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MES/R
UNIVERSITE DE ZINDER
Faculté des Lettres et Sciences Humaines
D é pa r t e m e n t de G é ogr a phi e
MASTER DE GEOGRAPHIE
Membres du jury
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Conclusion partielle ........................................................................................................................ 64
4.4. Discussion ................................................................................................................................ 65
Conclusion générale ................................................................................................. 67
Bibliographie ............................................................................................................. 68
ANNEXES ................................................................................................................ 78
3
SIGLES ET ABREVIATIONS
BEC : Bon d’Enlèvement Commercial
CGLU : Cités et Gouvernements Locaux Unis
CT : Collectivités Territoriales
DAP : Ammoniaque Phosphate
DDA : Direction Départementale de l’Agriculture
DEL : Développement Economique Local
FFOM : Forces Faiblesses Opportunités Menaces
GIE : Groupement d’Intérêt Economique
GRDR : Groupe de Recherche et de Réalisation pour le Développement Rural
LEDNA : Local Economic Development Network of Africa
NPK : Azote Phosphate Potassium
OPF : Organisations Professionnelles de Filière
PADEL : Projet d’Appui au Développement Economique Local
PROGEM : Programme de Gestion de la Migration
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TABLE DES FIGURES
5
LISTE DES PHOTOS
6
TABLE DES TABLEAUX
7
DEDICACES
Je dédie ce travail à ma mère, feu Barira Maman et ma nièce feu Fatima Moussa. Puisse
Allah les couvre de sa miséricorde et les accueille dans son paradis !!!
8
REMERCIEMENTS
Merci également à tous les Enseignants Chercheurs du Département de Géographie pour leur
précieuse formation.
Merci également à mon ami Moudaha qui m’a beaucoup aidé dans la réalisation des cartes. Je
tiens aussi à remercier la promotion Master 2019-2020 pour les multiples moments
d’échanges et de confrontation d’idées.
Merci à tous ceux qui, de près ou de loin, ont contribué à la réalisation de ce travail.
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RESUME
ABSTRACT
The new approaches to development issues in a context of decentralization are based on the
development of the local economy and the promotion of sectors. The Rural Municipality of
Doungou is known to be an important sugar cane production area. The tonnage produced in
2020 is 93,339.65 tons. The commercial circuit of the sector is based on a network of actors
that goes beyond the territorial framework of the Municipality to concern the regional and
national level. Produced within the Municipality, the sugar cane is transported to the urban
centers of high consumption. The activity contributes significantly to socio-economic balance
(65.4%) and food security (35.9%). This study attempts to analyze the sector from a
perspective of Local Economic Développement of the Rural Municipality of Doungou in the
Department of Kantché. The methodological approach consists of the combination of two
methods, quantitative (survey by questionnaire) and qualitative (interview guide). Indeed, the
sugar cane sector has potential for the development of the Municipality’s economy, but it’s
not well structured and organized, in order to improve its competitiveness, so that it can serve
as a lever within the framework Local Economic Development.
Keywords: Rural Municipality of Doungou, sugar cane, sector, Local Economic Development
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INTRODUCTION GENERALE
La question du développement implique des enjeux économiques multiples, qui expliquent les
défis contemporains du monde actuel et la gouvernance des entités territoriales. La
problématique essentielle réside dans la recherche des voies et moyens à assurer la prospérité
des communautés. Ceci peut se remarquer dans les types de systèmes ou modes de
gouvernance choisis et appliqués dans divers pôles régionaux.
L’échelon local sert d’espace de concrétisation des actions politiques (Réseau Climat et
Développement, 2018 :4). L’on tend ainsi vers un développement plus local qui serait
l’émanation de la communauté. La collectivité se doit d’assurer et de réaliser son propre
développement par la mobilisation et la mise en valeur des ressources disponibles sur son
territoire. Le développement devient l’affaire des communautés capables lorsqu’elles
s’organisent, de générer à partir des ressources locales propres et des opportunités qui
s’offrent à elles, des dynamiques qui répondront à leurs besoins (FONTAN J.M.et al, 1992 :
28).
Par ailleurs, le Développement Economique Local (DEL) se comprend mieux à travers une
approche participative adossée à la mise en relation des acteurs dont les actions des uns
influencent celles des autres. Ces derniers se composent du secteur public et privé, dans une
volonté de travail et de concertation. La volonté de travail impulse la recherche des matières
premières qui ne sont autres que les potentialités offertes par le territoire. La vulgarisation des
activités de production via les ressources disponibles explique ainsi la notion de territorialité
et les alternatives locales portées par les acteurs sont à mieux de répondre aux besoins de la
population (FONTAN J.M. et al, 1992 : 21).
11
d’analyse de l’économie locale. Le DEL opte pour une approche plus sectorielle, basée sur
une analyse par filière. Cette dernière permet de prendre en compte les points de fragilité,
mais aussi les atouts et les opportunités liés à une filière donnée. Il s’agit plus précisément de
jouer sur les avantages comparatifs dans une tentative de la promotion de l’économie locale à
travers les différentes filières.
La canne à sucre est l’une des plus importantes productions, sinon la principale de la
Commune Rurale de Doungou. Elle présente bien des avantages et occupe une place de choix
dans l’économie de la commune. C’est un produit territorial qui fait la renommée de la
Commune. La culture de la canne à sucre emploie un nombre important de main d’œuvre et
implique plusieurs acteurs tant locaux que ceux en provenance d’autres horizons. C’est
pourquoi, dans le cadre de l’approche DEL, elle apparait comme une filière porteuse pour le
développement de la Commune de Doungou.
Cependant, cette production croule sous le poids de plusieurs problèmes qui risquent de
limiter son apport quant au développement de cette collectivité. La filière présente des
faiblesses et fait face à des menaces qui constituent autant de freins pour sa prospérité. La
présente étude qui s’intitule « Etude de la filière canne à sucre dans une perspective de
développement économique local : cas de la Commune Rurale de Doungou, Département de
Kantché », est une contribution pour comprendre le rôle que peut jouer la canne à sucre en
tant que filière porteuse dans un contexte de développement économique local. Le plan du
travail est subdivisé en quatre chapitres et se présente comme suit :
12
CHAPITRE I: CADRE THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE
DEL’ETUDE
Introduction
A partir d’une étude sur la mise en place des collectivités territoriales en milieu ouest africain,
JEAN-PIERRE J. (1998) note que la crise économique comme résultante des ajustements
structurels imposés par les bailleurs de fonds constitue en elle-même un des motifs pour les
Etats à décentraliser. La volonté qui en découle peut se percevoir sous l’angle d’une nécessité
à démocratiser la société tout en rendant l’initiative aux populations.
14
SEKOU K. (2004) dans son article intitulé « la Décentralisation, Projet de Société
Guinéenne » présente un aperçu de l’expérience guinéenne de la décentralisation basée sur
l’instauration d’une planification contractuelle décentralisée avec pour objectif la mise en
place d’un dialogue entre le niveau central et les collectivités décentralisées.
Posant un diagnostic similaire YVES P. (2004) explique que la décentralisation a été une
conditionnalité des bailleurs de fonds à l’égard des Etats africains. Elle n’est donc pas un
projet des reformes conçu et voulu par les Etats centraux. Ainsi l’un des facteurs les plus
importants ayant présidé à son avènement est l’échec des gouvernements dans le pilotage du
développement socioéconomique des pays. En poursuivant son analyse il stipule que la
décentralisation présente un cadre de référence sur la base duquel sont élaborés la plupart des
projets de développement. Par ailleurs il s’avère que sa mise en œuvre n’est pas une tâche
aisée et que l’un des enjeux majeurs et qui constitue en même temps un obstacle est
l’opposition entre un pouvoir qui se veut moderne et les institutions traditionnelles du pouvoir
coutumier. Pour sa part HALIDOU S. (2004) parle d’un regain d’intérêt pour le local qui se
traduit par des reformes administratives et institutionnelles prônant une plus grande
implication des populations dans la gestion de leurs affaires. Ce paysage de gouvernance
nouvelle qui se veut plus démocratique témoigne de l’échec de l’ancien système beaucoup
plus centralisé. Ainsi la responsabilité des collectivités dans la conduite du développement
devient la nouvelle donne.
15
NORMAND L. et LAURENT B. (2005) étudiant le processus de décentralisation et
développement local en Afrique de l’ouest mettent en avant les limites de la capacité des Etats
africains à prendre en charge les besoins de la population en matière des questions du
développement. Consécutive à la crise des finances publiques et les politiques d’ajustement
structurel des années 80, cette situation a fait émerger d’autres préoccupations. La volonté
d’une démocratie locale figure parmi les facteurs qui facilitent l’avènement de la
décentralisaion. Ils expliquent en effet que la décentralisation qui consiste pour un Etat central
à déléguer du pouvoir et transférer des ressources aux collectivités locales n’est pas
pleinement appliquée malgré l’existence des textes.
16
(CGLU, 2016 : 5). Les études autour du développement économique local, l’analysent sous
divers angles.
Inspirés par l’importance des réseaux formels de relations dans le développement économique
local, LEBRASSEUR R. et ROBICHAUD Y. (1999) soulignent l’impact favorable de ces
relations, vues sous l’angle des facteurs facilitant l’insertion des agents dans le tissu
économique. Les réseaux de relations constituent la jonction entre l’activité productrice des
acteurs et le milieu socio-économique. L’articulation entre ces deux composantes détermine
souvent le niveau de réussite du développement économique de la localité.
17
A partir d’une étude réalisée autour du développement économique local et gestion de
l’espace agricole, SERRANO J. et DEMAZIERE C. (2008) montrent l’impact du
développement des zones d’activités sur les espaces agricoles, qui fait l’objet des tensions
entre les élus et les agriculteurs. L’élément important qui sort de cette étude est la manière
dont les communes s’organisent pour prendre en charge la question du développement
économique au niveau local. L’intercommunalité qui se crée entre les communes favorise
beaucoup plus un environnement d’échange, malgré la concurrence qui persiste entre les
communes.
De son côté IVAN SILVA L. (2010) s’est appesanti sur la compétitivité territoriale pour
promouvoir le développement économique local. Il soutient l’idée que les territoires, face aux
enjeux de la mondialisation qui entraine une concurrence, se doivent d’innover et améliorer
leurs capacités compétitives tout en transformant les systèmes de production locaux. Mais les
territoires ne sont pas égaux face aux défis que pose le nouvel ordre économique. Cela
18
suppose donc des politiques territoriales différentes et des stratégies d’intervention
spécifiques aux territoires donnés.
DUTEURTRE G. et al (2000) dans leur étude sur la filière, la conçoivent comme un concept
d’analyse capable de promouvoir l’étude d’un système économique. L’approche filière se
structure notamment autour d’un produit dans le but de comprendre son circuit qui va de la
production à la consommation en passant par la commercialisation. Les auteurs expliquent
que l’approche filière permet de comprendre les stratégies d’acteurs, les mécanismes de
structuration des prix, d’identifier et caractériser les contraintes au commerce d’un produit. La
démarche basée sur le diagnostic possède la capacité de contribuer à l’émergence des
nouvelles filières et la structuration des filières existantes.
Pour sa part ZOUHIER A. (2002) mène une analyse du concept filière qui s’inscrit dans un
cadre plus historique. Il explique le contexte de son apparition en lien avec le développement
de l’économie agroalimentaire. L’émergence des nouveaux enjeux dans la production et la
distribution des produits, fait appel à un renouveau des méthodes d’analyse des phénomènes.
C’est dans ce cadre précis que l’approche filière s’avère pertinente en tant qu’outil d’analyse.
Elle se diffère, de par sa vue systémique des méthodes d’analyse classiques beaucoup plus
factuelles et segmentaires. Il soutient l’idée d’un intérêt de la démarche filière pour les pays
en voie de développement dont les défis sont nombreux, au fait qu’elle permet des
articulations intersectorielles quant à l’étude des faits.
FONTAN C. (2006) a réalisé une étude sur la filière agricole pour le développement rural.
Elle montre en effet que l’appui aux filières agricoles vivrières permet de lutter contre la
pauvreté en milieu rural et par-delà assurer le développement socio-économique. Elle présente
19
en premier lieu la filière d’une manière générale puis la filière agricole et la façon de l’étudier.
Pour elle, le fait de privilégier les cultures destinées aux marchés locaux et nationaux est le
moyen le plus efficace à la lutte contre la pauvreté rurale. En revanche son analyse se focalise
sur les cultures vivrières, c’est-à-dire destinées à la consommation, même si elles peuvent
faire l’objet de commercialisation en cas d’excédent de production.
Le Collectif des Stratégies Alimentaires (CSA) (2013) a décrit l’approche filière dans le
contexte du développement agricole. Il établit un lien entre l’organisation en filière et
l’agriculture familiale. A travers des exemples dans divers pays, il montre le possible impact
que l’approche filière peut avoir, dans la mesure où elle est appliquée en agriculture familiale.
L’approche filière si elle s’avère être un outil d’analyse performant ne manque pas de
présenter des limites. Par conséquent, il est nécessaire qu’elle soit renforcée par d’autres
méthodes complémentaires. La logique d’acteurs, la diversification sur le plan agricole tout en
évitant la spécialisation, l’inter-professionnalisation, la multiplication des partenaires pour le
marché sont des éléments à faire valoir pour assurer la pérennité des filières.
Dans son analyse qui porte sur « Approche filière dans la perspective d’un développement
local basé sur la collaboration avec le secteur privé » RAKOTOSON S. (2013) met en
exergue le cadre d’une contribution du secteur privé dans la promotion et le développement
des chaines de valeurs. La possible contribution du privé s’inscrit dans une relation de
partenariat avec l’Etat qui doit fournir à ce secteur les éléments indispensables (cadre
institutionnel et politique favorable, infrastructures fonctionnelles) au développement de ses
activités. Elle poursuit en expliquant que le lien entre les opérateurs privés et les producteurs
peut s’établir sur la base d’une relation de contrat. En partant de ce principe d’une agriculture
contractuelle les opérateurs privés assurent des débouchés aux producteurs.
En dehors de cet aspect, le rôle du secteur privé se trouve aussi au niveau de l’assistance
technique aux producteurs et des emprunts pour le financement de la production. Et
l’approche développement économique local basée sur la promotion des filières privilégie la
mise en relation des acteurs.
SOLTANI M. Z. (2017) étudie la filière oléicole dans la région de Kef en Tunisie. Il ressort
de son travail que pour cette partie de la Tunisie la filière présente des avantages comparatifs
par rapport au sud du pays. L’huile obtenue à partir de la plante est d’une excellente qualité,
ce qui la rend compétitive sur le marché. Il dénote cependant des contraintes d’ordre
20
technique liées aux intrants y compris la faible productivité qui peuvent être à terme des
obstacles au développement de l’activité. Le faible degré d’organisation des producteurs ne
leur permet pas de bien s’insérer dans le système et avoir une place centrale comme maillon
principal, ni de maximiser leurs marges. Cet auteur privilégie, en terme d’approche filière la
coopération et l’organisation des acteurs en système. Prise au niveau opérationnel, l’analyse
filière ne permet pas de rendre compte des réalités locales souvent plus complexes.
JONATHAN B. B. (2018) décrit les approches basées sur l’analyse cycle de vie et l’approche
filière. Il réalise une analyse comparative de ces différentes méthodes et leur possible
contribution à la comptabilité écosystémique du capital naturel considérée elle aussi comme
une approche d’analyse. Les approches cycles de vie en comparaison avec l’approche filière,
mesurent des performances ou impacts potentiels du point de vue environnemental ou social
tandis que l’approche filière s’intéresse plus à l’analyse des dynamiques de performances
socio-économiques des secteurs économiques. L’approche filière en raison de sa proximité
avec les sciences sociales semble offrir un certain potentiel afin d’enrichir la vision socio-
écologique privilégiée par l’approche écosystémique. En effet ces différentes approches
partagent un point commun d’être des outils d’aide à la décision.
La firme Diagnostic et Développement Groupe (2019) a mené une étude sur les filières
porteuses des trois communes (Beaumont, Jérémie et Roseaux) d’Haïti. L’étude s’est porté
sur les cultures vivrières des communes dont l’igname, le manioc, la banane et le haricot ; le
maïs, l’arachide et les filières d’exportation le café et le cacao. Les cultures vivrières
contribuent directement et de façon significative à la sécurité alimentaire des ménages. La
valeur nutritive de ces produits surtout l’arachide aide à combattre la malnutrition. L’igname,
le manioc et la banane ont des marges bénéficiaires à l’hectare les plus élevées. Par ailleurs le
café et cacao qui sont des cultures traditionnelles d’exportation possèdent aussi des marges
importantes et ont des impacts positifs sur l’environnement. Le différentiel de rentabilité entre
les cultures peut être imputable aux caractéristiques physico-chimiques des sols, aux micros
climats mais aussi à la maitrise des techniques culturales.
La canne à sucre par le processus de sa production se présente être une filière très importante
qui mobilise beaucoup d’acteurs. Cependant, elle n’a pas été étudiée en tant que filière. Les
études autour de la canne à sucre portent sur plusieurs aspects.
21
OLIVIER W. (2004) décrit l’essor de la canne à sucre dans le nord du département de Gaya.
Cultivée dans le Dallol Maouri, elle est transportée sur les marchés locaux, et un peu plus loin
par des camions jusqu’à Niamey. Cependant, la pratique de vente sur pied, entretenue avec les
grossistes, n’assure pas toujours aux producteurs de bénéfices rassurants du fait qu’elle est
conditionnée par le cours du marché de la denrée dans les centres de consommation, ruraux et
urbains.
Dans sa thèse « Les cultures de contre-saison dans le sud de la région de Zinder (Niger) »,
WAZIRI MATO M. (2009) met en relief l’importance des cultures de contre saison dans la
vie socio-économique des populations, contribuant relativement à leur sécurité alimentaire. Il
souligne que la canne à sucre se cultive sur des sites où il y a moins de problème d’eau.
Poursuivant toujours dans le même ordre d’idée, il signale que la canne à sucre, suivie du
manioc, se placent en tête des spéculations cultivées dans les zones humides du Sud de la
Région de Zinder. Par rapport à la commercialisation, il s’agit d’un produit très prisé par les
populations, aussi bien en milieu rural qu’en milieu urbain. C’est pourquoi la canne à sucre
est présente sur presque tous les marchés, ruraux et urbains.
Les résultats issus des travaux d’ADAMOU M. (2014) sur l’apport de la culture de canne à
sucre à l’amélioration des conditions socio-économiques, témoignent d’une contribution
significative de l’activité à l’équilibre socio-économique des populations de Jambirgi dans la
Commune Rurale Gouchi Département de Dungass. Parallèlement, il explore lui aussi les
problèmes inhérents à la filière qui sont d’ordre structurel, organisationnel, environnemental,
mais aussi physiques, impactant du coup l’activité. En se penchant sur la commercialisation,
ce dernier dresse le tableau d’un circuit peu structuré avec des acteurs au rôle souvent pas
assez connu. Ce qui fait que le marché qui se développe autour de cette denrée ne permet pas
22
d’apprécier à sa juste valeur l’impact dans le quotidien des populations et plus généralement
sur l’économie locale.
La culture de la canne à sucre demande beaucoup d’efforts et nécessite pour cela une main
d’œuvre conséquente. Selon ITTA A. (2017), cette main d’œuvre pour la production de la
canne à sucre est exclusivement masculine. Au rang des contraintes que rencontre cette
activité, il fait part de la baisse de production constatée par 80% des producteurs,
l’amenuisement des superficies cultivables et la disparition de certaines variétés. Ce dernier
s’est, en effet, beaucoup plus appesanti sur la perception par les producteurs du changement
climatique (fréquence du vent, augmentation de la température, inondation, installation
tardive et fin précoce de saison pluvieuse) sur leur activité, mais aussi leurs stratégies
d’adaptation qui se résument à la diversification.
Dans le cadre de son travail sur la contribution des cultures maraîchères dans le renforcement
de la résilience sociale à Malbaza Région de Tahoua, SANI A. Z. (2019) parle des incidences
socio-économiques du maraîchage dans les conditions de vie des populations avec toutefois
des difficultés substantielles quant à l’accès à l’eau et son usage pour la production,
l’écoulement des produits mais aussi et surtout l’encadrement des producteurs sur les
techniques appropriées pour la production.
En effet, l’institution des cultures de contre saison, du maraîchage ou même des cultures
irriguées faisait suite aux récurrentes sécheresses des années 1970 et 1980 qu’a connu le
Niger. Conscientes de la fragilité du système de cultures pluviales, les autorités politiques
avaient décidé de soutenir et développer la production par irrigation, et l’objectif ainsi visé est
de combler le déficit céréalier par la diversification agricole, et par-delà, garantir la sécurité
alimentaire des populations. Plusieurs études sur le maraîchage ont fait cas de l’aspect social
et économique de cette activité notamment KABIROU A. A. (2011), ADAMOU M. (2014),
DJIBO H. (2012), WAZIRI MATO M. (2009) pour ne citer que ceux-là.
Cependant, l’évolution de la situation fait qu’on tend plus vers une culture presque
exclusivement destinée à la commercialisation qu’à l’autoconsommation. C’est aussi vrai
pour la canne à sucre qui se trouve être une particularité même si elle reste un produit parmi
tant d’autres. Il s’agit pour notre part d’étudier la canne à sucre en tant que filière dans une
perspective de développement économique local pour la Commune de Doungou. C’est en
effet une nouvelle approche d’analyse de l’économie locale par la promotion des filières.
23
1.1.3. Problématique de la recherche
Le Niger est un pays continental aux caractéristiques bien particulières, surtout sur le plan
climatique. L’économie nettement dominée par le secteur rural avec comme principales
activités l’agriculture et l’élevage, est tributaire des conditions climatiques très instables dans
le temps et dans l’espace. Ainsi, avec la péjoration climatique, on assiste à une dégradation
progressive des ressources naturelles et de façon globale, celle du potentiel productif, c’est-à-
dire l’eau, la terre et l’environnement.
Ainsi, l’importance donnée aux cultures irriguées fait que celles-ci sont devenues des piliers
sur lesquels on s’appuie dans l’identification et la définition des pôles de développement
économique (PDR/Zr/2015 : 25). Le niveau local est de plus en plus intégré, comme
dimension dans les questions du pilotage de développement.
Ainsi, la Région de Zinder a entre autres pôles de développement retenu le pôle du Bassin de
la Korama. C’est l’une des réserves d’eau située au Sud de la Région, faisant partie lui-même
d’un ensemble plus grand qu’est le bassin du Lac-Tchad. Ces réserves sont issues des
formations récentes du quaternaire.
Les nappes de la Korama sont situées au sud et à l’est du massif du Damagaram avec deux
niveaux de profondeur à savoir les nappes des grès de Malawa et les nappes de la Korama.
Ces dernières sont menacées par la création des barrages en amont, la pression
démographique, la mauvaise gestion de l’eau et la forte fluctuation saisonnière (SRAT/Zr
2014 : 47). Cependant, les écoulements observés durant les décennies passées se sont
24
estompés avec le temps, depuis les années 1940. Le Bassin de la Korama s’est alors fossilisé
sur certaines de ses parties (SRAT/Zr 2014 :51).
La Région de Zinder, au même titre que les autres Régions du Niger, a dans le cadre de la
politique de la décentralisation, été érigée en Région Collectivité Territoriale. Elle compte à
ce titre cinquante communes dont cinq Communes Urbaines et quarante-cinq Communes
Rurales. A cela s’ajoute la Ville de Zinder, composée de cinq Arrondissements Communaux.
Dans ce nouveau contexte, l’Etat à travers le jeu du transfert des compétences a ainsi légué les
questions de développement aux Collectivités Territoriales. Ces dernières se trouvent
désormais dans une logique de compétition autour du développement. Il leur appartient elles-
mêmes d’élaborer et de conduire leurs politiques de développement à travers la mobilisation
et la valorisation de leurs potentialités et des opportunités qui s’offrent à elles. C’est dans ce
cadre que, en collaboration avec un de ses partenaires le Projet Amélioration de la Gestion des
Défis Migratoires (ProGEM), la Région de Zinder a à travers son Conseil Régional organisé
un forum organisé du 23 au 25 Juillet 2019 qui a porté sur le Développement Economique
Local (DEL).
25
Par les acteurs qu’elle mobilise le long de la chaine et les recettes qu’elle permet à la
Commune d’engranger, la canne à sucre est une filière porteuse pour l’économie de la
Commune Rurale de Doungou, et au-delà de la Région de Zinder.
Pour toutes ces raisons, la canne à sucre est une filière porteuse qu’il faut d’abord chercher à
connaître et à comprendre le fonctionnement. En tant que produit, et principal levier du
développement de la Commune dans un contexte de décentralisation, les principales questions
de recherche soulevées sont :
- quelles sont les atouts et les faiblesses que présente la filière dans le cadre de la
promotion de l’économie de la Commune Rurale de Doungou ?
Telles sont les questions de recherche autour desquelles la présente étude va se concentrer
pour apporter sa modeste contribution dans les nombreuses tentatives d’approches des
questions de promotion développement en général, le développement de l’économie locale en
particulier.
Les objectifs
Pour répondre aux questions de recherches formulées, un objectif général et trois objectifs
spécifiques sont définis.
- Objectif général
L’objectif général à travers cette étude est d’analyser la filière canne à sucre dans une
perspective du développement économique local pour la Commune Rurale de Doungou.
- Objectifs spécifiques
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étudier le fonctionnement de la filière canne à sucre dans le cadre de la promotion du
Développement Economique Local ;
identifier les atouts et les faiblesses que présente la filière dans le cadre de la
promotion de l’économie de la Commune Rurale de Doungou ;
analyser les perspectives de développement de la filière pour que les attentes dans le
cadre de la promotion de l’économie locale soient atteintes.
Les hypothèses
Dans le cadre du présent travail, des hypothèses sont formulées. Il s’agit d’une hypothèse
générale et de trois hypothèses secondaires.
- Hypothèse générale
- Hypothèses secondaires
27
d’apporter un plus sur des aspects pas encore mis à jour, mais aussi et surtout d’avoir des
référents théoriques pour mieux affiner sa démarche.
Les documents consultés dans le cadre de ce travail sont de divers types. C’est en effet des
documents généraux, les mémoires, les rapports d’activité, les revues scientifiques y compris
celles en ligne, les articles, les services techniques.
Trois sites ont servi de cadre d’observation et d’enquête pour la présente étude. Il s’agit du
site de Doungou Haoussa, celui de Toudou et ensuite d’Ayraé. Ces sites ont été choisis afin de
rendre compte des différentes problématiques liées à la pratique de l’activité suivant les lieux.
Par ailleurs, la plateforme de commercialisation des produits agricoles a aussi constitué un
autre site d’exploration. Il faut ajouter que le thème traitant prioritairement du Développement
Economique Local, la Commune Rurale de Doungou à travers son exécutif et les différents
services techniques ont aussi été largement mis à contribution. Mais, les Services Techniques
Départementaux de Kantché ont été aussi concernés par le travail de terrain, ainsi que des
projets et programmes présents ou intervenant dans le domaine.
Les populations cibles se composent des producteurs, les autorités communales, les élus
locaux, les Services d’Agriculture du niveau communal, départemental et régional, les
commerçants, les grossistes, les demi-grossistes, les détaillants et consommateurs, les
transporteurs, les manutentionnaires, les percepteurs, etc.
- L’échantillonnage
La méthode d’échantillonnage par sondage a été utilisée pour la collecte des données. Parmi
731 ménages agricoles 10% a été prélevé, ce qui fait au total 78 producteurs. Suivant la taille
des villages auxquels se rattachent les sites, le nombre des producteurs se répartit comme
suit : 40 à Doungou Haoussa, 20 à Ayraé et 18 à Toudou.
28
Tableau 1 : Répartition des producteurs enquêtés par villages
Villages Effectif Pourcentage
Doungou Haoussa 40 51%
Ayraé 20 26%
Toudou 18 23%
Total 78 100%
Source : Enquête terrain (Décembre 2020)
- L’enquête
Le travail de terrain était ponctué par des passages répétitifs amorcés au mois d’août de
l’année 2020. Mais l’enquête proprement dite s’est déroulée pendant le mois de décembre de
la même année. Cette période n’a pas été choisie au hasard. C’est le moment de pleine
campagne de la canne à sucre. Un autre passage était effectué en février pour recueillir
d’autres informations complémentaires mais aussi constater la fin de la campagne.
Les instruments utilisés dans la collecte des données se constituent d’un questionnaire et d’un
guide d’entretien. Le premier est administré aux producteurs et le second aux responsables
locaux. Un entretien à bâton rompu a permis de toucher les autres acteurs ciblés et les
personnes ressources dans le but d’avoir des données supplémentaires.
Les données recueillies ont subi un traitement préalable ayant consisté au dépouillement, puis
la saisie et ensuite l’analyse. Les logiciels Sphinx, Excel et Word ont servi d’outils pour cette
opération. Plus spécifiquement, Excel pour la génération des graphiques et Qgis (2.18) pour la
réalisation de la carte.
Le présent travail était mené dans un état de santé fragile, ce qui n’a pas facilité la tâche. Par
conséquent les activités ont pris plus de temps que prévu et parfois dans l’incapacité de
travailler ce sont des heures entières perdues.
La recherche des données surtout relatives aux flux commercialisés est aussi une autre
difficulté, sans toutefois accéder à ces données malgré les nombreuses tentatives de prise de
contact avec plusieurs personnes.
29
Conclusion partielle
En somme, ce chapitre a permis de dresser le cadre théorique global de l’étude, ainsi que la
méthodologie. La revue de la littérature a été l’occasion de parcourir la documentation
existante qui touche à notre thématique et ensuite de poser la problématique de la recherche.
Les objectifs et les hypothèses ont servi d’éléments dans la construction du plan à suivre. La
combinaison des deux méthodes qualitative et quantitative sur le plan méthodologique a
permis de toucher plusieurs groupes cibles concernés par la question de recherche.
30
CHAPITRE II : PRESENTATION DE LA ZONE D’ETUDE ET DE
L’APPROCHE DU DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE
LOCAL
Introduction
L’objet du présent chapitre est de présenter le cadre général de l’étude notamment la situation
géographique, le milieu physique, le climat, la pluviométrie, le cadre humain et les activités
socio-économiques. L’approche du DEL se focalisera sur le cadre de sa mise en œuvre ainsi
que le lien existant avec la décentralisation.
Située à l’Est dans le Département de Kantché, la Commune Rurale de Doungou a été créée
par la loi N° 2002- 014 du 11 Juin fixant le chef-lieu de la commune qui est Doungou. C’est
l’une des neufs (9) communes que compte le Département de Kantché. Elle compte 27
villages administratifs et 36 hameaux et campements (PDC Commune Rurale de Doungou,
2018 :8).
31
Figure 1 : Département du Kantché
La Commune Rurale de Doungou a une superficie de 124,29 km2. . Elle est limitée au nord
par la Commune Rurale de Ichirnawa, la Commune Urbaine de Matameye à l’Ouest, la
Commune Rurale de Yaouri au Sud et celles de Droum et Dogo à l’Est (Département de
Mirriah). Le chef-lieu de la Commune se trouve à 17 km à l’Est de la Ville de Matameye
(chef-lieu) reliés par une voie latéritique. (PDC Commune Rurale de Doungou, 2018 :12).
32
Figure 2 : Localisation de la zone d’étude
Le relief
Le relief de la Commune est relativement plat, avec des dunes de sable plus ou moins
stabilisées et indurées, des Talwegs et de cuvettes. On note la présence d’une grande vallée,
parsemée de cuvettes, lieu de pratique des cultures irriguées. Il existe une zone de plaine
sableuse, composée de dunes de sable. C’est la zone de cultures hivernales, caractérisée par
une irrégularité de pluies et autres aléas climatiques.
Le climat
Le climat de la zone est de type sahélo-soudanien caractérisé par la saison de pluie (de Juin à
Septembre) et une saison sèche (d’Octobre à Mai). La saison sèche se divise en une saison
sèche et humide d’Octobre à Décembre, une saison sèche et froide de Décembre à Février et
une saison sèche et chaude de Mars à Mai (PDC Commune Rurale de Doungou, 2018 : 16).
33
La pluviométrie
Les précipitations sont de l’ordre de 500 à 750 mm par an. Elle est relativement suffisante
pour le développement des cultures, mais sa mauvaise répartition dans l’espace et le temps est
souvent à la base des déficits de production. Le ruissellement et l’infiltration des eaux dans le
sol, permettent le remplissage des mares et la recharge de la nappe phréatique (PDC
Commune Rurale de Doungou, 2018 : 13). La recharge de la nappe est d’autant plus
importante qu’elle constitue des réserves d’eau pour la production agricole et en particulier la
canne à sucre.
La température
On note la présence des sols peu évolués sur formation sableuse, des vertisols sur grés et
argiles sédimentaires, des sols ferrugineux tropicaux. Ils sont propices au développement de
cultures hivernales et irriguées, ainsi que l’arboriculture. Elles sont cependant lessivées et
nécessitent un apport régulier en fertilisants. (PDC Commune Rurale de Doungou, 2018 :16).
Les sols argileux se localisent au niveau des cuvettes. Ce sont des sols profonds et lourds
favorables à la culture de la canne à sucre.
Elles sont essentiellement constituées des eaux souterraines de la korama dont le niveau
statique de la nappe ne dépasse pas les 10 mètres. A ces eaux du Bassin de la Korama,
s’ajoutent des cuvettes qui jalonnent le cours de la korama. Ainsi, les ressources en eau
peuvent être classées en deux catégories :
34
sont menacés par des plantes aquatiques envahissantes notamment Typha
australis ;
- les eaux souterraines : elles sont contenues dans la vallée de la Korama avec une
importante quantité d’eau dont la profondeur moyenne se situe à 10 mètres. Dans
la zone des plateaux, on rencontre également ses potentialités, avec une
profondeur moyenne de 30 mètres, accessibles par des forages ou des puits
cimentés.
Cette faible profondeur de la nappe facilite le fonçage des puits traditionnels pour
les besoins en eau de la population, du bétail et aussi pour les cultures irriguées
(PDC Commune Rurale de Doungou, 2018 :14).
En 2017 la Commune Rurale de Doungou compte une population de 47 479 habitants dont
23 805 Hommes et 23 675 Femmes (projection INS, 2017). La densité moyenne est de 382
habitants / km², l’une des plus fortes de la Région. Les groupes ethniques vivant sur le
territoire de la Commune sont les Haoussa majoritaires, suivis des Kanouri, des Touaregs et
des Peulhs. Les activités économiques de ces populations se composent essentiellement de
l’agriculture et de l’élevage (PDC Commune Rurale de Doungou, 2018 :15).
L’exécutif de la Commune est composé de onze (11) Conseillers élus dont une femme, cinq
(5) membres de droit dont deux (2) Députés nationaux au titre du Département, le Chef du
canton de Kantché et le Chef du Groupement Peulh de Kawuri. Le Conseil Municipal est
l’organe délibérant de la Commune avec le Maire comme Président de l’exécutif. Les prises
de décisions sont faites par délibération du Conseil qui est l’organe de décision de la
Commune à travers la tenue de Sessions ordinaires et/ou extraordinaires. Ils sont élus au
suffrage universel conformément aux dispositions du code électoral. Trois commissions
spécialisées concourent à la mise en œuvre des activités programmées par le Conseil (PDC
Commune Rurale de Doungou, 2018 : 26-27), notamment :
35
- la Commission Développement Rural ;
- la Commission Affaires institutionnelles et Partenariat.
Organisation coutumière
L’administration coutumière est un autre type de pouvoir qui cohabite avec celui représenté
par les autorités administratives et municipales. Avec l’avènement de la décentralisation, les
différents pouvoirs cohabitent, et pour la Commune Rurale de Doungou, il en est le cas.
Ainsi, le pouvoir coutumier est représenté par le Chef de Canton et de groupements à travers
leurs démembrements : chefs du secteur, village et tribu. Les autorités coutumières travaillent
de concert avec celles religieuses dans les affaires de la communauté.
Sur le plan socio-économique, la commune partage une même situation avec l’ensemble du
Département de Kantché et au-delà, la Région de Zinder, c’est-à-dire la prédominance du
secteur primaire. En effet, l’agriculture et l’élevage constituent les principales activités de la
population de cette commune plus le commerce. Cependant, des activités comme le
commerce surtout avec le maraichage, la production du poisson dans certaines mares et des
étangs, auxquels s’ajoutent des infrastructures marchandes, commencent à se développer dans
la Commune.
L’agriculture
36
cultures de rente de la Commune. A ces cultures dominantes, il faut ajouter le maïs, le
voandzou, le sésame, l’oseille, etc.
- L’arboriculture : Elle se pratique aussi dans le lit de la vallée de la Korama, avec des
arbres fruitiers, comme le manguier (majoritaire), le goyavier, le citronnier, etc., (PDC
Commune Rurale de Doungou, 2018 : 23).
L’élevage
- l’élevage semi-intensif, qui porte généralement sur les gros ruminants, est pratiqué par les
agropasteurs de la communauté peulh et certaines couches sociales nanties. Les bœufs de
trait sont aussi élevés à des fins de services par des particuliers (traction de charrettes,
culture attelée, embouche, etc.) ;
- l’élevage de case pratiqué en majorité par les femmes, concerne les petits ruminants
(ovins et caprins). C’est une véritable épargne vivante pour les femmes, tout en
contribuant à leur autonomisation ;
- l’élevage de la volaille est aussi très développé au niveau de la Commune. Il est en grande
partie pratiqué par les femmes et les jeunes, surtout avec la politique de la promotion des
Activités Génératrices de Revenus (AGR), initiées par certains partenaires de la
Commune au profit de ces deux couches, généralement jugées comme plus vulnérables.
L’élevage constitue ainsi la deuxième source de revenus des populations à travers la vente des
animaux sur-pieds, généralement après avoir été embouchés et les sous-produits (cuirs et
37
peaux, lait, beurre, etc.). Il faut ajouter que l’aquaculture se développe aussi à côté de la
volaille, toujours avec le concours des PTF ou de certains produits de la migration.2
Le commerce qui est aussi une autre activité permet à la population de générer d’importants
revenus. Cependant, il relève essentiellement de l’informel et peu structuré pour qu’il puisse
véritablement profiter à ceux qui le pratiquent (PDC, 2018 : 25). Mais il faut surtout préciser
que la Commune Rurale de Doungou dispose d’une très vieille tradition commerciale, basée
surtout sur la commercialisation des produits maraichers, notamment la canne à sucre et
certaines tubercules (manioc et patate douce).Ce commerce se pratique avec d’autres régions
telles que celles de Zinder et de Maradi, mais aussi les autres Région du Niger notamment
Agadez et Niamey pour la canne à sucre. Ce commerce qui était de par le passé entretenu par
les célèbres ‘’In Bakin Wando’’3, qui desservaient alors certains marchés du Damergou et du
Katsina au Nord.
Mais la Commune est aussi ouverte sur le Nigéria pour les transactions commerciales
notamment pour le bétail sur pied, mais aussi certains produits tels que l’igname importé et le
bétail exporté. Il existence deux principaux marchés hebdomadaires (Doungou et Mai
Wando) sur lesquels la population écoule une part importante de ses produits. Il y a aussi
celui de Matameye qui se trouve à proximité et dont les producteurs fréquentent en utilisant
les charrettes comme moyens de transport pour leurs produits.
Le Développement Economique Local peut être assimilé à une stratégie conçue et mise en
œuvre par des acteurs dans le but d’assurer le développement d’un territoire donné. Celui-ci
correspond généralement à la Collectivité Territoriale (CT), et pour le cas du Niger, avec une
décentralisation à deux paliers, il concerne la Région et la Commune.
38
centraux (NDIAYE S., 2013 :16). Il relève ainsi d’une logique de construction territoriale
d’une économie, à travers une dynamique d’auto promotion socio-économique visant la
revitalisation socio territoriale et s’appuyant sur un dispositif de mobilisation convergente à
travers la mise en place d’un cadre partenarial qui s’appuie sur le potentiel et les dynamiques
locales (ProGEM/GIZ, 2019 : 8).
Le DEL apparait ainsi comme un processus participatif suivant lequel les acteurs clés et les
institutions, issus de toutes les sphères de la société, collaborent au sein d’un territoire bien
défini. Il s’agit des Collectivités Territoriales en vue de renforcer la compétitivité des
entreprises locales, créer des emplois, soutenir des avantages concurrentiels localisés pour la
localité et ses entreprises, remédier aux échecs du marché à travers la fourniture de biens
publics, la réduction des barrières à l’entrée et des coûts de transaction pour les entreprises et
de réduire les contraintes administratives à la création et au développement des entreprises
locales. En un mot, il s’agit d’une approche basée sur la mobilisation et la valorisation des
potentialités locales sous toutes les formes, afin de promouvoir un développement à la base où
l’ensemble des acteurs, chacun trouve son compte, tout en jouant convenablement son rôle.
Le cadre institutionnel au sein duquel le DEL doit se concevoir et se réaliser, est défini par
des textes relevant de la politique nationale de développement de l’Etat du Niger. Ces textes
pour la plupart, précisent le cadre légal des CT, leurs rôles et responsabilités. Il s’agit de la
constitution de la République du Niger, du Code Général des Collectivités Territoriales, du
Code des Marchés Publics et autres textes de loi et Ordonnances portant sur le domaine de
l’environnement, de la gestion des ressources naturelles et de l’aménagement du territoire.
39
2.2.3. La décentralisation comme levier du DEL
La décentralisation est une nouvelle approche de gouvernance basée sur le choix des
dirigeants locaux par des élections. Elle suppose pour les populations locales, la prise en
charge des questions de leur propre développement. Ainsi, la considérer comme un des
meilleurs cadres à la réalisation du DEL, c’est reconnaître ses implications dans les actions de
développement.
4
Il s’agit pour la CT d’avoir une vision de son développement qui se concrétise par l’élaboration d’un document
de planification et sa mise en œuvre.
40
mobilisation des ressources locales propres, mais tout en s’enracinant aussi dans le
partenariat, condition sine qua non du développement local.
Les différentes filières qui peuvent présenter de réel potentiel de développement pour la
Commune sont pour la plupart agricoles. Ceci du fait de la présence de la vallée de la
Korama, mais aussi du fait de l’existence de plusieurs cuvettes parsemées un peu partout sur
l’ensemble du territoire de la Commune. Selon le diagnostic issu du PDC de la Commune
Rurale de Doungou, les différentes filières identifiées sont : la canne à sucre, la courge, la
pomme de terre. A ces différentes spéculations toutes issues du maraichage, il faut ajouter le
bétail sur-pied.
Parmi toutes ces filières, la canne à sucre est bien évidemment la plus importante pour la
Commune. Elle est secondée par les courges, une spéculation en pleine extension sur tous les
sites visités. D’importantes quantités sont chargées par des gros camions au niveau du
marché de la plateforme.
La pomme de terre, nouvellement introduite dans tous les sites, apparait aussi une autre filière
porteuse pour la Commune. En effet, depuis son introduction sur les différents sites, c’est une
culture en pleine expansion. D’autres spéculations non moins importantes sont de plus en plus
cultivées sur les sites maraichers de Doungou. Il s’agit du poivron, de l’oignon, du manioc, de
l’aubergine, des laitues, etc. Sur d’autres sites comme celui d’Ayraé les exploitants pratiquent
même de la riziculture.
Conclusion partielle
La Commune Rurale de Doungou tout comme beaucoup d’autres communes qui longent le
Bassin de la Korama, présente d’importantes potentialités et beaucoup d’opportunités de
développement. Dans un contexte de décentralisation et de promotion de l’économie locale à
travers le DEL, la Commune présente toute une panoplie de produits sur la base desquels peut
reposer son développement. La canne à sucre qui figure parmi les différents produits qui font
la réputation de la Commune, parait ainsi comme une véritable filière porteuse.
41
CHAPITRE III : SYSTEME DE PRODUCTION ET DE
COMMERCIALISATION DE LA CANNE A SUCRE
Introduction
Il sera question pour cette partie du système de production de la canne à sucre notamment le
régime foncier, les différentes opérations ou pratiques culturales, l’organisation des
producteurs, ainsi que les difficultés qu’ils rencontrent. Mais il sera aussi question de la
commercialisation de ce produit sur lequel repose en partie l’économie de la Commune. La
chaine des valeurs tentera d’identifier les différents acteurs qui gravitent autour de l’activité,
ce qui en fera la filière porteuse. En plus de cela il s’agira d’aborder les forces et les faiblesses
de la filière.
5
C’est la section située au niveau de l’œil de bourgeon à partir de laquelle se développe le système racinaire
42
Phase de Le bourgeon végétatif terminal (sommet de la tige) donne 5 à 7 mois
croissance naissance à une suite de nœuds et d’entre-nœuds, les tiges environ
grandissent tandis que les feuilles implantées à chaque nœud
croissent, se déroulent, vieillissent et se dessèchent pour être
remplacées par des feuilles plus jeunes. Les racines quant à
elles, se ramifient et s’allongent.
Phase de Elle correspond à une accumulation du saccharose par la plante 6 mois en
maturation et la diminution de son alimentation hydrique. moyenne
Phase de Les tiges sont coupées à leur base, les feuilles et les bouts blanc
récolte enlevés.
Source : Enquête terrain (Décembre 2020)
Ce point traite des généralités sur les producteurs qui concernent notamment l’âge, la main
d’œuvre agricole, l’activité principale et en fin les activités secondaires. Le choix porté sur les
producteurs tient au fait que ceux-ci sont au centre du système de production de la canne à
sucre.
La totalité des personnes enquêtées sont des hommes dont l’âge varie entre 20 et 73 ans.
25%
Pourcentage
20%
15%
10%
5%
0%
Moins De 21
De 28 De 35
de 21 à 27 De 42
à 34 à 41 De 49 De 56
à 48 à 55 63 et
à 62 plus
Tranche d'âges
43
La tranche d’âge de 28 à 34 ans est la plus importante avec 23,1%, suivie de celle de 35 et 41
ans avec 20,5%, et en 3ème position celle de 49 à 55 ans avec 19,2%. Les classes les moins
représentatives sont celles de moins de 21 ans avec 3,8%, celle de 56 à 62 ans avec 6,4%, et
enfin celle de 63 ans et plus avec 9,0%.
Pour l’ensemble de l’échantillon, on voit apparaître une relative jeunesse des producteurs
(lorsqu’on considère la plage de moins de 21 ans jusqu’à 41 ans comme étant jeunes), ce qui
constitue un atout pour l’activité sur le plan de main d’œuvre.
La main d’œuvre agricole est constituée exclusivement par le salariat. Presque la quasi-
totalité, 84,6% des producteurs utilisent la main d’œuvre salariale sur toutes les activités qui
concernent la culture de la canne à sucre. Seulement, une infime partie n’engage pas de la
main d’œuvre salariale 15,4%. Le payement journalier de la main d’œuvre est généralement
fixé à 2000 FCFA par personne. Toutefois, certains producteurs font aussi recours à la main
d’œuvre familiale pour compléter certaines activités.
La culture de canne à sucre est considérée par 82,1% des enquêtés comme leur principale
activité, contre 17,9% qui l’associent avec d’autres activités, notamment les cultures
pluviales, l’élevage ou le commerce. Cependant, il faut noter que, pour beaucoup de
producteurs, du fait des contraintes liées surtout au manque d’eau et qui constituent un frein à
la culture cannière, d’autres spéculations comme la courge qui se trouve sur tous les sites
enquêtés, sont associées. Le site le plus affecté par ce phénomène est celui de Garin Toudou.
En effet, aucun producteur ne cultive exclusivement de la canne à sucre. Toutes les personnes
interrogées l’associent avec d’autres spéculations dont les plus importantes sont la courge,
l’oignon, la tomate, le poivron, le chou, etc...
44
60%
50%
40%
30%
20%
10%
0%
Figure 4 : Les différentes spéculations cultivées en association (Enquête terrain, Décembre 2020)
- soit sur une même parcelle on associe la canne avec une autre culture, et c’est là que
l’association prend tout son sens ;
- soit les spéculations sont cultivées sur des parcelles différentes et l’on peut parler de
diversification. Un producteur qui cultive plusieurs spéculations aura plus de chance
d’avoir un revenu beaucoup plus conséquent et en même temps jouer sur le risque.
Cette stratégie est due au fait que la canne à un cycle végétatif généralement plus long (8 mois
avant qu’on commence à récolter), et les producteurs peuvent jouer sur le calendrier cultural
en introduisant d’autres cultures. Ainsi, avec la courge comme principale spéculation, ils
arrivent à faire trois récoltes par campagne. Hormis la canne à sucre, la courge rapporte plus
que les autres cultures.
L’itinéraire technique des producteurs est caractérisé par une transmission générationnelle du
savoir-faire en matière de production de la canne à sucre. Chaque producteur s’initie au près
des anciens disposant d’une longue expérience en la matière. Mais cette initiation aux
techniques se passe aussi entre les paires. Ainsi la majorité des exploitants ont acquis leurs
connaissances de cette manière. En plus, selon les résultats de l’enquête, aucun producteur n’a
bénéficié d’une formation ou d’un encadrement dans le cadre de son activité de la production
cannière.
45
Toutefois, le projet Programme de Développement de l’Agriculture Familiale (PRODAF) est
venu en appui aux paysans à travers l’approche « champs école paysans», un véritable cadre
de formation et d’encadrement des producteurs sur certains sites comme celui d’Ayraé, de
Doungou Haoussa et Koré. Il faut noter que le site de Doungou Haoussa de par son étendue
englobe plusieurs villages.
Il faut aussi noter un début de mécanisation de la production de la canne à sucre. Parmi les
producteurs interrogés, le nommé Dan Iya est l’une des rares exceptions. Il a une grande
expérience dans le domaine de la production cannière et travaille sur deux sites (Doungou
Haoussa et Massasaka). Il dispose de gros moyens, et est le seul qui a fait cas de l’utilisation
de tracteur dans le travail de la canne à sucre. En dehors de la culture de la canne, il a aussi
appris des techniques de forage. Le potentiel d’expérience qu’il a accumulé lui a valu d’être le
représentant du Groupement d’Intérêt Economique Tsintsiya au niveau du marché plateforme
de commercialisation des produits agricoles.
Le long parcours technique suivi par les paysans, fait qu’ils disposent d’un savoir-faire avéré.
Il est alors important et souhaitable de rentabiliser ces connaissances endogènes en apportant
un supplément de renforcement des capacités. La capitalisation de ce patrimoine permettra de
mettre en place un mécanisme d’encadrement efficace qui mettra les paysans en confiance et
être enclins à collaborer dans le cadre de la promotion de la filière.
Le principal mode par lequel on accède à la terre au niveau de la zone d’étude reste
majoritairement dominé par l’héritage avec 70,5%. Il est secondé par l’achat avec 16,6%, le
prêt 6,4%, la location avec 5,2% et enfin le don, avec 1,3%.
46
Location Prêt Achat
5.2% 6.4% 16.6% Don
1.3%
Héritage
70.5%
Ainsi, il y a lieu de préciser que lorsqu’il s’agit de prêt, c’est plutôt une pratique localement
appelée « kashi mu raba ». Cette pratique est une sorte de contrat par lequel le propriétaire
cède son terrain à une tierce personne moyennant une rémunération qui sera versée après
chaque récolte, lorsque le produit est vendu. Par contre, aucun cas de gage n’a été recensé au
cours de l’enquête.
La durée du prêt est de plus en plus courte, rarement elle dépasse 1 à 2 ans (figure 4) compte
tenu des enjeux liés au foncier et des conflits susceptibles de se produire lorsqu’une terre
prêtée dure des années avant d’être reprise par le propriétaire initial.
plus de 10 ans
5 à 10 ans 8%
8%
3 à 4 ans
19% 1 à 2 ans
65%
47
Néanmoins, selon les relations entretenues entre les personnes, on peut enregistrer des prêts
qui peuvent durer entre 3 à 4 ans, soit 19% des bénéficiaires de ce type de transaction foncière
enquêtés. Mais toujours est-il dit que les propriétaires terriens gardent un œil vigilant quant à
la durée du prêt. Les prêts de 10 ans ou au-delà sont plutôt de moindre importance si on les
compare aux premières catégories. Sur ce point, les classes de 5 à 10 et plus de 10 partagent
en commun une proportion identique de 8%.
La typologie des exploitations fait référence aux superficies cultivées, c’est-à-dire la taille des
parcelles exploitées par les producteurs. Les exploitants dans leur plus grande majorité, soit
80,8% (Tableau 3) disposent de parcelles de dimensions plus ou moins réduites, comprises
entre 0 et 1 hectare, 19,2% des exploitations dépassent un hectare.
Un exploitant peut disposer de plusieurs parcelles à des sites différents. Il arrive que ce
dernier loue une partie ou la donne en prêt, mais la pratique du prêt est de plus en plus
abandonnée compte tenu des enjeux actuels liés au foncier.
48
casser ou briser les grosses mottes de terre à l’aide de la daba. Une fois ce labour terminé, on
procède à la réalisation des poquets dans lesquels sont plantées les boutures. Toutefois, avant
d’arriver à ce stade de labour, les débris issus des feuilles séchées sont brûlés surplace ou dans
d’autres cas, entassés dans des endroits humides, et se décomposent pour donner de la matière
organique.
La canne à sucre se multiplie par voie végétative. Par conséquent les boutures servent des
plants pour la plantation des parcelles. Elles sont de deux types : les bouts blancs (extrémités
des tiges) ou celles appelées boutures de corps. Il s’agit pour ce deuxième type des portions
de la tige débitée qui sont mises en terre. Les producteurs de la zone d’étude utilisent les bouts
blancs. Les boutures sont sélectionnées lors de la récolte en veillant à ne pas prendre celles
des cannes qui ont fléchi ou en voie de l’être. Les feuilles de base et celles du sommet sont
enlevées et 2 à 3 nœuds au-dessous de l’extrémité du bout blanc ou partie verte sont
conservés. Ainsi chaque bouture prise doit avoir 3 à 4 yeux6 ne comportant pas des blessures
ou des trous d’insectes, ni même des traces de maladies. Les boutures sélectionnées au
moment de la récolte sont conservées dans un endroit humide et recouvertes de failles pour
éviter qu’elles se dessèchent. De préférence les boutures doivent être plantées peu de temps
après la récolte.
6
Petits anneaux se trouvant au niveau de chaque nœud couverts par les feuilles à partir desquels germe la
bouture.
49
Photo 5 : Boutures conservées Photo 6 : Boutures récoltées
(Décembre 2020) (Décembre 2020)
Avant la mise en poquet, les boutures subissent un traitement avec des insecticides et à défaut,
certains utilisent l’huile de vidange usée en trempant le bout de la bouture avant de le mettre
en terre. La plantation est réalisée sur des sillons préparés à l’avance appelés localement
« kouya », distants de 1,10 à 1,60 m. La même distance est respectée entre les poquets.
Chaque poquet contient 3 boutures disposées verticalement. La différence de distance entre
les lignes est observée lorsque la canne est plantée en association avec une autre culture.
- L’irrigation
L’arrosage se fait le jour même de la plantation ou le lendemain. Il est séquencé entre des
intervalles de 3 jours et devient plus régulier pendant la période de chaleur, en sautant tout au
50
plus une journée. Ainsi, l’irrigation ne s’atténue que quand la saison de pluies s’installe
définitivement avec toutefois un travail de contrôle du niveau de l’humidité. Cette irrigation
se fait à l’aide de motopompes branchées à des forages ou des puits maraîchers. Ceci est
fonction des moyens. A défaut, ceux qui n’ont pas les moyens, font recours aux puisards avec
comme moyens d’exhaure des puisettes ou des demi-bidons. L’irrigation se fait par gravité
dans des canaux en terre avec la maîtrise d’une légère pente.
- Le sarclage ou le binage
Le sarclage intervient dès que les jeunes plants auront repris. Il consiste à retourner la terre de
sorte à la rendre plus aérée pour favoriser le développement racinaire de la canne. Le binage
est très important parce qu’il accélère la croissance de la canne et facilite l’infiltration. Les
sols sur lesquels la canne est cultivée sont des sols lourds, par conséquent difficiles à
travailler. Il faut alors un travail de sarclage régulier afin d’assurer un bon drainage. Au
moment de cette opération, les producteurs procèdent aussi à l’application de l’engrais associé
avec de la fumure organique. Les deux sont versés dans les poquets par quantité mesurable.
L’engrais minéral est versé en premier puis recouvert de la fumure organique, le tout
recouvert de la terre pour remplir les poquets. L’application de cet engrais permet une bonne
reprise par la germination des bourgeons ainsi que leur multiplication.
- L’amendement
La totalité des personnes enquêtées utilisent des fertilisants dans leur travail de culture de la
canne à sucre. Les fertilisants utilisés sont de deux types dont l’engrais minéral et la fumure
organique. Pour les engrais de l’urée, du NPK (azote phosphate potassium), le phosphate
51
d’ammoniaque (DAP). Tous ces engrais sont achetés par les producteurs au niveau d’un point
de vente en intrants agricoles avec le service communal d’agriculture ou sur le marché.
L’engrais est vendu par mesure dont le prix varie entre 750 FCFA et 1500 FCFA selon la
variété.
Malgré l’absence d’encadrement sur les techniques culturales comme en ont fait cas la totalité
des exploitants, on observe une certaine logique quant à l’utilisation des engrais. Le recours à
l’amendement semble maîtrisé par les producteurs. Il est fonction du stade phénoménal ou
végétatif des plants. Ainsi, l’urée est appliqué pendant la saison froide et c’est pour cette
raison il est localement désigné par le vocable « dan sanhi ». Le NPK est quant à lui utilisé au
repiquage et a pour effet d’entretenir la croissance et le développement des bourgeons. En ce
qui concerne la fumure organique, elle provient de l’élevage des petits ruminants gardés dans
les concessions. Les producteurs sont approvisionnés par les charretiers et le prix d’un voyage
s’élève à 1000 FCFA. D’autres utilisent aussi le compost comme apport d’amendement. Il est
à noter que la préférence des producteurs en termes d’engrais, va beaucoup plus pour le NPK
et le DAP.
Le respect d’une logique dans l’application des engrais démontre une certaine expérience
paysanne acquise par la force d’observation et la pratique de l’activité.
52
Tableau 4 : Le calendrier cultural
Mois
J F M A M J J A S O N D
Préparation du *
terrain
Sélection des * * *
boutures
Repiquage *
Entretien * * * * * * * * * *
Source : Enquête terrain (Décembre 2020)
Toutes ces opérations se déroulent suivant le calendrier périodique jusqu’à la récolte du
produit.
Les outils et les techniques utilisés jusque-là par les producteurs sont essentiellement
rudimentaires. Les instruments aratoires se résument à la houe, la daba, la hilaire, le râteau, la
pelle, la charrette bovine pour le transport des produits, la puisette, le demi-bidon pour
l’arrosage, etc. Les producteurs ont bénéficié de fonçage des puits maraîchers financé par la
fondation Qatari Human Appeal International (HAI). Certains producteurs utilisent des
forages équipés en motopompes pour irriguer. Toutes les opérations culturales sont effectuées
à l’aide de ces matériels. L’utilisation de la motopompe pour l’irrigation même si elle tend à
se généraliser et annonce un début de mécanisation, elle reste liée à la question des moyens.
Néanmoins, elle facilite le travail, allégeant la tâche pour la rendre moins pénible. Elle permet
du coup aux producteurs de gagner en temps de travail pour se consacrer à d’autres tâches.
53
3.2. Système de commercialisation
La canne à sucre une fois récoltée, est acheminée sur les marchés. Des charrettes bovines
servent de moyens de transport des sites vers les marchés. Le principal marché est celui de
Doungou et se tient chaque mardi. Il constitue avec celui de Mai Wando les deux plus grands
marchés dans la Commune. L’existence de ces marchés hebdomadaires présente un avantage
pour l’écoulement des produits.
Les principaux acteurs composant le circuit sont les producteurs, les grossistes, les demi-
grossistes et les détaillants. Les grossistes entretiennent une relation directe avec les
producteurs. Ils achètent les produits au niveau des plantations par vente sur pied. Après le
marchandage, le grossiste paye la moitié de l’argent, puis coupe la canne afin de l’acheminer
54
sur le marché. Le versement de la 2ème moitié dépend du cours du produit sur le marché. Il est
fréquent que le grossiste ne respecte pas le terme des clauses arrêtées avec le producteur.
Les demi-grossistes quant à eux, ils s’approvisionnent auprès des grossistes. Ils deviennent à
leur tour des fournisseurs pour les détaillants. Le prix d’un fagot varie entre 2.500 à 4.000
FCFA et peut atteindre 5.000 FCFA. Le nombre des tiges par fagot varie selon la qualité de la
canne, notamment la grossièreté des tiges. A l’intérieur de la chaîne, les détaillants sont le
maillon intermédiaire qui touche au consommateur et par le biais desquels se réalisent des
recettes.
La vente chez les détaillants revêt plusieurs formes. La tige peut être vendue telle quelle. Elle
peut être débitée en petits morceaux de taille moyenne afin de vendre. D’autres ont une
logique beaucoup plus poussée. La canne est épluchée puis débitée en petits morceaux mis en
sachets plastiques d’un prix de 25 à 50 FCFA. Cette pratique de vente est surtout présente
dans les centres urbains. Dans la Ville de Zinder par exemple, le point de vente de la canne à
sucre se trouve au niveau de Grand Marché Dolé. Les détaillants se rendent tôt le matin au
marché pour acheter par unité de fagots. Ils possèdent un point de rassemblement selon les
endroits là où ils préparent la canne et la mettent en sachets. Ils circulent ensuite à travers les
différentes artères de la ville, devant les points de concentration de la clientèle pour vendre
leurs produits.
Les transporteurs et les manutentionnaires présentent une autre catégorie d’acteurs au sein de
la chaine. Les seconds interviennent dans le chargement de camions. Le prix de chargement
d’un fagot s’élève à 50 FCFA. D’après les investigations, un manutentionnaire peut avoir en
moyenne 2000 FCFA de recette journalière.
55
Producteurs
Grossistes Demi-grossistes
Consommateurs Détaillants
Les revenus tirés de la culture cannière sont difficiles à évaluer. La réticence des enquêtés à
déclarer leurs recettes constitue le point de blocage dans l’appréciation du profit généré.
L’analyse des résultats issus des investigations montre un revenu moyen de 200.000 FCFA
par producteur par campagne. Toutefois ce chiffre est à prendre avec précaution. L’on
comprend aisément l’écart existant entre la réalité et le revenu déclaré lorsqu’on compare le
coût de certaines charges liées à l’activité, surtout concernant la main d’œuvre. Toujours est-il
dit que la production de la canne à sucre génère d’importantes recettes qui sont difficiles à
quantifier, faute des statistiques fiables. Ce déficit d’évaluation s’observe même au niveau de
la mairie. Les responsables communaux ne disposent pas d’un cahier de charge à titre
évaluatif des recettes annuelles engrangées via la commercialisation de la canne à sucre. Or,
ceci fait partie de la maîtrise de la filière, si tel est que la Commune souhaite en tirer le
meilleur profit dans le cadre de l’approche DEL.
Les revenus gagnés par les producteurs sont diversement utilisés. D’une manière générale, ils
vont dans les dépenses familiales (entretien de la famille) ou sociales (les cérémonies). On
assiste aussi à une sorte de réinvestissement dans l’activité par l’achat des intrants agricoles et
des outils de travail. Les producteurs dépensent leur revenu par ordre d’importance dans
l’entretien familiale, l’achat du matériel agricole et les cérémonies. Ces trois niveaux de
dépense sont les plus importants et engloutissent la plus grande part du revenu. Viennent en
second position l’achat des vivres, du bétail et le remboursement des prêts ou autres dettes.
56
70%
60%
50%
40%
30%
20%
10%
0%
Satisfaire les Achat du Payer le Les Rembourser Achat de
besoins bétail materiel céremonies un prêt ou vivres
familiaux agricole dette
On voit bien à travers ce point précis la faible capacité ou l’absence même de possibilités
d’épargne. Toute la difficulté se trouve à ce niveau quand on connait les conditions dans
lesquelles ces braves producteurs travaillent. La plupart du temps, ils sont laissés à eux-
mêmes, sans soutien ni encadrement qui puissent leur être bénéfiques. Leurs défis et
difficultés n’ont d’égal que leur faible capacité à investir dans l’activité. Et ceci malgré une
réelle volonté à aller dans ce sens comme en témoigne les informations recueillies.
Il s’agit des différents acteurs impliqués le long de la chaine. En termes d’analyse d’une
chaine des valeurs d’une filière donnée, on peut scinder les acteurs concernés en deux grandes
catégories : les acteurs directs pour lesquels la filière est une préoccupation de premier ordre
et les acteurs indirects. Les premiers peuvent être pris comme le maillon principal et les
seconds des éléments qui fournissent les services nécessaires à la bonne marche de la filière.
Le processus de la chaine des valeurs autour de la canne à sucre peut être divisé en trois
phases : la production, la commercialisation et la consommation. Ces trois maillons sont
constitués d’acteurs qui interagissent et créent ainsi de la valeur.
57
Producteurs
Production
Consommation Consommateurs
58
Conclusion partielle
Eu égard à tout ce qui précède, la culture de la canne à sucre se fait suivant un processus qui
va de la production à la consommation en passant par la commercialisation. Les pratiques
foncières liées à l’activité sont nettement dominées par un mode d’accès à la terre par
héritage. Cette activité de production alimente un circuit structuré à divers niveaux et met en
relation tout un réseau d’acteurs. Elle participe directement à l’amélioration du quotidien de la
population en particulier et occupe une place importante dans l’économie de la Commune.
59
CHAPITRE IV. IMPACTS DE LA FILIERE POUR LE DEVELOPPEMENT
ECONOMIQUE LOCAL
Introduction
Le présent chapitre aborde les aspects liés à la contribution de la filière canne à sucre dans le
développement économique local de la Commune. Il explore aussi parallèlement les forces et
les faiblesses de la filière.
L’un des aspects importants du Développement Economique Local est son approche filière.
Elle consiste en effet à une identification qui permettra d’opérer un choix parmi les filières
susceptibles de porter une dynamique. L’option de développement des filières porteuses se
traduit par un appui aux chaines de valeurs dans les filières agricoles où le territoire a de
réelles potentialités de développement (PADEL, 2014 : 59). Cela suppose donc de disposer
d’indicateurs de connaissance du potentiel dont dispose le territoire, afin d’assurer un terreau
fertile pour l’élaboration d’une vision globale et la mise en œuvre de la stratégie.
La canne à sucre est un produit qui fait l’objet d’une importante production à l’échelle de la
Commune. Le tableau ci-dessous présente le tonnage produit lors de la Campagne 2019-2020
à l’échelle du Département.
La filière canne à sucre fait la renommée de la Commune Rurale de Doungou connue comme
bassin de production d’importance régionale voire nationale. Elle mobilise toute une panoplie
d’acteurs qui gravitent autour des activités qui se trouvent en son sein. En effet, la culture de
la canne à sucre emploie une proportion importante de la population de cette Commune et lui
assure une place privilégiée. Cette position de choix au niveau de la zone se vérifie par le
nombre de villages environnants ravitaillés en canne à sucre cultivés dans les cuvettes de la
Commune, mais aussi les centres urbains comme Zinder et au-delàs les régions de Maradi,
Agadez et Niamey. Le Développement Economique Local permet à la collectivité de prendre
appui sur ses forces particulières (CGLU, 2016 :13).
60
4.1.1. Contribution de l’activité à l’équilibre socio-économique
La mise en valeur de ces zones humides est aussi vitale que nécessaire dans la vie de la
population et plus globalement de l’économie de la Commune toute entière. La contribution à
l’équilibre socio-économique s’illustre bien à travers le graphique sur la structure (figure 8)
des dépenses. Les types de besoins exprimés par les exploitants expliquent au mieux cette
contribution.
Le deuxième palier par le biais duquel on peut apporter une lecture contributive de l’activité
se situe à l’échelon commercial. La taxe prélevée par la Commune sur la commercialisation
donne une idée de la portée de l’activité au sein du cadre territorial. Le montant imposable
pour le chargement des petits véhicules de dix tonnes comme ils les appellent est fixé à 1000
FCFA et 3000 FCFA pour les gros camions. Il faut dire que cette taxe relève de la
municipalité et qu’elle fluctue selon le chargement des véhicules. Il est aussi prélevé un Bon
d’Enlèvement Commercial (BEC) d’un montant de 14000 partagé entre la caisse de la mairie
(5000 FCFA), la chambre de commerce (6000 FCFA) et 3000 FCFA pour les OPF. Même s’il
est difficile de quantifier les recettes annuelles au compte de la mairie, ce point nodal peut
servir d’élément d’explication.
Selon HUSSON B (2001 : 2) le développement local, d’un point de vue économique présente
une exigence qui est celle de valoriser les ressources et potentialités existantes en vue de
satisfaire le marché local, mais également des marchés plus lointains en raison des
compétences des producteurs et des caractéristiques des produits. Le cas de la canne à sucre
en est un exemple bien particulier. Cette denrée produite au sein de la Commune s’inscrit
dans un circuit qui commence par l’environnement immédiat de la zone, pour alimenter des
réseaux lointains sur le plan régional, voire national. Des sites de production, la canne à sucre
61
est transportée jusqu’à la Ville de Zinder pour ensuite être acheminée vers le nord jusqu’à
Arlit qui est la destination la plus lointaine lorsqu’on considère cet axe.
Selon les investigations au niveau de Grand Marché Dolé de Zinder, une fois la canne
transportée vers le nord (Agadez et Arlit), son prix peut atteindre 10.000 FCFA par unité de
fagot comme en témoigne un commerçant interrogé. En allant vers l’ouest, les camions la
transportent à Maradi et sa zone d’influence, un autre système de distribution. Les grands
commerçants chargent des véhicules entiers en direction de Niamey malgré qu’elle ne soit
plus la destination privilégiée d’antan. Ceci du fait de l’éloignement mais aussi de l’essor de
la production du nord Gaya qui approvisionne la Ville de Niamey (WALTHER O, 2004: 57).
Si aujourd’hui les flux sont moindres comparés aux années antérieures, la dynamique qu’elle
alimente met en relief un ensemble de systèmes qui se recoupent et se chevauchent, les uns
des autres.
Il s’agit ici des conditions de travail des producteurs, à la base de plusieurs défis auxquels font
face les producteurs de la canne à sucre de la Commune Rurale de Doungou.
62
Le faible soutien apporté à ces derniers, l’absence d’encadrement ainsi que le manque du
capital, sont les principales difficultés qui minent ce sous-secteur.
100%
90%
80%
70%
60%
50%
40%
30%
20%
10%
0%
Manque des moyens Absence d'encadrement Manque d'appui
Figure 11 : Les difficultés rencontrées par les producteurs (Enquête terrain, 2020)
Le problème le plus préoccupant soulevé par 93,5% des enquêtés reste le manque des
moyens, tandis que 88,4% font cas d’un manque d’appui et une partie correspondant à 8,9%
concerne l’absence d’encadrement.
63
Tableau 6 : Tableau récapitulatif de l’analyse FFOM
Forces Faiblesses
-Possibilité d’emploi pour la population -Faible degré d’organisation des producteurs
-Existence des zones humides pour la -Désarticulation du lien entre la mairie et les
production producteurs
-Présence des réserves d’eau -Faiblesse de soutien aux producteurs et
-La renommée du produit au plan régional absence d’encadrement
voir national -Déficit d’évaluation
-La contribution de la filière dans l’économie -Difficultés d’approvisionnement en intrants
de la Commune -Pertes de bénéfices par pratique de vente sur
pied
Opportunités Menaces
-L’existence de débouché lié aux centres -Présence des formations dunaires qui sont
urbains de forte consommation sources d’ensablement
-Assèchement de certains sites
-Attaque des ennemies de la culture
-Inondation des superficies cultivées
Conclusion partielle
La culture cannière présente bien des atouts mais aussi des faiblesses ayant des effets
limitatifs, ainsi que des menaces pour la plupart liées à l’environnement qui change et affecte
négativement la production. Les problèmes rencontrés par les producteurs sont surtout d’ordre
structurel, c’est-à-dire liés à des facteurs qui relèvent de l’organisation de l’activité en tant que
telle.
64
4.4. Discussion
L’analyse de la filière canne à sucre fait état d’un système de production à multiples facettes.
La culture de la canne à sucre présente pour la Commune un secteur d’activité de grande
importance.
Les pratiques foncières liées à l’activité se composent des modes d’acquisition de terres
diversifiés. La majorité des exploitants enquêtés ont acquis leurs terres par héritage 70,5%,
avec une proportion de 16,6% de ceux ayant acheté leurs parcelles. Les autres modes sont
respectivement le prêt (6,4%), la location (5,2%) et don (1,3%). Comparés à ceux d’ITTA A.
(2017), ces résultats présentent une certaine proximité avec toute des différences. En effet ce
dernier note un accès à la terre par héritage de 70%, par achat 25%, par don 2% et 1% par
prêt, location ou gage. Ainsi la pratique du gage n’a pas été relevée dans nos résultats.
Par ailleurs, sur le plan de main d’œuvre le salariat est la pratique qui est de mise dans la zone
d’étude. Les exploitants dans leur grande majorité (84,6%) font appel à la main d’œuvre
salariale qu’ils rémunèrent en espèce dont le montant journalier s’élève à 2000FCFA par
personne. Ces résultats s’éloignent de ceux trouvés par ITTA A. (2017), ADAMOU M.
(2014) et MAHAMADOU A. (2011).
Les parcelles mises en valeurs dans le cadre de la culture cannière sont pour la plupart de
taille réduite. Elles dépassent rarement 1 ha. Ainsi 80,8% des superficies cultivées sont
comprises entre 0 et 1 ha et 19,2% de 1 ha à plus. En effet il existe un écart sensible en
comparaison avec les résultats des travaux de MAHAMADOU A. (2011) qui correspondent à
84,21% des parcelles inférieures à 1 ha, 10,52% comprises entre 1 et 1,5 ha et 5,62%
supérieures à 1,5 ha.
La culture cannière se fait souvent en pure ou en association avec d’autres spéculations. Ces
spéculations se composent d’une gamme des cultures pour la plupart maraichères. Il s’agit
notamment de légumes et autres tubercules. L’oignon et la courge sont les deux produits les
plus cultivés en association avec la canne à sucre, surtout l’oignon.
Au volet commercialisation les producteurs pratiquent la vente sur pied au niveau des
plantations ou acheminent leurs produits sur le marché. Contrairement à la filière oignon
ASSOUMANA M. (2010) il n’existe pas d’intermédiaire pour la canne à sucre. La production
65
alimente en premier lieu les localités environnantes avant d’atteindre les centres urbains les
plus éloignés comme Zinder, Maradi, Niamey, Agadez et Arlit. Le faible degré d’organisation
des producteurs couplée à la pratique de vente sur pied se trouvent au cœur des problèmes qui
gangrènent la commercialisation de la production en faisant perdre le bénéfice aux
producteurs comme le souligne WALTHER O. (2004) à propos du Nord Gaya.
Le système de production de la canne à sucre n’est pas exempte des contraintes qui menacent
sa survie. Le site de Toudou est entouré des formations sableuses qui présentent des sources
d’ensablement. Les exploitants de ce site sont en plus confrontés à un manque d’eau qui les
oblige à abandonner la canne à sucre au profit d’autres cultures. De même le site d’Ayraé fait
l’objet d’inondations récurrentes conduisant à la perte des récoltes. Tous ces constats sont
corroborés par les travaux d’ITTA A. (2017) dans la même zone.
66
Conclusion générale
La filière canne à sucre par son importance porte une dynamique dans l’économie de la
Commune de Doungou. Les activités liées à la production de la canne à sucre, ainsi que la
commercialisation emploie un nombre important de la population. Il se crée ainsi un réseau
d’acteurs qui dépasse le cadre territoriale de la Commune pour toucher le plan régional et
même national.
Cependant, le système de production reste peu performant et emploie des techniques jusque-là
traditionnelles et des outils rudimentaires. Il fait aussi face à des menaces qui affectent
l’environnement et limite la pérennité de la filière.
Les producteurs qui sont les acteurs du premier plan travaillent dans des conditions pénibles
sans soutien notable. En plus ils ne disposent pas d’une organisation ni d’un cadre de
concertation capable de leur garantir un rapport équilibré avec les autres acteurs de la filière.
Ce vide presque total amoindri leur marge sur la commercialisation des produits, dominés par
des acteurs autres qui font le gros bénéfice. Il y a au-delà du problème d’organisation, le peu
d’attention dont ils font l’objet notamment de la part des autorités communales. Cette
déconnexion entre les deux groupes d’acteurs constitue une faiblesse pour la filière. La
collectivité enregistre des recettes par la taxe sur la commercialisation du produit mais ne
dispose pas des indicateurs permettant d’avoir une vision planificatrice de la filière. Ce qui
n’est pas de nature à favoriser l’intégration de la filière dans le tissu économique local parmi
tant d’autres produits dont dispose le territoire.
67
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77
ANNEXES
Age :
A. Le régime foncier
Achat Location
Don Gage
Héritage Prêt
0 à 1 ha petite
1 ha à plus moyenne
Si oui combien…………………………………………………………………………………..
Espèces Noms
A
B
C
D
78
10. Les moyens utilisés. Traditionnels/…/ Modernes/…/ Les deux/…/
Si traditionnels lesquels………………………………………………………………………..
Si modernes lesquels…………………………………………………………………………...
Si oui laquelle………………………………………………………………………………….
15. Y-a-t-il des organismes qui vous viennent en aide ? Etat/…/ ONG/…/ Autres (à
préciser)/…/
16. Avez-vous une fois suivi une formation d’encadrement ? Oui/…/ Non/…/
20. Quelles menaces constatez-vous sur la culture ? Attaque des animaux/…/ des insectes/…/
des rongeurs/…/ des chenilles/…/ salinisation/…/
Si oui quelles sont les spéculations cultivées en association ? Tomate/---/ Pomme de terre/---/
Poivron/---/ Aubergine/---/ Autres (à préciser)……………………………………………….
79
D. Commercialisation et circuit commercial
23. Où vendrez-vous vos produits ? Au marché/…/ Au niveau des plantations/…/ Autres lieux
(à préciser)………………………………………………………………………………………
26. Combien gagnez-vous par campagne agricole sur la canne à sucre ? Moins de 50000
FCFA /…/ 50000 à 100000 FCFA /…/ 150000 à 200000 FCFA /…/ 250000 à 300000 FCFA
/…/ 350000 à 400000 FCFA /…/ Plus de 400000 FCFA /…/
27. Quel usage faites-vous de ce revenu ? Satisfaire les besoins familiaux /…/ Achat du bétail
/…/ Payer le matériel agricole /…/ Les cérémonies /…/ Rembourser un prêt ou dette /…/
28. Quels sont les problèmes liés à la commercialisation des produits ? Mévente/.../
Aucun/…/ Autres à
préciser…………………………………………………………………………………………
30. Avec quoi vous la payez ? Une partie de récolte/…/ Avec de l’argent/…/ Les deux à la
fois/…/
Si avec de l’argent à combien s’élève le salaire de la main d’œuvre par campagne ?.................
…………………………………………………………………………………………………...
Explication………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
Explication………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
80
Explication....................................................................................................................................
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9. Quelle part des recettes pour la commune via la commercialisation la canne à sucre ?
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TABLE DES MATIERES
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2.3. La Commune Rurale de Doungou et l’approche DEL ....................................................... 41
Conclusion partielle .......................................................................................................41
CHAPITRE III : SYSTEME DE PRODUCTION ET DE COMMERCIALISATION DE
LA CANNE A SUCRE ............................................................................................... 42
Introduction ...................................................................................................................................... 42
3.1. Système de production .......................................................................................................... 42
3.1.1. Le cycle végétatif .................................................................................................42
3.1.2. Le profil des producteurs de la canne à sucre .....................................................43
3.1.4. Les techniques et pratiques culturales autour de la canne à sucre ......................48
3.1.5. Le calendrier cultural ...........................................................................................52
3.2. Système de commercialisation ............................................................................................. 54
3.2.1. La problématique de transport .............................................................................54
3.2.2. Le circuit de commercialisation de la canne à sucre ............................................54
3.2.3. Structures des revenus et des dépenses .............................................................56
3.3. La chaine des valeurs autour de la canne à sucre ............................................................ 57
CHAPITRE IV. IMPACTS DE LA FILIERE POUR LE DEVELOPPEMENT
ECONOMIQUE LOCAL ............................................................................................ 60
Introduction ............................................................................................................... 60
4.2. Contraintes liées à la production et à la commercialisation ............................................. 61
4.3. La filière canne à sucre entre atouts et faiblesses ............................................................ 63
4.3.1. Analyse Forces Faiblesses Opportunités Menaces ....................................................... 63
Conclusion partielle ........................................................................................................................ 64
4.4. Discussion ................................................................................................................................ 65
Conclusion générale ................................................................................................. 67
Bibliographie ............................................................................................................. 68
ANNEXES ................................................................................................................ 78
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