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EDITION N°: 6678 LE 09/01/2024

Les avocats étrennent leur nouveau régime fiscal


Par Hassan EL ARIF

Le 31 janvier, dernier délai pour le dépôt des déclarations au titre des acomptes pour les
personnes physiques
Les praticiens devront verser 100 DH par dossier enregistré au cours de l’année 2023
La liste exhaustive des requêtes transmise au fisc par le ministère de la Justice

Les nouvelles dispositions fiscales applicables aux avocats, introduites par la loi de finances 2023,
avaient suscité une levée de boucliers de la part de milliers de robes noires à travers le Maroc. Ils
ont procédé à divers types de protestation, de manifestation et de sit-in devant le parlement,
bloquant la plupart des tribunaux.

C’est la première fois que les avocats exerçant en tant que personnes physiques
soumises à l’IR seront taxés selon un nouveau régime fiscal (Ph. Privée)

Mais le gouvernement s’est montré intransigeant au sujet du principe: l’obligation de verser un


acompte provisionnel au titre de l’impôt sur le revenu à chaque dépôt de dossier (article 173-III du
CGI). Soit au fur et à mesure de l’enregistrement des requêtes (article 173-III-A), soit une fois par
an après clôture de l’exercice comptable (article 173-III-B).

Le montant des acomptes a été fixé à 100 DH que les avocats sont tenus de verser une seule fois
pour chaque affaire dont ils ont perçu tout ou partie des honoraires. Montant devant être acquitté au
moment de l’enregistrement d’une requête, d’un recours, d’un mandatement ou d’une assistance
devant les tribunaux. Le paiement s’effectue auprès du secrétaire-greffier au tribunal pour le compte
du receveur de la Direction générale des impôts et couvre toutes les étapes du procès.

Ce n’est pas tant le montant des avances sur impôt qui importe pour le fisc que le principe puisqu’il
lui permet d’identifier des milliers d’avocats qui pratiquaient incognito depuis des années. En effet,
les chiffres relatifs aux professionnels inscrits aux différents barreaux étaient largement supérieurs à
ceux figurant sur les registres des services des impôts. Une conclusion à laquelle avait abouti
l’administration fiscale lors de la campagne de régularisation des différents corps de métiers en
2020. Selon nos informations, la quasi-totalité des avocats ont opté pour le versement des acomptes
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une fois par an après la clôture de l’exercice comptable. Pour les contribuables dans ce cas de
figure, le dernier délai pour le dépôt de la déclaration fiscale au titre des acomptes provisionnels de
l’année 2023 expire le 31 janvier pour les praticiens qui exercent en tant que personnes physiques
(article 173-III-B du CGI).

Pour l’écrasante majorité des avocats, ce sera la première fois qu’ils déposeront une déclaration
d’impôt selon les nouvelles dispositions fiscales. Ainsi, il faudra verser par internet, en même temps
que la déclaration électronique, des acomptes de 100 DH multipliés par le nombre d’affaires en-
registrées au cours de l’année 2023 sur la base d’un formulaire modèle établi par l’administration
fiscale. Celui-ci devra comporter l’identifiant fiscal de l’avocat, ses éléments d’identification ainsi
que le nombre de dossiers enregistrés auprès des tribunaux en son nom. Des données qui pourront
d’ailleurs être recoupées par l’administration fiscale avec la liste des dossiers qui lui sera
communiquée par le ministère de la Justice toujours selon un formulaire modèle. Les dispositions
nécessaires devraient avoir déjà été prises dans ce sens entre les deux instances en prévision de
l’échéance du 31 janvier.

Chaque acompte provisionnel devra donc être accompagné par un bordereau-avis conformément au
modèle établi par la DGI et comportant un certain nombre d’informations telles que le nom, le
prénom, l’adresse du domicile fiscal, le numéro d’identification fiscale, la nature de l’affaire, le
numéro du dossier, le tribunal, le montant, la date du versement…

Des acomptes imputables sur la cotisation minimale

Le montant de l’acompte versé au titre de l’exercice 2023 est imputable sur le montant de la
cotisation minimale de l’impôt sur le revenu dû au terme de l’exercice en question. Rappelons que
pour les avocats, et à l’instar d’autres professions, le montant de la cotisation minimale est de 1.500
DH (article 144-I-D du CGI). Un montant que tout avocat personne physique soumis à l’IR
professionnel devra payer même en l’absence de bénéfice. Pour les praticiens organisés sous forme
de société civile professionnelle (SCP), la cotisation minimale est de 3.000 DH. Toujours à propos
de la cotisation minimale, et comme le prévoit l’article 173-III-B du CGI, lorsque son montant ne
permet pas d’imputer le montant de l’acompte provisionnel de l’IR, le surplus reste imputable sur la
fraction de l’IR correspondant au revenu professionnel. Le reliquat demeurant acquis au Trésor.

Hassan EL ARIF

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TVA/Avocats: Pas de TVA en deçà de 500.000 DH de CA


Par Hassan EL ARIF

Au-delà de ce plafond, le praticien devient assujetti à la taxe sur la valeur ajoutée


L’année comptable 2022 sera considérée comme exercice de référence pour ce régime
Pour les personnes assujetties, le barème est de 20% applicable aux opérations de 2023

Depuis le 1er janvier 2023, les avocats organisés en personnes physiques sont soumis à de nouvelles
dispositions en matière de TVA, d’impôt sur le revenu et de retenue à la source au titre des
honoraires versés à autrui.

Ainsi, pour ce qui est de la TVA, le législateur, dans le cadre de la mise en conformité fiscale des
avocats, a décidé de les exonérer de TVA à hauteur de 500.000 DH de chiffre d’affaires (voir cas
pratiques). Les personnes dans cette situation (hors champ de la TVA) pourront comptabiliser leurs
charges en TTC.

Au-delà de 500.000 DH, les avocats concernés deviennent producteurs fiscaux. A ce titre, il faut
rappeler que la loi de finances 2023 avait introduit un changement de barème concernant la TVA
applicable pour certaines activités, dont la profession d’avocat. En effet, le taux est passé de 10% à
20%. Ainsi, les sommes perçues depuis le 1er janvier 2023 au titre d’opérations réalisées en 2022
sont soumises au taux de 10%.

Par ailleurs, les avocats personnes physiques ne pourront être exonérés de nouveau que lorsque leur
chiffre d’affaires atteindra 500.000 DH ou moins pendant trois ans successifs. Cette exonération est
accordée sur la base du chiffre d’affaires global réalisé en 2022.

Par chiffre d’affaires annuel, il faut entendre celui précisé dans le compte des produits et des
charges pour les professionnels qui tiennent une comptabilité ou le chiffre d’affaires global pour les
autres catégories. Le guide pratique de la fiscalité des avocats publié récemment par la Direction

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générale des impôts incite les praticiens à s’assurer qu’ils sont dispensés d’une déclaration
périodique au titre de la TVA. Pour cela, l’avis d’un professionnel du chiffre reste incontournable.

En tout cas, ce qui est sûr, c’est que les avocats ayant réalisé, au terme de l’exercice 2022, un
chiffre d’affaires global supérieur à 500.000 DH demeurent assujettis à la TVA à partir de l’année
2023. De ce fait, ils ne pourront opter pour l’exonération que lorsqu’il atteindra ce plafond ou
descendra en dessous pendant trois années consécutives. L’assujettissement à la TVA peut être
aussi une option abstraction faite du chiffre d’affaires. Sauf que ce choix reste irréversible pendant
au moins trois exercices consécutifs.

L’avocat dans cette situation peut bénéficier de l’exonération de TVA sans droit à déduction à compter du 1er janvier
2023 du fait que son chiffre d’affaires global n’a pas atteint 500.000 DH au terme de l’exercice comptable 2022

L’avocat ayant réalisé un chiffre d’affaires de 700.000 DH en 2022 est soumis à la TVA au titre de l’exercice 2023
puisqu’il dépasse le plafond de 500.000 DH

Source: Guide de la fiscalité des avocats

Le fait générateur

Les avocats exonérés depuis peu, dont le fait générateur concerne l’encaissement des honoraires et
qui disposent de la liste des clients débiteurs, sont tenus de continuer à déposer leurs déclarations
relatives à la TVA de ces clients jusqu’à apurement. La dispense de l’obligation déclarative en
matière de TVA au profit des avocats personnes physiques ne les dispense de souscrire aux
dispositions des articles 109 et 148 du CGI portant sur la «déclaration d’existence». Il s’agit
d’adresser une déclaration selon un imprimé modèle au fisc, soit par courrier recommandé avec
accusé de réception, soit directement au service des impôts local contre récépissé. Une formalité
obligatoire dans un délai de 30 jours suivant la date de leur constitution (société de droit marocain)
ou de leur installation (entreprise non résidente), ou le début de leur activité (contribuables
personnes physiques ou groupements de personnes physiques, ayant des revenus professionnels
et/ou agricoles).

Hassan EL ARIF

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Impôts: Des dispositions pour chaque catégorie d’avocats


Par Hassan EL ARIF

Assistants, stagiaires, domiciliés, en association…


La déclaration des professionnels personnes morales avant fin mars
Des milliers de praticiens exonérés d’acomptes pendant 5 ans

Les avocats exerçant en tant que personnes physiques sont appelés à déposer leur première
déclaration d’impôt avant le 31 janvier. Pour vulgariser les nouvelles dispositions fiscales aussi bien
en matière d’impôt sur le revenu que de la TVA auprès de la profession, la Direction générale des
impôts (DGI) a rendu public un guide pratique reprenant le nouveau régime fiscal concernant les
différentes catégories d’avocats: avocat travaillant pour son propre compte (voir page 3), avocats
assistants, avocats stagiaires, avocats exerçant dans le cadre de la domiciliation ou d’association. Il
va sans dire que les professionnels exerçant en tant que personnes morales ne sont pas concernés
par cette déclaration prévue au plus tard fin janvier. Ils sont tenus de verser 4 acomptes trimestriels,
correspondant chacun à 25% de l’impôt sur les sociétés payé l’exercice précédent. Ils déposeront
leur déclaration fiscale avant fin mars prochain.

Les avocats intéressés sont éligibles au régime du résultat net simplifié (RNS) à
condition que leur chiffre d’affaires soit inférieur à 500.000 DH (Ph. L’Economiste)

■ La fiscalité des avocats assistants

Conformément aux dispositions de la loi n°28-08 relative à la profession, l’avocat assistant autorisé
par le conseil de l’ordre ne peut exercer qu’après obtention de l’autorisation du cabinet ou dans le
cadre de l’aide juridique. Le salaire versé à l’avocat assistant par le cabinet d’un confrère sans être
mis à contribution dans ses dossiers et qui exerce en son nom personnel est considéré fiscalement
comme un revenu salarial imposable. Les honoraires perçus pour son propre compte au titre des
affaires qui lui sont confiées par des clients sont assimilées à des revenus professionnels soumis à
l’impôt sur le revenu. Par conséquent, l’avocat assistant doit tenir une comptabilité spécifique à
cette catégorie de dossiers et se soumettre aux nouvelles dispositions fiscales applicables à la

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profession. L’avocat dans cette situation pourrait opter pour le régime du résultat net réel (RNR) ou
du résultat net simplifié (RNS). Ce dernier régime n’est applicable qu’en deçà de 500.000 DH de
chiffre d’affaires par an.

L’avocat stagiaire est assimilé à un assistant qui reste soumis au même traitement fiscal qu’un
salarié du fait de la relation qui le lie à l’avocat. Par conséquent, sa rémunération entre dans la
catégorie des revenus salariaux taxés à l’IR, qu’elle soit versée sous forme de salaire, d’indemnités
ou de commissions sur le bénéfice ou le chiffre d’affaires.

■ Domiciliation, association, des aspects particuliers de la profession

A l’instar des avocats qui exercent pour leur propre compte, certains avocats pratiquent leur activité
à titre personnel au sein d’autres cabinets dans le cadre de la domiciliation ou de l’association de
fait conformément aux dispositions de la loi n°28-08 régissant leur profession. Ils sont soumis à
l’impôt selon les règles du droit commun. Ainsi, qu’ils soient domiciliés ou en association de fait,
ces avocats doivent tenir une comptabilité personnelle selon les régimes fiscaux en vigueur. La base
imposable devra être déterminée en tenant compte des recettes et des charges liées à la fonction.

Une déclaration de revenu global avant fin avril

A l’image d’autres catégories de contribuables, les avocats sont également appelés à souscrire une
déclaration annuelle au titre de leur revenu global avant le 1er mai. Elle devra comporter une
récapitulation de l’ensemble des acomptes provisionnels versés au cours de l’exercice 2023 ou au
titre dudit exercice conformément aux dispositions de l’article 173-III. Il ne faudra pas non plus
oublier d’accompagner la déclaration de son bilan.

Qui est exonéré d’acomptes provisionnels pendant 5 ans?

Outre l’exonération de la TVA en deçà de 500.000 DH de chiffre d’affaires, la loi de finances 2023
avait permis aux avocats nouvellement identifiés auprès des services de la Direction générale des
impôts (DGI) d’être dispensés du versement des acomptes provisionnels pendant 5 ans. Le délai
commence à courir à partir de la date d’obtention du numéro d’identification fiscale. Cet avantage a
été accordé aux avocats pour les inciter à sortir de l’informel. C’est aussi une incitation fiscale pour
les professionnels qui viennent de démarrer leurs activités.

A noter aussi que les dossiers relatifs aux ordonnances sur requêtes et constats conformément aux
dispositions de l’article 148 du code de procédure civile ainsi que les affaires dispensées de la taxe
judiciaire ou bénéficiant de l’assistance judiciaire sont exclus de l’obligation de versement de
l’acompte provisionnel. Mais ce versement devra quand même être effectué lors de l’exécution du
jugement y afférent.

Hassan EL ARIF

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