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On ne badine pas avec l’amour

Auteur Alfred de Musset


Pays France
Genre Drame romantique
Lieu de parution France
Date de parution 1834
ISBN 9782253180036
Date de création 18 novembre 1861
Lieu de création Comédie-Française
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On ne badine pas avec l’amour est une pièce de théâtre


en trois actes d'Alfred de Musset, publiée en 1834 dans la
Revue des deux Mondes et représentée le
18 novembre 1861 à la Comédie-Française.
Musset écrit à l'âge de 24 ans cette pièce en prose après
une ébauche en vers et choisit le genre du Proverbe, genre
dramatique mondain et mineur basé sur une intrigue
sentimentale légère. Mais, dans le dernier acte il s'éloigne
du genre sous l'influence du drame romantique avec la
présence de l'échec et de la mort.

Histoire du texte

En mars 1834, Musset quitte Venise seul après le drame


de la rupture avec George Sand quand elle l'abandonne et
part avec le médecin Pagello. Commence alors une
correspondance amicale « plus ardente que l’amour » [1]
entre les deux amants séparés, où Musset informe qu’il
projette d’écrire leur histoire, « de bâtir un autel, fût-ce
avec ses os »[1] à George, qui sera le futur roman La
Confession d'un enfant du siècle. Mais François Buloz, le
directeur de la Revue des deux Mondes, lui fait une
commande d’une comédie dans la continuité d’Un
spectacle dans un fauteuil, laissant le poète désabusé, ne
sachant même pas « comment lui faire une malheureuse
comédie »[1]. C’est donc sans enthousiasme qu’il
commence l’écriture d’On ne badine pas avec l’amour,
finissant deux mois plus tard, pour enfin se tourner vers le
projet de son roman.

La liaison passionnée qu'il a entretenue avec George


Sand a nourri en grande partie la pièce, ainsi la scène 5
de l'acte II reprend des passages des lettres écrites par
George Sand lors du conflit amoureux (« Tous les
hommes sont menteurs, inconstants… »)

Musset a choisi d'écrire pour la lecture depuis l'échec de


la représentation de la Nuit vénitienne en 1830 : le texte
est publié dans la Revue des deux Mondes en 1834 et en
volume en 1840. La première représentation de On ne
badine pas avec l'amour a lieu en 1861 (après la mort de
l'auteur en 1857) mais il faudra attendre 1923 pour voir
monter la version originale complète.

Synopsis

La pièce se déroule au château du Baron et a pour


principaux personnages Camille, sa nièce, une jeune fille
de 18 ans qui sort du couvent, et son cousin de 21 ans,
Perdican, récemment titulaire d'un doctorat. Les deux
jeunes gens se retrouvent après dix ans de séparation
dans ce château si cher à leurs cœurs, où ils ont grandi,
joué et se sont aimés. Le Baron projette de marier les
deux cousins.

Perdican et Camille s'aiment depuis toujours, mais cette


dernière, éduquée très strictement par les sœurs du
couvent, toutes victimes d'amours malheureuses, a
appris à ne pas avoir confiance en les hommes. Elle a
donc pris la décision d’y retourner et de vouer sa vie à
Dieu.

Camille continue malgré tout de cacher ses sentiments


pour Perdican, par pur orgueil. Elle envoie donc une lettre
à Louise, une religieuse de son couvent qui l'a fortement
influencée par l'exemple de ses propres malheurs pour la
dissuader de quitter ce lieu où elle « est en sécurité »,
lettre où elle explique qu'elle a tout fait pour se faire
détester de Perdican, et où elle affirme que ce dernier est
au désespoir à cause de son refus de mariage.

Au cours d’une dispute entre Dame Pluche, la


gouvernante et Maître Blazius, le curé, Perdican tombe
sur cette lettre. Touché dans son amour-propre, il laisse
l'orgueil et la vanité le dominer, et décide de la détromper
en séduisant Rosette, une jeune paysanne, sœur de lait de
Camille, espérant ainsi rendre sa cousine jalouse, lui
donnant rendez-vous afin qu'elle assiste à la scène.

Mais Camille apprend par Dame Pluche que Perdican


avait lu sa lettre, et comprend ainsi son comportement.
Par vengeance, elle affirme à Rosette que Perdican se
moque d'elle. Rosette s’aperçoit de la méprise et perd
connaissance. Camille et Perdican s'avouent finalement
leur amour dans la dernière scène, mais Rosette, qui les
observait en cachette, ne supporte pas cette désillusion
et meurt d'émotion : « Elle est morte. Adieu, Perdican. »,
conclut Camille[2].

La liberté formelle

L'œuvre apparaît comme un proverbe qui tend vers le


drame romantique mais se distingue de ce genre par
l'absence de situation historiquement définie et
d'héroïsation des personnages qui demeurent communs
et relèvent plutôt de l'art romanesque.
Il existe bien un découpage formel en actes et en scènes
mais ce sont souvent des tableaux avec une
multiplication des lieux : plusieurs endroits à l'intérieur du
château (salle de réception – salle à manger – chambre
de Camille) mais aussi la place devant le château, lieu de
contacts sociaux et au-delà la nature (champs - bois –
bergerie, oratoire : lieu d'intimité et de drame lors de
l'ultime confrontation). La diversité formelle apparaît
aussi à travers les types d'échanges qui vont de la
vivacité extrême (début de III, 2), à la tirade (chœur dans
I,1, II,5 ou II,8) et au monologue (Perdican dans III, 1 et
parodiquement Bridaine dans II,1).

Ce jeu sur le langage est complété par le jeu avec le


théâtre, que ce soit à travers les procédés des lettres,
des témoins cachés, la parodie de chœur antique ou le
fait d'établir le spectateur en complice des manipulations
diverses.

Le mélange des personnages (silhouettes des


« fantoches » et personnalités plus fouillées[3]) participe
aussi à l'éclatement du genre théâtral puisque, à cette
diversité des personnages, correspond une diversité des
tons qui vont du plaisant et du burlesque au tragique et
au pathétique, avec une disparition progressive du
comique[4].

Thématique

On rencontre des thèmes secondaires comme la


problématique sociale, avec la caricature du baron
dépassé par la situation, tout comme Blazius, Bridaine et
dame Pluche qui ont échoué dans leur ambition
éducative. La question de la violence sociale est par
ailleurs illustrée par Rosette, la paysanne méprisée par
Camille et manipulée par Perdican, qui joue de son statut
de maître et la conduira à sa perte.

Un thème adjacent complète le précédent et s'y oppose,


sans être vraiment approfondi par Musset : celui de la
nature, représentée par Rosette chez qui l'état de nature
est associé à l'innocence et que Perdican relie au bonheur
perdu de l'enfance.

Un point plus approfondi est constitué par


l'anticléricalisme, Musset dénonçant le mode de vie des
hommes d'Église mais surtout la détestable éducation
religieuse des jeunes filles qui les prive du bonheur
terrestre de l'amour. La critique apparaît à travers la
moquerie des religieux goinfres et délateurs mais bien
plus encore avec la dénonciation de la perversion de la
dévotion qui conduit à la haine des hommes plutôt qu'à
l'amour de Dieu, perversion illustrée par l'évocation de la
figure de Louise par Camille. Le personnage desséché et
acariâtre de Dame Pluche est une autre illustration de la
faillite de l'option religieuse, au-delà de l'éducation des
jeunes filles.

Les thèmes majeurs de la pièce vont cependant plus loin


que ces connotations d'époque pour atteindre des
thèmes universels mais avec une coloration romantique
particulière : il s'agit de l'amour et du sentiment tragique
de la vie[5]. Musset met d'abord en scène, dans la lignée
de Marivaux, le libertinage et le badinage amoureux,
produits de l'inconstance masculine (Perdican a un
naturel sympathique mais il est aussi immature et cruel,
avec Rosette notamment) mais aussi de la coquetterie
féminine (Camille est « d'humeur changeante », elle
provoque Perdican, pratique le mensonge et le piège).
Mais c'est l'hymne à l'amour qui marque l'œuvre. Cette
place suprême faite à l'amour se dévoile magistralement
dans la scène 5 de l'acte II quand s'affrontent le désir
d'un amour sublime et absolu chez Camille qui,
cependant, a peur de souffrir, et l'acceptation de cette
souffrance causée par l'amour chez Perdican pour qui
l'amour est la justification unique de la vie. Mais la cause
est entendue : la mort va triompher, réelle pour Rosette et
symbolique pour Camille et Perdican dans l'adieu final.

Musset met ainsi en place l'engrenage fatal de l'orgueil


[6] : le désir de dominer l'autre et l'inconséquence des
personnages qui jouent avec les mots et les situations
vont conduire tragiquement à l'échec et à la mort. La folie
des hommes les conduit à rendre impossible le bonheur
de l'amour : sans s'en rendre compte, comme des
enfants, ils tissent eux-mêmes leur destin malheureux.

Bilan

La pièce, écrite pour la lecture, présente une liberté


formelle qui rend son étiquetage délicat : à la fois
comédie et drame, On ne badine pas avec l'amour tient
une place à part dans le théâtre de l'époque par ses
situations et ses personnages ordinaires qui évoquent le
monde des romans. Ces personnages principaux sans
statut héroïque, au-delà de leurs points communs avec
Alfred de Musset et George Sand, touchent toujours les
spectateurs par la facilité d'identification qu'ils proposent,
et ce à toutes les périodes. Enfin, l'exaltation du
sentiment amoureux mêlée à la perception du tragique de
la vie inscrit l'œuvre parmi les plus marquantes du
romantisme.

Représentations

1959 : Jean Vilar au TNP, Palais de Chaillot (Paris)


1977 : Simon Eine à la Comédie Française (Paris)[7]
1993 : Jean-Pierre Vincent au Théâtre Nanterre-
Amandiers (Nanterre)
2003 : Ladislas Chollat au Théâtre Le Ranelagh (Paris)
2007 : Philippe Faure au Théâtre de la Croix-Rousse
(Lyon)
2009 : Boris Van Overtveldt au Théâtre des Artisans
(Paris)
2009 : Michel Bouttier au Théâtre Espace Marais
(Paris)
2011 : Yves Beaunesne au Théâtre du Vieux-Colombier
(Paris)
2015 : au théâtre Denise-Pelletier (Montréal)
2016 : Yann Lefeivre au Trident (Cherbourg-en-Cotentin)

Adaptation cinématographique

La pièce a été portée à l'écran à l'époque du muet par


Georges Méliès en 1908 dans On ne badine pas avec
l'amour, en 1924 avec le même titre par Gaston Ravel et
Tony Lekain, et en 1926 par Georg Wilhelm Pabst avec
notamment Werner Krauss et Lili Damita sous le titre Man
spielt nicht mit der Liebe. Ce dernier film est aujourd'hui
réputé perdu.

Jean Desailly a réalisé sa version en 1955 : On ne badine


pas avec l'amour.
Musique

Musique de scène de Camille Saint-Saëns créée le


8 février 1917 au théâtre de l'Odéon à Paris.

Notes et références

1. Lettre à George Sand du 4 avril 1834,


Correspondance d'Alfred de Musset, tome 1 / 1826-
1839, PUF, 1985, p.84

2. Résumé : [1] (http://romantis.free.fr/Musset/html/onn


ebapa.html) [archive]

3. Classique Bordas, dossier pédagogique, page 4


4. Anne Ubersfeld, Le drame romantique
5. http://www.pemf.fr/pdf/fiches/CO_FLAM_On_ne_badi
ne_pas_avec_l_amour.pdf [archive]

6. « Musset, On ne badine pas avec l’amour (http://ww


w.etudes-litteraires.com/musset-on-ne-badine-pas-av
ec-amour.php) [archive] », sur etudes-litteraires.com
(consulté le 20 avril 2023).
7. Hands Agency, « On ne badine pas avec l'amour ・
Comédie-Française (https://www.comedie-francaise.
fr/fr/evenements/on-ne-badine-pas-avec-lamour77-7
8#) [archive] », sur www.comedie-francaise.fr
(consulté le 3 mai 2020).

Voir aussi

Bibliographie

Résumé : [2] (http://romantis.free.fr/Musset/html/onne


bapa.html) [archive]
Dossier pédagogique Bordas [3] (http://s2.e-monsite.c
om/2009/11/30/89018639on-ne-badine-pas-avec-l-am
our-musset-pdf.pdf) [archive]
On ne badine pas avec l'amour Alfred de Musset -
édition GF, notes de Nathalie Marinier, [4] (http://www.p
emf.fr/pdf/fiches/CO_FLAM_On_ne_badine_pas_avec_
l_amour.pdf) [archive]
Anne Ubersfeld, Le Drame romantique, éd. Belin, 1994.
Eric Gans, Musset et le Drame tragique, Paris, José
Corti.

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