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Chant V

Saint-John Perse
Chant V

• « …Comme celui qui se dévêt à la vue de la mer, comme celui qui


s’est levé pour honorer la première brise de terre […]
Les mains plus nues qu’à ma naissance et la lèvre plus libre,
l’oreille à ces coraux où gît la plainte d’un autre âge,
Me voici resKtué à ma rive natale… Il n’est d’histoire que de
l’âme, il n’est d’aisance que de l’âme.
Avec l’achaine, l’anophèle, avec les chaumes et les sables, avec
les choses les plus frêles, avec les choses les plus vaines, la simple
chose, la simple chose d’être là, dans l’écoulement du jour…
Sur des squeleQes d’oiseaux nains s’en va l’enfance de ce jour, en
vêtement des îles, et plus légère que l’enfance sur ses os creux de
moueQe, de guifeQe, la brise enchante les eaux filles en vêtement
d’écailles pour les îles… »

« …Comme celui qui se dévêt à la vue de la mer, comme celui qui
s’est levé pour honorer la première brise de terre […]

• Ce verset débute par un alexandrin


• Du pdv phonique, les v et les ouvertures dans E
• Cet alexandrin est d’un souffle, un grand mouvement horizontal
• Au niveau sémanKque , le verset est une comparaison large, développé dans sa structure et
son développement. Le poète enlève ses vêtements à la vue de la mer
• La vue de la mer est suffisante, son appel est irrésisKble
• c’est une image qui nous ramène à la Grèce anKque: cet appel à la mer, vers la mer et
vers la purificaKon en même temps, se dêveKr à la vue de la mer c’est avoir l’intenKon de
se purifier
comme celui qui s’est levé pour honorer la première brise de terre […]

• La seconde comparaison est plus large rythmiquement et paraît antérieure


chronologiquement à la première : le poète s’est levé d’abord et s’est dévêtu
• Le verbe honorer a une connotaKon religieuse , ce qui doit être honorer est la brise, un
souffle léger qui évoque le culte rendu au dieu de l’anKquité Zéphir
• La brise vient de la terre, il y a donc accord entre deux grands éléments du décor: la mer et
la terre . Comme le vent vient de la terre et va à la mer, le poète vient de la terre poussé par
le vent, vers la mer qui l’appelle.
• Nous retrouvons la palingénésie de Gide : tout est nouveau, tout est premier, tout est
découvert au moment où l’on (est) naît avec ce que Claudel appel la co-naissance
• Le contenu de la parenthèse ( et voici que son front a grandi sous le casque) change
totalement de thème.
• Le casque est un objet de l’anKquité, celui que les guerriers avaient (Achille ou hector par
exemple ( et le peKt Astyanax joue avec le casque de son père)
• Nous sommes dans un univers anKque, le casque devrait être considéré comme un objet
référant à l’anKquité: un symbole de l’homme du guerrier.
• Cela signifie que Perse est revenu à l’enfance, sa tête a grandi, le tour du crâne est plus
grand, il est le conKnuateur de ces guerriers de l’anKquité, il a le fornt plus grand càd que le
héros a appris plus de choses que l’homme du XX siecle en sait plus que Hector, son front a
grandi
Les mains plus nues qu’à ma naissance et la lèvre plus libre, l’oreille à ces
coraux où gît la plainte d’un autre âge,

• Enfant, perse était entouré d’un père, d’une mère, un personnel domesKque à la
Guadeloupe, il n’avait pas les mains nues, il n’était pas livré à lui-même
• QuesKon: en quoi l’exilé du XX siecle a-t-il les mains plus nues qu’un héros mythologique
qu’un poète ancien?
• Les mains plus nues = symbole de l’innocence, d’innocuité de non agressivité.
• Il est la prolongaKon, il n’est pas agressifs comme les héros de l’anKquité
• Avec la lèvre plus libre , nous revenons à la lèvre qui tétait le lait maternel, maintenant qu’il
n’est plus enfant , il est plus libre , il peut proférer des vérites car ila acquis plus de
connaissances
• L’oreille à ces coraux : notons le progrès, il se lève avec les mains plus nues, avec une lèvre
plus libre( donc un cœur libre) et enfin avec une oreille plus aQenKve . L’oreille est plus
aQenKve aux signes de la vie, aux mystères de la vie représentés ici par ces coraux où git la
plainte d’un autre âge: les coraux sont la producKon de la mer , ces coraux meQent des siècle
à se fabriquer, sont des témoins de l’époque à laquelle pense perse. Les voix du passé qui
forment une plaine venue de l’époque antérieure
• Perse son âme a habité des corps de héros anciens, c’est âme qui se souvient
• Ce qui nous fait penser à Baudelaire
« J’ai longtemps habité sous de vastes porKques »
Me voici resItué à ma rive natale… Il n’est d’histoire que de l’âme, il n’est
d’aisance que de l’âme.

Les deux sens personnel et historique sont ici permis.


Perse revient sur ces bords de l’océan atlanKque où il est
né ( il n’est pas très loin de la Guadeloupe), revient aussi
à son origine( à l’origine de son âme
Perse est revenu à son appartenance (resKtuer c’est
effecKvement rendre quelque chose à quelqu’un qui lui
revient de droit)
Les deux octosyllabes par le jeu de la répéKKon, et de la
subsKtuKon établissent un rapport entre aisance et
histoire
Ces deux derniers se rejoignent , se fondent dans l’âme:
la seule chose qui compte est l’âme, elle n’a pas de limite
Le corps de Perse a une date et un lieu de naissance mais
l’âme elle a un cadre beaucoup plus vaste.
CeQe âme a de l’aisance c’est-à-dire de la liberté de
mouvement, c’est l’âme au sens ancien du mot: anima, ce qui
anime la vie.
Il est en harmonie aussi historiquement puisque ceQe âme
voyageuse qui l’habite maintenant a déjà vécu au passé aussi
loin que puisse remonter la mémoire des coraux .
Perse a lu Gide, Claudel , Platon
Le verset est une profession de foi idéaliste, une énorme
consolaKon que celle de vivre dans une situaKon d’équilibre
par rapport à l’être
Avec l’achaine, l’anophèle, avec les chaumes et les sables, avec les choses les
plus frêles, avec les choses les plus vaines, la simple chose, la simple chose
d’être là, dans l’écoulement du jour…

Ce verset se présente comme une seule phrase qui


est une montée avec des appuis: avec… avec…
ceQe montée abouKt à l’écoulement des jours
L’achaine et l’anophèle( un mousKque agent de
malaria) sont deux mots d’origine grecque.
On constate que ces deux mots sont basés sur des
refus (anopheles: qui refuse assistance)
Alhainein : qui refuse de s’ouvrir) l’un de s’ouvrir,
l’autre d’aider . C’est aussi un fruit sec qui ne
s’ouvre pas à maturité
Ce qui intéresse le poète dans l’achaine est le
refus de s’ouvrir et dans l’annophèle, c’est la
fragilité de cet insecte qui es retenue
Deux autres objets du réel les chaumes et les
sables connotent également la fragilité la
légèreté , l’éparpillement
Les chaumes sont les paille qui volent au vent,
les sables comme mille grains miniscules
Avec les choses les plus frêles généralise les 4
objets cités qui connotent tous la fragilité
La simple chose résume le tout quelque soit
ceQe chose. « que voilà » C’est l’émerveillement
de la découverte toute simple
Sur des squeleMes d’oiseaux nains s’en va l’enfance de ce jour, en vêtement
des îles, et plus légère que l’enfance sur ses os creux de moueMe, de
guifeMe, la brise enchante les eaux filles en vêtement d’écailles pour les
îles… »

L’enfance de ce jour peut être interprété de deux


manières différentes: c’est peut-être le début du
jour ou bien le fait d’être un enfant
s’en va l’enfance de ce jour désigne la fin du
maIn.
Nous ne comprenons pas très bien:Sur des
squeleMes d’oiseaux nains, sauf peut-être dans les
îles ( la Guadeloupe est une =ile où il y a beaucoup
d’oiseaux, il est fort possible que sur une plage il y
y ait des cadavres d’oiseaux et même des
ossements
sur ses os creux de moueMe, de guifeMe, la brise enchante

Est la reprise textuelle de ce qui vient d’être dit:


os a pris la place de squeleQe; le mot oiseau a
été éclaté en moueQe et en guifeQe (mais la
moueQe n’est pas tout à fait un oiseau nain,
squeleQes devient os creux
Bien que l’on soit , avec os creux, squeleQe dans
un contexte de la mort réaliste, l’on ne ressent
pas ce senKment de réalisme à la lecture de ce
verset
les eaux filles en vêtement d’écailles pour les îles… »

c’est la surface de la mer qui est caressée par le


vent et les eaux filles sont les vagues, les
ondulaKons à la surface de l’eau.
nous sommes sur une ile que Perse a prise
comme décor, une île toute peKte, circonscrite
par la mer de tous côtés

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