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EL MESAOUDI

Mayssa
L2 Socio TD2

COMMENTAIRE - SOCIOLOGIE URBAINE

Le texte « Rappels à l’ordre sexué dans l’espace public : perspective


intersectionnelle sur les violences dans l’espace public » est un article paru en 2021, issu de
Dynamiques régionales. Marylène Lieber est une sociologue et professeure à l’Université de
Genève qui travail sur les violences, l’espace public et les migrations, et Julien Debonneville
est un sociologue de formation titulaire d’une thèse de doctorat en études de genre
soutenue en 2016 également à l’Université de Genève où il poursuit actuellement ses
recherches post-doctorales. Cet article examine les rappels à l'ordre sexué dans l'espace
public en adoptant une perspective intersectionnelle sur les violences. Les auteurs analysent
les différentes manifestations de violences faites envers les femmes dans l’espace public,
en tenant compte des dimensions intersectionnelles telles que le genre, la race, la religion et
la classe sociale. Cette analyse critique permet de saisir les nombreuses limites sociales et
symboliques qui contribuent à façonner un ordre sexué, mais aussi social et racial, dans le
milieu urbain.
Nous allons donc voir en quoi les relations de pouvoir influencent-elles la structuration de
l'accès et des utilisations de l'espace public.
Pour cela, nous allons d’abord regarder le dispositif méthodologique mis en place pour cette
étude, puis, nous allons voir la perspective intersectionnelle des violences dans l’espace
public, et enfin, nous allons constater des rappels à l’ordre sexué dans ce même espace.

A travers une enquête, les auteurs exposent les « multiples façons dont ces divers
rappels à l'ordre sexué, au sens des normes sociales gérées et hétéronomes, se
manifestent que ce soit en termes de pratiques discursives et symboliques, d'agressions
physiques et sexuelles ou encore de violences lesbophobes et transphobes, racistes et
islamophobe ». Cette enquête est une enquête qualitative menée auprès de 80 femmes
résidant à Genève habitant différents quartiers et ayant différents profils
sociodémographiques, entre 2019 et 2020. L’enquête s’est composée de douze « focus
groups » sélectionnés à partir de caractéristiques précises (âge, orientation sexuelle,
localisation géographique, profession etc...). Ces « focus groups » ont permis d’observer
des points communs mais aussi de saisir des points de vue divers entre les différents
groupes de femmes. De plus, les auteurs ont formé deux groupes « territoires » avec
comme critère principal la localisation géographique (un groupe fait de femmes vivant dans
le centre-ville et un groupe avec des femmes vivant à la périphérie, mais se rendant souvent
en ville). En adoptant une approche axée sur les territoires, il a été possible d'atteindre une
plus grande diversité de femmes, dont les lieux d’habitations, les niveaux de revenus et les
professions influent sur leurs diverses pratiques de l'espace public. Mais aussi par d’autres
rapports sociaux et facteurs en lien avec la division du travail, l’âge, la classe, l’orientation
affective et sexuelle, l’origine géographique et la confession religieuse, dix groupes cibles
ont été formés.

Pour les chercheurs, les violences de genre sont des actes variés et peuvent se
manifester sur les plans psychologique, physique ou sexuel. Ces violences sont utilisées
pour sanctionner ce qui apparaît comme une transgression de l'ordre sexué, c'est-à-dire des
comportements ou des identités qui ne correspondent pas aux attentes ou aux normes
traditionnelles en matière de genre. Les violences de genre ne se limitent pas uniquement à
des actes physiques, mais aussi à des formes de violence psychologique et sexuelle. Elles
sont souvent utilisées comme des moyens de contrôle social visant à maintenir les
hiérarchies de genre existantes. En sanctionnant les transgressions perçues, ces violences
contribuent à renforcer les normes de genre qui existent et à maintenir les structures de
pouvoir dans la société. Ainsi, les femmes sont les plus grandes cibles de violences et
d’insultes sexistes et sexuelles. Par exemple, les jeunes filles sont les plus exposées à des
situations de "drague importune", où leur expérience est réduite de manière systématique à
leur apparence physique. Ces comportements rappellent de manière plus subtile que, en
tant que femmes, elles courent un risque lorsqu'elles se déplacent dans les espaces publics.
Lorsque l’on analyse et étudie les violences de genre il est important de ne pas
homogénéiser un groupe : ici dans ce cas, ne pas constituer un “sujet femme”, en ignorant
les différences entre les femmes. Ainsi, les auteurs adoptent une approche intersectionnelle
qui met en lumière comment les expériences de violence peuvent être façonnées de
manière différente par ces différentes identités. Par exemple, une femme noire peut faire
face à des formes spécifiques de violence de genre qui résultent de l'intersection de sa race
et de son genre. L'analyse intersectionnelle des violences de genre souligne l'importance de
prendre en considération l'ensemble des facteurs (l’âge, race, origine géographique,
orientation affective et sexuelle etc…) qui façonnent ces expériences, tout en mettant en
évidence les inégalités systémiques dans la société. Enfin, les auteurs soulignent bien que
“l’espace public cristallise ces violences de genre” et que cet espace “apparaît avant tout
comme un espace pour les hommes”.
Dans l’espace public, les femmes font l’expérience de différentes formes de
violence qui sont des rappels à l'ordre sexué et présentent des obstacles à leur libre
circulation dans cet espace. Grâce aux “focus groups”, les chercheurs ont pu constater
différents types de violences, qui vont de violences symboliques à des agressions physiques
et sexuelles. Les femmes peuvent être confrontées à des commentaires dégradants, des
sifflements, des regards appuyés, des insultes voire même faire face à des formes de
“dragues” insistantes. Ces actes constituent des rappels à l'ordre en cherchant à contrôler,
limiter la présence des femmes et renforcer “la dimension hétérosexiste” dans ces espaces.
Aussi, les femmes sont même des cibles d’agressions physiques et sexuelles dans l’espace
public, qui vont à des gestes obscènes (exhibitionnisme) à la tentative de viol. Cela créent
un climat de peur et d'insécurité, limitant la liberté de mouvement des femmes et les incitant
à éviter certains endroits.
En plus des formes de violence générales auxquelles les femmes peuvent être confrontées
dans l'espace public, il est important de souligner l'augmentation des violences lesbophobes
(des agressions plus violentes que les femmes perçues comme hétérosexuelles) . Les
femmes lesbiennes font l'objet de discriminations spécifiques basées sur leur orientation
sexuelle, ce qui constitue encore une autre forme d'obstacle à leur circulation dans l'espace
public. Ces discriminations se manifestent par des agressions physiques ou symboliques qui
viennent rappeler à ces femmes l’injonction à l’hétérosexualité. On le voit dans le texte, à
travers les enquêtes, que cela peut se traduire par des commentaires et insultes
homophobes, des regards hostiles ou par de la “séduction” hétéronormée (le rufus face à
cette “séduction” glisse facilement vers de la violence et lesbophobie), comme par exemple
des propositions de “plan a trois”.
Les femmes appartenant à des groupes minoritaires sont davantage exposées à des
violences et discriminations. En plus des violences lesbophobes, il y a également les
violences racistes et islamophobes. Les femmes musulmanes sont souvent ciblées par des
actes islamophobes, tels que le harcèlement verbal, le mépris, les menaces, les agressions
physiques, voire les attaques contre le port de vêtements religieux comme le hijab. En effet,
il est souligné dans le texte que “le port du voile représente un symbole qui favorise des
agressions”. Ces formes de violence islamophobe renforcent les stéréotypes négatifs et
créent un environnement hostile, limitant la liberté de mouvement des femmes musulmanes.
Elles font face à l’injonction à la non-différence et une remise en doute, à travers ces actes
de haines, de leur légitimité dans l’espace public.

Pour conclure, on voit bien que la légitimité de la présence des femmes est
souvent remise en cause par de multiples actes et rappels à l’ordre sexués. Aussi,
l'intégration des dimensions intersectionnelles souligne bien que les expériences de violence
dans l'espace public ne peuvent être pleinement comprises que lorsqu'on tient compte des
multiples identités et facteurs d'oppression (le genre, la race, l'orientation affective ou
sexuelle, la religion…).

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