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Stabilisation des plâtres en terre : échange de connaissances et d'expériences


entre l'Italie et le Maroc
Article · Janvier 2016

CITATIONS LECTURES
7 441

7 auteurs, dont :

Manuela Mattone Mounsif Ibnoussina


Politecnico di Torino Université Cadi Ayyad
17 PUBLICATIONS 74 CITATIONS 40 PUBLICATIONS 145 CITATIONS

VOIR PROFIL VOIR PROFIL

Fabio Fratini Donata Magrini


Conseil national italien de la recherche Conseil national italien de la recherche
79 PUBLICATIONS 1 105 CITATIONS 62 PUBLICATIONS 438 CITATIONS

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J. Mater. Environ. Sci. 7 (10) (2016) 3647-3655 Mattone et coll.
ISSN : 2028-2508
CODE : JMESCN CIAT2015

Stabilisation des plâtres en terre : échange de connaissances et d'expériences


entre l'Italie et le Maroc
3 3
Mattone1,3, M. Ibnoussina2, S. Rescic3, F. Fratini3, D. Magrini , A. M. Mecchi , M.
2
Nocairi
1 Politecnico di Torino, Dipartimento Architettura e Design, Turin, Italie
2 Département de géologie de l'Université Cadi Ayyad, FSSM, Marrakech, Maroc
3 Institut pour la conservation et la promotion du patrimoine culturel (ICVBC CNR), Florence, Italie

*
Auteur correspondant. Courriel : manuela.mattone@polito.it

Abstrait
La préservation du patrimoine architectural terrestre et de l'architecture contemporaine terrestre exige
l'expérimentation et le développement de matériaux appropriés et de techniques d'intervention afin de prévenir
les décompositions qui peuvent compromettre la conservation du patrimoine terrestre au fil du temps. Ce
programme de recherche, grâce à une coopération bilatérale entre le CNRST-UCA et le CNR-ICVBC, vise à
concevoir et tester des plâtres à base de terre stabilisés avec des produits traditionnels (gypse ou chaux), afin
d'acquérir les informations nécessaires pour développer des mélanges de terre plus durables à appliquer à la fois
sur les bâtiments existants et nouveaux. La campagne expérimentale vise à évaluer la capacité de ces plâtres
stabilisés à garantir une protection appropriée des parois de terre. Les plâtres ont d'abord été testés en laboratoire,
puis ils ont été appliqués sur un bâtiment en terre dans la banlieue de Marrakech. Les performances des plâtres
sur site sont encore à l'étude et ne seront pas présentées dans cet article.

Mots clés : Plâtres en terre, Stabilisation, Produits traditionnels, Chaux, Gypse

Introduction
Largement répandues dans de nombreux pays européens, américains, asiatiques et africains, les structures
terrestres témoignent de manière importante et significative de la connaissance, des techniques de construction,
de la culture technologique qui détient des valeurs paysagères uniques en plus des valeurs historiques (Jaquin,
2008 ; Guillaud, 2012). Matériau écologique par excellence, la terre a été utilisée depuis l'Antiquité pour
construire des structures architecturales ; puis elle est entrée dans une période d'oubli complet en raison de la
large diffusion des produits industriels. Récemment, cependant, son utilisation est devenue l'objet d'un intérêt
renouvelé non seulement pour les pays en développement, mais aussi pour un nouveau marché émergent. En
effet, la terre est largement disponible dans la nature à un prix extrêmement bas ; elle est utilisée sans nécessiter
de transformations spéciales ; elle nécessite une quantité d'énergie réduite pour son traitement et permet de
travailler avec un impact minimal sur l'environnement ; elle donne la possibilité de construire des structures de
confort de vie élevé, grâce à sa respirabilité et son isolation thermique. Le seul inconvénient de ces architectures
est la durabilité limitée du matériau face à l'action agressive exercée par des agents extérieurs (tels que l'eau de
pluie, la montée capillaire, l'érosion, le vent, l'action anthropique) qui nécessite un entretien constant (Guettala et
al., 2006; Avrami et al., 2008; Boussalh, 2005). Afin d'atténuer la décomposition des structures terrestres, le
choix des matériaux et des techniques appropriés est nécessaire, permettant ainsi la préservation du patrimoine
architectural terrestre et favorisant l'utilisation de la terre dans l'architecture moderne. Ce choix devrait être dicté
par les connaissances acquises par la récupération et l'étude des techniques de construction traditionnelles ainsi
que par de nouvelles expériences. A cette fin, un projet de recherche bilatéral entre le CNRST marocain
(Département de géologie de l'Université Cadi Ayyad, Marrakech) et le CNR italien (Institut pour la conservation
et la promotion du patrimoine culturel, Florence), a été développé afin d'expérimenter et de développer différents
types de plâtres en terre à travers l'évaluation de leurs performances à la fois en laboratoire et in situ. Bien que les
activités expérimentales menées ces dernières années par le groupe de recherche italien aient été conçues pour
tester le plâtre fabriqué à la fois avec des stabilisants traditionnels et avec des produits moins courants (poussière
de four à ciment, enzymes, solution géopolymèrique), dans ce cas, il a été jugé approprié d'effectuer la
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expérimentation utilisant exclusivement des matériaux facilement disponibles sur le territoire marocain (comme
la chaux et le gypse).

2. Matériaux et méthodes
Tous les plâtres ont été réalisés en utilisant une terre venant de Douar Oulad Mezzoug, à 22 km à l'est de
Marrakech, le long de la route de Sidi Rahal. La terre a été prélevée dans une tranchée de 2,20 m de profondeur.
Les faciès rencontrés dans la tranchée sont les suivants:
- en surface une couche de terre végétale d'environ 0,20 m d'épaisseur;
- silt argileux plus ou moins compact jusqu'à 2,20 m de profondeur.
La terre a été prise, à l'exclusion de la couche arable. La masse volumique apparente de la terre est de 1,88
KN/m3 et la teneur en eau est de 8,8 %. Selon les limites d'Atterberg (WL = 31 % et IP = 11 %) et l'analyse
granulométrique (Tableau
1) le matériau peut être classé comme sable limoneux [SL] [classification du laboratoire central de Ponts et
Chaussées (LCPC)].

Tableau 1 : Granulométrie
Granulométrie par tamisage [NF P 94 056]
Tamis  (mm) > 50 50-5 5-2 2-0,63 0,63-0,08 < 0,08
% de fractions de
grains 12 8,2 18,2 28,9 20,2 12,5

Le tableau 2 montre la composition des différents mélanges de plâtre testés. Les pourcentages des additifs
correspondent au poids de la terre sèche. Les échantillons ont été préparés en fournissant une première couche
(environ 1,5 cm d'épaisseur) à partir de terre de granulométrie plus grossière, ensuite revêtue d'une couche de
finition (environ 0,5 cm d'épaisseur) en terre de granulométrie plus faible (passant à travers un tamis de Ø 1
mesh).

Tableau 2 : Composition des mélanges de plâtre


Première
couche Couche de finition
Pansement
Terre (g) Gypse (g) Chaux (g) Terre (g) Gypse (g) Chaux (g)
A 7 300 - - 2 600 - -
B 7 300 - 1095* 2 600 - 390*
C 7 300 1460** - 2 600 520** -
*=15% p/p de la terre ; **20% p/p de la terre

D'autres échantillons (A1, B1, C1) ont été préparés en adoptant les mêmes mélanges de plâtre mais en ajoutant
un peu de paille (quatre poignées de paille dans la première couche et une poignée dans la couche de finition).
Trois échantillons ont été réalisés pour chaque type de plâtre et leurs performances et caractéristiques ont été
comparées à celles résultant d'essais réalisés sur les échantillons du plâtre de terre non stabilisé, couramment
utilisé dans l'architecture traditionnelle.
Les types d'échantillons suivants ont été réalisés pour réaliser les différents essais: 25x25x2cm pour les essais
d'érosion et d'absorption capillaire; 5x5x2cm pour les mesures de couleur et l'essai de perméabilité à la vapeur
d'eau; 5x4x2cm pour l'essai de cisaillement.

2.1. Techniques d'enquête


Les techniques d'investigation suivantes ont été utilisées pour évaluer la composition des matières premières et
les performances des plâtres en terre stabilisée.
La composition des matières premières (chaux, gypse, terre) et des nouvelles phases formées dans la terre de
plâtre
+ La chaux et la terre + gypse ont été étudiées par analyse par diffraction des rayons X avec un diffractomètre
X’Pert PRO de PANalytical équipé du détecteur X’Celerator et du logiciel HighScore pour l'acquisition et
l'interprétation des données (Cu Κα1= 1,545 Å rayonnement, 40 KV, 30 mA, 2Ɵ = 3-70° et 2Ɵ = 3-35°pour les
minéraux argileux).
Une étude plus approfondie a été réalisée dans le cas du plâtre en terre + chaux pour identifier la présence
possible de produits de réaction pouzzalanique (phases hydrauliques) entre la chaux et les minéraux argileux de
la terre, en utilisant les méthodes d'investigation suivantes: analyse par spectrométrie infrarouge avec
spectromètre ALPHA Bruker Optics dans la région infrarouge moyen (4000-400cm -1). Des spectres ont été
acquis en mode réflexion totale en recueillant 16 balayages, avec une résolution de 4 cm -1 sur une pastille de
KBr; analyse thermogravimétrique avec une Pyris 6 TGA de Perkin Elmer équipée de
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Logiciel Pyris TGA pour l'acquisition et l'élaboration des données. L'échantillon (3-4 mg) a été placé dans un
creuset en céramique sous atmosphère gazeuse de N2 avec un débit de 20 mL/min et analysé de 50°C à 900°C à
un débit de 10°C/min.
Les performances de durabilité des plâtres en terre ont été étudiées par: essai d'érosion à l'eau (Geelong et spray
test); essais d'absorption d'eau (tuyau de Karsten); essai de cisaillement; essai de perméabilité; essai
colorimétrique.
Les essais d'érosion ont été effectués, selon la norme NZD 4298 de la Nouvelle-Zélande, de deux manières
différentes :
Essai Geelong (NZS 4298E, 1998) et essai par pulvérisation (NZS 4298D, 1998).
L’essai de Geelong est basé sur la mesure de l’érosion des échantillons causée par l’impact répété d’une goutte
d’eau (à partir d’une hauteur de 400 mm et pour un total de 100 ml) sur la surface testée qui est placée à un angle
de près de 30° par rapport à l’horizontale (figure 1). L'évaluation se fait en mesurant la profondeur de la cavité
due à l'impact de la goutte d'eau sur la surface.

Figure 1 : Test Geelong (Manuela Mattone).

L'essai d'érosion par pulvérisation consiste à mesurer l'érosion de l'échantillon provoquée par l'exposition à un jet
d'eau projeté à une distance de 470 mm et sous une pression de 0,5 bar. L'essai dure jusqu'à une heure, ou jusqu'à
érosion complète de l'échantillon, et il est interrompu à intervalles réguliers de 15 minutes pour évaluer la
profondeur de l'érosion provoquée par le jet d'eau.
Les essais d'absorption d'eau ont été réalisés à l'aide de la conduite de Karsten (Karsten, 1983) et en mesurant,
pendant un maximum de 15 minutes et à intervalles réguliers d'une minute, la vitesse d'absorption de l'eau par le
plâtre à partir de la conduite graduée.
Afin d'évaluer la liaison des plâtres au mur, des essais de cisaillement ont été réalisés selon ce qui a été suggéré
dans des recherches récentes (Hamard et al., 2013). Trois spécimens (taille 40x50x20 mm) de chaque type de
plâtre ont été préparés. L'essai de cisaillement mesure la charge nécessaire pour faire échouer l'échantillon.
Chaque spécimen a été chargé avec de petites billes de plomb jusqu'à l'échec, à l'aide d'un dispositif spécial
(Figure 2). La charge à laquelle l'échantillon échoue a été enregistrée. Il a été possible d'évaluer la contrainte de
cisaillement moyenne (, N/mm2) de chaque plâtre en considérant la charge de rupture ( mf, Kg) et la surface (S,
mm2) des échantillons puisque = mf x g/S, où g = 9,81 m/s2.
L'essai de perméabilité à la vapeur d'eau a été réalisé selon la procédure et l'instrumentation contenues dans la
norme européenne EN15803 (2010). La perméabilité est exprimée en perméabilité résiduelle en pourcentage. Les
essais ont été réalisés sur 3 échantillons pour chaque type de mélange de plâtre.
Les variations de couleurs induites sur les plâtres en terre avec et sans additifs sont un paramètre purement
esthétique qui peut être intéressant à connaître dans le cas où l'intégration de parties manquantes de plâtre devient
nécessaire. On a utilisé le spectrophotomètre Konica Minolta CM 700d utilisant la méthode CIE L* a* b*
(CIELAB, 1976), où L* est la légèreté, a* est l'axe rouge-vert et b* est l'axe jaune-bleu. Le changement total de
couleur est résumé par ΔΕ* (ΔΕ*=5 est la limite de détection de l'œil humain) (EN15886: 2010). Pour chaque
type de plâtre en terre (non stabilisé et stabilisé), un total de 30 mesures ont été réalisées.
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Figure 2 : Le dispositif d'essai de cisaillement (Manuela Mattone).

3. Résultats et discussion
3.1. Composition de la matière première et identification des nouvelles phases dans les plâtres stabilisés
La composition des matières premières marocaines réalisée par analyse DRX est décrite dans le tableau 3 et la
figure 3.

Tableau 3 : Composition minéralogique des matières premières marocaines*


Matière Composition
Terre quartz, feldspath, traces d'oxydes de fer et minéraux argileux (illite 45%,
kaolinite 30%, chlorite 25%)
Gypse sulfate de calcium hémihydraté (bassanite), sulfate de calcium (anhydrite),
traces de carbonates (calcite et dolomite) et quartz.
Chaux hydroxyde de calcium (portlandite),  silicate de calcium (larnite), traces
de calcite et de quartz
*concernant les minéraux argileux, les données sont semi-quantitatives

Figure 3 : spectres XRD de la chaux et du gypse marocains. Le silicate de calcium (larnite) est un composé
typique de la chaux hydraulique (P = portlandite; CS = silicate de calcium; B = bassanite; A = anhydrite; Q =
quartz, C = calcite, D = dolomite).
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L'étude minéralogique a permis de vérifier que le gypse peut être attribué à un « anidrite soluble » alors que la
chaux est une chaux hydraulique naturelle due à la présence  de silicate de calcium (larnite).
Après 28 jours de cuisson, en tant que nouvelles phases minéralogiques, nous avons mis en évidence la présence
de calcite dans le plâtre de terre stabilisé à la chaux et la présence de gypse dans le plâtre de terre stabilisé au
gypse (figure 4).
Les phases hydrauliques dues à l'hydratation de la larnite (CS) ou à la réaction pouzzolanique entre l'hydroxyde
de calcium (portlandite) et des minéraux argileux n'ont pas été identifiées (elles peuvent être dues à l'état
amorphe ou à la faible cristallinité).

Figure 4 : Comparaison entre les spectres DRX du plâtre de terre fabriqué avec seulement de la terre (A)
terre + chaux (B) et terre + gypse (C). Qz = quartz, F = feldspath, C = calcite, D = dolomie, P = portlandite, I
= illite, K = kaolinite, Cl = chlorite ; G = gypse, Fe = oxydes de fer.

La figure 5 présente les résultats de l'étude en IR moyen effectuée sur des échantillons terre-chaux (graphique A)
comparés à ceux obtenus sur terre (graphique B).

Figure 5 : Spectres à IR moyen : comparaison entre un échantillon de terre avec de la chaux (graphique
A) et un échantillon de terre seule (graphique B).

Les spectres sont très similaires et les bandes IR sont comparables. En particulier, dans les deux spectres, les pics
suivants sont présents: étirement symétrique et asymétrique du Si-O (800-1000cm-1, silicates) et, en particulier,
un pic élevé à 1030cm-1attribuable à l'étirement du Si-Al-O (aluminčosilicates); déformation du tétraèdre de
SiO4 (400-500cm-1, silicates) (Hanke, 1986); étirement asymétrique du CO 3 2- (1400-1500cm-1, carbonates) et
une épaule
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de flexion hors plan de l'ion CO32- (875cm-1, carbonates) (Hunt 1971); flexion H-O-H de l'ion moléculaire H 2O (1640cm-1) et -OH
vibration d'étirement de H2O (2800-3700cm-1) (Williams, 1966). Il convient de noter que les principales
caractéristiques de vibrations des composés C-S-H (pic à ~970cm -1 et deux épaules à ~1060cm-1 et 900cm-1),
liées aux vibrations d'étirement Si-O des tétraèdres Q2 (Trezza, 2007, Yu, 1999), ne sont pas visibles
(probablement cachées par la large bande de silicates à 800-1000 cm -1).
Le résultat de l'analyse thermique effectuée sur l'échantillon de plâtre terre-chaux (B) est présenté à la figure 6.

Figure 6 : Courbe thermogravimétrique de l'échantillon de terre à la chaux (plâtre B).

La courbe thermogravimétrique (figure 6) indique que la déshydratation de l'échantillon de terre et de chaux se


produit en plusieurs étapes : perte de 60 à 110 °C d'eau absorbée ; perte de 130 à 190 °C d'eau provenant des
hydrates de silicate de calcium (HSC) (Eskander et coll., 2012); perte de 250 à 450 °C d'eau provenant de
différents stades de déshydratation des hydrates de C-S-H et d'aluminate de calcium, et perte d'eau provenant de
la déshydratation de l'eau intercouche de minéraux argileux (Eskander et coll., 20 12 ;
č et al, 2013 ; Plante et al., 2009); expulsion de 450 à 600 °C de l'ion OH du réseau minéral argileux
(déshydroxylation) (Plante et al., 2009); déshydroxylation de 600 à 680 °C du minéral argileux et première étape
de décomposition de l'ion carbonates associé à la calcite (Eskander et al., 2012); décomposition de 680 à 900 °C
des ions carbonates de la calcite (Eskander) et coll., 2012. Il convient de noter que cette analyse est la seule qui
permette de mettre en évidence la présence, comme prévu, de produits d’hydratation du larnite.

4.2. Performances des plâtres en terre


Le test de Geelong montre que, à l'exception des plâtres en terre (A et A1) qui ont échoué, tous les autres
échantillons testés n'ont pas été érodés du tout (figure 7). En ce qui concerne l'essai Spray également (figure 8),
une résistance à l'érosion plus élevée est mise en évidence pour les terres stabilisées. En particulier, l'érosion est
nulle pour les plâtres stabilisés à la chaux (B et B1).

Figure 7 : Diagramme montrant les résultats de l'essai Geelong (en ordonnées est la profondeur de l'érosion)

L'essai d'absorption d'eau montre que, tandis que le gypse (C et C1) réduit le taux d'absorption d'eau, la chaux (B
et B1) détermine une augmentation de l'absorption par rapport au plâtre (A) et à la terre + paille (A1) (figure 9).
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Figure 8 : Schéma montrant les résultats de l'essai de pulvérisation d'érosion

Figure 9 : Schéma montrant les résultats des essais d'absorption d'eau.

L'essai de cisaillement montre que tous les plâtres faits avec de la paille (A1, B1, C1) se caractérisent par une
résistance au cisaillement inférieure par rapport aux autres (figure 10). La résistance au cisaillement plus élevée a
été obtenue pour le plâtre stabilisé au gypse (C). Cependant les résultats sont assez dispersés, ce qui pourrait être
dû à la fois aux hétérogénéités de la paroi et aux dimensions des échantillons qui rendent difficile de garantir une
bonne application du revêtement. Par conséquent, la résistance au cisaillement doit être évaluée en préparant plus
d'échantillons et en augmentant leur taille.

Figure 10 : Essai de cisaillement pour évaluer la liaison des plâtres au mur (m[KPa]).

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Les résultats de l'essai de perméabilité à la vapeur d'eau, exprimés en pourcentage de perméabilité à la vapeur
d'eau résiduelle, montrent que: dans le cas du plâtre A1 (terre + paille) par rapport au plâtre A (seule terre), la
perméabilité résiduelle a une très faible diminution (P. Res = 97%); les plâtres B et C par rapport au plâtre A,
tous deux ont une très faible diminution de la perméabilité résiduelle, respectivement 96% et 97%; concernant les
plâtres B1 et C1 par rapport au plâtre A1, le premier a une diminution de la perméabilité résiduelle légèrement
supérieure au second, respectivement 92% et 98% presque inchangée. En général, les plâtres maintiennent leur
perméabilité à la vapeur d'eau inchangée.
Les résultats des mesures colorimétriques sont reportés dans le tableau 4 comme valeurs moyennes des
coordonnées L*, a* et b*. Les valeurs E* entre les couples suivants sont calculées : plâtre sans paille (A) et
plâtre avec paille (A1); plâtre avec terre (A) et plâtre avec terre + additif (B ; C); plâtre avec terre + paille (A1) et
plâtre avec terre + additif (B1, C1). On rapporte également le paramètre ΔΕ* lié aux différences précédentes.

Tableau 4 : Paramètres de couleur


Exemple d'ID L* a*
A 50,92±0,24 10,26±0,07
A1 49,11±0,87 10,05±0,08
B 51,53±0,51 12,13±0,12
B1 53,40±0,70 11,97±0,09
C 54,83±0,64 10,37±0,04
C1 55,18±0,40 10,38±0,04

Les données du paramètre E* montrent que l'ajout de paille au plâtre sans additif (A1) provoque une légère
modification (E* = 1,87) qui se traduit notamment par une légère diminution de L* (assombrissement), non
perceptible par l'œil humain (limite de détection de l' œil humain E* = 5). Dans le cas des plâtres sans paille, les
aspects suivants ont été mis en évidence: le plâtre à la chaux présente aE* égal à 4,35 et la contribution la plus
élevée est due
à une augmentation de b* (jaunissement); le plâtre au gypse montre aE* égal à 4,02 et la contribution la plus élevée
est due à une augmentation de L* (blanchiment) (Tableau 4). Dans les plâtres avec de la paille, les aspects suivants ont
été pointés
out : le plâtre à la chaux + paille montre aE* égal à 6,81 et la contribution plus élevée est due à une
augmentation de
b*(jaunissement) et L*(blanchiment); le plâtre avec gypse + paille montre aE* égal à 6,18 et la contribution la
plus élevée est due à une augmentation de L*(blanchiment).
En général, les plâtres à paille et stabilisés à la chaux ou au gypse présentent un changement de couleur plus
important, qui peut être détecté par l'œil humain, par rapport à ceux sans paille.

Conclusion
Les essais de performance réalisés en laboratoire montrent que, en ce qui concerne la résistance à l'eau
(déterminée avec le test de Geelong et le test de pulvérisation), l'addition de chaux donne les meilleurs résultats.
A noter toutefois que le plâtre sans additifs n'a pas résisté à l'essai.
En ce qui concerne la capacité d'absorption capillaire, les valeurs obtenues montrent que le gypse l'a réduite
tandis que l'addition de chaux a rendu le plâtre plus absorbant. En ce qui concerne les essais de cisaillement, la
présence de paille aggrave généralement le comportement, tandis que pour le gypse et la chaux, la meilleure
performance a été obtenue par le premier. En ce qui concerne la perméabilité à la vapeur d'eau, elle reste
quasiment inchangée dans tous les plâtres.
En ce qui concerne la couleur, la présence de paille provoque les variations chromatiques les plus élevées à la
fois avec le gypse et la chaux. En résumé, nous pouvons dire que le gypse est l'additif qui permet d'améliorer les
performances les plus grandes. Il reste à déterminer le comportement des plâtres in situ, par rapport aux résultats
obtenus en laboratoire.

Contributions de l'auteur
À noter : tous les auteurs doivent être considérés comme auteurs principaux
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(2016) ; http://www.jmaterenvironsci.com

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