rituels
d’exécution. Certes, les coutumes médiévales relatives aux mises à
mort se maintiennent encore longtemps, mais elles se transforment
peu à peu en une coquille vide. Les assassins continuent à encourir le
cruel supplice de la roue, mais à partir de la fin du xvie siècle, la mort
lente qu’il entraîne est épargnée aux condamnés grâce au bourreau
qui étrangle sa victime à l’insu des spectateurs, avant le début de
l’exécution à proprement parler 72 . À partir du xvie siècle, il semble
que le bourreau ait fréquemment tué sa victime avant la mise au
bûcher comme avant le martyre sur la roue par une manipulation
inaperçue du public, abrégeant ainsi son calvaire. En outre, les liens
traditionnels entre crime commis, auteur et mode d’exécution à
employer commencent à se dissoudre. La mort sur ordre d’État doit
désormais être brève et indolore. Les exécutions à l’épée dominent à
partir du xviie siècle, prenant ainsi la place de la pendaison pour
devenir le mode de mise à mort le plus fréquemment employé 73 . Si
l’on considère ces évolutions sur le long terme, on peut donc
formuler la thèse selon laquelle la sacralisation de la justice
temporelle au début de l’époque moderne a permis l’abandon
progressif des traditions héritées du Moyen Âge. Il faudrait sans
doute vérifier si cela se produisit au même moment ou avec des
décalages selon l’appartenance confessionnelle de la magistrature.
Mais l’évolution que l’on peut déceler au début de l’époque moderne
finit par se généraliser et les liens qui unissaient traditionnellement
crimes et peines se distendent de plus en plus. Un processus de
rationalisation du déroulement des exécutions peut s’amorcer. La
voie est ouverte qui mènera à la guillotine.

NOTES
1. Pour un premier aperçu de l’état des recherches et de la bibliographie concernant ce
sujet, voir l’article Todesstrafe de l’historien du droit J. Weitzel dans Lexikon des Mittelalters,
viii, Munich-Zurich, 1997, col. 836-838, et D. Meurer, Todesstrafe, dans Handwörterbuch zur
deutschen Rechtsgeschichte, v, Berlin, 1998, col. 264-270.
2.« Den def scal men hengen ». Sachsenspiegel, Landrecht, éd. K. A. Eckhardt, Göttingen, 1955
(Bibliotheca rerum historicarum, Land- und Lehnrechtsbücher, 1), rééd. Aalen 1973, p. 141 :
Landrecht, II, 13, 1. Voir également à titre de comparaison Fr. Scheele, « Di sal man alle
radebrechen ». Todeswürdige Delikte und ihre Bestrafung in Text und Bild der Codices picturati des
Sachsenspiegels, I, Oldenburg, 1992, p. 66 et s.
3. Voir E. Cohen, To Die a Criminal for the Public Good: The Execution Ritual in Late Medieval Paris,
dans B. Bachrach et D. Nicholas (éd.), Law, Custom, and the Social Fabric in Medieval Europe:
Essays in Honor of Bryce Lyon, Kalamazoo, 1990, p. 285-304, ici p. 297. Voir aussi K.-S. Bader,
Zum Unrechtsausgleich und zur Strafe im Frühmittelalter, dans Zeitschrift der Savigny-Stiftung für
Rechtsgeschichte. Germanistische Abteilung, 112, 1995, p. 1-63, ici p. 32.
4. Sur l’origine germanique des modes d’exécution au Moyen Âge, voir notamment K. von
Amira, Die germanischen Todesstrafen. Untersuchungen zur Rechts- und Religionsgeschichte,
Munich, 1922 (Abhandlungen der Bayerischen Akademie der Wissenschaften, Philosophisch-
philologische und historische Klasse, 33, 3. Abhandlung), et B. Rehfeldt, Todesstrafen und
Bekehrungsgeschichte. Zur Rechts – und Religionsgeschichte der germanischen
Hinrichtungsbräuche, Berlin 1942.
5. Voir R. Schmidt, Todesstrafe, dans Realencyclopädie für protestantische Theologie und Kirche,
3e éd. Leipzig, 1896-1913, xix, p. 809 (à partir du xve siècle, augmentation sensible du
nombre de peines de mort prononcées).
6. Voir R. van Dülmen, Theater des Schreckens. Gerichtspraxis und Strafrituale der frühen Neuzeit,
Munich, 1985. L’ouvrage a depuis été réédité quatre fois. Voir aussi R. van Dülmen, Das
Schauspiel des Todes. Hinrichtungsrituale in der frühen Neuzeit, première parution dans R. van
Dülmen et N. Schindler (éd.), Volkskultur. Zur Wiederentdeckung des vergessenen Alltags,
Francfort, 1984. Nous avons ici utilisé la réédition de l’article dans Gesellschaft der frühen
Neuzeit : Kulturelles Handeln und sozialer Prozeß, Cologne, 1993, p. 103-156. Paru à peu près en
même temps que les premières études de van Dülmen, l’ouvrage de P. Spierenburg, The
Spectacle of Suffering. Executions and the Evolution of Repression: From a Preindustrial Metropolis to
the European Experience, Cambridge 1984.
7. Voir E. Cohen, The Crossroads of Justice. Law and Culture in Late Medieval France, Leyden-New
York, 1993 (Brill’s Studies in Intellectual History, 36); du même auteur, To Die a Criminal... cité n.
3.
8. Voir M. Merback, The Thief, the Cross and the Wheel. Pain and the Spectacle of Punishment in
Medieval and Renaissance Europe, Chicago, 1999; S. Y. Edgerton, Pictures and Punishment. Art
and Criminal Prosecution during the Florentine Renaissance, Ithaca, 1985.
9. O. Ulbricht, Einleitung, dans O. Ulbricht (éd), Von Huren und Rabenmüttern. Weibliche
Kriminalität in der frühen Neuzeit, Cologne, 1995, p. 1-38, ici p. 10.
10. À ma connaissance, la seule source faisant mention de la pendaison comme peine
encourue par les femmes est la charte communale de la ville suisse de Bade, datée de 1384.
Tous les voleurs, ist es denne ein man oder ein knab, oder ein tochter oder ein vnbekumberti frow,
doivent être pendus. Sammlung schweizerischer Rechtsquellen, xvi. Abteilung : Die Rechtsquellen
des Kantons Argau. I. 2. Die Stadtrechte von Baden und Brugg, éd. Fr. E. Welti et K. W. Merz,
Aarau, 1899, p. 44. Voir également, tout en gardant à l’esprit la singularité de cette source,
R. His, Das Strafrecht des deutschen Mittelalters, I, Weimar 1935, p. 493 et note 2. Il faudrait
toutefois vérifier si une femme a réellement été pendue en Bade au bas Moyen Âge, chose
qui n’a pas été possible dans le cadre de cet article.
11. Voir à ce sujet H.-P. Dürr, Nacktheit und Scham. Der Mythos vom Zivilisationsprozeß,
Francfort-sur-le-Main, 1994. Nous avons utilisé ici l’édition de poche, Francfort, 1998, p. 267.
12.One das allein, das man dheinen frowlichen Bilde Ir houpt abschlachen sol (cité d’après Ph. A.
Segesser, Rechtsgeschichte der Stadt und Republik Lucern, II, Lucerne, 1854, p. 625.
13.Der gleich frawen so der massen diebstall thätten. so man den Mann mit dem strangen richt. die
frawen zu ertrencken (Textbuch zur Strafrechtsgeschichte der Neuzeit. Die klassischen Gesetze, éd.
A. Buschmann, Munich, 1998, p. 12).
14.Maister Franntzn Schmidts Nachrichters inn Nürnberg all sein Richten, éd. A. Keller, Leipzig
1913, p. 9.
15.Ist zuvor nie erhört worden und nie geschehen, daß man zu Nürnberg ein Weibsbild hett mit dem
Strang gerichtet (Maister Franntzn... cité n. 14, p. 14).
16. P. Osswald, Nordhauser Kriminalakten von 1498-1657, dans Zeitschrift des Harzvereins, 24,
1891, p. 151-200, ici p. 175 et s.
17. Voir H.-Fr. von Tscharner, Die Todesstrafe im alten Staate Bern, thèse, Bern, 1936, p. 34.
18. G. Schwerhoff, Köln im Kreuzverhör. Kriminalität, Herrschaft und Gesellschaft in einer
frühneuzeitlichen Stadt, Bonn, 1991, p. 160. Pour d’autres exemples tirés du xvie et du début
du xviie siècle, voir H.-P. Dürr, Nackheit und Scham... cité n. 11, p. 439 et s.
19. Voir D. Marschall, De laqueo ruptu. Die mißlungene Hinrichtung durch den Strang (Bonner
rechtswissenschaftliche Abhandlungen, LXXIX), Bonn 1968 ; B. de Gaffier, Un thème
hagiographique : Le pendu miraculeusement sauvé, dans Revue belge d’archéologie et d’histoire de
l’art, 13, 1943, p. 123-148 ; H. Hattenhauer, Das Recht der Heiligen, Berlin, 1976. Dans une
perspective historique, on ne peut jusqu’à présent se référer qu’à Fr. Lotter, Heiliger und
Gehenkter. Zur Todesstrafe in hagiographischen Episodenerzählungen des Mittelalters, dans D. Berg
et H. W. Goetz (éd.), Ecclesia et Regnum. Beiträge zur Geschichte von Kirche, Recht und Staat im
Mittelalter. Festschrift für Franz-Josef Schmale zu seinem 65. Geburtstag, Bochum, 1989, p. 1-21. La
thèse originale et convaincante que Lotter développe ici est la suivante : on peut déduire
des récits de pendus miraculeusement sauvés dans l’hagiographie du bas Moyen Âge que
l’Église concède maintenant au pouvoir temporel le droit d’user de la peine de mort,
contrairement à ce qui se passait au haut Moyen Âge. Les récits de miracles des xive et xve
siècles ne mettent ainsi en scène que des condamnés innocents sauvés par l’intervention
d’un saint. Voir p.18 ets.
20. Nombreux exemples dans D. Marschall, De laqueo ruptu... cité n. 19, p. 43 et s. Voir aussi
les exemples tirés des chroniques suisses dans H.-Fr. von Tscharner, Die Todesstrafe... cité n.
17, p. 121 et s.
21. Voir D. Marschall, De laqueo ruptu... cité n. 19, p. 46.
22. Voir Ch. Helfer, Henker-Studien, dans Archiv für Kulturgeschichte, 46, 1964, p. 334-359 ; 47,
1965, p. 96-117, ici p. 116. On ne dispose pas d’étude systématique de ce thème. On
rencontre parfois dès le xve siècle l’opinion selon laquelle il ne faut pas se laisser perturber
par une exécution ratée. Ce point de vue était apparemment minoritaire et ne s’imposa pas.
Voir, pour l’année 1466, J. Müllner, Die Annalen der Reichsstadt Nürnberg von 1623, II, 1351-1469,
éd. G. Hirschmann, Nürnberg, 1984 (Quellen zur Geschichte und Kultur der Stadt Nürnberg, 2), p.
567 et s.
23. Pour plus de détails, voir P. Schuster, Eine Stadt vor Gericht. Recht und Alltag im
spätmittelalterlichen Konstanz, Paderborn, 2000, p. 220-226.
24. Sur la noyade comme jugement divin, voir l’argumentation de H. von Hentig, Die Strafe.
I. Frühformen und kulturgeschichtliche Zusammenhänge, Berlin 1954, p. 300. En ce qui concerne
le supplice de la tombe, l’état des sources est moins bon que pour celui de la noyade.
L’enterrement vivant était sans doute moins pratiqué. On ne peut cependant manquer de
constater que ces deux supplices offraient quelques chances de survie. Voir von Amira, Die
germanischen Todesstrafen... cité n. 4, p. 151s. Dans la Bambergensis de 1507, le supplice de la
tombe est évoqué comme une peine plus lourde que la noyade : Item welche weyb jr kindt...
ertödet, die werden gewonlich lebendig vergraben vnd gepfelet. Aber darinnen verzweyffellung zu
verhüten, mögen dieselben vbeltheterin, in welchem gericht die bequemheyt des wassers darzu
verhanden ist, ertrenckt werden ; wo aber sölich vbel offt geschehe, wöllen wir die gemelten
gewonheyt des vergrabens vnd pfelens, vmb merer forcht willen sölcher boshafftiger weyber, auch
zulassen, oder aber das vor dem ertrencken die vbeltetterin mit gluenten zangen gerissen werde, alles
nach rate der verstendigen (Textbuch zur Strafrechtsgeschichte... cité n. 13, p. 61, Bambergensis,
art. 156).
25. Voir plus précisément P. Schuster, Eine Stadt vor Gericht... cité n. 23, p. 222 et s. Pour
d’autres explications des peines réservées aux femmes, voir notamment E. Cohen, The
Crossroads of Justice... cité n. 7, p. 96 et s. Sa thèse selon laquelle des modes spécifiques
d’exécution auraient été employés pour les femmes car on craignait qu’elles ne se
transforment en revenantes particulièrement dangereuses s’inscrit dans le prolongement
d’anciennes interprétations formulées par l’histoire du droit, qui cependant ne sont pas
réellement éclairantes, à mon avis, pour le bas Moyen Âge. De plus elles ne permettent pas
d’expliquer pourquoi la noyade, par exemple, était également employée comme mesure de
clémence pour les jeunes criminels. On ne voit pas vraiment non plus pourquoi les femmes
auraient été des revenantes particulièrement craintes. Signalons également ici que la thèse
selon laquelle on n’aurait pas pendu de femmes pour des raisons de décence semble peu
plausible. Il était tout à fait possible d’empêcher tout regard déplacé. Le chevalier Arnold
von Harff décrit dans son récit de pèlerinage comment on nouait, en Espagne, les jupes des
femmes pendues au dessous du genou : voir Kl. Herbers et R. Plötz, Nach Santiago zogen sie.
Berichte von Pilgerfahrten ans « Ende der Welt », Munich, 1996, p. 218, et la gravure p. 219. Au
sujet de cette pratique au xvie siècle, voir H.-P. Dürr, Nacktheit und Scham... cité n. 11, p. 269
et s. Reste à expliquer pourquoi, en Espagne, on procédait dès les années 1490 à des
pendaisons de femmes. Un récit de miracle atteste de la pendaison d’une femme dès 1417.
Lors du présent colloque, Mme Gauvard a évoqué aussi des pendaisons de femmes ayant eu
lieu en France dès le xve siècle. J’insiste sur ce point : en ce qui concerne l’empire allemand,
je n’ai pas connaissance de pendaison de femme qui aurait eu lieu avant les cas cités plus
haut, qui datent de la seconde moitié du xvie siècle. J’expliquerais cette différence par la
réception plus tardive du droit romain dans l’empire. Quoi qu’il en soit, une approche
comparative internationale offre d’intéressantes perspectives à l’étude des rituels
d’exécution.
26. Gravure dans U. Tengler, Der Neu Layenspiegel von 1514 – von rechtmäßigen Ordnungen in
bürgerlichen und peinlichen Gerichten. Gedr. in Straßburg o. J. (SUB Göttingen 4 J Germ I 6105).
Sur la difficulté à définir la place de l’homme d’Église dans la composition de l’image, voir
U. Andermann, Das Recht im Bild. Vom Nutzen und Erkenntniswert einer historischen
Quellengattung (Ein Forschungsüberblick), dans A. Löther et alii (éd.), Mundus in imagine.
Bildersprache und Lebenswelten im Mittelalter. Festgabe für Klaus Schreiner, Munich, 1995, p. 421-
452, ici p. 437.
27. Voir reproduction dans W. Schild, Die Halsgerichtsordnung der Stadt Volkach, Rothenburg
o.d.T., 1997(Schriftenreihe des Mittelalterlichen Kriminalmuseums Rothenburg o.d.T., 2), p. 37.
28. Reproduction dans Fr. Merzbacher, Das « Alte Halsgerichtsbuch » des Hochstifts Eichstätt.
Eine archivalische Quelle zur Geschichte des Strafvollzugs im 15. und 16. Jahrhundert und zur
rechtlichen Volkskunde, dans Zeitschrift der Savigny-Stiftung für Rechtsgeschichte. Germanistische
Abteilung, 73, 1956, p. 375-396, ici p. 376.
29.Zu dieser Zeit war es gebräuchlich, solche Übeltäter auf eine Schleifen hinter sich zu legen, daß
ihnen der Kopf aufs Pflaster gehangen, und also bis zur Richtstatt auszuschleifen, und haben sich
bisweilen Leut gefunden, die aus Mitleiden ihnen den Kopf getragen. Diesem Mörder aber hat
niemand den Kopf tragen wollen. (J. Müllner, Die Annalen... cité n. 22, p. 501).
30. Ses ennemis se tenaient, impatients, aux fenêtres des troquets, tandis que sa femme, sa
famille et ses amis, craignant des débordements de la part de leurs ennemis, n’étaient pas
présents (Uxor eius et omnes eius filii et amici fugerunt et recesserunt, nescientes ubi possint esse
securi ac tuti) : Die Chroniken der deutschen Städte des 14. bis ins 16. Jahrhundert, xxii, Augsbourg-
Göttingen, 1965, rééd. de l’éd. de Leipzig, 1892 (Historische Kommission der Bayerischen
Akademie der Wissenschaften), p. 437.
31.Die allerschönesten gepet gesprochen, das er vil leutt zu ainer erbärmbt bewegt hat (ibidem).
32. Voir à ce sujet l’étude devenue classique de B. Möller, Frömmigkeit in Deutschland um 1500,
dans Archiv für Reformationsgeschichte, 56, 1965.
33.Die Chroniken der deutschen Städte... cité n. 30, x, Göttingen, 1961, rééd. de l’éd. de Leipzig,
1872, x, p. 348 (Nuremberg, 1476).
34. Voir E. Cohen, The Crossroads of Justice... cité n. 7, p. 198.
35. Caesarius von Heisterbach, Dialogus miraculorum, éd. Joseph Strange, II, Cologne, 1851, p.
204.
36.Atque sic, isto prohibente, sine confessione fuerunt suspensi (Cronica Fratris Salimbene, MGH,
Scriptores, XXXII, Hanovre, 1905, p. 330).
37. Voir H. Hetzel, Die Todesstrafe in ihrer kulturgeschichtlichen Entwicklung. Eine Studie, Berlin,
1870, p. 79, avec de nombreux exemples de sources. Sur la position de l’Église primitive, voir
Fr. Lotter, Heiliger und Gehenkter... cité n. 19, p. 8 et s., avec là aussi beaucoup de citations
tirées des sources.
38.De potestate saeculari asserimus, quod sine peccato mortali potest iudicium sanguinis exercere,
dummodo ad inferendam vindictam non odio, sed iudicio, non incaute, sed consulte procedat (H.
Denzinger, Enchiridion symbolorum, Fribourg 1937, p. 198).
39. H. Hetzel, Die Todesstrafe... cité n. 37, p. 105.
40. H. Hetzel, Die Todesstrafe... cité n. 37, p. 104. Je n’ai hélas pas pu avoir accès à la source
citée à cet endroit.
41. Voir à titre d’exemple H. U. Schmid, Eine bairische Predigtsammlung des späten 13.
Jahrhunderts, dans v. Mertens et H.-J. Schiewer (éd.), Die deutsche Predigt im Mittelalter,
Tübingen, 1992, p. 55-91, ici p. 80.
42. Au sujet de ces représentations du jugement dernier, voir G. Troescher,
Weltgerichtsbilder in Rathäusern und Gerichtsstätten, dans Westdeutsches Jahrbuch für
Kunstgeschichte. Wallraff-Richartz-Jahrbuch, xi, 1939, p. 139-214; Kr. Eldys Sorensen Zapalac,
« In His Image and Likeness ». Political Iconography and Religious Change in Regensburg, 1500-1600,
Ithaca, Londres, 1990; également W. Schild, Bilder von Recht und Gerechtigkeit, Cologne, 1995.
43.Got is selve recht, dar umme is em recht lef. Dar umme sen se sek vore alle de, den gerichte van
Goddes halven bevolen is, dat se also richten, dat Goddes torn unde sin gerichte gnedeleken over se
ingan mote (Sachsenspiegel... cité n. 2, p. 51s.). Voir P. Schuster, Eine Stadt vor Gericht... cité n.
23, p. 179.
44.Wo der Richter richtet, in derselben Statt und in derselben Stunde, so sitzet Gott in seinem
göttlichen Gerichte über den Richter und über dem Schöppen. Und darum soll ein jeder Richter in
dem Rathaus lassen malen das streng Gericht unseres Herrn Jesu Christi (Daniels, Fr. von Gruben,
Das sächsische Weichbildrecht, 1858, col. 156, l. 16 et s.).
45. Voir Corpus Iuris Canonici, éd. E. Friedberg, II, Graz, 1935, col. 1190.
46. Jean Gerson, Œuvres complètes, éd. P. Glorieux, vii, Paris, 1966, no 323. Voir également à
ce sujet P. Schuster, Eine Stadt vor Gericht... cité n. 23, p. 270.
47.Das thät ain rath und wurden an dem dritten tag ertränkt. Uff das ward ain maistails des rathes,
das man fürohin allen verurtheilten sölt das sacrament geben, die seins begerten, StadtA Konstanz,
A I 8 (Schulthaiß, Collectaneen), p. 136. La chronique de Gregor Mangolt (1544) date cette
décision du conseil de l’année 1435. Pour l’évolution d’ensemble de l’évêché de Constance,
P. Schuster, Eine Stadt vor Gericht... cité n. 23, p. 270 et s. À ma connaissance, la seule allusion
au droit des condamnés à se confesser datant du xive siècle se trouve dans la charte
communale de Goslar. Il y est écrit au livre III : Wert en upgeholden, over dene men richten wel
unde schal, dene schal men bichten laten (Das Stadtrecht von Goslar, éd. W. Ebel, Göttingen, 1968,
p. 160). Cette charte n’est pas toutefois pas datée. Pour Ebel, la rédaction a dû se situer entre
1330 et 1350. Voir ibidem, p. 20 et s.
48. Voir M. L. Bulst-Thiele, Johannes von Frankfurt (+ 1440). Professor der Theologie an der
Universität Heidelberg, Rat des Pfalzgrafen und Kurfürsten Ludwigs III., dans W. Doerr (éd.),
Semper apertus. Sechshundert Jahre RuprechtKarls-Universität Heidelberg, I, Berlin, Heidelberg,
1986, p. 136-161, ici p. 146.
49.Dodurch den reten ein nochrede gemaht hat, als obe sie ine mit martel gezwungen hetten die
unworheit zu sagen (Strassburger Zunft- und Polizei-Verordnungen des 14. und 15. Jahrhunderts, éd.
J. Brucker, Strasbourg, 1889, p. 21).
50.Ibidem, p. 20-22. Sur cette source, voir aussi U. Israel, Johannes Geiler von Kaysersberg (1445-
1510). Der Straßburger Münsterprediger als Rechtsreformer, Ber-lin, 1997 (Berliner Historische
Studien, 27), p. 264 et s.
51. ...Quamvis contriti confessique signa poenitencie manifesta exhibeant, Eucharistie tamen
salutifere sacramentum denegetur : The Works of Peter Schott (1460-1490), éd. A. Murray et M. L.
Cowie, Chapel Hill, 1965, no 210, p. 218.
52. Voir U. Israel, Johannes Geiler... cité n. 50, p. 266 et s.
53. Voir Textbuch zur Strafrechtsgeschichte... cité n. 13, p. 52 (Bambergensis, art. 124).
54. Cette pensée se retrouve également dans la Bambergensis. Il fallait recommander
expressément aux confesseurs de ne pas inciter les condamnés à rétracter leurs aveux. Voir
Textbuch zur Strafrechtsgeschichte... cité n. 13, p. 52 (Bambergensis, art. 124a). On y apprend
que cela se serait produit à plusieurs reprises dans le passé :...So haben etlich Beichtveter ein
myssbrauch, das sy die ar men in der Beicht vnterweisen, jr sage, so sie mit der warheit getan haben,
am leczten zu widerrüfen (ibidem, p. 30s., Bambergensis, art. 38).
55. Voir H. Schnabel-Schüle, Kirchenzucht als Verbrechensprävention, dans H. Schilling (éd.),
Kirchenzucht und Sozialdisziplinierung im frühneuzeitlichen Europa, Berlin, 1994 (Zeitschrift für
Historische Forschung, Beihefte 16), p. 49-64, ici p. 51. H. Schnabel-Schüle met en évidence
une évolution importante du début de l’époque moderne, pendant laquelle « le système
pénal trouva un ancrage en chacun grâce à la représentation d’un Dieu vengeur ».
L’importance de cette césure est en général rejetée par les protestants. On lit ainsi chez R.
Schmidt en 1907 (Todesstrafe, cité n. 5, p. 809) : « La doctrine protestante n’a au fond pas
apporté de changement de point de vue ». L’auteur concède cependant après : « Toutefois,
chez Luther comme chez Calvin, l’application de ce principe aboutit moins à un laisser-faire
tacite qu’à une approbation directe de la peine de mort ». Sur l’attitude des réformateurs
face à la peine de mort, voir également E. Wettstein, Die Geschichte der Todesstrafe im Kanton
Zürich, Diss. iur., Zurich, 1957, Winterthur, 1958, p. 135-142. Wettstein arrive à la conclusion
que « la Réforme conduisit à un durcissement de la justice pénale » (ibidem, p. 142).
56. Citation tirée de R. Schmidt, Todesstrafe, cité n. 5, p. 809. Selon le réformateur, une
justice clémente ou négligente attirerait le châtiment divin :...Hat er (= Gott) dagegen geordnet
schwerd, galgen, rad, feur, wasser etc. damit er heisset weren und steuren denen so nicht wollen from
sein. Wo aber dasselbige nicht geschicht, sondern ein gantz land boese und verkeret wird, das der
hengker nicht weren kan, schicket er pestilentz, teurung, krieg oder andere greuliche plage... (Martin
Luther, Werke. Kritische Gesamtausgabe, XXIX, Weimar, 1904, p. 564 et s.).
57.Wann christlich oberkeit nach Gots bevelch das schwert braucht, nicht sie, sonder Got selbs durch
sie straft und rach übet (Die evangelischen Kirchenordnungen des xvi. Jahrhunderts, éd. E. Sehling,
xi, Bayern-Franken-Tübingen, 1961, p. 131).
58.Die obrigkait tregt das schwert nicht umbsonst. Sie ist Gottis dienerin und ein racherin zur straf
uber den, der böses tut (ibidem, p. 222).
59. On se reportera aux exemples de P. Schuster, Eine Stadt vor Gericht... cité n. 23, p. 179.
60.Darumb, wann die obrigkeit ein ubeltheter mit recht und urteil tötet, so ists eben als vil, als het
ihn Got selbs getötet, dan sie tuns aus Gottis bevelh und ordnung, wie Sanct Paulus zun Römern am
13.[1-5] capitel leret (Die evangelischen... cité n. 57, p. 222). On retrouve de telles idées sur une
« table de serment » réalisée à Nördlingen en 1615, sur laquelle le tribunal a les attributs du
représentant de Dieu sur terre. Voir A. Kugler, Eidschwörtafel, dans W. Jahn et alii (éd.), Geld
und Glaube. Leben in evangelischen Reichsstädten. Katalog zur Ausstellung im Antonierhaus,
Memmingen 12. Mai bis 4. Oktober 1998, Augsbourg, 1998 (Veröffentlichungen zur Bayerischen
Geschichte und Kultur, 37/98), p. 229-231.
61. Le droit à confesse se trouve d’ailleurs aussi dans la Carolina, suivant le texte de la
Bambergische Halsgerichtsordnung. Voir Textbuch zur Strafrechtsgeschichte... cité n. 13, p. 137
(Constitutio Criminalis Carolina, art. 102). Voir aussi H. von Hentig, Die Strafe. II. Die modernen
Erscheinungsformen, Berlin 1955, p. 32.
62.Die evangelischen... cité n. 57, p. 532.
63.Mit solchen Leuten und an solchem ort wil sich scharpfe kunst und sub tilikeit nit leiden. Voir Die
evangelischen Kirchenordnungen, éd. E. Sehling, xiii, Tübingen, 1966, p. 583 et s.
64.Hat er (= Gott) dich jetzo in sein gericht genummen und also gefasset, das du nicht mer entlaufen,
sonder den tod, wie du verdient hast, leiden must, das du es greifen must, Gott sei erzürnet und wölle
dir dein schalkheit nit lenger zusehen... Gottes zorn sei umb deiner sünden willen uber dich kommen.
So nun ihm das herz brechen beginnet und weich zu werden, sol man mit dem trost auf Gottes güte
und des künftigen lebens weiterfaren (ibidem, p. 534).
65.Denn so Gott mit ungnaden gegen dir het handeln wöllen, het er dich ob frischer tat erwürgen, den
hals abfallen oder sunst umbringen lassen und also gerichtet, wie er dich gefunden het in deinen
sünden. Da wer gewißlich der ewige tod aufgefolget: denn auf die sünde gehört der tod. Nun aber
beweiset er dir diese genad, das er nicht nach der streng mit dir handeln, sonder, ob du es wol nit
verdient hast, dennoch seine gnade dir beweisen und dich zu eim kinde annemen und dein sünd dir
vergeben wölle. (...) Solche gnad lern erkennen und sei Gott dafür dankbar, das er mit dir armen
sünder so gnedig und väterlich handelt! (ibidem, p. 533).
66.Ja, sprichstu, es ist aber schendlich, also umb der sünden sterben vor jederman. Wolan, du hast
keinen andern tod verdienet. Darumb trag in, wie es deine sünd dir auflegen und mit sich bringen!
Darneben vergiß dennoch auch nit der ehr, so an solchem schmehlichen tod, wie du leidest, hanget!
(...) Zum andern ist dis auch ein ehr, welche du in deinem sterben solt erkennen lernen, das eben
diser tod, weil er aus Gottes ordnung umb deiner sünden willen dir ist aufgelegt, ein werk ist, in
welchen du Gott, als deinem Herrn, den letzten gehorsam leisten solt. denn weil du Gott in dem bist
ungehorsam gewest, das du die sünd geflohen hettest, solt du jetz im in dem gehorsam sein, das du
solche verdiente straf willig und gern leidest. (...) Solcher gehorsam, weil er ein recht gut werk ist,
wird auch seine frücht mit sich bringen nemlich: das, gleich wie du andere durch dein sünd geergert
hast, etliche jetzund durch dein sterben wider bessern würdest, welche in der gleichen sünd auch
fallen mochten, nun aber sich an deinem exempel stoßen, Gott fürchten und vom bösen werden
ablassen. (...) Darumb sei getrost! Die schand sol sich in eim augenblick wandeln. Wenn der cörper in
unehren da am galgen hengt oder in der erden ligt, werden die engel dein seel in allen ehr Got
entgegen tragen (ibidem, p. 535 et s).
67.Der Scheffer Christlich gestorben, der Lang aber nicht beten wöllen, nichts von Gott sagen, auch
den Namen Christi nicht bekennen wolln, was man in von Gott gefragt, allwegen gesagt, er weiß nit,
er kün es nit sagen, oder nachbeten, (...) ist ihm das Nachtmal niht gereicht worden, also in seinen
Sünden gestorben, und bey dem galgen Niedergefalln, als wenn ihn die böse Kranckheyt würget, war
ein Gottloser Mensch (Maister Franntzn... cité n. 14, p. 61).
68.Hat sich gestellt, als könne er uff kein fuß treden, also, daß man in hinaus tragen müssen, gar
nicht gebettet, die priester stillschweigen heissen, er wiß vor wol, er möge es nicht hörn, machen im
den kopf thol, wie er gestorben, das weyß Got wol (ibidem, p. 48). Le bourreau de Nuremberg
accorde aussi une attention particulière aux condamnés dont le comportement est
exemplaire. Voir aussi à ce sujet H. von Hentig, Die Strafe. II. Die modernen... cité n. 61, p. 40.
69.Dan ye niemand das hertz erkent dan gott, der selb hat jm wol an der seel kinden zuhilff kumen,
ist es sein gettlicher will, wan man schon mitt jm firtruckt ist mit dem weltlichen gericht, etc. (...) Da
redtten die frembden hantwercksgsellen fil von der sach, man selte jn nit ertrenckt haun, er sey nit
bey synnen, man hette jn an filen orten nitt gededt (cité d’après H.-Fr. von Tscharner, Die
Todesstrafe... cité n. 17, p. 130).
70. Voir D. Nirenberg, Violence et minorités au Moyen Âge, éd. orig. Princeton (N.J) 1996,
trad.fr. Paris, 2001, p. 304.
71. On ne dispose pas de tentative de quantifications comparées. Voir le bilan dressé par G.
Schwerhoff, Köln im Kreuzverhör... cité n. 18, p. 468. Celui-ci indique que le nombre des
exécutions augmenta dans la plupart des villes à la fin du xvie siècle, c’est-à-dire au moment
où les changements décrits s’opérèrent. Pour une vue d’ensemble de cette évolution au xvie
siècle, il faudrait se rappeler que dans les territoires, ce n’est qu’à partir de la fin du xve
siècle que l’on procéda régulièrement à des exécutions. Il n’existe pas d’étude sur ce point.
72. Voir R. Evans, Öffentlichkeit und Autorität. Zur Geschichte der Hinrichtungen in Deutschland
vom allgemeinen Landrecht bis zum Dritten Reich, dans H. Reif (éd.), Volk und Obrigkeit. Studien
zur Geschichte der Kriminalität in Deutschland seit dem 18. Jahrhundert, Francfort-sur-le-Main,
1984, p. 185-258, en particulier p. 187 et s., et Ch. Helfer, Henker-Studien, cité n. 22, p. 112-
114. La première mort ayant précédé le supplice de la roue est apparemment attestée en
1591.
73. Voir von H. Hentig, Die Strafe. I. Frühformen... cité n. 24, p. 206.

NOTES DE FIN
*. Texte traduit. Une version antérieure, en allemand, est parue sous le titre,
Hinrichtungsrituale in der beginnenden Neuzeit : Anfrangen aus dem Mittelalter, dans H. Schnabel-
Schüle et H. Rudolph (éd.), Rahmenbedingungen des Strafrechts in der Frühen Neuzeit, Trier,
2003.
Conclusions
Claude Gauvard et Jacques Chiffoleau

1 Cette réflexion sur les pratiques sociales de la justice et les politiques


judiciaires est le fruit de rencontres successives dont le calendrier
s’est étalé sur plusieurs années, à Rome, à Paris et à Avignon. Elle est
surtout le résultat d’un projet commun qui, depuis une vingtaine
d’années, unit les chercheurs italiens et français et les rend attentifs
aux travaux menés sur l’histoire des normes et leur application
judiciaire. Les spécialistes de l’histoire du droit, en particulier du
droit pénal qui est privilégié ici, ont mêlé leurs réflexions à celles des
historiens de la criminalité. Qu’il soit permis de rendre un hommage
ému à l’un des leurs, Mario Sbriccoli, disparu brutalement cet été
2005, au moment où la parution de ces rencontres s’enrichit de la
traduction de son article fondateur. Il aurait aimé, par ses
recherches, en prolonger la teneur, mais ce recueil témoigne du
dialogue qui s’est construit entre les disciplines et qui se poursuivra
avec sa pensée.
2 Comme le souhaitait Andrea Zorzi en introduisant ces rencontres, les
espaces urbains allant de la Flandre à l’Italie du Nord et du Centre, le
fameux « Urban belt » de l’Europe ancienne, ont constitué le champ
privilégié de cette recherche. C’était rendre aux villes une
composante fondamentale de leur identité qu’elles revendiquent
depuis le xiie siècle, sous la forme de l’adage justicia est anima civitatis.
Dès la rédaction des chartes de franchises, les clauses concernant la
justice ont largement contribué à fonder le droit urbain, au civil
comme au criminel ; les institutions judiciaires, qui en ont découlé,
ont structuré le gouvernement des villes ; les rituels mis en place,
dont on a pu décrire la minutie et la pérennité jusqu’à la fin du
Moyen Âge, ont contribué à lier la justice à la société. La justice se
présente donc comme un élément de cohésion dont les institutions
viennent fortifier le gouvernement spécifique de la ville. Tout un
discours sur la « paix » et la « liberté » en est issu, qui justifie
idéologiquement la politique urbaine, aussi bien à l’intérieur qu’à
l’extérieur de la ville. Droit urbain, institutions et discours
permettent à la ville de se définir et de s’imposer à son territoire
proche, de construire son contado. Les justiciables des campagnes
avoisinantes en sont conscients car ils ne craignent pas de se rendre
à la ville pour régler leurs contentieux devant les tribunaux, en
même temps qu’ils peuvent vider leurs querelles en ses rues. La ville,
source de justice et de publicité, est un lieu privilégié pour réparer
l’honneur blessé.
3 L’ancrage urbain de la rencontre n’a pas seulement d’incidences
géographiques. Comme l’a souligné Pierre Monnet dans ses
remarques conclusives, il fallait tenir compte du temps, c’est-à-dire
des évolutions chronologiques. Il s’agissait de mettre en relation,
entre 1200 et 1500, l’urbanisation et la diffusion d’un droit écrit et de
nouvelles formes de procédures, mais aussi de prendre en
considération l’évolution dynamique qui marque le système
communal lui-même et agit, avec des décalages chronologiques ici et
là, dans une double direction : l’oligarchisation d’un côté et la
transformation de l’organe représentatif qu’est le Conseil en une
autorité (Obrigkeit) de l’autre. Si le droit change pendant la période,
la ville change également, de sorte que la rationalisation indéniable
de la procédure à partir de 1200 ne signifie ni déritualisation ni
désacralisation, mais déplacement des rituels comme le montre à
l’évidence l’évolution des villes au sein du royaume de France. La
prise en compte du cadre chronologique invite également à mieux
mettre en rapport, dans la ville, une double maîtrise : d’un côté celle
du droit et de la production de normes tournées vers l’avenir, en vue
de la résolution de conflits et de désordres futurs, et la maîtrise du
passé de l’autre, par une communauté citadine en quête de ses
origines. Il a pu être montré, par exemple à Florence, que la mémoire
juridique et la mémoire historique sont liées et participent d’un
même processus, dont la diffusion de l’écrit et la création d’écoles
puis de studia est un signe accélérateur, invitant l’historien du droit
de la ville à rapprocher cartulaires, chroniques urbaines et registres
de justice. De ce lien entre mémoire juridique et mémoire historique,
les traités citadins de bon gouvernement, qui se multiplient par
exemple dans les villes allemandes du xve siècle sous la plume de
magistrats des Conseils, se font largement l’écho. Il reste encore à
s’interroger de façon plus approfondie sur la nature des cartulaires
urbains des villes du Nord du royaume de France, et sur leur lien
avec le « bien gouverner ».
4 Si les travaux de Max Weber n’ont guère été évoqués au cours de ces
rencontres, ils courent cependant en filigrane, en particulier l’idée
que les systèmes judiciaires ont été l’un des principaux instruments
grâce auquel les pouvoirs centralisateurs ont permis d’acquérir le
monopole sur la violence et la vengeance, et cela dès les derniers
siècles du Moyen Âge que l’on peut considérer comme une phase
importante de la construction de l’État moderne. Il est bien évident
que les pratiques de la justice dans les villes ne peuvent pas être
comprises sans faire référence à ces emboîtements centralisateurs
qui articulent le paysage politique et qui sont décisifs pour définir
les pouvoirs, mais aussi les modèles. Or ces modèles sont nombreux,
qu’il s’agisse de l’Église dont on a pu saisir les diverses formes
d’influence, juridique et institutionnelle, des royaumes ou des
principautés. Encore fallait-il placer la ville dans l’échiquier de ces
modèles et de ces politiques judiciaires. La ville se conçoit elle-même
comme un modèle idéal, celui de la civitas. Elle se proclame îlot de
non-violence, comme le rappelle le jeu de mots célèbre contenu dans
la maxime énoncée par Jean de Viterbe vers 1250, dans le Liber de
regimine civitatum, qui décompose les trois syllabes de la civitas en
citra vim habitas. Les élites urbaines se targuent aussi de défendre le
Bien commun, dont la mention a surgi dans la quasi-totalité des
exemples. Comme l’a dit aussi Pierre Monnet, ce point paraît
d’autant plus important que la période retenue voit aboutir un
mouvement millénaire de pensée politique qui érige le Bonum
commune en triple principe de légitimation, de limitation et
d’obligation du pouvoir souverain. L’ordre juridique s’insère dans
une sorte d’instrumentalisation du bien commun qui sert à la fois à
justifier le pouvoir communal et à le contester. Ainsi l’emploi par
l’autorité urbaine de l’argument du Bien commun tel qu’il apparaît
dans de nombreux préambules aux ordonnances et aux droits
urbains peut servir à apprécier le degré non seulement d’efficacité
mais également d’adhésion à un ordre juridique complexe car lié à
l’existence du couple que forme la justice et la paix. L’une et l’autre
contribuent à ordonner, à marquer et à polariser l’espace urbain,
tandis que l’idéologie du Bien commun contribue à faire entrer
l’individu dans le droit. Le juge et le Bien commun ne veulent-ils pas
la même chose ?
5 En rendant à la ville son rôle pionnier dans le développement de
l’idéologie judiciaire, il a été possible de percevoir à quel point elle
en tire puissance, ce qui lui permet de s’imposer comme contre-
pouvoir vis-à-vis des autorités princières ou royales. La ville, en
matière judiciaire, a souvent l’avantage de l’antériorité par rapport
au pouvoir princier ou royal et elle se bat pour le maintenir en
affirmant haut et fort qu’elle a été garante du bien être général, du
bien public, avant que le prince, entendu dans le sens large de prince
territorial ou de roi, ne s’empare de cette notion au cours du xiiie
siècle. En témoignent de nombreux combats juridiques et politiques,
parfois même militaires, entre les villes et l’État pour confisquer le
monopole de l’exercice de la justice et défendre le droit pour les
bourgeois d’être jugé par des juges propres à la ville. La diversité des
institutions judiciaires a permis aux villes de jouer sur les rivalités et
de développer des stratégies de survie dans des contextes politiques
centralisateurs, sans doute plus longtemps en Flandre et surtout en
Italie que dans le royaume de France. Dans ce dernier, la sujétion
s’est rapidement fait sentir et le roi a ritualisé et apprivoisé le droit
urbain qu’il a fait sien en l’accordant désormais comme un don, sous
forme de privilèges. Par ailleurs, l’appel au Parlement instituait une
hiérarchie obligée, au point que les grandes villes du royaume
avaient auprès de ce tribunal leurs juristes attitrés, chargés de
défendre leurs intérêts. L’évolution a été plus convulsive en Flandre
où les grandes villes ont bien résisté en boudant l’action
centralisatrice du Parlement de Paris. Mais, comme l’a rappelé Marc
Boone lors des discussions, quand le pouvoir ducal devient
éminemment centralisateur à partir de 1435 environ, ce même
Parlement de Paris joue le rôle d’un recours pour les villes flamandes
car il est source de résistance à la politique ducale. Elles ne se
privent pas alors de faire appel à lui tandis qu’elles rejettent
l’éphémère Parlement de Malines, créé par le Téméraire, qui sombre
d’ailleurs avec lui en 1477.
6 L’une des originalités des travaux a été justement de ne pas s’en
tenir à une vision centralisatrice simpliste. Les liens verticaux ont pu
jouer dans les deux sens, des villes qui ont pu servir de modèle au
prince et du prince aux villes. Des liens horizontaux ont pu aussi être
construits entre villes. Les chartes de franchises et les arrêts et jugés
sont souvent devenus source de droit pour d’autres villes et se sont
ainsi appliqués en réseau. La justice constitue alors un élément de
communication et d’uniformisation qui ne passe pas obligatoirement
par le contrôle du prince. Encore faut-il réfléchir au degré
d’horizontalité qui unit les différentes villes, car si l’exercice de la
justice favorise la formation de ces réseaux jusque dans les
applications les plus concrètes (mise en circulation de listes de
bannis, recrutement de bourreaux communs, etc.), il dessine très
vite en leur sein une hiérarchie. C’est le cas du « chef de sens » en
Flandre. Ce système, qui unit étroitement l’exercice de la justice
urbaine à la fiscalité, se développe au milieu du xive siècle dès
l’instant où les grandes villes flamandes, Gand, Bruges et Ypres
divisent le territoire du comté en « quartiers ». C’est le temps où,
sous le gouvernement de Jacques Artevelde, ces grandes villes
flamandes, à commencer par Gand, se transforment aussi en « cités-
états » et dominent les villes du comté, petites et moyennes. Ce
système règle de façon pacifique les oppositions entre les villes et
permet leur cohabitation, mais il ouvre sur d’autres conflits de
nature politique car un rapport de force s’établit avec le prince dont
l’objectif consiste à démanteler le « chef de sens » pour le remplacer
par un système d’appel devant les juges professionnels des cours de
justice princière. La justice est bien devenue à la fin du Moyen Âge
un enjeu de pouvoir dont l’exercice ne se partage pas et la plupart
des villes de l’espace européen en sont les premières victimes quand
s’affirme la victoire du principe centralisateur.
7 Cette lutte devenue inégale n’est pourtant pas celle d’une justice
démocratique contre celle de privilégiés. En dépit de l’idéal de paix
et de bien commun que véhicule la justice urbaine, et des adages
selon lesquels le jugement doit être égal pour tous, riches et pauvres,
la ville n’est pas porteuse d’égalité en la matière. Le paysage social y
est, on le sait, profondément différencié et la justice contribue à
élargir les fossés entre les groupes sociaux plutôt qu’elle ne les
efface, stigmatisant les uns, privilégiant les autres. Le droit urbain se
construit sur les différences, en accordant aux bourgeois des
privilèges déniés au peuple et à plus forte raison aux étrangers. De
façon générale, si le justiciable est de la ville, sa peine risque fort
d’être atténuée, en tout cas elle peut avoir lieu à huit clos, surtout
s’il est de bonne famille. À l’intérieur de l’enceinte urbaine, des
groupes sont facilement repérables. Ainsi les prostituées relèvent du
roi des ribauds qui les protège, et quand elles tombent dans la
juridiction commune, il leur arrive d’être chassées, voire exclues. À
l’inverse, les clercs, très nombreux en ville, bénéficient de privilèges
qui leur épargnent, du moins en principe, la peine de mort. Quant
aux nobles et aux riches hommes, ils peuvent prétendre que leur
renommée les garantit de l’accusation criminelle et, qu’en tout cas,
ils ne doivent pas être torturés pour avouer. Ces clivages face à
l’institution judiciaire se compliquent du rôle énorme que joue
l’argent dans l’exercice de la justice. Il reste encore beaucoup à faire
pour étudier le coût de la justice : la facilité d’accès des justiciables
en dépend. Le coût collectif, en cas d’appel de la ville par exemple,
peut être mesuré par le biais des comptabilités urbaines et, au
Parlement de Paris, la fréquence des procès peut donner des ordres
de grandeur pour dresser le nombre de villes ayant les moyens
d’avoir accès à la justice du roi. À titre individuel, la question reste
cependant posée. Quel était le seuil de revenus nécessaires pour
entreprendre un procès et pour le mener jusqu’à son terme ? Est-ce
le prix de la justice qui faisait reculer le justiciable pour lui faire
préférer les accords pris en cours de route, en sorte que le procès
était abandonné ? Il n’est pas sûr que la justice des tribunaux ait
coûté plus cher et qu’elle ait été plus longue que les transactions. Les
palabres et la satisfaction des parties en espèces sonnantes et
trébuchantes ont aussi un coût très important quoique difficilement
mesurable. En fait, le va-et-vient entre les différents modes de
résolution des conflits qui caractérise toutes les pratiques judiciaires
urbaines entre le xiie et le xve siècle, et même au-delà comme le
montrent les études de l’époque moderne par exemple en
Languedoc, relève d’une stratégie complexe et l’explication
économique, si elle est éclairante, ne suffit pas. Or cette stratégie est
à la fois dans les mains du juge et des justiciables qui conservent par
conséquent une faculté de choix, une marge de manœuvre où
subsiste un espace de liberté.
8 Place doit donc être faite à ceux que David Nirenberg, lors des
débats, a appelés les « consommateurs » de la justice. Les différents
cas évoqués lors de ces rencontres ouvrent des pistes pour
comprendre comment s’est développée ce qu’on peut appeler
l’acculturation judiciaire. Elle est marquée à la fois par un processus
de criminalisation et par l’utilisation, par les justiciables, de ces
fameuses stratégies judiciaires, si bien que l’exercice de la justice
crée un lien social nouveau. La criminalisation des délits est à la fois
liée au développement de la procédure ex officio, à l’implantation de
juges formés à la culture romano-canonique, et à l’assimilation par la
population urbaine de ces données. Plutôt que de réfléchir à
l’évolution des procédures en soi, il a été montré quel était l’intérêt
du gouvernement des villes et des populations urbaines à provoquer
ces changements ou à les appliquer quand l’initiative venait du
pouvoir central. Ces transformations entrent dans un jeu qui fait de
l’exercice de la justice inquisitoire un moyen pour la ville d’affirmer
son honneur. Définir le crime, poursuivre le coupable, le condamner
éventuellement à mort ou plutôt le bannir, tous ces éléments
deviennent un moyen d’afficher une justice exemplaire et de
conforter l’idéal de justice et de paix sur lequel repose, comme nous
l’avons vu, sa réputation. L’exclusion joue à plein contre ceux qui
sont considérés comme des ennemis de la ville, si bien que la justice,
incontestablement, colle à l’identité urbaine.
9 Plus subtile à comprendre était la façon dont le recours à la justice a
pu être requis à l’intérieur de la ville par les populations elles-
mêmes. Y avait-il deux niveaux de justice, l’une négociée parce que
voulue par les parties, qui ouvrait sur des accords, l’autre
hégémonique, imposée par les autorités et aboutissant à la peine ?
L’étude des procédures comme des rituels a permis de mettre
l’accent sur la complexité des modes de résolution, de l’Italie
jusqu’au Brabant. Partout l’usage des paix est imbriqué dans les
procédures judiciaires et, en ce qui concerne les peines, elles
peuvent être négociées, y compris les plus terribles, peine de mort et
bannissement. Un même mode de résolution peut se décliner en
phases successives au cours desquelles le juge est juge, puis devient
arbitre, ce qui signifie qu’il n’est plus juge, tout en étant le même
homme... Quant aux peines, elles peuvent s’exprimer selon une forte
complexité, tel le pèlerinage judiciaire dont la mise en scène rituelle
tient à la fois de l’amende honorable et du bannissement. Le
problème a alors été de savoir quelle était la nature et la finalité de
ces différents éléments. Pouvait-on continuer à dire et à écrire que
les parties concernées passaient de l’infrajudiciaire au judiciaire ou
bien était-ce dans la nature même de la justice urbaine que de
proposer des phases différentes ? Les avis ont pu être sur ce point
divergents, mais force a été de constater que le droit dont il a été
question est composite et que la justice urbaine se révèle souple,
animée d’une recherche d’efficacité. L’ordre processuel est
finalement flexible et l’issue du procès modulable.
10 L’historien des pratiques judiciaires doit donc effectivement
dépasser l’opposition entre les droits, romano-canonique et
coutumier, entre compensation et pénalisation, coercition et
négociation, écrit et oral puisque même les témoins peuvent
confirmer leur dire par une pièce écrite. Surtout la justice reste un
élément du contrôle social auquel participent bien sûr les juges et les
parties adverses, mais aussi les autres, témoins et voisins. La
dénonciation, même si elle mérite encore des études approfondies, a
été perçue dans toute sa complexité, car elle n’est pas réservée à la
victime. Les voisins jouent un rôle important, ce qui s’explique
parfaitement étant donné la faiblesse du réseau policier, mais
surtout parce que l’application du droit est devenue une composante
de l’honneur de tous, du moins des plus aisés. Il ne fait plus bon pour
certains d’habiter une rue que la présence de prostituées ou de
couples illicites diffament. Certaines motivations sont cependant
moins avouables, comme si la justice était là pour prendre le relais
de la vengeance. Dans ce cas – et il est fréquent – les occasions se
multiplient pour dénoncer et provoquer un jugement. La haine
trouve là un moyen de s’exprimer de façon parfaitement légale et
elle court tout au long de témoignages qui se protègent derrière la
« commune renommée ». Elle peut, de la même façon, s’exprimer par
l’usage de la torture au cours du procès, sous prétexte d’extorquer
l’aveu, alors qu’il s’agit seulement de se venger. La justice est bien
une pièce essentielle sur l’échiquier des stratégies sociales. Les
consommateurs l’ont apprivoisée et se sont appropriés ses rouages.
Elle n’est pas seulement un moyen de maintenir et de restaurer
l’équilibre que le délit a détruit, un moyen de pacifier, de contrôler
et à plus forte raison de réprimer comme voudrait le faire croire la
rhétorique urbaine. Elle est aussi l’affaire de l’individu et la question
devient : quel profit peut trouver dans le système judiciaire un
citoyen de Marseille, de Constance, de Pérouse ou de Paris ? La
justice suffit-elle à ses besoins ?
11 De nombreux exemples, surtout en Italie, montrent que la justice n’a
pas exclu la vengeance et que l’une coexiste avec l’autre jusqu’à la
fin du Moyen Âge. La question reste posée de savoir pour quelles
raisons. Il s’agit sans doute moins de l’incompétence de la justice que
du sentiment d’insatisfaction qu’elle peut générer. On peut expliquer
cette insatisfaction de plusieurs manières. Les peines conférées en
milieu urbain sont-elles capables de restituer l’honneur et de donner
satisfaction à la partie lésée ? Atteignent-elles un degré d’infamie
suffisamment profond ? La peine de mort du coupable n’est pas
fréquente et elle sert surtout à renvoyer un message à une ville
rivale ou à supprimer ceux dont le corps social refuse l’inclusion.
S’est-elle alors efficacement substituée à la vengeance ? Une autre
façon de poser le problème est de se demander si la peine peut
générer l’oubli et, de ce fait, apporter la paix plus que ne le fait la
vengeance. Ces questions restent posées et montrent que la
vengeance n’est pas seulement un phénomène que jugulent le droit
ou les rituels. Son développement a affaire avec la nature de la
violence médiévale et avec la profondeur du sentiment d’honneur,
les deux étant difficilement mesurables. Il convient donc de revoir ce
que dit l’historiographie quand elle perçoit un affaiblissement
progressif de la violence qui se déroulerait de façon linéaire jusqu’à
provoquer un affadissement des relations sociales. Cette réflexion
mérite certainement d’être menée plus avant.
12 Au total, le recours à la justice n’est pas toujours totalement
satisfaisant pour le justiciable et il semble bien que le « processus
médiéval » soit efficace pour la société avant d’être équitable pour
l’individu. L’exercice de la justice maintient un équilibre social plus
qu’il ne défend le droit de l’individu. Encore faut-il, comme l’a aussi
suggéré David Nirenberg, distinguer le point de vue des producteurs
de la justice de celui des consommateurs. L’exercice de la justice
implique l’existence d’un certain nombre de charges qui, du geôlier
au notaire, du sergent au juge, inscrit l’office dans la patrimonialité.
Il implique aussi fiscalité, rationalité et capital symbolique, toutes
choses que nous avons bien étudiées : elles donnent à la production
judiciaire une forme de rationalisme économique. Le poids des
amendes dans la justice médiévale trouve là sans doute un élément
d’explication. Le problème reste celui de savoir comment les
historiens peuvent appliquer ces idées aux consommateurs de la
justice. Il a été bien montré comment le système est facile à
manipuler, en jouant sur les différentes juridictions, en achetant la
grâce, en négociant les amendes ou la prison, et il est certain que les
intérêts des producteurs et des consommateurs se répondent en une
sorte de dialogue. Mais il reste encore à en dessiner l’évolution si
nous voulons nous libérer du modèle webérien qui fait de la justice
un élément imposé par le pouvoir sur fond de résistance des
populations, et écrire une histoire vraiment sociale des pratiques
judiciaires médiévales.

***

13 La multiplication et l’accumulation des travaux sur la justice


médiévale depuis une bonne trentaine d’années incitent donc
aujourd’hui les historiens à capitaliser les résultats de leurs
recherches, à mettre en commun régulièrement leurs découvertes,
leurs analyses nouvelles et parfois aussi leurs perplexités. Dans la
dernière décennie, une belle série de colloques, évoqués par Andrea
Zorzi au début de ce livre, ont soutenu cette très riche et très utile
confrontation des méthodes, des acquis, des problèmes en suspens.
Ils l’ont fait le plus souvent à l’échelle européenne, c’est-à-dire en se
donnant toujours la possibilité d’engager une démarche
comparatiste, et parfois même en rendant cette démarche
heureusement inévitable. Bien préparée dans les années et les mois
qui précédaient, comme vient de le rappeler Claude Gauvard, la
rencontre d’Avignon, qui avait choisi de se concentrer sur les
politiques judiciaires dans la « ceinture urbaine » allant de la Flandre
à l’Italie du Nord et du Centre, en passant par les vallées du Rhin et
du Rhône, n’a pas échappé à cette règle. Et c’est d’abord ce qui fait la
richesse des contributions rassemblées dans ce volume. La masse des
informations et des analyses qui s’y trouvent réunies témoignent
bien de l’ampleur du travail accompli depuis les années soixante-dix
du siècle dernier malgré la diversité des sources mobilisées dans
chacun de nos pays et les spécificités indéniables de nos différentes
traditions historiographiques.
14 En s’inspirant des interventions des participants à la table-ronde qui
concluait cette réunion d’Avignon (Élisabeth Pavan Crouzet, Marc
Boone, Neithard Bulst, Jean-Claude Maire Vigueur, Pierre Monnet et
David Nirenberg), Claude Gauvard vient d’en résumer les principaux
acquis et d’évoquer les chantiers nouveaux que cette confrontation
laisse entrevoir. Il est difficile d’y ajouter quelque chose. En
s’appuyant aussi sur le souvenir des débats qui ont accompagné les
communications que l’on vient de lire, et en rendant le même
hommage à la mémoire de cet inspirateur amical et généreux que fut
toujours Mario Sbriccoli, peut-être n’est-il pas inutile toutefois de
pointer in fine quelques difficultés, quelques apories ou au moins
certaines questions encore ouvertes, que les échanges fructueux
d’Avignon n’ont pas pu prendre en charge de façon aussi directe ou
complète. Cela ne constitue évidemment qu’un très bref post scriptum
à ce qui vient d’être proposé, et chacun comprendra que ces
quelques remarques, loin de diminuer l’apport des travaux
rassemblés ici, visent plutôt à en souligner la richesse. Elles sonnent
d’ailleurs comme un appel à de nouvelles recherches en commun, à
Florence, à Paris, à Avignon... ou dans l’une de ces très nombreuses
cités évoquées dans les pages qui précèdent.
15 Choisir les villes comme lieux d’observation, dans leur variété, dans
leurs autonomies relatives et leurs organisations si particulières,
sociales et institutionnelles, dans leurs idéologies spécifiques aussi,
construites en général autour de la paix et du bien commun, c’était
d’abord, on l’aura compris, nous prémunir contre les schémas
historiographiques anciens, trop simples et évolutionnistes,
ordonnés au développement irrépressible d’une justice pénale
étatique et centralisée. La justice des villes, comme havres de liberté
au milieu du monde féodal, n’étant alors qu’une étape dans cette
histoire quasi providentialiste de la justice « moderne ». En insistant
sur le pluralisme évident des systèmes judiciaires et juridiques
urbains, sur la grande flexibilité de toutes les procédures qu’ils
mettent en œuvre (même si l’on n’a peut-être pas accordé, lors de
nos travaux, assez d’importance aux causes civiles, présentes
seulement dans quelques contributions), en soulignant les modalités
différentes et variées de la résolution des conflits et la façon dont, le
plus souvent, ces dernières se combinent beaucoup plus qu’elles ne
se contredisent, la plupart des communications rassemblées dans ce
recueil enregistrent fort bien les apports les plus stimulants et les
plus riches de l’historiographie récente. Celle-ci, en utilisant surtout
des clés de lecture anthropologiques, a renoncé en effet aux vieilles
analyses téléologiques, et en tout premier lieu, il faut le répéter, à
ces interprétations qui s’accrochaient obstinément à l’idée d’un
« progrès » régulier des institutions judiciaires, de l’anarchie féodale
à la justice princière, quand ce n’était pas aux droits de l’homme.
16 Pourtant, toutes ces communications aussi, d’une manière ou d’une
autre, éclairent une mutation décisive des pratiques judiciaires
urbaines entre le xiiie et le xve siècle. Un changement essentiel, que
révèlent aussi bien l’examen des productions documentaires, en
Flandre comme en Italie, en Provence comme en France du Nord,
que l’analyse des transformations des modes procéduraux,
l’élargissement quantitatif du champ d’action des juges, sans parler,
bien entendu, de l’étude des usages combinés des transactions et des
sentences ou bien celle du partage entre l’obligation des réparations
matérielles et le développement de ces peines afflictives qui
s’inscrivent de plus en plus souvent désormais dans le corps même
des condamnés. Une mutation qui correspond précisément à ce que
Mario Sbriccoli décrit comme l’avènement d’une « justice
hégémonique » et la construction du « pénal public », sans que l’on
puisse, en aucune façon, le taxer d’historicisme. Il est difficile
d’oublier ce fait massif de l’émergence du pénal pendant la période
que nous étudions, et plus encore de renoncer à l’éclairer et à le
comprendre, même si les analyses sociologiques et anthropologiques
fines auxquelles nous nous livrons depuis plusieurs décennies ont
remis profondément en question les schémas évolutifs anciens et si
la peur d’y retomber ou le poids de nouvelles habitudes
historiographiques – le reflux du quantitatif, l’analyse de « cas », la
micro-storia, sans parler des effets de mode – nous poussent parfois à
ne pas le prendre en compte aussi frontalement.
17 Chacune à leur manière, les analyses présentées à Avignon, abordent
cette question de l’avènement du pénal et fournissent des éléments
de réponse importants, en insistant par exemple sur les
transformations sociales et politiques internes aux villes qui le
rendent possible (gouvernement du Popolo en Italie, rôle nouveau des
métiers en Flandre, « oligarchisation » partout) ou en tentant de
mesurer l’impact des procédures savantes et des représentants des
pouvoirs extérieurs sur le regimen particulier des cités (on pense
d’abord au rôle des ufficiali forestieri, mais aussi à celui des
inquisiteurs pontificaux, jamais assez pris en compte, avant de
songer, évidemment, à celui des officiers princiers). Mais les
mutations ou les accidents documentaires (par exemple la
destruction des archives florentines d’avant 1340) et, plus encore, les
interprétations quelque peu structurales imposées par les modèles
de l’anthropologie juridique rendent souvent difficile l’analyse
concrète du développement de cette sphère du pénal chère à
Sbriccoli (alors que le développement institutionnel des justices
« étatiques » constituait le fil directeur des historiographies
anciennes). En postulant parfois, plus qu’en les décrivant avec
précision, des cycles de violence et de paix sans cesse recommencés
où l’honneur et la vengeance jouent toujours un rôle central, en
tendant à construire aussi des systèmes un peu atemporels qui
combinent par principe le recours à la transaction et l’appel au
jugement, et cela indépendamment du contexte et de la dynamique
politique et sociale, ces modèles font de la « justice négociée » le
cœur ou l’élément structural d’une régulation sociale posée comme
un axiome de base mais qui reste hors du temps. Elles laissent donc
peu de place à l’avènement possible de la « justice hégémonique », le
plus souvent dans les luttes politiques et les tensions sociales et au
développement d’une sphère proprement pénale que bien des
indices, pourtant, obligent à prendre en compte.
18 L’analyse des « politiques judiciaires », qui suppose une grande
attention à la chronologie, permet d’échapper à ces apories d’une
vision atemporelle de la résolution des conflits. On l’a bien vu
pendant ce colloque avec l’histoire des bannis de Bologne ou celle
des révoltés de Flandre, comme on l’avait aperçu autrefois en
scrutant les traces de l’activité des juges avignonnais au temps des
papes ou en découvrant celles des officiers réformateurs parisiens à
l’époque des Marmousets. Pour redonner aux luttes politiques et
sociales, et même aux événements voire à la simple chronologie,
toute leur place, rien ne vaut l’analyse, éventuellement comparée, de
moments clés, comme le passage des villes du Languedoc ou du Bas-
Rhône sous l’autorité des princes capétiens, au milieu du xiiie siècle,
ou bien la transformation des communes italiennes lors de
l’installation du régime des Seigneuries, entre la fin du xiiie et le
milieu du xive siècle, ou bien encore, plus tard, les tensions et les
résistances des villes flamandes face aux princes bourguignons. Si
l’on ne craignait pas la tautologie, on pourrait dire que l’histoire des
« politiques judiciaires urbaines » esquissée à Avignon a d’abord le
mérite de nous rappeler que l’histoire de la justice n’est jamais qu’un
pan de l’histoire plus générale du lien politique et social.
19 Le recours très fréquent à l’anthropologie judiciaire, s’il a eu, ces
dernières années, dans ce domaine si vaste de l’histoire de la
criminalité et des pratiques judiciaires, des effets heuristiques aussi
évidents (du point de vue même de l’analyse du lien social que l’on
vient d’évoquer), et s’il a donné lieu à des enquêtes fort
intéressantes, ne doit donc pas nous empêcher de nous interroger
sur la pertinence et les limites éventuelles de ce type d’approche
pour les sociétés de la fin du Moyen Âge. De même, il n’est sans
doute pas inutile de revenir sur les présupposés, théoriques et
idéologiques, du thème, aujourd’hui rebattu, de la « résolution des
conflits », qui se trouve encore au cœur de la plupart des
communications proposées à Avignon. Entre le xiiie et le xve siècle,
dans un monde où l’on commence à proclamer qu’il est de « l’intérêt
public que les maléfices ne restent pas impunis » et où une partie des
constructions et des pratiques procédurales sont, qu’on le veuille ou
non, étroitement liées à cette défense (c’est-à-dire aussi, peu ou
prou, à la défense active d’une souveraineté, et ce faisant à sa
construction même, comme élément central d’un nouveau lien
politique), est-il possible, est-il justifié, par exemple, de réduire
vraiment l’exercice de la justice à cette seule « résolution des
conflits » (comme c’était peut-être le cas dans une société du « face à
face », supposée « sans État », comme celle des xe-xiie siècles) ? À
l’évidence non. Sauf à ignorer ou à minimiser, précisément, les
transformations du lien politique que soutient et révèle cet exercice
nouveau de la justice, si lié désormais, en partie grâce aux
constructions techniques des juristes, à la protection et à l’utilité de
la res publica et au développement d’une sphère ou d’un véritable
espace public du jugement (c’est-à-dire aussi, en dernière analyse, à
un développement d’une sphère du gouvernement et, peut-être
même, de la politique).
20 Derrière le thème de la « résolution des conflits » se profile d’ailleurs
une conception très particulière des constructions institutionnelles
et de la régulation sociale qu’il faut sans doute analyser avec bien
plus de soin qu’on ne l’a fait jusqu’ici. Ses racines, en effet, se
trouvent peut-être moins dans une sorte de sociologie rétropective
des mondes anciens, dont les capacités d’auto-régulation supposées
seraient alors singulièrement exagérées ou mythifiées, que dans une
forme de pensée ou d’idéologie très contemporaine, qui doit être à
son tour analysée et mise en question puisqu’elle nous touche
aujourd’hui au quotidien. Comment en effet ne pas voir derrière les
idées de « résolution » ou de « règlement », si présentes dans notre
historiographie récente (bien plus présentes en tous cas que les
conflits eux mêmes), l’influence, assez paradoxale mais indéniable,
de modèles libéraux, ou plutôt néo-libéraux très actuels qui,
souhaitant évacuer à toute force le conflit et remettre en cause un
certain rôle de l’État dans le fonctionnement social de notre monde
présent, parient avant tout sur une régulation hors des cadres
judiciaires classiques, « étatiques » ou institutionnels, en s’appuyant
par exemple sur le plea bargaining (dont le « plaider coupable » est
aujourd’hui la forme française), ou sur le développement
systématique des moyens extra – ou infra-judiciaires (quand cette
régulation n’est pas confiée, par les théoriciens du mouvement Law
and Economics, aux vertus providentielles supposées du seul
marché...) ? Il est troublant de voir certains anthropologues ou
médiévistes, même ceux qui ont été influencés autrefois par le
marxisme, ne pas toujours reconnaître les présupposés idéologiques
et politiques des modèles néo-libéraux (au sens de l’École de
Chicago) qu’ils utilisent désormais, fussent-ils aux antipodes de leurs
propres choix initiaux et bien plus marqués par les enjeux
contemporains qu’ils ne s’en doutent. Dans ces conditions, il paraît
très difficile, sauf à commettre de lourds anachronismes (dont on
voit mal, cette fois, la valeur heuristisque), de faire de la seule
« résolution des conflits », si proche des rêves contemporains de
« régulation sociale » et de société sans conflit, le cœur de l’analyse
du système judiciaire urbain des xiiie-xve siècles. Comme il paraît
difficile, pour les mêmes raisons, de faire des justiciables de la fin du
Moyen Âge de simples « consommateurs » de justice, à la façon des
tenants contemporains de « l’économie du droit ».
21 Alors qu’en ces débuts, dans les années 1970-1980, l’histoire de la
criminalité urbaine médiévale s’était surtout constituée sur des
bases statistiques – c’était dans l’air du temps -, une meilleure
évaluation des limites considérables, qualitatives et quantitatives,
des traces documentaires de l’activité des juges et plus encore des
témoignages des accords ou des règlements infra-judiciaires, dont on
a bien compris qu’il faut les intégrer à l’analyse globale des
« politiques judiciaires urbaines », et surtout les difficultés
d’interprétation des statistiques elles-mêmes (soulignées depuis
longtemps par les sociologues) nous rendent aujourd’hui beaucoup
plus prudents. Sauf exceptions remarquables, par exemple pour
Pérouse ou pour Bologne au xiiie siècle, pour Marseille au xive siècle
ou pour Nivelles au siècle suivant, les contributions à ce colloque et
les travaux récents évitent les chiffres, se concentrent sur les
problèmes de pluralisme juridictionnel, de qualification ou d’iter
processuel, de stratégies, d’analyse des normes ou des rituels et
consistent plutôt en études de cas.
22 Du même coup, la mesure de ce développement des politiques pénales
dans toutes les classes sociales, y compris parmi les plus pauvres ou
les moins bien intégrés, risque de leur échapper, tandis que peuvent
être exagérement grossis certains traits plus faciles à percevoir dans
les cas observés, car mieux documentés. La très grande difficulté à
obtenir des données quantitatives fiables doit-elle toujours conduire
à repousser toute tentative d’analyse globale ? Si les pratiques de
vendetta et d’accord, les stratégies alternées d’appel au juge et de
transaction privée connaissent par exemple une très large extension
sociale, doit-on en déduire pour autant qu’elles sont universellement
pratiquées, notamment au « criminel » (si l’on peut ici user d’une
catégorie en partie anachronique), et qu’elles ne laissent de ce fait
pratiquement aucune place à une véritable politique « pénale », avec
ce qu’elle implique du côté de la construction d’un lien politique
nouveau ? Si elles concernent d’abord les seuls citoyens, bien
intégrés à la cité, même de rang modeste, ne sont-elles pas en effet
plus difficiles à percevoir ou à analyser dans les cercles plus larges
des populations flottantes, que les sources éclairent beaucoup moins
(en tout cas jusqu’au milieu du xive siècle), alors que ces immigrés
récents, qui ne sont pas encore des citoyens, constituent malgré tout
une part fort importante des habitants des villes (et par là aussi, un
enjeu majeur de la « politique judiciaire », et de la politique tout
court, des notables qui les dirigent) ? À partir d’une étude de la seule
législation ou des récits fournis par les sources narratives ou les libri
di famiglia, très proches des notables et des citoyens, il est par
exemple difficile de faire des paix et des vendettas, malgré leur
nombre, le mode essentiel, sinon unique, d’expression et de
résolution des conflits dans l’ensemble des populations citadines, dès
lorsqu’est ainsi minorée la part de ces habitants qui ne sont pas
encore politiquement intégrés. Et le risque est grand de constituer
alors la vengeance en une sorte d’invariant culturel, selon de vieux
modèles historiographiques.
23 Si la dimension sociale des politiques judiciaires urbaines a connu,
ces dernières années, des avancées remarquables grâce à l’analyse
très fine des réseaux et des fonctions techniques et politiques
exercées par les juges et les juristes – et le colloque d’Avignon en
donne encore de très beaux exemples, pour l’Italie communale, pour
la Provence comme pour les cités sous domination bourguignonne –,
l’historiographie ne prend donc peut-être pas encore assez en
charge, à côté des luttes politiques elles-mêmes, les réalités
démographiques et économiques globales des villes médiévales, ce
qui revient d’ailleurs aussi à poser le problème, éminemment
politique lui-même, de la citoyenneté dans chacune de ces villes
(comme on le voit bien à Bologne, avec l’expérience massive du
bannissement pour dettes dans les dernières décennies du xiiie siècle)
et, comme le note encore Sbriccoli, celui du degré d’intégration de
tous ses habitants dans la communauté citadine, ou celle, plus large,
de l’État princier. C’est à dire, au fond, le problème de la consistance
du corps politique lui-même. Dans sa contribution au débat final,
Marc Boone a eu raison de rappeler la nécessité d’une véritable
économie – au sens large du terme – des pratiques judiciaires
urbaines à la fin du Moyen Âge, qui implique évidemment, autant
que faire se peut, une pesée globale, quantitative, des activités des
juges ou des échevins, même en direction des non-citoyens, des
immigrés récents, des nouveaux arrivés, sans que soit niée, par
ailleurs, l’importance des compensations, des accords et des
transactions passés entre citoyens, sans faire appel aux gens de
justice mais jamais hors du droit, comme on va le rappeler dans un
instant.
24 La multiplication et la variété des espaces juridictionnels, les
déplacements des podestats et de leurs équipes, des légats et des
inquisiteurs pontificaux (jamais assez pris en compte, encore une
fois), des officiers ou des commissaires du prince, à côté du travail
des groupes locaux de juristes et de praticiens du droit, bien
enracinés socialement, permettent en revanche sans cesse la
confrontation des expériences, l’exercice concret de la dialectique
entre le ius proprium et le ius commune, entre le droit civil et le droit
canonique, et le jeu toujours subtil des justiciables, autorisant les
stratégies les plus complexes. Mais, autant qu’à cette pluralité
juridictionnelle, remarquée par tous les historiens depuis fort
longtemps, qui autorise en effet la flexibilité des pratiques et facilite
dans certains cas une véritable « acculturation juridique », sans
doute faut-il prêter attention aux effets même de cette pluralité des
fors sur la nature du lien politique en ville ou, si l’on veut, sur la
création de ce sujet « politique » particulier qu’est le citoyen, au
cœur de l’espace urbain, pouvant faire la paix sans recourir aux
autorités mais dépendant aussi toujours de plusieurs fors (dont celui
de l’Église et, de plus en plus souvent aussi, celui du prince). Ce n’est
pas d’ailleurs seulement la séparation des fors et le jeu qu’elle permet
aux juges et surtout aux justiciables qui doivent nous retenir, mais la
tension qu’au sein de chaque citadin cette séparation même installe
et continue d’entretenir, entre ce qui relève de son comportement
extérieur et ce qui concerne au contraire son acceptation
intériorisée de l’ordre légitime. Son comportement extérieur relève
en général de plusieurs juridictions, et même, on l’a répété,
d’accords, d’arbitrages, de paix négociées qui se font souvent sans les
juges. Son obéissance implique, d’une manière ou d’une autre, le for
interne et la conscience, et concerne le pécheur et son confesseur. Il
est dommage que nos traditions historiographiques, séparant trop
souvent l’histoire politique de l’histoire de la religion, ne nous
permettent pas de croiser davantage l’analyse des justices urbaines
avec celle des justices ecclésiastiques au for externe (officialités,
inquisition), et même celle des justices proprement spirituelles, au
for interne (confession sacramentelle, cas réservés) – sauf à évoquer
de façon convenue les débats habituels sur les juridictions
compétentes lorsqu’il s’agit par exemple de magie, d’adultère ou de
crime contre nature. C’est pourtant l’étude de ce « pluralisme des
fors », sur lequel insiste tant, et à juste titre, Paolo Prodi, qui peut
sans doute nous donner le meilleur accès à la « gouvernementalité »
spécifique des villes de la fin du Moyen Âge 1 .
25 Or ce pluralisme, il faut en terminer par là, même s’il est porté par
une société très particulière, est d’abord toujours aussi une
construction du droit. Alors que les premières études sur la
criminalité médiévale étaient avant tout des études sociales, assez
mal informées, il faut le reconnaître, de l’histoire de la procédure
(laquelle, de son côté, se contentait souvent des « doctrines », des
filiations formelles, et n’avait guère fait de progrès, en France au
moins, depuis la fin du xixe siècle), la rencontre d’Avignon atteste
d’un changement profond dans ce domaine, même si certains
émettent encore des doutes sur l’utilité de consulter les sommes et
les manuels de procédure pour comprendre les actes de la pratique
et avalisent ainsi une vieille opposition entre la norme et la vie qu’il
est difficile d’accepter en l’état aujourd’hui. Certes, souvent encore,
chez les historiens de la société, le droit est conçu comme un simple
« instrument », on lui prête des « fonctions légitimantes », il porte
une « idéologie » plus qu’il ne paraît capable de créer des situations,
de soutenir des constructions spécifiques. Mais on en reconnaît
mieux l’importance. L’apport des historiens du droit, très présents à
Avignon, est devenue essentiel et plusieurs contributeurs,
spécialistes d’histoire sociale, font de l’étude des formes
procédurales le cœur de leurs analyses. Même lorsqu’il s’agit
d’affaires relevant de ce que l’on nomme par facilité
« l’infrajudicaire », comment ne pas voir d’ailleurs cette part capitale
du droit dans les pratiques d’arbitrage ou de dédommagement, et le
rôle du contrat ou de l’obligation, fondée en droit naturel et
impliquant une fides, dans la conclusion d’une paix, enregistrée le
plus souvent par un notaire public ? Si l’arbitrium du juge facilite
cette flexibilité de la justice urbaine, maintes fois soulignée, s’il est
borné statutairement pour ne pas déboucher sur la tyrannie,
comment ne pas remarquer aussi qu’il recèle, comme l’exercice de la
grâce, une puissance particulière et qu’il est toujours lié à la défense
d’une certaine forme de souveraineté, quand ce n’est pas d’une
maiestas civitatis ? Dans les villes de la fin du Moyen Âge, le droit
participe donc essentiellement à la création d’un espace public du
jugement et le développement, par exemple, de la procédure
sommaire (au civil comme au pénal, dans des conditions très
différentes) ou celui de la procédure extraordinaire, à laquelle les
juges citadins recourent de plus en plus souvent en cas de crimes
énormes, loin de signifier la victoire de la politique sur le droit ne
fait que manifester au contraire la force du droit dans la
construction et la défense de l’utilitas publica. C’est-à-dire aussi d’un
espace public, il faut y insister. De la même façon qu’il joue un rôle
essentiel, mais on l’avait compris depuis bien plus longtemps, dans le
développement des échanges et la transmission des patrimoines. Ce
que nous rappellent donc les sources nombreuses qui éclairent la
pratique judiciaire de cette époque, c’est que le droit a une capacité
de mise en forme du réel qui lui est particulière, dans une
temporalité qui lui est propre, très lente, et qu’il demeure, pour
reprendre une expression de Paolo Napoli, « comme l’agencement
d’un champ de possibilités pour l’action humaine » 2 . C’est
précisément cette force potentielle qui lui confère aussi cette réalité
dont les historiens ont tant de mal, souvent, à mesurer les
manifestations concrètes, et que peut-être les « politiques judiciaires
urbaines » nous permettent aujourd’hui de mieux reconnaître.

NOTES
1. P. Prodi, Une storia della giustizia; dal pluralisme dei fori ad moderno dualismo tra coscienza e
diritto, Bologne, 2000
2. P. Napoli, Administrare et curare. Les origines gestionnaires de la tracabilite, dans Ph. Perdot
(dir.), Tracabilite et Responsabilite, Paris, 2003, p. 45-71, ici p. 64-65.
Index

L’index comprend les noms de lieux et des principaux personnages


cités.
Aarwangen (Suisse), canton d’Argovie, 693
Abbeville, Somme, 36-38, 50-52, 67-72 ; bailli d’, 50
Accarisio di Viviano Toschi, juriste de Bologne, 626, 627
Acciaioli, famille de Florence, 163
Accurse, juriste († 1229), 393, 602, 603, 620, 623
Acri (Italie), Calabre, 140
Adam Becken, de Nuremberg, 682
Adam Schönwetter, avocat de Franc-fort-sur-le-Main, 287, 317
Adimari, famille de Florence, 151-153, 161, 165
Agen, Lot-et-Garonne, 356 ; consulat d’, 360, 362 ; consuls d’, 360
Agenais, pays, 357, 360
Agli, famille de Florence, 142
Agneta Beroarde, témoin et partie d’une cause civile à Marseille, 435
Aire-sur-la-Lys, Pas-de-Calais, 34
Aix-en-Provence, Bouches-du-Rhône, 327, 329, 330, 335, 337, 339,
340, 342
Aix-la-Chapelle/Aachen (Allemagne), Rhénanie-du-Nord-Westphalie,
685
Alazays, femme de Jacme Guilhem, séparée de son mari pour
mauvais traitements, 427
Alazays Antonia, témoin dans une cause criminelle à Marseille, 435
Alazays Buena, femme en procès contre Esteva de Poriers à
Marseille, 430
Alazays Rogeta, témoin dans une cause criminelle à Marseille, 435
Alba (Italie), Piémont, 131
Alberico da Rosate/Rosciate, jurisconsulte de Bergame († 1354), 17,
26, 578, 585-590, 621, 638, 642
Albert Jusbert, juge de Forcalquier, 326, 327
Albertano da Brescia, juge et auteur († vers 1270), 174, 217
Albertino Francoli, procurateur de Riccardino da Pontecchio, 630-
632, 634, 635
Alberto da Cremona, voir Alberto Gandino
Alberto de Calzina, juge, 632
Alberto dei Caccianemici, dit Alberto delle Iniquità, de Bologne,
impliqué dans des faides, 136
Alberto dei Pizzigotti, juriste de Bologne, 626
Alberto d’Odofredo/di Odofredo/Albertus domini Odofredi, legum
doctor, juriste de Bologne (xiiie siècle), banni comme gibelin, 220, 221,
226, 483, 627, 629
Alberto Galeotti, juriste (xiiie siècle), 393,
Alberto Gandino/Albertus Gandinus, juriste et juge († vers 1310), 24,
27, 135, 171, 389, 390, 394, 399, 400, 402, 403, 405, 406, 408-410, 414,
415, 419, 439, 440, 467-479, 483-485, 585, 587, 598, 605, 616, 617, 621-
624, 626, 628, 630-636, 639, 641, 642
Alberto Panzoni, juge, 632
Alberto Papiense, juriste, 605, 606, 616, 622, 624
Alberto Sabbatini, voir Alberto dei Pizzigoti
Albi, Tarn, 22, 25, 350, 360, 533, 534, 536, 540, 541, 544-546, 550 ;
cathédrale Sainte-Cécile d’, 540 ; consuls d’, 360 ; église Saint-Étienne
d’, 533
Albigeois, pays, 349, 350, 539, 541 ; Al-bigeois, 530, 533, 544 ; croisade
albigeoise, 348, 528, 530, 545
Albizzi, famille de Florence, 163
Albrecht Achilles, margrave de Bran-debourg ( † 1486), prince-
électeur en 1470, 258, 275, 276, 287, 294, 297, 305, 681
Albrecht, von Pfalz-Morbach, évêque de Strasbourg (†1493), 677
Aldigerio della Senazza, de Parme, impliqué dans des faides, 137
Aldobrandino d’Albizzo, notaire à Florence, 168
Aleaume Cachemarée, clerc criminel du Châtelet, huissier du
Parlement de Paris († 1426 ?), 60
Alès, Gard, consulat d’, 362
Alexander von Imola, juriste, 246
Alexandre/Alessandro III, pape (1159-1181), 443, 527, 529
Alexandre/Alessandro IV, pape (1254-1261), 464, 465, 537
Alfieri di Mugello, 140
Aliotti, famille de Florence, 166
Aliotto Franchi de’ Fresoni da Empoli, de Florence, acteur d’une paix
à partie après homicide, 141
Allemagne, 521 ; villes d’, 510, 519
Alpes, 335
Alphonse de Poitiers, frère de Louis IX, ( † 1271), 22, 349, 350, 362,
537, 549
Alphonse X, dit le Sage, roi de Castille et de León (1252-1284), 479
Ambertus di Antramonia, peut-être Alberto da Cremona, 474
Ambierle, Loire, 566
Amelia (Italie), Ombrie, 222
Amidei, famille de Florence, 152
Amiens, Somme, 37-39, 41, 43, 44, 60 ; bailli d’, 44 ; bailliage d’, 60 ;
comté d’, 38 ; échevins d’, 60
Amsterdam (Pays-Bas), 11, 498, 511, 512, 516, 518, 519, 521, 525
André de Crota, noble et juge du comté de Provence, 329
Andrea de Sancta Crucis, avocat du siège apostolique, 276
Andrea Naccia, de Florence, impliqué dans une vengeance, 152
Angelo Gambiglioni, juriste et auteur du De maleficiis (1438), 399, 416,
647
Angelo/Angelus de Castro, juriste, 276
Angelus de Ubaldis senior, frère de Baldus de Ubaldis, juriste ( †
1423), 248
Angevin, comtes, 326, 335 ; État, 324
Anglais, 248, 561
Angleterre, 37, 257, 269, 516, 517 ; rois d’, 50, 548
Anne, duchesse de Saxe, épouse du margrave Albrecht Achilles de
Bran-debourg, 681
Ansbach, résidence du margrave de Brandebourg-Ansbach, 275
Anselmo di Palla degli Anselmi, de Flo-rence, blessé dans une
vengeance, 168
Anton Koberger, imprimeur de Nuremberg († 1512), 280
Anton Paumgartner, de Nuremberg, 258, 301, 302
Antoni Bertran, mari de Ricardona de Marseille, en procès pour
dette, 433
Antoni d’Ays, cordonnier, en procès à Marseille, 428, 429
Antoni Dalmas, de Marseille, mari de Batrona, 430, 431
Antoni Guilhem, fils d’Alazays et de Jacme Guilhem, de Marseille, 427
Antoni Vinsens, excommunié, interdit de témoigner à Marseille, 435
Antonino de’ Mazzolini, juriste à Pérouse, 406
Antonio Angelelli, de Bologne, accusé d’être gibelin, 611
Antonio degli Orsi, évêque de Fie-sole († 1321), médiateur, 165
Antonio Fissiraga, seigneur de Lodi, podestat de Bologne, 484
Antonio da Budrio/Antonius de Butrio, canoniste († vers 1410), 311,
399
Anvers/Antwerpen (Belgique), 257, 365, 498, 511, 518, 520
Aquitaine, duc d’, 548
Aragon, royaume d’, 521
Arbogast(e) (saint), évêque de Strasbourg (vers 570-590), 672
Arezzo (Italie), Toscane, 329, 339, 442
Arigerius Ugolini, dominus, juge, 222
Ariprando (ou Aliprando) Faba, podestat de Milan en 1228-29, 464
Aristote, 248
Arles, Bouches-du-Rhône, 22, 65, 328, 331, 348, 353, 354 ; consulat d’,
348, 352, 354, 362 ; consuls d’, 357 ; viguerie d’, 327
Armagnac, comtes d’, 358, 361 ; Armagnacs, 553, 561, 570
Arnaud Cathala, inquisiteur, 533
Arnaud de Ponte, docteur en droit et capitoul de Toulouse, 359
Arnaud Nouvel, juriste de Toulouse, 360
Arno (Italie), fleuve, 679
Arnold von Harfft, chevalier, 696
Arras, Pas-de-Calais, 20, 110, 506, 507, 516, 518 ; paix d’ (1435), 561
Artois, 34, 123
Aschaffenburg (Allemagne), Basse-Franconie, Bavière, 296
Asnières-sur-Seine, Hauts-de-Seine, 85, 89
Assise (Italie), Ombrie, 672
Astaffort, Lot-et-Garonne, 363
Asti (Italie), Piémont, 187, 339
Aubry de Trie, maître, réformateur du roi de France (xive siècle), 60
Auch, Gers, consulat d’, 360
Aude, rivière, 534
Augsbourg (Allemagne), Bavière, 28, 254, 255, 267, 275-279, 288, 290,
320, 666, 667, 674, 684, 685, 698
Aups, Var, 336
Aurillac, Cantal, 35
Autriche, 263
Auvergne, 36
Avignon, Vaucluse, 1, 18, 19, 23, 42, 122, 162, 325, 327, 330, 335, 354,
423, 498, 508, 713, 721, 723, 724, 726, 728 ; consulat d’, 348, 352, 354 ;
curie d’, 245, 247 ; monastère des Célestins d’, 675
Avignonet-Lauragais, Haute-Garonne, 539
Azincourt, Pas-de-Calais, bataille d’ (1415), 66
Azon/Azzone, civiliste ( † v. 1228), 393, 475, 601, 602, 604, 605, 620,
624
Azzolino di Farinata degli Uberti, messer, de Florence, acteur d’une
paix à partie, 152
Baden (Suisse), canton d’Argovie, 692
Balde/ Baldo degli Ubaldi/Baldus de Ubladis, juriste de Pérouse ( †
1400), 182, 245, 247, 300, 307, 308, 311, 577
Baldi, famille de Florence, 142
Bâle/Basel (Suisse), 6, 258, 261, 262, 281, 283, 286, 287, 300, 305, 499,
665, 668, 679, 680 ; concile de, 261, 281
Bamberg (Allemagne), Haute-Franconie, Bavière, 275, 281, 293, 297,
299, 300, 318 ; évêque de, 281, 283, 300
Bambergische Halsgerichtsordnung, 1507 (Bambergensis), 670, 674,
675, 695, 704-706
Baptista de Sancto Blasio, juriste, 277
Barcelone/Barcelona (Espagne), Catalogne, 13, 454
Barcelonnette, Alpes-de-Haute-Provence, 329, 339
Bardi, famille de Florence, 151, 163, 165
Barjols, Var, 336, 339
Barone del fu Risalito, de Florence, acteur d’une paix à partie, 168
Bartholomaeus Cepolla, juriste, 277
Bartole/Bartolo da Sassoferrato/Bartolus de Saxoferrato, juriste ( †
1357), 26, 245, 248, 280, 306, 307, 309, 311, 314, 356, 577, 579, 581, 582,
584-591
Bartolo detto « Arnese » del fu Ruggerino, de Florence, mercier,
acteur d’une vengeance, 148
Bartolo di Cioppo, de Florence, acteur d’une vengeance, 142, 182
Bartolomaeus de Saliceto, juriste († 1411), 246, 248
Bartolomeo di Cione di Benintendi, de Florence, victime d’un
homicide, 172
Basacomare Basacomari/Basacomater de Basacomatribus, doctor
legum de Bologne, 226, 627, 629
Batrona, femme d’Antoni Dalmas, témoin dans un procès civil à
Marseille, 430
Baudoin VI, comte de Flandre (1067-1070), 110
Baudoin IX, comte de Flandre-Hainaut (1194-1205), 111
Baux-de-Provence (Les), Bouches-du-Rhône, 336
Bavière, ducs de, 283
Bayonne, Pyrénées-Atlantiques, 40-42, 45
Beaumont-en-Argonne, Ardennes, 37
Beccaria, Cesare Bonesana, marquis de Beccaria († 1794), 525
Belgique, 107, 111, 510
Bellafaire, Alpes-de-Haute-Provence, 329
Bencino dei Benci, de Florence, 167
Bencivegna Bonagiunta, de Pérouse, accusé dans l’affaire Maffucio
Benvegnati, 410-412
Bénévent/Benevento (Italie), Campanie, bataille de (1266), 607
Benincasa di Zato, de Florence, acteur d’une vengeance, 148
Benintendi di Guittone dall’Impruneta, notaire à Florence, 168
Benoît XI, pape (1303-1304), 162
Bentacordi, famille de Florence, 166
Benvegnati, famille de Pérouse, 409-413
Berardaccio di Rustichello, de Prato, dénonciateur politique, 610
Bergame/Bergamo (Italie), Lombardie, 169, 490
Berignalli, famille de Florence, 166, 184
Berlin (Allemagne), 255
Bernard (saint, † 1153), 529
Bernard d’Abbeville, évêque d’Amiens († 1278), 43
Bernard de Castanet, évêque d’Albi († 1308), 541, 550
Bernard de Caux, dominicain, inquisiteur (1243-1249), 537, 538
Bernard Délicieux, franciscain († 1320), 540, 541, 543, 544
Bernard Garde, juge du comté de Provence, 339, 340
Bernard Gui, inquisiteur et chroniqueur († 1331), 465, 534, 538, 542,
544, 546
Bernardo di Parma, canoniste († 1266), 462
Bernardinus Albis, dominus, juge à Sienne, 228
Bernat Raymon, avocat à Marseille, 427
Berne/Bern (Suisse), 254, 260, 283, 321, 677, 710
Berthold Happ, procurateur (Kaiserliches Kammergericht), 275
Berto, de Florence, frère de Ghino di Rinieri, bénéficiaire d’une paix,
168
Bertrand de Clermont, inquisiteur, 550
Béziers, Hérault, 536, 545 ; concile de (1232), 531
Biagio Boccadibue, notaire à Florence (1298-1314), 148
Bigorre, région, 349
Bindo Ughi degli Avogadi, de Florence, en procès, 143
Bohême (République tchèque), région, 277
Bologne/Bologna (Italie), Émilie-Romagne, 8, 21, 27, 126, 131, 135,
176, 178, 191-194, 197, 200, 202-205, 209-214, 219-223, 225-227, 230,
240, 241, 243, 244, 250, 260, 274, 276, 316, 353, 389, 409, 410, 442, 457,
459, 461, 469, 472, 482-484, 488, 491, 492, 494, 524, 596, 597, 607-615,
625, 626, 628, 633, 636, 638, 644, 646, 650, 652, 655-657, 723, 725, 726 ;
consuls de, 361
Bonaccorso Bellincioni, de Florence, acteur d’une paix à partie, 152
Bonagrazia Pascipovero, juriste de Pérouse, 406
Bonaguida Aretinus/Bonaguida d’Arezzo, canoniste, avocat à la cour
pontificale sous Innocent IV (xiiie siècle), 446.
Bondelmonte dei Buondelmonti, victime d’un meurtre à Florence,
182
Bondone di Uguccione, notaire à Florence, 168
Bonfantino Petrizoli, à Bologne, défendeur dans l’affaire Giovanni da
Predamala, 627
Bonicontrus/Bonincontrus, doctor decretorum, 225, 226
Boniface VIII, pape (1294-1303), 161, 540, 549
Bonifacius Amerbach, juriste († 1562), 300
Bono Giamboni, juge à Florence ( † 1292 ?), auteur du Libro de’vizî e
delle virtudi, 150
Bonromeus Boniacobi de Dugliolo, juriste de Bologne, banni comme
gibelin, 220
Bopfingen, Ostalbkreis, Bade-Wurtemberg, 277
Bordeaux, Gironde, 38, 357
Borgo (Italie), Lombardie, 612
Bostichi, famille de Florence, 166
Bourbon, ducs de, 367
Bourgogne, 117, 119, 555, 558, 726 ; duché de, 553, 569 ; ducs de, 74,
76, 112, 113, 119, 122, 262, 267, 323, 365-367, 512, 513, 525, 555, 723 ;
duchesse de, 565
Bourguignons, 553, 561
Brabant, 112, 116, 122, 497, 515, 516, 522, 718 ; conseil de, 525 ; duc
de, 517 ; villes du Brabant ou brabançonnes, 365, 502
Brand von Tzerstede, membre du conseil de la ville de Lunebourg,
250
Brandebourg-Ansbach, margrave de, 263, 275, 282, 283, 297, 321
Brandelisio dei Gozzadini, juriste guelfe de Bologne, 627
Breda (Pays-Bas), Brabant septentrional, 117
Brême/Bremen (Allemagne), 321
Brescia (Italie), Lombardie, 482, 607
Breslau/Wrocłsaw (Pologne), Basse-Silésie, 680
Breusch, rivière, 671
Brignoles, Var, 329, 330
Broc (Le), Alpes-Maritimes, 336, 339
Bruges (Belgique), Flandre occidentale, 12, 107, 109, 110, 115, 118,
257, 262, 365, 502, 514, 523, 524, 716 ; prévôté Saint-Donatien de, 118
Brugg (Suisse), canton Argovie, 692
Brunelleschi, famille de Florence, 140, 166, 182
Brunetto Latini, auteur du Trésor († 1294), 452
Brunswick/Braunschweig (Allemagne), Basse-Saxe, 246, 249, 253,
255, 282, 316 ; ducs de, 304
Bruxelles (Belgique), 11, 117, 365, 498, 500-503, 516, 518 ; commune
de, 504
Bucelli, famille de Florence, 166
Bulgarinus causidicus, juriste, 446
Bulgarus, juriste († 1166), 353
Buondelmonti, famille de Florence, 152, 163
Burgolo Donadei, de Pérouse, accusé dans l’affaire Maffucio
Benvegnati, 410-412
Buxtehude (Allemagne), Basse-Saxe, 246
Cadenet, Vaucluse, 336, 339
Caesarius von Heisterbach, cistercien († après 1240), 686, 699
Cahors, Lot, 356 ; consulat de, 359, 362
Cambiuccio del fu Benvenuto, de Florence, acteur d’une paix à
partie, 152
Cantino degli Agli, de Florence, victime d’une vengeance, 142, 182
Capétiens, 723
Caraman, Haute-Garonne, 98
Carcassonne, Aude, 534, 536, 539, 540, 544, 546, 549, 550 ; consuls de,
542 ; couvent dominicain de, 534
Caruccio di Salvi Alaghieri, acteur d’une paix à Florence, 146
Casamaiore (Italie), Ombrie, 229
Cassés (Les), Aude, 530
Casteljaloux, Lot-et-Garonne, 363
Castelnaudary, Aude, 19, 97, 357
Castelsagrat, Tarn-et-Garonne, 349
Castille, royaume de, 521
Castrais, pays, 350 ; habitants du pays, 544
Castres, Tarn, 540, 546
Castruccio Castracani, condottiere et seigneur de Lucques ( † 1328),
159
Catalogne, Espagne, 502, 543
Caunes-Minervois, Aude, 539
Cavalcanti, famille de Florence, 152, 156, 163
Caviccioli, famille de Florence, 151
Cecila de Passignano, victime d’un homicide, 418
Célestin III, pape (1191-1198), 529
Cenni di Bonaiuto, de Florence, acteur d’une vengeance, 148
Cerchi, famille de Florence, 143, 160, 161, 166, 185
Châlons-sur-Marne, Marne, 84
Champagne, foires de, 563
Charles Ier d’Anjou, comte de Provence et roi de Sicile, duc de
Calabre († 1285), 165, 324, 352, 606, 607, 612
Charles IV, empereur (1346-1378), 268, 273
Charles V, Charles Quint, empereur (1519-1556), 50, 112, 523, 524,
670, 674, 675, 704, 706
Charles V, roi de France (1364-1380), 76, 82, 340
Charles VI, roi de France (1380-1422), 42, 433
Charles VII, roi de France (1422-1461), 76, 562
Charles VIII, roi de France (1483-1498), 45, 323
Charles le Téméraire, duc de Bourgogne (1467-1477), 51, 323, 367,
553, 716
Châteauneuf-de-Contes, Alpes-Maritimes, 329
Châtenay-en-France, Val-d’Oise, 81
Chevaliers Teutoniques/Deutscher Orden, 245
Chianne di Chele, de Florence, victime d’un homicide, 181
Chicago (États-Unis), École de, 725
Chieri (Italie), Piémont, 187
Chiusi (Italie), Ombrie, 218, 229
Choisy-le-Temple (Seine-et-Marne), aujourd’hui disparue, 81
Christoph Scheuerl, juriste († 1542), 273-275, 288-293
Ciampolus Ranieri Uliveri, iudex, 202, 233
Cino Dietisalvi Bonamici, prieur de Florence, parent des Velluti et
acteur d’un homicide, 145
Cinus de Pistorio/Cinus de Sighibuldis de Pistorio/Cino da Pistoia,
juriste et poète († 1336/1337), 26, 311, 585, 586, 588, 589
Cîteaux, chapitre général de, 548
Ciuccio di Neri « Ciuccii », frère de Leone di Neri « Ciuccii », témoin
d’une paix à partie, 149
Clamanges, Marne, 77
Clarendon (Angleterre), Wiltshire, édit de (1166), 548
Claro, voir Giulio Claro,
Clément IV, pape (1265-1268), 465
Clément V, pape (1305-1314), 674, 701
Clermont-Dessous, Lot-et-Garonne, 360
Clèves/Kleve, duc de, 269
Cluny, Saône-et-Loire, 499 ; abbaye de, 499
Colart d’Outremont, membre de la Haute Cour de Namur, 371, 374,
377, 380, 381
Colbert Jean-Baptiste, homme politique français († 1683), 551
Colle di Val d’Elsa (Italie), Toscane, 228
Cologne/Köln (Allemagne), Rhénanie-du-Nord-Westphalie, 5, 120,
246, 247, 250, 252, 256, 258-270, 276, 277, 279, 287, 293, 299, 302, 303,
305-308, 310, 313-315, 320, 322, 529, 686, 693 ; archevêché de, 529 ;
archevêque de, 263-266, 270, 313, 320 ; augustins de, 265 ; chanoines
de, 252 ; chapitre cathédral de, 266 ; chapitre des Saints Apôtres de,
266 : ordre des chevaliers de Saint-Jean de, 265 ; Sainte-Cécile,
religieuses de, 265 ; Saint-Pantaléon, abbé du monastère de, 265 ;
Saint-Séverin, paroisse de, 259
Como (Italie), Lombardie, 481, 490
Compagnus Ruffi, juge du comté de Provence, 331
Compiègne, Oise, abbé de Sainte-Corneille de, 87
Comtat Venaissin, 336
Conrad/Konrad IV, roi de Germanie (1250-1254), 244
Conrad de Marbourg, inquisiteur († 1233), 532
Conrad Schütz, juriste, 275, 320
Conrad/Conradus Celtis, humaniste († 1508), 274
Conradin de Hohenstaufen, duc de Souabe († 1268), 618
Conradus Pictor, procurateur de la ville de Lübeck, 243
Constance/Konstanz (Allemagne), Bade-Wurtemberg, 5, 28, 253, 301,
498, 500, 506, 510, 672, 678 ; concile de, 694, 701, 702, 719 ; paix de
(1183), 348 ; évêché de, 253, 702 ; lac de, 672
Corbie, Somme, 39, 40, 45, 90
Cordes, Tarn, 98, 540, 544, 546
Corneto/Corneto Tarquinia (Italie), Latium, 222
Corso del fu Neri, de Florence, acteur d’une paix à partie, 149
Cortenuova (Italie), bataille de (1239), 536
Côte d’Azur, 324
Courtrai (Belgique), Flandre-Occidentale, 510
Cracovie/Krakau/Kraków (Pologne), 14, 682
Crema (Italie), Lombardie, 405
Crépy-en-Valois, Oise, 91
Crescenzio, fils de Jean de Crescienzo, aristocrate romain (xie siècle),
447
Croatie, 646
Cuers, Var, 336
Cuneo (Italie), Piémont, 339
Cunratt (Konrad) Fludwigsen, greffier de la ville d’Augsbourg, 276
Currado Partucci, juge de Florence, 142
Da Quarrata, famille de Florence, 168
Damaso, juriste, 461
Daniel de Hodège, membre de la Haute Cour de Namur, 369
Daniel Specklin, Collectanea in usum chronici argentinensis (1587), 673,
677, 680
Dante Alighieri († 1321), 162
Dauphiné, 336, 341
Deciani, voir Tiberio Deciani
Della Tosa, famille de Florence, 137-143, 152, 156, 160, 164, 166, 182
Deomelde, défenseur de Riccardino da Pontecchio, 632, 634
Deti, famille de Florence, 166
Deventer/Overijssel (Pays-Bas), 269
Diègue, évêque d’Osma († 1207), prédicateur dominicain, 529
Diether II von Isenburg, archevêque de Mayence († 1482), 294, 295
Digne (-Les-Bains), Alpes-de-Haute-Provence, 329, 330, 339
Dijon, Côte-d’or, 26, 52, 497, 522, 553-556, 561-565, 568-571 ; abbaye
Saint-Bénigne de, 557, 569 ; chapitre Saint-Étienne de, 557 ;
commune de, 553, 557, 561, 565, 568 ; conseil de ville de, 555, 561,
568 ; échevins de, 513, 572
Dijonnais, 565
Dinkelsbühl, Landkreis Ansbach, Bavière, 277
Dino Compagni, de Florence († 1324), auteur de La cronica della cose
occorrenti ne tempi suoi, 184, 185
Dino del Mugello/ Dinus de Rossonis Mugellanus, juriste ( † après
1298), 170, 246, 394, 395, 402, 415, 484-486, 624
Dobrusko Doleta, accusé de vol par Radosava, à Raguse, 656
Dominique (saint, † 1221), 529, 535
Donati, famille de Florence, 136, 143, 144, 146, 160, 161, 166, 184
Donato Velluti, juge à Florence ( † 1370), auteur de La cronica
domestica, 144, 146, 166, voir aussi Vellutti
Donatuzzo detto « Tabarra » del fu Chito, acteur d’une vengeance à
Florence, 148
Donauwörth, Landkreis Donau-Ries, Bavière, 277
Douai, Nord, 48-50, 68, 72, 123
Dousa d’Esparon, concubine d’Antoni d’Ays, en procès à Marseille,
428, 429
Draguignan, Var, 327, 329, 335, 339, 341, 342 ; viguerie de, 324
Dubrovnik, voir Raguse
Duisbourg (Allemagne), Rhénanie-du-Nord-Westphalie, 258, 268, 279
Durand, évêque d’Albi († 1254), 533
Durante di Rinieri Pisciancato, de Florence, acteur d’une paix à
partie, 138
Durante, voir Guillaume Durand
Édouard II, roi d’Angleterre (1307-1327), 40
Eeklo (Belgique), Flandre-Orientale, 114
Eger/Cheb (République tchèque), Ouest-Bohême, 277
Egidius de Foscarariis, doctor decretorum, 226
Eichstätt (Allemagne), Bavière, 276, 277, 697 ; évêque de, 283, 298
Eike von Repgow, († après 1233), auteur du Sachsenspiegel, 249, 689,
701
Elbing/Eblag (Pologne), voïévodie Warmie-Mazurie, 245
Emerich Kemel, nonce du pape, 677
Empire, 33, 37, 557, 571
Enrico da Susa, voir Henri de Suse
Entrages, Alpes-de-Haute-Provence, 336
Erfurt (Allemagne), Thuringe, 250, 253, 258, 261, 276, 277
Ermessens Maliana, à Marseille, coupable d’adultère dans une église,
435
Eschenau/Kreis Erlangen-Höchstadt (Allemagne), Bavière, 683
Espagne, 521, 696
Esslingen (Allemagne), Bade-Wurtemberg, 254, 258, 277
Este (Italie), Vénétie, 492
Esteva de Poiriers, femme en procès contre Alazays Buena à
Marseille, 430
États pontificaux, 341
États-Unis, 661
Étienne de Gâtine, inquisiteur, 550
Étienne de Givry, commissaire lyonnais, 559
Eudes IV, duc de Bourgogne (1315-1349), 553, 568
Eugène IV, pape (1431-1447), 281
Europe, 96, 106, 122, 497-499, 502, 510, 519, 523, 529, 716 ; villes du
Nord de l’, 497, 500, 502-505, 508, 510, 512, 516, 517, 519, 523-525 ;
villes du Midi ou du Sud de l’, 508, 524
Evervin de Steinfeld, prévôt de Steinfeld, archevêché de Liège, 529
Ezzelino Pallavicino, chef du parti gibelin en Émilie, 607
Faenza (Italie), Émilie-Romagne, 636, 637
Falchus olim Montucci, à Florence, acteur d’une paix avec Spigliatus
Puccii, 166
Falconieri, famille de Florence, 164
Farinata degli Uberti, de Florence, 152
Faucon-du-Caire, Alpes-de-Haute-Provence, 329
Federico delle Scale, juriste de Bologne, banni comme gibelin, 220,
395, 626, 627
Ferrare/Ferrara (Italie), Émilie-Romagne, 481 ; évêque de, 681
Ferrier, dominicain, théologien et inquisiteur (1229-1244), 534, 537,
538
Fiesole (Italie), Toscane, 165
Filibbo Cielembroni da Trebbio di Mugello, de Florence, impliqué
dans une vengeance, 139
Filippo a Cambino, 139
Filippo Ceffi, notaire à Florence (début xive siècle), 176
Filippo di Niccola dei Cerchi, de Florence, action en justice arrêtée
par une paix, 168
Filipucio Uguccioni, de Pérouse, accusé dans l’affaire Maffucio
Benvegnati, 410-412
Flandre, 34, 38, 49, 105-110, 112, 117-119, 514, 515, 522, 526, 528, 713,
715, 716, 721-723 ; villes flamandes ou de Flandre, 109, 112, 113, 116,
119, 120, 122, 365, 502, 514, 716, 723 ; Audience de, 118, 119 ; baillis
de, 117 ; comté de, 269 ; comtes de, 109, 110, 116, 120 ; Conseil de,
113, 118, 119, 121 ; gros de, 112
Fleurance, Gers, consuls de, 97
Florence/Florenz/Firenze (Italie), Toscane, 20, 27, 97, 125, 126, 134-
138, 143-145, 147, 150, 154, 159, 161, 162, 164, 165, 169-172, 176, 182,
183, 185, 186, 195, 200, 229, 255, 423, 472, 482, 491, 498, 500, 523, 608,
611, 612, 648, 650, 653, 662, 669, 671, 678, 679, 713, 721, 723
Foilloy, Somme, 90
Foix, Ariège, consulat de, 362 ; consuls de, 97, 357
Foligno (Italie), Ombrie, 238
Forcalquier, Alpes-de-Haute-Provence, 326, 327 ; viguerie de, 324
Forese del fu Buono, de Florence, acteur d’une paix à partie, 156
Foulque, évêque de Toulouse († 1231), 530
Foulque de Saint-Georges, inquisiteur, 550
Français, 336
France, 120, 122, 123, 283, 349, 353, 517, 526, 541 ; du Midi, 42, 44, 63,
65, 84, 95, 96-99, 100, 102, 103, 333, 334, 347, 350, 353-355, 359, 363,
364, 531, 537, 543, 545, 549, 551 ; du Nord, 43, 47, 48, 61, 63, 65, 68, 69,
123, 550, 713, 722, 728 ; du Sud, 675 ; du Sud-Ouest, 348, 349, 352, 354,
358, 362, 363 ; rois de, 42, 47, 51, 113, 115, 118, 349, 525, 557, 701 ;
royaume de, 33, 35-38, 43, 45, 46, 61, 65, 69, 71, 72, 77, 96, 99, 105, 110,
113, 119, 330, 347, 514, 521, 522, 549, 553, 714, 715 ; villes de ou villes
françaises, 498
Francesco d‘Accursio, juriste († 1263), 226, 395, 626, 637
Francesco de Gatti, jurisperitus (xiiie-xive siècles), 631
Francesco di Ventura, de Bologne, en procès, accuse les proches des
Lambertazzi, 610
Francesco Silvestri, évêque de Florence, médiateur, 165
Francesco Zabarella, canoniste, archevêque de Florence, cardinal (†
1417), 576
Francfort-sur-le-Main/Frankfurt (Allemagne), Hesse, 6, 249, 251, 255,
258, 267, 270-272, 280, 281, 286, 287, 291, 295, 315-318, 320, 321, 680
Franciscus a Lignamine, juriste de Padoue (xve siècle), 400
Franciscus de Artemisiis, juriste, 226
François Bernardi, juge du comté de Provence, 333
François d’Assise (saint, † 1226), 672
François Ier, roi de France (1515-1547), 38, 526
Franconie (Allemagne), région, 277, 288
Franuša, de Raguse, en procès, 647
Franz Schmidt, maître, bourreau de Nuremberg, 692, 693, 709, 710
Frédéric I, prince-électeur du Palatinat, 271
Frédéric Ier Barberousse, empereur (1152-1190), 207, 209, 455, 602,
604, 606, 626, 640, 686, 699
Frédéric II, roi de Sicile (1197-1250) et empereur (1250-1260), 222,
463-467, 531, 536, 548, 605
Frédéric III, empereur (1452-1493), 261-263, 267, 271, 276, 285, 287,
298, 307, 682, 685
Freising (Allemagne), Bavière, 276
Fréjus, Var, 336, 339
Frescobaldi, famille de Florence, 166
Fribourg/Freiburg im Üchtland (Suisse), 6, 100, 283, 498, 499, 512,
521, 522
Fribourg-en-Brisgau/Freiburg im Breisgau (Allemagne), Bade-
Wurttemberg, 252-256, 287, 300-302
Friedrich von Alzey, licencié en droit, 271
Friedrich von Zollern, évêque d’Augsbourg († 1505), 674
Gaillac, Tarn, 539
Gaius, juriste romain (iie siècle après J.-C.), 248
Galvano de Bonaiuntas, capitaine du peuple à Bologne en 1293-94,
629
Gand (Belgique), 11, 20, 105-108, 110-119, 122, 365, 498, 500, 502, 514,
524, 716 ; chapitre Saint-Pharaïlde de, 105 ; abbaye Saint-Pierre-au-
Mont-Blandin de, 105, 106, 111 ; échevins de, 111, 115 ; halle de, 112 ;
seigneurie Saint-Bavon de, 119 ; Gantois, 108, 109
Gardanne, Bouches-du-Rhône, 336
Gardino Gardini, docteur en lois de Bologne, 629
Gascogne, 38, 75, 357 ; sénéchal de, 41
Gautier VI de Brienne, duc d’Athènes († 1356), 125, 165, 167
Gautier de Ulmeto, juge du comté de Provence, 339, 342
Gênes/Genova (Italie), Ligurie, 207, 355, 597, 640
Geoffroy d’Ablis, théologien († 1316), inquisiteur, 550
Geoffroy d’Auxerre, cistercien († vers 1290), 528
Geoffroy du Breuil, prieur de Saint-Pierre de Vigeois, 528
Georg Ehinger, officier impérial des finances, 264
Georg Heßler, cardinal († 1482), 267, 299
Georg Rummel, juriste de Nuremberg, 297
Georges, duc de Bavière-Landshut (1479-1503), 685
Gérard de Montfaucon, juriste de Reims (xve siècle), 54
Gerard von Wesel, bourgmestre de Cologne, 270
Géraud de Sabanac, docteur en droit et consul de Cahors, 359
Geremei, famille de Florence, 161, 488
Germanie, 464, 498, 517, 519
Gervais de Cantorbéry, moine et chroniqueur, 549
Gherardini, famille de Florence, 153, 162
Gherardino di Gianni, de Florence, en conflit avec les Quarrata, 168
Ghino di Rinieri, notaire à Florence, acteur d’une vengeance,
bénéficiaire d’une paix, 168
Gianfigliazzi, famille de Florence, 143
Giacopuccio Dati, auteur d’un homicide commis près de Pérouse, 398,
418, 483
Giandonati, famille de Florence, 163
Giano della Bella, chef du popolo à Florence, 145
Giason del Maino, jurisconsulte (1435-1519), 583, 584
Gigors, Alpes-de-Haute-Provence, 329
Gilet Alfans, en procès à Marseille, 434, 435
Giordano da Pisa, dominicain florentin (début xive siècle), 154, 162
Giovanni Bassiano, canoniste († 1197), 362, 601, 620, 624
Giovanni Cantapocchi, notaire à Florence, 168
Giovanni d’Andrea/Jean d’André/ Johannes Andreae, doctor
decretorum, canoniste († 1348), 246, 311, 314, 399, 492, 576, 577
Giovanni da Legnano/Jean de Legnano/Johannes de Lignano, juris
utriusque doctor, juriste de Bologne († 1383), 316
Giovanni da Predamala, notaire à Bologne, en procès politique, 627
Giovanni da Viterbo/Jean de Viterbe, auteur du Liber de regimine
civitatum (vers 1228), 452, 715
Giovanni dello Scelto, de Florence, médiateur, 165
Giovanni di Lapo da Sesto, notaire à Florence, 142
Giovanni di messer Ubertino degli Strozzi, de Florence, acteur d’une
paix à partie, 168
Giovanni Teutonico/Jean le Teutonique, canoniste († 1258), 461-463
Giovanni Villani, marchand et chroniqueur florentin ( † 1348), 149,
166, 175
Giuliano di Cambio Graziadei, juge de Bologne, 627, 629
Giulio Claro, juriste pénaliste († 1575), 416
Giunta di Mazzone Berignalli, banni, réintégré et tué, 184
Goffredus de Trano, canoniste († 1245), 246
Golgotha/Golgatha, 672, 698
Goslar (Allemagne), Basse-Saxe, 254, 702
Göttingen (Allemagne), Basse-Saxe, 2, 16, 18, 246, 247, 249, 254, 256
Gourdon, Lot, 97
Grammont (Belgique), Flandre orientale, 110
Grasse, Alpes-Maritimes, 339, consulat de, 354
Grassus de Randuino, à Bologne, auteur d’un homicide et banni, 598
Gratia, juriste, 446
Gratianus, iudex, 222
Grégoire IX, pape (1227-1241), 260, 461, 462, 464, 531, 532, 536
Grégoire X, pape (1271-1276), 160
Gregor Haloander, éditeur des Pandectes, 280
Gregor Heimburg, juriste de Nuremberg, 258, 272, 275, 280-282, 291-
294, 297-299, 301, 305
Gregor Mangolt, chroniqueur († 1577), 702
Greifswald (Allemagne), Mecklembourg-Poméranie-Antérieure, 261,
686
Grenoble, Isère, 273
Grosseto (Italie), Toscane, 228
Guadagli, famille de Florence, 166
Gualdo/Gualdo Tadino (Italie), Ombrie, 223
Gubbio (Italie), Ombrie, 223
Gueldre (Pays-Bas), région, 263
Guelfo d’Azzuccio, de Florence, condamné en 1332, 142
Guglielmo Casini, agresseur de Cenni di Bonaiuto, 148
Guglielmo da Cabriano, juriste (fin xiie siècle), 393
Guglielmo de Terrafoculi, juriste de Bologne, banni comme gibelin,
220, 221
Guglielmo Rombodevini, juris utriusque doctor (xiiie-xive siècles), 631
Guibert de Nogent, († vers 1124), 528, 529
Guido da Battifolle, comte chargé par Robert d’Anjou de favoriser la
paix à Florence, en 1314, 165
Guido da Sasso, podestat à Bologne entre 1151 et 1155, 210
Guido da Suzzara, juriste ( † 1292), auteur ( ?) du De tormentis, 170,
393, 395, 402, 453, 467, 474-476, 484, 587, 588, 605, 617-625
Guido di Iacopo di Fabbro, de Bologne, accusateur, 611
Guido di Lotto da Quinto, notaire, 142
Guido di Santo Donato de’ Vecchi, prêtre, 139
Guido Novello, capitaine gibelin, 152
Guido Selvatico, comte chargé par Robert d’Anjou de favoriser la
paix à Florence, en 1314, 165
Guido von Sesso, chef du parti impérial de Reggio, 699
Guidotto (ou Guidazzo) di Pagno di Latera, de Florence, 140
Guilhem Barban, notaire à Marseille, 431
Guilhem de Belavila, notaire, en procès, 435, 436
Guilhem de Cina, clerc, en procès, 436
Guilhem de Podio, en procès à Marseille contre Antoni d’Ays, 428,
429
Guilhem Pélissou ou Pelhisson, chronique de (1229-1244), 531-534,
545, 546
Guilhem Thomas, marchand, victime d’un meurtre, 435
Guillaume Arnaud de Poujols, juriste de Toulouse, 360, 536
Guillaume de Champagne dit aux Blanches mains, archevêque de
Reims († 1202), 37, 54, 55, 528
Guillaume de Ferrières, juriste, professeur à l’université d’Orléans (†
1295), 362
Guillaume de Fumalle, membre de la Haute Cour de Namur, 369, 371,
373-375, 377, 379-381
Guillaume de Lombers, juriste d’Albi, 533
Guillaume de Monteolivo, juge du comté de Provence, 343
Guillaume de Pontrohart, rédacteur du cartulaire de Lille, 48
Guillaume de Puylaurens, chroniqueur († 1272), 529, 530, 545
Guillaume de Saint-Seine, inquisiteur, 550
Guillaume Durand, canoniste, évêque de Mende († 1296), 24, 252, 395,
402, 403, 423, 463, 486, 587
Guillaume Hébrard, juriste de Toulouse, 360
Guillaume le Breton, chroniqueur († 1226), 528
Guillaume Talvas, Guillaume Ier de Ponthieu dit Guillaume III Talvas
(1095-1171), 36
Guillaume, duc de Brunswick-Lunebourg, 249
Guillemin Laleman, bourgeois de l’échevinage de Reims, 59
Guiran de Viens, chevalier, juriste, juge des appellations d’Avignon,
330
Guy, comte de Flandre (1253-1305), 49
Guyenne, 38, 350
Gylbert Weygel, de Nuremberg, 260, 280
Hambourg (Allemagne), 245-249, 255, 257, 262, 263, 680
Hanovre/Hannover (Allemagne), Basse-Saxe, 246, 249, 304, 316
Hans Waldmann, bourgmestre de Zurich, 682
Hanse, envoyés de la, 247 ; villes de la, 304, 257 ; (wendische
Hansestädte) 244, 250, 257 ; (villes de Westphalie) 256 ; (villes
saxonnes) 257
Haute-Ariège, 544
Heideck (Allemagne), Landkreis Roth, Moyenne-Franconie, Bavière,
294
Heidelberg (Allemagne), Bade-Wurtemberg, 273, 276, 307, 677, 702,
704
Heilbronn (Allemagne), Bade-Wurtemberg, 277
Heinrich Frunt, protonotaire de Cologne, 260, 262
Heinrich Langenbeck, doctor, juriste et bourgmestre de Hambourg,
248, 257
Heinrich Leubing, doctor, juriste, 257, 258
Heinrich Rubenow, juris utriusque doctor, professeur de l’université et
bourgmestre de la ville de Greifswald, 686
Heinrich Top(p)ler (Tobler), bourgmestre de Rothenburg ob der Tau-
ber, mort en prison (1408), 685, 686
Heinrich Urdemann, auteur du Dyalogus super libertate ecclesiastica
(1477), 266
Heinrich von Luet, juris utriusque doctor, juriste à Cologne, 259
Heinrich von Wittenborn, magister, au service de Lübeck, 244, 245
Heinricus de Fulda, juris utriusque doctor, magister, juriste de Spire,
244
Hektor Mülich, chroniqueur d’Augsbourg, 684
Helvétiques, villes, 498
Henri de Chamay, inquisiteur, 550
Henri de Marcy, abbé de Clairvaux et légat du pape, 528
Henri de Suse/Henricus de Segusio/ Hostiensis, canoniste, cardinal
d’Ostie († 1271), 246, 311, 312, 315, 399, 463, 577, 583
Henri II, roi d’Angleterre (1154-1189), 548
Henri V, empereur (1111-1125), 12
Henri VI, empereur (1190-1197), 605
Henry Dufour, procureur du roi à Douai, 49
Herford (Herverde), Rhénanie-du-Nord-Westphalie, 269
Herman(n) Reichenawer von Wendelstain, exécuté à Nuremberg en
1504, 678
Herman(n), maître (Maister), né à Vienne, empoisonneur exécuté à
Nuremberg en 1401, 678
Hermann Langenbeck, juris utriusque doctor, juriste à Hambourg, 246
Hildesheim (Allemagne), Basse-Saxe, 254, 257, 680
Hildesheim, évêque de, 257
Hirschberg (Allemagne), Landgericht de, Bavière, 299
Hollande, Pays-Bas, 526
Hongrie, 283
Honorius III, pape (1216-1227), 260, 462
Hostiensis, voir Henri de Suse
Hugues Blanchi, juge du comté de Provence, 331
Hugues de Luco, juge du comté de Provence, 339, 341, 342
Hugues III, duc de Bourgogne (1162-1192), 553, 556
Hugues Sardine, noble et juge du comté de Provence, 331
Hugues, seigneur d’Asnières, 89
Hulst (Pays-Bas), Zélande, 117
Hussites, 283, 700
Hyères, Var, 329, 339, 342
Iacopo d’Arena/Jacobus de Arena, juriste (deuxième moitié e
xiii
siècle), 182, 246, 393, 395, 588, 620, 621, 625
Iacobus vocatus Testa, de Florence, acteur d’une paix avec Paulus
Lapi, 166
Iéna/Jena (Allemagne), Thuringe, université de, 250
Ill, rivière, 671
Ingolstadt (Allemagne), Bavière, 276, 288, 290
Innocent III, pape (1198-1216), 311, 314, 439, 443, 460, 462, 463, 528-
530, 699
Innocent IV, pape (1243-1254), 464, 465, 542
Ippolito Marsili, juriste pénaliste († 1529), 416
Irnerio/Irnerius, juriste († vers 1130), 447
Italie, 243, 335, 336, 354, 355, 498, 514, 523, 715, 718, 722, 726 ; du
Centre, 713, 721 ; du Nord, 499, 713, 721 ; villes d’Italie ou italiennes,
498, 506, 512, 723, 726
Italiens, 335, 336, 355
Jacme Guilhem, mari d’Alazays, auteur de mauvais traitements sur sa
femme, 427
Jacobus de Belvisio/Iacopo di Belvisio, juriste de Bologne ( † 1335),
247
Jacobus de Ferrariis, juriste, 251
Jacquemin du Pont, échevin et président de la Haute Cour de Namur,
369, 371, 373-375, 378-381
Jacques Arnavesii, juge du comté de Provence, 339, 342
Jacques van Artevelde, chef de l’insurrection flamande († 1345), 112,
716
Jacques Bermundi, chevalier, juge et procureur fiscal du comté de
Provence, 330, 339
Jacques de Révigny, civiliste ( † 1296), professeur à l’université
d’Orléans, 356
Jacques de Vascalla, juge du comté de Provence, 328
Jacques Fournier, cistercien, évêque de Pamiers, inquisiteur, cardinal
puis pape Benoît XII (1334-1342), 542-544
Jakob von Sierck, archevêque de Trèves († 1456), 294
Jakob Twinger von Königshofen, chroniqueur de Strasbourg († 1420),
672
Jakob Wimpfeling, humaniste († 1528), 673-677
Jakob Wissebach, Ammeister de Strasbourg, 675
Jean Baduel, membre de la Haute Cour de Namur, 369, 377-379, 381
Jean Bassien, voir Giovanni Bassiano
Jean Bodin, philosophe et juriste († 1596), 273, 274
Jean Boinebroke, bourgeois de Douai († vers 1285), 106
Jean Bouteiller/Boutillier, juriste français ( † 1396), auteur de la
Somme rural, 75
Jean Calvin, réformateur († 1564), 705
Jean d’André, voir Giovanni d’Andrea
Jean de Beaune, inquisiteur, 550
Jean de Cessières, greffier du Parlement de Paris au criminel (1375-
1404), 75
Jean de Condeysie, meneur de la rebeyne de Dijon (1436), 566
Jean de Doat, président du Parlement de Navarre, 551
Jean de Folleville, prévôt de Paris (1389-1401), 60
Jean de Forti, juge du comté de Provence, 339, 341
Jean de Forville, président de la Haute Cour de Namur, 369, 377, 379
Jean de Fumalle, membre de la Haute Cour de Namur, 369, 371, 375-
377, 379-381
Jean de Jandrain, membre de la Haute Cour de Namur, 369
Jean de Legnano, voir Giovanni da Le-gnano
Jean de Revesto, chevalier, maître rational du comté de Provence,
327, 330, 339
Jean de Saint-Pierre, inquisiteur, 537-539
Jean de Viterbe, voir Giovanni da Viterbo
Jean de Warisoul, membre de la Haute Cour de Namur, 369, 371, 373-
375, 377, 379, 380
Jean des Barres, maître, réformateur du roi de France (xive siècle), 60
Jean du Pont, frère de Jacquemin du Pont, membre de la Haute Cour
de Namur, 373-375, 380, 381
Jean Duprat, inquisiteur, 550
Jean Galand, inquisiteur, 539, 542, 544, 550
Jean Gerson, théologien († 1429), 674, 675, 701
Jean Hus/Jan Hus, réformateur tchèque († 1415), 678
Jean II, le Bon, roi de France (1350-1364), 76, 340
Jean III, comte de Namur († 1429), 365
Jean le Coq, avocat au Parlement de Paris ( † 1399), auteur des
Quaestiones, 73, 74
Jean le Teutonique, voir Giovanni Teutonico
Jean Musy, meneur de la rebeyne de Dijon (1529), 566
Jean Paterin, lieutenant du bailli de Lyon, 567
Jean Roisin, clerc de la ville de Lille (fin e
xiii siècle), auteur du Livre
Roisin, 48, 61
Jean sans Peur, duc de Bourgogne (1404-1419), 556
Jean sans Terre, roi d’Angleterre (1199-1216), 40
Jean XXII, pape (1316-1334), 491
Jean Ier, comte de Ponthieu (1142-1191), 36
Jeanne Ière d’Anjou, comtesse de Provence et reine de Naples (1343-
1382), 22, 324-326, 328
Jehan del Neufrue, maire de Nivelles, 517
Jérôme Savonarole, Girolamo Savonarola († 1498), prédicateur, 678
Jérusalem, 672 ; faction à Marseille, 429
Jésus Christ, 672, 675, 678, 687, 697-699, 701, 709
Joachim de Narnia, juriste, 276
Johan Caprier, de Marseille, en procès pour dette, 433
Johan Locusta, notaire de Marseille, 426
Johann Bareyts von dem Busche, docteur en droit et juriste de
Cologne, 259
Johann de Cervo [vanme Hirtz, vanme Hirze, Johann vom Hirze], juris
utriusque doctor, juriste de Cologne, 259, 260
Johann Greffinger, greffier de la ville de Weißenburg et de
Windsheim, 287
Johann Heberer, docteur et procurateur, 275
Johann Kael, greffier de la ville de Wesel, 269
Johann Knapp, docteur et professeur à Fribourg-en-Brisgau, 301
Johann Letscher, juris utriusque doctor, juriste de la ville de
Nuremberg, 277
Johann Lochner, doctor, juriste de la ville de Nuremberg, 275
Johann Schucking von Coesvelt, licencié en droit, docteur en droit
canon, juriste de Cologne, 259
Johann Sperber, syndic de Nuremberg, 275, 318
Johann Staupitz, docteur, théologien, vicaire général de l’ordre des
augustins († 1524), 274
Johann Tuchscherer, de Nuremberg, 281, 282
Johann vom Hirze, docteur et juriste de Cologne, 259
Johann vom Neuenstein, docteur et juriste de Cologne, 259, 260, 262
Johann von Erpell, doctor legum, 310
Johann von Glauburg, docteur et juriste de Francfort-sur-le-Main,
271
Johann/es Roth, évêque et humaniste († 1506), 291, 292
Johann/es Zenner, docteur, 275, 295, 301
Johannes Andreae voir Giovanni d’An-drea/Jean d’André
Johannes de Lignano voir Giovanni da Legnano
Johannes de Sancto Lazaro, juriste, 307
Johannes Freitag von Düsseldorf, prieur des carmélites de
Strasbourg, 676
Johannes Frunt/Vrunt, protonotaire de Cologne, 260
Johannes Geiler von Kaysersberg, théologien ( † 1510), prédicateur
strasbourgeois, 28, 667, 671, 673-677, 703, 704
Johannes Gelthaus, juris utriusque doctor, avocat de Francfort-sur-le-
Main, 267, 271
Johannes Kellner, licencié, officier impérial des finances, 274, 275
Johannes Lange, juriste, bourgmestre de Lunebourg (1377), 249
Johannes Müllner, auteur des annales de Nuremberg, 697, 698
Johannes Pirckheimer, juriste ( † 1501), humaniste, membre de la
famille patricienne de Nuremberg, père de Willibald Pirckheimer,
276
Johannes Spull, docteur, 259
Johannes Trithemius, humaniste († 1516), 673
Johannes von Frankfurt, théologien et professeur, conseiller du
prince-électeur de Heidelberg, 702
John Ball, révolté anglais (1381), 121
John Wycliff, réformateur anglais († 1384), 700
Jordan von Boizenburg, notaire du conseil de Hambourg, 245
Justinien, empereur romain (527-565), 248, 603
Kaboul, capitale de l’Afghanistan, 661
Kilian von Bibra, docteur et juriste de la ville de Nuremberg, 258,
275, 276
Koenigshoffen/Königshofen, Bas-Rhin, 671
Konrad.Conrad Peutinger, docteur et juriste, greffier de la ville
d’Augsbourg, conseiller impérial, 254, 255, 277
Konrad/Cuonrat Heggenzi, officier comptable de la ville de
Schaffhausen, exécuté en 1492, 682
Konrad Konhofer/Könnhofer, juris utriusque doctor, juriste de la ville
de Nuremberg, 275, 280, 289, 297, 299
Konrad Schütz, docteur et juriste de la ville de Nuremberg, 298
Lambertazzi, famille de Florence, 161, 164, 219, 472, 488, 489, 609,
610, 613, 614, 616
Lamberti, famille de Florence, 164
Lambertino Ramponi, juriste de Bologne, 226, 395, 484, 627, 636, 637
Landshut (Allemagne), Basse-Bavière, ancienne résidence ducale, 275
Lang, malfaiteur exécuté à Nuremberg, 709
Langres, Haute-Marne, 567 ; évêque de, 557
Languedoc, 63, 87, 100, 326, 332, 338, 342, 348, 349, 352, 353, 357, 360,
527-530, 534-538, 540-542, 544, 548-550, 717 ; villes du, 527, 545, 551,
723
Lantosque, Val de, Alpes-Maritimes, 324, 327
Laon, Aisne, 19, 33, 86, 91, 499
Laonnois, 34, 499
Lapo del fu Risalito, de Florence, acteur d’une paix à partie, 168
Lapo di Giovanni Niccolini de’ Sirigatti, marchand de Florence,
auteur du Libro degli affari proprii di casa, 144
Lapo di Rinovante, de Florence, victime d’un homicide, 168
Laroque-Timbaut, Lot-et-Garonne, 363
Latino Malabranca Orsini, cardinal († 1294), 141, 160, 167
Lauragais, 357, 539
Lavaur, Tarn, 530, 539 ; diocèse de, 350
Lazarus Spengler, greffier du conseil de Nuremberg, 254
Lazzaro de Lazzari, juris utriusque doctor (vers 1300), 631
Lectoure, Gers, consulat de, 358
Leipzig (Allemagne), Saxe, 246, 250, 258
Leonardo di Cione Benintendi, de Florence, condamné pour
homicide, 181
Leonardus de Baziol, juris utriusque doctor, juriste de Padoue, 309
Leone di Neri « Ciuccii », de Florence, acteur d’une paix à partie, 149
Leyde (Pays-Bas), Hollande méridionale, 502, 511
Liège/Lüttich (Belgique), 514 ; élu de, 269 ; évêque de, 266
Liegnitz/Legnica (Pologne), Basse-Silésie, droit urbain de, 316
Lille, Nord, 45, 48, 53, 61, 71, 74, 76, 113, 120, 502, 503
Limoux, Aude, 357, 540, 545, 546, 550
Lindau (Allemagne), Bavière, 253
Linz (Autriche), 254
Lippo da Luco del Mugello, de Florence, acteur d’une paix à partie,
156
Lippo di Cione di Benintendi, de Florence, condamné pour homicide,
181
Lippo di Michele, de Florence, acteur d’une paix à partie, 168
Lippo di Simone Mannelli, victime des Vellutti à Florence, 144
Lombardie, région italienne, 243, 528
Londres (Angleterre), 262, 516, 665
Lorenz/Laurentius Blumenau, juris utriusque doctor, juriste ( † 1484),
276
Lorenzo di Piero di Cione, de Florence, auteur d’un homicide, 168
Lorenzo Roverello, évêque de Ferrare (XVe siècle), 681
Lotto Qualla degli Agli, de Florence impliqué dans une vengeance,
142
Loudun, Vienne, 547
Louis de Mâle, comte de Flandre (1346-1384), 120
Louis de Nevers, comte de Flandre (1322-1346), 112, 115
Louis de Tabia, juge du comté de Provence, 340
Louis VI, roi de France (1108-1137), 34, 39, 85, 455
Louis VII, roi de France (1137-1180), 85
Louis VIII, roi de France (1223-1226), 549
Louis IX, saint Louis, roi de France (1226-1270), 19, 35, 65, 71, 74, 82,
88, 92, 363, 557
Louis XI, roi de France (1461-1483), 51, 257, 556, 561, 563, 569
Louis XII, roi de France (1498-1515), 79, 323
Louis III, prince-électeur (1410-1436), 702
Louis IX, duc de Bavière (1445-1479), 258, 274, 275, 307, 681, 685
Louvain (Belgique), Brabant flamand, 511
Lübeck (Allemagne), Schleswig-Holstein, 243-245, 250, 253, 257, 263,
269, 270, 273, 279, 321, 672, 675, 680 ; évêque de, 245
Luc (saint), évangéliste, 700
Luca, notaire accusé de falsification, 631
Luca Landucci, auteur du Diario fiorentino dal 1450 al 1516, 679
Lucerne/Luzern (Suisse), 251, 283, 692
Lucques (Lucca), 178, 195, 207, 491
Ludovico Bolognini, licencié dans les deux droits, juriste ( † 1508),
auteur du Tractatus Universi iuris, 474
Ludwig Marburg (zum Paradeis), docteur et juriste, avocat de la ville
de Francfort-sur-le-Main, 255, 271, 275, 280
Ludwig Waldeck, greffier de la ville de Francfort-sur-le-Main, 267
Lunebourg/Lüneburg (Allemagne), Basse-Saxe, 249, 250, 254, 255,
261, 279, 304, 308, 309, 316
Lyon, Rhône, 4, 26, 42, 498, 553, 557, 558, 560-565, 567, 569-571 ;
abbaye d’Ainay de 560 ; archevêque de, 562, 567 ; bailli de, 558, 566,
568, 569 ; chapitre, Saint-Jean de, 560, 569, 570 ; chapitre Saint-Just
de, 560 ; consulat de, consuls de, 557, 560, 561, 563, 565-571 ; église
Saint-Nizier de, 567 ; foires de, 562, 563, 569 ; Hôtel de Roanne, 558-
560, 566, 567, 570 ; Île-Barbe, 560 ; rebeynes de, 524, 566
Lyonnais, pays du, 498, 508, 557 ; habitants de Lyon, 557, 558, 563
Mâcon, Saône-et-Loire, 558, 559
Maffucio Benvegnati, habitant de Pérouse, en procès, victime d’un
meurtre, 409-413
Magalotti, famille de Florence, 151, 163
Magdebourg (Allemagne), Saxe-Anhalt, 250 ; droit de, 316
Majorque, roi de, 356
Malaga (Espagne), Andalousie, 13
Malatesta da Verucchio, allié de Charles Ier d’Anjou à Bologne, 612
Malines/Mecheln/Mechelen (Belgique), 498, 680 ; parlement de, 716
Manieri, famille de Florence, 153, 162
Mannelli, famille de Florence, 144, 146, 153, 156, 178, 182, 187
Manosque, Alpes-de-Haute-Provence, 339, 426, 505 ; commanderie
de, 96, 97
Mantes-la-Ville, Yvelines, 85, 86
Mantoue/Mantua/Mantova (Italie), Lombardie, 281, 442
Marabottino, famille de Florence, 139
Marbourg (Allemagne), Hesse, université de, 250
Marguerite de Noyelles, abbesse de Sainte-Gertrude de Nivelles, 522
Marguerite, comtesse de Flandre (1244-1278), 49
Marmousets, conseillers du roi de France Charles VI, 723
Marseille, Bouches-du-Rhône, 2, 24, 57, 65, 98, 328, 335, 340, 343, 423-
431, 459, 498, 719, 725 ; abbaye Saint-Victor de, 431 ; consulat de,
354 ; église Notre-Dame des Accoules de, 426, 430 ; église Sainte-
Catherine de, 435
Martin Luther, réformateur (†1546), 705, 706
Martin Mair/Mertein Meyer, docteur et juriste de Nuremberg ( †
1480), conseiller du duc Louis de Bavière, 258, 274-276, 282, 289, 290,
293-298, 305, 307
Martin Prenninger, dit Uranius, professeur à Tübingen, 300
Martino da Fano, juriste (xiiie siècle), 402, 444
Martino di Nuccio, de Florence acteur d’une vengeance, 148
Martino di Ventura, de Florence, acteur d’une vengeance, 148
Martino Sillimani/Solimani, juriste de Bologne (xiiie siècle), 394, 626
Martinus Garatus Laudensis, juriste, 300
Marvejols, Lozère, bailliage de, 323
Massart Colle, échevin et président de la Haute Cour de Namur, 369,
374, 375, 377, 378, 380-382
Maternus Drachenfels, Ammeister de Strasbourg, 676
Mathilde, seconde épouse de Philippe d’Alsace, comtesse de Flandre
(† 1218), 105
Matteo d’Acquasparta, théologien, cardinal († 1302), 161
Matteo di Biliotto, notaire à Florence (vers 1300), 147, 148, 167
Matthieu (saint), évangéliste, 701
Maximilien Ier, empereur (1459-1519), 262, 267, 285, 674, 692
Mayence/Mainz (Allemagne), Rhénanie-Palatinat, 255, 260, 270-272,
295, 296, 300, 317, 322 ; archevêque de, 295, 296 ; chancelier de
l’archevêque de, 276
Mazauges, Var, 329
Mazzeo di Castelnuovo, gibelin banni de Prato, 610
McVeigh, Timothy, auteur de l’attentat d’Oklahoma City, exécuté en
2001, 661
Meaux, Seine-et-Marne, 60, 87 ; traité de (1249), 530, 545
Méditerranée, 354, 527, 534, 540
Médicis, famille de Florence, 139
Megliorato di Dante di Gherardo, de Florence, contractant d’une
paix, 163, 164
Melun, Seine-et-Marne, 60
Meo del fu Piero, notaire à Florence (vers 1300), 149
Meyronnes, Alpes-de-Haute-Provence, 339
Midi, voir France (Midi)
Milan/Milano (Italie), Lombardie, 9, 193, 195, 196, 208, 209, 213, 222,
392, 494, 607
Minerve, Hérault, 530
Mirabeau, Alpes-de-Haute-Provence, 336
Mireval-Lauragais, Aude, 97
Moççi, famille de Florence, 151
Modène/Modena (Italie), Émilie-Romagne, 193, 219, 220, 243, 442,
607
Moissac, Tarn-et-Garonne, 357
Monclar, Lot-et-Garonne, 349
Monflanquin, Lot-et-Garonne, 349
Montauban, Tarn-et-Garonne, 362, 545 ; consuls de, 362
Montefalcone/Montefiascone (Italie), Latium, 222
Montcuq, Lot, consulat de, 363
Montesquieu (Charles de Secondat, baron de la Brède et de), auteur
de L’Esprit des Lois, 313
Montolieu, Aude, 42
Montpellier, Hérault, 42, 57, 66, 95, 98, 99, 260, 332, 340, 350, 351, 353,
355, 363, 442, 559 ; consulat de, 355 ; université de, 356
Montréal, Aude, colloque de (1207), 529
Montreuil, Pas-de-Calais, 52
Montségur, Ariège, 534, 537, 539
Moustiers-Sainte-Marie, Alpes-de-Haute-Provence, 102, 335
Muffel, famille patricienne de Nuremberg, 681, 683
Mühlhausen (Allemagne), Unstrut-Hainich-Kreis, Thuringe, 254
Najac, Aveyron, 349, 539
Namur (Belgique), 22, 23, 365-368, 371, 377 ; collèges échevinaux de,
375 ; comté de, 365-367, 377 ; comtes de, 366, 367, 374 ; échevins de,
366, 367 ; haute cour de, 365-368, 370, 372, 373, 375, 376, 379-386 ;
chapitre Saint-Aubain de, 367 ; Saint-Rémi de, 367 Naples (Italie),
royaume de, 335
Napoleone Orsini, neveu du pape Niccolò III, cardinal (†1342), 162
Narbonne, Aude, 22, 25, 41, 350, 534, 535, 538
Navarre, parlement de, 551
Neckar, fleuve d’Allemagne, 677
Neidhart, famille de greffiers de la ville d’Ulm, 253
Neri di Alfieri Strinati, marchand florentin, auteur de la Cronichetta,
137-141, 143, 146, 147, 152, 161
Neri di Segero, de Florence, agresseur de Lippo di Michele et acteur
d’une paix à partie, 168
Neri Piccolino degli Uberti, de Florence, épouse la fille de Ranieri
Buondelmonti à la suite d’une faide, 152
Nerio di Ranieri, de Florence, témoin, 148
Neuenstein, docteur à Cologne, 262
Niccolò da Prato, cardinal († 1321), légat du pape Benoît XI, 162
Niccolò III Orsini, pape (1277-1280), 160
Nice, Alpes-Maritimes, 325, 328-331, 339 ; consulat de, 354 ; d'édition
de (1388), 325
Niçois, pays, 324, 326 ; habitants de Nice, 326
Nicola di Riccardino, fils de Riccardino di Riccardino da Pontecchio,
de Bologne, en procès, 628, 631
Nicola de Tencarariis, juriste de Bologne, banni comme gibelin, 220,
221
Nicola de Zovenzoni, juriste de Bologne, banni comme gibelin, 220
Nicola Materelli, juriste, auteur des Consiliorum seu responsorum in
causis criminalibus, 400
Nicolas d’Abbeville, inquisiteur, 550
Nicolaus de Tebaldis, juriste, 226
Nicolò di Bertolino Toschi, de Bologne, en procès, 610
Niccolò Tedeschi/ Nicolaus de Tudeschis, dit Le Panormitain,
canoniste, cardinal ( † 1445), auteur des Commentaria in Clementis
epistolas, 311, 315, 576
Nikolaus/Nicolas/Niclas Muffel, exécuté à Nuremberg, 290, 298, 679,
681-685
Nikolaus Wurm, auteur du Stadtrechtsbuch de Liegnitz en Silésie, 316
Nîmes, Gard, 336, 352, 534, 535 ; consuls de, 352, 361
Nivelles (Belgique), Brabant vallon, 11, 25, 497-499, 501, 503, 505, 507,
511, 512, 515-518, 522, 525, 725 ; abbesse de Sainte-Gertrude de, 512,
522 ; bourreau de, 518 ; maire et échevins de, 504, 507, 516, 517
Nocera (Italie), Campanie, 223, 224
Nordhausen / Harz, Thuringe, 693
Nördlingen (Allemagne), Landkreis Donau-Ries, Bavière, 254, 277,
706
Normandie, 37
Novare/Novara (Italie), Lombardie, 481
Nuremberg/Nürnberg (Allemagne), Moyenne-Franconie, Bavière, 5,
28, 199, 251, 253, 254, 256-258, 260, 262, 268, 269, 271-283, 285-302,
304-308, 317-321, 498, 521, 663, 666-669, 671, 678-685, 692-694, 697,
698, 706, 707, 709 ; Burggrafen, 273 ; Burggrafentum, 263, 283 ; église
Saint-Sebald de, 684 ; Nürnberger Lehrartikel (Leçons de Nuremberg),
706
Oberpfalz (Allemagne), région, aujourd’hui dans le Haut-Palatinat,
Bavière, 277
Oberto Pallavicino, chef du parti gibelin en Émilie, 607
Occident, 41, 58, 337, 497, 502
Odaldo, messer, de Florence, en procès, 139
Odernheim (Allemagne), Rhénanie-Palatinat, 255
Odofredo/Odofrède, canoniste († 1265), 393, 395, 484, 605, 606, 616,
622, 624
Oklahoma City (Etats-Unis), Oklahoma, 661
Olivier de Termes, chevalier hérétique († 1274), 534
Olmütz/Olomouc (République tchèque), Moravie, 14
Opizo, d’Este en procès, 492
Orange, principauté d’, 336
Orgon, Bouches-du-Rhône, 336
Orient, 537
Orlandus Ranaldi, membre du Conseil des Vingt-quatre à Sienne, 232
Orléans, Loiret, 70, 260, 273, 442 ; école et université d’, 356, 393
Orvieto (Italie), Ombrie, 482
Oseas Schad, auteur du Summum Argentoratensium Templum, 673, 677
Osnabrück (Allemagne), Basse-Saxe, 256 ; évêque d’, 256
Pace de Paci, juriste de Bologne, 627
Padoue/Padua/Padova (Italie), Vénétie, 138, 194, 250, 276, 277, 280,
305, 309
Paganellus, dominus, iudex, 222
Pagnus Tucti, de Florence, acteur d’une paix avec Zenobi Michelis,
166
Pamiers, Ariège, 19, 96, 97, 99, 100, 102, 544 ; colloque de (1207), 529
Pandolfo di Fasanella, procurateur impérial, 223
Paolino Pieri, chroniqueur florentin, 160, 171
Paolo da Certaldo, marchand florentin (xive siècle), auteur du Libro di
buoni costumi, 145
Papinien/Aemilius Papinianus, juriste romain († 212 après J.-C.), 248
Parigi da Barberino, de Florence, victime d’une vengeance, 142
Paris, 20, 41, 53, 57-59, 62-67, 70, 75, 76, 719, 721 ; Châtelet de, 53, 54,
60, 62, 66, 67, 78, 103 ; parlement de, 4345, 53, 59, 60, 68, 72-78, 81-93,
95, 113, 118, 245, 260, 323, 364, 367, 555, 559, 560, 567, 569, 713, 716,
717 ; université de, 534 ; traité de (1229), 530, 545, 549, 674
Parme/Parma (Italie), Émilie-Romagne, 176, 621
Passerini, famille de Florence, 151
Passignano (Italie), Ombrie, 398, 418
Paul (saint), Épitre aux Romains, 706
Paul/us de Castro, jurisconsulte († 1441), 300
Paulus Lapi, de Florence, acteur d’une paix avec Zenobi Michelis, 166
Paulus, juriste romain (iiie siècle), 419
Paumgartner, marchand de Nuremberg en procès, 301
Pavie/Pavia (Italie), Lombardie, 339 ; université de, 254
Pays-Bas bourguignons ou anciens Pays-Bas, 108, 111-113, 118-120,
123, 365-367, 498-500, 504, 509, 515, 520-522, 524 ; villes des, 510, 511,
519
Pazzi, famille de Florence, 161, 163, 184, 185
Pazzino di Sinibaldo dei Donati, de Florence, participant à une
vengeance, 182
Peillon, Alpes-Maritimes, 339
Peire de Bellaygris, témoin à Marseille, victime d’une vengeance, 429
Peire Mosson, de Marseille, impliqué dans une cause civile, 432-435
Pères de l’Église, 700
Périgueux, Dordogne, 355, 356
Péronne, Somme, traité de (1200), 111
Pérouse/Perugia (Italie), Ombrie, 8, 21, 27, 126, 130, 131, 135, 176,
191, 192, 194, 200-204, 211-218, 221, 223-225, 227, 229, 230, 234-236,
238, 241, 389, 393, 396, 398, 408-413, 418-420, 442, 459, 481, 483, 486,
488, 618, 646, 648, 651, 656, 719, 725
Pertuis, Vaucluse, 339
Pérusse (La), Alpes-de-Haute-Provence, 336
Peruzzi, famille de Florence, 151-153, 165
Peter Egen (von Argun), bourgmestre d’Augsbourg, 685
Peter Neidhart, juriste à Ulm, 254
Peter Schott, humaniste, 675, 677, 704
Peter Stahel, docteur, juriste de Nuremberg, 286
Peynier, Bouches-du-Rhône, 336
Philipp von Leyden/Philippus de Leyde, juriste († 1382), auteur du De
cura reipublicae et sorte principantis, 305
Philippe d’Alsace, comte de Flandre (1168-1191), 49, 105, 528
Philippe d’Outremont, membre de la Haute Cour de Namur, 374, 376,
377, 379-381
Philippe de Chavery, bailli de Lyon, 558
Philippe de Namur, maire de Nivelles, 517
Philippe de Thurey, archevêque de Lyon († 1415), 559, 560
Philippe II Auguste, roi de France (1180-1223), 38-40, 49, 85
Philippe III le Hardi, roi de France (1270-1285), 75, 108, 109, 540, 557
Philippe IV le Bel, roi de France (1285-1314), 326, 340, 540, 549, 557,
560
Philippe V le Long, roi de France (1316-1322), 557
Philippe VI, roi de France (1328-1350), 41, 72, 332, 340
Philippe le Bon, duc de Bourgogne (1419-1467), 323, 365, 367, 374, 512
Philippe le Hardi, duc de Bourgogne (1363-1404), 555, 569
Piacentino, glossateur (xiie siècle), 444
Picardie, 526
Piémont, région d’Italie, 97, 336, 505
Pierre Amalrici, juge du comté de Provence, 343
Pierre Ayrault, juriste († 1604), 417
Pierre Brun, inquisiteur, 550
Pierre Cellan/Seila, inquisiteur, 538
Pierre de Belleperche, civiliste ( † 1308), professeur à l’université
d’Orléans, chancelier de France, 587
Pierre de Fontaines, juriste († avant 1267), auteur du Conseil à un ami,
46, 47
Pierre de Marculpho, seigneur de La Bastide-des-Bains, noble et juge
du comté de Provence, 327, 330
Pierre de Pavie, légat du pape, 528
Pierre Déjean-Olieu, béguin, 544
Pierre des Vaux-de-Cernay, cistercien et chroniqueur ((† 1274), 529,
530
Pierre Jamme, docteur-régent de l’Université et juge de Montpellier,
356
Pillio da Medicina/Pillius Medicinensis, glossateur († 1207?), 44, 393,
423, 453, 454, 600
Pise/Pisa (Italie), Toscane, 176, 193, 194, 207, 208, 450
Pistoia (Italie), Toscane, 159, 176, 449, 599, 619
Plaisance/Piacenza (Italie), Émilie-Romagne, 442, 490, 604
Plesse, seigneurs de, dans l’Empire, 247
Poitiers, Vienne, 43, 76 ; parlement de, 76
Pons du Pouget, inquisiteur, 550
Pons Niel, notaire de Nîmes, 361
Ponthieu, 38, 51 ; comtes de, 50, 51 ; sénéchal de, 50
Prato (Italie), Toscane, 141, 607-614
Prayssas, Lot-et-Garonne, 363
Provençal, État, 324, 344, 345, 352, 353 ; bailies, 362 ; consulats, 354
Provençaux, 336, 338, 354
Provence, 22, 87, 96, 97, 99, 101, 102, 324-326, 329, 330-332, 335-341,
348, 505, 508, 509, 536, 722, 726 ; comté de, 326, 339, 347, 352 ; comtes
de, 99, 101, 323, 331, 334, 341-343 ; États de, 325 ; marquisat de, 532
Provenzan Salvani, chef du popolo à Sienne, 200
Provins, Seine-et-Marne, 500
Pseudo Vitalini, juriste (vers 1300), auteur du Tractatus super
maleficiis, 576, 588, 591
Puget-Théniers, Alpes-Maritimes, 327, 335, 336, 339
Puimichel, Alpes-de-Haute-Provence, 336
Quarrata, famille de Florence, 168
Quercy, 350, 357, 363, 538, 539
Radosava, de Raguse, en procès, 656
Radoslav Repusic, de Raguse, en procès, 647
Raguse/Ragusa, act. Dubrovnik (Croatie), 16, 27, 514, 643-658
Raimond Bérenger V, comte de Barcelone et de Provence ( † 1245),
324, 348, 362, 536
Rainaldo, d’Este, en procès, 492
Rainaud de Chartres, inquisiteur, 550
Ranieri da Perugia, auteur d’un ars notaria, 149, 444, 453
Ranieri Pagliaresi, chef du popolo à Sienne, 200
Ranieri Vinci dalla Forca di Campo Corbolini, de Florence, notaire
rédacteur d’une charte de paix, 138
Ranierius Cictadini, membre du Conseil des Vingt-quatre à Sienne,
232
Ratisbonne/Regensburg (Allemagne), Bavière, 257, 258, 267, 276,
277 ; chapitre cathédral de (Domkapitel), 257, 276
Ravenne/Ravenna (Italie), Émilie-Romagne, 482
Raymond Clementis, juge du comté de Provence, 330
Raymond de Crota, fils de Geoffroy de Crota, maître rational, juge du
comté de Provence, 339, 340
Raymond de Mostuéjouls, inquisiteur, 543
Raymond du Fauga, évêque de Toulouse († 1279), 531
Raymond II de Trencavel, vicomte d’Albi, Carcassonne et Béziers (†
1267), 536, 538
Raymond V, comte de Toulouse († 1194), 548
Raymond VII, comte de Toulouse († 1249), 530-532, 536, 538, 539
Réalmont, Tarn, 349
Réauville, Drôme, 335
Reggio (d’Émilie)/Reggio Nell’Emilia (Italie), Émilie-Romagne, 699
Reillane, Alpes-de-Haute-Provence, seigneurs de, 331 ; Bertrand et
Guillaume de, juges, 331
Reims, Marne, 19, 34, 35, 41, 54-59, 63, 66, 72, 73, 75, 76, 79, 84, 499,
500, 502, 517 ; abbaye Saint-Rémi de, 56 ; archevêque de, 41, 56, 78 ;
ban Saint-Nicaise de, 55 ; ban Saint-Rémi de, 55 ; diocèse de, 69 ;
échevins de, 78 ; Rémois, 35, 41, 56, 78, 500
Remigio de’ Girolami, dominicain florentin (début xive siècle), 154,
162
Renaix/Ronse (Belgique), Flandre orientale, 121
René Ier d’Anjou, roi de Naples et de Jérusalem, duc de Lorraine et de
Bar, comte de Provence (1435-1480), 101
Reutlingen (Allemagne), Bade-Wurtemberg, 277
Rhénanie, 256, 504
Rhin, vallée du, 678, 683, 721
Rhône, vallée du, 352, 354, 364, 721, 723
Ricardona, de Marseille, en procès pour dette, 433
Riccardino di Riccardino da Pontecchio, de Bologne, en procès, 628,
631, 632, 634
Riccardo Malombra, juriste, 395
Richard Ier, Cœur de Lion, roi d’Angleterre (1189-1199), 40, 45
Ricoverino dei Cerchi, 184, 185
Rigord, moine de Saint-Denis et chroniqueur († 1208), 528
Rinieri Pisciancato, de Florence, 138
Rinucci, famille de Florence, 163, 164
Rive-de-Gier, Loire, 566
Robert dit le Sage, duc d’Anjou, comte de Provence et roi de Naples
(1309-1343), 22, 165, 324, 326, 327, 337, 343
Rocamadour, Lot, 503
Rochelle (La), Charente-Maritime, 43
Rochester (Angleterre), 269
Rogerio/Rogerius, juriste (vers 1150), 453, 454
Rogerii, famille de Florence, 163
Roland de Crémone, dominicain, théologien, professeur à
l’Université de Toulouse († 1259), 535
Rolandino dei Passeggeri, juriste, auteur de la Summa artis notariae,
149, 457, 608, 613
Rolando de Romanzi, juriste de Bologne, banni comme gibelin, 220,
221, 627
Rolin de Mâcon, procureur de Dijon, 566
Romain de Saint-Ange, cardinal-diacre, légat du pape Honorius III,
530
Rome/Roma (Italie), 1, 265, 266, 364, 447, 532, 682, 713 ; curie, 262,
263, 266, 268, 278, 283 ; Saint-Pierre de, 682 ; Romains, 532
Roncaglia, diète de (1158), 222, 602
Rondinelli, famille de Florence, 163
Roque-d’Anthéron (La), Bouches-du-Rhône, 336
Roselli, juriste, 307
Rosenkranz, marchand de Cologne, 268
Rossi, famille de Florence, 165
Rostock (Allemagne), Mecklembourg-Poméranie-Antérieure, 250,
255, 258, 261
Rothenburg (ob der Tauber) (Allemagne), Bavière, 277, 685
Rottweil (Allemagne), Bade-Wurtemberg, 254
Rouen, Seine-Maritime, 70
Rouvres-en-Plaine, Côte-d’Or, 568
Rummel, docteur et juriste de la ville de Nuremberg, 275
Ruprecht III, comte palatin, roi des Romains (1400-1410), 285, 678
Rychardus Jonghe, juris utriusque doctor, apostoli causarum palatii
auditor, de Rochester, 269
Saint-Bertrand-de-Comminges, Haute-Garonne, 97, 98
Saint-Flour, Puy-de-Dôme, 35, 36, 45
Saint-Gall/Sankt Gallen (Suisse), 283
Saint-Jacques-de-Compostelle (Espagne), 503
Saint-Omer, Pas-de-Calais, 37, 38, 110
Saint-Paul-sur-Ubaye, Alpes-de-Haute-Provence, 336, 339
Saint-Quentin, Aisne, 47-49
Saint-Riquier, Somme, abbaye de, 87
Saint-Vincent-Les-Forts, Alpes-de-Haute-Provence, 336
Salatiele, auteur d’un ars notaria, 149, 453
Salimbene de Parme, franciscain et chroniqueur (xiiie siècle), 699
Salluste, auteur romain, 248
Salomon Mordacai, juif de Marseille, 425
Salomon, roi (Bible), 248
San Gimignano (Italie), Toscane, 147, 213
Sandro di Vanni di Saracino, de Florence, condamné, 172
Saragosse/Zaragoza (Espagne), Ara-gon, 13
Sassolini, famille de Florence, 166
Sauveterre-de-Guyenne, Gironde, 38
Saverne/Zabern, Bas-Rhin, 671
Savoie, 323, 325 ; comte de, 557 ; duc de, 566 ; duché de, 341
Scandinavie, 498
Schaffhouse/Schaffausen (Suisse), 283, 682
Scheffer, malfaiteur, exécuté à Nuremberg, 709
Schwäbisch Hall (Allemagne), Bade-Wurtemberg, 254, 277, 278, 282
Schweinfurt (Allemagne), Basse-Franconie, Bavière, 254, 277
Scolari, famille de Florence, 144
Sebald Rem, marchand, exécuté à Nuremberg en 1483, 683
Sebastian Brant, juris utriusque doctor († 1521), syndic de Strasbourg,
auteur de manuels de pratique juridique et de la Nef des fous, 254,
273, 674
Senlis, Oise, 55, 92 ; bailliage de, 55, 83, 323, 367
Sens, Yonne, 77 ; abbaye et bourg de Saint-Pierre-le-Vif de, 90
Serraglio Bordoni, chef de faction à Florence, 160
Serrutus de Gossolengo, avocat à Marseille, 427
Seyfried Plaghal, doctor, juriste de la ville de Nuremberg, 275, 296,
300, 318, 320
Sienne/Siena (Italie), Toscane, 21, 135, 176, 191, 192, 194, 198-203,
210-212, 214, 221, 222, 227-231, 389, 416, 449, 456, 482, 489
Sigismond (Sigismund, Siegmund), empereur (1410-1437), roi de
Hongrie et de Bohême, Reformatio Sigismundi, 256, 257
Simone del fu Lore, de Florence, 149
Simone Della Tosa, de Florence, auteur des Annali, 137, 141
Simone di Vanni, de Florence, condamné, 142
Simone Donati, messer, de Florence, 152
Sisteron, Alpes-de-Haute-Provence, 327, 328, 339, 343
Soissons, Aisne, 528
Sorbonne, bibliothèque de la, 675
Sperber, notaire à Nuremberg, 298
Spigliatus Puccii, de Florence, acteur d’une paix avec Falchus olim
Montucci, 166
Spini, famille de Florence, 184
Spire/Speyer (Allemagne), Rhénanie-Palatinat, 244, 680
Spolète/Spoleto (Italie), Ombrie, 176
Stainhauser, malfaiteur exécuté à Nuremberg en 1498, 663, 683
Stockholm (Suède), 13, 498
Strasbourg/Strassburg, Bas-Rhin, 19, 28, 33, 254, 272, 273, 320, 664-
666, 668-681, 702-704 ; chapelle Saint-Michel/Michaelskapelle) de,
672 ; église ; Saint-Thomas de, 677 ; église Saint-Pierre /Alt Sankt
Peter de, 677 ; évêque de, 673, 677 ; paroisse du Münster de, 674, 676,
677, 679
Strinati, famille de Florence, 140, 141, 143, 146, 160
Stura, val de (Italie), Piémont, 335
Suger, abbé de Saint-Denis († 1151), 455
Suisse, 693, 694
Taddeo di Bonaventura, témoin, 148
Taddeo Pepoli, juriste de Bologne, 493
Tancrède/Tancredi, canoniste ( † 1236), 24, 252, 353, 423, 447, 461,
462
Tanner, gardien, voleur exécuté à Nuremberg en 1482, 669, 683
Tanno Sorbi, témoin récusé pour mœurs, 436
Tarascon, Bouches-du-Rhône, 329, 335, 339 ; consulat de, 354
Tarn, rivière, 539
Templiers, ordre des, 549
Terre Sainte, 503
Terzolino Artenisi, procurateur de Zanotto, 633
Thierry Bonnant, échevin et président de la Haute Cour de Namur,
369, 373, 376-378, 380, 381
Thierry, évêque d’Amiens († 1164), 39
Thoire-Villars, sire de, seigneur de Bresse, 557
Thomas aux Louvegnis, échevin et président de la Haute Cour de
Namur, 369, 371, 374, 375, 377, 380-382
Thomas Becket (saint † 1170), 548
Thomas Stieber, auteur d’un manuel d’instruction chrétienne, 707
Thüring Fricker, docteur en décret, greffier de la ville de Berne, 255,
260
Tiberio Deciani, juriste originaire d’Udine, professeur à Padoue ( †
1582), 416
Tieri Dietisalvi, de Florence, banni, 138
Tigliamocchi, famille de Florence, 163
Tirlemont/Tienen (Belgique), Brabant flamand, 511
Tivoli (Italie), Latium, 195
Tommasi dei Maloxelli, juriste de Bologne, 626
Tommasino di Guido Ubaldini, legum doctor de Bologne, 629
Tommaso da Piperata, juriste de Bologne, banni comme gibelin
(après 1250), 219, 220, 395, 473, 476, 626
Tommaso di Cuccio dei Visdomini, prisonnier, 164
Tommaso di Guido Ubaldini, legum doctor, 627
Tonnerre, Yonne, 42
Toplerschlößchen (petit château construit par Heinrich Topler
devant la ville de Rothenburg ob der Tau-ber), 686
Tornaquinci, famille de Florence, 140, 143, 163
Toscane (Italie), 129, 147, 329
Tosinghi, famille de Florence, 142, 161
Tottolino di Braccio, de Florence, 148
Toulon, Var, 339, 342 ; consulat de, 354
Toulousain, pays, 350, 528, 534, 544, 545 ; habitants de Toulouse, 530,
532, 535, 545
Toulouse, Haute-Garonne, 20, 22, 25, 65, 99, 100, 260, 348, 349, 354,
356, 359, 360, 524, 531, 532 ; 535-537, 539, 540, 545, 546, 550 ;
capitouls de, 348, 362 ; cathédrale Saint-Étienne de, 531 ; comte de,
536, 537 ; comté de, 537, 549 ; concile de, 530, 531, 535 ; consulat de,
352, 357, 362 ; couvent dominicain de, 531, 536 ; parlement de, 96,
100 ; université de, 360, 530, 535
Tournai (Belgique), Hainaut, 71, 7375, 92, 120, 121
Tournaisis, 120
Tours, Indre-et-Loire, concile de (1163), 527, 548
Trasimène (Italie), Ombrie, lac de, 418
Trencavel, voir Raymond II Trencavel
Trente/Trento (Italie), Trentin-Haut-Adige, 2, 9
Trie-sur-Baïse, Hautes-Pyrénées, 349
Trogir (Croatie), 646, 656
Troyes, Aube, 19, 62, 63, 79
Tübingen (Allemagne), Bade-Wurtemberg, 273, 301
Turcs, 283
Tyrol, région (Tiroler Malefizordnung), 692
Ubaldino de Malavolti, juriste de Bologne, 484
Ubertinus de Rigomagno, de Sienne, 229
Ufreduccio, de Pérouse, victime, 411
Uga Bernarda, témoin dans un procès criminel, 435
Uga de Bellavila, femme du notaire Guilhem de Belavila, 435
Ugo del fu Ugolino, témoin, 149
Ugo Gaydon, excommunié en procès, 434
Ugolino Bisdomini, acteur d’un procès politique à Prato, 611
Uguccius Meçolombardi, iudex, 222
Ulm (Allemagne), Bade-Wurtemberg, 253, 254, 258, 277, 282, 314, 320
Ulman Fischer, chroniqueur suisse, 709
Ulman Stromer, marchand et auteur à Nuremberg, 678
Ulpien/Domitius Ulpianus, juriste romain († 228), 248
Ulrich Richental, chroniqueur, 678
Ulrich Schwarz, bourgmestre d’Augsbourg, exécuté, 684, 685, 698
Ulrich Tengler, doctor, juriste († 1510/ 11), auteur du Laienspiegel, 254,
697
Ulrich Zasius, doctor, juriste (†1535), 254, 255, 287, 301, 302
Ulrich, maître, licencié, juriste de la ville d’Augsbourg, 276
Utrecht (Pays-Bas), 11, 20, 97, 269, 498, 504 ; évêché d’, 269, 279 ;
évêque de, 269
Vailhourles, Aveyron, prieur de, 86
Valence/Valencia (Espagne), 13
Valence, Drôme, 353
Valenciennes, Nord, 500
Valentin Eber, licencié, juriste, greffier de la ville d’Augsbourg, 254,
276
Valois, dynastie des, 44, 52, 119
Van Elten, dominicain, docteur en théologie, 266
Varredes, Seine-et-Marne, 87
Veit Dietrich, pasteur de Nuremberg, 707
Velluti, famille de Florence, 144-146, 153, 156, 180, 182, 184, 187
Vendôme, Loir-et-Cher, 503
Venise/Venedig/Venezia (Italie), Vénétie, 9, 274, 313, 523
Verfeil, Tarn-et-Garonne, colloque de (1207), 529
Vermandois, 46, 47 ; bailli de, 46, 79,
Vérone/Verona (Italie), Vénétie, 482, 607
Vésubie, Alpes-Maritimes, vallée de la, 324
Vicence/Vicenza (Italie), Vénétie, 486
Viehof, marchand de Cologne, 268
Vienne/Wien (Autriche), 678 ; concile de, 701
Viens, Vaucluse, 329, 336
Villefranche-de-Rouergue, Aveyron, 349
Villers-Cotterêts, Aisne, 417
Vincenzo Ispano/Vicentius Hispanus, canoniste († 1248), 461, 463
Vinta di Signorello, témoin, 148
Vintimille (Italie), Ligurie, comté de, 324, 327, 335
Visdomini, famille de Florence, 142, 164
Viterbe (Italie), Latium, 548
Volkach (Allemagne), Bavière, 697
Voltaire, philosophe, 525
Walter/Wolterus von Bilsen, docteur et juriste, 259, 263, 264, 267,
268
Weissenburg (Allemagne), Bavière, région de Nuremberg, 277, 287
Welfen, famille, ducs et seigneurs de la ville de Lunebourg, 249
Wenceslas/Venceslas/Wenzel IV, empereur de Germanie (1378-
1419), et roi de Bohême, 685
Wesel (Allemagne), Rhénanie-du-Nord-Westphalie, 252, 258, 268, 269,
279, 302, 307, 310, 312-315, 320
Westphalie (Allemagne) 256 ; tribunaux de, 264, 299
Wiener Neustadt (Autriche), Basse-Autriche, 281
Wilhelm von Bardewik, juriste, syndic de Lübeck, 244
Willibald Pirckheimer, fils de Johannes Pirckheimer à Nuremberg,
humaniste († 1530), 280
Windsheim (Allemagne), Bavière, 277, 287
Wismar (Allemagne), Mecklembourg-Poméranie-Antérieure, 255
Wittenberg (Allemagne), Saxe-Anhalt, université de, 274
Worms (Allemagne), Rhénanie-Palatinat, 319, 671, (Mainzer Tor), 671
Wurtemberg/Württemberg (Allemagne), région, 300
Wurtzbourg/Würzburg (Allemagne), Basse-Franconie, Bavière, 275,
276, 302 ; évêque de, 258, 283
Ypres/Ieper (Belgique), 20, 109, 111, 115, 120, 121, 716 ; abbaye Saint-
Martin d’, 111 ; échevins d’, 111, 115
Zanobi, 146
Zanotto Artenisi, cas traité par Alberto Gandino, 629-636
Zélande (Pays-Bas), 522, 526
Zenobi Michelis, de Florence, acteur d’une paix avec Pagnus Tucti,
166
Zénobie de Scarperia, marchand florentin, 570
Zürich (Suisse), 6, 20, 97, 254, 499, 669, 670, 680, 682
Résumés des contributions

Claude GAUVARD, Droit et pratiques judiciaires


dans les villes du Nord du royaume de France à
la fin du Moyen Âge : l’enseignement des
sources, p. 33-79.
1 Dans les villes du royaume de France, les fondements du droit
urbain, sous forme de chartes de franchises et de cartulaires, sont
moins rigides que ne le laisse supposer leur affirmation par les
pouvoirs urbains. Les chartes peuvent être modifiées chaque fois
qu’elles sont confirmées. Elles changent surtout de nature sous
l’effet de la politique royale qui, de façon subtile, transforme les
franchises en privilèges concédés par le roi. Quant aux cartulaires, ils
ont valeur de preuve et le choix des pièces conservées reflète les
préoccupations judiciaires de la ville soucieuse de criminaliser un
certain nombre de délits, de définir les juridictions et d’énoncer les
procédures. Les actes de la pratique judiciaire, conservés de façon
lacunaire, montrent comment chartes et cartulaires constituent
pour la ville un capital symbolique plus qu’un strict référent pour
appliquer la norme. Les pratiques judiciaires diffèrent largement de
la théorie car elles témoignent de procédures mêlées, du poids des
enclaves juridictionnelles et des statuts sociaux dans la résolution
des conflits. Cette malléabilité du droit urbain et de son application
conduisent à son infériorité créatrice face au droit royal, sauf en cas
de fautes professionnelles et de réglementation des métiers. En
matière de justice, le roi est devenu l’arbitre des conflits et la source
affirmée du droit urbain.

Bernadette AUZARY-SCHMATLZ et Jean


HILAIRE, Les ville set la justice d’après les
archives du Parlement aux xiiie et xive siècles,
p. 81-93.
2 À l’examen des décisions du Parlement de Paris, et plus
particulièrement des premières d’entre elles connues sous le nom
d’Olim – publiées au milieu du xixe siècle avec un index rerum trop
succinct et dont on trouve désormais un index juridique sur le site
http://www.u-paris2.fr/cehj – on aperçoit vite que nombreuses sont
les villes, au sens le plus générique, qui tentent de se faire
reconnaître par voie judiciaire le droit d’exercer ce qu’on appelle
alors « une justice », c’est-à-dire une compétence spécifique pour
juger tel ou tel cas. Les efforts constants et souvent répétés qu’elles
déploient dans ce sens prouvent qu’une telle reconnaissance
constitue un enjeu d’importance. La justice, attribut majeur de la
souveraineté d’un État moderne, représente pour les collectivités
urbaines au Moyen Âge, un élément déterminant pour acquérir
l’autonomie et accéder au statut municipal ; en sorte que les
communautés n’hésitent pas à gravir les différents degrés de la
hiérarchie judiciaire, allant parfois jusqu’au Parlement, dans l’espoir
d’y recueillir la qualification municipale. Le Parlement traite de
manière égale toutes les demandes, qu’elles émanent des pays de
droit écrit ou des pays de coutume et il ordonne systématiquement
une enquête ; des deux parties, celle qui a le mieux prouvé ses
prétentions va l’emporter et gagner reconnaissance de cette
« justice » pourvoyeuse d’autonomie. Loin de prendre parti pour l’un
des protagonistes (collectivités, seigneurs ou officiers royaux), le
Parlement se retranche derrière le juridisme le plus strict, introduit
avec la procédure d’enquête, et cette attitude semble bien avoir
profité aux communautés d’habitants aux dépens des seigneurs laïcs
ou ecclésiastiques.

Leah OTIS-COUR, Les sources de la justice


pénale dans les villes du Midi de la France au
Moyen Âge : paroles et silences, p. 95-103.
3 Le corpus de documents permettant une étude du droit pénal dans le
Midi de la France au Moyen Âge comprend d’abondants textes
normatifs (coutumes municipales et régionales, ordonnances
royales, statuts municipaux), la jurisprudence des parlements (de
Paris et, après 1444, de Toulouse), les lettres de rémission royales et
un nombre plus restreint de registres de justice seigneuriale et
municipale. Ces documents sont à « croiser » avec d’autres sources :
des parchemins ou feuillets détaillant une seule affaire, et des
documents extrajudiciaires, telles les séries de comptabilité,
municipale ou autre, comprenant amendes infligées et paiements
effectués au bourreau. La prise en compte de plusieurs sources
permet d’élucider des phénomènes mal connus (l’application de la
torture et le recours à la peine cachée, par exemple) et d’arriver
ainsi à une image plus nuancée de la justice de l’époque.
Walter PREVENIER, Les sources de la pratique
judiciaire en Flandre du xiie au xve siècle et leur
mise en œuvre par les historiens, p. 105-123.
4 Avant 1300, la caste politique, fermée en Flandre, évitait de rédiger
et conserver des écrits à risque, aptes à révéler ses malversations.
Les révoltes des années 1280-1305 provoquèrent une fissure dans la
pratique judiciaire et son enregistrement. L’entrée des gens de
métier dans les conseils urbains aboutit à un contrôle des finances et
à la rédaction de comptes annuels, à une transparence accrue et à
une meilleure égalité devant le droit avec un accès plus facile au
tribunal. Cependant, l’égalité restait imparfaite : la nouvelle élite
créait deux bureaux d’enregistrement, un pour le commun et un
pour ceux qui possèdent une parcelle de sol urbain. Pour englober la
totalité de la pratique judiciaire urbaine, l’analyse d’autres sources
s’impose : une très large partie de la répression des crimes et de
l’enregistrement de testaments, contrats de mariage et de tutelles et
ventes de biens est l’affaire des notaires, des officialités, des baillis et
des juges des cours d’appel. La mémoire de l’administration urbaine
est consignée dans des registres, dont le plus ancien, débute à Gand,
en 1210.

Andrea ZORZI, Pluralismo giudiziario e


documentazione : il caso di Firenze in età
comunale, p. 125-187.
5 Firenze offre un interessante caso di studio per la storia della
giustizia. Gli archivi precedenti al 1343 sono andati distrutti,
precludendo la possibilità di indagini sull’operare dei tribunali, sui
modi processuali e sulle politiche penali. La storia della giustizia è,
però, ricostruibile attraverso altri percorsi documentari che
consentono di cogliere il pluralismo dei sistemi giudiziari operanti
nella società comunale, di cui il processo pubblico divenne il perno
ma senza esaurire la pluralità di soluzioni. La documentazione
fiorentina dei secoli xiii e xiv offre appunto la possibilità di cogliere il
quadro d’insieme delle pratiche giudiziarie. Il contributo si
concentra, attraverso i libri di memorie familiari, sulle strategie di
conflitto, tra pratiche di faida e di pacificazione e ricorso alle sedi di
tribunale ; delle paci, attraverso gli atti notarili, mette in evidenza
come la soluzione tra privati passasse attraverso momenti di forte
rilievo pubblico, giuridicamente vincolanti ; attraverso gli statuti,
osserva infine come la vendetta fosse pienamente legittimata quale
relazione sociale di tipo ordinario non solo a livello culturale, ma
anche sul piano giuridico.

Sara MENZIGER, Forme di implicazione politica


dei giuristi nei governi comunali italiani del xiii
secolo, p. 191-241.
6 Il presente contributo analizza la funzione che gli esperti di diritto
italiani rivestirono in una particolare fase della storia comunale,
quella dei cosiddetti « governi di Popolo », che si affermarono in
molte città dell’Italia centro-settentrionale a partire dalla metà del
Duecento. Attraverso un confronto tra le realtà di Siena, Perugia e
Bologna, si cerca di approfondire tre grandi questioni : la dignitas,
ossia lo status riconosciuto ai giuristi dalla società comunale ; il
ruolo che essi svolsero, e l’ideologia, qui intesa come la funzione che
alla cultura giuridica venne assegnata in questo contesto.
L’attenzione si concentra in particolare sul complesso dialogo che si
instaurò tra posizione sociale aristocratica dei giuristi e funzione
politica nei governi di Popolo, tentando di contestualizzare i dati
emergenti dalle realtà urbane suddette nella vicenda complessiva del
movimento comunale.

Eberhard ISENMANN, Funktionen und


Leistungen gelehrter Juristen für deutsche
Städte im Spätmittelalter, p. 243-322.
7 Seit der Mitte des 13. Jahrhunderts suchten deutsche Städte
zunehmend juristischen Rat und Beistand bei Rechtsgelehrten. Sie
nahmen fallweise Dienste von Juristen der Domkapitel, anderer
Städte sowie deutscher und europäischer Universitäten in Anspruch
oder richteten neben dem Dienstamt des Stadtschreibers, der
rechtskundig sein konnte, das Amt des Stadtjuristen oder Syndikus
ein. Fest besoldetete oder nur gelegentlich beauftragte Juristen
berieten den Rat mündlich oder erstatteten Rechtsgutachten und
erarbeiteten für das Rats- und das Stadtgericht Gerichtsgutachten
und Urteilsvorschläge. Sie vertraten die Stadt auswärts in
Rechtsstreitigkeiten und übernahmen diplomatische Missionen.
Darüber hinaus waren sie für private Streitparteien anwaltlich tätig.
Auf diese Weise waren gelehrte Juristen in der Rechtspraxis zentrale
Träger der Rezeption des römisch-kanonischen Rechts in
Deutschland.

Jean-Luc BONNAUD, Les juges locaux du


comte de Provence au xive siècle : entre la ville,
la pratique privée et l’État, p. 323-345.
8 L’objet de cette contribution, en examinant les fonctions et les
carrières des juges locaux durant les règnes du roi Robert et de la
reine Jeanne (1308-1381), est de montrer la place essentielle prise
par les juristes et la justice dans l’encadrement politique de la
société provençale grâce au rôle central qu’ils jouèrent dans
l’appareil administratif de l’État et, dans une moindre mesure, des
villes.
9 L’État provençal a pu compter, au xive siècle, sur un noyau assez
important de juristes qui firent carrière au sein de l’appareil
administratif, hommes de confiance à qui le comte attribuait non
seulement les offices habituels mais toutes autres sortes de missions
ponctuelles. Même si ces hommes ne forment pas un groupe socio-
professionnel aux contours solidement constitués, il n’en reste pas
moins qu’une « fonction publique » provençale se met
progressivement met en place, impliquant des spécialistes du droit
qui doivent en grande partie leur carrière au service du comte.

Jean-Marie CARBASSE, Justice « populaire »,


justice savante : les consulats de la France
méridionale (xiie -xive siècle), p. 347-364.
10 Qualifiées parfois de « populaires », les juridictions des consulats
n’en sont pas moins marquées très tôt par le droit savant. Certaines
d’entre-elles mettent en œuvre, dès le xiie siècle, les techniques
judiciaires de l’utrumque ius en recourant aux services de juristes
gradués qui interviennent soit comme assesseurs, soit comme juges
délégués. Dans les petits consulats en revanche, l’apport technique
passe plus modestement par un notaire greffier, dépourvu de grades,
mais néanmoins capable de rédiger, avec l’aide d’un formulaire, les
divers actes du procès écrit. La possibilité de recourir aux services
d’un gradué oppose ainsi nettement les cours des grandes villes, tôt
professionnalisées, et les justices des petits consulats, d’aspect plus
durablement « populaire ».

Isabelle PAQUAY, Des pratiques sociales


courantes au sein des cours de justice
médiévales : l’hérédité des fonctions et
l’endogamie. La Haute Cour de Namur aux xive
et xve siècles, p. 365-386.
11 La direction de la ville et de la franchise de Namur est assurée aux
xive et xve siècles par l’échevinage composé d’un maire, remplacé en

cas d’absence par son lieutenant, et de six puis sept échevins. À la


fois cour de justice et pièce maîtresse du gouvernement de la ville de
Namur à la fin du Moyen Âge, cette institution présente des enjeux
non négligeables, pour les individus et les familles comme pour le
prince. Elle permet aux premiers de contrôler la gestion de la ville
dans tous ses aspects et d’en tirer quelque profit. Le second prend
quelques mesures pour tenter d’empêcher certains individus ou
certaines familles d’acquérir trop de poids et par là-même de lui
porter préjudice. La présente contribution met en lumière les
situations qui ont poussé le prince à réformer l’accès à l’échevinage
namurois à deux reprises (présences simultanées de parents au sein
de l’échevinage et longues carrières individuelles), et mesure
l’efficacité de ces changements. La ville est petite et le nombre
d’individus, obligatoirement gens non de métier, susceptibles
d’accéder à son gouvernement doit être peu élevé. Le seigneur se
retrouve forcé de désigner les membres de la cour dans le même
groupe d’hommes et de familles. Ceux-ci mettent au point une
stratégie familiale et matrimoniale particulière de manière à se
maintenir au plus haut niveau du pouvoir urbain. Le prince, malgré
ses efforts, participe à la transformation de ce groupe d’hommes en
un véritable milieu échevinal namurois.

Mario SBRICCOLI, Justice négociée, justice


hégémonique : l’émergence du pénal public
dans les villes italiennes des xiiie et xive siècles,
p. 389-421.
12 Vers le milieu du xiiie siècle apparaissent dans les cités communales
italiennes les premiers signes d’une publicisation du pénal, c’est-à-
dire de l’entrée dans le jeu judiciaire, à côté des deux acteurs
traditionnels (la victime ou son entourage et l’auteur du délit), d’un
acteur public « proactif ». Ce sont les nécessités pratiques liées à des
évolutions politiques qui président, avec le développement de
nouvelles consuetudines, à l’affirmation des premières formes du
pénal hégémonique. La combinaison entre phases accusatoires et
phases inquisitoires peut d’abord permettre au juge d’intervenir
dans les processus de négociation de paix privées. À des stades plus
avancés, la res publica civitatis devient, à côté de la victime, partie
offensée par tout crime. Elle acquiert à ce titre un droit au
dédommagement que n’annulent pas d’éventuelles transactions
entre les parties privées et dont la satisfaction consiste en une peine
publique.
Daniel Lord SMAIL, Témoins et témoignages
dans les causes civiles à Marseille du xiiie au
xve siècle, p. 423-437.
13 La présente contribution oppose l’idée de la preuve dans la
procédure romano-canonique au rôle des témoins et de leurs
témoignages dans les causes civiles à Marseille au bas Moyen Âge.
L’étude montre que la place et le poids de la preuve étaient, somme
toute, marginales. Le déroulement des procès nous suggère
également que les faits rapportés par les témoins étaient moins
importants que leur niveau social, ou d’autres aspects de leur
déclaration. En outre, les juges ont souvent basé leurs décisions non
pas sur les faits discutés, mais plutôt sur les résultats d’une
procédure de récusation de témoins axée sur leurs états affectifs et
moraux tels que l’amitié, la haine, ou la turpitude morale. On
constate alors très clairement à quel point le système de droit
procédural était ouvert aux intérêts et desseins de ceux qui se
servaient des cours de justice.

Massimo VALLERANI, Procedura e giustizia


nelle città italiane del basso medioevo (xii-xiv
secolo), p. 439-494.
14 Nella storia della giustizia, la procedura gioca un ruolo scomodo.
Rappresenta la parte tecnica del racconto, spesso ricostruita in modo
meccanico e astratto come un susseguirsi di atti senza rilevanza
effettiva. Al tempo stesso è uno degli indicatori principali per
giudicare i sistemi e valutarne lo stadio di sviluppo : il passaggio
dall’accusa all’inquisizione, in qualunque realtà avvenga, è sempre
visto come il segno di una compiuta struttura giudiziaria statuale. Si
tratta naturalmente di un processo graduale, inquadrato in schemi
di evoluzione cronologica di diversa lunghezza. Spesso si scelgono
tempi lunghi, a volte lunghissimi, dal xiii al xviii secolo, o addirittura
dal xii al xix, insistendo poi su un’evoluzione lenta e contrastata o su
un punto di rottura preciso. In tutti i casi si presuppone
l’affermazione inarrestabile dello stato e quindi di una giustizia di
stato a scapito delle altre : un paradigma profondamente
evoluzionista, nonostante le sfumature diverse usate nei singoli
studi e nonostante la diffusione massiccia di categorie « altre » –
come l’infragiudiziario (un’indistinta congerie di prassi
intermediatorie esterne al giudizio pubblico), o la negoziazione,
(termine che indica una sorta di compromesso fra le pretese dei
singoli e quelle dello Stato) – nate in origine per relativizzare uno
schema così meccanicamente predeterminato.

Xavier ROUSSEAUX, Politiques judiciaires et


résolution des conflits dans les villes de
l’Occident à la fin du Moyen Âge : quelques
hypothèses de recherche, p. 497-526.
15 La présente contribution se propose de mettre en lumière les
pratiques particulières mises en place par villes du nord-ouest
européen, en matière de justice pénale. Depuis le xiiie siècle, les
oligarchies urbaines développent un système de régulation des
conflits, fondé sur la pacification et la solidarité entre égaux. Ce
système privilégie les peines financières (composition, amendes
tarifées, pèlerinages rachetables) et favorisent l’auto-dénonciation
de l’auteur d’une agression devant des pairs et les autorités. Entre le
xive et le xvie siècle, ce mode de résolution des conflits se répand dans
de nombreuses villes du nord-ouest européen. Vers la fin du xve
siècle, crise économique et construction d’États monarchiques
minent le système d’amende au profit d’un système davantage fondé
sur la répression ciblée des déviances.

Jean-Louis BIGET, L’Inquisition et les villes du


Languedoc (1229-1329), p. 527-551.
16 L’inquisition, par la médiation du Souverain Pontife, participe de la
toute-puissance de Dieu. Justice d’exception, elle déroge à tous les
droits, notamment aux libertés urbaines. C’est pourquoi elle suscite
dans les villes du Languedoc de nombreuses révoltes, fomentées par
les élites. La mesure de l’action inquisitoriale doit prendre en
compte que l’écrasante majorité de la population n’appartient pas à
la dissidence et ne se trouve pas concernée par une répression à
laquelle elle est favorable. L’effet majeur de l’inquisition réside, sans
doute, dans la désintégration de nébuleuses familiales de large
extension qui constituaient des noyaux de résistance à l’entrée des
cités languedociennes dans le système de la monarchie.
Simultanément, l’inquisition impose à des villes, soumises jusque-là
chacune à un droit particulier, une justice uniforme ; elle ouvre la
voie à une autre norme générale et à une autre justice, celles du roi.

Nicole GONTHIER, Les priorités politiques dans


la pratique de la justice municipale : l’exemple
de Dijon et de Lyon à la fin du Moyen Âge, p.
553-572.
17 Cette contribution cherche à analyser les conditions dans lesquelles
les gouvernements municipaux sont appelés à exercer le pouvoir de
juger, les libertés et les entraves qu’ils éprouvent, afin de
comprendre en quoi de telles données politiques et institutionnelles
modifient ou orientent leur pratique de la justice. L’exemple de deux
villes comme Dijon et Lyon, à la fin du Moyen Âge, présente
l’avantage de comparer deux systèmes municipaux fort différents et
de lier dans l’étude des cités qui appartinrent à des clans ennemis
pendant le xve siècle, lors du conflit des Armagnacs et des
Bourguignons puis de l’opposition de la Bourgogne à la France (ligue
du Bien Public, guerre de Louis XI contre Charles le Téméraire).
L’article étudie tout d’abord les conditions qui dans l’une et l’autre
cité président à l’exercice du pouvoir municipal, afin de concevoir
l’exacte ampleur de celui-ci en matière de justice. Puis il apprécie les
urgences politiques et économiques qui sont ressenties au sein de
ces villes et qui réclament une solution judiciaire, enfin il mesure les
conséquences que ces éléments ont pu déterminer sur les formes de
la pratique judiciaire.

Massimo MECCARELLI, Le categorie dottrinali


della procedura e l’effettività della giustizia
penale nel tardo medioevo, p. 573-594.
18 Gli ordinamenti processuali dell’età medievale sono difficilmente
riducibili nello schema ricostruttivo – configuratosi dopo la svolta
delle codificazioni – proprio della cultura giuridica contemporanea.
Quella esperienza storica si fonda, infatti, su una diversa concezione
della giustizia pubblica nella quale si integrano anche dimensioni del
conflitto che oggi appaiono di natura privatistica. Il presente saggio
si propone di individuare, nella rappresentazione dottrinale del
processo, le categorie teorico-sistematiche predisposte per ordinare
tale complessità. Dopo un inquadramento più generale, la
trattazione si sofferma su alcuni registri procedurali (arbitrium
procedendi, transactio e pax) particolarmente esemplificativi di quelle
percezioni, per poi concludere con alcune riflessioni circa il ruolo del
giurista nella strutturazione del rapporto tra giustizia, politica e
ordine giuridico.

Giuliano MILANI, Giuristi, giudici e fuoriusciti


nelle città italiane del duecento : note sul reato
politico comunale, p. 595-642.
19 Attraverso l’analisi di un dossier da sentenze, consilia e quaestiones di
produzione comunale l’articolo tenta di chiarire le ragioni
dell’atteggiamento relativamente morbido che i giuristi del xiii secolo
manifestarono nei confronti degli autori di reati politici. A questo
fine si prende in esame il bando politico dalla sua prima apparizione
nell’Italia di comune (seconda metà del secolo xii) alla vigilia delle
grandi esclusioni tardo-duecentesche (anni 1250). Si osserva quindi il
periodo delle grandi esclusioni (dagli anni Sessanta del Duecento alla
fine del secolo), prima, dal punto di vista della pratica giudiziaria,
poi, da quello della giurisprudenza. Infine, per mostrare la stretta
connessione tra pratiche e teorie, si analizza un processo politico
tenutosi nel 1294 a Bologna dinnanzi ad Alberto Gandino, allora
giudice presso la curia del capitano del popolo.

Nella LONZA, L’accusatoire et l’infrajudiciaire :


la « formule mixte » à Raguse (Dubrovnik) au
Moyen Âge, p. 643-658.
20 L’analyse d’environ 2400 procès criminels à Dubrovnik (1284-fin xve
siècle) amène à constater la multiplication considérable des procès
accusatoires, dont la moitié, cependant, s’interrompait par décision
de la victime qui, ayant trouvée une solution satisfaisante « hors
tribunal », abandonnait la voie judiciaire. Nous sommes en présence
d’une stratégie qui s’apparente à une « formule mixte ». Le procès
criminel est lancé, autant pour obtenir réparation que comme
moyen de pression sur l’adversaire, et parallèlement, en privé, un
compromis est recherché avec la partie adverse.
21 Les autorités ragusaines ont toléré ce double jeu de la victime, sous
prétexte de l’importance du mythe du consensus social et de la
résolution paisible des conflits pour la légitimation du régime. La
recherche du compromis et de l’accommodement non seulement
était toujours bienvenue, mais aussi perçue comme une vertu
civique.

Uwe ISRAEL, Hinrichtung in


spätmittelalterlichen Städten. Öffentlichkeit,
Ritual, Kritik, p. 661-687.
22 Während des Spätmittelalters werden städtische Hinrichtungen in
der Regel aufgrund eines von der öffentlichen Gewalt nach einem
Prozeß gefällten Urteils vollstreckt, und zwar vor den Augen der
Rechssubjekte in geregelter Form. Die Hinrichtungspraktiken
erweisen sich als stark ritualisiert und können als Akte symbolischer
Kommunikation zwischen Richter und Rechtsgemeinde verstanden
werden. Ausgehend von einem Straßburger Ratsprotokoll wird die
Vorbereitung der Delinquenten auf ihren Gang zum Hochgericht
betrachtet; eine Reform der Hinrichtungspraktik wurde hier durch
öffentliche Kritik eines engagierten Seelsorgers erzwungen.
Öffentlichkeit ist auch ein Scheidungskriterium zwischen
normgeleiteter Hinrichtung und politischem Mord, wie anhand
einiger prominenter Fälle gezeigt wird.

Peter SCHUSTER, Le rituel de la peine capitale


dans les villes allemandes à la fin du Moyen
Âge : ruptures et continuités, p. 689-712.
23 Cette étude traite de la transformation des rituels d’exécution à la
fin du Moyen Âge et au début de l’Époque moderne. Les villes de
l’Empire germanique n’ont procédé à des condamnations à mort qu’à
partir de la fin du xive siècle. Elles justifièrent ce recours en se
référant à des pratiques présentées comme très anciennes,
établissant ainsi une tradition qui n’est pas fondée de manière
empirique. Celle-ci prévoyait qu’un voleur soit pendu, qu’un
meurtrier soit exécuté par le supplice de la roue et que les femmes
condamnées à mort soient noyées. L’Église eut tout d’abord quelques
réticences envers l’exécution publique. Certains clercs défendirent le
droit à la confession avant l’exécution afin d’assurer le salut des
personnes condamnées. Les condamnations se teintèrent alors d’un
caractère religieux. L’Église finit par abandonner définitivement
toutes réticences avec la Réforme. Les juges de l’autorité publique
étaient considérés par les réformateurs comme les avocats de la
justice divine. Cette légitimation divine, en secondant une tradition
ambigüe, justifia pleinement le recours aux rituels d’exécution. C’est
à cette époque que les premières femmes furent pendues dans
l’Empire. La légitimation divine engendra une rationalisation des
rituels d’exécution. Le chemin vers la guillotine était ainsi tracé.
Claude GAUVARD et Jacques CHIFFOLEAU,
Conclusions, p. 713-729.
24 Claude Gauvard rappelle l’importance de l’œuvre de Mario Sbriccoli
et montre comment les différentes communications ont lié la théorie
aux pratiques judiciaires en les insérant les unes et les autres dans
une évolution politique et sociale aussi fine que possible. Loin de s’en
tenir à une description concrète et empirique, elles ont montré
comment pouvaient émerger des modèles judiciaires portés par la
rédaction et l’archivage des sources et par le développement d’un
personnel qualifié. La justice est devenue dans les villes et, entre les
villes et les princes, un enjeu de pouvoir. Quant aux habitants, ils ont
assimilé avec rapidité les différentes possibilités qui s’offraient à eux
pour régler les conflits, y compris en usant de la vengeance. Le
processus de civilisation doit donc être revu à l’aune de ces nouvelles
données. Pour sa part, à la suite de M. Sbriccoli, J. Chiffoleau revient
sur le fait massif que constitue « l’émergence du pénal » dans les
villes à partir du milieu du xiiie siècle. En se focalisant sur « la
résolution des conflits », l’historiographie récente risque parfois de
l’oublier et de mythifier quelque peu les formes de régulation
sociale. Comme l’ont montré les travaux du colloque, sans
disqualifier l’approche anthroplogique – et même en la confortant –
l’analyse des instruments juridiques et des formes procédurales,
celle du jeu et des tensions inhérentes au pluralisme des fors
constituent une voie d’accès essentielle à la compréhension du lien
social et des constructions politiques dans les cités de la fin du
Moyen Âge.
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