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L’inimaginable :

Dans un entretien à philosophie magazine du 26 janvier 2022, l’astrophysicien


germano-néerlandais Heino Falcke qui a dirigé l’équipe derrière la toute première image
d’un trou noir, décrit celle-ci comme une image de l’inimaginable. « Nous possédons enfin
une image de l’inimaginable. »
Qu’entend-il par-là ? Un trou noir c’est un objet hypermassif, dont la masse énorme est
compactée en un point minuscule, tellement dense que sa force gravitationnelle est telle
que rien ne peut s’en échapper. Autrement dit, il faut « imaginer » une bille qui fait
plusieurs milliards de fois la masse du soleil. Il faut imaginer tant bien que mal car, et c’est
le paradoxe, s’il n’y a rien de plus simple à penser qu’un trou noir (une masse qui tend vers
l’infini dans un volume minuscule), il est pourtant irreprésentable, inimaginable : une
densité incommensurable qui, par sa force gravitationnelle, s’effondre sur elle-même et
aspire, retient en son sein toute matière. Le trou noir, c’est une sorte de monstre qui
dévore tout, dont rien ne peut réchapper, même la lumière, si bien qu’on ne peut donc le «
voir » qu’en ombres chinoises, par contraste sur un fond lumineux, celui du disque de
gaz et de poussières qui, gravitant autour de lui à une vitesse folle, est chauffé à blanc.
Avec l’exemple du trou noir, on voit émerger une première tension entre ce qui est
pensable et ce qui est imaginable. En l’occurrence, on a un objet pensable (concevable,
définissable) mais qu’on ne peut se figurer, au-delà de l’imagination et de ce qu’on observe
habituellement. Si l’imagination est la faculté des images (produire représentation singulière
d’un corps, produire une figure), un trou noir, c’est précisément ce qui échappe à cela
(informe, sans couleur).  objet dénué de qualités sensibles
Pour autant, on entretient un rapport avec cet objet inimaginable. On a tant bien que mal
une image (une photo) de l’inimaginable. Une chose, un objet est inimaginable dans le rapport
qu’il entretient avec nous. L’inimaginable serait comme l’oubli et l’ignorance à comprendre
en plusieurs sens ou degrés, jamais total car on a une certaine conscience de celui-ci, on est en
tension avec lui:
1) Ce qui, compte tenu de l’imagination, de ses propriétés, est impossible à imaginer,
donc le non-imaginable. Mais le véritablement inimaginable serait quelque chose dont
on n’a même pas idée. Entretient certain rapport avec nous (on en produit une
esquisse, on tente de l’imaginer ou de le penser)
2) Inimaginable c’est aussi ce que je n’avais pas imaginé mais qui s’est effectivement
produit. C’est l’événement mondain qui m’échappe, que je n’avais pas prévu ou que je
ne m’étais pas figuré. A à voir avec transcendance réalité par rapport à nous. (on peut
même dire que le propre de tout événement c’est d’être inimaginable a priori mais
seulement imaginable a posteriori) (si on reprend l’exemple du trou noir : on voit que
la réalité n’est pas à la mesure de notre imagination)
Exemple du trou noir : l’inimaginable c’est l’étranger, l’autre, l’effrayant. Ce qui nous
échappe. En produire une image imparfaite c’est tenter de le saisir, de l’humaniser (de le
mettre à notre mesure, à notre échelle. Circonscrire. Avec le paradoxe suivant qu’un trou noir
est quelque chose de simple et de rationnel mais qui pourtant nous échappe, nous effraie,
nous dérange. Mais comme s’il y avait un besoin de donner corps aux choses = rôle
imagination. )). Mettre 2ème def imagination comme faculté de création (le rôle de

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l’imagination créatrice ce serait de rendre imaginable cet inimaginable, de tenter de le saisir
dans de nouvelles images)
Mais pour autant, on peut penser aux photos de guerre, par exemple celles des camps de
concentration qui visent à produire une image, un témoignage de l’inimaginable. On a une
réalité qui dépasse l’imagination : prise de conscience d’une réalité qui a effectivement eu lieu
avec le risque de perdre pied, de perdre la raison. Ici l’inimaginable proche de l’impensable/
effroyable qui renvoie à la dimension morale et affective de l’imagination : on ne veut pas y
penser. Usage hyperbolique du mot qui nous permet de prendre de la distance avec une
réalité effroyable (façon que la raison a de ne pas vriller). (Prise de distance ambiguë puisque
c’est par l’imagination qu’on se représente les douleurs, les sensations d’autrui et qu’on
compatit. Ce qu’on n’imagine pas, c’est aussi ce pour quoi on n’a aucune empathie. Prise de
distance d’autant plus ambiguë que bien souvent on voit très bien cet inimaginable (dans le
cadre de crimes ou de désirs). Ainsi, en un troisième sens, est inimaginable ce que l’on
s’interdit d’imaginer. Prend le sens d’inavouable.
on voit bien qu’on a affaire à une pluralité de sens du concept d’inimaginable
(inimaginable de droit ou de fait) qui renvoie richesse notion d’imagination. L’inimaginable :
est-ce un concept purement négatif ? quelque chose qui existe ? un corps ? un être ? Un non-
être ? Un événement ? Dans tous les cas, il semble relatif aux limites de notre imagination
(tout autant de ce qu’elle peut se figurer que de ce qu’elle peut supporter. L’inimaginable
c’est ce sur quoi bute l’imagination. A travers l’inimaginable, on fait l’expérience de notre
finitude mais également l’expérience d’une frustration dynamique qui nous pousse à tenter
de saisir l’objet ou l’être qui nous échappe.
L’inimaginable, est-ce l’expérience d’une réalité effroyable ou monstrueuse qui
échappe à l’humain, d’une altérité radicale irréductible dans laquelle je peux me perdre, ou, au
contraire, une limite que je peux tant bien que mal tenter d’imaginer, de faire mienne ? Le
paradoxe étant que j’entretiens un certain rapport avec cet inimaginable. Que je joue un jeu
dangereux : l’inimaginable, est-ce ce que je dois m’efforcer tant bien que mal à imaginer
(c’est-à-dire à rendre sensible) dans une sorte de frustration humanisante ou, au contraire,
quelque chose que je dois laisser à une autre faculté (par ex la raison), voire laisser tomber ?

I Quel est le sens de l’inimaginable à partir des propriétés internes de l’imagination.


Autrement dit, qu’est-ce qu’elle ne peut pas se figurer ?
II Mais l’inimaginable ne peut pas se penser du point de vue de la seule imagination, puisqu’il
naît de la confrontation du sujet avec la réalité extérieure ; une confrontation tout autant
représentative qu’affective. Choses que je peux très bien me représenter, mais qui pourtant me
sont inimaginables.
III En distinguant être au dehors de l’imagination et dépasser l’imagination, nous verrons que
l’inimaginable est une limite constitutive de l’imagination qui nous ouvre à l’infini.

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I) Retour sur la polysémie de la notion d’inimaginable à partir des limites internes de
l’imagination.

Y-a-t-il de l’inimaginable pour l’imagination productrice ou créatrice ? « La folle du


logis » pour les rationalistes du 17 ème siècle, la reine des facultés pour les poètes du XIXème
siècle, l’imagination n’est-elle pas une capacité de fantasmer toute puissante ? l’imagination
n’est-elle pas une faculté de former, de créer des images d’objets non perçus, ou d’objets
irréels ? bref de faire des combinaisons infinies de nouvelles d’images ?

Or, l’imagination rencontre de nombreuses limitations :


> tout d’abord, l’imagination en tant qu’elle combine des images de corps n’est pas toute
puissante. Comme l’indique Descartes dans la seconde Méditation Métaphysique « imaginer
n’est autre chose que contempler la figure ou l’image d’une chose corporelle. » Autrement dit,
l’imagination productrice, quand elle produit une fiction, ne fait rien d’autre que composer
arbitrairement des éléments empruntés à la vie réelle, la vie éveillée. Dans la première
Méditation, Descartes assimile le rêve – qui consiste à voir avec les yeux de l’imagination - à
une peinture : aussi extravagante soit-elle, elle ne peut pas tout inventer, elle emprunte ses
éléments à la réalité : « il faut au moins avouer que les choses qui nous sont représentées dans
le sommeil sont comme des tableaux et des peintures, qui ne peuvent être formées qu’à la
ressemblance de quelque chose de réel et de véritable (…) Car de vrais les peintres, lors
même qu’ils étudient avec le plus d’artifice à représenter des sirènes et des satyres par des
formes bizarres et extraordinaires, ne leur peuvent toutefois attribuer des formes et des
natures entièrement nouvelles, mais font seulement un certain mélange et composition des
membres de divers animaux. » La fiction de l’imagination, ayant lieu dans le monde et
mettant en scène le monde ou un monde est nécessairement constitué d’éléments sans lesquels
ce monde n’est pas. Un satyre est une combinaison fantasmée entre un corps d’homme et un
corps de bouc, mais si la combinaison est nouvelle, elle n’invente rien au sens où elle ne
peut pas ne pas s’appuyer sur des éléments préexistants empruntés à la vie réelle. Ce qui se
révèle à travers cet emprunt nécessaire de la fiction à la réalité, c’est le caractère fini de
l’imagination : il est impossible d’imaginer un être absolument étranger – que l’on pense
sur ce point aux extraterrestres : on ne peut les concevoir qu’à partir de ce qu’on connaît,
c’est-à-dire nous. On fait varier les éléments, c’est-à-dire leur couleur, leur taille, leur forme
mais ces extraterrestres gardent toujours étonnamment une forme humaine ou animale, on
introduit aucun élément radicalement nouveau qui ne se trouverait pas sur terre. Dès qu’il
s’agit d’imaginer un être incorporel ou qui accèderait à plus de trois dimensions, tout à
coup, l’imagination perd pied. Son seul moyen est de rabattre tant bien que mal cet
inimaginable sur de l’imaginable. De concevoir un imaginable qui ouvre à un au delà de lui-
même.
Dans le film Premier contact, Denis Villeneuve essaye de mettre en scène la rencontre
d’être humains avec des extraterrestres qui ne vivent pas le temps de manière linéaire et
séparée mais de façon simultanée. Il tente de le traduire dans une écriture circulaire, en réseau
qui n’a pas de sens de lecture et où tout est donné immédiatement. Il n’empêche que pour
nous, il ne peut se lire que successivement. Le personnage principal, du fait du contact avec
les aliens, développe ce nouveau rapport au temps où passé, présent et futur coexistent. Or,

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seul moyen qu’on a de se figurer cela, de le montrer c’est de mettre au début du film ou à des
moments du film des anticipations de ce qui va se passer (pour montrer que le futur est
présent). Mais on a un problème : il y a bien un moment où l’héroïne a rencontré les
extraterrestres et a modifié son rapport au temps (de linéaire et irréversible il est devenu
immédiat et total), ce qui fait que dans le film, on a deux temporalités qui entrent en
contradiction. Et je ne vais pas rentrer dans le fameux problème de la boucle temporel !?

Bref, l’imagination ne crée pas des éléments nouveaux, elle recombine des éléments
existants dans des figures nouvelles. Elle a des règles qui sont celles de la figuration, ce qui
montre qu’elle est finie et non réellement créatrice : Descartes poursuit : « ou bien, si peut-
être leur imagination est assez extravagante pour inventer quelque chose de si nouveau que
jamais nous n’ayons rien vu de semblable, et qu’ainsi leur ouvrage nous représente une chose
purement feinte et absolument fausse, certes à tout le moins les couleurs dont ils le composent
doivent-être véritables. »
Prenons un exemple, même dans une peinture abstraite qui essaye d’aller au-delà de la
représentation, il y a bien emprunt à la réalité au travers des couleurs. Les Conditions de
possibilité des corps dans le monde (par exemple la combinaison d’une couleur avec une
étendue) semblent être la condition de possibilité des recombinaisons de l’imagination. Bien
entendu, j’entends ici non pas la condition de l’existence effective d’une chose mais bien des
règles ou éléments sans lesquels un monde ne peut pas être.

 Ainsi, dans cette perspective, l’inimaginable, c’est l’irreprésentable. L’irreprésentable


semble être ici l’incompréhensible

B) Dans ce cas, n’y-a-t-il pas une nécessité à rebours de l’inimaginable ? Au sens où ce qui
est inimaginable serait, à proprement parler, l’impossible ?
Dans la troisième Recherche logique, Husserl tente de dégager la notion d’essence à
partir de celle de contenu ou d’objet dépendant (en s’appuyant notamment sur Berkeley) :
dans un acte de la représentation (donc d’imagination), je peux toujours séparer certains
contenus de l’imagination et non pas d’autres. Ainsi, l’imagination qui paraît puissance
souveraine (cf chimère ; coller ensemble) connaît elle-même ses limites : je ne peux pas
séparer la couleur de son étendue, de l’espace, ni de toute figure. Si je peux faire varier la
couleur, je ne peux pas intuitionner une couleur qui ne soit pas étendue ni une extension qui
n’ait pas quelque figure. Pareil, idée mouvement toujours celle d’un corps. On a une
corrélation absolument nécessaire pour l’imagination. On a affaire, proprement, à de
l’inimaginable au sein même des conditions de figuration de l’imagination.
Quel est le statut ontologique de cet inimaginable ? Selon Husserl, cet inimaginable
renvoie à une nécessité a priori, produite par la variation eidétique. A partir d’un nombre fini
de cas, je peux atteindre la nécessité. Je découvre une nécessité à même le sensible qui n’est
pas une nécessité de fait mais d’essence. Ce n’est pas en me promenant dans la nature que,
constatant que ce qui est coloré est étendue, je parviens à cette nécessité. Au contraire, c’est
par puissance arbitraire imagination (faire varier arbitrairement figure de la couleur, les
couleurs de la figure), que j’accède à cette nécessité a priori de l’essence à même le sensible.

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Selon Husserl, en rupture avec Kant, imagination ns ouvre espace effectif nécessité. C
l’imagination et non xp qui ns ouvre spectre des possibles. Xp tjrs plus restreinte imagination

C)
Mais, on a un double souci : les énoncés actuels de la physique contemporaine sont
proprement inimaginables, si bien que par le biais des expériences en laboratoire, par le
biais de la mesure et non de l’observation, on accède à des choses non anticipables, non
concevables pour la variation eidétique. Le spectre des possibles de la physique quantique
excède le spectre des possibles de l’imaginaire. C’est le cas du boson de Higgs ou encore
du fameux principe d’incertitude ou d’indétermination des microparticules mis en scène (en
imagination) par Schrödinger et son fameux chat : pour simplifier, c’est l’idée qu’une
microparticule, tant qu’elle n’est pas mesurée, peut-être à plusieurs endroits à la fois. Pour
illustrer cela, Schrödinger imagine un chat dans une boite. Dans sa boite, le chat est
accompagné d’un horrible mécanisme qui casse une fiole de poison s’il détecte la
désintégration d’un atome d’un corps radioactif. Or cet événement de désintégration est
complètement aléatoire. Autrement dit, tant que je n’ai pas ouvert la boite (observé), je n’ai
aucun moyen de savoir si le mécanisme s’est déclenché. Si mon chat était un objet quantique,
je dirais qu’il est à la fois mort et vivant car selon la théorie de la superposition quantique,
c’est tout à fait possible. La seule manière pour lui de savoir si son chat est mort ou vivant,
c’est d’ouvrir la boite et de constater.
Schrödinger applique délibérément à un objet macroscopique des théories qui ne s’appliquent
qu’aux microparticules pour montrer leurs incohérences et leurs insuffisances. Mais
l’essentiel dans le cadre de notre examen, c’est de voir en quoi la physique quantique est
proprement inimaginable pour nous, à notre échelle, alors qu’elle fonctionne pour exprimer
les microphénomènes. L’extension du concevable ou de l’intellection est plus étendue que
celui de l’imaginable.

Ce que résume l’astrophysicien Richard Phillips Feynman « Je crois pouvoir dire que
personne ne comprend la mécanique quantique ! on comprend très bien comment ça
fonctionne, mais on ne comprend pas pourquoi ». Pourquoi en est-il ainsi ? Parce que la
physique quantique échappe totalement à notre intuition, et donc à notre imagination.
L’imagination fait exister les choses pour nous, c’est-à-dire les soumet aux règles de ce dont
nous faisons l’expérience. Comprendre, ce n’est jamais saisir abstraitement mais saisir,
inscrire quelque chose dans un horizon qui m’est propre. Autrement dit, nous ne pouvons
comprendre que des phénomènes qui tombent sous notre horizon, sphère.

Ainsi, on comprend le souci de la conception de l’imagination chez Husserl, on a affaire à une


imagination très proche de la pensée pure et qui tente de mesurer la réalité par rapport au
concevable pour nous. Or prenons, à nouveau, l’exemple des extraterrestres. On ne peut pas
imaginer une forme de vie radicalement autre. On imagine plus ou moins que les variations
possibles d’une forme de vie matérielle. Une tentative de réponse au paradoxe de Fermi (en
un mot : pourquoi, étant donné l’immensité de l’univers, le ciel est-il vide, c’est-à-dire
pourquoi ne pullule-t-il pas de vie ? Y’a plein de tentatives de réponses. Le paradoxe de
Fermi, c’est la science qui s’essaye à la science fiction) consiste à dire qu’une forme de vie

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extraterrestre très avancée serait proprement inimaginable et par là même inintuitionnable
pour nous. Y’aurait encore plus de différence entre nous une forme de vie intelligente qui
aurait 2 milliards d’années d’avance technologique sur nous aurait qu’entre nous et une
bactérie  incommensurable, inimaginable. + on a qu’un seul exemple de ce qu’est la vie
(question d’une vie non carbonée).
En ce sens, l’inimaginable c’est l’inconcevable, l’irrationnel. Mais pour nous. En ce qui
concerne les extraterrestres, on a affaire à une possibilité envisageable, concevable, bien
qu’on ne parvienne pas à les imaginer, c’est-à-dire à les individualiser. Mais, comme on l’a
vu, il en est de même pour la physique contemporaine.

Ainsi, on voit se dessiner un espace nouveau dans lequel l’inimaginable n’est pas
l’impensable : je peux penser à des choses que je ne peux pas me représenter. C’est
d’ailleurs ce que Descartes souligne dans la Méditation 6: je ne peux pas imaginer un
chiliogone, une figure à mille côté alors que je peux la concevoir facilement.

L’exemple du chiliogone révèle toute la différence qu’il y a entre l’imagination et


l’intellection ou la conception pure, écrit Descartes.
Chiliogone, myriagone, polygone : « Et quoique suivant la coutume que j'ai de me
servir toujours de mon imagination, lorsque je pense aux choses corporelles, il arrive qu'en
concevant un chiliogone, je me représente confusément quelque figure, toutefois il est très
évident que cette figure n'est point un chiliogone, puisqu'elle ne diffère nullement de celle que
je me représenterais, si je pensais à un myriagone, ou à quelque autre figure de beaucoup de
côtés ; et qu'elle ne sert en aucune façon à découvrir les propriétés qui font la différence du
chiliogone d'avec les autres polygones. »

Mais on peut aller plus loin en disant qu’il faut distinguer l’image ou figure du triangle
du triangle en soi, saisi uniquement par l’entendement (réponse 5èmes objections à la 5 ème
méditation). De manière plus radicale, tout objet que je conçois clairement et distinctement
n’est pas imaginé mais saisi par l’entendement. L’exemple paradigmatique, c’est celui du
morceau de cire : connaître un corps comme quelque chose d’étendue, de flexible, et de
muable (Med II), c’est saisir par l’entendement une infinité sans avoir à imaginer le nombre
de position que ce corps occupe. La différence entre l’entendement et l’imagination, c’est la
différence entre l’accès au fini et à l’infini. L’entendement est capacité d’appréhension d’une
réalité en son essence comme adoptant une infinité de formes. Là où l’imagination, en tant
que capacité de figuration, ne saisit que des corps individuels dans un état précis.

Mais pour autant, si le carré en soi est inimaginable au sens où il est purement
intelligible et donc incorporel, le géomètre se sert de figures. Au moins, il passe un temps
par la figuration. Il faut donner corps aux concepts sans quoi ils sont abstraits et, en un sens,
incompréhensibles pour nous. Le paradoxe est le suivant : l’imagination ne saisit que des
images mentales, c’est-à-dire des corps. Elle n’a donc pas de rapport direct avec
l’intelligible. Pour autant, sans son aide, on ne pense pas (cf schématisme). On a affaire qu’à
des abstractions. Il faut comprendre qu’elle fait exister les choses pour nous. La cire de
Descartes est bien abstraite et quelque peu inhumaine, hors de l’expérience sensible
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TR : On ne saurait penser l’inimaginable à partir des seules limites internes de l’imagination.
L’inimaginable se conçoit certes par rapport aux limites de l’imagination, mais il se
comprend dans la perspective d’un sujet singulier et dans l’épreuve d’une réalité qui
transcende ce même sujet. Autrement dit, s’il y a de l’inimaginable, c’est parce que le réel
dépasse les possibilités de l’imagination.

L’inimaginable signe notre finitude, mais ce faisant, il nous révèle que le réel dépasse nos
capacités d’appréhension.

Par conséquent, l’imagination est certes une capacité de se représenter en général, de


combiner des images, mais elle est aussi la capacité d’un sujet sensible qui a des limites
affectives. L’inimaginable, c’est ce qui est étranger à l’humain, mais c’est aussi ce de quoi
l’humain se protège (l’effroyable). ( ce qu’on peut voir, se figurer, ce dont on a une image
mais qu’on refuse de voir. Quel est le sens de cet inimaginable qu’au fond je vois très bien ?)

II-

Il arrive bien souvent que la réalité soit en excès sur ce que je peux imaginer. En excès, au
sens où il arrive quelque chose que je n’avais pas imaginé ou que je ne pouvais pas imaginer.
En excès au sens où cette réalité, par sa violence, m’assaille, m’écrase.

A)
Est dit inimaginable ce qui dépasse les limites que j’attendais. Quelque chose
d’inattendu et d’inédit pour moi (ce qui n’est pas anticipable). Par exemple, on peut parler
d’un luxe inimaginable : idée d’une synthèse qu’on ne parvient pas à faire  je ne parviens
pas à synthétiser les sensations de ma perception, à les lier entre elles et à renvoyer cette
image à un concept. Ce n’est pas tant l’image qui est irreprésentable que la reconnaissance du
concept qui ne s’opère pas : je n’ai pas de concept adéquat, ou alors mon image est en excès
par rapport à mon concept. Ou encore, je n’ai pas d’autres images qui puissent me servir de
norme par rapport à ce que j’ai en face de moi. Mais l’inimaginable est ici relatif. Il est
relatif à ce qu’un sujet peut imaginer ou non en fonction de ses expériences, de ses
habitudes, du stock d’images qu’il a en mémoire, mais aussi de sa faculté à combiner,
recombiner les images. L’inimaginable renvoie aussi à la dimension impressionnable ou non
d’un individu et au contexte dans lequel il apparaît. Contexte extraordinaire ou surprenant

L’inimaginable est donc lié au contexte, il peut renvoyer au surgissement de quelque chose de
très intense, de très fort dans le quotidien qui va désarçonner l’imagination non pas tant dans
sa capacité intrinsèque de représentation que dans sa dimension affective, sa liaison avec la
sensibilité. En effet, prenons un autre exemple. Celui d’un drame, par exemple d’un suicide.
D’un pdv extérieur, c’est l’action la plus simple à se représenter qui soit (qqun qui saute d’un
pont, qui se tire une balle dans la tête), mais, pourtant, il y a quelque chose qui effrayant,
terrorisant l’imagination lui échappe ; une chose qui n’est pas de l’ordre de la simple
représentation mais affectif, de l’ordre de la compassion ou de la douleur. Ou plutôt, c’est en

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tant que la représentation est inséparablement sensible, affective, qu’elle devient
inimaginable. En effet, dans le livre IV de l’Emile, Rousseau souligne le lien intrinsèque
entre pitié et imagination. comme faculté des images, l’imagination permet d’instaurer des
rapports. Elle permet la comparaison, de me comparer moi-même et autrui, autrement dit de le
saisir comme un être sensible et de partager, par comparaison, ses peines et douleurs.

« Pour devenir sensible et pitoyable, il faut que l’enfant sache qu’il y des êtres semblables à
lui qui souffrent ce qu’il a souffert, qui sentent les douleurs qu’il a senties, et d’autres dont il
doit avoir l’idée, comme pouvant les sentir aussi. En effet, comment nous laissons-nous
émouvoir à la pitié, si ce n’est en nous transportant hors de nous et nous identifiant avec
l’animal souffrant, en quittant, pour ainsi dire, notre être pour prendre le sien ? Nous ne
souffrons qu’autant que nous jugeons qu’il souffre ; ce n’est pas dans nous, c’est dans lui que
nous souffrons. Ainsi nul ne devient sensible que quand son imagination s’anime et commence
à le transporter hors de lui. » (p320-321)

 On ne va pas s’intéresser à la genèse de l’imagination chez Rousseau, à son rôle ambigu


dans l’amour propre, à la nécessité qu’il y a de l’ordonner et de l’éduquer mais seulement à la
dimension morale et affective de l’inimaginable : c’est par l’imagination que ma sensation
devient sentiment actif, c’est-à-dire prise en considération d’autrui, de ses douleurs et de ses
peines. C’est par l’imagination qu’autrui devient mon semblable, que je fais communauté
affective avec lui.

Ainsi, « On ne plaint jamais dans autrui que les maux dont on ne se croit pas exempt soi-
même. » (p322, deuxième maxime)  « Pourquoi les rois sont-ils sans pitié pour leurs sujets
? c’est qu’il comptent de n’être jamais hommes. Pourquoi les riches sont-ils si durs pour les
pauvres ? C’est qu’ils n’ont pas peur de le devenir. Pourquoi la noblesse a-t-elle un si
grand mépris pour le peuple ? c’est qu’un noble ne sera jamais roturier » C’est bien une
impossibilité à se figurer une situation au sens de la vivre, de la faire sienne, de la faire
entrer dans son horizon qui entraîne l’indifférence morale. L’inimaginable, c’est aussi ce que
je ne prends pas la peine d’imaginer car je n’ai pas d’affinité avec lui, que je le juge hors de
ma communauté et de ce qui me concerne, peut m’arriver.
La troisième maxime de Rousseau est la suivante : « La pitié qu’on a du mal d’autrui ne se
mesure pas sur la quantité de ce mal, mais sur le sentiment qu’on prête à ceux qui le
souffrent. »  On ne plaint guère un cheval de charretier dans son écurie, parce qu’on ne
présume pas qu’en mangeant son foin il songe aux coups qu’il a reçus & aux fatigues qui
l’attendent. On ne plaint pas non plus un mouton qu’on voit paître, quoiqu’on sache qu’il
sera bientôt égorgé, parce qu’on juge qu’il ne prévoit pas son sort. Par extension l’on
s’endurcit ainsi sur le sort des hommes ; et les riches se consolent du mal qu’ils font aux
pauvres, en les supposant assez stupides pour n’en rien sentir. » 

Il a donc une nécessité d’une éducation de l’imagination. Comme un muscle, de la rendre


souple, ouverte à la réalité de certaines conditions : tout sentiment suppose qu’un travail
imaginatif s’exerce sur le donné brut de la sensation pour en produire une image, qu’il y ait
un EFFORT D’IMAGINATION (par exemple l’image de la douleur), c’est-à-dire une

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médiation réflexive qui permet à ma sensibilité de prendre en compte autrui. Ainsi,
l’inimaginable, c’est ce qui n’existe pas pour moi. On comprend mieux, en retour,
l’inimaginable du drame qu’est le suicide : prise de distance nécessaire, on ne peut se
figurer l’horreur sans perdre pied, sans être assailli par la douleur, par les sensations
affectives. On ne peut l’affronter de face mais slmt de façon détournée.

B-
Mais d’un autre côté, il y a de nombreuses choses que je sens davantage que je
n’imagine. Pensons, par exemple, à une rupture. Inimaginable alors que je peux la sentir
venir. Je la sentirai venir sans me la figurer. Qu’est-ce qui est proprement inimaginable dans
une rupture pour un individu amoureux ?
> la liaison des sensations entre elles (la continuité habituelle des représentations) est brisée
de façon brutale  perte de repère. Un arrêt brutal difficile à concevoir.
> surtout, si imaginer c’est donner corps, singulariser au sens de donner forme, donc vie,
l’inimaginable a ici à voir avec l’insupportable. L’insoutenable. Il semble qu’ici
l’inimaginable s’apparente à un refus de voir.
> On peut se demander finalement si ce n’est pas l’événement, l’événementialité elle-même
qui est inimaginable au sens d’irreprésentable, insaississable ?

Bergson, dans Le possible et le réel (La Pensée et le Mouvant), stipule que j’ai beau me
représenter ce qui va arriver, ma représentation est pauvre, abstraite, schématique, en
comparaison de l’événement qui se produit : « la réalisation apporte avec elle un
imprévisible rien qui change tout. » En effet, là où l’imagination, comme l’intelligence,
juxtapose des éléments (c’est-à-dire présente les choses dans l’espace), les choses durent au
sens où elles se pénètrent réciproquement, au sens où il y a un « prolongement ininterrompu
du passé dans un présent qui empiète sur l’avenir » (p27 intro), c’est-à-dire des moments qui
se succèdent sans se conditionner. Bergson prend l’exemple d’une réunion que j’aurai
demain. Je peux toujours tenter de l’imaginer, l’événement en lui-même demeure
imprévisible. Même, à supposer que je sache ce qui va m’arriver, et que cela m’arrive
effectivement comme je m’y attendais, la manière dont cela m’arrive, c’est-à-dire mon
sentiment, est imprévisible, inimaginable car je ne suis pas celui que je serai demain. Pour
imaginer ce qui se passera demain, il faudrait que je dure jusqu’à demain pour être dans l’état
où je serai à ce moment.

On peut même aller plus loin en disant qu’on ne perçoit pas le devenir mais seulement le
devenu. Dans La logique du sens, en s’appuyant sur la logique stoïcienne des incorporels,
Deleuze affirme qu’on ne perçoit pas l’événementialité elle-même parce que il y a quelque
chose dans l’événement qui est d’ordre incorporel alors même que l’événement affecte les
corps. L’incorporel reste à l’infinitif : on ne saisit jamais la coupure mais le coupé ou le ce qui
n’est pas encore coupé. Pareil pour l’eau qui bout. C’est précisément cette dimension
incorporelle qui échappe à l’imagination et qui ne peut être que pensée. Autre exemple :
passage de dégarni à chauve ou ou t’es plus bébé : on a affaire à une transformation qui, bien
que causée par les corps et ayant un effet sur les corps, est incorporelle et non temporelle :
s’insère pas ds tps des corps, chronos des corps. C’est aion de l’incorporel. Y’a instantanéité

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du mot d’ordre ou d l’évéènement. Le « tu es coupable » ou alors « je te quitte » qui
échappent à l’imagination, qui est infigurable. Infigurable dans le fait que l’événement
esquive ou reste au delà de sa propre effectuation. Soit trop tôt ou trop tard, on sera jamais
contemporain événement psq pas contemporain lui-même, il esquive sa propre effectuation.
D’où son caractère idéel. Ou si on préfère : il ne s’épuise pas dans sa propre effectuation, ce
qui fait que l’imagination ne fait que tourner autour de lui, ne cesse de se le refigurer sans
jamais parvenir à le saisir adéquatement.

Ainsi, l’inimaginable, c’est ce qui m’est étranger, mais, d’un autre côté, c’est ce qui
m’assaille. L’inimaginable renvoie à la surprise, l’imprévisibilité propre à l’événement. Il y a
un danger de l’imagination qui consisterait à donner forme à l’insoutenable. Mais ne pas
imaginer un événement une fois qu’il a eu lieu, c’est refuser de le vivre, de l’affronter. Avec
toute l’ambiguïté d’un tel refus de voir car l’événement inimaginable continue à nous
travailler intérieurement, inconsciemment. Il s’agit d’effectuer un travail de posologie, de
dosage qui en va de la santé d’une conscience.
D’autant que tenter d’imaginer l’inimaginable, c’est passer par le détour de l’imagination pour
se l’approprier. Imaginer l’inimaginable ne consiste pas forcément à en produire une image
fidèle et exacte. Simplement à lui donner forme, figuration. Ce qui peut passer l’art.

TR : ainsi, si l’inimaginable est ce sur quoi bute l’imagination, il faudrait distinguer entre être
étranger, être en dehors de l’imagination et dépasser l’imagination mais entretenir un rapport
avec elle. Il faudrait distinguer entre un dehors qui n’est pas au dehors. Un dehors constitutif
de l’imagination qui serait une faculté dynamique (on a une capacité à imaginer qui fluctue).
Un dehors propre à elle, à l’imagination qui la travaille. Un dehors qui la menace tout en la
constituant. Un dehors qui désarticule, déborde l’imagination. Il s’agit de concevoir
l’imagination comme une faculté dynamique finie qui à rapport à l’infini.

III- L’inimaginable comme limite constitutive de l’imagination qui nous ouvre à l’infini.

Ce n’est peut-être pas tant la réalité qui est inimaginable, ou un événement en lui-même que le
rapport qu’on entretient avec cet événement. Les attentes, envies, désirs, idées qu’on fixe ou
projette en lui. L’inimaginable se trouverait dans la manière dont notre imagination, face à
un événement, tente de rendre sensible ce qui est intellectuel, de donner corps à ce qui
est en esprit. Prenons, pour étayer notre idée l’exemple du sublime.
Au §23 de l’Analytique du sublime de la Critique de la faculté de juger, Kant écrit que
le beau dans la nature tient toujours à la forme de l’objet (ces contours), forme qui consiste
dans une limitation. L’imagination réfléchit pour elle-même, indéfiniment, dans un libre jeu
des facultés, cette forme sans la renvoyer au concept déterminé qui lui correspond. A
l’inverse, à travers l’expérience du sublime, l’imagination fait l’expérience de l’informe en
tant qu’elle se représente dans cet ou grâce à cet objet l’absence de limite. L’imagination,
dans le sublime, vise à représenter l’idée d’une totalité ou de l’infini, donc une idée de la
raison. C’est pour cela que ce n’est plus l’entendement qui est la faculté en jeu dans le
sublime mais la raison. Le sentiment qui a lieu n’est plus celui d’une libre égalité des
facultés mais celui d’une disproportion des facultés : face à l’illimité et à l’informe,

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l’imagination panique psq elle ne peut plus réfléchir l’objet. Elle ne parvient plus à
synthétiser. l’imagination est confrontée à sa limite propre, qqchose inimaginable. Que
l’on pense au fait de regarder la voute étoilée ou encore le mont banc : j’ai affaire à ce qui est
grand comme un spectacle d’une telle façon que cela dépasse ma capacité à l’appréhender en
une image. Mon imagination ne parvient plus à synthétiser, à saisir le spectacle du sublime
dans une représentation unifiée. On a une série de représentations successives que
l’imagination ne parvient plus à synthétiser. Imagination confrontée à sa propre
impuissance. Imagination forcée, en raison de ce qu’elle voit, d’atteindre à un maximum.
Violence qui la conduit extrémité de sa puissance, de son pouvoir.
Or, cette expérience épuisante des limites de l’imagination, cette expérience de
l’inimaginable révèle que l’esprit vise la totalité. L’expérience de l’inimaginable dans le
sublime montre que l’imagination tend elle-même, négativement, vers l’infini en ce qu’elle a
rapport avec la raison (avec la pensée).
Ainsi, se révèle chez l’humain une tendance à dépasser toujours le donné jusqu’à arriver
à une saisie totale. Cela nous conduit à dvp capacité de penser l’infini. L’imagination éveille
en réalité la raison à elle-même comme ce qui a affaire à la totalité. On peut dire qu’il s’agit
une présentation négative de l'infini. Il y a une forme d'expérience de la totalité mais c'est
une expérience négative : j'expérimente intuitivement que j'ai un rapport à l'idée de totalité
et je l'expérimente dans mon impuissance-même à lui donner un remplissement cependant
que je la vise
le libre jeu entre la raison et l’imagination dans le sublime mathématique fait que la raison
pousse l’imagination jusqu’à sa limite. Le sublime n’est pas slmt l’effroi lié devant
l’immensité, mais le passage à l’idée de tout, ce qui ouvre à la raison. La naissance de ce
qu’est penser est suscité par l’imagination qui, par son impuissance même, me fait découvrir
le tout. Par l’inimaginable du sublime, je découvre la puissance ou grandeur de ce que signifie
avoir une idée.
Ainsi, le sublime n’est pas dans l’objet mais de le rapport que le sujet entretient à l’objet
(§25).
Concept sublime joue rôle fondamental ds relation que ns entretenons av ns même. Sublime
se trouve ds nos idées et manière dont nos idées pvent ê suscitées en certaines occasions. Il
nous pousse vers le supra-sensible, à même le sensible.

Ainsi, pour conclure, j’aimerais reprendre une citation d’Hegel sur le sublime kantien qui
expose bien la tension intrinsèque à l’inimaginable ;
HEGEL, Leçons d’esthétique, commentaire de Kant : « Le véritable sublime ne se trouve
dans aucune forme sensible [ce qui est sublime ce n’est pas que Saint-Pierre de Rome soit
très grand] il n’appartient qu’aux idées de la raison [ce qui est sublime c’est la disposition de
la raison à viser une totalité dans cette expérience]. Or celles-ci ne peuvent être exprimées
que par une image visible [bien que aux idées de la raison, on ne peut donner aucun
remplissement dans l’expérience sensible]. Cependant cette disproportion peut être
représentée sensiblement et alors ce spectacle émeut notre âme en éveillant ses idées. »

L’inimaginable est ce qui pousse l’imagination à sa propre limite. Pour autant, il n’est pas à
proprement parler dans les choses mais est le résultat de l’insatisfaction du sujet par rapport à

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l’expérience, d’une volonté de dépasser l’expérience, d’aller au-delà de celle-ci pour la
totaliser. Plus précisément, le sujet a en lui dit des idées, des pensées qui ne se rencontrent pas
dans l’expérience (ou ne se réduisent pas à l’expérience) mais ces idées ne peuvent être
exprimées que par des images sensibles qui ne peuvent, pour autant, pas les représenter
sensiblement. Il y a comme une tension interne, intrinsèque propre à l’imagination qui la
pousse à donner forme à ce qui la dépasse tout en acceptant sa propre impuissance. C’est
dans l’inimaginable même que l’imagination donne à penser.

Ce qu’on ne peut pas imaginer de droit ou de fait.


L’inconcevable, l’impensable, l’irreprésentable. L’irrationnel, l’inintelligible,
l’incompréhensible, l’indicible.

Def imagination : faculté des images, faculté de représentations.


Ce qu’on ne peut imaginer : forme de frustration + ce qui ns est étranger. Mais aussi ouverture
au supra-sensible

Théologie négative ?
Condillac sur l’imagination.
Sublime mathématique et dynamique.

Lapoujade, cours sur l’imagination. Le sublime

Vocabulaire européen des philosophies, Barbara Cassin


Lalande

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Descartes, méditations mph :
Passage sur la chimère
Diff entre entendement et imagination : accès infini et fini. Entendement= appréhension
réalité comme adoptant infinité de formes.
Med 6 : sur l’imagination

Kant, lexicoon : article sur l’imagination et article sur le sublime

Pour dignement les imaginer [les promesses de la béatitude céleste], il les faut imaginer
inimaginables, indicibles et incomprehensibles, Montaigne, II, 253.
Une confusion inimaginable, Montaigne, II, 359.

Ex du trou noir :

Passage Hegel

à partir moment où œuvre est rpz sublime, n’est pas sublime (cf tableau Friedrich : le sublime
c’est ce qu’éprouve spectateur de dos dans le tableau. Ici belle rpz de l’xp que fait cet h du
sublime). Pas de rpz du sublime car le propre du sublime est de déborder toute rpz.

P139 cours de Castel

l’imagination vise à représenter l’idée d’une totalité, donc une idée de la raison  ce n’est
plus l’entendement qui est la faculté en jeu dans le sublime mais la raison  le sentiment qui
a lieu n’est plus celui d’une libre égalité des facultés mais celui de la disproportion des
facultés (la raison qui a rapport à la totalité des séries comme idée et l’imagination qui vise à
présenter la réalité mais qui s’épuise à le faire et qui s’abîme en elle-même)

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Sublime maths
Sublime dynamique

Exemple du sublime.

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