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Thème : Texte et contexte Sous-thème : L’assurance/’Uhda omarienne

Al Quds / La Sainte Jérusalem

« Et ne discutez avec les gens du Livre que de la manière la plus douce »

Coran, Sourate 29, verset 46

 Volonté de poursuivre la conquête du Shâm

Entant que nouveau calife ‘Umar Ibn Al Khattâb poursuit la conquête du Shâm. La ville d’Al-Quds fait
partie des dernières villes à conquérir. ‘Umar Ibn Al Khattâb concentre toutes ces forces vers cette cité très
symbolique. En 636 c’est le générale ‘Amr ibn al-‘As qui est à la manœuvre.

 Contexte à Jérusalem avant le Pacte

Avant ce Pacte, Jérusalem est en proie pendant plusieurs décennies à des guerres meurtrières, destructrice
en rasant tous sur son passage avec des épisodes très sanglants afin d’imposer sa propre doctrine. Avec
parfois des paix qui ne dure pas.

 Circonstances du Pacte d’Aelia Capitolina/Ilyia

Cette charte sera signée, ratifiée, lors de la Conquête de Jérusalem, au mois de Rabî’ Al Awwâl, en l’an
16 de l’Hégire (avril 637), par le calife ‘Umar Ibn Al Khattâb, avec pour témoins Khâlid Ibn Al Walid, ‘Amr
Ibn Al ‘As, Abd Ar Rahman Ibn ‘Awf et Mu’âwiyah Ibn Sufyan, au nom des musulmans. Cette convention
emboîte le pas au pacte conclu entre le 2éme Calife bien-guidé, ‘Umar Ibn Al Khattâb (584-644), successeur
d’Abû Bakr et le patriarche Sophrone (560-638) de Jérusalem. Après un siège de 4 mois, les habitants et le
clergé sont exténués. C’est alors que Sophrone décide de rencontrer Abû ‘Ubaydah, le commandant en chef
des armés musulmanes conquérantes en vue de capituler à condition que le Commandeur des croyants,
‘Umar Ibn Al Khattab vienne prendre possession des clefs de Jérusalem tout en se portant garant des termes
de la reddition.

‘Umar ibn al-Khattâb, pour son voyage, utilisa un chameau qu’il partagea tour à tour avec son serviteur.
Arrivé aux portes de Jérusalem, c’est au tour du serviteur de monter la bête. Celui-ci refusa par décence et
adab afin de laisser la préséance au Commandeur des croyants et faire ainsi bonne figure, à l’entrée de
Jérusalem. Mais ce dernier refusa car il en allait de l’honneur de l’Islam. Aux portes de Jérusalem, il fut reçu

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par les officiers musulmans, vêtus de soie, ce qui ne manqua pas d’exciter sa colère, ne comprenant pas
pourquoi il fallait se vêtir ainsi. Les officiers lui expliquèrent alors que c’était une marque de respect locale,
ce qui l’apaisa. Ce jour-là, ‘Umar voulait faire renaître l’adhan du temps du Prophète, demandant à l’ancien
muezzin de Médine à l’approche du ‘Asr de faire l’adhan. Aussitôt dit, aussitôt fait : Bilal s’exécuta. Cela
suscita une émotion très vive auprès des soldats venus conquérir Jérusalem. Umar y reste environ dix jours,
après avoir assuré la résidence sécurisée des dhimmis chrétiens en échange de la jazyia ou capitation.

Contenu du pacte :

« Du serviteur de Dieu et commandeur des croyants, Omar.

Les habitants de Jérusalem sont assurés de la sécurité de leur vie et de leurs biens. Leurs églises et croix
seront préservées. Leurs lieux de culte resteront intacts. Ils ne pourront être confisqués ou détruits. Ce traité
s'applique à tous les habitants de la cité. Les gens seront tout à fait libres de suivre leur religion, ils ne
devront subir aucune gêne ou trouble... »

Source : www.doctrine-malikite.fr : « L’assurance de Omar » (Bibliothèque du Patriarcat de Jérusalem,


document n° 552). Voir aussi le texte rapporté par At Tabârî dans ses Chroniques, traduit en français par
Abû Suleyman Al Kaabî, dans « La conquête musulmane de l’Égypte. »

Jusqu’ici, toutes les conquêtes étaient destinées à imposer sa religion, souvent par la force et la
destruction d’où les multiples ravages dans la Ville Sainte. En revanche, ce présent pacte illustre un bel
exemple de cohabitation de plusieurs religions, modèle du vivre-ensemble, de tolérance, de miséricorde et
de respect de l’autre. C’est bien là l’enseignement de l’Islam, religion du juste milieu, véhiculée par le
Prophète (sws) et les pieux prédécesseurs. « C’est ainsi que Nous avons fait de vous une communauté du
juste milieu afin que vous soyez témoins parmi les hommes et que le Prophète vous soit témoins. » Qur’ân,
2/143.

Texte et contexte :

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Pédagogie éducative de ce pacte sous plusieurs angles :

 Éthique islamique générale ou Adab/Bonnes convenances ainsi que l’ordre du bien et


l’interdiction du blâmable, parfaitement incarnés par Umar. En chaque créature, Allah a insufflé son
nafakh (souffle lumineux divin) donc on doit respecter tout le monde et traiter de la meilleure façon possible
musulmans et non musulmans, particulièrement les Gens du Livre, qui sont une amana (dépôt) en Terre
d’Islam.
 Traité de paix et de fraternité universelle : Il condense les nobles valeurs de l’enseignement
coranique et prophétique ; comme le feront plus tard d’autres grands leaders de la Oumma, à l’instar de
Saladin/Salah Din El Ayubi et l’Émir Abdel Kader. Accord révolutionnaire pour l’époque en ce qu’il
devance les droits de l’homme dont se targuent les Occidentaux. Ce pacte est une délivrance pour les Juifs
aussi qui ont généralement toujours cohabité en paix et fraternellement sous l’autorité des Musulmans.
Mieux, Umar va résilier l’une des clauses de capitulation du pacte d’Ilyia en autorisant finalement les juifs à
se regrouper dans un quartier de Jérusalem. C’est dire la grandeur d’âme de ce calife exceptionnel, dont la
miséricorde et la sagesse s’étendent à toutes les créatures, dans le sillage du modèle muhammadien. Cette
relative « entorse à la règle » avec le Patriarche de Jérusalem relève d’une règle islamique et
particulièrement malikite fondamentale qui est la prévention de l’inconvénient ou sad ad dara’i.

 Protection et amour des autres croyants et notamment les Gens du Livre : Le Pacte d’Aelia ou la
Uhda omarienne, à l’évidence, fait écho aux anciens traités de paix et de cohabitation fraternelle instaurés
par notre bien-aimé Messager sws, à savoir La Charte ou Constitution de Médine, le traité de Hudhaybyia et
les 2 accords de paix entre seydina Muhammad sws et les chrétiens que sont le pacte de Najran et
l’Ashtiname, le pacte prophétique honorant les chrétiens du monastère de Sainte Catherine, au Mont Sinaï
et, in extenso, le Prophète sws se porte personnellement garant de la protection des chrétiens jusqu’à la fin
des temps. Encore une des innombrables manifestations de la miséricorde de l’Islam et de son Noble Envoyé
sws.

 Communication pédagogique et techniques de langage pragmatiques : Utilisation de l’exhoration/al


mawzia, la controverse/la munazara ou el hijaj, la discussion/el jidal, l’argumentation grâce à la rhétorique
ou bayan, l’éloquence persuasive accompagnés de sagesse, de pondération, de fermeté courtoise le cas
échéant ainsi que de clairvoyance/al kalam.

 Faculté d’adaptation du message islamique : Avec l’épisode de la colère d‘Umar face à ses généraux
vêtus de soie, on voit que le contexte nous oblige parfois à être humble et à nous adapter aux interlocuteurs
et à la zone géographique sans pour autant déroger à la règle islamique. Ainsi en a aussi été du Prophète sws

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lors du traité de Houdeybyia. En considération de toutes les tentatives de conquêtes d’al Qods qui se sont
soldées par un désastre, le plus judicieux dans un tel contexte pour la paix serait de ne pas imposer sa
doctrine mais de faire une dawaa pacifique qui se calque à la mentalité et aux mœurs régionales. Comme l’a
signifié et appliqué notre Prophète sws, il faut discuter avec les gens selon leur entendement.

Source : Ouvrage consulté : Le petit Roman d’Al-Quds d’Issâ Meyer, aux Editions Ribat et site consulté :
www.doctrine-malikite.fr.

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