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ATLAS ET ÉTUDES SOCIOLINGUISTIQUES DES ÉTATS

DU CONSEIL DE L'ENTENTE (ASOL)

IN S T IT U T DE
LIN G U IS T IQ U E
APPLIQ U EE

atlas
des langues Km a
de
A G E N C E DE
C O O PER ATIO N
CULTURELLE ET
cCte d'iveire T O M E 1
TE C H N IQ U E sous la direction de G. HERAULT 1983
AGENCE. DE C O O P E R A T I O N C U L TURELLE ET TECHNIQUE (ACCT)
EGALITE, COMPL E ME N T A R I TE , S O L I D AR I T E

L'Agence de Coopération Culturelle et Technique, organisation interna­


tionale crée à N i a m e y en 1970, rassemble des pays liés par l'usage
c o m m u n de la langue française à des fins de coopérations dans les
domaines de l'éducation, des sciences et des techniques et, plus
généralement, d ans tout ce qui concourt au d é v e l o p p e m e n t des Etats
M e m b r e s et au r a p p r o c h e m e n t des peuples,

PAYS M E M B R E S

Belgique, Bénin, B u r u n d i , Canada, Comores, Congo, Centrafique,


Côte d'ivoire, Djibouti, Gabon, Guinée, Haïti, Haute-Volta, la D o m i n i ­
que, Liban, L u x e m b o u r g , Mali, Ile Maurice, Monaco, Niger, R w a n d a ,
Sénégal, Seychelles, T c had, Togo, Tunisie, Vanuatu, Viêt-Nam, Zaïre.

ETA T S ASSOCIES

Cameroun, Guinée-Bissau, Laos, Maroc, Mauritanie, Sainte-Lucie.

GOUVERNEMENTS PARTICIPANTS

Nouveau - B r u n s w i c k , Québec.

Les opinions e x p r i m é e s ainsin q u e les orthographes des n o m s propres


figurant da n s le présent d o c u m e n t n'engagent q u e les auteurs et
nullement la position officielle et la responsabilité de l'Agence de
Coopération Culturelle et T e c hnique.

© A C C T - I L A , 1983

Dépôt Légal de Cote d'ivoire : n° 98 606 du 4° trimestre 1983


A T L A S ET E T U D E S S O C I O L I N G U I S T I Q U ES
DES ETATS DU CONSEIL DE L ’ ENTENTE
(A S O L )

ATLAS DES L A N G U E S KWA


' DE COTE D ’IVOIRE
TOME 1 : M O N O G R A P H I E S

Sous la direction de Georges H E R A U L T

1983

(2° édition)

A G E N C E DE COOPERATION INSTITUT DE
C U L T U R E L L E ET T E C H N I Q U E LINGUISTIQUE
APPLIQUEE
P R E FA C E

Promouvoir et diffuser les cultures de ses pays


membres3 constitue l'un des buts essentiels de l'Agence de Coopération
Culturelle et Technique.

Cette mission, menée sans interruption au cours des


treize années de son existence est sans doutes plus que les longs dis­
cours, la preuve d'une volonté affirmée de faire de la coopération
culturelle> un véritable outil de développement des valeurs qui fondent
la personnalité de chaque communauté h u m a in e.

A cet égard3 l'action entreprise en faveur des


langues nationales en général3 et des langues africaines en particulier3
inscrite dans le programme de l ’
Agence3 a été constamment ma i n t e n u e .

.4 ta réunion internationale 3 organisée du 1er au


9 décembre 1976 à YAOUNDE3 les linguistes africains s 'étaient engagés
devant la Communauté scientifique internationale3 à réaliser quatre
programmes majeurs: c o u r a n t les pays -e l'Afrique occidentale et de
l'Afrique centrale

Après plusieurs a?inées de recherche intense3 et au


prix d'un effort qui mérite d'être souligné3 ces linguistes mettent
aujourd'hui à la dispositio>i de tous ceux que la promotion des langues
africaines ne laisse pas i n d i f f é r e n t s c e t t e collection d'ouvrages3
fruits des projets :
- Atlas Linguistique de l'Afrique Centrale
~ Lexiques Thématiques de l 1Afrique Centrale
- Atlas et Etudes Sociolinguistiqv.es des Etats du
Conseil de l'Entente
- Promotion des langues Mandingue et P e u t .

C'est le lieu de remercier vivement toutes les équi-~


pes nationales et toutes les institutions coordinatrices nationales
et régionales3 qui3 p a r leur dynamisme3 ont animé les réseaux de coopé­
ration linguistique dont l'A.gence peut se féliciter d'être la première
Organisation Internationale à avoir réussi la mise en place 3 en A f r i q u e .

Pour l'Agence3 il s'agit de faire en sorte que les


réalités linguistiques et sociolinguistiques soient connues et appré­
ciées dans l'objectivité et p a rtant3 que puissent se concevoir des
politiques linguistiques sûres et effi c ac es .

Ces ouvrages ainsi publiés et diffusés3 intéresseront


sans doute non seulement les c ’
h ercheurs\> mais aussi les éducateurs3
en constituant pour eux des instruments valables de réflexion et d 'action.
Dans cette attente3 il convient de préciser que3
malgré l'intérêt prioritaire que l'Agence de Coopération Culturelle
et Technique porte à la promotion des langues nationales3 les idées
exprimées dans ces études n'engagent que leurs auteurs et sont pas
nécessairement celles de l'Organisation.

A G E N C E DE C O O P E R A T I O N C U L T U R E L L E ET T E C H N I Q U E
p r o g r a m m e de c o o p é r a t i o n l i n g u i s t i q u e
AV ANT PROPOS

La question de savoir combien l'Afrique compte de langues


et quels sont les rapports qui existent entre elles, constitue l'un des
sujets les plus importants de la recherche linguistique actuelle.

Dans ce domaine, il ne suffit plus de dire que la carte


de répartition des langues sur le continent est un damier ou encore
de faire des estimations approximatives/ puisque de la précision des
données dépend la viabilité des politiques linguistiques intégrant
les langues africaines dans les systèmes éducatifs.

C'est persuadés de cette nécessité, que les chercheurs


de l'Afrique de l'Ouest, réunis en commission lors de la réunion de 1976
à YAOUNDE, ont mis au point un projet permettant de mettre en commun
leurs efforts pour la réalisation d'un atlas et d'une série d'études so-
ciolinguistiques couvrant les Etats du Conseil de l'Entente.

En 1978, à la rencontre de LOKOSSA (Bénin), ce projet est


devenu opérationnel ave^s l'adoption d'un programme général et d'une
méthodologie scientifique commune.

En se donnant pour finalité la réalisation d'une collection


d'atlas nationaux, l'opération a été, depuis le départ, conçue comme
une étude synchronique permettant l'identification, la localisation et la
classification des langues, le relevé statistique du nombre de locuteurs
ainsi que la détermination du degré de véhicularité et des facteurs
d 'expans i o n .

Le réseau créé pour- bien réaliser cette étude a


favorisé un courant d'échanges permanents d'informations et d'expériences
entre les institutions nationales participantes du Bénin, de la Côte d'ivoire,
de la Haute Volta, du Niger et du Togo.

Par des sessions annuelles de concertation organisées suc­


cessivement à Abidjan, Nouakchott et Lomé, il a été possible, non seule­
ment de suivre et d'évaluer mais aussi de programmer périodiquement le
travail des différents pays. L'efficacité de la coordination
scientifique d u projet assurée par le Bénin a été l'un des facteurs qui ont
facilité le respect du calendrier fixé à LOKOSSA.

Les ouvrages de référence proposés dans cette collection


seront sans doute d'un apport certain dans les politiques d'aménagement
linguistique des pays concernés dans la mesure où leur contenu s'appuie
sur des enquêtes approfondies et des informations recueillies sur le ter­
rain par des chercheurs nationaux.
A V A KT P R 0 P 0 S

Le projet de publication d'un atlas des langues de Côte d ’


ivoire figu­
rait depuis la fin des années 60 parmi les programmes de recherches que s ’
é­
tait assigné l ’
Institut de Linguistique Appliquée dé l'Université d'Abidjan.
Il connut un premier aboutissement avec la parution, en 1971, de L'Atlas lin­
guistique de Côte d*Ivoire : Les langues de la région lagunaire* ouvrage pré­
paré sous la direction de G. DUMESTRE et avec la collaboration de L-. DUPONCHEL,
A. GRASSIAS et G. HERAULT (Publ. I.L.A. n° 19, Univ. d ’
Abidjan, 325 p.) : prio­
rité avait été donnée à l'établissement d'un document concernant une douzaine
de langues qui, malgré leur s i t u a t i o n g é o g r a p h i q u e ^ sud du pays, donc assez
proches de la capitale, restaient pour la plupart tout à fait méconnues au
plan scientifique.

En 1973/ l ’
ouvrage de G. DUMESTRE épuisé, le projet fut repris et scin­
dé en quatre pour r e f l é t e r __ _voire t e s t e r ____l ’
appartenance de la CÔts d ’

voire à quatre groupes linguistiques distincts ; kwa, kru, gur et mandé.

Depuis cette date, les linguistes de l'I.L.A., auxquels se joignirent


ceux de la S.I.L. (en Côte d ’
ivoire : Société Internationale de Linguistique),
mirent donc au point un questionnaire d'enquête lexicale (cf. l ’
introduction
au tome 113 et entreprirent de couvrir lé pays groupe par groupe.
- 2 -

En 1979, sous la direction de Lynell MARCHESE, paraissait Initias


linguistique kru ; essai de typologie (Publ. I.L.A. N° 73, Univ. d ’
Abidjan,
287 p.) ouvrage prenant en considération l'ensemble des langues kru aussi bien
en Côte d'ivoire qu'au Libéria et en Haute-Volta.

La même année, une aide financière de l'Agence de Coopération Culturelle


et Technique, régulièrement reconduite depuis, permettait de relancer l'étude
de l'aire kwa et, depuis 1980, d'entreprendre la couverture systématique de
l'aire gur.

Le présent ouvrage représente donc l'aboutissement de plusieurs années


d’
une recherche à laquelle près- d ’
une vingtaine de linguistes auront contribué
(cf. infra). Il s'organise en trois parties : dans la première d ’
entre elles,
chacune des langues est présentée sous forme monographique, comportant la si­
tuation de l ’
aire concernée, une carte, une? esquisse phonologique, quelques
éléments de grammaire et une bibliographie. La seconde est consacrée au corpus
lexical de 555 termes réunis en tableaux dans lesquels- chacune des, seize lan­
gues est représentée. La troisième enfin regroupe l ’
ensemble des comparaisons
à différents niveaux, totales ou partielles, qui ont pu être opérées, à partir
de la documentation réunie.

Il ne sera peut être pas inutile enfin de rappeler que les langues kwa
s t n'; définies ici au sens de Greenberg (1966) : famille I, Congo-Kordofanienne,
embranchement I.A, Niger-Congo, groupe I.A.4, kwa, mais à l'exclusion des lan­
gues kru. Il s ’
agit donc d'une aire linguistique s'étendant approximativement
depuis le Bandama à l'Ouest (en Côte d 1Ivoire) jusqu'au delta du -Niger à l'Est
(au Nigéria) et limité au Nord aux environs du 8ème parallèle.

Plus précisément, les langues kwa en Côte d ’


Ivoire appartiennent toutes,
dans la classification de Greenberg, au saus-ensemble I.A..4 b intitulé kwa
occidental, même si mention n'est faite que de certaines d ’
entre elles à
savoir "Aladian, Avikam, Gwa [= mbatto], Kyama [- ébrlé], Akye [= attié] . Ari
[=abidji] , Abe, Adyukru, [...], Anyi, Daule, Metyibo [ = éotilé] , Abure” ;
ces quatre dernières étant réunies à l'intérieur d ’
un sous groupe dénommé "Akan"
mais que la plupart des successeurs de Greenberg, à la suite de Stewart, inti­
tulent Volta-Comoë.
LISTE DES COLLABORATEURS

X X

Rémy BOLE-RICHARD (I.L.A.) : é b v i ê 3 êg a* m battos études lexicales.

Jonathan BURMEISTER (S .1. L . ) : abourés agni^ nz ê ma ■


>

Laurent DUPONCHEL (I.L.A.) : alladian.

Alain GRASSIAS (I.L.A., associé) ; m ba t t o .

Georges HERAULT (I.L.A.) ; adioukrous avikams êotilê5 études grammaticales.

Élizabeth HOOD (S.I.L.) ; attié.

A. HOOK (S.I.L.) : atzi

Jérémie KOUAOIO NGUESSAIM (I.L.A») : abbey, baoulê

Constance K.UTSCH-LOJENGA (S.I.L. ) : a t t i é ,

Philippe LAFAGE (I.L.A.) : lexicostatistique et traitement informatique.

Lynell MARCHESE (I.L.A.) ; atzi* é g a.

Bertin MEL GNAM8A (I.L.A.) : alladian

Emmanuel MENSAH (I.L.A.) 2 krobou, études phonologiques.

Judith TIMYAN-RAWENHILL (I.L.A.) : abrons baoulês k r o b o u n z ê m a .

Chantai TRESBARATS (S.I.L.) abidji.

Cartographie : Institut de Géographie Tropicale, Univ. d'Abidjan,


Frappe, tirage, reliure s Institut de Linguistique Appliquée, Université
d *Abid j a n „
TRANSCRIPTION

Les conventions de transcription adoptées ici respectent les principes


définis pour l ’
Alphabet Phonétique International.

1°) Voyelles :

antérieures centrales postérieures

i y u

i o

G + O

C O 0

ci A

Le tableau ci-dessus récapitule l'ensemble des symboles vocaliques employés.


La nasalisation est notée par un tilde, [y] n'est utilisé qu'en abron, [+]
qu'en attié, [©] q u ’
en attié et en abbey, [ a ] q u ’
en agni,

2°) Consonnes

Le tableau ci-dessous récapitule l ’


ensemble des symboles consor.cr ;ues
employés (seuls ou en combinaison)

3°) Tons

Ton haut [ *] ton moyen [”


“] ton bas [']

On trouvera en attié un ton extra-haut noté ] [**] et en ébrié un ton


extra-bas ; ["]. Les combinaisons de ces signes suscrits sont utilisées pour
noter des modulations tonales. [J] est la marque d ’
une faille tonale (downstep)
■ p
tn (D
+j 03 r-i tn

glottales
c u (0 œ
œ •H CL <—t
T) 0 03 '0
l rH I -P >
l
O
•H
O
'0) HA3 JD
n > (D 'QJ oo
•H fO 03 a >
n H a

kp
occlusives sourdes

occlusives sonores

g&
ingressives

affriquées sourdes ts tj

affrioùées sonores

fricatives sourdes

fricatives sonores

rjm
nasales m

semi-voyelles J M

latérale
_L._.

vibrantes
L'aire couverte par les langues Kwa en Côte d'ivoire comprend le Centre.,
le Sud et l'Est du pays. Sa limite septentrionale, dans la région de BondOukcu,
n’
atteint pas tout à fait le 8è parallèle Nord, et le fleuve Bandama en marque
approximativement la limite occidentale : seuls.1'avikam, le long de la Côte,
et l ’
éga, enclavé en pays dida dans l'aire kru, se situent au-delà du Bandama
vers l ’
Ouest,

Les données démographiques les plus récentes dont nous puissions dispo­
ser sont fournies par le Répertoire des localités de Côte d'ivoire et Popula­
tion 1 9 7 5 Mais il s ’
agit la des résultats bruts du recensement général
de la population de 1975, donnés par préfecture, sous-préfecture et village»
La ventilation ethnique détaillée de la population ivoirienne (la seule à par­
tir de laquelle on puisse extrapoler le nombre des locuteurs de chaque langue)
n'est disponible qu'à la direction de la Statistique où elle a été recueillie
(2 )
par David Zimmermann . Les chiffres officiels collationnés par ethnie sont
donc les suivants ,*
Abbey 73 851
Abidji 26 695
Abouré 31 873
77 536

(1) Ministère de l ’
Economie et des Finances, Direction de la Statistique, Bureau
du Recensement Général de la Population, Abidjan, 1976, (éd. provisoire),
(2) Statistiques des ethnies de Côte d'ivoire pa r Préfectures et Sous-Préfectu­
res d ’
après le renceneemcnt de la Population de 197 S ^ Renseignements recueil­
lis auprès de la Direction de la Statistique par David Zimmermann, Société
Internationale de Linguistique, Abidjan, s.d, (sans doute 1980).
(3) Les Abron sont enregistrés en fait sous le nom de Doma.
- 6 -

Adioukrou 54. 617


Agni 331„ 966
Aïzi 9. 065
Alladian 12. 575
Attié 221. 395
nvikam 0. 447
Baoulé 1.-226::i^
Ebrié •: 52. 810
Ega 67 (sic)
;Eotxlé 3; 345
Krobou 5. 453
Mbatto 13. 650
N zema. 31 * 662

Total ; . 2.211. 549

Certains de ces chiffres appellent quelques commentaires. Ainsi par


exemple, 77.536 personnes reconnaissent leur appartenance à l'ethnie abron
en Côte d'ivoire % mais il serait inexact d'inférer que tel est le nombre des
locuteurs de cette langue. En effet, .installés depuis longtemps en territoire
koulango, les abron sont très nombreux à en avoir adopté la langue : il s'agit
d'un cas relativement peu fréquent d ’
un peuple adoptant la langue du pays où
il s'est installé, se mêlant à la population en place, et restreignant souvent
l'usage de sa langue d ’
origine à des situations rituelles. L ’
évaluation appro­
ximative de J. TINYAN-RAVENHILL concernant le nombre de locuteurs effectifs de
1’
abron oscille autour de 40.000.

De même il est tout à fait contraire à la réalité qu'il ne puisse y


avoir que 67 personnes appartenant à l ’
ethnie éga. Ce chiffre résulte certai­
nement des conditions du recensement où la majorité des éga a été abusivement
assimilée à l'ethnie dida dans laquelle elle est enclavée. Bien q u ’
un bilin­
guisme éga-dida soit largement attesté, R. ÜOLE-RICHARD n'en évalue pas à moins
de 5.000 le nombre de locuteurs de l ’
éga.
9

Quoi qu'il en soit, rapporté à la population ivoirienne stricto sensu


(c'est-à-dire étrangers exclus), le groupe linguistique kwa est assez largement
majoritaire puisqu'il atteint une proportion de 41,4 %, Et le baoulé, langue
numériquement la plus importante du groupe, détient également de ce point de
vue le premier rang en Côte-d'Ivoire où elle est la seule à dépasser, et assez
largement, le million de locuteurs,,

Ajoutons enfin que les chiffres ci-dessus pourraient être actualisés


en appliquant un taux d ’
accroissement annuel (sons apport externe) de 3 %.
LES LANGUES j moj
DE CÔTE D (VOIRE |
L' A B B E Y

KQUADIO NGUESSAN Jérémie

I.- GENERALITES

Le pays abbey est compris entreCéchi au Nord, les rives du Bandama


à l’
ouest,le Mafou, Adzopé à l'est, le village d 'Azaguié-Blida au Sud. Les
Abbey dont le nombre est d ’
environ 40.000 ont pour voisins les Krobou et Iss
Abidji vers l'Ouest, les Adioukrou et les Ebrié au Sud, les Atié vers l ‘
est
les Agni et les Baoulé au Nord. Dans la région de Tiassalé, la population Abbey
est mélée aux Agni. On peut grosso modo et selon les informations dont ncus
disposons diviser les parlers abbey en 4 dialectes:

1°/ 1 'abbey-morië (villages Grand-Morié, Lapo, etc.,.)


2°/ l ’
abbey-vé (villages de Lovignié, Bessé, etc...)
3°/ l ’
abbey-khos (villes d'Azaguié-Awa, Azaguié-Blida etc...)
4°/ Abbey-tiofo (villages de Rubino, Anégnié, etc...)

Notre enquête a porté principalement sur le parler tiofo. Il semble


d'ailleurs que le degré d 'intercompréhension soit assez élevé entre les diffé­
rents parlers, mais il faudra attendre des études plus approfondies pour se
prononcer

Vocijaïf la liste des signes et abréviations que ncus allons utiliser


dans les pages qui vont suivre :
- 14 -

1°/ Dans la partie phonologique

C : consonne
V : voyelle

2°/ Dans la partie grammaticale

0 m a r q u e .zéro
acc. accompli
déf. défini
fut futur
hab. habituel
inj . injonctif
N Nominal
N (S) : Nominal en -Fonction de sujet
N (G) ; Nominal en fonction d'objet
P. ; prédicat
pl. : pluriel
progr. : progressif
SN :Syntagme nominal
SV :Syntagme Verbal
V :Verbe

II.- PHONOLOGIE

2.1.- Le corpus de référence

1 rT planter 6 ro abattre

2 rë casser (une graine) 9 rô mourir

3 rT marcher 10 bü chose

4 rë se coucher 11 pïï mordre

5 râ insulter 12 dâ fermer

6 rïï pleurer 13 ta élever


P
7 rô déféquer 14 ca mari
- 17 -

15 cT frapper de la tête 38 ago pagne-velours

16 kà compter 39 09 bô abri

17 kpâ éplucher 40 +ji récipient

18 tomber J' père


dâ 41

19 d^a rue ho donner


42

20 gbâ dépecer 43 ko secouer

21 fa faire sécher (graines) 44 imiter



22 sê termite 45 sô sortir

23 ja épouse 46 yô phacochère

24 j'ô porter (culotte) 47 wë creuser


y6 chien . *
25 48 Jt aller

26 wâ venir *
49 ve acheter

27 là feu 50' bô prendre

28 mo monter 51 wü voir

29 no boire 52 kpo suivre

30 po gonfler (farine) 5-S pô couler

31 nez 54 fè sauter

32 rçkpô un 55 t Jâ percer

33 vT épouser 56 fu sec

34 fT se moquer (rire de) 57 wô chasser quelqu'un

35 gbà gros 58 tïï fusil

36 lobe prendre 59 bà bras

37 ayo faim 60 vë couler violemment

2.2. - Opposition de phonèmes

1
2. 2.1.- Voyelles

i / e : 1 / 2 u / o : 6 / S

i / i : 1 / 3 o / o : 7 / 8
- 18 -

i / e : 1 / 4. o / 0 : 7 / 9-

e / a ;: 4 / 5 a / 0 ; 5 / 9

e / e ;: 2 / 4 a / o i / 7

e / a ; 2 / 5 c / a 8 / 5

u / O : 6 / 7 u / a : 6 / 5

u / o ;: 6 / 8 0 / a : 35 / 20

2.2.2» - Consonnes

p / b : 11 / 10 k / c 16 / 14

f / p : 56 / 11 h / k 42 / 43

m / b 26 / 50 kp / k 17 / 16

t / d 13 / 12 gb / g 39 / 31

s / d : 22 / 12 w / b 51 / 10

c / t : 14 / 13 p / kp 53 / 52

i / d : 18 / 12 s / f 22 / 21

j / w : 23 / 26 m / w 28 / 58

I / j : 27 / 23 tJ7 55 / 19

j / d : 23 / 18 d^ /s 19 / 22 .

kp / gb : 17 / 20 v / w 60 / 47
w / gb : 26 / 20 à +
V/ f 60 / 54
d / I : 12 / 27
P / n 30 / 29
t / I : 13 / 27
p. / m 28 / 30
t / p : 58 / 11
P / k 30 / 44
d / b : 12 / 59
p ./ h 30 / 42
J / c 41 / 15
r / I b / 2?
J / s : 44 / 45
tf / c 55 / 14
tj/1 40 / 41
Y / g 37 / 38

y / w 46 / 57
- 19 -

2.3,- Inventaire des phonèmes

2.3.1»- Tableau des voyelles

u
L O

e o
£ (o) o
a

2.3.2.- Tableau des consonnes

Labiales alvéo- j Palatales i Vélaires Labio-vé-,


laires laires
i kp
3 GO Sourdes
_J UJ
U >
U M
O 00 Sonore* db

Sourdes
< co
U UJ
cr m c
u_ h- Sonores

NASALES m

LATERALE

VIBRAP^;

2.4.- Commentaires sur la phonologie

2.4.1.- Voyelles

Le système vocalique de l'abbery tiofo comprend 9 phonèmes ; il est


constitué :

1°) de deux sous-ensembles de quatre voyelles chacun : quatre voyelles avancées


i, u, e, o et quatre voyelles rétractées i, o, e, o j

2°) de la voyelle centrale a.


20 -

Lz statut phonologique des 9 voyelles (i, u, ü, o , i, o , e, o, a) est


prouvé par las rapprochements établis dans le. corpus (1 à 8]. On notera que
les neuf termes sont de ton identique et que d ’
autre part il s'agit d ’
élé­
ments appartenant tous à la classe des verbes.

En ce qui concerne la centrale il parait difficile de le poser* comme


phonème autonome malgré une paire minimale comme

ko butter / ko secouer

Il semble on i:-ffet que e ne soit que la variante libre de o. Cette hypothèse


reste bien sûr à vérifier.

2.4.2»- Les voyelles nasales

Il n'existe pas, semble-t-il de voyelles nasales phonologiques en abbey.


Certains toponymes ou emprunts ou français sont ainsi dénasalisés :

â'bï^ïï Abidjan à le Alain

Gn notera cependant quatre cas de nasalisation :

- derrière consonne nasale :


t
omo abeille n€ lancer
\

ro boire apa ' caoutchouc

Gn remarquera que la règle de? nasalisation n'est pas automatique comme


le montrent les exemples suivants ;

tènT pointe (le battant) ànâyâ proverbe

nopjé viande àperè poudre à fusil

Il semble que la nasalisation se produise surtout en finale, ot de préférence


avec les voyelles retractéas i, o, e, o ot la centrale a.

- devant une nasale précédent elle-meme une consonne.- exemples :

kpâmbâ agouti kâoçà crabe


- >

ot.fomba soir ofïïrùmundu âne


- 21 -

- derrière h, ou h + { j, w } exemples : ■

h§ atiêké âhwo oiseau


f '
hô accoucher àhja roussette

La présence des voyelles nasales après h ne parait pas explicable on


l’
état actuel des choses, à moins de supposer 1*influence d ’
une consonne n a s a ­
le a u j o u r d ’
hui amuïe . D ’
ailleurs cette nasalisation n ’
affecte que a et o, les
autres voyelles restant orales. On notera également que a après h n'est p.^s
automatiquement-nasalisée comme le montrent les exemples suivants :

petite saison sèche hâ<5 brouillard

- suite de deux voyelles :


/ A
ai oeil ho maison
f
àgbôô année

2.4.3.- Harmonie vocalique

L’
examen des données que nous avons recensées en abbey'ne nous permet
pas, en l ’
état actuel de nos recherches, d'affirmer avec certitude q u ’
il existe
une règle d ’
harmonie vocalique. Cependant à l ’
intérieur des radicaux, nous
avons remarqué deux tendances d ’
harmonie vocalique qui se manifestent de la
manière suivante :

1°) Voyelles d ’
avant entre elles, voyelles d ’
arrière entre elles ;
2°) Voyelles avancées entre elles, voyelles rétaractées entre elles.

Ces deux tendances recoupent la division du système vocalique en deux


systèmes d ’
opposition ;

î u
f

t avancées Q
e ■ i
i
rétractées )
!

f
a
Cette double harmonie vocalique explique le- grand nombre des occurrences
de i et e derrière la voyelle e de la syllabe initiale et celui de o et u
derrière la voyelle o de la syllabe initiais.- en particulier dans les d i s ­
syllabes 0

Exemples :
» »
ôpu caillou
êd^ dos orïï palmier-rônier
n -r
ej ' dent k6lo aimer
*
èpT fétiche ofo Dieu

èrld^f- champ• ôgbé fer

!et ê arc-en-ciel odukci foutou

La centrale a n'appartenant à aucun des deux sous-systèmes, fonctionna?


avec toutes les autres voyelles.

Exemples ;

mapèré aiguille awa calebasse


t
êrra a u j o u r d !hui I'ayoso cou

à fu bosse âyo faim

Nous parlons de tendance à l ’


harmonie vocalique et non de règle, car
l’
on rencontre un certain nombre d'exceptions ;

1°) a l ’
harmonie vocalique entre avancées et entre retractêes :

èk£ké bosse oso carpe

brofüè Blanc one devinette

2°) a l ’
harmonie vocalique entre voyelles d'avant et entre voyelles d'arrière
*
ônT cinq fulè enfler

J'gbo chemin jTbù gendre

Pour terminer, on signalera que près des 2/3 des dissyllabes sont homophones.
Cette proportion exagérément élevée provient du fait q u ’
un grand nombre des
dissyllabes sont probablement formés par redoublement.
2,4.4 «- L es consonnes

Le phonème p ne présente aucune lacune de distribution., ainsi d !ailleurs


que b, d, t.

La vélaire g rie peut pas être considérée comme un phonème autonome car
elle présente d'importantes lacunes de distribution. Elle n'apparaît jamais
à l'initiale. Elle apparaît très rarement en contexte oral et seulement dans
des mots probablement empruntés, en tout'cas communs à la plupart des langues
de la région lagunaire >■c ’
est par exemple le cas de âgô pagne de velours-
g apparaît le plus souvent en contexte nasal comme le montrent les exemples
suivants ;
t
0g<5 sel àbraogwa lance

6go nez gborçgo cheval


f
karjgà crabe

En revanche la vélaire sourde k apparaît dans toutes les positions, on


peut donc la considérer comme un phonème autonome, même si nous n ’
avons relevé
qu’
un seul exemple ou elle apparait après nasale, dans le même contexte que g :

to ... Qkoré frapper du poing

L’
interprétation des affriquées tj et d^ pose quelques problèmes. On
notera que si les oppositions tj / c sent assez fréquentas : tjâ percer /
cé mari

tj'î récipient / cT frapper de la tetes

Une seule opposition permet de prouver le statut phonologique de d^, encore que
cette opposition n ’
est que partiellement valable puisque [ d ^ ] rue a pour varian­
te libre [d^jcj], On remarquera que dans la majorité des cas, tj est suivi de i
ou de j. On pourrait donc considérer tj ét d^ comme des variantes combinatoires
de c et j, n'apparaissant que devant i et j, Les séquences tj + (v / i) seraient
alors interprétées comme variantes des suites tj + j + V, interprétation que sem­
blent confirmer certains cas comme tjj^k’
T ^ t/lkT c ou te a u.

. v a une distribution nettement lacunaire, bien q u ’


on ne puisse pas con­
tester, au moins à partir des éléments actuellement à notre disposition,, son
statut de phonème comme le prouvent d'ailleurs les oppositions suivantes :
24 -

ve acheter fë fièvre

ve lune fë kaolin

Cependant, on peut faire remarquer que v n*apparait pas devant u, o, o et


apparait très rarement devant, o»

. Le statut phonologique de w est prouvé par les rapprochements sui­


vants : 51/10, 23/26, 26/58, 26/20, 60/47, 46/57.

. La fricative vélaire sonore.y s'oppose à w comme le montrent les exem­


ples suivants :

vë palabre wë creuser

yo phacochère w5 chasser quelqu'un

fiaisy n'apparaît devant aucune voyelle d'avant.

. La fricative sourde h, phonétiquement laryngale, a la particularité


suivante i derrière h (bu h + j, h +'w) les deux voyelles o, et i sont nasa-
lisées.

Ainsi :
»
hô accoucher n^ohjo . mouche
* \

ht dire ahwô oiseau

Après h, la voyelle a peut être nasale ou orale.


A V
ha dtiékê àh ja roussette

mais aussi hâ<$ brouiVlcœd hcïli so.ison s èc h e . On remarquera que dans ces
d^ux derniers exemples nous avons une suite de deux voyelles.

Les autres voyelles restent orales. :

hë dire ho donner

ohô peau l<$ho pardsolier

h n’
apparait pas devant i et lu

- La fricative f apparait presque uniquement devant i, u, j. On peut


' (1 )
poser l ’
hypothèse que J n'est qu'une variante combinatoire de s .çievant

(1) z étant absent du système.


- 25 -

i., j. Dans ce cas on peut considérer -/d imiter 'comme résultant


de ["Jjô]. On pourrait alors envisager la suppression de toute la série des
pré-palatales, le statut phonologique de i:J et étant, coirime nous l'avons
vu, contestable.

. w et j peuvent apparaître derrière consonne, comme le prouvent les


exemples suivants :

pv/opwo nouveau kwci palissade

àbw£ panthère orùkwè orapaud

nopjé animal vjàpo mouton

Les séquences /c + / i, u, t, o, o ne sont pas apparues dans le cor-


J
pus étudié.

^^ ^ *~ Les nasales

Le statut phonologique de m, n, p est prouvé par le rapprochement sui­


vant :

rtp monter* no boire p3 gonfler (farine)

cependant on peut faire les remarques suivantes :

, p n’
apparait pas devant u.

. m, n et p semblent ne pas apparaître devent e et o. Les seuls exem­


ples que nous ayons de consonnes nasales + e *V o sont .l 'emprunt tcSmobT automo­
bile et mTpè r a c i n e .

. Un grand nombre de mots abbey ont à l'initiale une nasale qui porte
le ton :
[nto|ô] coton [ ogfi: f ] chair

[mpô] campement [rhfe] p leurer


- 2B -

. A l'intérieur du monème, la nasale ne porte plus le ton, elle préna-


lise la consonne qui suit :

[kambâ] aulacode [gborjgo] cheval

[kon^é] pintade

On remarquera que ;

1°) la nasale est réalisée m devant les labiales (b, p, f, v), n devant
les apicales (d, t, s), les pré-palatales (d‘
5> t J 3 et les palatales c, j)
et 0 devant les labio-vélaires (gb, kp) et les vélaires (g, k, h, y).

II. s’
agit de toute évidence d'une distribution complémentaire d'une
nasale n que nous identifierons à /n/„

2°) la nasale n n ’
apparaît pas devant w, 1, r, ni devant les. consonnes
nasales. La seule exception que nous ayons trouvée est hns variante libre de
*
ènâ dix>

2.4.6.- 1 et r -•

Ces deux phonèmes s'opposent à tous les autres et s ’


opposent entre eux,
comme le montrent les exemples suivants ;

ra insulter la feu

rô palmier à huile lo donner

!■et r peuvent apparaître derrière occlusive, comme le. montrent les exemples
suivants :

*
bleogbliriche (un) àblàko cache sexe masculin

ëbnipo vingt brandrë pigeon domestique


- 27 -

Le nombre des occurrences semble assez faib-le,. surtout pour la liquide»


En outre il s'agit encore une fois de mots que l'on retrouve pour la plupart
dans les langues voisines et en baoulê;

Le nombre trop faible des occurrences Cl- et Cr- nous interdit d'affir­
mer avec certitude 1'opposition des structures Cvlv / Clv. On notera pourtant
l'opposition blèblè petit à petit / bè le q u e u e .

2.5.- Remarques sur la structure des radicaux.

L'essentiel de notre corpus est composé-de monosyllabes et de disylla-


bes, plus rarement de trisyllabes, Les seules séquences consonantiques possi­
bles sont C + {l,r, w, j} et n + C ’

On ne peut trouver en abbey que trois voyelles à l'initiale : a, g , o.


Les séquences de deux voyelles sont permises :

ootê rat jâé où ?

oô village hëo brouillard

Il est possible que ces séquences de deux voyelles soient le résultat de le.
chute d'une consonne intervocalique, orale dans certains cas, nasale dans d'au­
tres (ce qui expliquerait les cas de nasalisation des voyelles vus plus haut)
Dans l'exemple ootë rat3 l'hypothèse de-la chute d'une consonne semble accep­
table/ puisque l ’
on trouve la forme yoyôtë dans d'autres parlers abbey (en
abbey-vé par exemple).

Les structures syllabiques canoniques en abbey sont :

V
VV
CV
CCV
VCV
- 28 -

2.6*- Les tons

A défaut d'avoir pu cerner.avec exactitude le rôle grammatical (si tant


est que les tons jouent un rôle grammatical dans cette langue) des tons en ab-
bey, nous avons relevé quelques paires minimales lexicales qui montrent qu'ils
y jouent au moins un rôle de discrimination lexicale.

En abbey* les phonèmes porteurs de ton sont les voyelles et la nasale


syllabique n (ainsi que ses variantes m et Q ) e Eexemple : Qkpp un

2.6.1.- Liste de paires minimales

e j f dent èjT fourmi-magnan kpè fromager kpë médicament

opu caillou opïï nasse do beaucoup do piège


t .
ho entrer hô accoucher po couler pô avoir des relations
sexuelles
fu sec fu jambe

Il semble donc q u ’
il y ait trois tons phonologiques : bas, moyen et
haut. Donnons à présent la liste de quelques schèmes tonals possibles en
abbey.

2.6.2.- Monosyllabes .........

Haut Moyen . , . Bas ,

do beaucoup fT se moquer kpè fromager

Jf plein de hc entrer fu jambe

2.6.3.- Disyllabes

BH m BB

èj f dent èjT fourmi-magn


- 29 -

HH HT) HB

et J f corde et fT hier joyo voler- un objet

III.- G R A m A I R E

3 a •" Ordre des éléments dans la phrase

En abbey, l ’
ordre des principaux éléments de la phrase est le suivant :

Sujet + Verbe _+_ complément


SN + SV +_ SN

3 . 1 . 1 ~ Exemples de phrases sans compléments :

mld^T na po

eau / déf. / être chaud /

L 1eau est chaude

Ogïï ë jâ

soleil / progr, / se c o u c h e r /

Le soleil se couche.

3.1.2.- Phrases avec compléments

jàpT ve yoso Qkpô

Yapi + <0 = acc./ acheté / poulet un /

Yapi a acheté un poulet

En règle générale tous les autres éléments de la phrase tels que les
adverbes, les compléments de lieu, etc., suivent le verbe ;
\ t’
no câ mol a mlt/T âpô

il / faire / sommeil / jour / deux

Il a dormi deux j o u r s .
30

hô na è ê pêtè-pêtè

tortue/déf./ progr./ venir / petit-petit /

La tortue arrive lentement.

L 'abbey utilise les constructions à série verbale pour introduire le


bénéficiaire d'une action. Ces constructions ont oornme schème :

N (S) + V + N (G) + V + !M (0)

t j
* 1

ne ve yoso Qkpo së ma

il + progr./acheter/poulet / un / apporter / moi

Il m'achète un poulet

japT veë 13 kwasT

Yapi / acheter + acc/ 1g / donner / Kouassi

jfop7* l 'a acheté à Koua sa i.

3.2.- C onstituants du syntagme nomina1

La plupart des mots qui déterminent le nom s’


e placent après celui-ci :
es sont par exemple les démonstratifs., les adjectifs et les numéraux.,

Le défini se place toujours à la fin du groupe nominal.

3-2.1.- L ’
ordre des constituants du groupe nominal

Nom +_ adjectif + numéral +_ démonstratif / déf.

yos’
5 gbo Okpo

poulet / gros / un /

un gros poulet
- 31 -

ma vé yosô tT no

je + 0 = acc/ acheter/poulet / ce / déf.

j 'ai acheté ce poulet

3.2,2.- Détermination possessive^ syntagme complétif et composi-


ticn nominale

Dans la détermination possessive.le pronom possessif précède le nom.

ma yoso n©

moi / poulet / défini /

Mon p o u l e t ,

fa tT n'a

toi / case / déf. /

Ta case.

Dans le syntagme de détermination où le terme déterminant est lui-même


un nom, on a la structure / déterminant + déterminé /.

C’
est par exemple le cas des syntagmes complétifs de structure lexicale
ou noms composés.

r A
oro - fo

tête / poil /

cheveu

èbafù

épaule / plume /

.. aile (d'oiseau) ...

yoso - ca

poulet / mâle /

coq.
- 32 -

je - jfvo

enfant/ femme /

fille

Nous avons relevé un cas de composition nominale particulièrement productif en


abbey. Il s fagit des composés où le radical nominal yo se combine soit à un
nom, soit à un verbe, etc... avec le sens général de qui a à voir avec. Ce ra­
dical nominal Dourrait presque être considéré comme un. suffixe, car nous n ’

vons pas rencontré d ’
exemples où il apparait seul.

a) - yo se postpose à un radical nominal désignant un nom de lieu avec le


sens de qui est originaire de

oô-yô villageois de oo village

bwake-yo originaire de Bouakê3 un Bouakois

b) - yô se combine à un radical verbal pour former un "nom d ?agent “.

s/ijo acheteur .......de ve acheter

jôyo-yo voleur de joyo voler

On obtient également un nom d ’


agent en combinant un nom, un verbe et jo.
On aainsi la séquence Nom + verbe + yô dans laquelle en général le nom cor­
respond sémantiquement à ce qui serait l’
expansion du radical verbal employé
verbalement. Exemples :

nakwâ-ka-yô de ka nàkwâ lire


papier/lire/celui qui/
lecteur

3.2.3.- Actualisation du nom et formation du pluriel

a) le générique

En abbey, le radical nominal nu, c ’


est à dire on fait le radical nominal
4 0 exprime la valeur générique.
- 33 -

né ta yoso

il / élever / poulet

II élève des poulets

b ) la modalité défini

¥
- né (ou - ne nasalisé) marque en abbey la modalité "défini singul
ce morphème indique que le réfèrent du nom auquel il se combine est identifié
par le contexte.

né ve yoso ne

il / achète / poulet / déf. /

il achète le poulet (en question)

c) le pluriel

Le morphème le, qui exprime normalement l'idée de pluralité en abbey,


ne se combine qu'à un nom défini par le rnorphèma: n£. Ainsi la combinaison
ndi + I© marque le "pluriel défini".

ni : ve yoso nelo

il / acheter / poulet / déf. pl./

il achète les poulets(en questions)'

Nous avons relevé trois autres formations de pluriel dont deux constueraient
la survivance d ’
un état ancien, tandis que la troisième concerne les noms d ’

gent en -yo.

La première formation concerne deux noms :

jfkpë homme (au sens latin de vir)


: i
........... j fyo femme ............. .................

Le pluriel de ces deux noms se forme.-par la préfixation au radical no­


minal d ’
un préfixe vocalique ô 1 ....................................
- 34

è j fy5 les fermes

e j fkp'ë les hommes

La deuxième formation concerne le nom jTkT homme (au sens latin de home).

Le pluriel de ce nom se forme par l ’


adjonction d ’
une nasale initiale
au radical et par la vélarisation de j : ..........

JTkT homme og^kT des. hommes

La troisième formation est relative aux noms d'agent en -yo qui devient

YL

ôoyo (un) villageois oôyT des villageois

veyô (un) voleur véyT des voleurs

Le pluriel du nom kpélàyô sorcier se forme à la fois par préfixation


(préfixe à-) et par yT

à-kpâlàyT des sorciers

3.4.- Le système des pronoms personnels

En abbey il ne semble pas y avoir de distinction de formes entre pronoms


personnels en fonction de sujet et pronoms personnels en fonction d'objet à
l’
exception dc; la 3è personne du singulier qui a deux formes pour le pronom
en fonction d'objet : ne et 0 à ton haut.

Pronoms en fonction Pronoms en fonction


de sujet d 'objet

.
j 1ère pers. sing. mè Ôe ma. meJ mov
ii..................
2è pers. sing fo tu fo tUj toi

3è pers * s i n g , no il/ elle né, 6 le. lui

1ère pers. pl. e 10 nous èlé nous

2è pers. pl, épo VOUS épo vous

3è pers. pl. k è , kele ils /elles ke\è les )


Exemples :

fg y e wïï0

tu / progr, / voir / le

Tu le v ois »

Au niveau grammatical, la distinction entre les genres masculin et féminin est


inconnue en abbey t i o f ' o ^ .

Tableaux des pronoms possessifs


S
mon ; ma me + objet possédé

ton9 ta fè + idem

son3 sa Tià + iderh

notre èl a + idem

votre épë + idem

leur k h 1& + idem-.

mes mè . . . . . . . ia

tes fo la .v •. •

see ne la

no a èl o l0

vos ope „, „, ' 10

leurs kr.lo _ ; . . la

le mien mfè

le tien f fè

le sien n fè
* t'•
le nôtre er ie

(1) En abbey khos par exemple- lus n o m s -jTkpë- :h&rnme et. j f y o fenvne actualisés
par le défini no sont systématiquement utilisés à la place du pronom sujet
3è pers, sing. lorsque 1g sujet du vorbe référé a' un'h u m a i n .
le votre
ile ileur c \e n rc\

Dans les formes ci-dassus, nous pouvons isoler le morphème -e final qui
semble avoir comme sens général : "celui de..." On l ’
a par exemple dans las
formes suivantes ;
.\ r \ /
japi-e n?

Yapi / celui de / déf. /

Celui de Yapi

tjfmu~è né

Chimou / celui de'/ déf.. /

Celui de Chimou

3*5.- Qjelquss conjugaisons

3 .5 .'I.- L' accompli

L'accompli a comme valeur la plus fréquente en abbey la référence


à un fait passé. Cette forme ne comporte aucun affixe aspoctuel par opposition
à l’
inaccompli (cf. ci-dessous). Ex. :

j àpf vd \(bs5

Yapi + % - acc/ acheter/ poulet

Yapi a acheté des poulets

mo v£ yoso Qkpo

je + 0 = acc./ acheter/ poulet/ Un /

J'ai acheté un poulet

3.5.2.- Le progressif

Cet aspect souligne le déroulement d'un fait comme ôtant lié à


un moment précis, qui est en général le moment de 1 'énonciation. Le préf ixc-
- 37

mô ye ve yoso-

je / progr. / acheter / poulet .

j'achète un p o u l e t - j e suis entrain d*acheter un poulet

3.5.3.- L ’
habituel

Comme son nom l'indique, c ’


est une forme qui est utilisée pour désigner
les actions habituelles. Souvent, cette forme a aussi comme valeur la simple
constatation d'un fait. La marque de l ’
habituel est s qui souvent s'attache aux
pronoms personnels en fonction de sujet.

jàpf é vê yoso

Yapi / hab, / acheter / poulet /

Yapi achète des poulets c'est-à-dire


Yapi à l *habitude d'acheter des poulets

me vé Y^so

je + hab./ achetrjr / poulet

j'achète des poulets

3 ,5 „4 .- L 'impératif

L’
impératif exprime^ un ordre adressé a un interlocuteur. Le Xexème
verbal dans ce cas n ’
est pas précédé de sujet.

ve yoso ijkpô

acheter / poulet / u n

Achète un poulet

3.5.5c- L ’
injonctif

En abbey, 1'injonctif exprime souhaits, désirs» Il apparaît souvent


à la suite de verbes signifiant "vouloir” "aimer que", etc. L ’
injonctif en
abbey tiofo, n ’
est pas marque morphologiquement ; la série des pronoms est
- 36 -

pratiquement la même q u ’
à l'accompli, à l ’
exception de la 3è personne du sin­
gulier qui est be.

b! wa. q u H l 'vïenne

ma vfvï je be vl yoso

je / veux / que / il + inj»/ acheter / poulet

Je veux qu'il achète des poulets

be ve yoso rjkpo

qu'il / acheter/ poulet / un /

Qu*il achète un poulet

3.5.6.- Le futur

Le futur en abbey,. semble-t-il, est. marqué par un morphème ê qui


le plus souvent s'amalgame à la voyelle du pronom personnel enfonction de sujet

ma ve yoso

je + f u t ./acheter/ poulet

j 1achèterai (un) des poulets

na vé yoso Qkpo

il + fut../ acheter/ poulet/ un

Il achètera un poulet

Lorsque le sujet du verbe est autre q u ’


un pronom, le futur est indiqué
par le morphème b!c) 'v. bja 'v ba qui est vraisemblablement composé de be
pronom de 3è personne (cf. 3.5,4,) et du suffixe.a du futur.

jàpf bj^ ve yoso

Yapi / il + fut./ acheter / poulet

Yapi achètera des poulets


- 39 -

IV. - BIBLIOGRAPHIE

DUMRESTRE G., DUPONCHEL L..- Proverbes de Côte d'ivoire fascicule I : Prover­


bes abe et avikarnc .Abidjan I.L.A. 1972, 29 cm, 122 p. ronéo.

DUMESTRE G.- Atlas Linguistique de Côte d'ivoire -• Les langues de la région


lagunairûc Université d'Abidjan - I.L.A. b-XI 1970.

Les Sociétés Bibliques en Afrique Occidentale.- rçbe seyeye^ Evangile selon Marc.
Abidjan - 18 cm, 106 p.
L'A B-I D J I

C. TRESBARATS

Le pays abidji se trouve entièrement compris entre les fleuves Ban­


dama à l'Ouest et Agnéby à l'Est, tous les villages dépendent de la sous-pré-
fecture de Sikensi à l ’
exception dé Ndoumikro, Agnimangbo et Kodogodji qui
relèvent de celle de Oabou. Les voisins immédiats sont', au Sud, les Adiou-
krou, au Nord, les Agni, à l ’
Est, les Krobou et les Abbey,.. au Sud-Est, les
Attié.

Le mot Abidji est l'appellation baoulé de ce peuple. Les, Abidji eux-


/
mêmes se désignent soit par le nom de Enyembe [£p.ër bê] soit par celui de
Ogbru [ogbru] qui sont les noms des deux dialectes. Il n ’
y a pas, dans la
langue, de dénomination pour 1 ’
ensemble des deux groupés ; 1'intercompréhen-
siôn entre lès deux-dialectes est presque totale.

Sont enyembe les villages de Bakanou A, Bakanou B, Bécédi, Brafouébi,


Agnimangbo, Katadji, Sikensi, Ab'iéhou (campement de Katadji) et Kodogodji.

Sont ogbru ceux d'Akakro, Badasso, Elibou, Gomon, Sawié et Yaobou.

A Akpoumbou, Ndoumikro et Soukoukro, les deux dialectes sont utili­


sés.
Il y a donc 18 villages regroupant environ 22.000 habitants :

v
- 42 »

Bécédi /bïsédi/, de /blsi/ , nom de personne et / d ' / , rivière (plus de


2.000 habitants).

Brafouébi /brafoébf/,:de /bràfo/j nom de personne, et /ébf/., village.

Bakanou A et B.

Agnimangbo, de /apîmâ/, nom de personne, et /gbo/j campement de chasse.

Sikensi, de /sfkà/, argent et /sfè/., garder ? Ce nom proviendrait d'une


phrase baoulé : venant du Ghana, les Abidji se seraient regroupés
en un seul village s à la suite d'une dispute une partie de la po­
pulation serait partis en disant /sfkà sfè/j Gardez votre argent !
(Plus de 2.000 habitants).

Katadji / k à l a ^ V , déformation de /ngàtadl/., rivière de Ngata (Nom de personne)


(Plus de 2.000 habitants).

Abiehou /àbuou/, nom du marigot.

Akakro /êkéêbf/^ village d'Aka (patronyme).

Soukoukro /sukuébf/.

Akpoumbou, dont les habitants sont issus de Soukoukro.

Badasso /gbêâh-étè/ ou /agoal/

Elibou /èlfbù/, /obu/ signifie village en ogbru

Sawié, /wïè/ signifiant il ne reste q u e ... (environ 2.000 habitants).


\

Gomon /goma/ (plus de 3.000 habitants)

Kodogodji, de /kodogo/> boue3 et /à)/j ri v ière .

Yaobou, /jao-<£bf/.

I.- PHONOLOGIE

CORPUS DE REFERENCE

1 - s
po visiter les pièges 6 - kpo prvvoir
\
2 - bo crier 7 - mo avaler

3 - to donner 8 - b) salir

4 - ix
1apo' se coucher 9 - dï faire

5 - 11af
' _£o' éclater 10 - gbi se lùvzr
ABIDJI
__ 45 -

11 - bù casser 36 - kà rassembler

12 - wu bondir 37 - ?a aller

13 - fè huîr 38 - éjf femmes


V 39 - jrà piment
14 - se retourner en arrière
s
15 - no piler 40 - grè regarder méchamment
\
16 - me attacher 41 - pa paraître

17 - wè payer 42 - èjt chant

18 - t) entendre 43 - rjkoa vie

19 - cb prendre 44 - QgoS beaucoup


f
20 - sï apporter 45 - ka maison
P

21 - do boucher 46 - kpâ tout


\
22 - no boire 47 - kp] se réjouir

23 - 11 enterrer . 48 - go faire du bruit

24 - dà porter sur 1 fépaule 49 - gbo pêcher


\ faire un noeud
25 - ra appeler 50 - hà

26 - hè trouver 51 - hè citant
\
27 - ro attraper 52 ~ sè passer
\ crier
25 - ro être grand 53 - gbè

29 - lo être paresseux 5^ - wo jeter

30 - le répondre 55 - j) plaire

31 - jè montrer 56 ~ bo annoncer

32 - p ë se- tendre 57 - II faire

33 - rè descendre 58 - le faire palabre

34 - cà brûler 59 - bo nager

35 _ .-ta tirer
- 46 -

OPPOSITIONS DE PHONEMES

CONSONNES

p~b: 1-2, p~t: 1-3, p-kp: 1-6, p-f : 4-5,

b-p: 2-1, b-d: 8-9, b-gb: 8-10, b-w: 11-12,b-m: 2-7

5-4, f-s : 13-14,


^4-
CL
»

m-b: 7-2, m-n: 7-15, m-w: 16-17,

t-p: 3-1. t-d: 18-9, t-c: 3-19, t-s: 18-,20,

d-t: 9-18, d-j: 24-35, d-n: 21-22, d-! : 9-23,d-r:2425, d

s-f : 14-13, S-t-; 20-18, s-h: 14-26,

n-d: 22-21, n-m : 15-7, n~p: 15-27, n-l : 15-29,n-r:15-28

l-d: 23-9, I-n : 29-15, I-r: 28-29, t-J* 30-31

r~d: 25-24, r-nr*. 28-15, r-l ; 29-28, r-j: 33-31

c-»t : 19-3, c-ks 34-36, c-is 34-35

35-24, 35-34, 39-40, 42-38,j - p : 35-41


1
CL

i-g*- j:

P-j: 41-35, p-n: 27-15, P-j: 32-31,

j-w : 54-55, j~ct: 38-42, j-Pï 31-32, J-»: 31-30,j-r: 31-33,

k-C: 36-34, k-g: 43-44, k-kp: 45-46, k-?: 36-37,

g-j; 40-39, g-k: 44-43, g-gb: 48-49,

kp-k; 46-45, kp-p: 6-1, kp-gb:47-10,

gb-g: 49-48, gb-b: 10-8, gb-kp:10-47, gb-w: 53-17,

w-b; 12-11, w-J: 55-54, w-gb: 17-53, w-m: 17-16,

?-k: 37-36, ?-h: 37-50,

h-? : 50-37, h-S: 26-14

VOYELLES

i-e : 23-30 u—
o 11-56
i-t : 23-57 u-o 11-2
i-e : 57-58 o-o 15-22
t-e : 57-30 o~o 2-56
e-e : 14-52 0-0 56-59
e-a : 50-51 o-a 21-24
- 47

PHONEMES CONSONANTIQUES

1 labiales ■ alvéo- j palatales labio-vé- ; vélaires , glottales


I 1 laires j laires i j
I i
j sourdes p i t i c ' I kP j .: k J : ?
j OCCLUSIVES i i . ' __ i.. ,________ ,
i b j d ''
i sonores i 1 9b
1
i 9 '
| FRICATIVES f » s i ; h
!
If . i ...
nasales j m . ! n j p !.. ' !-......
i : i i
! RESONANTES i n ■ i i
i liquid. j | 1 j j j w ■1 ■
f Jj. ...... ij
j .... ? ... r...r ■ .. !..... i
V

vibr. ;1 , r !t îj •i. ,,

PHONEMES VOCALIQUES

.. ] ANTERIEURES : j PO S T E RIEURES;
1
! Avancées . j 'Non-avancées f Avancées Non-avancées
! i

i , ________. I L. ..
j HAUT . ’ • .
i
i

! i ■
î l “ -- -- o
ti ■ —v ■
! ■

i
j i i «!
■ 1 ! O
1 ;
j Non-bas j
j

î ' 1- ....
i
! - i .
NON-HAUT i.....
! >
! Bas ! a

NASALISATION

La nasalisation est phcnémique. N !importe laquelle des 9 voyelles


peut être nasalisée. Nous n ’
avons remarqué aucune limitation de distribu­
tion entre voyelles nasalisées et consonnes : toute voyelle nasalisée peut
apparaître précédée de n ’
importe quelle consonne.
- 46 -

Oppositions :
?\ * x *
1 venir bu casser gbè nier suo observer
.pV.... <> ' .. A .......... \
T voler bu ouvrir gbë soleil süô détacher

/ 9^ *
la p eu r kl tousser o singe lé feu po écorcher
„ / ...................V ...... ...... A ...... \
la lézard kT toucher o combattre le gazelle po être propre

L’
opposition V/V est neutralisée après consonne nasale car toute voyelle
précédée d ’
une consonne nasale est légèrement nasalisée (voir corpus n° 15,
16/ 22, e t c . .).
Une consonne nasale de transition apparaît lorsque une occlusive est précé­
dée d ’
une voyelle nasalisée. Cette nasale est homorganique à la consonne
qui la suit.

ex. : b7ëntà vieille ferme

Si lavoyelle est nasalisée parce que précédée d ’


une consonne nasale, la
nasale de transition nese maintient que devant une occlusive sonore

ex. : m î n df eau mftédî souci


t * \.......
pâ^gbrae foudre màkpt frère

Il n'y a pas de nasale de transition si la syllabe nasalisée est un préfixe


A* A

ex. : dï joma travaille de boeuf


A A

mld f jcma je travaille mfdë boeufs

HARMONIE VOCALIQUE

L’
abidji est une langue à harmonie vocalique : toutes les voyelles
d’
un même mot doivent appartenir è la même série (voyelles avancées ou non
avancées). ...... -......................................-....

ex. : pïfù faire asseoir dopo se cogner

pèpù guider mèfo entourer

lukpomù cours concession lobomo plaie

Dans les substantifs, /a/ peut paraître avec des voyelles de l ’


une ou l ’
autre
série,
- 49 -

ex* : bfà Merci f àduà chien

bla herbe. adoâ biche,

mais dans les racines verbales et les mots grammaticaux, on ne le trouve


qu'avec des voyelles de la série non-avancée.

Exceptions à la règle de. 1 ’


harmonie vocalique ;

On trouve assez souvent dans le même mot /i/ et /o/

ex . ; nd fo dix

mgb fjo canne à sucre

lot) palmier

LA SYLLABE

Nous distinguons entre syllabe majeure et syllabe mineure :

La syllabe majeure peut apparaître à 1.'initiale, en médiane ou en finale du


motphonologique. Elle comporte un sommet composé d'une ou deux voyelles et
obligatoirement précédé d ’
un support consistant en une.ou deux consonnes,
la seconde ne pouvant être que /I/ ou /r/.

Le sompiet :pe.ut être soit oral, soit nasal.

Il y a trois types de syllabe majeure :


t

1) CV ba corde fu ... mensonge


f
gbrogo porc Iobo vipère :
i
Iokoko pipe sangoto noeud

2) CCV plè êcureui% ,

t rà Ié vêtement

akrabo machette

àtt^gbrë piste

3) CVV foè rire

lofoo biche 'rouge'


- 50 -

La Syllabe mineure n'apparaît q u ’


à l'initiale du mat phonologique, et ne
peut constituer un mot à elle seule. Elle correspond la plupart du temps
aux préfixes grammaticaux.
Elle est constituée - soit d'une voyelle (orale ou nasalisée)
- soit d'une nasale syllabique homorganique à la con­
sonne qui suit.

Elle ne peut porter qu'un ton ponctuel, haut ou bas.

ex obo cltose àduà chien


' A

ofo insecte

mbo nourriture mboba noix de coco

nkoa ongles nkoa vie


\

nnTê animal nruf u foufou

LE TON

Il y a quatre tonèmes : - deux tons ponctuels : haut et bas


- deux tons modulés : montant et descendant

Ils apparaisséntt très clairement sur les monosyllabes

bo bras bo père

bo nager bomarqua du futur négatif


(particule)

Sur les disyllabes, les combinaisons suivantes sont attestées : (H = haut,


B = bas, M = montant, D ** descendant)

HH kr^n^I grillon BH makpi frère

HB kptsl homme BB gàbo margouil-


lat
\ A
HD ndt oeuf BD ogo natte

BM àkÔ perroquet

D8 nênè eux MH bëbru pièce de 5


•A L ^
DB jegbe grande MB frît l antilope
saison
sèche
- 51 -

Dans les trisyllabes, il est à remarquer q u ’


on ne trouve jamais de ton mo­
dulé sur la première syllabe.
Le ton descendant n'apparaît jamais en deuxième syllabe».
Un ton montant en deuxième syllabe ne peut se maintenir que si la première
ports un ton bas.

PERTURBATIONS DU TON

Un ton moyen apparaît dans certains polysyllabes ou au cours de l ’


é­
noncé, Ce n'est pas un tonème, mais seulement la réalisation phonétique soit
du tonème H soit du ton.'me M»

C’
est le résultat de l ’
application des règles suivantes :

1 ) "Downstep" phonétique

Le premier ton haut d ’


un énoncé peut être appelé ton haut "de réfé­
rence”. Il peut s ’
agir-soit du tonème H
-soit de la composante haute du tonème 0 CD 3 hb)
- soit ’
’ " ” " " " H CM * bh)

Tous les tons hauts qui suivent ce ton de référence sont au même niveau
que celui-ci jusqu’à ce q u ’
intervienne un ton bas (tonème ou composante
d'un ton modulé}„ Le ton haut suivant est alors abaissé par rapport au ton
de référence. Ce ton haut abaissé sert à son tour de ton de référence aux
tons hauts suivants, et le phénomène se reproduit tout au long de l'énoncé.
Le résultat en est une descente régulière de l ’
intonation.
Le retour à un ton haut plus haut que les précédente marque la limite de la
phrase phonologique,

ex. ; akràbo vachette


f
moco orrio traie bë màpâ gbêff Je mets mon vêtement et je
802*8.

23 Réalisation phonétique de /M/ après /H/

Le ton moyen est aussi la réalisation de /M/ après /H/, commG le


prouve l'exemple suivant ;

ko un(e) certaîn(e) du ko une foret


A
kpa ko une certaine personne
- 52 -

j f ko une certaine femme

Il en est de même lorsque /M/ est précédé de /M/ :

koko aucun(e) . obo koko aucune chose j rien

Plusieurs nominaux portent un ton (moyen :


f
Iê 1o bois de chauffage a Ia j'â mie 1

tatV sorte d'arbuste lukpômu cour, concession

onobô lui-même mfnêgbe fumée

La même règle s'applique à la séquence HBH lorsque la syllabe qui


porte le second ton haut est, grammaticalement, un suffixe. La séquence HBH
devient alors [H-moy,-moy.] :

fapà tu as acheté -ni marque du pluriel

fapanT vous avez acheté

nomo trou -mo dans

nomômô dans le trou

De même dans les noms composés de structure HB-H :


/ *
' '
aro ? ba corde aroba liane

iubo bloc ko dérivé de luboko baluchon


bagage
oko ?

IX.- .GRAMMAIRE

LES PRONOMS

A.- Pronoms sujet

1°) Lorsque le sujet n'est pas un groupe nominal, il est exprimé par
une consonne préfixée à la ou les voyelles d ’
aspect du verbe ;

m- "1® personne du singulier''........


f- "2° personne;" >
n- "3°personne"
r- "1° personne du pluriel"
53 -

Pour les 2° et 3° personnes du pluriel, les préfixés f" et n- sont


complétés par le suffixe ~ns lorsque la voyelle)1radical est avancée (i,e,u,o)
-ni lorsque la voyelle du 'radical est non-avancée
(ii 0, Û p D t q )

ex
' . f je suis en train de pousser
meti
j
moco je suis en train de prendre

net f il (elle) est —— —.

rèt f nous sommes ~— rbco nous sommes

fètfnf vous êtes — —— .—— foconi vous êtes

nètfnf ils (elles) sont -— -—— noccn t ils sont

2°) Absence de pronom sujet, lorsque le sujet est un groupe nominal

A la 3° personne du singulier --'et du pluriel s'il a un sens de


collectif - le préfixe n- disparaît (sauf à 1*inaccompli), et le ton du
verbe est modifié.

ex ;

màpa okoko je suis en train kof f nëpa ok<5ko Kofi est en


\ d !acheter des bananes train d'acheter
des bananes
A
akpâ nâpa okoko les gens sont
en train d'ac he ­
ter des bananes

mapà okoko j'ai kzcheté des bana­ koff à pa okoko : Kofi a acheté
nes bananes
A

akpâ àpa okoko les gens ont


acheté des bana­
nes

nupa okoko j*achèterai des bana­ kof f tpa okoko Kofi achètera
nes des bananes
A
akpâ ïpa ok6ko Les gens achè­
teront des ba­
nanes
- 54 -

3°) Forme intensive

èmè roàka moi, je parle


p
èfè fàka toi, tu parles
r
ènè nàka luis il parleou elle, elle parle
0

èrè ràka nouSj np.us parlons


P
nêfè fàka ni . vous, vous parlez
f
nênè nàkâni . eux, ils parlent, elles3 elles parlent

B ” Les pronoms objet.

J Singulier Ils sont suffixés à la base verbale


v * *,

1°) personne : -mu, si la voyelle précédant le suffixe ,est avancéer-ma si elle


est non avancée

2°) personne :~ f u --------- ----- ------- ■


— —— — — ------- ,-f © ---------

3°) personne :-;n) ------------------- ------- -------- -— —-------- , -ni--------

ex. :motofo je te donne mèsffu je t'apporte

fotomo tu me donnes fèsfmu tu m'apportes

fotonl tu lui donnes fesTnl tu lui apportes

La combinaison de ces pronoms avec lesuffixe -nf ^ -ni"marque du pluriel*'


se réalise sous forme de monèmes "porte-manteaux"

a) -ni* 'v -ni "marque du pluriel+ -nf 'v -ni ,!prn. obj. 3° sg." * -nf ^ **nt

ex. :nàr'^konT ils saluent nàrakonl il le salué

nàrakonî ils le saluent

b) -mo 'x- -mo "1° sg obj." + -ni' ^ ni "pluriel" = -mfn) ^ -nuni

ex. :nanakon” ils saluent nàrakcnp il me salue

nàrakomTnt ils me saluent

c^ -nf 'v -ni "pluriel” + -fu 'v -fo "2° sg. obj." = -f fnî 'v fini

nàrakonT ils saluent nàrakofô il te salue

nàrakofTni ils te saluent


~ 55 -

2°) Pluriel : ils sont identiques à la forme intensive des pronoms


sujet pluriel et se placent après le verbe, mais n'y sont pas suffixes :
A A

to ère kpëkpè donne-nous le livre to nênè kpekpè donne-leur le livre


A
'• .V V. > ;
Ils ne se combinent pas avec les suffixes verbaux :
• A A

font nênè kpëkpè d o n n e z -leur le livren o t o n C nêfè kpekpè ils 'vous donnent
le livre

CONJUGAISON

Structure du verbe : prn, objet


et/ou
+ prn, sujet * voyelle d'aspect + base v e r b a l e + ^marque du pluriel

Les verbes abidji se divisent en quatre séries* qui se distl nguent


par le nombre de syllabes de leurs bases et leurs schémas tonàls.
S
1° série : Base = radical monosyllabique CV

sx ; kâ parler

Inaccompli Accompli Impératif

S
\ z
naka il est entrain de nakâ fl a parlé kâ parle
parler
s
kof f nakâ Kofi t{ rt koff àkâ Kofi ” t! kani parler
f
nakâ ni ils sont “ >! nakanT ils ont fi

Futur Injonctif

nî ka il parlera mlka que je parle rfkanf parlons


\ \ *
koff ikâ Kofi r! nika q u (il parle ntkani qu'ils parlent
\
ntkanT ils parleront koff nlkâ que Kofi parle
... ............................. ‘ ......................... . I
2° série ; Base = radical monosyllabique CV - Série caractérisée
par la présence d'un ton modulé sur le radical (contraste neutralisé à l'im­
pératif)

ex : ka avoir
- 56 -

! Inaccompli Accompli Futur


! ■

—1
\
H
il a ncïkâ il a eu ntka il aura
nàk?
A V

koff naka Kofi a koff àkâ Kofi a r•• kof f • ï ka Kofi aura
A V A

nàkanT ilé ont né ka nT iIs ont’eu nîkânT ils auront

Impératif Injonctif

j ka aie nu ka que j 'aie rtkani ayons


\

kani ayez nlkâ qu’


il ait nikani qu'ils aient
A

koff nlka que Kofi ait

3° Série : Base disyllabique constituée soit d ’


un radical di&yllabique, soit
d'un radical monosyllabique redoublé :
(sans redoublement) bùtù demander
(avec redoublement) dlde trier

j Ir.sccGrrpli | Accompli Impératif

nèdfdè il est en train de riedldl il a trié dldè trie


koff nid'de " " ” tneri koff èdldl Kofi”" dldènT triez
1 nèdfdènT ils sont en train '•*' hddldënT ils ont"

Injonctif j Futur
................... ...................i
midi de que je trie rfdfdèhT trions nîdTdè il triera
nldldè qu'il l/ nldldèpT qu'ilè trient Tdfdè Kofi triera :
koff nïdldè que,Kofi trie ■ n tdTdènT ils trieront
i ;

4° Série : Base. t.risyllabique constituée d ’


un radical disyllabique partielle­
ment redoublé.

ex : kukotù louer
- 57 -

: Inaccompli Accompli |

I---- .;................ ..... ........ .............. .


■ nokukotù il est en train de louer nokùkotïï il a loué

■koff nôkukotu Kofi n ” . ,! ,f koff ôkùkotïï K o f fi " ”

nokukàtùnT Ils sont n ” n n ft . nÆkùkotïïnT ils ont loué

Futur Impératif | Injonctif

f
nûkïïkotù il louera kùkbtù loue mùkùkètù que je loue

koff ùkukotù Kofi n , kùkotùnT louez nùkùkotù q u H l loue

nukïïkMùnT ils loueront koff nùkùkotù que Kofi loue

rukùkotùnT louons

nùkùkotùnT q u H l s louent
'

PREFIXES NOMINAUX

Il y a en Abidji des v e s t i g e s .de. classes nominales, qui se distinguent


par la forme du pluriel.

Quand le pluriel est marqué par un préfixe, ce préfixe est de type s o ü


V- soit CV-, la valeur de la voyelle étant déterminée selon l'harmonie voceli-
que comme suit :

Voyelle radi­ Préfixe V- Préfixe. ÇV-


cale

' i e i
e e I
u o u
o o u
i e i
'é,; e i
o ,p o
o, 0 o
a a l
- 5b -

CLASSE A : Marque du pluriel : V- portant toujours un ton haut

Sous-classe 1 : singulier sans préfixe ex :

ex. ; vu enfant éwi enfants •

jf femme éj f femmes
A A

wd mois owo mois


A A

kpa etr# humain akpa êtres humains

Sous-classe 2 : singulier avec préfixe IV- portant toujours un top haut

ex. : I l ka jambe :lka jambes

CLASSE B r Marque du pluriel : mV- portant toujours un ton haut

Sous-classe. 1 ; singulier avec préfixe N- (nasale syllabique homorga-


nique à la consonne qui suit),. Un seul exemple attesté jusqu'à présent

nkoa ongle . mokoâ ongles

Sous-classe 2 ; singulier.sans préfixe.

?y \ *? * \
ex, : ubù espèce le si*ge mu 'ubù

jerë jeune fille ' mfjlrë

CLASSE C : Marque du pluriel : m - . Ces noms ont au singulier Te préfixe V- et


celui-ci se maintient au pluriel

ex. • opo pou mopo - poux

CLASSE D : Marque du pluriel : N - * Ce préfixe ne peut apparaître q u ’


avec des
noms commençant par une occlusive bilabiale, vélaire ou labio-vélaire,

ex. : kr£tf êcuelle en bois okratf •

babù poterie mbabù

gb£ri mangouste rjgbérl ou mgbëri


- 59 -

CLASSE E : Deux noms ont un pluriel marqué par le préfixe rV- portant toujours
un ton haut :

bo bras robo
?» >? /
6 espèce de singe ro o

CLASSE F: Elle comprend tousles autres substantifs» c'est-à-dire ceux dont


le singulier et le pluriel sont identiques.

Sous-classe 1 : noms ayant le.préfixe V- porteur d'un ton haut,

ex. ; Igbé graine de, palme ékrabô machette(s) orno bouche(s)

Sous-classe 2 : noms ayant le.préfixe a- porteur d'un ton bas. La qua­


lité ds la voyelle suivante n'.influence pas celle du préfixe.

ex. ; àtî^gbré piste àkp'o grand-route àkùmâ hache

Sous-classe 3 : noms avec préfixe IV- porteur d'un ton haut,


\

ex, : I îjf pagne (s) lobomo plaie (s) lufu mortier(s)

Sous-classe 4 ; noms avec préfixe nV- porteur d ’


un ton haut. Ce préfixe
disparaît en composition»
* p P \

ex. : n6ho: faim (mT^df "eau}’ ::mî df ho soif


•r '■ ••
nomo trou mT d f mo puits

Sous-classe 5 : noms avec préfixe. N-, (nasale syllabique homorganique)


pouvant porter soit un ton haut, soit un ton bas (jamais un ton modulé)

ex. ■ &eiî oeuf (s) 'mpa foutou nfofoo fleur(s) nntè animal

Sous-classe 6 : sans préfixe. C ’


est let groupe le
-----------------------------------------------------------------— ^
plus nombreux, compre-
nant surtout des monosyllabes.(ex: la lézard)mais aussi des disyllabes
ex. : tôfo balai wolà conte frïtl antilope
' . -"r : y. V..
et même des trisyllabes, ex : faille grand pangolin kodogo boue.
60 -

REMARQUE : Quelle que soit la morphologie du nom au pluriel, le pluriel e£t;


marqué par la présence du clitique -énè qui est un trait de syntagme
nominal et est suffixe au. dernier élément de ce syntagme.
f 9
ex : kaénè les nuisons ka obu cette maison
A f -

tT obu cet arbre kâ obïïenè aes maisons


A A

mftïënè lee arbres m'ftï obïïenè ces arbres

LA PROPOSITION

PROPOSITIONS VERBALES

1) Le noyau du GV est un verbe transitif d'action ou de mouvement

+ Gpe Temporel +_G Nominal Sujet + G Verbal + G N Objet +_ G Locatif

Le GV peut être deux types :


A

- non-disjoint ex : koff nedT j-omâ Kofi .travaille


fait travail

koff nâhâ ëbT Kofi va au village


va village

- disjoint .: une particule, élément du groupe verbal, est déplacée


séparéedu GV par le GNO
A
e x - : kpa èbu Tt e ebT eT Cet h om m e •dirige le village
i__ _____i
homme ce gouverne village (te éi = gouverner)

kofi èdT klri no Kofi a vu Kere


j
Kofi 3 VU Kere ( di no = voir)

. \ A
kofi tdi kiri a Kofi connaît Kere
» ... . _ __ i f1 ah't ?~3 = connaître)
Kofi connaît Kere

Le noyau du GV est un verbe intransitif


+ GT +' GNS ; + GV
ex : sf gTe~ omo rnëjT lo Autrefois3 rna soeur était pares-
autrefois de moi soeur était sèuse
paresseuse
wi nëje l’
enfant vor,rit
l’
enfant vomit
- 61 -
’) Le noyau du GV est un verbe d ;état,
GT GNS +GV + G Post (ex 1) / + Ad j (ex 2) / + GN (ex 3)
ex ; 1 ) mono koff ënl të J'étais chez Kofi
j'étais Kofi de endroit

2) ko obu ro loko Cette maison est grande


maison cette ■ grande (adj.)
est grande
A »

2) tT obïï fÔ lëfn Ce bâton est long


bois celong (adj.)
est long

3) klrt IT omô mokpT Kere est mon frère


Kere fait de moi frère

PROPOSITIONS NON-VERBALES (présentatives)

Elles sont composées de deux éléments : -

- le premier est soit un pronom démonstratif, soit un GN comprenant obliga­


toirement un démonstratif
- le second est soit un GN, soit un pronom possessif

ex :obïïe gbopo C'est un mouton


Ceci mouton
t \
kâ obuë ènunT Cette maison est à n&i-
maison cette la mienne

obuë omo kâ C'est ma maison


ceci de moi maison

MODIFICATIONS

1 ) Interrogation

- polaire : on ajoute simplement la particule interrogative 0 à le fin de


la proposition

ex : fàh^ ebf e iéo màhâ ébfTu vas au


tu vas village ques- oui je vais village Ouij je vais au village,
tion
62 -

f f r f
6 o mâno ébf Non, je ne vais pas au village
non je ne vais village
pas

- non polaire : on ajoute à 1 ‘


initiale un mot interrogatif
e

ènu quoi ? èbt qui ? ofo où ? ofonl quel3 lequel ?


La particule ô est facultative.
P
ex : èmi fâpa Qu'est-ce-que tu achètes ?
quoi tu achètes
\ A ?——
èbt a ebT Qui est allé au village ?
qui est village
allé

2) Mise en relief : Elle est marquée par le transfert à l ’


initiale du grou­
pe sur lequel on veut mettre 1'a c c e n t 0 Le déictique -e suffixé au dernier
élément du groupe est obligatoire, ainsi que la particule-ènë entre le groupe
accentué et le reste de la proposition.

ex. ; càsèè ènë ma kalâj-l C'est hier que je suis allé à


Katadji .
(GT) hier je suis Katadji
allé

(GNS) jTë ènë ne le m T ndT La fenme, elle puise de l'eau


La femme elle puisse eau

3} Négation : Elle est marquée uniquement sur le GV, par le ton et/ou les suf-
fixes-mo 'vmu au sg. et -nuni ^ -mfnf'aù pl., suivant la base verbale et
1 ’
aspec t .

LE SYNTAGME NOMINAL

1) Le syntagme nominal comprend un substantif qui en est le centre

A celui-ci peuvent s'ajouter les éléments suivants :

- un possessif

et/ou un adjectif
et/ou un numéral
et/ou un démonstratif
et/ou un déictique ou la marque du pluriel
- 53 -

4 Géict.
♦ Poss. + Nom + Adj . + Num. + Démons. +_
lPlur.
ex. : I fjf pagne

i fjTë no kofa ftl le pagne est sur le lit

I fjf obu ce pagne -------------------------

I fjf obüe ce pagne (dont on a déjà parlé)


v

omo I fi f mon p a g n e -----------------------

I f$f Iébè le pagne rouge ------------------

ifjfénè no kofa ‘
et t les p a g n e s ------- ------------ --

I fjf obuenè ces pagnes ----------------------

omo ! fjf obiïënè mes pagnes là ------------------

Il y a accord en nombre entre le nom et l'adjectif :

omo I fjf élébèë’


nè' mes deux pagnes r o u g e s ---------

S'il y a un numéral, on supprime la marque du pluriel, mais on peut


conserver ls déictique ;

omoi fjf êl ébè anoe mes deux pagnes r o u g e s ----- (Plus grande
expansion possible)

2) Le complétant est un autre SN

ex : koff ono wTë nëha ëbT L*enfant de Kofi va au village


de lui enfant va village

Cette structure s'emploie surtout quand il s'agit de liens de parenté.


Le possessif entre les deux noms est obligatoire.

3) Le complétant est un verbe

ex : et è fpo obïïef ënt et è fjë n'ô


gouverner-agent ce de gouverner est bon
Ce chef gouverne bien

La présence de £ni entre le complété et le complétant.est obligatoire.


Le verbe est toujours à la forme impersonnelle.
64 -

4) Le complétant est une proposition relative

a) l'antécédent est sujet de la relative :

Le pronom relatif est é. Le verbe porte toujours un ton bas. La pré­


sence du déictique à la fin de la relative est obligatoire.
^ f 2r %_ t _ _ __

11(0
ex : midi wi é T ono makpi Iupuç
je connais enfant qui a volé son frère igname
Je connais l ienfant qui a volé l'igname de son frère

f -p' * _ _ „ __ / _ A
wi ê T ono makpi lïïpue nojunt
enfant qui a volé son frère igname :.ils l'ont battu
L'enfant qui a volé l'igname de son frère a été battu,

b) L'antécédent n ’
est pas sujet de la relative.
Le pronom relatif est èbTÊf. Le verbe porte toujours un ton bas. La
présence du déictique à la fin de la relative est obligatoire.
A % ^

ex ; kpa èblëT mlka mî jèfïïe )é kpokpo


homme que j’
ai dit j’
ai montré toi est venu hier
L'homme dont je t'ai parlé est venu hier

5) Le SN est un pronom

a) pronom sujet intensif

ex : èmè mamo d^kpè bbi, je ne vais pas à la rivière


moi je ne vais pas rivière

b) démo n s t r a t i f . La forme du pronom démonstratif est la même que celle


du déterminant démonstratif, mais le déictique est obligatoire.

ex : mojofo obiïë
j’
aime ceci

c ) p o ssessif.

ex n^co ono iTjT,noco èfini


il n ’
a pas pris son pagne il a pris le tien
- 65 -

III. BIBLIOGRAPHIE;-

WERLE J.- 1974 - Note sur une alternance de la voyelle pronominale dans
le système verbal abidji 3 Abiijsn, S.I.L.

DUflESTRE G.- 1971 - L'abidji, ..in Atlas linguistique de Côte d'ivoire.,


les langues de la région lagunaire3 I.L.A., Abidjan, pp. 120-134.
L' A B 0 U R E

Jonathan BURHEISTER

I.- PRESENTATION

L'abouré Tabule] est parlé par 30 à 35,000 personnes vivant pour la


plupart dans les sous-préfectures de Bonoua et de Grand-Bassam ; 7000 Abourô
environ vivent à Abidjan. Dans son livre sur l'histoire et les traditions
abouré, Ablé (1978.) distingue trois sous-groupes : les Ehiè (villages de Mo$-
sou et de Yaou), les ûssouon ou Eblapouè (village d'Ebra) et les Ehivè (villa­
ges de Bonoua et d'Adiaho). Il apparaît que les gens de Yaou [ojo] parlent le
\ '
même dialecte [èjfvè] que ceux do Bonoua [abôlo] et d'Adiaho [ojowo] : c'est
ce dialecte majoritaire qui fait l'objet de cette brève description.

Quelques Abouré pratiquent le bilinguisme avec l ’


agni voisin, mais il
ne semble y avoir que peu d'intercompréhension entre les locuteurs de ces deux
langues.

H . - PHONOLOGIE

2.1.- Corpus de référence


1 - si piler 4 - se être bête

2 - si griller 5 - pu cuire à la cendre

3 - se dire B - po être fatigué


- 6 fi

po pourrir 32 - sarcler
7 - bâ

8 - po teter 33 - ma donner

9 - pa prendre 34 - màsuk herbe-

10 - so être beaucoup 35 - waséké peigne

11 - so résister 36 - ta attraper

12 - SD oter 37 - da coller

13 - sa gâter (taro) 36 - di fermer à clef

14 - si connaître '35 - Ia f t dormir

15 - st déchirer 40 - ncicà sueur

16 - Su ' servir (boisson) 41 - te couper (raphia)

17 - SO aébrousser 42 - ce rire

18 - sa essuyer à la main 43 - tracer


\ \ \
19 - tu enlever 44 - DCOVO cuisse
\ .%
20 - tu être capable 45 - o 3? mortier

21 - ba trier 46 - ja montrer

22 - kpo aboyer 47 - ke ié écrire

23 - gba chercher 4S - oko . palissade

24 - wa grandir 49 - ha mordre

25 - fa alléger 50 - he durer

26 - bo racler 51 - ohô crabe de terre

27 - vo laver■ 5:2 •- Il voir

53 - ' u'
obo brousse
28 - fo mélanger (médica­
ment)
29 wo accoucher 54 - obo brouillard /. passage

30 - kpa crier 55 - mmë balai-


31 - gba sécher 56 - . mmè sel

2.2.- Oppositions do phonèmes

2.2.1 Voyelles

i-e : 1-3 i-ï : 2-15 u~o : 5-7 o-ô : 10-17 a-a ! 13—18
ABOURE
- 71 -

i- 1 1 -2 ' e-e : 3-4 u-o : 5-G u-ô 16-17


i-e 2-3 e-a : 3-13 o-o : 6-7 0 -0 1 1 -1 2

i-e 2-4 £-3 : 4-13 o-o : 6 -8 o-a 11-13


i-T 1 -14 T-ï : 14-15 ü-ü : 19-2G o-a 12-13

2.2.2.- Consonnes

p-b 9-21 P“kp : 7-22 p-f ; 9-25 p-t 9-36


b-p ;21- 9 b-gb : 21-23 b-m : 32-33 b-v 26-27
f-p : 25- 9 f~v : 28-27 f-s : 25-13
v—f 27-26 v-b : 27-26
m-b ;33-32 m-w : 34-35 m-n ; 34-40
w-b 24-21 w-gb : 24-23 w-m : 35-34 w-y 26-46
kp-p 22-7 kp-gb: 30-31
gb-b 23-21 gb-kp : 31-30 gb-w : 23-24
t-d 36-37 t~c : 41-42 t~s : 36-13 t-p 36- 9
d-t 37-36 : 37-43 d- 1 : 38-52 d-n 37-40
I-d 52-38 I-n : 39-40 l-j : 39-46
s-f 13-25 s-t 13-36 s-c : 4-42
n-d 40-37 n- 1 : 40-39 n-ro : 40-34
c- 1 42-41 c-k 44-48 c-d : 44-45 c-s 42- 4
i-d 43- 37 j-o' : 45-44 : 43-413
j-w .46-24 j~l : 46^39 j-ü : 46-43
k-c 47-42 k--h : 47-50
h-k 51-48 h-c : 50-42
2.3.- Inventaire des phonèmes

2.3.1.-'Phonèmes vocaliques

Antérieures Non antérieures

Non-postérieures Postérieures

Avancées Non-avan- Avancées Non-avan-


cées cées

haut i T u u:
i t o ô
Non-
e o
bas
e 0

Non-
Haut
bas a â

2. 2.3.2.- Phonèmes consonantiques

Labiales dentales Palatales Vélaires 1 -abio-vélaires

Occlusives
sourdes P t c k kp

sonores b d à 9b

Fricatives
sourdes f s h

sonores V

Résonantes
nasales m n [p] [o]

non-nasales w I j
- 7?

2.4.- Notes sur la phonologie

En dehors de la brève analyse phonologique de l'abouré par Gauthier fi 9/1.'


il n ’
existe pratiquement aucune description de cette langue dont le système phe-
nologique ressemble à c e u x d e l ’
agni et dû nzéma,

2.4,1.“ Voyelles

L’
abouré dispose de 9 voyelles orales et de 5 voyelles nasales. Qu'elles
soient antérieures ou postérieures»■
'les voyelles des monèmes polysyllabiques
tendent à appartenir à l'un des deux groupes distingués par la poBition, avan­
cée ou non-avancée, de la racine de la langue. En plus de cette harmonie vocali­
que qui se manifeste également sur certains p r o n o m s :et sur certains affixes,
on observé une autre harmonisation (ou trait p r o s o d i q u e ) q u i met erï’
jeu l ’
ar­
rondissement ou le non-arrondissement aes voyelles dos- mohèmês fet qüe manifes­
tent des mots tels que [osùkc] argent et [èl'bèj arbre, Les pronoms sujets sont
également influencés par ce type d ’
harmonie ainsi q u ;'on le verra lors de l'étu­
de des formes verbales.

2.4.2.~ Consonnes

L’
abouré se démarque curieusement de l'agni et du nzéma quant à l'alter­
nance consonantique que l ’
on peut observer tvn comparant des racines verbales
apparentées. Celles qui commencent par un /k/ en agni et en nzéma commencent
par un /h/ en abouré ; et à certaines conjugaisons comme colle du passé, la
consonne initiale devient [h] en agni et en nzéma alors qu'elle devient [k]
en abouré :
abouré agni sanvi
ho partir ko partir
oko Io départ è ho Iè départ

j•to
' ' ho
u' il part o ko il part

j to ko il est part', o hoI t il est parti

Les consonnes :na:s;ales‘


, à ■qü;èTq.U.es: except.iQhs près, semblent être en dis­
tribution complémentaire avec les occlusives: sono r e s .• On remarquera l'absence,
dans la série, des occlusives sonores, de /g/. Le phonème /v/ possède une va­
riante [nj] en contexte nasal. A la suite d'un préfixe nasal hemorganique, la
consonne initiale de monème /s/ devient [c] au lieu du [z] qui apparaît dans
ce cas en agni et en nzema.
- 74 -

2.4.3.- Tons

Deux paires minimales 'ne différant que par le ton sont incluses dans ls
corpus de référença : de telles paires sent rares en abouré où le ton assume*
une fonction plus grammaticale que lexicale. Certains aspects verbaux ne sont
distingués que par le ton. Ainsi en est-il du présent habituel et de 1 'injunct.it ■
\•
é sTT tu te couches
r\
e. sTT que tu te couches f

La langue fait usage de deux tons de baso, haut et bas qui s-jnt suscep-
txDles de se combiner sur une seule syllabe pour fermer des tons montants, ou
descendants. Les monômes de plup d ’
une syllabe se caractérisent par des sché­
mas caractéristiques :

1 ) tous les tons- sent bas

osùko argent ojo mortier

2 ) ton montant suivi de ton descendant


V A

ako poulet etet cuvette

3 ) ton haut final, après bas


bote rat à î tb d enfant koiofùé oeuf

4) ton descendant final-'après bas

àkùmâ ïiachè obo brouillard

Comme dans les langues apparentées, on observe des manifestations de downdrift


aussi bien que de ddwnstep.

m ,- GRAMMAIRE

3.1.- Odre des éléments dans la proposition

L ?ordre habituel ..des constituants est le suivant


sujet + verbo + complément.
Exemples :

koff sT kofi est couché

Koffi se coucher,
statif

koff k^ hàlè £>siïfc&


Kof fi pro&. corrlpt^r {ëngQrVt

Koffi ë61 en train de compter de ï 'argent

S'il y 3 un objet indirect, celui-ci'précède l'objet direct. ?'


V \
àfué malt koff o I^ kèi.l è

Afoué ddnnôr Koffi nourriture


acçpmpli
Afoué a donné de la noui'riture à Koffi.

\\
\ *f r 1 i^ \ ^
af ue se le koft dsol

Afoué dire Kofii. - affaire


accompli'

Afoué a dit l'affaire à K o f f i .

Cette construction peut être remplacée par une série verbale ; dans ce cas
l'objet direct suit le premier verbe et 1 'indirect le second :

àf ué ' tîa IT osôT sèlà koff •

Afoué parler affaire dire Koffi


accompli accompli

Afoué a dit l'affaire à K o f f i .

3.2.- Constituants du syntagme nominal

L'ordre des expansions à l ’


intérieur du syntagme nominal est le sui-
vent :
ncm + adjectif + numéral + d é m o n s t r a t i f •/ déterminant.

Les pronoms possessifs précèdent le nom, et dans les-, constructions mettant en


jeu deux noms .le déterminent précède le déterminé.. Exemples :
- 76 -

sa maison
.r \
I l Se sa maison

kof f sa f la maison de Koffi (f - défini)

èsâ bèlè une. ijrande maison

ncâ mbèIè onâ trois grandes maisons

koff ncâ mbèlè ooa f les. trois grandes maisons de Koffi

Au plurielle nom ot l'adjectif sent tous les deux marqués du préfixe nasal
homorganiaue.

La possession "ihal'i 'énable, comme en agnl; et en n:zêma (Burmeister,


1976), se marque de façon particulière : certains noms ont un suffixe qui
i' •
n'apparaît q u ’
en contexte indéterminé, d ’
autres perdent également leur voyelle
préfixée :

è j (ï père b 1TT mère


•' \ ,-M
j't fej'l son père ji ei i sa mère
p
, \ .// \ ,
koff fcjl le père de Koffi k o f i ei i la! mère de Koffi
f \ \ \ .\
èpT 1T frère owol o dessusj sur
/
,\ <,
j t Pt son frère j t wo sur lui
/
kof f p ï le frère de Kçffi ki 'oef f
! wov sur. Koffi

3.3.- Préfixes nominaux et formation du pluriel

Des préfixes vocaliques (a- est le plus fréquent) ainsi que des suf­
fixes sont utilisés dans la forme nomin3lisée de certains verbes :

ho •partir h ko Io départ

hulo aimer o'iulo amour

If manger à ! fe le manger
/
sô dôbrousQer h sot débrous sage
r
Si griller à s tè ac tion a g r i . 11er
77

L'abouré possède un certain nombre de noms commençant par les voyelles


arrondies /o/ ou /.->/" en plus de /a/ /e/ ou /e/ comme en agni et en nzéma :

abouré agni nzéma

osùko èslkë ozùkwa argent

owùè èwùé èwùlè la mort

ovoè ebo(? boiè caillou

Le pluriel se marque par 1g préfixe nasal homorganique accompagné d'al­


ternance consonantique initiale dans la plupart des c a s , et 1 ’
adjectif • comme
le nom est concerné :

Singulier Pluriel

popo mmopo facile

kpokpo fynokpo p i Ion

bote mmoté rat

va Ih mmà Ih femme

tctlII net lit natte

\b\hb no Iùè caméléon


\ A
bsa nca maison

coco noco épervier

a ko OQoko poule (remarquer la rédu-


plication).

3,4.- Les pronoms personnels

Les formes de base des pronoms personnels s'organisent ainsi :

Singulier Pluriel
/
1 ère pers. nu jé

2 ème pers. wo vé
A

3ème pers. jC ami


- 76 -

Ces formes sont colles des pronoms indépendants et objets directs ou indirects.
Dans leurs usages possessifs, la 1ère pers. du pluriel et les 2ème personnes
s’
harmonisent avec la première voyelle du nom suivant» Ainsi avec été tête :
f
•V. _L / • 9 l. '
mi t e • • j e t e / •

w é t û . .. , v é t é .

j t t c - ërru t e •

Cette harmonisation n'a pas lieu, avec un nom tel que maison dont la voyelle
/a/ est apparemment neutre.
/
nu sa jé sa

wd sh vé sà
' ‘ : A
. / \ V — \
jl sa ami sa

En fonction de sujet, le ton du pronom varie en fonction 1 de l ’


aspect grammati­
cal du verbe. La 1ère personne du singulier est le plus’souvent réduite à un
préfixe nasal homorganique. La 2à personne du singulier se réduit à une vo­
yelle dont le timbre est conditionné par les règles d ’
harmonie vocalique. Seules
les formes de 1ère et 3ème personnes du pluriel ne semblent pas concernées par
ces règles. Des exemples seront, donnés ci-dessous à propos des conjugaisons.

3.5.- Quelques conjugaisons

3.5. 1 .- L'accompli

A la différence de l'agni, du baoulê, du nzéma, 1 ’


abouré’
ne semble pas
distinguer entre un passé et un résultatif : il n ’
existe q u ’
une seule forme de
l’
accompli qui véhicule les deux sens. Cependant les formes positives et néga­
tives de cet accompli reflètent ce que la morphologie des deux conjugaisons
des autres langues-a de caractéristique.. .Les formes positives sont marquées
par un ensemble d ’
allomorphes suffixes en -I ou ~k, apparemment non prédictibles,
et d ’
une voyelle conditionnés par harmonie vocalique è partir de la voyelle ra­
dicale. La première consonne du radical verbal est parfois sujette à alternan­
ce, surtout après, la 1 ère personne du singulier qui est un préfixe nasal ho­
morganique = -.
- 73
wu mounr to acheter

m' wu' i1 e' 'n 41 o' IIo' jè t o Io


\ .' I'
o' wu' iIc' vo tolo
:% \ i \
vo wuIÜ o to iO
• / Vt \ y ~ . \ ,\
ami tolo
i
jo wule 3nu wu I è 10 t o 10

pn prendra sa enlever

m pàkè jè pàkà n cà Iè je sàIb

b pèkè vè pèkè- b sa Iè vè sàlè


A

]é pàkè ëmt pi/4;è jé. sàlè ëmï saIè

so détrousser SI L se coucher
\ ^\ s
s ' 1 i.
n corp j o sôrjo n cî 1 !t je sTiU
\\ \
o sôrp vo SÔQO h sTTIT vè sîiIi
V\ \ % \
. / -L V
JO SOQO ëmt s ô q o j fè sîili ami sTT

Les formes. négatives font usage ..,drune voyelle /a/ (qui peut s ’
incor­
porer au pronom) suivie du morphème de le négation qui est un préfixe nasal
homorganique occasionnant l ’
alternance dé la consonne initiale du verbe.
Voici le pa radigmepour sTT, se coucher :

ma ne i i je a nçii
/. /A

à ncît vè h ncît
/
j f à ncïl 3m t a ne i,i

3.5.2.- L ’
inaccompli : progressif, habituel, statif

Le. progressif eçt. marqué par un morphème .qui s'insère entre le pronom
et leverbe ; sa consonne est /k/ et le timbre de sa voyelle est-conditionné
par harmonie vocalique. Cette conjugaison décrit une action ou un processus er
train de s'accomplir. Elle se distingue d'une autre.,, l'habituel, marquée par
le ton haut du pronom sujet et l'harmonisation de aa voyelle. Certains verbes
enfin possèdent une conjugaison du statif, utilisée pour référer à un état
présent plutôt q u ’
à une action ou un processus,. Ces trois conjugaisons sont
illustrées avec le verbe sTT se c ou c he r„ ci-dessous :
- 80 -

Progressif Habituel Statif


\N \ • %\ \\ 7 ./
mè ké sTT je ké sït me sTT jé sïT n cT je sï
\\ \\ /^ /
\ / il \ *
C ké sTT vh ké sTT é sTT VG S 1 l e si vè si
V N A \ \ \\ A '' / A /

j l(6 ko sTT £mî ké sTT j fé sTT cjmï é SÏT jfe sï a nu sT


i '' /
ii / ' '
kofi ’ké sTT kof f C su kof.i sT

Au progressif, le pronom de 1ère personne du singulier est parfois


répété après le morphème du progressif ainsi qu'on le voit par exemple dans
la conjugaison du verbe ho aller, partir :

q ko mo ho jo ko ho

o ko ho vo ko' ho
A

.r . r v ~ ,r ,\
jo ko no ami ko ho

3.5.3.- L *impératif

L'impératif est marqué par l'absence du pronom sujet et s ’


utilise pour
exprimer des ordres directs. Il se caractérise également par un ton haut sur
la première syllabe du verbe. Avec sïT se coucher, on a :

SÏT couche-toi !
/\
koff, S ÏT Koffi, couche-toi / .

3.5.4.- L 'injonctif

Cette conjug-aiso-n exprimé-de-s recommandations, des voeux et des crdres


polis. Sa forme est semblable à celle de l ’
habituel sauf que le ton de la pre­
mière syllabe du verbe est nécessairement haut (alors que c ’
est le pronom qui
à l’
habituel porte un ton haut)- Ainsi, toujours avec se coucher :
/.\ /\
n cïï jo SÏT
/ \ / A

o sTï vg .si T.
m a , n

jfè sTt ëmT'sTT


./\
koff b sït
~ 31

3.5.5,- Le futur

Le futur utilise une-voyelle /a/ se combinant avec le pronom sujet,


suivie d ’
une particule ka puis du radical verbal. Ainsi :
\\ *\ %\
. t
ma sTT / ké ma sîT ja ka sTT
s

a ka sTT va ka s) X
A \\
jia ka sTt âmT ka sTT
\\
kof f ka sT t

IV.- BIBLIOGRAPHIE

ABLE Abbe Jean-Albert.- Histoire et tradition politique du pays abouré, Abidjan,


Imprimerie nationale, 1970,

BAILLEUL P.- Petit Dictionnaire de la langue abouré, Dabou, 1902.

GAUTHIER B.- Analyse phonologique de 1*abouré, Abidjan, I.L.A., 1971 a


L 'A B R 0 N

Judith TIMYAN-RAVENHILL

La langue Abron est parlée, p a r "approximativement 40.000 personnes en

Côte d ' i v o i r e ^ et par approximativement 320.000 personnes au G h a n a ^ , où la


langue comme le peuple qui .la parle, est appelée Brong. En Côte d'ivoire ils
se trouvent dans la préfecture de Bondoukou, principalement dans la sous-préfe-
ture de Tanda, avec quelques villages dans les sous-préfectures de Bondoukou et
K o u n-Fao .

Nous ne comptons pas dans ces.-chiffres le nombre de personnes qui sont


abron d ’
origine et se considèrent toujours comme abron, mais qui parlent plu­
tôt lu koulango. Ces derniers utilisent la langue abron surtout dans des si­
tuations rituelles.

Du point de vue de sa classification, 1*abron est considéré comme un


dialecte de la langue akan parlée surtout•au Ghana. Une étude de F. Dolphyne
examine quelques traits phonologiques-. ejt -morphologiques qui démontrent la

(1) Ministère de l'Economie et des Finances,' Direction de la Statistique, Bu­


reau du Recensement Général de la Population, Répertoire des localités de
Côte d'ivoire et Population 1975. Abidjan 1976
(2) Dolphyne tF.A..) "Thé Brong :(Bono) Dialect of A k a n ” in K. Arhin, ed. Essai
on the. Society.. * o f the Brong People. Institute of African Studies. A c c n
1979 pp. 88-118.
- 54

différence entre le.brong et les autres dialectes principaux de la lan^UL- :


asante, akuapam et fante (1979)\ ’

Selon untj enquête dialectale de l'aire abron (brong) entreprise en 1071/


72 par F. Dolphyne il y a six sous-dialectes :

(1) Japekrom / Adamso


(2) Berekurn / Sunyani / D o rmaa / Wamfie
(3) Wenchi
(4) Nkoranza / Kintampo
(5) Atebubu
(3)
(6 ) Western Brong or Ivory Coast Brong

Les premiers cinq sous-dialectes sont parlés au Ghana et sont identifiés


par les villçs ou villages dans lesquelles il sont parlés. Un dernier sous-
dialecte, "Western Brong", est parlé en Côte d'ivoire et fait le sujet de la
présente étude.

Nous présentons ci -dessous uné liste cfe villages en Cote d ’


ivoire où
1 ’
Abron est parlé comme langue principale dé c o m m u n i c a t i o n ^ .

Village Population^
\ y
Abokouma àbdkuma 715

Abrikokrq- àbrlï ko kù rom Pas de chiffre


\
.o

Adentia àdândla
o
c;

Adoumkroum àdurhkùrpm Pas de chiffre

Ahuitiesso àqitlèso 1 608 .

Akossiam 'àkoosyàm : 535

(3) Dolphyne (F.) : "Delafosse 1 s ;Abron wordlisti in the light.of ; a, Brong Dialect
Survey." in Truteciau (H:;M. , éd.. Languages o f the Akan Area. •B a s e l . 1976,
p. 45.
(4) Je remercie M. Dongo Adjoumani du village de Takrcm, qui m ’ a'fourni la p l u ­
part des informations: s,ur" lesquelles est basée cette •étudfe, :èt également
M. Koffi Hubert, qui a fourni la liste des villages Abron».
(5) Les chiffres de population sont pris du Répertoire des localités de Côte
d'ivoire... cité ci-dessus.
ABRON
07

A m a -K o ua b c n e k ro ufn h mo f.i•.w à bb n é k ù rèn i 617

Amprofikro ànorcSf \kùrom 671


S / Pf 236
Arrossoüci arosya 1
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Associatif i asyat if ! i
Assouako >*/• A A
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AttoKom \ i, r. ■ 721
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Bissasse b iseast
. / f, V /
Boupoko bopokoo 613
Datekroum de te kùrom 351
Diedou dlèdu 52Ü
Dodassue dodosyé 648
Ooméabra ,\ ~tabra
jorn i. ' Pas de chifn
t■
Kassan kâsa 521
Kankassua kàngasya 126
Kinkua (Kuankua) cgltcta 1 112

Koffibadpukro kcobàdüku:rom, 1 150


Koria koria 977
Kouadiodongokro kwa rf-od o n go ku rbrr, 957
Kouadiok.issikro kcokns fkùrom 921
Kouahinikro kwa;h in^kuroni 1 041
Kouakoutanokro kwa ku.t a no kù rèm 305
Kouamé-Dari kwàmdàrl 354
^ f 'f ' ' 1 4S3
Kouassiamaguini kwàslaniajTru
Kouassi Kouamskro kwàsYkomakùrom Pas de chiffre
Kouassranon kwasraèno 375
Kouatüu kwèàtutu 620
Krakourc ikarakurom
f fi ' ' 322
Krebio Akouinkno cecèblàu 256
Krebio Yakasse cèrèbloù jàakàsi
, / f A, % \ 551
Kromokrp.m koromokurom
t e \\ 447
Marassou g marasye
M atumadia mat uma ja 74Ô
Mérékqu ml rc ku 709
Ndetiéssou hdàt)éso 266
l';iarnienbékéré njamtbéetré 377
Séjournas si j ornas s i 369
P aniba s so t pambàaso 44b
Priti 1 p r *i Lt 'i • 712
Priti 2 p r i t i akw rofroo /iJ^
\, f * t
SiKassoua s iKi^sya 211
SoKûura sokura C-S-.
\ ' i 1 ci82
Sourornane soromant
f
VomanKro jomakùrom 1 Ü77
.% r, \ \ 481
TaRrom laaku ron-i
Tonvouokrc ior.voo kùrom Ras de chiffre
•Z -C f r
Transoua la r a sya •• 2 168
f. s t
Yakasss jaakasi 486
Yao-Twimoukro jààcwfm.kùrom Ras de chiffre
Yomian jom i^ 1 596

X
X X

I.- PHONOLOGIE
Cette étude ne prétend être:,qu ’
une description préliminaire de la phono
logie de 1 *abron : une base sur laquelle'’pourra être fondée une analyse plus
profonde et plus complète. Elle a été faite à partir du parler d ’
un seul infor­
mateur M» DONGO Adjoumani Félix/ du village de Takrohv sous-préfecture de Tanda
Elle ne reflète donc ni les variations inter-régionales ni les variations intsr
locuteurs q u ’
il peut y avoir dans la langue,

1,- La structure syllabique

La syllabe peut avoir les structures suivantes s

V, V une voyelle soit orale soit" nasale-* 'Ces syllabes so trouvent aussi bien
en position médiane et finale q u ’
en position initiale :
\ p t

aba ia fi l te jami i Dieu


* \\ X rt /

sasaaqo variole hv/Tao étroit


bal 6 sorcellerie
n . une nasale syllabique homorgâniqüe dé la consonne suivante. Cette syllabe
n’
apparait q u ’
au début des mots •i!
r /
nfut&ro poussière hgono neuf
CV, CV une consonne orale suivie d ’
une voyelle, qui peut être orale ou nasale :
da dormir kâ dire
NV, NV une consonne nasale suivie d ’
une voyelle, qui. peut être orale ou nasale

** A
motofénl conte ma donner

SV, SV une semi-voyelle suivie d'une voyelle, qui peut être orale ou nasale :

warl épouser junü froid

CwV,Cw\J une consonne orale suivie de la semi-voyelle w, suivie d ’


une voyelle
qui peut être orale ou nasale,

kwa ta lèpre pwan être bloqué

C^N, C\^J une consonne [orale ou nasale) suivie d'une voyelle (orale ou nasale)
NVN,NVfSI suivie d ’
une consonne nasale.- Ces syllabes n fapparaissent qu'à la fin
des mots»

Les syllabes pré-nasalisées

L'unité nasale qui apparaît au milieu des mots et qui est toujours .
homorganique de la consonne qui l'a suit est ici considérée Comme une variante
de la nasale syllabique homorganique avec laquelle elle est en distribution
complémentaire.

i
C5g6] Imite [à d a o g o ] liè v re

En ce qui concerne la structure syllabique il y a deux analyses possibles


de la nasale homorganique en position m é d i a n e :

1) elle peut être considérée comme l ’


unité finale de la syllabe
précédente qui aurait donc la structure CVNy et en conséquence nous
dirions que les syllabes de structure CUN apparaissent aussi bien
en position non finale q u ’
en position finale»
90 -

2 ] comme une :prénasalisat ion de la consonne suivante et deP c comme


faisant partie de la syllabe suivante. En conséquence il y aurait
encore une nouvelle structure syllabique possible •: NCV (NCV, NCVN,
NCVN) qui n'apparaît qu'en position non-initiale de mots.

Nous adoptons la deuxième analyse dans cette esquisse.

2" ~ Les consonnes

L'inventaire des consonnes, présenté en forme de tableau, est le


suivant :

bi-la­ labio- -, alvéo- pala­ vêlai- i labio- glotta­


biales d e n t a l . .laires tales laires j vélaires les

sourdes P t c k Ckp) [?]


Occlu­ .
sives
sonores b d à g (gb)

sourdes f s e h
Fri­
ca­
i______ i
i------ ,

tives sonores M
N

Nasales .m . n

Sèmi-voyelles w [w] j [j]


[q][q] r
. (D

Les unités entre parenthèses n ’


apparaissent que rarement et surtout
dans les idéophones et dans les emprunts. Les unités entre, crochets sont des
réalisations phonétiques qui sont en distribution complémentaire avec d'autres
unités.

2.1.- Corpus de référence-

*f
1 àf üu bosse • 4 àtàd \l chemise

2 àgurcS danse 5 bel enfant

3 ànoo bouche 6 bt- proverbe


91

% // 36 feu
7 bowuo ce ja

6 bo jouer 37 ■
jè arracher

9 bu casser 38 refroidir
>>
10 buu non mur 39 jwé pou

11 cê partager 40 ka perdrej dette

12 cl attraper 41 kâ dire

13 cô hernie 42 ki celui
/ 43 kpasf î dur
14 £1 brûler
15 cv/ tê ronier 44 ko aller
p
18 dé dormirjour 45 ma donner
>
17 d lté sucrerie 46 mu d.edans
*>
18 df manger 47 naT quatre
>f
19 do dôbrousser 48 ndTT nom
ft >
20 doc pencher 49 nT mère

21 fè prendre 50 ni déféquer

22 f è honte 51 pé tout droit


a*
23 fTT sale 52 vé chercher

24 ft vomir 53 pf épais
t / frotter
25 fu pousser (herbe) 54 pi sa
/, & trouble(eau)
55 p ita
26 gà i6 gari
> manquer de fruits
56 pi
27 gbèrègà van
57 po tailler (palmier)
2e go vieux (usé) \\

58 pu G soigner (à la vap
29 gu répandre
t
59 sa danser
30 hc> cent
/ 60 sf construire
31 hô corps
. / 61 si père
32 ja insulter
62 sî aiguiser
33 jr enlever
p
63 su moisir
jé être joli à

64 su pleurer
jo faire
- 92 -

65 tcinoo objet de divination 33 £wan être bloqué

66 tète 64 hwan qui

67 tî entendre:, poser 85 h hu rô tortue


p P
68 to acheter 86 hTm se contracter
pt
69 too paille. 87 hL ire* kaolin
»
70 to pondre, lancer 88 ht* regarder
\ \
71 toto brûler .(igname, taro) 8S pi ndà rouler

72 tütll déraciner 90 tytyo poussière


p
73 tu s'envoler 91 bo poitrine

74 w6 accoucher 92 hc$ sécher


p
75 wo piler 93 motof£nï contre ■
p
94 Xtanoo
* x' un' nfêtiche,t
76 koroo dartre

v P
77 kàngàngoro Io ccoriêlêon 95 à mina trou ’
é ¥
78 fc!hT où 96 sèmT na savon
p
79 w’
jrl épouser 97 so donner (d'un arbre)
p
60 péc! bon 98 mt moi "
p
pP
61 baâ paWsédde x 99 hu voir
r\ \ V
82 gbaa grànd 100 hïhîm flotter

^ *2 •~ .Les occlusives

L'identité phonologique de ces consonnes ressort dés oppositions suivan-

P p / b (57/8.1 t t / d (19/68)

P / f (24/55) t /s (63/72)

p / m (46/5$) t /n ( 3/69)

p / t (56/67) t /c (12/67)
93 --

Q c / d (13/36) k k / g (26/400

c / £ (12/14) k / w (44/75)

c / J' (11/34) k / kp (40/4 3)

c / k (12/42)

kp kp / gb (27/43) b b ! d ( 6/19)

kp / h (30/43) b / m (10/46)

kp / w (43/79) b // gb (81/82)

kp / P (43/80) b / w ( 8/75)

d d / j (14/36) d d / g (28/38)

d / n ( 3/20) d / J (32/36)

d / r ( 4/22)

d / t (19/77)

g g / gb (26/27)

g / w (28/74)
2.2,1.- Les occlusives dans les syllabes de structure GV, CV.

Chacune de ces consonnes peut s'associer à des voyelles orales et na­

<<
sales, c ’
est-à-dire peut apparaître dans les syllabes à structure CV ou C

Exemples *
fi \ \
papa ru odeur àtop£ houe

t st aa mauvais
» f
>
cinâ demain C L attraper
/■
ka dire !<ci perdre
A
£kpân roussette kpasf f dur

baa clôture b^ enfant

d§ maison dormir

jînà s farrêter baa j! sac


* *.
ngüu pommade hg<5 hui le

2.2.2.- Les occlusives après la nasale homorganique

En général seules les occlusives sonores apparaissent après la nasale


homorganique (voir la section 3.5.).

Exemples :

a) après la nasale syllabique


, *
nbc? lit n^XnT sel

h dSmâ pagne hgoto^ql genou

b) en position médiane

akômbcj coeur bhncp mamoc

kandTT corbeille poogo cheval



Jb

Il existe néanmoins l ’
exception
t
npoogo devinette

2.2.3.- Les occlusives palatales et vélaires

Les occlusives vélaires s'associent aussi bien aux voyelli


que postérieures.

k) ta tenir ikuro
* p plaie
\ P
kft f f petit à küma hache'
»
àkT nga^ citron bongum gauche
\ ? i
ngèt boue aguro danse
\ \ ^ h,
ko aller sasaago variole.

et s'y opposent aux occlusives palatales •

kt morphème de détermination cê. partager

CL attraper conjoint pointu

kbtê natte kom faim

2.2.4.- Les occlusives labio-vélaires

kp et gb sont rares et n'apparais sent que dans quelques ei


dans les idéophones :

kpcisf f dur

kp^kp^rakp^^. dur

gbèrègà van (emprunt au koulango)


%s
gbâa idéophone qui décrit une grande bouche (w^cinBo gbaa
ta grande bouche !)
2.2.5.- Le coup de glotte

Le coup de glotte, [?].• n'apparaît q u ’


en position finale des mots. 1.1
est obligatoire à la finale des verbes en citation :

[bp?] f rappel'* [ t l? ] entendre

Quant aux lexèmes non-verbaux, certains mots sont toujours cités avec
le coup de glotte, d'autres en le permettent pas. Quelques rares mots sont ci-
(1 )
tés tantôt avec, tantôt sans le coup de glotte.

Exemples :

[? ] obligatoire

[bcis^ ?] épaule [ofà ?] oncle

[tajà ?] caoutchouc. [àfùrù ? ] ventre

[ po ?] mer

[?] non-permis

[bé] proverbe [jbo] filet


*p
[ baa ] palissade [ nfp^] homme

[?] facultatif

*t tf
[ ôê ? / dcî ] jour [ koo ? / k o o ] cour

Les seules oppositions que nous avons trouvées entre la présence et l'a
bsence de coup de glotte se situent au niveau d ’
une opposition verbe/non verbe

(1) Il se peut que la nature facultative du coup.de glotte dans ces mots soit
une caractéristique qui varie d ’
un lôcoteur à un autre. Il serait souhai­
table de vérifier avec d'autres informateurs les mots où la présence du
coup de glotte est obligatoire et là où sa présence est facultative.
- 97 -

[ ?] dormir [] jour

Dans ce cas on peut considérer que le coup de glotte joue un rôle gram­
matical, d'autant plus q u ’
il existe d'autres contextes grammaticaux où il a p ­
paraît ; le coup de glotte s'ajoute aux phrases qui ont une force d ’
exclama­
tion :

fufuo blanc (en isolation ce mot est cité sans ?)

o da ftffucS ? c'est blanc !

En l ’
absence d'opposition entre ? et un autre élément, y compris son
absence, nous ne pouvons pas confirmer son statut phonologique. Néanmoins il
faut noter que notre informateur insiste sur sa présence ou son absence sur
certains mots.

[?] peut apparaître après une voyelle, après une suite de voyelles et
après une nasale finale :

[ s f? ] descendre [ t f7] tête


r ' **
[ nôa ?] cuire [hzânta ?] balance
t
[ nom ? ] boire [ dam ?] fou

Le coup de glotte disparait en position interne dans ün: composé et en


toute position autre que devant pause ;

teljà? caoutchouc + fufuê blanc

[t^jà-fuf u<$] latex


ii
[ nââ ?] jambej p i e d
11 p
w bo m nsa boogüm
il a tapé mon pi e d gauche

2.3. Les fricatives

L'identité phonologique des fricatives f, 5 , £• ,et h ressort des oppo­


sitions suivantes :
98 -

f f / p (24/56) s s / t (63473)*

f / b ( 9/25) s / d (16/59)

f / s (21/59) s / £ (14/61)

f / m (15/78) s / n (50/62)

f / w (21/79)

JS £ / c. (12/14) h h / k (30/40)

i» / h (83/84) h / g (29/85)

£ / j (14/33) h / w (30/79)

Les fricati ves f et s ont une réalisation sonore après la nasale homor-
ganique , suivie d' une voyelle orale ou nasale :

/nscî/ [hzê] main


** <,
'y %
/nsânta/ [nzanta] halanaQ
» *
/hfono/ [ rfjvono ] joue

/ nfutoro/ [njvutoro] poussière


N

/danfo/ [ danjvo] ami

/b^nsl/ [ b^nzd] varan


x t y \ P r
/sonsônô/ [ sonzonô] ver de terre

2.3.1.- La fricative palatale

£ , la fricative palatale, qui n ’


a pas de réalisation sonore, apparaît
le plus souvent dans les syllabes de structure CSV, suivie de la semi-voyelle
labio-palatale [i|]. séquence qui est réalisés'phonétiquement comme une double
articulation, c'est-à-dire comme une! fricative palatale labialisée t?-1* ](voir
section 2.5.3).

/ pwî / [ e M îï] frapper

/ p w )e/ [ ^ î è ? ] verser
t
/ pwan / [^an? ] être bloqué
99

/pw t§00 / [ Laoo ] £2troi t


[ ^ ] s'oppose à [hW ], la fricative glottale labialisée :

A P

/jaw3n/ [®^an?] être bloqué

/hwa n/ [hwan] <7 ut ?

Non -labialisée, p- n'apparaît que dans quelques mots :

&( brû l e r £ii&i c haud

2*3.2.- La fricative glottale

h la fricative glottale, s'associe aussi bien aux voyelles antérieures


que postérieures, et aux voyelles nasales comme aux voyelles orales.

h'ird kaolin ho être sec


s-
ht regarder hïhîm flotter
S
àhurc5 tortue h£m respirep

hu voir

Dans le contexte des morphèmes nasals,tels que la marque de pluriel ou


la négation, contexte où les occlusives sourdes et les fricatives f et s sont
sonorisées, les fricatives p et h restent aourdas.

mordre o n ga ? il ne m o r d pas

êl brûler o n pi ? cela ne brûle pas


> t
hu Voir o n hu ? il ne voit pas

h est légèrement nasalisé au début d ’


une syllabe nasale :
~ \ \ P

[hîhTm?] flotter [hwan] qui ?


~p / ~/
[h1 nt] c hef [ hu ? ] voir
100 -

2.4.- Les nasales

En plus des oppositions déjà citées, le statut phonologique des nasales


ressort des oppositions suivantes :

m m / n (45/47) n n / j (35/94)

m / w (75/93) n / r (76/9.4)

Dans cette section sont présentées les nasales m et n ; la nasale homorgani­


que est décrite dans la section 3.5. Ces deux nasales peuvent apparaître en
début de syllabe ou à la fin ('IW ou CVN).

2.4.1.- m et n en position initiale de syllabe

Les consonnes nasales dans cette position peuvent être suivies de deux
sortes de voyedles :

a) les voyelles n ’
ayant pas de contrepartie nasale, e, o., 8 et o. Ces
voyelles ne sont jamais nasalisées en contexte nasal :

bomo papillon àmèn corne..

nnè aujourd'hui tanoo objetde divination


/
motofént conte

b) les voyelles qui ^ont une contrepartie nasale, i, i, a, u, o, y. Après


m et n ces voyelles sont pour la.plupart nasales. Moins fréquents sont
les cas où ces voyelles apparaissent orales après une consonne nasale.
La plupart du temps il s'agit d ’
une suite de nasale s'yllabique, nasa­
le, voyelle (NNV), ou de la première voyelle d ’
une suite de voyelles
(NVV).

Exemples de syllabes de structure NV ;


\ A f
hôma corde rt mère

s'nâ ? enfiler mu dedans


s # " f>
bosonru X lune nÿa frère

hfonô joue
10

Exemples de syllabes de structure NV ;

» \
rrn è r u de ux à m T n 1 kà 00 ur 8e

nnarà hier woma pi Ion

àsîdàna tortue d'eau rnàtu gluant

Puisque nous n 'avons pas pu établir les règles d'un- -conditionnement de nasa-
lité, nous considérons comme distinctive la nasalité des voyelles après les
consonnes nasales,

[ nsa ? ] est ainsi interprété comme.


/•>
/ nâa / gambe

2.4.2.- m et n en position f inale d e s y llabe

Les syllabes de structure CVN et CVN n ’


apparaissent qu'à la fin des mots.
Une consonne nasale en position finale n ’
est précédée que d 'une seule voyelle,
c'est-à-dire elle na suit j amai s une séquence -de deux voyelles. La voyelle
précédente peut être orale comme nasale.

Exemples :

1) nasale précédée par des voyelles n ’


ayant nas de contrepartie nasale
(parmi les quatre voyelles de cette série, e, o, 8 et o , seules les
voyelles 8 et d s'ont attestées dans- cette position) :

àprèm aile kom faim .


O
Ljom J /jorn/ chanson àkonf£m . pintade

b£n flèche

2) nasale précédée par ces voyelles ayant une. contrepartie nasale :

a) voyelles nasales
». »
tarn cache-sexe jim être enceinte
c *
kum émousser bongum ^ gauche
- 102 -

[ hom ?] /hom/ respirer ékpan roussette


* * \ %
[ nïm ?] /nïm/ savoir si nsin pendre

b) voyelles orales ; dans la plupart des cas il s ’


agit de la voyelle
a :

pém coudre mouton

dém fou igwcin sauce

hdondom moustique

Comme on le voit dans les exemples ^i-dessus, m et n en position fina­


le peuvent être suivies ou non d'un 3 oup de glotte.

m et n s'opposent en position finale ;


*
don cloche san retourner
*
dom guerre sam farine

2.5.- Les semi-voyelles

En plus des oppositions déjà citées, le statut phonologique des semi-


voyelles ressort des oppositions s u i v a n t e s :

w / j (35/75) j j /h (87/33)

2 .5. 1 .- w et j en -position initiale de syllabe

Les syllabes de structure SV (semi-voyelle + voyelle) apparaissent à


l’
initiale comme au. milieu des mots. Les semi-yoyelles sont nasalisées devant
voyelle nasale. De même, après nasale syllabique elles ne sont nasalisées
que devant une voyelle nasale :

Exemples. wën. raser


j£n pirogue [jTm ?] /jtm/ être enceinte
\ \ ÿ \ \ p
/
WD serpent [Tjïnâ] /TjTna/ fromager
P \ \

f<5 mil [wanzan] /wânsan/ mouche


\ \ \ \
slrlwq cauri [wona ?] /wôna/ se promener

àb^jcî fille
- 103 -

[pjînâ] /nj'i'nâ/ fagot [owa] /nwa/ escargot

2.5,2.- w dans les syllabes de structure C w V .

La semi-voyelle apparaît, dans les syllabes de structure CwV et Cw V,


c’
est-à-dire après une consonne et devant une voyelle orale ou nasale. Les
voyelles arrondies n'ont p .3 s été attestées dans les syllabes de structure CwV,
ni les consonnes labiales, p, b, f. Dans ces syllabes w Cet sa variante combi­
natoire [q]) est réalisé phonétiquement comme une labialisation (articulation
simultanée) de la consonne précédente, w (et [.q ].).; sont, nasalisés devant les
voyelles nasales, par conditionnement phonétique.

Exemples

[ kwes n ] /kwan/ chemin [ t wa j /tWcï/ houle de foutou

[ rjgwcin ] /ngwcîn/ sauce [ hwëé ] /'mié/ couleur non-sombre3


•a ^ p f non-claire
[ kwa ? ] / kwa / tordre [hwan] /hwan/ qui ?
S \
[twâ ?] /twa/ crocheter

2.5.3.- La réalis ation [qj de la semi-voyelle w.

La semi-voyelle labio-vélaire, w,-eôt réalisée comme une semi-voyelle


labio-palatale, q, en contexte palatal. C'est-à-dire après des consonnes pala­
tales (c, j) ou devant les voyelles antérieures fermées (i, i).

Exemples

[qlsa? ] /wlsa/ mâcher [cqc>? ] /cwdi/ couper

Cqla'] /wia7 soleil " r :‘


M« - /jw^/ marché
\>
Cpqîâ] /hwîa/ sable [ nàjijq^] /nànjw!/ boeuf

[m o q i r i ] /mowtrè/ ongle [ jsq i? ] /pw t/ frapper

[cqèl ] /cwèé/ ronier , [à^qtrsè ]./àêwtrèâ J canne à

[Oqtël] /^wTT / poil


- 104 -

2.6.- Le cas rare de 1

I est attesté dans très peu de mots : dans notre corpus de 1.0 0 0 mots» 1

n'apparaît que dans deux dont l'un est un emprunt :

karçgaogoro1 o caméléon

àlok 6 banane frite (emprunt de baoulé (?)}

2-7.- La vibrante r

r n*apparaît jamais à l ’
initiale absolue niais est assez fréquent en posi­
tion intervocalique.

wuraà brousse wàrl? épouser

3 qàrl? se laver àcyré crapaud

ffrle, honte koroo dartre

Dans cette position, il s'oppose à n et à d :

koroo dartre

tanoo objet de divination

àdo; débroussage

Puisque nous n'avons qü'uh seul mot {caméléon) ou 1 st r apparaissent tous deux
dans le même contexte intervocalique, nous ne pourrons pas confirmer le statut
phonologique de 1 .

2 . 7 . 1 Interprétation des séquences CvrV et CvnV

II s'agit des séquences consonne + voyelle faible + r ou n + voyelle.


La voyelle faible est relativement plus courte que les voyelles normales et le
ton qu'elle porte est également plus court. La voyelle faible:est souvent iden­
tique à la deuxième voyelle mais pas toujours et puisqu'il existe des oppositions
telle que :

slrà pardonner àkurà^campement


* \
sèrè cuisse sèmîna savon
\

kor࣠calebasse ànuna trou


nous considérons que les voyelles faibles ont un statut phonologique.

□ans la position entre une voyelle faible et une autre voyelle r et n


sont en distribution complémentaire : r apparaît devant les voyelles orales,
n apparaît devant les voyelles nasales ;
* p
\ s ventre cru
t \
af uru nônô
N P
tàkàra plume àba na écorce
p p
toro mensonge àbunu fièvre
P P
bir ! rnür pàjTnî frère aîné
V >
àduré médicament cwl ni tambour
\ \
fora , mêlanger sT na enfi 1er
p >
kùr<$ village clna demain

mow'î rè griffe

3c- LES VOYELLES

Le système vocalique comporte dix voyelles orales, et cinq voyelles


nasales, et la nasale syllabique :

Voyelles orales Voyelles nasales

non-arron- arron­
dies dies

avancées î y “ T u

non-avancées i o T ô

avancées e o

non-avancéés e o
a a

L'identité phoriologique de ces quinze voyelles ressort des oppositions


suivantes ;
- 106 -

i / L (66/67) L i / e ' (51/56)

i / e (51/53) l / e (1 1 / 1 2 )

i / M (68/73) L / Q. , (67/70)

i / T (18/46) i / T 061/62)

i / y (55/69) e / a ( 5/ )
£ 6

8 / 0 ( 6/ 8 )
e / e (51/52)
y! y / l (54/55)
e / a (51/80)
y / u
e / o (37/38) (72/90)
y / o (.74/90)

u / o (70/73) O o / o (r.7/91)

u / o (7/9) o / 0 (68/70)

u / u (63/64) o / ô .. .('31/92)

o / D ( 7/ 8 ) 0 o / a (40/44)

o / a .. ( 5/ 7) G a / a (40/41)

T / u (99/100) : L t /. a: (45/98)

T / T (95/96)

u / ô (64/97) ô o / a ( 3/47)

Les quatre voyelles e o s et o n ’


ont pas de contrepartie nasale mais
peuvent apparaître après les consonnes nasales ;

mm! ré champignon nnokv/a palabre

àj^rèmoà chat nnè aujourd'hui ' '

moroboo foie
- 107

Les voyelles apparaissent dans les contextes suivants :

1) entre deux consonnes ex. : aboje menton


2) au début du mot ex. : à^uma travail
3) en première position dans une suite de voyelles ex : nmobo^ chaussure
■***
4) en 2ème eu 3àme position dans une suite de voyelles ex : hwiaô étroit

3.1.- La voyelle antérieure arrondie y

Cette voyelle n'apparaît jamais dans les contextes 2) et 4) cités ci-


dessus. On la retrouve entre deux consonnes ou devant une autre voyelle, la­
quelle est toujours postérieure :

àcyré crapaud asyo rivière


%
pyta troubler bosyo brouillard

cycwà couper kôsya oeuf


¥
\ ,\'\ ~
tytyo poussière adyani nourriture

dyë arbre àdyonu vingt

La réalisation nasale de cette voyelle [y] semble être conditionnée par


un contexte nasal :

Cnyâ ] /nya/ frère


*/
[b6syâ] /b<$sya/ emprunt
V \ \ ' v \
[syâsyâ] /syâsya/ imiter

3.2.- Voyelles en position initiale

La plupart de lexèmes nominaux et tous les lexèmes verbaux commencent


par consonne. S'1agissant des noms, la voyelle préfixale Ta; plus fréquente est
a ; moins fréquents sont e, e, T :

àhl chasse époo margouillat


\

^cénfo mygale £kpan rousôtte


> ■r \ \ »
à^winT poisson Tjïnâ fromager
\ /
àmTnâ trou
- 106 -

3*3.- H&rmonie vocalique

L'harmonie vocalique qui régit l'apparition des voyelles Gst de deux


sortes :

3.3.1.- Voyelles avancées / non-avancées

Les voyelles se divisent en deux séries selon le trait _+ avancé ; a


appartient aux deux séries :

Série non avancée : i, c, o, o , Q, X, â, p


Série avancée : y, i, e, a, u, o, T, u, â

En général dans un même lexème seules les voyelles, d ’


i
apparaissent :

àbojèsë barbe tftyo poussière

korà coépouse kur^ plaiè

héf§ là-bas dàdfé fer

ékpan roussette dok^l raphia

cire montrer àtopé houe

wlè finir bldfl champ


t p /• .\ V
ctna demain bosoniTT lune

Il existe néanmoins des exceptions


>
jum£r£ soir d (i igname
/
hôdl souffrir hf6t)k termite

chanter àkàraodfé agouti

■s ibo panthère kàsfé gros

àmanïé nouvelles

Il se peut que le e final dans les derniers exemples soit un


cal et donc hors du domaine de l ’
harmonie vocalique.
- 1fJ9
3.3.2.- Voyelles antérieures / postérieures

Dans une suite de voyelles les assemblages vocaiiques obéissent à une


harmonie de litu articulatoire ; a est compatible avec toutes les voyelles,
mais les voyelles antérieures (i, i, e, e) d ’
une part et postérieures (u, 0 ,0 ,0 )
de l'autre ne s'associent pas entre elles •

àhohoo étranger à k 6 f )è butte

nmobo^î chaussure 6s6b filet

koo buffle rêve

f uf ij<5 blanc b fa femme

bowd<$ 08

Notons une exception :

àjf<5 mil

3.4.- Les structures de type ÇVV

Les séquences de deux voyelles (au plus) sont incompatibles à la fois


avec les nasales finales m et n et avec le coup de glotte.

Les voyelles fermées (i, t, u, o) sont les plus fréquentes en position

boo prix p f^tcS cache-sexe

w tê soleil péni£ aiguille


%%
noâ cuire kwà ku<5 singe

bld f! charbon

Unti suite de deux voyelles identiques est très fréquente et s ’


oppose
à la voyelle simple :
p
si aiguiser .korà coépouse
//
sït dent koràcl calebasse
110 -

Exemples :

\ *•.\ \
jM filet ntn*..vjaa sang
» y\ pian
wuraa herbe d hé
\\ */
s fkâa machette bsQQ oreille
/1
buü non*'mûr baa^ l sac
*/
\ t— \ »\ t
3 f ll peigne asaast terre

tàà tabac àtaàdfé vêtements


/* % \\ %
too vendre sasaago variole

Les voyelles finales décrites dans les deux dernièrers sections (3.3.2.
et 3.4.) sont sans doute des suffixes. On les trouve dans d'autres dialectes
de la langue akan ( c ’
est - à - dire la langue ashanti-twi), notamment en asante.
et ils se sont perdus dans d'autres, notamment le fanti et 1 'akwapim. (cf.
Dolphyne, 1979).

3,5,_ La nasale syllabique

Cette nasale est homorganique du liïu articulatoire de la consonne qui


la suit. Elle est içi traitée avec le système vocalique parce qu'il s'agit
d'une unité syllabique porteuse de ton dans une de ses réalisations, celle
qui apparaît à l'initiale des mots. En position médiane elle perd sa syllabi-
cité mais elle garde son caractère homorganique.

En position initiale, la nasale syllabique s'oppose aux voyelles orales


et nasales :

/ /
àgunü danse à^wTnT poxsson
/ t p t
ngùrùma gorribo [ogùrùma] njïna fagot [pjTnâ]
> f. .* t" V \ \

n^T nt sel [p^tnï] T j T na fromager

En position médiane elle n'est pas intonée et nous l'interprétons comme


une prénalisation de la consonne suivante, donc faisait partie de la syllabe
suivante : (voir section 1).
1 1 'I

ï ï i f:ü i t.:;/': o.- ) :...

àdang<5 ; . .lièvre [àdaog<5] ,, , ; up,r j 6 H w

àkonvérri pïriiade [ àkoniV^m 1' * f "' j^

, f Ka nd T T _.,.c...., 3 _ corhei l le
si 'iSf"

Initiale ou médiane, la nasale ne peut s ’


associer q u ’
à des réalisations
consonantiques sonores. Dans le cas de [v] et [z] il s ’
agit des réalisations
phonétiques des phonèmes / f/ et /s/ qui n ’
apparaissent q u ’
après le nasale hc-
morganique.

nw࣠miel

fSdff nom [ ndTT ]

nsÿ<5 eau [ nzy(5] •/;U i ! ‘••ü 1 AJ


\ \ A \
maogân ro.Li /.tare . .[maQ§ân:J;n

nm^bo -Vi ;;g : ^ stoux [mmobo]


/
dênjèm croaodile [depjèm]
sifenn m 1'4i/èw>l kà/Q S U>v”è übs
nfono joue [ nvono ]
lairi \ anobXjâ'ïot \ iB'Tixns ViauJASîiH \ ubA

Une séquence nasale ^usuivie d ’


une
voyelle nasale :
¥ m n l l stbio .ns inoa sdnslenoo-i rn ^9 j
nnum oxnq hmDo riz
' psd ffïj-id è{,sv/>l en6 té ôshîiiwH £-ü>!ucê
:’
4 ^ 0 ^ ^ 1 T # b.\n itefaso \ àescq n& \ 3g n 1a \qaA\T 9ui \ubA
v:oO ,04 fX3)b ^ïtkî Bîî::>Dns>14 3v^:4-8 iïiS hwï I.ü.i.f;

Il y a trois tons ponctuels : haut, bas, et "downstep”. Ce dernier,


:• dêfiniti©n?nfi.tap^qraiÊ9jJama{i33ohi endà§dàatipd, ;m | n 8 o*igéÿyjt g|HQs«#nPRPé;;ie\Ws
sont marqués a&flbi*9& -Snos fâosrtio .Istdo ‘ ~;.i.l:o~! ;<s ljh) x u & ü esI ûo p.z o 9 f

cê oJiapeau (ton haut) -h

po mer ■ : (ton'ba$;) \sr;r;üo ,


>
ni jerl sa ferme (ton;vhauf: suivi, çjpü^ tons "downstep”)

. ' ° 3 \ i. û :V!‘': n 6 v 9 riC :ü h


; 3 ^îv:h .0 ^‘
y,L
cjüh C;' ;?ie r;01. jnr ' ■^' " ^ - > 1 \>;i !-.y.) -:^r-,ï';s ^ rïB y o Iq n r :- ? sr>ü l::js > .r v « 7 ^ v . ^ 2 . .j ; ' ;
j .ri:t x
- 112 -

Les verbes su divisent en trois classes tonales selon leur structure


syllabique (voir section -3.1.) j il n'y a donc pas la possibilité d'avoir de
paires minimales verbales qui se distinguent uniquement par leurs tons. Parmi
.les noms il y a très peu de poires minimales tonales. On peut consi d é r e r .que
les oppositions de tons ont un rendement lexical assez faible dans cette lan­
gue,

(1 )
II.- REMARQUES GRAMMATICALES

1.- LA PROPOSITION

1.1.- L'ordre des constituants de la proposition est :

sujet + verbe + objet(s) t circonstants.

adu £-ku àb<£^ kwije'-^m finira

Adu / RES/tuer/ animal / forêt/dans / hier

; Adu a tué un animal dans la forcé hier

Les circonstants sont en, ordre libre

àdu ku - u kwàkué àfarà kw^je bf-^.rfi bc?à ciel


Adu/tuer/Acc/ singe/ an passé / forêt/un certain/dans/Baa/derrière
Adu a tué un singe l'an passé dans une forêt derrière la rivière Baa .

Avec les verbes, qui prennent deux o b j e t s , .1'ordre des expansions est libre dans
le cas où les deux (ou au moins l'objet direct) sont dea noms

àdu £-rnâ jào àb<$cï kf

Adu/a donné/ Yao/ animal / SPEC


\

àdu £-ma àbo^ kt jào


Adu/a donné/animal/SPEC/Yao

Adu a donné l ’
animal à Yao .

(1) Les abréviations employées dans cette partie sont les suivantes : ACC = a c ­
compli, RES - résultatif, SPEC = morphème de spécification.
-113 -

àdu a-sèrè ja'; àkcSko / àdu di-sèrè àk<5ko jào

Adu/RES/demander/Yao/poulet / Adu/RES/demander/poulet/Yao

Adu a demande à Yao un p o u l e t .

àdu £-s£r£ jào tn / àdu cï~sêré bl jào

Adu/RES/demander/Yao/un certain

Adu l'a demandé à Yao

Si l ’
objet direct est un pronom l'ordre est fixe :

objet direct + objet indirect

àdu a~ s£r£ nt àkéko

Adu / RES / demander/ lui / poulet

Adu lui a demandé u n poulet

àdu ê~ sêrê nt bl

Adu / RES/demander / lui / un certain

Adu lui en a demandé

1.2.- Focalisation

Le nominal focalisé est déplacé en tête d ’


énoncé suivi par nt c'est,
Un pronom de rappel est obligatoirement s u b s t i t u é :pour l'objet direct ( d ’
un
verbe à deux objets) déplacé en tête d'énoncé :
p p \ \
jào ni rfi mâ-â ni ci ki

Yao / c'est / je/donner/ACC/lui/ chapeau/ SPEC

C'est à Yao que j'ai donné le chapeau

L’
objet indirect focalisé n'est pas rappelé'par un pronom
- 114 -

ci nt m mâ-a àdu

Chopeau/c’
est/je/donner/acc/Adu

C'est un chapeau que g-ai donné à Aclu,

Ainsi pour un nominal sujet :


/ / X I
dongo nt Jku-Q kwàku<$ kf
Dongo/ c'est/ tuer/ ACC/ singe/ SPEC

C'est Dongo qui a tué le singe..

Un objet focalisé est parfois remplacé par.un pronom de rappel. (Il s ’


agit sans
doute de restrictions sémantiques des verbes mais la question reste à étudier)

kwàkij<5 nt àdu j ku-u nt


singe/c'est/Adu J tuer/ACC/le C'est un singe que Adu a tuée
j ku-je
vtuer/ACC

adu nt m bo-o m C'est Adu que j ’


ai frappé

Adu/ c 'est/Je/frapper/ACC/le

(le pronom de rappel est


obligatoire)

jào nt m war l-j'e C 'est Yao .que g 'ai épousé

Yao/ c ’
est/je/marier/ACC

A\
jao

ni wari-i nt (le pronom de rappel n'est pas
permis).

Deux circonstants ne peuvent être focalisés ensemble; dans un énoncé


t ¥ V
Æncsrà înt àdu ku-u à boa kw^je-!m

hier/c'est/ Adu/ tuer/ACC/animal/forêt/dans

C'était hier que Adu a tue un animal dons la f o rê t.


115 -

kw.£jé-ifrm àdu ku-u àboci rtncirà

forêt/ d a n s / c 'est/Adu/tuer/ACC/ animal/hier

C'est dans la forêt que Adu a tué un animal.

La phrase c'était hier dans la forêt que Adu a tué un animal tserait exprimée
comme le premier énoncé ci-dessus.

1.3.- Interrogation

Un énoncé interrogatif du type interrogation totale est marqué unique­


ment par l'intonation :

dorjgdi a~Jw^rf hTnT ki Dongo a épousé la fille du c h e f

Dongo/RES/marier/Chef/enfant/SPEC
f p
dorjgo wàrt-ihïnT kt

Dongo/marier/ACC/chef/enfant/SPEC

Est-ce que Dongo a épousé la fille du chef ?

Le pronom interrogatif ou le nom marqué d'un pronom interrogatif est


placé en tête de l'énoncé > suivi de ni c'est

ibè Jnfpl ni Jb^~jè

qu-/ homme/ c ’
est/ venir/ ACC

Quel homme est venu ? -

t
nfp£ bènîj£ ni b^~jè Quel homme est venu ?
homme/quel/c'est/venir/ACC

>
hw^n ni Jb^-jè Qui est venu ?.
qui/ c'est / venir / ACC.

cJbè *n T I■
q* to-jè Qu'est-ce que tu as acheté ?
qu-/c’
est/tu/acheter/ACC
- 11 R

sê nT [(S bci-jè Comment es-tu venu >


comment/c' est/tu/venir/ACC

* > ' \
hwdïn ni [o ma-a nt slk^ A qui as-tu donné l'cœgent ?
qui/c’
est/tu/donner/ACC/lui/argent

t > y
^bè [ni o ma - 3 jac Qu'est-ce que tu as donné à Yao ?
qu~/c’
est/tu/donner/ACC/Yao

t t t
fahl ni 6 ko- je Où es-tu parti ?
où / c ’
est / tu / par.tir/ACC

dci bè JnTo b^-jè Quand est-ce que tu es venu ?


jour/qü-/c’
est/tu/venir/ACC

2 *~ LE GROUPE NOMINAL

Le nominal (simple, dérivé, ou composé) peut.être .suivi d ’


un qualifiant,
d’
une modalité, de détermination et d ’
un numéral ou quantificateur.

Les modalités nominales sont :

0
= générique
ki = spécifique singulier
iki*nom
> = spécifique pluriel

jf = démonstratif

bf = un certain

àb£ un palmier

mm£ des palmiers


àbé kt ^ palmier là

mmê kfnom les palmiers là

'at>£ jf ce palmier

mm£ j f oea palmiers

àbé bf un certain palmier


117 -

Le qualifiant se place devant la modalité :


\

kwàkuÆ tundù.|jf kf le singe noir là

singe / noir/ SPEC

r)gwàku<5 hdundùjrn ktnom les singes noirs là


singes / noirs / SPEC-PL

Le numéral se place après le qualifiant


>
Ogwàku<$ ndùndiJÆ mlènza kinom

singes /.noirs / trois / SPEC-PL

les trois singes noirs là.

' * ' *
ma-a ku rçgwàkucS ndùndùjm j'f rrnèjnü
je/RES/tuer/ singes / noirs / ces / deux

J'ai tue ces deux singes noirs -

2.1.- Le syntagme complétif

L’
ordre des constituants est inverse de celui du groupe qualifié, et
lès éléments se suivent sans connectif :

complétant - complété

chaque constituant garde sa modalité nominale

fM jf fpono la porte de cette maison


maison / ce / porte

àdu ci ki le chapeau d'Adu '


Adu / chapeau/ SPEC

Dans un syntagme complétif du type possessif où le complétant est un


nom, il est le plus souvent suivi d ’
un pronom de rappel.
118

àdu ni Jc£ ni c’
est le chapeau d rAdu
Adu/son/chapeau/c!est

* ;
jào o jér£ nt c fest la ferme d }Adu
Yao / sa / femme / c ’
ast

Le pronom possessif o est employé uniquement avec les termes de parenté (voir
section 4.2. ).

2.2.- Un nom composé est distingué d ’


un syntagme complétif par le fait
qu’
il forme un constituant unique avec un seul paradigme d 'association aux mo­
dalités nominales :
» t
Nom composé :kânâmcjn b o [wu<$ nt C'est un os de àhien
chien / os / c’
est

* * * ..
Syntagme :kânamcm ; k? *bowu6 .nt... C’
est. l'os de chien
complétif chien/ SPEC/. Os /..c’
est

3.- LA FORMATION DU PLURIEL

La règle morphophonologique qui régit la formation du pluriel des noms


est la suivante ; un préfixe nasal (hpmorganique et syllabique) à ton bas est
ajouté, après lequel une conso.nn,e sourde est sonorisée et une consonne sonore
est nasalisée. Les préfixes vocaliques sont remplacés par le préfixe nasal ;

panté aiguille mbanie aiguilles

àprèm aile mbrèm ailes


> * >
■.% v1
àfrumü âne nvrumu ânes

kor࣠calebasse Ôgorà^ calebasses

dycj arbre \ nny^ arbres

àb£ palmier mmé paImiers


11 c3

Certains noms ne subissent, pas cette règle :

mpongo devinette3 devinettes

rjwàcj abeilleabeilles
* \ x
moqirz griffej griffes

bomo-foo guêpej guêpes


f
hzroma étoile, étoiles

4.- PREFIXES IN OMINAUX

La plupart des noms en abron n ’


ont pas de préfixe
existent sont limités à deux : a- et une nasale syllabique

^ *
nw£ escargot ànôma oiseau
pp
ng<5 huile an oo bouche


main àtopé houe '

ngwdn sauce

Au pluriel le préfixe a- est remplacé par un préfixe nasal


certains vrâoms.
A
\ A
ndopé houes nnoma: oiseaux

Les autres voyelles initiales sont très rares et.ne s'enlèvent pas pour former
le pluriel r

£kpan roussette s roussettes <Spoo margouillatj margouillats

4.- LES PRQMOMS PERSONNELS

La forme des pronoms varie selon leur fonction dans l ’


énoncé s

sujet objet possessif ~ indépendant


\ p t p
1 sg; m,mT rh,mï m ,m i mt
\

2 ' sg o o 6 ' ' -w &
\ -;-,>
t v
3 sg 0 ru ni , o nt
,\
1 pl je je J*
N p P
2 pl ho hô hô ho
3 pl be bè bl b£
4„1.- P r o n o m s s u j e t

Les tons que portent 1 r s pronoms quand ils fonctionnent comme sujets
varient selon l'aspect du verbe (voir section 5 ).

Devant le /re sorte d'auxiliaire qui ne se conjugue pas et qui intro­


duit l'impératif (voir la section 5 ) une autre série de pronoms apparaît.
C'est le seul contexte où nous les avons trouvés :

mX rè 6 mb£ je lui âiê de chercher

je / dis / il/ cherche/

wo rè m tu me dis de chercher

tu / dis / je / cherche

ê Iè m b£ il me dit de chercher

il/dit/je/cherche

jf rè p£ nous te disons d® chercher

nous/disons/cherche

ho rè bé b£ vous leur dites de chercher

vous/dites/ils/cherchent

bt rè m bé ils me disent de chercher

ils / disent/je/ cherche

4.2.- Pronoms possessifs

La forme o de la 3è personne dû singulier est employée dans les syntagmes


complétifs où le complété est un terme.de parenté ([+ h u m a i n n X est aussi per­
mis dans ce contexte mais o lui est le plus -souvent préféré :
121

0 nt C'est son enfant

son/enfant/c'est

t p
ni bê ni C’
est son enfant.

son/ enfant/ c'est

Le pronom possessif o ne peut pas être employé avec d'autres noms que
les termes de parenté, pas même les termes des parties du corps :

/
àdij tf / adu ni tf tatête d'Adu

:: àdu d tf Adu / sa / tête

:î àdu o ci Adu / son/ chapeau

4.3.- Pronoms indépendants

\
Les pronoms liés avec la conjonction de coordination ni et3 avec, sont
de forme indépendante, que le syntagme joue le rôle du sujet ou d'objet.

jé ni dong5 jà a-ba
1 pl/et/ Dongo/ 1 pl/ Acc/ venir

- -Nous sommes venus avec Dongo.

\ > \ \
ma a-mâ wo ru dèng^ slkci "

1 sg/ACC/donner/2 sg/ et/ Dongo/argent

J'ai donné de l'argent à Dongo et à toi.

Si le pronom de 3e singulier est le premier élément dans le syntagme


la forme o apparaît,

o ni àdu bè4 grùo II joue avec A du

3 sg/ avec / Adu / 3 pl / jouer


- 122 -

5.- CONJUGAISON

5.1 .- Les classes tonales

Les verbes peuvent être divisés en trois classes tonales selon leur
structure syllabique :

Classe 1 i verbes à structure CV (N) tels que

bo frapper nom boire pam coudre

Classe 2 : verbes à structures CV (r) V tels que

tîa crier dya planter fere appeler

wari épouser wônâ promener

Classe 3 : verbes à structure CV (N) CV tels que :

d id î manger ki ta tenir nândi marcher

Les tons que portent les bases verbales, les marques aspecto-modales et les
pronoms varient selon la classe tonale du verbe»

Les conjugaisons présentées ici sont celles retenues pour les


buts d ’
une étude comparative. Elles sont présentées sous forme de tableau*
ci-dessous. Nous avons inclus deux'aspects "accompli”, la distinction séman­
tique étant la suivante : l ’
accompli 1 met l ’
accent sur le résultat de l ’
ac­
tion {il est venu : et il est toujours;présent) tandis que i'accompli 2 ex­
prime le fait que 1 ’
action est complète {il est v e n u .: et il est peut-être
reparti).
i

ÎV
en. i•»vl•■ .... . *»• ■•- .
•<U «tu
a> e *-> —> tû
<n V V
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;* 0 <d « «
E : ï •«> '*g 3 -È « 6 •*> *E *0 *E Cr

ACCOMPLI 2 FUTUR INJONCTIF IMPERATIF


INACCOMPLI ACCOMPLI 1
(RESULTATIF)
124 -

Tableau des conjugaisons au négatif

1
Classe 1............. Classe 2 j Classe 3
!
1
ko' altër wurâ entrer kasa parler

' ^ \ - 'Jt \ V •----



O H mi-n-go mt-n-wura rni-h-g^sà
o z
î £ jë ne vais pas je n rentre pas je ne parle pas
r~ i \
M
i
\ '
ACCOMPLI
(RESULTATIF)

' ' f s i
më-a-h-go mâ-a-n-wura ma-â-h-gasà
je ne suis pas • . je ne suis pas je n'ai pas porté ,.
allé entré
1

\ * \ > s' t
ACCOMPLI

ma-â-n-g^-jè ma-a-n-wùr^-jè ma-â - n-gà scf-j è


[maaogDjè] je ne suis pas encore je n }ai pas encore
je. ne suis, p a s enocire entré parlé
2

allé ■
«
■>
FUTUR

mT-m-rnè-ko mX-m-mè-wùrâ mX-m-me-kàsâ;


je n ’
irai pas je n 7entrerai pas je ne parlerai pas

\ K \ ;
M
ml-n-gcisà
? t #■ t
m ma-n-go ma n-tftira mâ-n-g^sà
33
> > . t ....... / •••;
H
t-c •[mango] [ mâ.nèjâsà ]
. ..de ne p as aller .,.de ne pas entrer ... de ne pas parler
ne vas pas / ..... ni entre, pas f ne parle pds f
5.2,- Les bases verbales

En attendant une analyse plus complète nous ne nous prononçons pas sur
les tons de base des bases verbales. En citation les verbes sont donnés 6
l'impératif du 2 è sg., c'est à dire :

Classe 1 : ko

classe 2 : wurà

classe 3 : kàsa

mais dans lamesure où les verbes des classes 2 et 3. n'ont pas le môafîe. schème
tonal dans toutes les conjugaisons, nous ne considérons pas *as tons de 1 ’
impé
ratif comme les tons de base.

5.3.- Les pronoms sujets

t
Les pronoms sujets de la 2è personne, wo/6 tu et ho vous portent toujour
unTton haut. Les autres pronoms sürtent un ton bas dans toutes les conjugai­
sons sauf l'impératif et 1 'injonctif,

A l'accompli 1 la marque aspectuelle a s ’


amalgame aux pronoms oui de-
\

viennent mavjV, tu, w à il-, j à nous et bà ils

5.4.- Les marques aspecto-modales.

5.4.1.-'La marque de' l'inaccompli fest un redoublèment de la voyelle du


pronom süjët, è ton haut pour la classe 1 et à ton bas pour îes classes 2 et
3. Dans le cas d'un sujet nominal la marque e s t o . :

àdu o bà

Adu / INACC./ venir

Adu vient.
126 -

5.4-,2.- La marque de 1 ;accompli 'i 'est "un préfixe a à ton haut pour
la classe 1 et à ton bas pour les clscses 2 et 3„ Elle est nasalisée après
les voyelles nasales,

5.4.3.- La marque de l ’
aspect accompli 2 est un suffixe à ton bas pour
toutes les classes. Le suffixe est un redoublement de la dernière voyelle de
la base verbale dans une position non-finale de. l'énoncé j devant une pause
il est réalisé comme -jè.

5.4.4.- La marque du futur est un préfixe b£, à ton haut pour toutes les
‘classes. Le préfixe b£ peut assi apparaître a v e c - d 1 autres marques'aspecto-moda-
les comme un auxiliaire qui a le sens de venir :

o bè-cHdf-jè il est venu manger

il/AUX/manger/ACC

Cette conjugaison que'-nous appelons ;"futur" pourrait donc être analysée comme
faisant partie du paradigme auxiliaire + verbe,. m-b£-ko peut Ôtrs. aussi traduit
par je / AUX / aller + FUTUR) je vais a l l e r .

5.4.5.- L-’
injonctif oat le mode du verbe^qui qs.t utilisé dans des con­
textes tels que o t) s t ... i l .faut q u e ..., o.pè sê-V, il, msut) q u e , ...
La marque de cette conjugaison est uniquement tonale.-

5.4.6.- Ce que nous appelions l ’


impératif est la conjonction de deux
conjugaisons qui s o n t .en distribution complémentaire. L'impératif 1 ,qui est
caractérisé par l ’
absence de pronom sujet* est.réalisé seulement-pour la 2 è
personne du singulier.

ko vas /

wùrà entre !

kàsà parle f

L’
impératif 2, qui est caractérisé par un ton haut sur le pronom et par un pré­
fixe nasal qui sonorise les consonnes initiales sourdes de la base verbale et
qui nasalise les consonnes initiales sonores de la base verbale* est réalisé
pour tous les pronoms de la conjugaison sauf la 2è personne du singulier. Cet
- 127 -

CO>
impératif apparait dans des contextes tels que 6 le... il a dit, «c , 6 sle nu s
*■■ \
il m ’
a dit que...s 6 ka cl rè nu sê... il m ’
a dit que...

àdd lè Adu me dit de pax'ler.

àdu lè kàsà Adu te dit de parler.

àdij lè o-rt-g^sà Adu lui dit de p ar l er.

etc.

5.5,.- La négation du verbe

Il n'y a que 5 conjugaisons négatives qui correspondent à 8 conjugaiso


affirmatives en abron (les six ici présentées plus le présent habituel et le
continuatif). Les valeurs sémantiques d e s conjugaisons négatives ne sont pas
toujours lasimple négation des conjugaisons affirmatives auxquelles elles
correspondent formellement. Par exemple ;

:. l 'accompli 2 :

o-wàrf-jè il s ’
est marié

wà-é-n-wart-jè il ne s ’
est pas encore marié

La marque de la négation est un préfixe nasal qui se place devant labase ver­
bale, sauf dans le cas du futur, où il se place devant la marque aupecto-mo-
dale bé. La consonne qui suit ce préfixe nasl est sonorisée (sielle est sour­
de) ou nasalisée (si elle est sonore).

Dans le cas de 1'injonctif c ’


est le verbe qui introduit 1 ’
injonctif qui
porte la négation :

b-\) sê m ko il faut que je parte

o-Æ~df sê rfi ko il ne faut pas que je parte

Dans le cas de l ’
impératif du la 2è personne du singulier le morphème
»
ma précède le préfixe nasal de la négation :
ko pars !
t
ma n«g3 ne pars pas !

x x
- 128 -

X X

III.- BIBLIOGRAPHIE

DOLPHYNE (F.A.) 1 9 7 6 "Delafosse’


s Abron word list in the light of a Brong
dialect survey" in Truten'iu (H.M.J.), éd. , Mitteilungen der Basler
Afrika Bibliography) . Vol. 14 : Languages of the Akan area : papers in
Western kwa linguistics... Transactions of the Linguistic Circle of
Accra, vol. III, Basel* pp. 35-46.

DOLPHYNE (F.A.). 1978.- Language use among the Brong of Ghana. Communication
présentée au 13è Congrès de la S.L.A.O. Freetown.

DOPHYNE (F.A.). 1979.- "The Brong (Bono) dialect of akan” in K.. Arhin, ed.
Essays on the societys history and lariÿuage of the Brong peoplej Ins-
titute of African Studies, Accra,, pp. 88-1.18.
L'A D I 0 U K R 0 U

G. HERAULT

Le pays adioukrou e s t to u t e n t i e r in c lu s dans l a s o u ç -p r é fe c tu r e de


Oabog à 50 Km è l'O u e s t d 'A b id ja n . E n tre le s r i v i è r e s Agnéby e t T im lc h , la
ré g io n forme un d e m i-c e rc le dont l a base s e r a i t c o n s titu é e p a r l a r i v e nord
de la langue Ebr.ié su r une c in q u a n ta in e de K ilo m è tre s à p a r t i r de l'em b o u ­
chure de 1* Agnéby vers l'O u e s t .

T ro is zones géographiques se p a rta g e n t l a ré g io n : une zone"de p a l­


m eraie au Sud, à peu près p a r a l l è l e à la lagune j une zone de savane au cen­
tre ( d i t e savane de Dabou) qu'occu p en t pro g ressivem en t le s c u ltu r e s in du s­
t r ie lle s ; une zone f o r e s t i è r e sur l e p o u rto u r nord.

Les AdiouKrou sont m in o r it a ir e s à Dabou, c h e f - l i e u de l a ‘ s o u s -p ré fe c ­


tu r e e t l i e u d'échanges im p o rta n ts . I l s se r é p a r t is s e n t en une t r e n t a in e
de v illa g e s dont v o ic i la l i s t e :

A g b a ille àgbéj V ie u x -B a d ie n . gbàd^n


Agnéby àpéb.f Bodou bôdu
AKradio a kIod 5 Bohne bon
Armébé àrmêbè Boubo gbügbo
(1)
P e tit-§ a ,d ie n d a b u Iij Boubouri bobor

"■'*" ;"TT1 r - "— -- ---- -—


( 1 ) c -à -d . P e t it (ifj) Oabou.
- 130

t(w \) usr
x '
Débrimou d 'b rm Ousrou
Kaka kà kà Vieux-Ousrou ùsr-éb-stg-ém
Kosrou kosr Pandah kpandà
Lopou lokp Pass kpa s
Mopayem mopojém Tiaha tfâha

Ngôty g*t» Toupah tùkpà


Opoyounème okpoju Vassap jàsakp
.A / .
O rbaf orgbàf Youhoulil juwa I
O rgaf orogaf

T ro is v illa g e s au Nord d 'A K ràd io sont de peuplement a b i d j i e t a d io u ­

krou :

Ahouja àwja Anomikro hdùmf-bâon

Akakro à kâ kro

Les A b id ji sont en e f f e t le s v o is in s immédiats des Adioukrou au Nord. A


l'E s t , au d e là de l ’ A g h é b y ,.il s ’ a g i t des E b r ié . Le cordon la g u n a ire au Sud
e s t du domaine de l ' a l l a d i a n e t à l ’ Ouest de c e lu i de l ’ avikam . E n fin , d is ­
persés d ’ Est en Ouest depuis l ’ embouchure de 1 ’ Agnéby sur la r i v e nord de la
lagune E b rié , on tro u v e sept v ill a g e s a ï z i dont la p o p u la tio n e s t tr è s sou­
vent b ilin g u e C a ïz i- a d io u k r o u ). Les Adioukrou désignent p a r le nom de è d -^ jo *
sg. d ) - f j , le s h a b ita n ts de ces v i l l a g e s , e t d ’ une m anière g é n é ra le le s A ï z i .

Au p la n l i n g u is t iq u e , 1 ’ adio u kro u a p p a r a ît remarquablement homogène


sur to u te l'é te n d u e do son a i r e . Tout au plus d é c è le -t-o n quelques v a r ia n ­
te s phonétiques m ineures q u i sem blent c a r a c t é r is e r le p a r le r des gens d ’ A kra-
d io .

I.- PHONOLOGIE

1 Corpus de r é fé re n c e ,

(1 )
1 - ap offrir 5 - ét' dessus

- 'u * avec 6
2 ab - am étreindre

3 - at êtayer 7 - èd orgelët

4 - àkp brousse S- agb grandir

(1 ) Les verbes sont dépourvus de schème to n a l in trin s è q u e : le s tons qu’ i l s


su p p o rten t r é s u lt e n t de ce que le u r impose le u r s tr u c tu r e phonématique et
le système des marques aspecto-m odales de la langue - c f . HERAULT ( 1 9 / 8 ) ,
ch . 7.
ADIOUKROU
- 133 -

9 - ixr sauvage 37 - ab I fermer

10 - an prix 38 - api enlever d'un geste

11 - as peter 39 akpl être bon3 beau

12 - )à boeuf 40 - af I arroser

13 - )d'3 manger 41 - epn déposer un peu de

14 - ak débrousser 42 - emn avaler

15 -
A .
aj palmes 43 - abr attacher

16 - an visage 44 - adr refroidir

17 - ot J prendre 45 - agbr fendre

13 - od 3 pièce (d'une maison) 46 - àf f sommet

19 " U enfant 47 - ubu renverser


/ 0
20 - ïg buffle nain 48 - umu poisson (sp.)

21 - ip cuire 49 - o tu pouvoir

22 - àg sacrifice d'igname 50 - odu tirer


23 - èhè bonheur 51 - it f m sonner
24 - èké conjonction 52 - )nm* requin
A 53 -
25 - ao chauve-souris osu surveiller

26 - aw puiser .5 4 - od^Ô pers. chétive


27 - àl feu 55 - anrj être
28 - àr guerre 56 - ado flâner
29 - is apporter 57 - okn se souvenir
30 - ês morphème vb* 58 - cStfrT poisson
31 - ès père 59 - et f r se dérouler
/ \ 60 -
32 - os hache èjr éléphant
\
33 - os argent 61 - Inm rester débout
34 - us suivre 62 - e t jn agrafer
35 - I pm faire la magie 63 ed 3n gicler
36 - itm déposer 64 - ed^u blaguer
- 134 -

65 - è jù oncle 79 - ef n laver
' i.u
' blanc
66 - ègu' Abbey 80 - uf

67 - enn posséder beaucoup 81 - usu endroit

68 - o kr co.lmc. tir 82 - eno jeûner

59 - ogr huer 83 - eso appeler

70 - ekn voir 84 - u ju monter

71 - ekpn poser la tête 85 -


â ji animal (sp.)

72 - eqn trouver 85 - owl jeter

73 - ogbr remuer 87 - é lu mettre

74 - ekpl sauter 68 - eru dormir

75 - ewl couler 89 - a* li u* cola

76 - egbl * vomir 90 - àdiT esclave

77 - anaf en présence de 9-1 - èro rangée

78 - â ja f comment ? 92 - edo être filant

2 .- Les Consonnes

Les |p a ire s m inim ales regroupées dans le corpus de ré fé re n c e


p e rm e tte n t de dégager la p e rtin e n c e phonologique de 21consonnes. Dix d 'e n tr e

e ll e s sont r e lié e s par une c o r r é la t io n de s o n o rité :

p tt J k kp
b d g gb

E l le s m a in tie n n e n t le u rs o p p o s itio n s en to u te s p o s itio n s : on n ’ observe seu­


lem ent la r e l a t i v e r a r e t é de / p / à 1 *in it ia le des lexèmes non suspects d 'a ­
v o i r é té em pruntés.

A la f in a le , l'o p p o s it io n dont f a i t preuve chaque p a ir e c o r r é l a t i v e


tend à prendre une a u tr e form e : le s sonore? se d é vo is e n t fréquemment dans
c e t t e p o s itio n e t ne s'o p p o sen t plu s aux sourdes que par une d iffé r e n c e de
fo r c e a r t i c u l a t o i r e ; to u jo u r s à l a f i n a l e , ie s sourdes elies-m êm es te n d e n t
p a r f o is vers d e s 'r é a lis a t io n s m l--o cclu sives c a r a c té ris é e s 'par un b r u i t de
f r i c t i o n , subséquent au même p o in t d 'a r t i c u l a t i o n .
Les phonèmes / t f / e t / d ^ / sont la p lu p a rt du temps r é a lis é s comme des
a ffr iq u é e s p r é - p a la t a le s . Ils re c o u v re n t cependent des a llo p h o n es purement
o c c lu s ifs # [ c ] et [ j ] re s p e c tiv e m e n t, que l 'o n tro u v e assez fréquemment dans
l a ré g io n d ’ A k ra d io , mais seulem ent en d é b it t r è s ra p id e ou devant / r / a il­
le u r s .

Q uatre n asales s'opposent e n tr e e l l e s e t aux a u tre s phonèmes de la


lan g u e.

m n p o

L eur o p p o s itio n e s t p a rto u t m aintenu e, s a u f d evant o c c lu s iv e où l 'o n ob serve


une n e u t r a lis a t io n avec archiphonèm e n asal r é a l i s é p a r des allo p h o n es homor-
ganiques de la consonne s u iv a n te : [m ] devant l a b i a l e s , [ n ] devant d e n ta le s
é t p a la t a le s , [ q] d evant v é l a i r e e t [om ] d evant l a b i o - v é l a i r e . A in s i. :

mpj<5r6 lance k r ù n tjè coccyx

préndrè pigeon Qmkp&d' caoutchouc

[ n ] . n ‘ e s t donc pas a t t e s t é comme v a r ia n t e de


t
1 ' archiphonème n a s a l.
'

La n a s a le p a la t a le e s t égalem ent e x c lu e de l ' i n v e n t a i r e des phonèmes suscep­


t i b l e s de c o n s titu e r un noyau de s y lla b e dans le q u e l f ig u r e n t ,ppr -contre m,
n e t q. On m entionnera égalem ent d 'u n e p a r t l a r a r e t é de q nôh' s y lla b iq u e en
p o s itio n i n i t i a l e e t d 'a u t r e p a r t 1 es r é a l is a t i o n s [ j ]. e t [ w j p a s s ib le s pour
/ p / e t / o / re s p e c tiv e m e n t.

Cinq phonèmes peuvent ê t r e regroupés pour c o n s t itu e r une s é r ie de


" fr ic a t iv e s " :

f s j h w

Les u n ité s de c e t t e s é r i e , to u jo u r s sourdes ou to u jo u rs sonores, ne s ' i n t é ­


g re n t pas à l a c o r r é la t io n de s o n o r ité e t n ’ o n t aucune v a r ia n t e de s o n o r ité
opposée à c e l l e que re p ré s e n te l e symbole q u i le s t r a n s c r i t . A in s i, [v ], [z ],
e tc ...n e sont a t t e s t é s n i comme phonèmes n i comme v a r ia n te s C in t e r v o c a li-
ques p a r exemple) de / f / , /s /, e tc ... Une s e u le p a ir e m in im ale permet d ' é t a ­
b l i r l e s t a t u t phonologiqu© de / h / , phonème q u 'o n :ne tro u v e q u 'e n de ra re s
mots, dont le s numéraux pâhn trois, nohn six* tr a d it io n n e lle m e n t c o n s id é ré s
parm i le s p lu s "c o n s e rv a te u rs " du le x iq u e .

/!/ et /r / quant à eux ne s 'in t é g r e n t


- 13G -

dans aucune c o r r é l a t i o n . Avec rn n e t -j* i l s com plètent l 'i n v e n t a i r e des


consonnes dqnt l ’ em ploi e s t p o s s ib le comme noyau s y lla b iq u e m ais, dans c e t t e
fo n c tio n , ils sont exclus de la p o s itio n i n i t i a l e (a lo r s que le s nasales y
sont a t t e s t é e s ) . Il e s t de to u te faço n e x c lu que / r / p u isse a p p a r a îtr e à
l'in it ia le d 'u n lexème?, l e seul c o n tre -e x e m p le (s u r un corpus de plus de
2.000 mots) é ta n t f o u r n i p a r le verb e re b , relever des pièges.

Au t o t a l , le s ra p p o rts m utuels q u i s ’ é ta b lis s e n t e n tre le s 21 phonè­


mes consonantiques de 1 ' a d ioukrou peuvent ê t r e re p ré s e n té s dans le ta b le a u
c i-d e s s o u s :

la b ia le s d e n ta le s p a la ta le s v é la ir e s la b io - v é -
la ir e s

Sourdes P t t[ k kp

Sonores b d d;5 3 Qb

Nasales m n n Q

F r ic a t iv e s f s j h w

L a té r a le 1
(hors c o r r é la t io n )
V ib ra n te r

La fréq u en ce l e x i c a l e r e l a t i v e des phonèmes consonantiques (comptage


sur 4656 phonèmes) a b o u tit au classem ent s u iv a n t :

r g* 82 % s 5 ,3 2 % gb 3 ,7 6 %
n 8 ,1 8 % d 4 ,4 8 % f 3 ,2 2 k
b 7,7 1 % t 4 ,4 8 % tf 2 ,5 7 %
1 7,7 1 % kp 4 ,1 9 % ds 2 .5 5 %
m 7 ,5 2 % g 3 ,9 4 % P 2,02 %
0 6 ,9 1 % j 3 ,8 7 % P 1 ,7 0 %
k .5,86 Y w 3 ,8 7 % h 0,21 %

m, n, q, I, r f ig u r e n t parm i le s plu s fré q u e n ts en ra is o n du double r ô l e ,


s y lla b iq u e oü non, q u ' i l s pëuvent jo u ô r .
- 137 -

3 . - Les v o y e lle s

T e ls qu’ é ljc id é s p a r p a ire s m in im ale s, le s phonèmes v o c a liq u e s de

1 ’ adioukrou sont au nombre de sept :

i u
o o
e o
a

Chaque v o y e lle - le s o u v e rte s p lu s fréquemment que le s ferm ées - admet des


v a r ia t io n s a llo p h o n iq u e s n a s a lis é e s sans que ja m a is l a n a s a lit é v o c a liq u e
p u isse p a r a î t r e p e r t in e n t e . La n a s a lis a tio n e s t to u jo u rs c o n d itio n n é e p a r
l e v o is in a g e d 'u n e consonne n a s a le . E l l e e s t p a r tic u liè r e m e n t m a n ife s te en
s y lla b e o u v e rte f i n a l e (NV # : d^umâ [ d^ùma] travail) e t en s y lla b e ferm ée
par une consonne n a s a le (CVN : f^ n d f [ f a n d f ] mille) C urieusem ent, e lle n’ est
pas a t t e s t é e en s y lla b e ferm ée NVN : nâp [n â n ] Gnagne (patronym e m a s c u lin ).

Concernant d ’ a u tre s a llo p h o n e s v o c a liq u e s c o n d itio n n é s , il c o n v ie n t


de m entionner l ’ allongem ent s y s té m a tiq u e (de 70 à 100 %) de to u te v o y e lle
p ré c é d a n t‘ un r f i n a l . Aucun a u tr e c o n te x te consonantique ne déclenche c e t
a llo n g e m e n t.

Le cas des r é a lis a t io n s v o c a liq u e s c e n t r a le s [ a ] ou [ a ] e s t d i f f é r e n t


danô la mesure où i l s ’ a g it non pas de v a r ia n te s d ’ un phonème mais d 8 sons
ép em th étiq u es. C e u x -c i. se d é ve lo p p e n t autom atiquem ent dès que l'u n e des cin q
consonnes s y lla b iq u e s est. précédée d ’ une consonne q u i n 'e ç t pas hom organi­
que. A lo rs que dans des mots,comme ègo* personne, ou wabfv
n, bailler, ces con­
d it io n s ne sont pas ré u n ie s , l a v o y e lle é p e n th é tiq u e a p p a r a ît p a r c o n tre
nécessairem ent dans des mots t e l s que { f i * bouillirj, [ ï f o I ] ou çkn, voir,
[e k o n ].

La fré q u e n ce le x i c a l e r e l a t i v e des 7 phonèmes v o c a liq u e s s ' é t a b l i t


comme s u it :

a \ 2 7 ,9 2 % o 1 1 ,8 6 %
I 1 3 ,7 8 % o 1 0,61 %
•E 1 3 ,0 4 H o 10>24 %
u 1 2 ,5 6 %
- 138 -

Des c o n tr a in te s a t t r ib u a b le s à une harmonie v o c a liq u e tr è s n e tte se


m a n ife s te n t dans l a c o n s t it u t io n des d is y lla b e s : la deuxième v o y e lle du
mot ne peut ê t r e que ferm ée ou id e n tiq u e à la p re m iè re v o y e lle du mot, le
pourcentage des e x c e p tio n s - composés re p é ra b le s évidemment e xclu s - é ta n t
in fim e . A in s i :

/ V / dans l a / V / dans l a
p rem ière s y lla b e deuxième s y lla b e

4 . - S tru c tu re s phonématiques e t s y lla b e s .

La s y lla b e m ineu re, c ' e s t - à - d i r e c o n s titu é e d 'u n e s e u le v o y e lle ou


d 'u n e s e u le consonne s y lla b iq u e , ne c a r a c té r is e qu'un nombre r e s t r e i n t de
marques gram m aticales - Ex : à , morphème du d é f i n i ; -I*, marque du p l u r i e l
des verbes à la 2ème personne ; e t c . . .

Les successions de deux noyaux s y lla b iq u e s co n tig u s ne sont jam ais


perm ises en dehors des jo in t u r e s où, l e cas échéant, l e p re m ie r des deux
noyaux perd sa s y l l a b i c i t é s 'il e s t consonantique ou ferm é :

fgo homme .*> fgo à [fgoà] rhomm +• d é f i n i


nomii trou '■
+ nomù à [nomwà] trou t. d é f i n i •

Dans l e cadre d 'u n e même s y lla b e , le s groupes consonantiques se re s ­


tr e ig n e n t à C j, CW, C l, Cr ;

bjà merci bwô qui ?


blë quoi ? bra éponge

Sont égalem ent à tte s té e s des successions rtasale + consonne non n a s a le m ais,
que l a consonne n a s a le s o it s y lla b iq u e ou non, une f r o n t i è r e s y lla b iq u e sé­
p are to u jo u rs lè s deux élém ents de t e l l e s séquences.
- 139 -

La r é p a r t i t i o n des lexèmes en m onosyllabes e t d is s y lla b e s m ontre un


ra p p o rt d 'e n v ir o n 40 % pour le s .p r e m ie r s à 60 % pour le s seconds. Les s y l l a ­
bes o u v ertes sont fré q u e n te s (p lu s fré q u e n te s en p re m iè re q u 'e n deuxième
s y lla b e ) s ’ a g is s a n t des d is s y lla b e s mais tr è s r a r e s s 'a g is s a n t des m on osylla­
bes : presque tous le s m onosyllabes de l a lan gue se te rm in e n t p a r une con­
sonne e t i l en va de même pour une p ro p o rtio n non n é g lig e a b le des d i s s y l l a ­
b es. Toute consonne ( e t une s e u le p a r s y lla b e ) à l ’ e x c e p tio n de / h / e s t sus­
c e p t ib le de c lo r e une s y lla b e .

S euls le s lexèmes de deux s y lla b e s (ou p lu s ) fo n t usage de consonnes


s y lla b iq u e s . A l ' i n i t i a l e , il ne peut s ' a g i r que de n a sa le s :

mp£ foutou «îgos poulet

a lo r s qu'en f i n a l e fo n c tio n n e n t le s c in q consonnes s y lla b iq u e s m, n, o» I ,


r . S eule l a succession d 'u n e d e n ta le e t de / n / e t systém atiquem ent e x c lu e .

5 . - Les tons e t le s r è g le s to n a le s

Le rapprochem ent des monèmes fo rm a n t des p a ire s m inim ales du p o in t


de vue de le u rs tons permet de m e ttre en évid e n c e une q u adruple o p p o s itio n .
Deux term es de c e t t e o p p o s itio n sont p o n c tu e ls :

to n haut H ap visage
ton bas B prèd '5 civette

le s deux a u tre s r é s u lt e n t de l a com binaison des p o n c tu e ls

to n descendant HB mêp sein


to n montant BH gog crocodile

T ro is conjugaisons du verbe ekp, mal partager, léser quelqu'un dans un par­


tage e t un lexèm e, fromager p e rm e tte n t de p ro u v e r c e t t e q u a d ru p le opp osi­
t io n :

•lè k p B il a mal partagé (ACCOMPLI)


lékp H qu'il partage mal ! (HORTATIF)
lêkp HB ils ont mal partagé (ACCOMPLI)
lëkp BH (c'est un) fromager :
- 140 -

O u tre l e nonrbre e t la n a tu re des u n ité s q u ’ i l met en je u , le fo n c tio n ­


nement to n a l de la langue se c a r a c t é r is e p a r l e je u systém atique d 'u n c e r ­
t a i n nombre de r è g le s d ’ a s s im ila t io n e t de q u a n t if ic a t io n dont nous ne don-
nerons i c i qu un aperçu

La r è g le l a p lu s fondam entale e s t c e l l e q u i p r é v o it l 'a s s i m i l a t i o n


p a r t i e l l e des tons bas, q u i sont tra n s fo rm é s en modulés descendants, sous
l ’ in flu e n c e d 'u n to n haut im m édiatem ent p ré cé d e n t * l a langue n'adm et donc
pas q u 'u n ton bas p u isse s u iv r e immédiatement un to n haut sans se tr o u v e r
p a r tie lle m e n t a s s im ilé à ce d e r n ie r . Sous sa form e l a plu s s im p l i f i é e , la
r è g le p o u r r a it donc ê t r e fo rm u lé e a in s i :

B * HB / H

Exemples

lét<!) pirogue
/H B / + [ H HB ]
jow à (femme + défini) la femme
/H B/ + [ H HB ]
l-èkii prèd^ (il-voir ♦accompli,, civette)

Il a vu une civette
/B H B/ [B H HB]

C e tte r è g le e s t égalem ent déclenchée par l a f i n a l e du to n montant BH ( e t


s ’ a p p liq u e à l ' i n i t i a l e de ce même to n ) ;

tjè m à (C hèvre + d é f i n i ) la chèvre


/ BH B / [ BH HB]

Dans ce cas cependant, l a présence de p lu s d ’ une consonne e n tr e l e support


du modulé BH e t l e support du to n bas subséquent bloque 1 'a p p lic a t io n de la
r è g le :
tJ £ n d 3aro (c h è v re , dos) le dos de la chèvre, re â te
[BH B] au niveau p h o n é tiq u e .

(1 ) Pour plus de d é t a i l s , c f . HERAULT (1 9 6 9 ) - où le s descendants é t a ie n t


a lo r s in te r p r é t é s comme tons moyens - e t HERAULT (1 9 7 6 ), pp. 1 0 -2 6 .
- 141 -

Sans e n tr e r dans tous le s d é t a i l s , indiquons que l e domaine d 'a p p l i ­


c a tio n de c e t t e r è g le fondam entale correspond sn g é n é ra l à " la phrase ou, s i
c e l l e - c i e s t complexe, à la p r o p o s itio n ou au groupe de s o u f f l e . Une pause,
même s i e l l e ne correspond pas à une f r o n t i è r e de p r o p o s itio n , de même què
c e r ta in e s marques de tra n s fo rm a tio n comme le c o n n e c tif e t f f c o n s titu e n t éga­
lem ent des l im it e s au domaine d 'a p p lic a t io n de l a r è g le .

Associée à une rè g le prévo yan t dans c e r ta in e s c o n d itio n s tr è s p r é c i­


ses ( i n i t i a l e v o c a liq u e , présence d ’ un ton v i r t u e l h a u t, e t c . . . ) l ’ a s s im ila ­
tio n t o t a l e d ’ un ton bas à un ton haut p ré c é d e n t, c e t t e r è g le fondam entale
c o n s titu e un c y c le phonologique de rè g le s to n a le s . Les deux a u tre s rè g le s
dont nous fe rô n s m ention m aintenant a p p a rtie n n e n t à un c y c le p h o n é tiq u e .

L'une d ’ e lle s e s t une r è g le de q u a n t if ic a t io n q u i, sous, sa form e la


plus s im p le , s p é c if ie que to u t to n haut s era a b a is s é d ’ un degré p a r ra p p o rt
à un ton haut précédent s i un (ou p lu s ie u r s ) to n bas le s sépare :

L ’ a u tr e r è g le p r é v o it que to u te m o d u la tio n descendante HB (in tr in s è q u e ou


r é s u lta n t de la r è g le d ’ a s s im ila tio n p a r t i e l l e ) perd sa composante basse (e t
d e v ie n t donc [ h ]) p a rto u t sauf devant pause. Ce n ’ e s t qu’ en c e t t e p o s itio n
en e f f e t que le s descendants t HB1 sont a t t e s t é s phonétiquem ent. A in s i

fê fin , ongle / HB B/ d e v ie n t [ H B] a lo r s que mêp,


sein /H B /, r e s t e [ HB] s ’ i l e s t a in s i prononcé s eu l ous ’ i l se tro u v e en
d e r n iè r e s y lla b e dans un énoncé.

d3Ùmâj travail / B HB/ r e s te [B HB] s’i l e s t a in s i

..prononcé s e u l, mais dans d^ùmâ na* o& travail; i l s u b it l a r è g le de- ponctua­


l i s a t i o n des tons descendants e t d e v ie n t [B >.H B ] - La r è g le de q u a n t i f i c a ­
tio n s ’ a p p liq u e , l e cas échéant, a va n t l a p o n c tu a lis a tio n des descendants :

pâp ow-m (Gnagne, v e n ir + accom pli n é g a t if )


1 1
Gnagne n'est pas venu /HB H H/ e s t d ’ abord q u a n t i f i é en HB H H avan t
de s u b ir la r è g le de p o n c tu a lis a tio n q u i f a i t a b o u tir à l a t o n a l i t é p h o n é ti-
1 1
que [ H H H ] de c e t t e p h rase.
- 142 -

V o ic i e n fin un exemple d ’ a p p lic a tio n s successives des t r o i s rè g le s


que nous avons exposées i c i :

mél îtm " d $ è d y fé f? ‘ cîpi (Mel, m arquer + a c c o m p li, D je d j, K a o lin ,v is a g e )


Mel a fcdt une marque de kaolin au visage de Dgedj.

/H E H B H B H /

La r è g le fondam entale d 'a s s im ila t io n p a r t i e l l e des tons bas jo u e i c i t r o i s


f o i s puisque le s t r o i s tons bas sont précédés d ’ un to n haut :

H HB H HB H HB H

E n s u ite i n t e r v i e n t l a q u a n t if ic a t io n à un degré m oindre de to u s le s tons


hauts séparés p a r un élém ent B de hauts p récédents : *

H HB H1 H1B H2 H2B H3

E n fin , p a r p o n c tu a lis a tio n des descendants, on a b o u tit au schème to n é tiq u e


e ffe c tiv e m e n t a t t e s t é pour c e t t e phrase :

[ H H H1 H1 H2 H2 H3 ]

L ’ a d io u kro u f a i t donc p a r t i e de ces langues q u i du p o in t de vue to n a l


sont c a r a c té r is é e s p a r l e phénomène de descente en te r r a s s e s (d o w n d r ift) e t
égalem ent p a r c e lu i de f a i l l e to n a le (dow nstep), concept dont l e je u des r è ­
g le s to n a le s esquissées i c i permet en f a i t de se d is p e n s e r.

D e rn iè re in d ic a t io n pour c o m p lé te r c e t aperçu du fo n ctio n n em en t to n a l


* ;

de la lan g ue : c e l u i - c i f a i t i n t e r v e n i r des tons v i r t u e l s ou f l o t t a n t s . Il


peut s ’ a g i r s o it de tons f l o t t a n t s le x ic a u x (g b à d ' , pagne t égb\ attiéké»,
s o it de morphèmes sans support segm entai d o n t p a r exemple l a con­
ju g a is o n du veroe f a i t grand, usage. Lés r è g le s q u i re n d en t compte du fo n c ­
tion nem ent des tons f l o t t a n t s ne sont que des v a r ia n te s s p é c ifiq u e s des r è ­
g le s p a r a i l l e u r s a tte s té e s dans l e système e t e lle s , s 'a p p liq u e n t égalem ent
aux to n s des segments q u i, dans t e l ou t e l c o n te x te , orvk perdu l e u r s y l l a -
b ic it é .

x 1

X X
- 143 -

II.- QRAfiriAIRE

1 *- Structures d'énoncés

Le type de phrase le plus courant est celui où un constituant nomi­


nal et un constituant verbal se présupposent mutuellement pour former un énoncé
verbal. Sous sa forme la plus réduite, il peut être illustré par des phrases
du type
méi îm* (Mel, partir + accompli) Mel est parti

Le premier constituant est un syntagme nominal (SN) réduit à un seul terme,


le lexème patronymique Mel. Le second' est un syntagme verbal (SV) dont il
Importe par contre d ’
observer q u ’
il s ’
analyse en deux termes, un lexème ver­
bal et un morphème, aspecto-modal représenté ici par le schème tonal de l ’
ac­
compli. Ce morphème est nécessairement présent et aucun énoncé prédicatif ver­
bal ne peut s ’
en dispenser. Se fonction est double : tout en intégrant le
verbe, au plan paradigmatique, dans le système d ’
oppositions aspecto-modales
de la langue, il sert, au plan syntagmatique, à marquer la fonction prédi-
cative que le verbe assume dans la phrase.

Ce type d*énoncé s'analyse donc en SN + SV, syntagmes dont les fonc­


tions respectives sont celles de sujet et de prédicat, cette dernière étant
explicitement indiquée par la présence d ’
une marque prédicative relevant du
système aspecto-modal.

Tout énoncé de ce type admet une ou plusieurs circonstancielles sous


forme de syntagmes postpositionnels (SP), syntagmes marqués par une postpo­
sition

mél }m' èrèkp àb' (bagage, avec) Mel est parti avec ses b a g a g e s .

m£I W ' àkp ém (brousse, dans) Mel est parti aux c^iamps. Certaines
de ces expansions, en particulier celles qui sont locatives, admettront le
plus souvent u n e .interprétation les considérant comme rattachées au SV de
la phrase, les autres lui étant extérieures..

0 ‘
autres cas d ’
énoncés prédicat ifs verbaux feront apparaître soit
un soit deux constituants nominaux dans le syntagme verbal :

mél mpa (fiel, manger + accompli, foutou) Mel a mangé du fo u t o u .


- 144 -

mél oo* pâp lè l (M e l, donner + a c c o m p li, Gnagne, p a p ie r ) Mel a don­


né une lettre (ùn livre) à Gnagne. Aucun in d ic e morphologique ne permet a lo rs
de d i f f é r e n c i e r deux ty p e s d 'o b je ts : on note seulement que, l e cas échéant,
l e SN o b je t r é f é r a n t à un animé précède nécessairem ent l e SN o b je t r é fé r a n t
à un in a n im é .

L 'o r d r e des c o n s titu a n ts de l'é n o n c é p r é d i c a t i f v e rb a l peut donc ê tr e


re p ré s e n té p a r :

SN + SV + (SP)

S u je t P ré d ic a t c ir c o n s ta n t

V (SN) (SN) (SP)

o b je t o b je t . c ir c o n s ta n t

Les p r é d ic a tio n s e x i s t e n t i e l l e s ou lo c a tiv e s (v e rb e a n o ), d e s c rip ­


t iv e s (v e rb e ew) ou d 'i d e n t i f i c a t i o n (v e rb e e l ) s 'a n a ly s e n t e lle s au ss i en
ta n t qu'énoncés p r é d ic a t i f s verbaux :

mél ànq jèg<5 (M e l, ê t r e + a c c o m p li, .là-b as ) Mel est là-bas.

î fkQ à èw ' Ifk p â k p (b o is , d é fin i, ê t r e + accom pli, lo n g ) Ce bâton


est long.

ôw èl ' lîgblèb' (c e , § t r e + a cc o m p li, igname) C'est de l'igname.

C e rta in s verbes sémantiquement peu s p é c ifiq u e s n 'a c q u iè r e n t de sens


p ré c is que g râce à le u r a s s o c ia tio n à un term e f ig u r a n t nécessairem ent en
d e r n iè r e p o s itio n dans l e SV, d'où un é v e n tu e l syntagme p o s tp o s itio n n e l e s t
a lo r s e x c lu . Ce d e r n ie r term e n i i n d e n t i f i a b l e n i comme o b je t , n i comme c i r ­
c o n s ta n t : il e s t in t e r p r é t é comme complément de v a rb e . I l peut s 'a g i r de
la p a r t i c u l e p e r f e c t iv e ês :

eru passer lanuit eru ( . . . ) es être couché...............


d 'u n e p o s tp o s itio n ( i c i émdans ) :

Itm déposer. itm ( . . . )em tachêr


d ’ un nom de p a r t i e du corps ( i c i nép' bouche), e tc ...:

id 3 manger id^ ( . . . ) nep se vanter


- 145 -

Ce9 compléments servent de spécificateurs sémantiques, mais les constructions


qu'ils servent à former ss conforment parfaitement aux schèmes de 1 *énoncé
prédicatif verbalv

L’

adioukrou -préposé également deux schèmes d'énoncés nominaux, à un
ou à deux termes. Un énoncé nominal à un terme peut être marqué par kin
"voici'' (énoncé présentât if 3

kl n gbciQko (voici, c h e v a l ) Voici un cheval

ou bien ne comporter aucune marque ;

prèd^ (civette) C fest une civette

jàdo (mensonge) C’
est faux

Un énoncé nominal à deux constituants sépare ceux-ci par une pause :

)j nà / fgo (enfant, ce / rrl!le) Cet enfant est un garçon.

2 , - .Le syntagme nominal

2.1.- Les déterminants grammaticaux du syntagme.

En dehors des cas où il n'est représenté que par un nom propre ou


un pronom, le syntagme nominal comporte un noyau lexical pourvu d'une déter­
mination grammaticale» Une première distinction s ’
effectue au niveau d ’
une
opposition spécifique / non spécifique, l'usage non spécifique d ’
un noyau
lexical étant marqué par. un morphème zéro :

Wsl bo~rn le! (on, donner (accompli)-moi, lettre) J’


ai reçu une
lettre. Si par contre l'emploi d ’un terme doit être spécifique, un nouveau
choix s ’
opère entre le morphème à du défini et les démonstratifs :

wei-oQ-m le! a J*ai reçu la lettre{connus


de l ’
interlocuteur, ou
^ A p
dont il a déjà été question, etc...). Les démonstratifs na et' amwa, sg. et
pl., ne s'opposent que par le nombre : ils ne véhiculent aucune indication
ayant trait è la proximité ou à 1 !éloignement. Ils ajoutent une valeur de
déictique à celle de spécifique :

we! oQ-m lel na J az reçu cette lettre

Ajoutons que les morphèmes relevant du spécifique sont requis (a) pour l ’
anté­
cédent d ’
une relative, (b) pour clore une relative, (c) pour clore un syntagme
complétif marqué par le connectif M ff.
- 146 -

2 . 2 . - Le syntagme c o m p lé tif non marqué.

La d é te rm in a tio n d 'u n nom par un a u tre peut s 'e f f e c t u e r p a r sim ple


a n té p o s itio n du com plétant au com plété s i l e com plétant n ’ e s t pas s p é c i f i ­
que (au trem en t d i t s ’ i l n 'e s t n i patronym e, n i pronom p e rs o n n e l, n i marqué
p a r le d é f i n i ou l e d é m o n s tra tif) :

ïd o tjo w r des cornes (sg I ft'Jow f) de boeuf

muw pamn' (file t, o e il) une maille de filet

P ar fig e m e n t, ce ty p e de syntagme peut donner n aissance à des noms composés :


le s deux termes a p p a ra is s e n t a lo r s , en p r in c ip e , sous le u r form e r a d ic a le
(c -à -d sans p r é f ix e ) e t le u r p l u r i e l se form e p a r p r é f ix a t io n du morphème
s f-
àkp )d (brousse, b o e u f) un buffle p l. :

s-âkp }d (a lo r s que l e p l u r i e l de îd est s ld ) -

Les verbes n o m in a lis és déte rm in é s p a r une expansion nom inale fo n c ­


tio n n e n t dans ce ty p e de syntagme :

bâon W (v illa g e , p a r tir ) le départ au village


\

lègbl în ' (g ra in e de palme, c u ir e ) la cuisson des graines de


palme.

2 .3 .- Le syntagme c o m p lé tif marqué

La d é te rm in a tio n d ’ un nom com plété p a r un nom c o m p lé ta n t, dans c e t


o rd re , s ’ e ffe c tu e p a r l ’ in te r m é d ia ir e du c o n n e c tif é t j f ( e t.f devant v o y e lle ,
é devant consonne), o b lig a to ire m e n t s i l e com plétant e s t s p é c ifiq u e , f a c u l­
ta tiv e m e n t s ’ i l ne l ’ e s t pas :

Id à é t j oijow t* à (b o e u f, d é f i n i , c o n n e c tif, cornes, d é f i n i ) Les


cornes du boeuf.

d^èd^ é d^àm à Le dos de Djedj.

)n è rnosûsèm à ( l u i , c o n n e c tif, chem ise, d é f i n i ) Sa chemisé. Seuls


le s term es de p a re n té fo n t e x c e p tio n à c e t t e r è g le : môme s i l e u r com plétant
e s t s p é c ifiq u e , ils se c o n s tr u is e n t sans l e c o n n e c tif :

d^èd^ I l s ' La mâre de Djèdj, Il se p o u r r a it cependant que l e to n


haut q u i sépare le s deux tôrmes lo rs q u e l é c o m p lé ta n t! e s t un pronom personnel
s o i t la s e u le tr a c e r e s ta n te du c o n n é c tif : : 1 i
- 147 -

èm' îs [B HB] (moi, père) Mon p è r e »

2.4.-. Le Syntagme spécificatif

. Dans, ce type de syntagme, le spécificateur (ou quantificateur) no­


minal est complété par un nom'ou un syntagme nominal aussi bien spécifique
que générique :

o-jow a nono o w r (femmes-pl, défini, beaucoup, venir + accompli)


Beaucoup des fermes sont venues.

o-jow nond ow' Beaucoup de fermes sont venues.

Les numéraux peuvent fonctionner dans ce type de.--syntagme ■


':

. - o-jow è pâhn o w *. Trois des fermes sont venues.

.La plupart 'des spécificateurs (totalisateurs, partitifs, numéraux) ont la


possibilité d'assumer d'autres fonctions ; adjectivales, adverbiales, etc.,
selon les cas.

2.5.- Le syntagme épithëtique

Ce type de .syntagme est le seul où le déterminant suive le déter­


miné. Les marques grammaticales du spécifique peuvent clore le syntagme en­
tier mais elle ne .s-' insèrent jamais après le terme déterminé.

èg^j éd^étj f (personne, autre) une autre personne

gbad^ éfù à (pagne, blancs, défini) Les pagnes blancs. Les lexè­
mes susceptibles à eux seuls, sans dérivation, de fonctionner comme, détermi­
nants du syntagme épithétique, sont de par cette propriété reconnus comme
adjectifs.

3.- Préfixes nominaux et pluralisation

Dans une proportion estimée à m o i n s d ’


un tiers, les lexèmes nomi­
naux de 1 ’
adioukrou se présentent munis d ’
un préfixe dont la variation peut
être liée à la marque du nombre et dont la chute est attestée dans certains
cas de dérivation ou composition (cf. n-dmù trou mais m-fd^'-omù (eau, trou)
puitô ).
- 140 -

c la s s e en rn- in v a r ia b le s : m-<$k' sel (c f. ok-ld^ mer)


p l . de c l . en 1- : mci-sàp portes (s g . if - s à p )
p l . de c l . en zéro : m-oklèb' bananes (s g . oklèb')

c la s s e en 1- in v a r ia b le s : l-fdr la droite (c f. îdr-ù droitier)


s in g u lie r Mk* arbre
1f-gbël grand
t
c la s s e en V- p l . de c l . en 1- : é-gbël grands
ék^i arbres
p l . de c l . en zéro : £-p^mri' yeux (sg * p£mrt')

c la s s e en 26ro s in g u lie r s dont l e p l . se forme en c l . en m- ;


êl maison (p l. m -ê l)
ou p lu r a lis é s en V - Jow ferme . ( p l , o-Jpw)

c la s a ü en V - s in g u lie r s de quelques noms d é riv é s p a r -u ( p l . en V -) :

è ro ^ -ù peureux ( c f . Ir o r î' peux*)


e t quelques termes de p a re n té h l a deuxième personne du s in g u lie r :

ëm d^fm' mon fils è-d ^fm -ft ton fils (q ** t o i )


èm' è j ' mon épouse à j-Q tow épouse
\
c la s s e en I - s in g u lie r : : l-à w l ami

En dehors de ces a lte r n a n c e s , aucun accord de c la s s e n 'e s t


m a n ife s té syn tagm atiquem ent.

S 'ils ne sont pas in v a r ia b le s , le s noms q u i ne sont pas i n t é ­


grés à ces c la s s e s r é s id u e lle s pren n en t au p l u r i e l l e p r é f ix e s 1 s ' i l s 'a g i t
de non humains e t l e s u f f ix e - è l s 'il s 'a g i t d'hum ains :

ol maladie ( in v a r ia b le )

s-âbù moins, bras (s g . àbù)


K ’\ A '
jo w l- e l jumelles (s g . jo w l)

4 . - Pronoms personn els

Le ta b le a u c i-d es s o u s r é u n it le s d if f é r e n t e s formes a tte s té e s (un


seu l allo m o rp he p a r casé lo rs q u e l e pronom p ré se n te des v a r ia t io n s c o n tio n -
nées phonologiquem ent, ce q u i e s t fré q u e n t pour le s formes a f f i x é e s ) .
143 -

i
P R 0 N 0 M S P E R S 0 N N E L S ■■ 1
l
personne et forme forme affixale i
nombre Suffixe \
libre \
préfixe sujet
- Obj»t 1
i!
é c o n c . libre énonc.rapp i
|
Bg. èm mî- em- ~m i
t
1 ère p.
\.
Pl.. ej si - es- ~ej |
\
sg- ' D Q- -o |
2 ème p. zéro
" ' !
pl.. on op- -op j

sg; }n, ow în- -r |


1
3ème p. Ii î1 - i
pl. èl, wel el -e ! !

Les formes libres des pronoms sont exclues des fonction de sujet
ou d'objet réservées aux formes affixées ; elles sont attestées dans les
appositions, les circonstants, comme déterminants d'un syntagme complétif.
etc... A la troisième personne cependant, ow et wel constituent un cas è
part dans la mesure où ils peuvent assumer une fonction primaire (a) comme
substituts d ’
un nominal non sujet dans le contexte précédent ; (b) s sagis­
sant de ow, comme substitut d ’
un sujet inanimé ; (c) s'agissant de wèî, com­
me substitut d'un sujet animé indéfini : o n .

Les formes affixées sont interprétées comme n'ayant pas de ton in­
trinsèque : elles participent tonalement (surtout les préfixes sujets) aux
marques du système de la conjugaison verbale. En fonction de sujet, une dis­
tinction entre deux modes d ’
énonciation est permise de par le choix offert
entre préfixes d'énonciation libre (le locuteur se porte garant de l'authen­
ticité des faits qu'il relate) et préfixes d ’
énonciation rapportée (il mar­
que sa distance par rapport à eux) :

n ~ î m / bârçn (3è p. sg. énonciat. libre, aller + accompli, v i l l a ­


g e ) II est allé au village.
“ 'ibÜ -

fn-fm bâon : (d’


ap. :s ce q u ’
on m'a dit] II est (serait) allé au
village.

Au mode d ’
énonciation libre, la 2ème personne n ’
est pas marquée. La
distinction de nombre reste cependant maintenue par l ’
usage, au pluriel, du
suffixe -i* en fin de mot verbal :

]d 3 * é (manger + accompli, ?) As-tu mangé ?

îd 3 -r é Avez-vous mangé ?

A la 3ème personne, l'opposition de nombre n ’


est' que tonale.
\ •\

Signalons enfin que la substitution d ’


un nominal objet inanimé n ’
est
j a m a i s ,marquée :

1-1d^î ow II l'a oublié (ow : objet animé non coréférent du


sujet),
. . . . A # ..........................
I—id^I T l l a oublié ou II les a oubfoés (objet inanimé,
substitution zéro).

Quelques conjugaisons

Quatre types de verbes, de structure phonématique différente, ser­


viront ici d ’
illustration : otj prendre j ib i tuer , kok faire et
jegm montrer.

Quel que soit le verbe, il supporte à 0l’


impératif un schème
bas : t

2 p. sg. ot! ■prends [B] IbV tue [B - B]

2 p. pl. àt J-r prenez [B-H] )b W tuez [B - H]

2 p. sg. kok fais [B] jègm nombre [B B]


\ f
2 p. pl. kèk-r faites [B-H] jegm-n montrez [B - H]

Aucun morphème segmentai ne caractérise 1 ’


accompli qui ne se marque
que par un schème tonal spécifique, B-H pour lés verbes à initiale vocalique,
HB-B pour ceux qui sont à initiale consonantique. Le pronom supporte un ton
bas mais il y a interférence, à la 3éme p. du pl., du ton spécifique du plu-

(1) Les trois personnes du singulier et la première du pluriel partagent


toujours le même schème tonal ; la deuxième du pluriel n ’
en diffère que
par l ’
adjonction du su?fixe -r î elles seront toutes ici illustrées par
la seule troisième personne du singulier à laquelle fera suite la troisiè­
me du pluriel.
151 ~

3 p. sg. ot J ^
I— il a pris [B] i-1 b f il a tué [ 8 -H ]

3 p. pl. I-ôt J ils ont prie [HB] l-tb' ils ont tué [H-B]

3 p. sg. lï-kék -il a fait [B-HB] l)-jêgm il a montré [b-H-b]

3 p. pl. if-kok ils ont fait [H-B] it-jègm ils ont montré [H-B-B]

Seul un' schème tonal spécifique, H-H pour les verbes à initiale
vocalique, HB-B-(H) pour les autres (et ton haut sur le pronom) caractérise
également 1 1injonctif

3 p. sg. I—<StJ qu'il prenne [h] l-fbf qu'il tue [H-H]

3 p. pl. I-ôtJ qu'ils prennent [HB] l-tbf qu'ils tuent [H^H ]

3 p. sg. I f-kok qu'il fasse [H-HB] I f-jêgm* qu'il montre [H-H-B]

3 p. pl.fî-kok' q u ’
ils fassent [H-B] Iî —j è g m ' qu'ils m o n t r e n t [H-B-B]

L 1inaccompli progressif fait par contre usage d ’


un préfixe arn- (dont
la modulation est transférée sur la voyelle initiale du verbe le cas échéant)
accompagnant le verbe dont le schème tonal est le même qu'à l ’
accompli (sauf
avec sujet nominal à ton haut, cf. ci-dessous). Le pronom sujet est à ton
bas :

... eet/sont en trnin de prendre ... est/sont en train de tuer

3 p. sg. n-àm-ôtJ [B-HB] n-àm-tbf [S - .H. - :H1 ]

3 p..pl. n-âm-otj [H‘


-H 1 B] n-âm-fbf -[H - H *1 -H2 ]

Mel mël âm-cftj [H-H-H^] m£l âm-fbf [h - H - H 1 - H 1 ]

.,.est/sont entrain de faire ... est/sont en train de montrer

3 p. sg. n-am -kôk [BH-H 1 B] n-am-j êgm *..... [ B H - H 1 - B ]

3 p . pl. n -â m -k o k ' [HB-B] n-âm-jègrr/ [h B-B-B]


Mel mél âm-kôk 1... [H-H-H^B] m£i âm-jêgn/ [ h -^HB-H^-b ]

Le futur enfin fait intervenir comme auxiliaire le verbe ow Venir


portant formellement la marque b~ (par ailleurs attestée pour la conjugai­
son de l ’habituel) : le pronom (obligatoirement repris devant le radical
verbal) est à ton haut ainsi que l'auxiliaire, mais la 3ème personne du plu­
riel et un sujet nominal à ton haut occasionnent un comportement différent
- 152 -

de celui-ci :

prendra / prendront tuera / tueront

3 p. sg. If~b-ow~l-otJ [H-H-H] If“b-ôw~I - fb l [ h - h -h - h ]

3 p. pl. If-b-ôw-l—ôt f [h-h-h 1 b] I f-b-ôw-l —tb f [h-h-h 1 -h2 ]


1 1n
Mel m ê I- b-ôw-ot f [H-H-H1 ] mél b-6w“fbf P
[H-H-H - h ]

fera / feront montrera / montreront

3p. sg. If-b-ow-if-kôk [H-H-H-HBÎ I f-b^-ow-1 f-jêgm' [H-H-H-H-B]

3 p . pl. I f-b-ôw-l î-kè-k* [H-H-H 1 -B] If-b-ôw-lt-jègm* [H-H-H^-B-B]

Mel me I b-ôw-kôk • [H-H-H 1 B] mél brôw-jêgm' [h -H-H1-B ]

Il apparaît ainsi que le futur est une conjugaison complexe interprétable


comme : auxiliaire conjugué à l'habituel + verbe conjugué à 1 *injonctif,
ce qui ne surprend pas outre mesure puisque, 1 .’
injonctif (ou hortatif) a
également des usages de consécutif.

III.- BIBLIOGRAPHIE

BERTHO J .- La place du dialecte adioukrou par rapport aux autres


dialectes de la Côte-d'Ivoire, Bulletin de 1*Institut Français d'Afrique
Noire, XII, 4, 19-50.

HERAULT G.- Etude phonétique et phonologique dë* 1* adioukrou, Anna­


les de l ’
Université d ’
Abidjan, série H, Linguistique., tome II, 1969. ..

HERAULT G.- Eléments d ’


enquête lexicale en adioukrou, in Annales
de l ’
Université d ’
Abidjan, série H, Linguistique, tome III, 1970.

HERAULT G.- Quelques conjugaisons verbale's en adioukrou : exemples


d’
application des règles tonales, in Mittellyngun der JBasler Afrika-Biblio-
graphien, 14, 1976.

HERAULT G.- Eléments de grammaire adioukrou, Université d ’


Abidjan,
Publications I.L.A. N° 69, 1976.

HERAULT G.- et J i en adioukrou : connectif'ou p r o n o m ? ; in 'Cahiers


Ivoiriens de Recherches’
Lingulstiquè; N° 7, 1980.
- 153 -

MEMEL F. H.- Le système politique des adioukrou, société sans état


et à la classe d'âges de Côte-d’Ivoire, I.E.S., Université d ’
Abidjan, 1969.
(multigraph.)

MEL GNAMBA Bertin.- Le Sélû, langue obsolète des Adioukrou ?, in


Cahiers Ivoiriens de Recherche Linguistique, n° 8 , 1980.
L' A G N I

Jonathan BURMEISTER

1 .0.- PRESENTATION

La langue agni est parlée par plus de 300.000 habitants dans le sud-est
de la Cô t e - d ’
Ivoire, et par environ 100.000 habitants dans le sud-ouest du
Ghana. On distingue plusieurs parlers en Côte d ’
ivoire, mais on peut les con­
sidérer comme huit sous-groupes principaux:

1) l ’
agni sanvi dans la préfecture d'Aboisso
2) l’
agni indénié dans les sous-préfectures d ’
Abengourou et de Bettié
3) l’
agni rnoronou dans la préfecture do Bongouanou et lasous-préfec­
ture de Tiassalé.
4) l ’
agni djoablin dans la sous-préfecture d ’
Agnibilékrou (l’
agni abé
dans la sous-préfecture d'Ouellé peut être la même variété dialectale)
5) l’
agni bona dans la sous-préfecture de Koun-Fao
6 ) l’
agni bini dans la sous-préfecture de Kouassi-Datékro
7) l ’
agni "abidji” dans la sous-préfecture de Tiassalé
8 ) l’
ano dans la sous-préfecture de Prikro

Selon le recensement de 1975, il y a 35.267 Agnis dans la région Sanvi,


38.506 dans la région Indénié, 122.467 dans la région Moronou, 10.689 dans la
région Djoablin, 20.231 dans la région Bona, 13.089 dans la région Bini, 9.567
Agnis "abidji", 37.679 dans la région Ano, 29.055 Agnis à Abidjan et environ
46.000 Agnis dispersés dans d ’
autres régions de C ô t e - d ’
Ivoire. Au Ghana, il y
- 156 -

a deux autres sous-groupes : l ’


agni sefwi (asahyue) dans la région de Wiaso
et l'agni brissa (ebolosa ou aowin) dans la région d ’
Enchi.

L'intercompréhension entre tous ces dialectes est bonne. Les dialectes


agni du nord ressemblent un p GU plus au baoulé, tandis que ceux du sud ressem­
blent plus au nzéma. En général, 1 ’
intercompréhension semble meilleure entre
l’
agni et le baoulé q u ’
entre l ’
agni et le nzéma.

Les Agnis et les Baoulés de C ô t e - d ’


Ivoire ont quitté le Ghana au début
du 18ème siècle, en plusieurs vagues, pour échapper à des conflits avec les
Achantis. Les* "Braféu ou Sanvi, dont la variété dialectale est décrite dans
cette esquisse, semblent être les premiers Agnis installés en Côte - d ’
Ivoire.
Actuellement, ils se divisent en trois sous-groupes : les Sanvi au centre du
département d ’
Aboisso, les Affema vers la frontière du Ghana; et lés Dandji
au nord d ’
Ayamé.
AGNI
I
-4&3

2.0 Phonologie
2.1 Corpus de référence
1- sf piler 38 - In^ll boeuf
2- s{ savoir 39 - lié mal, laid
3- sé dire 40 - m corbeille
4 « si égaler 41 - icé 1ance
5 » $d produire 42 - I:£:SmS calao
6- so adorer 43 *•ïà;jéhà nom fém inin
7- sé picoter 44 - descendre
8 - sd allumer 4-5- dé noircir
9 - si retourner 46 - lîDfH église
10- si puiser 47 - j f remplir
11 - sf rendre aveugle 48 - jé faire
12 - si passer 49 - j6 ■ refroidir
13 - sd pleurer 50 - p faire ses besoins
14 - sé dêbrousser 51 - cë partager
15 - si dépasser 52 - M Ici
16 - si faire nuit 53 - £jâ \ cent
17 - pàpà éventail 54 - y mordre
18 - bàb£ papa 55 - fclië écrire
19 - vréwà saison sèche 56 --gélê teinture pour les yeux
20 - bi venir 57 - hlll chaud
21 - bi sentir 58 - m perroquet
22 - m H donner 59 - âgô boucle d’un piège
23 - baiâ' femme '60 - aholf coeur
24 - màlâ loi 61 - êkpô margoutllat
25 - bd casser 62 - ègbb f1otteur
26 - wtü mourir 63 - êbd champ
27 - pftf matelas 64 - ci durer
28 -rttf percer 65 - k£ que
29 - àm£lè caoutchouc 66 - kpd coudre
30- ti élever 67 - faolè paquet
31 - ài se coucher 68 - &?>!(? brouillard
32 - Hké chose "69 - bolè venin
33 - âldkà caisse 70 - bdké bouillie
34 - àdàd palabre 71 - bàkâ arbre
35 - èl? pirogue 72 - jf sa sa main
36 - ini aujourd'hui 73 - jf sa son balai
37 -bfccÆ manioc 74 - jf si son épice
75 - fi prendre
~ 160 -

2.2 Oppositions de phonèmes


2.2.1 Voyelles
i-e 1-3 u-o 5-7

«

i-i : 1-2 U-O 5-6


*

i-e 2-3
*
♦ ô-O 6-7
*
r

i-e 2-4

• ©-o 6-8

1-T : 1-11 u-a : 5-13


t-r •
• 2-12 o-6 6-14

e-e 3-4

* a-s : 13-14
e-A : 3-9 O-D 6-8

e-a *4-10 0-A


*7-9
A-a • 9-10 o-a «•8-10
a-7 9-15
a-S ; 10-16
a-a « 16-16

2«2.2 Consonnes
p-b : 17-18 p-kp • 17-66 p-f : 27-28 p - t 17-30
b-p : 18-17 b-gb : 63-62 b-w : 25-26 b-m: 21-22 b-d : 20-31
f-p : 28-27 f-s ; 75-10
m-b : 22-21 m-w l 24-19 m-n : 29-38
t-d : 30-31 t-c ; 39-40 t-s : 30-10 t-p : 30-17
d-t : 31-30 d-i l 45-44 d-n : 37-36 d-1 : 34-33 d-b : 31-20
s-f : 10-75 s-t î 10-30 s-c : 46-42
n-d : 36-37 n-1 • 36-35 1-j : 32-47
c-t : 40-39 c-k • 64-65 c-j : 51-50 c-$ : 41-42
3-d : 44-45 j-c : 50-51 J-g : 43-59 M : 49-48
9-c : 42-41 £-h : 42-60 ç~s : 42-46
j-w : 53-52 j-i : 47-32 j-j : 48-49
k -c : 65-64 k-kp 54-66 k~g : 58-59 k-h : 55-57
g-i : 59-43 g-gb : 62-59 g-k : 59-58
h-k : 5 7-55 h-c : 60-42
kp-k : 66-54 kp-p : 66-17 kp-gb:61-62
gb-g: 59-62 gb-b : 62-63 gb-kp:62-61
w-b : 2 6-25 w -j •52-53 w-gb :52-62 w-m: 19-24
- 161 -

2.3, Inventaire des phonèmes


2.3,1.. .Phonèmes vocaliques

2,3,2* Phonèmes consonantiques

labiales dentales palatales vélaires TaBto-vëlaires


occlusives
sourdes P t c k kp.
sonores b d i g ' gb
fricatives f s ■W h ■

résonantes 1
nasales m [n]
non-nasales •m j w j
- 162 -

2.4 Notes sur la phonologie


La phonologie de 1*agni sanvi a été décrite par Retord (1972, 1977) et
celle de l'agnl moronou par Qualreau (1978). Il s'agit ici de résumer leur
travail et d’apporter certaines remarques et modifications basées sur des
recherches ultérieures.
2.4.1 Voyelles
Le système vocalique de l'agnl sanvi est composéde 16 voyelles qui se
distinguent par quatre paramètres: orallté ou nasalité, antériorité ou pos­
tériorité, position de la base de la langue (avancée ou rétractée), et le
degré d'aperture. D'un point de vue phonétique, onpeut distinguer 5degrés
d'aperture, mais du point de vue phonologique, 11 n'y a que 3degrés (Qual­
reau* p.57-58):
le permier degré (voyelles fermées): i, T, i, f, u, Q, o, 3
le deuxième degré (voyelles moyennes): e, er o, o
le troisième degré (voyelles ouvertes): a, K, a, S
C‘est la position de la base de la langue qui influence l’aperture.
L'ouverture est un peu plus grande quand la base de la langue est rétractée.
Ainsi /e/ est un peu plus ouvert que /e/, et /o/ est plus ouvert que /o/.
Notez que les voyelles moyennes n'ont pas de correspondantes nasales. Les
voyelles postérieures sont arrondies.
Les paires minimales, pour les phonèmes /a/ et /a/ existent seulement
après /s/ ou après les consonnes palatales. Il senfcle que ces deux voyelles
n'existent pas dans les autres dialectes.
2.4.2 Harmonie vocalique
Les voyelles se répartissent en deux groupes selon la position de la
base de la langue et, à l'intérieur d'un monèmepolysyllabique, elles ap­
partiennent exclusivement àl'un ou â l'autre groupe. Onappelle ce phéno­
mène “harmonie vocalique". Le plus souvent, la première d'une suite de
voyelles est du premier degré et la deuxième est du deuxième ou du troisième
degré: bU “se laver1', ftcî "cacher", bî»X "juger", tî^ "suivre", s\ê "garder,
poser", l^ké "chose", küld "village", etc. Certains pronoms, préfixes et
suffixes sont soumis à cette harmonie vocalique qui est déterminée par la
qualité de la voyelle du radical: ko "partir", ehale "déport", kulo "aimer",
ehulo "amour", o si "il sait", o s1 "il pile", etc.
- 163"

2.4,3, Consonnes
2.4.3.1 labiales et la&ioyélaires
Les phonèm es /p/ et /gb/ ont un statut très faible en agni sanvi*
Le phonème /p/ n}apparatt que dans des mots d1emprunt. En agni indénié
et sefw i /p/ correspond â /kp/. En agni sanvt /kp/ et /gb/ ont des va­
riantes Intéressantes. D evant les voyelles antérieures* ces consonnes
deviennent labio-dentales et plostves: [tp] et [db]*

Dans un contexte nasal s le phonème /w/ se réalise c c * [ qw], L Exis­


tence du phonème /m/ semble être prouvée par quelques paires minimales.
Cependant, /m/ est le plus souvent dans un contexte nasal et /b/ devant
les voyelles non nasales.
2.4.3.2 Dentales
Les sons [d], [1] et [n] sont assez fréquents* niais il est difficile
de trouver de véritables paires minimales. En général * [n] n’apparaît
qu'en contexte nasal et [1] n‘apparaît qu’en contexte intervocalique. Leur
apparition provient dans la plupart des cas du phénomèned*alternance con-
sonantique, cf. 2.4.4.
2.4.3.3 Palatales et vélaires
Le phonème /k/ est le plus fréquent parmi les phonèmes consonantiques*
tandis que /g/ est très rare. Le phonème /h/ est classé conwe vélaire en
raison de son alternance consonantique avec /k/, par ex» h ko “il part”,
h ho "qu'il parte". D’une façon générale, les consonnes palatales sem blent
être en distribution complémentaire avec les vélaires» Dans les verbes mo­
nosyllabiques, par exemple, il n’y a pas d’opposition entre /c/ et /k/;
/c/ est suivi seulement de voyelles antérieures et /k/ de voyelles posté­
rieures. Une comparaison avec d’autres dialectes montre que la palatalisa­
tion des vélaires est un développement non encore achevé. Onpeut comparer,
par exemple, des mots de l‘agni moronou tels que [slcej "loger*1, [foc£]
"être malade" et [tlnjé] "réveiller” avec les mêmes mots en agni sanvi oû
l’on a[9^ké], [foké] et [tYngl].
Les consonnes vélaires et palatales peuvent être labialisêes quand elles
sont suivies d’une suite de deux voyelles dont la première est arrondie et
la deuxième non arrondie, par exemple:
/gOX/ -*■ [g uA] “verser8*{réduplicatton;
EgQgw33)
/koàl^/ * [kw!l^] "pouvoir**
- 164

/jûé/ -i "finir0
/èjÛ A/ [ 4y X j "soleil
/ Coi / -> r~ ^ *lf"*îrer"

2.4.4 L*alternance consonantique


Les phonèmes consonantiques de l’agnl sanvi sont distribués de façon
très Inégale. Certaines consonnes sonores et fricatives ont un statut pho­
nologique marginal qui peut être expliqué dans le cadre de l ’alternance
consonantique (ou mutation consonantique). C’est essentiellement unphéno­
mènegrammatical qui se produit à la jonction entre un préfixe et la con­
sonne Initiale dumonème suivant* Après unpréfixe nasal (homorganique),
la consonne initiale du monème devient sonore. Cette règle de sonorisation
qui est employée pour la formation du pluriel, de la négation et de la no­
minalisation produit les séquences que voici:
r
~b mmM
f ov
w ow
kp omgb
t nd
d nn /N [sonorisation)
s nz
1 nn
c ni
j np
k .^ -

Il y a une autre règle qui s’applique lorsque la consonne tntttAle


est en position intervocalique. Seules consonnes /d/, /c/, /k/ et /b/
(dans les mots bi "venir'1et bS "enfant") subissent cette règle qui est
employée pour la nominalisation et pour la formation de certains aspects
verbaux (statif, rêsultatif, accompli et subjonctif).
' b* w'
d ->
1
/V (spirantisatton)
c fi

u
k «i - .h

Voici quelques exemples illustrant l’emploi de ces deux règles:


Pluriel: b& "enfant" fernS "enfants"
tdlil "jeune fille" hdaluX "jeunes filles"
Négation: fa "il prend" l M m<f "î] rte prend pas"
- î63

d k:> “il part;11 o hg£ ml "il ne part pas"

Nominalisation: dàfY "dormir" 'hnàfélé “sommeil**


ko "partir" èholl “départ
Aspects verbaux; h ko "il part"
h ho "qu’il parte"
h h ho "il est parti"
h bhM *il partit"
o dé "il se couche"
h là "il est couché"
2.4.5 Tons
Dans le corpus, on trouve quelques paires minimales (Nos 67-74) où
les mots ne se distinguent que par les tons. En effet, il existe seule­
ment un petit nombre de paires minimales. Le ton sert plutôt à distinguer
les fonctions grammaticales que lexicales. En ce qui cortfcerne les verbes,
il sert uniquement àdistinguer les modes et lesaspects.
Il y a deux tons phonologiques: haut et bas. Ces deux tons peuvent se
combiner dans une seule syllabe pour former un ton,mélodique montant ou
descendant. Les tons semblent caractériser le monème plutôt que la syllabe.
Quâireau (p.214) parle de quatre schémas tonals:
1) toutes les syllabes du monème portent un ton haut: bdkdf "bouillie"
2) toutes les syllabes portent un ton bas: bèdè “manioc"
3) la dernière syllabe seule porte un ton haut: bolê "brouillard"
4) l 'avant-dernière syllabe seule porte un ton haut: bol?: “paquet".
Les autres schémas sont moins importants et peuvent s‘expliquer par la
composition, le redoublement, etc.
L'agni manifeste un certain nombre de règlesde rencontres de tons qui
sont bien décrites par Quaireau (pp.143 s.). Les plus importantes sont la
règle d'abaissement progressif de la voix ou de fonctionnement en terrasses
et la règle de chute tonale ("downdrift" et "downstep"). Après un ton bas,
le ton haut est plus bas que le ton haut précédent, et après un ton haut,
le ton bas est plus bas que le ton bas précédent. Cet abaissement progres­
sif de la voix est automatique. La chute tonale "downstep" consiste en la
chute d'un ton haut après .un-autre ton haut, par exemple dans le mot [élmo]
"vous" (Iwd peut être la marque du pluriel).
- !b h -

3.0 Grammaire
3.1 Ordre des éléments dans la proposition
En agni*1 'ordre des constituants principaux est généralement le
suivant:
sujet + verbe + complément
SN SV SN
exemples de phrases sans compléments:
b do "c’est chaud”
11/être chaud-Présent
S V
t^ltfX înv M jàso "la fille se lève"
fille / la / Progressif/se lever
S V
exemples de pVases avec compléments:
Æk^sf tà àk6 "Akassi élève des poules"
Akassi / élever-Présent/poule
S V 0
bât©m£ înf Md^bèdè
enfant / le / Progressif / manger/ manioc
S V 0
S'il y a un objet indirect dans 1‘énoncé, celui-ci précède l1objet
direct:
&mk à nlcf Kbff àlté "Ama a donné àmanger $ Kof
Ama / Résultatif / donner / Koffi / nourriture
S V or 0D
Cette construction peut être remplacée par une série verbale. Dans ce
cas, l'objet direct suit le premier verbe et l’objet indirect suit le deuxiè»
verbe:
£mà h fà &llé A ml K&ff "Ama a donné
• Ama / Résultatif / prendre/ nourrit./Résult./donner /Koffi S manger à Ki

h hSnt èjôU hlléll Kbff "Il a raconté


11 / parler-Accompli / affaire /montrer-Accompli/Koffi l'histoire â!
S VI 0D VZ 01
1 \i 7

3-2- Constituants du syntagme nominal

La majorité des mots qui modifient le nom se placent après celui-ci.


C’est le cas des démonstratifs5 des numéraux et des adjectifs. Le démonstra­
tif et le défini se marquent toujours à la fin du groupe nominal. L'expansion
la plus typique est la suivante :
nom + adjectif + numéral + démonstratif/défini
exemple :
ncté IdX ng§I rtsâ înt "les trois jolies filles’
5
filles / joli / trois / les

Seuls les pronoms possessifs précèdent le nom. Dans la construction


nom + nom, c'est le déterminant qui précède le déterminé.

La possession inaliénable est marquée d ’une façon particulière en agni


sanvi comme en nzéma (Burmeister, 1976). Les noms de plusieurs parties du corps
ainsi que les termes de parenté revêtent deux ou trois formes différentes selon
le contexte syntaxique. Par exemple, le mot pour- "tête" [til£] devient [^t'î]
après un nom propre ou défini, et ne conserve que sa racine [tï ] après un pro­
nom possessif.

6 Iâ ma 1 1 1è •’
il n ’
a pas de tête (il est fou)’

il/avoir/nég./tête

kàsf t! tê "Kassi est méchant (lit. la tête de


Kassi/tête/est/mauvais Kassi est mauvaise)"
p /
mt lé kpàcl mt j’
ai mal à la tête”
moi/tête/Progr./fendre/moi

3«3* Préfixes nominaux et formation du pluriel


Il y a trois préfixes qui sont employés en agni sanvi pour la nominalisa­
tion: deux préfixes vocaliques : a- et e- eu e- (suivant l’ harmonie vocalique)
et un préfixe nasal homorganique N-. Ces préfixes ne sont pas employés ■pour
distinguer des noms ayant la même racins. Il n ’y a pas de système de classes
en agni. Cependant, il est intéressant de comparer les trois noms [èsù<£] "pluie”,
[asùl] "eau (étang, rivière, etc.)" et [nzul] "eau (à boire)". Il semble que le
préfixe nasal marque un certain nombre de noms massifs, par ex. Cogô] "huile de
A

palme", [ojt] "sel". Comme nous l’ avons déjà vu plus haut (2.4.4.), les préfixes
nasals et vocaliques sont employés pour la formation de noms à partir de radi­
caux verbaux. Le préfixe a*- figure aussi dans la formation de certains noms à
partir de phrases qui concernent les parties du corps ;
168 -

par ex. [Ihkjlé] “satisfaction11, vient de tj{ k£>àjf] “son ventre est
rempli", [lUIomgbifci'é] "niai de tête", vient de [jt t^i lé kpàct jf j “sa
tête se fend".
Le pluriel est marqué soit par un préfixe nasal homorganique, soit
par le suffixe tmo, soit encore par la combinaison des deux. Pour cer­
tains noms, le pluriel se marque aussi par le redoublement, par ex, [£ko]
“poule", devient [^gok;S] au pluriel. Le radical nominal tout seul exprime
la valeur générique:
âkésf tb êkè “Akassi élève des poules"
Akass1/élever-Prësent/poule
Ici, 11Identification des poules ne ressort pas, C*est le suffixe Bn&Tqut
ajoute un sens d’identification. Le suffixe peut se combiner avec la marque
de l'indéfini [b^é] pour donner le sens de "plusieurs", ou avec la marque
du défini [int] pour donner un sens bien défini:
hgoko fonrtéïmo "plusieurs/quelques poules"
fcgokoinflmo “les poules (ctont on a déjà parlé)"
L’adjectif s’accorde en nombre aumoyen du préfixe nasal:
hgoko ïjrogbflf Vnfimo “les grosses poules"
3.4 Les pronoms personnels
Il y a deux séries de pronoms personnels. Emis isolément, ils ont la
forme suivante:
1ère pers. sing. m£ plur. jé
2e pers. “ wo ■ " éîmo
3e pers. " jt " bé
Cette série de formes toniques s’emploie pour renforcer un sujet, comme
complément d’objet ou indirect, dans la phrase nominaleet la mise en relief.
mf, mt ko "mol, je pars"
moi/je**Progr./partir
b 'à bè mt "on m'a frappé"
11s/résul-/frapper/moi
tatif
à mS j£ à!lé & 1f. ,
Ama/Résultatîf/donner/lui/nourri ture/Consécutif/manger
"Ama lui adonné quelque chose âmanger"
■m£ b "c’est moi"
moi/prédicatif nominal
- I # ~

j( ! j *4 ■ wb h “c’est lu*1qui est mort’*


1u1/mlse en rel 1ef/1l-Résultat1f/mour1r/préd1catif nominal
L'n fonction de sujet, on trouve des formes qui se distinguent des pré­
cédentes par leur absence de ton propre*sauf en ce qui concerne la deuxième
personne du pluriel qui se comporte toujours commem nominal. La première
personne du singulier devient nasale homorganique dans certains aspects:
1ère pers, sing. mt/N pl» je
2e " “ e “limé
3e " “ d " be
Le pronomsujet prend pour ton le "préfixe tonal” dont les variantes
sont liées au choix de la modalité verbale (cf.3.5). Commeon l’a déjà re­
marqué (cf.2.4,2), les pronoms sont soumis à l'harmonie vocalique. Le pro­
nomde la 3ème personne du pluriel prend souvent un sens impersonnel "on11,
Il remplace fréquemment aussi le pronomde la 2ème personne du pluriel, Ex.;
mi bl ho “Vous, partez, s'il vous platti"
vous/donner/i1s/partir-Subjonct1f
Devant la marque de l'aspect "résultatif" /a/, on constate une élision
de Ta voyelle de certains pronoms:
m'à ho "je suis parti51 j'& ho “nous sommes partis"
â h£ “tu es parti" é’moi f\h “vous êtes partis”
j'à/oà est parti" b‘i ho "11s sont partis"
3.5 Quelques conjugaisons
3*5.1 AccomplI et résultatif
L'aspect accompli se réfère le plus souvent $ un fait passé par rapport
au moment de 1'énonciation. Il est employé en particulier dans la narration.
L’aspect "résultatif"*(ce terme vient de D. Crelssels et N. Kouadto, 1977,
Description Phonologique et. Grammaticale d’un Parler Baoulê, LIX, Université
Nationale de Côte d'ivoire, Institut de Linguistique Appliquée, Ahrdjan, p*38
est aussi une forme d’accompli mais qui, â la différence de la précédente,
garde un lien avec le présent. Il exprime souvent un passé récent ou l'état
qui est l'aboutissement d‘un processus.
owàK"il est venu” (et il se peut qu'il soit reparti entre-temps)
11/venir-Accompli
j'â i "il est venu" (et 11 est toujours ici)
il-Résultatif/venir
« 170-

à wà
j‘ ”
11 vient de roourir"
il-Résultatif/niourlr

J *à bf "c'est cuit"
il-Résultatif/cuire

Le résultatif, comme on l'a déjà vu (3,4), est marqué par le préfixe


/a/ et par l ’
alternance consonantique. L'accompli subit aussi l'alternance
consonantique, mais en plus il est distingué par le suffixe Alt/. La voyelle
de ce suffixe devient /i/ après un radical verbal qui se termine par /t» t»
uou Q/; en outre,elle est nasalisée après une voyelle nasale.

Çigol ( "je suis parti" yl f&l l "nous sommes partis"


l hM f "tu es parti" i !mo ft3l t "vous êtes partis"
l hM ( "11 est parti" hl bM f "ils sont partis"

htù If "j'ai mangé" yh lllf “


nous avons mangé"
h ilH "tu as mangé" éimé Ifll "vous avez mangé"
b rtlf "11 a mange" bh ltlf "ils ont mangé"

3.5.2 Inaccompli progressif et continuatif

L'aspect progressif exprime le déroulement d'un processus, normalement


au moment de 1 ‘
énonciation. Cet aspect peut avoir deux formes. Après un no­
minal, le radical verbal est précédé du préfixe /!£/. Après un pronom, le
préfixe est souvent remplacé par un allongement de la voyelle du pronom avec
un ton montant. La consonne initiale duverbe ne subit pas de mutation,
mit ki "je pars/je suisen train de ylé ko ,!nous partons"
partir"
££ ké "tu pars" éimo 1i ko "vous partez"
hS ki "11 part" b H ko "fis partent"
Kkff ki "Kofi part"
L'aspect continuatlf, peu fréquent, correspond au sens de "continuer â"
ou "encore", îl est caractérisé par un préftxe /th/. Le pronom de la première
personne du stngulîer devient une nasale homorgantque,
hdl d^ $£im1( "je continue à travailler"
je-Cont1nuattf/manger/travai1

î tl ûl "il est encore couché"


1l/Cont1nuattf/se coucher

3.5.3 Impératif
L'impératif exprime un ordre adressé â un interlocuteur, C ’
est la forme
la plus simple du verbe, elle n'est pas précédée d ‘
un sujet.
k4 "pars!'1 "couche-toi!" "lêyertolî" t^é “écoutel"
nH "regarde!'1 fi té"sors!"
Le ton de l'Impératif est toujours haut sur la dernière syllabe, sauf
devant un complément où 11 devient 5as,

fi ko “
apporte i" f'à ml mf "donne-mot. •ri'1
prendre/partir prendre/donner/moi

3.5.4 Injonctif

Injonctif exprime ordres, souhaits, désirs» etc. Il apparatt souvent


L’
â la suite de verbes signifiant Hpenr?ettre% "vouloir1*, etc. Le radical ver­
bal subit l'alternance consonantique et porte un ton haut sur la première
syllabe.
fcgo que je parce"
“ yï hi “
que nous partions"
£ ho "que tu partes'1 ilmê tô “
que vous partiez11
b hi "qu'il parte" oè fi6 "qu’
ils partent"

3.5.5 Futur

Il y a trois séries de forme qui expriment de manière générale Ici valeur


temporelle du'futur. Le mode intentionnel qui exprime une tntentton du sujet
prend souvent un sens de futur. Cette forme est marquée par un préfixe tonal
haut.
m£ ko “
je veux parttr/j'trat" yi ki “
nous Irons"
é ko "tu Iras" élmo ki "vous Irez"
i ko "11 Ira" bi ko "Ils Iront"

Les deux autres formes du futur se conjuguent à l ’


aide des auxiliaires
/ha/ “venir" et /ko/ "aller, partir". Avec /ba/. le sens du verbe est le
futur simple, mais avec /ko/, il s ‘
agit plutôt d ’
une supposition ou d ‘
un
futur contenant un élément de doute ou de contrainte. L'auxiliaire /ba/ se
conjugue à l ’
intentionnel avec ton haut. L'auxiliaire /ko/ se conjugue au
présent avec ton bas. Le radical verbal subit l ’
alternance consonantique
après les aeux auxiliaires.
mï bi hà "je vais partir" yi bi ho "nous allons partir**
i bi ho "tu vas partir" éîmi bi hl "vous allez partir"
0 bi hb "11 va partir" ki bi bà "ils vont partir"

Pigo ho "j’
irai {mais je ne veux pas)" yh k*> ho "nous Irons"
1 ko hi "tu iras" £!mo kb ho "vous Irez"
o kb hi "11 ira" bï kb ho "Ils Iront".
ni

BIBLIOGRAPHIE (études linguistiques)

Burmeister, J.» 1976. “


A comparison of variable nouns in Anyi-Sanvi and
Nzema51 Annales de l'Université d'Abidjan, Série H, pp, 7-19,

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thèse de doctorat d'Etat, Paris III, CERAV, Abidjan.

Van Leynseele, H,, 1975. “


Restrictions on serial verbs in Anyi", Journal of
West African Languages> 10,2.
Lynell MAR0HESE
et A. HOOK.

après les infonriatioris recueillies (1 ) , nous proposons que l’« •


D’ aizi se
(2) r
divise en trois dialectes

Groupe I : Tiagba
Nigui Saff
Nigui Assoko
Tiémié

Groupe II : Téfrédj i
Attoutou A
Attoutou B
Koko
Alaba A
Alaba B
Tabot

Groupe III ; Abrako


Ablanianiambo

(1) Enquête réalisée du 21 au 24 mai 1975 <


(2) Pour chaque groupe, nous indiquons les noms des villages qui le composent»
Nous avons visité quatre villages aïzi : Tiagba5 Téfrédji5 Attoutou A 3 et
Abrako3 et nous avons obtenu à peu près les mêmes renseignements dans cha­
que village.
- 174 -

Groupe I :

Nous n ’
avons pas rempli le questionnaire de 555 mots dans ce premier
groupe, à cause du travail déjà fait par Hérault :

L'aizi - esquisse phonologique et enquête lexicale, Abidjan, Publ. I.L.A.


N° 20, 1971 et L'Aïzi, in : Atlas Linguistique de Côte d'ivoire, les langues
de la région lagunaire, par G* Dûmestre, Abidjan, Publ. I.L.A. N° 19 3 1971 >
pp. 98-115.

Nous ne pouvons que confirmer les faits présentés' dans V A t l a s (p, 305-307)•

1. Le système phonologique est du type krou à l’


exception du phonème J.
2. La grande majorité des mots aïzi (groupe I) ont une structure sylla­
bique qui ne diffère pas du type krou.
Exceptions : kanja lampe
nrenl graisse
Ogat i arachide.
nïrçbre bâton
0 gba 6 a chaussure

(lampe, arachide et chaussure sont évidemment des emprunts).

3. Nous n*avons pas pu faireune étudegrammaticale, maisl’ aïzi du grou­


pe I atteste une forme de noms composés, trèsrépanduedans la famille
krou (nom-verbe-celui qui fait).
Exemple : j-i - pa -po chasseur

cf. en godié : .
................... ....kl a - pl a - po ...............

brousse-entrer-celui
dobu - ba - po

chose-brûler-celui

4. Dans le système numéral, nous trouvons également une ressemblance ent.


l’aïzi du groupe I et la famille krou. Le nombre 100 est composé coirm
en godié :
AfZI
- 177 -
aïzi : ~ jugbo (vingt x cinq) cent

godié : g o U - ngbh(vingt x cinq) cent

En revanche, selon l'atlas, les langues lagunaires possèdent en général


un monème pour I~ mot cent-.

5 . Dans l 'Atlas (p. 30?) la :resserriblance entre l ’


aîzi et le koyo est discu­
tée. On y a relevé 4? eorresporidances sur 405* Il nous semble qu'il y a
plus de ressemblances que celles qui ont été citées. (Nous comptons à
peu près 85~90 sia" 405, donc presque 25 % en comparant l ’
aïzi avec le
g o d i é .)

6 . A Tiagba, nous avons appris des vieux qu'au moins un quartier de Tiagba
est o Jorigine dida.

D o n c ÿ ceci semble confirmer que le groupe I de l ’


aïzi est à rapprocher de la
famille krou.

Groupe II ; Dialecte aïzi ce

Ce dialecte est parlé dans les villages suivants :■Téfrédji, Attoutou A, Attou-
tcuB, Koko, T a b o t 3 Alaba A et Alaba B.

Nous n ’
avons trouvé que 21 mots sur un total de 555 dans l ’
aïzi de Téfrédji,
ayant des formes correspondantes en krou :

avro barbe c f. godié va / va

jubobàb'ï bêbê ju enfant

ufu b lanc po OU p A

nëmâ bouche na

C^kû caillou CAko

t •v
canari p î de

p o w lu cheveu p i

abô cou bl 6

sokpo crapaud SDkpA


g b à 1è hippopotame

enana il marche d na

babî^e mouton babl i

QeQf. nom 0 l«

tu pleurer tu

abobo poussière BuBu

pepa sein P ït î

kwa la tortue k W A 1À

toto uriner do

sa Rirabol 1 ver sumabe

eta trois ta

ata guerre to

Ce dialecte ne semble donc pas être d ’


origine krou. Il n ’
y a que 21 correspon­
dances sur 555 mots et la structure syllabique est divergeante : par exemple,
des nasales syllabiques au début du mot :

rrip<5pro froid

nno boire

i^kokc chapeau

Ôkâr^ chien

qui5 à notre connaissance, n’


apparaissent pas dans les langues krou.
Ce dialecte ne se rapproche pas non-plus du dialecte aïzi de Tiagba. Nous avons
relevé à peu près 53 correspondances entre le dialecte de Tiagba et le dialecte
de Téfrédji.

Groupe III :

Le groupe III (Abrako et Ablardaniarnbo) semble être plus "près du groupe


I que groupe II :

1. Nous avôns trouvé 133 correspondances.


- 179 -

2. D'après les vieux d ’


Abrako les locuteurs du dialecte III ont essayé de
trouver du terrain à K o s r o 5 mais ont été chassés. Ils sont alors partis
à Toup a h 5 où ils n ’
ont pas trouvé de terrain. C ’
est à ce moment q u ’
ils
se sont installés à Abrako, où ils se seraient mélangés avec les Adjou-
krou. Ils disent : "Les anciens comprenaient le dida, mais aujourd'hui
on ne se comprend p lus.”

3. L a structure syllabique montre peu de divergences par rapport au type


krou.

Conclusions :

Ordre de ressemblance à la famille krou :

Groupe I - l e plus proche


Groupe II - tout à fait différent
Groupe III - ressemble au groupe I mais n ’
a pas autant de cor­
respondances krou.

En conclusion 5 on peut diviser l ’


aïzi en deux entités linguistiquement hétéro­
gènes :

Groupes I et III : quelque ressemblance avec le krou* probablement


résultats d ’
u n mélange entre le dida et l ’
adjou-
krou.

Groupe II : pas do ressemblance avec le krou ni avec les


groupes I et III.
l; A L L A D ï A N

Laurent DUPONCHEL et
MEL G nanti a Bertin

Le domaine alladian s *étend le long du littoral atlantique, immédia-


tement à l ’
Ouest d'Abidjan. Il occupe la plus grande partie du cordon lagu-
naire compris entre les eaux du golfe de Guinée et celles de la lagune ébrié .

C fest en fait une île reliée au continent par un service de bacs.

Le relief et la végétation du pays alladian ne présentent aucun obs­


tacle qui puisse favoriser les processus de différenciation dialectale. Il
s'agit donc d'un aire linguistique continue : la langue alladian se carac­
térise par son homogénéité.

Les 14 villages alladian s ’


échelonnent sur 60 Kilomètres de front de
mer. On rencontre de l'est à l'ouest :

1 - Abrébi * èbrebC
— n
2 - Sassako-Begniny * loboc£ -- ama ou sIsëTké beprî
3 » Avagou * avâgù
4 - Akrou ® akru ou êkru
p *
5 - Adoumanga « addmagâ
6 - Diessé - j-ésè
- 182 -

7 - J a cq ue vil le * omokwà - 9 iège de la sous*préfecture et village


le plus peuplé
8 - Ahua * ïi|a
9 - Grand-Jacques ° bodo - là^-â ou ‘
nlà^a’
.
Ce village a exercé autrefois une prééminence religieuse et éco­
nomique sur les autres villages - on remarquera q u ’
il porte le
rrême nom que la langue alladian (Ç là^a) et q u ’
il est considéré
comme la facture du bon alladian.

10 - Adjué = êgqè ^
11 - Adjacoutié = 'êcakTîtjè ou "êcâkïïsè
12 - MboKrou - çl?6 kru
\

13 - Baviama =
bàjàmâ
- *
14 - Addah ** âdâ

La communauté alladian vivant sur le littoral souffre d*un exoderural


intense qui a amené l ’
installation de nombreux alladian dans les villes où
ils occupent souvent des postes importants. La langue ne fait preuve d ’
aucun
dynamisme par rapport aux langues voisines : ébrié, avikam, ai’
zi, adioukrou.
Elle ne se montre pas non plus perméable à ces langues. Seul le français pa­
raît être la langue qui s ’
impose comme deuxième terme d ’
un bilinguisme géné­
ralisé. La scolarisation du pays alladian est quasi totale e t beaucoup d'élè­
ves quittent le pays après leur scolarité primaire pour *u 5:\Tre l ’enseignement
secondaire à Dabou ou à Abidjan.

La langue a été très tôt en contact avec les langues européennes è


l’
occasion des activités commerciales. Elle a opposé une grande résistance à
la pénétration des emprunts, j u s q u ’
à ces dernières années, grâce à l ’
extension
de sens des unités lexicales et grâce à i*exploitation systématique de la compo­
sition.

Actuellement les mots français entrent sans modification dans la lan­


gue et de larges domaines lexicaux sont en voie de disparition. Il s ’
agit en
particulier du vocabulaire se rapportant à la faune et à la flore et à la tech­
nologie traditionnelle (pêche, artisanat, culture...)
ALLADIAN
- 185 -

Les Alladian se nomment eux-memes ~glà^fa-bo les gens de l'alladian*


Au point de vue ethnologique ils forment une société sans autorité centrali­
sée : la chefferie n ’
existe qu'au niveau de chaque village. La filiation est
r/iat ri linéaire mais le fils dépend du père bien plus que de l ’
oncle maternel.
La terminologie de parenté est nettement descriptive.

Depuis le début'du siècle toute la population est christianisé : les


confessions catholiques, protestantes et harrlstes se partagent l 9ensemble des
f i d è l e . Cependant les anciennes croyances ont laissé une Influence très pro­
fonde dans la conscience collective.

Les Alladian ont constitué vraisenrblab 1 ement une des premières va­
gues des grandes migrations agni-ashanti venues de la région de Koumassi dans
l’actuel Ghana. Leur installation a du s'effectuer au début du XVIIè siècle.

ï.- PHONOLOGIE

1 - Corpus de référence

La liste des monèmes que nous présentons ci-dessous servira à établir


les oppositions qui fondent le statut phonologique des différentes u n i t é s .

1 - kà grimper 12 - be filtrer

2 - kê accoster 13 - je montrer

3 - bâ approcher 14 - ji remplir
i A
4 - bo casser 15 - tre redresser

5 - êfkwci claie 16 - trô penser


>
6 - ’
zkvia panthère ■
' 17 - fè gronder

7 - ‘
ê kqè hameçon 18 - fë se moucher

8 - ekqê mer 19 - bt prendre

9 - êcê petit 20 - bC appeler

10 - êco chant 21 - ebu caillou

11 - bè ramasser - 22 - ebf concession


- 186 -
A

23 - mî boires fumer 51 - ba se cacher

24 - mù frapper ■ 52 - gba pardonner


P
25 f) être beau 53 - sb a palmier raphia
V S

25 - fë se moucher 54 - ëma main

27 - ësù une porte 55 - ëbù pierre

28 - ëso poisson ■
(esp.) 56 - ëvu brousse

29 - ku construire 57 - ata boue


\
30 ko se débattre 56 - adà salive
Xt roA 59 - nta boisson
31 - penser
■L * 60 - "nsa pet
32 - t ro finir
V
33 - O trancher . .61 - ënô viande . ,■
\ \
34 - Ô morphème pluriel 62 - ëtô un (numéral)
i A
63 -
A
35 - SO grandir ta chercher à tâtons
\
A
35 - sô piler 64 - ressembler
\
37 - ga avoir en commun 65 - ëdù conte
\
38 - raconter 66 - ëzù 4è jour traditionnel
! gôA
39 - r-â regarder 67 - du tisser
A

40 - pë déposer 68 - * rouler (poisson) '<


A N
41 - zre ' perdre 69 - ëda filet de pêche ~
A ¥
42 - zrô lécher 70 - ëna jambe
A
43 - ëpwa arbre (esp.) 71 - ca ressembler • !

44 - ëbwé balai 72 - r* ■
débroussdi lier
\
45 - PÙ jachère 73 - ce faire frire 1
V
46 - "nmù entier 74 - fë s fagenouiller

47 - pà donner (lavement) 75 - ëca poisson


N
48 - kpa allumer 76 - ëpâ ■sein
\\ —
49 - npa foutou 77 - ëcë aube

50 - ëfâ ' van 78 - ëkë ■■répugnance ■


- 187 -

79 " paresse 103 - nukù oreille

80 - ë^ë cola 104 - st apporter

81 - ennuyer 105 - f) p r endre une poignée

82 - pa regarder 106 - ’
ÏÏi f igname

83 - jâlï fourneau 107 - huile s graisse-

84 - gàlè bleu 108 - nf f eau

85 - .ëku la lune 109 - ïïp t. dent

86 - êgù mortier (piler) 110 - njf terre

67 - ëko bosse 111 - nq l enfant

86 - ekpo petit 112 - ëmâ mai n

8b - gè rater 113 - ëna jambe

90 - oh è ouvrir 114 - lè dire


À A
r e n v erser
91 - 0 I chercher 115 - re

92 - wî dépasser 116 - ne il

entendre
. A
93 - agbàtà la porte 1i7 ja

94 - akp^ta nom propre m a s o . 118 - nwf 08

95 - gbrà se gratter 119 - va . aller

introduire
A
96 - wrâ insulter 120 - wa

9 .7 - ëfrâ sabre 121 - ewù la mort

98 - ..evrà pagaie 122 - ëbè Baphia nétida -


A

99 - vrë être profond 123 - I0 morphème démonstratif


A

100 - mre enlever 124 - do dire


A
101 - sùkù scie 125 - ra mâcher

102 - zùkïï couverture 126 - dà être absent


- 188 -

2.- VOYELLES

2.1.~ Statut phonologique

L'identité phonologique des voyelles de 1 ’


alladian est attestée par les
rapprochements des unités de première articulation suivantes [désignées par un
nombre qui renvoie au corpus de référence ci-dessus) :

/i/ i / U (23 / 24) i / L (20 / 19 )

i / e (14 / 13) i / ë (25 / 26 )

e e / o (15 / 16) e / ë (17 / 18)

e / i (13 / 14) e / e ( 7 / 8 )

e / z (1 2 2 / 2 2 )

e e / e ( 8 / 7 ) e / a ( 2 / 1 )

e / 0 (9/10) e / ë (11 / 1 2 )

a a / e ( 1 / 2 ) . a. /. a . ( \5 6 )

a / 0 ( 3 / 4)

Û o / o (32 / 31) o / o (3ê' / 36)

0 / a ( 4 / 3 ) 0 / e (1 0 / 9)

o o / 0 (31 / 32) o / e (16 / 15)

0 / u (28 / 27) o / ô (33 / 34) '

u u / o (27 / 28) u / ô (2.9; /. 30) •

..• u / i (24 / 23) u / z . (2 .1 ; / 2 2 ) :

l l / i (19 / 20) l / u (22 / 2 1 )

L / e (22 /1 2 2 ) l / ë (19 / 1 2 )
189 -

a a / ô (37/38) a / o (39/40)

a / a ( 6 / 5 )

ë ë / ô (41/42) ë / â (40 / 39)

ë / e (12 / 1 1 ) ë / c (18 / 17)

ô ô / e (42/41) ô / o (34 / 33)

o / o (36 / 35) o/ a (38 / 37)

2*2*“ L a système vocalique = 8 voyelles orales ; 3 voyelles nasales

a) Les voyelles orales : \

S tE R I E
t------------------ n------------------ --- ;------------- -
| avant j arrière

aperture 1 j i , u:

aperture 2 } i
j
I------------------- ----------------------- ,-------------
ORDRE • aperture 3 j e . „ j o

| aperture 4_____ __________e î o

J aperture 5 j a

REMARQUES : (1) Les voyelles orales d 8 1 ’


alladian s'intégrent dans un système
déterminé par le trait d ’
aperture et par la position d ’
articulation. Elles
s'organisent en 2 séries (antérieure/postérieure) et en 5 ordres (5 degrés
d’
aperture).

(20 a et z né s' intègrent pa-s dans le jeu des oppositions .puisqu ’


ils
ne sont -drV~inis que que yaf un trait: s leur degré .d’
aperture - leur locali­
sation sur l ’
axe avant arrière ri’
est pas pertinente.

(3) Le / l / semble être un phonème en voie d ’


extinction. Il ne pos
de pas de correspondant dans la série d ’
arrière. Sa caractéristique articulatoi­
re essentielle est d'être d ’
articulation plus postérieure que ses voyelles ad­
jacentes i et e. Il apparaît dans peu de lexèmes mais ceux-ci ont un taux
- 190 -

d’
occurrence très élevé dans le discours et ils entrent dans des oppositions
fréquentes sur le plan diachronique il est intéressant de noter ce système à
ti voyelles. Il se situe entre le système à7. voyelles courant dans les langues
Kwa et le système à 9 voyelles (agni) qui lui-même dériverait du système a 10
voyelles du "dernier ancêtre commun" (STEWART).

(4) La voyelle initiale des nominaux peut être /e/ (35 %


/e/ (35 % des cas), /e/ (16 % des cas), /a/ (23 % des cas) ou n, nasale sylla­
bique (26 % des cas).

Dans cette position l'opposition avant/arrière est neutralisée :

a) /e/ et /e/ peuvent seuls apparaître si la syllabe suivante comporte .une vo­
yelle antérieure orale ou nasale (.ëbî ). mais les variantes libres S ^ o sont pos­
sibles dans les autres cas : (ëbù ^ 5bù ^ 0 bù)

b) la nasale syllabique, .nés t....un archiphonème résultant de la neutralisation de


l'opposition ë/ô dont il ne conserve que le trait de nasalité
(5) voyelles nasales

2.3.- Harmonie vocalique

Il ne serrtile pas qu'existe un phénomène d'harmonie vocalique. La


seule tendance nette qui se dégage des tableaux mettant en r e l a t i o n 'voyelle 1

et voyelle 2 est le taux de.fréquence très élevé de la répétition en syllabe 2

du noyau syllabique de--la .syllabe 1. Aucune règle; simple faisant intervenir des
critères d ’
ouverture, de tension ou de lieu d'articulation ne peut-,rendre compte
des autres limitations constatées.

3.- CONSONNES
- 191 -

3.1 Le Statut phonologique des 24 consonnes est prouvé par lr-


ra p p ro c h en en t s s u i v a n t s

a) occlusives : 10

P p/b (43 / 44) c4 7 / *4Gj

p/m (4 5 / -46 3 p / f (49 / 50)

b b/p (44 / 43) b / rr< ( G3 Y 54)

b/v (55 / 56) b / qb (51 / 52.)

t ... t/d (57 / 58) (59 / 60)

t/n (62 / 61) / c ( 63 / 54)

d ' d/t (57 / 58) (59 /-. 60.1


d/n (62 / B 1 'i (63 / 64)

c c/4 (53 / 57) ( 65 / 65)

c/ f l69../ 7 jj ( G7 / 68)

ï/c C71 / 72) i g (75 / 76)

j/n ( 73 / 7 4 ) / 5 ( 77 / 78)

j/d ( 64 / 63) / j

k/g ( 72 / 71) k / kp ( 83 / 84)

k/c (61 / 82) (79 / 80)

(66 / 67) (72 / 1173

g/gb ( 85 / 86) g / (87 / 88)


g/k ( 78 / 77) ■g-V w

kp/gb (89 / 90) kp / p ( 84 / 83)

kp/k ( 86 / 85) (91 / 92)

gb gb/kp (93 / 94 ) gb ,/ b (52 / 51)


gt>/g (90V 89) gb / w (95 / 96)
- 192 -

b) Fricatives : B

f f / V (97 / 98) f / p (50 / 49)


f / s (25 /104) f / m (25 / 23)

V V / f (98 / 97) v / m (99 /100)


V / z (5 b' / 66) v / b (56 / 55)
(119/120)

s s / z (101/ 102) s / J (104/105)


s / n <101/103) s / t (60 / 59)
s / f . (104/ 25) ... (

2 z / 3 (106/107) z / n (102/103)
.. z / V (66 / 56) z / s (102/103)
z / d (66 / 65)

.f I / 3 (.108/107) J / p (108/109)
f / c ( 74/73 ) I / S (105/104)

5 3 / P (107/109) 5 / z (107/106)

3 / J (107/106) 5 / i ( 80/79 )
3 / J (107/110) 3 / M (107/111)

c) Nasales

m m / n (112/113) m / f (23 / 25)


rn / p ( 46/45) m / v (100/99 )
m / b ( 54/ 53)

•n ...n / p ( 70/ 76) n / z ,v (103/102) :


.. n / m (113/1,12) n / d r ( 70/ 69)
............ n / s (.10.3/101 )...... n / t ■ ( 61/ 6 2 ) .....
n / 1 (116/114) n / r (115/116)

P p / n ( 76/ 70) P / i ( 32/ 81)


p / c ( 76/ 75) P / j (109/110)
n / i (109/108) P / 3 (109/107)
- 193 -

d) Fricatives larges 3

j / q (110/111 ) j / p (110/109)
j / 5 (110/107) j / j (117/ 72 )

q q / v (-111/116) u / j (1 1 1 / 1 1 0 )
q / 3 (111 107) (

w w / v ; (120/119) w /g ' ( 92/ 91)


w / q (118/111) w / gb ( 96/ 95)

©3 Vibrante et latérale

! / r (114/115) l / n (114/116)
I/ d (123/124) .. (

(125/126)
r / d
- 194 -

3.2.- T a b l e a u des c o n s o n n e s

j labiales , dentales ; palata- vélaires


r labio-ve-j
„r
i i ; les laires j
i. 1 - ' ..
1 sourdes ; p t c k kp

| OCCLUSIVES { 1
i j sonores b j c! j g gb
1r_------ ! ! i ' L.
! •
sourdes f i s j
j rnlLnllVCO — i . . ' i . L ... .
j !
sonores v z 5 ! .,
i j
1
!
!. NASALES ' m n n j j
i .. 1i
i
... , ... i
î
i ! ■

■■^ : ;
FRICATIVES LARGES ! M j ; i w
i ; i • !
.... ....... ...... j ...... ..... .. ........ .

Hors-corrélation = I et r

3.3.- Remarques sur les consonnes

a) /\/, /r/ et /n/ attestes comme phonèmes par quelques rares paires
m inim ales vrairent satisfaisantes présentent de très nombreux cas de neutrali­
s a tio n :
- après consonne : toujours /T.J
- après nasale syllabique initiale : jamais /r/, /I/ et /n/ en variante
l i b r e s i le noyau de syllabe est oral, toujours /n/ si le noyau de syllabe est
n a s a l.
- à 1 1 intervocalique et à l'initiale /I/, /r/ et /r./ peuvent apparaî­
t r e s i la voyelle suivante est orale - si la voyelle est nasale toujours /n/,

b) devant /î/ on relève les faits de neutralisation suivants :

~ opposition t/s neutralisée au profit de s


- opposition d/z neutralisée variante libre
- opposition K/c et g/j neutralisées : réalisation intermédiaire.
- 195 -

c) le phonème /p/ est d ’


occurrence relativement basse. Il n’
apparaît
que dans les emprunts et dans les termes à structure idéophonique liés è l'ex­
pression de la discontinuité. .
Fréquences de /p/ : 1,65 % dans la lipgue> 0,58 % dans le discours.

d) le phonème /g/ a une f r e q u ■




-? normale dans la langue (4,42 % alors
que la fréquence théorique d'occurrence dons le lexique est de 4,26 %). Sa
fréquence dans le discours est de 1,Go %. Il n'offre pas de lacunes, notables
de distribution.

e) relation ton/ccnsonne : aucur: ?;ruiditionnement de ce type n'a pu être


mis en évidence dans cette langue.

f) structure syllabique : alla est résumée--dans- le schéma suivant qui


permet de produire les 9 types d? s-'l.iabes admises, toutes ouvertes.

<•?

...i.4-
\ \ \\V\
/
...// V
\N ]

LM i/
iw — ~:l
'
v S
— ...t.

i\ " LJ
//
t -
!M V- .c
4'

Selon le type de syllabe la consonne initiale Ci appartient à un sous-ensemble


plus ou moins important de 1 '.ensemble des consonnes.

g) la structure des monèmes. ...


•\ A

- les verbaux sont du type (Cl CV ou C(C)V à part quelques exceptions


de radicaux disyllabiques.
- 196 -

- les radicaux nominaux peuvent être du type CVCV (CV...) ils sont alors
obligatoirement plurisyllabiques,
- quand les radicaux norninauxl.sont précédés d ’
une voyelle initiale, ils
peuvent être monosyllabiques ou plurisyllabiques. Cette voyelle initiale a soit
un ton moyen soit un ton bas - elle n'appartient jamais aux degrés d ’
aperture
1 et 2 .

4.- LES TONS

L'alladian utilise à des fins_distinctives 5 tons mettant en jeu 3 re-


gistres : trois p o n c t u e l s .(haut, moyen, bas) .et deux modulés (haut-bas et moyen-
bas) .

Ces tons sont utilises dans la distinction des unités lexicales mais
aussi dans la grammaire, en particulier dans la conjugaison. Les réalisations
des tons mettent en ieu 6 hauteurs : haut, haut-abaissé, moyen, moyen-abaissé.

Les tons ponctuels ont une fréquence totale de 93 %. Ils peuvent appa­
raître en toute position. Les tons modulés n ’
apparaissent q u ’
en finale de monè-
mes.

Notons enfin que 3es tons de l ’


alladian entrent dans. un jeu complexe
de conditionnements progressifs et régressifs dont on trouvera les règles dans
les ouvrages cités dans la bibliographie (ÜLJPONCHEL, 1071 et DUPÜNCHEL 1974).

Laurent DUPONCHEL

X X
- 197 -

11 " GRAMMAIRE

1.- LA PROPOSITION

1.1.- L'ordre des constituants

Dans sa forme la plus simple, ...1’


odre des? constituants de l ’
énoncé est
le suivant :
Nominal sujet + modalité verbale + verbe

nip kê bâ
enfant/inacc./s *approcher
L 'enfant s A p p r o c h e 1

màmbe ke va
flambe /inacc./ venir
Manbé vient

'nq ï e bâ
anfant/ncc./ s ’
approcher
L’
enfant s fest approché.

Lorsque le sujet est un pronom, la modalité verbale est associée au


pronom.

A
e ba
i

2 ê p, sg. + inacc./ s'approcher :


T u t'approches

pé va
2 è p. pl. + inacc./venir
Vous venez.

1 *2 ,- L'expansion objeictalë

L'expansion objectale suit immédiatement le verbe.

ëbt 1 o ënêvrf
Ebi / acc./ acheter / banane
Ebi a acheté de la banane.
- 198 -

më d f . a kwà
1 e.p, sg + acc/manger/attiéké
J'ai mangé de l 7attiéké

Avec les verbes à valeur dative, le bénéficiaire précède toujours l ’


ob­
jet.

ëbî ë ta màrnbk sska,


Ebi/acc./donner/Mambé/riz
Ebi a donné du riz à Mambé

1.3.- L'expansion circonstancielle

Les circonstants de lieu ot de. temps suivent l'objet. Ils ne sont m a r ­


qués par aucun morphème relateur.

\
ëbt kê 6 ëkoso ama
Ebi/inacc/acheter/poulet/village
Ebi achète un poulet au village .

ëbt edf akwe ënfcl


Ebi/acc./manger/attiéké/aujourd’
hui
Ebi a mangé l'attiéké a u j o u r d ’
h u i.

Le circonstant de lieu précède le circonstant de temps.

ëbt kë va ama ënfcl


Ebi/inacc/venir/village/aujourd'hui
Ebi vient au village aujourd'hui

A
më o ëgëvrf ëgqënu ënë
1 ° p, sg+acc/acheter/banane/marché/hier
J'ai acheté de la banane au marché h ie r,

Le circonstant de temps peut toutefois- librement se .déplacer en tête


d'énoncé.
- 199 -

S
ë n fc ï ëbî kê vé ama

aujourd'hui Ebi vient au m ar c h é ,

>
ënë më 6 ë n ë v rf egqëniï

.Hier j'ai acheté de la banane„au marché

1 .4 - - T ra n s fo rm a tio n s em phatiques

' • 4 . 1 . - T o p ic a li3 a t io n

P ar ce procédé, un c o n s titu a n t e s t déplacé sn t ê t e de l'é n o n c é .

On o b s erv e ra que l e déplacem ent peut p o r te r a u s s i b ie n sur le s u je t , sur


l ' o b j e t que sur le s c ir c o n s ta n ts .

Le c o n s titu a n t t o p i c a li s é e s t nécessairem ent r e p r is à sa p la c e h a b it u e l­


le p a r un pronom de ra p p e l sau f s ' i l s ' a g i t d 'u n c ir c o n s ta n t.

S o it la phrase : ..

ëbt 1 6 ëkoso êgqënri .ë n fc ï


E b i/A c c . /a c h e te r /p o u le t/m a r c h é /a u jp u r d ' hui
Ebi a acheté un poulet au marché aujourd'hui.

La t o p i c a li s a t io n du c o n s titu a n t s u je t qui se tro u v e d é jà à l ’ i n i t i a l e


de l'é n o n c é se f a i t p a r l 'i n t r o d u c t i o n d ‘ un pronom e n tre le c o n s titu a n t s u je t
e t le p r é d ic a t.

ëbî ne o ëkoso ëg^ënïï ë n fc ï


E b i / i l + e c c . /a c h e te r /p o u le t/m a r c h é /a u jo u r d ' h u i .
Ebij il a acheté un poule tau.marché aujourd'hui.

On peut f a i r e s u iv r e le nom t o p ic a li s é par l e morphème d é t e r m in a t if


1^, q u i e n lè v e , du r e s t e , to u te a m b ig u ité à l ’ i n t e r p r é t a t io n de l ’ énoncé.

ëbt lo n i 6 ëkoso egqënu .>cnfç1


E b i / d é t . /il+ a c c /a c h e te r /p o u le fc /m a r c h é /a u jp u r d ' hui
Ebi (en question) , il a acheté un poulet au marché aujourd'hui.
- 200 -

La topicalisation de L'objet £.koso donnera :

ëkôso ëbî ë o ne êgqèniî ...ën fcï


poulet/Ebi/acc «/acheter/lui/marohé/aujourd’
hui
Le poulet j Ebi l'a acheté au xoctrchê aujourd'hui.

L’
objet topicalisé peut être spécifié par le morphème du défini lo

ëkoso lo ëbl 1 o ne
Le -poulet(en question)s Ebi lia acheté

La topicalisation peut porter„sur le circonstant de lieu ;

êgi|ënu ëbî ë o ëkoso ënfçV


Au m ar c h é , Ebi a acheté du poulet aujourd'hui

Le circonstant topicalisé peut être également marqué par le morphème


lo ' '
ëggenulo ëbî ë o ëkoso ëoic’
î
Au marché (en q u e s t i o n ) E b i a acheté un poulet a u j o u r d fhui

Le circonstant.de temps se déplaçant librement à l'initiale comme en


finale d ’
énoncé, sa topicalisation n'est absolument évidente que lorsqu’
elle
est marquée par le morphème du défini.

enfc^ lo ëbî ë o ëkoso êg^ëntf


Aujourd'huis Ebi a acheté un poulet au marché.

1,1.2.- Focalisation

Le constituant focalisé est déplacé à l ’


initiale de l'énoncé. Il est
marqué par le présentatif dé. En dehors du sujet, aucun pronom substitutif
ne rappelle le .constituant, focalisé.

Soit la phrase suivante .

ëbî ë o ëkoso ë’
gqënu; ënfdï...
Ebi/Acc/acheter/po.ulet/marché/au jourd 'hui
Ebi a acheté un po u le t au marché aujourd'hui.
- 201 -

Focalisation du sujet

ëbî dé e 5 ëkoso egqèntf ’ e n fc ï


E b i /c 'e s t / 3 è p . s g + a c c /a c h a te n /p o u le t/m a r c h é /a u jo u r d 'h u i
C'est Ebi qui a acheté un poulet au marché aujourd'hui

F o c a lis a t io n de l ' o b j e t

ëkoso dé êbî i 6 egijênô e n fc V


c Te$t un poulet qu'Ebi a acheté au marché aujourd'hui

F o c a lis a t io n du c ir c o n s ta n t de l i e u _

egqênd dé ëbt ë 6 ëkoso ë n fc l


C'est au marché qu'Ebi a acheté un poulet aujourd'hui

F o c a lis a t io n du c ir c o n s ta n t de temps

ë n fc ï dé ëbt 1 o ëkoso êgijënâ


C'est aujoiœd'hui qu'Ebi a acheté un poulet au marché

1 . 4 . 3 . - L ’ in t e r r o g a t io n

Dans un syntagme i n t e r r o g a t i f * l e c o n s titu a n t sur le q u e l p o rte l ' i n t e r ­


r o g a tio n e s t d é p lac é sn t ê t e d*énoncé. I l e s t marqué p a r 1© pronom i n t e r r o g a t i f
tl {quel), le q u e l peut ê t r e fa c u lt a t iv e m e n t s u iv | du p r é s e n t a t i f dé

A
ëwrô tl 1 và
homme/que1/Acc. / v e n i r
Quel homme est venu ? (Qui est venu ?)

çkf ta dé màmbè 8 lé
c h o s e /q u e l l e / ( c ’ e s t )/M am bé/A cc. /m anger
Qu'est-ce que Marribé a mangé ?..
- 202 -

nvrâ ta dë êbî ë va
moment/quel/(c'est)/Ebi/Acc./venir
Quand Ebi est-il venu ?

2.- LE SYNTAGME NOMINAL ET SES CONSTITUANTS

2.1.- Les constituants nominaux ._

Le constituant nominal de l'alladian se présente sous une forme simple,


dérivée, ou composée î chaque forme a la possibilité d ’
être associée è un pré­
fixe, lequel est probablement un indice de classe.

a) forme simple

Le constituant se présente d ’
après le schéma suivant :

/ Préfixe + base_./

ëbù ( ë-bù ) caillou^ pierre

êtîi ( ë-tù ) plume

è b o Iu ( è~bolu ) haricot

ndo ( n-do ) odeur

n gïï ( n-gïï ) beurre de karité

b) forme dérivée

Les nominaux de ce type sont dérivés d ’


un verbe auquel est adjoint un
préfixe vocalique. Ce préfixe est toujours affecté d ’
un ton ponctuelle moyen.

gfc roter •*>• egè un rot

wù mourir ëwù la mort


\

kwë aimer ■
+■ êkwë amour
- 203 -

c). forme composée

Les nominaux composés peuvent.se présenter morphologiquement sous l'as­


pect, soit cJ'un syntagme complétif, soit d ’
un syntagme qualificatif.

Ainsi nous avons des séquences "Nom - N o m ”, "Nom - adjectif" -

— f /
nj i-mou
V *
soif -* la faim (êmoù) de l'eau (njî)

njà-sè tison -> le bâton (ësè) du feu (njà)


%

ëmwâ-v/rû lèvre la pe au (êwrû) de la b o u­ (êmwa)


che
ewrô--w<5sû albinos ">■ homme (êwrô) blanc (Iwôsu

rîcqï-cê bébé ->• enfant (ncijl) .petit (êcê)


K \ \ \
nnowje-âkrakra variole ■
+■ maladie (onowjê) bonne (akra ki

Par ailleurs les nominaux composés ont la faculté de présenter des séquences
différentes de celles que nous venons d*exposer.
Entre autres nous avons pu observer les associations suivantes :

- "base nominale - Base verbale”


- "onomatopée - base \'erbale"

nto-srê blennoragie ■
* urine (nto) t couler goutte à goutte (srê)
*
ënâ-và cuisse -*■jcçmhe (ênâ) + venir (va)

êkîfo plaie -*■chose (ekî) + sentir mauvais (fo)


\

cëcrèv^ sauterelle -*■ onomatopée décrivant un mouvement sautillant


(cëcrè) + Venir (va)
kùkùvà tortue ter- -*■ onomatopée décrivant une marche lourde (kukîu +
restre , x.
v e m r (va)

Pans tous les cas, en dehors des composés incluant des onomatopées dont
on examinera le problème plus loin, les constituants nominaux composés gardent
comme préfixe celui du nominal complétant, ou du nominal qualifié, ou encore
du nominal qui précède le verbe dans la séquence (nom-verbe”.
- 204 -

Il est bon ds noter que les constituants qualificatifs... et les consti­


tuants numéraux, au moins morphologiquement, obéissant au même schéma que les
constituants nominaux proprement dits,. Ils sont formés d ;un lexème associé à
un préfixe. C'est ainsi que nous les considérons comme des sous-groupes de no­
minaux.,

éwôsu blanc azo quatre

ëcê petit ëvà dix -

a j re deux ëijcî vingt

2.2.- Le syntagme nominal

2.2.1.- Les déterminants

Il existe au niveau des déterminants une opposition générique/spécifi­


que. Le générique est marqué par un morphème zéro. Le morphème I6, qui relève
du spécifique, exprime le défini.

më 6ëkoso g'ai acheté...un poulet

më o ëkoso lo g'ai acheté le poulet (en question)

Relevant également du spécifique, le démonstratif fait usage du morphème


do nécessairement associé au d é f i n i .l o I l est possible de former un pluriel en
\

suffixant au premier terme' de ce morphème le marqueur du pluriel -ô. On a alors


comme une opposition singulier/pluriel.

më o ëkoso do. lo g*ai acheté ce poulet


\
më o ëkoso dô-ô lo g 'ai acheté ces poulets

La marque du pluriel peut 'facultativement être portée également sur le


préfixe nominal.

më o akoso do-o lo g'ai acheté ces poulets

Entre le morphème démonstratif et le défini, certains constituants nomi-


naux peuvent être introduits. C ’
est le cas par exemple de mO < ëmu pareil^
- 205 -

de cette sortej de cette manière,


më o ëkoso do _mu lo j'ai acheté, u n -poulet pareil
(un -poulet de ce type)

2 -2 . 2 . Le syntagme complétif..

Dans un syntagme complétif, le nom déterminant précède le nom déterminé,


Les deux noms sont simplement juxtaposés. Il y a effacement du préfixe quand
le nominal se trouve en position de déterminé.

/ complétant complété /

bodo rprâ •
V
N» bodo ërnra ... le tambour de Bodo

bodo koso < bodo ëkoso... le poulet de B o d o _

màmbè n ètù < màmbe: nnètù... le chien de Marribê


»
ëbî W1 < ëbî ïïw î le peigne d'Ebi

Il est possible de marquer le._syntagme complétif par le morphème du


défini lo, ou par le déictique dô lo

bodo mra. lo le tambour de Bodo


\

bodo mra. dô l3 ce tambour de Bodo

ëbï wf lo le peigne de ..Bodo

ëbî wf do lo ce peigne d'JEbi

2.2.3.- Le syntagme qualificatif

Le syntagme qualificatif est formé d'une base nominale suivie du consti'


tuant qualifiant.

/ Qualifié Qualifiant /

On note également 1*effacement que subit le préfixe nominal (l'adjectif


étant une sous classes des nominaux). Le syntagme qualificatif peut être déter­
miné par les marqueurs du défini et du démonstratif.
- 206 -

ekoso wosïï '< ëkoso. ewosïï un poulet blanc

ekoso wôsïï Io le poulet blanc

ëkoso wosïï do 13 ce poulet .blanc

ëwô vrî do < ewô evrï dp .lo cette.grande..maison ..

La détermination du syntagme par un numéral obéit aux mêmes principes


,que précédemment. Le nominal étant sans doute un adjectif.

Le chiffre un se dit ëtô. C ’


e&t le terme qui est utilisé quand on compte.
Mais à côté de cela le-molr ir f < nzr f un seul exprime lanotion.d’
unicité (uni­
que). Ainsi lorsqu'on veut dire : j'ai acheté un poulet* c'est le deuxième
terme qui est plutôt utilisé et qui spécifie : j ’
ai àdketê ”
un seul" po ul e t,
un poulet ,lun ique’
'\ Il est toutefois'possible d'employer le mot ë t ô > tô

më o ëkoso tô j’
ai acheté..un poulet

ml o ëkoso zrfj ’
ai acheté...un seul poulet (un poulet unique)

2.2.4.** La quantification

Apparemment l ’
ordre est le même que dans les syntagmes qualificatifs,
c’
est à dire que la quantificateur suit le constituant nominal.

/ Constituant nominal - Quantificateur /

j *a i acheté quelques poulets

jlai acheté beaucoup de poulets


/
ml df saka jlai mangé un peu..de riz
CnJ8]
On remarquera que le quantificateur zrfzrf quelques est uri composé issu
du redoublement d;ü 'lex.èm^;.’
!zr^f ün. &eül ,lcf • 1.3) cela justifie, pour le moins,
le parallèle que nous avons établi entre la quantification et la détermination
qualitative.,., Ainsi il est possible de marquer le syntagme >de .quantification par
les marqueurs rdu. défini et du. démonstratif.
- 207 -

më o ëkoso zrf zrf lo j''ai acheté quelques poulets-là (les quel­


ques poulets)
më o ëkoso zrfzrf dô-? lo j ’
ai acheté ces quelques poulets

më df sakâ brèbrèbrê io j *ai mangé, (le) beaucoup, de riz. (leplat ou


il y a beaucoup de riz)

me df saka brèbrèbrê dô lo j.'.ai mangé (ce) beaucoup .de riz (ce plat où
il y a. beaucoup de r i z )

Toutefois le quantificateur cia la totalité appartient à un autre para­


digme que celui des quantificateurs que nous venons d ’
exposer.

Il peut déterminer la base nominal. Il se place alors à la fin du syn­


tagme nominal. Il est alors précédé des modalités nominales précédemment expo­
sées .
/
më df ekoso lo fe J’
ai mangé tout le poulet
[ïïfi]

me d f ëkoso dô lo fë J !ai. mangé tout ce poulet


/
më d f akwà brèbrèbrê lo fë J Lai mangé b e a v ' m p d ’
atiiékê

2.2.5»- Syntagme de coordination

La coordination de deujx noms est faite.par le biais du morphème relateur


ma.
*
ml o ëkoso ma frYmu j’
ai, acheté un poulet et un âne
i *
> P

më ka ëbt ma mambè j’
ai Vu Ebi et Manibé

Ce morphème cependant a un double statut. Il peut également être inter­


prété comme un relateur de circonstant, et se traduit alors par "avec".
f A
ëbî ë va ma ne pra EbiZest arrivé dvéc son ami.

3 •~ AFFIXES NOMINAUX ET FORMATION DES PLURIELS

Comme nous l ’
avons indiqué dans le chapitre 2-1, les constituants nomi­
naux de l'alladian sont associés à des préfixes qui seraient probablement des
- 208 -

Vestiges de classe. D'une manière générale, c ’


est sur le préfixe
que se marque l'opposition singulier/pluriel.

Il faut souligner q u ’
en position initiale (préfixe) l ’
opposition voye
d'avant/voyelle d ’
arrière est n e u t r a l i s é e A i n s i les réalisations suivantes
sont des variantes libres :

Avant Arrière

e ^ o

e ^ o

ë 'v. ô

evu ^ ovu brousse

ëgij f ^ ôgij f dos

ëbt ôbt nom

çkwrç % ôkwrè bras

êVcî % ov a crocodile

„ (^ }
Le préfixe e ^ o est transcrit par 1 1archiphonème /N/ qui est une na­
sale syllabique à l'initiale des mots. En fait pour simplifier la transcription
nous adoptone la graphie n pour N. La pertinence de cet archiphonème tient au
fait q u ’
en dehors d ’
une prononciation particulièrement soignée, les voyelles
ô et ë se réalisent avec une apertuVe zéro, ne laissant subsister que le trait
de nasalité. Ainsi, phonologiquement du moins, la nasale syllabique n est en
fait une voyelle nasale o ^ ë,

(1) L, DUPQNCHEL (1974) - L ’


ALLADIAN - Phonologie et Enquête lexicale, I.L.A.,
Université d ’
Abidjan, pp. 135-136.
- 209 -

\ S \ \ •\
nbrô kaolin ëbrô ^ 5b rô

nbrè langue < ëbre % obrè

nw î ;p eigne < ëwf % ow f

L’
inventaire de ces préfixes nominaux permet le classement suivant qui
rend compte de l'opposition singulier/pluriel, tout aussi bien que du ton du
préfixe.

3.1." Classe e - v

Le préfixe est porteur du ton .moyen. Il est au singulier ê. Mais un cer­


tain nombre fait son pluriel en a, tandis q u ’
un autre fait-le sien en e".

3.1.1. - Sous groupe en ë / _a

ëcogù agouti, pluriel âcôgù

ëwrù balai de c o m > " awrù

ëkô bosse n Ikô

3.1.2.- Sous groupe en ë / ë

ëbù caillou plyriel êbù


ëkf chose ir êkf
ëdù conte r» êdù
ëbî pilon (grand) »» ëbî
ë^ê cadavre i» ë^ê

3.2.- Classe en e - â

3.2.1.- Sous-groupe en e / I

On classe dans ce sous-groupe les mots dont le préfixe est porteur du


ton moyen. C'est d'ailleurs la majorité des nominaux de cette classe qui se
trouve dans cette catégorie.
- 210 -

ëtù vlume pluriel âtù

ëé corde " a£

ëfcoko boyaux " acokè


\ v
ëmwa bouche " âmvva
A A

ëw rô homme (homo) av/rô

3 1 2 .1.- Sous-groupe eb h / a

Les termes qui entrent dans cette catégorie sont peu nombreux. Et la
liste qui suit regroupe tous les termes que nous avons pu recueillir.

èbwê . balai de maison pluriel âbwcï

èbrakô cache sexe masculin " abràkô


\

èbolïï haricot ” 'abolir


\

ètrëtrë large ’
’ atrëtrë

sbngà couteau * âbrïg.a


>■ V \ f \
èbâ-ta palmier raphia . ” abâ.-ta

3.3.- Classe sn a - a

3.3«1. - Sous, .groupe en â / a .

Dans cette catégorie sont classés les termes dont le préfixe est porteur
du ton m o y e n .

ai P*"**" pluriel" ST

âà guerre " âà

aédu espèce d'arbre médi - " âadù


cal
â^kqë sorte de plante " âakijë

âaq f médicamment " âaq f

âgÏÏJ f sorte de plante " sgïïff


- 211 -

acqrc$vé sorte de liane pluriel âGqrrov^

atoto peau qui entoure ." âtoto


la noix de coco

On notera que, dans une grande mesure,. on trouve, dans cette sous-classe
des termes référant à la flore.

3.3-2.- Sous-groupe en à / â

Les termes de cette sous-classe sont peu nombreux, à l'image d'ailleurs


de toute la classe.

èkè sorte de crocodile pluriel âkè


s
èlèbjèT ragoût ” alobjei

bwbj-e mâchoire " awoj-e


\
\ \ .>
ewa 1 6 jeu wwè 1 è
>
àcïïku sorte de plante médicinale âcüku
à ko perroquet a ko
3.4.- Classe en n - v

3.4.1.- Sous-groupe en n> /a_

Il se subdivise en deux sous-clèsseà - celle dont- le ton du préfixe


est Moyen et celle dont le ton est Bas.

a) n / â

nnowje maladie pluriel ânowje

nbrè langue ” Ibrè


% v
nmësî margouillat " amësï

b) h / I

nbrô kaolin plurie-lâbro


\

n^ ubeurre de karité
- 212 -
\ \
nno champignon pluriel ânô

h f rTf rT champignon f# âfrï fri

hbrà éponge tt âbrà


\
npâ foutou if âpâ

h kpa natte t) âkpà

3.4.2. - Sous-groupe en n/ç

nwî p ei g n e . oss épine 'pluriel ëwf

npî dent tl êpî

nkru tête U êkru

nnjè nez M ënjç

3.5»- Classe en â - â

Le préfixe â est dans l'absolu invariable au singulier comme au


Se classent ici des termes qui refèrent è un collectif, ou à des êtres
ses indénombrables, indécomposables. Cependant hous avons deux subdivis
selon le ton du préfixe initial .

3.5.1. - Sous-groupe en â / 3

\
1^0 abeille âjrëko morve

j' — *•
akwà attiéké awôsë rouge* mû r

âtà boues banco ako non mûr

aqa clair a jowo noir

\ \
3=5.2. - Sous-groupe en â / a

' ¥ \ *
apa caoutchouc agba- v e r de terre
\ v %
â^ràwo chat anâwr^* vérité
\ \
agâgo corbeau
- 213 -

3,6=- Classe zéro ni nominaux .!;hors classe” ?

Le quart environ des nominaux.de l ’


alladian se présente sans voyelle
initiale. L'opposition singulier/pluriel qui se réalise sur le piü*ixe n'est
plus pertinente pour cette classe de nominaux. La marque du pluriel est
le morphème - ô (toujours à ton bas).suffixe au radical nominal.

On trouve dans cette classe, par exemple ;

Dss onomatopées.

cecrevg
èv^ pluriel. cëcrèva-'O sauterelle

kukùvà kukùvà-ô tortue de terre


N \
oogone gogonë-ô houe
/ t * * \
kôkôcê kôkôcê-ô guêpe maçonne

rias emprunts au français, à l'anglais pu au portugais.

(1 )
prftu fer < preto [pretu] nègre (portugais brésilien)

gojavë goyave

kp^kpa papaye
\

bàg§ sac < bag (anglaié)

Des termes communs à la plupart des langues lagunaires ou même à tout


l’
ensemble des langues kwa.

dcibo canard kôjê pintade

gâgâ Blanc mija gendre


\
kpâgô cheval f ùf (5 foufou

kokovê lèpre kêvl crabe de terre

bèdè manioc

1 ) L. Duponchel, ibidem p. 302.


Des t ermes e m p r u n t é s a u x c o m m e r ç a n t s diou la, etc...

j-èsê coton

roùku farine

On pourrait dire, des nominaux ici en question, qu'il s'agit d ’


emprunts
divers, ou de créations qui n ’
ont pas encore intégré l ’
ensemble du système no­
minal de 1 ’
alladian. Ce disant, on les considérerait comme des nominaux "hors
classe". Cependant il est tout aussi probant d'envisager l'absence apparente
de préfixe comme la présence d'un préfixe zéro La pertinence de cette hypo-
thèse tient au fait que le morphème pluralisateur -ô peut être suffixé à tous
les radicaux nominaux de l'alladian «

Ainsi le pluriel du mot rïwf peigne est : Ëfwî, mais ,on peut aussi avoir
\ .V,

comme pluriel nwî-ô. Dans le paragraphe qui suivra, nous tenterons d ’


expliciter
du reste, ce problème de la pluralisation en alladian. Ceci dit, nous groupe­
rons ces nominaux dans une classe à préfixe zéro,

3.7.- La formation du pluriel

3 •^ •'i •~ Le pluriel est marqué sur le préfixe

L’
opposition singulier/pluriel est marquée sur le préfixe ce qui a été
mis en évidence par les classements que nous venons de présenter. Le tableau
suivant regroupe l ’
ensemble du système de formation du pluriel par les préfixes.
- 215 -

r- ■----- - ---- ■----- -r----- --- ---- ------ ■-..


I Classes i Singulier Pluriel

a
e - v e
e

•ë a
v
m

t

a
L ~ ____________ L
i _ ,
i

I
i
!

------------------------------------------------------------------------------------------------------------- j
_

ÜfO i
i(0
a - a

I
l
I
I
i
i
i
!
l
i
i
i
i
i

i
à J â
■ ........ ... .
p
n
à
n - v ____________ r___________ i
.
i n a- i!

■ i \
: a
:I
----------

Enfin le schéma ci-dessous donne un résymé des oppositions singulier /


pluriel présentées par le tableau précédent.

'’
.§Si fi-

a
- 21 fi -

3.7.2.- Le pluriel par suffixation

Une deuxième forme de pluralisatior. que connaît 1 ’


alladian réside en
\

la suffixation du morphème - o au radical nominal. C'est ce mode de plurali-


sation qui est employé pour les nominaux è préfixe zéro (cf. 3.6).

3*7.3.- Plurcilisation par le préfixe et par le suffixe

Soit la phrase :

1 - më o ëkoso dô lo
:_1 'ai- acheté poulet ce
J'ai acheté ce p ou l e t .

On peut avoir :

2 - me o âkoso dô lo
J'ai acheté ces poulets

Mais aussi :

3 - më o ëkoso - ô dô lo
J fai acheté ces poulets

On peut marquer un double pluriel sur ëkoso, sans q u ’


aucune nuance par­
ticulière ait été ajoutée à la phrase

N
4 - më o âkoso - ô dô. lo
J fai acheté ces po ul e t s .

Il est enfin possible de marquer, un troisième pluriel sur le démons


tif.

5 - më o akoso - ô dô -ô lo
J'ai acheté poulets ces
J 7ai acheté ces poulets
Il ressort de cet exposé que les formes de pluriel les. plus économi­
ques (celles qui sont, d ’
ailleurs couramment utilisées) sont les 2 et 3.

Dans les phrases 4 et 3 le pluriel est redondant. En dehors d ’


éléments
suffisants pour expliquer cette redondance, nous suggérons les deux hypothèses
suivantes.

1) La forme redondante est peut-être la forme la plus complète pour


marquer le pluriel en alladian. Mais la loi de l'économie jouant, il y a la
possibilité,, soit d ’
omettre Te suffixe, soit de geler la variation jsur le
préfixe.

2J Chaque forme de pluriel a différemment existé dans la langue. Mais


il y a- oe plus en plus une convergence vers, une forme unique qui explique
l'emploi simultané et redondant des deux- procédés.

Nous penchons plutôt pour la première hypothèse car la loi. de l'écono­


mie qui tendrait
> à évoluer d ’
une forme complexe vers une....
autre forme plus sim-
pie, plus économique nous parait nettement plus probable.

3 ■7 *4•" Pluriels spécifiques

-•■A •■ A

a) Des noms composés terminés par wrô (ëwro'; homme font leur plu­
riel par adjonction d'un.suffixe -bo-

un alladian : nlà^a - wrô pl, : nlà^a-bo


A

un lettré êwru " wrô pl. : ëwru-bo


\ A \

un sorcier awa - wrô pl. : âwrô-bo

b) Certains autres ont un pluriel irrégulier.

A .

Hoirnme (maie) ; ncô-v/ro pl. : wuco


A

Femme : npô-wrd pl. : wujo

On pourrait classer dans ce groupe le terme suivant :


s
enfant nqï pl» ; ëip-ô
- 218 *

On y notera l ’
arrondissement de la voyelle du radical o, peut-être sous
l'influence du suffire qui est une voyelle arrondie.

4.- LES PRONOMS PERSONNELS

L'on trouvera consigné dans le tableau ci-dessous l ’


ensemble des pro­
noms recensés ;

i. ■ »i
■ Indépendant
O vJ J t-* U» Objet t
Topicalisé Focalisé i
___ i
!
’1 ère p. sg. më o. më me më më !
|
* * f
2 ° p. sg. ë 'Xi ë vë vë I vë vi

* * i
3° p. sg. ne % ne ne ne
1■ ......... I . ne .
1 ère p. pl* bo bô ' bo bo bo ^ bo
i 4 .. \n ' ...
r -
.2 ° ! pë pë pë pë j pG pe
H
Q.
CL

: 4
i

% .> T
3° p. pl. i je j© J5 JO j j= jë ^ jô
. ...J'
i
i i

4.1 .Les pronoms sujets

Apparemment le pronom sujet est porteur d'un ton moyen. Il se manifeste


entre la voyelle du pronom et celle du radical verbal, un jeu d'harmonie. Cette
harmonie joye sur .l’
aperture.

Ainsi si la voyelle du radical est d'aperture 1, 2 ou 3 Ci, u, i, e, o)


la voyelle du pronom est e, ou o pour la 1 ère personne du pluriel.

Si la voyelle du radical verbal est d ’


aperture 4 ou 5 (£, o, a) ou est
une voyelle nasble (ë, ô, â), la voyelle du pronom est 6 , ou o pour la 1 ère
personne du pluriel.
- 219 -

më srê je cours me bf mbiïibè j (appelle Marnbé

? srê tu COU}'6 9 bf màmbè tu appelles Marnbé

ne srê il court ne bf màmbè il appelle


, y
bo srê nous courons bo D I màmbè nous appelons
A vous appelez u
pe sre vous courez pë bf màmbè

je srê ils coiœent je bf màmbè ils appellent n

4.2.- Les pronoms objets

Ce sont les pronoms qui s g placent en position de complément. Les


deux premières personnes (singulier et pluriel) sont marquées d'un ton bas,
les autres personnes sont porteurs du ton haut.
/ x
bodo kê ka më (Bodo, inacc, voir, moi) Bodo me voit
P P

nfe ka ne (1 ère Pers. sg. + inacc., voir; lui) Je le vois

4.3.- Pronoms indépendants

Il s'agit de pronoms qui apparaissent dans les mises en relief du type

- topicalisation : moi0 j'ai mangé de l'attiéké


- focalisation : c fest moi qui ai mangé de l fattiéké

En dehors de la première personne du singulier, toujours Bas, nous


avons une discrimination ton ”
H a u t >:, ton "Bas", selon que le pronom mis en re­
lief est topicalisé ou focalisé.

vë e df akwà (toi, 2 è pers. sg. + inacc,manger,attiéké)


toi., tu manges de l 'attiéké

vë de ë df akwà (toi,
’toi, présent^tif, 2 è p. sg. + inacc, manger,attiéké)
c'est toi qui manges de l ’
attiéké

4.4.- Pronoms associatifs

Ils fonctionnent comme déterminants d'un nom. Ils sont tous marqués
d’
un ton moyen. On notera les formcss libres bo ^ bo , je 'V/ jo des 1ères et
- 220 -

3à personnes du pluriel qui s ’


harmonisent avec les voyelles du radical nominal
dans loS mêmes conditions que celles exposées dans le paragraphe 4.1 à propos
des pronoms et des radicaux verbaux.

me ekoso mon poulet

vS ekoso ton poulet

bo ekoso notre poulet

5 '~ QUELQUES c o n j u g a i s o n s

La différenciation des conjugaisons envisagées se fait par :

- le ton du pronom
- la modalité verbale tpour certaines conjugaisons)
* le ton du verbe (à certaines personnes et è certaines conjugaisons)

-•1 ~ Pronoms sujets et modalités verbales

Il existe en alladian une sérjle de prédicatifs verbaux :

kê ^ ko pour l ’
inaccompli (ou progressif)
1 pour l'accompli
vé ^ pour le f u t u r . ..

La modalité précède immédiatement le verbe lorsque le sujet est un nom..

êbî kê srê Ebi court (est en train de,.,)

ebt 8 srê Ebi a couru

ëbt vé srê Ebi ooura3 Ebi va courir

Lorsque le sujet est un pronorri, la modalité verbale n ’


apparaît sous sa
forme intrinsèque que dans un des aspects du futur (I). A l ’
/'r,accompli, à l'ac­
compli et au future II, elle s'associe au pronom auquel elle s'amalgame.

i: ne kls srê ne srê il court

ne-e srê ne srê il a couru


{ n"êvé srê (Futur I) il courra
{
{ ne srê (Futur II) il courra
- 221

De là on peut conclure que le .pronom sujet prend la marque de la moda­


lité. Ainsi il se présentera sous des formes diverses selon la conjugaison
(cf. tableau ci-dessous).

inaccompli accompli futur II injonctif •


» : —/ -
1 ° P- sg, me me me me

_ _✓
2 ° p. sg; e e e e
i
_/
3° sg, . ne ni ne ne

1 ° P- pl. bô bo bo bô !
i

_jT
2 ° P- pl. pe pë pe pë

.—z'
3° P- pl. j£ A : je jë
r 'J ■ i

5.?.- Le ton du verbe

Les verbes de 1'alladian semblent se classer dans deux catégories, d ’



près leur réalisation tonale à l ’
impératif. Une classe de verbes a ton et
une autre à ton modulé Haut-Bas.

Ce classement est justifié par 1*existence de paires dont voici quel­


ques exemples.

srè tailïej débrousee ! / srê cours !


•v A

pô attache* lie ! / PÔ sois debout f


A
sï bouche ! / SI apporte /
iA
bi accouche ! / bi appelle 7

De là notre suggestion est que le ton propre du verbe en alïadian est


celui de l'impératif.

Apparemment l ’
opposition est neutralisée lorsqu'une expansion suit
le verbe. Dans ce cas la seule réalisation tonale attestée est le ton Haut.
- 222 -

Mais en dehors de toute expansion le verbe* garde son registre de base.

ë b) e Z n' • a accouché -► ë bf ëmfcl elle a accouché augourc'


hui
e bt elle a appelé -*■ I bf màmbè elle a appelé M a m b ê .

En conséquence, la phrase suivante est ambiguë.

bf nt)'! Id
/?/ enfant / déf../

Seul le contexte d*énonciation pourra permettre de dire s'il s'agit de :


"accoucher", ou "appeler" : accouçhe de l'enfant ! ou appelle l fenfant

5.3.- L ?inaccompli

La modalité de l ’
inaccompli, nous l ’
avons vue, est le morphème kê", à
ton moyen. Elle s ’
amalgame aux prpnoms sujets dont le paradigme est présenté
en 4.1. Ces pronoms sont tous de ton moyen. Le verbe à l ’
inaccompli garde son
ton propre lorsqu'il n ’
est pas suivi d ’
expansion. En présence de toute expan­
sion le ton du verbe est Haut.

5.4.- L 1 accompli

L'accompli est marqué par la modalité verbale ë dans les conditions


exposées en 4.1. La différenciation entre la conjugaison de .1’
accompli et les
autres envisagées, principalement entre l ’
accompli et l ’
inaccompli réside tout
d’
abord au niveau du prédicatif., mais également au niveau des 1ère et 3è per­
sonnes du pluriel qui sont porteuses.du ton Bas.

5.5.- Le futur

-Le futur est marqué par ,1e modalité verbale vé à ton Haut, lorsque le
sujet est un pronom. Contrairement aux prédicatifs de l ’
inaccompli et de l ’
ac­
compli, celui du futur peut se présenter librement amalgamé ou non amalgamé au
pronom sujet. Lorsque la modalité est associé au.pronom sujet ; le ton de cet
amalgame est un modulé Moyen-Haut ).
- 223 -

Dans le cas où 1 g sujet, est un nom, le prédicatif 1 du sujet est kê (ton


Haut). •

me vê ; srê }
} je Qourvais je fuierai
me sré }

màmbè kê srê Mambê courra ; Marribê fuiera

------------ !---------H
Modalité verbale '

. Prônom sujet vè ■

Nom sujet kê
!

5.6.- L* impératif

Cette conjugaison n'existe q u ’


à la deuxième personne du singulier.

srè débrousse !

srê cours !

o achète !

A l’
impératif, on voit apparaître deux schèmes tonaux : Bas et Haut-
Bas, qui permettent par ailleurs de çjéterminer les tons propres des verbes
(cf. : 5-2)

5.7.- L 8injonctif

• L'injonctif est marqué par le mprphème l-€ (variante conditionnée le,


dans les mêmes contextes exposés en 3.1 pour les pronoms sujets). le paradigme
injonctif est présenté à la fin du chapitre 4.1.
des pronoms sujets ô 1 ’

Il faut cependant préciser que contrairement aux autres prédicatifs


verbaux (par exemple vé au futur) qui sont préfixés au verbe, le eët préfixé
au sujet.
- 224 -

5..8 .- Tableau des conjugaisons

sre cown-r o ekoso acheter un p o u­ bt màmbè appeler Mambé


let

me srê më o ekoso : me bf màmbè


r
i

e o ekoso ë bf màmbè
— — - \ \
ë srê
i

inaccompli në srê në o ëkoso ■ në bf màmbè


[progressif) bô srê bô o ëkoso bô bf màmbè
pë bf mèmbè
— > — , \ \
pë srê s pe o ekoso
jë srê je o ëkoso jë bf màmbè

më srê më o ëkoso më bf màmbè


ë srê ë o ëkoso ë bf màmbè
accompli në srê ne o ëkoso në: bf màmbè
•\ À -
bo sre 1 bo o ëkoso bo: bf màmbè
pe= srek pë o ëkoso pë bf màmbè
jè srè jë o ëkoso jè bf màmbè

më vé srê me vé o ëkoso më vé bf màmbè


e vé srê ë vé o .ëkoso e vé bf màmbè
ne vé srê në vé o ëkoso ne ve bf màmbè
Futur (sans
bô vé srê bô vé o ëkoso bô vé bf màmbè
amalgame
pë vê srê pë vé o Jëkoso pë vé bf màmbè
Pronom-Pré-
jë vê srê je vê o ëkoso jë vé bf màmbè
dicatif)
A A _y
me sre i me 0 ëkoso me bf màmbè
_/ u _y
e e ëkoso e bf màmbè
f
srê 0

Futur (avec .j _/
ne ëkoso ne bf màmbè
f
ne srê 0

amalgame b'o
A /•
bo bf
sre bo 0 ëkoso màmbè
Pronom sujet A — , N N j
ekoso pe bf
t
pe sre • pe 0 màmbè
prédicatif) ._/ A
je
f

je sre V/ ëkoso je bf màmbè

impératif sre o ekbs^ • bt màmbè

lë më sre lë më o ëkoso lë më bf màmbè


le ë srê lë ë o..ëkoso lë ë bf màmbè
lë në srê lë ne o ëkoso lë ni bf màmbè
injonctif
lë bô srê lë bô o ëkoso lë bô bf màmbè
lë pë srê lë pë o ëkoso lë pë bf màmbè
lë jë srê le je * ëkoso lë jë bf màmbè

MEL GNAMBA Bertin


1
- 225 -

n i *' B I B L I O G R A P H I E

AUGE ( M . ) . - Organisation et évolution des villages alladian. A b id ja n -


O.R.S.T.O.M. - 498 pages - 2 tomes m u ltig r a p h ié .

DELAFOSSE ( M . ) . - Vocabulaires comparatifs de plus de 60 langues ou dialectes


parlés à la Côte d'ivoire et dans les régions limitrophes. P a r is :
E rn e s t Leroux 1904 - 2S4 pages.

DUMESTRE ( G. ) e t DUPONCHEL ( L . ) . - Notes su r le s groupes consonnatiques en é b r ié


e t en a ll a d i a n (Basse Côte d ’ i v o i r e ) - Annales de l'Université d'Abi­
djan 1970 - s é r ie H I I I - 3 1 -4 6

DUPONCHEL ( L . ) . - C o n tac ts de c u lt u r e e t c r é a tio n l e x i c a l e en a ll a d i a n . Annales


de l'Université d'Abidjan. 1970 - s é r ie H - I I I , - 47-70.

DUPONCHEL ( L . ) . - Les noms de poissons en a ll a d i a n . Etude d'u n e taxonom ie zoo­


lo g iq u e dans une langue de Côte d 'I v o i r e . Bulletin de l'I.F.A.N. 1971,
X X X III, B, 4 , 6 3 7 -8 6 6 .

DUPONCHEL ( L . ) . - La structure syllabique en alladian. Communication au Xè Con­


grès de la S . L . A . O . - LEGON 19.72 - 19 p.

DUPQNCHEL ( L . ) . - L'alladian ~ "Phonologie et enquête lexicale - ABIDJAN - I . L . A .


1974 - 661 pages - 1 c a r t e .

LE SAOUT (J ) e t DUPONCHEL ( L ) . - Registres de départ et d'arrivée des tons mélo­


diques (Exemples en gban et en alladian. Communication au c o llo q u e I n ­
t e r n a t io n a l du C e n tre N a tio n a l de la Recherche S c ie n t if iq u e - N ice
1971 - 11 p . m u ltig r a p h ié .
L' A T T I E

Constance
111
KUTSCH LOJENGA
■■■■ ■ 111
" ................— ■— r -

Elisabeth HOOD

LA R E G I O N A T T I E

Selon le recensement de 1975 la population attié était de 221.395


personnes. Le territoire attié commônce près de la ville d ’
Abidjan et s'étend
vers le nord sur une distance de près de 160 km. ..

La population attié comprend 3 groupes :

1. Le groupe nord dont la ville principale est Adzopé


2. Le groupe sud dont la ville principale est Anyama
3. Le groupe est. dont la ville principale est Alépé.

Au nord le parler principal est le parler bodin (bod?) et le parler


r .... . ■
kétin (k(üt7) est moins étendu.

Le parler du sud s ’
appelle nindin (nSdîj. A l'est on trouve également
des villages bodin et nindin.

Les villages bodin au nord qe divisent en 4 groupes. Les noms de ces


sous-groupes viennent d ’
une tradition sur l'origine de la répartition de la
région nord :

1. tchoia [tjôjs]

2. n'kadzin [nkizf]
- 228 -

3. attobrou ^ 3ttobuin [àtobuha]

4. ananpin [à n â p ë ]

Les Attié sont entourés par les Agni , les Abouré , les Mbato , les
Ebrié et les Abè . Dans la langue attié ces peuples sont désignés comme suit
(tsâ veut dire gens) :

Agni apitsâ

Abouré kàd^îtsâ

Mbato kpàtotsâ

Ebrié bftsâ

Abé mut sa

BIBLIOGRAPHIE

A part l'aperçu linguistique sur 1'attié dans l ’


Atlas des langues
de la région lagunaire, de 1971, il n ’
existe pas de publication linguistique
sur cette langue si ce n ’
est celle de MERAUD, Essai sur la langue attié
(Nindin), Dabou, Impr. de la Mission Catholique, 1902.

Les quelques publications dans la langue attié sont :

- l'Evangile de Marc publié par l ’


Eglise Méthodiste, Porto Nuovo, Dahomey,
1931.
- Nda Gba 1, Bonne Nouvelle (Lecture Facile A) qui comprend 8 histoires b i ­
bliques en attié d'Anyama, publié par la Société Biblique Abidjan 1979.
- Atshe 'la -kakë lato, Alphabet Attié en attié d'Anyama publié par la S.I.L.,
Abidjan, 1980.

VILLAGES ATTIE SITUES DANS LA SOUS-PREFECTURE D ’


ANYAMA

Nom en français Nom attié Dialecte Campement ou village

Adattié ’
• àdàce V

Adonkoua àdokwâ N C
Ahéouahikoua àjèwâjTkwë N C
ATT5E
~ 231

VILLAGES ATTIE SITUES DANS LA SOUS-PREFECTURE D'ANYAMA


Csuit-9 )

Nom en français Nom attié Dialecte Campement pu village

AhièKoua (Quatre Croix) àjékwë N C'


A Kè h i Ko u 0 à k éjTkwâ N et B C d'Anyama-Adjamé
et d ’
Anyama-Ahouabo
AKôKüua akékwë N et B C
Akoupé àk'upë' N V
AlloRoua à lo kw$ N C( d*Akoupé
>
•Andokoutî adokwS B quartier de Yopougoft
Anyama-Adjamé na I jèmja N V
id^èmjâ

Anyame-Ahousbo f\% awëbo N V


Ar»y -débarcadère pa sôma N C d'Anyama-Adjamé et
d’AnyamarAhouabo
Anyama-gare jia zasonkwë N V
V

Aoué f tSD N V
t a w e (non ébrjé)

Assakoue asâkw3 N C entre Akèkoua et


Ngrouahkoua
Attiékoua atjokwë N V
Attinguié àt T£ £vè t sT ^ àt J T N V
Bangahoua bagàkwë B C entre Akôkoua et
G ong o f u n ;
Bébakoua bèbâ kwë N C d’
Attiékoua
L "
Brofodoumé bofama A N V
C h rîs tia n k o u a f krfstJakwë B V à côté d ’
Anyama-garq
1 kwàwokwë

Fb.Lmpé bTpt N V
»
Gogofun gôngofu N et B C
Mbonoua mbonwa N V
* *i
Mbouaby 1 gbabi 1 N V.
"Rjouabÿ 2 gbabT 2
Mpodi mpodf N V
Z a. ^ w
Nyangon-attié pago ace B C
Km.17
Quatre croix àdagbè Jàpo kwâ
Anyama Yapokoua
■"T-"-
N.B. N n'édT bodë kotf
- 232 -

Nom en français Nom attié Dialecte Campement ou villagü


v '
Songon-attié sogo ace B C
Tchoutoa \ tfwTtoa N V
Adéromé J
Yapokoua j apôkwë B C

VILLAGES ATTIE SITUES DANS LA SOUS-PREFÈCTURE D ’


ALEPE

Nom en français Nom attié Oialecte Campemerit ou village

Ahoutoué f awuthwê
v. àwùt fwê
\ r
Angrouan 1 et 2 âgrwâ 1 , 2 B C dépendant de
Akèkoua
Danguikoua tâjâ B
-^ v

Grand Alépé lepe~ agbe


1 ' us

Kodioussou t kod^ùsu B V
t kwèd^u.fu
/
Kossandji ko sa 3 ï B
KouassiKoua kwaJ fkwa
l tf
M' Bohoin gbuhwT ' ' '' B C
\ V
Memni mamIT V
Monékoua munekwa N C
Montézo mutézo N V
\
flopodji î^pôd^T B
N* Zoghi nzld^T B V
Petit Alépé

VILLAGES ATTIE SITUES DANS LA SOUS-PREFECTURE D'AKOUPE

Nom français Nom Attié Dialecte Campement ou village

Adikokoua adîkcSkweî K C
Agbaou àgbàhu K V
Ahéoua àhêwcî K V
Akoupé àkupa K V
Assangbadji àsagbad'5 T k v
\

Asaoukoum àsùku .. K" V ..


- 233 -

Nom Français Nom Attié Dialecte Campement ou village

Bacon bàko
Békouéfin békpèfë
Bonahouin bùnawë
Kodian koj-â
Yadio JS£
f4
Yafan attié
V ~ \
jafa ace

VILLAGES ATTIE SITUES DANS LA SOUS-PREFECTURE D'AFFERY

Nom Français Nom Attié Dialecte Campement ou village

Grand Afféry àfèj f K


Asseudi àsfd^T K
Dodokoua dodo kwa K
Mpokoua mpokwa K

VILLAGES ATTIE SITUES DANS LA SOUS-PREFECTURE DE YAKASSE ATTOBROU

Nom Français Nom Attié Dialecte Campement ou village

Abongoua àbogwâ B at V
A

Abradine 1,2 àbràdT B at V


. x ( Akassin
a^èmë B at V
AdJamé 1 Adjamé
Ahuikoua àhwfkwa B at V
Assié Orié àsjë wôhrjë B at V
Biébi bjébf •‘
■B at V
Diangobo jagobo B at V
Fiassé fïasé B at V
é *

Kong 1 , 2 ko B at V
\ . A Xt **
'B at
\
M’
basso Attié ngbaso ace V
Mimbiéfon mëb'fo B at C
\ \ i » \ ** X,
Yakassé Attobrou jakase atobuha B at V
- 234 -

VILLAGES ATTIE SITUES DANS LA SOUS-PREFECTURE D'AGOU

Nom Français Nom Attié Dialecte Campement

Abié àbjé B tsh V


Abié-ayallo abjd àjàlô B tsh C
\ A B tsh V
Agou agu
Andé àndé B tsh V
p
Bécédi Anon bèsédë àno B tsh V
— v
Bécédi Brignan bèsédë bripa B tsh V
Boudépé bôdépè B tsh V
Diapé iapè B tsh V
v

Grand Akoudzin àkùza kwè kpôa B tsh V


\ \
Mafa Mafou mafi mafù B tsh V
Mopé mwà pë B tsh V
\
N'Guéssankou a n-fésâkwa B tsh V
! ' v
Yakassé fié jakasëmë B tsh V

VILLAGES ATTIE SITUES DANS LA SOUS-PREFECTURE D ’


ADZOPE

Nom Français Nom Attié Dialecte Campement

Abou Sékakoua âbusëkàkwâ B n C


Ado-nkoua (Annapé) à do kwa B an V
\ \ X
Adzopé azope 8 tsh V
\ ,\
Ahouabo B n V .
f
awabo
\

Ananguié anâj-é B n V
P V

Annépé ànëpa B an V
Apiadji àpjad^T B an V
Assikoua asfkwâ ^ ajfkwë B an V
>
Bassadzin bàsazë B an V
Biasso (Djoméan) bjàsü ^ bjàso (d^ù mlâ) B tsh V
f x,
Bouapé bwapa B n V
p

Diasson j-àsu B an V
Djoubosso
y

Hopé opa B an V
V

Lobo Akoudzin lobo àkùzâ B an V

N.B. at = attobrou tsh ■ tchoia


\ \
n = nkcïze an = ànapë
- 235 -

VILLAGES ATTIE SITUES DANS LA SOUS-PREFECTURE D ’


ADZOPE (suite)

Nom Français Nom Attié Dialecte Campement ou village

Massandji masad57 B an V ■
X\

Miadzin mjs2£ B tsh V

Moapé mwàpè B n V

N'Koupé nkupa B tsh V


v

Nyan na B an V

Zodji zôd^T B tsh V


- 236 "

......-NOT E S . S U R L A P H O N O L O G IE DE L ' A T T I E (p a r l e r d 1A n y a m a )

A. Les Tons

Le s y s tè m e to n a l de? l ' a t t i é c o m p re n d 5 t o n è m e .s :

1. le to n trè s haut fl
2. le to n haut '

3. le to n m oyen

4. le to n bas ' ■

5. le to n to m b a n t A
(d u n iv e a u m oyen au n iv e a u bas)

Ces 5 to n è m e s sont a tte s té s dans le s y s tè m e n o m in a l aussi b ie n que dans le


s y s tè m e v e r b a l . (1 )

E x e m p le s

la [n a ] " te rra in en ja c h è re " je [pë] "éternuer"

la [n a ] " p e ig n e " je [pë] "choisir"

la [n a ] " b e a u -p è r e / g e n d r e " ^ jë [ pëJ "pleuvoir" ( z + 1D i e u ’


)
\ v —■
la [ na ] "e sp . de f r u it ." jë pj£[p?]Msentir mauvais" (pjÊ 1o d e u r 1)
* *
la [n a ] " g ra is s e " j? fS [n?] "se le v e r" (f u 'e n h a u t’ )

Les e x e m p le s donnés sans c ro c h e ts sont tra n s c rits en é c r it u r e p h o n o lo g iq u e .

Q u e lq u e s re m a rq u e s s u r le s to n s

- Le to n 1 (t r è s h a u t) e s t p ro n o n c é com m e un to n p o n c tu e l par un c e r ta in

n o m b re de lo c u te u r s . D ’ a u tre s , p o u rta n t, re m p la c e n t ce to n p o n c tu e l par

un to n to m b a n t (d u n iv e a u trè s haut au n iv e a u bas) devant pause. La s e u le

e x c e p tio n à c e tte rè g le est le ca s de la négation du v e rb e ; quand la

ra c in e v e r b a le p o rte le to n 1 (p a r e x e m p le dans l 'a c c o m p li n é g a tif ) ce to n

est p ro n o n c é p o n c tu e l, même devant p a u s e .-

E x e m p le s : wo gba il se la v e (in a c c o m p li)

o gba il ne s 'e s t pas la v é (a c c o m p li)

1. En p lu s de ce s 5 to n è m e s le s to n s p h o n é t iq u e s sont n o té s de la fa ço n
s u iv a n te ; to n m o n ta n t (d e b a s à h a u t): v
to n m o n ta n t (d e b a s à trè s h a u t) : >■//
to n to m b a n t (d e t r è s haut à b a s ): ’
Il n 'e s t pas e n c o re c la ir si ces d e rn ie rs sont des to n è m e s ou des
v a ria n te s des 5 to n è m e s d é jà é ta b lis .
- 237 -

- En plus des 5 tons mentionnés ci-dessus, un ton montant (du niveau bas
au niveau haut) est également attesté. Comme ce ton est assez rare et
ne se manifeste pas dans le système verbal, nous préférons le considérer
comme hors système•
V
Exemples t kpï "battant de la porte"
'
asice
1 i "sucre"
V j
batsu "mangouste"

Quand une racine verbale de ton 4 (bas) et l'objet pronominal inanimé


.• f / /
ye~e (ton 2) ou animé vro~o (ton 2) se joignent, le changement
morphotoriologique produit aussi un ton montant semblable:
V ^ • ■* s £
E xemples: o ha je o he "ill'a vu" (objetinanimé)
N S. /'« y
m? h a w o > me ho "je l'ai vu" (objet personnel)

- Un trait caractéristique du système tonal de 1'attié est que dans la


chaîne parlée, les tons de base des mots ne changent pas (à part les
contractions mentionnées c i- dessus).

.B. Les Voyelles

Le système vocalique de 1*attié comprend 9 voyelles orales et 6 voyelles


nasalisées.

Tableau des phonèmes vocaliques

Voyelles orales Voyelles nasalisées


APERTURE antérieur central postérieur aperture antérieur central postérieur
r "
1 i u 1,2 1 U

2 e i o

3 • e e 0 3,4 5
S
4 a
- 238 -

L e u r s t a t u t p h o n o lo g iq u e est d é m o n tré par le s e x e m p le s s u iv a n ts :


s /
ki "ch a p e a u " k ï " c a n a r i"

ke "m o m e n t, te m p s " k£ " B o s m a n ’ s. P o t t o " (e s p . de s in g e )

k£ " a m i" ka " p o is s o n "


■v
k i " fé tic h e " ka "b a rb e "

// \

ka "e sp . de s in g e ” ko "s o rte de f ile t de pêche” (p e u connu)



ka “ch o se " ku " lie u , a b ri"

ku " é c u re u il"

ko " c o -é p o u s e "

ko "e sp , de f r u it "

R e m a rq u e s sur le s v o y e lle s

Les v o y e lle s c e n tra le s

L * a ttié a 3 v o y e lle s c e n tra le s , / i/ /a/ et /a/, phénom ène assez ra re dans

le s la n g u e s de c e tte ré g io n .

Le /è/ (s y m b o lis é a ille u r s par / jrf/) est non s e u le m e n t p r o n o n c é de fa ço n p lu s

fe rm é e que le /a/ m a is é g a le m e n t p l u s a n té rie u re .

Le / i/ est tra ité com m e é t a n t d ’a p e rtu re 2 et le /a/ com m e é t a n t d ’a p e rtu re 3,

en ra is o n des a lt e r n a n c e s v o c a liq u e s dans le s y s tè m e v e rb a l, v o ir re m a rq u e s

sur le s c o n ju g a is o n s v e r b a le s , 2.

Les v o y e lle s n a s a lis é e s

L * a ttié a 6 v o y e lle s n a s a lis é e s , dont 2 a n té rie u re s , /£/ et /e/, 2 c e n tra le s

/a/ et /a/, e t 2 p o s té rie u re s /u/ et /o/. ’

I l y a n e u t r a lis a t io n des 2 v o y e lle s o r a le s le s p lu s fe rm é e s / i/ èt /e/,

/£/ et /a/, et /u/ et /o/, quand e lle s sont n a s a lis é e s ,.

Le s ta tu t p h o n o lo g iq u e des v o y e lle s n a s a lis é e s , / ï/ et /u/, est d if f ic ile

à p ro u v e r. C e rta in s lo c u te u r s ne d is tin g u e n t p lu s e n tre [ ï j et [ eJ n i ■ .

e n tre [u ] et [o ] dans la p lu p a r t des m o ts .

Aux 15 v o y e lle s de l'a t t i é , i l fa u t a jo u te r la n a s a le s y lla b iq u e / n/ ,

h o m o r g a n iq u e de la consonne s u iv a n te . E lle , c o n s titu e en e lle -m ê m e une

s y lla b e , ra is o n pour la q u e lle nous l 'a v o n s in te rp ré té e com m e v o y e l l e .

E lle se tro u v e en g é n é ra l en in itia le de m o t, p o s it io n qui ne peut ê tre

occupée que par a - ou N - et ra re m e n t p a r o -. Nous c o m p to n s e n v iro n 70

m o ts com m ençant p a r une n a s a le s y lla b iq u e sur un c o rp u s d ’à peu p rè s 1500 m o ts .


E x e m p le s

' y, \ v
Nko "e sp . de p o is s o n " a lt o "p e rro q u e t"

Nda " la n o u v e lle * ' ada "e sp , de c h a u v e -s o u r is "

N tlo " a u b e rg in e " o tli "e s p . d " o is e a u "

Les Consonnes

Le s y s tè m e c o n s o n a n tiq u e de 1 'a t tié c o m p re n d 22 consonnes.

T a b le a u des phonem es c o n s o n a n tiq u e s

so u rd e s P t c k kp

o c c lu s iv e s

s o n o re s b d J (g) g*>

so u rd e s f s J
f ric a tiv e s

s o n o re s v z

s o u rd e s ts t j

a f f r iq u é e s

s o n o re s d 3

s o n a n te s m 1 j h w

Leur s ta tu t p h o n o lo g iq u e est d é m o n tré par le s e x e m p le s s u iv a n ts


240 -

CORPUS DE REFERENCE

f
i. po "c h o u p a lm is te "

2. to "p e a u "

//
3. co " p e t it " (a d je c t if )

4. ko "e sp . de f r u it "

5. kpo "fo rê t"

6. bo "b ra s , m a in "

7. • do "m o n tre , h e u re "

8. 30 vb. " f ile r " (le c o to n )

9. àgo nom p r o p r e m asc.

10. gbo vb. "ê tre re m p li , ê tre

11. fô "te rre , s a b le "

12. SO "é te n d u e d ’
eau"

13. So "fe m m e s " (p l.)

«
14. vo " c lô tu re "

15. 20 " p lo m b " (d e f u s il)


//
16. ts o " g é s ie r "

17. tjô "c o u te a u "

18. à?p " t is s u "


%
19. nP p ro n o m p e rs . 2 p. du p l.

20. lo " b ic h e n o ire "

.%
C M
rH

"p a re n ts " (p a t e rn e l)

22. h (l)0 "ve r de te rre "

23. wô " re in s "


- 241 -

Remarques syir le s consonnes

1. Lés affriguées

L 1attié a quelques phonèmes consonantiques affriqués; /t//, /d^/ et /ts/.

Il y a variation libre entre [dz3 et [z], et nous avons choisi d*interpréter

ce son comme / z / ï zaktté [zakwé * dzâkw£] "bois"

2. Les phonèmes /c/ eh / j /

On trouve en Attié, en plus des affriquées palatales /t// et /d^/, les

occlusives palatales /c/ et /$/. Ces déux derniers phonèmes sont pourtant

d'une occurrence très rare.

La consonne palatale sourde /c/ est réalisée sans aspiration, ni friction,

la sonore /}/ est réalisée sans friction.

Sur un corpus d'à peu près 1500 mots nous comptons environ 20 mots avec /c/

et une dizaine avec /$/. Dans plusieurs de ces mots, les locuteurs varient

librement entre [c] et [t/] et entre [ 3 ] et [d^] ou [g]. Nous avons au

premier abord donc hésité à poser [c] et [ 5 3 comme phonèmes. Pourtant, la

différence phonétique entre [c] lt EfcJ.3 et entre [ 5 3 et Cd^l «lit très nette,

et il existe quelques mots où il n'y a pas de variation possible, ce qui

justifie leur statut phonologique. (voir également les paiüres minimales

mentionnées).

3. Le son [g3

Bien que le son [ g 3 soit attesté, nous hésitons à lui donner un statut

phonologique, Il âe trouve dans les emprunts, ex. gwanu "marché% dans

certains noms propres, ex. àgo (nom propre m a s c .), et dans quelques

interjections, ex. gll prononcé quand on attrape quelque chose.

Nous avons trouvé les oppositions suivantesr

àgS Nota Propre Masc àgè "pagne en velours"


A
Ikè Nom Propre Masc àk$ "perroquet"

Lâ consonne /k/ du mot kà, 'chose1 est souvent affaiblie sous la forme de

[gà3 ou [jà].
- 242 -

4. Les s o n a n te s

Les s o n a n te s sont le s phonèm es s u iv a n ts : /m /, A A / j/ * /W f / WA

Le m est lé s e u l phonèm e nasal en a ttié , et i l est to u jo u rs s u iv i d*une

v o y e lle n a s a lis é e . Quant aux a u tre s : 1, j, h, w-, - s 'i ls a p p a ra is s e n t

en in itia le de s y lla b e # ils ont chacun un a llo p h o n e nasal en c o n te x te

n a s a lis é :

I s u iv i d 'u n e V n a s a lis é e e s t ré a lis é n : la [n a ] " p e ig n e "

i
j s u iv i d 'u n e V n a s a lis é e e s t ré a lis é p : je [p e ] "h a ch e * 1

-v v £ '/ /
■h s u iv i d 'u n e V n a s a lis é e e s t ré a lis é h : kâha [k a n a ] "d o s "
\ "V
w s u iv i d 'u n e V n a s a lis é e est r é a lis é tynx wo [r jw o ] " a b e i l l e ’J

Les tro is phonèm es 1, j, e t w peuvent en p lu s a p p a ra ître en d e u x iè m e

p o s it io n dans un g ro u p e c o n s o n a n tiq u e / a v e c le s ré a lis a tio n s s u iv a n te s :

s \ \
/!/ est ré a lis é [ l ] ou [ r ] ex. / h lo / 'v e r * est p ro n o n c é [h lo ] ou [h ro ]

II y a v a ria tio n lib re e n tre [h lo ] et [h rb ] et même [ h b ] ,

/ j/ com m e d e u x i è m e m e m b re d ' u n g ro u p e c o n s o n a n tiq u e est a tte s té s e u le m e n t

a p rè s des consonnes la b ia le s p, b, f, v et m et devant le s v o y e lle s e f e

« ~ f Z
a, o, o, a et 5 ex, jè m jë "b u tte d 'ig n a m e "

b jé k o " p im e n t"

/w / com m e d e u x i è m e m e m b re d 'u n g ro u p e c o n s o n a n tiq u e ne p e u t ja m a is ê tre

s u iv i d 'u n e v o y e lle p o s té rie u re /o / , /o/, /u/, /o/, /u/. I l est r é a lis é

[* f l a p rè s le s consonnes p a la t a le s / tj/ , / d V , /y/ et v é la ire s /k/ et / h / .,

q u i, en même t e m p s , sont s u iv ie s d 'u n e v o y e lle a n té rie u r e i ou e ou e


A A
e x e m p le s : / tjw ï/ [t j^ i] " jo u r de la s e m a in e "

/d^w e/ [d ^ e ] " p e tit tro u "


/ „ ^ _
/N ^w e/ [p ^ lje ] " la m e r"

/kw e/ [k t f e ] "m a c h e tte "

/ h w i/ [h iji] "s u e tfr"

Il est ré a lis é [w ] a ille u rs .

e x e m p le s : pwe [p w e ] "p e u r"

bw e [b w e ] " b ro u illa rd "


NOTES SUR LA GRAMMAIRE DE L*ATTIE (parler d»Anyama)

L 'ORDRE DES CONSTITUANTS DANS LA PHRASE


£ G»*. Temp. 1 Gr. Nom. sujet + Gt\ Verbal f £ Gr. Nom. obj. ind. +; Gr. Nom. obj. dir.
j Hh Glr- L o c .

Remarques:
le groupe temporel peut également se trouver en fin d'énoncé.
nous avons considéré les énoncés avec un groupe locatif à part, parce que nous
n’avons pas d'exemple où un groupe nominal objet coexiste avec un groupe
locatif.

Exemples :
Groupe Verbal
la [na] "marcheî"
marcher
wo là "il a dormi"
il-dormir

Groupe Nominal sujet -t» Groupe verbal


s£bf / wo la "l'homme dort"
homme - il-dormir
aa /!
/ f Jl / ba "la femme d'Achi est venue**
nom pr.-femrae-venir

Groupe verbal + Groupe Nominal objet direct


wo to / wiï "elle a préparé de 1*attiéké"
elle-préparer-attiéké

Groupe Nominal sujet •+» Groupe Verbal 4- Groupe Nominal objet direct
r— * N £
Jîmwê / ma / sa "la femme a bu de l'eau"
femme boire eau

Gr. Verbal + Gr. Nominal objet indirect «f- Gr. Nominal objet direct
wo zè / wcr b j? / latà "il a donné le livre à son enfant"
il-donner-son-enfant-livre

Gr. Nom, sujet -t- G r . Verbal 4» Gr. Nom, objet indirect Gr. Nom* objet direct
S v / s ■
apo / ze / wo kî / w ü "Apo a donné 1*attiéké à son mari"
nom p r .-donner-son-mari-attiéké

Groupe Temporel "♦


* Groupe Verbal
fagbà / wo bà "il est venu hier"
wo ba / fagbà
il-venir - hier

Groupe Verbal Groupe Locatif


s ' _ ^ s
wo kpa Id / jebo "il est assis là-bas"i
i l - s 1asseoir - là-bas *
- 244 -
LE SYNTAGME NOMINAL

Le r a d ic a l n o m in a l peut à lu i seul fo rm e r le c o n s t it u a n t n o m in a l.

\
wo ha kpe " il a vu une a n t ilo p e "

wo J© wu " il a m angé de 1*a ttié k é ”

Un g ra n d n o m b re des ra d ic a u x n o m in a u x a ttié sont d e s m o n o s y lla b e s .^


Les p o ly s y lla b e s sont souvent des m o ts com posés, par e x e m p le kaba
([k ~ g ^ jj s u iv a n t le s lo c u te u r s ) "p a g n e " est com posé de Jka [ k. —g — 'j 3
"ch o se " et du ra d ic a l v e rb a l be " s ’h a b ille r , p o rte r (d e s habits)".
On tro u v e p o u rta n t un c e rta in n o m b re de m o ts p o ly s y lla b iq u e s , nom s
d ’ a n im a u x et a u tre s , qui ne sont pas d é c o m p o s a b le s .

ex. alokpol? [àlokpone] "grenouille”


\ s s / r S S‘ v '''-i
alümaco [a n u m a c o ] " v a rio le "

S y n ta g m e s de d é te rm in a tio n .

a. S y n ta g m e s c o m p lé t if s . L ’o rd re des é lé m e n t s est c o m p lé ta n t - c o m p lé té .

P ro n o m P o s s e s s i f -f- N o m .
Le p ro n o m p o s s e s s if est le seul é lé m e n t qui p ré c è d e le ra d ic a l n o m in a l?
to u s le s a u tre s é lé m e n ts le s u iv e n t.
— s
m? su “ ma m a i s o n ”

wo gba "so n cham p”

Nom -*■ Nom

kwe ji î "ch e f de v illa g e '


v illa g e -p ë r e
N \
z -f su " é g lis e "
d ie u -m a is o n

b. S y n ta g m e s q u a lif ic a tif s . L ’o rd re des é lé m e n ts est q u a lif ié - q u a lif ia n t .

Nom A d je c tif

kàba b "u n pagne n o ir"


p a g n e -n o ir

kwè k o kw e "u n g ra n d v illa g e ”


v illa g e -g r a n d

ts â b je kpakpa "to u s le s gens"


gens - to u s
H,ue
Le n o m b re de v ra is a d je c t if s est trè s lim ité , p a rc e beaucoup de q u a lif ic a tif s
sont e x p rim é s par des v e rb e s ,
/ \ /
ex. ku / kwl / kwa “ d e v e n ir/ ê tre v ie u x "
/ \ /
b l. / b je / b je “d e v e n ir/ ê tre s a le "

Nom + N o m b re
s # '
su kem wa "d e u x m a is o n s "
m a is o n -d e u x
t - nNs o^
kpe "se p t a n t ilo p e s "
a n t ilo p e -s e p t
- 245 -

V o ic i q u e lq u e s e x e m p le s de s y n ta g m e s c o m p le x e s .

P ro n o m p o s s e s s if Nota + N o m b re

/ '-// s -

wo gb§ kemwo "se s


s o n -c h a m p -d e u x

Nom - f A d je c tif -j- N o m b r e

kpe k p le k p le ked^T "q u a tre g ro s s e s a n t ilo p e s "


a n t ilo p e -g r o s -q u a t r e

P ro n o m p o s s e s s i f -t- Nom 4 - Nom -4- A d j e c t i f

— v. -> / /
ha kwe jI kw +kw * "n o tre v ie u x c h e f de v illa g e "
n o t r e -v illa g e -p è r e -v ie u x
- 246 -
LES PREFIXES NOMINAUX

En a ttié i l n 'a qu*un v e s tig e de s y s tè m e de p ré fix e s n o m in a u x .

Par ra p p o rt à l ’ é b rié , qui dans beaucoup de cas f a it e n c o re la d is t in c t io n

e n tre a - " s g ." et n - " p l." , le s p ré fix e s n o m in a u x e n a ttié ne s e m b le n t

p lu s a v o ir de fo n c tio n .

Les deux p ré fix e s n o m in a u x sont le s s u iv a n ts : a - et N- .

Tous deux p o rte n t e x c lu s iv e m e n t un to n 2 (h a u t) ou 4 (b a s ).

e x e m p le s : a f ja f ja " a ig u ille " N g b e ja "ta b o u re t, c h a ,is e "


s \ /s
aba"" "m a c h e ro n " Ncaf e " g riffe , o n g le "

E x c e p tio n n e lle m e n t on tro u v e le p ré f ix e n o m in a l o - *. ex. oh le "mamba vert"

LA FORME DU PLURIEL

Le p lu rie l ne c o n c e rn e q u ’ u n n o m b re trè s r e s tr e in t de nom s: e x c lu s iv e m e n t le s

nom s com m uns d ’ ,ê tr e s h u m a in s , p .e x . hom m e, e n fa n t, m è re , et le s m o ts com posés

com m e o u v r i e r , é tra n g e r e tc .

Les fo rm e s du p lu r ie l par ra p p o rt à c e lle s du s in g u lie r sont im p ré v is ib le s et

c o n c e rn e n t un changem ent de consonne, de v o y e lle , de to n , ou une c o m b in a is o n

de c e u x -c i.

E x e m p le s :
v A -
m â le sg. sî dans le s m o ts com posés: o u v rie r sg, d^um asS
ss \ C ^
p l. sa p l . d^umaso
Dans ce cas la fo rm e du p lu r ie l dans le m ot
com posé n ’est pas la même q u e pour le m ot is o lé .

fe m m e , sg. jr dans le s m o ts com posés: é tra n g è re s g .a f i l ï


épouse
p l. Jo pl.afâ/o
V
e n fa n t sg. b 1 ou b je

p l. vT

am i sg. kë
p l. kz

m è re sg. 1S [-në]
p l. l£ [n!]

p è re sg. jT
p l.

p e rs o n n e sg. tsâbi
p l. tsabjex
4.
247

LES PRONOMS

Dans le s deux ta b le a u x s u iv a n ts nous p ré s e n to n s le s p ro n o m s .


Le p re m ie r t a b le a u m o n tre le s p ro n o m s p e rs o n n e ls s u je t dans le s d if fé re n t
a s p e c ts du v e rb e d o n t nous p a rle ro n t p lu s ta rd .
Dans le d e u x iè m e t a b le a u nous p ré s e n to n s le s p ro n o m s p o s s e s s i f s et le s
p ro n o m s o b je t.

(T A B L E A U X )

Remarques sur le tableau 1 .


- Les tons jouent un rôle extrêmement important car ils servent à distinguer
les aspects du verbe. (Vbir le paragraphe 3,a. des remarques sur les
conjugaisons).
- Comme dans les radicaux verbaux on peut trouver des alternances vocaliques
(voir le paragraphe 2 des remarques sur les conjugaisons), certains
changements vocaliques apparaissent aussi dans le système pronominal,
(v o ir le s e x p lic a tio n s dans le s re m a rq u e s sur le s c o n ju g a is o n s v e r b a le s ,
p a ra g ra p h e 3 .b .)

R e m a rq u e s sur le ta b le a u 2.

~ Les fo rm e s d u p ro n o m p o s s e s s if, du p ro n o m o b je t d ire c t et in d ir e c t


sont id e n t iq u e s .

- Les p ro n o m s de la l e re p e rs . du sg , ^et du p l. m? et hâ o n t une d e u x iè m e


fo rm e qui p o rte un to n haut (2 ): m e, ha, (e n tre p a re n th è s e s sur le t a b le a u ).
C e tte fo rm e est s e u le m e n t u tilis é e com m e p r o n o m o b je t in d ir e c t , lo r s q u ’ e lle
n 'e s t pas s u iv ie d ’ un o b je t d ire c t. La fo rm e à to n m oyen (.3 ) (m F , ha) peut
ê tre u tilis é e co<*me p r o n o m o b je t in d ir e c t lo r s q u ’ e lle est s u iv ie d !un o b je t
d ire c t.

e x e m p le s ;

wo zè
m? !at^ "il m'a donné le livre"
i 1-donner **moi~l ivre
\ S V — v \ /
wo lu £ n O ] lato ze rrtë"il m fa donné le livre"
il-prendre-livre-donner-moi
- 248 -

P R 0 M 0 M S

Tableau 1 Tableau 2
SUJET NON SUJET

inacc acc fut inj împ

ml
(mg)

bu

w6

ke


p i
(ha) ;

mu
- 249 -

LE VERBE

Tous le s ra d ic a u x v e rb a u x en a ttié sont des m o n o s y lla b e s .


Nous d is tin g u o n s 5 c la s s e s v e r b a le s , g ro u p é e s s e lo n le s 5 to n è m e s é ta b lis :

c la s s e 1. v e rb e s à to n trè s haut ex. gba "se la v e r ”



c la s s e 2. v e rb e s à to n haut fe "ê tre f a tig u é

c la s s e 3. ve rb e s à to n m oyen la " d o r m ir "


N
c la s s e 4. ve rb e s à to n bas ba " v e n ir"
A
c la s s e 5. v e rb e s à to n to m b a n t (m o y e n -b a s ) va "s e m a rie r"

Les c in q a s p e c ts du v e rb e en a ttié que nous p ré s e n te ro n s par la s u ite s o n t:


l'i n a c c o m p l i , l ’ a c c o m p li, le fu tu r, 1 ’ in jo n c tif et 1* im p é r a t if .
Nous d o n n e ro n s dans le ta b le a u s u iv a n t le s c o n ju g a is o n s de ces 5 a s p e c ts
pour chacune des 5 c la s s e s v e rb a le s .

Les to n s sont n o té s s e lo n le s y s tè m e d é jà vu dans la p ré s e n ta tio n de la ,


p h o n o lo g ie . P o u rta n t une a d d it io n d o it ê tre f a ite :

La n o ta tio n ^ re p ré s e n te un to n trè s haut to m b a n t, qui est en o p p o s it io n


avec le to n trè s haut p o n c tu e l y/
e gba c la s s e 1 ., in a c c o m p li a f f irm a tif

gba" c la s s e 1 ., a c c o m p li n é g a t i f

C e tte d is t in c t io n s e ra é t u d ié e u lt é r ie u r e m e n t , m a is nous n favons pas e n c o re


v o u lu poser ces deux to n s co m m e to n è m e s sé p a ré s, p u is q u 'il n ’y a pas
d ’ o p p o s it io n e n tre eux dans le s y s tè m e n o m in a l.

(T A B L E A U )

R e m a rq u e s sur le s c o n ju g a is o n s .

Le ta b le a u c i-d e s s x is m o n tre c la ire m e n t le s c h a n g e m e n ts de to n s sur le ra d ic a l


v e rb a l dans le s d if fé re n ts a s p e c ts du v e rb e de chacune des 5 c la s s e s .

Le sy s tè m e fo n c tio n n e com m e s u it:

c la s s e v e rb a le : 1 2 3 4 5

A ffirm a tif: ( In a c c o m p li, F u tu r e tIn jo n c t if : to n de base 1 2 3 4 5


< J, ^ Î i
I A c c o m p li e t Im p é r a tif : le to n de base se changeen to n 34 4 4 3

N é g a tif ; Ç In a c c o m p li et Im p é r a tif :
J é lé m e n t a u x ilia ir e m it et ra d ic a l v e rb a l p o rta n t

mu
\ le to n de base: 1 2 3 4 5

A c c o m p li, F u tu r et In jo n c tif :
ra d ic a l v e rb a l à to n trè s h a u t: 1 1 1 1 1
o
t' C O M J U Q A i S O /V S V €& & A L t S -
«o 2 5 0 -

£ Inaccompli Acco^p/j h u iu r Lnjoncïi f Tm pératif


-s
Cr ,
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£•*

Af/.
cT
g b a g b a b à qbci g b a . g b e i
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- 251 -

A u tre s tra its d is tin c tif s qui jo u e n t un rô le dans le s y s tè m e v e r b a l:

1. O rd re des m o ts

Le g ro u p e v e rb a l c o n s is te en un p ro n o m (é lé m e n t f a c u lta tif ) s u iv i d 'u n


a u x ilia ir e (é lé m e n t f a c u lta tif , p ré s e n t s e u le m e n t au fu tu r et avec le s
fo rm e s n é g a tiv e s de l ’ in a c c o m p li et de l ’ im p é ra tif ), s u iv i du ra d ic a l v e rb a l.

+ Pn t Aux -b V
L 'o r d r e de ces é lé m e n ts est to u jo u rs le m êm e. Dans c e r ta in s a s p e c ts ce g ro u p e
v e rb a l ne peut ê tre in te rro m p u ; dans d ’ a u tre s a s p e c ts (in a c c o m p li a ff. et nég,
et im p é r a tif n é g .) une in te r ru p tio n causée par la p ré s e n c e d ’ un c o m p lé m e n t
peut a v o ir lie u avant le ra d ic a l v e r b a l.

e x e m p le s :

G ro u p e v e rb a l com m e u n i t é in s é p a ra b le G ro u p e v e rb a l s é p a ré en 2 p a rt ie s

A c c .A f f . ba ____ f e wu In a c c ,A f f . bà wu fe "
ils a c h e te r a ttié k é ils a ttié k é a c h e te r

A c c ,N é g , ba fe ' wu In a c c .N é g . ba
t

ma
-
wu fe

/
F u t .A f f . ba ba fe wu Im p . N é g . mû ma wu fe

\y
Tf t /
vous
F u t .N é g . ba ba fe wu

j
In j.A f f . ba fe wu i
!
i
In j.N é g . ba fe wu

s
Im p . A f f . mü fe wu \
i
vous

Quand i l s 'a g it de v e rb e s qui n 'o n t pas de c o m p lé m e n t , n i d ’o b je t o b lig a to i]


1 ’ in te r ru p tio n n ’ a pas lie u .
s A ~4\
A c c .A f f . bà je [pe] I n a c c . Aff. ba jS [pS],
ils é te rn u e r ils é te rn u e r

2. A lt e r n a n c e v o c a liq u e .

Les ra d ic a u x v e rb a u x avec la v o y e lle i. et u se s o u m e tte n t à une


a lt e rn a n c e v o c a liq u e dans q u e lq u e s a s p e c ts .

e x e m p le s : 1. fi "m a n g e r”
2. b i " d e v e n ir/ ê tre s a le ”
3. ku “ d e v e n ir/ ê tre v ie u x "

Les tro is fo rm e s de ces v e rb e s s o n t:

aperture ex. 1 Ji ex. 2 bI ex. 3 ku


vocalique
1 fi ■ bî ku F u tu r et In j.A f f .j In a c c . et lm p .N é g

2 Je bje kw+
kw + A c c .A f f . et N é g .? F u t. et In j.N é g .*

3 Je bje kwe In a c c .A f f .
Im p .A f f .
- 252 -

Le p lu s fré q u e n t est le cas où deux a lt e r n a n c e s sont p o s s ib le s . La v o y e lle


de base (d 'a p e r t u r e 1: i ou u) c h a n g e s e lo n l'a s p e c t du v e rb e , en une v o y e lle
d 'a p e r t u r e 2 ou 3.

Les ra d ic a u x avec i_ p ré c é d é s d ’une consonne la b ia le (p , b, f, v) m a n if e s te n t


le tra it de p a la t a lis a t io n quand la v o y e lle i_ c h a n g e en une v o y e lle d ’ a p e rtu re
2 (e ) ou 3 (e), v o ir c i-d e s s u s .

Les ra d ic a u x avec ^p ré c é d é s d 'u n e consonne p a la ta le (J , t J, d^) ne peuvent


pas ê tre p a la t a lis é e s .

Les ra d ic a u x avec iu m a n i f e s t e n t en p lu s de l'a l t e r n a n c e v o c a liq u e le tra it de


la b ia lis a t io n avec le s v o y e lle s d 'a p e r t u r e 2 (-f) ou 3 (9). B ie n que la
v o y e lle de b a s e s o it une v o y e lle p o s té rie u re , le s a lte rn a n c e s p ro d u is e n t des
v o y e lle s c e n tra le s .

On tro u v e aussi des v e rb e s qui ont un s y s tè m e d ’ a lt e r n a n c e v o c a liq u e


lé g è r e m e n t d if fé r e n t, par e x e m p le , le s fo rm e s de

bi "re fu s e r" sont bl et bje


et de ku " g r i l l e r 11 sont ku et kw e

Dans ces cas to u s le s a s p e c ts p re n n e n t le s fo rm e s b i et ku, sauf l ’ in a c c o m p li


a f f ir m a tif q u i p re n d le s fo rm e s b je et kwe.

3 . C h a n g e m e n ts dans le sy s tè m e p r o n o m in a l.

Les p ro n o m s p e u v e n t s u b ir des c h a n g e m e n ts s e lo n l 'a s p e c t du v e rb e .


Deux s o rte s de c h a n g e m e n ts ont lie u :

a. c h a n g e m e n ts to n a ls . V o ir le ta b le a u des p ro n o m s .

À l'i n a c c o m p li et à l ’ a c c o m p li le s p ro n o m s p o r t e n t un to n bas (.4 ):

bà la " i l s d o rm e n t”

bà là " ils ont d o r m i"

A l ’ in a c c o m p li et à l 'a c c o m p li n é g a tif le s p ro n o m s p o rte n t a u s s i un. t o n bas (4)»


sauf me (1 . p. du sg.) et mu (2. p. du p l.) , qui p o rte n t un to n haut (2).
** & —
m£ ma la " je ne d o rs pas"

mu la "vo u s n 'a v e z pas d o rm i?

Au fu tu r et à l ' in jo n c tif le s p ro n o m s p o rte n t un to n haut (2). P o u rta n t nous


avons re n c o n tré des lo c u te u r s q u i, au fu tu r, p ro n o n c e n t le p ro n o m avec un to n
trè s h aute t o m b a n t Cl):
y \ —
ba (^ b a ) be la " i l s d o r m ir o n t "

ba la "q u ’ils d o rm e n t"

Au fu tu r et à 1 ‘ in jo n c tif n é g a tif le s p ro n o m s p o rte n t un to n m o n ta n t:


v L / , ^
wo be .la " il ne d o rm ir a pas"
v ^
wo la " q u 'il ne d o rm e pas"

Le p ro n o m ke, a p p e lé ic i 4 p e rs o n n e du s in g u lie r , est u t ilis é lo r s q u e le


p ro n o m de la 3e p e rs o n n e a n im é est d é jà u tilis é et q u 'u n e a u tre p e rs o n n e est
en je u . Il f a it e x c e p tio n à ces rè g le s to n a le s et p o rte t o u jo u r s un to n
m oyen (3 ) ou un to n haut (2).
- 253 -
b. changements vocaliqu e s . Voir le tableau des pronoms «
Quelques pronoms subissent 1 ‘ alternance vocalique, com m e l e s r a d i c a u x
verbaux, à savoir;
e e
| 2e p » du sg. ’2e p . du p l . 3 p . d u s g . a n im é 3 ' p . d u s g . i n a n i m é
r bo m3 wo ye
/
! bu mu wo ye
i— _____ __
L ô s fo rm e s a ve c la v o y e lle d 'a p e r t u r e 3 (bo, m o, wo, ye) sont u t ilis é e s
à 1 *i n a c c o m p l i a f f irm a tif et au fu tu r a f f irm a tif e t n é g a tif.
Les a u tre s fo rm e s sont u t ilis é e s à l ’ in a c c o m p li n é g a tif , et à l ’ a c c o m p li#
1*i n j o n c t i f et 1*im p é r a t if a f f irm a tif et n é g a tif.

4. E lé m e n ts a u x ilia ir e s *

Nous avons tro u v é 2 é lé m e n t s a u x ilia ir e s 1 dans le s c o n ju g a is o n s p ré s e n té e s t

b© , fu tu r

et mâ , n é g a tio n

Le fu tu r a to u jo u rs l 'a u x ili a i r e b©? à 1*a f f ir m a t if i l p o rte le to n bas (.4),


au n é g a tif i l p o rte le to n haut (2).

e x e m p le s : aff. bo j)a to ka "tu p r é p a r e r a s q u e lq u e ch o s e (à m a n g e r )w

nég. bo be to kg» "tu ne p ré p a re ra s r i e n (à m a n g e r )"

La n é g a tio n est in d iq u é e par 1 'a u x il i a ir e ma à t o n trè s haut (1 ),


à l ’ in a c c o m p li et à 1 ‘ im p é ra t if .
s & \ A
e x e m p le s : in a c c . nég. bu m& ka to " tu ne p ré p a re s pas (à m a n g e r )**
S * s A 2
im p . sg. nég. (bu) mS ka to “ ne p ré p a re p a s (â m a n g e r )!* *
C £ s a
im p . p l. nég. mu ma ka to "n e p ré p a re z pas (â m a n g e r )!"

1. Nous tra ito n s de ces é lé m e n t s co m m e d e s é lé m e n t s a u x ilia ir e s , p a rc e que


to u s deux e x is te n t aussi com m e v e r b e s in d é p e n d a n ts !
be " v e n ir* 1 e t ma "ê tre "
v/ \ A Ü? ■
2. La fo rm e ml ka to a aussi é té a tte s té e r où ml p o rte un to n m o n ta n t
de bas à trè s haut (u n e fu s io n des to n s d u p ro n o m et de 1 ’ a u x lla ire ? )*
L' A V I K A M

G. H E R A U L T

Dans la Sous-préfecture de Grand-Lahou à l'Ouest d'Abidjan, le pays


avikam occupe essentiellement le cordon lagunaire que délimitent le Golfe de
Guinée au Sud, l'extrémité Ouest de la lagune ébrié,. la lagune Tagba et la
lagune Nyouzomou au Nord. Il prolonge vers l'ouest le domaine de 1 'alladian
et la plupart des villages avikam se distribuent de part et d'autre de l ’
em­
bouchure du Bandama. On observe cependant depuis quelques années- une tendance
au déplacement de certains villages hors du cordon lagunaire. C'est ainsi que
Braffédon s ’
est installé sur la rive nord de la lagune et qu'a été créée la
sous-préfecture de Grand-Lahou, sur la terre ferme a l'ouest du Bandama et
à une dizaine de kilomètres au Nord de la lagune, ne laissant sur le cordon
lagunaire que l'ancien village de kpada, Grand-Lahou-Pif g 3 .

Les Avikam sont en contact avec les Alladian et les Aïzi à l'Est,
avec les Dida au Nord et à l ’ Ouest. La population qu'ils représentent est esti-
(1 )
mée à 8.447 habitants . "Ils se répartissent en six tribus : Kpanda [kpada],
Akouli [akuli], Affè [afe], Braffè [brafe], Saoua [sawa] et Likpilezie
[ I ikpi l e s j e ] " / 2 ^

C1) Statistiques des ethnies de Côte-d’Ivoire par préfectures et sous-préfec­


tures d ’
après les recensement de la population de 1975, Abidjan, Direction
de la Statistique, 1980.
(2) KADI0-M0R0KR0 C. (1978), p.2.
- 256 -

(1 )
0’
après L. DUPONCHEL , les villages avikam sont au nombre de 26 :

Adessé adese Grand-Lalou kpadado


Avadiv?y afwava Groguida grog Ida
Niangoussou pagusu Adiadon adjado
Taboutou tabutu Gréguibéri g r e g ib e r i
• • .(2)
Béhiré gbejr i Kokou koku
Kouvé kuBe Lokohiri Iukujri
Kraffi k ra f e Gradon grado
Toukouzou kukuzu Dibou djubu
(3)
Akré-Nguessandon akrengesado Zagbalébé zagbalebe
Amessandon amsadjesado Beugrédon gbegredo
Diateké djateke Alekedon aleked o
Noumouzou numuzu Ebounou ebunu
(4 )
Braffédon braf ed5 Essonam esonam

Mme KADIO -nOROKRD (1978, p,.3), citant ses informateurs, ajoute


te liste quatre ■
a utres villages :

N’
zida z ida ■Agnafoutou awupafutu
Ahouanou awuanu Bakanda bakada

L'appartenance de N ’
Zida au domaine avikam ne fait aucun doute, mais nous
n’
avons pas pu vérifier s'il en était de même pour les trois autres qui se
situent sur les rives du Bandama à peu près à mi-chemin entre Tiassalé et
son embouchure, à une cinquantaine de kilomètres au Nord du pays avikam propre
ment dit.

"Le peuple avikam, communément appelé brignan, vit en contact assez


étroit avec les Alladian d ’
une part et les Dida d ’
autre part. Et bien que
rattaché au groupe akan par son histoire et donc par son type de filiation
matrilinéaire, le peuple avikam ne possède pas une organisation politique
très centralisée, un peu comme chez les-Dida du groupe krou qui ont pu les
influencer de ce point de vue-là.

(1) in Dumestre G. (1971) pp. 117-118


(2) ou zejri (KADIO-M0R0KR0 c., 1970, p. 3)
A A

(3) -do > édo, village


(4) ou ekposa (KADIO-M0R0KR0 C., 1976, p.3)
AVIKAM
- 259 -

A l’
instar des peuples de la Côte, le peuple Avikam est fortement
christianisé : catholiques, protestants et harristes.

Selon la légende, les Avikam sont venus du Ghana à la suite de la


reine Pokou ; c'est du reste ce qui expliquerait leur type de filiation matri­
linéaire. Cependant, d'autres sources nous disent q u ’
ils sont : partis du
Ghana à une époque antérieure à la première migration des Baoulé et des Agni.
A l’
origine, les Avikam faisaient partie du peuple alladian. On raconte que
des pêcheurs alladian perdus en haute mer auraient été emportés vers l ’
Ouest
par la t e m p ê t e I l s furent recueillis par un grand féticheur du nom de Zri
Gnaba. Ils séjournèrent plusieurs mois à'‘
la cour” de ce dernier. Ils furent
si longtemps absents que leurs frères, les croyant morts, avaient fini par
les oublier. Mais un jour ils revinrent chez eux avec une bonne nouvelle.
Ils avaient découvert, dirent-ils, grâce aux indications et à la protection
surnaturelle du féticheur, le site qui devait être leur village. Et en guise
de repère ils avaient planté un bouquet de feuilles à cet endroit. Ainsi
naquit le premier village avikam. Et le mot avikam serait, pense-t-on, une
déformation des mots alladian

eyi feuilles
eku bouquet -*• eyi-ku-awa
awa villages pays
(1 )
qui aurait évolué en avlkuama, a v i k a m ”

"Si nous nous référons à la légende, la langue avikam serait issue


de la langue alladian. La question se pose donc de savoir-si on peut la con­
sidérer comme une langue à part entière ou comme une variété dialectale de
l 'alladian : si au cours de leur histoire l ’
avikam et l ’
alladian ont pu être
des variétés d'une même langue, nous croyons pouvoir dire qu'il n'en est plus
rien aujourd'hui. 'Il n'y a pas en effet intercompréhension systématique en­
tre locuteurs alladian et locuteurs avikam ; c ’
est souvent le fait d ’
un ap-
(2)
prentissage" . *-

(1) KADIO-MOROKRO Ci (1978), pp. 4-5.


(2) KADIO-MOROKRO C.\(197B) p..6.
- 260 -

"Les ressemblances entre les deux langues sont frappantes au point


de vue lexical. Sur le pljn grammatical, elles apparaissent également très
importantes. Mais en dépit de ces ressemblances et de l'opinion de nombreux
Alladian persuadés qu'il y a intercompréhension entre les deux ethnies, nous
avons pu nous rendre compte que les Alladian de Jacqueville, par exemple, ne
comprenaient pas les Avikam de Grand-Lahou. Les Alladian d ’
Addah en revanche
peuvent communiquer avec les Avikam des villages compris entre Adessé et
l’
embouchure du Bandama. Mais il s'agit là d'un bilinguisme dont les causes
sont géographiques, économiques et historiques. (...) Si l ’
on s ’
en tient
au critère de 1'intercompréhension, on peut affirmer que l ’
on se trouve en
présence de deux langues et non de deux dialectes". ^

I.- PHONOLOGIE

1.- Corpus de référence

1 - phf herbe 16 - édo village


*io

2 - 6 m margouillat 17 - eau
w

3 - v,/
ba een tir bon 18 - et u plume3 poil
0 0
4 - va offrir 19 - ecu mer

5 - ba arriver 20 - tre trier

6 - wa nager 21 - dre être debout


/
7 - ma et, avec 22 - to suivre

8 - èbjé canari 23 - CD frapper

9 - èdje pirogue 24 - so oublier


r
10 - pa faire un lavement 25 - ézo cendre

11 - ébro houolin 26 - £da bois de chauff,


12 - émro n euf (9) 27 - izê guerre
/
13 - èf ro gauche 28 - èda prix

14 - gbâ crabe 29 - êja peu


/
15 - êio un 30 - én5 bouche

(1) DUPONCHEL L ., in DUMESTRE G. (1971) p. 120.


- 281 -

31 - chose 59 - kpro laver

32 - do prendre 60 - gbro mélanger

33 - bo butter 61 - wro flotter

34 - so uriner 62 - ékpà hameçon

63 - ' if
35 - du faire egba claie

35 - zu se lever 64 - e' ba
if enfant

37 - lo aiguiser 65 - ge vomir

33 - voler 66 - qbe être mûr

39 - (G se b a t t r e . 67 - me rire
f t
40 - eu cuire 68 - eva concession
ï i
41 - p5 boire 69 - èwa gros

42 - ju accoucher 70 - eyrf parasolier

43 - o4u vol 71 - owrf tambour


* \
44 - ogu chimpanzé 72 - ©3rf tortue
9

45 - jra plier 73 - énrï nez

45 - gra fendre 74 - 5ra sauter

47 - 't ' f
aj-rowa chat 75 - yra rmeher

48 - oj rawa étoile 76 - èff pagaie


t
49. - en 3 viande s animal 77 - ese poisson
*
50 - éji êpervier 78 - W0 époux

51 - 'i f
C3kU régime de bananes 79 - vo être frais
» »
52 - GVVU os 80 - f0 cru

53 - ka mordre 81 - êfê lune

54 - kpa déshabiller 82 - ivê médicament

55 - na chercher 83 - gvg mygale

55 - ka allumer 84 - mortier

57 tk6 funérailles 85 - zi entrer

58 - èwo corps 86 - fi pousser


- 2E2 -

37 - ji verser 102 - je étendre

03 - si être plein 103 - je poser

89 - v i. être étroit 104 - ■jro copuler

90 - ^ro courrir 105 - ■jro lourd

91 - ja mettre 105 - se aiguiser

32 - souf'rir 107 - sa asseoir

93 - na donner 108 - wro brûler

94 - t2 finir 109 - 'Ji lancer

995 - ni déféquer 110 - je écouter

95 - ésd so 1 111 - sa compter

97 - éja feu 112 - so mentir

95 - wra parler 113 - wo pousser

99 - na marcher 114 - wu mourir


\ /
100 - GOU cheveu 115 - jîj prier
% t
101 - owru odeur 116 - Oma réduire en grain

2.- Les voyelles

Au plan phonétique, on a pu relever en avikam l ’


existance dos quinze
voyelles suivantes :

T î u u

L L O
9 O
e e o 5
a
a

Le3 paires minimales du corpus permettent aisément de prouver le sta­


tut phonologique des voyelles orales / i, e, e, ci, o, o, u / , mais la langue
n'offre pas d 'exemples‘
d*opposition des rétractées [ i ] et [o] ni entre elles
ni aux autres. L'antérieure [i] est attestée dans une vingtaine de mots où
elle n'est jamais initiale : emprunts parfois (le plus souvent à l'anglais :
bâjl^ sac), mots autochtones le plus souvent (boit, rosée^ nsiséj joue^ iuKa
où ?, etc...). To] n ’
a été relevé que dans une dizaine de mots (abobo^ termite;,
gogoll houe.où elle n ’
est jamais initiale non plus. Aucune des deux rétractéès
n'apparaît en monosyllabe,et l ’
inventaire des autres voyelles des mots où elles
sont attestées se réduit h [i, e, a, o, o] : il est légitime de postuler que,
disparues des monosyllabes, elles n ’
ont été maintenues dans des mots plus i
longs que par influence de règles d'harmonie vocalique (KADIO-MOROKRO C.i
1976, p . 45). Malgré le rôle marginal q u ’
elles jouent, nous leur accorderons
le statut de phonèmes dans la mesure où leurs occurrences ne sont,.en..ri.en ..
conditionnées par leur entourage consonantique.

Le statut phonologique des voyelles nasales ne peut être éclairci


dans les contextes où elles suivent, dans un même mot, une consonne nasale,
puisque la syllabe est alors tout entière nasale. En contexte consonantique
oral, par contre, les paires abondent pour prouver le rôle de phonèmes que
jouent / e, <1 , 3 /. L'antérieure /ë/ est parfois plus fermée que ne l ’indi­
que le symbole servant à la transcrire (KADIO-MOROKRO C., 1978, la note /t/
v partout) mais reste distincte du [t] qui apparaît après consonne nasale dans
érnapï, calebasse (seul exemple de [T] de notre corpus).

/e/ et /of ne sont jamais nasalisées (et ne se trouvent jamais en


contexte consonantique nasal ^ ) .

/!/ et /u/ sont rares mais les quelques mots où ils sont attestés en
contexte non nasal (gbrT, renvoyer3 ègru, barbeÿ jû, p r i e r etc.) et les quel­
ques paires q u ’
ils permettent de former suffisent pour reconnaître leur sta­
tut phonologique.

Compte tenu de l ’
harmonie vocalique qui se manifeste - avec exceptions-
dans le cadre du nnonème et certair.s affixes (harmonie qui tend à regrouper
ensemble les voyelles rétractées, ou. les voyelles non rétractées, /a/ fonc­
tionnant dans les deux ensembles), on peut établir ainsi le système vocalique
de 1 ’
avikam :

U ) Seule exception relevée : nno, ciiampignon■


1

Antérieures Centrales Postérieures |


1
non r é t r a c t . Retract. non rétract. Rétract. |
i

Oral Nasal Oral IMa9 ol Oral Nasal . Oral Nasal Oral Nasal

Fermées i T 1 u u 0

moyennes e e g 0 0 5

ouvertes a 3
i

3.- Les consonnes.

Fonctionnent et s'opposent à l'initiale comme à 1 ’intervocalique les


occlusives :
p t c k kp
b d j g gb

ainsi que le prouvent les paires du corpus.On observera cependant que /p/ ne
joue qu'un rôle marginal,n'étant attesté que dans très peu de mots dont beaucoup
sontempruntes pu communs à plusieurs langues (prutùj fer* mpa., foutou,...). Sans
qu’
il connaisse les mêmes limitations, /g/ est assez peu fréquent : aucune
paire n'est présentée où il s ’
opposerait à /gb/, mais tous deux apparaissent
dans les mêmes contextes (égbra, crapaud / pagra, scorpion) .

Fonctionnent également dans les mêmes positions les fricatives :

f s
v 7.

dont le statut phonologique ne fait aucun doute. Il n'en est pas de même
s’
agissant des deux prépalatales [J, 5 ] (souvent [p. £ ]). La sourde a été
relevée six fois, précédant [j, i, t, r], la sonore trois fois devant [r]
suivi de voyelle non postérieure. Dans la mesure où àflke* et àslke, or*
\ *' \ *
czrS et eÿrë., piXoni etc., sont attestés, elles seront interprétées comme
variantes de /s/ et /z/ respectivement devant voyelle non postérieure.
C ! 1 et. [r] constituent par contre deux variantes combinatoires d'un
même phonème i [r] est exclu de l ’
initiale et de 1'intervocalique (où [l]
fonctionne : loj parler * biîl6, tout^ ... ) et n'apparaît qu'entre consonne
et voyelle (£fro.j fièvre ékra, palis s ad e ô ...) on entre semi-consonne et
voyelle (ébwnS, puitSj,...) . On observe néanmoins qu' entre consonne labiale
(b, S, f, v] et voyelle non postérieure [l j fluctue avec [r] o u lui est
même préféré (àtff'l)* charbon de bois éflé* gombos ...).

/j/ et /w/ s ’
opposent à l ’
initiale (devant voyelle) et à 1 ’intervoca­
lique, mais /w/ est réalisé Cqj devant voyelle antérieure [&je ] m o r t i e r ) .

. /j/ et /w/ sont tous deux attestés en première position dans les syl­
labes CrV, mais /j/ est réalisé [q] si la voyelle de la syllabe est posté­
rieure (qrOj oourrir ),

/j/> Nt et [q] . apparaissent aussi comme deuxième consonne dans


les syllabes CCV et CCrV. Mais là encore la présence de [q] est conditionnée
soit par la postériorité de la voyelle de la syllabe (auquel cas il est va­
riante de /j/ : bqroj, être bon = /bjro/), soit par l ’
antériorité à .la fois
de la consonne p’r écëdente et de la voyelle suivante (auquel cas il est va-
f * \ f A f ■ r ^
riante de /w/ : èzozqë, travail - /èzozw?/ jfromager^ =/£cwë/). A l'in­
verse, "kokwè, petite saison des p l u i e s ne fait pas apparaître la labiopa-
latale en raison de la vélarité de K.

Reste la distribution complémentaire attestée entre les nasales et


les "résonantes” (J. LE SAOUT , 1973) de même point d ’
articulation.

E I j v w

. ..OV.. ..n p.. . rj . tf/qm............................................... ...... -

Les nasales ne sont associées q u ’


à des voyelles nasales dans,, lamême syllabe
et les nonnasales correspondantes qu'à des voyelles orales. Les solutions
proposées par divers aute u r s -(J. LE SAOUT'1973 j C. KADIO-MOROKRO, 1978 ;
R. BOLË-RICHARD, 1980) tendent à considérer la oonsonne nasale comme une
variante conditionnée de l ’
orale correspondanteé Les quatre premiers ordres
ne posent aucune difficulté dans le rattachement de la variante nasale à la
résonante de même point d ’
articulation:
- 266 -

ma / 6a / et pa /ja / marcher

na /la / donner Qâ /y a / chercher

l a s e u le conséquence é ta n t que l a fréq u en ce des phonèmes / b / e t / y / s 'e n


tro u v e considérablem ent a c c ru e . Mais on tro u v e a u s s i :

owa gratterj râcler


\
wa p r . o b j. 2ènjQ p. p l .

Qma réduire en grains

Le p re m ie r de ces t r o i s termes se p r ê te aisém ent à une i n t e r p r é t a t io n en


/ yw â/, monème de s tr u c tu r e CCV dont d 'a u tr e s exemples avec n a s a le e x is t e n t
foufou = / j w ë / ) . Mais l e problème r e s te e n t i e r concernant [w ] e t Com]
p u is q u ’ on s e r a i t te n té de le s r a t t a c h e r l ’ un comme l ' a u t r e à / w / a lo r s que
v is ib le m e n t i l s s ’ opposent.

Quoi q u ' i l en s o i t , compte non tenu du problèm e que posent le s nasa­


le s , l e ta b le a u phonologique des consonnes de 1 ’ avikam se p ré s e n te a in s i :

la b ia le s d e n ta le s p a la ta le s v é la ir e s l a b i o - v é l a i ­
re s

o c c lu s iv e s sour­ P t c k kp
des
o c c lu s iv e s sono­
b d i 9 9b
res

résonantes 6 1 j Y w

f r i c a t i v e s so u r­
f s
des
f r i c a t i v e s sono­
V z
re s

4 . - Les tons

Deux tons p o n c tu e ls , haut e t bas, a in s i que le u r s cotrbinaisons en


modulés montant e t descendant. J o u e n t un r ô le d i s t i n c t i f en avikam :
\ z 0
/B -H / esë demain 'H -H / e ja peu
f \
/H -H / £së poisson /H - B / é ja épervier (filet)
- 287 -

/H-H/ ézu en-haut /B-B/ è-zu il a enfilé

/H-HB/ é-zû qu'il se lève ! /B-HB/ è~zu iZ s'est levé

La rareté des monosyllabes n ’


a pas permis d 8avancer une paire par­
faite prouvant le statut, du modulé /BH/, mais on peut rapprocher gbëj arabe
de égba, dessous. Ce modulé ascendant (d'une fréquence lexicale peu élevée
mais utilisé dans la conjugaison) figure le plus souvent en première syllabe
de monème ( d â k p ^ fesse j kôko, taro) mais il n'est pas exclu en dernière
* V

syllabe (pëgrâ^ scorpion) .

Plus rare est le modulé descendant /HB/ : le verbe zû, se lever3 cons­
titue une exception notoire dans la classe des verbes (cf.. 16s paragraphes
concernant la conjugaison ci-dessous). Ce ton n ’
est jamais présent en première
syllabe et semble caractériser nombre de mots communs à beaucoup de langues
• ' a
du groupe ; ogwe^ huile de karité ; padra., proverbe t misja_, gendre9 ...
s A f a ■'

Plusieurs cas de faille tonale (downstep) ont été recueillis s


eklo* vl f, coussin de tête ; trô* tr<$, lisse, e t c ..., où le dernier ton, dis­
tinct aussi bien d ’
une réalisation basse que modulée, est abaissé par rapport
au ton haut p r écédent.

Il ne nous ast pas apparu que se manifestaient systématiquëment des


règles d ’
assimilation ou de dissimilation tonale en dehors de la jonction
verbe-expansion (cf. i n f r a ) .

5.- Structures syllabiques

La syllabe ouverte est de règle en avikam.

Les syllabes constituées d'un seul phonème, voyelle ou nasale sylla­


bique, sont restreintes à quelques morphèmes et pronoms personnels.

Les syllabes CV constituant un monème sont particulièrement bien re­


présentées dans la caisse des verbes.

Les types de syllabes les plus complexes sont constitués des séquen­
ces CCV et CCCV. Dans le type triphonématique 1'inventaire des consonnes pos­
sibles en deuxième position'est restreint à /j, j, w/ { dans' le type qua-
driphonématique, seuls /j, w / restent possibles, la troisième position n ’
étant
- 268 -

occupée que par./i/. exemples :

V 0 pronom 1ère p.

cv 2i entrer

ccv sja pousser

cccv kwre montrer

ESQUISSE GRAMMATICALE

1 . - L ’ o rd re des c o n s titu a n ts de p h ra se .

Sous sa forme l a plus r é d u it e , l a phrase a s s o c ie un nom inal s u je t à


un c o n s titu a n t v e rb a l :

làvrf bà ( v e n ir + acc o m p li) Lavri est venu .

L'expansion objectale suit immédiatement le verbe :

è-fwâ làvrf (3è p. sg. - appeler + acc.) Il a appelé Lavri,

Lorsque deux expansions objectales sont présentes et que l'une d ’


elles réfère
à un animé, elles se succèdent dans l'ordre animé, inanimé, et ne requièrent
aucun morphème fonctionnel :
r >r
m-vo l à v r f fru o a nf nf (1 e r p. sg - em prunter + acc, L a v r i, liv r e ,
d é m o n s tr a tif). J'ai emprunté ce livre â Lavri .

C e rta in s verbes se c o n s tru is e n t avec une p a r t i c u l e lè q u i se p la c e


à l a s u ite du ou des o b je ts :

è-mwa kokosê nf n f lè (3è p. sg. - a tta c h e r + a c c . , mouton, démons­


tr a tif, p a r tic u le ). Il a attaché ce mouton,

2.- Le syntagme nominal

Il se m a n ife s te au niveau des d é te rm in a n ts du nom une o p p o s itio n


g énérique (marquée par un morphème z é ro ) / s p é c ifiq u e . Le morphème du d é f i n i
(DEF)r e lè v e du s p é c ifiq u e e t v a r ie en fo n c tio n du phonème p ré c é d e n t, s ’ ac­
co rd an t avec l u i en n a s a lit é e t par harmonie v o c a liq u e : lé A; lé % ne :

m -t f so j'ai acheté un poulet


f t - t f so l£ j'ai acheté le poulet (le p o u le t en q u e s tio n , dont an a
- 269 -

parlé, etc...). Relèvent également du spécifique nfnf, démonstratif singulier


''
et nfboo, démonstratif .pluriel (qui s'est vraisemblablement incorporé le suf-
*
fixe -5, marque du pluriel) i

m-tf so nfnf J'ai acheté ce poulet


S %

m-t f so nfboo . J'ai acheté ces poulets

nfnf est incompatible avec la marque du d é f i n i f ^ o u s deux appartenant au


V\
même paradigme j mais nfboo, dans un emploi différent ou il prend le sens
de autre» peut précéder le morphème du défini :
\ '' *■
é-so nfboo ne Les autres p o u l e t s .

p
Les informateurs suggèrent que é-to et tèkrf, tous deux signifia it
un, s ’
opposent en tant q u ’
indéfinis à lé . Tel ne semble pas être le cas
•• p l
étant donné q u ’
ils s ’
intégrent au paradigme des numéraux (dont e-to est le
premier membre) et q u ’
ils sont partout compatibles avec le défini :
p
ètjé to Un chien
> t
ètjé to në Le certain chien en, question

ètjé tèkrf Un chien

ètjé tèkrf lé Le même chien


\ r r '
ètjé-o në to Un des chiens

Les syntagmes de détermination d’


un nom par ,un autre placent le
déterminé après le déterminant ;

làvrf frùÈà lé Le livre de Lavri,


A

ètjé df-o (chien, excrêment-pl) D^s.crottes de chien.

Dans ce type de syntagme, le déterminé prend: le plus souvent une tonalité


syntagmatique basse : tel est ici le cas avec èfru££.( Certains conservent
cependant, de manière non prévisible semble-til, leur ton intrinsèque : ici
éd f.

L’
adjectif se place au contraire à la suite du nom q u ’
il détermine
et tous deux conservent leur(s) ton(s) :
P
èfS fo une pagaie neuve , (èfo) ,

(1) Certains informateurs cependant acceptent que le défini fasse suite au


démonstratif.
- 270 -

Numéraux et quantificateurs se placent à la suite du nom éventuelle­


ment associé à un ou plusieurs déterminants lexicaux :

êsb wàwà aza (poulet, gros, trois) Trois gros poulets : avec les nu­
méraux et quantificateurs pluriels, la marque -5 du pluriel est susceptible
d’
être suffixée au nom mais jamais de manière obligatoire.

3.- Affixes nominaux et marque du pluriel.

Ainsi qu'en témoigne la liste lexicale, nombre de noms avikam appa­


raissent munis d ’
un préfixe vocalique. Il s'agit soit de e ê- (selon l'har­
monie vocalique), soit de è ^ è-, soit encore de a- ou de à-:

é-së poisson é-pa chair


/ r
è-së demain è-pa viande 3 animal
f
à-së t ~
igname s-no bouche
r
\ p
e-wu la mort è-no danse

é-wu os a-jo palabre

Ce préfixe n ’
est maintenu dans le discours que si le nom qui le porte est
initial : il disparaît (non sans laisser de trace tonale, cf. ci-dessous les
conjugaisons) dans tous les autres cas :

é-so tèkrf fjà (poulet, un, suffire + acc.) Un poulet suffit,

bâjo su /-so lé (Badjo, préparer + acc., poulet, DEF) Badjo a


fait cuire le poulet.

Apparaissent également dans notre corpus une vingtaine de noms mu­


nis d'un suffixe -6a à ton haut ou à ton bas, souvent, co-présent avec un pré­
fixe mais pas nécessairement :

é-wro-Êà oeil a-zra-bà langue (organe)


■/
na jé-6a oiseau é~zra langue

é-to-bà pénis

Beaucoup sont des noms de parties du.corps mais pas tous. Ce suffixe ne sem­
ble tomber que dans le cas où le nom fonctionne comme déterminant d'un compo­
sé :
* f
é-në-Da jambe + é-n?-rjrù-6a (jambe, tête) genou
- 271 -

a-wo-bà cou -*■ a-wo-m-jà-là (cou, dans, mettre, chose) collier.


K
Le suffixe -5 est la seule marque de pluriel relevée. Il se corrbine
librement avec les déterminants du nom :
¥
èso-pf bà (eau-frère, enfant) un enfant de pêcheur
/ '
èso-nf bà-o des enfants de pêcheur
t \ t
èso-pf bà-o në les enfants de pêcheur
p \ / \ »
èso-pf-5 në bà-5 në les enfants des pêcheurs

etc...

4.- Les pronoms personnels.

Les formes recensées sont consignées dans le tableau ci-dessous :

» ;
| indépen- ! associa- sujet objet
| dant j tif
]
i /
1e p. sg. * amê m m~ -m
/ p I \
2è p. sg. I aye à a- -a
l
I
3è p. Sg r 1 f •f
eJ * è 'v» è ©- ^ e- (devant c) -*è -è (suff. au v b )
j- (devant v) jf (forme libre)
/ /
1e p. p l . awa 0 ^ 0 . o- 'v o- (devant c)
w- (devant v) -wa
> r \ \
2è p. pl. awa o 5- (devant c)
-wa
w- (devant v)
x » p
3è p . p l . po po PO -po

La forme que prennent les pronoms d a n s ’


leurs diverses'fonctions est
• k . ..
déductible de leur forme indépendante. Celle-ci s'utilise dans des mises
en relief telles que :

amë m-ko-è (moi, je-voir + acc„-lui) C ’


est moi qui l'ai vu.

Ou encore dans une coordination :


/
m-ko éjf ma è sï: (je-voir + acc, lui, et, son, épouse) Je l ’
ai vu
avec sa femme, (litt. : j ’
ai vu lui et sa femme).
- 272 -

Le pronom associatif fonctionne comme déterminant d'un syntagme nomi­


nal :

làvrf frùEà lè(Lavri, livre, DEF) Le livre de Lavri,

è •frùEà lè Son livre


f K \
po so-o (eux, poulet-pl.) Leurs poulets.

Les pronoms associatifs de 3è p. sg. et de 1ère p.- pl. varient par harmonie
vocalique avec le nom qu'ils déterminent : on pourrait y voir un argument
pour avancer qu'à l ’
exception de celui de 3è p. pl., ils sont en fait des
préfixes.
;
En fonction de sujet, le pronom est préfixé à la forme verbale, po
(3è p. pl.) excepté, le ton qu'il prend est fonction de la conjugaison à
laquelle le verbe est employé (cf.infra). Ceux de 3è p. sg. et de 1è p. pl.
varient par harmonie vocalique :

€-zï il est entré (acc.)

è-bà il est arrivé (acc.)

Les deux mêmes, auxquels s'ajoute celui de 2è p. pl., possèdent ane variante
consonantique utilisée devant morphème à initiale vocalique :

J —a z l il entre (inacc.)

A la troisième personne, il ne se manifeste pas de forme particulière pour


les inanimés (pas plus en fonction de sujet que dans les autres fonctions) ;
le pronom pluriel po fonctionne quant à lui comme indéfini (en).

En fonction d ’
objet, le pronom est suffixe à la forme verbale et ne
semble pas varier de ton : il est haut à la 3è p. pl. et bas à toutes les
autres. Celui de 3è p. sg. s ’
incorpore à la voyelle finale du verbe si celle-
ci est /a/ :
è-n? fluba = è-nâ-è fluEa (il-donner + acc - lui, livre)
H lui a donné un livre.

La troisième personne du singulier serrble également être la seule à possé­


der une forme non suffixe ejf, qui se substitue au deuxième objet d'un ver­
be : séparé qu'il en est par un premier objet (pronominal ou non), il ne
peut lui être suffixé. Ainsi, par pronominalisation de livre dans la phrase
ci-dessus, on aura ;
- 273 -
ë
è-nâ làvrf jf II l ’
a donné à L a v r i .

Il ne semble pas q u ’
aux autres personnes cette pronominalisation d'un second
objet soit possible.

5»- Quelques conjugaisons

Participent à la différenciation des cinq conjugaisons positives étu-


diées : le ton du pronom sujet (mais po, 3è p. pl. est invariablement haut),
la présence ou non d ’
un morphème segmentai spécifique, le schème tonal du
verbe. Interfère au niveau de ce dernier paramètre la nature phonématique
et tonale de la'syllabe suivante.

a) L*accompli.

Pronom à ton bas, aucun morphème segmentai et schème tonal bas sur le
verbe caractérisent l'accompli :
*
3~bà vous êtes arrivés

è-fwà ça a bouilli

à-gbrètï tu t'es promené

Cette règle ne souffre aucune exception concernant les verbes de structure


CrV. Les verbes des autres types (CV, CVCV, CwV, CjV, etc.) réagissent au
ton, fût-il virtuel, de la syllabe suivante, ainsi q u ’
à sa. composition seg­
mentai e. La règle peut être formulée comme sui.t :

(a) la dernière (ou unique) syllabe du v.erbe adoptç le ton qui lui
fait suite si elle n ’
en est séparée par aucune consonne (cette règle de
copie s ’
appliquant au ton virtuel subsistant après chute segmentale des pré­
fixes nominaux).

((3) la dernière (ou unique) syllabe du verbe adopte le ton inverse de


celui qui lui fait suite si elle en est séparée par une consonne (ou plu­
sieurs).
*
Ex, (a) m-po ’
-so J’
ai attrapé un poulet (e-so)
/

m-po '-ba J'ai attrapé un enfant (è-ba)

m-po alaba J’
ai attrapé une perle
P
m-po aswa J’
ai attrapé une souris
~ 274 -

Ex. ((3) m-po grïgbé J'ai attrapé un agouti


\

m-po dabo J'ai attrapé un canard

Observons seulement le comportement irrégulier du verbe zû (ou zuzù) se lever3


s'envoler3 quitter3 qui reste partout porteur d'une modulation descendante (
(ou d'un schème H-B).

b) L'inaccompli (progressif)

L'inaccompli est caractérisé par l ’


usage d ’
un morphème / a - / p r é f i x é
au verbe. La modulation ascendante qu'il supporte, /ë-/, est vraisemblable­
ment le résultat de l'incorporation du ton bas du pronpm précédant devenu
asyllabique. Le verbe est à ton(s) bas mais obéit aux règles (a)et (£) for­
mulées à propos de l'accompli. Ici, cependant, les -vqrbes de structure CrV
se plient eux aussi, mais partiellement, à ces règles.» adoptant un ton mo­
dulé BH là où ceux des autres'types deviennent'hauts i
v f ;
/ V
m-a-po -so J'attrape un.poulet (e-so)
V , l
a~a~-no "SO Tu attrapes un poulet
V
r
~ / \
j-a-po -so Il attrape un poulet
\
/ \
W-ë-pO -so Nous -attrapons un poulet
V '
w-â^po^ '-so ' Vous attrapez un poulet
f s
no-a-no -so ils attrapent un poulet
j-ë-brï f- z ti ba
C'
Il coupe un arbre (é-zf-Bà)
v i.
w-a-po '-ba Nous attrapons un enfant (è-ba)
V
/
~
f
w-a-gbùjù -so Nous troublons l'eau (è-so)

En dehors du verbe zû / zùzù qt;i conserve partout son schème tonal, on obser­
ve à l ’
inaccompli le comportement particulier de deux.verbes : ba, venirs
arriver, et le* aller3 partir. Le premier utilise, au lieu de a-, le nrorphè-
me ji- :
m-jV-bà ■ Je viens

à-jî-.bà Tu viens j, e t c .

Le second ne refuse pas -a, mais, fait alternativement usage d'un autre mor­
phème spécifique, jrà- :
v
m-a~le / m-jrà-lè Je m'en vais
- 275 -

à-a-i è / à —Jrà —Iè T u t 9en vaSj etc»

c) L’
impératif n'existe q u ’
à la deuxième personne du singulier, cette
conjugaison étant en distribution complémentaire avec celle de 1'injonctif
qui existe à toutes les autres personnes. L'impératif n'est mar-
qué que par le schème tonal haut du verbe figurant sans pronom. Mais ce schè­
me tonal est soumis aux règles contextuelles formulées à propos de l'accom­
pli, les verbes CrV. prenant une modulation.BH là où ceux des autres types
adoptent un ton haut (cf. l'inaccompli) :

zf entre !

drë arrête-toi î

gbret f promène-toi !

po Êiti attrape u n margouillat !

lè --kâ pars en voyage ! (è-k^, endroit)

zu / zuzù restent invariablement avec le même shème tonal

d) L ’
injonctif

L’
injonctif, absent de la 2è p. sg. (cf* supra), n'est marqué que par
le schème tonal haut du pronom et du verbe. Cette conjugaison se démarque de
celle de l ’
impératif par le fait que le verbe ne subit aucune influence en
provenance du ton suivant î

zû / zuzù ne se plient pas plus aux règles qu'ailleurs,

e) Le futur

Le futur est une conjugaison complexe qui utilise le vértie b a s e n t * ’


,
comme auxiliaire. Sous la forme complète de la conjugaison s cette auxiliaire
est conjugué à l ’
inaccompli, donc avec son morphème spécifique jï- (cf. su­
pra) i le verbe est à ton(s) bas mais se plie aux règles tonales (a) et ((3)
- 276 -

énoncées à propos de l'accompli, les verbes CrV adoptant quant à eux le


même comportement q u ’
à l’
inaccompli :

m-jï-bà-p5 *-so J 'attraperai un -poulet

è-j1-bà-gbùjù '-so II troublera l ’


eau

Très fréquemment, cette conjugaison se contracte par amalgame de jl- et de


l’
auxilaire ba, soit en jà, soit en à (voyelle alors plus ou moins allongée) :

1e p. sg. m-(j)à-verbe pl. o-(j)à-verbe


\

2e p. sg. (à-j)à -verbe pl. 5-à-verbe


. , z \
3e p. sg. e-(j)a-verbe pl. po-CjJa- verbe

o -à-brï '-zfbà Vous couperez l'arbre

m- (j )à-gè Je vomirai

Comme d'habitude, zû / zuzù constitue une exception puisqu'il conserve tou­


jours son même schème tonal.

ni.- E~‘X I O G R A P H I E

HANSEN A.W. (1848).- On a vocabulary of Avekoom, Ivory Coast, Philolo-


gical Society Proceedings, IV, Londres.

DELAFOSSE M. (1904) .- Vocabulaire comparatif de plus de soixante lan­


gues ou dialectes parlés à la Côte-d'Ivoire, Paris, Leroux.

DUMESTRE G. et L. DUPONCHEL (19 72).- Proverbes de Côte-d'Ivoire ;


abbey et avikam, Abidjan, I.L.A.

OUPONCHEL L. (1971).- L'avikam, in Atlas Linguistique de Côte-d'Ivoire :


les langues de la région lagunaire, de G. DUMESTRE et alii, Abidjan, I:L.A.

LE SAOUT J / M 9 7 3 ) . - Langues sans consonnes nasales, Annales de l'Uni­


versité d'Abidjan, série H, Linguistique, tome V I .

GRANDET E. (1971).- L'interrogation directe en avikam, Annales de l'U­


niversité d'Abidjan, série H, Linguistique, tome I V .

BOLE-RICHARD R. (1980).- Langues sans consonnes nasales un problème


d'hypothèses, Cahiers Ivoiriens de Recherche Linguistique, 7

KADIO-MOROKRO C. (1978).- Phonologie de 1 'avikam, Mémoire de maîtrise,


Abidjan (multigr.).
i

LE B A O U L E

Jérémie Kouadio N'GUESSAN

(1 )
Parlé par environ 1.300.000 personnes le baoulê constitue l ’
un
des principaux groupes linguistiques de la Côte d ’
ivoire. Les Baoulé occupent
la partie centrale de la Côte d ’
ivoire, zone de savane qui s ’
étend entre les
fleuves Bandama et Nzi et s ’
enfonce vers le sud en V, le ”
V baoulé", dans
la forêt côtière. Le domaine baoulé est limité au nord par l,es Tagwana et
les Djimini, à l'est par les Ano, les Abron et les Agni, à l ’
ouest par les
Gouro, au sud par les Dida, les Abidji, les Abé et les Agni. :Les différents
groupes baoulé sont :

Faafouë Nanafouê
Akouê Saa
Aïtou Satikran
Ouarêbo Katienou
Kodê Ayaou
Elomoné Sondg .
A ha r i Agba

(1) cf. Recensement de la population ivoirienne, 1975.


- 278 -

La différenciation dialectale est dans l ’


ensemble très peu marquée,
sauf peut-être en ce qui concerne les parlers périphériques tels que le
Kodê (kodé) ou 1 'Ayaou qui marquent quelques légères différences aux
niveaux morphophonologique, morphosyntaxique et surtout tonal. Par rapport
(1 )
au perler de Toumodi qui fait l'objet de cette étude et q u ’
on peut
considérer comme faisant partie du "baoulé central”, le kodê par exemple
marque les différences suivantes .:

le morphème du défini -nT y est toujours réalisé dans sa forme


pleine alors que dans le parler central on le trouve sous les
formes In ou 1n.

G
l’
emploi de , £ comme forme du pronom de 3 personne du singulier,
là où les autres parlers utilisent o (l’
agba quant à lui utilise
'è' 'ou o (à ton haut) pour la deuxième personne du singulier).

Il faut noter aussi la présence de Z et w à l’


initiale de mots
en baoulé central là ou les parler plus à l'est utilisent d et b.

1. - PHONOLOGIE

1.1. - Corpus de référence

1 - st - savoir 4- sa puiser (de l (eau)

2 - se dire 5 so faire un sacrifice

3 - se tailler(du bois) 6- su servir

(1) Cette étude est en grande partie basée sur Description Phonologique
et Grammaticale d'un parler baoulé, D. CREISSELS - N. KOUADIO, ILA,
Vol. LIX, 1977
BAOULE
7 - ST passer 33 - pl a pépinière

pleurer 34 - dî manger
8■
- su
p i q u e r (insecte) 35 - cê digne.
9 - sa
10 - so défricher 36 - jê y. solitaire

11 - ta élever 37 - gol) panthère

12 - to tomber 38 - ko il moignon

13 - to acheter 39 - gbô foyer

14 - 11 cueillir 40 - kpo petite souris

15 - to faire cuire 41 - wl a mettre(un habit)

16 - ta péter 42 - b îa mentir

17 - tT' écraser 43 - fa prendre

18 - tu arracher 44 - pàta sac

19" ce partager 45 - kpata apatam

20 - cë grossir 46 - fo se tromper

21 - fi vomir 46 - p Iio* purée de maîs

22 - fë blanchir £1 - bl h potasse
\
23 - be cuire 48 - so ainsi

24 - bo sortir 49 - zo filet

25 - be récolter l'igname 50 - fe lluwa


* * papier

26 - bl natte 51 enfant(de quelqu'un)

27 - bu casser 52 - cî avoir comme interdit

28 - bS enfant 53 -■ ké que

29 - wu mourir 54 - cé seulement

30 - më avaler 55 - ka mordre 1

31 - ma donner 56 - kpa coudre

32 - b la ferme 57 - bo sentir(odeur)
- 282 -

58 - mj porter (caleçon) 73 - f hb endroit de plain-pied


/ dans la chambre
59 - wa dire que 74 - vàà vaste, étendu* spa­
cieux
60 - ia .rrjarier, épouser 75 aller à la selle
v ,
61 - la Çpucher 76 bas du dos
r
62 - kpékpé 77 - ji épouse

63 - kpgkpg bien fermé 78 - wà ici

64 - b ja siège 79 - à jë mariage
ou >

trou d ’
aisances intestin
cr

80 -
c_

65 - à jS

66 - fe se fatiguer 81 - gbo puits

67 - fT venir de 82 - bo fesse

68 * f ja se cacher 83 - bol f chèvre

69 - f ja racler 84 - gol f nom de masque

70 - kuku chasser (mouche) 85 - bo eux

71 - kuku ramasser 86 - Jé dent

72 - de prendre des mains


de quelqu’
un

1 .2 . OPPOSITIONS DE PHONEMES

1.2.1. - V o y e lle s

: 1 - 2 e - T : 2 - 7

1 - 3 e - 1 : 63 - 64

: 1 - 6 e - a : 2 6 - 2 8

r : 1 - 7 e “ 0 : 3 - 5

: 1 - 8 6 - T : 3 - 7

e 1 - 3 e - ï : 1 9 - 2 0

e : 23 - 24 e - â : 3 - 9
263

8 10
e 30 31
18 13
T /1 p,

8 w

o 12 15
22 62
o 12 13
9 10
3 11 16

O - O 13 15

1.2.2, Lonsonnes

p - 33 32 kp P 45 44

m - 56 57 9 k 37 36

t " 14 34 gb kp 39 40

s 4. 43 V f 74 73

c - 52 14 i d 75 72

k - 53 54 j 77 76

kp - 56 55 I 61 '71

w 41 42 j 3 ao 79

b - 24 13 s c 3 19

b - 23 72 t k 11 55

m - 31 59 t kp 11 56

c - 35 36 b 9b 82 81

s - 5 12 -b 9- .83. 84

b i 85 96
- 204 -

1 *3 * ' IfWEüTAIKE DES PHONEMES

Voyelles orales Voyelles nasales

I u T u

e o £ 5

e d a
a

Consonnes

bi­ labio- Apico- pala­ ' vélaires labio-


labiales dentales dentales alvéo- tales vélaires
laires

Occlu­ Sourdes P t c k kp
sives
Sonores b d Ü 9 9b

Frica­ Sourdes f s

tives
Sonores; v z

Résonan­ nasales m [ n ] [ P ] [ Qw ]

tes
non-
nasales 1 j w [q ]
- 285 -

1.4. - NOTES SUR LA PHONOLOGIE

1.4.1. - Les voyelles

Le système vocalique du baoulé comprend 7 voyelles orales et 5 voyelles


nasales. Le statut phonologique de ces différents phonèmes est prouvé par les
rapprochements q u ’
on a établis d ’
après le corpus de reférence (cf. 1 .2 .1 .)

1.4.2. - Remarques

Les oppositions de timbre vocalique peuvent être attestées par de


nombreuses paires minimales (cf. 1.2.1.). Quant è la pertinence de l ’
opposi­
tion entre voyelles orales et voyelles nasales, elle peut-être aisément
établie à partir des paires minimales recensées en 1 .2 .1 .

1.4.3. - Les consonnes

L’
identité phonologique de la plupart des consonnes du baoulé est
prouvée par les rapprochements établis à partir du corpus de référence (cf.
1. 2 . 2 . )

1.4.4. - Remarques

Nous allons examiner cependant le cas d ’


un certain nombre de phonème
dont le statut pose quelques difficultés.

• Opposition sourde / sonore

Le baoulé connaît la corrélation sourde/sonore dont le rendement est


très variable d ’
une série à l ’
autre.

- En ce qui concerne les fricatives, le rendement de cette opposition


est très faible (les occurences de /v/ et de /z/ peuvent, être dans beaucoup
de cas attribuées à la sonorisatlo i de /f/ et, de /s/ au contact de nasales).
- 286

- En ce qui concerne la série bilabiale, signalons la distribution


particulière du /p/ : ce phonème apparaît surtout (bien que non exclusivement)
dans des idéophones et dans des mots identifiables comme de récents emprunts à
l’
anglais ou au français. En baoulé, et du point de vue historique, y aurait-il
évolution de /p/ vers [kp] ?. Un mot comme [ kpau ] pain vraisemblablement
emprunts au portugais rendrait plausible cette hypothèse.

Cependant l'existence de quelques paires minimales comme

pat a sac kpatà apatam

pl a - pépinière b Ia ferme

attestent de l'identité phonologique de /p/ par rapport à /b/ et /kp/

2°) Problème de b et de w

L'opposition entre b et wpeut-être établie par l ’


existence des
paires minimales comme

bia m e n t i r wla mettre (un habit)'

bT excrément wT •a m e r :

Mais à côté de cela, il existe un nombre important d ’


unités significatives
comportant indifféremment w et b : b^wlê ou wawlê '-baoulê
■ '

Ce phénomène relativement restreint si on reste dans le cadre d ’


un parler,
prend de l'importance si l'on prend en compte l ’
ensemble agni;*baoulé. On peut
remarquer par exemple q u ’
une majorité de mots qui ont dans le parler de Toumodi
une initiale w apparaissent dans le parler agba de Qocanda avec une initiale
. ï.
b :

wètékù ~ bètékù margouillat

wètrê, ~ bètrê régime de bananes ou de palmes

wjê ~ bjê un certain etc ...


- 287 -

L’
alternance b/w est un problème important de dialectologie dans
toute l ’
ère agni-baoulé.

3 °) L'opposition |/n

A première vue,, on peut penser que l ’


opposition j/ n est pertinente à
partir du co u p l e .:

[If] particule de thématisation [ n ^l où ?

Nais on constate que :

- ces combinaisons de [n] avec une voyelle orale ne s ’


observent q u ’
au
niveau des voyelles fermées î et u ;

- dans une syllabe comme [ni] la voyelle est toujours au moins légère­
ment nasale sans que cette nasalité soit utilisée à des fins distinctives.

- il y a également des cas où un même phonème apparaissant selon le


contexte phonétique avec une initiale I ou n, ce n doit être, de toute
évidence, considéré comme un allophone.de / 1/ en contexte nasal :

f Ije le sien n njè le mien

' i *i
wo-1 il est parti' o sT-nf il passe

A cela il faut ajouter q u ’


en baoulé les combinaisons suivantes ne sont
pas attestées :
A.

1 °) [ i + v] (v = voyelle nasale )

2 °) [ n + v ] (v = voyelle orale )

Il découle de ces constatations que [ n ] est à considérer comme une


variante combinatoire de / |/ en contexte nasal.
- 288 -

4 °) Le problème de | ?t r

En ce qui concerne ces deux sons, on peut avoir l ’


impression d ’
une
opposition pertinente du fait de la présence de réalisations C r— 3 à l'ini­
tiale, position où on relève généralement [ j ]. Mais en fait de telles
réalisations sont toujours en variation libre avec des réalisations [ jr ]. On
a par exemple [ ra] ~ [jra] brûler . Il paraît donc clair q u ’
une telle
syllabe [•ra] est à interpréter phonologiquement comme /jla/. D ’
ailleurs r et
9. sont en distribution complémentaire et [r] peut être considéré comme
allophone de / 1/ puisque après consonne dentale ou palatale nous avons la
réalisation [r], [|] apparaissant après les autres consonnes.

5°5 Les palatales c et j

Si c et j s'opposent aux dentales dans tous les contextes, par contre


elles ne s ’
opposent pas aux vélaires k et g devant i, mais seulement devant
les autres voyelles. Il y a donc neutralisation de l ’
opposition c/k et j/g
devant i.

6°) La variante contextuelle de__ w

Le phonème /w/ se réalise [q] dans les contextes^suivants ;

- à l’
initiale de syllabe de structure CV devant i :

/wî/ réalisé [qî] amer

- en deuxième position dans des syllabes de structure C c V où C est une


dentale et V une voyelle d ’
avant : [ nzqë ] eau 3 [sijt] éléphant .

1.5. - LA SYLLABE

Le baoulé est une langue a syllabes ouvertes» Les syllabes du baoulé


peuvent être classées selon le nombre de phonèmes q u ’
elles comportent : on a des
syllabes à un, à deux, à trois ou quatre éléments.
- 289 -

1.5.1. - Syllabes de structure V

Ces syllabes comportent un seul élément généralement porteur de ton. Sont


susceptibles d'occuper cette position les voyelles orales : I, e, e, a, o, o,
u et les voyelles nasales T, ë, a, 5, d.

Peut également occuper cette position la nasale syllabe lorsqu’


elle est
suivie d'une syllabe à initiale consonantique.

Les syllabès' de cette structure constituent souvent à elles seules des


unités significatives tels les personnels n je, a tu, o il, f son,
enous, On trouve également ce type'dé syllabe à l’
initiale d'unités significa­
tives disyllab^ques : ukaa i d e r , èklè délicat, etc ... •

ï •5 •2 • " Syllabes de structure CV

Dans les syllabes de ce type la deuxième position est occupée par les
éléments énumérés . . en 1.5.1. à
l’
exception de la| nasale syllabique. La première position peut être occupée par
tous les phonèmes) recensés dans le tableau des consonnes. Seul l'élément o ccu­
pant la deuxième position est porteur de ton.

~ Syllabes de structure CeV où c est mis pour


un phonème de transition

Dans ce type de syllabe la position C est occupée par les consonnes, la


position V par les mêmes phonèmes que ceux qui occupent la position V dans les
syllabes de type CV. La position intermédiaire est occupée par les phonèmes
suivants :

- I (représenté par l ’
allophone r si la position C est occupée par une
dentale ou par une palatale)
’ .M -4 .... - _ :

- j -+■ [ bj â ] chaise

-w " [bwâ ] mouton


» 290 -

'••5.4. - Remarques

Las syllabes de ce type ne sont pas stables dans le domaine agni-baoulé.


Ûiachroniquement parlant les syllabes de structure CLV de notre parler sont issues
de structures CVLV. Par exemples,certaines syllabes baoulé de structure CLV se
rencontrent en agni-baoulé avec la structure CVLV :

F ra n ç a is Baoulé A g n i-s a n v i

aimer : klo kclo

appeler t fie ft\t

fer : b l'a lê but

noir : tlS

“ S y lla b e s de s tr u c tu r e CcoV

Les s y lla b e s de ce ty p e sont en nombre l i m i t é en baoulé* E lia s coîîrportent


apparemment q u a tre é lé m e n ts / l e deuxième é ta n t to u jo u rs W e t le tr o is iè m e é ta n t
IL.

gwÊê poi@8ôn~oapitaîm

k#1a pouvait»

sw lé termitière

Le cas de sw!ê e s t p ro b lé m atiq u e dans la mesure où on a a u s s i s ll


a^sic: 1® nüm sens de temitîèrê . M ais i l e s t re la tiv e m e n t is o lé » P a r c o n tre l e
#
cas de s y lla b e s avec v é la ir e s â l ’ i n i t i a l e comme dans gwi€ et kwla est
notablem ent re p ré s e n té ©t on a des o p p o s itio n s comme :

kwfs pouvoir kl a mettre (un pagm) k p la kmrter

La tentation est grande de considérer ces syllabes,comme relevant du type


CcV, les vélaires labialisées kw et gw~ comme deux phonèmes autonomes. Oans ce
- 291

on devrait pouvoir trouver une distinct ion entre les syllabes de structure
k'v et des syllabes de structure kuV~. Nous n ’
avons pas d'exemple de ce
type. Cependant la question reste posée.

1.6. - LES TONS

En baoulé les tons jouent ;un rôle de premier plan t ^ n t a u niveau lexical
qu'au niveau grammatical où le ton permet souvent de différencier les valeurs
aspectuelle ou modale d'un verbe. Il faut toutefois préciser qup dans le
système verbal, le ton n'a aucune fonction de discrimination lexicale, fonction
qui est par contre importante l o rsqu’
il s ’
agit des noms.

1.6.1. - Tons d e s noms et tons des verbes ••

Les tons jouent dans le système nominal et dans lesystème verbal des
rôles différents :

1°) dans le système nominal les réalisations tonales sont fonction :

du ton phonologique qui est-une propriété inhérente à chaque nom en tant


qu’
unité lexicale et dont la variation est susceptible d'opposer des noms entre
eux.

de l ’
entourage

2°) Dans le système verbal par contre les réalisations tonales dépendent :

- de la structure syllabique du radical verbal

- des modalités verbales

- du fait que la forme verbale est suivie ou nom d ’


expansion ou de circonstant

- de l ’
entourage tonal de la forme verbale
- 292 -

1.6.2. - Les tons phonologiques


V

D'après leur ton de base, les noms monosyllabiques se répartissent en


cinq classes, dont seulement les quatre premières sont vraiment représentées

f
ton de base haut ( ') l S'3 main , fia peul' , je dent

ton de basé descendant (A ) : sa affaire

ton de base montant (V) ï bë natte k îo village

ton de base bas (') bo fesse pied

ton de base moyen (-) b ia ferme s tro sauce pI a pépinière

Remarque :Le ton phonologique moyen apparaît dans les monosyllabes de


structure CLV,

1.6.3. - Quelques lois de rencontre de tons

1ère loi : Le premier d'une succession de tons hauts est réalisé presque bas,
le deuxième presque haut, et c'est seulement à partir du troisième
que lé niveau haut est atteint.

Exemple
/ f ja cqa blu jé / [ _ ~ ** ] Voici dix lances peul

2ème loi ;Dans une séquence de tons bas, seul le dernier est réalisé vraiment
bas, les autres sont légèrement relevés.

Exemple

/ cio gbo o / [ - - _ ] C'est un puits gouro

3ème loi :Le premier d'une série de t o n s h a u t s suivant un ton bas est réalisé
bas, le second étant réalisé moyen tandis que le ton bas lui-même
subit un léger relèvement.
293 -

Exemple
, * / f . L r - - * n -prends-lui beaucoup de
/ fa i a ko kpangba L- _ “ J
■poulets.

4ème loi : Inséré entre ton bas et ton haut, un ton descendant est réalisé
haut et abaisse le ton haut suivant.

Exemple

/ glo kpa jé / [_ ] voici un bon gouro

5ème loi : A la suite d’


un ton descendant une séquence de tons hauts se
comporte comme après un ton bas : le premier ton haut s ’
abaisse
au niveau minimum.

Exemple
A / /

/ sra kpangba jé / [ ~ ~ 3 voici beaucoup de gens

6 ème loi : Après un ton montant le premier d'une séquence de-tons hauts ne
subit pas l'abaissement au niveau minimum q u ’
il subit lorsqu'il
succède à un ton bas.

Exemple
> / _

swë kpangba / [ _ ] beaucoup de maisons

7ème loi Le premier d'une séquence de tons bas succédant à un ton haut
subit un relèvement pratiquement au même niveau que le ton haut
en question.

t? lè kèkle o / l~ ~ - - _ ] c'est un mur solide

8 ème loi : Un ton montant suivi d ’


une sequence de tons bas devient bas. Sa
:modulation se manifeste néanmoins en ce que- le premier de la
séquence de tons bas devient un ton haut,
swë kèklà o / [ _ *” ] c'est une maison solide
2 * “ ESQUISSE g ra m m atic a le

2.1. - L’
o r d r e des c o n s t i t u a n t s de la p r o p o s i t i o n

En baoulé, l'ordre des constituants de la proposition est généralement


suivant :

Sujet + verbe + expansion (complément eu circonstant)

Cependant il faut distinguer les énoncés nominaux des énoncés verbaux

2.1.1. - Enoncés nominaux

10 Enoncés comportant un seul groupe nominal :

ces énoncés ont pour schème :N + pP (prédicatif nominal)

/koff o / c’
est Kofi

f Kofi / c 'est/

/ koff / jé / voici Kofi

/ Kofi/ voici /

2 ° Enoncés comportant deux groupes nominaux

-Ces énoncés ont pour schème N1 + pn + N2

/ mî swë jélè ngë / cecis c'est ma maison

/de moi/maison/c 1est/ceci/

2.1.2. - Enoncés verbaux

En baoulé, nous pouvons distinguer deux types principaux d ’


énoncé.
- 295 -

1 ° Enoncés où là fonction prédicative est remplie par


un lexème verbal

a) schème N(S) + V(P) N(S) = Nominal en fonction de


sujet :

V(P) * Verbe en fonction de


prédicat.

/koff wo-lf / Koffi est parti

/Ko fi/partir -f- a ca/

\
/t<î|wa n) su jaso / là fille se lève

/fille/déf. / progr,/se lever v .

b) schème N(S) + V(P) + N(E) N CE) = Nominal en fonction


d’
expansion

/Akfsf 'ta ako / Akissi élève des poules

Akissi / élever / poules /

c) schème N(S) + V(P) + N(E) + N CE D :

/ bâ mù bé klèlf koff bé swë ni / Les enfants ont montré


leur maison à Kofi,
/ enfant/pl./ eux/montrer + aco./Kofi/leur/maison/déf./

2° Enoncés où la fonction prédicative est remplie par


une série verbale

a) schème M(S) + V + NCE) + V + N(E) :

— „ ( P ) ---------------
-29 6

/pfse 30 lè 'klè àmlâ/ Nyisan raconte quelque


chose à Amlan
/Nyisan/parler/affaire/montrer/Amlan/

b) Schème N(S) + V + V + N CE ) :

L(P) J

/kuàkd 'cil kpe koff Kwaku mange sans en donner à


kofi-
/Hua ku/manger/couper/ko f i/

c) Schème N(S) + V + N(E) + V :

L ------ (p>----- J

/o 'tùt’
ùli' ndrê bà-lf/ il a apporté des champignons

/il/ramasser + acc/champignons/servir + acc./

d) Schème N(S) + V + V ;

L ( P)J

/o 'su wàndf ba / il arrive en courant

/il/progr./courir/venir/

2.2. - LE GROUPE NOMINAL

2.2.1. - Ordre des éléments dans le groupe non l iai

En dehors des cas où le déterminant est lui-même un nom ou unpronom


(syntagme complétif où le déterminant précède le déterminé) les diverses détermi­
nations que peut recevoir un nom se placent invariablement après lui selon l'ordre
suivant :

Nom + adjectif + numéral + démonstratif / défini


- 297 -

ako blê un poulet noir

/poulet/noir/

ako dë ngà'n ce gros poulet-ci

/pou le t/gro s/c elui^ci/

bwë npo deux moutons

/mouton/deux/

2.2.2. - Dérivation nominale et formation du pluriel

Le baoulé dispose d 8 plusieurs procédés de création de nom dont plusieurs


par dérivation.

1°) Dérivation par suffixation

- Formation d B - ’
'noms d'instruments" avec l'aide d'un affixe - (jë ajouté
à un radical verbal.

Ex : fà-|jë trompe d'éléphant de fa prendre

sî~ijë mortier de sî piler

- Formation de "nom de lieu" avec l ’


aide du suffixe —wIê ajouté à un
radical verbal.

Exemple :

lawlê logement a (se) coucher

fjàwlê cachette fja se cacher


- 298 -

2°) Dérivation par préfixation

"Noms d ’
action" formés du préfixe vocalique à- ou préfixe nasal n-
(au contact duquel les sourdes se sonorisent, le b se nasaliàe) et d ’
un radical
verbal

* . V
a-^a vie conjugale J* epouser

a-fë fatigue fe se fatiguer

urvne bj e uriner

nzânmâ plainte sâmâ se plaindre

3°) Dérivation par préfixation et suffixation

Ce sont des "noms de lieu" formés à . partir de:

a) préfixe a ~ + radical verbal + suffixe “ij£

b) préfixe h - + radical verbal + suffixe - 1 j?

Exemple

/ à-to-ljë / ouest (um tombe le soleil) to tomber

/ n-glè-lj? / marque3 entaille k ie : marquer

4°) La marque du pluriel

Le pluriel, en baoulé, se marque par le morphème mù qui est en fait une


modalité "pluriel défini” :

/ talwa mù / les filles (en question)

/filles/mod.pl./
- 299 -

/ b lo fw ê mù bè b à If / Les Européens (en question)


/Européens/pl/il s/venir/ sont venus.

I l f a u t s ig n a le r q u 'à c ô té du morphème mù, on r e lè v e en baoulé quelques


fo rm a tio n s de p l u r i e l q u i m e tte n t en je u un p r é f ix e n a s a l. Il s 'a g i t l à de to u te
évidence d 'u n e s u rv iv a n c e d ’ un é t a t a n t é r ie u r de, la lan g u e, comme le montre la
comparaison avec le s langues a p p are n té e s Cagni, abron, nzéma e tc . . . ) où le s
fo rm a tio n s du p l u r i e l au moyen de p r é fix e s e s t de r è g le .

Par exemple :

tàlwa jeune fille nda Iv/a jeunes filles

bl a ferme hmla mù les femmes

N.B. : Dans ces deux exemples on peut a v o ir égalem ent ta lw a mù et b la mù

2 .2 .3 . - Les pronoms p e rso n n els

Emis is o lé m e n t, le s p e rso n n els ont la forme s u iv a n te

1° p e rs . sg mf p l.

t \
2° p e rs . sg, wo p l. amu

3 ° p e rs . sg. f p l. bé

C ’ e s t à c e t t e forme que le s p e rso n n els a p p a ra is s e n t dans la phrase nomina­


l e en com binaison avec le s p r é d i c a t i f s nominaux :

/ mr b / o’
est moi

/ moi/c 1est /

/ mf jé / me voioi

/ moi/voici/
- 300 -

En fonction de sujet, les pronoms personnels se distinguent des précédents


par :

- une forme spéciale aux 1ère, 2ème et 3ème personnes du singulier ;

- l'absence de ton propre, sauf en ce qui concerne la deuxième personne


du pluriel.

1 ère pers. sing. : n 1 ère.pers. pl. : e

2 ème pers. sing : a 2 ème pers. pl. amu

3ème pers. sing : o 3ème pers. pl. : be

2.3. - LE VERBE BAOULE

Les catégories sémantiques du temps, du mode et de l'aspect correspondent,


dans la conjugaison du baoulé, à des phénomènes morphologiques différents.
L'expression grammaticale du mode met en jeu uniquement le ton. L ’
expression de
l 'aspectualité met en jeu des affixes.

2.3.1. - Les modes

1 ) L 'impératif

Le lexème verbal non précédé de sujet a valeur d'ordre adressé à un inter­


locuteur. Le ton du radical verbal à l ’
impératif est le ton haut s ’
il n ’
est pas
suivi d'expansion ou de circonstant, le ton bas autrement :

fa prends

Ia couche-toi

fà dwô prends l 'igname


- 301 -

2°) Le constatatif ou "Indicatif"

C’
est une forme verbale dont la valeur est la simple constatation d'un
fait ou d'un état. Le radical verbal a le même ton qu'à 'l’
impératif avec ceci
de particulier q u ’
il est affecté d ’
un préfixe tonal bas.

/ o ' jê / a 1est froid


/cela/être froid/

r
o trâ bwàkê il habite Bouaké
/il/habiter/Bouaké/

30 3 L’
intentionnel

Ce terme désigne une série de formes qui expriment dé manière générale


une intention du sujet ; selon le contexte, ces formes peuvent prendre une valeur
très proche de la valeur temporelle de futur. L ’
intentionnel diffère de l ’
indica­
tif par l ’
usage d ’
un préfixe tonal haut.

/ o * la / il veut se coucher
/il/se coucher+int./

/ o * fa àgbci / 'il Veut prendre du manioc


/il/prendre+int./manioc/

4°) L’
injonctif

L’
injonctif exprime ordres, souhaits, désirs, etc. De ce fait il apparaît
fréquemment à la suite de verbes signifiant vouloir3 chercher à etc...

- Le radical verbal a un ton particulier à 1*injonctif :

- Ton haut (si CV et suivi ou non suivi d ’


expansion)

- Ton mondulé descendant (si CeV et non suivi d ’


expansion)

- Ton haut suivi de ton bas (si CVCV et suivi ou non suivi d ’
expansion)

- Ton haut (si CeV et suivi d ’


expansion)
On remarque également un allongement de la syllabe qui précède immédiate­
ment le radical verbal

/ 00 \ê/ qu'il se couohe !

/ bb fjà / qu'il se cache !

/ oo ^aso / qu'il se lève /

3*3.2. - L 1 aspect

1 *) L*aspect zéro

La forme que nous avons appelée constatatif peut, du point de vue aspec-
tuel être qualifiée d ’
”aspect zéro" ou "neutre” : par elle-même, elle ne compor­
te sémantiquement aucune, référence à telle ou telle phase ou modalité du
déroulement d'un processus. Elle est apte à exprimer en particulier un fait non
lié à un point précis dans le temps : fait habituel, une virtualité.

o ' jî^b b !bfwê il -parle français

/i l/parler/français/

/be 'ta clko / ils élèvent des poulets^ ce sont


ils/êl ever/pou let/ des élèveurs de poulets

2 °) L’
aspect progressif : préfixe su

L’
aspect progressif souligne le déroulement d ’
un processus. La valeur la
plus fréquente de cet aspect est "le présent actuel”.

il est en train de parlers


le voilà qui parle

/ o ' sô la / il se couche

/ il/prog./se coucher/
303 -

3°) L'aspect continuatif : préfixe te

Ls préfixe te de 1 'aspect continuatif correspond par son sens au


français continuert encore.

/ = 'tfe jiji / il parle encore3 il continue de parler

/il/cont./parler/

r . . .
/o 'te su / il continue de pleurer

/il/cont/pleurer/ 1

4°) Aspects accompli et résultatif

a) L'aspect accompli (suffixe - If3 a. comme valeur la plus fréquente la


référence à un fait passé relativement au moment de 1 ’
énonciation. Mais le
suffixe de l ’
accompli ne dénote le passé q u ’
en tant «qu'accompli au moment de
1 'énonciation, il ne peut pas exemple pas avoir la valeur q u ’
a en français un
temps du passé comme l'imparfait.

b) L’
aspect résultatif (préfixe à) qui est sémantiquement une forme
d'accompli, saisit en quelque sorte le processus au moment même de son aboutis­
sement. On peut le rendre en français par "venir de + infinitif". On notera la
différence de sens entre les couples d ’
énoncés suivants :

/ o ' wu - If / il n 'est plus en vie, il est mort

/il/mourir-acc./

/ o à wu / il vient de mourir

/ il/rês./mourir/

/ o 'dl-l f àljë il a déjà mangé


/il/manger-acc. /nourriture/
- 304 -

/ o à dï à l j ë / il a fini'de manger .

/il/ré suit/manger/nourriture/

5°) Le futur

En baoulé, de manière générale, il y a deux formes qui expriment la


valeur temporelle du futur. Le mode intentionnel qui exprime une intention du
sujet prend souvent la valeur de futur tcf. 2.3.1., 3°).

L'autre forme se conjugue à l ’


aide de l'auxiliaire wa, le forme
verbale étant toujours à 1 'intentionnel, c'est à dire à ton haut :

/ Koff w£ ba / Kofi viendra


/ Kofi/aux, /venir+int,/

/ o f w£ ko / il partira
/ il+aux./ailer+int./
- 305 -

B I B L I 0 6 R A PHI E

CARTERÛN, (M) - Introduction â la langue baoulé.


Bocanda, Mission Catholique 114 p. 1971.

- Petit lexique baoulé-français^


Mission Catholique, 195 p. 1972

CREISSELSfD.) et KOUADIO(N) Description phonologique et Grammaticale


d'un parler baoulê ILA, Abidjan Vol. LIX, 1977 642 p.

CREISSELS (D) et KOUADIO (N) Les tons du baoulê (parler de la région de


Toumodi) ILA, Abidjan, Vol. LXXV 1979, 123 p.

DELAFOSSE(M) - Essai de manuel de la langue agni


Paris, Librairie Africaine et Coloniale,J.'André XVI +
226 p. , 1900

EFFIMBRA,(G) Manuel de baoulês Paris, 1959, Nathan 314 p.

KÛUADIG,(N) - L’
Enseignement du français en milieu baoulé. 'Problèmes des
interférences linguistiques et socio-culturelles.
Thèse de Doctorat 3ème cycle, Grenoble, France 1977, 249 p.

ROGGEROtJ.) et P. VOGLER : comparaison des sons du baoulê et du français.


Accompagnee de quelques indications de phonétique générale
et de phonétique correetive I.L.A. 3 Abidjan.
- 306

VOGLER(P) - Esquisse d'une phonologie du baoulê Abidjan, Annales de


l'Université, Série H Tome 1, 1968.

TÏMYAN(J) •* A discourse~based gramnar o f Baule : The kode dialect.


Ph. D. dissertation* City University of New York (Ann.
Arbor, University Microfilms n°77-8832). 349 p.

n wan yo . Cours de baoulê


Université d ’
Abidjan, 1S78, 239 p.
L' E B R I E

,rÆ M Y BÛLE-RICHARD

La ville d ’
Abidjan a été fondée en plein coeur du territoire ébrié,
englobant rapidement plusieurs villages dont certains ont même été déplacés dans
des quartiers plus périphériques - Les Ebrié forment donc la, population autoch­
tone d'Abidjan et de sa région, bien q u ’
ils soient très minoritaires dans l ’
actuel
le agglomération et même dans leurs propres quartiers (comme Adjamé, Lokodjro,
Anoumabo etc.,.). Leur domaine s'étend de la rivière Agnéby à l ’
Ouest (avec 4
villages sur la rive droite de ce cours d ’
eau) aux lagunes Adj.in et Potou à l ’
Esc,
et de la lagune ébrié au Sud jusqu'a Anonkoua-kouté et GuébQ au Nord. Tous les
villages sont sur la rive nord de cette lagune ou sur l ’
île de Petit-Bassam au
centre d ’
Abidjan, sauf les villages de Abouabou, Ancien Koumassi et Petit-
Bassam qui sont sur' la rive sud - On peut estimer à 50.000 personnes environ la
population de ce peuple.

/
Les Ebrié se nomment eux-mêmes [cs-ma] qui est le pluriel rie [c.a~èf-wo]
/ V
un Ebrié et [ca-Sf-jà] une Ebrié. Leur langue est le [ca-ma.-ncâ] langue des Ebrié.
Le nom d ’
Ebrié leur e été donne par des peuples voisins, mais ce terme n'est pas
.utilisé en Ebrié. Le terme cama est maintenant couramment utilisé par certains
auteurs (Stewart, iladdieson, ...) pour désigner la langue ébrié, mais il faut le
t
signaler comme une impropriété,, [c.a-ni^] désignant les Ebrié et non la langue.
- 308 -

Les Ebrié ont coutume de citer leurs 53 villages en les regroupant en 9


[gotho] ou lignages^ groupes de villages liés par l ’
histoire et se reconnaissant
une origine commune. Le nom du lignage se retrouve souvent dans le toponyme d'un
village, comme on le verra plus loin, combiné à d ’
autres éléments qui font de la
toponymie ébriée un cas original dont l’
intérêt a déjà été signalé par OUMESTRE
(1971), et NIANGORAN Bouah (1969). Il suffit de rappeler ici les principaux
éléments pouvant composer le toponyme :

\
1 ) le nom du lignage : ébfj'â akhwé etc...

2) le nom du village d ’
origine : ékwalo pour Eloka-té et Eloka-to

3) le nom du quartier d'origine dans le village d'origine. Tout village


ébrié est en effet divisé en 3 quartiers :

: quartier central, lieu de réunion.

athé en bas quartier proche de la lagune

atho : en haut quartier opposé à lalagune

et parfois existe un quatrième quartier :

agbâ : quartier central entre a^ème et atho.

4) Des indications topographiques telles que :

*'
- dù-më : au bord de l ’
eau

- khiîthl : éloigné de la lagune

- àkhiîfé village (athé-khi5b£ village d'en-bas)

\
- go le champ (peut-être un campement à l ’
origine du village).
EBRIE
- 311 -

5) Des éléments originaux non-identifiés = nom d'une personne,


nom d'un génie, proposition figée etc ...

Nous avons tenté‘


;de faire apparaître ces divers éléments, dans. la liste
des villages classés par lignages.

a) Lignage des bf^a :

1- Adjamé abf^a-ième
f•,•*"‘
i
2- Santé abfja-safë
\ \
3- Agban abf^â-gbâ
\ \^
4- Anoumabo ànomâbô (ou = anwâBô)

5- Attiécoubé athé-khij6é

6- Lokodjrc lokojro

7- Cocody k<5k6cTf

1 - Adjamé (de Bingerville) akhwé-jèmë

2 - Santé (de Bingerville) akhwé-sâté


\
3- Agban (de Bingerville) akhwé-gba
f
4- Npouto ëphu-tho (ou « àlènchè:’
)
/ \
5- Anono anono
% s
6- Mbadon Sgbado

7- Akouédo ^khwé-do (ou = akhwé-do-tho)

8 - Abata abat ha
312 -

\
9- Ana anâ

10 Brégbo firègbo
f
1 1 - AKandje ékhâjè

1 2 - Adjin

13- Abouabou £gbàbù

\
c) Lignage des nokv/a :
\•
1 Anonkoua-Kouté anokwa-khuthé
\ N
2 - Nonkouagon anokwa-go

3- Abiaté abfjà-thé
* /
4- Abobodoumé agbo-go-dùm£

5- Blokosso brokoso

6- Eloka-té cîkwal<5-thé

7- Eloka-to akwalo-tho

\
d) Lignage des jbphugo :
\
1 - Vopougon-Kouté jophu-go-khuth
^ t
2 - Yopougon-Santé jophu-go-sâté

3- Azito clzï-tho

4- Béago Séjàgo
Lignage des sogo *
» \ \

1 - Songon-Agban so-go-gbâ
* \ \ t
2- Songon-Dagbé so-go-dagbe

3- Songon-Té s o -g o -th é
a y y y

4- Songon-Kassemblé so-go-kasam rè

> \ y \
5- Songon-Mbratté s o -g o -g b ra te

Lignage des ^èpho :

1 - Adiapo-To à jè p h o -t ho

2- Adiapo-Té à jè p h o -th e
f
3- Adiapo-üoumé à^èpho-dùme

4- Godoumé go-dùme

r \
Lignage des pago :
% V
1- Niangon-Adjamé pa-g o -jèm ê
r y
2- Niangon-Lokoa pa~go~lokéwà

Lignage des bobo :

1- Abobo-té aÈobb-thé

2- Abobo-Baoulé abobo-Êawrè

3- Güébo agé-Éobo
/
4- Bimbresso gbéogbré-so
\

5- Abadjin-Kouté a b a je -k h u th é
- 314 -

6- Abadjin-Doume
, (1 )

i) Lignage des bjà

1- Petit-Bassam abjà-pabo (ou = pabo)

2- Biétry cîbèth f

3- Ancien Koumassi khùmâsrë

j) deux villages dont nous n ’


avons pu établir le lignage :

1- Bago Gago

2 - Kossihouen kosfhwa

PHONOLOGIE

La phonologie de 1 ’
ébrié est relativement bienSonnue depuis les articles
de DUMESTRE (1970). Il suffit ici d ’
en rappeler l'essensiel.

1. - Structure du mot phonologique

L’
ébrié est une langue à tendance monosyllabique : la majorité des
lexèmes sont monosyllabiques. Les plurisyllabes sont souvent des dérivés, des
composés, ou des lexèmes nominaux affectée d’
une voyelle initiale.

La plupart des verbes sont monosyllabiques. Quelques-uns sont dissylla­


biques. Il n ’
y a pas de trisyllabes.

La plupart des noms sont affectés d ’


une voyelle initiale qui est a- ou
ï- avec un ton haut ou moins fréquemment un ton bas. L'initiale e- peut se
réaliser comme une nasale syllabique.

(1) Ces trois derniers villages sont parfois considérés comme un autre lignage,
celui des , / . 1
bajg-
- 315 -

1 .1 . - Monosyllabes

Ce sont la plupart cies verbes

phè acheter po aimer

£a venir bo attendre

et quelques noms ;

sè c homme 6 je ferme
\

brâ ~
•',k-- •
animal cha python

bwr^ rôtii'

1 .2 . - Disyllfebes

Il y a quelques verbes :

huGa. devenir nombreux

tordre

De nombreux noms K -> i

èphcî personne

kwèkwe • lamantin

gùphrè tortue

dont beaucoup ont une voyelle initiale

f ./ poisson .... ,
aja arbre aco

V / margouillat
awo chat asa

ethè père eau


- 316 -

1.3, - Trisyllabes

Ce ne sont que des nominaux :

Ià IàGô canard
\ \

nanâmpwè araignée

thàthàphré blatte

dont beaucoup ont une voyelle initiale

éhoj^ abeille a£o£o colline


\

éb<5kHâ brouillard (îbèdè manioc

1.4. - Amuïssement d'une syllabe

La voyelle initiale s ’
élide habituellement en fonction objet ou en
composition.

La voyelle initiale 2- en composition perd sa syllabicité mais son


maintient sous forme de consonne nasale homorganique de ïa consonne suivante

ëbèdè ëpa ëbèdèmpa

manioc foutou foutou de manioc

iji Sphro ajamphrb

arbre peau écorce

1.5. - Amuïssement d ’
une consonne

Quand un mot comporte deux syllabes homophones, la consonne intervocalique


peut s'élider facultativement :

IàlàGô Iàà£ô canard


\ \ \\
nanâmpwè nââmpwè araignée
- 317 -

khokhoÊé ~ khooÊe lèpre

2. - La syllabe

On trouve en ébrié des syllabes /V/ , /CV/ , /CcV/ et /CccV/.

2.1. - Syllabe /V/-

Ce sont les préfixes vocalques des noms :


»
\
a- a- l~ l-

des pronoms . :
t
ï tu ë ils elle

at quelques morphèmes

2 .2 . - syllabe /CV/-
Y"
té faire de accepter

go buffle du serpent
\
kpè~kpè carpe më je, me, moi

h5 vous

2.3. - Syllabe /CeV/-

où -c- représente -r- après toutes consonnes :

f rè rêveiller cfrè écrire

(a) hro papiers peau (ë) zro sac de jute


- 318 -

où -c- peut aussi représenter “j-- ou • .rw- :

pja jouer djà laper

cjè caprin thwà percer

gwè mer

2.4. - syllabe /CccV/ -

Dans ce type de syllabe, ne peut représenter que la séquence


-wr- :

bwn rat nwrë être froid ou humide


r \
chwra frapper ejwra jumeaux

3. - Tonalité

L'ébrié a deux tons ponctuels phonologiques : Haut et Bas et un ton


phonologique modulé : Descendant-

A ces tons phonologiques correspondent des réalisations : Haute, Moyenne,


Basse, Très Basse, Descendante.

Les tons phonologiques seront notés :

Haut ou H ou

Bas ou B ou

Descendant ou D ou a

Les réalisation seront notées entre crochets :

Haute [ H ] [ '

Moyenne [ M ] [ -

Basse [ B ] [ '

Très Basse [TB ] [ "

Descendante [ D ] [ a
- 319 -

Il n ’
est pas possible ici de détailler toutes les règles de. variation
contextuelle des tons dans l ’
énoncé qui sont très complexes. Mous n'en donnerons
que les principes de base, lesquels reposent essentiellement sur une relation
entre la réalisation tonale de la syllabe et la consonne initiale de celle-ci.

3.1. - Tons phonolQgiques

L'identité des trois tons H, B, D ressort des oppositions suivantes :

W - respect aj f chose

graine de palme aj' attiéké

àj' glaise 3jf patronyme masc.

\ . A
agbo palabre a^a héritage
\,N
agbo porte patronyme m a s c .

agbo gros flotteur

Nous n ’
avons pu trouver d ’
opposition 0/H ce qui laisse posée la question
de l ’
identité phonologique du ton Descendant qui sera, dans l'état actuel des
connaissances, considéré comme différent du ton Haut.

3.2. - Réalisations contextuelles de position

Le ton Haut se réalise {Moyen] dans Iss noms disy.llabiqüe.s à,;voyelle


initiale Basse :

àwo chat [ àwo ]


P
agba assiette en faiense[agba ]
V ;\ '•. .
ëpa foutou [ ëpa ]

Dans tous les autres cas, le ton Haut reste [Haut]-

Le ton Descendant se réalise [Moyen] dès qu'il n ’


est plus en position
finale :
A \ ^

àhrâ no c’
est une pirogue [ àhra no ]
- 320 -

3.3. - Réalisations liées à la consonne :

Comme dans beaucoup d’


autres langues (Ewe, Gen,Fon,Gban, Gouro, Guère,
Ega, etc ...) les consonnes de l ’
Ebrié se divisent endeux classes quiont une
influence différente sur la réalisation tonale :

1) Sonores fortes : b, d, j, g, gb.

2) Toutes les autres = sourdes fortes et douces, sonores douces, fricatives


sourdes.
\ • v

Les variations tonales liées à la consonne ne concernent que ce ton Bas

1) Le ton bas se réalise [Très Bas] avec les sonores fortes, et celui-ci ne
varie jamais, quel que soit son contexte :

abè pagaie [abè']


> » f
eyoma buffl es {pl.) [ôgb'nrâ]
f \ A \ \ «A
ëgbakra moutcnsipl.) [ogbâ krë]

2) Avec les autres consonnes, le ton Bas a en général une réalisation [Basse]
qui peut exceptionnellement’être abaissée à [Très Basse], mais' qui est souvent
relevée à [Moyenne] ou parfois [ H a u t e ] sous l ’
influence des syllabes environ­
nantes. Ces réalisations du ton Bas avec les consonnes non-sonores-fortes sont
les suivantes :

[Basse] : réalisation normale non conditionnée- :

clphè calebasse [ aphè ]

ako faim [ako ]

kwèkwè lamantin [ kwèkwè ]

chràla pangolin [chràla]

[Très Basse] : uniquement, après une réalisation [Très Basse] et devant une
pause :
- 321 -

ëgùphrè tortues (pl.) C egù'phrè' ]


r \ t \\
ëjokhwè francôlins (pl.) [ khwè' ]

ce qui n ’
est pas le cas avec une autre forme du pluriel :
r \ > \
£gùphrè-h5 des tortues [ ëgù'phriho ]
p \ \ r \ \ \

ëjokhw^-ho des francôlins [ khwêho ]

[Moyenne] ; entre deux tons Hauts,


Cette élévation est remarquable dans les oppositions Sg/Pl :

Singulier Pluriel
/ /
[ khù ] [ ëkhuma ] mouàhe/s
/ /
[ lè ] . . [ ënêma ] chenille/s
/
[chràla] [ëchrala] pangolin
9

[ ÈoÊo ] [ëmôGo ] termite/s

que l ’
on peut comparer à la non variation avec les consonnes sonores fortes :

[ go' ] [ëgo'mâ] buffle/s


* r
[ du' ] [ëduma ] serpent,/s

Cette élévation du ton Bas à [Moyen] apparaît aussi dans les faits de composition;

[ëjftà] + [athé] + [ ajftathl ]


%
terre bas sol

[aphb] ♦ [£hro] ■
+ [£phohro]

corps peau peau humaine

Ces conditionnements interviennent aussi dans la conjugaison, mais la complexité


des faits ne permet pas d ’
en rendre compte ici.
- 322 -

[haute] : le ton Bas av.ec consonne non-sonore forte remonte au niveau [Haut]
entre un ton Haut et un ton Bas*

Cette élévation est remarquable dans la formation du pluriel :

Singulier Pluriel
*
[ kwèkwè ] [ ekwèkwè ] lamantin/s
y f y
[ ièphâ ] [ enépha ] personne/s
P

[ làlàPo ] [ enaiabo ] oannrd / s

élévation qui ne se produit pas avec les sonores fortes :


P

[ gb'go' ] [ egb'gb' ] sauterelle/s

Cette élévation apparaît aussi dans les faits de' composition :

[ afè ] + [ smè ] ->■ . [ afémè ]

mitilope (sp.) corne trompe (à musique)

[ ate ] + [ ethu ] [ etgnthù ]

feu sable cendre

3) Il faut aussi signaler que le conditionnement, du. ton par la consonne se


retrouve dans les verbes. En effet, 1 ’
ébrié a des verbes à ton Haut et des
verbes à ton Bas, qui s'opposent par leur ton :

phu ' souffler ; finir ■


> phù; essuyer ' ■'

po offrir / pb aimer

ff balayer / fï tirer

Cependant- avec les consonnes sonores fortes, cette opposition disparaî


et on n ’
a que des verbes à ton Bas avec les consonnes initiales / b, d, 3 , g, c

bo attendre

d*! planter etc ...


323 -

En résumé, on peut conclure que le ton BAS est abaissé et stable avec les
consonnes sonores fortes, et q u ’
il est instable et souvent relevé avec les autres
consonnes.

4. - LES VOYELLES

1 - ph f se moquer 9- pho bouillir

2 - phé être chaud 10 - b6 prendre

3 phé acheter 1 1 - 66 jurer

4- pha grimper 12 - Êu penser

5- phu souffler 13- bo (Cmo 33 frapper

6- pho offrir 14- ch<5 laver


/
7- phg épouser 15 chl rester

8- phâ dégager

Ce corpus permet d ’
établir les oppositions suivantes
D’
où 1g tableau phonologique des'voyelles :

Antérieures Centrales Postérieures

Fermées î u

Moyennes e o

Ou vb 2'les r â o

Nasales e I 5
- 325 -

5. - LES CONSONNES

A p a r t i r du corpus s u iv a n t :

1- pà tâtonner 22- la coller

2- fà trembler 2 3- wa courir

3- th à mâcher 24- be roter

4- tà racler du doigt 25- Êè filtrer

5- dà pousgzr 26- gbè danser


\ jeune
6- là supplier 27- po

7- sa oindre 28- bo crapaud

8- chà écraser 29- cho porter au flanc


\
9- ca trier 30- kho puiser

1 0- jà rester 31 - pho offrir

1 1- kà étendre 32- ko vomir

12- gà jouer 33- ho piler


13- hà planter 34- bo attendre
14- kpà tailler 35- do accepter

15- gbà tresser 36- graine de palme

16- wà ramasser 37- ad) bagarre


1 7- ph r se moquer 30- aj l attiéké
13- pf mesurer 39- ^gè chou palmiste
1 9- ff balayer 40- êjh prix
2 0- th f vieillir 41- respect
21- U venir 42- acf jour

On peut é t a b l i r le s o p p o s itio n s :
tiÙ
- 327 -

On peut a lo r s d re s s e r le ta b le a u phonologique des consonnes':

P a la ta le ;
.

v é la ir e

v é la ir e s
to <3
•H ! P
n

l a b io -
i c
5 «

— 1 r-
. , .
F r ic a t iv e s f(v) s(z) h _

F o rte s ph th çh kh
|Sourdes

douces P t c k kp,

W
fo rte s b d i g: 'gb:
CD
U
o
C douces j f> 1 J ' W i
o ■
f

on ■

5 . 1 . - La n a s a lis a tio n des consonnes

Il n 'y a pas de consonnes n a s a le s phonologiques en é b r ié . 'Les r é a lis a t io n s


consonantiques n a sa le s re n c o n tré e s sont [m ], [ n ] [p ] et Cqw ] e t ce sont des
a llo p h o n es des phonèmes /b /, /!/, /j/ et / w / . En e f f e t ;

1) Les r é a lis a t io n s [ b, î, j, w ] n 'a p p a ra is s e n t qu'en présence de v o y e lle s


o ra le s dans la même s y lla b e e t la s y lla b e , précédente du même mot (y compris
le s u je t du v e rb e ) :

[ a£ê ] corde [ £Êé ]

58 [ abg ]

[ è fè ] tu es venu iS [è Sâ 3

* U th ]

2) Les r é a l i s a t i o n s n a s a le s [ m. n, p , ow ] n 'a p p a ra is s e n t q u ’ au c o n ta c t d ’ une


v o y e lle n a s a le , s o it dans la mêfrte s y lla b e , s o i t ,dans le s y lla b e p ré cé d e n te ;
- 326 -

[ anë ] houe
/
.. [ ëna ] sorméil
/ /
[ ëna ] viande

3) ; Cette ;distribution complémentaire^ se manifeste a 1 '.évidence dans les verbes


à consonne initiale sonore douce/ suivant que.le sujet est terminé par une
: i " *'

voyelle oriale ou ' n a s a l e * ...... .. .......

\ , ,
[ më no ] -je suis allé ' ■ j

[ è lo ] . tu es allé

[ë no ] il est allé

[ àka lo ] Aka'est allée

Cette nasalisation peut même se propager en chaîne à l ’


intérieur du syntagme
verbal :

[ àk‘
& Gà lé Ba ] Aka. ne viendra pas

/Aka/FUT/NEG/venir/
\ \ t
[ â ma në ma] Elle ne viendra pas

On trouve les même conditionnements dans les noms lorsqu'il y a alternance des
préfixes vocaliques a/ë pour marquer l ’
opposition singulier/pluriel :

Singulier • Pluriel
/ /
[ aja ] [ ëpa ] arbre/s

[ abé ] [ ëmé ] dorde/s


;\ ' -,••/ »
[ a\ê ] [. ëné ] langue/s
\
[ àwo ] .„ [ëowo ] ohat/s

4) Les seules occurrences de [ m, n, p, qw ] entre deux voyelles orales se


trouvent dans les faits de composition, et sont alors l'indice d'un préfixe
vocalique nasal disparu :
- 328 -

[ aflmè ] = . [ afè ] + [ 2mè ]

trompe musicale antilope sp. corne


\

[ mat ho ] vient de [ emà ]

cimetière tombe

ou se tro u v e n t dans des mots d'em prunt :

[ ménî ] gros bateau CAngl : m a il ?)

[tomobf] automobile

5) De to us ces f a i t s , il e s t lé g it im e de c o n c lu re que [ m, n, p , OW ] sont

des r é a l i s a t i o n s de [ C, I, j, w ] en c o n te x te p r é - oup o s t­ v o c a liq u e


n a s a l.

5 . 2 . t- A llophones de / I /

Ce phonème a q u a tre r é a l i s a t i o n s c o n te x tu e lle s :


1) [n ] en c o n te x te v o c a liq u e n a s a l comme on l ’ a vu en 5 . 1 . :

/ alë / - * [ éng ] houe

/ hê / -*• [ éné ] igname

2) [cf](ingressive douce) en contexte oral, i


/ î “ J w / et devant la réalisation [ r

/M/ -*•
[ df ] manger

/aljh/ -*•
[ifjk] le rire

/lu / -»■ [ dl ] piquer

/Iwèlwt/ - V
[cfwèdwê ] ferme enceinte

/ M b/ C Cfrè ] écrire

3) [r] (r o u lé ou b a ttu ) en p o s itio n post consonantique


- 330 -

\ V

/ bl e / [ br£ ] dépasser

/ Si € / [ sre ] qlisser

/ chwlà / [chwrà] frapper

/M t / [ Sri ] écrire
\ \
/ IwlE / [nwr? ] être froid

/ âhl5 / -V [êhr6 ] papier

/ j 11 / -> C jn ] dorloter '

4) [I ] dans les autres cas, c ’


est-à-dire non précédé de voyelle nasale, et
devant les voyelles [ e, e, a, o, o ] ;

/ a Ié / ■
* Calé] langue

/ alo / -*■ [alo] maladie


«

/la \ê / ■
+ [ la lé ] se coucher

5.3. - Fortes et Douces

L’
Ebrié se caractérise par une double corrélation = celle de sonorité et
celle de f o r c e .Stewart (1373) pose l ’
hypothèse que c'est un vestige d’
une corré­
lation qui aurait existé en Proto-Volta-Congo. On a ainsi en ébrié, au niveau des
occlusives, quatre séries = Sourdes - P o r t e s , Soùrdës-Doucës, Sonores-Fortes-et
Sonores-DOuces. Elles se caractérisent ainsi :

1) Sourdes Fortes ; Elles ont une articulation forte : élévation de la piVession


de l ’
air pendant 1 'occlusion, suivie d'une expiration appuyée- qui sb manifeste
sous forme de friction (consonnes dites improprement aspirées : ph, th, kh)
ou d ’
affriction ( / ch / +' [ t J ] ). ^

2) Sourdes douces : Articulation faible, pas d ’


élévation de la pression'àe
l’
air qui semble retenu au moment de la post-occlusion, donc pas d ! aspiration
ni d ’
affriction ( /c/ est une véritable occusive palatale).
- 331

3) Sonores fortes ; comme pour les sourdes, élévation de la pression de l ’


air,
expiration appuyée : / b / •+ [ bh ], /d/ •►'-[' dh ], /j/ *+ [ d ‘5 ]. Cette
pression interne à la cavité buccale pendant l'occlusion, concommlttante
avec la vibration des cordes vocales, provoque un abaissement de la fréquence
du voisement très visible sur les oscillogrammes. Ce fait articulatoire
suffit à expliquer l ’
abaissement du ton bas avec de telles consonnes, (voir
3-3).

4) Sonores douces ; elles se distinguent des sonores fortes par leur faible
articulation : occlusion incomplète pour [ I, j, w 3 et les réalisations
nasales, donc pas d ’
élévation de la pression de l'air. Pour les réalisations
[ f et <T ] , l ’
arrière de la langue se rétracte au moment de l'occlusion,
créant ainsi lors de la réouverture du canal un appel d ’
air -qui leur donne
leur caractère ingressif (mais non glottalisé). Cette série a aussi en propre
le fait de se nasaliser en contexte nasal.

^ Conclusion î II semble donc bien que l ’


opposition Forte/Faible correspondent
dans tous les cas à une opposition Elévation/Non-élévation de la pression d*?
l'air dans la cavité buccale.

5.4. - Fricatives sonores

Les phonèmes /z / et /v/ sont très rares en Ebrié. Outre les mots
d’
emprunts, on les trouve dans quelques items :

*
evrâ appâtant
«
£zro sac de jute

?Z 0 coquillage sp.

qui sont insuffisants pour poser des oppositions, sans q u 'apparaissent des faits
de distribution complémentaire. Il faut donc les considérer comme des phonèmes
marginaux dans la langue.
- 332 -

NOTES DE GRAMMAIRE

Préliminaire - Outre le lien entre la consonne initiale de la syllabe et la


réalisation tonale, gui a été signalé au 5 3 de la phonologie, la syntagma-
tique des tons dans l ’
énoncé provoque de nombreuses perturbations de ces réalisa­
tions. De plus, ces variations ne sont pas les mêmes dans toute l ’
aire ébrié : un
ton bas relevé au niveau moyen par un locuteur le sera au niveau haut par un
autre. Comme il n ’
est pas possible de rendre compte de façon exhaustive de tous
ces faits, l ’
exposé qui sui'L notera le plus fidèlement possible les réalisations
effectives d'un informateur de référence, et non les tons phono logiques sous-
jacents.

1 . - LA PROPOSITION

1 .1 . - Ordre des oonstituants

L’
ordre habituel dans l ’
énoncé est :

Sujet - Verbe - Expansions

mmbjà cfi mpa

/Moya/o mangé/du foutou./

Le circonstant de lieu précède le circonstant de temps. Celui-ci peut


toutefois se placer librement au début ou à la fin de l'énoncé :

àka lé nce

/AVjol/ est allée/au marc hé /au jourd' hui

f \
ne? àka lo i^go

/aujourd'hui/Aka/est allée/au marché/

Avec les verbes à valeur dative, le bénéficiaire précède toujours


l’
objet :
- 333 -

mrr.Djà sè më nthè nâ •
/Moya/a d o n n é / d ’
elle/père/viande/

Maya a donné de la viande à son p è r e .

" ^ p la c e m e n t d' un terme en début d*énoncé

Tout nom e s t dép lacé en début d*énoncé s ’ i l e s t p o r te u r d'une in t e r r o g a ­


t io n , d ’ une t o p i c a li s a t io n ou d ’ une f o c a lis a t io n :

1.2.1. - In te r r o g a tif Le groupe i n t e r r o g a t i f e s t e n t t ê t e d'énoncé


q u e lle que s o it sa fo n c tio n . Il peut a p p e le r la présence f a c u l t a t i v e de la p a r t i
%
c u le / e / en f i n d 'é n o n c é.

bf h <fi (h )

/quoi/tu/as mangé/part./ Qu'as-tu mangé ?


\

àb£ wo e wù fe)

/de qui/chat/tu/as vu/part./

Le ohat de qui as-tu vu ?

1.2.2. - T o p ic a lis a tio n t e nom t o p ic a lis é e s t dép lacé en t ê t e d 'é n o n c é.


Il e s t marqué d'u n e p a r t i c u l e /-v / à ton bas, q u i a la forme d'u n e v o y e lle
is o tim b re de sa v o y e lle f i n a l e . Il e s t ra p p e lé à sa p la c e norm ale p a r un pronom
s u b s titu tif, s 'il s ’ a g i t d 'u n animé. I l n 'y a pas de pronom de ra p p e l avec 4es
inanim és :
% %
jw é -à mê wù fjkè

/Youa-part. /j e/ai vu/ellè/au marché/

ïoua, je t 1ai vue au marché.


/s
nna-â jw £ phè

/viande-part. /Youa/ a acheté/


La viandei Youa l *a achetée.
- 334 -

m? nthe-è àka sé Qkè na

/d’
elle/père-part/Aka/a donné/lui/viande/

Son p è r e , Aka lui a donné de la viande.

1.2.3. - Focalisation Le nom focalisé est en-têt-e-d 'énoncé. Il n'y a


.... . ■
—. \
pas depronom d 8 rappel. On peut facultativement le marquer de /-no / c 1est
qui appelle la particule de phrase /o/ en fin d ’
énoncé :

A
nna jwa thà

/viande/Youa/a mangé/

»
ou : rtnâ no jwa thà o

/viande/c'est/Youa/a mangé.part./

C'nst de la viande que Youa a ma n g é .

2. - LE GROUPE NOMINAL

2.1. * Le Constituant nominal

La majorité des noms simples en Ebrié sont, affectés d ’


une voyelle initiale
f
qui peut être /è~/. /h-/, /£-/ ou /S-/. Ce préfixe peut varier entre le
singulier et le pluriel (voir 2.2.). Ce préfixe peut disparaître si le nom est
précédé d ’
un autre élément (verbe, nom ou pronom,complétant, marque du défini,
interrogatif etc...). Les préfixes /a-/' s ’
élident sans laisser de trace, les
préfixes /£-/ perdent leur syllabicité et subsistent sous forme de prénasalisa­
tion de la consonne qui suit. Les préfixas /£-/ sont souvent réalisés par une
nasale syllabique et seront donc notés "/ri-/.. ! :

Le constituant nominal peut apparaître sous sa forme lexématique. Les


marques du pluriel lui sont directement prc- ou suffixées, les autres déterminants
ne venant q u ’
au-delà, suivant l ’
ordre suivant ;

( Interrogatif y '(numéral)-(démonstr. )j
#7 '^-(v)-base nominale-(PL)-(Qualifiant) - * H#
}Défini / ^ ‘(quantificateur) ]
( i ) ' ■
- 335 -

më wù lè

/je/ai vu / chenille/ J’
ai vu une chenille

m
e wù ri-ni-ma

/je/ai vu/ PL-ohenille-PL j 'ai vu des chenilles

më wù Iè-mro

/je/ai vu/ chenille-noire/ J'ai vu une chenille noire

më wu lo n-ne-ma mro

/je/ai vu, DEF/ chenilles/ noire/

J'ai vu les chenilles noires en question

'
m? wù
#
rt-ne*-mâ mro
- rbwàdji
»r- ■
'
f
loko

/je/ai vu/ PL-ahenille'-PL/noire/trois/ces

J'ai vu ces trois chenilles noires

më phè n^koso mro broÊë

/Je/ai acheté/PL-poulet/noir/beaucoup/

J'ai acheté beaucoup de poulets noirs.

2.2. - Formation du pluriel

Il n’
y a pas de règle absolue permettant de prévoir le pluriel d'un nom
Ebrié à partir de son singulier.

En effet :

- des noms de forme semblable au singulier peuvent avoir


des formes différentes au pluriel.

la complexité des règles fait hésiter les informateurs


sur certains pluriels
- 336 -

- des in fo rm a te u rs d i f f é r e n t s donnent p a r fo is des p l u r i e l s d i f f é r e n t s , ces


d iffé r e n c e s p rovenant des o r ig in e s géographiques des in fo rm a te u rs , ou de le u r
âge ( l e s jeu nes m a ît r is a n t mal le s procédés m orphologiques).

- c e r ta in s noms n ' o n t pas de p l u r i e l (ou de s i n g u l i e r ) . C ’ e s t le cas de tous


/
le s noms à v o y e lle i n i t i a l e /£ -/ , de nombreux noms à v o y e lle i n i t i a l e
/ t f e t de c e r t a in s noms sans v o y e lle i n i t i a l e . Il semble que la p lu p a r t des
noms à i n i t i a l e fi-/ ou /à -/ s o ie n t p .lu r a lis a b le s , mais i l n ’ e s t pas
p o s s ib le de l ' a f f i r m e r avec c e r t it u d e . ous

Les r è g le s données c i-d e s s o u s ne s 'a p p liq u e n t pas à ces noms in v a r ia b le s .

Les processus phonologiques q u i accompagnent ces rè g le s sont e x p liq u é e s


dans la p h o n o lo g ie , au § 3.3. pour ce q u i concerne le s tons e t au § 5.1.
pour la n a s a lis a tio n des consonnes.

2.2.1. - S in g u lie r à i n i t i a l e / ,tf-f - ï

Les noms sans v o y e lle i n i t a l e q u i adm ettent un p l u r i e l se d iv is e n t en


2 groupes :
t
a) p lu r ie l en / ë- / : . -

cjè -*■ ncjè caprin (s)

k^>()^ crabe(s) de terre

kwèkwè -»■ rikwékwè lamantin (s)

boCo "i^noGo termite (s)

ftk) -*• iiffk) - crevette (a)

gùphrè ** ngùphrè tortue (s)

f>wè(>wè -*■ . ’ rffMê Ewè tourterelle (s)


pluriel en / g *■ m§ /
/
khù '•+ rikhuma mouche (s)
/
lè -> rinemâ chenille (s)
t
go -+• rigoma buffle (s)
\ t
*5 V
rifoma
/ /
éléphant (s)

t homwè * . rithomwèmâ ver (s) de terre

2 .2 .2 . - Singulier a initiale /à-/

Ils se divisent ausiSi en 2 groupes suivant leur pluriel

pluriel en / £** /

a h ré rihré poisson (s) sp.


/ /
npa arbre (s)
/ *
a£u nmu caillou (s )

al é riné conte (q )

akhwè rikhwe macharon (s)

âbi *> n/miV tambour (s)

abè ribè pagaie (s)

aSoCo nmobo colline (s)

ahôj a rihôja abeille ( s )

/
pluriel en / é- -ma/
> t
édo ridoma singe (s)
* r
ato -► rit oma sanglier (s)
/
êfe -> rifëma antilope (s) sp
/
adè -*■ ridèma antilope (s) sp
- 338 -

Dans l'état actuel de l'enquête, on. ne trouve dans les ..groupes 2.2.1. b)
et 2.2.2. b) que des noms d ’
animaux (mais pas tous). Il est toutefois prématuré
d'y voir une motivation sémantique d ’
une éventuelle classification nominale.

\
2.2.3. - Singulier à initiale / a-/ et pluriel /£-/-
'
Dans le corpus disponible, tous ces noms font leur pluriel
de la même façon :

agbâ -*■ ngba assiette (s) en faîenoe

ato Mo épërvier (s)

akra -*• hkrâ bouteille (s)


*
à kho -► h kho perroquet (s)

2.2.4. -• Singulier à initiale / 2- /

Une petite partie de ces nom$ ont une forme du pluriel. Les autres
échappent à la dichotomie singulier / Pluriel,

a) pluriel en / g - .... -ho /

Ce sont les termes de parenté :


\
nma -*■ nmaho mère (s)
' .\
IVfl n^lho grand-mère (s)
\
nthèkho nthèkhoho oncle (s)
N •\ \ \
rvj ise njlsiho grand-père (s)
\
nthèsè nthèsiho tuteur
% \
hka -*• nkâho v homonyme (s) '

auxquels il faut ajouter un nom d ’


anima . 1 :
*
hdwà ndwaho. , boeuf (s)
339 -

b) Les autres noms '

Les noms à initiale / ë- / autres que les termes de parenté n ’


ont
pas d ’
opposition singulier/pluriel/ soit q u ’
ils désignent des notions non
comptables :

\
npi
V
demain hgwë du karité
» t
ripa du foutou nsaka du riz

soit q u ’
ils aient une valeur de générique :

ngbéwè orange n ^isè piment

n tra d 'jé vêtement hdo flotteur

n jo bambou de raphia nkpata chaise

En cas de besoin, la qualité d ’


unicité ou de pluralité peut être exprimée
avec ces noms par l'empoi des numéraux ou des quantificateurs.
»
2.2.5. - Noms è initiale / ë> /
P
Quand il entre dans une corrélation Sg/Pl, ce préfixe /2-/ à ton haut
marque toujours un pluriel s'opposant à un singulier en /â-/ ou A5-/.

Toutefois de nombreux noms sont toujours marqués de ce préfixe et


échappant donc à l ’
alternance Sg/Pl. Comme les précédents les valeurs singula-
tives ou pluratives sont exprimées eh cas de besoin par des numéraux ou des
quantificateurs.

Beaucoup de ces noms désignent des quantités non comptables : liquides


et masses :

rîthù sable ridù eau


P •\
nnje sel nka san§
/ r
rinâ viande rin5 huile
rie r or ride boisson
- 340 -

' 'S' r t t
nnudu poussière nsusu sueur

La plupart des termes désignant des parties du corps entrent dans cette
catégorie :
r t
nmo bras bouohe

nta jambe nchwè os


\
nfo nez rnpë sein
/ /
rtmâkhâ joue nmêÊ f oeil
> \
rft rahë genou nhëmë visage

absence du pluriel semblé entièrement aléatoire


Enfin, pour1 beaucoup, l ’

npha ;p alissade nfè aubergine


P
nmë extrémité nmwé oeuf
f
/ \
nfë filet nnu champignon
%
nno trou nkhu maison

2.2.5. - Pluriels irréguliers -

a) exceptions - Quelques noms ont un pluriel particulier dont l ’


origine n'est
pas établie - Quelques exemples suffiront

n^o -*■ rtfo ami (s)

cho richro fourmi -magnan


\
cho + rîchwra pou (x)
\ \
kocë nkocrâ oiseau (x)
t* ' :h nm j o enfant (s)
j ipo

b) exceptions tonales - Quelques noms présentent des variations tonales


irrégulières :
- 341 -

ndwà ndwaho au lieu de ndwaho boeuf


•/ 1 / ' poulet
kbsb nkoso nkoso
%
brâ rîbrëmâ nbramâ animal

2 .2 .6 . - Marque supplémentaire au pluriel


A \
Les marques / -ma / et / -ho / apparaissent ci-dessus comme
obligatoires dans la formation de certains pluriels. Elles peuvent en outre
s’
ajouter à certains pluriels déjà formés suivant les règles précédentes,
facultativement. Il est impossible de déterminer quels sont les noms qui ont
cette possibilité, seul l'usage est la règle. En voici quelques exemples :

asa -V nsa nsàma margouillat


/ V
-*• nj iho njlmaho grand-mère
\ r \
Ejè -+ nm j è ~ Æmjeho nmjernaho ferme
\ * *
Ièphâ -* nnépha ~ nnéphâho personne

chraI a -+• nchraI a ~ fichral. pangolin

2*3. Qualification

Le qualifiant suit le nom qualifié suivant l ’


ordre :

Qualifié - Qualifiant.

Comme on l ’
a vu en 2.1. , les marques du pluriel suffixées le sont
directement à la base nominale, l ’
adjectif ne venant q u ’
ensuite i d ’
autre part
le numéral suit l ’
adjectif :

(revoir les exemples en 2 .1 .)

2.4. - Quantification

Il n’
est pas encore possible de dire si les quantificateurs sont des
nominaux, des adjectifs ou autre chose. Ils se placent en fin du syntagme
nominal (comme on l ’
a vu en 2.1.). Il faut toutefois signaler l ’
existence d'un
- 342 -

quantificateur particulier : / thubo / :

më . phè rtkoso thriEo

/je/ai acheté/ poulets/ beaucoup/

J'ai acheté beaucoup de poulets

Il s’
agit en fait d'un verbe, utilisé ici en série verbale, mais qui
fonctionne par ailleurs comme verbe plein, avec le sens de devenir nombreux
(inaccompli) être nombreux (accompli) :

10 è~thuEo

/nous/INAC- devenir nombreux/

Nous devenons nombreux

nmjo thtfÊb

/enfant s/devenir nombreux -f- ACCOMPLI/

Les enfants sont nombreux


11 y a beaucoup d'enfants.

2.5. - Interrogation

Il n'y a pas en Ebrié de modalités nominales interrogatives, mais des


pronoms interrogatifs : / àbë / ou / thàbè / pour les humains et / bf /
ou / êbt / pour les non-humains s

àbë Ea è

/qui ?/ est venu, particule Qui est venu ?

bf ê cfi b

/quoi ?/tu/as mangé/-part. Qu 'as-tu mangé ?


Ces pronoms peuvent s ’
associer à un nom sur lequel on veut faire porter
l'interrogation. Il y a alors simple succession : Pronom interrogatif - Nom.

bf koso àka phè è

/quoi ?/ "Poulet/ Aka/ a acheté/ part./

Quel poulet Aka a-t-elle acheté ?

\ A
thàbë Djé è wù è

/qui ?/ ferme/ tu/ as vu/ part./

Quelle ferme as-tu vue ?

2» 6 . - Syntagme complétif

L'ordre des constituants est inverse, de celui du syntagme qualificatif,


et la séquence est immédiate (il n ’
y a pas de connectif) :

Complété - Complétant

Chacun des deux noms peut recevoir les marques habituelles :


\ \ *
me ^jâ àwo t hcigo .........

/je/ ai coupé/ chat/ queue/

J’
ai coupé la queue du chat(d 9un chat)

\ \ \

më jë lo-wo t hcigo

/je/ ai coupé/ DEF-chat/queue/

J’
ai coupé la queue du chat en question

\ v \

me -js àwo mro loko thago

/je/ai coupé/chat/noir/noir ce/ queue/

J'ai coupé la queue de ce chat noir.


- 344 -

Comme en français, on peut avoir une succession de syntagmes complétifs


= un nom complété étant complétant d'un nom qui le suit.

X \ %

m£ jà m£ mthè wo thago
/je/ai coupé/de moi/père /chat/queue/

J 'ai coupé la queue du chat de mon père

Où l’
on voit que les pronoms dit •'possessifs" sont en fait des personnels
en fonction complétant.

Un seul pronom substitutif peut être complété dans un tel syntagme, il


est spécialisé dans cette fonction. Ce pronom est / kè / ou /jékè / :
f \ s \ / \
ng m? thekho go o n? më nthè j 4kè o

/voici/de m o i / oncle/champ/part,/voici/de moi/père/celui/par t, /

Voici le champ de mon oncle, voici celui de mon père

2.7. •- La Coordination

La coordination des deux noms est marquée par le morphème discontinu


t y t
f il........ omo / ou /lé .....ho / :

x f \
më wù aka lé nogbù omo

/je/ ai vu/ Aka / et / Nogbou / et /

J'ai vu Aka et Nogbou • :


- 345 -

2.8. - Les Pronoms personnels

Les pronoms dits personnels ont une forme qui peut varier, pour certains
avec la fonction., suivant le tableau suivant :

*1 Forme
j

! Objet
Sujet
j1 '
Forte 1

i ' j
1. Sg | më |
I
2. Sg j è hè j
\
3. Sg ë / â më . Qkè, I
(nè)

1. Pl lo I
i
I /
2 . Pl j ho

\ ^ \
3. Pl wo | wo y oko

Inanimés a é

La forme dite forte apparaît en toute autre fonction que sujet et objet
(focalisation, topicalisation, complément de nom etc ..,)

o
Le pronom singulier de 3 personne est le plus diversifié, comme sujet
/
on a /E / ou /a / (à ton variable) suivant le choix de la «conjugaison. Comme
objet, on utilise indifféremment / Qkè / réalisé [ nè ] ou [ oè ] par certains
locuteurs, ou le pronom / 1 / dont l ’
aperture et la résonance s ’
assimile à
celle de la voyelle qui précède : C I L [è], [è], [g], Ils ne è-utilisent que
pour les animés. Les inanimés sujet sont représenté par /a/ ça, et n ’
ent aucun
substitutif expansion.
- 346

2.9. - Nominalisation d e s verbes

La plupart des bases verbales de 1 'Ebrié sont formées sur des lexèmes
verbo-nominaux. Ces verbo-nominaux peuvent participer à des constituants
verbaux :

Pj3

/il + INAC/ jouer/ Il joue

lo e -thf
/nous/INAC -vieillir/ Nous vieillissons

où à des constituants nominaux

t .f
apja le jeu

at h f la vieillesse

Le nom formé à partir d'un lexème verbo-nominal a toujours une


.e autre part, le ton du lexème est haut, neutralisant
/a-/. D ’
iition Haut-Bas manifestée dans le s verbes :

khu mourir akhu la mort

ko vomir 6k 6 vomissement
/ /
wa courir awa course

bjà blaguer abja blague

i' respecter ai r respect

bo attendre éb6 attente


\ > /
po aimer apo amour

se réconcilier p >
po apo accord

Eventuellement peut exister un autre nom fondé sur le même lexème, mais
il n ’
empêche pas la possibilité d ’
un nom de forme /a * f \
- 347 -

/
pë prêter apë action de prêter

apë dette

ta insulter ata action d *insulter

ata insulte

pë téter apë action de téter

npg setn

Lorsque le verbe exige la présence d'une expansion nominale, cette expan­


sion est aussi nécessaire dans la forme nominalisée, en fonction de complétant :

phé aj f aj fphé achat

/acheter/chose

phé nsaka *+ nsakaphé achat de riz

/acheter/riz/

dj à athé -*■ athédja descente

/descendre/en bas/

to Cwè afwéto parole

/parler/parole/

phé aj f df vendre -*■ aj fphëcf' vente

/ac heter/c ho s e/manger/

go ndù ndùgo

/Vb/ eau/ se laver action de se laver


- 348 -

3. - CONJUGAISON

L, majorité des verbes en Ebrié est formée sur des lexèmes monosyllabiques
Les disyllabes étant peu nombreux, seule la conjugaison des monosyllabes sera
exposée ici.

Les marques aspecto-modales de la conjugaison portent sur :

11 les variations tonales du pronom sujet

2) Le choix du ton-'du verbe

3 ) L’
utilisation de certains morphèmes vocaliques préfixés au verbe.

4) L'emploi d ’
auxiliaires de conjugaison.

3.1 o - Le pronom sujet..

Ils ont un ton intrinsèque qui apparaît è l'accompli :

më j'ë Ib nous
f
è tu ho vous
f
e il, elle wo ils3 elles

Ce ton peut varier à certaines conjugaisons. Par exemple à l ’


habituel,
avec verbe à ton bas, tous les pronoms sujet prennent un ton haut : /më, é, a
/
lo ho wo /.

;
Le pronom 3 Sg. varie entre /ë / et /a/ suivant les conjugaisons.

3.2. - Ton du verbe

L’
Ebrié a 2 classes tonales de verbes : Haut et Bas. Ceux à ton bas
gardent leur ton dans toutes les conjugaisons. Ceux à ton haut prennent un ton
bas dans certaines conjugaisons (impératif, accompli, accompli négatif), auquel
cas les oppositions tonales entre verbes sont neutralisées :
- 349 -

më phu je souffle i souffle


\/ phù ;
mge phù j 'essuie v.essuie

3.3. - Préfixes verbaux

On en rpccntrere ëeux : /c/ et /o/ qui n'apparaissent clairement


qu'avec un nom sujet, mais s'amalgament souvent avec le pronom sujet :

mëté' mg + £ été è+ ê etc ...

3.4. - Auxiliaires

Il s ’
agit du verbe /£a / "venir" qui est-utilisé comme auxiliaire
de conjugaison aux futurs. Les critères qui permettent d ’
en faire un auxilaire
existent, mais seraient trop longs pour être développés ici.

Ayant un comportement absolument identique, la marque denégation /le/


peut-être aussi considérée comme un auxiliaire, bien que n'existant plus comme
verbe indépendant.

3*5. - Tableaux des conjugaisons

Pour chaque conjugaison, nous donnons un exemple de verbe à ton haut /£a/
venir et un à ton bas /bo/ attendre. A la 3° personne du singulier sera
ajouté le sujet /nogbù / , nom propre féminin, afin de laisser apparaître les
morphèmes qui-s'amalgament au pronom sujet.

3.5.1. - IMPERATIF

A l'impératif, tous les verbes ont un ton bas.

f>à viens bo attends !


- 350 -

*3.5.2. - ACCOMPLI

A l’
accompli, tous les verbes ont un ton bas. L ’
initiale de oà se
nasalise après un pronom è voyelle nasale ( voir phonologie 5.1.)

je suis venu ... J'ai attendu ...


\
1 Sg me ma mÇ bo

2 Sg b Gà e bo
f
3 Sg g ma s bo

3 Sg nogbu 6 a nogbù bo

1 Pl lo Gà lo bo
f
2 Pl ho ma ho bo

3 Pl wo fe wo bo

3.5.3. - INACCOMPLI

Il y a deux formes de l ’
inaccompli : le progressif (action en train de
se faire) et l ’
habituel. Le progressif est caractérisé par le morphème: verbal
préfixé /e-/ à ton bas devant un verbe haut et à ton haut devant un verbe bas.
Ce préfixe s'amalgame aux pronoms singulier" :..

\ v

m? më
»
+ e. •f m ? + e -> me
\
e
V \
e
> ■
+ e à + '
a -> ë
V t
V
â + e -y a a + é -> â

L’
habituel n ’
a pas ce morphème, mais tous les pronoms sujet prennent un ton haut
avec les verbes bas. Il en va.de même.de la syllabe :finale d ’
un nom sujet
( nogbù -* nogbu ). On peut remarquer que 1 Sg, 2 Sg, 3 Sg ont la même
forme pour les deux conjugaisons de l ’
inaccompli avec les verb’
es à ton haut.
- 351 -

PROGRESSIF

Je viens ... J 'attends

\ v
1 Sg më ma • më bo

2 Sg è ba ë bo
\ /
3 Sg a ma â bo

3 nogbù ' k '1


e-ba nogbù é-bo
Sg
\ .4\f é-bo
1 Pl lo e-ba lo
/ /
2 p h3 è -Ê i . h5: • é-bo

3 Pl wo WO é-bo

HABITUEL

Jè viens habituellement ... J'attends habituellement ...

1 S më ma më bo

2 S è k è bo
\
3 S â ma â .bo

3 CsJ nogbù Ea nogbu bo

1 p lo 6a lo bo
/ f
2 p I~i0 ma ho bo

3 p WO ba wo bo

3.5.4. - FUTUR

L’
ébrié distingue deux futurs : l ’
un, PROCHE, marquant une action
imminente, 1 'autre, LOINTAIN, une action envisagée à long terme.
- 352

.r,.
Dans tous les cas,- la marque du futur est le verbs /b a / v e m r 3 utilise
comme auxiliaire. Son comportement face h la nasalisation est différent de
celui de /Sa/ employé comme verbe - le verbe /f>a/ nasalise sa consonne après
un pronom nasal (1 Gg, 3 Sg, 2 Pl) :

me ma a ma ^ho ma
/

l’
auxiliaire se nasalise complètement et est perméable à la nasalisation après
les pronoms 1 S et 3 S (mais non 2 P) =

/
më ma ma ma ma, mais' : ho ma

L’
auxiliaire de la négation /le/ a le même comportement face à la nasalisation

më në ma à ë në ma è

Je ne suis pas venu il n'est pas venu

* , P\
mais ho ne- bà à

vous n'êtes pas venus

Cette propriété apparaît bien au futur négatif :

bà \è b

/tu/FUT/NEG/venir/part / Tu ne viendras pas

ma ne ma

/il / FUT/ NEG / VENIR / PART/ Il ne viendra pas

FUTUR PROCHE

je viendrai (bientôt) j'attendrai '(bientôt)


\ P
1Sg më ma ma më ma bo

2 Sg è ev C'
ba k'
bo
- 353 -

' f y *
3 Sg a ma ma a ma bo

3 Sg nogbù è-ba £a nogbù ■ è-Ga bo

1 Sg lo è-Ga Ëa lo è-£é bo
*
.i K £, bo
2 Pl ho e-ba Ba ho

3 Pl wo è-ba U wo è-ù bo

FUTUR LOINTAIN

je viendrai (un jour) j fattendrai (un je


\t * <P
1 Sg mââ ma mâa bo

2 Sg i U £é ê k bo
P / f p
3 Sg â ma ma a ma bo

3 se, nogbù fia Si nogbù bo

1 pi lo 6a £ê lo Gâ bo
f i
2 pi ho ma U ho ma bo

3 pi wo Ca U wo Gé bo

3.5.5. - INJONCTIF

que je vienne ! q}xe j 1attende t


\ '.V
1 sg (tèmé) më ma (tèmé) me bo

2 Sg (tèmé) è ba (tèmél h bo
\
3 Sg (tèmd) a ma a bè

3 Sg négbù o~ba nogbù o-bi

1 Pl (tèmé) lo Ci (t è.mé ) •lo bo


P
2 Pl (tèmé) ho ma (tèmé) ho bo

3 Pl (tèmé) wo & (tèmé) wo bo


- 354 -

La plupart des formes de 1 ’


injonctif ne peuvent apparaître dans un
énoncé simpe, mais uniquement dans un énoncé sn syndèse. Ces formes sont ici
précédées de /tèmè/ pourvu que !. Seules l'es formes où ./tèmé/ n’
est pas
indiqué peuv.ent.former un énoncé simple.

3.5.6. - NEGATION

La négation est marquée en ébrié par l ’


auxiliaire /le/ qui peut se
/ \ /
nasaliser en /ne/ après / ho / ou en . /në/ après /më /, /ë/ ou /a/.

Toutefois, on ne peut considérer la négation comme la simple adjonction


d’
une marque négative à une conjugaison positive. Il y a une série de conjugai­
son négatives.différentes des conjugaisons positives. Gn ne peut pas déduire
1 ’
une de 1 'autre.

En outre, il n ’
y a pas de correspondance bi-univoque entre conjugaisons
négatives et positives. Les deux futurs proche et lointain, n ’
ont q u ’
un seul
correspondant, négatif..Accompli et inaccompli progressif ont le même correspon­
dant négatif, alors que 1 ’
inaccompli habituel a un autre correspondant négatif.
Quelques exemples suffiront à illustrer ce propos :

me ma

Je suis venu më në ma h

\ Jè ne viens pas
më ma
Je ne suis pas venu
Je viens

\ \ *
më ma më në ma à

J e. v i e n s .habitue llement Je ne viens pas habituellement

y /
më ma ma

J e viendrai bientôt
y* '\ A . .f-
maâ më me ma ne ma à
Je viendrai plus tard Je ne viendrai pas
-355 -

B I B L I O G R A P H I E

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L' E G A

Rémy BQLE-RICHARO

Les Ega h a b ite n t dans l e canton O ies de la s o u s -p ré fe c tu re de Divo e t


dans le canton Dies de la s o u s -p ré fe c tu re de G u itr y . Le nom de "O ies" que le u r
donne l 'a d m in is t r a t io n n 'e x is t e pas dans la langue éga, e t son o r ig in e n 'e s t pas
connue.

Les Ega form ent unè p e t i t e e n c la v e Kwa au m ilie u des Kru. Ils ont pour
v o is in s le s Dida au N ord, à V 'E s t e t à l'O u e s t, e t le s Godié. au Sud- Leur p o p u la ­
t io n e s t d i f f i c i l e à é v a lu e r. La p lu p a r t des Ega sont b ilin g u e s , le u r seconde
langue é ta n t h a b itu e lle m e n t le D id a . Aussi o n t - i l s souvent:; é té recensés parm i
le s D ida avec le s q u e ls i l s e n tr e tie n n e n t des r e la t io n s de bon v o is in a g e . Le
V ; ' *

recensement de 1975 donne un t b t a l de 67 Ega pour l'e n s e m b le de la Côte d ' i v o i r e ,


p oyr c e t t e r a is o n . S i l ’ on f a i t l e t o t a l de la p o p u la tio n des 20 v il l a g e s Ega, le
recensement de 1863 donne 4 .3 0 0 h a b ita n ts , e t c e lu i de 1975 en donne près de
1 5 .0 0 0 . C ’ e s t q u '« n tr e temps l e développement des ro u te s D iv o -F re sc o e t D iv o -
Grand-Lahou a provoqué, un a f f lu x , de p o p u la tio n s du C e n tre e t du Nord q u i se sont
f ix é e s aux abords des v il l a g e s e x is t a n t s . Toutes ces données p e rm e tte n t d ’ é v a lu e r
la p o p u la tio n Ega à e n v iro n 5 .0 0 0 personnes.

- * - r- ' - - -
Les 21 v il l a g e s éga form ent t r o i s groupes = e d e lî , edalco e t evape :
- 360 -

Groupe edel i : (3 villages)


f
Léhiri-Penda fde 11 - kpada
Douzaroko d'Jz3lü)ttb ësTjï
Omanagniboué omnéjfbe L
\
- Wonkpeko oQokpttœ J
Labodougou dgbogotù
Gniguédougou Iwgbtbadè
Agboro igbol^'o \ ^
Goubéko gûwotù î
Doumbaro fdwbàlüj

Groupe êdalü) : (6 villages)

Dairo édê Iw
Didizo duduàtt
Béhiri

Zoukoubéko u5oyIobot ù
Zigrigbi ozlg I)gbê
Bouboudi fbdbddl
\
Groupe evapê : (6 villages)

Gly TglY
Kopidougou

Cochem • ikwsi
Dadiedou

Broudougou-Penda ivape-kpadà
Borodou
SG A
- 363 -

V
La langue éga C iga ) est longtemps restée non-classée - Lavergne de
Tressan la classe dans le groupe Krou. Les ethnologues rapprochent les éga des
Akan. En fait, la structure..-ds 1 'éga est conforme; aux langiiés,:^9 * notamment par
l'existence systématique de préfixes vocaliques nominaux, totalement absents des
langues Krou. De plus, Lynell MARCHESE qui a recueilli la liste lexicale pour
cet atlas a relevé 56 mots éga qui peuvent être mis en rapport avec-des mots de
la famille Krou, soit 10 % du vocabulaire. La présente étude montre que ce
rapport dépasse 30 % avec la famille Kwa. Enfin, les 56 mots eh: cause ne portent
pas sur le vocabulaire fondamental de base, et peuvent fort frier» être des
emprunts. Dans l'état actuel des connaissances, il semble donc .bien qu'il faille
classer l ’
éga dans le groupe des langues Kwa.

PHONOLOGIE

1. - Structure du mot

Quelques noms en éga.commencent par. une- consonne

dwam machette
mais
chat

La plupart de ceux-ci sont des emprunts :

gwt
PO
karité
mit
bouteille

Mais la plupart des noms ont une voyelle initiale.(qui est différente au
singulier et au pluriel) ;
- 364 -

/ * '
êf i oeil o>fe lune
onia bouche ojr& peau
Tkp&jù place de village ïodowné proverbe

Les verbes n ’ ont ja m a is de v o y e lle i n i t i a l e . Ils sont le s p lu s souvent


m onosyllabiques :

ph acheter
f ld peroer
vj£ couper

Mais i l e x is te a u s s i de nombreux d is y lla b iq u e s :

pfpjè réveiller bft) tourner


fopno laver crànà fendre
pànà attendre

2. - La s y lla b e

On tro u v e en éga des s y lla b e s / V / , /C V / e t /C e V /.

2 .1 . - s y lla b e s /V /

Ce sont le s p r é fix e s v o c a liq u e s des noms ( v o i r g ram m aire), c e r ta in s


pronoms :

6 , 6 tu

e t quelques morphèmes i

ni s jé i
/je/se fàtiguer/NEG/ je ne me fatigue pas

nf co )gbê ê
/ je /f e r m ë r /p d r te /N Ë G / je ne ferme pas la porte
- 365 -

2 . 2 . - S y lla b e s /C V /

po) donner pci foutoiS


v£-ll regarder kpo-où route

2*3» “ Syllabes /CeV/

-c- représente -r- après les, consonnes centrales (dentales, alvéo­


laires, palatales) non nasales.

; d r£ glisser
sauce

M nager

-c- représente -n- après les consonnes nasales. ( m, p, Q et qw ).

pnl vieillir
i-mnf excréments
o-Qwnl année

-c- représente -|- après les autres consonnes (non nasales d’


avant et
d'arrière) :

kp Ia
If
coudre
rat
ï-gblï
f Id
. c.mpmgnt
, percer ,
wlé chanter

-c- peut enfin représenter -j- ou -w** :

p f p ?è réveiller fja brûler


être debout, sjé être fatigué
g\nê se souvenir çfwé creuser
- 366 -

3s ' TONALITE

3.1. - Tons ponctuels

L’
éga a trois tons ponctuels Haut/Moyen/BAS qu'on met a,isèment en éviden­
ce. :

nt je parle
ni ta j rai parlé
ni ta je mâche

Cette opposition n ’
est pas manifeste dans les nominaux, où l'existence
d’
un préfixe vocalique et l'influence des consonnes sur sa réalisation tonale
empêche de trouver des paires parfaites. On peut toutefois proposer les opposi­
tions de schèmes tonals suivants ;

èda kola
êdâ enterrement

êta parole
êta doigt

èf^ des enfants


*
if î oeil

3.2. - Tons modulés

Outre les trois tonèmes H/M/B, on trouve en éga des tons modulés qui ne
\ •

semblent pas être des tonèmes :

Ces modulations apparaissent :

1) Dans des mots d ’


emprunt :

apa caoutchouc gwi karité


A
pot mil dra argent
- 367 -

2) sur des voyelles longues : en ce cas, ils peuvent être interprétés


comme une suite de deux syllabes isotimbres :

* '
üleële arc-en-ciel .......
odobda co-épouse
ciékpà peu de

3) Dans la conjugaison, où ils résultent de la combinaison d ’


un pronom
sujet et d'une marque verbale :

na pè Rachèterai 5Î ni a pfc
li . pè qu*il achète "► 11 C pè

3.3. - Réalisation tonales liées à la. consonne

Comme dans beaucoup d ’


autres langues (Ewe, Gen, Fon, Gban, Gouro, Guère,
Ebrié, etc ...) les consonnes de l'Ege se divisent en deux classes qui ont une
influence différente sur la réalisation tonale :

1) Sonores fortes : b, v, d, (z), j, g, gb.

2) Toutes les autres : sourdes, ingressives, continues, nasales.

L’
influence de la consonne sur le ton se manifeste de deux façons :

1) Le ton haut, :

Le ton haut d ’
une syllabe dont l ’
initiale est une sonore forte se réalise
toujours MONTANT :

/ èg(£ / [ egfi ] : canari

/ogbê/ -+ Cbgbë ] natte

/hji -4- C fctf ] héritage

/Xbê / -*■ [ Ibg ] empreinte

/è Iàbcl/ -h [èIàbâ 3 banane plantain


- 368 -

Si 1 ‘
.initiale-de la syllabe est. une autre consonne, le ton haut se
réalise toujours HAUT.,.

2) La voyelle initiale des noms :

Si la consonne qui la suit est une sonore forte, la voyelle initiale du


nom est toujours à ton bas :

Ida tas, régime


èda action de montrer
oda pagne [ odS ]

Si la consonne qui la suit est une autre consonne, la voyelle initiale


du nom se réalise :

ton bas, si le ton suivant est bas .*

tbtù) plume
èdà) hache

à ton moyen, si le ton suivant est moyen ou haut s

ote arbre ecle ronflement

êtu pleur acfti eau

On pourrait résumer ces faits en une seule règle ;


La voyelle initiale des noms est à ton bas j ce ton bas est relevé au ton moyen
devant une syllabe à consonne autre que sonore forte et à ton autre que bas.

Remarque : Il faut noter toutefois quelques rares noms dont la voyelle


initiale est à ton haut V

fownè dos

jambe

<$! f chasse au filet / oïl palmier-raphia

ijë a u j o u r d thui / Tj£ des vipères


- 369 -

Vu leur rareté, on peut les considérer comme des exceptions, qui ne


remettent, d'ailleurs pas en cause la distribution, complémentaire entre les
.... V •
réalisations basses et moyennes des voyelles initiales»

4. - LES VOYELLES

1 c) ferme 5 oku la mort

2 cl ris 6 ok(5 cadavre

3 nf 6è j 'avale 7 nf Bb je pourris

4 ni Bè je bats 8 nf Bb je monte

g nf ÊT j 'ai accouché -17 éè ronfler

10 nf Êü j 'ai pourri 18 Jè cacher

11 nf Be j'ai avalé 19 ma ne rien laisser

12 nf Bo j 'ai attrapé 20 m<5 sentir

13 lp(j5 des cuisses 21 planter

14 ëp(5 don 22 là voler


/
15 topo) poudre-médicament 23 :.. : ib. ■■• piler

16 opw cuisse

î ui
X
\ 1/2 5/6

l
17/18% 19/20 21/22 V ^ 22/23

Il n ' , y p a s de voyelles nasales en éga. Les quelques réalisations


nasales rencontrées sont exceptionnelles :

• fil tout

et apparaissent dans des emprunts

kpago cheval
\
-pintade

no mil

5. - L* HARMONIE VOCALIQUE

Les 9 voyelles de l ’
éga se divisent en deux séries harmoniques :

série avancée » i, e, o, u

série rétractée = i, £, o, ü), a.

Un lexème appartient à une série harmonique. Les morphèmes qui le marquent


(préfixe norrînal, modalités nominales, modalités verbales) s'harmonisant avec
lui, ainsi que les pronoms sujet et compléments du verbe :
p
ôl f repas ol f chasse au filet
f \ 0
eli-ta l'escargot edo-te le boeuf

êna-ma cet animal-ci edo-me ce boeuf'-ci


- 371

li çflô) yo II t'a appelé

/il/appeler/toi/

il 6ô y<5 Il t'a attrappé

/il/attrap'èr/toi/

La voyelle /a/ ne peut apparaître avec un mot d'harmonie avancée que


comme préfixe nominal pluriel :

ote un arbre âti des arbres

Dans tous les autres cas elle appartient à la série rétractée.

6 . - LES CONSONNES

f 15
1 pa jouer è agrandir

2 ba renvoyer 16 kê vendre en esclavage

3 U compléter 17 fa consulter l'oracle

4 ma ne rien laisser 18 attrapper

5 wa tuer 19 cfo copuler

5 kp£ attaoJier une palissade 20 fo aiguiser

7 fja brûler 21 ma être en décrue

8 vja couper 22 bà courir

9 iê parler 23 Bà tomber

10 sa casser 24 gba tailler

11 cé comprendre 25 wà venir

12 va pardonner 26 gà cuire

13 dé montrer 27 & compter

14 & cacher 28 Qwà attacher


- 372 -

29 na marcher 55 €yâ des yules


P
30 pà tèter 56 EQW3 action d !attacher

31 to débrousser 57 hzh querelle

32 do boxer 58 àso . ■
sang

33 do pondre 59 n'jo . j 'ai rempli

34 lo piler 60 nf fê j 'ai juré


f V
35 no boire 61 nt go je me bats

36 r .y
ko faire 62 ni jo j 1accompagne

37 t .x
go se battre ' 63 ni 3 0 je me tais

36 Oo griller 64 nf #0 je prends

39 \\) puiser 65 nf $> je vide/je casse

40 d't * refuser 66 g&é se pavaner

41 w I) obtenir 87 êgEl f rat

42 cê verser êçflf vrefus


68

43 devenir nombreux 69 iwl f vue


s
44 #© jurer

45 remplir

46 pé porter au dos

47 d é descendre

48 \ê acquérir

49 kpé peler

50 gbé maigrir

51 ika des aigles

52 tya des crabes

53 * *V
oji froid

54 bl) pa Imier-raphia
- 373

Ce corpus permet d ’
établir les oppositions nécessaires à 1 'identification
des phonèmes consonantiques. Afin de ne pas l'alourdir, toutes les oppositions
utiles ne sont pas reportées sur le tableau suivant. Ainsi, chc je labiale peut-
être opposée à chacune des autres :

1 - pa

De même pour les dentales avec les items 31 à 35 - etc ...


Les autres oppositions apparaissent dans le tableau suivant
- 375 -

On peu t a l o r s d r e s s e r le t a b l e a u p h o n o l o g i q u e des c o n s o n n e s :

Ü) .
cü1

vélaires
vélaires
dentales
•labiales
rH

labio-
(0
-p

r .....
H

Cl


Fricatives f s xCy)
C
ourdas

: ' l Occlusives .P.. t- c K. kp

Fricatives v 2
Fortes

Occlusives..;
i- b d • g; gb
Sonores ■

cr>
douces C cf g

CD
Continues i j w

Sonantes
nasales m n P Cq w 3

Réalisations particulières

1 ) Les consonnes/ b, cf, §, çf, gS / se différencient de /h, d,


g ,gb / à la fois par leur articulation douce et ingressive et par le
comportement tonal des syllabes auxquelles elles appartienent [voir 3-
Tonalité).

2) La consonne /v/ est abondante en éga ; /z/ est plu


on trouve difficilement des paires mini aies pour établir son identité. Du
point de vue tonal, les syllabes.auxquelles elles appart-ien.nent ont le même
fonctionnement q u ’
avec /b, d, j, g, gb / , et les consonnes /v ,z)
doivent donc être considérées comme des fortes»
- 376 -

3) La consonne qui a été notée [y ] est réalisée sourde [x] par


de nombreux locuteurs, ces deux réalisations étant libres. On ne peut pas la con
considérer comme une réalisation de /k/ comme le montre l ’
opposition
51/52. Ou point de vue tonal, cette consonne ne peut être considérée
comme une sonore -forte-, et fonctionné comme les sourdes. Il convient donc
de noter ce phonème /x/ plutôt que /y/.

43 La nasale /o/se réalise [ Q ] devant les voyelles postérieu­


res ' / u, 03, o, 0 :/ et [ Qw ] devant les voyelles antérieures ou centra­
les / i* i, e, e, a /:

è'owë caurvs àrçà atr

ÎQWcl noix de coco Eq o mouche

fownè dos kpèoù route


/ / f
OQwnl année êoom ip î moustique

NOTES DE GRAMMAIRE

1.1. - Ordre des Constituants

L’
ordre des Constituants dans l ’
énoncé est

Sujet - Verbe - Objet - Circonstants,

gïgé pi êna àctébla


/Guigué/a acheté/de la viande/au marché/
- 377 -

Si l ’
énoncé est interrogatif (interrogation totale.}; l'ordre des
mots ne varie pas, et l ’
énoncé est marqué d ’
une particule interrogative
finale /ma / :

gïgé pê • ênâ adâbla ma

Guigué a-t-elle acheté de la viande au marché ?

Avec les verbes à valeur dative, l ’


ordre des expansions est libre ;
objet - bénéficiaire ou bénéficiaire - objet =

ni püj n-5to iwla èpo

/je/ai donné/de moi-père/ poulet s/deux/

ou

ni peu iwla èpo n-oto

/j e/ai donné/ poulets/deux/de moi-père/

J'ai donné deux poulets à mo n père

1 -2 . ~ Mise en valeur d ’
un constituant

Tout constituant nominal de l ’


énoncé peut être mis \en valeur par
déplacement en tête de l ’
énoncé dans trois cas :

1) Interrogation : le pronom interrogatif ou le. nom marqué d ’


un interro­
gatif est toujours en.tête d ’
énoncé :

ono po oefo -ta-Qo

/qui / balaye / maison-la~dans/

Qui balaye la maison ?


- 376 -

ijâ gïgé pè àdëbla

/quoi/ Guigué / achète / marché /

Qu 'est-ce que Guigué achète au marché ?

2) T o p ic a lis a tio n : Le nom t o p ic a lis é e st dép lacé en t ê t e d ’ énoncé, e t i l e s t


ra p p e lé à sa p la c e norm ale par un pronoms u b s t i t u t i f , sauf s i c 'e s t un
c ir c o n s ta n t :

ê n a -ta 9^9^ )t é o t.

/viande-la/ Guigué/ a mangé/ elle/

La viande, Guigué l Ta mangée.

*
g ïg é It po ocfo-ta-Qo

/Guigué/elle/ balaye / maiso>i-la-dans/

Guigués elle balaye la maison

• . / _ / . \ . *
tji ni wlo ji

/lui/ je / vois/ lui /

Luij je le vois

3) F o c a lis a t io n : Le nom inal f o c a lis é e s t dép lacé en t ê t e d 'é n o n c é , e t n 'e s t


pas ra p p e lé p a r unpronom s u b s t i t u t i f . . I l n 'y a. pas de morphème marqueur
s p é c ifiq u e . S i le f o c a lis é e s t un pronom p e rs o n n e l/ c ’ e s t T a form e f o r t e q u i
est u tilis é e :

tji ni wlo

/lui / je / vois /

C'est lui qfue je vois


Si c'est un nom, il est obligatoirement marqué du pronom de forme forte qui le
suit immédiatement =

ina - éni gi It

/viande-elle / Guigué / a mangé /

C'est de la viande que Guigué a ma n gé e.

gï gé - ij l nf wl o

/Guigué - elle/ j e / Vois/

C 'est Guigué que je vois

Si le topicalisé est le sujet, il est en outre marqué d'un morphème /~o/


suffixé :

g i gé — i j i - o po o c fo -ta -rp

/ Guigué-elie-FOC/balaye/mai son - la-dan s/

C fest Guigué qui balaye la maison

2. - LE GROUPE N O M I N A L .

2.1. - Le constituant nominal

Le constituant nominal en éga est formé d ’


une base lexicale (simple,
dérivée, composée, qualifiée] associée a deux paradigmes de morphèmes marqueurs
l'un préfixé, l'autre suffixé.

Le préfixe, est une voyelle,, et indique la classe à laquelle appartient 1


nom ; cette voyelle varie entre le. singulier et le pluriel*. Le suffixe est une
modalité nominale indiquant la détermination d:u nom :
- 380 -

^ : g é n ériq u e

- ta ~ té : d é fin i

- ma ~ mé : d é m o n s tra tif proche

- qu ~ Qiû : d é m o n s tra tif é lo ig n é

èdo un boeuf

)do des boeufs

èdô-t é le boeuf

èdo-mé ce boeuf-ci

ldô-fù)fùi)“
ma ces boeufs blanos

Les numéraux e t le s q u a n t if ic a t e u r s se p la c e n t après le s m o d a lité s nom inales :


'dô-tJ fit tous les boeufs

êwl a-fcüfü)-ma èpo cg 3 deux p o u le ts blancs

On peut résumer l ’ o rd re des élém ents du nom inal a in s i :

;m o d a lité '\ [num éral


# (In te r r o g a tif) - p r é f ix e - base nom - (q u a lifia n t) - j i~} ^
(n o m in a le ; \ q u a n t if ic a t e u r
i «s Il
) é )

2 -2 . - Système de c la s s e s e t fo rm a tio n du p l u r i e l

L ’ éga e s t une langue à c la s s i f i c a t i o n nom inale à genres m u lt ip le s . Tout


nom éga e s t a f f e c t é d ’ un p r é f ix e v o c a liq u e qui e s t une marque c l a s s i f i c a t o i r e .
Nous appelons c la s s e nom inale l ’ ens6mble des noms a ffe c té s d ’ un même p r é f ix e de
c la s s e . La c la s s e nom inale c o n d itio n n e le choix du pronom s u b s t i t u t i f e t le s
- 381 -

accords des numérau-x et des adjectifs.

L’
ensemble des noms de la langue se divise en sous-ensembles ou genres,
caractérisés par un couple de préfixes de classe en corrélation singulier/
pluriel, ou par un seul préfixe, hors corrélation de nombre. On a donc des genres
binaires (corrélation de 2 classes) et des genres unitaires £ùn seul préfixe de
classe).

2« 2 .1 . - Classes nominales et accord de classe.

Toutes les voyelles de l'éga peuvent apparaître comme préfixe de classe.


Cependant, les faits d'harmonie vocalique limitent les occurrences de / i, C, d

0) / aux noms à voyelles rétractées et celles de / i, e, o, u, / aux noms


à voyelles avancées. Gn a donc 5 classes, chacune étant caractérisée par un
couple de voyelles avancées/rétractées sélectionnées suivant l ’
harmonie vocalique
De plus une sixième classe n ’
a pas de préfixe (ou préfixe çt> -) et n ’
intervient
que dans un genre unitaire (voir plus loin : genre zéro). Exemples :

classe /i,i/ : 'gbi porte tgbo trou

classe /e,e/ : ef f oeil et a doigt

classe /a / : àgbe des portes àgbo des trous

classe / o ,o/ : oku mort ok(io cadavre

classe /u cü/ : ùd(j dette plume

classe /é / : •jTpè mer gopl araignée

Le pronom substitut sujet ou objet dépend de la classe du nom q u ’


il remplace. :

(jwla-ta w la à Ia nf wlo uni

/poulet-le/ il/dort/sommeil/j e/voie/ lui/

Le poulet^ il dort, je le vois


- 382 -

êwla-ta e la a!à nf wlo énj

Les poulets^ ils dorment} je les vois

ogé -té o la àlà ; fif wlo <5n1


La tortues elle dorts je la vois

paOÔna -ta il la ala nf wlo jf

Le chats il dorts je l e vais

Le numéral s ’
accorde en classe avec le nom q u ’
il marque :
C1
Cl

ùlôgbo une queue

ô ti ologb«$ un arbre

in i è lôgbo un animal

wcfl D ùlogb<5 un village

Ifü) 1èlegbo un oeuf

Tnu 1è 1egbo une tête

bue ré ôlogbo une .souris

\ *
a nu apo deux, têtes

ISl Ipo deux femmes

èf i èpo deux enfants

V \
)gê tpo deux tortues

v\ \
bùcré ptoapo deux souris
- 383 -

... L’
adjectif prédiqué.par la copule /wi/ s’
accorde en classe avec, le
sujet :

cowla -rna wi 6 fwfco .

/poulet-ce/ est/ blanc/

Ce poulet est blanc

êwia.-.ma wi éfwfw

Ces poulets sont blancs

èdô-ffil wi êfùfù

Ce boeuf est blanc

Idô - mé v/7 ifwfo).

Ces boeufs sont blancs.

ôte - me wi ofwfà)'

Cet arbre, est blanc.

On peut résumer tous ces faits d'accord dans le tableau suivant


Pronom Pronom Accord Accord
Classe Süjst Objet Numéral Adjectif

/ \
sg : 1i 1ë Ln l sg lè- t. t
i, i
PI : T , t M P1 : i 1

ë , i énl è, è 1 , è
e, e
en!

r \ < \
0 , 0 oni 0 , 0 6, 6
0 ,0
» \
orn
\ \ '■
ü , w 6$ni U , 0) 6, à
U,U)
dm

Sg : 1 i II Sg : j f jL
a
*
PI : mü, mco PI ; ml, mé a a

Sg : 1 i II Sg : jf jf :Sg : 0
4>
PI : mü mtü PI : ml nié 6, o
PI : pù>à-

Remarque : les pronoms sujet et objet de classe ne sont pas utilisés pour les
humains. Pour ceux-ci, on utilise toujours les pronoms personnels
li , I l (sg) et mü , mû (PI) pour le sujet, jf , ji (Sg) et
ml , mé (PI) pour l ’
objet, quelle que soit la classe du nom. Les
autres faits d ’
accord ne font pas exception.

2.2.2. - Genres et formation du pluriel

Les noms éga se divisent en 8 genres binaires et 6 genres unitaires


- 385 -

1/ Les genres binaires

Ce sont des genres où les noms ont un préfixe de classe différent au


singulier et au pluriel. Toutes les voyelles sauf /a/ peuvent apparaître comme
préfixes de classe du singulier. Seules les voyelles d ’
avant et /a/ peuvent
apparaître comme préfixes de classe du pluriel. Les corrélations de classes
dans les genres peuvent se schématiser ainsi :

Singulier Pluriel ou Bncore


ainsi :
i, l
Sg PI

e, t , t ------------- ^ U i LÜ

o, o
e, o, o

u, ü)

On peut donner des exemples de chacun de ces genres :

1) Genre î i / a

Tnû anü tête

tfu) afw oeuf

2) Genre e e / a

ëlowa alowa oreille

ete ate éléphant


- 386 -

3) Genre e , e / I , i

êpI îp i gravne

êta Tta doigt

4) Genre o, o / a :

otë âtê arbre

ocjl a açfla ■palmier

5) Genre o, o / i, t

oku Tku maladie

OfXO ipüJ cuisse

6 ) Genre o, o / e, e

ofï ' i■
ef 'i enfant

okco ekw cadavre

7 (Genre u, ü) / î, l :

ü je T je fagot

wjitojji i^itfyji frère ainé

u, tü / e, e
f
uf lo ef lo ver de terre
\ »
ü)Ba e&a esclave
gojavw goyave

387 -

2/ Les genres unitaires .

Les noms appartenant à ces genres n ’


entrent pas dans-une corrélation
singulier / pluriel. Lorsque les besoins de la communication l'exigent, l ’
uni­
cité ou la non-unicité de tels noms est soulignée au moyen de numéraux ou de
quantificateurs. Les noms appartenant à ces genres représentent souvent des
notions abstraites (mort, faim, peur, force ...) des noms d ’
action tverbes
nominalisés) des masses ou des liquides (eau, huile, graisse, feu, argent, Kao­
lin etc...) ou des choses non numérables (aujourd’
hui, demain, droite, gauche
...). Mais on y trouve aussi des objets comptables, notamment dans les genres
/a/ et /$/ (âne, m a r c h é s cache-sexe, canard,- cheval, machette ...).

Genre î, t : ! kà feu Tmn f excrément

e, e êfiQo force êcfu pluie

Tous les noms d ’


action dérivés des verbes appartiennent à ce genre :

pè acheter achat
- 368 -

ou a des langues voisines du groupe Kru :

gl fmjo caméléon dtoànl machette

paoôüna chat jipè nier

ou d e s . emprunts non identifiés mais répandus à travers toute l ’ a i r e Kwa de


Côte d'Ivoire :

dabü canard kpàma canne de cérémonie

gbàgbw^ chaussure kpàogo cheval

konjé -pintade gwi karité

Il faut enfin signaler l'existence d'un morphème marqueur du pluriel


suffixé /-ma/. Cette formation exceptionnelle en éga ne concerne que des
termes du genre zéro :

pao^n^ parçcona-mà chat3 chats

daboi dabw-mà canard3canards

ainsi que quelques termes de parenté du genre / o, o /


C
otb c oto-ma père '

ona ona-ma mère

odabü) j. ocfàbw-ma oncle y ,

£■ -, 1
Oanà ces^exemples, les faits d ’
accord sont régis par le préfixe de^classe,
et sont donc les mêmes au singulier et au pluriel. Le suffixe /-ma/ doit donc
être considéré comme une modalité nominale et non comme un affixe de c la s s e .

Quelques^noms des genres unitaires ont,une valeur de générique ; ils


sont souvent du genre zéro :
- 389 -

dldi du mats bàjè du piment

koko du taro oomf du moustique

mais on on trouve dans d'autres genres unitaires :

er)vtê du coco àbl du haricot

Lorsque les objets désignés par ces génériques doivent être comptés (1 grain
de maïs, 2 piments, 3 haricots .... ) on utilise alors ces noms en composition
avec un nom du genre e / i, qui est epf tïpf) graine ou î{ej f C ij f3 '
non attesté isolément :

Générique Singulier Pluriel

V,\ .V /
bàjè èbàjè-pf ibaje-pi piment
\ \
awa ewê-j f âwê-j f graine de palme
\ r t t \ / t t
oomf eoorn i-p i iQomi-pi moustique

eQwa eowé-j f ÏQwé-jf noix de coco


' u 'i
ab . èbl-pf ibt-pi haricot

2.3. - Qualification

L’
adjectif est un lexème spéciaiisé dans la fonction qualifiant. Il suit
le nom q u ’
il détermine, selon l ’
ordre ; Qualifié - Qualifiant, et se place avant
les modalités nominales :

no p£~wa üiwla - fü)fw -ma

/je + A C C/ acheter -PASSE/ poulet - blanc - c e /

J'ai acheté ce poulet b lanc.


- 390

Toutefois, l'adjectif dérivé d'un verbe peut avoir un comportement


différent. Soit le verbe’ ‘
gàgrossir 3 d-pù l'on dérive l'adjectif gros
qui est </a(fa - (préfixé). Celui-ci est parallèle à l'adjectif non verbal
-gà ou gàgà (suffixé).

L’
énoncé j'ai acheté ce gros poulet pourra être rendu de trois façons diffé­
rentes :

/*
no p£--wa wwla - gà - mi

no pé-wa ojwla - gàgà-ma

nb p^-wa iîj-cjaçfa--w Iâ-mê

Les deux premiers énoncés comportent un groupe nominal du schême qualifié-


qualifiant, le troisième: un groupe nominal'du type nom-composé.

Les faits d'accccrd concernant l ’


adjectif ont déjà été signalés en 2.2.1.

2.4. - Quantification' et-~ numération

Comme an l ’
a signalé en 2.1. les quantificateurs et les numéraux suivent
le constituant nominal, et se placent après les modalités nominales. Le numéral
s'accorde en classe avec le nom q u ’
il détermine (voir 2 .2 .1 .) :

//
ni pi èf! - mé fît
/je/connais/ enfant s--ces/ tous/

Je connais tous ces enfants

ni pi êwfa-fàfto-ma èp.o

/je/ai acheté/poulets-blancs-ces/deux:

J *ai acheté ces deux poulets blancs


- 391 -

2.5. - Syntagme complétif

L’
ordre des constituants est inverse de celui du groupe qualifie, et la
séquence est immédiate (sans connectif) *

Complétant - Complété

Chaque constituant garde son autonomie morphologique et conserve sa marque de


classe et éventuellement ses modalités nominales :

wçflo - mi ïkpooù-tè

/village -ce/ place ~ la/

La place de ce village

nl U cow Ia*“
ta \ fü)-t ê

/je/ai mangé/poule-la/oeuf-le/

J’
ai mangé l ’
oeuf de la, poule

2 * * - Nom composé .

Le nom composé.est formellement distinct' du syntagme complétif = il


forme un constituant unique, avec un seul paradigme d ’
association aux modalités
nominales et une seule marque de classe.

La base est composée des deux lexèmes nominaux, suivant l ’


ordre de déter-
minètion complétant. Complété., Le nom composé prend la marque de classe du
complété (mais celle-ci s ’
harmonise vocaliquement avec le complétant q u !elle
précède). Chacun des deux :lexèmes conserve son harmonie vocalique -

wçflo + fkpooù -* ■ Iglokpooù

village place place de village


- 392 -

tow Iê + Ifw -*■ iwlafü)

poule oeuf oeuf de poule

adiî + tgbo “
► icfjgbo

eau trou puits

àmà + ègc& -*■ èmag(5:

bouche canari pipe

Tnû + wltoldü -* unuldSldfr-


tête poil cheveu

2.7. - Les pronoms personnels

La forme des pronoms personnels varie suivant leur fonction. On peut


dresser le tableau suivant :

^ Sujet | Objet j Relief | Complété


t /
1 Sg j nt ; nf | no , no ino n -
i
f t -, j
2 Sg ] o ,6 yo , yo lyo I y -

3 Sg lî , Il j t » j' ijî I j -

1 PI wi , wé j iwé ! w -
tI ”
• ..... M
*
j 2 PI Qü> ( QU oê , oê ioê j o_
t
| 3 PI | mw ; mil mé , mé imè m -
I

Ces séries de pronoms peuvent se réduire à deux : sujet et objet. La


forme indiquée "relief" est celle qui apparait comme élément topicalisé ou
focalisé, ou marqueur d'un nom focalisé. Elle se forme par préfixation de /t-/
à la forme objet. La forme "complété" est celle qui apparaît comme déterminée
'1

- 393

par un nom (possession). C ’


est la forme objet qui perd sa voyelle au profit de
la voyelle de classe du nom complétant, tout en conservant son ton. La voyelle
propre au pronom ne réapparaît qu'avec les noms de genre zéro :

r
n- + înu -v ni nu ma tête

/de m o i / tête
«

n- + ègbï ■+ nêgbï mon tambour

y- + àgbî— ->• yâgbï tes tambours


f
m- + uje -¥ mu je leur fagot

no + dwànl no dœànl ma machette

Dans la conju nis.on-, le pronom sujet s ’


amalgame éventuellemer
marques aspecto-modales :

ni* o" peà wa nb pé wa

/je/ ACC/ acheter/ PASSE/ j 'ai acheté

f \
ni a pè na pe

/ je/ FUT / acheter/ j 'achèterai

f ,_
li - pë ë + * 1i pee , ; y,

/il/NEG/acheter/NEG/ II n 'achète pas

Les pronoms personnels' de troisième personne né sont utilisés que pour


les noms de personnes, ainsi que pour les noms des classes <t> et a . Pour les
autres noms on utilise les pronoms de classe signales en 2 . T A .

2 .8 . - Nominalisation des verbes

La plupart des verbes éga peuvent être nominalisés par préfixation de la


voyelle de classe e ou e suivant l ’
harmonie vocalique. Ils appartiennent
donc tous au genre unitaire /e , e/ , le verbe est à ton haut, le nom d ’
action
est à ton moyen. Si le verbe est à ton bas, le nom dérivé est à ton haut. Le ton
du préfixe suit les règles expliquées en Phonologie (3.3.). Exemples ;

à pondre -+ ido ponte

66 ronfler ecfe ronflement

do boxer -y vèdo action de boxer

da . montrer -y eda- action de montrer

3. - CONJUGAISON

Les marques aspecto-modales de la conjugaison éga portent sur la variation


de plusieurs, paramètres : ton du lexème verbal, modalités verbales préfixées
et suffixées, vocalisme du lexème verbal, et pour les formes négatives particule
finale d 'énoncé.

Avant d ’
étudier ces faits en détail, il faut rappeler que le groupe du
verbe forme un tout marqué par l'harmonie vocalique avec le lexème verbal. Ce
groupe comprend :

pronom sujet - préfixe - lexème verbal - suffixe - pronom objet.

côwla-ta ' nf o pê wa (5nl [no pê ]

/poulet -le/ je/ACC/acheter/PAS-1/lui/

Le poulet, je l 'ai acheté

à)wla-ta nf o bo we tînl [ no bo ]

/poulet-le/ je/ACC/attraper/PAS.l/lui/

Le poulet, je l'ai a t t r a p é •
- 395 -

3.1. - Ton du verbe

Il y a deux classes tonales de verbes en éga = à ton haut, et à ton bas.


Ces tons de base apparaissent à l ’
impératif, 1 ’
inaccomj-li, le futur et l ’
injonc-
tif etc ...

Les verbes à ton haut (ex : po balayer) prennent un ton moyen à


l’
accompli, aux passé 1 et 2 , au futur négatif, au prohibitif etc ...

Les verbes à ton bas (ex : pèacheter) prennent un ton moyen à


l’
accompli, à l ’
inaccompli négatif, au futur négatif, etc ... et un ton haut aux
passé 1 et 2 , au prohibitif etc...

. Les verbes à ton haut apparaissent à deux régistres : haut et moyen, et


les verbes à ton bas à.trois registres : bas, moyen et haut.

Ces deux classes tonales de verbes permettent d ’


opposer des verbes homo­
phones mais non homotones :

ni wà je viens

ni wa je tue

no wa Ii j 1étais venu

no wa li j 'avais tué

Toutefois cette opposition tonale est neutralisée dans 2 conjugaisons


où les deux classes de verbes prennent un ton moyen. Il s ’
agit de l ’
accompli et
du futur négatif :

ni wa je suis venu ou j'ai tué

na wa là-à je ne viendrai pas ou je ne tuerai pas


- 396 -

3 "2. - Vocalisme du verbe

En général, mis à part le ton, la forme phonique du verbe ne varie pas


dans la conjugaison.

Toutefois, quelques verbes ont une variation vocalique qui n ’


apparaît
qu'à la conjugaison de l ’
inaccompli (po sitif et négatif). Il s ’
agit toujours
de verbes à ton bas et à voyelle fermée ( i, t, u, ü) ). Leur inaccompli se
forme en ( o ,o ) suivant l ’
harmonie vocalique. Exemples :

t
bw monte r ni bo je monte

bù pourrir nf bo je pourris

c' fermer nf CO je ferme

cl rire ni co je ris

3.3. - Préfixes verbaux

Certaines conjugaisons n ’
ont pas de prédicatifs verbaux explicites en
du ton du verbe. Ce sont l ’
inaccompli, l ’
accompli et ,1 ’
impératif

*
pe achète ! po balaye !
/ % t p
ni pe j 1achète ni po je balaye
t
ni pi j 1ai acheté ni pô j 'ai balayé

Les autres conjugaisons font appel à un morphème préfixé qui s ’


amalgame
au pronom sujet, ou subsiste isolément si le sujet est un nom. Ce morphème est
en général une voyelle. Exemples :

Futur ; voyelle / a-/

gïgé a pè saka

/Guigué/FUT/acheter/riz/ Guigué achètera du riz


?.37

la pe saka (1 1 -fa la J

Il achètera du riz

na pè saka f ni -f â na J

J 1achèterai du riz

Prohibitif = voyelle / o ou o /:

9 *
gïge o p£ s£ka

/Guigué/PROH/acheter/riz/ Que Guigué n ’


achète •pas d é riz /

f f *
10 pe saka ( li + o -*• lo'J

/Qu 'il ri1achète- pas de riz !

b pê saka (6 + o + o )

N’
achète pas de riz !

Les principaux préfixes que nous avons dégagé sont :

/ a/ ; Futur, passé lointain.

/o, O / Prohibitif, passé 1 et 2

/o d / j Passé 1 négatif.

/ a / Futur négatif.

Ce préfixe peut-être r é d u i t .à un simple ton haut, comme à l ’


injonctif ou
à l’
inaccompli négatif, En ce cas, on a les amalgames de tons suivants :

P P

nf + ~■
*nf il +- + li
, ' r. , • - . .
wa -+• wa qcü — -* qoo etc ...

11 pè saka. Qu’
il achète du riz !

<)£> pè saka Achetez d u riz !


- 398 -

3.4. - Suffixe verbal

Outre les marques déjà citées, on trouve un morphème suffixé au verbe


dans quelques conjugaisons :

/ -wa ou -we / au passé 1 (positif et négatif)

/ -Il ou -if / au passé 2 (positif et négatif)

/ -la / au futur négatif :

no pé II saka j 1avais acheté du riz

no ;jf wë Je me suis tu

na pê la saka a Je n'achèterai pas de riz

3.5. - Particule d*énoncé

Enfin, toutes les conjugaisons négatives (sauf le prohibitif) font


apparaître une particule vocalique en fin d ’
énoncé. Cette particule est homo­
phone et homotone de la dernière voyelle de l ’
énoncé et ne se manifeste donc
que par un allongement de cette voyelle finale :

no pè wa saka a Je n'ai pas .acheté de riz

/je + o/acheter/Passé 1/rie/NEG/

gigé o po ocfo-ta-Qo b

/Guigué/ACC/ /ma i son-la -<îans/NEG/

Guigué n'a pas balayé la maison

Il faut remarquer q u e .les-dites conjugaisons négatives,; outre la particu­


le d'énoncé, prennent souvent d'autres marques .tonales, préfixales, suffixales,
ques les conjugaisons positives correspondantes et n'en peuvent être déduites =
il n ’
y a pas de règle permettant de prévoir le n é g a t i f 1 à partir de l ’
énoncé
positif correspondant. On peut en effet comparer :
- 399 -

ru pê saka J'ai acheté du riz

no pe saka 6 Je n ai pas acheté de riz

nf pè saka J'achète du riz

ni pê saka è Je n'achète pas de riz.

nb p.é li saka J 'avais acheté du riz

nS pê If saka a Je n'avais pas acheté de riz

3.6. - Tableau de conjugaison

Ce tableau présente les 5 principales conjugaisons pour les deux classes


tonales de verbes (ton haut et b ton bas). Les personnes non indiquées sont
déductibles des autres, sachent que o et wa ont le même ton que nf < 1 ère
pers. Sg.) et que qg3 et mü) ont le même ton que II (3ème pers.Sg).

i i I
I pè acheter j po balayer !
j 'achète je balaye |
/ r P f !
Inaccompli ni pe ni po !
11 pè IL PO I
!
j 7achèterai je balaierai
S- f
Futur na pè na po
Iâ pè la po
t

que j'achète / que je balaie / !

ï \ ï P I
Injonctif ni p pe ru no
' !
!

)t oè Ii
i’’
po *
I
I
\

j■
ai acheté
’ j 'ai balayé
ni pê nf po
Accompli 1 Il pê Ii po ■
- 40 0 -

4
j achète ! balaie
Impératif j ^ /
PO

j*ai acheté j fai balayé


Accompli 2.
nb pé wâ no qo wa
1b pé wa 1o pô wâ
- 401 -

BIBLIOGRAPHIE

FLICK, ESTHER and BOLLI, MARGRIT, Inventaire préliminaire des langues et


dialectes en Côte d ’
ivoire, Annales de l ’ Abidjan, série H
Université d ’
(Linguistique) , Vol. 1, 1971.

LAVERGNE DE TRESSAN, Inventaire linguistique de l ’


Afrique Occidentale Française
et du Togo9 IFAN, DAKAR, 1953.

TERRAY, EMMANUEL, L’
organisation sociale des Dida de Côte d'ivoire3
Annales de l ’
Université d'Abidjan, série F, tome 1, fascicule 2 1969.
1

L ' E 0 T I L E

G, HÉRAULT

Eotilé est la dénomination administrative la plus couramment


répandue pour désigner le groupe ethnique qui occupe huit villages
sur les rives est et ouest de la lagune Abi (sous-préfecture d ’ Adia-
ké) et le village de Vitré, scindé en deux (Vitré I et Vitré II),
sur la lagune Ebrié au Nord de Grand-Bassam.
Sur le pourtour de la lagune Abi 1 ’
eotilé n ’
est plus guère
parlé que par les générations les plus âgées, et son.usage est le
plus souvent restreint à des fonctions domestiques ou cultuelles :
tous les habitants de souche éotilé de cette région ont adopté
1 1 agni-sanvi. La langue reste cependant vivante à Vitré.
L’étude présentée ici est fondée sur le parler de M. ETCHOUA
Emile, pêcheur et feticheur du campement de Ngaloua, campement
permanent du village d ’ Etioboué mais situé sur la rive ouest' de
la lagune, entre Assomlan et Mélékoukro. Dans sa communauté,
M. ETCHOUA fait figure de défenseur et de conservateur de la culture
aussi bien que de la langue éotilé dont son père 1 ?aurait fait
dépositaire.
- 404

Tels que nous avons pu les recueillir, les noms éotilé des neuf
villages concernés diffèrent sensiblement de ceux q u ’ avance G.
Retord (1971) :
Abiati ci bï nj fwo Etuossika ècu Js Ché
Akounougbé a kp fmb4 ftè Mbrati masihé
Assomlan nzuomra Mélékoukro émubdn Jd<5
Eplemlan èprèmro Vitré bec I
Etioboué h t u4bùè
bbcî est ie terme qui réfère à un membre de l ’ ethnie éotilé; son
pluriel, meclbo, désigne également la langue (cf. Stewart, i n
Sebeok, 1971 : betlbe, mekyîbo, vître ). Le vocable de "éotilé”
aurait été donné par les Agoua.
L’éotilé de Vitré présente par rapport à celui de la lagune Abi
un certain nombre de variations (lexicales, morphologiques,...) en
général mineures mais suffisantes pour le marquer comme dialectale-
ment distinct. La langue qui fait l ’ objet de cette esquisse est
celle de la lagune Abi, et notre informateur a pris*’soin de préciser
qu’il ne s ’
agissait ni de "la langue des feticheurs", ni de "la
langue vulgaire" plus ou moins édulcorée au contact de l ’ agni, mais
du "vrai éotilé de Monobaha", l ’île de la lagune dont sont issus les
ancêtres.

I. ESQUISSE PHONOLOGIQUE
1. Les voyelles.
pî 'attraper ce so u rire
pt vom ir ca fin ir
Cl frapper ka mordre
ce monter ko a lle r
f0 être c u it gbo la ver
fo e n fle r gbo ferm er
co tire r he d ire
eu pousser hg :p a s s e r
gba coudre hu p le u re r
gba envoyer ho co u ler
EOTILE
- 407 ~

La vingtaine de paires minimales verbales ci-dessus permet d ’


établir
le statut de neuf voyelles orales en éotilé :

i o
e o
e o
a

Une représentation comme celle-ci du système vocalique n ?est ce­


pendant pas entièrement satisfaisante en ce sens q u ’ à l’audition,
/ t/ et /o/ semblent se distinguer de /e/ et l o f respectivement
par une tension accrue plus que par une différence d ’ aperture. Les
voyelles / l/ et l o f sont par ailleurs assez sensiblement sous-
représentées par rapport à l ’ ensemble des voyelles de la langue.
Trois phonèmes nasalisés ouverts sont identifiables sans dif­
ficulté, mais il s ’ y ajoute u qui n va été relevé qué dans le
verbe p l e u r e v , hu, et q u ’
il n ’
a pas été possible d ’
opposer à / u / :
le statut phonologique de /u/ demande à être confirmé :
u
e 5
a

La nasalité vocalique cesse d ’être pertinente dans les syllabes


à consonne nasale initiale ou finale : amo p i l o n , kraqgè c a u v i 3
e t c ...
La majorité des mots de plus d ’
une syllabe associent de manière
homogène des voyelles appartenant soit à un sous-ensemble de ré­
tractées (i,e,a,o,o), soit à un sous-ensemble de non-rétractées
(i,e,a,o,u). Cette règle d'harmonie vocalique joue aussi en dehors
du niveau lexical, par exemple concernant les morphèmes qui gra­
vitent autour du verbe. De ce fait., on préférera présenter ainsi
le système vocalique de 1 ’éotilé (nasales exclues) :
- r é t r . + ré t r . -rétr, +rétr.
i u
t o
e o
e o
a

Certaines séquences vocaliques sont attestées dans lesquelles


une voyelle fermée est suivie d ’ une voyelle plus ouverte :
/ le, te, ta,ue,ua ,oe,oa/,.^.On observe que le second segment vocalique
n'est jamais postérieur (exception : n^écéo, bois de c h a u f f a g e ) ,
Des séquences de voyelles homophones, peu nombreuses, ont pu être
relevées : /ee,oo,aa/

2. Les consonnes

Ajoutées à celles qui ont été avancées à'propos des voyelles,


les paires minimales suivantes permettent de dégager le système
consonantique de 1'éotilé :
èpé pagaie ke aiguiser
A
éi è queue 0wo hui le
b fé igname b w<5 peigne
bpo singe (sp. ) de a p p e 1er
èbo pierre . ' be. goûter
4mo poitrine d-e dénoncer
èc*: corbeille à du médicament
èné vache à nu cinq
et a poisson à là patronyme
èd£ danse je renvoyer
ésà nourriture gbo vePêe?
ta t a aspergev wo aôcoucher
1a 1a ramper a fa grande saison sèche
iè autre asa boue
409

ja montrer àno corps


ne pirogues èpè fromager
fu souffler h\h moment
mu prendre pra être debout
èsll feu 0 w ra regarder
X,
en) mère wo sur

éjï marigot wa faire


se être fou
- le suff. d e conjuguaison
f /
amo p i Io n

2.1. Les occlusives

Cinq ordres sont représentés parmi les occlusives. Il convient


cependant de noter la rareté de la labio-vélaire sourde qui n fa
été relevée que dans quatre noms (dont trois noms d ?animaux). En
l’absence de paire minimale décisive, il semble néanmoins que /kp/
doive être intégré au système phonologique de 1 ’ éotilé.
Les occlusives sont traversées par une opposition de sonorité
représentée dans tous les ordres sauf celui des vélaires : le
phonème / g / n ’
existe pas en éotilé bien que [ g ] soit fréquemment
attesté, mais uniquement après nasale homorganique dans les
séquences C 091 - Il ne s ’ agit pas là d ’ un phonème prénasalisé dans
la mesure où de telles séquences sont souvent analysables comme
résultant de l ’ association d ’ un préfixe nasal et d !un / k/ initial
de lexème : cf. è k r a b o s c o r p i o n , pl. o g r a b o - m ë . Il existe en effet
une constante remarquablement établie dans la langue au niveau des
séquences nasale + occlusive : l ’ occlusive est alors nécessairement
sonore, que la nasale soit préfixe ou non. On met donc ainsi en
évidence une neutralisation de l ’ opposition de sonorité' concernant
les occlusives précédées d ’ une nasale.
Un phénomène curieux est également décelable dans l ’ examen de
l’association des occlusives aux voyelles en syllabe ouverte : les
séquence cv ne sont jamais attëstées s'agissant des labiales et
- 410 -

des dentales alors q u ’ elles sont semble-t-il permises mais rares


s'agissant des palatales, des vélaires et des labio-vélalres :
JîpV î?tV ...c£ (1 cas) . . .kâ (1 cas)
"bV ;îdV ...^5 (1 cas) - gbV
Une neutralisation de l ’ opposition de /c/ à /k/ se manifeste
devant les voyelles fermées /ï,i/ : seul I c i est alors attesté.
Quant à l ’ occlusive pr.lottale C?l, elle ne joue apparemment aucun
rôle oppositionnel bien q u ’ elle figure fréquemment à la finale de
ceux des verbes de structure /cv/ qui sont pourvus d ’ un ton haut
à la conjugaison de l ’ inaccompli. Ainsi, dans /q-lo-p<5/ il. s o u f f r e ,
qui peut être prononcé [olopo?!, le verbe est facultativement suivi
de l ’ occlusive glottale alors q u ’ il ne l ’est pas dans /o-lo~pè/ i l
e n t r e . La glottale n ’est donc a interpréter que comme redondante
par rapport à l ’ opposition tonale établie.

2.2. Les fricatives

[f,v,s,z et h] sont attestés au plan phonétique mais les- sonores


[v et z] ne jouent aucun rôle oppositionnel :.leur présence est
conditionnée par celle d ’ une nasale immédiatement précédente (par­
fois préfixale) e t 3 comme à propos des occlusives, on relève à
l’initiale de lexèmes des alternances consoriantlques telles que :
esi o i s e a u .pl. nzf-mi
efubuè rônier p l. mvubue-më
Quelques rares cas de [z] (jamais de [v]) non précédés de nasale
ont cependant été relevés, comme dans z ê g b p i g e o n ou ,abazî b o n j o u r ,
mais iis n ’ont jamais permis d ’ établir des paires minimales;.
/h/, enfin, semble.admettre une variante palatale. [.^] . la
mesure ou p a s s e r a été relevé sous les formes h? et ç g . . Cette
variation serait un argument poiir classer I h l dan,s 1 ’ ordre des
vélaires dans ia mesure où cette variation serait à rapprocher de
la neutralisation qui affecte l ’ opposition k/c devant voyelle
antérieure fermée. Un cas de variation libre h,k a également été
relevé avec fika ou fiha s e r r e r . ■
- 411 -

2.3. Les nasales


Fonctionnent à l ’initiale des syllabes de type CV ou CrV les
nasales /m,n,n,o/* La nasale vélaire /q/ est.dans cette fonction
le.plus souvent labialisée en [ow ] (cf qw5 h u i l e ) et il semble que
devant voyelle antérieure son opposition à /p/ soit neutralisée au
profit d ’un archiphonème.nasal palatal.
L 7opposition des quatre nasales entre elles est également.neutra­
lisée devant occlusive ou fricative dans, les séquences NCV (et
l’on a déjà vu que la consonne non nasale de telles séquences était
nécessairement sonore). L ’ archiphonème résultant se manifeste par
, quatre variantes combinatoires :
[m] devant labiales
[n] devant dentales et palatales
[01 devant vélaires
Iqm] devant la-bio-vélaires

La fonction précise des nasales dans ce contexte demanderait à être


élucidée davantage. Quatre possibilités semblent co-exister :
(a) la nasale, à l ’ initiale du m o t , est indiscutablement syllabique:
<5gr^po b l a n c j ogruma c o u i etc...
(b) la nasale, à 1 ’ initiale du mot, ne semble pas être 'syllabique :
mbasî h e r b e , n^rasrè m a n i o c , etc...
(c) la nasale, à l ’ intérieur :du mot, n ’ est pas. syllabique : croogo
pus, èlénjè c r o c o d i l e ; elle pourrait être interprétée dans.ce contex­
te comme son épenthétique de transition entre une voyelle nasalisée
et une consonne. :. pa bo d i f f i c i l e , kpa gba p a n g o l i n *
(d) l ’
Association.d’ un préfixe nasal et d ’ une .consonne initiale
de? tlexème
t aboutit.parfois à un amalgame nasal■ : èd<Sé a r b r e * * pl.
noç-më. Cet amalgame est systématique s*agissant du pronom sujet de
1ère personne du singulier (forme de base m-)< devant verbe-,à ini­
tiale dentale conjugué à l ’ accompli; comparer è - c M - t & ( è ) t £ * u < z 3
mangé du p o i s s o n à nf-lè ( h ) X ê . J ' a i ma ngé d u p o i s s o n . Il semble que
cet amalgame soit la norme dès lors que l ’ initiale du lexème est
sonore; si elle est sourdes le préfixe nasal ne s ’ amalgame pas, se
contentant de voiser la consonne.
Les fricatives larges

Les consonnes restantes partagent une propriété commune, celle


de pouvoir séparer une autre consonne d'une voyelle au sein d'une
même syllabe (CrV, très fréquente, CwV, CjV, assez rare), en plus
de la faculté qu'elles ont en commun avec tous les autres phonèmes
consonantiques de constituer l'unique marge d'une syllabe CV.
fil et [r] sont en distribution complémentaire, la vibrante
n'étant attestée qu'après consonne, la liquide partout ailleurs.
En tant que phonème /I/ s'oppose à. /d/ mais on a tout de même re­
levé une variation libre entre les deux sons dans le lexème [èlè]
ou [èdè ] c h o s e .
Cj] et [q] sont eux aussi en distribution complémentaire, [q]
étant une réalisation de /j/ devant voyelle arrondie; cf. /èjo/,
[bip] c h a m p . Cette réalisation labialisée de /j/ dans ce'contèxte
est fréquente mais non obligatoire . une prononciation avec [j]
reste toujours possible. '
A propos de /w/ enfin, signalons que nous avons été tenté d'op­
poser un w fort à un w faible apparaissant dans quelques^môts.
èw 6 peigne wa fàire
éwè abeille ivaporter (sur la tê t e )
Notre-informateur, cependant * ne confirmait pas cette impression
auditive, invoquant en particulier la stricte homophonie des deux
verbes. 1
Le comportement de /l,j,w/ vis-à-vis du trait de nasalité serait
à éclaircir davantage. Notons ici que seul /w/ a été relevé au con-
tact d'une voyelle nasale, dans le seul mot w5 swr. / I/ et /j/ s'op­
posent à /n/ et /n/ respectivement (cf. paires) mais on observe des
transformations conditionnées du suffixe de conjugaison -lè en -në
après voyelle nasale :
o-sè-lfc il est fou
^ i, *
o-he-ng il est passé

1 II est tout de même plausible que les. deux verbes aient une ori­
gine distincte car, dans une élocution soignée, ils semblent ne pas
conditionner la même harmonie vocalique : o-lè-wà il f a i t - ( inaccompli)
o-là-wà il p o r t e . La différence ne résiderait-elle pas alors au
niveau de la voyelle?
- 413 -

2.5. Tableau phonologique des consonnes

labiales dentales ' palatales ■ Vélaires • \labio~ [


vélaires
.' ---—~
P . . t ■ ■'? .c ■• ■
.■ k ... ■fjp- .
: SOURDES
i
; SONORES b d • '3' ■■..? '■ *U ' ^, 9 b

FRICATIVES f s h

NASALES m n p 0

FRICATIVES w -f
LARGES I j

3. Les tons

Par le rapprochement de nombreuses paires minimales, on peüt


mettre en évidence le' rôle distinctif qu*assument’en éotilé deux
tons, haut' et bas, ainsi que leurs combinaisons. Voici quëlquès j
exemples : ‘ ' '
langue èpu cadavre ' '
hnê pricf èpù arbre (sp. . d o n t o n f a i t du'.ii s s u
, ,• * 1 a ecovc e
ahè dent <£pù nouveau
èpu ventre ' ’ •

awii mortjmaladie ada mâchoire -■


■■■
■; ■
àwù r>iz cidà tabouret 5 trône
^wu qui?
Le ton descendant haut-bas est peu fréquent : il n ’ a été relevé
qu’après ton bas dans une dizaine de mots d e 9p l u s ’ d'une syllabe
(seule exception : o o h u i l e ) . L ’
existence d ’
uft ton bas-haut
est problématique dans la mesure où cette”modulation 'n'à!, f "été
- 414 -

relevé que sur le morphème (déictique?) cw5; cf. àto cwë c e c a n a r i -


là .
Les conditions dans lesquelles notre enquête a été réalisée
n®ont malheureusement pas permis d ’étudier la syngtagmatique tonale»
Mentionnons simplement que la langue utilise la faille tonale
(downstep) dans la formation de certains composés : tàba-*ta p i p e
(formé à partir de htê canari) aussi bien que dans des phrases :
cf. ô~lô*wi3 lf>£cu il rêve (verbe wu rêver à 1 1inaccompli et objet
nécessaire).

o o

II. ESQUISSE GRAMMATICALE

Les maigres notes de grammaire que notre enquête sur l féotilé


nous a permis de réunir sont fondées sur l'étude de quelques para­
digmes, la dimension syntagmatique y étant pratiquement absente.
Les usages de plus en plus circonscrits dans lesquels la langue se
parle, les circonstances da'ns lesquelles s'est déroulée notre en­
quête ainsi que le monopole que notre informateur entendait préser­
ver vis-à-vis de toute recherche sur 1'éotilé sont en partie res­
ponsables de cet état de fait. Notre corpus nous a donc permis
quelques observations concernant la morphologie verbale et nominale
mais pratiquement aucune d'brdre syntaxique.

1. La phrase
Sont attestées des phrases intransitives :
D-ba-lè (3e p. sg,-venir- acc) I l e s t v e n u
aussi bien que transitives ou doublement transitives :
D-cl-lfc bà pô ï (3e p. sg. -frapper- a c c ,enfant, jeune, def) I l a
f r a p p é l *e n f a n t .
- 415 -

o-lè-jà ma po è né èIè (3e p.sg. - inacc.-montrer* enfants, jeunes,


def, pl. a chose) I I a m o n t r é q u e l q u e c h o s e a u x e n f a n t s .
Les expansions objec.tal.es prennent place après le verbe : S V (0)
(0). La langue utilise fréquemment l 'association d fun verbe et de
son complément pour former une locution verbale ,:
3 -lfc-wà sô (3e p. sg. -inacc- faire, eau) Il n a g e .

Elle fait également us.age de séries verbales :


o-mù-lè bànémà-lè mè (3e p. sg. -prendre- acc, machette, encore,
donner- acc, moi) Il m fa r e d o n n é l a m a c h e t t e .

2 . Le syntagme nominal
Ponctionne au niveau du syntagme nominal un morphème è du défini
s’ opposant à son absence pour marquer un usage spécifique par rap­
port à un usage générique :
nzd h do-lè (eau, def, être chaud-acc ) L ’e a u e s t c h a u d e .
o-pù-rè àbo (3e p. sg. -creuser-acc,trou) I l a c r e u s é un t r o u .
Lorsqu'ils sont coprésents, lemorphème du défini précède la marque
mé du pluriel (cf. le 3ème exemple du paragraphe ci-dessus)
Il semble q u 'appartiennent au même paradigme les démonstratifs
èbé ce...ci. et cwë c e ... . là 3 mais le statut de ces morphèmes deman­
derait à être précisé,
ato èbé ce c a n a r i - c i
àto cwë ce c a n a r i - l à
Dans le cadre du syntagme complétif, la détermination d ’ un nom par
un autre s ’ effectue dans l ’ ordre complétant complété :
mono nlgbé le c h e f { n igbé - a î n é 3 v i e u x ) d u v i l l a g e
bàné ndo le t r a n c h a n t (hd6 - b o u c h e ) d e la m a c h e t t e . Dans des
usages non génériques, il semble que le.complétant puisse être facul­
tativement repris par un pronom personnel :
pâ ou ajè o pâ la m a l l e d ' A d j é
mbiipwé so ou mbtjpwé o so le p i e d . d e , l a t a b l e 3
les syntagmes o pâ et o so signifiant respectivement s a m a l l e ét
s o n p i e d . On observera que lorsqu’ il e$t le seul terme ,à•fonctionner
comme complétant dans le syntagme, le pronom personnel est régulière­
ment à ton bas; mais lorsqu’ il reprend un terme complétant déjà
- 416 -

exprimé, il adopte le ton inverse du premier ton du terme complété :


on le voit ci-dessus et dans 6 sb le pied d'Adjé, On obnervera
également que dans tous les cas des noms tels que èpa malles ès b
vied3 jambe, etc., perdent leur préfixe en fonction de complété.
Nous ne disposons que de très peu de données pour fonder l'hypo­
thèse de l'existence de syntagmes épithétiques dans lesquels le
complétant suivrait le complété :
po mé (hommes, jeunes, pl.) de .jeunes hommess sg. : bta pu
un jeune homme ,
Un autre type de qualifiant adjectival serait-représenté par des
dérivés de verbes accompagnés d ’un morphème nti : cf. qwoowo nu sec
(owo - être sec) ou èsîhé br<5 nu argent rouge (= de l'or).
A noter enfin qu'un numéral suit le nom qu'il détermine :
ànè àha (dent, trois) [B B H^H] trois d e nts .

3. Affixes nominaux et formation du plruTidl


Dans une proportion se situant entre les deux-tiers et les trois-
quarts, les noms éotilés que nous avons recueillis se présentent’
avec une voyelle ou une nasale syllabique à l'initiale; de plus, le
paradigme voyelles attestées dans cette position est restreint
à trois : e,e,a.
La nature préfixielle de cette syllabe initiale a pu être mise en
évidence pour un certain nombre de mots (ne dépassant guère le
cinquième des noms concernés) dans lesquels on constate soit la
chute du préfixe en fonction de complété, soit son changement au
pluriel, soit les deux.
Préfixe e- .v- e- (singulier) : en position de préfixe, ces deux
voyelles sont en variation combinatoire dans la' mesure où le préfixe
s'harmonise en fonction de la nature, rétractée ou non, de la ou des
voyelle(s) du lexème nominal :
èc f Pl. n^f mé tête
ècrâ p l . n^rô mé tortue d'eau
èbo p l . mo m£ caillou
èj 6 ■pl.. pp mé champ
fcblà Pl. mrà mé femme
» .*
efe . p l . mv£ mé igname
- 417

Ce préfixe est la plupart du temps porteur d'un ton bas. Quelques


cas ont néanmoins été relevés où il était intone haut :.
émlà pl. mlàmé homme
êjh pl. pè pè re
Il renvoit régulièrement à un singulier, le pluriel -des noms qui
\

en sont porteurs se marquant soit par N- soit, plus rarement, par


un préfixe zéro. On remarque néanmoins que l'opposition èsu p l u i e /
nzu e a u n ’est pas en relation avec une opposition de nombre.
Préfixe a~ (singulier) : par. comparaison avec ceux qui .sont munis
du préfixe ©- ^ e-, rares sont les noms porteurs d ’ un préfixe a-
dont, nous ayons la preuve qu'il- se segmente. On peut citer :
àfobo pl. mvoo mé étranger
àcrd pl* hjru mé souris
Il renvoit lui aussi à un singulier, le. pluriel se formant en N-
Préfixe N-- (pluriel). N~ représente l'ensemble des variantes at­
testées de ce préfixe (m,n,p,;o.) homorganique de la consonne, initiale
du lexème. Cette consonne initiale S'Ubit un changement ‘ conditionné
par le préfixe nasal. Ou bien elle -est phonologiquement "sonore”et
alors il s'amalgame à elle en la sonorisant :
noé mé sg. èdoé arbres
mowo mé sg. èbowo animaux.
mo mé sg. èbo cailloux
Ou bien la consonne initiale du lexème est soit phonologiqueinent
"sourde” soit "fricative" (phonétiquement sourde:) et il la sonorise :
r.zf mé sg,. èsi oiseaux
mbé mé sg. h p é pagaies
mvubdè mé sg. èfubuè roniers
fygrclbo mé sg. èkr^bo scorpions
A noter que j initial de. radical réagit de. ce, point de vue comme
une "sonore" puisque N- s ’ amalgame à lui pour donner p.:
po m£ sg. èjd ;•;■ . champs
p f ko mé sg. è j f k o v poulets
Préfixe zéro (pluriel) : il est plausible de reconnaître l ’ existence
d’un préfixe zéro dans des alternances telles que :
4i e -

pej f mfv sg. èpèj f ca leb a sse s


wasl mé sg. èwasi corbeaux
kù mo sg. èkù évoux
Seul un petit nombre de noms marquent ainsi leur pluriel, le préfixe
v
N- étant de loin plus fréquent dans cette fonction.
On peut résumer ainsi le fonctionnement des préfixes que.nous
avons pu segmenter :
Singulier Pluriel
»
e- 'X/ e- N-
a- — “' zéro
Quel que soit le mode préfixiel de formation du pluriel, ,il ne
dispense pas de la présence du morphème mé redondant lorsqu’ il y a
un préfixe spécifique mais seul à marquer le nombre dans tous les
autres cas. Ce morphème apparaît avec certains noms sous la forme
mo .* c ’ est le cas avec p è r e . é p o u s e 3 é p o u x , e n f a n t 3 l ’ homogénéité
sémantique de ce sous-ensemble n ’ étant sans doute pas fortuite.
Aucun phénomène d ’ accord n ’ a été décelé.
La majorité des noms à voyelle ou à consonne nasale initiale
conserve donc ce phonème au pluriel :
a'c fi ba
u* pl. * ^i ebaf meJt
ac chapeau
à nè pl. ànè m ê deytt
è' ) pl. êb) mê escargot
è j ro pl. è j r o mé g riffe ,
n rè pl. n j r a s r è mé m anioc
Faut-il en conclure q u ’ un système même partiel de classes nominales
marquées par un préfixe est en cours de figement, le préf.ixe tendant
dans la majorité des cas à ne plus être segmentable? Pour répondre
affirmativement à cette question, il faudrait explorer davantage que
nous ne l ’ avons fait le fonctionnement^syntaxique des noms en fonc­
tion de complétés d ’ un syntagme comp^ét.if. ou dans le cadre du nom
composé. D ’ après les quelques éléments, dont nous disposons, il semble
que tombent régulièrement les’voyelles initiales mais non les nasales
initiales des noms dans cette fonction
èto c a n a r i tàb^'to p ip e
apo j o u e cîj’
è p<5 la jo u e d 'A d jé
- 419 -

édo palmier raphia + hzè. b o i s s o n - é d o hzè vi n de p a l m e


èsù maison + nd6 bouche - èsù ndé porte (o u v e r t u r e )
Dans les autres fonctions 5. le nom semble conserver sa voyelle
initiale3 même si celle-ci s'amalgame éventuellement à un segment
vocalique précédant :
sa. è s u c o n s t r u i s u n e m a i s o n ! (impératif) peut être prononcé tel
quel ou [ s è s ù ] . . . . . .
A la rubrique des affixes nominaux, il reste enfin à évoquer
l’existence possible d ’ un suffixe - b o à valeur agentive. Ainsi :
èsll hé a r g e n t è s 1 hé-b<$ un riche
Est-ce lui que l ’
on retrouve dans
àfobo étranger pl. mvoo mé
è*ùb6 vent (fu = souffler)
et peut-être dans d ’
autres exemples insoupçonnés?

4. Pronoms personnels

ï
J forme réduite forme pleine

suj et objet

le sg. N- me mie
2e sg. e fo fo
3e sg. o o wo
le pl. je je je
2e pl. mo mo mo
3e pl. wa wa wa

Peu de variations ont pu être mises en évidence concernant les


pronoms personnels ainsi q u ’
il apparaît dans-le tableau ci-dessus.
Les pluriels des trois personnes se manifestent-toujours sous la
même forme si ce n ’
est q u ’
en fonction de sujet ou d ’objet, la voyel­
le des pronoms de lere et d e ;2ème personne s ’
harmonise avec celle(s)
du verbe, variant donc de je à je et de mo à mo respectivement.
- 4?0

En fonction de sujet, le pronom de 1ère personne singulier est


une nasale homorganique de l ’initiale du radical verbal qu'elle
précède ; elle la sonorise si elle est sourde mais s Amalgame avec
ellesi elle est sonore :
ko partir ngo-lè je suis parti (acc.)
po entrer mpo-lè je s u i s entré (acc») mais
dî manger n f —îè ètcl j'ai m a n g e du poisson (acc.)
La règle morphophonologique qui joue est la même que celle qui
s'applique au préfixe nominal N - . Mais si par contre, au lieu de
précéder immédiatement le verbe, le pronom en est séparé par le
morphème de conjugaison le, il se réalise m- :
/N-le-dl cta/ [mrédl j e m a n g e d u p o i s s o n (inacc.)
Le pronom sujet de 2ème personne singulier est le seuldont la
forme réduite ne soit pas déductible de la forme pleine, fo : il
varie de e à e par harmonie vocalique.
De même, le pronom sujet de 3ème personne du singulier varie de
o à o, sa forme pleine comportant une consonne de plus : wo.

5. Le verbe et quelques conjugaisons


Les données que nous réunissons ici se fondent sur 1 fétude d ’
un
ensemble de 155 verbes. Une assez large majorité de ceux-ci se pré­
sentent sous la forme de lexèmes monosyllabiques C V :
kù tuer t! t o m b e r
do tresser etc. ké a i g u i s e r
Un petit nombre est de structure C C V (la deuxième consonne étant
toujours /I/ réalisé [r] ou C W :
kré co m p t e r dué voler (un o b j e t )
/
sra faire un lavement
Le r e s t e (un p e u p l u s d'un quart) est de s t r u c t u r e C V C V (ou u n e de
ses variantes, CVCCV, ...) :
futù bouillir corr.yà tendre
S'agissant des disyllabes, l e u r p r o p o r t i o n est certainement suré­
valuée dans lam e s u r e où notre décompte inclusvraisemblablement
des composés oudérivés. Ainsi nénè c h e r c h e r 3pfpï a t t a c h e r 3p o u s s e r ,
stfsù a p p r e n d r e sont p e u t - ê t r e des redoublés. De m ê m e des v e r b e s tels
421 -

que kéogè c o u d r e 3 kaogà f u m e r le p o i s s o n , fémvè é p l u c h e y sont sans


doute analysables en deux lexèmes dont le second serait dérivé du
premier par nasalisation et sonorisation, bien que d'après le jeu
des marques de conjugaison, on constate que les deux syllabes
restent solidaires.
Au plan tonal et concernant les monosyllabes, les verbes se par­
tagent en deux sous-ensembles à peu près égaux : ceux qui sont
porteurs d ’un ton haut et ceux qui sont porteurs d ’ un ton bas. Les
paires minimales restent cependant rares;'nous n ’ en avons relevé
que trois :
po être fatigué po e n t r e r
to crier tè p r é p a r e r (la n o u r r i t u r e )
t£ cueillir tè é c o u t e r
De toutes façons, toute distinction tonale est abolie à certaines
conjugaisons telles que l ’accompli ou l ’ impératif qui imposent au
verbe un ton bas, ou l ’hortatif qui lui impose un ton h a u t .
Concernant les disyllabes, la situation est moins nette. En effet,
en dehors de quelques cas (5 sur ^7) ils sont régulièrement porteurs
d’un schème tonal haut-bas là où la conjugaison ne leur impose pas
son schème propre. Il n ’y aurait donc pas d ’ oppositions tonales pour
les lexèmes verbaux disyllabiques. Les 5 exceptions quant à elles
se partagent ainsi : 4 sont pourvues d ’ un schème bas-bas, une d ’ un
schème haut-haut : slnè se c o u c h e r 3 kàcl m a r c h e r 3 Ccirci ê t r e p l e i n .
a) L ’
accompli
A l’accompli j le pronom sujet est porteur d',un ton bas, suivi du
verbe auquel la. conjugaison impose un schème tonal bas q u e l q u e :soit
son ton intrinsèque; le mot verbal est clos par le suffixe /rlè/-

d) (è )t^ mu m b u p w è
manger/poisson prendre/table
E x:j ’
ai mangé du .poisson ,j 'ai p r i s une table
le sg. n f-l e t£ m u - Ie mbtîpwè
2e sg. è~d)- le ta \ \
è-mù-lè mbLjpwè
3e sg. o » d i - l è t l o - m ù - Iè mbijpwè
le pl. j è - d i - l è tê jè-mù-lè mbupwè
2 e pl. m o “d ) - Iè ta mo-mù-Iè mbupwè
3 e p l . wa- d t - Iè ta w à - m ù - lè m b u p w è
- 422 -

N.B. A toutes les conjugaisons, la première personne du singulier


se démarque des autres : cf. ci-dessous en f).
b) L ’
inaccompli
A l’inaccompli, le pronom sujet est porteur d'un ton bas: il est
suivi du morphème /le-/ mais cette fois préfixé au-verbe qui conser­
ve son schème tonal intrinsèque :

6) (fc)té mu m b u p w è
Ex : j e m a n g e d u v o i s s o n je p r e n d s une t able
le sg. m r l - d l té mr£-lmu mbdpwè
2e sg. è - l è - d ï té è-lè-mu mbtfpwè-
3e sg. o - l è - d î té o-lè-md mbdpwè
le pl. j è - l è - d î té jè-Ie-mu mbupwè
2e p l . m è - l è - d l té mo-lè-md mbdpwè
3e pl. w à - l è - d ) ta wà-lè-mu mbijpwè
c) L'impératif
Quelle que soit sa structure phonématique etson ton intrinsèque,
l'impératif impose au verbe un schème tonal bas assorti d’ aucun
autre morphème :
d) té (mange, poisson) Mange du p o i s s o n !
wà s6 (faire, eau) Nage!
dè k à s f Appelle K a s s i !
d) L ’ hortatif
Conjugué à l'hortatif, le verbe est uniformément porteur d'un
schème tonal haut; il est précédé de deux personnels, le premier
de forme pleine et le second de forme réduite sujet :
% /% \ \
d) (è)té sa (e)su
Ex : q u ’il m q n g e .du p o i s s o n ! qu'il c onstruise une maison!
le sg. m f é n f 1 1 ê mfé rt-zé s6
2e sg. f<5 4 - d f lté f6 6 - sé su
3e sg.__ w<5 <5~d f 1 té vi6 6 - s ê sh
le pl. j£ j 4 - d f *té Jé j ê - s ê su
2e pl. m<5 m<5-df ^té m<5 m o - d f su
3e pl. w é w é - d f ^té wé w-é-d f 511
N.B. Le downstep manifesté devant le lexème té p o i s s o n est évidemment
attribuable à la chute (facultative) de son préfixe à ton bas. En
- 423 -

dehors des deux premières personnes du singulier qui sont toujours


t
respectivement mié-N et cette conjugaison est fréquemment
réduite à une forme plus brève, variant de [wo<5] à [wo], [jéjl] à
[ jéé ] ou [jê ], etc ...
e) Le futur
Le futur fait usage des pronoms sujets habituels à ton b a s ? suivis
du morphème ba puis du verbe qui conserve son schème tonal intrin­
sèque. Le morphème bà du futur a certainement son origine dans le
verbe bà v e n i r . Ex :
d) è iê mu mbijpwè
Ex : j e m a n g e r a i du p o i s s o n j e p r e n d r a i u n e t(
le sg. m-ba-d ï ta m-ba-^md mbdpwè
2e sg. è-bà-d' t ê è-bà-md mbdpwè
3e sg. o-bà-dï t é o-bà-mu mbupwè
le pl. jè-bà-d) ta jè-bà-md mbdpwè
2e pl. mo-bà-dï ta mo-bà-mu mbdpwè
3e pl. wà-bà-d1 ta wà-bà-mu mbdpwè
f) Remarques sur les conjugaisons
Les cinq conjugaisons étudiées se marquent au niveau du pronom
et du schème tonal éventuellement imposé au verbe mais ne font
usage que de deux morphèmes segmentaux, le et bà. Concernant le
premier, c ’ est sa position, préfixée ou suffixes qui contribue à
distinguer l ’ accompli de l ’ inaccompli. Il s ’ harmonise avec la ou
les voyelles du radical verbal en tension (le ^ le) mais aussi,
facultativement, en lieu d ’ articulation : lo ^ lo sont attestés
en contexte vocalique. postérieur. Sa consonne elle “ "même est sus­
ceptible de toutes les’variations possibles entre I et r.
La première personne du singulier se caractérise toujours par
un comportement spécifique attribuable à sa qualité de nasale :
segmentalement5 elle impose à la consonne initiale de la syllabe
qui la suit une variation semblable à celle q u ’ occasionne le pré-
\

fixe nominal N - . Il reste à observer que tonalement* elle impose


un ton haut à cette syllabe et que ceci a comme répercussion, si
celle-ci était pourvue d ’ un ton bas, de faire abaisser par downstep
424 -

un éventuel ton. haut, suivant.


Observons enfin qu^ane dizaine de nos verbes semble ne pas accep-
< t;er. toutes les ..conjugaisons :
ofufu c'est blanc
o tènvo c'est froid
h nëclà etc...
c !.est l i s s e ,
La question reste ouverte de savoir s'ils peuvent être intrinsèque­
ment qualifiés de statifs ou si c ’
est là un type de conjugaison qui
les caractérise.

o o

III. BIBLIOGRAPHIE-

RETORD G.. - Le domaine linguistique éotilé, B u l l e t i n d e L i a i s o n


d u C , U . R ' D . j 1 9 7 0 (1), Université d fAbidjan.
DUMESTRE G. - L ’ éotilé, i n A t l a s L i n g u i s t i q u e d e C o t e d ' I v o i r e 9 L e s
l a n g u e s d e la r é g i o n l a g u n a i r e s I.L.A., Université
d fAbidjan, 1971.
STEWART J. - Niger-Congo : Kwa, in Current Trerids in Linguistics 7 S
Linguistics in Sub-Saharan Africa, SEBEOK (Ed.), Mouton,
La Haye, 1971.
LE K R O B O U

Emmanuel IM.A. NENSAH

Classé parmi les langues lagunaires intérieures de la Côte d'ivoire


par Dumestre G. (1971), le Krobou est parlé par environ 4.000 locuteurs ré­
partis dans trois villages du Département d'Agboville, à savoir Gres-Krobou,
Aboudé-Mandéke et Aboudé-Kouassikro.

Les rapports génétiques entre..le Krobou et les autres langues "lagu-


naires” restent incertains rnais il semblerait que le Krobou soit relative­
ment proche de 1 'abidji, de l'attié et du baoulé.

tthnie particulièrement minoritaire, les Krobou sont entourés à l ’


est
et au nord par les abbey et à l'ouest et au sud-ouest par les abidji. De ce
fait ils manifestent un phénomène remarquable de polylinguisme : Krobou -
abidji - abbey pour la plupart, sans oublier en plus le français, le baoulé
et le dioula pour bon nombre d ’
entre eux.

v
- 426 -

D'après des traditions orales le village d ’


Ores- Krobou serait la souche
principlae du peuple Krobou et ce serait de là que ee seraient effectués des
mouvements de migration vers les deux autres villages. D ’
ailleurs, des liens
de parenté et de structure sociale subsistent entre les trois villages.

D*une manière générale la langue a garde ses caractéristiques principa­


les dans chaque village bien q u ’
on discerne quelques variations phonétiques
dans le parler d'Aboudé-Mandéke et d ’
Aboudé-Koussikro.

Le parler qui a servi de b a s e ..pour la présente étude était celui d'Ores-


Krobou et nous profitons de -cette’
occasion pour exprimer notre sincère grati­
tude à notre informateur principal Monsieur- KARIKE Brou, étudiant à l ’
E.IM.S.
d’
Abidjan pour son aide tant au niveau de nos enquêtes qu'au niveau humain.

X X

P H O N O L O . G I E
*

Corpus d'oppositions

a) Lexèmes nominaux

1 . pà terre 9. prô jeudi

2 . pe dette 10 . prë rouge


o ^ . bru
3* pe tune 1 1 dix

4. po fort 1 2 . bo chien

5. pô lundi dJ. bo brouillard

B. prê kola 14. bu caillou

7. pru joue I5 . t5â palissade

8 . p rî ne u f 15. fo étranger
KROBOU
- 48® -

•A
17. f5 bonne odeur 32. Ja mère

18. fê papi 1 Ion 33. jâ médicament

19. fè fatigue 34, jo affaire

20 . te chemin 35, kro pirogue


V
2 1 . do guerre 36, kâ plaie

2 2 . dê lance 37,. kïï grossesse

23. du estomac 38,. ko faim

24. sT épouse 39., ko brousse

25. su oreille 40,. kprt émoussé


<* kpr<5 peau
26. so cuisse 41*
■A
27. SO feu 42. gba canne
* 43. wè poisson
28. sa gambe

29. ce jour 44. wu la mort


tA .... 45,. hâ mygale
30. main
rV 46. là endroit
31. ja cent

b) Verbes

47. p6 tiens ! 58. v/U accouche 7

48. bru parle / 59. wu pleure !

49. f ru souffle ! 60. dà arrive î

50. fê vanne ï 61V tü (adv)


A
51. tu saute ! 62. tv * sur coup (a d v .)
• opo
' i il a tenu
52. tf entends ! 63.
> <■
53. i<5 achète ! . 64. opa il est venu

54. fë lance ! 65. ope . il a prêté

55. câ regarde ! 66 . of è il a lancé


\, v il a soufflé
56. kâ mords / 67. of ru

57. kü tue ! 68 . of e il a vendu


430

69. btb il a acheté 79, okâ il a dit


V

70. otâ il a percé 80 okpà il a ar rach

71. otù il a sauté 81, okprà il a écrasé

2 . odï il a mangé 82, okpro il a rasé


\
73. oclu il a tissé " 83, okpa il a crie

74. ode il a su 84. o v/rù il a porté;


\ %
75. oca il a regardé 85. ohrà il a marché
* %
76. ose il a choisi 86 . ogbà il a gratté
% %
77. osra il a lavé 87. ogb) il a planté
% %
78. osu il a allumé 88 . ge cev v . là

1 .- L E S V 0 Y E L L E S

1.1. - Positions vocaliques

Sur le plan phonétique le Krobou dispose d'un système de huit positions


vocaliques que l'on peut représenter sur un tableau articulatoire comme suit,

Ant. Post Degré d ’


aperture
--- — I

----- II

— --- III

---- - IV

----- V

Ces positions qui varient peu servent de base pour la réalisation des voyelles
orales et nasales. Ainsi, chaque voyelle orale a, sur le plan phonétique, son
équivalent nasal. Mais en fait, et comme nous' le verrons plus loin, au niveau
phonologique les voyelles orales se réduisent à sept avec l ’
élimination de
[o] et les nasales à Ginq avec l ’
élimination de [ë] [o] et [o].
- 431 -

Il faut noter que [o] se distingue en plus par le recul relatif de la


racine de la langue, ce phénomène caractérise également les voyelles [ e ] et
[o].

Sur la base des paramètres d'^perture, d ’


antérioté et de répartition
de la racine lingale l'on peut reconstituer le .classement phonétique des voyel­
les sous forme de matrice à traits distinctifs.

i e e a u o o 0

antérieure + + + - - - -

postérieure - ■- - • + + + +

fermée + - - _ + - +

ouverte - - - + ‘- - -

retractée - - + - - + +

Règles de redondance.

1) Si : [ + postérieure ]

alors : [ + arrondie ]

Cette règle rend compte du fait que les voyelles postérieures u, o, o et o


sont aussi arrondies. Elle, est réversible.

2) Si : [ + antérieure ]

l
alors [ - postérieure ]

3) Si [ + postérieure ]
i

alors [ - antérieure ]

Règles 2 et 3 rendent compte de 1 'incompatibilitéartic'olatoire des voyelles


antérieures et postérieures. Elles ne sont pas réversibles car les valeurs
- 43? -

négatives de ces deux traits n'impliquent pas nécessairement des valeurs posi­
tives pour le trait opposé, (voir les spécifications pour la voyelle [a]).

4) Si : [ + ouverte ]
i
W *
alors : j - antérieure >
j - postérieure j
i
- fermée i

Cette condition qui concerne la voyelle [a] exprime une particularité articu-
latoire de cette voyelle en ce sens qu'elle e s t l a seule à être centrale et/ou
ouverte. Sa position centrale se vérifie sur le fait,et ceci est confirmé par
les réactions de nos informateurs, que son articulation requiert une position
neutre, c'est à dire proche, de la position de repos de la langue.

1.2.- Les phonèmes vocaliques

Voyelles orales

/i/ : i / u (24 / 25) î / e (72 / 74)

/e/ : e / i (74 / 72) e / e ( 3 / 2 ) e/o (3 / 4)

/a/ : a / e ( 1 / 2 ) a / 0 (33 / 34)

/u/ : u / o (51 / 53) u / i (25 / 24)

/o/ : o / u (53 / 51) o / 0 (13 / 1 2 ) o/© ( 4 / 3)

/o/ : 0 / e (16 / 18) o / 0 (12 / 13) o/a (34 /33 )

/e/ e / e ( 2 / 3) e / 0 (18 / 16) e/a ( 2 / 1 )

Voyelle s .nasal es

/T/ : 7 / î (62 / 52) /ïj/ : u / u (61 / 51)

111 : ë / e (10 / 6 ) /o/ : 0 / 0 (27 / 26)

/â/ : â / a (83 / 80)


- 433 -

1.3.- Le cas de o

On trouve dans la langue de rares mots à structure CV ayant [o] comme


voyelle.

ex. : so servir (en opposition avec) su chanter

do maigrir (en opposition avec) du façonner

Par contre on la retrouve plus fréquemment devant /a/ et /e/ dans des mots à
structures CVV. Mais dans ces cas là elle est aussi en variation libre avec
[o] ou même [w].

ex. hzoâ -v hzoâ / nzwâ cendre

koè -*• koa / kwë trancher

toâ tôâ / twâ obtenir

doa déà / dwâ mouiller

goàbo ->• géàbo» / gv/âbo marché

La rareté des oppositions entre cette voyelle et d'autres voyelles ne


nous permet pas dé lui accorder un statut sûr de phonème. S'agit-il d ’
une
innovation ou d'un vestige d ’
une opposition complète entre voyelles retractées
et non rétractées qu'aurait connu la langue au cours de son évolution ?

1.4.- Harmonie vocalique

Autre indice probable d ’


une innovation ou d ’
un vestige de l ’
opposition
voyelles rétractées et voyelles non rétractées : la distribution des voyelles
à l’
intérieui de bon nombre des mots polysyllabiques j les voyelles rétractées
ont tendance à se regrouper à l ’
exclusion des non rétrectées et vice versa.

ex.
Non rétractées rétractées

tèfrè folie kpëmba agouti


V

okprï émousse kànobé araignée


P \
kudT difficile pâmé arbre
- 434 -

»■
t6h7 balance nan£ autre ..
f
6 frumundu âne àbràko cache-sexe

àbolu haricot péprânë mélanger

kùbe palmier ronier ièsé coton

Bien entrendu, il existe également des mots qui se composent de deux


types de voyelles., ce qui est tout à fait normal étant donné l'état réduit
du système vocalique.

Il faut noter toutefois que ce. type d'harmonie existe également dans
les différentes manifestations de la marque du défini qui est soit -e soit -e
selon que la dernière voyelle du ..radical auquel elle est suffixée est rétrac­
tée ou non rétractée.

f
ex. : në nz 6 -e tu fèdè -ê

bois/eau / la déterre / manioc / le


P v

si brTsf ê tjo pamë në

choisis / femme / la / descendre/ arbre / le

1-5,- Les voyelles nasales

Sur la base des oppositions attestées (cf. 1-2) seules sont considérées
comme voyelles nasales à statut phonologique : 7, ë, a, u, 5.
Cette réduction à cinq unités s'explique par les faits suivants :

1) Les réalisations ë, ô sont des variantes libres de leurs équivalents rétrac­


tés ë et o. Le choix de cette dernière paire comme les phonèmes représentatifs
de la série se justifie par leur plus grande fréquence.

a) Tout comme son équivalent oral ô est relativement rare et, en plus, elle
est en variation, libre avec u,

* /
ex. : trêkô •/ trêku peu de„;
- 435 -

2.~ L E S C 0 N S O N N E S

lab. alv. pal. vél. lab.-V. lab.-p.

Sourdes p t c k kp
OCCLUSIVES
Sonores b d i g gb

Sourdes f s J h
CONSTRICTIVES
Sonores v z 3 fî

NASALES m n p o qm

Latérale I
LIQUIDES
Vibrante r

SEMI-CONSONNES ET CONTINUES j w q

2.1.- Remarqués phonétiques

(a) mouvement d'air; la plupart des consonnes du Krobou sont réalisées


avec un mécanisme égressif de l ’
air pulmonaire. Cependant kp, gb et Qfn semblent
se réaliser avec un mécanisme ingressif de l'air buccal. Ce dernier mécanisme
qui a été également observé pour plusieurs langues africaines ayant ces con-
(1 )
sonnes / est déclenché par une baisse de la pression intra-orale due au glis­
sement du contact dorso-vélaire vers l'arrière cju palais mou. Nous avons pu ob­
server ce glissement de la langue indirectement chez notre informateur par la
baisse du maxillaire inférieur quelques instants avant la rupture de l ’
occlu­
sion.

(b) d ’
une manière générale les occlusives sourdes sont, inaspirées.

(1) Ladefoged P. (1964).


- 436 -

(c) La position articulatoire de [h] est buccale et non glottale car la fic­
tion qui l a c a r a c t u i eeest produite entièrement dans la bouche. Elle est fran­
chement vélaire quand elle se trouve en contexte neutre, c'est à dire, devant
la voyelle [a].

2.2.- Les phonèmes consonantiques

a) oppositions

/p/ : p/t ( 6 3 / 6 9 ) p / c (64/75) p/k (9/35) p/kp (8/40)

p/b (7/11) p / f (65/66)

/b/ b/d (14/23) b/gb (15/42) b/p (11/7) b/w (14/44)

b/f (48/49)

/t/ t/p (69/63) t/c (20/29) t/k (70/79) t/kp (70/83)

t/d (70/83) t/s (71/78)

/d/ d/b (23/14) d/ 3 (22/30) d/s (21/26)

/c/ c/p (75/64) c/t (29/20) c/k (55/56) c/kp (75/80)

/^/ i/d (30/22)

/k/ k/p (35/9) k/t (79/70) k/c (56/55) k/kp (35/40)

k/h (36/45)

/g/ g/f (88/50)

/kp/ kp/p (40/8) kp/t (83/70) kp/c (80/75) kp/k (41/35)

kp/gb (80/86)

/gb/ gb/b (42/15) gb/d (82/67) gb/kp (86/80)

/f/ f/s (68/76) f/p (66/65) f/b (49/48) f/w (67/84)


- 437 -

/s/ s/f (76/66) s/h (77/85) s/t (78/71)

/h/ h/s (85/77) h/k (45/38)

N i w/b (44/14) v//p (43/2) w/f (84/67)

/j/ j/d (30/22) j/b (33/15)

i\f l/d (46/60) l/p (46/1) l/s (46/28)

2«3,. - Remarques générales

(a) Nasalisation des occlusives sonores

Les consonnes nasales sont en.distribution complémentaire avec les oc­


clusives sonores qui leur correspondent. Leur distribution se ffit comme suit

(i) les consonnes nasales apparaissent devant voyelle nasale.

(ii) les occlusives sonores apparaissent; devant voyelles orales. Toute­


fois quelques .cas d'exception ont .-été relevés,ex : 30 gcmbo
r

da posez* un piège

ba toucans

D'autre part, [ q ] variante de /g/,: est aussi une variante libre de /h/ devant
voyelle nasale
........... . . . .p . . *■
ex. ; hr£ / rçrg ; nam

(b) Voisemënt des constrictiv&s sourdes.

Les ccRotrictives sonores sont, des-variantes des constrictives sourdes


avec lesquelles elles sont en distribution complémentaire. Excepté [fi], les
constrictives sonores apparaissent après une nasale syllabique à ton bas.

ex. : nzS eau mvà feuille


/ A
nzâ vin nso sept
j-
mvo souffle nsa trois
436

Le voisement de /h/ ce fait en contexte intervocolique,

(c) Palatalisation

Devant voyelle antérieure les constrictives alvéolaires, s et z se pa-


latisent en J et 3 respectivement. De marne /w/ devient [q] dans des contextes
analogues.

(d) Consonnes à faible occurrence

Les consonnes loi et [om l sont très limitées sur le plan distribution-
nel. Nous avons seulement relevé trois occurrences de Loni]. Par contre les
occurrences de /g/ semblent se limiter aux groupes consonantiques, à savoir
après consonne nasale ou devant, [w] (excepté gé ce.o.Zch)

2.4.- Phonèmes et variantes consonantiques

Phonème Variante Distribution

/p/ [p] Générale

/b/ [b] devant voyelle orale


[m] devant voyelle nasale

ni [t] générale

/d/ [d] devant voyelle orale

'" [n] devant voyelle nasale

+/c/ (1) [c] générale

+/*/ devant voyelle orale

[p] devant voyelle nasale

+/!</ tk] générale

(1 ) le signe + marque les phonèmes neutralisés


- 439 -

Phonème Variante Distribution


+/g/(faible occurrence) :1 g] devant voyelle orale
in] devant voyelle nasale

/kp/ I kP ] générale

/gb/ I gb] devant voyelle orale

[qm] devant voyelle nasale

/f/ If] partout _sauf :

' Cv] après nasale initiale


portant ton bas

/s/ I s] partout sauf :

[z] après nasale initiale por­


tant ton bas
Cf] devant voyelle an-térieure

.... C*] • devant voyelle antérieure


et après nasale initiale
portant ton bas

/h/ [h] • position initiale

. [fi] . position intervooalique

[n] variante libre de'vant t/o/,


nasale

/w/ .[w] partout sauf


Cm ] devant voyelle antérieure

/I/ . Il] position initiale et inter-


vocalique

l>] position post consonantique

/j/ [ j ] ,générale
- 440 -

7,5.- Archiphonèmes k - c 4 g-j

Bien que 1g statut phonologique de ces quatre consonnes soit attesté


dans la plupart des cas, il faut néanmoins remarquer que dans certains con­
textes les oppositions k-c d'une part, et g-j- de l'autre se trouvent neutrali­
sées .

Ainsi /c/ apparaît devant i à . 3 1 exclusion de /k/ ; de même /g/, con­


sonne à très faible occurrence, n'apparaît pas devant les voyelles antérieu­
res alors q u ’
on trouve- 3 'dans cette position,, Aussi-, -fait-insolite, aucune de
ces quatre consonnes n'apparaît devant j, consonne en distribution complémen­
taire avec [ î], à 1'encontre de la majorité des consonnes. On pourrait donc sup­
poser que certaines réalisations des palatales c et j soient dérivées de k + j
et de g * j respectivement.

î
lab. alvéol. pal. vélaire lab.-vél»

Sourdes p t c k kp
OCCLUSIVES .
Sonores b d :j- g gb

Constiict. f s h
CONTINUES
Constrict.
i j w
"larges"

Les-phonèmes consonantiques

3.- STRUCTURE SYLLABIQUE

3.1.0.-- Structures canoniques

Le Krobou est une langue à syllabe ouverte. Les schèmès de syllabe que
l’
on retrouve le plus fréquemment dans la langue sont : V, CV, CCV.

3.1.1.- Schème V

Le schème V se manifeste de trois façons :


441 -

(a) librement su niveau des pronoms de la 3è personne :

ex ; ô 3è personne du singulier

à 3è personne du pluriel

(b) comme voyelle initiale de.lexèmes nominaux :


'\
ex : àkpou banco

owe poitrine d'homme


\ »■
ëmrë tambour

(c) comme voyelle finale des lexèmes à structure CVV

ex : foê filet

htTo palmier à huile

tuu fusil

3.1,2.- Structure CCV

D’
une occurrence fort élevée le schème CCV se manifeste de 3 manières :

(a) CjV
(b) CwV
(c) CrV

Bien qu'il s'agisse de monosyllabes l ’


on peut les rapprocher, du moins
théoriquement, des dissyllabes.

On constate par exemple que lgs semi-consonnes j et w de (a) et (b)


sont en distribution complémentaire avec les voyelles [i] et [o] respecti-
(1 )
vement et que la structure CrV est parfois réalisée comme CVrV chez cer­
tains locuteurs (surtout les personnes âgées) ; il s ’
agit probablement d'une
forme plus ancienne. Vu sous cet angle, les formes réduites (a) (b) et (c)
s’
expliqueront par un processus de simplification syllabique.

Exemples :

Ci
—a—V bjê
t corde CwV qwâ-bo
--- *• marché
mjë avaler (autres ex. en 1-3)
tjo descendre

(1) même observation chez Atin, K. (1973).


“ 44 2 -

3.1.3.- CrV

On remarque la productivité particulièrement élevée de cette structure


dans les mots.

ex : pru joue krë mensonge

s rê Iccoer kprf époux

tro prendre gbro buffle

bre siège wré mortier

hrâ marcher

3.1.4.- Structure N

Sont susceptibles de constituer une syllabe des consonnes nasales pré-


consonantiques s leur syllabicité est marquée par la présence d'un ton. Il est
à remarquer que ce type de consonne est en variation libre avec la voyelle ë

ex : mvo os

rçkra sang

nto bagarre

u o o i e a u o r j w n -

p
t
c
K
Kp
b
d
i
9
gb
m
n
- 443 -

i e e a u o o î ë â u o r j w N -

P + ♦ + + +

0
+

om + +
f + + + ♦ + + + + + +
s + + + ■
*• + + + + + + + + +

£ ■¥ + + +
v ■f + ♦ + + + +
z + + +

3 + +
h + + + +
w + + + ♦ -f ♦ +

M
1 + + + ♦

j + + + +

Tableau de la c o m b in a to ire CV, Ce e t NC

3 . 2 . - R e s tr ic tio n s s y lla b iq u e s

Ne peuvent fo n c tio n n e r à l ’ i n i t i a l e le s c o n s t r ic tiv e s sonores v z 3 ni


l a v ib r a n te r . Les c o n s t r ic t iv e s sonores, nous l'a v o n s d é jà vu, sont des va­
r ia n t e s des c o n s t r ic tiv e s sourdes q u i n 'a p p a ra is s e n t q u 'a p rè s des nasales
s y lla b iq u e s p o rta n t un to n b a s . De même r , v a r ia n te de V I / n 'a p p a r a it que comme
le deuxième élém ent de la s tr u c tu r e CcV.

3 . 3 . - S tru c tu re s s y lla b iq u e s des mots sim ples

3 . 3 . 0 . - Le mot s im p le en Krobou comporte au minimum une s y lla b e e t au


maximum q u a tre s y lla b e s 1 le s s y lla b e s de base sont le s mêmes que c e lle s é tu ­
d ié e s p lu s h a u t.

3 . 3 . 1 . - Mots m onosyllabiques ; l a m a jo r ité des mots de ce groupe sont


du type CV e t comprennent e s s e n tie lle m e n t des lexèmes nominaux ou verbaux :
- 444 -

rv CcV

bu caillou. (V o ir ex.

acheter

df manger

sT épouse

3 . 3 . 2 . - Mots d ls y lla b iq u e s

S tr u c tu r e p a r tic u liè r e m e n t complexe, e l l e comporte des combinaisons

de V, CV, CCV, N.
t

VCV : il s 'a g i t e s s e n tie lle m e n t des lexèmes nominaux ou des conjonc-

tio n s

ex. : àfd bosse


hjê héritage
\
ëna avec

*\
CW î p35 Dieu

CVCV : tàkèi pénis CrVCV

tofo chaud tr à lé vêtement


< mL.

manioc se coucher

+->

fèdfc

bàkpà saison des pluies b ris f ferme


>
krénë dos

CrW : CrVCrV (mots redoublés)

kréé tout p rfp rf coussin de tête

gbriSà fer hr^hré rugueux

drSdro crapaud
- 445 -

CVCrV NCV / NCrV (lexèmes nominaux)

kpàtrà blano h tl balai


wâbrê saison sèche ridé champignon
t^fra panaris okrô ongle
tè fr ë folie mprè herbe

3*3.3.- Mots t r i s y ll a b iq u e s

Les s tr u c tu r e s le s p lu s fré q u e n te s sont î

CVCVCV VCVCV (lexèm es nominaux)


f
pètêmpo caoutchouc aîSgfc crocodile
*
kàn5 b£ araignée , àkpébà foumi-eadavre
*
JofêkO être malade àbèltf haricot
*
è kpànS chauve-souris

m ais i l e x is te a u s s i des wots à s tr u c tu r e VCrVCV

»>
ex. : àbràko"cache-sexe masculin
ic r ifla pangolin

Mots té tra sylla b iq u es

Relativement peu nombreux* la plupart d 'e n tre eux sont des mots redou­
blés à caractère onomatopéique j
f D t *
ex. : wStEwSt?, moustique
lâkïïlâfciï rond
hzéfrzé liquide
débudébù canard
- 446 -

exceptions : àfrumundu âne

àfffjélo aiguille

' 4. - L È S T O N S

4.1." Tons de base

Il existe en Krobou trois tons ponctuels, Haut, Moyen, Bas et quatre


tons modulés Haut-Bas, Bas-Haut, Moyen-Bas, Bas-Moyen.

' Ex- ! — • ■
ponctuels :
j CV (C)jV CrV ;....
Haut : b& caillou dj<5 pagne kpr 6 peau

Moyen : pô lundi b je corde brT femme

Bas : pè dette jè repas brà éponge

Ddulés : CV CjV CrV

Haut-Bas : ' jt main tj5 descends prê kola


V

Bas-Haut : J« cent b jë graine pro , souris


Moyen-Bas : dê' lance ■( prî neuf
Bas- Moyen : ta arc - -

Comme dans la plupart des langues à ton, les tons en Krobou ont un dou­
ble rôle : rôle îlexical qui consiste à distinguer entre.les mots-et un rôle
grammatical grâce auquel certaines modalités verbales së discernent. Ce der­
nier rôle sera examiné en détail dans le chapitre 5' de notre esquisse gramma­
ticale.

Le statut phonologique de ces tons es" it* esté par les oppositions lexi­
cales suivantes : (les items mis entre parenthèses sont des verbes à l ’
impé­
ratif) :
447 -

Haut Bas Moyen H-G B-H M-B B-n ;


i
r -----
I - po po i
i t
.i
tort lundi i
...... ... 1
iê fè fê fl
papillon fatigue vanner lancer

•A
ja jS ...

mère cent

gba gt>3...
gratter gale

dé de
appeler tcmce

V-
ta ta
balai arc

4 . 2 Neutralisation tonale j

Les oppositions à trois termes (ou plus) entre des paires minimales d rune
(1 )
même classe grammaticale sont fort rares. Hormis quelques cas insolites
n o u s ,n'avons pas relevé d ’
oppositions de ce genre entre ton Haut et ton Moyen.
Par contre le ton Moyen s'oppose très souvent au ton;Bas. On pourrait donc
supposer que l'opposition ton Haut ton Moyen se trouve neutralisée et que de
cé fait; il n'existe que deux oppositions dé base (ou érchitonèmes) entre ton
Bas et ton Non-Bas.

De même, nous constatons que pour des modulés il se produit un phénomè­


ne de neutralisation. En effet, il n ’
y a pratiquement pas d ‘
opposition lexica­
le entre les deux Montants B-H, ’
M -H ni éntre lies deux Descendants H-B, M-B.

(1 ) exemple : sf moitié / sT époux„


44 6 -

On pourrait donc retenir deux types de modulés de base :


MONTANT et DESCENDANT.

Une autre hypothèse relative aux tons modulés consisterait à les ana­
lyser comme une simple succession des tons ponctuels. Mais ceci ne simpli­
fierait pas pour autant-les’faits car bien que les tons modulés des lexèmes
à structure CcV puissent être déduits des tons ponctuels des structures sous-
jacentes CVCV, une telle démarche ne serait pas valable pour les modulés des
lexèmes à structure CV dans la mesure ou il n'est pas du tout évident que ces
derniers soient aussi dérivés de structures disyllabiques.

4.3.- Failles tonales

Ton Non-Bas

Dans l'ensemble il nous a semblé que les registres Haut et Moyen chan­
gent peu dans l a •chaine-parlée ; d ’
où une relative facilité pour l'identifi­
cation de ces tons. De plus des failles tonales intentionnellement glissées
•par nous dans des énoncés ayant des tons Hauts ont été aussitôt corrigées par
nos informateurs, Sur le plan synchronique il n ’
est donc pas possiblô, en
l'état actuel de nos recherches, de parler de "downstep”mais ceci n'est q u ’
une
première impression qui pourrait être l'objet d ’
une étude plus approfondie.

Ton Bas

Par contre nous avons remarqué que le ton Bas subit certains change­
ments de registre dûs essentiellement à des facteurs contextuels. Ainsi,

(a) un ton Bas à l'initiale d ’


énoncé et suivi d'un ton Haut est sensiblement
plus haut que tous les autres tons Bas du même énoncé.

(b) inversement, un ton fias en fin d ’


énoncé est réalisé plus bas que tous les
autres tons Bas de l ’
énoncé chez certains locuteurs et ce fut le cas de
notre informateur principal; cette chute de registre se réalise comme un
ton Bas descendant.
- 44 S

E S Q U I S S E G R A M M A T I C A L E

1 .- ORDRE DES CONSTITUANTS DE LA PHRASE

L'ordre canonique des constituants principaux de la phrase Krobou est


le suivant :

Sujet Verbe (Complément)

A
ex. (la) ô pa
/il-HAB/ venir /
II vient

(lb) o dï
/il-HAB/ manger /
Il mange

Toute expansion objectale suit immédiatement le verbe

ex. (2 a) ô dl wè
/il-HAB/ manger / poisson/
Il mange du poisson

(2 b) o ne hza
/il-HAB/ boire / vin /
Il boit du vin

L’
ordre pour deux expansions objectales est le suivant
- 450

S V C (ANI) C (INA)
t
(3 a) o wàjè m? hz<5
il-Acc / apporter / moi /eau/
Il m !a apporté de l *eau

(3 b) bru jè àmu si kâ
Brou / donner-Acc / Amou / argent
Brou a donné de l fargent à Amou

Les circonstants de lieu et de temps suivent l'objet :

ex. :
» A
(4a) o pà Ja kunë
il-Acc / être / maison / dans /
Il est dans la maison

* s *
(4b) Je pè panne jàne
maison / être / arbre / è côté /
La maison est à côté de l ’
arbre

\ tr
(4c) ëmpo ê pà hzo-bjë é krênë
campement/ DEF / être / eau-lit / DEF /derrière /
Le campement est derrière la rivière

On remarquera dans les exemples ci-dessus que le circonstant de lieu


est marqué par une postposition. Cependant les toponymes en fonction de cir­
constant ne prennent pas de postposition.. ....

ex. :
*
(5a) o 30 ^ibY^a
il-Acc / aller / Abidjan /
Iï est allé à Abidjan

(5b) 6 sje sokr6 bu


lui / femme / venir-Acc/ Krobou /
Sa femme vient de Krobou
A 1'encontre de celle du circonstant de lieu, la place du circonstant
de temps peut se trouver soit en début d'énoncé soit en fin d*énoncé.

ex. :

(6 a) nâsë o krôbu
hier /il-Acc/aller/krobu/
tiiers il est allé à Krobou

\ t
( 6b) o 30 krôbu nâsë
il-Acc/ aller / Krobou/ hier /
Il est allé à Krobou hier

( 6c) ma jT <5 cêcè kroclkpé


je / voir-INACC / lui / jour/ tout /
Je le vois tous les jours

La topiçalisation des noms en Krobou se fait par latransposition en


tête d"énoncé du nom topicalisé et sa substitution, à sa place normale, par
le pronom qui lui correspond.

ex. :

(7a) f j) bru goàbo (non topicalisé)


je-Acc/ voir / Brou / marché
J’
ai vu Brou au marché

( 7b) bru f j 'ï 6 goàbo


Brou / je-ACC / voir / lui / marché /

En ce qui concerne la focalisation, le nom est transposé en tête d ’


énoncé
mais en plus il est marqué par la particule na

ex. :

(Ba) o di wè è(non focalisé)


/il-Acc/manger/poisson/DEF/.
il a mangé le poisson
- 452 -

C0 b 3 wè è na o di
poisson/DEF/que/il-Acc/manger/
C’
est le poisson qu'il a mangé

Un constituant verbal peut également être focalisé de la même manière :

ex. :

(9a)amu bru (non focalisé)


Amou / parler-Acc/

f »
(9b) bru naàmu bru
parler/que/Amou/parler/
C'est parler q u fAmou a fait

2 *~ LE SYNTAGME NOMINAL

2.1.- Le constituant nominal

Sous sa forme la plus simple le constituant nominal peut être repré­


senté par un de ces éléments:

a) lexème simple

(2 a) ô d'i wè
il-HAB / manger/ poisson /
il ma-i'ige du poisson

(1 0 ) o to se
il-Acc / acheter/chèvre/
il a acheté une chèvre

b) lexème dérivé ou composé

ex. fèdè - àcèké


manioc ettiéké = attiêkê
- 453 -

nzé-bjë
eau lit = rivière

>
jàng-njo
corps chair * la chair

(1 1 ) o dï hcèkê
il-acc/manger/ attiéké /
Il a mangé de l*attiéké

(4c) impo ê pà hzo-bjè


campement/DEF/être/eau-lit/DEF/
Le campement est derrière la rivière.

EXPANSIONS NOMINALES

Peuvent être associés au constituant nominal simple du Krobou un cer-


(1 )
tain nombre des constituants dits de "détermination’
.' dont le rôle sert à res-
treindre le champ sémantique du nominal, L e .schème syntaxique le plus déve­
loppé du syntagme nominal dans la langue est le suivant :

(Complétant) NOM (qualifiant) (quantificateur) (déterminant)

2.2.1.- Le syntagme complétif

Comme il ressort du schème cizdessus, l ’


ordre des constituants du syn­
tagme complétif est bien particulier en.ce sens que par rapport aux autres
syntagmes de détermination ici ]e déterminant (ou complétant) précède le déter­
miné :
ex
Complétant Complété

se
chèvre queue

ko ko
poulet

(1 ) au sens large du terme


- 454 -

Vu leur comportement analogue sur le plan syntaxique l ’


on peut consi­
dérer les prcnoms dits "possessifs" comme appartenant à la catégorie des
complétants :

ex : 6 bT
de lui/enfant/ son enfant

*
me hu
de moi/ tête / ma tête

Rem. : Les noms en fonction de déterminant peuvent aussi être déterminés à


leur tour,

2.2.2.- Les déterminants

Son regroupés dans la classe des déterminants les démonstratifs et les


marques du générique et du spécifique. Les déterminants grammaticaux suivent
toujours le nom ou le syntagme qu'ils déterminent.

Les démonstratifs se distinguent par une opposition spatiale de proxi­


mité ou d 'éloignement.■

ex., : pâme jTè


arbre / ci / cet arbre-ci

\
pâme g£
arbre / là / cet arbre-là

Il existe une opposition générique /spécifique au niveau des détermi­


nants. Le générique est représenté par une seule forme, morphème zéro alors
que le spécifique distingue entre le morphème, I marque du défini, et le mor-
*
phème gbùko, marque de l'indéfini

■ex, : (12a) nto sè . (GENERIQUE)


je-Acc/acheter/chèvre/
J rai acheté une chèvre (quelconque)
- 455 -

(12b) nto sè gbuko (SPECIFIQUE-INOEF)


je-Acc/achetar/chèvre/certaine/
J *ai o.chetê une certaine chèvre .

(1 2 c) nto se c (SPECIFIQUE-DEF)
je-Acc/acheter/chêvre/DEF/

Dans un sens, l'on peut considérer les démonstratifs comme faisant


partie de la classe du spécifique.

2.2.3.- Le syntagme qualificatif

Sont considérés comme qualifiants les adjectifs et les participes * l'or­


dre des constituants et le suivant :

( 1)
QUalifié Qualifiant

ex. ko ko br£
poulet / noir / un poulet noir

se ndéroëbï
chèvre / petit / une petite chèvre

s’
il y a un déterminant celui-ci suit toujours le qualifiant :

ex. ko ko brl gè
poulet / noir / là / Ce petit poulet noir

2.2.4.- Le syntagme quantificatif

Les quantificateurs et les numéraux suivent le nom q u ’


ils déterminent
mais ces deux types de quantificateur s'excluent mutuellement.

ex. (14a) Æ to sè cfcfiê’


je-Acc/acheter/chèvre/beaucoup/ .
j fai acheté beaucoup de chèvres

f1) il peut y avoir u n e xconcaténation des qualifiés,


ex. : k^ko br<$ hd<5mSbf Un petit poulet noir.
- 456 -

(14b) n to sè £p5
je-Acc/achster/chèvre/deux/
J !ai acheté deux chèvres

2.2.5.- Le syntagme co-ordinatif

La conjonction de deux ou de plusieurs nominaux se fait par l ‘


inter~
médiaire du morphème relateur na

ex, : bru nâ kàr^ke fèdè


Brou/et/Karike/manger-INACC/manioc/
Brou et Kariké mangent du manioc

3■
~ AFFIXËS NOMINAUX ET MARQUES DU PLURIEL

3.1,- AFFIXES

En général le profil morphologique des nominaux est très pauvre en affi-


xes. Par exemple, il n ’
existe pratiquement pas de préfixe nominal. Les voyelles
et les nasales syllabiques de certains nominaux n'ont, à nos yeux, aucune f onc­
tion morphologique. Peut-être s'agit-il là des vestiges des préfixes.

3.2,- FORMATION DU PLURIEL

Le pluriel est marqué par le morphème du pluriel na qui s ’


adjoint à la
base nominale.

ex. :
sg. pi.
V

br'sf na ferme
V

kc$oso nâ genou
V

okpo nâ marguouillat

Ce morphème fait suite à une éventuelle expansion nominale.


457 ~

ex. : P^me na
arbre / pl. /

r v

pâmg gb£gb£ gé na
arbre/ grand / lô / pl. /

Dans le cas d ’
une expansion numérale la marque du pluriel peut précéder ou
suivre le numéral.
"\ V >

ex ; mja gboogbo na ppo


homme / petit / p i . / deux /
^ »■ f > * v
mja gboogbo ppo nâ
homme / petit / deux / pl. /
deux petits hommes

Pour les qualifiants la formation du pluriel se fait essentiellement par un


redoublement du lexème simple.

ex. : sg. pl.

brê brebre noir


ft f n>
foe fofoe blanc

gb è gbégbê grarud

Nous avons relevé un seul cas d'alternance irrégulière : il s'agit de l ’


adjec-
\

tif ndômëbf qui change en gboogbo au pluriel.

4.- LES PRONOMS PERSONNELS

Forme libre "possessif" sujet objet


r

1 ùre p. sp; . me m? me / n me
i
i
2 è p. sg. bo bo bo bô

3è p. sg. 6 <5 o ô
f

1 ère p. pl. ni nf. në r,t

2 è p. pl. bë bë be be

a ê
t
3ô p, pl. i a
- 456

4.1. FORMES DE BASE ET VARIANTES

Les formes de base des pronoms personnels sont celles qui fonctionnent
librement dans la langue. Il est à noter dans ce cas que les deux premières
personnes portent dès tons Moyens et que la troisième, personne perte un ton
Haut. Les pronoms dits "possessifs” ou associatifs sont phonologiquement iden­
tiques aux pronoms libres ; la sèu.le différence est d'ordre syntaxique car,
précédant toujours des noms, ils fonctionnent comme les déterminants de ces
derniers.

Comme objet du verbe les tons des deux premières personnes, tout comme
ceux de la troisième, sont hauts et nous n ’
avons pas observé de variations
à ce niveau.

Cependant en fonction de sujet les pronoms semblent subir plus de varia­


tions phonologiques dont voici ci-dessus les principales caractéristiques.

4.2.- TON

Comme sujet les pronoms personnels n'ont pas de ton propre. Ce dernier,
d’
une manière générale dépend du type de conjugaison dans lequel se trouve
le pronom.

4.3.- ATTRACTION PRONOM - MODALITE VERBALE

4.3,1- Le pronom personnel a tendance à s ’


amalgamer avec les marques aspecto-
modales q u ’
il précède.

Ainsi, dans la forme de l'accompli la première personne du singulier


devient une nasale homorganique devant consonne.

>
ex. : n tô m bru Ô wa
je-Acc/acheter/ je-Aec/parler/ .. je-Acc/venir
- 459 -

4.3.2.- A 1 inaccompli et au •futur les pronoms s ’


‘ amalgament avec
verbale a

ex. ; me + a ma n£ + a -*• nîa


bo + a ba be + a -► bia
o + a wa a + a ai

5. - SYSTEME DE CONJUGAISON

Inaccompli

dl manger s îsl balayer aller

sg.
1 ère ma d! ma sfsl ma' d<$

2 è bë dl bë s îsl bë
t \
3è wë dl wë SI SI wë
* >p
/ v
pi. 1 ère nîa dl nîc! Sf SI nîa
P V
2 è blë dl bia SISI bia
p \
3è ë dï ë SISI ë ià

Accompli

sg.
V \ * •i
1 ère ii dl fi SISI Q

bo dl
\ v
2 è bo SISI bô 30

S v
3è o di o SISI o io

pl.
<
V v
1 ère n? dl ne SISI ng jo

2 è bè dl bè si si l* 3•0*
be

a' d *i
s \ .\
3è j
a si si a 30
- 460 -

Futur

sg A P A ¥ A P
1 ère ma ma dl ma ma sfs'i ma ma j6
1A i/ V ,A ,/ .t
28 bâ b<5 dï ba bo sisi ba bo 30

A \ ,V A / t S
3e wa o d » wa o s is i wa <$ ■$&
\ ; f * A .>
pl. 1 ère nfa ne dl nia ne sfsï nîa në

2 è bia be d i bfa bé sfsl bîè bl j6


A > iS A \ * \
3e a a di a a sisi a ê

Impératif

* V .p
dï SISI û°
f
di wè s fs'î dukunê
mange/poisson/ balaie/cour/ vas /

Injonctif

* * >
1 e ma dï ma sfsï mo j6

2 è

3è o dï Oi S *1 s *1 6 36
p >
1 è ne dï në sfsï në jé

2 è bê dï bê sfsï bê 36

3e a dï ê sfsï a

5.1.1.- Inaccompli

Comme nous l ’
avons déjà observé l'inaccompli se réalise par un amalgame
du prcnom personnel et du morphème aspecto-modal a. Pour ,1a première personne
du singulier les tons sousjacents sont. Haut et Bas, Pour les autres personnes
cet ordre est inversé en Bas Haut. Le(s) ton(s) du radical v e r b a l e s changent
pas.
- 461 *

5.1.2.- Accompli

Cette conjugaison no requiert pas de morphème âspecto-modal proprement


dit et seuls les tons restent iss indices marqueurs. Ainsi, sauf à la première
personne du singulier tous les pronoms et les radicaux verbaux portent des tons
bas. Le prénom de la première personne du singulier porte, lui. un ton haut*

5.1.3,- Futur

Parmi les conjugaisons que noua avons pu analyser» celle du futur est
da loln la plus complexe, E lle se forme essentiellement de <d*ix'.façons,

te) sous une forme plus développée le futur se caractérise par iSamalgmi
du pronom et du préfixe verbal d'une part et une reprise du pronom siwple
de l*autre. Pour la première personne du singulier c ’
est toute la f w m m
m m l g m é e qui est reprise, jEn voici lo schème t

Pron + Morphème a pron. (♦ morph.) Verbe


ton Haut Bas Haut (Éës)

Cibjt La reprise du pronom est, dans certains cas facultatif.

Limité â la deuxième personne du singulier, 1*impératif est en di$tri~


foution complémentaire avec l'injonctif qui, lui» se limite aux autres pmtzmr-
m & * Cette eôfijugalôon qui n ‘
â pas de ton propre dépend du ton inhérent du
verfee et ce en la présence d'un complément. Sans compliment le ton Bas m
tendance è se transformer en ton modulé Bas^Haut*

ex. t-: . pi btÙ sîkl.; pl prêté ?


prÉte/Brou/ârgent/
Prêté; de l 1argent <5 Brou /

fl fe vends $
vends / poulet /
V&nâ& un f&ylêp /
- 462 -

to ko ko tô achète f
achète/poulet/
achète un poulet !

dl koko dï mange î
mange / poulet /
Mange du poulet !

A 1'encontre de l ’
impératif l'injonctif est introduit par le pronom personnel,

5.2.1.- La négation

¥
La négation est marquée par le morphème hë avec des variations tonales
au niveau du radical verbal à l ’
accompli. D'une manière générale le morphème
de négation se place en fin d'énoncé.
Dans des énoncés émis avec un débit relativement rapide la v.oyelle du
morphème prend le timbre de la voyelle précédente.

\ >
ex. t o jf so ho
il/voir--Acc/feu/ NEG /
Il n }a pas vu le feu

*
° jf rtêbf h7
il/voir-Acc/doigt/NEG/
P

o tru biÜ hu
i1/prendre/caillou/NEG/

5.2.3.- A l ’
impératif la négation est en plus marquée par l'introduction de
la particule ka

ex. . por£ nz 6
nager / eau / nage
P

kà por£ hz 6 ne
Ua nage pas
- 463 -

ABREVIATIONS

ACC : Accompli
ANI : Animé
OEF : Défini
FUT ; Futur
HAB : Habituel
INACC : Inaccompli
NEC- : Négation

BIBLIOGRAPHIE

ATIN, K. : Un aperçu phonologique de la langue Krobou, communication au sémi­


naire du cercle linguistique d'Accra, (1973) 12 p.

DUMESTRE, G. ; Atlas linguistique de C5te d'Ivoire, I.L.A., (1971) pp. 57-62..

LAOEFOGED, P.- A Phonetic Study of West African Languages. Cambridge Univ. Press,
(1964).
I E M'B A T T 0 (NGULA)

A.-GRASSIAS et R. BOLE-RICHARD

Q.- INTRODUCTION (A. GRASSIAS)

(1)
O.1.- Le pays Mbatto, situé à une trentaine de Kilomètres à l'est
d'Abidjan, est presque tout entier compris dans un triangle formé par la rou-
( 2)
te Aiépé-Abidjan au Nord, la Comoé à l'Est , et la lagune Potou à l'Ouest.
Trois villages se trouvent à l'extérieur de ces limites : un sur la rive
gauche de la lagune Adjin, un sur la rive gauche de la langue Potou; et un sur
la rive droite de la Comoé. Les Mbatto sont entourés au Nord et au Nord-Ouest
par les Attiê, à l'Ouest par les Ebrié, au Sud par les Abouré, et à l ’
Est
par les Agni.

Q.2.- O'après le "Répertoire des localités de la Côte-d'Ivoire”


(3)
(1953) , la population Mbatto s'éleve à 8.000 habitants. -Les Mbatto se nom­
ment eux-même "gwa" [ç/baa]). Ils désignent leur langue, sous le terme de
"ngula” (Co^V/la]) et appellent leur territoire le "gula" ([Afwla]).

(1) A vol d'oiseau.


(2) Il s ’
agit d ’
une délimitation grossière qui ne tient compte que des lieux
de résidence permanents des ftoatto : leurs plantations en réalité (et
leur campements) débordent largement au delà de la Comoé, et vont s ’im­
briquer au Nord avec celles des Attié.
(3) Cité dans, la communication de FricR et Bolfi àu 8 ème congrès de la
S.L.A.O. (1969).
- 466 -
La dénomination la plus appropriée du Mbatto est donc cLe "Ngula", et celle
des habitants, les !'Gwa”. Ce sont ces termes que nous utiliserons désormais.

0.3,- Le iMgula comporte deux dialectes parlés respectivement dans 6 et


5 villages, soit 11 villages au total, dont voici la liste Cia transcrip­
tion phonétique des toponymes figure à côté de l'appellation administrative)

(1) (2 )
Dialecte de Domolon Dialecte de Oabré
(2 ) (2 )
f A |
ogiuia po
v
oçJUila p5
1 - Domolon 1 - Dabré
p- i~o
cornl
1lable
'U I ge-te
' 4. ^^

2 - Monea '
omocfa
(4) 2 - Akouré àkurë

3 - Ingrakon -'i-
-o ra du-me i (5) 3 - Oguédôume Âogei du-me
^ s C6)

4 - Andou mbato odoÊ>a<fo var. ôcfoado 4 ~ Mbato Bouaké ogbato àboàke


t
L \ ’ \ - (7)
5 - Ngokro ôçfokrô var okokrô 5 - Akoyaté okqjâte

4
6 - Motob ' ôrni o 6 é

Si l ’
on se reporte à la carte, on constate que les deux aires dialec­
tales sont en contact au niveau de Domolon et de Dabré, villages à peine
.distants de deux kilomètres, et s ’
étendent ensuite dans deux directions op­
posées., l ’
une vers la Comoé, l ’
autre vers la lagune Potou. Le N g u l a dont
nous présentons ci-dessous 1s système phonologique est celui de Domolon,

0,4.- Les gwa s'adonnent essentiellement à la culture du cacao, des


palmistes et, dans une moindre mesure, du café. Selon le récit que nous a
fait le chef du village d ’
Andoumbato,. les gwa auraient émigré du Ghana vers
la fin du XVIIIè.siècle. Après avoir séjourné quelque temps à Abengourou, ils

(1 ) - Nous avons donné à chèque dialecte le nom du village^ qui peut en être
considéré comme la "capitale", du fait que les fêtés de génération pro­
pres à chaque aire dialectale s ’
y déroulent.
(2) - C ’est à dire ; la concession du gula, autrement dit : "la capitale”.
(3) - En bas du champ de L a b l è .
(4) - Anciennement odomoga, l * ê t e m i t é
(5) - Anciennement : <$lâwu dur-me* la rive d'Olawou
(6 ) -C’est-à-dire ; le point de passage sur la rive par où l'on se rend aux
champs (champ-rive); Ce point est doté d ’installations permettant d'at­
tacher les pirogues.
(7) - Signifie en agni : le village de l'huile.
MBATTO
4ÜS -

auraient poursuivi leur marche en diagonale jusqu'à Bereby où ils seraient


restés près d'un siècle (?). De là une partie d'entre eux aurait migré, en
passant par les pays Adioukrou et Ebrié, vers leur lieu de séjour actuel où
ils auraient abandonné leur langue primitive pour adopter celle du rameau
Ebrié qui occupait cette région, et dont les descendants, regroupés en deux
grandes famille, constitue encore à l'heure actuelle une part importante de
la population. Cet abandon de leur langue aurait été motivé par la nécessité
de se faire oublier après les massacres dont ils se seraient rendus coupa­
bles en chemin.

Les gwa se reconnaissent des liens de parenté avec les Abidji, qu'ils
considèrent comme leurs frères, et qu'ils invitent à leurs fêtes de généra­
tion. Dans les récits*historiques, ils ne se nomment plus eux-mêmes les
"gwa" mais les "gomon", ([gôm5 ]), terme qui désigne les membres d ’
une entité
ethnique c o m m u n ft.j<Abidji et aux Mbato, et que l'on retrouve dans l'appella­
tion du village Abidji de Gomon, où se déroulent chaque année de très impor­
tantes fêtes traditorïnelles. Il n'est donc pas impossible que les Gwa soient
en réalité d'anciens Abidji.

I.- P HOMEHATIQUE
(A. GRASSIAS)

1.1.- LES PHONEMES CONSONANTIQUES

1.1.1.- Corpus

Les rapprochements permettant d ’


établir l ’
existence phonologique des
24 phonèmes consonantiques du Ngula ont été opérés à partir du corpus de 113
(1 )
Constituants Verbaux , Constituants non Verbaux et syntagmes Verbaux mini-
( 2)
maux donne ci-dessous . Ce corpus ne comprend que des monosyllabes et des
dissyllabes à syllabe initiale de structure V-, suffisamment nombreux pour
permettre de rassembler toutes les paires minimales nécessaires.

1 .- ope bourbier 4.- rîpo peau

2.- pl rire 5.- opjâ calebasse


3.- po offrir 6 .- bô large

(1) Le ton porté par les verbaux dans le corpus est celui qui apparaît à l'im­
pératif et au passé.
(2) La graphie du corpus est phonologique, sauf pour les tons mélodiques dont
le statut fonctionnel n ’
est pas encore définitivement établi.
470 -

7.- bu être tordu 35.- do parler

8 .- ,.nbü je suis tordu 36.- ocfo la voix

9.•- • bjà comme l réclair 37.- OCG sorte de jeux

10 .- ob j à marée 38.- caA chétif

1 1 .-. Bâ toucher , 39.- aco flèche

1 2 .- n6^ foutou ' ■ 40 »- cïï frotter

13.- nBo neuf 41.- cïï-o frotte-le

14.- nBo j Tai gémi 42*- oie ■Pqtr, Masc.

15.-" n6ô j ,ai couvé 43.- nje ■


" oreille

16.- Eu coudre 44.- nfê sel


f .5
17.- cite r. colline 45.-. :oj-e obéissance

■18.- nte êpïne : 46.- o/j-.ra héritage


f [>*s
19.- ota guerre 47.- ofe jour

20 .- to tisser 48.- m j'ai trié

21 .- t u~é fais-le 49.- petit silure

2 2 .- ntu langage 50.- à|o nasse de chasse

23.- 6dè palmiste ..... 51 .■* ofo poisson

24.- ndè boisson 52.-


f . m
oko sa a fait mal

25.- ode ça a sonné 53.- kâ lem*ouleï>-... .


*

26.- ndë j’
ai planté 54.- ko ressembler

27.- do montre 55.-


1
KO chanter
9
28.- rîdu eau 56.- oko sorte de calebasse

29.- d j à piquer 57.“ ku mourir


r »
30.- ocfe le feu -58.“ oge !ijeudi'*
\
31 .- j 1ai chassé 59. - go piocher
\

32.- oda la prière 60.- go couper

33.- do allumer* 61 .- & vomir

34.- rîda urine 62.- g3 lire


6 3 .- 6c$ la faim 8 9 .- sT s femplir

6 4 .- ogbà montagne 9 0 .- së donner

6 5 .- ngbà natte en bambou 9 1 .- si python


\
66. - gbo récolter 9 2 .-' risf fanfare
A
6 7 .- og bo cuvette 9 3 .- osa (rbandit ! rr

66. - gbjà fusil 9 4 .- zl lourdaud

6 9 .- g6â êcorcer 9 5 .- ZO stupide

70..- g 65 rapiécer 9 6 .- rih? miroir

7 1 .- rig6 o j'ai rapiécé 9 7 .- hâ frapper


\
< »
7 2 .- nma sorte de danse 9 8 .- ho monter un animal

7 3 .- nma oy?abe noir 9 9 .- le être amer

7 4 .- mo être vert 10Q -- le être éteint-


a
7 5 .- mp durer 101 7* oie c ' e s t ’éteint
/ t
7 6 .- nmu la saleté 102t - olâ c'est collér

7 7 .- nmwâ griot 1C3 .- lo moudre


fi—
7 8 .- rine sommeil 1 0 4 .- 0 1u fruit du ronier

7 9 .- ne grandir 1 0 5 ,- jà . réunir

8 0 .- nnë j'ai regardé :i 1 0 6 .- ojà • réunion


•V*
8 1 .- rin? conte 1 0 7 .- Ja cent

8 2 .- rinwâ intestins 1 0 8 .- ojiï mil


/
8 3 .- fT voler .. 1 Q 9 .- . [one] moquerie

8 4 .- fë être bien 110 . - [ 3 Pf ] je sais

8 5 .- fâ couvrir 1 1 1 .- wâ prendre à pleines


86. - va chasser de la
112 .- affaire
owâ
main
\
8 7 .- VO doux / /
1 1 3 .- owu tête
08.- vo beaucoup
- 472 -

1.12!.- LES PAIRES MINIMALES

1.12.1,- Remarques préliminaires

a) Nous nous sommes limités à une seule paire par opposition, cette
paire suffisant à attester l'existence d'un trait distinctif. C ’
est à l ’
étu­
de distributionnelle de déceler ultérieurement d ’
éventuelles neutralisations
des oppositions en certains contextes. Toutefois pour les oppositions /§/ -
/j/ et Ijl - /j/, nous avons fourni une deuxième paire opposant ikl et /jl à
la variante conditionnée de /j/ en contexte nasal [p], afin de montrer que
/f/ et Ijl ne se nasalisent pas dans ce contexte.

b) Les rapprochements effectués ont été sélectionnés e n ‘


fonction de
trois critères ; nous nous sommes efforcés d ’
opposer :

1 - deux constituants de même schème tonal


2 - de préférence de même nature [Verbal ou non verbal)
3 - de préférénce, lorsqu’
il avait le choix, deux non Verbaux.

Il n ’
a pas toujours été possible de respecter intégralement ces cri­
tères pour les phonèmes très peu fréquents ou apparaissant dans un nombre
limité de contextes.

c) Nous avons veillé enfin, dans la mesure du possible, à faire figu­


rer les phonèmes dans des contextes "significatifs". Ainsi lesphonèmes /b/
/ 6 /, /d/, ldi, /I/ susceptibles de se nasaliser apparaissent en contexte
nasal dans au moins un ou deux constituants et inversement les consonnes na­
sales /m/ et /n/ figurent au moins une ou deux fois en contexte oral.

1.12.2.- Etablissement des phonèmes consonantiques

L'existence phonologique des consonnes est prouvée par les r a p­


prochements suivants :

1.12.21.- Les occlusives

/p/ p/t (1/17) p/f (2/84)

p/b (5/9 )
- 473 -

/h/ b/d (8 /2 9 ) b/6 (7 /1 6 ) b/m (8 /7 6 )

b/p cf /p / b/gb (9 /6 8 ) b /v (6/ 8 8 )

/6/ 6/cT (1 3 /3 3 ) B /p ( 4 /1 5 ) 6/m (1 2 /7 3 )

bVb cf /b / B/gb (1 4 /7 1 ) 6/v (11/8 6 )

/t/ t/p c f/p / t/d (2 2 /2 8 )

t/c (2 1 /4 1 ) t/s (1 8 /9 3 )

/d / d/b cf /b / d /c f (2 3 /3 0 ) d /z (2 7 /9 5 )
'* t' ’

d/j- (2 4 /4 3 ) d /n (2 6 /7 9 ) d /l (2 5 /1 0 1 )

d /t cf / t /

/c f/ d’/6 cf /£ / d^d cf /d / d'/z (3 3 /9 5 )

cT/f (3 6 /5 1 ) d /n (3 1 /8 1 ) c f/l (3 2 /1 0 2 )

d /t (3 5 /2 0 )

/c/ c /t cf / t / c/j (4 2 /3 7 )

c/K ( 4 0 /5 )

/i/ j/d cf /d / j-/c cf /c/ j/j (4 6 /1 0 6 )

j/g (4 5 /5 8 ) (4 5 /4 7 ) j/P (4 4 /1 0 9 )

/f/ f/cT c f /c f/ =f/c (5 0 /3 9 ) f/J (4 9 /1 0 5 )

i/sf (5 1 /6 3 ) k/à c f /j-/ #/p (4 8 /1 1 0 )

/k / k /c cf /c / k /h (5 3 /9 7 )

k/g (5 2 /5 8 )

/g/ g/j cf / j / g/k cf /k/

g/gb (5 9 /6 6 ) g/gf (59/62)


474 -

/gb/ gb/g cf/g/ gb/gB (66/70) gb/m (65/72)

gb/b cf/b/ gb/K (56/67) gb/w (64/112)

/£/ cf/f/ gf/k (61/54)

£/gB (62/170) £/g cf /g/

/gB/ gfi/£ cf /g/ g 6 /gb cf /gb/ gb/m (èà/75)

gB / 6 cf /b/ gB/k (70/55) gB/w (69/111)

/m/ rn/n (77/82) m/b cf /b/ m/v (74/87)

m/B cf /B/ m/p (74/13)

/n/ n/m cf /m/ n/d cf /d/ n/z (81/94)

n/a cf /d/ n/t (78/19) n/l (79/100)

1.12.22.- Les Fricatives

/f/ f/s (83/89) f/p cf /p/

f/v (85/86

/v/ v/z (87/95) v/b cf /b/ v/w (86/ 1 1 1 )

v/f cf /f/ v/6 cf /6 /

/s/ s/f cf /f/ s/z (91/94)

s/h (92/96) s/t cf /t/

/z/ z/v cf /v/ z/d cf /d/ z/l (95/103)

z/s cf /s/ z/d' cf /cf/

/h/ h/s cf /s/ h/g (98/60)

h/k cf /k/
-475 -

1.1 2 .2 3 .- Les F r i c a t i v e s larges

/l/ l/j (104/108) l/n cf /n/ 1/^ cf /cf/

1 /z cf /z/ 1 /s (99/90) l/d cf /d/

/j/ j/l cf 7 1 / j/$ cf /j/ j/c (107/38)

j/w (111/105) j/f cf /§/

/w/ w/j cf /j/ w/gb cf /gb/ w/m néant


Ci)
• w/v. cf /v/ w/gB cf /gf)/

1.13.- CLASSEMENT DES PHONEMES. CONSONANTIQUES

Les phonèmes consonantiques peuvent être classés comme suit

1.13.1.- Tableau phonologique des consonnes

........ ' ' - “T


LABIA­ DENTALES PALATALES VELAIRES LABIO- LARYN-
LES VELAIRES GALE

CD
0 X
TJ
Sourdes P t c k
r i—*
O
C O)
H-
Sonores b* : d i 9
L <
0
U tn

S 'h -

0Q Orales 6 cf
I *1 A
V (0
U) f . 9 gt>
E en h
H-
S < Nasales m n
CD
to
Sourdes f s
FRICA­
TIVES Sonores v" z îî

FRICATIVES pc
J w
LARGES V

(1) La paire 113/76 n ’


est pas très convaincante, /m/ et /w/ n'étant pas dans
le même contexte. Toutefois le rapprochement 74/111, montre que /m/ et
/w/ non précédés de /n/ sont tous deux attestés devant voyelle orale,
- 476 -

Nous avons accompagné d ’


un astéristique les phonèmes dont la fréquence
d’
occurence est très faible, ou dont l ’
existence fonctionnelle n'est mainte­
nue que par un nombre très restreint d ’
oppositions.

1.13.2,- Remarques

1.13.21.- Nous avons préféré classer /h/ à part au lieu de le


ranger avec les vélaires, car la différence d ’
articulation entre /h/ et les
vélaires a une incidence fonctionnelle : /n/, dans le fil du discours, dis­
parait devant./h/, ce qui ne se produit pas avec les vélaires.

1.13.22.- C ’
est également pour des raisons d ’
ordre fonctionnel que
nous avons classé /!/ avec /j/ et /w/. Ces trois phonèmes en effet ont en
commun la particularité d ’
être sensibles à la nasalisation j ils sont par
ailleurs les seuls à pouvoir figurer en position C 2 ou C^ dans les groupes
consonantiques.

1.2.- LES PHONEMES VOCALIQUES

1.21.- L ’
existence phonologique de 11 phonèmes vocaliques
est provuée par le rapprochement des unités ci-dessous i

/sr/ fils
/oBë/ vagin
/obe/ c rétait

/obe/ fil ./66e/ sorte .dô danse

/obâ/ année

/obô/ c'est oassê /ob5/ paquet

/oÊô/ c’
est venu
/oÊô/ c’
est couvé
/obïï/ pierre.

à quoi nous ajoutons, puisque bf n ’


a pas le même ton que le reste : opL, lundi
opê^, bourbier - ope, ça a ri.

1.22.- Le problème de [a]

Il ne nous a pas été possible de joindre une unité comportant [a] à


la série précédente pour la bonne raison que [a] dans les monosyllabes et
- 477 -

dissyllabes à syllabe initiale vocalique apparaît uniquement après n, où [a]


n’
apparaît jamais [â] est attesté aussi après /m/, une fois, mais dans un mot
où il est toujours suivi de -/n/- en contexte. Il y a donc dans les Monosyl­
labes et Dissyllabes à syllabe initiale vocalique une distribution complé­
mentaire entre [ 3 ] après et devant [n], et [a] ailleurs. Dans les Dissylla­
bes nus et les Trisyllabes, presque toutes les occurrences de [a] appartien­
nent à des mots qui peuvent être considérés comme des emprunts. Cependant,
il se trouve que [a] apparait une fois après /n/ dans [ôncïçfa] = menton, mot
que l'on peut difficilement tenir pour un emprunt. En. conséquence, du fait
de l ’
existence de cette seule opposition [a] - [a] après /n/, nous nous vo­
yons contraints de considérer [a] comme un phonème, [a] apparait aussi à l ’

nitiale d ’
un certain nombre de constituants, mais, dans ce cas, en raison de
l'existence d ’
une série de mots à voyelle initiale /a/, il nous parait devoir
être interprété comme la réalisation'de /a/ + /n/,

1.23.- CLASSEMENT DES PHONEMES VOCALIQUES

Les Phonèmes vocaliques peuvent être classés comme suit.

Tableau phonologique des voyelles

ORALES NASALES

Avant Arrière Avant Arrière

Avant Arrière Avant. Arrière

1 i u
e 0 1
2 e °. :

3 e ■0 e D 2 •

4 a l 3 '

Les chiffres placés à droite et à gauche du tableau indiquent le degré crois­


sant d'aperture.
- 478 -

2,- PHONETIQUE (A. GRASSIAS)

Nous donnons ci-dessous quelques brèves indications sur la façon dont


se réalisent les phonèmes précédemment dégagés.

LES VOYELLES

2.11•- Les Voyelles orales

Nous signalerons simplement, ici que /e/, /o/, /e/, /o/ se réa­
lisent plus fermées que leurs homologues françaises.

2.12.- Les voyelles nasales

Les voyelles nasales appellent de plus amples commentaires.

2.12.1.- De façon générale, les voyelles nasales se réali­


sent moins nasalisées qu'en français, ce qui revient à dire que le voile du
palais s ’
abaisse moins lorsqu'on les p r o n o n c e r a ] est la moins nasalisée de
toutes.

2.12.2.- /e/ et /5/ se réalisent plus fermées q u ’


en fran­
çais, et plus fermées que leurs homologues orales [e] et [o].

2.12.3.- /e/ et /o/ pourraient tout aussi bien être représen­


tées par /T/ et /u/, car le timbre exact de leur réalisation se situe .entre
[ë] et [T] [o ] et [u]. Leur timbre est' encore plus ferme ( e t d o n c se rappro­
che encore' un peu plus de celui de [T] et [u]) après occlusives palatales,
occlusives nasales et [h]. Si nous avons opté en définitive pour les graphies
ë et: o, c ’
est parce que dans les "jointures’
' avec les voyelles subséquentes,
elles se dénasalisent dans la plupart des cas en [e] et [o], plutôt qu'en
[ i ] et [u ].

2.2.- LES CONSONNES

2.21.- Les explosives


- Ü7Q _

(1 )
2.21.1,- /p/ et /t/ se réalisent aspirées (ou plus exacte­
ment expirées).
/b/ et /d/ également ; mais il semble que pour [d]
l'aspiration ne soit constante que devant [ i], [u], [c], et facultative ail­
leurs .

2.21.2.- /g/ se réalise aspirée devant [ i ] et [e], mais non


devant [u].
/gb/ parait n'être aspirée que devant [ i].

/k/ ne l ’
est pas du tout, du moins chez les informa­
teurs que nous avons consultés»

2.21.3.- /c/ et /j/ sont prononcées le |Slus souvent [tj] et


[d*] sauf devant [ i] et [ë] où la réalisation est en général plus proche de
[c] et [j]. Etant donné la réalisation affriquée de ces deux phonèmes, nous
avouons être dans l ’
incapacité de déterminer s ’
ils se réalisent également as­
pirés .

2.21.4,- Nous noterons ici l ’


absence de /Kp/ parmi les occlusi­
ves en Ngula. /Kp/ en Ebrié, n ’
existe pas non plus dans la série aspirée.

(2 )
2.22.- Les Ingressives

2.22.1.- Les ingressives orales

Le Ngula possède une série complète d ’ingressives orales qui


sont toutes, également, des sonores. Ces ingressives se distinguent de leurs
homologues explosives par le fait que l ’
occlusion est précédée d ’
une baisse
de pression dans la cavité buccale (obtenue par l ’
abaissement du larynx et/ou
le report de la base de la langue en arrière), ce qui entraine un ingression
d’
air au moment du relâchement de l ’
occlusion. Contrairement à ce qui se passe
dans d ’
autres langues, les ingressives du Ngula ne sont accompagnées d ’
aucun
coup de glotte.

(1) L ’
aspiration est d ’
autant mieux perceptible que la voyelle subséquente est
plus fermée, et que son registre est plus bas. C ’
est donc devant [ i ]et [u]
porteurs de ton bas, que l ’
aspiration est la plus aisément audible.
(2) Nous préférons le terme d ’”
ingressive*’è celui d ' “implosives" : ce dernier
terme nous paraît décrire moins fidèlement que le premier le mécanisme de
production de ce type d ’
occlusives, et présente d ’ autre part l ’
inconvé­
nient d ’
être employé en phonétique avec un autre sens.
- 480 -

2.22.2.- Les ingressives nasales

2.22.21.- Ainsi que l'indique leur classement phonologique,


les occlusives nasales sont en Ngula des ingressives.

2.22.22.- Nous ne parlerons que de /n/ devant consonne, dont


les diverses réalisations en cette position(/n/ est le seul phonème consonan-
tique Ngula à pouvoir y figurer) demandent à être précisées et commentées.

/n/ devant consonne, dans le fil du discours, se réalise [m] devant


labiale, [n] devant dentale, [p] devant palatale, [ q ] devant vélaire et la-
biovélaire, et disparait devant /h/„

/n/ à l'état isolé ou devant consonne après pause se vocalise et prend


un ton qui, en contexte, est reporté sur la voyelle précédente, on disparait
s’
il est haut. Ce [n] vocalisé se réalise [ô] ou [u], parfois [o], et se ré­
duit même souvent, en particulier devant consonne nasale, à un simple souf­
fle nasal voisé que nous noterons ["].

Le problème s ’
est posé de savoir quel statut phonclogique conférer au
phonème auquel nous réduisions toutes ces réalisations : celui d ’
une voyelle
(/ô/), , ou celui d'une consonne C/n/). Nous avons
opté en définitive pour la consonne /n/, cette solution ne us étant apparue
la plus économique, puisqu’
il suffirait, pour rendre compte de l'alternance
consonne/voyelle de stipuler que /n/ devant consonne ou à l ’
état isolé se
vocalise (ce qui explique q u ’
il soit intoné dans ce cas) et perd ou reporte
son ton en contexte.

2.22.3.- Point d ’
articulation de /cf/ et /n/

Il est à remarquer q u ’
en Ngula les ingressives dentales /cf/ et /n/
ont exactement le même point d ’
articulation apico-prépalatal que /l/.

2.23.- LES FRICATIVES

2.23.1.- /s/ se réalise [f] devant /i/, /u/, /j/, /w/. Certains
locuteurs toutefois conservent la prononciation [s] dans ces contextes.
2.23.2.- /h/ se réalise [h] après /n/-. Dans le fil du discours,
comme nous l'avons vu en 2.22.2., /n/ disparaît et ne subsiste plus que par
la nasalité de [h].

2.24.- LES SEMI-VOYELLES

2.24.1.- /j/ se réalise [p] devant voyelle nasale et après /n/-


ou voyelle nasale.

2.24.2.- /w/ se réalise [mw ] dans la flexion .verbale après


/n/, sauf devant [u] et [o].

2.24.3.- /I/ passe à [ n;l après /n/.

2.24.4.-" Nous reviendrons plus loin sur les réalisations condi­


tionnées de /!/ et /w/, à propos desquelles des précisions supplémentaires
doivent être fournies (cf. 3.14.).

2.3.- LES GROUPES DE PHONEMES

Phonologiquement, il n ’
existe en Ngula que des groupes de.consonnes
(à l ’intérieur des constituants).

2.31.- Les groupes biconsonantiques

Seules les trois fricatives larges /l/, /j/, /w/ peuvent figurer en
position C 2 *

2.31.1.- Le groupe / C + 1/ se réalise Ç c+ r] après les


dentales» et [c + 1, r, ou r] en variante libre ailleurs. Il s'agit de v a ­
riantes libres individuelles, chaque locuteur ayant pris .1'habitude de pro­
noncer plutôt [l] ,[r], ou [r] après telle ou telle consonne. Toutefois on
rencontre plus volontiers [ I] après les ingressives, [r] après les palatales.

2.31.2.- Le groupe /c + j/ se réalise [c + i] dans tous les


contextes.

(13 II s'agit bien d'un [mW ] et non [ q w ]. Lorsque l'on fait prononcer ce son
à un informateur, l'ocdlusion bilabiale est tout à fait visible.
- 482 -

2.31.3.- Le groupé /c + w/ se réalise [c + u] devant [e], [o],


[c + y] entre consonne palatale et [i], Ce], [c + o] devant [e], [a], [c + ô]
devant [2], [5].

Cependant, la répartition [CuV] / [CoVj ne répond pas aux règles ci-


dessous après les fricatives /f/ et /V/, et surtout les occlusives /p/, /t'*
/d/, dont la réalisation est aspirée. Après /f/ et /V/, on trouve -[o]- de­
vant [e] - [u] - devant Ca]. Après /p/, on rencontre - [u]- devant Ce]- Co]
devant Ca] i après /d/, - [u] - devant Ca]» et après, /t/, à la fois - Co] -
et - Cu] - devant [a]. Cette opposition de {o]et Cu] après /t/ pourrait con­
duire à remettre en question l ’
interprétation biconsonantique, pour laquelle
nous avons opté au niveau phonologique, des séquences phonétiques CCW]. Il
nous .parait néanmoins possible, de rendre compte des données qui précèdent,
sans remettre en cause le choix qae nous avons fait, grâce aux règles ci-après :

/ CWV / se réalise CCoe] [Cua], si C = /f/ et /v/.

/ CWV/ se réalise Ccue], CCua], si C = /p/, /t/, /d/.

quant aux séquences [p, t + oa], elles peuvent tout aussi bien être trans­
crites Cp t + owa], et c'est cette transcription dissyllabique que nous adop­
terons, pour rendre compte de l'opposition -Co]- / -Cu]- dans le contexte
t — V.

2.32.- Les groupes triconsonantiques

Comme en position C 2 , on rencontre en position C^. que /l/, /w/ et /j/.


L’
ordre de C ^ et C^ n ’
est pas pertinent lorsqu'il s'agit de /!/ et /j/, /!/
et /w/, si bien qu'il n'existe que trois groupes triconsonantiques ï; /c+l+j/,
/c+l+w/ et /c+w+j/.

2.32.1.- Le groupe /C ♦ 1 + j + / est réalisé c + 1 + j ou C«*j + 1,


la seconde réalisation étant la plus fréquente. Dans le premier cas, /!/ pré­
sente les variantes indiquées en 2.31.1., et dans le second, /j/ se réalise
M.

2.32.2.- Le groupe /C +. ,1 ♦ W/ est réalisé tantôt Ç + 1 + W,


tantôt G + W +. 1 . C'est 1'une ou l'autre réalisation qui est la plus fréquente
suivant les constituants. Dans le premier cas, /l/ est réalisé Cr] après den­
tales, Cr] ailleurs ; dans le second, Cr]après C k ] > Cl] ailleurs. /W/ dans le
- 483 -

(1)
premier cas est réalisé suivant'les règles"indiquées en 2.31.3 j dans le
second, il çst réalisé par la voyelle [w], ou [w] si la voyelle subséquente
est ;nasale. ..

2.32.3.- Le groupe / C + W + j /, plus rare que les précédents,


se réalise [cwj]- ou [cqj]-’
.

2.4.- SEQUENCES DE, PHONEMES.,OU. GROUPES DE PHONEMES IDENTIQUES A DIS-


i — ■■■»— , ,T*. ■— < i i ........., .. . n.^ i n i , i j... n n,.■■■ m . ................... i i. ■■ ■■ .. ■■■■

.
TANCE- .. ... ■

2.41.- Séquences de phonèmes identiques à distance

la seule remarque que :nQus ayons.à faire à ce sujet concerne les sé­
quences de voyelles nasales fermées ,(aperture: 1).,. Lçrsque deux /ë/ ou deux
/ô/ se trouvent dans des syllabes contigües, le premier se dénasalise, sans
toutefois que son timbre, qui demeure plus sourd et plus fermé, se confonde
avec celui de la voyelle orale correspondant^. Cette dénasalisation ne se
produit pas pour les séquences de /e/ et de /3/, mais /ë/ et /o/ se dénasa­
lisent de la même manière lorsqu'ils sont respectivement suivis dans la sylla­
be suivante par /t/ et /o/.

2.42.- Séquences de groupes identiques à distance

De telles séquences se rencontrent dans les cas de redooblement de


syllabes.

2.42.1.- Redoublement des groupes /c ♦ j/ et / c + w /.

Les constituants comportant un-redoublement des groupes /c * j/ ou


/c + w/ se répartissent en deux types :

- ceux qui se présentent sous la forme (-) ci, cjV (-), (-) CuCwV (-)
- et ceux qui se présentent sous la -formé (-) CjVCjV ( - ) , ( - ) CwVCwV
(- 0 .

Il n ’est pas possible de rendre compte de cette répartition en deux


types par des règles phonologiques.

(1) Toutefois, entre consonne palatale et i,./w/ ne sa ..réalise plus [y], mais
[q]. •:
- 484 -

2.42.2.- Redoublement des groupes / C » 1 /

En ce qui concerne les groupes /c+1/ redoublés,la situation est plus


nette : la première syllabe se réalise soit (-) CV-, soit (-) C1V- en varian­
te libre ; la réalisation (-] CV- est la plus fréquente.

Phonclogiquement, la première syllabe sera transcrite (-) /ClV/-.

3.- DISTRIBUTION DES PHONEMES


(A . GRASSIAS)

Dans le cadre restreint de cette présentation de la phonologie du


Ngula, nous nous contenterons de formuler quelques remarques sur les faits
saillants concernant la fréquence des phonèmes et leurs possibilité de com­
binaison.

3.1.- LES CONSONNES

3.11.- Fréquence

Il ressort d'un comptage que nous avons effectué pour les besoins
(1 )
d’
une publication sur un échantillon de 750 constituants non Verbaux que
les phonèmes consonantiques les plus fréquents soit dans l ’
ordre /6/, /m/ et
/K/ (respectivement 10,5, 8,5 et 8,2 % des occurrences), et les moins fré­
quents /V/, /z/ et /b/ (respectivement 7, 6 et 5 occurrences, soit une fré­
quence de 0,7, 0,6 et 0,5 %). La fréquence élevée de /b/ et /m/ trouve son
explication dans les remarques qui suivent.

3.12.- /6/ et /b/

/b/, comme nous venons de le voir, n ’


est attesté que dans un nombre
très limité de mots. Et, par ailleurs, on ne trouve ce phonème que devant
ton bas, alors que /6/ est particulièrement fréquent devant ton haut (43 %
des occurrences de /6/). Il ressort que, du point de
vue diachronique, /b/ est sans doute passé massivement à /6/, notamment devant
ton haut, ce qui explique la fréquence exceptionnellement élevée de /6/ dans
le corpus, et devant ton haut.

(1) cf. A. GRASSIAS, 1974.


- 485 -

3.13.- N a s a l i s a t i o n s d e /6/,. /cfr, /gB/

Ces trois phonèmes apparaissent dans les non verbaux après


/n/. /gB/ ne se réalise [m] que dans certaines formes de pluriel comportant
un /n/ initial. /67 ne passe à [n] que dans la flexion verbale devant /i/
après /n/. /6/ passe à [m] dans certains non verbaux d'usage fréquent, après
les possessifs première personne /me/ et /ïï/, et dans la flexion de certains
verbaux d'usage fréquent, après /n/. On voit que les- nasalisations de ces
trois phonèmes ne répondent à aucune règle générale, et relèvent par consé­
quent d'un conditionnement morphologique : il n'y a pas en Ngula de. neutra­
lisation phonologique des oppositions /£/, /g6/ - /m/ et /cf/ - /n/.

On note par ailleur l'existence de quelques non Verbaux présentant


des variantes /B/ ^ /m/, /gB/ - /m/ après /n/. (On trouve aussi quelques va­
riantes /cf/ 'v* /n/). Ces variantes témoignent d'une tendance jouant à l'échel­
le diachronique, qui explique la fréquence élevée de /m/, lequel a du rece­
anciens /B/ et /g6/.
voir l'apport d ’

3.14.- Nasalisations des fricatives larges

Afin de pouvoir déterminer la part respective des conditionnements


phonclogiques et morphologiques des fricatives larges en contexte nasal,
nous avons établi le tableau de leur distribution à l'initiale des consti­
tuants.

3.14.1.- Tableau des distributionnel des fricatives larges


à l'initiale des constituants
- 486 -

NON V E R B A U X V E R B A U X
....
r - U i
1 w1

t
n- me -V Jo-vJ n - V

i
|,n-V jn-Vj jn “ |o-V ;o -v

<
0
ln !

<
î- i-v
l i l i 1 1 i 1 i i 1
; /v - x i ; x X
1 .1 .! i • i x ! i x ! x ! x î i i
l /n / ! x ! x l x x ! x 1 ! ! ! x ! X i ! x 1 x ! x !
! ! ! i j i j 1 1 1 i i 1 i
[ /m/ x 1 x X X X
! X ! X ! x x i I 1 X 1 x ! X !
! /p/ Ix 1 x ! xi x ! x ! ) ; i x 1 X i i x 1 X i x !
! ! ! l; ! 1 i 1 ! 1 !
! x
! /j/ 1 i ! l !.X ! 1 X i X 1 X I !
! / w/ i ! ! x x ! x ! x 1 1 x i ! x î X i j
! i i ! i î ! ! j J ! !
! t 1 i j ! . ! i ! ! J i ! ! 1

LEGENDE : V a voyelle orale ; V = voyelle nasale

n- voyelles initiales dé cons- me personnels


a
o~ tituants et morphèmes verbaux n 1ère p. sing.

ri = morphème de pluriel ; x « attesté ; - * attesté partiellement,

3.14.2.- L ’
examen de ce tableau permet de constater les faits suivants

3.14.21.- La voyelle /o/ - initiale de Constituants non Ver-


.x
baùx n ’
apparaît jamais devant les consonnes nasales,, contrairement au per­
sonnel /o/ qui apparait devant nasales dans la flexion verbale.

3.14.22.- La distribution de /n/ et [p] est identique ; ces


deux consonnes n'apparaissent devant voyelle orale qu'après /n/.

3.14.23.- Les phonèmes /l/ et /n/ sont en distribution pres­


que totalement complémentaire : ils ne s'opposent que dans les Verbaux de­
vant voyelle nasale.

3.14.24.- [j] et [p] sont en distribution totalement com­


plémentaire [p] n ’
apparaissant que devant voyelle nasale et après /n/ ou
voyelle nasale.

3.14.25.- /w/, comme [p] n ’


apparait jamais devant voyelle
nasale ni après le /n/- initial de constituants non Verbaux. Il figure toute­
fois, contraiement à [p.], après /n/ dans la flexion verbale devant [u] et
[o] (cf. 2.24.2 p. 17), ainsi q u ’
après le /ri/ marquant le pluriel, et après les
possessifs /me/ et /n/.
- 487 -

3 . 1 4 . 3 . - Nous t ir o n s de ces c o n s ta tio n s le s co n clu sio n s s u iv a n te s :

3 . 1 4 . 3 1 . - La v o y e lle / o / - i n i t i a l e de c o n s titu a n ts non


Verbaux e s t rem placée par / n / devant consonne n a s a le .

3 . 1 4 . 3 2 . - L ’ o p p o s itio n /!/ - / n / e s t n e u tr a lis é e en /!/


devant v o y e lle o r a le e t en / n / après / n / . Nous adm ettrons c e t t e co n clu s io n
b ie n que [ I ] â p p a ra is s e concuremment avec [ n ] après le morphème de p l u r i e l
/r f/-

3 .1 4 . 3 3 . - [ p j n ’ e s t pas un phonème, mais une v a r ia n te con­


d itio n n é e du phonème / j / en c o n te x te n a s a l ( c f . 2 .2 4 . 1 , Pj 1 7 ) .

3 . 1 4 . 3 4 . - L 'o p p o s itio n /m / - / w / , à l ' i n t é r i e u r des cons­


titu a n ts , e s t n e u t r a lis é e , probablem ent en /m /, devant v o y e lle n a s a le .

3 . 1 4 . 3 5 . - Les co nditionnem ents de / l / , /j/ e t / w / que nous


venons de v o i r sont phonologiques p a rce que répondant à une r è g le g é n é ra le : .
n a s a lis a tio n de / j / en c o n te x te n a s a l, de /!/ après / n / , de / w / devant v o y e l­
le n a s a le . I l n ’ en va pas de même du co n d itio n n em en t de / w / après / n / q u i
e s t m orphologique p u i s q u 'i l se m a n ife s te après c e r t a in s / n / seulem ent (absen­
ce de / w / après / n / i n i t i a l de non verbaux j passage .de / w / à Cmvf ] dans le s
verbaux après / n / t m a in tie n de / w / après le s a u tre s / n / , e t ;p a r tie lle m e n t
après / n / dans la f le x i o n v e rb a le j c f . 3 .1 4 . 2 5 ) .

3 .1 4 .3 6 .- C o n tra ire m e n t à ce q u i se passe pour / J / , il nous


e s t im p o s s ib le de d i r e avec c e r t it u d e p a r quoi / w / ë.st re p ré s e n té après / n /
dans le s non v erb au x, puisque sa r é a l i s a t i o n [raw] après / n / dans le s verbaux
ne f i g u r e jam a is dans le s non v erb au x.

3 . 2 . - LES VOYELLES

Nous fe ro n s à propos des .vo ye lle s le s quelques remarques q u i s u i­


vent :

3 .2 1 .- / i / n ’ a p p a r a ît ja m a is ppr^s / l / , sans doute r e p r é ­


s en té dans ce c o n te x te p a r /dŸ,
- 488 -

3.22.- Après Iss groupes C + W, /u/ n'apparait jamais, /i/


seulement si c'est une palatale /o/ rarement, et uniquement après /t/.

Par ailleurs les oppositions /ë/ - /e/, /ô/ - /o/ sont neutralisées
après C + W puisque seuls /?/ et /o/ apparaissent en cette position.

3.23.- L ’
opposition V orale - V nasale n'est pas neutralisée
dans le contexte C - NC, sauf si les deux C sont des nasales.

Cette opposition n ’
est pas non plus neutralisée dans le contexte
C orale - C nasale + V nasale.

Néanmoins le nombre des voyelles orales apparaissant dans


ces contextes est beaucoup moins élevé que celui des voyelles nasales.

3.3.- HARMONIE VOCALIQUE ET CONSONANTIQUE

Il n'existe en Ngula aucunes contraintes dans les séquences de con­


sonnes et de voyelles à l ’
intérieur des constituants plurisyllabiques. Il
n'y a donc pas à proprement parler d ’
harmonie consonentique ou vocalique.
Cependant il existe un grand nombre de mots comportant des syllabes redou­
blées si bien que l ’
on rencontre de nombreuses séquences de consonnes et de
voyelles identiques.

4.- TONETIQÆ ET T Q N B W $ Q U E (1)


(A. GRASSIAS)

4.1 TONETIQUE

L’
analyse auditive par la méthode du sifflement des constituants non
Verbaux Ngula révèle l ’
existence de trois tons ponctuels (Haut-Moyen-Bas,
notés 9 ~ ' ) et des six tons mélodiques correspondants (HM, HB, MH, MB, BM,
BH notés respectivement /- /\ -/ -N x, v )• Aucune alétration de ces

(1) Pour plus de détails, voir A. GRASSIAS, 1974.


tons n'est perceptible au niveau du sifflement dans les séquences tonales,
quel que soit le nombre de syllabes des constituants non Verbaux additionnés
entre eux et quel que soit le type de syntagme constitué (qualificatif,
complétif, à relation naturelle, contractuelle, quantitative ; sujet-verbe,
verbe-objet). Il n ’
y a donc pas en Ngula de conditionnements morphologiques
ou syntaxiques susceptibles d'interférer avec le système tonématique. Il est
permis de supposer qu'il n'y a pas non plus de conditionnements tonétiques,
puisque le schéma tonal des non verbaux à l'état isolé n'est pas modifié dans
ces contextes.

4.2.- TONEMATIQUE

4.21.- Les Ponctuels

L'existence phonologique des tons ponctuels est prouvée par


les trois triplets minimaux suivants :

* (S * '

6Bo gémissement ogbo cuvette en fer rine chose

<56o paquet ogbo cuvette en bois nnë les gens


s \ \

o6o t/' 'pied ogbo rine trou

4.22.- Les mélodiques

4.22.1.- Leur nombre élevé (6) pose un problème phonolo­


gique délicat à résoudre. L ’
étude attentive des séquences tonales dans les
constituants non verbaux révèle d'une part que les mélodiques ne peuvent
être considérés comme des variantes libres ou conditionnées des ponctuels,
et d'autre part que trois d'entre eux M H , MB et BM sont en distribution complé­
mentaire : '

- MB apparaît après tonème Bas en toutes positions


\ *
- BM apparait sur monosyllabes nus à l'initiale (sauf après V-, ou N-)
- MH apparait sur monosyllabes non nus (c'est à dire précédés de V-
ou N-) et en finale (sauf après tonème Bas).

Par ailleurs, la seule séquence de Mélodiques attestée sur un môrae


constituant est BM-BH, où BM peut être considéré comme une variante de BH
dans ce contexte.
- 490 -

4.22.2.- Au vu de ces données, il nJUs parait exister


trois façons de résoudre le problème que posent les mélodiques :

a)- Réduire tous les Mélodiques aux Ponctuels correspondant en fai­


sant appyl à la notion de more.

b)- Admettre l ’
existence de quatre mélodiques, le quatrième se réali­
sant de trois façons différentes.

c)- Considérer les trois mélodiques en distribution complémentaire


comme les variantes d'un seul mélodique, et réduire les trois autres aux
ponctuels correspondants.

A l'heure qu'il est, nous n'avons pas encore définitivement tranché


la question. • •
N O T E S DE G R A M M A I R E

(R. BOLE-RICHARD)

1.- LA PROPOSITION

1.1.- ORDRE DES CONSTITUANTS

1.1.1.- L'ordre des constituants dans l'énoncé est

Sujet - Verbe - Expansions -


* A- i£ *
abi di mba
Abi a mangé du foutou
\

èf f nô iège

Abi est allée clu marché

1,1.2,- Les circonstants de lieu et de temps suivent l'objet

Le circonstant de lieu précède le circonstant de temps.


Toutefois le circonstanl de temps peut librement &e placer au début ou à
la fin de l'énoncé :

àBf no ;}ègë
Abi est allé au marché aujourd’
hui

ou • n àBf no jège
Aujourd'hui Abi est allée au marché
- 492 -

1.1.3.- Avec les verbes à valeur dative, le bénéficiaire


précède toujours l'objet :

è6îu se 'e te na
/. Oblou/ a donné / de lui / père / viande

Oblu a donné de la viande à son père

à£f se gSë cfoso

/Abi / a donné / femme /poulet

Abi a donné un poulet à la ferme

1.2.- DEPLACEMENT D'UN CONSTITUANT EN DEBUT O'ENQNCE

Outre le complément de temps dont la position en début ou en fin


d'énoncé est libre, tout constituant de l ’
énoncé sera déplacé en début d ’
é-
noncé dans trois cas .*

1) Interrogation :si c'est un syntagme interrogatif (pronom interro­


gatif, ou nom marqué d'un pronom interrogatif) :

nenë a cfT
/quoi/ tu / as mangé /
Qu’
as-tu mangé ?

nënë àwo aa wu
wïï
/Quoi ? / chat / t u / as vu
Quel chat as-tu vu ?

mpe àwo a wïï


wu
/ qui ? / chat / t u / a s vu
Le chat de qui as-tu v u ?

mpe : g6e â6f se çfoso


/ qui ? / femme / Abi / a donné / poulet /
A quelle femme Abi-a-t-elle donné un poulet ?

2) Tqfticalisation : le nom topicalisé est déplacé en tête d'énoncé


et il est rappelé à sa place normale par un pronom substitutif, sauf si
c ’est un circonstant de lieu ou de temps:
- 493 -

à6 f , ri wu he iègë
/A b i/ je / a i vu / e llle / marché /
A b i s je l ’
ai vue au marché.

<5iègo ri wïï àGf


/marché/ je / ai vu / Abi /
A u marché, j rai vu A b i .

t
5na, à6f pê <5
/v ia n d e / A bi / a acheté/ elle /
Là viande, Abi l'a achetée.

e te , âB f sê he
/d 'e lle / p ère / Abi / a donné / lu i / v ian d e /
Son père, Abi lui a donné de la viande.

3) F o c a lis a t io n - Le nom fo c a lis é ^ e s t déplacé en t ê t e d'énoncé ; en


o u tr e , i l e s t marqué de l a p a r t ic u le / - më / e t i l n ’ y a p a s 'd e pronom de
r a p p e l.
/ /
ô n l - me à6f dT
/v ia n d e - c 'e s t / Abi / a mangé /
C*e8t de la viande q u ’
Abi a mangé.

6^ègë-më à 6f n§
/m a r c h é - c 'e s t / Abi / e s t a l l é e / a u jo u r d 'h u i /
C*est au marché q u ’
Abi est allée aujourd'hui.

2.- LE GROUPE NOMINAL

2 . 1 LE CONSTITUANT NOHINAL

il n * e s t pas p o s s ib le i c i de donner l e système com plet des moda­


lité s nom inales du N g u la, ce q u i. s u p p o s e ra it une enquête beaucoup plus ap­
p ro fo n d ie . C e lle s q u i sont données i c i (p lu r ie l, d é f i n i , d é m o n s tra tif) ne
l e sont q u 'à t i t r e i n d i c a t i f e t non e x h a u s tif.
494 -

Le constituant nominal est simple, c'est-à-dire q u ’


il peut apparaître
sous sa forme de base tlexème simple, dérivé ou composé) sans modalités nomi­
nales Cou marquée de zéro) ;

é pê çfosj
/il / a acheté / poulet / Il a acheté un poulet

Il peut apparaître marqué du pluriel (voir 5.2.) - La marque du


pluriel est directement suffixée à la base et non au qualifiant :

é pê nçjoso-ci
/il/ a acheté/ poulet-s/ Il a acheté des poulets

i pê nçjoso-a-ml ïï
/il/ a acheté /poület-s-noirs / Il a acheté des poulets noirs

Les autres modalités nominales sont suffixées au syntagme (après les


qualifiants) :

n wiï àwo-o
/je/ ai vu / chat-le / J fai vu lechat

/ — v /^
n wu awo-mluno
/je/ ai vu / chat - noir- ce / J'ai Vu ce chat noir

On peut résumer 1*ordre des éléments du constituant nominal ainsi :

pluri e l ^ Y défini v
# (Interrogatif)-Base nom.- ) ( -(Qualifiant) - j démonstr. ^ ^
(numéral) <■quantifie. J
0 : i>

2.2.- FORMATION DU PLURIEL

Les noms représentant des objets non animés n ’


ont pas de marque du
pluriel.

Les animés seuls peuvent prendre une marque du pluriel, suivant des
règles dont on peut seulement dégager les grandes lignes.
- 495 -

2.2.1.- L e s non-humains

P l u r i e l u t i l i s é pour le s noms d'anim aux le s p lu s c o u ra n ts . I l est


marqûé p a r un p r é f ix e n asal e t un s u f f ix e : /n .... a/ :

poule : goso p l . : ngoso a

blatte : p lé p l . - riplé£

Le p r é f ix e n a sa l e s t généralem ent à ton h a u t. T o u te fo is , lo rs q u e l e s in g u ­


l i e r a un p r é f ix e v o c a liq u ë à to n bas, ce to n peut se m a in te n ir *.

chat : àw3 p l . : h wo é

chien : àdwà p l . ; n d6 a

Avec des in c e r t it u d e s d e - la p a r t des in fo rm a te u rs , a in s i deux in fo rm a te u rs


d if f é r e n t s ont donné le s deux formes d if f é r e n t e s s u iv a n te s î

escargot : à lo p l. nnoé

nno£

En o u tre * l e p r é f ix e n asal peut provoquer une n a s a lis a tio n de l a consonne


qu i l e s u i t ( v o i r escargot). La v o y e lle f i n a l e du lexème peut a u ss i se déna-
s a l i s e r devant /é/ :
/
mouche : ko6ë p l. nko 6 fa

éléphant :jo p l. niàci


\
chèvre : £cfotë p l. : n !çfotTë

Une séquence CwV peut p e rd re V devant / - a / :


' ' '
fourni : sosw£ p l . : n sô sè â

àdwà p l. : n dè é

2.2.2.- Les humains

Les term es de p a te n té d ir e c t e a in s i que le s ethnonymes form ent le u r


p l u r i e l p a r s u f f i x a t io n de / - 5 / *

mère fiunp pl . : mm5 o


- 4S6 -

soeur ; jwë pl. juo


r f _

grand-père-: tokô pl. toko o

les Attié t geo

les Ebrié : gbo 5

Les autres noms d'êtres humains ont leur pluriel en /n .... 5/. Ce
pluriel est beaucoup plus rare ;

homme : së pl. : n se.o


/
ferme : g6e pl. : n g6e 5

2 , 2 •3,~ Pluriels irréguliers

Quelques noms ont un pluriel irrégulier :

personne : gwê pl. : n në (les gens)

enfant : 6f pl. : 6f o Clos enfants d'une mima


famille)

Bf o (les enfants en général)

2.3.- LE SYNTAGME QUALIFICATIF

Il est formé d'une base nominale déterminée par un qualifiant


qui le suit, suivant l'ordre :

qualifié - qualifiant

Comme signalé, les marques du.pluriel sont affixées directement


au qualifié, les autres modalités nominales marquant 1'ensemble du syntagme

n wïï àwo-mlïï - p
/je/ ai vu / chat - noir - le /

j’
ai vu le chat noir.

Le numéral est un qualifiant - lorsque le nom est marqué par plu­


sieurs qualifiants, le numéral précède les autres : ' 1
r
n wïï àwo-n? j-ë-m Iïï~o
/je / ai vu / chat - trois - noirs - les/
J'ai vu les trois chats noirs.
- 497 -

En o u tre , l e numéral e s t in c o m p a tib le avec la marque du p l u r i e l .

2 , 4 . - QUANTIFICATION

Les q u a n tific a t e u r s s u iv e n t l e c o n s titu a n t nom inal. (P e u t-ê tr e


s ' a g i t - i l de noms en fo n c tio n de c o m p lété , auquel cas i l ne s ' a g i r a i t là que
d'un cas p a r t i c u l i e r de syntagme c o m p lé tif ? ) :

t
n pê n<fôsD-é gf>5kô
/je / a i a ch e té / p o u le t-s / beaucoup /

.j 'ai acheté beaucoup de poulets

t
n wïï nw o-a-m lïï g 6okô
/je / a i vu / c h a t - s - n o ir / beaucoup

j'ai vu beaucoup de chats noirs.

2 -S ‘
~ in t e r r o g a t io n

L ' i n t e r r o g a t i f n 'e s t pas une marque nom inale, mais un pronom in d é ­


pendant pouvant fo n c tio n n e r s eu l :

' c.
mpe bo
quiest venu ?

~ i / (W-
nene a di
/q u o i ? / tu /a s mangé /
Qu 'as-tu mangé ?

Il peut égalem ent s ’ a s s o c ie r .à un nom s u r le q u e l on v e u t f a i r e


p o r te r l ’ i n t e r r o g a t io n . I l y a a lo r s sim p le succession : Pronom i n t e r r o g a t i f
nom.
La s é le c tio n du pronom se f a i t e n tr e /à ip € / pour le s humains e t /n ë n ë / pour
le s non-hum ains.
j »
nëne çjoso à£f pê
/q u o i ? / p o u le t / Abi / a a ch e té /
Quel poulet Abi a-t-elle acheté ?
- 498 -

mp £ g6e a wïï
/qui ? / femme / tu / as vu /
Quelle fenme as-tu vue ?

2.S.- LE SYNTAGME COMPLETIF

L'ordre des constituants est inverse de celui du syntagme qualifica­


tif, et la séquence est immédiate (sans connectif).

Complétant - Complété.

Eventuellement, la voyelle initiale du nom complété disparaît :


\ t
3WO + <5k6 -* àwo kè
chat v-entre >* ventre de chat

\ / t, f a \ / , / —
awo o tag e awo ta g e
chat queue queue de chat

chacun des deux noms peut éventuellement recevoir les marques habituelles

'c *i \ /—
wu ab awo~o
/je/ ai vu / d'Abi / chat-le J'ai vu le chat d'Abi

\ t —
awo-o "tclge
chat-le queue La queue du chat

àwo-no tclgë
chat-ce queue La queue de ce chat

àwo-mlu-no tagë
chat-noir-ce queue La queue de ce chat noir

Les pronoms dits "possessifs” sont en fait les personnels utilisés comme com­
plétant :

me te de moi - père mort père


\
e gë de lui- champ son champ
- 499 -

Les syntagmes c o m p lé tifs peuvent s ’ e n c h a în e r a un nom c o m p lé tif peut ê tr e


com plétant d 'u n a u tr e nom q u i le s u it c

n wïï me te àwo ta g e -o
j e / a i vu / de moi / p ère / chat / q u e u e -la /
J'ai vu la queue du ehat de mon père

Un seul pronûm s u b s t i t u t i f peut ê t r e com plété dans un t e l syntagme,


Il e s t s p é c ia lis é dans c e t t e fo n c tio n . Ce pronom e s t / j e l celui de i

\ ' .. ....
ne me 6a 6a gë në me te je
/ v o i c i /d e m o i/o n c le / champ / v o ic i / de m o i/ père / c e lu i
Voici le champ de mon oncleâ voici celui de mon père

2 * 7 '~ SYNTAGME COQRDINATIF

La c o n jo n c tio n de deux noms e s t marqué p a r le morphème r e la t e u r


/odT/ :
n wïï à 6f
àt <5cfr 66lïï
J'ai vu Abi et Oblûu

àBf ocfr 06 lu 60
Abi et Oblou sont venus
»
Une v a r ia n te l i b r e de / 6dT / est / ( 5 d T . . . ......... nnoo /

n wïï àbf ocfr à S lïï nnoo


j' a i vu Abi et Oblou (et)

Ce morphème e s t a u s s i u t i l i s é comme p ré p o s itio n de v a le u r avec . Mais dans ce


cas , la marque postposée' /-n n Ô 5 / e s t o b l i g a t o i r e e t non f a c u l t a t i v e ï

à fif 60•••66T e te nnoo


Abi est venue avec son père (a v ec )

2 . 8 . - LES PRONOMS PERSONNELS

Les p-ronoms peuvent p re n d re d iv e rs e s formes s u iv a n t le u r fo n c tio n :


s u j e t / o b je t , com p létan t d ’ un nom (p a r fo is appelé " p o s s e s s if” ) ou forme l i ­
b re .
-500 -

Les pronoms sujet n'ont pas de ton propre, leur ton étant lié au
choix de la conjugiaison. D ’
autre part, il y a deux séries de pronoms sujet,
chaque conjugaison faisant un choix parmi l ’
une de ces deux séries.

La forme dite "libre” est celle qui apparaît en position détachée,


par exemple en topicalisation : ”
moi, j e ”.

Lorsque la 3è personne comporte deux formes, la forme en /o/ est uti­


lisée pour les inanimés.

S u je t S u je t O b jet Com plétant Forme


I II L ib re
r xr / —
1 Sg n ma mo me / n me

2 Sg a a hê a hê

3 Sg e / 0 ë he / 6 e hë

1 Pl lo no io lo lô
/ /
2 Pl ncü na hë na hë

3 Pl bo mo 60 Bo Bô

2 .9 NOMINALISATION DES VERBES

(Ce paragraphe est une communication personnelle de A. GRASSIAS.).

La plupart des verbaux peuvent être nominalisés à l ’


aide de la moda­
lité nominale o~ que l'on rencontre à l ’
initiale des non verbaux. Nous don­
nons ci-dessous quatre séries d ’
exemples.

a/ - /pë / » rire /pô / ? êpcugor /£o / = gémir

,épë • / b le vire /o po / 3 le mariage /obo/ - gémissement

/me/ a grossir / kïï/ = mourir /so/ ** redouter


t /
/om 2 / *le fait /oku/ = la mort /oso/ = la crainte
de grossir
/Go/ aaimer /h§/ = appeler /we/ = courir
/ 0 Ê 6 / = l ramour /oho/ ~le fait /owé/ B la course
d'appeler
- 501 -

b) - /jo/ "plaider / gBo/ hatr

/ojo/ le fait de plaider /<5g6ô/ la haine

o) - /£?/ = ''êter /éo/ = parler /cflê/ = être arrogant

/oGf/ = le prât/o<io/ =» la vois /<5çpé/ a l'arrogance

d) - /jà/ = se réunir

/ojà/ * réunion

Il ressort des exemples précédents que les Verbaux qui portent le


ton moyen à l'impératif (traduit en français par l'infinitif) prennent,
lorsqu'ils sont nominalisée, le ton haut (cf. série a))j ceux, plus rares,
qui portent le ton bas (cf. série b)), prennent le ton moyen. Certains Ver­
baux cependant gardent le même ton (cf.séries c) et d)). Ilfaut sans doute
rechercher l'explication de cette différence de traitement dans le fait que
les tons sur les Verbaux marquent 1 * "aspect". Le Moyen (ou le Bas) qui appa­
raît à l'impératif et au passé exprime 1 ' "accompli" i le Haut (ou le Moyen)
qui apparait au présent et au futur exprime 1'"inaccompli”. Ainsi les Verbaux
nominalisés qui gardent le ton de l ’
impératif seraient ceux dont le sens
exprime une action achevée, un état, alors que ceux qui prennent le ton du
présent seraient ceux dont lé sens exprime une action en train de se faire.

3,- CONJUGAISON

Les marques aspecto-modales de la c o n j u g a i s o n mbatto


portent essentiellement sur la variation de trois paramètres :

- 1) choix du pronom sujet parmi deux séries


- 2) choix du ton de ce pronom
- 3) choix du ton du verbe

Certaines conjugaisons (futur, prohibitif) ont en outre un affixe spécifique


en plus de ces trois variables.

3.1.- PRONOM SUJET

Le pronom sujet est sélectionné entre deux séries


Série I Série II

je n ma

tu a a

il e ë

nous lo nô

vous na na
cr>

ils mo
O

On pourrait considérer la série II comme, un amalgame de la série I avec un


affixe nasalisateur =

a ♦ N ■s
e + N ë
lo + N -V nô
na + N -* nâ
Go + N -V mo

avec une formation irrégulière de n + N + ma -

3.2.- TON DU SUJET

Ce pronom sujet prend un ton spécifique à chaque aspect ; exemples :

n, a, é, lo, na, S6 pour l'accompli et le prohibitif


A A A ,
n, a, e, etc.. pour l ’
accompli négatif
% \ \
ma, a, ë etc.. pour le progressif
/ / /
ma, â, ë, etc.. pour l ’
habituel, le futur 2, le futur négatif
A A A

m§, a, e etc., pour le futur 1

n, â, ê etc.. pour l ’
injonctif

3.3.- TON DU VERBE

Il y a deux classes de verbes * verbes HAUTS et verbes BAS. Suivant


les aspects, les Verbes Hauts ont un ton haut ou moyen, et les verbesB as ont
un ton moyen ou bas. Soient pour les exemples /pe/ acheter et /go/ butter »
- 503 -

pe et go pour l ’
accompli, et 1/impératif

pé et go pour le progressif, l ’
habituel, le futur, l'injonctif,
le prohibitif

3 *4 ‘
~ AFvFIXE SUPPLEMENTAIRE

A ces diverses marques s'en ajoute une autre pour 3 aspects i futur 2,
futur négatif, prohibitif. Il n*est pas possible ici de dire s ’
il s ’
agit de
morphèmes de type copule ou affixe ou d'auxiliaires.

Le f u t u r '2 utilise le pronom de série II et une marque le suit qui


a la forme /mV/ où V est la voyelle du pronom non nasalisée, sauf pour je
où elle est /o/ a

FUTUR 2 FUTUR NEGATIF


~ ~ t ' - '' w
ma mo ...... (pe go ) ma mô .... (pé go)
» r
â ma ... .. a ma ....
» *
ë mè ...... ë me .....
/ /
nô mo ...... nô mô .....
/ t
na ma ...... ma ma.
/ t
mo mo ...... mo mo ......

Le prohibitif utilise le pronom de série 1 à ton haut et un préfixe /sè-/


qui se place devant le sujet, et éventuellement s ’
amalgame à lui :

(se + n) sô
(pé. )
->

(se + a) )
go

(pé,
(se ♦ é) ->
si

)
go

(p£,
sél<5 (pé )
sê go

sena
go
f «w
}
se6o (pé
ipé go

go )
- 504 -

3» 5 .- LE NOM SUJET

Lorsque le sujet du verbe est un nom et q u ’


il n'y a donc plus de
pronom supportant une marque tonale particulière, deux cas ss présentent ;

Conjugaisons à pronom de série 1 53 Accompli et prohibitif n ’ont pas d ’


in­
fluence sur le sujet. Pour l'accompli négatif et 1 ’
injonctif, le ton de la
conjugaison est supporté par une voyelle homophone de la voeylle finale du
sujet

■il / Abi / Loba / n 'est pas allé ; qu'il/Abri/ Loba / aille ;


/
ê s — ~
no e no

1 no à 6 f T nô
*
loffa à no loSa â nô

Conjugaisons à pronom de série 2 : On a déjà signalé qu'on peut considérer


que pr. 2 = p r . 1 + N - Ceci estconfirmé par le fait que si le nom est un
sujet, il estsuivi de /n/ porteur du ton de laconjugaison (sauf au futur
qui a déjà un affixe) :
il / A b i / L o b q / e s t e n t r a i n d ' a l l e r ;
* *
a nô

࣠f n nô
f
îo b ë h nô

il / A b i / L o b a / va h a b i t u e l l e m e n t :
r f
a nô

abi
à6 f n no
t
!ô 6 â n nô

3 .6.- LA N E G A T I O N

S
Le ÜDatto n ’
a:pas de marque de négation spécialisée. Les conjugaisons
négatives se forment comme les autres par le jeu des variations tonales. La
négation ne peut être déduite de la forme positive, mais forme bien des con­
jugaisons différentes ;

tu est allé : ê no tu n'es pas allé ; â nô


505 -

Nd oufou est allé t ndufù no Ndoufou n'est pas allé : ndufùù no

Abi est allée- : àbf nS Abi n'est pas allée : àbf 1 no

3.7.- TABLEAU DE CONJUGAISON

acheter de l'igname butter l'igname


pê në go në

j'ai acheté de l'igname j'ai butté l'igname


Æ pê ne n go ne
t «i. —
a pê ne a go ne
e pê në e go ne
Accompli
.f ~ —
lé pê ne lo go ne
na pê në na g5 ne
66 pê ne B6 go në

(Inaccompli) j'achète de l 'igname je butte l'igname


Progressif *Z f — 's » —
ma pe ne ma go ne

j'achèterai... je butterai ...


Futur / \ f '
ma m5 pé në ma mo go në

que j'achète ... que je b u tt e. ..


Injonctif
n pé në n go në

achète ... ! butte .... !


Impératif \
pê në go në

*»,- BIBLIOGRAPHIE

GRANDET, E., Î973.- ”


La numérotation cardinale dans quelques langues de Côte-
d’
Ivoire" in "Annales de l'Université d'Abidjan”, 6, 1, série H, pp.
4 7-102.
- 50G -

GRASSIAS, A,, 1974.- "Eléments;de ..tonologis du ngula (rrbato) * étude distri-


butionnelle et quantitative des t o n s 1’
. in "Annales de l'Université
d*Abidjan, 7, 1, série H, pp. 205-221.

STEWART, J., 1973,- "The lenis stops of the. Potou Lagoon Languages" in "Re­
search Rsview, sup. n° 4 ", Institute of African Studies, University
of Ghana, Legon, pp. 1-49.-
N Z E M A

BIBLIOGRAPHIE ETABLIE PAR

Jonathan BURMEISTER

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the Linguistic Circle of A c c r a . Institute of African Studies, Univer­
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Rowson, H.M., 198G. A preliminary study.of some narrative discourses features


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20.16-31,

Welman, C.W., 1925. A preliminary study of the Nzema language. London; Crown
Agents fer the Colonies.
- 509 -

TABLE DES CARTES

Carte générale des langues kwa en Côte-d'Ivoire ............. . 11


Carte abbey ........ ...... ........................................ . 14
Carte abidji ................ .............. ........................ . 43
Carte a b o u r é ........ ...................... ............. ........... .. 69
Carte abron ... ................. ........... ............... ..... . 85
Carte adioukrou ................. .............................. ..... .... 131
Carte agni .................. ........................ ................. 157
Carte aïzi .............. ........................ ...................... .. 175
Carte alladian ..................... . 183
Carte a t t i é .................... ........................ ............ .. 229
Carte a v i k a m ....................... ...... ........ .................. . 257
Carte baoulé ... ........................ ..... ................... . 279
Carte é b r i é ................................ ........ .................. 309
Carte éga .................. ............. ..................... ...... . 361
Carte éotilé ... ..................... ........... ................... . 405
Carte k r o b o u .................................................. 427
Carte mbatto .,.............................................. ...... . 467
TABLE OES MATIERES

Avant propos ...................... ....................... 1


Liste des collaborateurs ...... ....... ...... ............. 3
Transcription . . 3 ................................... ...... ..... .......
Données démographiques .......* .. ...... ...... ............. ..... . 7
^ L 'abbey ......... .=...................... . 13
v L’
abidji ______________ __________ «......................... . ..... .V. 41
v L'abouré ............... ......... ,....................... ...... .... . 67
^ L 'abron ....................... .......... ..... ...................... 83
L’
adioukrou .......... ... .. ...... ............................... . 129
VL ’
agni ................ ....... ............. ............ .............. . 155
x Enquête dialectale an pays aïzi ............................. . 173
n L 'alladian ......................... ............ *..... 181
L’
attié ............................... ...... .... ....... 227
^ L ' a v i k a m ........................... ......... 255
S Le baoulé ........................................................... .... .277
'V L ’
é b r i é ............................ ........ ...... ........... . 307
^ L’
éga .......... , ,....... .................t ...... ....... . 353
L’
éotilé ...... , ........................ ............ . 403
x Le Krobou ..................... .............. .................. . 425
^ Le mbatto . . . . .......................................... .............. 465
Le nzéma (bibliographie) ............................................. 507
P O S TFA CE

Ce tra v a il d 'im p r e s s io n demandé à l 'I n s t i t u t de L in g u istiq u e


Appliquée (ILA) de l'U n i v e r s i t é d 'A b id ja n par la section R ech e rc h e , Ap­
p lication et Coopération L in g u istiq u e (RACL) de l'Agence de Coopération
C u ltu re lle et Technique n 'a u r a i t pas pu se ré a lis e r dans le délai trè s
con traig n an t de temps p ré v u sans le s é rie u x , le dévouement, la tén a c ité
et la d is p o n ib ilité totale ( j u s q u 'à des h eures ta r d i v e s , chaque n u it)
des perso nn es s u iv a n te s citées par o rd re a lp h a b é tiq u e :

- AHIPO Gbobia Célestin : tech nicien de re p ro g ra p h ie


- BADOU ECHENE M arie-Thérèse : s e c ré ta ire dactylographe
- BERETE Dièynabou BALDE : se c ré ta ire de direction
- BOLE-RICHARD Rémy : re sp o n sa b le des P ub licatio ns de
l 'I n s t i t u t de L in g u istiq u e A ppliquée
- BOLOU Paul : te c h n ic ie n de photocopie
- FADIGA KANTCHONON P erpétue : dactylographe
- GBANGBE Jean--Marie : tech nicien de Massage
- LOBA Loba Georges : tech nicien offset
- N'GUESSAN N'Dri Edmond : tec h n ic ien des duplim ats
- TANOH Andrée : g ra p h is te .

Au nom de tout le perso nn el a d m in is tra tif et des c h e rc h e u r s


de l ' I n s t i t u t de L in g u istiq u e A pp liq uée, nous a d resso n s tous nos re m e r­
ciements à Monsieur Le S ecrétaire Général de l'Agence de Coopération
à P aris et à Monsieur le Recteur de 1' U niversité d 'A b id ja n pour la
b ie n v e illa n c e so llic itu d e q u ' i l s ont su tou jou rs acco rd er à notre i n s t i t u ­
tion de re c h e rc h e u n i v e r s it a i r e d e p u is le lancement des deux p ro je ts
ASOL et MAPE j u s q u 'à le u r p hase finale d 'e x é c u t i o n . P uisse cette im­
p re ssio n de p rè s de 4.000 pages c o n trib u e r de manière effective à la
promotion réelle de nos langues a fric a in e s .

Pascal D. KOKORA Ph. D.


D irecteur de l 'I n s t i t u t de
L in g u istiq u e A ppliquée (ILA)
d ' Abidjan .
°o.
AGENCE DE COOPÉRATION
| CULTURELLE ET TECHNIQUE
13 , quai André Citroen. 7 5 0 1 5 Paris — France

IM P. R e p ro te c h n iq u e

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