Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Page 1 / 51
Olivier BERNAERT
Enseignant IFP School
Février 2012
Révision 3
Raffinage chimique des Mercaptans
Page 2 / 51
Table des Matières
Avant Propos 3
Chapitre I : IMPURETES DES COUPES LEGERES 4
1 - Le sulfure d’hydrogène 4
2 - Les mercaptans 5
3 - Les sulfures, disulfures et polysulfures 6
4 - L’oxysulfure de carbone 7
5 - Le soufre élémentaire 7
Les unités d'adoucissement et les unités extractives sont des unités que l'on rencontre
très régulièrement dans les schémas de raffinage pour éliminer les mercaptans des
coupes GPL, essences et de la coupe kérosène.
Suite au durcissement des spécifications sur la teneur en soufre des essences, ces unités
sont probablement moins utilisées que dans le passé pour le traitement des essences qui
seront préférentiellement hydrotraitées.
Cependant, ces unités restent très utilisées pour réduire les teneurs en S(RSH) sur les
coupes essences "très" légères, et servent surtout également pour préparer les charges
des unités comme l'alkylation et l'ETBE qui permettent de fabriquer des bases clefs du
pool essence.
Il est également important de garder à l'esprit, que tant que la spécification en soufre du
JetA1 reste à 3000 ppm pds, l'unité spécifique d'adoucissement des kérosènes reste un
des deux procédés (avec l'hydrotraitement) pour fabriquer internationalement le JETA1.
L'opération de ces unités restent donc capitale dans beaucoup de raffinerie pour respecter
les spécifications en soufre, doctor test et test de corrosion à la lame de cuivre des pools
C3/C4, essences et JetA1.
AVANT PROPOS
Raffinage chimique des Mercaptans
Page 4 / 51
Contenu
1) Le sulfure d'hydrogène
2) Les mercaptans
3) Les sulfures, disulfures et polysulfures
4) L'oxysulfure de carbone
5) Le soufre élémentaire
Le sulfure d’hydrogène (H2S) est le plus simple des composés sulfurés. Il est présent
naturellement en faible quantité dans les pétroles bruts.
Dans les raffineries, il est formé en grande partie dans les unités de craquage catalytique
(FCC), les unités d’hydrodésulfuration catalytique (HDS) et les unités d'hydrocraquages (DHC).
Propriétés physiques
- l’H2S est un gaz incolore, facilement inflammable, plus lourd que l’air.
- La volatilité de l’H2S (Téb : -60.3 °C ) est comprise entre l’éthane et le propane
- L’H2S est très soluble dans l’eau (3l H2S / l d’eau à 1 bar et 15°C)
- L’H2S est un gaz très toxique. A faible concentration l’H2S possède une odeur
caractéristique d’œufs pourris (dès 1 ppm vol). A plus forte concentration il devient
inodore (paralysie du sens olfactif) et devient mortel instantanément à des
concentrations supérieures à 1000 ppm vol.
Propriétés chimiques
- Réaction d’oxydation.
L’oxydation incomplète de l’H2S est utilisée dans les procédés CLAUS qui permettent
d’oxyder l’H2S en soufre élémentaire (S°), non polluant, recueilli à l’état liquide.
En présence d’humidité l’H2S provoque une corrosion des métaux (en particulier du
cuivre). L'H2S est également corrosif à haute température (métallurgie particulière à
sélectionner pour les tubes de four).
Propriétés physiques
Propriétés chimiques
- Propriétés acides.
Les RSH ont un caractère acide. Ils réagissent avec les bases fortes pour former des
sels (mercaptides) solubles dans l’eau. Cette propriété est mise en pratique dans les
unités d’adoucissement.
- Réaction d’oxydation.
La combustion des RSH est complète et conduit à la formation de SO2.
L’oxygène de l’air permet d’oxyder, en phase liquide, les RSH de façon moins brutale
pour donner des dissulfures non corrosifs. Cette réaction est mise en œuvre dans les
unités d’adoucissement que nous étudierons en détails dans ce document.
Propriétés physiques
Propriétés chimiques
- Composés neutres
Ils ne réagissent pas avec les bases, ils n’attaquent pas les métaux et sont donc non
corrosifs vis-à-vis du cuivre.
- Stabilité thermique
Ils se décomposent à la chaleur pour donner des RSH et de l’H2S.
- Réaction d’oxydation.
La combustion des RSSR est complète et conduit à la formation de SO2.
Propriétés physiques
Propriétés chimiques
- Composé neutre
Il ne réagit pas avec les bases, il n’attaque pas les métaux et est donc non corrosif vis-à-
vis du cuivre.
- Stabilité thermique
Il est stable thermiquement.
- Réaction d’oxydation.
La combustion du COS est complète et conduit à la formation de SO2.
- Réaction d’hydrolyse
En présence de traces d’eau le COS se décompose en H2S et CO2.
Contenu
1) Définition
2) Les enjeux
3) Les coupes concernées
4) Principes du procédé
5) Le différentes versions
6) Les unités d'adoucissement dans le schéma de raffinage
7) Catalyseur utilisé
8) Avantages / Inconvénients
1 – DEFINITION
Les principaux bailleurs de licence de ces procédés sont UOP (MEROX, KEROX, MINALK),
MERICHEM (THIOLEX, MERICAT), AXENS (SULFREX). On peut dénombrer plus de 1500
unités construites depuis 1958 dans le monde.
Les unités UOP sont appelées MEROX. C’est le procédé d’adoucissement le plus répandu.
Cette appellation provient de la contraction de «MERcaptans OXidation». Par abus de
langage cette appellation a souvent été étendue à l’ensemble des unités utilisant ce procédé
quelque soit le bailleur de licence concerné.
En effet, dans le cadre des spécifications soufres sur les coupes essences (< 10 ppm
pds), l’opération optimale des unités MEROX est un élément clef pour la formulation du
pool essence basse teneur en soufre. L’opération optimale du MEROX permet d’obtenir
une teneur en soufre très faible dans les GPL permettant ainsi de les envoyer dans les
unités situées en aval en contrôlant la teneur en soufre finale des produits des unités
ETBE, MTBE ou ALKYLATION.
Sur des essences "très légères", ces unités (Merox extractif) peuvent fournir au pool
essence des produits directement conforme en terme de spécification soufre.
- Diminuer les teneurs en soufre des GPL pour respecter les spécifications sur le propane
et le butane (Merox extractif) ;
- Obtenir des produits conformes vis à vis du Doctor Test ou de la lame de cuivre
(adoucissement),
- Améliorer les problèmes d’odeur au stockage (extraction ou adoucissement),
- Réduire les teneurs en soufre des coupes C3/C4 utilisées en charge de procédés dont le
catalyseur est sensible au soufre (extraction).
- Réduire la teneur en soufre des essences légères afin d’atteindre les spécifications du
pool essence (extraction)
3 - COUPES CONCERNÉES :
Les composés soufrés dans les coupes pétrolières se trouvent sous forme d’hydrogène
sulfuré (H2S), mercaptans (RSH), sulfures (RSR), disulfures (RSSR) ou composés
thiocycliques (un soufre inclus dans un cycle carboné). La répartition de ces produits dans
les coupes pétrolières suit leur température d’ébullition, comme le montre le schéma 1.
- 200
Gaz GNL C1
+
GPL -100
C2
- 60.4 H2S
Propane - 50.2 COS
commercial C3
Butane
commercial C4 0 CH3SH
+ 6
+ 35 C2H5SH
+ 37.3
Carburants C5 CH3SCH3
auto + 67 C3H7SH
Naphta C6
Essence pour C7 + 98 C4H9SH
pétro- +100
chimie C8
Carbu-
Gazole C11
réacteur +200
moteur
jet A1
et
Produits fuel-oil
intermé- domestique C14
-diaires +300
C20
Température d ’ébullition et
nombre d ’atome de Carbone
dans les Hydrocarbures
C4 DA - Lavage à la soude
Doctor test : négatif
FCC Lame de cuivre : 1 maxi - Tamis moléculaire
- Mérox extractif
Essence DA - HDT
S total < 10 ppm pds
légère - Adoucissement
FCC
RSH < 15 ppm pds
Essence DA - Mérox extractif
Lame de cuivre : 1 maxi
lourde
FCC
Kérosène DA Soufre < 0.3 % pds - Hydrotraitement (HDS)
RSH < 30 ppm pds, ou - Hydrocraquage (HDC)
Doctor test négatif.
Lame de cuivre : 1 maxi - Adoucissement
Le principe du procédé consiste à extraire les mercaptans (RSH) de la coupe pétrolière dans
la soude en les transformant en mercaptides de sodium (RS-Na+).
Puis à faire réagir ces mercaptides avec l’oxygène de l’air en présence d’un catalyseur.
(2)
2 RS-Na + CATAOxyd -> RSSR + CATAréd
DISSULFURES
Solubles dans HC
Insolubles dans NaOH
(3)
CATAréd + ½ O2 + H2O -> 2 NaOH + CATAoxyd
Si l’oxydation des mercaptans (étape 2) est réalisée dans la soude, après la séparation
soude/coupe pétrolière, il s’agit d’une extraction. Dans ce cas, les étapes réactionnelles
(1) et (2-3) sont réalisées dans des équipements différents. Les disulfures formés, dans
l'étape 2, ne sont pas solubles dans la soude et peuvent être éliminés par décantation. Après
décantation, la soude « régénérée » est réutilisée. La teneur en soufre totale de la coupe HC
traitée diminue.
Selon l’application, le catalyseur peut être en circulation dans la soude, on parlera de Mérox
liquide/liquide, ou imprégné sur un lit fixe de charbon actif. Il existe essentiellement six
versions du procédé, énumérées dans le tableau 2, et dont les schémas sont donnés
respectivement dans les parties « Mérox extractif » et « Adoucissement ».
Le catalyseur utilisé dans les unités Mérox est un complexe de phtalocyanine de cobalt
sulfonée (PcCo). C’est en fait un colorant de couleur bleue à l’état oxydé et verte à l’état
réduit. Le nom du catalyseur varie bien sûr selon le fournisseur.
8 – AVANTAGES / INCONVENIENTS
En comparaison des autres procédés, les unités Mérox présentent les avantages suivants :
- Faible investissement : les conditions non corrosives du procédé permettent d’utiliser des
aciers classiques.
- Faible coût opératoire : opération à basse T et P, besoins en utilité et produits chimiques
limités.
- Relativement simple à opérer
- Bonne fiabilité du procédé : les interventions sur unités sont très limitées.
- Faible quantité de produits chimiques à évacuer.
- Pas de dégradation ou de pollution des coupes pétrolières passant dans l’unité.
Contenu
La solubilité des mercaptans dans l’eau est très faible, et décroît très rapidement avec la
masse molaire du composé, comme l’indiquent les exemples donnés dans le tableau 3.
Mercaptans Solubilité à 25
°C
(en g/l)
CH3SH 23.3
C2H5SH 6.7
n-C3H7SH 1.96
n-C4H9SH 0.57
t-C4H9SH 0.96
n-C6H13SH 0.047
n-C9H17SH 0.004
C6H5SH ≈ 0.55
Les mercaptans sont des composés acides qui s’ionisent plus ou moins partiellement dans
l’eau pour donner des mercaptides et des protons selon la réaction :
RSH RS- + H+ ,
[ RS − ][ H + ]
pour laquelle on peut définir la constante d’ionisation Ka par : Ka =
[ RSH ]
La valeur de Ka dépend du type de mercaptans. Pour les alkyl mercaptans, Ka est de l’ordre
de 10-11.
Les mercaptans sont donc des acides faibles qui réagissent avec la soude pour donner des
mercaptides de sodium solubles dans l’eau.
Les solutions de soude sont utilisées pour extraire les mercaptans. Mais cette extraction
reste liée à la solubilité du composé dans l’eau, ce qui explique la limite d’application du
procédé Mérox extractif aux mercaptans de masses moléculaires faibles, c’est-à-dire
essentiellement méthyl et éthyl mercaptans présents dans les GPL et essences légères.
- Basse température
Parmi les essais normalisés relatifs au produits soufrés (H2S, RSH, COS, Sélémentaire, …) on
distingue :
- le dosage quantitatif d’une espèce particulière,
Exemple : dosage du Stotal par FX
dosage de l’H2S par chromatographie gazeuse dans les GPL
Cette partie ne concerne que les tests qualitatifs. L’objectif est de résumer, dans le tableau
4 , les coupes hydrocarbures concernées, les composés soufrés détectés et la sensibilité des
tests par rapport à ces composés.
Les seuils de détection sont des valeurs approximatives, données à titre indicatif, ils
dépendent de la coupe concernée.
De plus il faut prendre garde aux effets cumulatifs entre certains composés soufrés, comme
le soufre élémentaire et l’H2S ou le soufre élémentaire et les mercaptans, qui peuvent
abaisser les seuils de détection. Par exemple, un test à la lame de cuivre peut être > 1 avec
seulement : 0.1 ppm pds d’H2S et 0.5 ppm pds de soufre élémentaire.
Contenu
1) Description
2) Paramètres de réglages
3) Contrôle et optimisation
I - DESCRIPTION
Cette version du procédé Mérox utilise le contact liquide/liquide pour extraire de la coupe
pétrolière les mercaptans de faibles masses moléculaires par un solvant aqueux
fortement basique : la soude.
Les LPG et la soude sont mis en contact dans un extracteur. La soude en sortie de
l’extracteur, alors riche en mercaptides est envoyée dans la section régénération où de l’air
est injecté pour oxyder les mercaptides en disulfures. Les disulfures sont ensuite séparés de
la soude, dans un ballon, par gravité et décantation. La soude ainsi régénérée est renvoyée
à l’extracteur. Le catalyseur est solubilisé dans la soude en circulation.
On distingue donc dans ce procédé plusieurs parties, comme le montre le schéma 4 ci-
dessous :
- un post-traitement (pour éliminer les traces de soudes dans les GPL traités)
Schéma 4 :
Extractor
Caustic Sweet
prewash LPG
Sand Oxydizer Spent
filter air
L
P Air
Caustic Disulfides
G
settler
Caustic
Steam
Section prétraitement :
Tous les mérox extractifs nécessitent un prétraitement avant d’entrer la charge dans
l’extracteur. Il s’agit d’un prélaveur à la soude. L’objectif de ce prétraitement est d’éliminer
les impuretés acides, tels que l’H2S ou le CO2, afin d’éviter la formation de sels non
régénérables dans la section régénération qui dégradent la soude en circulation (formation
de sulfates) et engendrent à terme la formation de dépôts de sels (bouchages).
Habituellement, un seul ballon vertical contenant une soude diluée suffit pour éliminer les
résidus d’H2S, c’est-à-dire jusqu’à 100 ppm pds d’H2S. La soude doit être suffisamment
concentrée pour éliminer l’H2S, mais pas trop concentrée pour ne pas réagir avec les
mercaptans.
La coupe pétrolière à traiter est intimement mélangée avec la soude en une ou plusieurs
étapes. La solution de soude contient le catalyseur, mais celui-ci n'a aucun effet sur
l’extraction des mercaptans.
Lorsqu’il y a plus d’une étape de contact hydrocarbure/soude, celui-ci est réalisé à contre-
courant dans une colonne contenant des plateaux perforés, illustrés par le schéma 5 ci-
dessous. L’efficacité de ces plateaux permet de travailler avec un taux de circulation de
soude faible.
L’hydrocarbure à traiter est injecté par le bas de la colonne, alors que la soude est injectée
par le haut. Du fait de leur différence de gravité, l’hydrocarbure va monter dans la colonne
par les plateaux perforés, et la soude va descendre dans le fond de la colonne. Ce type
d’agencement permet d’avoir en bas de la colonne un contact entre l’hydrocarbure riche en
mercaptans et la soude la plus chargée. Au fur à mesure que l’hydrocarbure monte dans la
colonne, il devient de plus en plus « propre » et est en contact avec de la soude de plus en
plus pauvre en mercaptans. Ainsi l’équilibre le plus favorable entre l’hydrocarbure et la soude
est atteint en tête de colonne et permet de réduire au maximum la concentration de
mercaptans dans l’hydrocarbure traité.
En fond de la colonne d’extraction, un niveau de soude est régulé pour garder une capacité
réserve de soude pour l’ensemble du système.
L’oxydeur (schéma 6) est une colonne remplie d’anneaux Raschig en acier carbone. Le
garnissage de la colonne permet un mélange suffisant entre la soude riche en RS- et
l’oxygène de l’air pour régénérer la soude en transformant les mercaptides en disulfures.
Une première séparation est réalisée entre l’excès d’air et les phases liquides au niveau
supérieur du ballon par une cheminée remplie d’anneaux Raschig. L’excès d’air est évacué,
après dilution par du fuel gaz (pour contôle de l'explosivité du mélange), vers le réseau de
torche.
Soude de
l’extracteur
La décantation disulfures /soude est souvent favorisée par une injection d’essence qui
permet d’augmenter la différence de densité entre la phase aqueuse de soude et la phase
organique. Cette injection d’essence est réalisée en aval de l’oxydeur, à raison de 15 à 20 %
du débit de soude.
Le flux RSSR + essence, obtenu sortie séparateur, a alors les caractéristiques suivantes :
- concentration en soufre ≈ 8 à 15 % pds
- composition en produits soufrés : essentiellement des dimethyl et diethyl disulfures, et
présence de monosulfures (RSR) et de polysulfures (RSSSR, RSSSSR, …)
- risques d’entraînements de soude importants
- traces de catalyseur (phtalocyanine de cobalt)
Le postraitement est bien sur fonction de la destination du produit traité (GPL, essence
légère) et des spécifications imposées.
2 – PARAMÈTRES DE REGLAGE
Il s’agit bien sûr des paramètres sur lesquels l’opérateur peut avoir une action de régulation
pour optimiser le fonctionnement de l’unité.
Addition de catalyseur :
La concentration de catalyseur requise dans la soude est de l’ordre de 200 ppm pds de
matière active. La concentration de catalyseur dans la soude ne se mesure pas directement.
Elle est obtenue en quantifiant les ajouts de catalyseur réalisés lors des démarrages par
rapport au hold up de soude et lors des appoints de soude.
De plus, des appoints réguliers de catalyseur doivent être réalisés pour compenser la perte
d’activité régulière de celui-ci. Les injections de catalyseurs sont effectuées en batch, à
raison d’environ 1 kg de matières actives pour 5000 m3 d’hydrocarbure traité.
Injection d’oxygène :
L’oxygène injecté est de l’air atmosphérique comprimé introduit dans le flux de soude juste
avant l’oxydeur.
Bien sûr il est nécessaire d’avoir un léger excès d’air, mais il doit être minimum. La marge
recommandée est de 1.2 à 2 fois la demande stœchiométrique. La spécification est donc
d’injecter entre 1.25 et 1.75 Nm3 d’air par kg de S mercaptan à traiter.
L’augmentation du débit d’air, tout paramètre restant égale par ailleurs, se traduit par une
amélioration de la qualité de la régénération (réaction plus rapide et plus complète), même si
le temps de séjour dans l’oxydeur s’en trouve diminué.
Bien que de faibles concentrations en mercaptans sont souhaitées dans la soude régénérée
(30 à 100 ppm pds), il ne faut jamais sur-régénérer la soude sous peine :
Alcalinité de la soude :
De manière pratique, deux fois la différence entre l’alcalinité totale et l’alcalinité libre permet
d’estimer la quantité de bases faibles dans la soude et donc la quantité de soude déjà
consommée par les acides faibles. Un taux d’usure est définit par le rapport :
Soude en circulation :
La soude en circulation est à la fois le solvant dans lequel le catalyseur est dissous, et la
base qui permet la dissociation des mercaptans.
Pour les mercaptans de faible masse moléculaire, plus la concentration de la soude est
élevée meilleure est l’extraction. Par contre cette tendance s’inverse pour des mercaptans
plus lourds (R > 3 carbones), comme le montre le schéma 3 (cf. propriétés des mercaptans).
Une concentration maximum de 23 % pds ne doit jamais être dépassée, car au delà de cette
limite les hydroxydes sont en compétition avec les mercaptans et diminuent la solubilité de
ces derniers. De plus à ces fortes concentrations, les problèmes d’émulsion apparaissent.
Les ajouts de soude doivent être réalisés de manière périodique afin de compenser l’effet de
dilution dû aux molécules d’eau générées par la réaction d’oxydation des mercaptans, et
l’effet de neutralisation de la soude dû aux acides amenés par la charge (H2S, CO2, acides
naphténiques, …), malgré l’existence du prélaveur. Le taux d’usure accepté est de 10 % pds,
avec un maximum de 20 % pds à ne pas dépasser.
Soude de prélavage :
Cette qualité de soude permet de traiter des charges contenant jusqu’à 50 ppm pds d’H2S,
entrée prélaveur.
Contact Soude/Hydrocarbure :
Le contact entre la soude et l’hydrocarbure peut être caractérisé par la durée du contact, les
volumes mis en présence et le différentielle de pression assurant le mélange. Ainsi un
paramètre important dans le réglage de l’unité est le ratio débit de soude sur débit
d’hydrocarbure à traiter, appelé rapport C/H.
Plus le ratio C/H est élevé, plus le contact est important et meilleure est l’extraction des RSH.
Par contre plus le ratio C/H augmente et plus les réentraînements de disulfures (dont la
décantation est rendue plus difficile par l’augmentation du débit de soude) augmentent.
Il est donc nécessaire de trouver un compromis pour lequel l’extraction des mercaptans est
satisfaisante et le réentraînement des disulfures limité, comme le montre le schéma 7
Le débit de soude peut être ajusté à la qualité de la charge traitée (concentration en RSH),
mais il est préférable, pour la stabilité de l’unité que le ratio C/H soit le plus stable possible.
De plus une unité Mérox est calculée pour un certain débit de charge (vitesse à travers les
plateaux). Si ce débit chute sous la valeur de design, il en découle une dégradation inévitable
de la qualité de l’extraction.
Stotal
SGPL RSH
RSSRréentrainé
sans lavage
de la soude régénérée
RSH
RSSRréentrainé
avec lavage
de la soude régénérée
Température :
L’extraction des mercaptans est favorisée par des basses températures. En théorie, une
augmentation de 5 °C de la température de l’hydrocarbure induit une diminution du
coefficient d’extraction, Kp (cf. chapître propriétés des mercaptans), de 10 %. La température
praticable la plus basse pour une charge hydrocarbure est d’environ 20 °C. En dessous de
cette température, il y a risque d’entraînement de soude. Au dessus de 50 °C, l’extraction est
limitée. La température de travail de la section extraction est donc de l’ordre de 32 à 38 °C.
La régénération de la soude est favorisée par des températures plus élevées. Aussi la soude
est-elle légèrement réchauffée avant d’entrer dans l’oxydeur. Cependant la température
dans l’oxydeur doit rester la plus basse possible sous peine de générer des réactions de
suroxydation qui peuvent conduire à la formation d’acide et neutraliser la soude.
Au delà de 60 °C, on atteint les limites de la métallurgie avec des risques de fragilisation
caustique par la soude. La fourchette de température préconisée dans l’oxydeur est de 38
à 50 °C.
3 - CONTRÔLE ET OPTIMISATION
L’efficacité d’un Mérox extractif passe par la qualité de la soude de prélavage, la qualité de la
soude régénérée et le respect des paramètres de réglage.
Mauvaise régénération :
Le réglage du débit d’air doit être effectué en fonction des variations de la charge, selon la
consigne de : 1.25 à 1.75 Nm3 d’air par kg de S mercaptan, et doit être contrôlé
régulièrement.
- La concentration en oxygène dans le gaz évacué (avant dilution par fuel gaz),
instrumentation sur site.
- il y a trop d’air,
- la température de l’oxydeur est trop basse,
- il n’y a pas assez de catalyseur.
- il y a trop d’air,
- la température de l’oxydeur est trop élevée,
- il a trop de catalyseur
Chapitre VI : ADOUSSICEMENT
Contenu
1) Description
2) Paramètres de réglages
1 - DESCRIPTION
Pour rappel, dans les procédés d’adoucissement la teneur en soufre totale est constante
entre l’entrée et la sortie de l’unité. On distingue le procédé liquide/liquide et le procédé en lit
fixe.
Procédé liquide/liquide :
Schéma 8
Tour de mélange
Prélavage
Filtre à sable
Chapitre VI : ADOUSSICEMENT
Raffinage chimique des Mercaptans
Page 32 / 51
Le contact liquide / liquide (soude / HC) peut également être fait sur des fibres métalliques
dans le procédé MERICAT développé par la société MERICHEM. Le mélange
soude/hydrocarbure /air et la décantation se déroule dans la même capacité.
La partie inférieure est constituée d’un séparateur horizontal. Les fibres métalliques se
prolongent dans le séparateur. Dans la partie inférieure, la soude continue de mouiller les
fibres alors que la phase hydrocarbure s’en sépare. L’intérêt principal du procédé est de ne
pas créer de dispersion de fines goutellettes de soude et donc de présenter une plus grande
facilité à séparer les deux phases. Les risques d’entraînement de soude par l’essence sont
minimisés. Le volume du séparateur et l’implantation au sol sont réduits.
Chapitre VI : ADOUSSICEMENT
Raffinage chimique des Mercaptans
Page 33 / 51
Procédé en lit fixe :
Le contact hydrocarbure catalyseur est réalisé sur un lit fixe de charbon actif. L’alcalinité du
milieu est assurée par la saturation du charbon actif en soude. Cette saturation peut se faire
par des appoints de soude périodiques de manière massive. Il s’agit alors de la version
traditionnelle. Mais l’alcalinité du lit fixe peut aussi être assurée par une circulation continue
de soude très diluée. Il s’agit du procédé Minalk : « MINimum ALKalinity ». Les schémas 10
et 11 donnés ci-dessous illustrent ces 2 versions UOP du procédé.
Schéma 10 : Adoucissement en lit fixe : appoint de soude massif (source : UOP)
Chapitre VI : ADOUSSICEMENT
Raffinage chimique des Mercaptans
Page 34 / 51
Cas particulier des unités traitant des Kérosènes en lit fixe :
Dans le cas des procédés Kérox (traitement spécifique des kérosènes) d’adoucissement
en lit fixe, le postraitement est beaucoup plus complet que pour le traitement des essences,
afin de respecter les spécifications du jet A1, voir schéma 12 ci-dessous.
Chapitre VI : ADOUSSICEMENT
Raffinage chimique des Mercaptans
Page 35 / 51
Prétraitement :
L’objectif du prétraitement d’une unité Kerox est de protéger les réacteurs en éliminant les
acides (H2S, acides naphténiques, …). Un simple lavage à la soude, comme pour les Mérox
extractifs, est suffisant si les contaminents sont peu concentrés (< 100 ppm pds d’H2S).
Dans le cas de charge contenant des acides naphténiques une injection de soude en
continue à l’interface soude/hydrocarbure dans le prélaveur peut être nécessaire, ainsi
qu’une purge de cette interface par un contrôle de niveau automatique de façon à limiter
l’acidité totale à l’entrée du réacteur à des valeurs < 0,005 mgKOH/g kéro.
2 - PARAMÈTRES DE RÉGLAGE
Comme pour le procédé Mérox extractif, on retrouve les cinq paramètres de réglage
suivants (COACH) :
- le catalyseur
- l’alcalinité
- l’oxygène
- la température
- le contact soude/hydrocarbure.
Pour la version liquide/liquide, les spécifications sont très proches de celles du Mérox
extractif. Il s’agit en effet du même type de procédé, « la partie régénération étant inclus dans
la partie extraction ».
Pour la version lit fixe, on distingue les différences suivantes par rapport au procédé Mérox
extractif :
- le catalyseur est imprégné sur un lit de charbon actif. L’imprégnation se fait en début de
cycle, le lit n’est réimprégné que lorsque son activité catalytique devient insuffisante.
- l’injection d’air est identique (1.25 à 1.75 Nm3/kg de soufre mercaptans), mais il est
important d’avoir une pression suffisante pour assurer la dissolution du gaz dans
l’hydrocarbure,
- les injections de soude dépendent du procédé.
- Pour la version traditionnelle, le lit de charbon actif est saturé en soude par une
circulation ponctuelle de soude, à 10 % pds. Les saturations en soude peuvent être
espacées de 5 à 10 jours pour devenir quotidiennes en fin de cycle, du fait de l’usure du
catalyseur.
- Dans la version Minalk, la soude utilisée est une soude très diluée : 2 à 3 % pds.
L’injection de soude est continue.
- La température doit être la plus élevée possible tout en évitant de favoriser les réactions
d’oxydation parasites qui peuvent former des gommes, des produits colorés ou des
acides qui neutralisent la soude. On se limite donc à des températures comprises entre
38 et 50°C.
Chapitre VI : ADOUSSICEMENT
Raffinage chimique des Mercaptans
Page 36 / 51
ANNEXE 1
Phtalocyanine de Cobalt
Base des catalyseurs des unités
d’adoucissement