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La visée morale du proverbe s’observe dans son titre qui prend souvent la forme d’un
avertissement ou d’une leçon, d’une interdiction par sa tournure négative : On ne saurait
penser à tout ; Il ne faut jurer de rien ; Il faut qu’un porte soit ouverte ou fermée. Le choix du
proverbe confirme l’écart où s’est tenu Musset par rapport au théâtre romantique, parce que
l’atmosphère du 18ème siècle quelque peu désuète, propre au proverbe contrebalance
l’emphase romantique.
Le genre du proverbe subit fortement l’influence de la comédie italienne et plus encore d’un
auteur du siècle antérieur à celui de Musset, qui lui doit beaucoup : Marivaux. Le sourire
résulte davantage de ce théâtre que le rire. Le thème en est la surprise de la passion, le « jeu »
de l’amour, le combat entre amour propre et amour et surtout l’utilisation polyvalente et
ludique du langage.
Mais si cette petite comédie de la vie privée, en prose, sans réalité historique précise bien
définie, s’éloigne du grand drame romantique, son auteur applique encore quelques principes
de la Préface de Cromwell de Victor Hugo : l’abandon des conventions du théâtre classique,
vraisemblance et bienséance notamment, mélange du grotesque et du sublime, dette avouée à
l’égard d’un théâtre étranger, notamment élizabéthain, celui de Shakespeare surtout.
Il ne faudrait pas s’étonner de la liberté de Musset par rapport aux contraintes théâtrales des
décors, notamment dans Badine. Dès 1830, après l’échec de sa Nuit vénitienne à l’Odéon,
Musset n’écrit plus pour la scène, ses pièces sont publiées dans les livraisons d’Un spectacle
dans un fauteuil. Badine paraît d’abord dans la Revue des deux mondes en juillet 1834. Cela
explique par exemple le flou des indications scéniques et le déplacement des didascalies dans
le discours même des personnages. Le texte est écrit pour être lu plutôt que vu.