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Bienfaits des jardins familiaux

viables sur la santé de la famille


et la durabilité des moyens d’existence
Dans les sections précédentes, on a vu renforcement de la biodiversité
un certain nombre des bienfaits locale.
apportés par les jardins familiaux et
l’influence de cette pratique depuis ■ Moins de pertes alimentaires
l’antiquité jusqu’à nos jours. Dans grâce aux jardins
cette section, l’accent est mis sur la Comme le jardin est attenant à l’habi-
façon dont les jardins familiaux s’in- tation, les risques des pertes alimen-

Les jardins comme moyens d’existence


tègrent de nos jours aux modes de taires dues aux ravageurs et au vol
subsistance des petits exploitants. Les sont réduits. Dans le système d’ex-
jardins familiaux viables améliorent ploitation familiale, la majeure partie
la capacité des petits exploitants et de des denrées de base provient généra-
leur communauté à faire face aux pro- lement d’un ou plusieurs champs
blèmes interdépendants de sécurité d’une même culture. En général, ces
alimentaire, nutrition, santé et sécuri- champs se situent assez loin de l’ha-
té économique. bitation, et un membre de la famille
Les bienfaits potentiels et leurs béné- passe la nuit dans une hutte improvi-
ficiaires sont les suivants: sée pour surveiller la récolte.
• la génération d’un revenu et la Les cultures de plein champ sont
hausse de l’emploi rural grâce à généralement produites en monocul-
une production supplémentaire ou ture – une seule espèce est plantée en
hors saison; une seule fois – de façon à maximiser
• l’amélioration de la sécurité ali- la croissance et l’efficacité dans le
mentaire; travail. Cependant, ce manque de
• l’accroissement de la disponibilité diversité augmente les risques des
alimentaire et une meilleure nutri- pertes dues aux maladies et aux rava-
tion grâce à la diversité alimentaire; geurs, qui, dans ces conditions, se
• la diminution des risques grâce à la multiplient et se propagent facile-
diversification; ment. Quand les semis sont effectués
• des retombées environnementales une seule fois dans l’année, les
liées au recyclage de l’eau et des risques de pertes dues à la sécheresse
substances nutritives dans les et aux intempéries sont élevés.
déchets, à la protection contre le Inversement, dans le jardin familial,
soleil et la lutte contre la poussière la grande diversité et l’échelonne-
et l’érosion, et au maintien ou au ment des semis favorisent davantage

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ment ombragé et protégé de l’habita-
tion, ce qui n’est pas le cas des cul-
tures de plein champ. Par ailleurs, le
jardin familial est l’endroit où les
produits sont traités et transformés en
sécurité.

■ Des produits de meilleure quali-


té en plus grande quantité et à
tout moment
Les jardins contribuent de façon
significative à la sécurité alimentaire
en tant que source supplémentaire de
produits alimentaires ou source d’ap-
provisionnement pendant la saison
creuse. Sous tous les climats, à l’ex-
ception des plus chauds et des plus
froids, les légumes peuvent être culti-
FIGURE 6 Des bottes de soja sèchent sur
l’aire de travail d’un jardin familial dans le
vés et récoltés tout au long de l’année.
nord de la République démocratique popu- Souvent, les arbres donnent leurs
laire lao. Un membre de la famille surveille fruits ou leurs noix à des périodes dif-
le soja qui sera rapidement mis à l’abri en férentes de l’année, à l’inverse des
cas d’orage de mousson. Une grande partie denrées de base. Dans les climats tro-
sera vendue et le reste sera entreposé pour
l’hiver dans de grands récipients en terre picaux, la papaye (Carica papaya) et
cuite. (Source: C. Landon-Lane) la banane (Musa paradisiaca L.) sont
récoltées pratiquement toute l’année.
la survie des cultures. Aux Dans les zones subtropicales, le feijoa
Philippines et dans les îles du (Feijoa sellowiana) et l’avocat
Pacifique, on cultive des parcelles de (Persea americana) d’Amérique du
taro (Colocasia ou autre espèce voisi- Sud, et les mandarines (Citrus sinen-
ne) dans les jardins pour assurer l’ap- sis) et le jujube (Ziziphus jujuba)
provisionnement alimentaire de la d’Asie sont récoltés depuis la fin de
famille après le passage dévastateur l’été jusque dans l’hiver, quand peu
d’un typhon ou d’un cyclone tropical. d’autres fruits sont disponibles. Dans
Des plantes comme celles de la famil- les régions sèches et tempérées, les
le de l’oignon (Allium sp.) et du mar- noix relativement non périssables
gousier (Melia azadirach), sont des comme celles du noyer (Juglans
répulsifs utilisés pour éloigner les regia) et de l’anacardier
insectes et animaux nuisibles des jar- (Anarcardium occidentale) sont des
dins. Les cultures des jardins fami- produits à valeur alimentaire et com-
liaux profitent aussi de l’emplace- merciale qui peuvent être entreposés

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Les jardins comme moyens d’existence
FIGURE 7 La récolte des figues de Barbarie pour le marché dans le nord du Chili.
Quand besoin est: Les cultivateurs et les jardiniers ont toujours connu de bonnes et de mau-
vaises récoltes. La sécheresse, les maladies et les prix bas des cultures non alimentaires
contribuent à les faire sombrer dans la pauvreté et la pénurie alimentaire. Il est possible de
prévenir ces risques en pratiquant des cultures vivaces qui ne sont récoltées qu’en cas d’ex-
trême nécessité, et où la main d’œuvre investie est moindre pour une rentabilité faible. Dans
le monde entier, les jardiniers bien avisés cultivent des variétés rustiques et économiques sur
les terres stériles. Le jujube (Zizisyphus jujuba) et le tamarin (Tamarindus indicus) poussent
à l’état sauvage et dans les jardins familiaux des régions à saison sèche depuis l’Afrique jus-
qu’à la Chine et aux îles du Pacifique. Les fruits se mangent frais ou plus tard, une fois secs.
L’anacardier offre une grande résistance à la sécheresse et, une fois planté, n’exige que très
peu de soin mais, traditionnellement, les fluctuations de son prix sur le marché international
n’en garantissent pas la rentabilité. En Asie du Sud-Est, les gros investisseurs hésitent à inves-
tir dans l’anacardier. Pourtant, en cas d’échec des cultures marchandes, son fruit devient une
source de revenu en espèces pour beaucoup de jardiniers dans le besoin.
Dans les régions sèches d’Amérique latine, la figue de Barbarie (Opuntia sp.) est plantée en
clôture pour isoler le jardin du bétail. La récolte du fruit est difficile et laborieuse, mais la
plante ne nécessite aucun travail supplémentaire ni intrants. Lorsqu’ils sont à court de nour-
riture ou d’argent, les paysans cueillent les figues et vont les vendre au marché; lorsque les
autres récoltes sont bonnes, ils les ignorent. (Source: C. Landon-Lane)

ou vendus sur les marchés. intégralement partie des nombreux


L’élevage et l’aquaculture font systèmes de jardins familiaux, autant

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en climat humide qu’en climat sec. source de protéines, se nourrissent
Dans un jardin familial, la production des herbes qui poussent dans les
animale aquatique ou terrestre peut étangs d’élevage et des déchets de
engendrer des rendements et des cuisine.
revenus élevés, et améliorer la nutri-
tion de la famille tout en contribuant ■ Gain de rendement et de
à la gestion des déchets et au recycla- temps
ge de l’eau et des substances nutri- Les aller et retour dans les champs
tives. Dans beaucoup de pays, les ani- sont fatigants et constituent une perte
maux sont une source bon marché de de temps inutile. Cultiver un jardin
produits alimentaires de haute valeur familial peut être une activité tout
nutritive, riches en protéines, graisses aussi rentable sans qu’il faille s’éloi-
et éléments nutritifs. En Amérique gner du lieu d’habitation. Elle exige
latine, les cobayes - connus locale- généralement moins d’efforts phy-
ment sous le nom de cuyes – sont siques que la préparation des champs
nourris avec les déchets de cuisine et le désherbage, car la superficie est
auxquels on ajoute un supplément de moins étendue et les conditions de
fourrage frais; en Asie, les escargots, travail sont meilleures.

FIGURE 8 Dans un jardin potager du Bhoutan, les conditions de vie et d’alimentation sont satisfai-
santes. Preuve en est le bonheur de cette mère qui s’occupe de son bébé et des travaux légers de mai-
son et du jardin. Excellente source de fer, les légumes verts préviennent l’anémie due à une carence
en fer, qui affecte fréquemment les femmes enceintes ou allaitantes. ( Source: C. Landon-Lane)

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C’est un travail moins pénible, en maison pendant cette période: les jar-
particulier pour les femmes et les dins familiaux fournissent une activi-
filles, qui permet d’équilibrer la char- té profitable et relativement aisée qui
ge des travaux du ménage, générale- permet à la mère de s’occuper de la
ment effectués en majeure partie par santé et de l’alimentation de son
les femmes. Des études portant sur les enfant et de la sienne. Une alimenta-
occupations journalières des ménages tion nourrissante est disponible tous
montrent que, même quand les les jours dans le jardin familial et les
hommes et les femmes semblent tra- plats sont fraîchement et soigneuse-
vailler pendant le même nombre ment préparés à la maison. Il est aussi
d’heures chaque jour, les tâches telles plus facile de nourrir un nouveau-né
que préparer les repas, s’occuper des chez soi.
enfants, faire le ménage, s’occuper D’autres activités deviennent plus
des animaux, et aller chercher l’eau et efficaces dans le jardin familial. Les

Les jardins comme moyens d’existence


le bois de chauffe, ne sont générale- planches à semis fournissent les
ment pas prises totalement en comp- jeunes plants précoces à repiquer en
te. Ces tâches incombent la plupart du plein champ, qui réduisent les travaux
temps aux femmes et se gèrent autour de désherbage et prennent plus rapi-
de la maison. Cette publication n’a dement que ceux qu’on sème directe-
pas pour but de promouvoir le jardin ment dans les champs. Le vannage, le
familial comme activité réservée à la séchage, la mouture et autres activités
femme; elle souligne le fait que le jar- de traitement après récolte sont aussi
din familial s’intègre facilement aux rendus plus efficaces dans le jardin
tâches quotidiennes du ménage et familial. En travaillant à proximité
qu’il peut ainsi aider les femmes à des récoltes qui sèchent, le jardinier
gagner un revenu. est sur place pour les mettre à l’abri
Un des rôles les plus importants des en cas de pluie; il peut aussi surveiller
femmes est de s’occuper des enfants les animaux domestiques. Les
en bas âge. Dans les derniers mois de déchets provenant de la transforma-
sa grossesse, la femme ne doit pas tion des produits récoltés dans le jar-
participer aux travaux manuels des din ou à proximité sont autant de
champs, ni passer de longues jour- fourrage pour les animaux et de com-
nées sans s’alimenter convenable- post pour fumer le jardin.
ment, pour ne pas mettre en péril sa
santé et celle du bébé. Les nouveaux- ■ Environnement: des conditions
nés ont besoin d’être allaités réguliè- meilleures dans le travail et dans
rement, et nécessitent une attention la vie
suivie; à l’âge de six mois, le lait Depuis toujours, les individus et les
maternel ne leur suffit plus et un sup- plantes sont écologiquement associés
plément alimentaire est nécessaire. dans le jardin familial. Les uns
La meilleure solution est de rester à la comme les autres prospèrent là où ils

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FIGURE 9 Compostés correctement, les déchets humains sont une ressource précieuse dans
certaines régions d’Asie. Oasis ou bassin d’eaux usées? Le traitement sans risque des
effluents est une préoccupation majeure dans les communautés pauvres et dans les agglomé-
rations et les villes en pleine expansion. Certains traitements augmentent le risque sanitaire,
mais le traitement dans les étangs d’élevage aquacoles du nord-est de la Thaïlande a contri-
bué à accroître le revenu agricole de façon considérable. Les étangs sont des sources d’eau
pour l’irrigation; les poissons comme la carpe ou la silure et les algues bleu-vert se nourris-
sent des déchets agricoles; les algues et la vase de l’étang servent d’engrais. Il faut que les
planificateurs sachent tirer le meilleur parti des problèmes. Dans les régions sèches comme
le Yémen et dans les communautés reculées du centre de l’Australie, les bassins d’eaux usées
alimentent les jardins de dattiers et de bananiers depuis des générations. Dans de nombreuses
régions d’Asie, les déchets humains correctement traités sont une ressource précieuse pour
les jardins. Dans certaines villes chinoises, des panneaux à l’extérieur des toilettes publiques
invitent les passants à s’arrêter et à déposer leur contribution, qui est vendue aux jardiniers
locaux après traitement. (Source: C. Landon-Lane)

trouvent suffisamment d’ombre, nières, les jardins maraîchers ou la


d’abri, de lumière, d’eau et de nourri- floriculture;
ture. Il s’ensuit de meilleures condi- • les activités après récolte, de trans-
tions de travail qui favorisent: formation des produits et de valeur
• les entreprises à rendement élevé, ajoutée;
tournées vers l’élevage des • les emplois non agricoles, comme
volailles et des porcs, les pépi- la couture et la menuiserie.

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Les jardins familiaux fournissent la En prévision des inondations qui
possibilité d’éliminer les déchets tout dévastent régulièrement le delta du
en respectant l’environnement. Le Mékong, les vietnamiens construisent
compostage est fréquemment prati- leurs habitations sur des pontons qui
qué pour les déchets du ménage, à flottent quand la terre est inondée.
savoir les déchets de cuisine, le papier Les arbres des jardins familiaux qui
et autres matériaux. sont adaptés aux inondations spora-
Dans les zones inondables, comme diques et aux sols riches, comme les
le delta du Gange au Bangladesh, les palmiers et les durions, continuent
jardins familiaux servent véritable- d’assurer la protection de la maison
ment d’ancre aux habitations. Des même quand elle flotte.
plantes comme le taro, le cocotier et
le palmier des toitures de chaume ■ Amélioration de la position
retiennent le sol quand il est inondé. sociale

Les jardins comme moyens d’existence


Dans tous les pays, il existe des
groupes vulnérables à l’insécurité ali-
mentaire, à la pauvreté et qui occu-
pent une position sociale inférieure.
Le jardin familial est un moyen qui
permet souvent à la famille d’être
moins vulnérable. Dans les zones
urbaines à travers le monde, on pra-
tique des cultures vivrières sur les
toits et les balcons, dans les cours et
les jardins communautaires, le long
des routes et sur les terrains vagues.
Ces cultures approvisionnent les indi-
vidus en produits frais et commercia-
lisables qui complètent le régime ali-
mentaire de la famille et arrondissent
les revenus. L’agriculture urbaine et
périurbaine permet aux plus démunis
des villes de faire face aux pénuries
alimentaires critiques, notamment
quand les infrastructures rurales et les
systèmes d’acheminement des pro-
duits des récoltes vers les marchés
FIGURE 10 Le séchage des fèves: au sont insuffisants.
Cambodge, une vieille femme contribue à la Les personnes âgées et handicapées
production alimentaire du ménage. (Source: sont souvent considérées comme des
C. Landon-Lane)
dépendants non productifs de la

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FIGURE 11 En Bosnie-Herzégovine, une
veuve cultive son jardin sur une parcelle que
lui a attribuée la municipalité. Dans les pays
qui ont souffert de la guerre, les marchés ne
fonctionnent souvent pas bien et de nombreux
ménages ont perdus l’accès à la terre. Quand
le conflit a duré longtemps, ceux qui étaient au
combat ont peu d’expérience en matière de
culture. En 1981, aussitôt après la guerre civi-
le en Ouganda, l’UNICEF a remarqué que
l’agriculture urbaine avait effectivement ali-
menté la population des villes en produits non
céréaliers. Dans les années 90 à Bagdad et à
Sarajevo, les habitants se sont tournés vers le
jardin familial pour répondre à leurs besoins
alimentaires et commerciaux. Au Cambodge,
dans un Programme spécial pour la sécurité
alimentaire de la FAO, le jardin familial est
inclus comme moyen de recréer la diversité de
l’approvisionnement alimentaire; à l’aide
d’un prêt de la Banque asiatique de dévelop-
pement, les soldats démobilisés ont été réins-
tallés dans les communautés rurales pour y
aménager des jardins familiaux et y réapprendre à cultiver la terre. (Source: FAO/19932)

FIGURE 12 Des enfants dans un jardin scolaire en Equateur. (Source: FAO/16299/G. Bizzarri)

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famille. Participer un tant soit peu aux rentabilisés par la vente des légumes
travaux du jardin et aux autres activi- en l’espace de six à huit semaines.
tés familiales leur permet de contri- L’accès limité à la terre, qui caractéri-
buer facilement et en toute sécurité à se souvent les familles pauvres, ne
l’approvisionnement alimentaire et au doit cependant pas constituer une
revenu du ménage. contrainte majeure car seule une peti-
Les pauvres ont facilement accès te parcelle suffit pour développer un
aux systèmes des jardins familiaux. jardin familial.
S’il est vrai que cultiver un jardin à Les inégalités entre les sexes exa-
des fins de subsistance est une pra- cerbent la vulnérabilité des femmes à
tique courante et utile pour les la pauvreté et la malnutrition, aug-
ménages, les jardins permettent d’en- mentent les difficultés qu’elles ont à
gendrer rapidement un revenu non gagner leur vie – notamment chez les
négligeable. Une très modeste somme mères chefs de famille – et affaiblis-

Les jardins comme moyens d’existence


investie dans l’achat des semences et sent leur position sociale. La com-
un minimum de main d’œuvre sont mercialisation des produits du jardin

FIGURE 13. Des élèves apprennent le compostage au Honduras. L’apprentissage social favo-
rise l’innovation et la sensibilisation à des pratiques agricoles durables et à bas prix. (Source:
FAO/18907/G.Bizzarri)

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peut être une source importante de travail. Dans certaines régions
revenu indépendant pour les femmes, d’Afrique gravement affectées par le
particulièrement dans les ménages VIH/sida, les jardins familiaux appro-
qui ont une femme à leur tête ou dans visionnent en nourriture les familles
lesquels les hommes sont absents monoparentales ou celles où les
pendant longtemps, ou dans les parents ont disparu. La répartition tra-
contextes culturels où par tradition les ditionnelle du travail et des responsa-
femmes subviennent aux besoins ali- bilités est telle que ce sont souvent les
mentaires de la famille grâce à leur hommes qui s’occupent de la vente

Des compétences améliorées offrent davantage d’options


Améliorer les Débouche sur des perspectives meilleures comme:
compétences des petits
exploitants dans:
Les technologies L’utilisation plus efficace et durable des ressources.
de production L’accroissement de la diversité des moyens d’existence, allant, par
exemple, de l’apiculture à la fabrication de bougies, ou de la pro-
duction d’herbes aromatiques à la commercialisation de prépara-
tions médicinales séchées et d’huiles essentielles.

Le traitement et La réalisation de bénéfices à partir des excédents.


l’entreposage La réduction des pertes après récolte et pendant le transport au marché.
L’ajout d’une valeur au produit.
L’augmentation des options de commercialisation.

La commercialisation Des acheteurs loyaux et fidèles. Des prix plus élevés grâce à un
approvisionnement régulier et de qualité. L’intégration de la pro-
duction et des entreprises de commercialisation.

La gestion L’accès au crédit et aux envois de fonds et rentabilisation de leur


financière utilisation.une meilleure budgétisation dans les ménages.

La liaison La compréhension des marchés évolués et des chaînes de distribution.


entre le milieu L’accès à l’information technique et aux intrants de production.
urbain et le mili Le contact avec les technologies urbaines (faire le pain,fabriquer
eu rural les produits maison).
Identifier et approvisionner les marchés à créneau, comme celui
des fleurs coupées.

L’organisation, La commercialisation collective pour des profits nets, une position


l’esprit d’initiative de force dans les négociations, l’accès à des marchés plus importants
et la communication et une plus grande efficacité dans le transport.
Le renforcement de l’autonomie sociale – meilleur accès aux ser-
vices et participation au gouvernement.
L’amélioration de la condition sociale des groupes défavorisés.

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des récoltes vivrières les plus impor- mité des habitations de la communau-
tantes ou des denrées de base, et qui té et que leur superficie est relative-
exercent leur contrôle sur le revenu ment petite, qu’ils sont potentielle-
ainsi engendré. Le revenu provenant ment viables à partir d’un investisse-
des jardins gérés par les femmes per- ment modeste et conviennent à un
met à celles-ci d’acheter ce dont elles large éventail de la population.
ont besoin pour améliorer leur condi- L’interaction sociale propre au village
tion sociale dans les familles et les favorise les échanges des technolo-
communautés socialement dominées gies liés aux cultures et à l’élevage, et
par les hommes. des compétences et des concepts en
matière de gestion des affaires. Les
■ Une meilleure formation semences, les poussins et les alevins
L’acquisition des compétences est sont disponibles à bas prix; les débu-
rendue plus facile dans les jardins tants peuvent s’initier aux pratiques

Les jardins comme moyens d’existence


familiaux, parce qu’ils sont à proxi- intégrées de l’élevage et des cultures
Exemples de valeur ajoutée dans les jardins familiaux
Valeur ajoutée Ressources supplémentaires Stratégie
par la transformation au service des produits de commercialisation
maison des jardins familiaux pour ajouter valeur et profit

Entreposage. Entrepôts. Vendre en période de pénurie.


Séchage et conserves Ustensiles de cuisine, agents de Maintenir un approvisionnement
maison. conservation – sucre et sel; conte- régulier.
nants – bouteilles et bocaux; maté- Utiliser l’excédent des produits frais.
riel de séchage – paniers, bar-
quettes et polyéthylène; source de
chaleur.

Extraction de l’huile, Petit pressoir, ustensiles de cuisine. Maintenir un approvisionnement


fabrication de fro- régulier.
mages. et autres activi- Vendre sur des marchés éloignés.
tés de transformation.

Classification, triage Matériaux d’emballage et aire de Vendre directement sur le marché du


et emballage. triage. détail.
Méthode de produc- Organisme de certification, Vendre à prix fort comme produit
tion écologique. marque identifiable et parfois, certifié de production organique à
modification de la législation. une clientèle avertie.
Capitaliser sur l’origi- Lien avec l’industrie du tourisme. Faire payer des droits aux voya-
nalité agroethnique ou gistes.
autres facteurs d’inté- Prévoir des guides de village.
rêt. Vendre des produits maison et des
souvenirs locaux.
Prévoir la restauration et l’héberge-
ment.

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FIGURE 14 Valeur ajoutée, à Sumatra, en Indonésie: cuisson au four de gâteaux de manioc
et d’aliments à vendre dans la rue. (Source: C. Landon-Lane)

à partir des travaux réalisés dans les pétences permet d’élargir rapidement
jardins. Par rapport à la formation tra- les options pouvant améliorer les
ditionnelle, la participation favorise moyens d’existence des familles de
davantage l’apprentissage social, qui petits exploitants.
contribue substantiellement à engen- Les plans de crédit de groupe éta-
drer des innovations. Par exemple, blis à partir de fonds renouvelables
dans les fermes-écoles, les exploi- sont devenus un outil prisé et relati-
tants apprennent à travailler ensemble vement efficace au service de la
sur des pratiques agricoles écono- réduction de la pauvreté dans le déve-
miques et durables. L’amélioration du loppement rural. En général, les
transfert et de l’acquisition des com- groupes sont composés de quatre à

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six femmes, qui, chacune à leur tour, ainsi, toute formation de soutien dis-
utilisent le prêt de 30 à 50 dollars EU pensée dans ce domaine peut facile-
pour financer les petites entreprises ment et efficacement atteindre un
associées aux jardins familiaux. La grand nombre de personnes.
formation concernant les techniques
de gestion des affaires est rendue per- ■ Valeur ajoutée aux moyens
tinente par l’utilisation de l’informa- d’existence et aux échanges
tion concrète relative au jardin fami- commerciaux
lial et au budget du ménage des Les jardins familiaux rentables
membres du groupe. En Asie, environ ouvrent des débouchés aux fournis-
60 pour cent optent pour l’élevage; seurs d’intrants, aux fabricants, aux

Les jardins comme moyens d’existence

FIGURE 15 Valeur ajoutée, en Yunnan, en Chine: la fabrication de briques combustibles à


partir de charbon gras dans un jardin familial. (Source: C. Landon-Lane)

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petites entreprises de transformation, qualité des produits, cette activité
aux négociants et autres fournisseurs fournit une alimentation suffisante et
de services, tout en engendrant des abordable à une grande partie de la
revenus qui sont, en majeure partie, population urbaine.
dépensés dans la communauté. La fourniture des intrants agricoles
Ajouter une valeur aux produits des est fréquemment entre les mains de
cultures et de l’élevage par la trans- grandes sociétés publiques ou privées
formation, l’entreposage et la fabrica- qui n’offrent qu’une gamme limitée
tion permet d’augmenter les options de produits de haut volume comme
qui s’offrent aux ménages ruraux les engrais et les semences des princi-
dans le choix de leurs moyens d’exis- pales cultures telles que le riz et le
tence. Le lait, les plumes et les fibres maïs. Inversement, dans les jardins
fournis par la volaille et les animaux familiaux, on a besoin d’un apport
sont généralement transformés en varié en semences de qualité de
articles destinés à la vente grâce à des légumes et d’herbes aromatiques,
procédés maison. La transformation d’arbres fruitiers greffés, de jeunes
des produits périssables permet de les animaux à engraisser, de matériaux
conserver plus longtemps, réduit les pour se protéger contre les insectes et
pertes dans le transport et assure l’ap- les animaux nuisibles et modifier
provisionnement régulier des mar- l’environnement, et de services de
chés. La création des petites entre- type paravétérinaire. Cette diversité
prises multiplie les possibilités d’em- de la demande crée des débouchés
ploi et de moyens d’existence dans commerciaux supplémentaires pour
les communautés rurales. Beaucoup les entreprises locales.
de micro-entreprises deviennent des Les écoles, les centres de forma-
sociétés prospères, souvent si spécia- tion, les instituts de recherche et les
lisées qu’il est difficile d’imaginer services de vulgarisation profitent
qu’elles ont fait leurs débuts dans un aussi de cette demande en intrants, en
jardin familial. services et en produits. Quand la
Beaucoup de petits vendeurs ambu- recherche et le développement s’ap-
lants et de tenanciers de gargotes pliquent aux innovations réalisées
gagnent leur vie et nourrissent leur dans les jardins familiaux, ils aboutis-
famille en préparant et en vendant des sent souvent à des utilisations com-
aliments. En Malaisie, par exemple, merciales rentables. Beaucoup de
la préparation et la vente d’aliments variétés améliorées de fruits et de
dans la rue emploient plus de 100 000 légumes qui se vendent bien sur les
personnes et produisent plus de 2,2 marchés d’aujourd’hui ont été, à l’ori-
milliards de dollars EU de chiffre gine, identifiées par des jardiniers
d’affaire annuel. Compte tenu de la perspicaces et compétents.

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