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Netflix, Amazon…: La TVA sur les services numériques arrive

Par Khadija MASMOUDI | Edition N°:6703 Le 14/02/2024 | Partager

La taxe rattachée à la résidence fiscale du consommateur

Une plateforme électronique dédiée pour l’identification des fournisseurs sera mise en place

Contrôle, sanctions… des experts-comptables proposent de faire jouer «l’assistance


administrative»

Les non-résidents qui fournissent des services à distance devront s’identifier auprès de
l’administration fiscale, déclarer le chiffre d’affaires réalisé au Maroc et verser la taxe due. Un
changement apporté par la loi de finances 2024 et qui permet au Maroc de s’aligner sur les
normes internationales. Les prestations achetées auprès de plateformes comme Netflix,
Amazon et de sociétés qui produisent des applications de jeux sont concernées.

Autrement dit, les règles de territorialité de la TVA prévues par l’article 88 du code général des
impôts ont été revues. Les prestations de services fournies à distance de manière
dématérialisée par une personne non résidente, n’ayant pas d’établissement au Maroc, à un
client ayant son siège, son établissement ou son domicile fiscal au Maroc, ou à un client
résidant à titre occasionnel au Maroc sont soumises à la TVA (voir aussi encadré). Une petite
évolution qui permettra d’appréhender des recettes additionnelles au fisc et de rattacher la
consommation au lieu de résidence fiscale.
La note circulaire relative aux mesures fiscales de la loi de finances 2024, qui vient d’être rendue
publique par la DGI, apporte un certain nombre de précisions sur ces changements. Ainsi les
prestations sont réputées faites au Maroc, même si au moment de la fourniture du service
dématérialisé le client se trouve à l’étranger ou même si le service est consommé de manière
dématérialisée par le client à l’étranger. A titre d’exemple, durant un séjour à l’étranger,
télécharger sur son téléphone portable un film auprès d’une société non résidente de fourniture
de contenu numérique est une opération considérée comme étant faite au Maroc.

Pour des professionnels du chiffre, la mise en œuvre de cette mesure risque d’être compliquée
surtout face à la diversité des services en ligne et des prestataires. Des interrogations sont
soulevées surtout par rapport au volet contrôle et sanctions.

«Les discussions avancent au niveau de l’OCDE et des mécanismes vont certainement suivre.
Ceci étant, le dispositif sera affiné dans la prochaine loi de finances. C’est sûr, nous ne pouvons
pas laisser un vide juridique au niveau des transactions numériques», estiment des experts-
comptables. Pour eux, le fisc peut toujours recourir aux conventions fiscales et en particulier
aux mesures sur l’assistance administrative pour le recouvrement de la TVA. Et ce, même si cet
impôt n’est pas inclus dans ce genre de conventions. Il peut également s’appuyer sur le
système bancaire. «L’idée est d’opérer des prélèvements de TVA sur les comptes bancaires des
résidents qui achètent des services à distance», indique un expert.

En attendant la mise en œuvre de la nouvelle mesure, le fisc a livré, à titre indicatif, une liste de
services fournis à distance soumise à la TVA. C’est le cas de la fourniture et l'hébergement de
sites informatiques, la maintenance à distance de programmes et d'équipements.

A cela s’ajoutent la fourniture de logiciels et d’applications et leur mise à jour ainsi que la
fourniture de contenu numérique (musique, films, jeux en ligne, jeux de hasard, images, vidéos,
textes, informations, etc.). Figurent aussi sur la liste, l’abonnement aux plateformes
cinématographiques et télévisuelles dédiées aux services de vidéo à la demande (VOD), aux
bases de données ou leur mise à disposition et la fourniture à distance de services de
formation, de conseil ou d’assistance.

Domicile fiscal: Les trois critères

La notion de domicile fiscal au Maroc pour une personne physique est précisée dans la note
circulaire relative aux mesures fiscales de la loi de finances 2024. Ainsi la personne physique
doit y disposer de son foyer d'habitation permanent, du centre de ses intérêts économiques ou
lorsque la durée continue ou discontinue de ses séjours au Maroc dépasse 183 jours pour toute
période de 365 jours. «Ces critères sont énoncés par ordre d'importance, en ce sens que le foyer
permanent d'habitation est pris en considération en premier lieu et ce n'est qu'à défaut de celui-
ci qu'il est tenu compte du centre des intérêts économiques et enfin de la durée du séjour»,
explique le fisc.

Fournisseurs de services à distance non-résidents: Nou- velles obligations

La loi de finances 2024 a introduit un nouvel article 115 bis (les modalités d’application seront
fixées par voie règlementaire) au CGI relatif aux obligations des fournisseurs de services à
distance non-résidents. A défaut d’accréditation d’un représentant fiscal, ces personnes
doivent s’enregistrer sur la plateforme électronique dédiée à cet effet et obtenir un identifiant
fiscal. Elles doivent aussi souscrire, sur cette plateforme, avant l’expiration de chaque mois la
déclaration du chiffre d’affaires réalisé au Maroc au titre des prestations fournies aux clients non
assujettis, autres que ceux ayant opéré la retenue à la source, au cours du mois précédent, et
verser, en même temps, la taxe correspondante sans droit à déduction. Ces fournisseurs de
services doivent également tenir un registre des prestations fournies et le mettre à la disposition
de l'administration, à sa demande, par voie électronique. Ce registre doit être conservé pendant
10 ans.

Khadija MASMOUDI

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