Vous êtes sur la page 1sur 11

La banane est un fruit fragile exigeant de nombreux soins et

LA DÉLICATESSE contrôles, depuis sa floraison jusqu’à sa consommation.


Parcours et vie d’un fruit raffiné.

DE LA Chaque jour en Afrique et en Amérique latine, des mains expertes cultivent des

BANANE
bananiers, plantes éphémères néanmoins productives. Récoltées toute l’année, les
bananes sont des fruits pérennes à croissance rapide (environ 9 mois). S’il en existe
aujourd’hui plus de 1000 variétés, la banane dessert Cavendish compte pour plus de
la moitié de la production mondiale. Moelleuse, sucrée, immaculée et choyée, une
Cavendish peut rencontrer plus d’une cinquantaine d’intervenants avant d’atterrir
dans nos assiettes.

Culture et récolte : des gestes précis

Cinq mois après la plantation des boutures ou rejets, la floraison se déclenche sur un
tronc essentiellement constitué de feuilles enroulées. Apparaît ensuite le régime de
bananes composé de « mains », les bouquets, et de « doigts », les fruits. Sensibles au
froid, au vent, aux variations de températures, aux moisissures, aux insectes et aux
chocs, les bananes requièrent beaucoup de douceur et de soins. Dans les plantations
où le sol est régulièrement drainé, les cultivateurs s’affairent. Ils effeuillent,
mesurent, fertilisent, éliminent les pistils et parasites, pratiquent le tuteurage, tout en
surveillant les coulures de latex et traquant les parasites ou champignons. Ils
n’oublient pas non plus de supprimer les rejets qui se forment au pied de la souche
mère menaçant la survie du bananier, c’est l’œilletonnage. D’ailleurs, au moment de
la récolte, un seul rejet successeur sera sauvegardé. Vers le sixième mois, ils
protègent les régimes à l’aide d’une gaine. Ce sac de protection permet également de
créer un microclimat propice à la croissance des fruits.

Une fois que les bananes ont atteint la taille souhaitée et qu’elles entrent
naturellement en phase de sommeil, les gaines sont retirées et des séparateurs sont
posés entre chaque main. Cette période durant laquelle les fruits freinent leur
respiration et donc leur maturation, est souvent comparée à une forme d’hibernation.
C’est à ce moment-là que la récolte peut commencer. Taillés manuellement d’un
geste net, les régimes qui produisent jusqu’à 250 bananes sont portés à l’épaule et
délicatement déposés dans des bacs suspendus à des câbles parcourant la plantation.
Arrivés à la station de conditionnement, ils sont ensuite découpés en bouquets,
trempés et frottés dans un bain de sulfate d’alun, afin d’éliminer tout résidu de latex
ou insecte récalcitrant.
Préparées pour le grand voyage

Avant de procéder à l’emballage, des classificateurs vérifient la qualité


esthétique des bananes encore vertes. Celles destinées au marché européen
doivent suivre des normes strictes en termes de taille, de morphologie et de
colorimétrie. Celles qui ne correspondent pas sont d’emblée écartées. Triés,
pesés, étiquetés, les bouquets conformes sont ensuite disposés avec soin
dans des cartons ajourés et aérés. Des agréeurs contrôlent les indications
affichées sur les colis comme la catégorie, la destination finale et le code de
traçabilité. Enfin, les colis sont ensuite rangés sur des palettes également
munies de codes-barres. Une fois arrivées au port de départ, les palettes
partent en chambres froides fermées et ventilées, où règne une température
de 13 à 14°. Les bananes voyageront dans ces conditions afin que leur
phase de sommeil soit prolongée le temps du trajet.

Pour exemple, les bananes produites en Afrique par la Société de Culture


Bananière (SCB), une des filiales de la Compagnie Fruitière, sont chargées
sur des navires à Abidjan, en Côte d’Ivoire. Le transport qui peut durer
entre 10 et 15 jours importe tout autant que le sol des plantations,
l’ensoleillement ou l’humidité à l’année. Dans les cales des navires,
thermomètres et ventilateurs maintiennent les bananes vertes en sommeil.
Une simple variation de quelques dixièmes de degré risquerait de
déclencher une maturation trop rapide, ou à l’inverse de provoquer des
frisures dues au froid. Une fois débarqués dans les ports européens, 3% des
colis (environ 250 palettes) sont auscultés à la loupe afin de contrôler si la
taille, la courbure et même le blanc de la chair correspondent bien aux
normes européennes et à la catégorie indiquée. On s’assure également que
les fruits ne présentent pas de couronnes endommagées ou de traces de
latex. Maturation et consommation

Avant d’être livrés aux commerçants, les fruits doivent encore reprendre
leur cycle de maturation, placés en mûrisserie. En quelques jours, dans une
atmosphère contrôlée à environ 17°, l’amidon se métamorphose en sucre, la
peau jaunit et la chair s’attendrit. Délicieuses mais toujours fragiles, les
bananes livrées aux clients doivent être extraites de leur carton avec
précaution, soit un bouquet à la fois. Conservées loin du réfrigérateur, elles
pourront alors garder pendant une semaine leur belle couleur ocrée et la
douceur de leur goût valeureusement gagnés.
LA PLEINE CROISSANCE
DES
BANANES BIO
Les bananes bio ont le vent en poupe, malgré les
nombreuses contraintes liées à leur production.

Porté par la prise de conscience générale sur la santé et l’environnement, le


marché alimentaire bio a connu entre 2000 et 2016 une croissance inédite. Les
surfaces agricoles mondiales ont été multipliées par 3,3, le nombre de fermes bio
par 9,6 et, aujourd’hui, plus d’une centaine de pays sont dotés d’une
règlementation. Il est vrai qu’au delà de son impact sur la santé des sols et des
consommateurs, le bio s’avère aussi un outil de gestion des ressources naturelles,
favorisant la sécurité alimentaire. Pour exemple, la région du Tigray, en Ethiopie
qui autrefois était régulièrement frappée de crises alimentaires. La réhabilitation
d’un million d’hectares en bio a permis d’y instaurer l’autosuffisance alimentaire
pour 100 000 personnes et d’endiguer la déforestation.

Sous les tropiques

Les fruits tropicaux comme les bananes, avocats et mangues sont aussi
concernés, même si leur production exige une combinaison exceptionnelle de
chaleur, d’humidité et de pluviosité. Hélas ces conditions sont aussi propices au
développement de champignons et parasites qui sous les tropiques, en l’absence
de gel hivernal, prospèrent de janvier à décembre. En culture classique, le
recours aux fongicides, au drainage des sols et, pour les bananes, à l’effeuillage
et aux gaines de protection, permettent de protéger les fruits des attaques
parasitaires et de satisfaire ainsi la demande mondiale.

En culture bio, l’affaire se complique, notamment pour la banane. Aucun


traitement naturel n’est aujourd’hui en mesure de lutter contre le Sigatoka noir,
un champignon capable de décimer la moitié d’une bananeraie en quelques jours.
D’autant que, comparé à l’avocat, le fruit doré est moins résistant. En culture bio
cette particularité se traduit par des efforts redoublés, plus de soins et de
manipulations.
Capable d’atteindre 20 mètres de haut, l’avocatier est un arbre solide pouvant
subsister, selon l’espèce, à des épisodes de froid allant jusqu’à -1° C. Ses besoins
en eau vont de 1 200 à 1 600 mm par an et, grâce à sa grande diversité génétique, il
En période de post-récolte, les
sait s’adapter à divers climats, dès lors qu’il ne gèle pas et que son sol est drainé. fermiers emploient des huiles
Entre 2014 et 2015 la production d’avocats bio a quasiment triplé, passant de 9% à essentielles contre les maladies
24%. Le bananier quant à lui, est une plante herbacée éphémère de 3 à 10 mètres,
très sensible aux variations de température, exigeante en eau et prédisposée à la
fongiques. Durant la pousse, du
moisissure. Ses fruits voient le jour dès dès lors qu’il règne une température compost conçu à base de parche de
constante d’au moins 10° C, que le taux d’humidité est élevé, que les précipitations cacao fait office d’engrais naturel.
atteignent au moins 3 000 mm / an et que le sol est régulièrement drainé. Parmi les
avantages, la plante est pérenne et sa croissance ne dure qu’entre 7 et 9 mois. Seul
1% des 118 millions de tonnes de bananes produites chaque année sont bio, ce qui
paraît encore peu pour le fruit le plus consommé au monde.

Nouvelle plantation en Équateur


Dans les bananeraies bio

Afin d’étendre sa production biologique à d’autres régions du globe et


Premier producteur de bananes « commerce équitable » et biologiques de
d’intensifier sa pratique d’une agriculture toujours plus vertueuse, le groupe a
la zone ACP, la Compagnie Fruitière a récemment signé un partenariat
récemment fait l’acquisition d’une parcelle bio de 150 hectares en Équateur,
avec le WWF France pour continuer à mettre en œuvre des actions
près de Guayaquil. Petit pays situé entre la Colombie et le Pérou, l’Équateur
environnementales. Les bananeraies biologiques du groupe sont ainsi
n’en demeure pas moins un grand pays bananier exportant chaque année près
établies dans des environnements plus secs et proches de cours d’eau
de 6 millions de tonnes de bananes. Il possède par ailleurs, le double avantage
sains, au nord de la Côte d’Ivoire et au Ghana. Là-bas, les bananiers sont
d’un climat sec et d’un personnel hautement qualifié, formé aux pratiques
régulièrement enduits d’une huile paraffinique bio, capable sous ces
culturales les plus avancées. Enfin, sa diversité végétale exceptionnelle peut
latitudes, d’éloigner les parasites. En période de post-récolte, les fermiers
constituer pour les producteurs une source d’inspiration en solutions
emploient des huiles essentielles contre les maladies fongiques. Durant la
naturelles.
pousse, du compost conçu à base de parche de cacao (la fine écorce qui
entoure la fève) fait office d’engrais naturel, riche en minéraux
organiques.

Les mauvaises herbes sont éliminées par sarclage manuel ou à l’aide


d’une couverture végétale de légumineuses. Cette permaculture permet à
la fois d’étouffer les mauvaises herbes, de réduire l’évaporation,
d’apporter plus de nutriments aux bananiers et d’aérer les sols, grâce aux
racines profondes des légumineuses.
LA FIN DES ÉTIQUETTES
ET
SACS PLASTIQUE ?
Afin de réduire son impact environnemental, la Compagnie Fruitière
adoptera bientôt deux nouvelles techniques : les banderoles et les sacs
entièrement compostables.

D’ici 2050, les modes de production et de consommation devront s’appuyer, au sein de


l’UE, sur le modèle de l’économie dite circulaire. Un modèle vertueux qui limite le
gaspillage des ressources et la production de déchets de la part des producteurs, des
distributeurs et des consommateurs. Engagés dans cette transition écologique, les acteurs de
la filière agroalimentaire rivalisent de solutions.

Sans stickers, ni plastique

Étudiés par la Compagnie Fruitière, les banderoles et sacs recyclables ou compostables


constituent une innovation particulièrement adaptée à la filière bio. Les emballages
totalement compostables, et bio-sourcés, constitués de matière organique (tels que le maïs,
la pulpe de bois ou la pomme de terre) sont capables de se dégrader intégralement dans le
composteur domestique. Ces technologies faciliteraient le recyclage par le consommateur
final et permettraient de devancer la stratégie européenne qui préconise d’éliminer d’ici
2030 tous les emballages non-recyclables. Ces nouveaux types de conditionnements
Une petite quantité de ces gaines peut néanmoins s’envoler et se disperser dans les champs.
permettraient de remplacer plus de 7 millions de sacs en plastique et autant d’étiquettes
Afin de réduire ce risque au strict minimum, le département Innovation teste actuellement des
chaque année. Anticipant les prochaines réglementations environnementales de l’UE, le
gaines de protection de bananes entièrement compostables. Semblables aux sacs compostables
groupe se positionne dès aujourd’hui en précurseur de la distribution éco-responsable.
trouvés aux rayons fruits et légumes de supermarchés, elles doivent cependant faire preuve
d’une plus grande résistance.
Des sacs compostables ici et là-bas

Divers clients ont d’ores et déjà exprimé leur intérêt pour ces solutions alternatives qui
Loin des supermarchés, dans les bananeraies d’Afrique, d’autres défis occupent le terrain.
résonnent auprès des consommateurs. Investie dans une stratégie d’éco-conception, la
Là-bas, les bananes sont protégées des oiseaux, des rayons directs du soleil et des
Compagnie Fruitière étudie d’autres procédés et actions afin de développer une agriculture
frottements, à l’aide de gaines de protection en plastique non recyclable. Sans ces
toujours plus durable et éco-responsable. Par exemple, elle a expérimenté le marquage naturel,
protections, la production globale chuterait de 30% à 50%, c’est dire leur importance. Après
un procédé conçu par la start-up espagnole Laser Food, afin de tatouer directement la peau des
utilisation, elles sont alors collectées et renvoyées aux fournisseurs pour être ré-utilisées ou
bananes sans utiliser d’encre, ni dénaturer le fruit pour y inscrire les informations nécessaires.
détruites dans des centres agréés.
LA BANANE SCB,
BIEN PLUS
QU’UN FRUIT SAVOUREUX
Réputée pour son goût unique, la banane SCB de Côte d’Ivoire incarne aussi un Un secteur économique à part entière
modèle de culture respectueuse des hommes et de l’environnement.
Riche en minéraux, fibres, glucides et vitamines, elle demeure pauvre en lipides.
Gorgée de puissants antioxydants – dopamine et vitamine C – elle participe au
maintien des systèmes nerveux et digestif, ainsi qu’au métabolisme énergétique.
Issue de la variété génétique Cavendish (nommée en l’honneur du 6ème Duc de
Devonshire, qui au XIXème siècle, introduisit le fruit en Europe), la banane
dessert est sucrée et fondante. Elle représente par ailleurs 60% de la production
mondiale de bananes.

En Afrique, elle constitue un secteur économique à part entière, notamment en


Côte d’Ivoire, au Cameroun et au Ghana. Leader africain, la Côte d’Ivoire
produit chaque année plus de 300 000 tonnes de bananes, essentiellement
destinées à l’Union européenne. Appréciées pour leur intensité et leur chair
tendre, les bananes nées sur le continent africain sont réputées plus parfumées
que leurs cousines latino-américaines. Question de terroir, mais pas seulement.
L’acidité du sol, l’ensoleillement et l’humidité façonnent la saveur des fruits,
tout comme les soins quotidiens qui leur sont prodigués, la qualité du drainage
des sols ou encore leur fertilisation. Pour autant, le transport, le mûrissement en
atmosphère contrôlée et l’expérience des cultivateurs participent aussi à
l’élaboration du goût.

La SCB, qui emploie plus de 6 700 personnes


Découvertes en Papouasie-Nouvelle-Guinée, les premières traces archéologiques de la culture
de la banane remontent à 7 000 ans. A cette époque, seules quelques variétés à graines
en Côte d’Ivoire et couvre 75% de la
proliféraient, jusqu’à ce que leur croisement naturel donne naissance à des fruits dépourvus de production ivoirienne de bananes, a instauré
graines. Au fil des migrations et des millénaires, la culture de la banane fut domestiquée et
une éthique de travail unique dans la région.
propagée aux cinq continents. Plantain ou dessert, sa saveur et ses qualités nutritionnelles
prodigieuses la placent aujourd’hui au premier rang des fruits les plus appréciés au monde.
Une saveur incomparable

Plusieurs fois récompensée par la distinction « Saveur de l’année » pour ses qualités
gustatives, la banane SCB de Côte d’Ivoire produite par la Société de Culture Bananière,
filiale du groupe Compagnie Fruitière, reflète cette réalité. Créée en 1959, la SCB était au
départ constituée de quelques planteurs. Au fil du temps, la filiale a peaufiné et développé
l’ensemble de ses techniques agricoles.

Responsabilité Sociale et Environnementale

La SCB, qui emploie plus de 6 700 personnes en Côte d’Ivoire et couvre 75% de la
production ivoirienne de bananes, a par ailleurs instauré une éthique de travail unique dans la
région. Fondée sur le respect des hommes et de l’environnement, sa politique de
Responsabilité Sociale et Environnementale (RSE) a transformé le quotidien de son personnel
et des populations locales. Grâce à des actions concrètes menées dans la plupart des domaines
de la vie courante, le personnel de la SCB et les riverains ont désormais accès à des centres
médicaux, des campagnes de vaccinations et d’information, des logements, des écoles, des
formations professionnelles, des transports, des infrastructures, et à des conditions de travail
dignes réduisant l’utilisation de pesticides.

La SCB a ainsi obtenu diverses certifications (ISO 14001 – Global Gap – Sedex – Vigeo –
Fair Trade Max Havelaar et Ceres) et est auditée chaque année par des organismes
indépendants. Enfin, premier producteur de bananes « commerce équitable » et bio de la zone
Afrique Caraïbes Pacifique (ACP) en hectares certifiés, la Compagnie Fruitière pérennise ses
actions environnementales à l’aide d’un partenariat avec le WWF France. La culture de la
banane, catalyseur d’une agriculture toujours plus vertueuse ?
LA SANTÉ
EN CÔTE D’IVOIRE,
EN VOIE DE GUÉRISON

Avec le ratio d’un médecin pour 6 000 habitants, la Côte


d’Ivoire engage de nombreux chantiers sanitaires afin
d’améliorer son système de santé publique.

Des bas salaires, en passant par l’inégalité de l’accès aux soins, la vétusté des
établissements ou le paludisme, la santé des ivoiriens pourtant en nette
amélioration, se heurte encore à des problématiques tant structurelles que
sociétales. Construits entre les années 60 et 80, la plupart des hôpitaux publics
et établissements de santé ivoiriens ne sont plus en phase avec la demande.
Loin des grandes villes, les populations n’ont pas toujours accès à des
Dans le cadre de sa politique de Responsabilité Sociale et Environnementale (RSE), le groupe
spécialités médicales comme la radiothérapie ou l’obstétrique et le manque de
a ainsi instauré au sein de ses filières SCB (Société de Culture Bananière) l’accès aux soins et
véhicules pour transporter le sang, les médicaments ou les malades entrave la
à l’eau potable pour tous les employés des plantations, leurs familles et les riverains. Des
réussite des soins. Enfin, l’espace consacré à l’accueil des familles venues
campagnes de vaccination et d’information, des programmes de prévention et de traitement
soutenir leurs proches est souvent insuffisant, voire saturé.
contre le Sida et l’onchocercose ont été lancées. Des dispensaires et maternités ainsi qu’une
mutuelle de santé ont été créés. Enfin, deux hôpitaux dont un situé au Cameroun et un autre en
Certaines mesures engagées ont cependant déjà produit des effets positifs.
Côte d’Ivoire ont vu le jour entre 1998 et 2012, grâce au Fonds de Dotation Compagnie
Grâce à l’effort national de lutte contre le paludisme, une des premières causes
Fruitière et l’Ordre de Malte.
de consultation en Côte d’Ivoire, la maladie a reculé. Alors qu’elle occupait en
2010 le 5ème rang des quinze pays les plus fortement touchés par la pandémie,
la Côte d’Ivoire se place aujourd’hui au 12ème rang. Le gouvernement a, par Un nouvel hôpital idéalement situé
ailleurs, construit une centaine d’établissements sanitaires de premier contact,
débloqué le salaire des médecins, embauché plus de 10 000 professionnels de Inspiré de l’hôpital Saint-Jean de Malte érigé en 1998, à Njombe au Cameroun, l’hôpital
santé, tout en mettant en place la gratuité ciblée. Enfin, le ministre de la santé a Saint-Jean Baptiste de Côte d’Ivoire est situé dans le village de Bodo et aura bientôt une
récemment annoncé la possibilité de recourir aux drones pour le transport en capacité de 100 lits, ouverts à tous. Concentrant ses efforts autour du pôle mère-enfant,
urgence de médicaments et de sang. l’établissement a vu naître 550 bébés en 2017.
Dans un pays où le taux de mortalité des femmes à l’accouchement reste élevé (614 décès
pour 100 000 ) et où la mortalité infantile avant l’âge de 5 ans atteint encore 9%, la mission du
personnel dépasse largement le cadre des consultations et celui du suivi obstétrique.

Sages-femmes, infirmiers et gynécologues transmettent les bonnes pratiques liées à la santé de


la mère et de l’enfant, s’associant ainsi à la vaste campagne de sensibilisation du pays. À
l’hôpital Saint-Jean Baptiste, les patientes sont informées sur l’utilité des consultations
prénatales, l’importance de la vaccination complète des enfants avant l’âge d’un an,
l’utilisation des moustiquaires imprégnées d’insecticide, et sur les bienfaits de l’allaitement
maternel durant les six premiers mois de vie de l’enfant.

Stratégiquement établi sur l’axe routier reliant Yamossoukro à Abidjan, l’hôpital prend en
charge un grand nombre d’accidentés de la circulation, grâce notamment à son service
d’urgence et à sa pharmacie ouverte sans interruption. Auparavant, les victimes devaient se
rendre aux urgences du CHU d’Abidjan, à deux heures de route de Bodo. Doté d’un bloc
opératoire et de divers pôles dispensant des soins en chirurgie, médecine générale, pédiatrie,
gynéco-obstétrique et en médecine d’urgence, l’hôpital emploie aujourd’hui plus de 110
personnes. Chaque jour, ces employés dévoués s’efforcent d’étendre l’accès aux soins des plus
démunis, tout en améliorant le quotidien du personnel dédié aux plantations.
RESPONSABLE QUALITÉ, UN MÉTIER PASSIONNANT

À la tête des 4 mûrisseries de la Compagnie Fruitière


Espagne depuis plus de 15 ans, Laureano Alonso dépeint
avec enthousiasme les coulisses de son activité.

« Dans les mûrisseries, la plus grande préoccupation c’est la


température. Nous la surveillons en permanence, car le moindre petit
écart peut avoir de graves conséquences sur une cargaison entière »,
affirme le madrilène qui a grandi au milieu des fruits et des légumes.
Aujourd’hui responsable qualité pour les mûrisseries d’Espagne et du
Portugal, il supervise le dépotage, le murissement et la distribution des
115 tonnes de bananes destinées chaque année à la péninsule ibérique.
Ces étapes requièrent une capacité de gestion aussi rigoureuse qu’intuitive
et un savoir-faire unique, acquis auprès des producteurs.

Réalisée en atmosphère contrôlée, la phase du mûrissage s’avère aussi


cruciale que la culture ou le transport car, explique Laureano, « c’est à ce
moment-là que le fruit acquiert sa saveur sucrée et son aspect doré, deux
de ses principales qualités ». Il est vrai que les bananes débarquant en
Europe sont encore vertes et endormies. Comme la plupart des fruits à “ J’ai adoré travailler dans les ports. Ce sont des lieux extraordinaires, où
amidon, la banane interrompt naturellement son processus de maturation tous les jours on peut échanger avec des personnes du monde entier. ”
en réduisant sa respiration. Ce sommeil est prolongé le temps du voyage
en cales réfrigérées, par une température à 13°. Toutefois, avant d’être
réveillés, les fruits doivent encore se plier à divers contrôles qualité. Ce contrôle absolu permet de vérifier si les bananes correspondent aux
différentes normes imposées par l’Union Européenne et aux exigences des
Traçabilité et température clients. Selon Laureano, « en moyenne, moins d’1% de la cargaison reste à
quai, car les bananes ont déjà été contrôlées avant de voyager. »
Au port, une équipe vérifie tout d’abord la traçabilité des colis ainsi que la
température interne des bananes. Une deuxième équipe « dépote », c’est- Les fruits partent ensuite en mûrisserie, où une température de 17° à 18° les
à-dire qu’elle décharge les bouquets et les range sur d’autres palettes. Une sortira de leur torpeur enclenchant leur transformation.« En quelques jours,
grâce à la chaleur et au gaz d’éthylène qu’elles produisent naturellement et
autre équipe contrôle la taille des fruits, leur couleur, calibre, poids, le
que nous ventilons, l’amidon se convertit en sucre, la peau vire au jaune clair
taux de pesticides et la présence de défauts apparents.
et la chair s’attendrit. Même après toutes ces années, c’est toujours
impressionnant de voir ce processus », poursuit Laureano. Enfin prêtes et
savoureuses, les bananes sont reconditionnées et étiquetées pour être livrées
aux clients selon leur ordre d’arrivée.

Le facteur humain avant tout

En 30 années d’expérience, Laureano a été témoin des nombreuses évolutions


du secteur, dont une en particulier : « Autrefois, la production de la banane
s’effectuait avec une approche très scientifique. Aujourd’hui, on utilise bien
moins de pesticides et le facteur humain est encore plus au centre de la
production. Il est vrai que l’on travaille avec un produit naturel, vivant, qui se
transforme. Et nous savons qu’un personnel impliqué, avec le sens des
responsabilités est aussi important qu’un personnel avec des connaissances
techniques. »

Le plus bel aspect de son métier ? Sans hésitations, ses années dockers : « J’ai
adoré travailler dans les ports. Ce sont des lieux extraordinaires, où l’on peut
échanger tous les jours avec des personnes du monde entier. C’est rare, j’ai eu
beaucoup de chance ». Alors qu’il forme de nouvelles recrues, Laureano
s’enthousiasme des moyens de communication aujourd’hui accessibles, tout en
restant convaincu que les qualités requises pour son métier allient rigueur, sens
des responsabilités et une aspiration profonde pour la nature et les hommes.

Vous aimerez peut-être aussi