Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
dans l’optique de valoriser le potentiel forestier de trois CFCLs Bitule et Omate dans le
territoire de Lubutu situé au Nord de la province de Maniema.
Cette même action a été réalisée pour la CFCL Kanyama mais avec un autre partenaire,
RFT.
Une concertation bilatérale avec les organes de gestion de la CFCL Kanyama, des chefs
coutumiers et terriens, a été effectuée à Penealuta et à Osele dans l'intérêt de comprendre si
ces différentes parties prenantes, en tant qu'acteurs clés dans la conservation et du
développement durable, sont prêts à participer au programme de développement des
systèmes de marché basés sur l’agrobusiness dans leur CFCL. Nous les avons entendus et
compris leurs points de vue, leurs rôles et responsabilités à jouer dans le système de marché
et du développement de la chaîne de valeur ont été discutés et documentés.
I. Objectifs
La zone étant grande avec des villages situés sur une route de plus de 30km de distance,
nous avons jugé d’organiser deux réunions afin de faciliter l’accès et la participation de tous
les villages concernés. Cela étant, une réunion a été tenue à Peneluta et une autre à Osele.
L'approche de cette réunion a été organisée sous la forme de discussions au cours desquelles
les dirigeants de la CFCL Kanyama (coordonnateur d’ACCFOLU, les 2 présidents du CLG
et de l’AC) avaient été invités au bureau de Fauna & Flora à participer à un premier échange
sur les objectifs susmentionnés.
La seconde approche avait consisté à la présentation sur terrain (dans les villages Penealuta
et Osele) de l'intérêt que revêt l’activité de développement du système de marché ainsi que
celui de la chaine de valeur dans le but de vouloir comprendre si les organes de gestion de la
CFCL Kanyama, en tant qu'acteurs clés du travail de conservation et du développement
durable, sont prêts à participer à ce programme de développement agro-économique à partir
des produits agricoles locaux cultivés dans leur CFCL.
Et pour y arriver, nous avions organisé des focus groups et des sessions plénières afin
d'adopter les idées qui ont été émises par les participants.
Outils de facilitation:
Chronologie quotidienne des rôles des hommes et des femmes au niveau des
ménages et des chaînes de valeurs sélectionnées. Les femmes et les hommes jouent
des rôles différents et leur implication quotidienne déterminera l'efficacité et la
performance d'une chaîne de valeur. Cela concerne la production, le transport, la
commercialisation, le financement et la transformation, y compris l'emballage. Si
l'on additionne les fonctions de la chaîne de valeur du marché et les tâches
ménagères, le déséquilibre peut contribuer à la réussite ou à l'échec de la chaîne de
valeur sélectionnée.
IV.1.1. Participation :
Cette activité a été réalisée en deux sessions. Une dans le village Pénéaluta le 22/09 et une
autre à Osele le 24/09 respectivement dans les groupements Babogombe II et Osele.
Participation à la consultation :
Village Sexe
Total
Homme Femme
Penealuta 26 4 30
Osele 29 8 37
Total 55 12 67
La femme a été faiblement représentée dans cette consultation. Cette inégalité du genre tire
son origine depuis la mise en place des organes de gestion de la CFCL Kanyama où la
femme était quasiment absente alors que son rôle à jouer dans une société qui se veut
moderne est important.
L’activité a commencé par un rappel des objectifs ayant conduit à l’adoption de la foresterie
communautaire en RDC à savoir : la sécurisation foncière, la protection de la biodiversité, le
développement durable ainsi que la cohésion sociale, tout en sachant que les objectifs
spécifiques de la CFCL Kanyama seront définis de manière participative entre différents
acteurs du terroir lors des consultations communautaires qui conduiront à l’élaboration du
Plan Simple de Gestion de celle-ci.
Les participants ont suggéré d’analyser les changements observés pendant les 40ans passés
selon les régimes politiques qu’a connu la RDC de manière globale et ceux intervenus dans
leurs espaces de manière spécifique. Ils ont identifié les changements positifs et négatifs
observés, lesquels ont affecté positivement et négativement le secteur agricole en RDC de
manière générale et leurs villages de manière spécifique.
La lecture de ce tableau montre que les quatre régimes présidentiels qu’a connu la RDC
durant les 40 ans écoulés, sont différents l’un de l’autre bien qu’il y a des situations
similaires entre eux. Chaque régime a impacté d’une manière ou d’une autre la vie de la
communauté des villages riverains de la CFCL Kanyama.
Trois de ces quatre régimes ont affecté négativement cette communauté favorisant ainsi la
contreperformance du secteur agricole entrainant ainsi la pauvreté extrême dans la zone à
l’exception de la période du règne du président Mobutu où l’existence de la politique
agricole ne fut pas un slogan mais plutôt une réalité dont sa mise en œuvre était appuyée par
une forte présence d’un personnel technique agricole de l’état qui accompagnait les ménages
agriculteurs au niveau des villages.
Pendant la période du Président Mobutu, tous les villages sur cet axe étaient accessibles et
des véhicules des acheteurs des produits agricoles y faisaient des navettes. Les moniteurs
agricoles étaient fréquents dans tous les villages et apportaient un appui technique de
proximité aux ménages agriculteurs.
Après chaque récolte, toute la production destinée à la vente était collectionnée chez le chef
de chaque village où les coopératives agricoles et autres acheteurs tels que PENDEZA,
UBUMU, TUPENDANE, venaient de Lubutu pour acheter selon un programme bien connu
en avance par la population. Une prime d’encouragement était accordée aux agriculteurs
courageux mais aussi aux chefs de villages pour avoir contribué à faciliter le regroupement
des agriculteurs chez-eux.
Par cet outil d’analyse, nous comprenons que durant les 40ans écoulés, seul le régime du
président Mobutu avait mis en place des mesures de facilitation de sa politique agricole et
faire de sorte que la population rurale s’en approprie (routes de dessertes agricoles
praticables, des moniteurs agricoles proches de la communauté, l’ouverture au marché, …).
Ce régime était proche des agriculteurs, lui disponibilisant ce dont ils avaient besoin afin
de rendre le secteur agricole prolifique et contribuer à l’amélioration du pouvoir
économique des ménages agricoles spécifiquement et de tous les villages de manière
générale. La faiblesse de ce régime était que le secteur agricole n’était pas appuyé par les
machines agricoles afin d’améliorer significativement la productivité. Tout se faisait à la
main. Il n’existait non plus de système financier (banques, coopératives) pour soutenir le
système de marché et le développement de la chaîne de valeur.
7
IV.2.2. Les filières agricoles rentables, les rôles et responsabilités des organes de gestion dans la promotion du développement des
filières.
Pour arriver à comprendre ce que les membres de la CFCL Kanyama considèrent comme des filières agricoles rentables, leurs rôles et
responsabilités pour promouvoir ou contribuer au développement de ces filières, les participants à ces consultations avaient été regroupés en
focus groupés et les résultats ci-bas ont été obtenus :
Critères de sélection des spéculations Poids Manioc Arachide Riz Mais Banane
Taux Score Taux Score Taux Score Taux Score Taux Score
1. Réduire le risque de déforestation dans la CFCL 1 2 2 4 4 6 6 6 6 2 2
2. Mode de production durable 1.5 5 7.5 6 9 5 7.5 6 9 4 6.5
3. Opportunité économique 1.5 4 6 5 7.5 7 10.5 6 9 3 4.5
4. Impact potentiel sur le bien-être économique des 1.5
4 6 5 7.5 7 10.5 6 9 3 4.5
hommes et des femmes
5. Valeurs culturelles 2 5 10 5 10 5 10 5 10 5 10
6. Possibilité d’engagement positif des institutions 1 6 6 4 4 8 8 7 7 2 2
clés
7. Nombre de communautés impliquées 1 7 7 1 1 7 7 4 4 2 2
8. Demande élevée sur le marché 2 7 14 3 6 7 14 4 8 2 4
9. Stabilité du prix 1 2 2 5 5 2 2 3 3 5 5
Score total pondéré 60.5 54 75.5 65 40.5
Rang 3 4 1 2 5
1
Nous avons recouru à quelques critères ainsi qu’à la méthode de pondération et de scorage afin d’apprécier la contribution de ces 5 spéculations choisies et habituellement
cultivées dans les efforts de protection de l’environnement et de lutte contre la pauvreté dans les villages atour de la CFCL Kanyama.
L’analyse de ce tableau montre que les spéculations les plus cultivées et économiquement les
plus rentables sont principalement le riz, le maïs, le manioc, l’arachide ainsi que la banane
plantain qui prend la dernière place.
Selon la communauté, l’activité agricole dans cette zone intervient principalement pour répondre
aux besoins d’autoconsommation des ménages. Une petite partie de leur récolte est vendue pour
répondre aux autres besoins du ménage (éducation, soins de santé, habillement, …). Le constant
est que la partie de la récolte consacrée à la vente ne parvient même pas à répondre de manière
satisfaisante aux besoins d’éducation, de soins de santé des ménages.
Selon les participants, à chaque niveau de la chaine de valeur, un certain nombre de défis retient
l’éclosion du secteur agricole de la CFCL Kanyama. Ces facteurs ont, de manière participative,
été identifiés :
20
L’impraticabilité des routes 50
0 10 20 30 40 50 60
De manière globale et selon leur importance, les participants ont pu hiérarchiser les raisons qui
seraient à la base d’une contre-performance observée dans le secteur agricole dans leur village
respectif.
De ce graphique, la communauté de la CFCL Kanyama conclut que la non praticabilité de la
route axe Maiko (Lubutu-Ondo-Osele-Penealuta) est le facteur le plus important empêchant
l’émergence du secteur agricole dans leurs villages, suivi du manque d’une vision de
développement de la part de la communauté et le non accompagnement technique du
gouvernement congolais qui s’était arrêté avec le déclin du régime Mobutu. Les participants ont
aussi identifié d’autres facteurs liés à la tracasserie routière mais sont jugés mineurs. Les facteurs
comme l’insuffisance des connaissances agricoles, manque de semence de bonne qualité, les
techniques de stockage, de transformation, d’emballage, … ont été classés dans la catégorie
"autres facteurs".
L’analyse de ces facteurs a permis aux participants de conclure que l’agriculture réalisée dans
les villages riverains de la CFCLs Kanyama est une agriculture de consommation familiale et
non tournée vers la commercialisation. Bien que l’état congolais soit défaillant de sa mission
régalienne, le manque de vision de la part de la communauté de l’axe Kanyama est aussi l’un
des facteurs qui empêche le décollage de ce secteur dans leurs villages respectifs.
Après avoir identifié les facteurs qui empêchent les communautés des villages autour de la CFCL
Kanyama de valoriser pleinement le potentiel agricole dont elles disposent en répondant de
manière satisfaisante aux besoins de l’offre et de la demande, les participants ont eu du temps à
réfléchi sur les rôles qu’ils peuvent jouer afin de permettre le développement du système de
marché et de la chaine de valeur dans leurs villages respectifs.
La communauté de la CFCL Kanyama entretient des relations étroites avec la forêt. Les produits
forestiers non ligneux exploités dans la zone font partie de son identité. Les PFNLs constituent la
raison de vivre de la communauté de Kanyama. Quel que soit les types de PFNLs (d’origine
animale ou végétale), leur importance est capitale dans leur vie sociale (système alimentaire) et
contribuent également dans son économie.
Périodicité Impact
Méthode Mode de
N0 PFNL Nom vernaculaire de la sur la Usage
de récolte conservation
récolte ressource
Bakanya Séchage
1 Chenilles Bafoyo Ramassage Périodique Très faible Alimentation
Poudre
Mpengu/commandos
Chaise de Coupe de Toute Usages
2 Kasonga Faible
cuisine liane l’année ménagers
Coupe de Toute Usages
3 Van Lungo Faible
liane l’année ménagers
4 Noix Ramassage Périodique Faible Pharmacopée RAS
Apoma Ramassage Périodique Très faible Pharmacopée
5 Miel Bidon
Nyuki Ramassage Périodique Très faible Alimentation
Les populations locales de la CFCL Kanyama, possède une très bonne connaissance des PFNLs
ainsi que leur usage depuis des siècles. Le droit d’accès aux PFNLs est libre. La
ressource est ramassée partout dans la forêt sans aucune restriction.
Actuellement, l’usage des PFNLs ne présente aucune menace car l’exploitation artisanale du bois
est tellement faible et celle jugée industrielle n’est pas signalée dans la zone.
Des toutes les façons, les mesures de gestion et d’usage des PFNLs seront de manière
participative définies dans le Plan Simple de Gestion qui est en cours d’élaboration afin de
rendre cette ressource plus rentable et bénéfique aux ménages riverains de la CFCL Kanyama en
particulier et de tout le territoire de Lubutu en général.
40
30
30
20
10
10 5 5
0
chenilles van Noix chaise de Miel
cuisine
L’analyse de ce tableau montre que la femme agricultrice des villages autour de la CFCL
Kanyama contribue énormément pour nourrir sa famille, son mari compris. Elle consacre,
presque chaque jour, beaucoup de temps en train de travailler pour le bien-être de sa famille par
rapport à son mari. Sur les vingt-quatre heures que possède une journée, elle consacre 16 heures
au travail et n’a que 8heures de temps pour se reposer (dormir).
Au champ, la femme travaille souvent pendant 7 heures pendant que son mari ne réalise que
5heures par jour de travail. En revenant du champ, une fois arrivée à la maison, la femme
continue à travailler sans repos jusqu’à 21heures, heures à laquelle elle doit se reposer.
Niveau d'implication de membres du ménage dans les travaux agricoles :
Il a aussi été observé que les agriculteurs de la CFCL Kanyama ne font pas le sarclage dans leurs
champs. Une habitude qui a un impact négatif sur la production.
Cet outil de chronologie journalière des rôles et responsabilités de l’homme et de la femme nous
aide à comprendre que dans un ménage, il y a une différence d’implication entre acteurs (papa,
maman et les enfants) quand il s’agit des activités agricoles. L’implication disproportionnée des
membres d’une famille dans les activités agricoles a un impact négatif dans le système de
marché et le développement de la chaine de valeur. La contribution de la femme est grande en
terme de temps et d’énergie alors que le mari et les enfants majeurs n’y sont qu’à faible niveau.
Si l'on additionne les fonctions de la chaîne de valeur du marché et les tâches ménagères, le
déséquilibre qui surcharge la femme peut contribuer à l'échec de la chaîne de valeur des
spéculations sélectionnées.
Pour qu’il y est performance dans le développement de la chaine de valeur, tous les membres de
la famille doivent s’impliquer et non seulement la femme comme c’est le cas actuellement.
Le noyau du groupement Osele n’a pas été installé suite à un problème interne qui devra
premièrement être résolu avant de songer à cette installation.
Signalons que cette activité est déjà réalisée dans les villages riverains des CFCLs Omate et
Bitule depuis le mois de Mai 2023.
- Le mauvais état de la route Maiko. Pour remédier à cette situation, nous avions prévu des
fonds de manutention pour pousser les motos lorsqu’elles sont dans le bourbier.
VI. Recommandations
1. Une étude approfondie de chaines de valeur des PFNLs mérite d’être effectuée ainsi que
la documentation de leur dynamique dans la forêt.
2. Organiser de séances de renforcement des capacités sur le développement de système de
marché et de la chaine de valeur au profit des communautés locales des villages riverains
de la CFCL Kanyama.
3. Mobiliser toute la communauté (mari, femme et les enfants majeurs) pour qu’ils
s’impliquent et s’approprient le système de marché et le développement de la chaine de
valeur.
4. Renforcer les naissances des mobilisateurs communautaire en techniques de
sensibilisation.
5. Réaliser un plaidoyer pour réhabiliter les routes de dessertes agricoles auprès des
autorités de l’état et si possible aux organisations internationales qui ont cette mission.
- Cartographie de semences.
- Renforcement des capacités sur le développement de système de marché et l’analyse de
la chaine de valeur dans la commune rurale de Lubutu mais avec une diversité des parties
prenantes.