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Guide EURACHEM / CITAC CG4

Quantifier l’Incertitude
des Mesures Analytiques

Troisième Edition

Note version française

Ce document a été traduit en français sous l’égide du Laboratoire national de métrologie et


d’essais (LNE), avec l’accord des organisations CITAC/EURACHEM.
Il est mis à la disposition des utilisateurs gracieusement et est téléchargeable au format pdf sur le
site internet du LNE : http:/www.lne.fr
Guide EURACHEM / CITAC
Quantifier l’Incertitude dans les Mesures
Analytiques

Troisième Edition

Éditeurs :
S L R Ellison (LGC – Royaume-Uni)
A Williams (Royaume-Uni)

Composition du Groupe de travail1 :

Membres d'EURACHEM :
A. Williams Président Royaume-Uni
S. Ellison Secrétaire LGC, Teddington - Royaume-Uni
Remerciements R. Bettencourt da Silva Université de Lisbonne, Portugal
Ce document a été produit principalement par un W. Bremser BAM, Allemagne
groupe de travail commun EURACHEM / CITAC A. Brzyski Eurachem Poland
dont la composition apparaît à droite. Les éditeurs Corvinus University of Budapest,
P. Fodor
sont redevables à toutes ces personnes et ces Hongrie
organisations ainsi qu’à ceux qui ont collaboré par Netherlands Measurement
R. Kaarls
leurs commentaires, conseils et aide. Institute, Pays-Bas
R. Kaus Eurachem Germany
La réalisation de ce Guide a été en partie soutenue B. Magnusson SP, Suède
par le UK National Measurement System. E. Amico di Meane Italie
P. Robouch IRMM, UE
Référence CITAC M. Rösslein EMPA St. Gallen - Suisse
Ce guide constitue le Guide CITAC numéro 4 Netherlands Measurement
A. van der Veen
Institute - Pays-Bas
M. Walsh Eurachem IRE
University of Mining and
W. Wegscheider
Metallurgy – Leoben - Autriche
Food Standards Agency –
R. Wood
Royaume-Uni
Istanbul Technical University,
P. Yolci Omeroglu
Turquie
La traduction de ce document a été Représentants CITAC :
assurée en faisant appel à un vocabulaire
A. Squirrell ILAC
français d’usage courant pour permettre sa
National Physical Laboratory of
compréhension par un vaste public. A ce titre, I. Kuselman
Israel
les experts n’y retrouveront pas toujours les A. Fajgelj IAEA Vienna
termes ou jargon spécialisés qu’ils utilisent
habituellement. Ce document n’est pas destiné Représentants Eurolab :
à être utilisé comme glossaire de termes M. Golze BAM, Allemagne
franco-anglais utilisés par les spécialistes du
domaine.
Cette troisième édition a été revue par
Michèle Désenfant, Georges Favre et Marc
Priel auxquels les commentaires peuvent être
adressés.

1 Participation aux réunions ou correspondance dans la


période 2009-2011
Quantification de l’Incertitude Table des matières

TABLE DES MATIERES

PREFACE A LA TROISIEME EDITION 1

1. PORTEE ET DOMAINE D’APPLICATION 3

2. INCERTITUDE 4
2.1. DEFINITION DE L’INCERTITUDE 4
2.2. SOURCES D’INCERTITUDE 4
2.3. LES COMPOSANTES DE L’INCERTITUDE 4
2.4. ERREUR ET INCERTITUDE 5
2.5 DEFINITION DU VIM 3 DE L’INCERTITUDE 6

3. MESURE ANALYTIQUE ET INCERTITUDE 7


3.1. VALIDATION DE LA METHODE 7
3.2. CONDUITE DES ETUDES EXPERIMENTALES SUR LES PERFORMANCES DE LA METHODE 8
3.3 TRAÇABILITE 8

4. LE PROCESSUS DE L’ESTIMATION DE L’INCERTITUDE DE LA MESURE 10

5. ETAPE 1 : SPECIFICATION DU MESURANDE 12

6. ETAPE 2 : IDENTIFIER LES SOURCES D’INCERTITUDE 13

7. ETAPE 3 : QUANTIFIER L’INCERTITUDE 15


7.1. INTRODUCTION 15
7.2. PROCEDURE D’EVALUATION DE L’INCERTITUDE 15
7.3. INTERET DES ETUDES ANTERIEURES 16
7.4. EVALUER L’INCERTITUDE PAR LA QUANTIFICATION DES COMPOSANTES INDIVIDUELLES DE
L’INCERTITUDE 16
7.5. MATERIAUX DE REFERENCE CERTIFIES EN ETROITE ADEQUATION. 16
7.6. ESTIMATION DE L’INCERTITUDE A L’AIDE DE DONNEES ISSUES D’ETUDES PREALABLES
INTERLABORATOIRES SUR LE DEVELOPPEMENT ET LA VALIDATION DE LA METHODE. 16
7.7. ESTIMATION DE L’INCERTITUDE A L'AIDE DES ETUDES DE DEVELOPPEMENT ET DE
VALIDATION MENEES EN INTERNE 17
7.8. UTILISATION DES DONNEES DES ESSAIS D’APTITUDE 19
7.9. EVALUATION DE L’INCERTITUDE POUR LES METHODES CONVENTIONNELLES 20
7.10. EVALUATION DE L’INCERTITUDE POUR LES METHODES AD-HOC 20
7.11. QUANTIFICATION DE CHAQUE COMPOSANTE INDIVIDUELLE 21
7.12. ESTIMATION EXPERIMENTALE DES CONTRIBUTIONS INDIVIDUELLES A L’INCERTITUDE21
7.13. ESTIMATION FONDEE SUR D’AUTRES RESULTATS OU DONNEES. 21
7.14. MODELISATION A PARTIR DE PRINCIPES THEORIQUES 22
7.15. ESTIMATION FONDEE SUR UN AVIS 22
7.16. SIGNIFICATION DU BIAIS 23

8. ETAPE 4. CALCULER L’INCERTITUDE COMPOSEE 24


8.1. INCERTITUDES TYPES 24
8.2. INCERTITUDE TYPE COMPOSEE 24
8.3. INCERTITUDE ELARGIE 26

QUAM:2000.1 Page i
Quantification de l’Incertitude Table des matières
9. COMPTE RENDU DE L’INCERTITUDE 27
9.1. GENERALITES 27
9.2. INFORMATIONS NECESSAIRES 27
9.3. COMPTE RENDU DE L’INCERTITUDE TYPE 27
9.4. COMPTE RENDU DE L’INCERTITUDE ELARGIE 27
9.5. EXPRESSION NUMERIQUE DES RESULTATS 27
9.6. INTERVALLES ASYMETRIQUES 28
9.7. CONFORMITE PAR RAPPORT AUX LIMITES 28

ANNEXE A. EXEMPLES 30
INTRODUCTION 30

EXEMPLE A1 : PREPARATION D'UNE SOLUTION ETALON 32


RESUME 32
EXEMPLE A1 : PREPARATION D'UNE SOLUTION ETALON. DISCUSSION DETAILLEE 34

EXEMPLE A2 : ETALONNAGE D'UNE SOLUTION DE SOUDE 39


RESUME 39
EXEMPLE A2 : ETALONNAGE D'UNE SOLUTION DE SOUDE. DISCUSSION DETAILLEE. 41

EXEMPLE A3 : UN TITRAGE ACIDE/BASE 49


RESUME 49
EXEMPLE A3 : UN TITRAGE ACIDE / BASE. DISCUSSION DETAILLEE 51

EXEMPLE A4 : ESTIMATION DE L'INCERTITUDE DEDUITE DES ETUDES DE VALIDATION


INTERNE. DETERMINATION DES PESTICIDES ORGANOPHOSPHORES DANS LE PAIN. 58
RESUME 58
EXEMPLE A4 : DETERMINATION DES PESTICIDES ORGANOPHOSPHORES DANS LE PAIN. DISCUSSION
DETAILLEE. 61

EXEMPLE A5 : DETERMINATION PAR SPECTROMETRIE D'ABSORPTION ATOMIQUE DU


RELARGAGE DE CADMIUM A PARTIR D'UN OBJET EN CERAMIQUE 70
RESUME 70
EXEMPLE A5 : DETERMINATION PAR SPECTROMETRIE D'ABSORPTION ATOMIQUE DU RELARGUAGE
DE CADMIUM A PARTIR D'UN OBJET EN CERAMIQUE. DISCUSSION DETAILLEE. 72

EXEMPLE A6 : DETERMINATION DES FIBRES BRUTES PRESENTES DANS LES ALIMENTS


POUR ANIMAUX 79
RESUME 79
EXEMPLE A6 : DETERMINATION DES FIBRES BRUTES DANS LES ALIMENTS POUR ANIMAUX.
DISCUSSION DETAILLEE 80

EXEMPLE A7 : DETERMINATION DE LA QUANTITE DE PLOMB DANS L'EAU A L'AIDE DE LA


SPECTROMETRIE DE MASSE PAR PLASMA A COUPLAGE INDUCTIF ET D'UNE DOUBLE
DILUTION ISOTOPIQUE 87

ANNEXE B - DEFINITIONS 95

ANNEXE C - INCERTITUDES DANS LES PROCESSUS ANALYTIQUES 98

ANNEXE D - ANALYSE DES SOURCES D'INCERTITUDE 99


D.1 INTRODUCTION 99
D.2 PRINCIPES DE LA DEMARCHE 99

QUAM:2000.1 Page ii
Quantification de l’Incertitude Table des matières
D.3 ANALYSE DES CAUSES ET DES EFFETS 99
D.4 EXEMPLE 100

ANNEXE E - PROCEDURES STATISTIQUES UTILES 101


E.1 FONCTIONS DE DISTRIBUTION 101
E.2 METHODE DU TABLEUR POUR CALCULER L'INCERTITUDE 102
E.3 ÉVALUATION DE L’INCERTITUDE AU MOYEN DE LA SIMULATION DE MONTE CARLO 104
E.5 : RECUEIL D'INFORMATIONS SUR L'INCERTITUDE EN FONCTION DE LA CONCENTRATION
D'ANALYTE 113

ANNEXE F - INCERTITUDE DES MESURES A LA LIMITE DE DETECTION / 116

LIMITE DE QUANTIFICATION 116


F.1. INTRODUCTION 116
F.2. OBSERVATIONS ET ESTIMATIONS 116
F.3. RESULTATS INTERPRETES ET DECLARATIONS DE CONFORMITE 117
F.4. UTILISATION DE « INFERIEUR A » OU DE « SUPERIEUR A » DANS UN RAPPORT 117
F.5. INTERVALLES D’INCERTITUDE ELARGIS PROCHES DE ZERO : APPROCHE CLASSIQUE117
F.6 INTERVALLES D’INCERTITUDE ELARGIS PROCHE DE ZERO : APPROCHE BAYESIENNE118

ANNEXE G - SOURCES COMMUNES D'INCERTITUDE ET VALEURS D'INCERTITUDE 120

ANNEXE H - BIBLIOGRAPHIE 126

QUAM:2000.1 Page iii


Quantification de l’Incertitude

Préface à la Troisième Edition

De nombreuses décisions importantes sont fondées sur les résultats d’analyses chimiques quantitatives; les résultats
sont utilisés par exemple pour estimer des rendements, pour vérifier la conformité de matériaux à des spécifications ou
à des limites légales ou pour estimer la valeur monétaire. Chaque fois qu’une décision dépend de résultats analytiques,
il est important d’avoir une évaluation de la qualité des résultats, c’est à dire, de leur niveau de fiabilité pour
l’application en question. Les utilisateurs des résultats des analyses chimiques, en particulier dans les domaines ayant
trait au commerce international, sont de plus en plus sollicités pour que ne soit pas dupliqué l’effort qui a été souvent
nécessaire à leur obtention. La confiance dans les données obtenues est un préalable pour parvenir à cet objectif. Dans
certains secteurs de la chimie analytique, il est maintenant formellement requis (souvent par la loi) que les laboratoires
utilisent des mesures d’assurance qualité pour démontrer qu’ils sont capables de fournir les données de la qualité
requise et qu’ils les fournissent effectivement. De telles mesures incluent : l’utilisation de méthodes validées d’analyse ;
l’utilisation de procédures définies de contrôle de qualité (CQ) interne ; la participation à des essais d’aptitude (EA);
l’accréditation basée sur la norme ISO/CEI 17025 [H.1] et la réalisation de la traçabilité des résultats des mesures.

En chimie analytique, on a surtout privilégié l’exactitude des résultats obtenus par une méthode spécifiée, au dépend de
leur traçabilité par rapport à un étalon particulier ou à une unité SI. Cette situation a conduit à recourir à des « méthodes
officielles » permettant de répondre aux exigences légales et commerciales. Cependant dans la mesure où il est
indispensable d’établir la fiabilité des résultats, il est essentiel de pouvoir rapporter le résultat d’une mesure à des
étalons définis tels que des unités SI ou des matériaux de référence même lorsqu’une méthode définie en pratique ou de
manière empirique est utilisée (Section 5.4). Les procédures internes de contrôle de qualité, les tests de compétences et
l’accréditation peuvent contribuer à établir la preuve du recours à un étalon donné. Le Guide Eurachem/CITAC
« Traçabilité en Mesure Chimique » [H.9] explique comment on établit la traçabilité métrologique dans le cas de
procédures définies en pratique.

Ces exigences obligent les chimistes à prouver la qualité de leurs résultats et en particulier à démontrer leur capacité à
atteindre ce but en fournissant la mesure de la confiance que l’on peut placer dans le résultat. Cela suppose que soit
évalué le degré attendu de concordance d’un résultat avec d’autres résultats, normalement quelle que soit la méthode
analytique utilisée. Une mesure utile de cette évaluation est la mesure de l’incertitude.

Bien que la mesure de l’incertitude soit connue des chimistes depuis de nombreuses années, ce n’est que dans la
publication de 1993 : « Guide pour l’Expression de l’Incertitude dans les Mesures » [H.2] par l'ISO en collaboration
avec BIPM, CEI, ILAC, IFCC, IUPAC, IUPAP et OIML qu’ont été établies les règles formelles d’évaluation et
d’expression de l’incertitude dans les mesures, appliquées à un large éventail de mesures. Ce document
EURACHEM/CITAC montre comment les concepts du Guide ISO peuvent être appliqués aux mesures en chimie.

Dans un premier temps le concept d’incertitude et la distinction entre incertitude et erreur seront présentés. Puis seront
décrites les étapes suivies pour évaluer l’incertitude et la procédure sera illustrée à partir d’exemples de travail dans
l’annexe A.

L’évaluation de l’incertitude oblige l’analyste à envisager attentivement toutes les sources possibles d’incertitude.
Cependant, bien qu’une étude détaillée de ce type exige un effort considérable, il est essentiel que l’effort consenti ne
soit pas disproportionné. En pratique, une étude préliminaire permettra d'identifier rapidement les sources les plus
significatives d’incertitude et, comme le montrent les exemples, la valeur obtenue de l'incertitude composée est presque
entièrement dépendante des contributions les plus importantes. Une bonne estimation de l’incertitude peut être obtenue
en concentrant l’effort sur les contributions majeures. Dans un second temps, une fois évaluée, pour une méthode
donnée, appliquée dans un laboratoire particulier (par exemple une procédure particulière de mesure), l’estimation de
l’incertitude obtenue pourra être appliquée avec confiance aux résultats ultérieurs obtenus par cette méthode dans le
même laboratoire, pourvu que cette démarche soit justifiée par les données pertinentes du contrôle de qualité. Tant que
la procédure elle-même ou l’équipement utilisés ne seront pas modifiés, aucun effort supplémentaire ne sera nécessaire
et dans ce cas l’estimation de l’incertitude pourra être incluse dans le compte rendu normal de la nouvelle validation.

Le développement de la méthode comprend un processus similaire à l’évaluation de l’incertitude résultant de chaque


source individuelle. Les sources potentielles d’incertitude font l’objet de recherches et la méthode est adaptée afin de
réduire l’incertitude à un niveau acceptable, lorsque cela est possible. (Lorsqu’une limite numérique maximale
d’incertitude est spécifiée, on appelle le niveau acceptable d’incertitude l’ « incertitude cible » [H.7]). Les
performances de la méthode sont ensuite évaluées en termes de fidélité et de justesse. La validation de la méthode est
effectuée afin de s’assurer que les performances obtenues pendant le développement peuvent également l’être pour une
application spécifique et, si nécessaire, d’ajuster les valeurs des performances. Dans certains cas, la méthode est
soumise à une étude interlaboratoire et des données supplémentaires de performances sont obtenues. La participation à

1
Quantification de l’Incertitude
des programmes d’essais d’aptitude ainsi qu’aux processus de mesure de contrôle de la qualité interne permettent tout
d’abord de vérifier que les performances de la méthode sont conservées, mais elle fournit également des informations
supplémentaires. L’ensemble de ces activités apporte des informations qui sont pertinentes pour l’évaluation de
l’incertitude. Ce Guide présente une approche unifiée pour l’utilisation de différents types d’informations dans le cadre
de l’évaluation de l’incertitude.

La première édition du Guide EURACHEM pour « la Quantification de l’Incertitude dans les Mesures Analytiques » a
été publié en 1995 [H.3] sur la base du Guide ISO.

La deuxième édition [H.4] a été préparée en 2000, en collaboration avec CITAC à la lumière de l’expérience pratique
de l’estimation de l’incertitude dans les laboratoires de chimie et en raison de l’attention croissante au besoin
d’introduire dans les laboratoires une procédure formelle d’assurance qualité. La seconde édition mettait l’accent sur le
fait que les procédures mises en place par un laboratoire pour estimer son évaluation de l’incertitude devraient être
intégrées aux mesures existantes de l’assurance qualité, puisque ces dernières fournissent souvent une grande partie de
l’information nécessaire à l’évaluation de la mesure de l’incertitude.

Cette troisième édition conserve les caractéristiques de l’édition précédente et apporte des informations concernant les
évolutions en matière d’estimation de l’incertitude et d’utilisation depuis 2000. Les informations complémentaires
permettent d’apporter de meilleures indications pour l’expression de l’incertitude proche de zéro, de nouvelles
indications pour l’utilisation des méthodes de Monte Carlo, des meilleures indications pour l’utilisation de données
d’essais d’aptitude ainsi que de meilleures indications sur l’évaluation de la conformité des résultats en tenant compte
de l’incertitude. Ce guide a donc explicitement pour but la validation et le traitement des données connexes dans
l’élaboration des estimations de l’incertitude en complet accord avec les principes formels du Guide ISO pour
l’Expression de l’Incertitude de mesure [H.2]. Cette approche est également en accord avec les exigences de la norme
ISO/CEI 17025:2005 [H.1].

Cette troisième édition met en oeuvre l’édition de 1995 du Guide ISO pour l’Expression de l’Incertitude de mesure
dans sa version de 2008 [H.2]. Par conséquent, la terminologie utilisée est celle du GUM. La terminologie statistique
suit l’ISO 3534 [H.8]. Dans les autres cas, la terminologie présentée plus tard dans le Vocabulaire international de
métrologie – Concepts fondamentaux et généraux et termes associés (VIM) [H.7] est utilisée. Lorsque les termes du
GUM et du VIM diffèrent de manière significative, la terminologie du VIM est examinée de plus près dans le texte. Le
Guide Eurachem « Terminologie en Mesure Analytique – Introduction au VIM3 » [H.5]. Enfin, on exprime si souvent
la fraction massique en pourcentage qu’il est nécessaire d’utiliser une nomenclature compacte. La fraction massique
exprimée en pourcentage est donnée en g/100 g dans le cadre de ce Guide.

Remarque : Les exemples de travail sont fournis dans l’Annexe A. Une liste numérotée de définitions est donnée dans
l'Annexe B. La convention adoptée est d’imprimer les termes définis en caractères gras dans le texte lors de leur
première apparition, avec une référence à l’Annexe B incluse entre crochets. Les définitions sont, en général, tirées du
Vocabulaire international des termes de base et d’usage général en Métrologie (VIM)[H.4], le Guide [H.2] et ISO
3534-2 (Statistiques - Vocabulaire et symboles – Partie 2 : Statistique appliquée) [H.5]. L'Annexe C présente en termes
généraux, la structure globale d’une analyse chimique aboutissant à un résultat de mesure. L’Annexe D décrit la
procédure générale qui peut être utilisée pour identifier les composantes de l’incertitude et planifie des expériences
complémentaires lorsque nécessaire. L'Annexe E décrit quelques opérations statistiques utilisées dans l’estimation de
l’incertitude en chimie analytique, dont une méthode utilisant un tableau ainsi que l’utilisation de simulations de Monte
Carlo. Dans l'Annexe F il est question de la mesure d’incertitude lorsqu’elle approche les limites de détection.
L'Annexe G donne la liste de plusieurs sources habituelles d’incertitude et des méthodes permettant d'évaluer la valeur
de ces incertitudes. Une bibliographie est fournie en Annexe H.

2
Quantification de l’Incertitude
1. Portée et Domaine d’Application

1.1. Ce guide fournit des indications détaillées pour les procédures suivantes peuvent être utilisées pour
l’évaluation et l’expression de l’incertitude dans estimer l’incertitude des mesures :
l’analyse chimique quantitative, fondées sur la
démarche suivie dans le Guide ISO intitulé « Guide
pour l’Expression de l’Incertitude dans les Mesures » Evaluation de l’effet des sources d’incertitude
[H.2]. Il s'applique à tous les niveaux d’exactitude, identifiées sur le résultat analytique pour une méthode
dans tous les domaines - de l’analyse de routine à la unique développée en tant que procédure de mesure
recherche fondamentale - et aux méthodes [B.6] définie dans un seul laboratoire ;
conventionnelles et rationnelles (voir section 5.5). Les Informations obtenues à partir du développement et
quelques domaines habituels dans lesquels des mesures de la validation de la méthode ;
chimiques sont nécessaires et dans lesquels les Résultats obtenus à partir de procédures définies du
principes de ce Guide peuvent être appliqués sont : contrôle de qualité interne dans un seul laboratoire ;
Résultats issus d’essais inter-laboratoires et utilisés
Le contrôle de qualité et l’assurance qualité dans les pour valider les méthodes d’analyse dans un certain
industries de transformation ; nombre de laboratoires compétents ;
La vérification de la conformité aux règles légales ; Résultats des programmes de test d’aptitude utilisés
La vérification de l’utilisation d’une méthode agréée ; pour évaluer la compétence analytique des
L’étalonnage des étalons et de l’appareillage ; laboratoires.
Les mesures associées au développement et à la
certification des matériaux de référence ; 1.4.Qu’il s’agisse de réaliser des mesures ou d’évaluer
La recherche et développement. les performances de la procédure de mesure, on
suppose tout au long de ce Guide qu'une assurance
1.2. Il faut noter que des indications complémentaires qualité effective et des mesures de contrôle sont en
seront nécessaires dans certains cas. En particulier, place afin d’assurer la stabilité et le contrôle du
l’affectation d'une valeur à un matériau de référence à processus de mesure. De telles mesures incluent
l'aide de méthodes reconnues (incluant des méthodes normalement, par exemple, un personnel à la
multiples de mesures) n’est pas envisagée. L’utilisation qualification appropriée, une maintenance et un
des estimations de l’incertitude dans les textes étalonnage corrects de l’appareillage et des réactifs,
réglementant la conformité et l’utilisation des l’utilisation d’étalons de référence appropriés, des
estimations de l’incertitude à de faibles niveaux de procédures de mesure écrites et l’utilisation d'étalons
concentrations peuvent nécessiter des indications vérifiés et de cartes de contrôle. La référence [H.10]
complémentaires. Les incertitudes associées aux donne des informations supplémentaires sur les
opérations d’échantillonnage ne sont pas explicitement procédures analytiques du Contrôle Qualité.
traitées. Elles le sont cependant dans le guide
EURACHEM « Incertitude de mesure provenant de Remarque : Ce paragraphe implique que toutes les méthodes
analytiques dans ce guide sont supposées être mises en œuvre sous
l’échantillonnage : guide des méthodes et approches »
forme de procédures totalement rédigées. Toute référence générale
[H.6]. aux méthodes analytiques implique donc l’existence d’une telle
procédure. La mesure de l’incertitude ne peut donc s’appliquer
1.3. Comme des mesures d’assurance qualité ont été strictement qu’à des résultats d’une telle procédure et non à une
introduites par les laboratoires dans un certain nombre méthode plus générale de mesure [B.7].
de secteurs, ce Guide EURACHEM illustre comment

3
Quantification de l’Incertitude Incertitude

2. Incertitude
2.1. Définition de l’Incertitude
2.1.1. La définition du terme d’incertitude (de mesure) confiance accrue dans la validité du résultat de la
utilisée dans ce protocole et tirée de la version actuelle mesure.
du Guide pour l’Expression de l’Incertitude de mesure
[H.2] est :
2.2. Sources d’incertitude
« paramètre associé au résultat d’un mesurage, qui 2.2.1.En pratique l’incertitude affectant un résultat peut
caractérise la dispersion des valeurs qui pourraient provenir de plusieurs sources possibles, dont par
raisonnablement être attribué au mesurande ». exemple une définition incomplète du mesurande,
l’échantillonnage, les effets de matrice et les
NOTE 1 : Le paramètre peut être, par exemple, un écart-type [B.20]
(ou un multiple de celui-ci), ou la demi-largeur d’un
interférences, les conditions d’environnement, les
intervalle de confiance déterminé. imprécisions des appareils mesurant les masses et les
NOTE 2 :L’incertitude d’une mesure comprend en général de volumes, les valeurs de référence, les approximations
nombreuses composantes. Certaines peuvent être évaluées à et restrictions de la méthode et la procédure de mesure,
partir de la distribution statistique de séries de mesurages et
peuvent être caractérisées par des écarts-types
et la variation aléatoire (une description plus complète
expérimentaux. Les autres composantes qui peuvent aussi de l’incertitude est donnée dans la section 6.7).
être caractérisées par les écarts-types, sont évaluées en
admettant des lois de probabilité, d’après l’expérience
acquises ou d’après d’autres informations. 2.3. Les Composantes de l’Incertitude
Note 3 : Il est entendu que le résultat du mesurage est la meilleure 2.3.1. Dans l’estimation de l’incertitude globale, il peut
estimation de la valeur du mesurande, et que toutes les
composantes de l’incertitude, y compris celles qui être nécessaire de considérer chaque source
proviennent d’effets systématiques, telles que les d’incertitude et de la traiter séparément pour obtenir la
composantes associées aux corrections et aux étalons de contribution de cette source. Chacune des contributions
référence, contribuent à la dispersion. à l’incertitude prise séparément est appelée
Les paragraphes suivants apportent des détails sur la composante de l’incertitude. Lorsqu’elle est exprimée
définition. La version la plus récente du VIM est à l'aide d'un écart-type, une composante de
également examinée dans la section 2.5. l’incertitude est appelée incertitude type [B.10]. S'il
existe une corrélation entre des composantes, elle doit
être prise en compte par la détermination de la
2.1.2. Dans de nombreux cas en analyse chimique, le
covariance. Toutefois, il est souvent possible d’évaluer
mesurande [B.4] sera la concentration* d’un analyte. l’effet combiné de plusieurs composantes. Cela peut
Cependant l’analyse chimique est utilisée pour mesurer réduire l’effort global consenti et, lorsque les
d’autres grandeurs, par exemple la couleur, le pH, etc., composantes qui sont évaluées ensemble pour leurs
en conséquence le terme général de « mesurande » sera contributions sont corrélées, il est inutile de prendre de
utilisé. nouveau en compte la corrélation.

2.1.3. La définition de l’incertitude donnée ci-dessus 2.3.2. Pour le résultat y d’une mesure, l’incertitude
est fondée sur une étendue de valeurs que l’analyste totale appelée incertitude type composée [B.11] et
considère comme pouvant être raisonnablement notée u c(y), est un écart-type estimé égal à la racine
attribuées au mesurande. carrée de la variance totale obtenue en combinant
toutes les composantes de l’incertitude, évaluée
2.1.4. Selon l’usage général, le mot incertitude se toutefois à l'aide de la loi de propagation de
rapporte au concept général de doute. Dans ce guide, le l’incertitude (voir section 8) ou de méthodes
mot d’incertitude, sans adjectif, se rapporte soit à un alternatives (l’Annexe E décrit deux méthodes
paramètre associé à la définition ci-dessus, soit à une numériques très utiles : l’utilisation d’un tableur et la
connaissance limitée concernant une valeur simulation de Monte Carlo).
particulière. L'incertitude de la mesure n’implique pas
un doute affectant la validité de la mesure ; au 2.3.3. Pour la plupart des applications en chimie
contraire, la connaissance de l’incertitude implique une analytique une incertitude élargie [B.12] U devrait
être utilisée. L’incertitude élargie définit un intervalle
* Dans ce guide le terme de « concentration » sans qualification
dans lequel on estime que la valeur du mesurande est
désigne n’importe laquelle de ces grandeurs particulières que sont
située avec un niveau plus élevé de confiance. U est
la concentration de masse, la concentration de quantité, la obtenu en multipliant uc(y), l’incertitude type
concentration de nombre ou la concentration de volume à moins composée, par un facteur d'élargissement [B.16] k.
que des unités ne soient citées (par exemple une concentration Le choix du facteur k dépend du niveau de confiance
notée mg L-1 est évidemment une concentration de masse). Il faut
également noter que de nombreuses autres grandeurs utilisées pour
désiré. Pour un niveau de confiance approximatif de 95
exprimer la composition, telle la fraction de masse, le contenu en %, k est couramment fixé à 2.
substance et la fraction molaire peuvent être directement reliées à REMARQUE : Le facteur d'élargissement k devrait toujours
la concentration. être précisé de façon à ce que l’incertitude type composée

4
Quantification de l’Incertitude Incertitude
de la grandeur mesurée puisse être reprise pour être peut donc être réduite par l’augmentation du nombre
utilisée dans le calcul de l’incertitude type composée
d’analyses dans des conditions de mesure constantes.
d’autres résultats de mesures pouvant dépendre de cette
grandeur.
2.4.8. Les erreurs systématiques constantes, comme
2.4. Erreur et incertitude l'absence d’un blanc de réactif dans un test, ou
2.4.1. Il est important de faire la distinction entre l’inexactitude de l'étalonnage à plusieurs points d’un
erreur et incertitude. L’erreur [B.16] est définie appareil, sont constantes pour un niveau donné de la
comme étant la différence entre un résultat individuel valeur de la mesure mais peuvent varier avec le niveau
et la valeur exacte ou valeur vraie [B.2] du de la valeur de la mesure.
mesurande. En pratique, une erreur de mesure observée
correspond à la différence entre la valeur observée et la 2.4.9. Les effets dont l’intensité varie
valeur de référence. En tant que telle, l’erreur, qu’elle systématiquement au cour d’une série d’analyses, en
soit théorique ou observée, est une valeur unique. En raison par exemple d’un contrôle inadéquat des
principe, la valeur d’une erreur connue peut être conditions expérimentales, donnent lieu à des erreurs
appliquée comme correction du résultat. systématiques qui ne sont pas constantes.
REMARQUE : L’erreur est un concept idéalisé et les erreurs ne
peuvent pas être connues exactement. EXEMPLES :

2.4.2. L’incertitude quant à elle, prend la forme d’une 1. Une augmentation graduelle de la température d’un
étendue ou d’un intervalle et, si elle est estimée pour ensemble d’échantillons au cours d'une analyse chimique
peut conduire à des modifications progressives des
une procédure analytique et un type particulier résultats.
d’échantillon, elle peut s’appliquer à toutes les
2. Des détecteurs et des sondes affectés par des effets dus à
déterminations décrites de cette façon. En général, la la vétusté au cours de la durée des essais peuvent également
valeur de l’incertitude ne peut pas être utilisée pour introduire des erreurs systématiques non constantes.
corriger le résultat d’une mesure.
2.4.10. Le résultat d’une mesure devrait être corrigé
2.4.3. Pour illustrer encore la différence, le résultat pour tous les effets significatifs systématiques
d’une analyse après correction peut être par chance très reconnus.
REMARQUE : Les appareils et les systèmes de mesure sont
proche de la valeur du mesurande et de ce fait être souvent étalonnés et ajustés à l'aide d’étalons et de
affecté d’une erreur négligeable. Toutefois, matériaux de référence pour corriger les effets
l’incertitude peut demeurer très grande, simplement systématiques. Les incertitudes associées à ces étalons et
parce que l’analyste n’a pas de certitude sur le degré de à ces matériaux ainsi que l'incertitude affectant la
correction doivent être prises en compte.
la proximité entre le résultat et cette valeur.
2.4.11. Un autre type d’erreur est l’erreur fautive ou
2.4.4. L’incertitude du résultat d’une mesure ne devrait faute. Les erreurs de ce type invalident une mesure et
jamais être interprétée comme représentant l’erreur surviennent typiquement à la suite d’une erreur
elle-même, ni l’erreur subsistant après correction. humaine ou d’un dysfonctionnement d’un appareil.
Transposition d’un chiffre lors du recueil des données,
2.4.5. On considère qu’une erreur a deux composantes, bulle d’air dans le trajet du faisceau traversant la
à savoir une composante aléatoire et une composante cellule d’un spectrophotomètre, contamination croisée
systématique. accidentelle de composants d’une réaction, sont des
exemples courants de ce type d’erreur.
2.4.6.Erreur aléatoire [B.17] : elle résulte typiquement
de variations imprévisibles des grandeurs d’influence 2.4.12. Les mesures dans lesquelles ont été détectées
[B.3]. Ces effets aléatoires donnent lieu à des de telles erreurs doivent être rejetées et on ne doit pas
variations dans les observations répétées du essayer de soumettre ces erreurs à une analyse
mesurande. L’erreur aléatoire d’un résultat analytique statistique. Toutefois, des erreurs comme une
ne peut être compensée, mais peut être habituellement transposition de chiffres peuvent être corrigées
réduite par l’augmentation du nombre d’observations. (exactement), surtout si elles se produisent sur les
chiffres significatifs.
REMARQUE : L'écart-type expérimental de la moyenne
arithmétique [B.19] ou la moyenne d’une série 2.4.13. Les erreurs fautives ne sont pas toujours
d’observations n’est pas l’erreur aléatoire de la moyenne,
bien qu’elle soit dénommée ainsi dans certaines évidentes et, lorsqu’on dispose d’un nombre suffisant
publications sur l’incertitude. C’est plutôt une mesure de de mesures répétées, il est habituellement prudent
l’incertitude de la moyenne due à certains effets d’appliquer un test d’homogénéité pour rechercher la
aléatoires. La valeur exacte de l’erreur aléatoire affectant présence d’éléments suspects dans la série de données.
la moyenne résultant de ces effets ne peut être connue.
Tout résultat positif obtenu par ce test devrait être
considéré avec prudence et, si possible, confirmé. Il
2.4.7. Erreur systématique [B.18] : elle est définie
n’est généralement pas judicieux de rejeter une valeur
comme une composante de l’erreur qui, au cours d’un
sur des éléments purement statistiques.
ensemble d’analyses du même mesurande, reste
constante ou varie de façon prévisible. Elle est
indépendante du nombre de mesures réalisées et ne

5
Quantification de l’Incertitude Incertitude
2.4.14. Les incertitudes estimées à l’aide de ce guide
ne sont pas destinées à la prise en compte des erreurs
fautives.

2.5 Définition du VIM 3 de l’incertitude

2.5.1. La version révisée du VIM [H.7] définit


l’incertitude de mesure de la manière suivante :

Incertitude de mesure
Incertitude

« paramètre non négatif qui caractérise la dispersion


des valeurs attribuées à un mesurande, à partir des
informations utilisées »

NOTE 1 : L’incertitude de mesure comprend des composantes


provenant d’effets systématiques, telles que les composantes
associées aux corrections et aux valeurs assignées des étalons, ainsi
que l’incertitude définitionnelle. Parfois, on ne corrige pas des
effets systématiques estimés, mais on insère plutôt des composantes
associées de l’incertitude.

NOTE 2 : Le paramètre peut être, par exemple, un écart-type appelé


incertitude-type (ou un de ses multiples), ou la demi-étendue d’un
intervalle ayant une probabilité de couverture déterminée.

NOTE 3 : L’incertitude de mesure comprend en général de


nombreuses composantes. Certaines peuvent être évaluées par une
évaluation de type A de l’incertitude à partir de la distribution
statistique des valeurs provenant de séries de mesurages et peuvent
être caractérisées par des écarts-types. Les autres composantes, qui
peuvent être évaluées par une évaluation de type B de
l’incertitude, peuvent être caractérisées par des écarts-types,
évaluées à partir de fonctions de densité de probabilité fondées sur
l’expérience ou d’autres informations.

NOTE 4 : En général, pour des informations données, on sous-entend


que l’incertitude de mesure est associée à une valeur déterminée
attribuée au mesurande. Une modification de cette valeur entraîne
une modification de l’incertitude associée.

2.5.2 Les modifications apportées à la définition


n’affectent pas de manière sensible le sens dans le but
d’effectuer des mesures analytiques. Toutefois, la
Note 1 apporte la possibilité d’incorporer des termes
dans le bilan de l’incertitude afin de prendre en compte
des effets systématiques non corrigés. Le Chapitre 7
apporte des détails sur le traitement des incertitudes
associées aux effets systématiques.

6
Quantification de l’Incertitude Mesure analytique et incertitude
3. Mesure Analytique et Incertitude

3.1. Validation de la méthode


3.1.1. En pratique, la capacité des méthodes analytique est une composante essentielle de
analytiques appliquées aux analyses de routine à l’incertitude globale, qu’elle soit déterminée par la
remplir leurs objectifs est le plus souvent évaluée grâce combinaison de variances individuelles ou par l’étude
à des études de validation de la méthode [H.7]. De de la méthode complète en service.
telles études produisent des données sur les
performances globales et sur les facteurs particuliers Biais. Le biais d’une méthode analytique est
ayant de l'influence qui peuvent être appliquées à habituellement déterminé à l'aide d'études de matériaux
l’estimation de l’incertitude associée aux résultats de la de référence pertinents ou d'études utilisant des spikes.
méthode dans des conditions normales d’utilisation. La détermination du biais global par rapport aux
valeurs de référence appropriées est importante pour
3.1.2. Les études de validation de la méthode se établir la traçabilité [B.9] par rapport à des étalons
fondent sur la détermination des paramètres des reconnus (voir section 3.2). Le biais peut être exprimé
performances globales de la méthode. Ceux ci sont sous forme de rendement analytique (valeur observée
obtenus au cours du développement de la méthode et sur valeur attendue). Le biais devrait être négligeable
de l’étude inter-laboratoires ou d’après les protocoles ou être corrigé, mais dans les deux cas, l’incertitude
de validation internes. Les sources individuelles associée à la détermination du biais demeure une
d’erreur ou d’incertitude ne sont en règle générale composante essentielle de l’incertitude globale.
explorées que si elles ont significatives par rapport aux
mesures de l’exactitude en usage. L’accent est mis Linéarité : La linéarité est une propriété importante des
avant tout sur l’identification et la suppression (plutôt méthodes utilisées pour réaliser des mesures sur une
que sur la correction) des effets significatifs. Cette gamme de concentrations. La linéarité de la réponse
attitude conduit à une situation dans laquelle la pour des étalons purs ou des échantillons réels peut
majorité des facteurs exerçant potentiellement une être déterminée. La linéarité n’est en général pas
influence significative ont été identifiés, leur quantifiée, mais est vérifiée par examen ou à l'aide de
signification par rapport à l’exactitude globale tests statistiques de non-linéarité. Une non-linéarité
contrôlée et leur influence négligeable établie. Dans significative est habituellement corrigée en utilisant
ces circonstances, les données dont disposent les des fonctions d'étalonnage non-linéaires ou éliminée en
analystes se composent essentiellement de valeurs de choisissant une gamme opératoire plus restreinte. Tous
performances globales, ainsi que de preuves du les écarts résiduels à la linéarité sont normalement
caractère négligeable de la plupart des effets et en la suffisamment pris en compte par les estimations de la
mesure des effets résiduels significatifs. fidélité globale couvrant plusieurs concentrations, ou
en les incluant dans toutes les incertitudes associées à
3.1.3. Les études de validation appliquées aux l'étalonnage (Annexe E.3).
méthodes d’analyses quantitatives déterminent
typiquement certains ou tous les paramètres suivants : Limite de Détection : Au cours de la validation de la
Fidélité : [B.1] Les principales mesures de fidélité méthode, normalement on détermine la limite de
comprennent l'écart-type sr de la répétabilité, l'écart- détection uniquement pour établir la limite inférieure
type sR de la reproductibilité, (ISO 3534-1) et la fidélité du domaine d’application d'une méthode. Bien que les
intermédiaire, parfois noté sZi, où i indique le nombre incertitudes au voisinage de la limite de détection
de facteurs qui varient (ISO 5725-3:1994). La puissent nécessiter une attention particulière et un
répétabilité sr décrit la variabilité observée dans un traitement spécial (Annexe F), la limite de détection
laboratoire, au cours d’une courte période, à l'aide d'un n’est cependant pas directement utilisée dans
seul opérateur ou d’un élément de l’appareillage etc. sr l’estimation de l’incertitude.
peut être estimée à l’intérieur d’un même laboratoire
ou par une étude inter-laboratoires. L'écart-type de la Robustesse (ou rugosité): De nombreux protocoles de
reproductibilité inter-laboratoires sR pour une méthode mise au point ou de validation d'une méthode
particulière ne peut être estimé que directement par nécessitent l’étude directe de la sensibilité à des
une étude inter-laboratoires; il met en évidence la paramètres particuliers. On y parvient habituellement
variabilité lorsque différents laboratoires analysent le en effectuant un « test de robustesse » préliminaire,
même échantillon. La fidélité intermédiaire concerne la dans lequel l’effet de modifications d’un ou de
variation des résultants observée lorsqu'un ou plusieurs plusieurs paramètres est observé. Si cet effet est
facteurs, comme le temps, l’appareillage et l’opérateur significatif (au regard des limites du test de robustesse)
varient dans le laboratoire ; différents chiffres sont on procède à une étude plus détaillée pour mesurer
obtenus selon les facteurs maintenus constants. Les l’importance de cet effet et on choisit un intervalle en
estimations de la fidélité intermédiaire sont le plus fonction des résultats. Les données d’un test de
souvent déterminées au sein des laboratoires mais robustesse peuvent donc fournir des informations sur
peuvent également être déterminées par une étude l’effet de paramètres importants.
inter-laboratoires. La fidélité observée d'une procédure

7
Quantification de l’Incertitude Mesure analytique et incertitude
Sélectivité : La « Sélectivité » se rapporte au degré suffisant, bien qu’elles ne fournissent aucune
d’exclusivité de réponse d’une méthode à l'analyte information supplémentaire sur la répétabilité au cours
requis. Les études de sélectivité consistent typiquement d’une journée.
à étudier les effets de facteurs susceptibles d'interférer
avec à la fois le blanc et les échantillons dopés et à 3.2.5. Il est généralement plus simple de traiter les
observer la réponse. Les résultats sont normalement données obtenues par sélection aléatoire que provenant
utilisés pour démonter que les effets sont pratiquement d'une variation systématique. Par exemple, les
insignifiants. Cependant, dans la mesure où les études expériences réalisées à des moments choisis au hasard
évaluent directement des modifications de la réponse, sur une période suffisamment longue seront affectées
il est possible d’utiliser les données pour estimer habituellement par les effets représentatifs de la
l’incertitude associée aux facteurs susceptibles température ambiante, alors que des expériences
d'interférer, si l’on connaît la gamme de concentrations réalisées systématiquement à 24 heures d’intervalle
de ces facteurs. peuvent être sujettes à un biais dû à la variation
régulière de la température ambiante au cours de la
REMARQUE : Le terme “spécificité” a été utilisé pour désigner le journée de travail. Dans la première expérience, il
même concept.
suffit d'évaluer l’écart-type global; dans la seconde, on
3.2. Conduite des études expérimentales doit faire varier la température ambiante de façon
systématique, puis opérer un ajustement pour déduire
sur les performances de la méthode la distribution réelle des températures. La variation
3.2.1. La conception détaillée et les modalités aléatoire est cependant moins efficace. Un nombre
d’exécution des études de validation de la méthode et restreint d’études systématiques peuvent permettre
des performances de la méthode sont abordées en d'établir rapidement l’importance d’un effet, alors que
détails ailleurs [H.11] et ne seront pas répétées ici. typiquement plus de 30 déterminations seront
Toutefois, ci-dessous seront abordés les principaux nécessaires pour établir la contribution d’une
principes dans la mesure où ils contribuent à la incertitude avec une exactitude relative de plus de 20
pertinence d’une étude appliquée à l’incertitude. % environ. Chaque fois que c’est possible il est donc
préférable d’analyser systématiquement de petits
3.2.2. La Représentativité est essentielle. C’est à dire nombres d’effets majeurs.
que des études devraient si possible être menées dans
le but de fournir un recensement réaliste du nombre et 3.2.6. Là où des facteurs sont connus pour ou
de l’étendue des effets intervenant lors de l’utilisation suspectés d’interagir, il est important de s’assurer que
normale de la méthode, ainsi que des gammes de l’effet de l’interaction est pris en compte. On peut y
concentrations et des types d’échantillons dans son parvenir soit en assurant un choix aléatoire parmi
domaine d’application. Lorsqu’on a fait varier de façon différents niveaux de paramètres qui interagissent, soit
caractéristique un facteur au cours d’une expérience de une planification systématique rigoureuse qui permet
fidélité, les effets de ce facteur apparaissent d'obtenir des informations à la fois sur la variance et la
directement dans la variance observée et aucune étude covariance.
supplémentaire n’est nécessaire jusqu’à une nouvelle
optimisation de la méthode. 3.2.7. Lors de la réalisation d'études du biais global, il
est important que les matériaux et valeurs de référence
3.2.3. Dans ce contexte, une variation représentative soient en rapport avec les matériaux soumis au test
signifie qu’un paramètre d’influence doit présenter une habituel.
distribution de valeurs conforme à l’incertitude
affectant le paramètre en question. Pour des paramètres 3.2.8. Toute étude entreprise pour étudier et
continus, cela peut être un intervalle autorisé ou une rechercher la signification d’un effet devrait être
incertitude fixée ; pour des facteurs discontinus telle capable de détecter de tels effets avant qu’ils ne
que la matrice d’un échantillon, cet intervalle deviennent significatifs sur le plan pratique.
correspond à la variété des types autorisés ou
rencontrés dans l’utilisation normale de la méthode. Il
faut noter que la représentativité s’applique non 3.3 Traçabilité
seulement aux valeurs, mais aussi à leur distribution. 3.3.1. Il est important d’être en mesure de comparer
avec fiabilité les résultats de différents laboratoires, ou
3.2.4. En sélectionnant les facteurs de variation, il est du même laboratoire à différents moments.
important de s'assurer que, lorsque c'est possible, les Pour cela, il faut s’assurer que tous les laboratoires
effets les plus importants sont soumis à variation. Par utilisent la même échelle de mesures, ou les mêmes
exemple lorsqu’une variation d'un jour à l'autre « points de référence ». Dans de nombreux cas on y
(résultant peut être des effets du ré-étalonnage) est parvient en définissant une chaîne d'étalonnage
substantielle comparée à la répétabilité, deux aboutissant aux étalons nationaux ou internationaux
déterminations tous les cinq jours fourniront une primaires, idéalement (pour une uniformité sur le long
meilleure estimation de la fidélité intermédiaire que terme) : le Système International (SI) d’unités de
cinq déterminations tous les deux jours. Dix mesures. Un exemple familier est celui des balances
déterminations distinctes faites à des jours différents analytiques ; chaque balance est étalonnée à l'aide des
seront toujours préférables, sous réserve de contrôle masses de référence qui sont elles mêmes testées (en

8
Quantification de l’Incertitude Mesure analytique et incertitude
dernière instance) pour leur conformité avec des 3.3.3. En général, l’incertitude sur un résultat pouvant
étalons nationaux et ainsi de suite jusqu’au être raccordée à une référence particulière, sera la
kilogramme de référence initial. Cette chaîne conjonction de l’incertitude sur cette référence et de
ininterrompue de comparaisons aboutissant à une l’incertitude sur la pratique de la mesure par rapport à
valeur de référence connue permet la « traçabilité » cette référence.
jusqu'à un point de référence commun, garantissant
que différents opérateurs utilisent les mêmes unités de 3.3.4. Le Guide Eurachem/CITAC « Traçabilité en
mesure. Dans les mesures de routine, la cohérence des Mesure Chimique » [H.9] identifie les activités
mesures entre un laboratoire et un autre, ou au cours du essentielles pour établir la traçabilité comme étant :
temps, est considérablement confortée par
l’établissement de la traçabilité de toutes les mesures i) Spécifier le mesurande, le domaine de mesure et
intermédiaires principales utilisées pour obtenir ou l’incertitude requise
contrôler le résultat d’une mesure. La traçabilité est de ii) Choisir une méthode appropriée pour estimer la
ce fait un concept important dans tous les domaines de valeur, c’est-à-dire une procédure de mesure avec les
la mesure. calculs et les équations qui y sont associés, et les
conditions de mesure.
3.3.2. La traçabilité est formellement définie [H.7] iii) Démontrer, par la validation, que les conditions de
comme : calcul et de mesure comprennent les « grandeurs
d’influence » ayant un effet important sur le résultat,
« traçabilité métrologique ou la valeur attribuée à un étalon.
propriété d’un résultat de mesure selon laquelle ce résultat iv) Identifier l’importance relative de chaque grandeur
peut être relié à une référence par l’intermédiaire d’une d’influence.
chaîne ininterrompue et documentée d’étalonnages dont v) Choisir et utiliser les étalons de référence
chacun contribue à l’incertitude de mesure ». appropriés.
vi) Estimer l’incertitude
La référence à l’incertitude s'impose parce que l’accord
entre les laboratoires est limité, en partie, à cause des Ces activités sont examinées en détail dans le guide
incertitudes affectant la chaîne de traçabilité dans associé [H.9] et ne feront pas l’objet d’une analyse
chaque laboratoire. La traçabilité est de ce fait dans ce guide. Toutefois, il convient de noter que la
intimement liée à l’incertitude. La traçabilité fournit plupart de ces activités sont également essentielles
les moyens de placer toutes les mesures apparentées pour l’estimation de l’incertitude de mesure, qui
sur une échelle cohérente de mesure, alors que nécessite également une procédure de mesure
l’incertitude caractérise la « force » des liens dans la identifiée et correctement validée, un mesurande
chaîne et l’accord escompté entre des laboratoires clairement établi et des informations sur les étalons de
réalisant des mesures similaires. « calibration » utilisés (avec leurs incertitudes
associées).

9
Quantification de l’Incertitude Processus de l’estimation de l’incertitude

4. Le Processus de l’Estimation de l’Incertitude de la Mesure

4.1. L’estimation de l’incertitude est en principe unique à l’incertitude associée à un certain


simple. Les paragraphes suivants résument les tâches à nombre de sources distinctes en utilisant les
accomplir pour obtenir une estimation de l’incertitude données des études de validation, les données du
associée à un résultat de mesure. Les chapitres suivants CQ, etc. L’utilisation de ces données facilite
donnent des conseils supplémentaires utilisables en considérablement l’estimation de l’incertitude. De
différentes circonstances, en particulier concernant plus, l’utilisation de données expérimentales
l’utilisation des données issues d’études de validation réelles rend l’estimation de l’incertitude plus
internes et interlaboratoires, les données sur le contrôle fiable. Cette approche est décrite dans le
qualité (CQ), les données des essais d’aptitude et Chapitre 7. Il importe également d’évaluer si les
l’utilisation des principes formels de propagation de données disponibles tiennent suffisamment
l’incertitude. Les étapes impliquées sont : compte de toutes les sources d’incertitudes et de
planifier des expériences et des études
Etape 1 : Spécifier le mesurande complémentaires pour s’assurer avec soins que
Poser clairement par écrit ce qui va être mesuré, y toutes les sources d’incertitude sont correctement
compris la relation entre le mesurande et les prises en compte.
grandeurs introduites (par exemple grandeurs
mesurées, constantes, étalonnage, valeurs étalons Etape 4 : Calculer l’incertitude composée
etc.) dont il dépend. Les informations spécifiées Les informations obtenues à l’étape 3
doivent être formulées selon la Procédure consisteront en un certain nombre de
Opératoire Normalisée (POS) ou une autre contributions quantifiées à l’incertitude globale,
description de la méthode. qu’elles soient associées à des sources
individuelles ou à des effets combinés de
Etape 2 : Identifier les sources d’incertitude plusieurs sources. Les contributions doivent être
Faire la liste des sources éventuelles exprimées sous forme d’écarts types et combinées
d’incertitude. Elle comprendra les sources qui selon les règles appropriées, de manière à fournir
contribuent à l’incertitude sur les paramètres dans une incertitude type composée. Le facteur
la relation décrite à l’Etape 1, mais pourra inclure d'élargissement approprié devra être appliqué
d’autres sources et doit inclure les sources pour donner une incertitude élargie.
découlant des hypothèses chimiques. Une
procédure générale pour construire une liste La Figure 1 illustre schématiquement le processus.
structurée est suggérée en Annexe D.
4.2. Les chapitres suivants donnent des conseils
Etape 3 : Quantifier les composants de l’incertitude pour l’exécution de toutes les étapes énumérées ci-
Estimer la valeur de la composante de dessus et montrent comment la procédure peut être
l’incertitude associée à chaque source potentielle simplifiée en fonction des informations disponibles sur
d’incertitude identifiée. Il est parfois possible l’effet combiné d’un certain nombre de sources.
d’estimer ou de déterminer une contribution

10
Quantification de l’Incertitude Processus d’estimation de l’incertitude

Figure 1 : Le Processus d’Estimation de l’Incertitude

Spécifier étape 1
DEPART
le mesurande

Identifier
étape 2
les sources
d'incertitude

Simplifier en étape 3
groupant les sources
couvertes par les

données existantes

Quantifier les
composantes

groupées

Quantifier
composantes
restantes

Convertir
les composantes

en écarts-types

Calculer étape 4
l'incertitude
type combinée

Passer en revue et
si nécessaire ré-évaluer
les composantes majeures

Calculer
FIN l'incertitude
élargie

11
Quantification de l’Incertitude La spécification du mesurande

5. Etape 1 : Spécification du Mesurande


5.1. Dans le contexte de l’estimation de l’incertitude, la
« spécification du mesurande » exige d'établir 5.4. Dans les mesures analytiques, il est
clairement et sans ambiguïté ce qui va être mesuré et particulièrement important de distinguer les mesures
de donner une expression quantitative reliant la valeur qui vont produire des résultats indépendants de la
du mesurande aux paramètres dont il dépend. Ces méthode utilisée. Des résultats qui dépendent de la
paramètres peuvent être d’autres mesurandes, des méthode sont souvent observés lorsque les mesures
grandeurs qui ne sont pas directement mesurées ou des sont effectuées par des méthodes conventionnelles ou
constantes. Toutes ces informations doivent figurer définies en pratique. Les exemples qui suivent
dans la Procédure Opératoire Normalisée (POS). pourront clarifier cette question.
EXEMPLES :
5.2. Pour la plupart des mesures analytiques, une 1. Les méthodes de détermination de la quantité de nickel
définition correcte du mesurande doit comprendre une présent dans un alliage sont normalement supposées
spécification de : produire les mêmes résultats, habituellement exprimés
a) la nature de la grandeur à mesurer, généralement la sous forme d'une fraction massique ou d'une fraction
(quantité) molaire. En principe, tout effet
concentration ou la fraction massique d’un analyte. systématique dû au biais de la méthode ou à la
b) l’objet ou le matériau à analyser et, si nécessaire, matrice devrait être corrigé, bien qu’il soit plus
des informations complémentaires sur l’emplacement fréquent de vérifier qu’un tel effet est faible. Les
dans l’objet. Par exemple, l’expression « plomb dans le résultats ne devraient pas faire référence à la méthode
particulière utilisée, sauf à titre informatif. La
sang » identifie un tissu spécifique au sein de méthode n’est pas conventionnelle.
l’échantillon d’essai (le patient).
c) si nécessaire, la base des résultats du calcul de 2. Les déterminations de la « matière grasse extractible »
peuvent différer substantiellement, en fonction des
grandeur. Par exemple, la grandeur d’intérêt peut conditions d’extraction spécifiées. Dans la mesure où
correspondre à la quantité extraite dans des conditions la « matière grasse extractible » dépend entièrement
données, ou une fraction massique peut être exprimée du choix des conditions, la méthode utilisée est
en fonction du poids sec ou après avoir enlevé certains conventionnelle. Il n'y a pas lieu d'envisager de
correction de ce biais intrinsèque à la méthode,
éléments d’un matériau d’essai (telles que les parties puisque le mesurande est défini par la méthode
non comestibles d’un aliment). utilisée. Les résultats sont généralement fournis en
faisant référence à la méthode, sans correction du
REMARQUE 1 : Le terme « analyte » se rapporte aux espèces biais intrinsèque à la méthode. La méthode est
chimiques à mesurer. Le mesurande correspond généralement à la considérée comme conventionnelle.
concentration ou à la fraction massique de l’analyte. 3. Dans les cas où des variations dans le substrat ou la
matrice ont des effets importants et imprévisibles, une
REMARQUE 2 : Le terme « niveau d’analyte » est utilisé procédure est souvent développée dans le seul but de
dans ce document pour désigner la valeur des parvenir à une comparabilité entre les laboratoires
grandeurs telles que la concentration de l’analyte, la mesurant le même matériau. La procédure peut alors
être adoptée comme une méthode de référence à
fraction massique de l’analyte, etc. Le terme « niveau » est l’échelle locale, nationale ou internationale sur
également utilisé de la même façon pour les termes « matériau », laquelle peuvent être fondées des décisions
« interférant », etc. commerciales ou autres, sans intention d’obtenir une
mesure absolue de la quantité exacte d’analyte
REMARQUE 3 : Le terme « mesurande » est examiné plus en détail présent. Les corrections du biais affectant la méthode
dans la référence [H.5]. ou de l'effet matrice sont négligés par convention
(qu’ils aient été ou non minimisés durant la mise au
5.3. Il convient de préciser si l’on a recours à un point de la méthode). Les résultats sont normalement
échantillonnage ou non au cours de la procédure. Par rapportés sans correction des biais dus à la matrice ou
à la méthode. La méthode est considérée comme
exemple, le mesurande est-il seulement lié à conventionnelle.
l’échantillon d’essai transmis au laboratoire ou au
matériau en vrac à partir duquel l’échantillon a été 5.5. La distinction entre les méthodes conventionnelles
prélevé ? Il apparait clairement que l’incertitude et non conventionnelles est importante parce qu’elle
variera selon le cas. Lorsque l’on peut tirer des affecte l’estimation de l’incertitude. Dans les exemples
conclusions directement du matériau en vrac, les effets 2 et 3 ci- dessus, en raison des conventions utilisées,
de l’échantillonnage primaire deviennent importants et les incertitudes associées à des effets très importants ne
sont souvent plus importants que l’incertitude associée sont normalement pas prises en considération en
à la mesure d’un échantillon d’essai. Si pratique. On doit prêter une attention particulière sur le
l’échantillonnage fait partie de la procédure utilisée fait de savoir si les résultats sont susceptibles d’être
afin d’obtenir les résultats de mesure, l’estimation des dépendants ou indépendants de la méthode utilisée et
incertitudes associées à la procédure d’échantillonnage seuls les effets affectant le résultat selon les modalités
doit être prise en compte. De plus amples détails sont décrites devraient être inclus dans l’estimation de
donnés dans la référence [H.6]. l’incertitude.

12
Quantification de l’Incertitude Identifier les sources d’incertitude
6. Etape 2 : Identifier les Sources d’Incertitude

6.1. Une liste exhaustive des sources significatives partagent des opérations unitaires communes. Les
d’incertitude devra être dressée. A cette étape, il est incertitudes distinctes pour chaque opération
inutile de se préoccuper de la quantification de chaque contribuent alors à l’incertitude globale.
composante; le but est d’avoir une vision parfaitement
claire de ce qui doit être pris en compte. Dans l’Etape 6.6. Concrètement il est plus fréquent dans les
3, sera envisagée la meilleure façon de traiter chaque mesures analytiques de considérer les incertitudes
source. associées aux éléments des performances globales de
la méthode, comme la fidélité observable et le biais
6.2. Pour constituer la liste requise des sources mesuré par rapport aux matériaux de référence
d’incertitude il est habituellement pratique de appropriés. Ces contributions forment généralement les
commencer par l’équation de base utilisée pour contributions dominantes à l’estimation de l’incertitude
calculer le mesurande à partir des valeurs et elles sont dans le cas idéal incluses dans le modèle
intermédiaires. Dans cette expression tous les sous la forme de leurs effets séparés sur le résultat. Il
paramètres peuvent avoir une incertitude associée à faut alors évaluer d’autres contributions possibles
leur valeur et sont donc des sources potentielles uniquement pour vérifier leur signification et seules les
d’incertitude. De plus il peut exister d’autres contributions significatives seront quantifiées. D’autres
paramètres qui n’apparaissent pas explicitement dans indications sur cette démarche, qui s’appliquent en
l’expression utilisée pour calculer la valeur du particulier à l'utilisation des données de validation de
mesurande, mais qui cependant affectent les résultats la méthode sont fournies dans la section 7.2.1.
de la mesure, par exemple la durée d’extraction ou la
température. Ce sont également des sources 6.7. Les sources typiques d’incertitude sont :
potentielles d’incertitude. Toutes ces différentes
Echantillonnage
sources doivent être incluses. Des informations
Lorsqu’un échantillonnage réalisé en interne ou sur
supplémentaires sont données en Annexe C
le terrain fait partie de la procédure spécifiée, des
(Incertitudes dans les Processus Analytiques).
effets tels que les variations aléatoires entre
différents échantillons et toute éventualité de biais
6.3. Le diagramme des causes et des effets décrit dans
dans la procédure d’échantillonnage constituent des
l’Annexe D est une façon très pratique de dresser la
composantes de l’incertitude qui affectent le
liste des sources d’incertitude, de montrer leur parenté
résultat final.
et d’établir leur influence sur l’incertitude du résultat.
Il permet également d'éviter de compter deux fois les Conditions de conservation
mêmes sources. Bien que la liste des sources Lorsque des éléments sont conservés pendant un
d’incertitude puisse être préparée d’une autre façon, le certain temps avant d’être analysés, les conditions
diagramme des causes et des effets est utilisé dans les de stockage peuvent affecter les résultats. La durée
chapitres suivants et dans tous les exemples de de stockage ainsi que ses conditions doivent donc
l’Annexe A. Des informations complémentaires sont être considérées comme des sources d’incertitude.
données dans l’Annexe D (Analyse des sources
d’incertitude). Effets des appareils
Les effets des appareils peuvent comprendre, par
exemple, les limites de l’exactitude de l'étalonnage
6.4. Une fois la liste des sources d’incertitude
d’une balance analytique ; un contrôleur de
constituée, leurs effets sur le résultat peuvent en
température qui peut maintenir une température
principe être représentés à l'aide d'un modèle formel de
mesure dans lequel chaque effet est associé à un moyenne (dans la spécification) différente de celle
paramètre ou variable dans une équation. L’équation du réglage indiqué ; un analyseur automatique qui
pourrait être sujet à des effets de contamination ou
forme alors un modèle complet du processus de
de mémoire.
mesure qui incorpore tous les facteurs individuels qui
affectent la mesure. Cette fonction peut être très Pureté des réactifs
compliquée voir impossible à écrire explicitement. La concentration d’une solution volumétrique ne
Lorsque cela est possible elle doit être explicitée, car la sera pas connue exactement même si le produit
forme de l’expression déterminera en général la d’origine a été dosé, car une incertitude résiduelle
méthode de combinaison de chaque contribution à liée à la procédure d’analyse demeure. De
l’incertitude. nombreux colorants organiques, par exemple, ne
sont pas purs à 100 % et peuvent contenir des
6.5. De plus il peut être utile d'envisager une procédure isomères et des sels minéraux. La pureté de ces
de mesure comme une série d’opérations discrètes substances est habituellement caractérisée par le
(parfois appelées opérations élémentaires, chacune fabricant comme n'étant pas inférieure à la teneur
d’entre elles pouvant être évaluée individuellement spécifiée. Toutes suppositions au sujet du degré de
afin d'obtenir les estimations d’incertitude qui lui sont pureté introduiront un élément d’incertitude.
associées. Cette approche est particulièrement utile
dans les cas où des procédures de mesure similaires

13
Quantification de l’Incertitude Identifier les sources d’incertitude
Stœchiométrie présumée Effets dus aux calculs
Lorsqu’un processus analytique est supposé se La sélection du modèle d'étalonnage, par exemple
dérouler selon une certaine stœchiométrie le recours à un étalonnage à type de droite pour
réactionnelle, il peut être nécessaire de tolérer des une réponse de type curviligne, conduit à
écarts par rapport à la stœchiométrie prévue, un l’ajustement le plus médiocre et à l’incertitude la
déroulement incomplet de la réaction ou des plus grande.
réactions secondaires. Troncature et arrondissage peuvent conduire à des
inexactitudes dans le résultat final. Ces
Conditions de mesure
inexactitudes étant rarement prévisibles, une
Par exemple, la verrerie volumétrique peut être
tolérance à l’incertitude peut être nécessaire.
utilisée à une température ambiante différente de
celle à la quelle elle a été étalonnée. Les effets Correction du Blanc
importants de température doivent être corrigés, Une incertitude affectera à la fois la valeur et
mais on doit prendre en considération toutes les l’opportunité de la correction du blanc. Cela est
incertitudes affectant la température des liquides et particulièrement important dans l’analyse de
de la verrerie. De même, l’humidité peut être traces.
importante lorsque le matériau est sensible à
Effets dus à l’Opérateur
d'éventuels changements d’humidité.
Eventualité d'une lecture d'un compteur ou d'une
Effets dus à l’échantillon échelle systématiquement dans les valeurs hautes
La récupération d’un analyte à partir d’une matrice ou basses.
complexe, ou la réponse d’un appareil, peut être Eventualité de faire une interprétation légèrement
affectée par la composition de la matrice. La différente de la méthode.
spéciation de l’analyte peut de plus aggraver cet
Effets aléatoires
effet. La stabilité d’un échantillon / analyte peut se
Des effets aléatoires contribuent à l’incertitude
modifier au cours de l’analyse en raison d’un
dans toutes les déterminations. Cette entrée doit
changement des conditions de température ou d’un
automatiquement figurer dans la liste.
effet photolytique. Lorsqu’un ajout dosé est utilisé
pour estimer le rendement de récupération de
l’analyte à partir de l’échantillon, celui-ci peut être REMARQUE : Ces sources ne sont pas obligatoirement indépendantes.
différent de celui de l’ajout dosé, ce qui introduit
une incertitude qui doit être évaluée.

14
Quantification de l’Incertitude Quantifier l’incertitude
7. Etape 3 : Quantifier l’Incertitude

7.1. Introduction
7.1.1. Une fois les sources d'incertitude identifiées Pour les sources d’incertitude qui ne sont pas
comme expliqué à l’Etape 2 (Chapitre 6), l’étape correctement couvertes par les données
suivante consiste à quantifier l’incertitude générée par existantes, il faut soit rechercher des
ces sources. On y parvient en : informations complémentaires dans la
- évaluant l’incertitude générée par chaque source littérature ou des données permanentes
individuelle et ensuite en les combinant comme décrit (certificats, spécifications des appareils, etc.)
dans le Chapitre 8. Les Exemples A1 à A3 illustrent ou prévoir des expériences permettant de
l’utilisation de cette procédure. recueillir les données supplémentaires
ou nécessaires. Les expériences complémentaires
- en déterminant directement la contribution combinée peuvent prendre la forme d’études spécifiques
à l’incertitude du résultat à partir de quelques-unes ou d’une seule contribution à l’incertitude, ou les
de toutes les sources en utilisant les données issues des études usuelles des performances de la
performances de la méthode. Les Exemples A4 à A6 méthode de manière à garantir une variation
représentent les applications de cette procédure. représentative des facteurs importants.
En pratique, une combinaison de ces approches est à la
fois nécessaire et commode. 7.2.2. Il importe de reconnaître que toutes les
composantes ne contribuent pas de manière
7.1.2. Quelle que soit l’approche utilisée, il est significative à l’incertitude composée ; en fait,
probable que la plupart des informations nécessaires à pratiquement il est probable que seul un petit nombre
l’évaluation de l’incertitude étaient déjà fournies par sera en cause. A moins qu'un grand nombre d’entre
les résultats des études de validation, les données elles y contribuent, les composantes qui représentent
AQ/CQ et d’autres travaux expérimentaux qui ont été moins du tiers de la plus importante ne nécessitent pas
réalisés pour vérifier les performances de la méthode. d’être évaluées en détails. Une estimation préliminaire
Cependant, il se peut que l'on ne dispose pas des de la contribution de chaque composante ou d’une
données pour évaluer l’incertitude générée par toutes combinaison de composantes à l’incertitude doit être
les sources et il peut être nécessaire de conduire un réalisée, et celles qui ne sont pas significatives doivent
travail supplémentaire comme décrit dans les sections être éliminées.
7.11 à 7.15.
7.2.3. Les sections suivantes fournissent des
indications sur la procédure à adopter, en fonction des
7.2. Procédure d’évaluation de l’incertitude données disponibles et des informations
7.2.1. La procédure utilisée pour estimer l’incertitude supplémentaires nécessaires. La section 7.3 présente
globale dépend des données disponibles concernant les les conditions d’utilisation des données de l'étude
performances de la méthode. Les étapes impliquées expérimentale préalable, y compris les données de
dans le développement de la procédure sont : validation. La section 7.4 évoque brièvement
l’évaluation de l’incertitude uniquement à partir des
Concilier, par l’examen, les exigences en sources individuelles d’incertitude. Cette évaluation
matière d'information avec les données peut être nécessaire pour toutes ou pour un petit
disponibles nombre des sources identifiées, en fonction des
données disponibles, elle sera donc également abordée
En premier lieu, la liste des sources dans les sections ultérieures. Les sections 7.5 à 7.10
d’incertitude doit être examinée afin décrivent l’évaluation de l’incertitude dans diverses
d’identifier quelles sources d’incertitude circonstances. La section 7.5 s’applique lorsqu’on
concernent les données disponibles, soit à l'aide utilise des matériaux de référence en étroite
d'une étude explicite de leur contribution adéquation. La section 7.6 concerne l’utilisation des
particulière soit en les faisant varier données d’études interlaboratoires et la 7.7 celle des
implicitement au cours des expériences données de validation en interne. La 7.9 décrit des
relevant de l'ensemble de la méthode. Ces aspects particuliers concernant la méthode
sources doivent être comparées à celles conventionnelle et la 7.10 envisage des méthodes ad-
figurant sur la liste établie à l’Etape 2 et toutes hoc. Les méthodes permettant de quantifier les
les sources n’y figurant pas doivent y être composantes individuelles de l’incertitude, y compris
ajoutées pour fournir un compte rendu les études expérimentales, la documentation et autres
vérifiable des contributions à l’incertitude qui y données, la modélisation et le jugement professionnel
ont été introduites. sont abordées plus en détails dans les sections 7.10 à
Stratégie pour obtenir les données 7.14. La section 7.15 aborde le traitement des biais
supplémentaires requises connus dans l’estimation de l’incertitude.

15
Quantification de l’Incertitude Quantifier l’incertitude
7.3. Intérêt des études antérieures 7.5. Matériaux de référence certifiés en
étroite adéquation.
7.3.1. Lorsque les estimations de l’incertitude sont
fondées au moins partiellement sur des études 7.5.1. Les mesures sur des matériaux de référence
antérieures des performances de la méthode, il est certifiés font normalement partie de la validation ou de
nécessaire de démontrer la validité de l’application des la revalidation de la méthode, constituant ainsi un
résultats de l’étude préalable. Typiquement cela contrôle efficace de la fiabilité de procédure globale de
consiste à : mesure par rapport à une référence pouvant être
- Démontrer qu’une fidélité comparable à la raccordée. Parce qu’elle fournit des informations sur
précédente peut être obtenue ; l’effet combiné de nombreuses sources potentielles
- Démontrer que l’utilisation des données sur les d’incertitude, cette procédure fournit d'excellentes
biais obtenues précédemment est justifiée, données pour l’évaluation de l’incertitude. Des détails
typiquement par la détermination des biais sur les supplémentaires sont donnés dans la section 7.7.4.
matériaux de référence pertinents (voir par REMARQUE : Le Guide ISO 33 [H.12] donne une description
utile des matériaux de référence utilisés dans le contrôle des
exemple, Guide ISO 33 [H.12.]) à l'aide des études
performances de la méthode.
de dopage appropriées ou des performances
satisfaisantes dans des programmes pertinents de
compétences ou d’autres comparaisons entre 7.6. Estimation de l’incertitude à l’aide de
laboratoires ; données issues d’études préalables
- Assurer une performance continue dans le interlaboratoires sur le
domaine du contrôle statistique comme le
montrent les résultats réguliers du CQ sur
développement et la validation de la
l’échantillon et la mise en place de procédures méthode.
efficaces d’assurance de qualité analytique. 7.6.1. Une étude interlaboratoire menée dans le but de
valider une méthode publiée, selon par exemple le
7.3.2. Lorsque les conditions ci-dessus sont réunies et protocole AOAC/IUPAC [H.13] ou la norme ISO
que la méthode est appliquée selon ses capacités et son 5725[H.14], est une source précieuse pour conforter
champ d’application, il est normalement acceptable une estimation de l’incertitude. Les données
d’utiliser les données issues d’études antérieures (y comprennent typiquement les estimations de l’écart-
compris des études de validation) pour l’estimation de type de la reproductibilité, sR, pour différents niveaux
l’incertitude dans le laboratoire en question. de réponse, une estimation linéaire de la dépendance
de sR vis à vis du niveau de réponse et peuvent inclure
une estimation des biais fondée sur les études des
7.4. Evaluer l’incertitude par la
MRC. Les modalités d’utilisation de ces données
quantification des composantes dépendent des facteurs pris en compte lors de la
individuelles de l’incertitude réalisation de l’étude. Au cours de l’étape d’examen
7.4.1. Dans certains cas, en particulier lorsque les citée plus haut (section 7.2), il est nécessaire
données sur les performances dont on dispose sont d’identifier toutes les sources d’incertitude qui n’ont
rares ou inexistantes, la procédure la plus adaptée peut pas été incluses dans les données de l’étude
être d’évaluer chaque composante de l’incertitude interlaboratoire. Les sources qui doivent être
séparément. particulièrement prises en considération sont :

7.4.2. La procédure générale utilisée pour combiner L’échantillonnage : Les études réalisées
les composantes individuelles consiste à préparer un interlaboratoires comprennent rarement l’étape
modèle quantitatif détaillé de la procédure d’échantillonnage. Si la méthode utilisée en
expérimentale (cf. sections 5. et 6., spécialement 6.4), à interne fait appel à un sous-échantillonnage ou si
évaluer les incertitudes types associées aux paramètres le mesurande (voir Spécification) consiste à
individuels introduits et à les combiner comme décrit évaluer une propriété de masse sur un petit
dans la Section 8. échantillon, les effets d’échantillonnage doivent
être analysés et leurs effets inclus.
7.4.3. A des fins de clarté, les indications détaillées
sur l’évaluation des contributions individuelles à l'aide Pré-traitement : Dans la plupart des études, les
de moyens expérimentaux ou autres sont reportées aux échantillons sont homogénéisés et peuvent être de
sections 7.11 à 7.15. Les exemples A1 à A3 dans plus stabilisés, avant d’être répartis. Il peut être
l’Annexe A fournissent des illustrations détaillées de la nécessaire d’analyser et d’ajouter les effets de
procédure. Des conseils approfondis sur l’application procédures particulières de pré-traitement
de cette procédure sont également donnés dans le appliquées en interne.
Guide ISO [H.2].
Biais de la méthode : Le biais de la méthode est
parfois examiné avant ou au cours de l’étude inter-
laboratoires, si possible par comparaison avec des
méthodes ou des matériaux de référence. Lorsque
le biais lui-même, l’incertitude des valeurs de

16
Quantification de l’Incertitude Quantifier l’incertitude
référence utilisées et la fidélité associée au correspondent aux performances prévues pour la
contrôle du biais, sont faibles en comparaison de méthode de mesure utilisée.
sR, il est inutile de considérer plus avant
l’incertitude due au biais. Dans le cas contraire elle L’utilisation des données de l’étude interlaboratoires
devra être prise en compte. est illustrée dans l’exemple A6 (Annexe A).

Variation des conditions : Les laboratoires 7.6.3. Pour des méthodes utilisées dans leur domaine
participant à une étude peuvent tendre vers les d’application spécifique, lorsque l’étape d’examen
moyennes des variations permises des conditions rapprochement a montré que toutes les sources
expérimentales, ce qui conduit à une sous identifiées avaient été incluses dans l’étude de
estimation de la gamme des résultats possibles validation ou lorsque les contributions d’autres sources
dans le cadre de la définition de la méthode. résiduelles telles que celles discutées dans la section
Cependant lorsque de tels effets ont été analysés et 7.6.1. se sont révélées négligeables, l’écart-type de la
ne se révèlent pas significatifs dans les limites reproductibilité sR, ajusté si nécessaire en fonction de la
maximales de leurs variations autorisées, il est concentration, peut être utilisé comme incertitude type
inutile de les prendre en compte plus avant. composée.

Modifications de la matrice de l’échantillon : 7.6.4. L’écart-type de la reproductibilité sr ne


L’incertitude résultant des compositions des correspond généralement pas à une estimation correcte
matrices ou des teneurs des éléments qui de l’incertitude puisqu’il ne couvre pas les principales
interférent en dehors de la gamme couverte par contributions à l’incertitude.
l’étude devra être examinée.

7.6.2. L’estimation de l’incertitude fondée sur des 7.7. Estimation de l’incertitude à l'aide
données provenant d’études collaboratives acquises en des études de développement et de
accord avec l’ISO 5725 est complètement décrite dans validation menées en interne
L’ISO 21748 « Lignes directrices relatives à
l’utilisation d’estimations de la répétabilité, de la 7.7.1 Les études de développement et de validation
reproductibilité et de la justesse dans l’évaluation de réalisées en interne consistent principalement à
l’incertitude de mesure » [H.15] décrit entièrement déterminer les paramètres des performances de la
l’évaluation de l’incertitude basée sur les données de méthode signalée dans la section 3.1.3. L’estimation de
l’étude interlaboratoires obtenues en conformité avec l’incertitude à partir de ces paramètres utilise :
l’ISO 5725. La procédure générale recommandée pour - La meilleure estimation disponible de la fidélité
l’évaluation de l’incertitude en utilisant les données de globale ;
l’étude interlaboratoires est la suivante : - La ou les meilleure(s) estimation(s) disponible(s) du
a) Obtenir des estimations de la répétabilité, de la biais global et de son incertitude ;
reproductibilité et de la justesse de la méthode utilisée - La quantification de toutes les incertitudes associées
à partir des informations publiées concernant cette aux effets dont les études sur les performances globales
même méthode. ci-dessus ne rendent pas compte.
b) Evaluer si le biais du laboratoire relatif à ces
mesures correspond au biais prévu des données Etude de la fidélité
obtenues en a). 7.7.2. La fidélité doit être estimée dans la mesure du
c) Evaluer si la fidélité obtenue des mesures possible sur une période prolongée et doit être choisie
correspond à celle prévue en fonction des estimations pour permettre la variation naturelle de tous les
de la répétabilité et de la reproductibilité obtenues en facteurs affectant le résultat. Cela peut être obtenu à
a). partir :
d) Identifier toute influence sur les mesures qui n’ont - De l’écart-type des résultats pour un échantillon
pas été correctement couvertes lors des études typique analysé à plusieurs reprises sur une période
mentionnées en a). Quantifier l’écart pouvant résulter donnée, par différents analystes et à l’aide de différents
de ces effets, en prenant compte des coefficients de appareillages lorsque c’est possible (les résultats des
sensibilité ainsi que les incertitudes pour chaque mesures sur des échantillons soumis au contrôle CQ
influence. peuvent fournir cette information) ;
e) Lorsque le biais et la fidélité sont contrôlés, comme - De l’écart-type obtenu à partir d’analyses répliquées
démontré en b) et c), combiner l’estimation type de la sur chaque échantillon parmi plusieurs.
reproductibilité en a) avec l’incertitude associée à la
REMARQUE : Les analyses répliquées doivent être réalisées à des
fidélité (en a et b) et les effets des influences temps réellement différents pour obtenir des estimations de la fidélité
supplémentaires (d) pour obtenir une estimation de intermédiaire ; une réplication au sein du même lot ne fournit que
l’incertitude composée. des estimations sur la répétabilité .

Cette procédure est globalement identique à la - Des études expérimentales multifactorielles,


procédure générale établie dans la Section 7.2. analysées par ANOVA destinées à fournir des
Toutefois, il convient de noter qu’il est important de estimations distinctes de la variance pour chaque
vérifier que les performances du laboratoire facteur.

17
Quantification de l’Incertitude Quantifier l’incertitude
7.7.3. Il faut noter que la fidélité varie souvent de 1.47 2 × (5 − 1) + 2.752 × (5 − 1)
manière significative avec le niveau de la réponse. Par sc = = 2.205
5+5−2
exemple, l’écart-type observé augmente souvent et une valeur correspondante t :
significativement et systématiquement en fonction de (5.40 − 4.76) 0.64
la concentration de l’analyte. Dans ces cas là, t= = = 0.46
l’estimation de l’incertitude doit être ajustée pour 1 1 1 .4
2.205  + 
permettre l’application de la fidélité à un résultat 5 5
particulier. Annexe E.5 donne des indications tcrit est égal à 2,3 pour 8 degrés de liberté, si bien qu’il n’y a pas de
supplémentaires pour le traitement des contributions à différence significative entre les moyennes des résultats fournis par
l’incertitude qui dépendent de ce niveau. les deux méthodes. Cependant, la différence (0.64) est comparée
avec l’écart-type qui est de 1,4. ci-dessus. Cette valeur de 1,4 est
l’écart-type associé à la différence et de ce fait représente la
Etude du biais contribution en rapport avec l’incertitude associée au biais mesuré.

7.7.4. Il est préférable d'estimer le biais global à l'aide 7.7.6. Le biais global peut également être estimé par
de l’analyse répétée d’un MRC approprié en suivant la l’addition d’analyte à un matériau préalablement
procédure complète de mesure. Une fois cela réalisé et étudié. Les mêmes considérations que celles
si le biais se révèle insignifiant, l’incertitude associée à appliquées aux matériaux de référence (ci-dessus) sont
ce biais correspond simplement à la combinaison de ici valables. De plus, les comportements différents du
l’incertitude type de la valeur du MRC avec l’écart- matériau ajouté et du matériau natif vis à vis de
type associé à la mesure du biais. l’échantillon doivent être pris en compte comme il se
doit. Une telle prise en compte peut être fondée sur :
REMARQUE : Le biais estimé de cette façon associe le biais
observé sur les performances du laboratoire avec tout autre biais
intrinsèque à la méthode utilisée. Des considérations particulières
- Les études de la distribution du biais observée pour
peuvent entrer en jeu lorsque la méthode utilisée est une gamme de matrices et de teneurs d’analyte ajouté ;
conventionnelle ; voir section 7.9.1
- La comparaison du résultat obtenu avec un matériau
Lorsque le matériau de référence n’est de référence avec celui du même matériau de référence
qu’approximativement représentatif des matériaux mais dopé avec l’analyte ;
soumis au test, d’autres facteurs doivent être pris en
considération, dont (si nécessaire) les différences de - L'avis porté sur la base de matériaux spécifiques
composition et d’homogénéité ; les matériaux de ayant des comportements extrêmes connus. Par
référence sont souvent plus homogènes que les exemple le tissu d’huître, un tissu marin de référence
échantillons à analyser. Les estimations fondées sur habituel, est bien connu pour sa tendance à co-
l'avis d'un professionnel doivent, si nécessaire, être précipiter certains éléments contenant des sels de
utilisées pour attribuer ces incertitudes (voir section calcium lors de sa digestion et peut donc fournir une
7.15). estimation du « pire cas » de rendement sur laquelle
Tous les effets en rapport avec les différences de une évaluation de l’incertitude peut être fondée (par
concentrations de l’analyte; par exemple il n’est pas exemple en traitant le pire cas comme un extrême
rare de constater que les pertes dues à l’extraction d’une distribution rectangulaire ou triangulaire) ;
diffèrent selon que les concentrations de l’analyte sont
faibles ou élevées. Avis fondé sur une expérience antérieure.

7.7.5. Le biais pour une méthode à l’étude peut 7.7.7. Le biais peut également être estimé par
également être déterminé par la comparaison des comparaison d’une méthode particulière avec une
résultats avec ceux d’une méthode de référence. Si les valeur déterminée par la méthode des ajouts d’étalons,
résultats montrent que le biais n’est pas statistiquement dans laquelle des quantités connues d’analyte sont
significatif, l’incertitude type est celle de la méthode ajoutées au matériau testé et la concentration correcte
de référence (si applicable ; voir section 7.9.1) de l’analyte déduite par extrapolation. L’incertitude
combinée à l’incertitude type associée à la différence associée au biais est alors normalement dominée par
mesurée entre les méthodes. Cette dernière les incertitudes associées à l’extrapolation, combinées
contribution à l’incertitude est donnée par l’écart-type (si nécessaire) avec les contributions significatives des
utilisé pour décider si la différence est statistiquement étapes de préparation et d’addition de la solution mère.
significative, comme l’explique l’exemple ci-dessous.
REMARQUE : Pour être directement applicable, les ajouts doivent être
Exemple : pratiqués sur l’échantillon original, plutôt que sur un extrait préparé.
Une méthode (méthode 1) permettant de déterminer la concentration
en sélénium est comparée à une méthode de référence (méthode 2). 7.7.8. En général, le Guide ISO exige que les
Les résultats (en mg kg-1) de chacune d’elles sont les suivants : corrections soient appliquées pour tous les effets
x s n systématiques identifiés et significatifs. Lorsqu’une
Méthode 1 5.40 1.47 5 correction est appliquée pour tenir compte d’un biais
Méthode 2 4.76 2.75 5 global significatif, l’incertitude associée à ce biais est
Les écarts-types sont regroupés pour donner un écart-type commun estimée comme le décrit le paragraphe 7.7.5. dans le
sc :
cas d’un biais insignifiant.

18
Quantification de l’Incertitude Quantifier l’incertitude
• pour vérifier que l’incertitude estimée avec les
7.7.9. Si le biais est significatif mais est cependant résultats des EA réalisés par un seul
négligé pour des raisons pratiques, des contrôles laboratoire
supplémentaires s'imposent (voir section 7.16.). • pour évaluer l’incertitude de mesure du
laboratoire
Facteurs additionnels
7.8.2. Validité des données des PT pour l’évaluation
7.7.10. Les effets des autres facteurs résiduels doivent de l’incertitude
être estimés séparément, soit en faisant varier
expérimentalement soit en émettant un avis fondé sur L’utilisation des données des PT a pour avantage, en
une théorie établie. L’incertitude associée à de tels plus de permettre de tester les performances d’un
facteurs doit être estimée, enregistrée et combinée avec laboratoire, de lui permettre, au fil du temps, de
d’autres contributions selon la procédure habituelle. soumettre à l’essai une multitude de matériaux bien
définis qui ont été choisis pour leur pertinence avec le
7.7.11. Lorsque l’effet de ces facteurs résiduels domaine de mesure spécifique. De plus, les
s’avère négligeable par rapport à la fidélité de l'étude échantillons soumis aux PT peuvent être similaires
(c’est à dire statistiquement insignifiant), il est plutôt aux échantillons soumis aux essais de routine
recommandé que soit associée à ce facteur une qu’aux MRC car les exigences en termes de stabilité et
contribution d’incertitude égale à l’écart-type associé d’homogénéité sont souvent moins strictes.
au test de signification pertinent.
Cependant, l’inconvénient relatif des échantillons
EXEMPLE : soumis aux PT est leur manque de valeurs de référence
L’effet d’une variation autorisée d’une heure de la durée d’extraction traçables identiques aux valeurs pour les matériaux de
est analysé à l'aide d'un test-t sur cinq déterminations chacune étant
pratiquée sur le même échantillon, pour une durée d’extraction référence certifiés. On estime notamment que les
normale et réduite d’une heure. Les moyennes et les écarts-types (en valeurs de consensus sont susceptibles d’être erronées.
mg L-1) étaient : durée type : moyenne 1.8, écart-type 0.21 ; durée Leur utilisation pour l’estimation de l’incertitude
alternative : moyenne 1.7, écart-type 0.17. Un test-t utilise la nécessite donc la prudence, comme le recommande
variance commune de :
l’IUPAC pour l’interprétation des résultats des PT en
(5 − 1) × 0.212 + (5 − 1) × 0.17 2
= 0.037 général [H.16]. Toutefois, les biais notables au niveau
(5 − 1) + (5 − 1) des valeurs de consensus sont relativement rares si l’on
pour obtenir : compare aux matériaux en circulation. De plus, la
(1.8 − 1.7) durée étendue des essais d’aptitude permet de les
t= = 0.82 éviter. Les valeurs correspondant aux PT, y compris
1 1
0.037 ×  +  celles correspondant par consensus aux résultats des
5 5 participants, doivent être considérées comme
Ce résultat n’est pas significatif comparé à tcrit = 2.3. Mais il faut suffisamment fiables pour la plupart des objectifs
noter que la différence (0.1) est comparée à un écart-type calculé de pratiques.
0.037 × (1 / 5 + 1 / 5) = 0.12. Cette valeur est la contribution à
l’incertitude associée à l’effet de la variation autorisée sur la durée Les données obtenues à partir de la participation d’un
d’extraction. laboratoire à un essai d’aptitude fournissent une base
7.7.12. Lorsqu’un effet détecté est statistiquement solide pour les estimations de l’incertitude à condition
significatif, mais reste suffisamment faible pour être que :
négligé en pratique, les dispositions de la section 7.16
s’appliquent. - Les échantillons soumis aux PT soient
raisonnablement représentatifs des
échantillons soumis aux essais de routine. Par
7.8. Utilisation des données des essais exemple, le type de matériau et la plage de
d’aptitude valeurs du mesurande doivent être appropriés.
7.8.1. Utilisation des données des essais d’aptitude - Les valeurs assignées aient une incertitude
pour l’évaluation de l’incertitude appropriée.
- Le nombre de séries d’essais d’aptitude soit
Les données provenant des essais d’aptitude (PT)2 sont approprié. Un minimum de 6 essais différents
sur une durée appropriée est recommandé afin
également source d’informations utiles pour
l’évaluation de l’incertitude. Pour des méthodes déjà d’obtenir une estimation fiable.
utilisées depuis longtemps au sein du laboratoire, les - Lorsque l’on utilise des valeurs de consensus,
données provenant des essais d’aptitude (également le nombre de laboratoires participants soit
appelés Assurance Qualité Externe, AQE) peuvent être suffisant pour une caractérisation fiable du
utilisées : matériau.

2 Pour la version française du Guide, il a été préféré de


conserver l’accronyme anglais PT (proficiency
Testing) pour désigner les essais d’aptitude.

19
Quantification de l’Incertitude Quantifier l’incertitude
7.8.3. Utilisation pour vérifier les estimations de 7.9.3. Les investigations sur le matériau de référence
l’incertitude visant soit à mettre en évidence un biais négligeable
soit à mesurer un biais, doivent faire appel à des
Les essais d’aptitude (AQE) sont destinés à vérifier matériaux de référence certifiés par une méthode
périodiquement les performances générales d’un spéciale, ou pour lesquels on dispose d'une valeur
laboratoire. Les résultats du laboratoire obtenus suite à obtenue par une méthode particulière est disponible
sa participation aux essais d’aptitude peuvent dont être pour comparer.
utilisés afin de vérifier l’incertitude estimée, étant
donné que l’incertitude doit être compatible avec la 7.9.4. Lorsque les matériaux de référence ainsi
diffusion des résultats obtenus par ce même laboratoire caractérisés n'existent pas, le contrôle global du biais
après un certain nombre de séries d’essais d’aptitude. est associé au contrôle des paramètres de la méthode
affectant le résultat ; typiquement de tels facteurs sont
7.8.4. Utilisation pour l’estimation de les temps, les températures, les masses, les volumes
l’incertitude etc. L’incertitude associée à ces données doit être
évaluée en conséquence, qu’elle soit négligeable ou
Après plusieurs séries, il est possible d’obtenir une quantifiée (voir exemple A6).
estimation préliminaire de l’incertitude à partir des
biais des résultats d’un laboratoire par rapport aux 7.9.5. Les méthodes conventionnelles sont
valeurs assignées. normalement l’objet d’études interlaboratoires et de ce
fait l’incertitude peut être évaluée comme cela est
Si l’on choisit d’utiliser les résultats de tous les décrit dans la section 7.6.
participants obtenus grâce à la même méthode lors de
la campagne d’essais, l’écart-type ainsi obtenu
correspond à une estimation de la reproductibilité 7.10. Evaluation de l’incertitude pour les
interlaboratoires et peut, en principe, être utilisé de la méthodes ad-hoc
même façon que l’écart-type de la reproductibilité
provenant de l’étude interlaboratoires (section 7.6.).
7.10.1. Les méthodes ad-hoc sont des méthodes
établies pour réaliser des études à court terme ou pour
Les Rapports techniques Eurolab 1/2002 « Incertitude
une analyse limitée des matériaux étudiés. De telles
dans les essais » [H.17], 1/2006 « Guide pour
méthodes reposent typiquement sur des méthodes
l’estimation de l’incertitude des résultats quantitatifs
normalisées ou bien établies au sein du laboratoire,
d’essais » [H.18] et « Incertitude revisitée : Approches
mais elles ont subi des adaptations substantielles (par
alternatives pour l’estimation de l’incertitude » [H.19]
exemple pour étudier un analyte différent) et ne
décrivent l’utilisation des données des PT plus en
nécessitent donc pas d’études formalisées de validation
détails et fournissent des exemples pratiques. De plus,
pour le matériau particulier en question.
une approche générale pour les laboratoires
environnementaux est présentée dans un guide
7.10.2. Dans la mesure où l’effort investi pour établir
Nordtest [H.20].
l’incertitude en cause sera limité, il est nécessaire de se
fier en grande partie aux performances connues des
7.9. Evaluation de l’incertitude pour les systèmes apparentés ou à d'éléments de ces systèmes.
L’estimation de l’incertitude doit donc se fonder sur
méthodes conventionnelles
une performance connue d’un ou de système(s)
7.9.1. Une « méthode conventionnelle » est une apparenté(s). Ces informations sur les performances
méthode reconnue comme permettant de réaliser une doivent être étayées par toute étude nécessaire en
mesure comparative dans un domaine particulier mesure de prouver leur pertinence. Les
d’application, lorsque le mesurande dépend de façon recommandations suivantes supposent qu’un tel
caractéristique de la méthode utilisée. De ce fait, la système apparenté existe et qu'il ait été suffisamment
méthode définit le mesurande. Des exemples en sont examiné pour obtenir une estimation fiable de
les méthodes appliquées aux métaux relarguables des l’incertitude ou que la méthode consiste en des
céramiques et aux fibres alimentaires dans éléments issus d’autres méthodes et que l’incertitude
l’alimentation (voir aussi la section 5.2 et l’exemple dans ces éléments a été préalablement établie.
A5).
7.10.3. Au minimum, il est essentiel qu’une estimation
7.9.2. Lorsqu’une telle méthode est utilisée dans les du biais global et qu’une indication de la fidélité soient
limites de son domaine d’application, le biais associé à disponibles pour la méthode en question. Le biais sera
cette méthode est défini comme égal à zéro. Dans de au mieux mesuré par rapport à un matériau de
telles circonstances, l’estimation du biais doit se référence, mais en pratique sera le plus souvent évalué
rapporter uniquement aux performances du laboratoire à partir de la récupération de l’ajout dosé. Les
et ne doit pas prendre en compte un biais considérations de la section 7.7.4. seront alors
supplémentaire inhérent à la méthode. Les implications appliquées, à l'exception près que les récupérations de
en sont les suivantes. l’ajour dosé devront être comparées à celles observées
dans le système similaire pour établir la concordance

20
Quantification de l’Incertitude Quantifier l’incertitude
des études antérieures avec la méthode ad-hoc en normalement suffisantes, à moins qu’une grande
question. Le biais global observé pour la méthode ad- fidélité soit nécessaire.
hoc, sur les matériaux objets du test, doit être
comparable à celui observé avec le système similaire, 7.12.3. D’autres expériences typiques comprennent :
dans les limites des exigences de l’étude. - L’étude de l’effet d’une variation d’un seul paramètre
sur le résultat. Cela convient particulièrement bien
7.10.4. Une expérience de fidélité minimum consiste à dans le cas de paramètres continus, contrôlables,
faire une analyse dupliquée. Il est toutefois indépendants d’autres effets, comme le temps ou la
recommandé de réaliser autant de répliques que température. La vitesse de modification du résultat en
possible. La fidélité doit être comparée à celle du fonction de celle du paramètre peut être obtenue à
système apparenté ; l’écart-type de la méthode ad-hoc partir de données expérimentales. Elle est ensuite
doit être comparable. directement combinée avec l’incertitude du paramètre
dans le but d'obtenir la contribution utile à
REMARQUE : Il est recommandé de fonder la comparaison l’incertitude.
sur l’examen des données. Des tests de signification statistique (par
exemple un test F) ne seront en général pas fiables pour un petit REMARQUE : La modification du paramètre doit être
nombre de répliques et risquent de mener à la conclusion selon suffisante pour modifier substantiellement le résultat au regard de la
laquelle il n’y a pas de « différence significative » simplement à fidélité fournie par l’étude (par exemple cinq fois l’écart-type des
cause de la faible puissance du test. mesures répliquées).

7.10.5. Lorsque les conditions ci-dessus sont remplies - Des études de robustesse qui servent à analyser
sans équivoque, l’estimation de l’incertitude pour un systématiquement l’influence de modifications
système apparenté peut être directement appliquée aux modérées du paramètre. Elles sont particulièrement
résultats obtenus par la méthode ad-hoc, en faisant tous adaptées à l’identification rapide d’effets significatifs
les ajustements appropriés en fonction de la et sont couramment utilisées comme méthode
concentration ou de tous les autres facteurs connus. d’optimisation. La méthode peut être appliquée aux cas
d’effets discrets, comme une modification de la
matrice ou des modifications limitées de la
7.11. Quantification de chaque composante configuration de l’appareillage qui ont des effets
individuelle imprévisibles sur le résultat. Si un facteur est identifié
comme significatif, il est normalement nécessaire de
mener plus loin l’étude. S'il est insignifiant,
7.11.1. Il faut presque toujours envisager certaines
l’incertitude associée (au moins pour une première
sources d’incertitude séparément. Dans certains cas,
évaluation) est celle obtenue par l’étude de robustesse.
cela ne concerne qu’un petit nombre de sources ; dans
- Des protocoles expérimentaux multifactoriels
d’autres en particulier lorsque les données sur les
systématiques servant à estimer les effets du facteur et
performances de la méthode sont rares ou inexistantes,
leurs interactions. De telles études sont
chaque source doit être étudiée séparément (voir
particulièrement utiles lorsqu’une variable catégorielle
exemples 1, 2 et 3 dans l’Annexe A pour illustrations).
est en cause. Une variable catégorielle est une variable
Il y a plusieurs méthodes générales pour établir les
dans laquelle la valeur de la variable n'est pas
composantes individuelles de l’incertitude :
proportionnée à l’effet ; le nombre des laboratoires
- Variation expérimentale des variables en entrée ;
dans une étude, le nom des analystes ou les types
- A partir des données établies obtenues sur les
d’échantillons sont des exemples de variables
certificats de mesure et d'étalonnage ;
catégorielles. Par exemple, l’effet de changements dans
- En modélisant à partir de principes théoriques ;
le type de la matrice (à l’intérieur d’un domaine
- En s'appuyant sur un avis fondé sur l’expérience ou
d’application fixé de la méthode) pourrait être estimé à
par une modélisation des hypothèses.
partir d’études de rendement réalisées dans une étude
Ces différentes méthodes sont brièvement discutées ci-
répliquée sur plusieurs matrices. Une analyse de
dessous.
variance fournirait les composantes de la variance intra
et inter-matrices pour le rendement analytique observé.
7.12. Estimation expérimentale des La composante inter-matrices de la variance fournirait
contributions individuelles à une incertitude type associée à la variation de la
matrice.
l’incertitude

7.12.1. Il est parfois possible et pratique d’obtenir les 7.13. Estimation fondée sur d’autres
estimations des contributions à l’incertitude à partir résultats ou données.
d'études expérimentales spécifiques de certains 7.13.1. Il est souvent possible d’estimer quelques-unes
paramètres individuels. des incertitudes types en utilisant toute information
pertinente sur l’incertitude de la grandeur concernée.
7.12.2. L’incertitude type résultant d’effets aléatoires Les paragraphes suivants suggèrent quelques sources
est souvent mesurée à partir d’essais de répétabilité et d’information.
est quantifiée par l’écart-type des valeurs mesurées. En
pratique, environ quinze réplications au plus sont

21
Quantification de l’Incertitude Quantifier l’incertitude
7.13.2. Données du contrôle de la qualité (CQ). limitées de cinétique de la formation de dérivés pour
Comme indiqué précédemment, il est nécessaire de des valeurs proches des concentrations intéressantes et
s’assurer que les critères de qualité prévus dans les d’évaluer l’incertitude à partir de la vitesse prévue
procédures normalisées appliquées sont satisfaits et d’apparition des modifications à un temps donné.
que les mesures sur les échantillons de CQ prouvent
que ces critères sont toujours appliqués. Lorsque des
matériaux de référence sont utilisés dans les contrôles 7.15. Estimation fondée sur un avis
de CQ, la section 7.5 montre comment les données
peuvent être utilisées pour évaluer l’incertitude. 7.15.1. L’évaluation de l’incertitude n’est ni un travail
Lorsqu’un autre matériau stable est utilisé, les données de routine ni une activité purement mathématique ; elle
CQ fournissent une estimation de la fidélité dépend d’une connaissance détaillée de la nature du
intermédiaire (section 7.7.2.). Lorsqu’il n’y a pas mesurande et de la méthode et de la procédure de
d’échantillons fiables de CQ, le contrôle qualité peut se mesure utilisées. La qualité et l’utilité de l’incertitude
baser sur une détermination en double ou des méthodes attachées au résultat d’une mesure dépendent donc en
similaires pour vérifier la répétabilité. À long terme, dernière instance des capacités des personnes qui
les données communes concernant la répétabilité participent à l'assignation de la valeur, à comprendre, à
peuvent être utilisées pour obtenir une estimation de analyser de façon critique et à se montrer intègres.
l’écart-type de la répétabilité, qui peut faire partie de
l’incertitude combinée. 7.15.2. La plupart des distributions des données
peuvent être interprétées en minorant la probabilité
7.13.3. Les données du CQ permettent également un d’observer des données aux marges de la distribution
contrôle continu de la valeur fournie de l’incertitude. Il plutôt qu’en son centre. La quantification de ces
est clair que l’incertitude composée résultant des effets distributions et de leur écart-type associé est obtenue
aléatoires ne peut pas être inférieure à l’écart-type des en procédant à des mesures répétées.
mesures du CQ.
7.15.3. Cependant, d’autres évaluations des intervalles
7.13.4. Les guides NORDTEST et EUROLAB [H.19, peuvent être nécessaires dans les cas où des mesures
H.20] fournissent de plus amples détails sur répétées ne peuvent être réalisées ou ne fournissent pas
l’utilisation des données de CQ pour l’estimation de une mesure représentative d’un composant particulier
l’incertitude. de l’incertitude.

7.13.5. Informations du fournisseur. Pour de 7.15.4. Il y a de nombreuses situations en chimie


nombreuses sources d’incertitude, les certificats analytique dans lesquelles ces dernières conditions
d'étalonnage ou les catalogues des fournisseurs prévalent et où il faut donner un avis. Par exemple :
peuvent fournir des informations. Par exemple, la • Une évaluation du rendement et de son
tolérance d'un élément particulier de verrerie incertitude associée ne peut être réalisée pour chaque
volumétrique peut être obtenue dans le catalogue du échantillon distinct. L’évaluation sera donc plutôt faite
fabriquant ou un certificat d'étalonnage avant son sur des classes d’échantillons (par exemple groupés par
utilisation. types de matrice) et appliquée à tous les échantillons
d'un même type. Le degré de similitude étant lui-même
une inconnue, cette déduction (du type de la matrice à
7.14. Modélisation à partir de principes
un échantillon spécifique) est associée à un élément
théoriques supplémentaire d’incertitude qui ne peut pas être
7.14.1. Dans de nombreux cas, une théorie physique interprété en terme de fréquence.
bien établie fournit de bons modèles des effets • Le modèle de la mesure tel qu'il est défini par
affectant le résultat. Par exemple, les effets de la la spécification de la procédure analytique est utilisé
température sur les volumes et les densités sont bien pour convertir la grandeur mesurée en la valeur du
connus. Dans de tels cas, les incertitudes peuvent être mesurande (résultat analytique). Ce modèle est –
calculées ou estimées d'après le type de la relation à comme tous les modèles en science – sujet à des
l'aide des méthodes de propagation de l’incertitude incertitudes. On suppose simplement que le
décrites dans la section 8. comportement de la nature suit le modèle spécifique,
mais cette supposition n’est jamais absolument sûre.
7.14.2. Dans d’autres circonstances, il peut être • L’utilisation de matériaux de référence est
nécessaire d’utiliser des modèles théoriques fortement encouragée, mais il subsiste une incertitude
approximatifs combinés à des données expérimentales. concernant non seulement la valeur vraie, mais
Par exemple, lorsque la mesure d’un analyte dépend de également l’utilité d’un matériau de référence
la formation de dérivés au cours du temps, il peut être particulier pour l’analyse d’un échantillon spécifique.
nécessaire d’évaluer les incertitudes associées à la Il convient de donner un avis pour fixer le degré de
chronologie du phénomène. On y parvient en faisant similitude raisonnable entre la nature d’une substance
simplement varier le temps écoulé. Cependant, il peut considérée comme étalon et celle d’échantillons dans
être préférable d’établir un modèle approximatif de la une situation particulière.
vitesse du phénomène à partir d’études expérimentales • Une autre source d’incertitude naît d’une
définition insuffisante du mesurande dans la procédure.

22
Quantification de l’Incertitude Quantifier l’incertitude
Considérez la détermination des « substances simulées et que la variabilité résultante qui affecte les
oxydables par le permanganate », elle désigne données ne fournit donc pas un tableau réaliste.
sûrement des substances différentes selon que l’analyse
concerne l’eau du sol ou des eaux municipales usées. 7.15.8. Un problème typique de cette nature se
Des facteurs comme la température d’oxydation, mais manifeste lorsque la variabilité à long terme doit être
aussi des effets chimiques tels que la composition ou évaluée en l'absence de données d’études
l’interférence de la matrice peuvent avoir une influence interlaboratoires. Un scientifique qui exclut
sur la spécification. l’éventualité de substituer l’opinion subjective à une
• Une pratique habituelle en chimie analytique probabilité réellement mesurée (lorsqu’elle est
fait appel aux ajouts dosés avec une seule substance, disponible) ignore sans doute des contributions
comme un analogue structural proche ou isotopomère, importantes à l’incertitude composée et se comporte en
que l'on utilise pour évaluer soit le rendement de la définitive de façon moins objective que celui qui se fie
substance native en question, soit même celui d’une aux probabilités intuitives.
classe complète de composants. De toute évidence
l’évaluation de l’incertitude peut être évaluée 7.15.9. Dans le but d’estimer les incertitudes
expérimentalement, pourvu que l’analyste soit prêt à composées deux aspects des estimations du degré de
étudier le rendement pour toutes les concentrations et croyance sont essentiels à l'estimation :
proportions du mesurande par rapport à l’ajout dosé et le degré de croyance est considéré comme une valeur à
pour toutes les matrices « pertinentes ». Mais type d’intervalle, c’est dire que lui sont affectées une
l’expérimentation fréquemment omise est remplacée limite supérieure et inférieure comme dans la
par un avis sur : distribution classique d’une probabilité ;
- la relation entre le rendement du mesurande et de la les mêmes règles de calcul sont appliquées pour
concentration ; combiner les contributions du « degré de croyance »
- la relation des rendements des ajouts dosés avec la d'une incertitude à une incertitude composée qu’à la
concentration ; déduction de l’écart-type par d’autres méthodes.
- la relation des rendements avec le (sous) type de
matrice ;
- l’identité des modes de liaison de l’analyte et des 7.16. Signification du biais
substances dopées.
7.16.1. Le Guide ISO exige en général que les
7.15.5. Un avis de ce type n’est pas fondé sur des corrections soient appliquées pour tous les effets
résultats expérimentaux immédiats, mais plutôt sur une systématiques significatifs identifiés.
opinion subjective (personnelle), une expression qui
est ici synonyme de « niveau de croyance », de 7.16.2. Pour décider si un biais connu peut
« probabilité intuitive » et de « crédibilité » [H.11]. On raisonnablement être négligé, la démarche suivante est
suppose également qu’un degré de croyance n’est pas recommandée :
fondé sur un jugement hâtif, mais sur un jugement de i) Estimer l’incertitude composée sans considérer le
probabilité mature et réfléchi. biais en cause ;
ii) Comparer le biais à l’incertitude composée ;
7.15.6. Bien que l’on sache que les opinions iii) Lorsque le biais comparé à l’incertitude composée
subjectives varient d’une personne à l’autre et même n’est pas significatif, il peut être négligé ;
d’un moment à l’autre, elles ne sont pas arbitraires iv) Lorsque le biais comparé à l’incertitude composée
dans la mesure où elles sont influencées par le sens est significatif, une mesure supplémentaire s'impose.
commun, les connaissances spécialisées et les Les mesures appropriées peuvent être :
expériences et observations antérieures. - Eliminer ou corriger le biais, en prêtant l’attention
voulue à l’incertitude de la correction ;
7.15.7. Ces caractéristiques peuvent paraître - Ajouter le biais observé et son incertitude dans le
désavantageuses mais elles ne conduisent pas compte rendu du résultat.
concrètement à des estimations plus mauvaises que REMARQUE : Lorsque par convention un biais connu n’est pas
celles obtenues par des mesures répétées. C'est corrigé, la méthode doit être qualifiée de conventionnelle (voir
particulièrement vrai lorsque la variabilité réelle, section 7.8).
vécue, des conditions expérimentales ne peuvent être

23
Quantification de l’Incertitude Calculer l’incertitude composée

8. Etape 4. Calculer l’Incertitude Composée

8.1. Incertitudes types 8.1.6. Lorsqu’une estimation doit être réalisée sur la
base d’un avis, il est possible d’estimer directement la
8.1.1. Avant d'être composées, toutes les contributions composante sous la forme d’un écart-type. Si cela n’est
à l’incertitude doivent être exprimées sous forme pas possible il faut faire une estimation de l'écart
d’incertitudes types, c'est-à-dire écarts types Cela peut maximal susceptible de se produire en pratique dans
faire appel à la conversion à partir d’une autre mesure les limites du raisonnable (en excluant les simples
de dispersion. Les règles suivantes donnent quelques erreurs). Si l’on considère qu’une valeur plus faible est
indications pour convertir un composant de beaucoup plus probable, cette estimation doit être
l’incertitude en écart-type. traitée comme représentative d’une distribution
triangulaire. S'il n’y a pas d’arguments faisant penser
8.1.2. Lorsque la composante de l’incertitude a été qu’une erreur faible est plus probable qu’une erreur
évaluée expérimentalement à partir de la dispersion de importante, l’estimation doit être traitée comme
mesures répétées, elle peut être exprimée facilement caractéristique d’une distribution rectangulaire.
sous forme d’un écart-type. Pour ce qui concerne la
contribution à l’incertitude de mesures uniques, 8.1.7. Les facteurs de conversion pour les fonctions de
l’incertitude type est simplement l’écart-type observé ; distribution les plus fréquemment utilisées sont donnés
pour les résultats soumis au calcul de la moyenne, on dans l’Annexe E.1.
utilise l’écart-type de la moyenne.
8.2. Incertitude type composée
8.1.3. Lorsque l’estimation d’une incertitude est
8.2.1. Après avoir estimé les composantes individuelles
déduite de résultats et de données antérieurs, elle peut
ou groupées de l’incertitude et les avoir exprimées sous
être déjà exprimée sous forme d’écart-type. Cependant,
forme d’incertitudes, dans l’étape suivante il faut
lorsqu’un intervalle de confiance est donné avec un
calculer l’incertitude type composée en utilisant l’une
niveau de confiance p% (sous la forme de ± a à p%), il
des procédures décrites ci-dessous.
faut alors diviser la valeur a par la valeur du
pourcentage approprié de la distribution normale pour
8.2.2. La relation générale entre l’incertitude type
le niveau de confiance donné afin de calculer l’écart-
composée uc(y) d’une valeur y et l’incertitude des
type.
paramètres indépendants x1, x2, xn dont elle dépend
EXEMPLE :
est :
Une spécification établit que la fidélité de lecture d’une *
balance est égale à ± 0.2 mg avec un intervalle de confiance
de 95 %. A partir des tables de valeurs de pourcentage pour
uc(y(x1,x2,...)) = ∑c
i =1, n
2
i u ( xi ) 2 = ∑ u ( y, x )
i =1, n
i
2

une distribution normale, un intervalle de confiance de 95


% est calculé à l'aide d'une valeur de 1.96. Ce chiffre où y(x1,x2, ...) est une fonction de plusieurs paramètres
permet d’obtenir une incertitude type de (0.2/1.96) ≈ 0.1. x1,x2, ..., ci est un coefficient de sensibilité évalué
comme étant ci = ∂y/∂xi, la différentielle partielle de y
8.1.4. Si les limites de ± a sont données sans niveau de par rapport à xi et u(y,xi) caractérise l’incertitude sur y
confiance et s'il existe des raisons de penser que des
résultant de l’incertitude en xi. La contribution propre à
valeurs extrêmes sont probables, il convient
chaque variable u(y,xi) est simplement le carré de
normalement de supposer que la distribution est l’incertitude associée exprimée sous forme de l’écart-
rectangulaire, avec un écart-type de a/√3 (voir Annexe type multiplié par le carré du coefficient de sensibilité
E). approprié. Ces coefficients de sensibilité décrivent
EXEMPLE : comment la valeur de y varie en fonction des variations
La tolérance d’une fiole volumétrique de Classe A de des paramètres x1, x2 etc.
10 mL est certifiée à ± 0.2 mL. L’incertitude type est de REMARQUE : Les coefficients de sensibilité peuvent être
0.2/√3 ≈ 0.12 mL. également évalués directement à l'aide d'une expérience ;
cette approche est particulièrement utile lorsqu’il n’existe
8.1.5. Si les limites de ± a sont données sans intervalle aucune description mathématique de la relation.
de confiance, mais s'il y a des raisons de supposer que
8.2.3. Lorsque les variables ne sont pas indépendantes,
des valeurs extrêmes sont improbables, il convient
la relation est plus complexe :
normalement de supposer que la distribution est
triangulaire, avec un écart-type de a/√6 (voir Annexe u ( y ( xi , j... )) = ∑ ci2 u( xi ) 2 + ∑ ci c k ⋅ u ( xi , x k )
E). i =1, n i , k =1, n
i≠k
EXEMPLE :
où u(xi,xk) est la covariance entre xi et xk et ci et ck
La classe d’une fiole volumétrique de Classe A de 10 mL
est certifiée à ± 0.2 mL, mais des contrôles de routine en sont les coefficients de sensibilité comme décrit et
interne montrent que les valeurs extrêmes sont rares.
L’écart-type est 0.2/√6 ≈ 0.08 mL.

* Le Guide ISO utilise la forme réduite ui(y) à la place


de u(y,xi)

24
Quantification de l’Incertitude Calculer l’incertitude composée
évalué dans 8.2.2. La covariance est reliée au REMARQUE : La soustraction est traitée comme l’addition et
la multiplication comme la division.
coefficient de corrélation rik par :
u(xi,xk) = u(xi)⋅u(xk)⋅rik 8.2.7. Afin de combiner les composantes de
l’incertitude, il est plus pratique de décomposer le
où -1 ≤ rik ≤ 1.
modèle mathématique originel en expressions
comprenant uniquement les opérations concernées par
8.2.4. Ces procédures générales sont applicables, si les les règles ci-dessus. Par exemple l’expression :
incertitudes concernent un seul paramètre, des groupes
de paramètres ou la méthode dans sa globalité. (o + p )
Cependant, lorsqu’une contribution à l’incertitude est (q + r )
associée à la procédure globale, elle est habituellement
devrait être décomposée en deux éléments (o + p) et (q
exprimée par son effet sur le résultat final. Dans de tels
+ r). Les incertitudes intermédiaires pour chacune
cas, ou lorsque l’incertitude d’un paramètre est
d’entre elles peuvent alors être calculées par la règle 1
directement exprimée selon les termes de son effet sur
ci-dessus ; ces incertitudes intermédiaires peuvent être
y, le coefficient de sensibilité ∂y/∂xi est égal à 1.0.
composées selon la règle 2 pour donner l’incertitude
EXEMPLE :
type.
Un résultat de 22 mg L-1 est affecté d’un écart-type observé
de 4.1 mg L-1. L’incertitude type u(y) associée à la fidélité 8.2.8. Les exemples suivants illustrent l’utilisation des
dans ces conditions est 4.1 mg L-1. Le modèle implicite de
cette mesure, en négligeant d’autres facteurs pour la clarté, règles ci-dessus :
est : EXEMPLE 1 :

y = (Résultat calculé) + ε y = (p-q+r). Les valeurs sont p = 5.02, q = 6.45 et r = 9.04


avec les incertitudes types u(p) = 0.13, u(q) = 0.05 et u(r) =
où ε représente l’effet de la variation aléatoire dans les 0.22.
conditions de la mesure. ∂y/∂ε est donc 1.0
y = 5.02 - 6.45 + 9.04 = 7.61
8.2.5. Exception faite du cas décrit ci-dessus lorsque le
coefficient de sensibilité est égal à un, et des cas u ( y ) = 0.13 2 + 0.05 2 + 0.22 2 = 0.26
particuliers exposés dans la Règle 1 et la Règle 2 ci-
EXEMPLE 2 :
dessous, on peut utiliser la procédure générale,
nécessitant le calcul des différentielles partielles, ou y = (op/qr). Les valeurs sont o = 2.46, p = 4.32, q = 6.38 et
méthode numérique alternative. L’Annexe E donne les r = 2.99, avec des incertitudes types de u(o) = 0.02, u(p) =
0.13, u(q) = 0.11et u(r) = 0.07.
détails d'une méthode numérique, suggérée par
Kragten, [H.22], qui fait un usage efficace d’un logiciel y = ( 2.46 × 4.32 ) / (6.38 × 2.99 ) = 0.56
permettant de calculer l’incertitude type composée à 2 2
partir des incertitudes types sur lesquelles opère un  0.02   0.13 
  +  +
modèle connu de mesure. L’Annexe E décrit également  2.46   4.32 
u ( y ) = 0.56 ×
la simulation de Monte Carlo qui est une approche 2 2
 0.11   0.07 
numérique alternative. Il est recommandé d’utiliser ces   + 
méthodes ou d’autres méthodes informatiques  6.38   2.99 
appropriées, pour tous les cas à l'exclusion des plus ⇒ u(y) = 0.56 × 0.043 = 0.024
simples.
8.2.9. Dans de nombreuses circonstances l’importance
8.2.6. Dans certains cas, les expressions de des incertitudes varie avec le niveau de l’analyte. Par
combinaison des incertitudes se réduisent à des formes exemple, les incertitudes sur le rendement peuvent être
plus simples. Deux règles simples permettant de plus faibles pour des quantités élevées de matériau ou
combiner les incertitudes types sont données ici. les signaux spectroscopiques peuvent varier de façon
Règle 1 aléatoire le long d’une échelle approximativement
Pour les modèles impliquant uniquement une somme proportionnelle à l’intensité (coefficient de variation
ou une différence de grandeurs, par exemple y = (p + q constant). Dans ces cas là, il est important de prendre
+ r + ...), l’incertitude type composée uc(y) est donnée en compte les variations de l’incertitude type
par : composée en fonction de la teneur d'analyte.

u c ( y ( p, q..)) = u ( p) 2 + u (q ) 2 + ..... Les démarches comprennent le fait de :


Règle 2 - Restreindre la procédure spécifiée ou l’estimation de
Pour les modèles impliquant uniquement un produit ou l’incertitude à une gamme limitée de concentrations de
un quotient par exemple : y = (p × q × r × ...) ou y = p / l’analyte ;
(q × r × ...), l’incertitude type composée uc(y) est - Fournir une estimation de l’incertitude sous la forme
donnée par : d’un écart-type relatif ;
2 2 - Calculer explicitement la dépendance et recalculer
 u ( p)   u (q)  l’incertitude pour un résultat donné.
u c ( y ) = y   +   + .....
 p   q  L’Annexe E.5 donne des informations
complémentaires sur cette démarche.
où (u(p)/p) etc. sont les incertitudes des paramètres,
exprimées sous forme écarts types relatifs.

25
Quantification de l’Incertitude Calculer l’incertitude composée
8.3. Incertitude élargie contribution et pour le niveau de confiance requis
(normalement 95 %). La table 1 fournit une courte liste
8.3.1. Le stade final consiste à multiplier l’incertitude des valeurs de t, y compris les degrés de liberté
type composée par le facteur d’élargissement choisi de supérieurs à 6 pour les utilisations critiques.
manière à obtenir une incertitude élargie. L’incertitude
élargie est nécessaire à l’obtention d’un intervalle EXEMPLE :
susceptible d'inclure une fraction importante de la
distribution des valeurs pouvant raisonnablement être Une incertitude type composée pour une opération de
pesage est élaborée à partir des contributions ucal = 0.01 mg
attribuées au mesurande. résultant de l’incertitude de l'étalonnage et sobs = 0.08 mg
est fondé sur l’écart-type calculé à partir de cinq
8.3.2. Le choix d’une valeur du facteur d’élargissement observations répétées. L’incertitude type composée uc est
k, suppose la prise en compte d’un certain nombre égale à 0.01 2 + 0.08 2 = 0.081 mg . Elle est
d’éléments incluant : clairement dominée par la contribution de la répétabilité
• Le niveau de confiance requise ; sobs, qui découle de cinq observations, donnant 5 – 1 = 4
• Toute connaissance des distributions sous- degrés de liberté. k est comme indiqué calculé selon le test t
de Student. La valeur bilatérale de t pour quatre degrés de
jacentes ; liberté et une confiance de 95 % est, selon les tableaux, 2.8
• Toute connaissance du nombre des valeurs ; k est donc fixé à 2.8 et l’incertitude élargie
utilisées pour estimer les effets aléatoires (voir U = 2.8 × 0.081 = 0.23 mg.
8.3.3 ci-dessous). 8.3.5. Le Guide [H.2] donne des indications
supplémentaires sur le choix de k lorsqu’un petit
8.3.3. Dans la plupart des cas il est recommandé de nombre de mesures est utilisé pour estimer un
fixer la valeur k à 2. important effet aléatoire et on doit s’y référer pour
Cependant, cette valeur de k peut être insuffisante estimer les degrés de liberté lorsque plusieurs
lorsque l’incertitude composée est fondée sur des contributions sont significatives.
observations statistiques dont le nombre des degrés de
liberté est assez faible (moins de six environ). Le choix 8.3.6. Lorsque les distributions concernées sont de type
de k dépend alors du nombre effectif de degrés de normal, un facteur d’élargissement de 2 (ou choisi
liberté. selon les paragraphes 8.3.3.-8.3.3.5. En utilisant un
niveau de confiance de 95 %) définit un intervalle
8.3.4. Lorsque l’incertitude type composée est dominée incluant environ 95 % de la distribution des valeurs. Il
par une contribution unique avec des degrés de liberté n’est pas recommandé que cet intervalle soit choisi
inférieurs à six, il est recommandé que k soit fixé à un pour un intervalle de confiance de 95 % sans
niveau égal à la valeur bilatérale d’un test t de Student connaissance de la distribution concernée.
pour le nombre de degrés de liberté associés à cette

Tableau 1 : t de Student pour 95 % de confiance (bilatéral)


Degrés de liberté
t
ν
1 12.7
2 4.3
3 3.2
4 2.8
5 2.6
6 2.4
8 2.3
10 2.2
14 2.1
28 2.0

Les valeurs de t sont arrondies à la décimale. Pour les degrés intermédiaires de liberté v, il convient soit d’utiliser
la valeur de v suivante la plus basse ou de se référer aux tableaux ou aux logiciels.

26
Quantification de l’Incertitude Compte rendu de l’incertitude
9. Compte rendu de l’Incertitude

et de l’incertitude
modalités d’obtention du résultat
9.1. Généralités doivent être clairement établies.
9.1.1. Les informations nécessaires au compte rendu 9.2.4. Il peut être suffisant dans le compte rendu d’une
du résultat d’une mesure dépendent des objectifs de analyse de routine de mentionner uniquement la
son utilisation. Les principes directeurs sont : valeur de l’incertitude élargie et celle de k.
• présenter des informations suffisantes pour
permettre une réévaluation du résultat si de 9.3. Compte rendu de l’incertitude type
nouvelles informations ou données deviennent
9.3.1. Lorsque l’incertitude est exprimée sous forme
disponibles ;
de l’incertitude type composée uc (c'est-à-dire un
• il est préférable d’avoir trop d’informations que
pas assez. simple écart-type), la formulation suivante est
recommandée : « (Résultat) : x (unités) [avec une]
9.1.2. Lorsque les détails de la mesure, y compris les incertitude type de uc (unités) [où l’incertitude type
modalités de détermination de l’incertitude, dépendent est définie selon le Guide ISO/CEI pour l’expression
de références à des documents publiés, il est impératif de l’incertitude de mesure et correspond à un écart-
que ces documents soient tenus à jour et soient en type.] »
accord avec la méthode utilisée. REMARQUE : Le recours au symbole ± n’est pas
recommandé lorsque l’on utilise l’incertitude type dans la mesure
9.2. Informations nécessaires où ce symbole est habituellement associé à des intervalles
correspondants à des niveaux de confiance élevés.
9.2.1. Un compte rendu complet d’une mesure doit Les termes entre parenthèses [] peuvent être omis ou
inclure ou renvoyer à une documentation contenant : abrégés si nécessaire.
• une description des méthodes utilisées pour EXEMPLE :
calculer le résultat de la mesure et son incertitude Azote total : 3,52 g/100 g
à partir des observations expérimentales et des
Incertitude type : 0,07 g/100 g *
données en entrée ;
• les valeurs et sources de toutes les corrections et * L’incertitude type correspond à un écart-type
de toutes les constantes utilisées à la fois pour le
calcul et l’analyse de l’incertitude ;
9.4. Compte rendu de l’incertitude
• une liste de toutes les composantes de élargie
l’incertitude avec des informations complètes sur 9.4.1. Sauf exigences particulières, le résultat x doit
les modalités d’évaluation de chacune d’elles. être déterminé conjointement avec l’incertitude
élargie U calculée avec un facteur d’élargissement k =
9.2.2. Les données et l’analyse doivent être présentées 2 (ou comme décrit dans la section 8.3.3.). La
de façon à ce que les étapes importantes puissent être formulation suivante est recommandée :
facilement suivies et que le calcul du résultat puisse « (Résultat) : (x ± U) (unités) [où] l’incertitude
être répété si nécessaire. décrite est une incertitude élargie [une incertitude
élargie telle qu'elle est définie dans le Vocabulaire
9.2.3. Lorsqu’un compte rendu détaillé incluant les International des termes de Base et Généraux en
valeurs intermédiaires introduites est nécessaire, le Métrologie, ISO 1993, deuxième édition] calculée en
compte rendu doit : utilisant un facteur d’élargissement de 2, [qui donne
• donner la valeur de chaque valeur d’entrée, son un niveau de confiance d’environ 95 %] ».
incertitude type et une description des modalités Les termes entre parenthèses [ ] peuvent être omis ou
de son obtention ; abrégés si nécessaire.
• donner la relation liant le résultat aux valeurs en Le facteur d’élargissement doit bien sur être ajusté en
entrée ainsi que toutes les dérivées partielles, fonction de la valeur réellement utilisée.
covariances et tous les coefficients de corrélation EXEMPLE :
utilisés pour rendre compte des effets de
Azote total : (3,52 ± 0,14) g/100 g *
corrélation ;
• faire état du nombre estimé des degrés de liberté * L’incertitude décrite est une incertitude élargie calculée
pour l’incertitude type associée à chaque valeur à l'aide d'un facteur d’élargissement de 2 qui donne un
niveau de confiance d’environ 95 %.
d’entrée (les méthodes d’estimation des degrés de
liberté sont données dans le Guide ISO) [H.2.]). 9.5. Expression numérique des résultats
REMARQUE : Lorsque la relation fonctionnelle est 9.5.1. Les valeurs numériques du résultat et de son
extrêmement complexe ou n’est pas explicitement incertitude ne doivent pas être données sous une
disponible (par exemple elle peut n’exister que sous forme comprenant un nombre excessif de chiffres.
forme d’un programme informatique), elle peut être
décrite en termes généraux ou sous formes d’une
Que soit communiquée l’incertitude élargie U ou
citation des références appropriées. Dans de tels cas, les l’incertitude type u, il est rarement nécessaire de
fournir plus de deux chiffres significatifs pour

27
Quantification de l’Incertitude Compte rendu de l’incertitude
exprimer l’incertitude. Les résultats doivent être
arrondis afin de concorder avec l’incertitude fournie. 9.7.2. Le Guide Eurachem « Utilisation des
informations sur l’incertitude pour l’évaluation de la
conformité » [H.24] donne des précisions sur la
9.6. Intervalles asymétriques manière de prendre en compte l’incertitude lors de
l’évaluation de la conformité. Les paragraphes
9.6.1. Dans certains cas, notamment pour les suivants sont le résumé des principes de la référence
incertitudes des résultats proches de zéro (Annexe F) [H.24].
ou selon l’estimation de Monte Carlo (Annexe E.3), la
distribution associée au résultat peut être fortement 9.7.3. Les exigences de base pour décider si l’on
asymétrique. Il peut donc se révéler inapproprié de accepte ou non l’échantillon d’essai sont :
citer une valeur unique pour l’incertitude. Il convient • Une spécification des limites maximales
plutôt de fournir les limites de l’intervalle élargi et/ou minimales permises des
estimé. Si le résultat et son incertitude sont caractéristiques (mesurandes) à contrôler.
susceptibles d’être utilisés pour des calculs, • Une règle de décision décrivant la manière
l’incertitude-type doit également être donnée. dont l’incertitude sera prise en compte pour
l’acceptation ou rejet d’un produit selon ses
EXEMPLE : La pureté (sous forme de fraction massique) doit être spécifications et les résultats de mesure.
considérée comme suit : • La(les) limite(s) de la zone d’acceptation ou
Pureté : 0,995 avec un intervalle de confiance d’environ de rejet (par exemple l’étendue des résultats),
95 %. De 0,983 à 1,000 avec une incertitude-type de provenant de la règle de décision, qui
0,005 et 11 degrés de liberté.
entraîne l’acceptation ou le rejet lorsque les
résultats de mesure sont compris dans cette
zone.
9.7. Conformité par rapport aux limites
EXEMPLE : D’après une règle de décision qui est actuellement
9.7.1. La conformité réglementaire exige souvent de largement utilisée, un résultat entraîne la non-conformité
démontrer qu’un mesurande, comme la concentration avec la limite maximale lorsque la valeur mesurée
d’une substance toxique, se situe effectivement dans dépasse cette limite plus l’incertitude élargie. Avec cette
des limites précises. Dans ces conditions, la mesure de règle de décision, seul le cas (i) de la Figure 2 entraîne
une non-conformité. De même, avec une règle de
l’incertitude intervient clairement dans l’interprétation décision pour laquelle un résultat entraîne la conformité
des résultats analytiques. En particulier : seulement s’il est inférieur à la limite de l’incertitude
• Il peut s'avérer nécessaire de prendre en compte élargie, seul le cas (iv) entraîne la conformité.
l'incertitude sur le résultat analytique pour
évaluer la conformité ;
• Les limites peuvent avoir été fixées en prenant 9.7.4. En général, les règles de décision sont plus
partiellement en compte les incertitudes. compliquées que celles présentées ici. La référence
On doit prêter attention à ces deux facteurs pour toute H.24 permet d’approfondir le sujet.
évaluation.

28
Quantification de l’Incertitude Compte rendu de l’incertitude

Limite
supérieure
de contrôle

(i) ( ii ) ( iii ) ( iv )
Résultat plus Résultat au-dessus Résultat inférieur à Résultat moins
incertitude au- de la limite mais limite mais limite incertitude
dessus de la limite incluse dans incluse dans inférieur
limite l’incertitude l’incertitude à la limite

Figure 2 : Incertitude et limites de conformité

29
Quantification de l’incertitude Annexe A

Annexe A. Exemples
Introduction

Introduction Générale Exemple A2 :


Ces exemples illustrent comment les techniques Cet exemple traite de la préparation d'une solution
permettant d'évaluer l'incertitude, décrites dans les étalon de soude (NaOH) qui est étalonnée par rapport à
paragraphes 5 à 7, peuvent être appliquées à certaines une solution d'étalon titrimétrique, le phtalate de
analyses chimiques typiques. Elles suivent toutes la potassium (KHP). Il comprend l'évaluation de
procédure indiquée sur l'organigramme (Figure 1). Les l'incertitude sur des simples mesures de volume et de
sources d'incertitude sont identifiées et indiquées dans pesées, comme décrit dans l'exemple A1, mais
un diagramme des causes et des effets (voir annexe D). examine aussi l'incertitude associée à la détermination
Cela permet d'éviter de compter deux fois les sources titrimétrique.
et contribue également à regrouper les composantes
dont l'effet combiné peut être évalué. Les exemples de Exemple A3 :
1 à 6 illustrent l'emploi de la méthode du tableur de
l'Annexe E.2. permettant de calculer les incertitudes L'exemple A3 revient sur l'exemple A2 en ajoutant le
titrage d'une solution d'HCl par rapport la solution de
combinées à partir des contributions calculées u(y,xi).*
NaOH préparée.
Chacun des exemples 1 à 6 a un résumé préliminaire.
Cela donne les grandes lignes de la méthode
analytique, un tableau des sources d'incertitudes et Exemple A4 :
leurs contributions respectives, une comparaison Cet exemple illustre l'utilisation des résultats de la
graphique des différentes contributions et l'incertitude validation interne comme cela est décrit dans le
combinée. paragraphe 7.7. et montre comment les résultats
Les exemples 1 à 3 et l’exemple 5 illustrent peuvent être utilisés pour évaluer l'incertitude résultant
l'évaluation de l'incertitude à l'aide de la quantification de l'effet combiné de plusieurs sources. Il montre
de l'incertitude provenant de chaque source également comment évaluer l'incertitude associée aux
séparément. Chacun fournit une analyse détaillée de biais de la méthode.
l'incertitude associée à la mesure des volumes à l'aide
de verrerie volumétrique et des masses à partir de Exemple A5 :
pesées par différence. Le détail est donné à des fins
d'illustration et ne doit pas être considéré comme une Cet exemple montre comment évaluer l'incertitude sur
recommandation générale quant au niveau de détail les résultats obtenus à l'aide d'une méthode normalisée
requis ou l'approche prise. Pour de nombreuses ou « empirique » en vue de mesurer la quantité de
analyses, l'incertitude associée à ces opérations ne sera métaux lourds relargués par des récipients en
pas significative et une telle évaluation détaillée sera céramique avec une procédure définie, comme cela est
inutile. Il serait suffisant d'employer des valeurs décrit dans le paragraphe 7.2.-7.9. L'intérêt de cet
typiques pour ces opérations en prenant en exemple est de montrer comment, en l’absence de
considération comme il se doit les valeurs réelles de données d'essais interlaboratoire ou de résultats de tests
masses et de volumes concernés. de robustesse, il faut prendre en considération
l'incertitude résultant de l'éventail des paramètres (par
Exemple A1 : exemple la température, le temps de contact et la force
L'exemple A1 traite du cas très simple de la des acides) autorisés dans la définition de la méthode.
préparation d'une solution étalon pour étalonnage du Ce procédé est considérablement simplifié quand des
cadmium dans de l'HNO3 pour la Spectroscopie résultats d'un essai interlaboratoire sont disponibles,
comme indiqué dans l'exemple suivant.
d'Absorption Atomique (SAA). Il a pour but de
montrer comment évaluer les composantes
Exemple A6 :
d'incertitude résultant des opérations de base des
mesures de volume et de pesée et comment ces Le sixième exemple est fondé sur une estimation de
composantes sont combinées pour déterminer l'incertitude pour un dosage de la cellulose brute
l'incertitude globale. (alimentaire). Puisque l'analyte est uniquement défini
en terme de méthode normalisée, la méthode est
définie dans la pratique, ou empirique. Dans ce cas, des
résultats d'études réalisées en collaboration, des
contrôles d'AQ internes et des données provenant
d'études tirées de la littérature étaient disponibles, ce
* qui a rendu possible l'approche décrite dans le
Le Paragraphe 8.2.2 explique la théorie qui sous-tend
paragraphe 7.6. Les études internes vérifient que la
les contributions calculées u(y,xi).
méthode s'accomplit comme prévu sur la base de

30
Quantification de l’incertitude Annexe A

l'étude interlaboratoire. L'exemple montre comment en plomb d'un échantillon d'eau via l’utilisation de la
l'emploi des résultats des études interlaboratoires, Dilution Isotopique couplée à la Spectrométrie de
confirmés par les contrôles internes des performances Masse (DI-MS). En plus de l'identification des sources
de la méthode, peut nettement réduire le nombre des possibles d'incertitude et de leur quantification à l'aide
diverses contributions requises pour constituer une de moyens statistiques, l'exemple montre comment il
estimation de l'incertitude dans ces circonstances. est également nécessaire d'inclure l'évaluation des
composantes fondées sur l'appréciation comme décrit
Exemple A7 : dans le paragraphe 7.14. Le recours à l'appréciation est
un cas particulier de l'évaluation de Type B comme
Cet exemple donne une description détaillée de cela est décrit dans le Guide ISO [H.2.].
l'évaluation de l'incertitude sur la mesure de la teneur

31
Quantification de l'Incertitude Exemple A1

Exemple A1 : Préparation d'une solution étalon


Résumé

Objectif

Un étalon est préparé à partir d'un métal de grande cCd concentration de l'étalon [mg.L-1]
pureté (cadmium) avec une concentration d’environ 1 000 facteur de conversion de [mL] en [L]
1 000 mg.L-1. m masse de métal de haute pureté [mg]
Procédure de mesure P pureté du métal exprimée sous forme de
fraction massique
La surface du métal de grande pureté est nettoyée pour V volume du liquide de solution étalon [mL]
retirer toute contamination par des oxydes métalliques.
Le métal est ensuite pesé et dissout dans de l'acide Identification des sources d'incertitude :
nitrique dans une fiole volumétrique. Les étapes de la Les principales sources d'incertitude sont indiquées
procédure sont présentées dans l'organigramme dans le diagramme des causes et des effets ci-dessous :
suivant : V Pureté
Température
Etalonnage
Nettoyer la surface
Clean metal Répétabilité
du métal
surface c(Cd)
lisibilité lisibilité
m(tare) m(globale
linéarité )
Linéarité
Peser le métal Répétabilité Répétabilité
Weigh metal sensibilité sensibilité
étalonnage étalonnage
m
Quantification des composantes de l'incertitude
Dissoudre
Dissolveetand
diluer
Les valeurs et leurs incertitudes sont indiquées dans le
dilute tableau ci-dessous.
Incertitude Standard Combinée

RESULTAT
L'incertitude standard combinée pour la préparation
RESULT d'une solution étalon de Cd à 1002,7 mg.L-1 est égale à
0,9 mg.L-1.
Figure A1. 1: Préparation d'un étalon de Les différentes contributions sont présentées à l'aide
cadmium d'un diagramme dans la figure A.1.2..
Mesurande
1000 ⋅ m ⋅ P
c Cd = [mg.L-1]
V
Tableau A1.1 : Valeurs et incertitudes
Incertitude standard
Description Valeur Incertitude standard
relative u(x)/x
P Pureté du métal 0,9999 0,000058 0,000058
m Masse du métal 100,28 mg 0,05 mg 0,0005
V Volume de la fiole 100,0 mL 0,07 mL 0,0007
cCd Concentration de l'étalon 1002,7 mg.L-1 0,9 mg.L-1 0,0009

32
Quantification de l'Incertitude Exemple A1

Figure A1.2 : Contributions des incertitudes dans la préparation de la solution étalon de cadmium

Pureté

c(Cd)

0 0.2 0.4 0.6 0.8 1


-1
|u(y,xi i)| mg L

Les valeurs de u(y,xi) = (∂y/∂xi).u(xi) sont tirées du Tableau A.1.3.

33
Quantification de l'Incertitude Exemple A1

Exemple A1 : Préparation d'une solution étalon. Discussion détaillée

A1.1 Introduction ii) La fiole volumétrique (100 mL) est pesée sans et
avec le métal purifié à l’intérieur. La balance
Dans ce premier exemple préliminaire, il est question utilisée a une résolution de 0,01 mg.
de préparer un étalon pour la spectroscopie iii) 1 mL d'acide nitrique (65 g/100 g) et 3 mL d'eau
d'absorption atomique (SAA), préparé à partir du métal désionisée sont versés dans la fiole dans le but de
de haute pureté correspondant (dans cet exemple ≈ 1 dissoudre le cadmium (approximativement 100 mg,
000 mg.L-1 de Cd dans de l'HNO3 dilué). Même si cet pesé avec exactitude). Ensuite, la fiole est remplie
exemple ne représente pas une mesure analytique d'eau désionisée jusqu'à la marque et mélangée en
complète, l'utilisation d'étalons s’avère commune à la la retournant au moins trente fois.
plupart des déterminations, les mesures analytiques
courantes modernes étant des mesures relatives, qui Calcul :
nécessitent un étalon de référence assurant la Le mesurande dans cet exemple est la concentration de
traçabilité par rapport au SI. la solution étalon, qui dépend de la pesée du métal de
haute pureté (Cd), de la pureté et du volume du liquide
A1.2 Etape 1 : Spécification dans lequel il est dissout. La concentration est donnée
par :
L'objectif de cette première étape est de mettre par
1000 ⋅ m ⋅ P
écrit une définition claire de ce qui est mesuré. Cette cCd = mg.L-1
spécification comprend une description de la V
préparation de l'étalon et de la fonction mathématique
liant le mesurande aux paramètres dont il dépend. où
cCd concentration de l'étalon [mg.L-1]
Procédure
1 000 facteur de conversion de [mL] à [L]
L'information spécifique sur la façon de préparer un m masse du métal de haute pureté [mg]
étalon est normalement donnée dans une Procédure
Opérationnelle Normalisée (SOP). La préparation se P pureté du métal donné sous forme de fraction
compose des étapes suivantes : massique
V volume de liquide de l'étalon [mL]
Figure A1.3 : Préparation de l'étalon de
cadmium A1.3 Etape 2 : Identification et analyse des
sources d'incertitude
Décaper la
Clean metal
surface du L'objectif de cette seconde étape est de dresser la liste
surface
métal de toutes les sources d'incertitude pour chacun des
paramètres qui affectent la valeur du mesurande.

Pureté
Peser le métal
Weigh metal La pureté du métal (Cd) est notée dans le certificat du
fournisseur comme étant égale à (99,99 ± 0,01) %. P
est par conséquent égale à 0,9999 ± 0,0001. Ces
Dissoudre valeurs dépendent de l'efficacité de la purification de la
Dissolve and
et diluer surface du métal de haute pureté. Si l'on se conforme
dilute strictement à la procédure du fabricant, il est inutile
d'ajouter à la valeur indiquée sur le certificat une
incertitude supplémentaire due à la contamination de la
surface par un oxyde métallique.
Résultat
RESULT Masse m
La seconde étape de la préparation nécessite de peser
Les étapes distinctes sont : le métal de haute pureté. Il faut préparer un volume de
100 mL d'une solution de cadmium à 1 000 mg.L-1.
i) La surface du métal de haute pureté est traitée avec
un mélange acide afin d'éliminer toute La masse utile de cadmium est déterminée par une
contamination par un oxyde métallique. pesée tarée, donnant m = 0,10028 g.
Le procédé de décapage est fourni par le fabricant La documentation du fabricant identifie trois sources
du métal et il est nécessaire de l'effectuer pour d'incertitude pour la pesée tarée : la répétabilité ; la
obtenir la pureté notifiée sur le certificat. lisibilité (résolution numérique) de l'échelle de la

34
Quantification de l'Incertitude Exemple A1

balance et la contribution due à l'incertitude sur la Pureté


fonction d'étalonnage de l'échelle. Cette fonction
La pureté du cadmium est donnée sur le certificat
d'étalonnage a deux sources potentielles d'incertitude,
comme étant égale à 0,9999 ± 0,0001. Dans la mesure
identifiées comme étant la sensibilité de la balance et
où on ne dispose pas d'information supplémentaire sur
sa linéarité. La sensibilité peut être négligée puisque la
la valeur de l'incertitude, on suppose que la distribution
masse obtenue par différence est effectuée sur la même
est rectangulaire. Pour obtenir l'incertitude type u(P) il
balance et sur une gamme très restreinte.
faut diviser la valeur de 0,0001 par 3 (voir Annexe
REMARQUE :
E1.1)
La correction de la poussée de l’air n'est pas envisagée car tous les
0.0001
résultats des pesées sont indiqués sur la base conventionnelle des u( P) = = 0.000058
pesées effectuées dans l'air [H.33] et que les densités du Cd et de 3
l’acier sont identiques. La Remarque 1 dans l’annexe G fait
référence à cela. Les incertitudes restantes sont trop faibles pour
qu'il faille les considérer. Masse m
Volume V L'incertitude associée à la masse du cadmium est
estimée, à l'aide des données tirées du certificat
Le volume de la solution obtenu via la fiole
d'étalonnage et des recommandations du fabricant sur
volumétrique est soumis à trois sources majeures
l'estimation de l'incertitude, comme étant égale à
d'incertitude :
0,05 mg. Cette estimation prend en compte les trois
• L'incertitude sur le volume interne certifié de la contributions identifiées précédemment (Section
fiole ; A1.3).
• Variation dans le remplissage de la fiole jusqu'à la REMARQUE :
marque ;
Les calculs détaillés pour les incertitudes sur la masse peuvent être
• Les températures de la fiole et de la solution sont très complexes et il est essentiel de se référer aux documents du
différentes de la température à laquelle le volume fabricant quand les incertitudes sur la masse prédominent. Dans cet
de la fiole a été étalonné. exemple, les calculs sont omis à des fins de clarté.

Les différents effets et leurs influences sont représentés Volume V


sous forme d'un diagramme des causes et des effets sur Le volume a trois influences majeures : étalonnage,
la Figure A1.4 (voir Annexe D pour obtenir la répétabilité et effets de la température.
description).
i) Etalonnage : Le fabricant indique pour la fiole un
volume de 100 mL ± 0,1 mL mesuré à une
température de 20 °C. La valeur de l'incertitude est
Figure A1.4 : Incertitudes sur la préparation donnée sans information sur le niveau de confiance
de l'étalon de Cd ni sur la distribution, aussi une supposition s'avère
V Pureté nécessaire. Ici, on calcule l'incertitude type en
Température supposant que la distribution est triangulaire.
0.1 ml
Etalonnage = 0.04 ml
Répétabilité 6
c(Cd) REMARQUE :
lisibilité lisibilité
Une distribution triangulaire a été choisie car dans un processus
m(tare) m(globale de production efficace, la valeur nominale est plus probable que
linéarité ) ne le sont les extrêmes. La distribution qui en résulte est mieux
Linéarité représentée par une distribution triangulaire que par une
Répétabilité Répétabilité
sensibilité sensibilité distribution rectangulaire.
étalonnage étalonnage
m ii) Répétabilité : L'incertitude due à des variations
dans le remplissage peut être estimée à partir d'une
expérience de répétabilité sur un exemple typique
A1.4 Etape 3 : Quantification des composantes de la fiole utilisée. Une série de dix expériences de
de l'incertitude remplissage et de pesée réalisées sur une fiole
Dans l'étape 3, la dimension de chaque source typique de 100 mL a donné un écart-type de
d'incertitude potentielle identifiée est mesurée 0,02 mL. Celui-ci peut être directement utilisé
directement, estimée à l'aide de précédents résultats comme incertitude type.
expérimentaux ou déduite d'après une analyse iii) Température : D'après le fabricant, la fiole a été
théorique. étalonnée à une température de 20 °C, alors que la
température du laboratoire varie entre les limites de
± 4 °C. L'incertitude résultant de cet effet peut être
calculée à partir de l'estimation de l'intervalle de

35
Quantification de l'Incertitude Exemple A1

températures et du coefficient de dilatation combinéees de la manière suivante :


volumique. La dilatation volumique du liquide est
2 2 2
nettement plus importante que celle de la fiole, uc (cCd )  u ( P)   u (m)   u (V ) 
aussi faut-il seulement considérer la première. Le =   +  + 
coefficient de dilatation volumique de l'eau est de cCd  P   m   V 
2.1 × 10–4 °C–1, ce qui conduit à une variation du = 0.000058 2 + 0.0005 2 + 0.0007 2
volume de :
= 0.0009
± (100 x 4 x 2,1 x 10-4) = ± 0,084 mL
u c (c Cd ) = c Cd × 0.0009 = 1002.7 mg l −1 × 0.0009
L'incertitude type est calculée en supposant que la
variation des températures suit une distribution = 0.9 mg L−1
rectangulaire, c'est-à-dire :
Il est préférable de déduire l'incertitude type composée
0.084 ml
= 0.05 mL (uc(cCd)) en se servant de la méthode du tableur donnée
3 en Annexe E, puisqu'il est même possible de l'utiliser
pour des expressions complexes. Le tableur renseigné
Les trois contributions sont combinées pour donner est présenté dans le Tableau A1.3.
l'incertitude type u(V) du volume V
Les valeurs des paramètres sont introduites sur la
seconde ligne de C2 à E2. Leurs incertitudes type se
u (V ) = 0.04 2 + 0.02 2 + 0.05 2 = 0.07 mL situent sur la ligne inférieure (C3-E3). Le tableur copie
les valeurs de C2-E2 dans la seconde colonne de B5 à
A1.5 Etape 4: Calcul de l'incertitude type B7. Le résultat (c(Cd)) obtenu avec ces valeurs est
composée donné en B9. La C5 indique la valeur de P de C2 à
laquelle est additionnée son incertitude donnée en C3.
cCd est donné par : Le résultat du calcul obtenu avec les valeurs C5-C7 est
donné en C9. Les colonnes D et E suivent la même
1000 ⋅ m ⋅ P procédure. Les valeurs indiquées sur la ligne 10 (C10-
cCd = [mg L-1 ] E10) sont les différences de la ligne (C9-E9) minorées
V
de la valeur donnée en B9. Sur la ligne 11 (C11-E11)
Les valeurs intermédiaires, leurs incertitudes types et les valeurs de la ligne 10 (C10-E10) sont élevées au
leurs incertitudes types relatives sont résumées au carré et additionnées pour donner la valeur indiquée en
verso (Tableau A1.2) B11. B13 donne l'incertitude type composée, qui est la
Avec ces valeurs, la concentration de l'étalon est : racine carrée de B11.

1000 × 100.28 × 0.9999 Les contributions des différents paramètres sont


cCd = = 1002.7 mg L−1 indiquées sur la Figure A1.5. La contribution de
100.0 l'incertitude sur le volume de la fiole est la plus
Pour cette expression multiplicative simple, les importante et celle résultant de la procédure de pesée
incertitudes associées à chaque composante sont est similaire. L'incertitude sur la pureté du cadmium
n'a pratiquement pas d'influence sur l'incertitude
Tableau A1.2 : Valeurs et Incertitudes globale.
Description Valeur x u (x) u (x) / x L'incertitude élargie U(cCd) est obtenue en multipliant
Pureté du l'incertitude type composée par un facteur
0.9999 0.000058 0.000058
métal P d'élargissement égal à 2, ce qui donne :
Masse du
100.28 0.05 mg 0.0005
métal m (mg) U (c ) = 2 × 0.9 mg L = 1.8 mg L
Cd
−1 −1

Volume de la
100.0 0.07 mL 0.0007
fiole V (mL)

36
Quantification de l'Incertitude Exemple A1

Tableau A1.3 : Calcul de l'incertitude à l'aide d'un tableur

A B C D E
1 P M V
2 Valeur 0.9999 100.28 100.00
3 Incertitude 0.000058 0.05 0.07
4
5 P 0.9999 0.999958 0.9999 0.9999
6 M 100.28 100.28 100.33 100.28
7 V 100.0 100.00 100.00 100.07
8
9 c(Cd) 1002.69972 1002.75788 1003.19966 1001.99832
10 u(y,xi) 0.05816 0.49995 -0.70140
2 2
11 u(y) , u(y,xi) 0.74529 0.00338 0.24995 0.49196
12
13 u(c(Cd)) 0.9

37
Quantification de l'Incertitude Exemple A1

Figure A1.5 : Contributions des incertitudes dans la préparation de l'étalon de cadmium


|

Pureté

c(Cd)

0 0.2 0.4 0.6 0.8 1

|u(y,xi)| mg L-1
Les valeurs de u(y,xi) = (∂y / ∂xi).u(xi) sont tirées du Tableau A1.3

38
Quantification de l'Incertitude Exemple A2

Exemple A2 : Etalonnage d'une Solution de Soude


Résumé

Objectif :
Une solution de soude (NaOH) est étalonnée avec du Pesée de HPK
Weighing KHP
phtalate de potassium, qui est un étalon titrimétrique
(KHP).

Procédure de la mesure : Préparation


Preparing
de NaOHNaOH
L'étalon titrimétrique (KHP) est séché et pesé. Après
avoir préparé la solution de NaOH, l'échantillon de
l'étalon titrimétrique (KHP) est dissout et titré à l'aide
de la solution de NaOH. Les étapes de la procédure
sont indiquées dans le diagramme Figure A2.1.
Titration
Titration

Mesurande :
1000 ⋅ m KHP ⋅ PKHP RESULTAT
c NaOH = [ mol L−1 ] RESULT
M KHP ⋅VT
où Figure A2.1 : Etalonnage de NaOH
cNaOH concentration de la solution de NaOH Identification des sources d'incertitude :
[mol.L–1]
Les principales sources d'incertitude sont présentées
1000 facteur de conversion [mL] en [L] sous forme d'un diagramme des causes et des effets sur
mKHP masse de l'étalon titrimétrique KHP [g] la Figure A2.2.Figure A2.2
PKHP pureté de l'étalon titrimétrique exprimée sous
Quantification des composantes d'incertitude
forme de fraction massique
Les différentes contributions à l'incertitude sont
MKHP masse molaire de KHP [g.mol–1] données dans le Tableau A2.1 et présentées sous forme
VT volume de titration de la solution de NaOH d'un diagramme sur la
[mL] Figure A2.3. L'incertitude type composée pour la
solution de NaOH à 0,10214 mol.L-1 est égale à
0,00010 mol.L-1

Tableau A2.1 : Valeurs et incertitudes pour le titrage

Incertitude type u(x) Incertitude type relative


Description Valeur x
u (x) / x
rep Répétabilité 1,0 0,0005 0,0005
mKHP Poids du HPK 0,3888 g 0,00013 g 0,00033

PKHP Pureté du HPK 1,0 0,00029 0,00029

MKHP Masse molaire du HPK 204,2212 g mol-1 0,0038 g mol-1 0,000019

VT Volume de NaOH pour le 18,64 mL 0,013 mL 0,0007


titrage du HPK
CNaOH Solution NaOH 0,10214 mol L-1 0,00010 mol L-1 0,00097

39
Quantification de l'Incertitude Exemple A2

Figure A2.2 : Diagramme des causes et des effets pour le titrage


P(KHP) m(KHP) étalonnage
étalonnage sensibilité
sensibilité
Linéarité
linéarité
m(globale)
m(tare)

CNaOH
V(T) Etalonnage
Point final
Température
m(KHP)
Point final

répétabilité V(T) M(KHP)


biais

Figure A2.3 : Contributions à l'incertitude sur le titrage

V(T)
M(KHP)
P(KHP)
m(KHP)
Répétabilité
c(NaOH)

0 0.02 0.04 0.06 0.08 0.1 0.12


- -1
|u(y,xi i)| mmol L

Les valeurs de u(y,xi) = (∂y / ∂xi).u(xi) sont tirées du Tableau A2.

40
Quantification de l'Incertitude Exemple A2

Exemple A2 : Etalonnage d'une solution de soude. Discussion détaillée.

incertitude. Un volume de titration de 19 mL


environ d'une solution de NaOH à 0,1 mol.L-1
A2.1 Introduction suppose de peser une quantité aussi proche que
Ce second exemple préliminaire aborde le cas d’une possible de :
expérience visant à déterminer la concentration d'une
204.2212 × 0.1 × 19
solution de soude (NaOH). NaOH est titré avec du = 0.388 g
phtalate de potassium, un étalon titrimétrique (KHP). 1000 × 1.0
On suppose que la concentration de NaOH est proche La pesée est effectuée sur une balance dont le
de 0,1 mol.L–1. Le point final du titrage est déterminé à dernier chiffre correspond à 0,1 mg.
l'aide d'un système de titrage automatique utilisant une
ii) Une solution de soude à 0,1 mol.L-1 est préparée.
électrode pH couplée qui détermine la forme de la
courbe de pH. La composition fonctionnelle de l'étalon Pour 1 L de solution, il faut peser ≈ 4 g de NaOH.
titrimétrique phtalate de potassium (KHP), qui Toutefois, comme la concentration de la solution
correspond au nombre de protons libres rapporté au de NaOH est déterminée via un dosage par l'étalon
nombre total de molécules, établit la traçabilité de la primaire de KHP et non par calcul direct, il est
concentration de la solution de NaOH au système inutile de disposer de renseignements sur les
d'unités SI. sources d'incertitude en rapport avec la masse
moléculaire ou la masse de NaOH prélevée.
A2.2 Etape 1 : Spécification iii) La quantité pesée d'étalon titrimétrique KHP est
L'objectif de la première étape est de décrire la dissoute dans ≈ 50 mL d'eau désionisée et ensuite
procédure de mesurage. Cette description consiste à titrée à l'aide de la solution de NaOH. Un système
établir une liste des étapes du mesurage et à donner une automatique de titration permet de contrôler le
expression mathématique du mesurande et des volume de NaOH ajouté et enregistre la courbe de
paramètres dont il dépend. pH. Il détermine également le point final du
titrage d'après le tracé de la courbe enregistrée.
Procédure :
Calcul :
La séquence de la mesure destinée à étalonner la
solution de NaOH comprend les étapes suivantes. Le mesurande est la concentration de la solution de
NaOH, qui dépend de la masse de KHP, de sa pureté,
Figure A2.4 : Etalonnage d'une solution de de son masse moléculaire et du volume de NaOH au
soude point d’équivalence du titrage.

1000 ⋅ m KHP ⋅ PKHP


Pesée de HPK c NaOH = [ mol L−1 ]
Weighing KHP M KHP ⋅ VT

cNaOH concentration de la solution de NaOH
Préparation de
Preparing
NaOHNaOH [mol.L–1]
1000 facteur de conversion [mL] en [L]
mKHP masse d'étalon titrimétrique, le KHP [g]

Titration PKHP pureté de l'étalon titrimétrique donnée sous


Titration forme de fraction massique
MKHP masse molaire du KHP [g.mol–1]
VT volume de titration de la solution de NaOH
RESULTAT
RESULT [mL]
A2.3 Etape 2 : Identification et analyse des
Les différentes étapes sont : sources d'incertitudes
L'objectif de cette étape est d'identifier toutes les
i) Séchage de l'étalon de phtalate de potassium
sources d'incertitude majeures et de comprendre leur
(KHP) conformément aux instructions du
effet sur le mesurande et son incertitude. On a montré
fournisseur. Les instructions sont données dans le
que cette étape était l'une des plus délicates de
certificat du fournisseur, lequel indique également
l'évaluation de l'incertitude de mesures analytiques, car
la pureté de l'étalon titrimétrique et son

41
Quantification de l'Incertitude Exemple A2

certaines sources d'incertitude risquent d'une part d'être d'une mesure à l'autre et à l'incertitude d'étalonnage de
négligées et d'autre part d'être comptées deux fois. la balance. L'étalonnage lui-même a deux sources
L'emploi d'un diagramme des causes et des effets possibles d'incertitude : la sensibilité et la linéarité de
(Annexe D) est une des manières de prévenir ce risque. la fonction d'étalonnage. Si la pesée est effectuée sur
Dans l'élaboration de ce diagramme, la première étape une même échelle et sur un faible intervalle de masse,
consiste à tracer les quatre paramètres de l'équation du alors la contribution de la sensibilité peut être négligée.
mesurande comme étant les principales flèches.
Toutes ces sources d'incertitude sont ajoutées sur le
Ensuite, on envisage chaque étape de la méthode et on diagramme des causes et des effets (voir Figure A2.6).
ajoute sur le diagramme toute autre facteur d’influence
agissant indépendamment de l'effet principal. On Pureté PKHP
P(KHP) m(KHP) La pureté du KHP est renseignée dans le catalogue du
fournisseur comme étant comprise entre 99,95 % et
100,05 %. PKHP est par conséquent 1,0000 ± 0,0005. Il
n'y a pas d'autre source d'incertitude si la procédure de
c(NaOH) séchage a été effectuée conformément à la spécification
du fournisseur.

Masse molaire MKHP

V(T) M(KHP) L'hydrogéno-phtalate de potassium (KHP) a la formule


brute suivante :
Figure A2.5 : Première étape dans la construction
d'un diagramme des causes et des effets C8H5O4K
L'incertitude sur la masse molaire du composé peut être
effectue ceci pour chacune des flèches jusqu'à ce que déterminée en combinant l'incertitude sur les masses
les effets deviennent suffisamment infimes, c'est-à- atomiques des éléments qui le constituent. Un tableau
dire, jusqu'à ce que les effets sur le résultat soient des masses atomiques comprenant les estimations des
négligeables. incertitudes est publié tous les deux ans par l'IUPAC
dans le « Journal of Pure and Applied Chemistry ». Il
Masse mKHP est possible de calculer directement la masse molaire à
partir de ceux-ci ; le diagramme des causes et des effets
On pèse environ 388 mg of KHP pour étalonner la
(Figure A2.7) omet les masses atomiques individuelles
solution de NaOH. La procédure de pesée consiste à
à des fins de clarté.
réaliser une pesée par différence. Ceci signifie qu'il
faut tracer sur le diagramme des causes et des effets
Volume VT
une flèche pour la détermination de la tare (mtare) et
une autre flèche pour la masse totale (mglobale). Le titrage est réalisé à l'aide d'une burette à piston de
Chacune des deux pesées est sujette à une variabilité 20 mL. Le volume de NaOH délivré par la burette à

P(KHP) m(KHP) etalonnage


étalonnage
sensibilité

sensibilité répétabilité linéarité


répétabilité
linéarité
m(globale)
m(tare)

c(NaOH)

V(T) M(KHP)
Figure A2.6 : Diagramme des causes et des effets avec les sources
d'incertitude qui ont été ajoutées pour la procédure de pesée

42
Quantification de l'Incertitude Exemple A2

piston est sujet aux trois mêmes sources d'incertitude titrage et à l'inexactitude dans l'évaluation
que le remplissage de la fiole volumétrique dans mathématique du point final à partir de la courbe de
l'exemple précédent. Ces sources d'incertitude sont la dosage.
répétabilité du volume délivré, l'incertitude de
Ces éléments sont inclus dans le diagramme des causes
l'étalonnage de ce volume et l'incertitude résultant de la
et des effets présenté sur la Figure A2.7.
différence entre la température dans le laboratoire et
celle de l'étalonnage de la burette à piston. De plus il y
a la contribution de la détection du point final, qui A2.4 Etape 3 : Quantification des composantes
comporte deux sources d'incertitude. de l'incertitude
1. La répétabilité de la détection du point final, qui est Dans l'étape 3, il faut quantifier l'incertitude de chaque
indépendante de la répétabilité du volume délivré ; source identifiée dans l'étape 2 et ensuite la convertir
2. La possibilité d'une différence systématique entre le en une incertitude type. Toutes les expériences
point final déterminé et le point d'équivalence
(biais), due à l'absorption de carbonate pendant le
comprennent toujours au moins la répétabilité du conséquent uniquement de l'incertitude sur la linéarité
volume délivré par la burette à piston et la répétabilité de la balance.
de l'opération de pesée. Par conséquent il est
Linéarité : Le certificat d'étalonnage de la balance
raisonnable de combiner toutes les contributions de la
indique ± 0,15 mg pour la linéarité. Cette valeur est la
répétabilité en une seule contribution pour l'ensemble
différence maximum entre la masse réelle sur le
de l'expérience et d'utiliser les valeurs tirées de la
plateau et la lecture de l'échelle. Dans sa propre
validation de la méthode pour quantifier sa dimension,
évaluation de l'incertitude de la balance, le fabricant
ce qui a conduit au diagramme corrigé des causes et
recommande d'utiliser une distribution rectangulaire
des effets de la Figure A2.8.
pour convertir la contribution de la linéarité en une
La validation de la méthode présente une répétabilité
incertitude type.
pour l'expérience de titrage égale à 0,05 %. Cette
valeur peut être directement utilisée pour calculer La contribution de la linéarité de la balance est de ce
l'incertitude type composée. fait :
0.15 mg
Masse mKHP = 0.09 mg
3
Les pesées principales sont :
Cette contribution doit être comptée deux fois, une fois
Récipient et KHP : 60,5450 g (observée) pour la tare et une fois pour le masse globale, car
Récipient moins KHP : 60,1562 g (observée) chacune correspond à une observation distincte et les
KHP : 0,3888 g (calculée) effets de la linéarité ne sont pas corrélés.
Ceci donne pour l'incertitude type u(mKHP) de la masse
mKHP, une valeur de
En raison de l'expression de répétabilité combinée
identifiée ci-dessus, il est inutile de prendre en compte u ( m KHP ) = 2 × (0.09 2 )
la répétabilité des pesées. Tout écart systématique sur
⇒ u (m KHP ) = 0.13 mg
l'échelle sera aussi supprimé. L'incertitude découle par

P(KHP) m(KHP) étalonnage

étalonnage
sensibilité
sensibilité linérité
répétabilité
répétabilité
linéarité
m(globale
m(tare)

c(NaOH)
répétabilité
étalonnage

température
Point final

répétabilité
biais V(T) M(KHP)

Figure A2.7 : Diagramme des causes et des effets (toutes les


sources)

43
Quantification de l'Incertitude Exemple A2

REMARQUE 1 : Pour chaque élément, on trouve l'incertitude type en


La correction de la poussée de l’air n'est pas prise en compte car tous
considérant que l'incertitude indiquée par l'IUPAC
les résultats des pesées sont indiqués sur la base conventionnelle des constitue les limites d'une distribution rectangulaire.
pesées effectuées dans l'air [H.33]. Les incertitudes restantes sont On obtient donc l'incertitude type correspondante en
trop faibles pour être considérées. La Remarque 1 dans l’annexe G
fait référence à cela. divisant ces valeurs par 3.
REMARQUE 2 : Les contributions de chaque élément à la masse
molaire, jointes à la contribution de l'incertitude pour
D'autres difficultés apparaissent lorsqu'il d'agit de peser un étalon
titrimétrique. Une différence de température de seulement 1 °C entre chacun, sont :
l'étalon et la balance génère une dérive du même ordre de grandeur
que la contribution de la répétabilité. L'étalon titrimétrique a été Incertitude
Calcul Résultat
totalement séché, mais la procédure de pesée est effectuée à une type
humidité relative proche de 50 %, si bien qu'il faut s'attendre à
observer l'adsorption d'un peu d'humidité. C8 8 × 12,0107 96,0856 0,0037
H5 5 × 1,00794 5,0397 0,00020
O4 4 × 15,9994 63,9976 0,00068
K 1 × 39,0983 39,0983 0,000058
Pureté PKHP
PKHP est égale à 1,0000±0,0005. Le fournisseur ne On calcule l'incertitude sur chacune de ces valeurs en
donne pas d'informations supplémentaires dans son multipliant l'incertitude type dans le tableau précédant
catalogue concernant l'incertitude. Par conséquent par le nombre d'atomes.
on considère que cette incertitude a une distribution Ceci donne une masse molaire pour KHP égale à :
rectangulaire, ainsi l'incertitude type u(PKHP) est
égale à : 0.0005 3 = 0.00029 .

P(KHP) m(KHP) étalonnage


étalonnage
ration sensibilité

sensibilité linéarité
vity
Linéarité
m(globale)
m(tare)

c(NaOH)
V(T)
étalonnage
Ppoint
final température
m(KHP)
Point final

répétabilité biais V(T) M(KHP)

Figure A2.8 : Diagramme des causes et des effets (Répétabilités combinées)

Masse molaire MKHP M KHP = 96.0856 + 5.0397 + 63.9976 + 39.0983

D'après le tableau de l'IUPAC en vigueur lors des


= 204.2212 g mol −1
mesures, les masses atomiques et la liste des Comme cette expression est une somme de valeurs
incertitudes concernant les éléments qui constituent le indépendantes, l'incertitude type u(MKHP) est la simple
KHP (C8H5O4K) étaient : racine carrée de la somme des carrés des contributions
:
Poids Incertitude Incertitude
Elément
atomique indiquée type 0.0037 2 + 0.0002 2 + 0.000682
C 12,0107 ± 0,0008 0,00046 u ( M KHP ) =
+ 0.0000582
H 1,00794 ± 0,00007 0,000040
O 15,9994 ± 0,0003 0,00017 ⇒ u ( M KHP ) = 0.0038 g mol −1
K 39,0983 ± 0,0001 0,000058 REMARQUE :
Comme les contributions des éléments à MKHP sont simplement la
somme des contributions de chaque atome, on pourrait s'attendre,

44
Quantification de l'Incertitude Exemple A2

Tableau A2.2 : Valeurs et incertitudes pour le titrage

Incertitude type u(x) Incertitude type relative


Description Valeur x
u (x) / x
rep Répétabilité 1,0 0,0005 0,0005
mKHP Poids du HPK 0,3888 g 0,00013 g 0,00033

PKHP Pureté du HPK 1,0 0,00029 0,00029

MKHP Masse molaire du HPK 204,2212 g mol-1 0,0038 g mol-1 0,000019

VT Volume de NaOH pour le 18,64 mL 0,013 mL 0,0007


titrage du HPK

d'après la règle générale permettant de combiner les contributions des REMARQUE :


incertitudes à devoir calculer l'incertitude pour la contribution de
chaque élément à partir de la somme des carrés des contributions de Lorsqu'il faut prendre en compte des incertitudes résultant d'un
chaque atome, c'est-à-dire, pour le carbone, contrôle incomplet des facteurs environnementaux tels que la
température, il est essentiel de prendre en compte toutes les
u ( M C ) = 8 × 0.00037 2 = 0.001 . Toutefois, il faut se corrélations sur les effets des différentes valeurs intermédiaires. Dans
cet exemple, l'effet dominant sur la température de la solution est
souvenir que cette règle ne s'applique qu'aux contributions considéré comme étant les effets différentiels d'échauffement des
indépendantes, c'est-à-dire, les contributions de déterminations différents solutés, c'est-à-dire que les solutions ne sont pas en
distinctes de la valeur. Dans ce cas, on obtient le total en multipliant équilibre avec la température ambiante. Les effets de la température
une seule valeur par 8. Il faut remarquer que les contributions des sur la concentration de chaque solution ne sont donc pas corrélés
différents éléments sont indépendantes et se combineront par dans cet exemple et sont par conséquent traités comme des
conséquent de la manière habituelle. contributions indépendantes à l'incertitude.
Volume VT 4. Biais de la détection du point final : Le dosage est
1. Répétabilité du volume délivré : Comme effectué sous une couche d'Argon pour exclure tout
précédemment, la répétabilité a déjà été prise en biais qui serait dû à l'absorption de CO2 dans la
compte par le biais du terme de répétabilité solution de titrage. Cette approche est conforme au
combinée pendant l'expérience. principe selon lequel il est préférable de prévenir un
biais éventuel que de le corriger. Rien d'autre
2. Etalonnage : Les limites d'exactitude du volume n'indique que le point final déterminé à partir du
délivré sont indiquées par le fabricant sous forme tracé de la courbe de pH ne correspond pas au point
d'un chiffre précédé du signe ±. Pour une burette à d'équivalence, car un acide fort est titré avec une
piston de 20 mL, ce nombre est typiquement égal à base forte. Par conséquent on suppose que le biais
± 0,03 mL. Si l'on suppose que la distribution est de la détection du point final et son incertitude sont
triangulaire alors on obtient une incertitude type négligeables. Pour VT on trouve la valeur de
de : 0.03 6 = 0.012mL . 18,64 mL et le fait de combiner les autres
contributions à l'incertitude u(VT) du volume VT
REMARQUE:
Le Guide ISO (F.2.3.3) recommande d'adopter une distribution donne une valeur d'incertitude de :
triangulaire s'il y a des raisons de penser que les valeurs seront
situées avec plus de probabilité au centre de l'intervalle que près u (VT ) = 0.012 2 + 0.006 2
des limites. Pour la verrerie dans les exemples A1 et A2, on a
supposé que la distribution était triangulaire (voir la discussion ⇒ u (VT ) = 0.013 mL
sous : Incertitudes sur le volume dans l'exemple A1).

3. Température : L'incertitude due au manque de A2.5 Etape 4 : Calcul de l'incertitude type


contrôle de la température est calculée de la même composée
manière que dans l'exemple précédent, mais cette
cNaOH est donnée par
fois on prend une variation probable de température
de ± 3 °C (avec un niveau de confiance de 95 %). 1000 ⋅ m KHP ⋅ PKHP
De même le fait de prendre comme coefficient de c NaOH = [ mol L−1 ]
dilatation volumique de l'eau la valeur 2,1 × 10–4 M KHP ⋅ VT
°C–1 conduit à une valeur d'incertitude égale à :
Les valeurs des paramètres dans cette équation, leurs
19 × 2.1 × 10 −4 × 3
= 0.006 mL incertitudes types et leurs incertitudes types relatives
1.96 sont regroupées dans le Tableau A2.2

Ainsi l'incertitude type due au contrôle incomplet A l'aide des valeurs données ci-dessus :
de la température est égale à 0,006 mL.

45
Quantification de l'Incertitude Exemple A2

1000 × 0.3888 × 1.0 supplémentaire est ajoutée.


c NaOH = = 0.10214 mol L−1
204.2212 × 18.64 Il est instructif d'examiner les contributions relatives
des différents paramètres. Les contributions peuvent
Pour une expression multiplicative (comme ci-dessus) être facilement visualisées à l'aide d'un histogramme.
les incertitudes types sont utilisées de la manière La Figure A2.9 montre les valeurs calculées |u(y,xi)| à
suivante : partir du Tableau A2..
2 2 La contribution de l'incertitude du volume de titrage VT
 u (rep )   u ( m KHP ) 
  +   est de loin la plus importante suivie de la répétabilité.
 rep   m KHP  La procédure de pesée et la pureté de l'étalon
2 2 titrimétrique présentent une incertitude du même ordre
u c (c NaOH )  u ( PKHP )   u ( M KHP ) 
= +   +   de grandeur, tandis que l'incertitude sur la masse
c NaOH  PKHP   M KHP  molaire est encore d'un ordre de grandeur inférieur.
2
 u (VT ) 
+   A2.6 Etape 5 : Réévaluer les composantes
 VT  significatives
La contribution du V(T) est la plus grande. Le volume
u (c ) 0.00052 + 0.000332 + 0.000292 + de NaOH pour le titrage du KHP (V(T)) lui-même est
⇒ c NaOH = affecté par quatre facteurs d’influence : la répétabilité
c
NaOH 0.000019 2 + 0.00070 2 du volume délivré, l'étalonnage de la burette à piston,
= 0.00097 la différence entre les températures de l'opération et
celle de l'étalonnage de la burette et la répétabilité de la
détection du point final. Le fait de contrôler le poids de
chaque contribution, révèle que l'étalonnage est le plus
⇒ u (c
c NaOH
)= c NaOH
× 0.00097 = 0.00010 mol L−1 influent. En conséquence, il est nécessaire d'étudier
cette contribution de façon plus poussée.

La feuille de calcul du tableur est utilisée pour


simplifier le calcul précédent de l'incertitude type
composée (voir Annexe E.2). La feuille de calcul
renseignée avec les valeurs appropriées est présentée
sous forme du Tableau A2., auxquels une explication

Figure A2.9 : Contributions à l'incertitude


dans l'étalonnage de NaOH

V(T)
M(KHP)
P(KHP)
m(KHP)
Répétabilité
c(NaOH)

0 0.02 0.04 0.06 0.08 0.1 0.12


|u(y,xii)| (mmol L-1)

46
Quantification de l'Incertitude Exemple A2

Tableau A2.3 : Calcul à l'aide du tableur de l'incertitude du titrage


A B C D E F G
1 Rep m(HPK) P(HPK) M(HPK) V(T)
2 Valeur 1.0 0.3888 1.0 204.2212 18.64
3 Incertitude 0.0005 0.00013 0.00029 0.0038 0.013
4
5 rep 1.0 1.0005 1.0 1.0 1.0 1.0
6 m(HPK) 0.3888 0.3888 0.38893 0.3888 0.3888 0.3888
7 P(HPK) 1.0 1.0 1.0 1.00029 1.0 1.0
8 M(HPK) 204.2212 204.2212 204.2212 204.2212 204.2250 204.2212
9 V(T) 18.64 18.64 18.64 18.64 18.64 18.653
10
11 c(NaOH) 0.102136 0.102187 0.102170 0.102166 0.102134 0.102065
12 u(y,xi) 0.000051 0.000034 0.000030 -0.000002 -0.000071
13 u(y)2, u(y,xi)2 9.72E-9 2.62E-9 1.16E-9 9E-10 4E-12 5.041E-9
14
15 u(c(NaOH)) 0.000099
Les valeurs des paramètres sont données sur la seconde ligne de C2 à G2. Leurs incertitudes types sont introduites sur la
ligne inférieure (C3-G3). Le tableur copie les valeurs à partir de C2-G2 dans la seconde colonne de B5 à B9. Le résultat
(c(NaOH)) obtenu avec ces valeurs est donné en B11. C5 indique la valeur de la répétabilité de C2 à laquelle est ajoutée
son incertitude donnée en C3. Le résultat du calcul effectué à l'aide des valeurs C5-C9 est donné en C11. Les colonnes
D et G suivent une procédure similaire. Les valeurs indiquées sur la ligne 12 (C12-G12) correspondent aux différences
(affectées d’un signe) de la ligne (C11-G11) diminuées de la valeur donnée en B11. Sur la ligne 13 (C13-G13) les
valeurs de la ligne 12 (C12-G12) sont élevées au carré et additionnées dans le but d'obtenir la valeur indiquée en B13.
B15 donne l'incertitude type composée, qui est la racine carrée de B13.

L'incertitude type de l'étalonnage de V(T) avait été Ainsi le choix de la fonction de distribution de ce
calculée à partir des données fournies par le fabricant facteur d’influence a peu d'effet sur la valeur de
qui supposait que la distribution était triangulaire. l'incertitude type composée (uc(cNaOH)) et il est
L'influence du choix de la forme de la distribution est raisonnable de supposer qu'elle est triangulaire. On
présentée dans le Tableau A2.4. obtient l'incertitude élargie U(cNaOH) en multipliant
Conformément à la remarque 1 du paragraphe 4.3.9. du l'incertitude type composée par un facteur
Guide ISO : d'élargissement égal à 2.
« Pour une distribution normale ayant comme espérance µ
et comme écart-type σ, l'intervalle µ ±3σ couvre
U (c NaOH ) = 0.00010 × 2 = 0.0002 mol L−1
approximativement 99,73 % de la distribution. Ainsi, si les
limites supérieure et inférieure a+ et a- définissent des Ainsi la concentration de la solution de NaOH est égale
limites à 99,73 % plutôt que des limites à 100 % et que l'on à (0,1021 ±0,0002) mol L–1.
peut supposer que Xi est distribué pratiquement de façon
normale plutôt que de n'avoir aucune connaissance
spécifique sur Xi [entre les limites], alors u2(xi) = a2 / 9. Par
comparaison, la variance d'une distribution rectangulaire
symétrique de demi-largeur a est égale à a2 / 3 ... et celle
d'une distribution triangulaire symétrique de demi-largeur a
est égale à a2 / 6 .… Les grandeurs des variances des trois
distributions sont contre toute attente similaires étant donné
les différences dans les hypothèses sur lesquelles elles sont
fondées. »

47
Quantification de l'Incertitude Exemple A2

Tableau A2.4 : Effet des différentes hypothèses concernant la distribution


u(V(T;cal)) u(V(T)) uc(cNaOH)
Distribution Facteur
(mL) (mL)
Rectangulaire 3 0,017 0,019 0,00011 mol l-1
Triangulaire 6 0,012 0,015 0,00009 mol l-1
Normale Note 1 9 0,010 0,013 0,000085 mol l-1

Remarque 1 : Le facteur de 9 résulte du facteur égal à 3 dans la Remarque 1


du paragraphe 4.3.9 du Guide ISO (voir page 47 pour les détails).

48
Quantification de l’Incertitude Exemple A3

Exemple A3 : Un Titrage Acide/Base


Résumé
Objectif : Quantification des composantes de l'incertitude :
Une solution d'acide chlorhydrique (HCl) est étalonnée L'incertitude finale est estimée égale à 0,00016 mol L-1.
avec une solution de soude (NaOH) de concentration Le Tableau A3.1 résume les valeurs et leurs
connue. incertitudes; La Figure A3.3 présente les valeurs sous
forme d'un diagramme.
Procédure de la mesure :
Figure A3.1: Procédure de titrage
Afin de déterminer la concentration d’une solution
d'acide chlorhydrique (HCl), on la titre par rapport à
Pesée du KHP
Weighing KHP
une solution de soude (NaOH), qui a été étalonnée via
l'étalon titrimétrique hydrogéno-phtalate de potassium
(KHP). Les étapes de la procédure sont présentées sur
la Figure A3.1. Titrer le KHP
Titrate KHP
Avec NaOH
with NaOH
Mesurande :
1000 ⋅ m KHP ⋅ PKHP ⋅ VT 2 Prélever
Take 1aliquot
aliquote
c HCl = [mol.L-1]
VT 1 ⋅ M KHP ⋅ V HCl d'HCl
of HCl
où les symboles sont ceux donnés dans le tableau A3.1
et où la valeur de 1 000 est un facteur de conversion Titrer HCl
Titrate HCl
des mL en litres. avec NaOH
with NaOH

Identification des sources d'incertitude :


RESULTAT
RESULT
Les principales sources d'incertitude sont présentées
sur la Figure A3.2.

Figure A3.2 : Diagramme des causes et des effets pour le titrage acide / base
V(T2) P(KHP) m(KHP)
Biais Même balance
étalonnage étalonnage
Point final
sensibilité
sensibilité
Température linéarité
linéarité

Etalonnage m(tare)
m(globale)

c(HCl)
m(KHP)
V(T2) Etalonnage Etalonnage
Point final V(T2)
Température
V(T1) Température
Point final V(T1) Point final
V(HCl)

Répétabilité Biais V(T1) M(KHP) V(HCl)

49
Quantification de l’Incertitude Exemple A3

Tableau A3.1 : Valeurs et incertitudes sur le titrage acide / base


Incertitude type Incertitude type
Description Valeur x u (x) relative u(x) / x
rep Répétabilité 1 0.001 0.001
mKHP Poids de HPK 0,3888 g 0,00013 g 0,00033

PKHP Pureté de HPK 1,0 0,00029 0,00029

VT2 Volume de NaOH pour le titrage d'HCl 14,89 mL 0,015 mL 0,0010

VT1 Volume de NaOH pour le titrage du HPK 18,64 mL 0,016 mL 0,00086

MKHP Masse molaire du HPK 204,2212 g mol-1 0,0038 g mol-1 0,000019

VHCl Fraction aliquote d'HCl pour le titrage de 15 mL 0,011 mL 0,00073


NaOH
cHCl Concentration de la solution d'HCl 0,10139 mol l-1 0,00016 mol l-1 0,0016

Figure A3.3 : Contributions des incertitudes au titrage acide / base

V(HCl)
M(KHP)
V(T1)
V(T2)

P(KHP)
m(KHP)
Répétabilité
c(HCl)

0 0.05 0.1 0.15 0.2


|u(y,xi )| (mmol L-1)
Les valeurs de u(y,xi) = (∂y / ∂xi).u(xi) sont tirées du Tableau A3..1

50
Quantification de l’Incertitude Exemple A3
Exemple A3 : Un titrage acide / base. Discussion détaillée
A3.1 Introduction
Dans cet exemple on considère une suite de
manipulations destinées à déterminer la concentration Pesée du HPK
d'une solution d'acide chlorhydrique (HCl). De plus, Weighing KHP
l'accent est mis sur plusieurs aspects particuliers de la
technique de titrage. On titre l'HCl avec une solution
de soude (NaOH), qui a été récemment étalonnée avec Titrer HPK
Titrate KHP
du phtalate de potassium (KHP). Comme dans avec NaOH
with NaOH
l'exemple précédent (A2) on suppose que la
concentration d'HCl est connue pour être de l'ordre de
0,1 mol.L–1 et que le point final du titrage est Prendre 1 aliquote
déterminé à l'aide d'un système de titrage automatique
Take aliquot
d'HCl
of HCl
utilisant le tracé de la courbe de pH. Cette évaluation
donne l'incertitude de la mesure exprimée en unités SI.

Titrer HCl
Titrate HCl
A3.2 Etape 1 : Spécification avec NaOH
with NaOH
Une description détaillée de la procédure de mesure est
donnée dans la première étape. Elle comprend la liste
des étapes de la mesure et une formulation
RESULTAT
RESULT
mathématique du mesurande.
Procédure
Figure A3.4 : Détermination de la
La détermination de la concentration de la solution concentration d'une solution d'HCl
d'HCl se compose des étapes suivantes (Voir aussi la
Figure A3.4) : Calcul
i) L'étalon titrimétrique hydrogéno-phtalate de Le mesurande est la concentration de la solution d'HCl,
potassium (KHP) est séché dans le but de garantir cHCl. Il dépend de la masse de KHP, de sa pureté, de
la pureté indiquée sur le certificat du fournisseur. son masse moléculaire, des volumes de NaOH au point
On pèse approximativement 0,388 g d'étalon sec final des deux titrages et de l'aliquote d'HCl :
pour obtenir un volume de titrage de 19 mL de
NaOH. 1000 ⋅ m KHP ⋅ PKHP ⋅ VT 2
c HCl = [ mol L−1 ]
ii) L'étalon titrimétrique de KHP est dissout avec ≈ VT 1 ⋅ M KHP ⋅ V HCl
50 mL d'eau désionisée et le tout titré avec la
solution de NaOH. Un système de titrage contrôle
automatiquement l'ajout de NaOH et où
échantillonne la courbe de pH. Le point final est cHCl concentration de la solution d'HCl [mol.L-1]
déduit du tracé de la courbe enregistrée.
1000 facteur de conversion de [mL] en [L]
iii) A l'aide d'une pipette volumétrique on transvase mKHP masse de KHP prélevée [g]
15 mL de solution d' HCl. On dilue la solution
d'HCl avec de l'eau désionisée pour préparer PKHP pureté du KHP donnée sous forme d'une
≈ 50 mL de solution dans le récipient de titrage. fraction massique
iv) Le même titrimètre automatique permet de VT2 volume de la solution de NaOH nécessaire
déterminer la concentration de la solution d'HCl. pour titrer HCl [mL]
VT1 volume de solution de NaOH nécessaire pour
titrer KHP [mL]
MKHP masse molaire de KHP [g.mol–1]
VHCl volume de HCl titrée avec la solution de
NaOH [mL]

51
Quantification de l’Incertitude Exemple A3

Figure A3.5 : Diagramme final des causes et des effets


V(T2) P(KHP) m(KHP)
Biais même balance
étalonnage
Point final étalonnage
sensibilité
sensibilité
Température linéarité
linéarité
étalonnage m(tare)
m(globale)

c(HCl)
m(KHP)
V(T2) étalonnage étalonnage
Point final V(T2)
Température
V(T1) Température
Point final V(T1) Point final
V(HCl)
Répétabilité Biais V(T1) M(KHP) V(HCl)

Répétabilité
A3.3 Etape 2 : Identification et analyse des
sources d'incertitude La validation de la méthode montre que la répétabilité de
la détermination est de 0,001 (en tant que % écart-type
L'analyse des différentes sources d'incertitude et de relatif). Il est possible d'utiliser directement cette valeur
leur influence sur le mesurande sera meilleure si elles pour calculer l'incertitude type composée associée aux
sont d'abord visualisées sur un diagramme des causes différents termes de la répétabilité.
et des effets (Figure A3.5).
Masse mKHP
Comme on dispose d'une estimation de la répétabilité à
partir des études de validation de la procédure dans son Etalonnage / linéarité : Le fabricant de la balance indique
ensemble, il est inutile d'envisager toutes les la valeur de ± 0,15 mg pour la contribution de la linéarité.
contributions à la répétabilité séparément. Elles sont Cette valeur représente la différence maximale entre la
par conséquent regroupées en une seule contribution masse réelle sur le plateau et la lecture de l'échelle. La
(présentée dans le diagramme modifié des causes et contribution de la linéarité est supposée présenter une
des effets sur la Figure A3.5). distribution rectangulaire et est convertie en une
incertitude type :
Les influences sur les paramètres VT2, VT1, mKHP, PKHP
et MKHP ont fait l'objet de discussions approfondies dans 0.15
= 0.087 mg
l'exemple précédent, par conséquent, dans cette section, 3
on s'intéressera de façon plus détaillée uniquement aux
nouvelles grandeurs de VHCl ayant une influence. La contribution due à la linéarité doit être comptée
deux fois, une fois pour la tare et une fois pour la
Volume VHCl masse globale, ce qui conduit à une incertitude
u(mKHP) de :
Il faut transvaser 15 mL de la solution d'HCl étudiée au
moyen d'une pipette volumétrique. Le volume délivré
d'HCl avec la pipette est sujet aux trois mêmes sources u (m KHP ) = 2 × (0.087) 2
d'incertitude que tous les dispositifs de mesure ⇒ u (m KHP ) = 0.12 mg
volumétrique.
REMARQUE 1 :
1. La variabilité ou la répétabilité du volume délivré ;
La contribution est appliquée deux fois car aucune hypothèse n’est faite
2. L'incertitude sur le volume indiqué par la pipette ; à propos de la forme de la non-linéarité. La non-linéarité est en fait
traitée comme un effet systématique s'exerçant sur chaque pesée, qui
3. La température de la solution différant de la varie de façon aléatoire en amplitude sur toute la gamme de mesure.
température d'étalonnage de la pipette. REMARQUE 2 :
A3.4 Etape 3 : Quantification des composantes La correction de la poussée de l’air n’est pas prise en compte car tous les
de l'incertitude résultats des pesées sont indiqués sur la base conventionnelle des pesées
effectuées dans l'air [H.33]. Les incertitudes restantes sont trop faibles
L'objectif de cette étape est de quantifier chaque source pour être considérées. La Remarque 1 dans l’annexe G fait référence à
cela.
d’incertitude analysée dans l'étape 2. La quantification
des différentes composantes a été décrite en détail dans P(KHP)
les deux exemples précédents. Par conséquent seul un
résumé pour chacune de ces différentes contributions P(KHP) est donnée dans le certificat du fournisseur
sera donné. comme étant égal à 100 % avec une incertitude de ±
0.05 %. La contribution de la pureté de KHP est

52
Quantification de l’Incertitude Exemple A3
considérée comme ayant une distribution rectangulaire,
ainsi l'incertitude type u(PKHP) est :
Elément Poids Incertitude Incertitude
0.0005
u ( PKHP ) = = 0.00029 . atomique notée type
3 C 12.0107 ± 0.0008 0.00046
H 1,00794 ± 0,00007 0,000040
Volume VT2
O 15,9994 ± 0,0003 0,00017
i) Etalonnage : Chiffre donné par le fabricant (± K 39,0983 ± 0,0001 0,000058
0,03 mL) et considéré comme une distribution
Pour chaque élément, l'incertitude type est obtenue en
triangulaire 0.03 6 = 0.012mL . considérant l'incertitude donnée par l'IUPAC comme
ii) Température : La variation éventuelle de la limites d'une distribution rectangulaire. On obtient
température est comprise dans les limites de ± 4 °C donc l'incertitude type correspondante en divisant ces
et la distribution est considérée comme valeurs par 3.
rectangulaire : 15 × 2.1 × 10 −4 × 4 3 = 0.007ml .
La masse molaire MKHP et son incertitude u(MKHP)
iii) Biais de la détection du point final : Un biais entre sont, respectivement :
le point de final déterminé et le point d'équivalence
dû au CO2 atmosphérique peut être évité en M KHP = 8 × 12.0107 + 5 × 1.00794 + 4 × 15.9994
réalisant le titrage sous argon. L'incertitude est + 39.0983
négligée.
= 204.2212 g mol −1
VT2 est égal à 14,89 mL et le fait de combiner les deux
contributions à l'incertitude u(VT2) du volume VT2 (8 × 0.00046) 2 + (5 × 0.00004) 2
conduit à une valeur de :
u ( M KHP ) =
+ (4 × 0.00017) 2 + 0.0000582
u (VT 2 ) = 0.012 2 + 0.007 2 ⇒ u ( FKHP ) = 0.0038 g mol −1
⇒ u (VT 2 ) = 0.014 mL REMARQUE :
Les contributions de chaque atome ne sont pas indépendantes. Par
Volume VT1 conséquent on calcule l'incertitude pour la contribution des atomes
en multipliant l'incertitude type des masses atomiques atomique par
Toutes les contributions sauf celle de la température le nombre d'atomes.
sont les mêmes que pour VT2. Volume VHCl

i) Etalonnage : 0.03 6 = 0.012mL i) Etalonnage : Incertitude indiquée par le fabricant


pour une pipette de 15 mL égale à ± 0,02 mL et
ii) Température : Le volume approximatif pour le dont la distribution est considérée comme
titrage de 0,3888 g KHP est de 19 mL de NaOH,
par conséquent sa contribution à l'incertitude est triangulaire : 0.02 6 = 0.008 mL .
−4
égale à : 19 × 2.1 × 10 ×4 3 = 0.009mL . ii) Température : La température du laboratoire est
comprise dans les limites de ± 4 °C. L’utilisation
iii) Biais : Négligeable d’une distribution rectangulaire pour la température
VT1 est égal à 18,64 mL avec une incertitude type donne une incertitude type égale à
u(VT1) de : 15 × 2.1 × 10 −4 × 4 3 = 0.007 mL.
Le fait de combiner ces contributions donne :
u (VT 1 ) = 0.012 2 + 0.009 2
⇒ u (VT 1 ) = 0.015 mL u (V HCl ) = 0.0037 2 + 0.008 2 + 0.007 2
⇒ u (V HCl ) = 0.011 mL
Masse molaire MKHP

Les masses atomiques et les incertitudes répertoriées


(tirées des tableaux en vigueur de l'IUPAC) pour les
éléments constitutifs de KHP (C8H5O4K) sont :

53
Quantification de l’Incertitude Exemple A3

Tableau A3.2 : Valeurs et incertitudes du titrage acide / base (procédure de l'étape 2)


Incertitude type Incertitude type relative
Description Valeur x u ( x) u ( x) / x
rep Répétabilité 1 0.001 0.001
mKHP Masse de HPK 0.3888 g 0.00012 g 0.00031

PKHP Pureté de HPK 1.0 0.00029 0.00029

VT2 Volume de NaOH pour le titrage d'HCl 14.89 mL 0.014 mL 0.00094

VT1 Volume de NaOH pour le titrage du HPK 18.64 mL 0.015 mL 0.00080

MKHP Masse molaire du HPK 204.2212 g mol-1 0.0038 g mol-1 0.000019

VHCl Fraction aliquote d'HCl pour le titrage de 15 mL 0.011 mL 0.00073


NaOH

A3.5 Etape 4 : Calcul de l'incertitude type Il est possible d'utiliser un tableur (voir Annexe E)
composée pour simplifier le calcul de l'incertitude type composée
ci-dessus. La feuille de calcul renseignée avec les
cHCl est donnée par : valeurs appropriées est présentée dans le Tableau A3.3,
auquel est joint une explication.
1000 ⋅ m KHP ⋅ PKHP ⋅ VT 2
c HCl = Les différentes contributions peuvent être comparées à
VT 1 ⋅ M KHP ⋅ V HCl
l'aide d'un histogramme. La Figure A3.6 présente les
REMARQUE : valeurs des contributions |u(y,xi)| tirées du Tableau
L'estimation de la répétabilité est, dans cet exemple, traitée comme
A3.3
un effet relatif ; l'équation complète du modèle est par conséquent :
Figure A3.6 : Incertitudes dans le titrage
1000 ⋅ m KHP ⋅ PKHP ⋅ VT 2 acide / base
c HCl = × rep
VT 1 ⋅ M KHP ⋅ V HCl
V(HCl)

Toutes les valeurs intermédiaires de cette expérience à M(KHP)


deux étapes et leurs incertitudes types sont regroupées V(T1)
dans le Tableau A3.3 A l'aide de ces valeurs : V(T2)

1000× 0.3888×1.0 ×14.89 P(KHP)

c HCl = ×1 = 0.10139 mol L-1 m(KHP)


18.64 × 204.2212×15 Répétabilité

c(HCl)

Les incertitudes associées à chaque composante sont 0 0.05 0.1 0.15 0.2
propagées selon : -1
|u(y,xi)| ( mmol L )

2 2 2
 u (mKHP )   u ( PKHP )   u (VT 2 ) 
  +   +   L'incertitude élargie U(cHCl) est calculée en multipliant
 mKHP   PKHP   VT 2  l'incertitude type composée par un facteur
2 2 2
uc (cHCl )  u (VT 1 )   u ( M KHP )   u (VHCl )  d'élargissement égal à 2 :
= +   +   +  
cHCl  
 VT 1   M KHP   VHCl  U (c HCl ) = 0.00018 × 2 = 0.0004 mol L-1
+ u (rep ) 2

La concentration de la solution d'HCl est :


0.000312 + 0.000292 + 0.000942 +
= (0.1014 ±0.0004) mol.L–1
0.000802 + 0.0000192 + 0.000732 + 0.0012
= 0.0018
⇒ u c (c HCl ) = c HCl × 0.0018 = 0.00018 mol L−1

54
Quantification de l’Incertitude Exemple A3

Tableau A3.3 : Titrage acide / base – Calcul de l'incertitude à l'aide du tableur


A B C D E F G H I
1 rep m(HPK) P(HPK) V(T2) V(T1) M(HPK) V(HCl)
2 Valeur 1.0 0.3888 1.0 14.89 18.64 204.2212 15
3 Incertitude 0.001 0.00012 0.00029 0.014 0.015 0.0038 0.011
4
5 rep 1.0 1.001 1.0 1.0 1.0 1.0 1.0 1.0
6 m(HPK) 0.3888 0.3888 0.38892 0.3888 0.3888 0.3888 0.3888 0.3888
7 P(HPK) 1.0 1.0 1.0 1.00029 1.0 1.0 1.0 1.0
8 V(T2) 14.89 14.89 14.89 14.89 14.904 14.89 14.89 14.89
9 V(T1) 18.64 18.64 18.64 18.64 18.64 18.655 18.64 18.64
10 M(HPK) 204.2212 204.2212 204.2212 204.2212 204.2212 204.2212 204.2250 204.2212
11 V(HCl) 15 15 15 15 15 15 15 15.011
12
13 c(HCl) 0.101387 0.101489 0.101418 0.101417 0.101482 0.101306 0.101385 0.101313
14 u(y, xi) 0.000101 0.000031 0.000029 0.000095 - 0.000082 - 0.0000019 - 0.000074
15 u(y)2, 3.34E-8 1.03E-8 9.79E-10 8.64E-10 9.09E-9 6.65E-9 3.56E-12 5.52E-9
u(y, xi)2
16
17 u(c(HCl)) 0.00018
Les valeurs des paramètres sont données sur la seconde ligne de C2 à I2. Leurs incertitudes types sont introduites sur la ligne
inférieure (C3-I3). Le tableur copie les valeurs de C2-I2 dans la seconde colonne de B5 à B11. Le résultat (c(HCl)) obtenu à
partir de ces valeurs est donné en B13. La ligne C5 présente la valeur de la répétabilité de C2 plus son incertitude donnée en
C3. Le résultat du calcul utilisant les valeurs C5-C11 est donné en C13. Les colonnes de D à I suivent une procédure
similaire. Les valeurs présentées sur la ligne 14 (C14-I14) sont les différences (affectées d’un signe) de la ligne (C13-H13)
diminuées de la valeur donnée en B13. Sur la ligne 15 (C15-I15) les valeurs de ligne 14 (C14-I14) sont élevées au carré et
additionnées pour donner la valeur indiquée en B15. B17 donne l'incertitude type composée, qui est la racine carrée de B15.

A3.6 Aspects particuliers de l'exemple de Le résultat analytique final est calculé à l'aide des
titrage volumes corrigés et non avec les volumes étalonnés à
20°C. Un volume est corrigé pour ce qui est de l'effet
Trois aspects particuliers de l'expérience de titrage de la température via l'expression :
seront discutés dans la seconde partie de l'exemple. Il
est intéressant de voir quel effet auraient des V ' = V [1 − α (T − 20)]
modifications dans l‘installation expérimentale ou dans
la mise en oeuvre du titrage sur le résultat final et son où
incertitude type composée. V' volume à 20 °C
Influence d'une température ambiante moyenne de V volume à la température moyenne T
25°C α coefficient de dilatation d'une solution aqueuse
Pour les analyses de routine, les analystes corrigent [°C–1]
rarement l'effet systématique de la température dans le T température observée dans le laboratoire [°C]
laboratoire sur le volume. Ce problème concerne
l'incertitude introduite par les corrections nécessaires. L'équation du mesurande doit être réécrite :
Les dispositifs de mesure volumétrique sont étalonnés 1000 ⋅ mKHP ⋅ PKHP V 'T 2
à une température de 20°C. Mais il est rare qu'un c HCl = ⋅
M KHP V 'T 1 ⋅V ' HCl
laboratoire d'analyses soit équipé d'un régulateur de
température qui maintienne la température ambiante à
ce niveau. A titre d'exemple, considérons la correction
nécessaire pour une température ambiante moyenne de
25°C.

55
Quantification de l’Incertitude Exemple A3
Le fait d'introduire les termes de correction de la VT 1; Ind volume d'une détection visuelle du point
température donne : d’équivalence
1000 ⋅ mKHP ⋅ PKHP V 'T 2
c HCl = ⋅ VT 1 volume au point d'équivalence
M KHP V 'T 1 ⋅V ' HCl
Vexcess volume en excès nécessaire au virement
 1000 ⋅ mKHP ⋅ PKHP 
=   de la couleur de la phénolphtaléine
 M KHP  La correction sur le volume notée ci-dessus aboutit aux
 VT 2 [1 − α(T − 20)]  modifications suivantes dans l'équation du mesurande :
×  
 VT 1[1 − α(T − 20)] ⋅ VHCl [1 − α(T − 20)]  1000 ⋅ m KHP ⋅ PKHP ⋅ (VT 2; Ind − V Excess )
c HCl =
Il est possible de simplifier cette expression en M KHP ⋅ (VT 1; Ind − V Excess ) ⋅ V HCl
supposant que la température moyenne T et que le
coefficient de dilatation d'une solution aqueuse α sont Il faut recalculer les incertitudes types u(VT2) et u(VT1)
les mêmes pour les trois volumes : en prenant l'incertitude type de la détection visuelle du
point d’équivalence comme composante de
 1000 ⋅ m KHP ⋅ PKHP 
c HCl =   l'incertitude de répétabilité de la détection du point
 M KHP  d’équivalence.
 VT 2  u (VT 1 ) = u (VT 1; Ind − V Excess )
×  
 VT 1 ⋅ V HCl ⋅ [1 − α(T − 20)]  = 0.004 2 + 0.012 2 + 0.009 2 + 0.03 2
Cette expression donne un résultat légèrement différent = 0.034mL
pour la concentration d'HCl à 20°C :

c HCl = u (VT 2 ) = u (VT 2; Ind − V Excess )


1000 × 0.3888 × 1.0 × 14.89 = 0.004 2 + 0.012 2 + 0.007 2 + 0.03 2
204.2236 × 18.64 × 15 × [1 − 2.1 × 10 − 4 (25 − 20)] = 0.033mL
−1
= 0.10149 mol L L'incertitude type composée
Ce nombre est encore situé dans l'intervalle donné par
l'incertitude type composée du résultat à une u c (c HCl ) = 0.0003 mol L−1
température moyenne de 20°C, aussi le résultat n'est-il
est nettement plus grande que précédemment.
pas significativement affecté. La variation n'affecte pas
non plus l'évaluation de l'incertitude type composée, Triple détermination permettant d'obtenir le résultat
car une variation de température de ± 4°C à la final
température ambiante moyenne de 25°C est encore L'expérience en deux étapes est réalisée trois fois dans
supposée. le but d'obtenir le résultat final. La triple détermination
Détection visuelle du point d’équivalence est supposée diminuer la contribution résultant de la
répétabilité et réduire ainsi l'incertitude globale.
Un biais est introduit si l'on se sert de phénolphtaléine
comme indicateur pour détecter visuellement le point Comme cela est indiqué dans la première partie de cet
d’équivalence, au lieu d'un système automatique de exemple, toutes les variations d'une mesure à l'autre
titrage qui déduit le point d'équivalence de la courbe de sont regroupées en une seule composante qui
pH. Le virement de la couleur qui passe du transparent représente la répétabilité globale de l'expérience
au rouge/pourpre survient entre les pH 8,2 et 9,8, ce comme cela apparait sur le diagramme des causes et
qui conduit à un volume en excès, introduisant ainsi un des effets (Figure A3.5).
biais en comparaison de la détection du point Les composantes de l'incertitude sont quantifiées de la
d’équivalence réalisée avec un pH-mètre. Des études manière suivante :
ont montré que le volume en excès est proche de
0,05 mL avec une incertitude type pour parvenir à la Masse mKHP
détection visuelle du point final d'environ 0,03 mL. Ce
biais résultant du volume en excès doit être envisagé Linéarité : 0.15 3 = 0.087 mg
dans le calcul du résultat final. Le volume réel pour
obtenir la détection visuelle du point final est donné ⇒ u ( m KHP ) = 2 × 0.87 2 = 0.12 mg
par :
Pureté PKHP
VT 1; Ind = VT 1 + V Excess

Pureté : 0.0005 3 = 0.00029

56
Quantification de l’Incertitude Exemple A3
Volume VT2 Volume VT1

Etalonnage : 0.03 6 = 0.012 mL Etalonnage : 0.03 6 = 0.12 mL


Température : Température :
19 × 2.1 × 10 −4 × 4 3 = 0.009 mL
15 × 2.1 × 10 −4 × 4 3 = 0.007mL

⇒ u (VT 2 ) = 0.012 2 + 0.007 2 = 0.014mL ⇒ u (VT 1 ) = 0.012 2 + 0.009 2 = 0.015 mL


Toutes les valeurs des composantes de l'incertitude
Répétabilité
sont résumées dans le Tableau A3.4. L'incertitude type
L’écart-type moyen à long terme est égal à 0,001 (en composée est égale à 0,00016 mol.L–1, ce qui
tant qu’écart-type relatif) pour l'expérience de la triple représente une diminution très modeste résultant de la
détermination. Il n'est pas recommandé d'utiliser triple détermination. La comparaison des contributions
l'écart-type réel obtenu à partir des trois déterminations des incertitudes sur l'histogramme, présentée sur la
car cette valeur a elle-même une incertitude de 52 %. Figure A3., met en évidence quelques-unes des raisons
L'écart-type 0,001 est divisée par la racine carrée 3 justifiant ce résultat. Bien que la contribution de la
répétabilité soit nettement diminuée, les contributions
pour obtenir l'incertitude type de la triple détermination
des incertitudes volumétriques demeurent, limitant
(trois mesures distinctes) :
d'autant l'amélioration.

Rep = 0.001 3 = 0.00058 (en tant qu’écart type Figure A3.7 : Valeurs et incertitudes du
relatif) titrage acide / base dupliqué
Volume VHCl V(HCl)

M(KHP)
Dupliqué
Mesure
Etalonnage : 0.02 6 = 0.008 mL V(T1) unique
V(T2)
Température :
P(KHP)
15 × 2.1 × 10 −4 × 4 3 = 0.007 mL m(KHP)

Répétabilité

⇒ u(V HCl ) = 0.0082 + 0.007 2 = 0.01 mL c(HCl)

0 0.05 0.1 0.15 0.2


Masse molaire MKHP
||u(y,xi)| (mmol L-1)
u (M KHP ) = 0.0038 g mol −1

Tableau A3.4 : Valeurs et incertitudes du titrage acide / base dupliqué


Incertitude type
Incertitude type
Description Valeur x relative
u(x)
u(x) / x
Rep Répétabilité de la détermination 1,0 0,00058 0,00058
mKHP Masse du HPK 0,3888 g 0,00013 g 0,00033

PKHP Pureté du HPK 1,0 0,00029 0,00029

VT2 Volume de NaOH pour le titrage d'HCl 14,90 mL 0,014 mL 0,00094

VT1 Volume de NaOH pour le titrage de HPK 18,65 mL 0,015 mL 0,0008

MKHP Masse molaire du HPK 204,2212 g mol-1 0,0038 g mol-1 0,000019

VHCl Fraction aliquote d'HCl pour le titrage de 15 mL 0,01 mL 0,00067


NaOH

57
Quantification de l’Incertitude Exemple A4

Exemple A4 : Estimation de l'incertitude déduite des études de validation


interne. Détermination des pesticides organophosphorés dans le pain.
Résumé
Objectif
La quantité d'un résidu de pesticide organophosphoré dans le
pain est déterminée à l'aide d'une extraction et d'un dosage par
chromatographie en phase gazeuse (CG). Figure A4.1 : Analyse des pesticides
organophosphorés
Procédure de mesure
Les étapes nécessaires à la détermination de la quantité de Homogénéiser
Homogenise
résidu de pesticide organophosphoré sont indiquées sur la
Figure A4.1
Mesurande :
Extraction
Extraction
I ⋅ c ⋅V
P = op ref op
⋅ F ⋅ F mg kg
-1
I ⋅ Rec ⋅ m
op hom 1
ref sample

où Purification
Clean-up
Pop Fraction massique de pesticide dans l'échantillon
[mg.kg-1]
Préparer
Prepare
Iop Intensité du pic de l'extrait d'échantillon Concentration
‘Bulk up’ un étalon
calibration
pour l'étalonnage
standard
cref Concentration massique de l'étalon de référence
[µg.mL-1]
Détermination
GC Etalonnage
GC
Vop Volume final de l'extrait [mL]
par CG par CG
Determination Calibration
Iref Intensité du pic de l'étalon de référence
Rec Rendement
msample Masse du sous-échantillon étudié [g] RESULTAT
RESULT
F1 Facteur de correction représentant les effets de la
fidélité intermédiaire sous des conditions
intermédiaires
Fhom Facteur de correction relatif à l'inhomogénéité de l'échantillon

Identification des sources d'incertitude


Les principales sources d'incertitude sont indiquées sur le diagramme des causes et des effets sur la Figure A4.2
Quantification des composantes de l'incertitude
A partir des données d'une validation interne, les trois contributions majeures sont listées dans le Tableau A4.1 et
représentées sous forme d'un diagramme visible sur la Figure A4. (valeurs tirées du Tableau A4.5).

58
Quantification de l’Incertitude Exemple A4

Tableau A4.1 : Incertitudes dans l'analyse des pesticides


Incertitude type
Description Valeur x Incertitude type u(x) Commentaires
relative u(x) / x
Fidélité (1) 1,0 0,27 0,27 Basée sur des essais dupliqués de
différents types d'échantillons
Biais (Rec) (2) 0,9 0,043 0,048 Echantillons dopés

Autres sources (3) 1,0 0,2 0,2 Estimation fondée sur les
(Homogénéité) hypothèses d'un modèle
Pop -- -- 0,34 Incertitude type relative

Figure A4.2 : Sources d'incertitudes dans l'analyse des pesticides

Fidélité I(op) c(ref) V(op)


étalonnage
I(op) Linéarité Pureté (ref)
I(ref) m(ref)
m(ref)
Température étalonnage Température
V(ref)
dilution V(ref) étalonnage
étalonnage étalonnage
V(op)
m(échantillon)
dilution
P(op)

m(globale)

Linéarité m(tare)

Linéarité
étalonnage
étalonnage

Rendement étalonnage
F(hom) I(ref) m(échantillon)

Figure A4.3 : Incertitudes sur l'analyse des pesticides

Homogénéité

Biais

Répétabilité

P(op)

0 0.1 0.2 0.3 0.4


-1
|u(y,xi)| (mg kg )

Les valeurs de u(y,xi) = (∂y / ∂xi).u(xi) sont tirées du Tableau A4.5

59
Quantification de l’Incertitude Exemple A4

60
Quantification de l’Incertitude Exemple A4

Exemple A4 : Détermination des pesticides organophosphorés dans le pain.


Discussion détaillée.

A4.1 Introduction
Cet exemple illustre comment tirer profit des données de ix) Préparation d'un étalon de 5 µg.mL-1 environ
validation interne pour quantifier l'incertitude de mesures. (concentration réelle cref).
Le but de la mesure est de déterminer la quantité d'un
x) Etalonnage de la CG à l'aide de l'étalon préparé,
résidu de pesticide organophosphoré dans le pain. Le
injection et mesure par CG de 5 µL de l'étalon
schéma de la validation et les expériences établissent les
pour donner un pic d’intensité de référence Iref.
performances à l'aide de mesures réalisées sur des
échantillons dopés. Il est fait l’hypothèse que l'incertitude Figure A4.4 : Analyse des pesticides
due à une différence quelconque de réponse de la mesure organophosphorés
obtenue sur le dopant et l'analyte dans l'échantillon est
faible comparée à l'incertitude totale sur le résultat.
Homogénéiser
Homogenise
A4.2 Etape 1 : Spécification
Le mesurande correspond à la fraction massique de
pesticide dans un échantillon de pain. La spécification
détaillée du mesurande pour des méthodes analytiques Extraction
Extraction
plus avancées est plus satisfaisante si l'on procède à
une description exhaustive des différentes étapes de la
méthode analytique et que l'on fournit l'équation du
mesurande. Purification
Clean-up
Procédure
La procédure de la mesure est illustrée schématiquement Concentration Préparer étalon
Prepare
sur la Figure A4.. Les étapes distinctes sont : ‘Bulk up’ pour calibration
étalonnage
i) Homogénéisation : L'ensemble de l'échantillon est standard
divisé en petits fragments (approx. 2 cm), une Etalonnage
sélection aléatoire de 15 de ces fragments est Détermination
GC par CG
GC
réalisée et le sous-échantillon homogénéisé. par CG
Determination Calibration
Lorsque une inhomogénéité extrème est
suspectée, un échantillonnage proportionnel est
mis en œuvre avant de faire le mélange.
RESULTAT
RESULT
ii) La pesée des sous-échantillons destinés à
l'analyse donne la masse msample
Calcul
iii) Extraction : Extraction quantitative de l'analyte à
partir d’un solvant organique, décantation et La concentration massique cop dans l'extrait
séchage à travers une colonne de sulfate de d’échantillon final est donnée par :
sodium, et concentration de l'extrait à l'aide d'un I op
appareil Kuderna-Danish. c op = c ref ⋅ µg mL−1
I ref
iv) Extraction liquide-liquide :
et l'estimation Pop du taux de pesticide dans
v) Séparation liquide avec de l’acétonitrile / hexane,
l'échantillon global (en mg.kg-1) est donnée par :
lavage de l'extrait d'acétonitrile avec de l'hexane,
séchage de la couche d'hexane sur une colonne de c op ⋅ Vop
sulfate de sodium. Pop = mg kg −1
Rec ⋅ m sample
vi) Concentration de l'extrait lavé en évaporant
l'extrait avec du gaz jusqu'à atteindre ou, en remplaçant cop,
pratiquement la siccité.
I op ⋅ c ref ⋅ V op
vii) Dilution jusqu'à l'obtention d'un volume type Vop Pop = mg kg -1
(environ 2 mL) dans un tube gradué de 10 mL. I ref ⋅ Rec ⋅ m sample
viii) Mesure : Injection et mesure par CG d'un où
extrait d'échantillon de 5 µL pour obtenir
l'intensité du pic Iop.

61
Quantification de l’Incertitude Exemple A4

Pop Fraction massique de pesticide de l'échantillon diagramme des causes et des effets (Figure A4.5).
[mg.kg-1]
Finalement, la flèche relative à l'incertitude due à
Iop Intensité du pic de l'extrait d'échantillon l'inhomogénéité de l'échantillon doit être incluse dans le
calcul du mesurande. Pour mettre en évidence l'effet des
cref : Concentration massqieu de l'étalon de référence
incertitudes résultant de cette source, il convient d'écrire :
[µg.mL-1]
Vop : Volume final de l'extrait [mL] I op ⋅ c ref ⋅ Vop
Iref : Intensité du pic de l'étalon de référence Pop = Fhom ⋅ [ mg kg −1 ]
Rec : Rendement I ref ⋅ Rec ⋅ m sample
msample : Masse du sous-échantillon étudié [g]
où Fhom est un facteur de correction supposé égal à
l’unité dans le calcul d'origine. Ceci montre clairement
Portée
que les incertitudes sur le facteur de correction doivent
La méthode analytique s'applique à un éventail être comprises dans l'estimation de l'incertitude
restreint de pesticides semblables sur le plan chimique globale. L'expression finale montre aussi comment
à des taux compris entre 0,01 et 2 mg.kg-1 et à l'incertitude s’appliquera.
différentes sortes de pains comme matrices. REMARQUE :
A4.3 Etape 2 : Identification et analyse des Facteurs de correction : Cette approche est tout à fait générale et peut
sources d'incertitude être très utile pour mettre en évidence des hypothèses cachées. En
principe, chaque mesure est associée à de tels facteurs de correction,
Le fait de tracer un diagramme des causes et des effets qui sont normalement supposés égaux à un. Par exemple, l'incertitude
sur cop peut être exprimée en tant qu'incertitude type pour cop, ou
permet de mieux identifier toutes les sources principales comme l'incertitude type qui représente l'incertitude sur un facteur de
d'incertitude pour une procédure analytique aussi correction. Dans le dernier cas, la valeur est identique à l'incertitude
complexe. Les paramètres dans l'équation du mesurande pour cop exprimée sous forme d’écart-type relatif.
sont représentés par les flèches principales du diagramme.
On ajoute d'autres facteurs au diagramme, en considérant
A4.4 Etape 3 : Quantification des composantes
chaque étape de la procédure analytique (A4.2), jusqu'à ce d'incertitude
que les facteurs de contribution deviennent suffisamment Conformément à la section 7.7., la quantification des
insignifiants. différentes composantes d’incertitude utilise des
L'inhomogénéité de l'échantillon n’est pas un paramètre données issues des études de développement et de
de l'équation originale du mesurande, mais elle semble validation réalisées en interne :
avoir un effet significatif dans la procédure analytique. • La meilleure estimation disponible de la variation
On ajoute une nouvelle flèche, F(hom), représentant d'une mesure à l'autre du processus analytique ;
l'inhomogénéité de l'échantillon en conséquence sur le
• La meilleure estimation possible du biais global

Figure A4.5 : Diagramme des causes et des effets où la flèche principale correspond à
l'inhomogénéité de l'échantillon
I(op) c(ref) V(op)
Etalonnage Fidélité
Linéarité Pureté(ref)
m(ref)
Fidélité
Température Etalonnage Fidélité Température

V(ref) Etalonnage
Etalonnage Fidélité
Etalonnage
Fidélité
dilution
P(op)

m(globale)
Fidélité
Linéarité m(tare)

Sensibilité Linéarité
Etalonnage y Fidélité
Fidélité
Etalonnage Sensibilité
n
y
Etalonnage
F(hom) Rendement I(ref) m(échantillon)

62
Quantification de l’Incertitude Exemple A4

(Rec) et de son incertitude ; C'est-à-dire que l'on traite la fidélité comme un facteur
de multiplication FI au même titre que l'homogénéité.
• Quantification de toutes les incertitudes associées Cette forme est retenue pour des raisons pratiques de
aux effets pris partiellement en compte pour les calcul, comme cela est montré ci-dessous.
études des performances gloables.
L'évaluation des différents effets est maintenant
Il est utile d'apporter quelques modifications au considérée.
diagramme des causes et des effets pour clarifier la
prise en compte et la relation entre ces données 1. Etude de la fidélité
d’entrée (Figure A4.). Une nouvelle branche
« Fidélité » est ajoutée afin de représenter l’ensemble La variation globale d'une mesure à l'autre (fidélité) de
des effets couverts par l’étude de fidélité intermédiaire. la procédure analytique a été réalisée à partir de
Cela ne comprend pas la contribution de la Pureté à cref plusieurs essais réalisés en duplicat (même échantillon
puisque le même matériau de référence pur a été utilisé homogénéisé, procédure d'extraction/ détermination
pour les deux mesures dans chaque paire de duplicats. complète répétée sur deux cycles différents) pour les
REMARQUE :
pesticides organophosphorés typiques retrouvés dans
différents échantillons de pain. Les résultats sont
Dans une pratique normale, les échantillons sont analysés sous forme regroupés dans le Tableau A4.2.
de petits lots, chaque lot comprenant une gamme d'étalonnage, un
échantillon de contrôle du rendement pour vérifier le biais et un La différence normalisée des données (différence
échantillon au hasard dupliqué pour contrôler la fidélité au sein d’une
série. Une action corrective est réalisée si ces contrôles mettent en
divisée par la moyenne) fournit une mesure de la
évidence des écarts significatifs aux résultats obtenus pendant la variabilité globale d'une mesure à l'autre (fidélité
validation. Ce CQ de base répond aux principales exigences intermédiaire). Pour obtenir l'incertitude type relative
concernant l'emploi des données de validation dans l'estimation de estimée dans le cas de déterminations uniques, l'écart-
l'incertitude pour des mesures de routine.
type des différences normalisées est considéré et divisé
Après avoir intégré l'effet supplémentaire « Fidélité » par 2 pour intégrer le fait qu'il s'agit de l'écart-type
dans le diagramme des causes et des effets, le modèle d'une différence et non d'une valeur unique. Ceci donne
développé pour calculer Pop devient : une valeur pour l'incertitude type due à la variation
I ⋅ c ⋅V d'une mesure à l'autre pour le processus analytique
P =F ⋅ op ref op
⋅ F mg kg −1
Eq. A4.1 global, incluant la variation du rendement d'une mesure
I ⋅ Rec ⋅ m
op hom 1
ref sample
à l'autre mais excluant les effets de l'homogénéité,
égaux à 0.382 2 = 0.27
où FI est un facteur correspondant aux effets de la
variation sous des conditions de fidélité intermédiaire.

Figure A4.6: Diagramme des causes et des effets après le réarrangement destiné à adapter les
données de l'étude de validation
Fidélité I(op) c(ref) V(op)
Etalonnage
I(op) Linéarité Pureté (ref)
I(ref) m(ref)
m(ref)
Température Etalonnage Température
V(ref)
dilution V(ref) étalonnage
Etalonnage Etalonnage
V(op)
m(échantillon) dilution
P(op)

m(globale)

Linéarité m(tare)

Linéarité
Etalonnage
Etalonnage

Etalonnage
F(hom) Rendement I(ref) m(échantillon)

63
Quantification de l’Incertitude Exemple A4

Tableau A4.2 : Résultats des analyses dupliquées de pesticidesremarqque 1


D1 D2 Moyenne Différence Différence /
Résidu
[mg kg-1] [mg kg ] -1
[mg kg ]-1 D1-D2 moyenne
Malathion 1.30 1.30 1.30 0.00 0.000
Malathion 1.30 0.90 1.10 0.40 0.364
Malathion 0.57 0.53 0.55 0.04 0.073
Malathion 0.16 0.26 0.21 - 0.10 - 0.476
Malathion 0.65 0.58 0.62 0.07 0.114
Méthyle de Pirimiphos 0.04 0.04 0.04 0.00 0.000
Méthyle de Chlorpyrifos 0.08 0.09 0.085 - 0.01 - 0.118
Méthyle de Pirimiphos 0.02 0.02 0.02 0.00 0.000
Méthyle de Chlorpyrifos 0.01 0.02 0.015 - 0.01 - 0.667
Méthyle de Pirimiphos 0.02 0.01 0.015 0.01 0.667
Méthyle de Chlorpyrifos 0.03 0.02 0.025 0.01 0.400
Méthyle de Chlorpyrifos 0.04 0.06 0.05 - 0.02 - 0.400
Méthyle de Pirimiphos 0.07 0.08 0.75 - 0.10 - 0.133
Méthyle de Chlorpyrifos 0.01 0.01 0.10 0.00 0.000
Méthyle de Pirimiphos 0.06 0.03 0.045 0.03 0.667
Remarque 1 : Les essais en double ont été effectués sur différents cycles

REMARQUE : calculée comme étant l'écart-type de la moyenne :


A première vue, il peut sembler que des essais en duplicat fournissent u ( Rec) = 0.28 42 = 0.0432 .
des degrés de liberté insuffisants. Mais le but n'est pas d'obtenir des
chiffres très justes pour la fidélité du processus analytique pour un Un test t de Student est utilisé pour déterminer si le
pesticide donné dans un type de pain. Dans cette étude, il est plus
important de tester une grande variété de matériaux différents (dans ce rendement moyen est significativement différent de
cas, différentes variétés de pain) et des concentrations d’analyte 1,0. Le test statistique t est calculé à l'aide de l'équation
différentes, offrant un choix représentatif des pesticides suivante :
organophosphorés typiques. Cela est réalisé de la manière la plus
efficace par une duplication des essais sur de nombreux matériaux, ce
qui fournit (pour l'estimation de la fidélité) pratiquement un degré de 1 − Rec (1 − 0.9) = 2.31
liberté égal à un pour chaque matériau étudié en double exemplaire. t= =
Ceci donne un total de 15 degrés de liberté. u ( Rec) 0.0432
2. Etude du biais
Cette valeur est comparée à la valeur bilatérale critique
tcrit, pour n–1 degrés de liberté à un niveau de
Le biais de la procédure analytique avait été examiné au
confiance de 95 % (où n est le nombre de résultats
cours de l'étude de validation interne via l’utilisation
d'échantillons dopés (des échantillons homogénéisés utilisés pour estimer Rec ). Si t est supérieur ou égal à
étaient séparés et une partie était dopée). Le Tableau A4.3 la valeur critique tcrit alors Rec est significativement
regroupe les résultats d'une étude à long terme de différent de 1.
différents type d'échantillons dopés.
t = 2.31 ≥ t crit ; 41 ≅ 2.021
La ligne intéressante (celle avec un fond en gris) est la
ligne d'entrée du « pain », qui présente un rendement
moyen de 90% pour quarante-deux échantillons, avec Dans cet exemple un facteur de correction (1/ Rec ) est
un écart-type (s) de 28 %. L'incertitude type était appliqué et par conséquent Rec est explicitement
compris dans le calcul du résultat.

64
Quantification de l’Incertitude Exemple A4

Tableau A4.3 : Résultats des études de rendement des pesticides


Type de Conc. Moyenne 2)
Substrat N1) s 2) [%]
résidu [mg kg–1] [%]
Huiles usées PCB 10.0 8 84 9
Beurre OC 0.65 33 109 12
Aliment I pour animaux OC 0.325 100 90 9
Matières grasses I animales & OC 0.33 34 102 24
végétales
Brassicacée 1987 OC 0.32 32 104 18
Pain OP 0.13 42 90 28
Biscottes OP 0.13 30 84 27
Aliments à base de viande & d'os OC 0.325 8 95 12
Aliments à base de gluten de maïs OC 0.325 9 92 9
Aliment I à base de colza OC 0.325 11 89 13
Aliment I à base de blé OC 0.325 25 88 9
Aliment I à base de Soja OC 0.325 13 85 19
Aliment I à base d'orge OC 0.325 9 84 22
(1) Le nombre d'expériences effectuées
(2) La moyenne et l'écart-type s sont donnés sous forme de rendements exprimés en pourcentages.

Figure A4.7 : Evaluation des autres sources d’incertitude


Fidélité (1) I(op) c(ref) V(op)
Etalonnage (2)
I(op) Linéarité Pureté(ref)
I(ref) m(ref)
m(ref) Température(2)
Température(2) Etalonnage(2)
V(ref)
dilution étalonnage(3) V(ref) Etalonnage (2)
Etalonnage (2)
V(op)

m(échantillon) dilution
P(op)

m(globale)
m(tare)
Linéarité Linéarité
Etalonnage (3)
Etalonnage (2)

Etalonnage(2)
F(hom)(3) Récupération I(ref) m(échantillon)

(1) Contribution (FI dans l’équation A4.1) envisagée incluse dans l’écart-type relatif calculé à partir de l’étude de
fidélité intermédiaire de la procédure analytique.
(2) Envisagée pendant l’étude des biais de la procédure analytique.
(3) A envisager pendant l’évaluation des autres sources d’incertitude.

3. Autres sources d'incertitude fidélité, (2) couvertes par les données de rendement ou
(3) doivent être encore examinées et éventuellement
Le diagramme des causes et des effets de la Figure
prises en compte dans le calcul de l'incertitude de la
A4.7 montre quelles autres sources d'incertitude sont
mesure.
(1) couvertes de manière appropriée par les données de

65
Quantification de l’Incertitude Exemple A4

Toutes les balances et les dispositifs de mesure Pour faciliter l'estimation, on a envisagé plusieurs
volumétrique importants sont contrôlés régulièrement. scénarios possibles de distribution des résidus de
Des études de fidélité et de rendement prennent en pesticides et utilisé une simple distribution binomiale
compte l'influence de l'étalonnage des différents pour calculer l'incertitude type correspondant à
dispositifs de mesure volumétrique car différentes l’ensemble des résidus contenus dans l'échantillon
fioles et pipettes volumétriques ont été utilisées analysé (voir le paragraphe A4.6). Les scénarios et les
pendant l'investigation. Les études exhaustives sur la incertitudes types relatives calculées sur la quantité de
variabilité, qui ont duré pendant plus de six mois, pesticides présents dans l'échantillon final étaient :
couvrent également les influences de la température
Scénario (a) Résidu réparti uniquement dans les
ambiante sur le résultat. Les seules composantes
couches supérieures : 0,58 ;
supplémentaires qui nécessitent d'être étudiées sont la
pureté du matériau de référence, la possible non Scénario (b) Résidu réparti uniformément à la
linéarité dans la réponse de la CG (représentée par les surface: 0,20 ;
termes ‘étalonnage’ pour Iref et Iop sur le diagramme) et
l'homogénéité de l'échantillon. Scénario (c) Résidu réparti uniformément dans
l'échantillon, mais dont la concentration a diminué
La pureté de l'étalon de référence est donnée par le par suite d'une évaporation ou d'une
fabricant à 99,53 % ± 0,06 %. La pureté est une source décomposition survenue à proximité de la surface :
éventuelle d'incertitude supplémentaire associée à une 0,05-0,10 (en fonction de l'épaisseur de la
incertitude type de 0.0006 3 = 0.00035 « couche superficielle »).
(distribution rectangulaire). Mais la contribution est si Le scénario (a) est spécifiquement adapté à
faible (comparée, par exemple, à l'estimation de la l'échantillonnage proportionnel ou à une
fidélité) qu'il n'est pas risqué de négliger cette homogénéisation complète (voir section A4.2,
contribution. Procédure paragraphe i). Cela survient unqiuement
dans le cas d’ajouts décoratifs (grains entiers) sur une
La linéarité de la réponse pour les pesticides
surface. Le scénario (b) est par conséquent considéré
organophosphorés pertinents dans la gamme de
comme le pire des cas. Le scénario (c) est envisagé
concentrations donnée est établie pendant les études de
comme le plus probable, mais il n'est pas toujours
validation. De plus, d'après les études à plusieurs
facile de le distinguer de (b). Sur cette base, la valeur
niveaux du type de celles indiquées dans les Tableau
de 0,20 a été retenue.
A4.2 et Tableau A4.3, la non-linéarité contribuerait à la
fidélité observée. Il est inutile d'en tenir compte une REMARQUE :
seconde fois. L'étude de validation interne a démontré Pour obtenir plus de détails sur la modélisation de l'inhomogénéité se
que ce n'était pas le cas. reporter à la dernière partie de cet exemple.

L'homogénéité du sous-échantillon de pain est la A4.5 Etape 4 : Calcul de l'incertitude type


dernière autre source d'incertitude. Dans la littérature, composée
il n'existait pas de données sur la présence de composés
organiques à l'état de traces dans le pain, en dépit d'une Pendant l'étude de validation interne de la procédure
recherche bibliographique approfondie (cela est analytique, la fidélité intermédiaire, le biais et toutes
surprenant à première vue, mais la pratique habituelle les autres sources d'incertitude possibles avaient été
dans le domaine de l’analyse des aliments est plutôt de étudiés de manière approfondie. Leurs valeurs et leurs
chercher à homogénéiser que d'évaluer l'inhomogénéité incertitudes sont réunies dans le Tableau A4.4.
séparément). Il n'était par ailleurs pas réalisable de Les valeurs relatives sont composées car le modèle
mesurer directement l'homogénéité. La contribution a (équation A4.1) est entièrement multiplicatif :
donc été évaluée sur la base de la méthode
d'échantillonnage utilisée.

66
Quantification de l’Incertitude Exemple A4

Tableau A4.4 : Incertitudes dans les analyses de pesticides


Incertitude type Incertitude type
Description Valeur x u (x) Remarque
relative u(x)
Fidélité (1) 1.0 0.27 0.27 Essais réalisés en double
exemplaire des différents types
d'échantillons
Biais (Rec) (2) 0.9 0.043 0.048 Echantillons dopés
Autres sources (3) 1.0 0.2 0.2 Estimations fondées sur des
(Homogénéité) hypothèses de modèles
Pop -- -- 0.34 Incertitude type relative

u c ( Pop ) La fidélité est la contribution prépondérante à


= 0.27 2 + 0.048 2 + 0.2 2 = 0.34 l'incertitude de mesure. Comme cette composante
Pop découle de la variabilité globale observée dans la
⇒ u c ( Pop ) = 0.34 × Pop méthode, d'autres expériences seraient nécessaires pour
mettre en évidence où des améliorations pourraient être
Le tableur pour ce cas prend la forme indiquée dans le apportées. Par exemple, il serait possible de diminuer
Tableau A4.5. Il est à noter que le tableur calcule une l'incertitude de façon significative en homogénéisant
incertitude en valeur absolue (0,377) pour un résultat l'ensemble du pain avant de prélever un échantillon.
nominal corrigé de 1,1111, ce qui donne une valeur de L'incertitude élargie U(Pop) est calculée en multipliant

Figure A4.8 : Incertitudes dans l'analyse des pesticides

Homogénéité

Biais

Fidélité

P(op)

0 0.1 0.2 0.3 0.4


-1
|u(y,xi)| (mg kg )

Les valeurs de u(y,xi) = (∂y / ∂xi).u(xi) sont tirées du Tableau A4.5

0.373/1.11 = 0.34. l'incertitude type composée par un facteur


d'élargissement de 2 pour donner :
Les poids relatifs des trois contributions différentes
peuvent être comparés à l'aide d'un histogramme. La U ( Pop ) = 0.34 × Pop × 2 = 0.68 × Pop
Figure A4.8 indique les valeurs |u(y,xi)| tirées du
Tableau A4.5.

67
Quantification de l’Incertitude Exemple A4

Tableau A4.5 : Incertitudes dans l'analyse des pesticides


A B C D E
1 Répétabilité Biais Homogénéité
2 Valeur 1.0 0.9 1.0
3 Incertitude 0.27 0.043 0.2
4
5 Fidélité 1.0 1.27 1.0 1.0
6 Biais 0.9 0.9 0.943 0.9
7 Homogénéité 1.0 1.0 1.0 1.2
8
9 Pop 1.1111 1.4111 1.0604 1.333
10 u(y, xi) 0.30 - 0.0507 0.222
11 u(y)2, u(y, xi)2 0.1420 0.09 0.00257 0.04938
12
13 u(Pop) 0.377 (0.377/1.111 = 0.34 en tant qu'incertitude type relative)
Les valeurs des paramètres sont introduites sur la seconde ligne de C2 à E2. Les incertitudes types correspondantes sont
sur la ligne inférieure (C3:E3). Le tableur copie les valeurs de C2-E2 dans la seconde colonne de B5 à B7. Le résultat
calculé à partir de ces valeurs est donné en B9 (= B5 × B7 / B6, basé sur l'équation A4.1). C5 indique le terme de
fidélité de C2 à laquelle est ajoutée l'incertitude donnée en C3. Le résultat du calcul établi à partir des valeurs C5:C7 est
donné en C9. Les colonnes D et E suivent une procédure similaire. Les valeurs indiquées sur la ligne 10 (C10:E10)
correspondent aux différences (affectées d’un signe) de la ligne (C9:E9) diminuées de la valeur donnée en B9. Sur la
ligne 11 (C11:E11) les valeurs de la ligne 10 (C10:E10) sont élevées au carré et ajoutées dans le but d'obtenir la valeur
indiquée en B11. B13 donne l'incertitude type composée, qui est la racine carrée de B11.

A4.6 Aspect particulier : Modéliser


l'inhomogénéité
En supposant que l’analyte peut être extrait de de la quantité totale X, et p1 et p2 sont les probabilités
l’échantillon pour analyse dans sa totalité quelque soit de sélectionner des portions venant de ces régions (n
son état, le pire des cas en ce qui concerne doit être petit comparativement au nombre total de
l'inhomogénéité est celui où une certaine partie ou portions à partir desquelles le choix est fait).
certaines parties d'un échantillon contiennent la totalité
Les chiffres indiqués ci-dessus ont été calculés de la
de l’analyte. Un cas plus général, mais très proche, est
manière suivante, en supposant qu'un échantillon de
le cas où deux concentrations de l’analyte, appelées L1
et L2, sont présentes dans des parties différentes de pain typique mesure approximativement 12 × 12 × 24
l'ensemble de l'échantillon. L'effet d'une telle cm, en utilisant une taille de 2 × 2 × 2 cm pour les
inhomogénéité dans le cas d'un sous-échantillonnage portions (total de 432 portions) et en supposant que 15
aléatoire peut être évalué à l'aide des statistiques de ces portions sont choisies au hasard et
homogénéisées.
binomiales. Les valeurs nécessaires sont la moyenne µ
et l'écart-type σ de la quantité de matière dans n Scénario (a)
portions égales choisies au hasard après séparation.
La substance est localisée uniquement sur une seule
Ces valeurs sont données par : grande face (celle du haut) de l'échantillon. L2 est par
µ = n ⋅ ( p1l1 + p 2 l 2 ) ⇒
conséquent nulle tout comme l2, et L1 = 1. Chaque
portion comprenant une partie de la surface supérieure
µ = np1 ⋅ (l1 − l 2 ) + nl2
contiendra une quantité l1 de la substance. Pour les
[1] dimensions données, une portion sur six (2/12) répond
de toute évidence à ce critère, p1 est par conséquent
σ 2 = np1 ⋅ (1 − p1 ) ⋅ (l1 − l 2 )
2
[2] égale à 1/6 ou 0,167, et l1 est égal à X/72 (c'est-à-dire
qu'il y a 72 portions « en haut »).
où l1 et l2 sont la quantité de substance dans des
portions provenant de régions dans l'échantillon Ceci donne :
contenant respectivement les fractions totales L1 et L2,

68
Quantification de l’Incertitude Exemple A4

µ = 15 × 0.167 × l1 = 2.5 l1 simplement en le considérant come celui inverse du


scénario (b), avec p1 = 0.37 et l1 égale à X/160. Ceci
σ 2 = 15 × 0.167 × (1 − 0.17 ) × l12 = 2.08 l12 donne :

µ = 15 × 0.37 × l1 = 5.6 l1
⇒ σ = 2.08 l12 = 1.44 l1
σ 2 = 15 × 0.37 × (1 − 0.37 ) × l12 = 3.5 l12
σ
⇒ RSD = = 0.58
µ ⇒ σ = 3.5 × l12 = 1.87 l1
REMARQUE :
σ
Pour calculer la teneur X dans l'échantillon entier, on multiplie
rétrospectivement µ par 432/15, ce qui donne une estimation
⇒ RSD = = 0.33
moyenne de X :
µ

432 X Toutefois, si la perte concerne une profondeur


X = × 2.5 × l1 = 72 × =X inférieure à la dimension de la partie prélevée, comme
15 72 cela est attendu, chaque portion contient un peu de
Ce résultat est typique d'un échantillonnage aléatoire ; la valeur substance et alors l1 et l2 ne seront donc ni l'une ni
escomptée de la moyenne est exactement la valeur moyenne de la l'autre égales à zéro. En prenant le cas où toutes les
population. Pour un échantillonnage aléatoire, il n'y a donc pas de portions externes contiennent 50 % des parties du
contribution à l'incertitude globale autre que celle de la variabilité
d'une mesure à l'autre, exprimée ici sous forme de σ ou d’écart-type « centre » et 50 % des parties « extérieures » de
(RSD). l'échantillon :
Scénario (b) l1 = 2 × l 2 ⇒ l1 = X 296
µ = 15 × 0.37 × (l1 − l 2 ) + 15 × l 2
La substance est uniformément répartie sur l'ensemble
de la surface. Via des arguments semblables et en
supposant que toutes les portions de la surface = 15 × 0.37 × l 2 + 15 × l 2 = 20.6 l 2
contiennent la même quantité l1 de substance, l2 est
encore nulle et p1 est, à l'aide des dimensions ci-dessus, σ 2 = 15 × 0.37 × (1 − 0.37 ) × (l1 − l 2 ) 2 = 3.5 l 22
donnée par :
donnant un écart-type relatif (RSD) égal à:
(12 × 12 × 24) − (8 × 8 × 20) 1.87 20.6 = 0.09
p1 = = 0.63
(12 × 12 × 24)
Dans ce modèle, cela correspond à une profondeur de
c'est-à-dire p1 est cette fraction d'échantillon située 1 cm sur laquelle la substance est perdue. L'examen
dans les 2 cm « extérieurs ». Si l'on reprend les mêmes d'échantillons typiques de pain révèle couramment une
hypothèses, alors l1 = X 272 . épaisseur pour la croûte de 1 cm ou moins et en
considérant ceci comme étant la profondeur sur
REMARQUE : La variation de valeur par rapport au scénario (a) laquelle la substance importante est perdue (la
Ceci donne : formation de la croûte elle-même atténue les pertes en
dessous de cette profondeur), il s'ensuit que des
µ = 15 × 0.63 × l1 = 9.5 l1 variantes réalistes du scénario (c) donneront lieu à des
valeurs de σ µ qui n'excèderont pas 0,09.
σ 2 = 15 × 0.63 × (1 − 0.63) × l12 = 3.5 l12
REMARQUE :

⇒ σ = 3.5 l = 1.87 l1
1
2 Dans ce cas, la diminution de l'incertitude provient de ce que
l'inhomogénéité présente une échelle plus petite que la portion prise
pour l'homogénéisation. En général, ceci conduira à une contribution
σ
⇒ RSD = = 0.2
réduite à l'incertitude. Il est par conséquent inutile de concevoir
µ d'autres modèles pour les cas où de plus grand nombres de petites
inclusions (comme des céréales introduites dans tout le pain)
renferment des quantités disproportionnées de la substance d’intérêt.
Scénario (c) S’il est suffisamment probable qu'une telle inclusion soit incorporée
dans les portions prélevées pour l'homogénéisation, la contribution à
La quantité de substance proche de la surface est l'incertitude ne dépassera pas l'une des incertitudes déjà calculée dans
réduite à zéro du fait de pertes par évaporation ou les scénarios précédents.
d’autres origines. Ce cas peut être examiné plus

69
Quantification de l’Incertitude Exemple A5

Exemple A5 : Détermination par spectrométrie d'absorption atomique du


relargage de cadmium à partir d'un objet en céramique
Résumé
Objectif
La quantité de cadmium relarguée à partir d'un objet en Figure A5.1 : Procédure pour le métal
céramique est déterminée à l'aide de la spectrométrie extractible
d'absorption atomique. La procédure employée est la
méthode normalisée opérationnelle BS 6748 qui met en
œuvre la directive du Conseil 84/500/CEE. Préparation
Preparation
Procédure de mesure :
Les différentes étapes permettant de déterminer la Conditionnement
Surface
quantité de cadmium libérée à partir d'un objet en de la surface
conditioning
céramique sont données dans le diagramme (Figure
A5.1).
Remplir avec de l'acide
Fill withà 4%
acétique 4% v/vv/v
Mesurande acetic acid
Le mesurande est la masse de cadmium relarguée par
unité de surface conformément à la méthode BS 6748.
Il est obtenu par calcul pour un échantillon spécifique à Relarguage
Leaching
partir de l’équation
c0 ⋅ VL
r= ⋅ d ⋅ f acid ⋅ f duree ⋅ ftemp mg dm −2 Homogénéiser Prepare
Préparer les
aV Homogenise calibration
le relarguat
leachate étalons
standards
Les variables sont décrites dans le Tableau A5.1.
Identification des sources d'incertitude Détermination
par AAS
SAA AAS du
Etalonnage
Les principales sources d'incertitude sont indiquées Determination Calibration
SAA
dans le diagramme des causes et des effets sur la
Figure A5.2.
RESULTAT
RESULT
Quantification des sources d'incertitude

Tableau A5.1 : Incertitudes sur la détermination du cadmium extractible


Incertitude type Incertitude type
Description Valeur x
u(x) relative u(x) / x
co Teneur de cadmium dans la solution 0.26 mg l-1 0.018 mg l-1 0.069
d'extraction
D Facteur de dilution (si utilisé) 1.0 Remarque 1 0 Remarque 1 0 Remarque 1
VL Volume du lixiviat 0.332 l 0.0018 l 0.0054
aV Surface du récipient 2.37 dm2 0.06 dm2 0.025
facide Influence de la concentration d'acide 1.0 0.0008 0.0008
fdurée Influence de la durée 1.0 0.001 0.001
ftemp. Influence de la température 1.0 0.06 0.06
R Masse de cadmium relargué par unité de 0.036 mg dm-2 0.0033 mg dm-2 0.09
surface
Remarque 1 : Aucune dilution n'était appliquée dans le présent exemple ; d est donc exactement égal à 1.0

Les poids des différentes contributions sont donnés


dans le Tableau A5.1 et présentés sous forme de
diagramme sur la Figure A5.2

70
Quantification de l’Incertitude Exemple A5

Figure A5.2 : Sources d'incertitude dans la détermination du cadmium susceptible d'être relargué
Courbe c(0) V(L)
étalon
Remplissage
f(acide) Température

f(durée) Etalonnage

f(température) Lecture

Résultat

Longueur 1

Longueur 2

aire

a(V) d

Figure A5.3 : Incertitudes sur la détermination du Cd relargué

f(temp)

f(durée)

f(acide)

a(V)

V(L)

c(0)

0 1 2 3 4
-2
|u(y,x i)| (mg dm )x1000

Les valeurs de u(y,xi) = (∂y / ∂xi).u(xi) sont tirées du Tableau A5.4

71
Quantification de l’Incertitude Exemple A5

Exemple A5 : Détermination par spectrométrie d'absorption atomique du relarguage


de cadmium à partir d'un objet en céramique. Discussion détaillée.
A5.1 Introduction
Cet exemple démontre l'évaluation de l'incertitude A5.2.1 Spécifications concernant l'appareil et les réactifs
d'une méthode opérationnelle (« empirique »); dans ce
Les spécifications des réactifs affectant l'étude de
cas, la détermination de la libération de métal à partir
l'incertitude sont :
d'un objet en céramique de « catégorie 1 »
conformément à la méthode BS 6748 qui suit la • une solution fraîchement préparée d'acide acétique
Directive du Conseil 84/500/CEE. L'essai est utlisé glacial à 4 % v/v dans de l'eau, obtenue par
pour déterminer par spectroscopie d'absorption dilution de 40 mL d'acide acétique glacial dans
atomique (SAA) la quantité de plomb ou de cadmium 1L;
relarguée par la surface de l'objet en céramique dans
une solution aqueuse à 4 % (v/v) d'acide acétique. Il est • une solution étalon de plomb à (1 000 ± 1) mg.L-1
seulement attendu que les résultats obtenus au moyen dans de l'acide acétique à 4 % (v/v) ;
de méthode analytique soient comparés à d’autres • une solution étalon de cadmium à (500 ±
résultats obtenus par la même méthode. 0.5) mg.L-1 dans de l'acide acétique à 4 % (v/v).

A5.2 Etape 1 : Spécification La verrerie de laboratoire doit être au moins une


verrerie de classe B et ne doit pas libérer de taux
La procédure complète est donnée dans la Norme décelables de plomb ou de cadmium dans de l'acide
Britannique BS 6748:1986 « Limites de relargage de acétique à 4 % v/v pendant la procédure d'essai. Le
métaux à partir d'objets en céramique, de verrerie, spectromètre d'absorption atomique doit avoir au
d'objets en verre et céramique et en émail vitrifié » et mieux des limites de détection de 0,2 mg.L-1 pour le
cela constitue la spécification pour le mesurande. Seule plomb et de 0,02 mg.L-1 pour le cadmium.
une description générale est donnée ici.
A5.2.2 Procédure
La procédure générale est illustrée de façon
schématique sur la Figure A5.4. Les spécifications
affectant l'estimation de l'incertitude sont :
Figure A5.4 : Procédure pour les métaux
extractibles i) L'échantillon est conditionné à (22 ± 2) °C. Quand
cela nécessaire (objets de la ‘catégorie 1’, comme
pour cet exemple), la surface est évaluée. Pour cet
Préparation
Preparation exemple, une surface égale à 5,73 dm2 a été
obtenue (les Tableau A5.1 et Tableau A5.3
comprennent les valeurs expérimentales pour cet
Conditionnement
Surface exemple).
de la surface
conditioning ii) L'échantillon conditionné est rempli avec une
solution d'acide à 4 % v/v à (22 ± 2) °C jusqu'à
Remplir avec acide 1 mm du point de débordement, mesuré à partir du
Fill with 4% v/v
acétique 4% v/v bord supérieur de l'échantillon, ou jusqu'à 6 mm du
acetic acid bord extrême d'un échantillon ayant un bord plat ou
incliné.
Relarguage iii) La quantité d'acide acétique à 4 % v/v nécessaire ou
Leaching utilisée est mesurée avec une exactitude de ± 2 %
(dans cet exemple, on a utilisé 332 mL d'acide
Préparer acétique).
Homogénéiser Prepare
Homogenise étalons pour
calibration iv) L'échantillon est laissé au repos à (22 ± 2) °C
le relarguat
leachate étalonnage
standards pendant 24 heures (à l'obscurité s'il s'agit de
cadmium) en prenant soin d'éviter toute perte par
Détermination évaporation.
AAS
par SAA AAS
Etalonnage
Determination Calibration
du SAA v) Après cette phase de repos, la solution est soumise
à une agitation suffisante pour la rendre homogène.
Une fraction d'essai est prélevée, diluée si
nécessaire d'un facteur d et analysée par SAA, en
RESULTAT
RESULT utilisant les longueurs d'onde appropriées et, dans

72
Quantification de l’Incertitude Exemple A5

cet exemple, une courbe d'étalonnage des moindres VL le volume du lixiviat [L]
carrés. aV la surface du ménisque du liquide [dm2]
vi) Le résultat est calculé (voir ci-dessous) et rapporté d facteur par lequel l'échantillon a été dilué
comme étant la quantité de plomb et/ou de La première partie de l'équation du mesurande figurant
cadmium dans le volume total de la solution ci-dessus est utilisée pour élaborer une première
d'extraction, exprimée en milligrammes de plomb version du diagramme des causes et des effets (Figure
ou de cadmium par décimètre carré de surface pour A5.5).
les objets de la catégorie 1 ou en milligrammes de
plomb ou de cadmium par litre du volume pour les Figure A5.5 : Diagramme initial des causes
objets des catégories 2 et 3. et des effets
REMARQUE : c(0) V(L)
Il est possible de se procurer des copies complètes de la norme BS
6748:1986 par courrier auprès des services clients du BSI, 389 Remplissage
Chiswick High Road, London W4 4AL, England - +44 (0) 208
996 9001. (ou de consulter la norme CEN-AFNOR correspondante, Courbe Température
NdT) étalonnage
Etalonnage
A5.3 Etape 2 : Nature et analyse des sources
d'incertitude Lecture
Résultat
L'étape 1 décrit une « méthode empirique ». Si une
telle méthode est utilisée dans le domaine Longueur 1
d'applications qui lui a été défini, le biais de la méthode
est défini comme étant nul. En conséquence Longueur 2
l'estimation du biais se rapporte aux performances du
laboratoire et non pas au biais intrinsèque de la aire
méthode. Puisque aucun matériau de référence certifié
n’est disponible pour cette méthode normalisée, le a(V) d
contrôle global du biais se fait via le contrôle des Il n'existe pas de matériau de référence certifié pour
paramètres de la méthode susceptibles d'influencer le cette méthode empirique, qui pourrait permettre
résultat. Ces facteurs d’influence sont le temps, la d’évaluer les performances du laboratoire. Tous les
température, la masse et les volumes, etc. facteurs d’influence potentiels, comme la température,
La concentration c0 du plomb ou du cadmium dans la durée du processus de relargage et la concentration
l'acide acétique après dilution est déterminée par d'acide, doivent par conséquent être envisagés. Pour
spectrométrie d'absorption atomique et calculée selon : prendre en compte les facteurs d’influence
supplémentaires, l'équation est complétée des facteurs
( A0 − B0 ) de correction respectifs conduisant à :
c0 = mg l -1
B1 c ⋅V
r = 0 L ⋅ d ⋅ f acid ⋅ f duree ⋅ f temp
aV

Ces facteurs supplémentaires sont aussi introduits dans
c0 concentration de plomb ou de cadmium dans la le diagramme modifié des causes et des effets (Figure
solution d'extraction [mg.L-1] A5.6). Ils y sont présentés en tant qu'effets s'exerçant
A0 absorbance du métal dans l'échantillon sur c0.
B0 ordonnée à l’origine de la courbe d'étalonnage REMARQUE :
B1 pente de la courbe d'étalonnage
La tolérance en température que la norme autorise correspond au cas
Pour les récipients de catégorie 1, la méthode d'une incertitude liée à une définition incomplète du mesurande. Le
empirique exige que le résultat soit exprimé sous forme fait de prendre en compte l'effet de la température permet d'estimer la
gamme de résultats qui pourraient être enregistrés en se conformant à
de masse r de plomb ou de cadmium relargué par unité la méthode empirique autant que cela est possible en pratique. A
de surface. r est donnée par : noter en particulier que les variations sur le résultat occasionnées par
différentes températures opératoires prises dans la gamme ne peuvent
c0 ⋅ VL V ⋅ ( A0 − B0 )
r= ⋅d = L ⋅d mg dm - 2 pas être raisonnablement décrites en tant que biais puisqu'elles
aV aV ⋅ B1 reflètent des résultats obtenus conformément à la spécification.

où les paramètres supplémentaires sont :


r masse de Cd ou de Pb relargué par unité de
surface [mg.dm-2]

73
Quantification de l’Incertitude Exemple A5

Figure A5.6 : Diagramme des causes et des effets avec les suppositions cachées ajoutées
(facteurs de correction)
c(0) V(L)
Courbe
étalonnage
Remplissage
f(acide)
Température

f(durée) Etalonnage

f(température) Lecture
Résultat r

Longueur 1

Longueur 2

aire

a(V) d

A5.4 Etape 3 : Quantifier les sources Tableau A5.2 : Résultats de l'étalonnage


d'incertitude Concentration 1 2 3
Cette étape a pour but de quantifier l'incertitude [mg l-1]
résultant de chacune des sources préalablement 0.1 0.028 0.029 0.029
identifiées. On y parvient en utilisant des données 0.3 0.084 0.083 0.081
expérimentales ou des hypothèses solides. 0.5 0.135 0.131 0.133
0.7 0.180 0.181 0.183
Facteur de dilution d 0.9 0.215 0.230 0.216
Pour cet exemple, il est inutile de diluer la solution de une exactitude d'environ 1 % (c'est-à-dire 0,01VL). On
relarguage et donc de prendre en compte une calcule l'incertitude type en supposant que la
contribution à l'incertitude. distribution est triangulaire.
Volume VL
Remplissage : La méthode empirique impose de Etalonnage : Le volume est étalonné conformément
remplir le récipient « jusqu'à 1 mm du bord » ou, pour aux spécifications du fabricant avec une incertitude de
un objet peu profond ayant un bord incliné, à moins de ± 2,5 mL pour une éprouvette graduée de 500 mL. On
6 mm du bord. Pour un ustensile de cuisine ou pour la obtient l'incertitude type en supposant que la
boisson typique et quasi cylindrique, 1 mm distribution est triangulaire.
représentera environ 1 % de la hauteur du récipient. Le Pour cet exemple, un volume de 332 mL est trouvé et
récipient sera donc rempli à 99,5 ± 0,5 % (c'est-à-dire les quatre composantes de l'incertitude sont combinées
VL sera approximativement égal à 0,995 ± 0,005 du conformément à :
volume du récipient).
2
Température : La température de l'acide acétique doit  0.005 × 332 
être égale à 22 ± 2 ºC. Cet intervalle de température   + (0.08) 2
 6 
donne lieu à une incertitude sur le volume déterminé, u (V L ) = 2 2
due à une dilatation du volume du liquide beaucoup  0.01 × 332   2 .5 
plus importante comparée à celle du récipient. +   +  
L'incertitude type sur un volume de 332 mL, en  6   6
supposant une distribution rectangulaire des
températures, est égale à : = 1.83 mL
2.1 × 10 −4 × 332 × 2
= 0.08 mL Concentration de cadmium c0
3 La quantité de cadmium relarguée est calculée à l'aide
d'une courbe d'étalonnage réalisée manuellement. A
Lecture : Le volume VL utilisé doit être noté à 2 % près. cette fin, cinq étalons, ayant des concentrations de
En pratique, l'emploi d'une éprouvette graduée permet 0,1 mg.L-1, 0,3 mg.L-1, 0,5 mg.L-1, 0,7 mg.L-1 et

74
Quantification de l’Incertitude Exemple A5

0,9 mg.L-1 ont été préparés à partir d'un étalon de Avec un coefficient de corrélation r de 0,997. La droite
référence de cadmium à 500 ± 0,5 mg.L-1. La ajustée est présentée sur la Figure A5.7. L'écart-type
procédure d'ajustement linéaire par les moindres carrés résiduel S est égal à 0,005486. Même si une légère
utilisée suppose que les incertitudes des valeurs sur courbure est manifeste, le modèle linéaire et l’écart-
l'axe des abscisses sont nettement plus faibles que les type résiduel ont donc été considérés comme suffisants.
incertitude des valeurs sur l'axe des ordonnées. Par
conséquent les procédures habituelles de calcul de La solution de relarguat a été mesurée deux fois, ce qui
l'incertitude pour c0 reflètent uniquement l'incertitude a conduit à une concentration c0 égale à 0,26 mg.L-1.
due à la variation aléatoire sur l'absorbance et non Le calcul de l'incertitude u(c0) associée à la procédure
l'incertitude des matériaux d’étalonnage, ni les d'ajustement linéaire par les moindres carrés est décrit
corrélations inévitables induites par une dilution en détail dans l'Annexe E.4. Par conséquent seule une
successive à partir de la même solution mère. brève description des différentes étapes du calcul est
L’Annexe E.3 donne des conseils pour le traitement donnée ici.
des incertitudes dans les valeurs de référence si
u(c0) est donnée par :
nécessaire ; dans ce cas, cependant, l'incertitude des
étalons est suffisamment faible pour être négligée.
S 1 1 (c 0 − c ) 2
Les cinq étalons ont été mesurés trois fois chacun, u (c 0 ) = + +
donnant les résultats qui figurent dans le Tableau A5.2.
B1 p n S xx
La courbe d'étalonnage est donnée par :
0.005486 1 1 (0.26 − 0.5) 2
A j = c i ⋅ B1 + B0 + ei
= + +
0.241 2 15 1.2
−1
où ⇒ u (c 0 ) = 0.018 mg L
Aj iième mesure d'absorbance
avec l'écart-type résiduel S donné par :
ci concentration de l’étalon correspondant à la iième
mesure d’absorbance n
∑ [ A j − ( B0 + B1 ⋅ c j )]
2
B1 pente
j =1
B0 ordonnée à l’origine S= = 0.005486
n−2
ei erreur résiduelle
(exprimé en mg.L-1) et
et les résultats de l'ajustement linéaire par les moindres
n
carrés sont : S xx = ∑ (c j − c ) 2 = 1.2
Valeur Ecart-type j =1

B1 0.2410 0.0050 (exprimé en (mg.L-1)-2) où


B0 0.0087 0.0029

Figure A5.7 : Ajustement linéaire par les moindres carrés et intervalle des incertitudes pour
des déterminations faites en double exemplaire
0.
25

0.
20

Ab 0.
so 15
rpt
io
n 0.
10

0.
05

0.
0

0.0 0.2 0.4 0.6 0.8 1.0


Concentration de Cadmium [mg/l]

75
Quantification de l’Incertitude Exemple A5

B1 pente indications graphiques présentées, la variation de


p nombre de mesures pour déterminer c0 relarguage de métaux pour une température voisine de
25 °C est approximativement linéaire, avec un gradient
n nombre de mesures pour l'étalonnage
de 5 % °C-1 environ. Pour l'intervalle de ± 2 °C autorisé
c0 concentration de cadmium déterminée pour la par la méthode emprique, ceci conduit à un facteur ftemp.
solution de relarguat de 1 ± 0.1. Le passage à une incertitude type donne, si
c valeur moyenne des différents étalons (n on suppose que la distribution est rectangulaire :
nombre de mesures)
u(ftemp.) = 0.1 3 = 0.06
i indice pour le nombre d'étalons
j indice pour le nombre de mesures effectuées Effet de la durée fdurée
pour obtenir la courbe d'étalonnage Pour un processus relativement lent comme le
Surface aV relarguage, la quantité relarguée sera pratiquement
proportionnelle à la durée quand il s’agit de courts laps
Mesure de la longueur : D’après la Directive du temps. Krinitz et Franco1 ont mis en évidence une
84/500/CEE, la surface d’un objet de catégorie 1 variation moyenne de la concentration au cours des six
correspond à la surface du ménisque du liquide formé dernières heures de relarguage d'environ 1,8 mg.L-1
lorsque l’objet est rempli comme indiqué ci-dessus. La dans 86 mg.L-1, ce qui correspond, à environ 0,3 % / h.
surface totale av du récipient de l'échantillon, calculée à Pour une durée de (24 ± 0,5)h, c0 nécessitera
partir du diamètre mesuré d = 2,70 dm, est égale à av =
l’application d’un facteur de correction fdurée de 1 ±
πd2/4 = 3.142×(2.77/2)2 = 5.73 dm2.
(0,5×0,003) = 1±0,0015. C'est une distribution
Comme l'objet est plus ou moins circulaire mais pas rectangulaire qui donne lieu à l'incertitude type :
parfaitement régulier, les mesures sont estimées avoir u ( f time ) = 0.0015 3 ≅ 0.001 .
été réalisées à 2 mm près avec un niveau de confiance
de 95 %. Ceci donne une incertitude estimée pour la
mesure des dimensions égale à 1 mm (0,01 dm) après Concentration d'acide acide
division de 95 % par 1,96. Le calcul de la surface Une étude concernant l'effet de la concentration d'acide
inclut le carré du diamètre d, donc l’incertitude sur la libération de plomb a montré que le fait de
combinée ne peut pas être obtenue par simple modifier la concentration de 4 à 5 % v/v augmentait la
utilisation des règles de la section 8.2.6. Il est concentration de plomb libéré à partir d'un lot
nécessaire d’obtenir l’incertitude type de la surface particulier de céramiques de 92,9 à 101,9 mg.L-1, c'est-
totale due à l’incertitude de d en utilisant à la place la à-dire une variation de facide de :
méthode du paragraphe 8.2.2. ou des méthodes (101.9 − 92.9) 92.9 = 0.097 ou proche de 0,1.
numériques. La méthode de Kragten (Annexe E.2)
donne une incertitude type pour av due à l’incertitude Une autre étude, réalisée à l'aide d'une méthode de
de d de 0,042 dm². relarguage à chaud, a permis de mettre en évidence une
variation comparable (50 % de variation dans le plomb
Effets de la forme sur l’estimation de la surface : extrait pour une variation d'acide comprise entre 2 et 6
Puisque l'objet n'a pas une forme géométrique parfaite, % v/v)3. En supposant que cet effet est pratiquement
il existe aussi une incertitude sur tout calcul de la proportionnel à la concentration d'acide on obtient une
surface ; dans cet exemple, celle-ci est estimée variation estimée de facide d'environ 0,1 par % v/v de
contribuer pour 5 % d'incertitude supplémentaires à un variation de la concentration d'acide. Dans une autre
niveau de confiance de 95 %, c’est-à-dire, une expérience, la concentration et son incertitude type ont
incertitude type de la surface de 5,73 x 0,05 / 1,96 = été établies à l'aide d'un titrage par un titre connu de
0,146 dm². NaOH (3,996 % v/v u = 0,008 % v/v). Le fait de
Ces deux contributions à l'incertitude sont combinées prendre une incertitude de 0,008 % v/v sur la
pour donner concentration d'acide suggère une incertitude sur facide
égale à 0,008 × 0,1 = 0,0008. Comme l'incertitude sur
u (aV ) = 0.0422 + 0.1462 = 0,19 dm² la concentration d'acide est déjà exprimée sous forme
d'une incertitude type, cette valeur peut être utilisée
Effet de la température ftemp. directement comme incertitude associée à facide.
Plusieurs études concernant l'effet de la température REMARQUE :
sur le relarguage de métaux à partir d'un objet en En principe, il faudrait corriger la valeur de l'incertitude pour tenir
céramique ont été réalisées (1-5). En général, l'effet de la compte de l'hypothèse selon laquelle l'unique étude ci-dessus est
température est substantiel et l’on observe une suffisamment représentative de toutes les céramiques. La valeur en
augmentation presque exponentielle de la libération des question donne, toutefois, une estimation vraiment raisonnable de la
grandeur de l'incertitude.
métaux en fonction de la température jusqu'à atteindre
une limite. Une seule étude 1 a donné une indication sur
ces effets sur la gamme 20-25 °C. D'après les

76
Quantification de l’Incertitude Exemple A5

A5.5 Etape 4 : Calcul de l'incertitude type chacune des contributions (C13:H13 sur le Tableau
composée A5.4) à l'incertitude composée (B16).

La quantité de cadmium relarguée par unité de surface, On obtient l'incertitude élargie U(r) en appliquant un
en supposant qu'il n'y a pas eu de dilution, est donnée facteur d'élargissement de 2 :
par : Ur = 0.0015 × 2 = 0.003 mg dm-2
c ⋅V
r = 0 L ⋅ f acid ⋅ f duree ⋅ ftemp mg dm -2 Ainsi la quantité de cadmium libérée est mesurée selon
aV
la norme BS 6748:1986
Les valeurs intermédiaires et leurs incertitudes types
sont regroupées dans le Tableau A5.3. En se servant de (0.015 ±0.003) mg dm-2
ces valeurs : où l'incertitude déclarée est calculée avec un facteur
d'élargissement égal à 2.
0.26 × 0.332
r= × 1.0 × 1.0 × 1.0 = 0.015 mg dm − 2 A5.6 Références pour l'exemple 5
5,73
Afin de calculer l'incertitude type composée d'une 1. B. Krinitz, V. Franco, J. AOAC 56 869-875 (1973)
expression multiplicative (comme ci-dessus) on utilise 2. B. Krinitz, J. AOAC 61, 1124-1129 (1978)
les incertitudes types de chaque composante de la 3. J. H. Gould, S. W. Butler, K. W. Boyer, E. A.
manière suivante : Stelle, J. AOAC 66, 610-619 (1983)
4. T. D. Seht, S. Sircar, M. Z. Hasan, Bull. Environ.
 u ( c0 )   u (VL )   u ( aV ) 
2 2 2
Contam. Toxicol. 10, 51-56 (1973)
  +   +   5. J. H. Gould, S. W. Butler, E. A. Steele, J. AOAC
uc ( r )  c0   VL   aV 
66, 1112-1116 (1983)
=
( ) 
2
 u ( f acid )   u ( f duree )   u ftemp
r 2 2

+
 f  +   + 
 acid   f duree   ftemp 

0.0692 + 0.00542 + 0.0252
= = 0.095
+ 0.00082 + 0.0012 + 0.062
⇒ u c ( r ) = 0.095 r = 0.0034 mg dm -2
L'approche plus simple du tableur permettant de
calculer l'incertitude type composée figure dans le
Tableau A5.4. Une description de la méthode est
donnée en Annexe E.
Les contributions des différents paramètres et des
facteurs d’influence sur l'incertitude de la mesure sont
illustrées sur la Figure A5.8, qui compare le poids de

Tableau A5.3 : Valeurs et incertitudes intermédiaires pour l'analyse du cadmium susceptible d'être
relargué
Incertitude type relative
Description Valeur Incertitude type u(x)
u(x) / x
c0 Concentration de cadmium dans la 0.26 mg l-1 0.018 mg l-1 0.069
solution d'extraction
VL Volume du lixiviat 0.332 l 0.0018 l 0.0054
AV Surface du récipient 2.37 dm2 0.06 dm2 0.025
facide Influence de la concentration d'acide 1.0 0.0008 0.0008
fdurée Influence de la durée 1.0 0.001 0.001
ftemp. Influence de la température 1.0 0.06 0.06

77
Quantification de l’Incertitude Exemple A5

Tableau A5.4 : calcul à l'aide du tableur de l'incertitude correspondant à l'analyse du cadmium


relargué
A B C D E F G H
1 c0 VL AV facide fdurée ftemp
2 Valeur 0.26 0.332 2.37 1.0 1.0 1.0
3 Incertitude 0.018 0.0018 0.06 0.0008 0.001 0.06
4
5 c0 0.26 0.278 0.26 0.26 0.26 0.26 0.26
6 VL 0.332 0.332 0.3338 0.332 0.332 0.332 0.332
7 aV 2.37 2.37 2.37 2.43 2.37 2.37 2.37
8 facide 1.0 1.0 1.0 1.0 1.0008 1.0 1.0
9 fdurée 1.0 1.0 1.0 1.0 1.0 1.001 1.0
10 ftemp. 1.0 1.0 1.0 1.0 1.0 1.0 1.06
11
12 R 0.036422 0.038943 0.036619 0.035523 0.036451 0.036458 0.038607
13 U(y,xi) 0.002521 0.000197 - 0.000899 0.000029 0.000036 0.002185
2
14 U(y) , 1.199 E-5 6.36 E-6 3.90 E-8 8.09 E-7 8.49 E-10 1.33 E-9 4.78 E-6
u(y,xi)2
15
16 Uc(r) 0.0034
Les valeurs des paramètres sont introduites sur la seconde ligne de C2 à H2 et leurs incertitudes sur la ligne ci-dessous
(C3:H3). Le tableur copie les valeurs de C2:H2 dans la seconde colonne (B5:B10). Le résultat (r) obtenu à partir de ces
valeurs est donné en B12. C5 indique la valeur de c0 de C2 à laquelle est ajoutée son incertitude donnée en C3. Le
résultat du calcul obtenu à partir des valeurs C5:C10 est donné en C12. Les colonnes D et H suivent la même procédure.
La ligne 13 (C13:H13) indique les différences (affectées d’un signe) de la ligne (C12:H12) diminuées de la valeur
donnée en B12. Sur la ligne 14 (C14:H14) les valeurs de la ligne 13 (C13:H13) sont élevées au carré et additionnées
pour donner la valeur indiquée en B14. B16 donne l'incertitude type composée, qui est la racine carrée de B14.

Figure A5.8 : Incertitudes sur la détermination du cadmium relargué

f(temp)

f(durée)

f(acide)

a(V)

V(L)

c(0)

0 1 2 3 4
-2
|u(y,xi)| (mg dm )x1000

Les valeurs de u(y,xi) = (∂y / ∂xi).u(xi) sont tirées du Tableau A5.4

78
Quantification de l’Incertitude Exemple A6

Exemple A6 : Détermination des fibres brutes présentes dans les aliments pour
animaux

Résumé
Objectif
La détermination des fibres brutes à l'aide d'une Figure A6.1 : Détermination des fibres.
méthode normalisée réglementaire.
Broyer et and
Grind peser
Procédure de la mesure l’échantillon
weigh sample
La procédure de mesure est une procédure normalisée
comprenant les étapes générales indiquées sur la Figure
A6.1. Ces étapes sont répétées pour un échantillon
Digestion acide
Acid digestion
témoin afin d’obtenir une correction du blanc.

Mesurande
La teneur en fibres exprimée sous forme d'un Digestion alcaline
pourcentage de l'échantillon par unité de poids, Cfibre, Alkaline digestion
est donnée par :
(b − c ) × 100 Sécher
Cfibre =
a Dryetand
peser
le résidu
weigh residue
où :
a est la masse (g) de l'échantillon.
(approximativement 1 g) ; Réduire en cendres
Ash and weigh
b est la perte de masse (g) après réduction en et peser le résidu
cendres pendant la détermination ; residue
c est la perte de masse (g) après réduction en
cendres lors de l'essai témoin.
RESULTAT
RESULT
Identification des sources d'incertitude
Un diagramme complet des causes et des effets est général, aucune autre contribution n'était significative.
donné sur la Figure A6. Aux faibles teneurs il fallait instaurer une marge de
tolérance pour la procédure de séchage spécifique
Quantification des composantes d'incertitude utilisée. Les estimations de l'incertitude typique qui en
résulte figurent dans le tableau ci-dessous (sous forme
Les expériences de laboratoire ont montré que la
d'incertitudes type) (Tableau A6.1).
méthode a été réalisée en interne d'une manière qui
justifiait pleinement l'adoption des résultats de
reproductibilité tirés d'une étude interlaboratoire. En

Tableau A6.1 : Incertitudes types composées


Teneur en fibres Incertitude type Incertitude type relative uc(Cfibre) /
(% p/p) uc(Cfibre) (% p/p) Cfibre
2.5 0.29 2 + 0.1152 = 0.31 0.12
5 0.4 0.08
10 0.6 0.06

79
Quantification de l’Incertitude Exemple A6

Exemple A6 : Détermination des fibres brutes dans les aliments pour animaux.
Discussion détaillée

A6.1 Introduction
Le terme de fibres brutes est défini dans la portée de la vi) Noter le poids sec du résidu ;
méthode comme étant la quantité de substances vii) Réduire en cendres à une température fixée
organiques dépourvues de matières grasses qui sont jusqu’à « poids constant » (ce que l'on obtient en
insolubles dans des milieux acides et alcalins. La pratique en réalisant une réduction en cendres
procédure est normalisée et ses résultats utilisés pendant une durée déterminée après des études
directement. Les changements apportés à la procédure internes) ;
modifient le mesurande ; c'est en fait un exemple de
viii) Peser le résidu réduit en cendres et calculer la
méthode définie de façon opérationnelle (empirique).
teneur en fibres par différence, après soustraction
Des résultats d'essais interlaboratoires (répétabilité et du poids du résidu observé pour le creuset de
reproductibilité) étaient disponibles pour cette méthode blanc.
réglementaire. Les expériences de fidélité décrites
avaient été conçues dans le cadre de l'évaluation Mesurande
interne des performances de la méthode. Il n'existe pas
La concentration en fibres exprimée sous forme d'un
pour cette méthode de matériau de référence approprié
pourcentage de l'échantillon par unité de poids, Cfibre,
(c'est-à-dire certifié par la même méthode).
est donnée par :
A6.2 Etape 1 : Définition du mesurande
Cfibre =
(b − c ) × 100
Une description exhaustive des différentes étapes de la a
méthode analytique et l'équation du mesurande
permettent de définir au mieux le mesurande. où :
a est la masse (g) de l'échantillon.
Procédure Approximativement 1 g d'échantillon est prélevé
La procédure, qui comprend une procédure de à des fins d'analyse ;
digestion complexe, une filtration, un séchage, une b est la perte de masse (g) après réduction en
réduction en cendres et une pesée, qui est aussi répétée cendres pendant la détermination ;
pour un creuset témoin de blanc, est résumée sur la c est la perte de masse (g) après réduction en
Figure A6.2. L'objectif est de digérer la majorité des cendres lors de l'essai témoin.
composants, en ne prenant pas en compte toutes les
matières qui n'ont pas été digérées. La matière A6.3 Etape 2 : Identification et analyse des
organique est réduite en cendres, laissant place à un sources d'incertitude
résidu minéral. La différence entre le poids sec du
résidu organique / minéral et le poids du résidu réduit Un éventail de sources d'incertitudes a été identifié.
en cendres est la « teneur en fibres ». Les principales Celles-ci sont présentées dans le diagramme des causes
étapes sont : et des effets établi pour la méthode (voir la Figure
A6.). Ce diagramme a été simplifié pour supprimer les
i) Broyer l'échantillon pour le faire passer sur un mesures réalisées en duplicat en suivant les procédures
tamis de 1mm ; de l’Annexe D ; cette mesure, ainsi que la suppression
ii) Peser 1 g d'échantillon dans un creuset des composantes insignifiantes (notamment
préalablement pesé ; l’étalonnage et la linéarité de la balance), conduit au
iii) Ajouter un ensemble de réactifs assurant une diagramme simplifié des causes et des effets sur la
digestion acide aux concentrations et aux volumes Figure A6.10.
fixés. Porter à ébullition pendant une durée fixée Puisque des données issues d’études inter-laboratoires
et normalisée, filtrer et laver le résidu ; ou réalisées en interne étaient disponibles, leur
iv) Ajouter les réactifs assurant la digestion alcaline utilisation est étroitement liée à l'évaluation des
et porter à ébullition pendant le temps nécessaire, différentes contributions à l'incertitude et fait l'objet
filtrer, laver et rincer à l'acétone ; d'une discussion ci-après.
v) Sécher jusqu’à poids constant à une température A6.4 Etape 3 : Quantification des composantes
normalisée (l'expression « poids constant » n'est de l'incertitude
pas définie dans la méthode publiée; les autres
conditions de séchage comme la circulation d'air Résultats des essais interlaboratoires
ou le degré de dispersion du résidu ne le sont pas La méthode a fait l'objet d'un essai interlaboratoire.
non plus) ; Cinq aliments différents pour animaux représentatifs

80
Quantification de l’Incertitude Exemple A6

des concentrations typiques en fibres et en lipides ont similaires à celles des échantillons analysés dans l'essai
été analysés dans l'essai. Les laboratoires participant à interlaboratoire. Les résultats sont résumés dans le
l'essai ont effectué toutes les étapes de la méthode, y Tableau A6.2. Chaque estimation de la répétabilité
compris le broyage des échantillons. Les estimations de interne est basée sur 5 réplicats.
la répétabilité et de la reproductibilité obtenues à partir
Les estimations de la répétabilité obtenues en interne
de l'essai sont présentées dans le Tableau A6.2.
étaient comparables à celles obtenues via l'essai
Au titre de l'évaluation interne de la méthode, des interlaboratoires. Ceci indique que la fidélité de la
expériences étaient prévues pour évaluer la répétabilité méthode dans ce laboratoire particulier est similaire à
(fidélité au sein d'un même lot) dans le cas d’aliments celle des laboratoires qui participaient à l'essai. Il est
pour animaux ayant des concentrations en fibres donc acceptable de se servir de l'écart-type de la

Figure A6.2 : Schéma illustrant les étapes de la méthode réglementaire permettant de


déterminer les fibres présentes dans les aliments pour animaux
Broyer l'échantillon et le
passer sur un tamis de 1 mm

Peser 1 g d'échantillon dans un creuset Peser le creuset pour l'essai du blanc

Ajouter un porte-filtre, agent anti-


mousse puis 150 ml D'H 2SO 4 bouillant

Faire bouillir pendant 30 mn

Filtrer et laver avec 3 x 30 ml d'eau bouillante

Ajouter un agent anti-mousse puis


150 ml de KOH bouillant

Faire bouillir vigoureusement pendant 30 mn

Filtrer et laver avec 3 x 30 ml d'eau bouillante

Aspirer sous vide, laver avec 3x25 ml d'acétone

Sécher à poids constant à 130 °C

Réduire en cendres à poids constant entre 475 et 500 °C

Calculer la teneur de fibres brutes en %

81
Quantification de l’Incertitude Exemple A6

Tableau A6.2 : Résumé des résultats de l'essai interlaboratoires concernant la méthode et le


contrôle interne de la répétabilité
Teneur en fibres (% p/p)

Résultats de l'essai interlaboratoires Ecart-type de la


répétabilité interne
Echantillon
Moyenne Ecart-type de la Ecart-type de la
reproductibilité (sR) répétabilité (sr)
A 2. 3 0.293 0.198 0.193
B 12.1 0.563 0.358 0.312
C 5.4 0.390 0.264 0.259
D 3.4 0.347 0.232 0.213
E 10.1 0.575 0.391 0.327

reproductibilité tirée de l'essai interlaboratoires dans le et de la durée de la digestion alcaline ont été étudiés
budget d’incertitude de la méthode. Pour compléter ce dans des articles publiés précédemment. Dans ces
budget d’incertitudes nous devons envisager s'il n'y a études, l'effet des variations du paramètre sur le résultat
pas d'autres effets qui ne seraient pas couverts par de l'analyse avait été évalué. Pour chaque paramètre, le
l'essai interlaboratoires et qui devraient être pris en coefficient de sensibilité (c'est-à-dire le taux de
compte. L'essai interlaboratoires portait sur différentes variation du résultat final en fonction des variations
matrices d'échantillons et sur le traitement préalable apportées au paramètre) et l'incertitude sur le paramètre
des échantillons, puisque les laboratoires participants avaient été calculés.
recevaient des échantillons qui devaient être broyés
Les incertitudes données dans le Tableau A6.3 sont
avant analyse. Les incertitudes associées aux effets de
faibles comparées aux résultats de reproductibilité
matrices et au traitement préalable des échantillons ne
présentés dans le Tableau A6.2. Par exemple, l'écart-
nécessitent par conséquent aucune considétation
type de reproductibilité pour un échantillon contenant
supplémentaire. D'autres paramètres qui affectent le
2,3 % m/m de fibres est égal à 0,293 % m/m.
résultat concernent les conditions d'extraction et de
L'incertitude associée aux variations de la durée de la
séchage utilisées dans la méthode. Bien que l’écart-
digestion acide est estimée à 0,021 % m/m (c'est-à-dire,
type de la reproductibilité comprend normalement les
effets résultant de la variation de ces paramètres, ces 2,3 × 0,009). Nous pouvons donc négliger sans risque
derniers avaient été étudiés séparément dans le but de les incertitudes associées aux variations de ces
s'assurer que le biais des laboratoires était maîtrisé paramètres de la méthode.
(c'est-à-dire faible comparé à l'écart-type de la Température et durée du séchage
reproductibilité). Les paramètres envisagés sont
discutés ci-dessous. Il n'existe aucune donnée à ce sujet. La méthode stipule
qu’il convient de sécher l'échantillon à 130 °C « à
Perte de masse lors de la réduction en cendres poids constant ». Dans ce cas l'échantillon est séché
Comme il n'existe pas de matériau de référence pendant 3 heures à 130 °C et pesé dans un second
approprié pour cette méthode, il faut évaluer le biais temps. Il est alors séché pendant une heure
interne en considérant les incertitudes associées à supplémentaire puis à nouveau pesé. L'expression « à
chaque étape de la méthode. Plusieurs facteurs poids constant » est définie dans ce laboratoire comme
contribueront à l'incertitude associée à la perte de une variation inférieure à 2 mg entre des pesées
masse après la réduction en cendres : successives. Dans une étude interne, des échantillons
dupliqués issus de quatre aliments pour animaux ont
Concentration d'acide ; été séchés à 110, 130 et 150 °C et pesés après 3 et 4
Concentration de base ; heures de séchage. Dans la majorité des cas, la
variation du poids entre les séchages de 3 et 4 heures
Durée de la digestion acide ;
était inférieure à 2 mg, et ce à chaque température de
Durée de la digestion alcaline ; séchage. Cette variation avait par conséquent été
Température et durée du séchage ; considérée comme l'estimation de l'incertitude du pire
Température et durée de la réduction en cendres. des cas sur la variation du poids lors du séchage.
L'intervalle de ± 2 mg décrit une distribution
Concentrations des réactifs et durées des digestions rectangulaire, qui est convertit en incertitude type en
Les effets de la concentration d'acide, de la divisant par √3. L'incertitude sur le poids enregistré
concentration de base, de la durée de la digestion acide après séchage à poids constant est par conséquent de

82
Quantification de l’Incertitude Exemple A6

Tableau A6.3 : Incertitudes associées aux paramètres de la méthode


Incertitude sur le résultat
Coefficient de Incertitude sur le
Paramètre final en tant que RSD Remarque
sensibilité Remarque 1 paramètre 4

Concentration d'acide 0.23 (mol l-1)-1 0.0013 mol l-1 Note 2 0.00030
-1 -1 -1 Note 2
Concentration de base 0.21 (mol l ) 0.0023 mol l 0.00048
Durée de la digestion acide 0.0031 min-1 2.89 mins Note 3 0.0090
-1 Note 3
Durée de la digestion alcaline 0.0025 min 2.89 mins 0.0072
Remarque 1 : Les coefficients de sensibilité avaient été estimés en traçant une courbe des variations normalisées de
la teneur en fibres en fonction de la force du réactif ou de la durée de la digestion. Ensuite on s'est servi d'une
régression linéaire pour calculer le taux de variation du résultat de l'analyse associé aux modifications du paramètre.
Remarque 2 : Les incertitudes types sur les concentrations des solutions d'acide et de base avaient été calculées à
partir des estimations de la fidélité et de l'exactitude de la verrerie volumétrique utilisée pendant leur préparation,
des effets de la température etc. Voir les exemples A1-A3 pour consulter d'autres exemples de calculs des
incertitudes pour les concentrations des solutions.
Remarque 3 : La méthode spécifie une durée de digestion de 30 minutes. La durée de digestion est contrôlée à ± 5
minutes près. C'est une distribution rectangulaire que l'on convertit en incertitude type en divisant par √3.
Remarque 4 : Le calcul de l'incertitude sur le résultat final, en tant qu’écart-type relatif, est obtenu en multipliant le
coefficient de sensibilité par l'incertitude sur le paramètre.

0,00115 g. La méthode spécifie un poids d'échantillon Perte de masse après réduction en cendres du blanc
égal à 1 g. Pour un échantillon de 1 g, l'incertitude sur
Pour ce paramètre, il n'existait pas de données
le poids après séchage à poids constant correspond à
expérimentales. Toutefois, les incertitudes sont
une incertitude type de 0,115 % m/m sur la
principalement dues à la pesée. Les effets des
concentration en fibres. Cette source d'incertitude ne
variations sur ce paramètre sont donc probablement
dépend pas de la concentration en fibres de
faibles et bien représentées dans l’étude
l'échantillon. Pour chaque échantillon il y aura donc
interlaboratoire.
une contribution fixe de 0,115 % m/m au budget
d’incertitudes, indépendamment de la concentration en A6.5 Etape 4 : Calcul de l'incertitude type
fibres dans l'échantillon. Pour toutes les concentrations composée
de fibres, cette incertitude est plus faible que l'écart-
type de reproductibilité et pour toutes les C'est un exemple de méthode empirique pour laquelle
concentrations de fibres sauf les plus faibles, elle est on disposait des résultats d'un essai interlaboratoires.
inférieure à 1/3 de la valeur sR. De nouveau, cette La répétabilité interne a été évaluée et trouvée similaire
source d'incertitude peut être habituellement négligée. à celle que prévoyait l'essai interlaboratoires. Il
Toutefois pour des concentrations faibles en fibres, convient par conséquent d'employer les valeurs de sR
cette incertitude est supérieure à 1/3 de la valeur sR, si provenant de l'essai interlaboratoires, à condition que le
bien qu'il faut introduire un terme supplémentaire dans biais du laboratoire soit sous contrôle. La discussion
le décompte de l'incertitude (voir Tableau A6.4). présentée dans l'étape 3 amène à la conclusion suivante
: à l'exception de l'effet des conditions de séchage aux
Température et durée de la réduction en cendres faibles concentrations de fibres, les autres sources
La méthode requiert de réduire l'échantillon en cendres d'incertitude identifiées dans le diagramme des causes
entre 475 et 500 °C pendant au moins 30 minutes. Une et effets sont toutes faibles comparativement à sR. Dans
étude publiée portant sur l'effet des conditions de la des cas tels que celui-ci, l'estimation de l'incertitude
réduction en cendres a consisté à déterminer la peut être fondée sur l'écart-type de reproductibilité, sR,
concentration en fibres pour plusieurs combinaisons obtenu à partir de l'essai interlaboratoires. Pour des
température/durée de la réduction en cendres, allant de échantillons ayant une concentration en fibres de
450 °C pendant 30 minutes à 650 °C pendant 3 heures. 2,5 % m/m, un terme supplémentaire a été introduit
Il n'a pas été observé de différence significative entre afin de prendre en compte l'incertitude associée aux
les concentrations en fibres obtenues pour les conditions de séchage.
différentes conditions. L'effet sur le résultat final de
faibles variations dans la température et la durée de la
réduction en cendres peut donc être considéré comme
négligeable.

83
Quantification de l’Incertitude Exemple A6

Incertitude type Incertitude élargie


Des incertitudes élargies typiques sont données dans le
Les incertitudes types typiques pour une gamme de
Tableau A6.5 ci-dessous. Celles-ci ont été calculées à
concentrations en fibres sont données dans le Tableau
l'aide d'un facteur d'élargissement k égal à 2, qui
A6.4 ci-dessous.
confère un niveau de confiance d'environ 95 %.

Tableau A6.4 : Incertitudes type composées


Concentration en fibres Incertitude type Incertitude type relative uc(Cfibre) /
(% p/p) uc(Cfibre) (% p/p) Cfibre
2.5 0.29 2 + 0.1152 = 0.31 0.12
5 0.4 0.08
10 0.6 0.06

Tableau A6.5 : Incertitudes élargies


Concentration en fibres Incertitude élargie Incertitude élargie
(% p/p) U(Cfibre) (% p/p) (% de la concentration en fibres)
2.5 0.62 25
5 0.8 16
10 0.12 12

84
Quantification de l’Incertitude Exemple A6

Figure A6.9 : Diagramme des causes et des effets permettant de déterminer les fibres dans les aliments pour animaux

Perte de masse après réduction en cendres du blanc (c) Masse d'échantillon (a) Fidélité

Température Durée séchage


séchage
Température de Durée de poids d'échantillon
réduction réduction
Poids du creuset avant Etalonnage balance
réduction en cendres Poids du creuset extraction
Linéarité balance
après réduction
Digest.*alcaline Digest.*acide Etalonnage réduction
Etalonnage balance balance Linéarité Linéarité balance
balance
Pesée du creuset pesées
Pesée du creuset
Fibres brutes
(%)
Temp. réduction Durée de réduction

Poids d'échantillon et Digest. acide Digest. alcaline


du creuset après
Durée extraction Temps d’extraction
réduction Vol. acide Vol. Base
Linéarité balance Etalonnage balance
Conditions de digestion Conditions de digest.
Pesée du creuset
Conc. Conc. base
Vitesse ébull. Vit. Ebull. Poids d'échantillon
et du creuset avant
* Les flèches conduisent à « digestion réduction
acide » et « digestion alcaline » ont été Linéarité balance Etalonnage balance
omises à des fins de clarté. Les mêmes
facteurs que pour l'échantillon les
affectent (c'est-à-dire, conditions de Temps de séchage Durée de Pesée du creuset
digestion, concentration d'acide etc.). séchage

Perte de masse après réduction en cendres (b)

85
Quantification de l’Incertitude Exemple A6
Figure A6.10 : Diagramme simplifié des causes et des effets

Perte de masse après réduction du blanc (c)


Fidélité

Temp. séchage Durée séchage

Temp. réduction Durée réduction poids échantillon


Poids du creuset
avant réduction Poids du creuset après extraction
réduction en cendres

Digest. alcaline Digest. acide réduction

pesée

Fibres
Brutes (%)
Tempé. réduction Temps réduction

Poids de l'échantillon et du Digest. acide Digest. alcaline


creuset après réduction
Temps extraction Temps d'extraction
Vol.Acide Vol. base
Conditions digest. Conditions digest.
* Les flèches conduisent à « digestion Conc. base
Conc. acide
acide » et « digestion alcaline » ont été Vit. ébullition Vit. ébullition
Poids d'échantillon et du
omises à des fins de clarté. Les mêmes creuset avant la réduction
facteurs que pour l'échantillon les
affectent (c'est-à-dire, conditions de
digestion, concentration d'acide etc.).

Temp. séchage Durée séchage

Perte de masse après réduction (b)

86
Quantification de l’Incertitude Exemple A7

Exemple A7 : Détermination de la quantité de plomb dans l'eau à l'aide de la


spectrométrie de masse par plasma à couplage inductif et d'une double dilution
isotopique

A7.1 Introduction
Cet exemple illustre comment le concept d'incertitude l'équation (2).
peut être appliqué à une mesure de la teneur en plomb Rcertifié
d’un échantillon d'eau à l'aide de la Spectrométrie de K = K 0 + K biais ; où K 0 = (2)
Masse avec Dilution Isotopique (IDMS) et de la Robservé
Spectrométrie de Masse par Plasma à Couplage Inductif
où K0 est le facteur de correction pour le
(ICP-MS).
fractionnement isotopique au temps 0, Kbiais est un
Introduction générale à la double IDMS facteur de biais prenant effet dès que le facteur K est
appliqué pour corriger un rapport isotopique mesuré à
L’IDMS est une des techniques reconnue par le Comité
un moment différent pendant la mesure. Le Kbiais
Consultatif pour la Quantité de Matière (CCQM)
comprend aussi d'autres sources éventuelles de biais
comme susceptible d'être une méthode primaire de
telle qu'une correction sur le temps mort du
mesure et pour laquelle il existe par conséquent une
multiplicateur, des effets de matrices, … Rcertifié est le
expression bien définie qui décrit le calcul du
rapport isotopique certifié tiré du certificat d'un
mesurande. Dans le cas le plus simple de la dilution
matériau de référence isotopique et Robservé est la valeur
isotopique qui consiste à utiliser un « spike » certifié
observée de ce matériau de référence isotopique. Dans
(matériau de référence isotopiquement enrichi), les
des expériences d'IDMS réalisées à l'aide de la
rapports isotopiques dans le spike, l’échantillon et un
Spectrométrie de Masse Induite par un Plasma (ICP-
mélange b de masses connues de l’échantillon et du
MS), le fractionnement isotopique varie en fonction du
spike sont mesurés. Le terme « spike » qui désigne
temps ce qui oblige à corriger individuellement tous les
donc l’étalon enrichi sur un isotope, sera conservé
rapports isotopiques dans l'équation (1).
dans le texte pour plus de clarté (NdT).
Bien souvent, un matériau certifié enrichi selon un
La concentration cx de l'élément dans l'échantillon est
isotope spécifique n'existe pas. Pour résoudre ce
donnée par :
problème, on a souvent recours à la « double » IDMS.

m y K y1 ⋅ R y1 − K b ⋅ Rb ∑
(K xi ⋅ Rxi ) La procédure consiste à utiliser un spike moins bien
caractérisé, associé à un matériau certifié (indiqué par
cx = cy ⋅ ⋅ ⋅
m x K b ⋅ Rb − K x1 ⋅ Rx1 ∑ (K yi ⋅ R yi )
i
z) ayant une composition isotopique naturelle. Le
i matériau certifié de composition naturelle joue le rôle
(1) d'étalon du premier dosage. On se sert de deux
mélanges; le mélange b est un mélange d'échantillon et
où cx et cy sont respectivement les concentrations de de spike, comme dans l'équation (1). Pour réaliser une
l'élément dans l'échantillon et le spike (le symbole c est double IDMS, on prépare un second mélange, b’ à
employé ici au lieu de k pour la concentration1 pour partir de l'étalon du premier dosage à la concentration
éviter toute confusion avec les facteurs K et les cz, et du spike y. On obtient une expression similaire à
facteurs d'élargissement k). mx et my sont l'équation (1) :
respectivement les masses de l'échantillon et du spike.
Rx, Ry et Rb sont les rapports isotopiques. Les indices x, m ' y K y1 ⋅ R y1 − K ' b ⋅ R ' b ∑
(K zi ⋅ Rzi )
cz = c y ⋅ ⋅ ⋅ i
y et b représentent respectivement l'échantillon, le
spike et le mélange. Un isotope, habituellement le plus
( )
mz K ' b ⋅R ' b − K z1 ⋅ R z1 ∑ K yi ⋅ R yi
i
abondant dans l'échantillon, est choisi et tous les (3)
rapports isotopiques sont exprimés par rapport à celui-
ci. Une paire particulière d'isotopes, l'isotope de où cz est la concentration de l’élément dans la solution
référence et de préférence l'isotope le plus abondant d'étalon du premier dosage et mz la masse de l'étalon du
dans le spike, est ensuite choisie comme rapport de premier dosage lors de la préparation du nouveau
contrôle, par exemple n(208Pb) / n206Pb). Rxi et Ryi sont mélange. m’y est la masse de la solution de spike
tous les rapports isotopiques possibles respectivement enrichi, K’b, R’b, Kz1 et Rz1 sont respectivement le
dans l'échantillon et le spike. Pour l'isotope de facteur K et la rapport isotopique pour le nouveau
référence, ce rapport est égal à l’unité. Kxi, Kyi et Kb mélange et l'étalon du dosage. L'indice z représente
sont les facteurs de correction pour le fractionnement l'étalon du dosage.
isotopique pour un rapport isotopique particulier
respectivement dans l'échantillon, le spike et le
mélange. Les facteurs K sont mesurés à l'aide d'un
matériau de référence certifié en isotopie selon

87
Quantification de l’Incertitude Exemple A7

Tableau A7.1. : Résumé des paramètres d'IDMS


Paramètre Description Paramètre Description
mx Masse d'échantillon dans le mélange b my Masse du spike enrichi dans le mélange b
[g] [g]
m'y masse de spike enrichi dans le mélange mz Masse de l'étalon primaire dans le mélange
b’ [g] b’ [g]
cx Concentration de l'échantillon x [mol g- cz Concentration d'étalon primaire z [mol g-1
1
ou µmol g-1]Note 1 ou µmol g-1]Remarque 1
cy Concentration du spike y [mol g-1 ou cblanc Concentration observée dans le blanc de la
µmol g-1]Remarque 1 procédure [mol g-1 ou µmol g-1] Remarque 1
Rb Rapport isotopique mesuré dans le Kb Correction du biais sur la masse de Rb
mélange b, n(208Pb) / n(206Pb)
R'b Rapport isotopique mesuré dans le K'b Correction du biais sur la masse de R’b
mélange b’, n(208Pb) / n(206Pb)
Ry1 Rapport de l'isotope enrichi par rapport Ky1 Correction du biais sur la masse de Ry1
à l'isotope de référence dans le spike
Rzi Tous les rapport isotopiques dans Kzi Facteurs de correction du biais sur la
l'étalon du premier dosage, Rz1, Rz2 etc. masse pour Rzi
Rxi Tous les rapport isotopiques dans Kxi Facteurs de correction du biais sur la
l'échantillon masse pour Rxi
Rx1 Rapport de l’isotope enrichi par rapport Rz1 Comme Rx1 mais dans l'étalon primaire
à l'isotope de référence dans
l'échantillon x
Remarque 1 : Les unités pour les concentrations sont toujours spécifiées dans le texte.

Le fait de diviser l'équation (1) avec l'équation (3) R3 = n(207Pb) / n(206Pb) R4 = n(204Pb) / n(206Pb)
donne :
Pour référence, les paramètres sont résumés dans le
m y K y1 ⋅ Ry1 − K b ⋅ Rb ∑ (K xi ⋅ Rxi ) Tableau A7.1.
cy ⋅ ⋅ ⋅
∑ (K ⋅ R yi )
i

m x K b ⋅ Rb − K x1 ⋅ Rx1 yi
A7.2 Etape 1 : Spécification
cx
= i

∑ (K ⋅ Rzi )
La procédure générale pour les mesures est indiquée
cz
m' y K y1 ⋅ Ry1 − K ' b ⋅R ' b zi dans le Tableau A7.2. Les calculs et les mesures
cy ⋅ ⋅ ⋅
∑ (K ⋅ Ryi )
i
nécessaires sont décrits ci-dessous.
mz K ' b ⋅R ' b − K z1 ⋅ Rz1 yi
i Procédure de calcul pour la concentration cx
(4) Pour cette détermination du plomb dans l'eau, quatre
En simplifiant cette équation et en introduisant un mélanges pour b’ (dosage + spike) et b (échantillon +
blanc de procédure, cblanc, nous obtenons : spike) ont été préparés. Cela donne un total de 4
valeurs pour cx. Une de ces déterminations sera décrite
my m z K y1 ⋅ R y1 − K b ⋅ Rb en détail. La valeur reportée pour cx sera la moyenne
cx = cz ⋅ ⋅ ⋅
mx m' y K b ⋅ Rb − K x1 ⋅ Rx1 des quatre réplicats de l'échantillon.

(K xi ⋅ Rxi )
K ' b ⋅R' b − K z1 ⋅ Rz1 ∑
× ⋅ i − c blank
K y1 ⋅ R y1 − K ' b ⋅R' b ∑ (K zi ⋅ Rzi )
i
(5)
Il s’agit de l'équation finale, de laquelle cy a été
supprimée. Dans cette mesure, l'indice numérique des
rapports isotopiques R, représente rapports isotopiques
suivants :
R1 = n(208Pb) / n(206Pb) R2 = n(206Pb) / n(206Pb)

88
Quantification de l’Incertitude Exemple A7

Tableau A7.2. Procédure générale facteur K0 est mesuré avant et après le rapport qu'il
corrigera. Une séquence typique d’échantillons est : 1.
Etape Description (blanc), 2. (NIST SRM 981), 3. (blanc), 4. (mélange 1),
1 Préparer la solution de l'étalon 5. (blanc), 6. (NIST SRM 981), 7. (blanc),
primaire 8. (échantillon), etc.
2 Préparation des mélanges : b’ et b Les mesures de blancs ne sont pas seulement utilisées
3 Mesure des rapports isotopiques pour effectuer une correction de blancs, mais elles sont
également utilisées pour contrôler le nombre de coups
4 Calcul de la concentration de Pb
présente dans l'échantillon, cx
5 Estimer l'incertitude sur cx Tableau A7.4
cx (µmol g-1)
Essai N° 1 0.053738
Calcul de la masse molaire (notre exemple)
En raison des variations naturelles dans la composition Essai N° 2 0.053621
isotopique de certains éléments, par exemple le Pb, il Essai N° 3 0.053610
est nécessaire de déterminer la masse molaire, M, pour Essai N° 4 0.053822
l'étalon du premier dosage puisque celle-ci affectera la Moyenne 0.05370
concentration cz. Remarquez que ce n’est pas le cas Ecart-type expérimental (s) 0.0001
lorsque cz est exprimée en mol.g-1. La masse molaire,
M(E), pour un élément E, est numériquement égale à la émis pour le blanc. Aucune nouvelle série de mesures
masse atomique de l'élément E, Ar(E). Le masse n'est lancée tant que le comptage du blanc n’est pas
atomique peut être calculé selon l'expression générale : stable et revenu à un niveau normal. Remarquez que

∑ R ⋅ M ( E)
p
i l'échantillon, les mélanges, le spike et les étalons du
i dosage étaient dilués à une concentration appropriée
i =1
Ar (E ) = p
(6) avant d'effectuer les mesures. Les résultats des mesures
∑ Ri
i =1
de rapport isotopiques, des facteurs K0 calculés et du
Kbiais sont résumés dans le Tableau A7.8.
où les valeurs Ri correspondent aux rapport isotopiques Préparation de l'étalon du premier dosage et calcul de
théoriques pour l'élément E et M(iE) aux masses la concentration, cz.
tabulées des nucléides.
Deux étalons ont été préparés pour le premier dosage,
Remarquez que les rapports isotopiques dans l'équation chacun à partir d'une pièce de plomb métallique
(6) doivent être des rapport isotopiques absolus, c'est-à- différente ayant une pureté chimique de w = 99,999 %.
dire qu'ils doivent être corrigés du fractionnement Les deux pièces provenaient du même lot de plomb de
isotopique. Avec l'emploi des indices corrects, on pureté élevée. Les pièces ont été dissoutes dans 10 mL
obtient l'équation (7). Pour le calcul, les masses des environ d'un mélange HNO3/eau en proportion 1:3
nucléides, M(iE), ont été extraites de la littérature2, m/m sous chauffage modéré, avant nouvelle dilution.
tandis que les rapport isotopiques, Rzi, et les facteurs Deux mélanges ont été préparés à partir de chacun de
K0, K0(zi), ont été mesurés (voir Tableau A7.8). Ces ces deux étalons de dosage. Les valeurs de l'un des
valeurs donnent : dosages sont décrites ci-après.

( )
p

∑K zi ⋅ Rz i ⋅ M z i E 0,36544 g de plomb, m1, a été dissout et dilué dans du


HNO3 aqueux (0,5 mol.L-1) pour une masse totale d1 =
M (Pb, Etalon fille 1) = i =1
p 196,14 g. Cette solution est appelée Etalon fille 1. Une
∑K
i =1
zi ⋅ Rz i solution plus diluée était nécessaire et m2 = 1,0292 g de
l’Etalon fille 1 a été diluée dans du HNO3 aqueux
(0,5 mol.L-1) pour une masse totale d2 = 99,931 g. Cette
= 207.21034 g mol −1 solution est appelée Etalon fille 2. La concentration de
(7) Pb dans l’Etalon fille 2, cz, est ensuite calculée selon
l'équation (8)
Mesure des facteurs K et des rapport isotopiques
m2 m1 ⋅ w 1
Pour corriger du fractionnement isotopique, un facteur cz = ⋅ ⋅
correctif, K, est utilisé comme spécifié dans l'équation d2 d1 M (Pb, Etalonfille1)
(2). Il est possible de calculer le facteur K0 à l'aide d'un
matériau de référence certifié quant à sa composition = 9.2605 × 10 −8 mol g −1 = 0.092605 µmol g −1
isotopique. Dans le cas présent, le matériau de (8)
référence certifié NIST SRM 981 a été utilisé pour
suivre une éventuelle variation du facteur K0. Le Préparation des mélanges

89
Quantification de l’Incertitude Exemple A7

Tableau A7.3
Mélange b b’
Solutions Spike Echantillon Spike Etalon Calcul de la concentration inconnue cx
utilisées fille 2
Paramètre my mx m’y mz En introduisant les données mesurées et calculées
(Tableau A7.8) dans l'équation (5), on obtient cx =
Masse (g) 1.1360 1.0440 1.0654 1.1029 0,053738 µmol.g-1. Les résultats obtenus sur les quatre
prises d’essais sont donnés dans le Tableau A7.4.
La fraction massique du spike est à peu près égale à
20µg de Pb par g de solution et la fraction massique de A7.3 Etapes 2 et 3 : Identification et
Pb dans l'échantillon du même ordre. Le Tableau A7.3
quantification des sources d'incertitude
indique les masses pesées pour les deux mélanges
utilisés dans cet exemple. Stratégie pour le calcul de l'incertitude
Mesure du blanc de la procédure cblanc S'il fallait inclure les équations (2), (7) et (8) dans
l'équation finale de l'IDMS (5), le nombre de
Dans ce cas, le blanc de la procédure était mesuré à
paramètres rendrait l'équation inexploitable. Afin de la
l'aide d'un étalonnage externe. Une procédure plus
simplifier, les facteurs K0, la concentration de la
complète consisterait à ajouter un spike enrichi au
solution Etalon fille 2 et leurs incertitudes associées
blanc et de le traiter de la même manière que les
sont traités de façon séparée et introduits ensuite dans
échantillons. Dans cet exemple, seuls des réactifs de
l'équation d'IDMS (5). Dans ce cas l'incertitude finale
pureté élevée ont été utilisés, ce qui aurait donné lieu à
composée de cx n'est pas affectée et il est recommandé
des rapport isotopiques extrêmes dans les mélanges et
de simplifier de cette façon pour des raisons pratiques.
donc à peu de fiabilité pour la procédure de dopage en
isotope enrichi. Le blanc de procédure étalonné par Pour calculer l'incertitude type composée, uc(cx), on se
étalonnage externe a été mesuré quatre fois et cblanc servira des valeurs issues d'une des mesures, comme
évaluée à 4,5×10-7 µmol.g-1, avec une incertitude type cela est décrit dans le tableau A7.2. L'incertitude
de 4,0×10-7 µmol.g-1 évaluée en tant que type A. composée de cx sera calculée à l'aide de la méthode du
tableur décrite en Annexe E.
Incertitude sur les facteurs K
Tableau A7.5
i) Incertitude surK0
Valeur Incertitude Type
type Remarque 1 K est calculé selon l'équation (2) et à l'aide des valeurs
de Kx1, comme l’exemple donne pour K0 :
Kbiais(zi) 0 0.001 B
Rcertifié 2.1681
Rz1 2.1429 0.0054 A K 0 ( x1) = = = 0.9992 (9)
Robservé 2.1699
K0(z1) 0.9989 0.0025 A
Pour calculer l'incertitude sur K0, nous avons d'abord
K0(z3) 0.9993 0.0035 A consulté le certificat où le rapport isotopique certifié,
K0(z4) 1.0002 0.0060 A 2,1681, a une incertitude déclarée à 0,0008 pour un
intervalle de confiance à 95 %. Pour convertir une
Rz2 1 0 A incertitude basée sur un intervalle de confiance à 95 %
en une incertitude type nous divisons par 2. On obtient
Rz3 0.9147 0.0032 A
une incertitude type égale à u(Rcertifié) = 0,0004. Le
Rz4 0.05870 0.00035 A rapport isotopique observé, Robservé = n(208Pb) / n(206Pb),
a une incertitude type de 0,0025 (en tant que RSD).
M1 207.976636 0.000003 B
Pour le facteur K, il est possible de calculer
M2 205.974449 0.000003 B l'incertitude composée comme étant :
M3 206.975880 0.000003 B 2
u c ( K 0 ( x1))  0.0004 
=   + (0.0025)
2
M4 203.973028 0.000003 B
K 0 ( x1)  2.1681 
Remarque 1 : Type A (évaluation statistique) ou Type B (autre)
= 0.002507
(10)
Ceci montre clairement que les contributions à
l'incertitude des rapport isotopiques certifiés sont
négligeables. Dès lors, les incertitudes sur les rapports

90
Quantification de l’Incertitude Exemple A7

Incertitude sur la concentration de la solution Etalon


Tableau A7.6 fille 2, cz
Valeur Incertitude i) Incertitude sur la masse atomique du Pb
Masse de ‘échantillon de 0.36544 0.00005
plomb, m1 (g) Tout d'abord, l'incertitude composée de la masse
molaire de la solution étalon, Etalon fille 1, sera
Masse totale après la 196.14 0.03
calculée. Les valeurs dans le Tableau A7. sont connues
première dilution, d1 (g)
ou ont été mesurées :
Aliquote de la première 1.0292 0.0002
dilution, m2 (g) Selon l'équation (7), le calcul de la masse molaire
Masse totale après la 99.931 0.01 prend cette forme :
seconde dilution, d2 (g)
M (Pb, Etalonfill e1) =
Pureté de l’échantillon de 0.99999 0.000005
plomb métallique, w K z1 ⋅ R z1 ⋅ M 1 + R z2 ⋅ M 2 + K z3 ⋅ R z3 ⋅ M 3 + K z4 ⋅ R z4 ⋅ M 4
(fraction de masse) K z1 ⋅ R z1 + K z 2 ⋅ R z2 + K z3 ⋅ R z3 + K z4 ⋅ R z4
Masse molaire de Pb dans 207.2104 0.0010
le matériau du dosage, M (12)
(g mol-1)
Pour calculer l'incertitude type composée de la masse
molaire de Pb dans la solution étalon du dosage, on a
isotopiques mesurés, Robservé, seront utilisés pour les utilisé le modèle du tableur décrit dans l'Annexe E.
incertitudes sur K0. Huit mesures de chaque rapport isotopique et de K0 ont
Incertitude sur Kbiais été effectuées. Ceci a donné une masse molaire
M(Pb, Etalon fille 1) = 207,2103 g.mol-1, avec une
Ce facteur de biais est introduit dans le but de prendre incertitude de 0,0010 g.mol-1 calculée à l'aide de la
en compte les écarts éventuels sur la valeur du facteur méthode du tableur.
lié au fractionnement isotopique. Comme cela peut être
remarquée dans l'équation (2), il existe un biais associé ii) Calcul de l'incertitude type composée dans la
à chaque facteur K. Les valeurs de ces biais ne sont pas détermination de cz
connues dans notre cas et une valeur de 0 est Pour calculer l'incertitude sur la concentration de Pb
appliquée. Une incertitude est, bien sûr, associée à dans la solution Etalon fille 2, cz, on utilise les données
chaque biais et il faut en tenir compte dans le calcul de du tableau A7.2 et l'équation (8). Les incertitudes ont
l'incertitude finale. En principe, un biais devrait être été tirées des certificats de pesées, voir A7.3. Tous les
appliqué comme dans l'équation (11) à l'aide d'un paramètres utilisés dans l'équation (8) sont donnés avec
extrait de l'équation (5) et des paramètres Ky1 et Ry1 leurs incertitudes dans le Tableau A7..
pour démontrer ce principe.
La concentration, cz, a été calculée à l'aide de l'équation
(K 0 ( y1) + K bias ( y1) ) ⋅ R y1 − ... (8). Selon l'Annexe D.5 l'incertitude type composée sur
c x = . . .. ⋅ ⋅ . ... (11) c z, est calculée comme étant égale à:
.....
uc(cz) = 0,000028. Ceci donne cz = 0,092606 µmol.g-1
Les valeurs de tous les biais, Kbiais(yi, xi, zi), sont (0± avec une incertitude type de 0,000028 µmol.g-1 (0,03
0,001). Cette estimation se base sur une longue % en tant que % RSD).
expérience de mesures du plomb par IDMS. Tous les Pour calculer uc(cx), pour le réplicat 1, on a appliqué le
paramètres du Kbiais(yi, xi, zi) ne figurent pas de façon modèle du tableur (Annexe E). Le budget
détaillée dans le Tableau A7., le Tableau A7.8 ou dans d’incertitudes pour le réplicat 1sera représentatif de la
l'équation 5néa, mais ils sont utilisés dans tous les mesure. En raison du nombre de paramètres dans
calculs d'incertitude. l'équation (5), on ne présentera pas le tableur. La valeur
Incertitude sur les pesées des paramètres, leurs incertitudes ainsi que l'incertitude
composée de cx sont indiquées dans le Tableau A7.7.
Dans ce cas, un laboratoire spécialisé en métrologie
des masses a réalisé les pesées. La procédure appliquée A7.4 Etape 4 : Calcul de l'incertitude type
a été une technique par encadrement à l'aide de masses composée
étalonnées et d'un comparateur. La technique par
encadrement a été répétée au moins six fois pour La moyenne et l'écart-type expérimental des quatre
chaque détermination de la masse des échantillons. La réplcaits sont donnés dans le Tableau A7.7. Les
correction due à la poussée de l’air a été appliquée. Les chiffres sont tirés du Tableau A7.4 et du Tableau A7.8.
corrections sur la stœchiométrie et les impureté n'ont
pas été appliquées dans ce cas. Les incertitudes
provenant des certificats de pesées ont été traitées
comme des incertitudes types et elles figurent dans le
Tableau A7.8.

91
Quantification de l’Incertitude Exemple A7

Tableau A7.7 valeur est alors nettement plus élevée que l'écart-type
expérimental de 0,00010 µmol.g-1, voir Tableau A7.7.
Essai 1 Moyenne des essais 1-4 Ceci indique que l'écart-type expérimental est couvert
cx = 0,05374 cx = 0,05370 µmol g-1 par les contributions des incertitudes évaluées de type
A et qu'il est inutile d'envisager d'autres contributions
uc(cx) = 0,00018 S = 0,00010 Remarque 1 µmol g-1
d'incertitude évaluées de type A, dues à la préparation
Remarque 1 : C'est l'incertitude type expérimentale et non des mélanges. Il pourrait y avoir toutefois un biais
l'écart-type de la moyenne. associé aux préparations des mélanges. Dans cet
exemple, un biais éventuel sur la préparation des
Dans la pratique de l'IDMS et de nombreuses analyses mélanges est jugé insignifiant comparativement aux
peu courantes, un contrôle statistique complet de la principales sources d'incertitude.
procédure de mesure exigerait des ressources et un
temps illimités. Une bonne manière de vérifier si une La teneur de plomb dans l'échantillon d'eau est alors :
source d'incertitude a été oubliée consiste à comparer cx = (0.05370 ± 0.00036) µmol.g-1
les incertitudes des évaluations de type A avec l'écart-
type expérimental des quatre réplicats. Si l'écart-type Le résultat est présenté avec une incertitude élargie
expérimental est supérieur aux contributions résultant pour un facteur d'élargissement égal à 2.
des sources d'incertitude évaluées comme de type A,
cela pourrait indiquer que le processus de la mesure Références pour l'Exemple 7
n'est pas totalement maîtrisé. En approximation, en se
1. T. Cvitaš, Metrologia, 1996, 33, 35-39
servant des données tirées du Tableau A7.8, on peut
2 G. Audi and A.H. Wapstra, Nuclear Physics, A565
calculer la somme des incertitudes expérimentales de
(1993)
type A évaluées en prenant 92,2 % de l'incertitude
expérimentale totale, valant 0,00041 µmol.g-1. Cette

92
Quantification de l’Incertitude Exemple A7

Tableau A7.8
Paramètre Evaluation de valeur Incertitude Contribution à Incertitude Contribution à
l'incertitude expérimentale uc(%) totale finale uc(%) totale
(Remarque 1) (Remarque 2)

Kbiais B 0 0.001Remarque 3 7.2 0.001Remarque 3 37.6


cz B 0.092605 0.000028 0.2 0.000028 0.8
K0(b) A 0.9987 0.0025 14.4 0.00088 9.5
K0(b’) A 0.9983 0.0025 18.3 0.00088 11.9
K0(x1) A 0.9992 0.0025 4.3 0.00088 2.8
K0(x3) A 1.0004 0.0035 1 0.0012 0.6
K0(x4) A 1.001 0.006 0 0.0021 0
K0(y1) A 0.9999 0.0025 0 0.00088 0
K0(z1) A 0.9989 0.0025 6.6 0.00088 4.3
K0(z3) A 0.9993 0.0035 1 0.0012 0.6
K0(z4) A 1.0002 0.006 0 0.0021 0
mx B 1.0440 0.0002 0.1 0.0002 0.3
my1 B 1.1360 0.0002 0.1 0.0002 0.3
my2 B 1.0654 0.0002 0.1 0.0002 0.3
mz B 1.1029 0.0002 0.1 0.0002 0.3
Rb A 0.29360 0.00073 14.2 0.00026Note 4 9.5
R’b A 0.5050 0.0013 19.3 0.00046 12.7
Rx1 A 2.1402 0.0054 4.4 0.0019 2.9
Rx2 Cons. 1 0 0
Rx3 A 0.9142 0.0032 1 0.0011 0.6
Rx4 A 0.05901 0.00035 0 0.00012 0
Ry1 A 0.00064 0.00004 0 0.000014 0
Rz1 A 2.1429 0.0054 6.7 0.0019 4.4
Rz2 Cons. 1 0 0
Rz3 A 0.9147 0.0032 1 0.0011 0.6
Rz4 A 0.05870 0.00035 0 0.00012 0
cblanc A 4.5 × 10-7 4.0 × 10-7 0 2.0 × 10-7 0
cx 0.05374 0.00041 0.00018

ΣAcontrib.= 92.2 ΣAcontrib.= 60.4

ΣBcontrib.= 7.8 ΣBcontrib.= 39.6


Remarques page suivante

93
Quantification de l’Incertitude Exemple A7

Remarques sur le tableau A7.8


Remarque 1 : L'incertitude expérimentale est calculée sans prendre en compte le nombre de mesures sur chaque
paramètre.
Remarque 2 : Dans l'incertitude finale le nombre de mesures a été pris en compte. Dans ce cas tous les
paramètres évalués de type A ont été mesurés 8 fois. Leurs écarts-type ont été divisés par √8.
Remarque 3 : Cette valeur est pour un seul Kbiais. On se sert du paramètre ΣKbiais au lieu d'établir la liste de toutes
les Kbiais(zi,xi,yi), qui ont tous la même valeur (0 ± 0,001).
Remarque 4 : Rb a été mesuré 8 fois par mélange ce qui donnait lieu à un total de 32 observations. Lorsqu'il n'y a
pas de variation d'un mélange à l'autre, comme dans cet exemple, toutes ces 32 observations pouvaient être
prises en compte en rentrant les mesures des quatre mélanges dans le modèle. Ceci peut être très pénalisant pour
ce qui est du temps et comme, dans ce cas, cela n'affecte pas nettement l'incertitude, on ne le fait pas.

94
Quantification de l’Incertitude Annexe B - Définitions

Annexe B - Définitions

Généralités
B.1 Fidélité dérivée » telle que la vitesse (la longueur divisée
par le temps).
Etroitesse d’accord entre des résultats d’essais * La présente NOTE remplace la NOTE 2 de l’ISO 3534-2.
indépendants obtenus dans des conditions stipulées
[H.8]. B.3 Grandeur d’influence
NOTE 1 : La fidélité dépend uniquement de la distribution
des erreurs aléatoires et n’a aucune relation avec la
Grandeur qui, lors d’un mesurage direct,
valeur vraie ou spécifiée. n’a pas d’effet sur la grandeur mesurée,
NOTE 2 : La mesure de fidélité est généralement exprimée mais a un effet sur la relation entre
en termes d'infidélité et est calculée à partir de l’indication et le résultat de mesure [H.7].
l’écart-type des résultats d’essai Une fidélité
moindre est reflétée par un plus grand écart-type. EXEMPLES
NOTE 3 : Le terme « Résultats d'essais indépendants » 1. Fréquence lors du mesurage direct de l’amplitude
signifie des résultats obtenus d’une façon non constante d'un courant alternatif au moyen d’un
influencée par un résultat précédent sur le même ampèremètre ;
matériau d’essai ou simimlaire. Les mesures
quantitatives de la fidélité dépendent de façon 2. Concentration en quantité de matière de
critique des conditions stipulées. Les conditions de bilirubine lors du mesurage direct de la
répétabilité et de reproductibilité sont des concentration en quantité de matière d’hémoglobine
ensembles particuliers de conditions extrêmes. dans le plasma sanguin humain.
3. Température d’un micromètre lors du mesurage
B.2 Valeur vraie de la longueur d’une tige, mais pas la température
de la tige elle-même qui peut entrer dans la
Valeur qui caractérise une grandeur ou définition du mesurange.
une caractéristique quantitative 4. Pression ambiante dans la source d’ions d’un
parfaitement définie dans les conditions spectromètre de masse lors du mesurage d’une
fraction molaire.
existant lorsque cette grandeur ou
caractéristique quantitative est considérée NOTE 1 : Un mesurage indirect implique une combinaison
de mesurages directs, sur chacun desquels des
[H.8]. grandeurs d’influence peuvent avoir un effet.
NOTE 1 : La « valeur vraie » d’une grandeur ou d’une NOTE 2 : Dans le GUM, le concept « grandeur
caractéristique quantitative est une notion d’influence » est défini comme dans la deuxième
théorique et, en général, ne peut pas être connue édition du VIM, de façon à comprendre non
exactement. seulement les grandeurs qui ont un effet sur le
NOTE 2* : Pour une explication du terme « grandeur », système de mesure, comme dans la définition ci-
l’ISO 3534-2 se rapporte à la NOTE 1 de l’ISO dessus, mais aussi celles qui ont un effet sur les
3534-2 paragraphe 3.2.1. qui stipule que « Dans grandeurs effectivement mesurées. En outre, le
cette définition, une grandeur correspond soit à une concept n’y est pas limité aux mesurages directs.
« grandeur de base », telles que la masse, la
longueur et le temps, ou bien une « grandeur

95
Quantification de l’Incertitude Annexe B - Définitions

Mesure NOTE 2 : L'incertitude de mesure comprend, en général,


plusieurs composantes. Certaines de ces
B.4 Mesurande composantes peuvent être évaluées à partir de la
distribution statistique des résultats de séries de
Grandeur que l’on veut mesurer [H.7]. mesurages et peuvent être caractérisées par des
écarts-types expérimentaux. Les autres
NOTE : Voir la référence H.5 pour l’ensemble des composantes, qui peuvent aussi être caractérisées
remarques et une analyse détaillée du par des écarts-types, sont évaluées en admettant
« mesurande » et sa relation avec la quantité ou la des distributions de probabilité supposées fondées
concentration en « analyte ». sur l'expérience acquise ou sur d'autres
informations.
NOTE 3 : Il est entendu que le résultat du mesurage est la
B.5 Mesurage meilleure estimation de la valeur du mesurande et
que toutes les composantes de l'incertitude, y
Processus consistant à obtenir compris celles qui résultent d’effets systématiques,
expérimentalement une ou plusieurs comme les composantes associées aux corrections
valeurs que l’on peut raisonnablement et aux étalons de référence, contribuent à la
dispersion.
attribuer à une grandeur [H.7].
NOTE : Voir la référence H.5 pour l’ensemble des B.9 Traçabilité
remarques et une analyse détaillée du « mesurage »
et de « résultat de mesure ». Propriété d’un résultat de mesure selon
laquelle ce résultat peut être relié à une
référence par l’intermédiaire d’une
B.6 Mode opératoire de mesure chaîne ininterrompue et documentée
d’étalonnages dont chacun contribue à
Ensemble des opérations, décrites d’une l’incertitude de mesure [H.7].
manière spécifique, mises en œuvre lors
NOTE : Voir la référence H.5 pour l’ensemble des NOTEs
de l’exécution de mesurages particuliers et une analyse détaillée de « traçabilité
selon une méthode donnée [H.7]. métrologique » et la section 3.3 pour une analyse
dans le cadre du présent Guide.
NOTE : Le mode opératoire est habituellement décrit dans
un document appelé lui-même « mode opératoire »
et qui donne assez de détailsest habituellement B.10 Incertitude type
suffisamment détaillée pour qu’un opérateur puisse
effectuer un mesurage sans avoir besoin d’autres u ( x i) Incertitude du résultat xi d'une mesure
informations.
exprimée sous forme d'un écart-type
[H.2].
B.7 Méthode de mesure
B.11 Incertitude type composée
Succession logique des opérations,
décrites d’une manière générique, mises u c( y ) L'incertitude type composée du résultat y
en œuvre lors de l’exécution de d'une mesure lorsque l'on obtient le
mesurage. conformément à une méthode résultat à partir des valeurs de plusieurs
donnée [H.7]. autres grandeurs égale à la racine carrée
NOTE : La méthode de mesures peuvent être qualifiées de positive d'une somme de termes, les
différentes façons telles que : termes étant les variances ou les
- méthode de substitution ; covariances de ces autres grandeurs
- méthode différentielle ; pondérées selon la façon dont varie le
- méthode de zéro. résultat de la mesure en fonction de ces
grandeurs [H.2].
Incertitude
B.8 Incertitude (de mesure) B.12 Incertitude élargie

Paramètre associé au résultat d'un U Grandeur définissant un intervalle autour


mesurage, qui caractérise la dispersion du résultat d'une mesure, supposé
des valeurs que l'on pourrait comprendre une part importante de la
raisonnablement attribuer au mesurande distribution des valeurs qui pourraient
[H.2]. raisonnablement être attribuées au
mesurande [H.2].
NOTE 1 : Le paramètre peut être, par exemple, un écart-
type (ou un multiple donné de celui-ci), ou la demi- NOTE 1 : La fraction peut être considérée comme la
largeur d'un intervalle de niveau de confiance probabilité d'élargissement ou niveau de confiance
déterminé. de l'intervalle.

96
Quantification de l’Incertitude Annexe B - Définitions

NOTE 2 : Pour associer un niveau spécifique de confiance constante ou varie de façon prévisible
à l'intervalle défini par les incertitudes étendues, il
faut disposer d'hypothèses explicites ou implicites [H.7].
concernant la distribution de la probabilité NOTE : Voir la référence H.5 pour l’ensemble des
caractérisée par le résultat de la mesure et son remarques et une analyse détaillée du terme
incertitude type composée. Le niveau de confiance « erreur de mesurage » et des termes associés.
que l'on peut attribuer à cet intervalle ne peut être
connu que dans la mesure où ces hypothèses
peuvent être justifiées.
NOTE 3 : Une incertitude élargie U est calculée à partir Termes statistiques
d'une incertitude type composée uc et d'un facteur
d'élargissement k à l'aide de l'expression
B.19 Moyenne arithmétique
U = k × uc x Valeur de la moyenne arithmétique d'un
échantillon de n résultats.
B.13 Facteur d'élargissement ∑x
i =1, n
i

k Facteur numérique utilisé comme x=


multiplicateur de l'incertitude type n
composée dans le but d'obtenir une
B.20 Ecart-type de l'échantillon
incertitude élargie [H.2].
NOTE : Un facteur d'élargissement est classiquement s Une estimation de l'écart-type de la
compris entre 2 et 3. population σ issu d'un échantillon de n
résultats.
B.14 Evaluation de type A (de l'incertitude) n

Méthode d'évaluation de l'incertitude par ∑ (x i − x)2


l'analyse statistique de séries s= i =1
n −1
d'observations [H.2].
B.15 Evaluation de type B (de l'incertitude) B.21 Ecart-type de la moyenne
Méthode d'évaluation de l'incertitude par sx L'écart-type de la moyenne x de n
des moyens différents de l'analyse valeurs prises dans une population est
statistique de séries d'observations [H.2] donné par :
s
sx =
Erreur n
B.16 Erreur (de mesure) Les termes « erreur type » et « erreur
type de la moyenne » ont aussi été
Différence entre la valeur mesurée d’une employés pour décrire la même grandeur.
grandeur et une valeur de référence [H.7].
NOTE : Voir la référence H.5 pour l’ensemble des
remarques et une analyse détaillée du terme B.22 Ecart-type relatif (RSD)
« erreur de mesurage » et des termes associés.
RSD Une estimation de l'écart-type d'une
B.17 Erreur aléatoire population obtenue à partir d'un
Composante de l’erreur de mesure qui, échantillon (statistique) de n résultats
dans des mesurages répétés, varie de divisée par la moyenne de cet
façon imprévisible [H.7]. échantillon.
NOTE : Voir la référence H.5 pour l’ensemble des Souvent connu sous le nom de coefficient
remarques et une analyse détaillée du terme de variation (CV). Souvent déterminé
« erreur de mesurage » et des termes associés.
aussi sous forme de pourcentage (noté
%RSD ou %CV dans ce Guide).
B.18 Erreur systématique
s
Composante de l’erreur de mesure qui, RSD =
x
dans des mesurages répétés, demeure

97
Quantification de l’Incertitude Annexe C – Incertitudes dans les processus analytiques

Annexe C - Incertitudes dans les processus analytiques

C.1 Pour identifier les sources éventuelles - (Pré-)Concentration.


d'incertitude dans une procédure analytique, il est utile - Maîtrise des effets de spéciation.
de décomposer l'analyse en un ensemble d'étapes
génériques : 3. Analyse des Matériaux de Référence Certifiés
1. Echantillonnage par le système de mesure
- Incertitude pour les MRC
2. Préparation des échantillons
- Adéquation des MRC à l’échantillon
3. Analyse des Matériaux de Référence Certifiés par
le système de mesure 4. Etalonnage de l'appareil
4. Etalonnage de l'appareil - Erreurs d'étalonnage de l'appareil à l'aide d'un
5. Analyse (acquisition des données) Matériau de Référence Certifié.
- Matériau de Référence et son incertitude.
6. Traitement des données
- Echantillon correspondant à l'étalon.
7. Présentation des résultats - Précision de l'appareil ;
8. Interprétation des résultats
5. Analyses
C.2 Ces étapes peuvent être encore fractionnées selon - Contamination dans les auto-analyseurs.
les contributions à l'incertitude. La liste qui suit, - Effets de l'opérateur, par exemple le daltonisme,
bien qu'elle ne soit pas nécessairement exhaustive, parallaxe, autres erreurs systématiques.
donne des conseils sur les facteurs qu'il faut - Interférences résultant de la matrice, des réactifs
envisager. ou des autres analytes.
- Pureté des réactifs.
1. Echantillonnage - Réglages des paramètres des appareils, par
- Homogénéité. exemple les paramètres d'intégration.
- Effets d'une stratégie spécifique d'échantillonnage - Précision d'une mesure à l'autre.
(par exemple aléatoire, aléatoire stratifiée,
proportionnelle etc.) 6. Traitement des données
- Effets de modification de l'ensemble de la matrice - Calcul de la moyenne.
(en particulier effets de densité) - Contrôle des troncatures et des arrondis des
- Etat physique de l'ensemble (solide, liquide, gaz) calculs.
- Effets de la température et de la pression. - Statistiques.
- Le processus d'échantillonnage affecte-t-il la - Algorithmes de traitement (ajustement au modèle,
composition ? Par exemple l'adsorption par exemple au modèle de la droite des moindres
différentielle dans le système d'échantillonnage. carrés).

2. Préparation des échantillons 7. Présentation des résultats


- Effets de l'homogénéisation et/ou du sous- - Résultat final.
échantillonnage. - Estimation de l'incertitude.
- Séchage. - Niveau de confiance.
- Broyage.
- Dissolution. 8. Interprétation des Résultats
- Extraction. - Par rapport aux limites/bornes.
- Contamination. - Conformité réglementaire.
- Dérivation (effets chimiques) - Adéquation avec les besoins.
- Erreurs de dilution.

98
Quantification de l’Incertitude Annexe D – Analyse des sources d’incertitude

Annexe D - Analyse des Sources d'Incertitude

contributions correspondant à chaque paramètre en


D.1 Introduction entrée. Par exemple, il existe toujours un élément de
Il est toujours indispensable d'établir et de conserver variabilité d'une mesure à l'autre, au moins sur le plan
une liste des sources d'incertitude essentielles pour nominal, pour n'importe quel facteur ayant une
une méthode analytique. Il est souvent utile de influence ; ces effets contribuent à une certaine
structurer ce processus, à la fois pour assurer une variance globale observée pour la méthode dans son
couverture exhaustive et pour éviter d'en compter en ensemble et il ne faut pas les additionner un à un s'ils
excès. La procédure suivante (fondée sur une méthode ont déjà été pris en compte. De même, il est fréquent
publiée précédemment [H.4]), propose une façon de de trouver le même appareil utilisé pour peser des
développer une analyse appropriée et structurée des matériaux, ce qui conduit à un dénombrement en
contributions à l'incertitude. excès de ses incertitudes d'étalonnage. Ces
considérations amènent à formuler les règles
D.2 Principes de la démarche supplémentaires suivantes en vue d'affiner le
diagramme (bien qu'elles s'appliquent aussi bien à
D.2.1 La stratégie comporte deux phases : toute liste structurée des effets) :
• Identifier les effets sur un résultat
• Suppression d'effets : supprimer les doubles. Par
En pratique, on effectue l'analyse nécessaire exemple, dans un poids obtenu par différence, on
structurée à l'aide d'un diagramme des causes et détermine deux poids, tous deux sujets au « biais
des effets (parfois connu sous le nom de du zéro » de la balance. Le biais du zéro
diagramme de Ishikawa ou en « arête de neutralisera le poids obtenu par différence et peut
poisson ») [H.15]. être supprimé des flèches correspondant aux
• Simplifier et résoudre la duplication pesées distinctes.
La liste initiale est affinée dans le but de simplifier • Effet similaire, durée identique : combiner en une
la présentation et de s'assurer que les effets ne sont seule entrée. Par exemple, la variation d'une
pas inutilement dupliqués. mesure à l'autre sur de nombreuses entrées peut
être combinée en une seule « flèche » globale de
D.3 Analyse des causes et des effets fidélité d'une mesure à l'autre. Certaines
D.3.1 Les principes de construction d'un diagramme précautions sont nécessaires ; en particulier la
des causes et des effets sont décrits de manière variabilité des opérations effectuées séparément
détaillée dans un autre passage. La procédure pour chaque détermination peut être combinée,
employée est la suivante : tandis que la variabilité dans des opérations
1. Ecrire l'équation complète utilisée pour obtenir le effectuées sur des lots entiers (comme
résultat. Les paramètres dans l'équation forment les l'étalonnage d'un appareil) ne pourra être observée
flèches principales du diagramme. Il est presque que sur des mesures de fidélité entre des lots
toujours nécessaire d'ajouter une flèche principale différents.
représentant une correction nominale pour • Exemples différents : renommer. Il est fréquent
l'ensemble des biais, comme souvent le rendement, de rencontrer des effets qui portent le même nom
et c'est même recommandé à ce stade si c'est utile ; alors qu'ils concernent en réalité des exemples
2. Envisager chaque étape de la méthode et ajouter différents de mesures semblables. Il faut
tous les autres facteurs sur le diagramme, agissant clairement les distinguer avant de continuer.
indépendamment des principaux effets. Les
exemples en sont les effets environnementaux et D.3.3 Cette forme d'analyse ne conduit pas
les effets de matrice ; uniquement à des listes structurées. Dans le présent
3. Pour chaque flèche, ajouter les facteurs ayant une exemple, la température peut être considérée comme
contribution jusqu'à ce que les effets deviennent un effet direct sur la densité à mesurer, ou comme un
suffisamment infimes, c'est-à-dire, jusqu'à ce que effet sur la masse mesurée d'un matériau contenu dans
les effets sur le résultat soient négligeables ; un flacon pour mesurer la densité. En pratique cela
4. Eliminer les duplications et procéder à des n'affecte pas l'intérêt de la méthode. A condition que
réarrangements pour clarifier les contributions et tous les effets significatifs apparaissent une fois,
les causes appartenant au même groupe. Il quelque part sur la liste, la méthodologie globale
convient de grouper les termes de la fidélité sur demeure efficace.
une branche de fidélité distincte.
D.3.4 Dès que l'analyse des causes et des effets est
D.3.2 Le stade ultime de l'analyse des causes et des terminée, il peut s'avérer utile de revenir à l'équation
effets exige de fournir des explications d'origine utilisée pour obtenir le résultat et d'ajouter
supplémentaires. Des duplications se produisent tous les nouveaux termes (comme la température) à
naturellement lorsque l'on détaille une à une, les l'équation.

99
Quantification de l’Incertitude Annexe D – Analyse des sources d’incertitude
D.4 Exemple Figure D1: Liste initiale
D.4.1 On illustre la procédure en se référant à une
mesure directe simplifiée de la densité. Envisager le m(globale m(tare)
cas d'une détermination directe de la densité d(EtOH) )
Température
Lin*. Biais
de l'éthanol qui consiste à peser un volume connu V Température
Lin*. Biais étalonnage
Fidélité
dans un récipient volumétrique approprié ayant un
Fidélité étalonnage
poids de tare mtare et un poids global incluant l'éthanol d(EtOH)
mglobal. La densité se calcule à partir de : Fidélité
étalonnage
d(EtOH) = (mglobale - mtare)/V
Pour des raisons de clarté, seuls trois effets seront Volume *Lin. =Linéarité
envisagés : Etalonnage du matériel, Température, et la
fidélité de chaque détermination. Les Figures D1-D3
illustrent graphiquement le processus.
Figure D2: Combinaison d'effets similaires
D.4.2 Un diagramme des causes et des effets se
compose d'une structure hiérarchique conduisant à un
résultat unique. Pour le présent objectif, ce résultat est Température m(globale m(tare)
un résultat analytique particulier (d(EtOH) sur la ) Lin. Biais
Température

Figure D1). Les « flèches » conduisant au résultat sont Température Lin. Bias
Fidélité
étalonnage
les effets contributifs, lesquels englobent à la fois les Fidélité étalonnage
résultats de mesures intermédiaires particulières et d(EtOH)
d'autres facteurs, comme les effets environnementaux Fidélité
étalonnage
ou de matrice. Chaque flèche peut également avoir à
son tour d'autres effets contributifs. Ces « effets » Volume Fidélité

comprennent tous les facteurs affectant le résultat,


qu'ils soient variables ou constants; les incertitudes sur
l'un quelconque de ces effets contribueront
manifestement à l'incertitude sur le résultat. Figure D3: Neutralisation

D.4.3 La Figure D1 présente un diagramme possible


découlant directement de l'application des étapes 1 à même balance:
3. Les principales flèches sont les paramètres dans Biais
Température m(globale) neutralisés
m(tare)
l'équation et les effets sur chacun sont représentés par Lin. Bias
des flèches subsidiaires. Remarquez qu'il y deux effets Lin. Bias étalonnage
dits de « température », trois effets dits de « fidélité »
étalonnage
et trois effets « d'étalonnage ». d(EtOH)

étalonnage
D.4.4 La Figure D2 présente les effets de la fidélité et
de la température chacun étant regroupé selon la Volume Fidélité
seconde règle (même effet/moment) ; La température
peut être traitée comme un effet unique sur la densité,
tandis que les variations distinctes survenant dans
chaque détermination contribuent à une variation
observée lorsque l'on réitère la méthode complète.

D.4.5 Le biais d'étalonnage sur les deux pesées se


neutralise et peut être supprimé (Figure D3) selon la
première règle d'affinement (neutralisation).

D.4.6 Enfin, il faudra distinguer les flèches


d'« étalonnage » restantes comme étant deux
contributions (différentes) en raison d'une réponse
éventuelle non linéaire de la balance, couplée à
l'incertitude d'étalonnage associée à la détermination
volumétrique.

100
Quantification de l’Incertitude Annexe E – Procédures statistiques

Annexe E - Procédures Statistiques Utiles

E.1 Fonctions de Distribution


Le tableau suivant indique comment calculer une incertitude type à partir des paramètres des deux fonctions de
distribution les plus importantes et donne une indication des circonstances dans lesquelles chacune doit être utilisée.
EXEMPLE
Un chimiste estime qu'un facteur contributif n'est pas inférieur à 7 ni supérieur à 10, mais estime que la valeur
pourrait se situer n'importe où entre ces deux valeurs, sans savoir si une partie de l'intervalle est plus probable
que l'autre. C'est une description d'une fonction de distribution rectangulaire ayant un intervalle 2a = 3 (demi-
intervalle de a = 1,5). A l'aide de la fonction ci-dessous correspondant à une distribution rectangulaire, il est
possible de calculer une estimation de l'incertitude type. En se servant de l'intervalle ci-dessus, a = 1,5, on
obtient une incertitude type de (1,5/√3) = 0,87.
Distribution rectangulaire
Forme A utiliser quand : Incertitude

• Un certificat ou une autre spécification donne a


des limites sans spécifier le niveau de u ( x )=
confiance (par exemple 25 mL ± 0,05 mL)
3
• Une estimation est faite sous la forme d'un
intervalle maximum (± a) sans connaître la
forme de la distribution.

Distribution triangulaire
Forme A utiliser quand : Incertitude

2a ( = ± a ) • Les informations disponibles sur x sont moins a


limitées que pour une distribution u ( x )=
rectangulaire. Des valeurs proches de x sont 6
plus probables que celle situées près des
bornes.
1/a
• Une estimation est établie sous la forme d'un
intervalle maximum (± a) décrit à l'aide d'une
distribution symétrique.

Distribution normale
Forme A utiliser quand : Incertitude
Une estimation est faite à partir des u ( x) = s
observations répétées d'un processus variant
de manière aléatoire.
• Une incertitude est donnée sous la forme d'un u ( x) = s
écart-type s, d'un écart-type relatif s / x ou u(x) = x⋅( s / x)
2σ d'un écart-type % RSD sans spécifier la CV %
distribution. u ( x) = ⋅x
100
• Une incertitude est donnée sous la forme d'un u(x) = c /2
intervalle de confiance à 95 % (ou autre) x ± c (pour c à 95 %)
sans spécification sur la distribution. u(x) = c/3
(pour c à 99.7 %)
x

101
Quantification de l’Incertitude Annexe E – Procédures statistiques

E.2 Méthode du tableur pour calculer l'incertitude


E.2.1 Il est possible d'utiliser le logiciel d'un tableur iii) Sur la ligne 9 entrer la ligne 8 diminuée de A8
pour simplifier les calculs indiqués dans la Section 8 (par exemple, la cellule B9 devient B8-A8). Les
La procédure bénéficie d'une méthode numérique valeurs de u(y,p) prennent la forme de
arrondie de calcul différentiel, et il suffit de connaître u(y,p) = f (p+u(p), q, r ..) - f (p,q,r ..) etc.
la formule de calcul utilisée pour déduire le résultat NOTE : Ceci donne une différence affectée d’un signe. La
final (y compris tous les facteurs de correction magnitude correspond à l’incertitude type estimée et
nécessaires ou les influences) et les valeurs numériques le signe correspond à la direction du changement.
des paramètres ainsi que leurs incertitudes. La
iv) Pour obtenir l'incertitude type sur y, on élève au
description ici est conforme à celle de Kragten [H.22].
carré ces contributions distinctes, on les
additionne ensemble et ensuite on prend la racine
E.2.2 Dans l'expression pour u(y(x1, x2...xn)) :
carrée, en plaçant u(y,p)2 sur la ligne 10 (Figure
2 E2.3) et en plaçant la racine carrée de leur
 ∂y   ∂y ∂y 
∑  ∂x ⋅ u( xi )  + ∑  ∂x ⋅ ∂x ⋅ u( x i , x k ) 
  somme en A10. C'est-à-dire, que la cellule A10
i =1, n i , k =1, n
correspond à l'exécution de la formule
 i   i k 
SQRT(SUM(B10+C10+D10+E10))
à condition que y(x1, x2...xn) soit linéaire dans xi ou que Qui donne l'incertitude type sur y.
u(xi) soit faible comparée à xi, les différentielles
partielles (∂y/∂xi) peuvent être arrondies selon : E.2.5 Les contenus des cellules B10, C10 etc.
∂y y ( xi + u ( xi )) − y ( xi ) présentent les contributions élevées au carré u(y,xi)2 =
≈ (ciu(xi))2 des composantes distinctes de l'incertitude sur
∂xi u ( xi ) y et il est donc aisé de voir quelles sont les
En multipliant par u(xi) pour obtenir l'incertitude u(y,xi) composantes significatives.
sur y due à l'incertitude sur xi on obtient :
E.2.6 On peut rapidement mettre à jour les calculs dans
u(y,xi) ≈ y(x1,x2,.(xi+u(xi)).xn)-y(x1,x2,.xi.xn)
la mesure où les valeurs de chaque paramètre changent
Ainsi u(y,xi) est précisément la différence entre les
ou les incertitudes sont affinées. Dans l'étape i) ci-
valeurs de y calculées respectivement pour [xi+u(xi)] et
dessus, plutôt que de copier la colonne A directement
x i.
dans les colonnes B-E, copier les valeurs de p à s en
fonction de la référence, c'est-à-dire, les cellules de B3
E.2.3 L'hypothèse de la linéarité ou des valeurs faibles
à E3 renvoient toutes à A3, de B4 à E4 renvoient à A4
de u(xi)/xi ne sera pas réalisée dans tous les cas.
etc. Les lignes horizontales sur la Figure E2.1
Pourtant, la méthode fournit vraiment une exactitude
présentent le référencement pour la ligne 3. Remarquez
acceptable à des fins pratiques quand on la considère
que les cellules B8 à E8 devraient encore renvoyer aux
par rapport aux approximations indispensables faites
valeurs dans les colonnes B à E respectivement,
lors de l'estimation des valeurs de u(xi). Référence
comme indiqué pour la colonne B par les flèches
H.22 On discute de cette question plus à fond et des
verticales sur la Figure E2.1. Dans l'étape ii) ci-dessus,
méthodes de contrôle de la validité de l'hypothèse y
ajouter les références à la ligne 1 en fonction de la
sont suggérées.
référence (comme indiqué par les flèches sur la Figure
E2.1). Par exemple, la cellule B3 devient A3+B1, la
E.2.4 On paramètre le tableur de base de la manière
cellule C4 devient A4+C1 etc. Des modifications
suivante, en supposant que le résultat y est une fonction
intervenant soit sur les paramètres ou sur les
des quatre paramètres p, q, r, et s :
incertitudes se refléteront alors immédiatement sur le
i) Rentrer les valeurs de p, q, etc. et la formule résultat global en A8 et l'incertitude type composée en
permettant de calculer y dans la colonne A du A10.
tableur. Copier la colonne A dans les colonnes
suivantes une fois pour chaque variable en y (voir E.2.7 Si les variables ne sont pas corrélées, le terme
Figure E2.1). Il est commode de placer les supplémentaire nécessaire est ajouté à la SOM en A10.
valeurs des incertitudes u(p), u(q) et ainsi de suite Par exemple, si p et q sont corrélées avec un coefficient
sur la ligne 1 comme c'est indiqué. de corrélation r(p,q), alors on ajoute le terme
ii) Ajouter u(p) à p dans la cellule B3, u(q) à q dans supplémentaire 2×r(p,q) ×u(y,p) ×u(y,q) à la somme
la cellule C4 etc., comme sur la Figure E2.2. Lors calculée avant d'en prendre la racine carrée. Il est par
de l'exécution d'un nouveau calcul du tableur, la conséquent facile d'inclure la corrélation en ajoutant
cellule B8 devient alors f(p+u(p), q ,r, ...) (appelé sur le tableur les termes supplémentaires appropriés.
f (p’, q, r, ...) sur les Figures E2.2 et E2.3), la
cellule C8 devient f(p, q+u(q), r,..) etc.

102
Quantification de l’Incertitude Annexe E – Procédures statistiques

Figure E2.1
A B C D E
1 u(p) u(q) u(r) u(s)
2
3 p p p P p
4 q q q Q q
5 r r r R r
6 s s s S s
7
8 y = f(p,q,..) y = f(p,q,..) y = f(p,q,..) y = f(p,q,..) Y = f(p,q,..)
9
10
11

Figure E2.2
A B C D E
1 u(p) u(q) u(r) u(s)
2
3 p p + u(p) p P p
4 q q q + u(q) Q q
5 r r r r + u(r) r
6 s s s s s + u(s)
7
8 y = f(p,q,..) y = f(p’,...) y = f(..q’,..) y = f(..r’,..) Y = f(..s’,..)
9 u(y,p) u(y,q) u(y,r) u(y,s)
10
11

Figure E2.3
A B C D E
1 u(p) u(q) u(r) u(s)
2
3 p p + u(p) p P p
4 q q q + u(q) Q q
5 r r r r + u(r) r
6 s s s S s + u(s)
7
8 y = f(p,q,..) y = f(p’,...) y = f(..q’,..) y = f(..r’,..) y = f(..s’,..)
9 u(y,p) u(y,q) u(y,r) u(y,s)
10 u(y) u(y,p)2 u(y,q)2 u(y,r)2 u(y,s)2
11

103
Quantification de l’Incertitude Annexe E – Procédures statistiques

E.3 Évaluation de l’incertitude au moyen de la Simulation de Monte Carlo


E.3.1 Introduction

En 2008, le Groupe de travail 1 (WG1) du Comité Figure E.3.1


commun pour les guides en métrologie (JCGM) a
publié un Supplément (GS1) du GUM. Ce Supplément
décrit une approche générale appelée « la propagation
des distributions » pour l’estimation de l’incertitude de
mesure. Cette approche est mise en œuvre de manière
numérique sous forme de Simulation de Monte Carlo
(SMC). Cette méthode est simple de principe et facile à
utiliser avec un logiciel approprié. Elle est utilisable La figure compares (A) la loi de propagation de
dans la plupart des circonstances dans lesquelles les l’incertitude et (B) la propagation des distribution pour
approches du GUM et de Kragten s’appliquent. De trois grandeurs d’entrée indépendantes. g(ξi) est la
plus, elle peut être utilisée lorsqu’un résultat de mesure densité de probabilité (PDF) associée à xi, et g(η) la
est calculé avec une procédure numérique itérative. densité de probabilité du résultat.
Cette section vise à décrire brièvement cette méthode.
E.3.3 Relation entre les approches SMC, du GUM et
E.3.2 Principe de Kragten

Toute comme dans l’Annexe E.2, la SMC nécessite un Dans la plupart des cas, les méthodes du GUM, de
modèle de mesure décrivant le processus de mesure au Kragten et de SMC donnent des résultats similaires
travers de l’ensemble des facteurs individuels ayant un pour l’incertitude type associée à l’estimation du
effet sur le résultat. Le modèle de mesure peut se mesurande. On peut noter des différences lorsque les
trouver sous la forme d’une équation, tout comme dans distributions ne sont pas Normales et lorsque le résultat
l’Annexe E.2, d’un programme informatique ou d’une de mesure dépend de façon non linéaire d’une ou
fonction qui renvoie le résultat de mesure. De plus, on plusieurs grandeurs d’entrée. Lorsque l’on peut
a besoin des distributions de la probabilité (que l’on observer une non linéarité, l’approche classique du
appelle les fonctions de densité de probabilité ou FDP) GUM donnée en section 8 fonctionne mal. Le GUM
pour les grandeurs d’entrée, telles que les distributions couvre la non-linéarité en étendant le calcul pour
normale, triangulaire ou rectangulaire décrite dans inclure les termes d’ordre plus élevé (de plus amples
l’Annexe E.1. La section 8.1. décrit comment ces FDP détails sont donnés dans la référence H.2). Si c’est le
peuvent être obtenues à partir des informations cas, la méthode de Kragten (Annexe E2) peut permettre
généralement disponibles concernant les grandeurs d’obtenir une estimation plus réaliste de l’incertitude
d’entrée, telles les limites minimale ou maximale ou les que l’équation de premier ordre de la section 8.2.2. car
estimations et les incertitudes types associées. Le GS1 la méthode de Kragten permet de calculer les
fournit également des conseils pour d’autres cas. changements réels du résultat lorsque l’incertitude type
La Simulation de Monte Carlo calcule le résultat s’applique aux grandeurs d’entrée. La méthode de
correspondant à une valeur de chaque grandeur SMC (pour les simulations suffisamment importantes)
d’entrée choisie au hasard à partir des FDP, et répète ce permet d’obtenir une approximation plus précise en
calcul un large nombre de fois (essais), généralement explorant en plus les valeurs extrêmes des distributions
de 105 à 106. Ce processus conduit à un ensemble de d’entrée et de sortie. Lorsqu’une distribution est
résultats simulés qui, dans certaines conditions, largement non-normale, la méthode de Kragten et
correspond à une approximation de la FDP pour la l’approche classique du GUM permettent d’estimer
valeur du mesurande. La valeur moyenne et l’écart- l’incertitude type, alors que la méthode SMC permet
type sont calculés à partir de cet ensemble de résultats d’obtenir une indication de la distribution et donne
simulés. Dans le Supplément 1 du GUM, ces valeurs ainsi une meilleure indication de l’« intervalle élargi »
sont utilisées respectivement en tant qu’estimation du réel que de l’intervalle y±U.
mesurande et incertitude type associée à cette Les principaux inconvénients de la méthode de SMC
estimation. Ce procédé est illustré dans la Figure sont :
E.3.1B et est comparé à la procédure habituelle du • des calculs plus complexes et des temps de
GUM en Figure E.3.1A. La procédure du GUM associe calculs plus longs, notamment si l’on veut
les incertitudes types associées aux estimations des obtenir des intervalles fiables ;
grandeurs d’entrée afin d’obtenir l’incertitude type
associée à l’estimation du mesurande. La procédure du • les incertitudes calculées varient d’un cycle à
Supplément 1 (Figure 1B) utilise les distributions l’autre du fait de la nature volontairement
d’entrée pour calculer une distribution de sortie. aléatoire de la simulation ;

104
Quantification de l’Incertitude Annexe E – Procédures statistiques

• il est difficile d’identifier les contributions les E3.1afin d’obtenir des estimations par SMC. La
plus importantes à l’incertitude combinée sans procédure est illustrée en utilisant l’exemple simple
répéter la simulation. suivant, dans lequel une valeur y est calculée à partir
des valeurs d’entrée a, b et c selon l’équation :
Toutefois, la plupart du temps, l’utilisation des trois a
méthodes (GUM, Kragten et SMC) s’avère utile pour y=
mettre au point une stratégie appropriée car chacune b−c
permet de résoudre différentes parties du problème. Les (Cela peut correspondre, par exemple, à une fraction
différences notables entre les méthodes du GUM et de massique calculée à partir de la masse mesurée a d’un
Kragten indiqueront souvent une non-linéarité notable. analyte et de la masse brute et de la tare,
D’autre part, les différences importantes entre la respectivement b et c). Ces valeurs, les incertitudes
méthode de Kragten ou du GUM et la méthode SMC types et les distributions attribuées de a à c sont listées
peuvent indiquer des écarts importants à la normalité. aux lignes 3 et 4 du Tableau E3.2.
Lorsque les différentes méthodes donnent des résultats Le Tableau E3.2 illustre également la procédure :
sensiblement différents, la raison de ces différences
doit faire l’objet d’une analyse. i) Les valeurs d’entrée et les incertitudes types
associées (ou éventuellement pour les
distributions rectangulaires et triangulaires, la
Table E.3.1 Feuille de calcul pour Simulation demi-étendue d’un intervalle) se trouvent aux
Monte Carlo lignes 3 et 4 du tableur.
ii) Le calcul du résultat y est entré à la ligne 3, à
Distribution Formule pour PDFNote 1 droite de la liste des valeurs d’entrée.
Normale NORMINV(RAND(),x,u) iii) Les formules appropriées pour chaque
distribution sont entrées sous chaque
Rectangle
paramètre d’entrée, en commençant à partir
Donné la demi- x+2*a*(RAND()-0.5) d’une ligne appropriée située sous les valeurs
étendue a : et les incertitudes (la ligne 8 est la ligne de
départ dans le Tableau E3.2). Les formules
Donnée l’incertitude- x+2*u*SQRT(3) utiles pour la génération d’échantillons
type u : *(RAND()-0.5) aléatoires à partir des différentes FDP sont
Triangle listées dans le Tableau E3.1. Il convient de
noter que les formules doivent comprendre
Donné la demi- x+a*(RAND()-RAND()) des références fixées à la ligne contenant les
étendue a : valeurs et les incertitudes des paramètres
Donnée l’incertitude- x+u*SQRT(6) (indiquées par le symbole $ dans les
type u : *(RAND()-RAND()) formules).
iv) Le calcul pour le résultat y est copié à la
tNote 2 x+u*TINV(RAND(),νeff) première ligne des valeurs aléatoires, à droite
Note 1. Dans ces formules, x devrait être remplacé de la liste des valeurs d’entrée.
par la grandeur d’entrée xi, u avec son incertitude v) La ligne contenant les formules des valeurs
correspondante, a avec la demi-étendue de la aléatoires et la formule pour le résultat calculé
distribution rectangle ou triangle concernée, et ν avec correspondant est copiée pour donner le
le degré de liberté adéquate. nombre voulu de réplicas (500 dans le
Note 2. Cette formule s’applique quand l’incertitude Tableau E3.2).
type est donnée et connue à laquelle on associe une vi) L’estimation par SMC de l’incertitude type de
distribution de Student à ν degrés de liberté. C’est y correspond à l’écart-type de toutes les
typiquement le cas d’une incertitude type reportée valeurs simulées de y. On peut voir cette
avec son nombre de degrés de liberté effectif νeff. estimation dans la cellule G4 du Tableau E3.2.

La distribution peut être étudiée en générant un


histogramme à partir des fonctions intégrées au tableur.
Pour cet exemple, en utilisant les valeurs du Tableau
E.3.4 Mise en place dans le tableur E3.2, 500 réplicas ont donné une incertitude type de y
de 0,23. En répétant la simulation dix fois (en refaisant
L’utilisation de logiciels spécialement conçus à cet calculer le tableur), on obtient des valeurs d’incertitude
effet permet d’optimiser la mise en œuvre de la type de l’ordre de 0,197 à 0,247. Si l’on compare ces
méthode SMC. résultats à l’incertitude type de 0,187 calculée avec la
méthode classique du GUM, on peut voir que la
Toutefois, pour les simulations de tailles modestes, il simulation donne généralement des estimations plus
est possible d’utiliser les fonctions d’un tableur telles élevées que l’incertitude type. On peut en voir la raison
que celles qui se trouvent listées dans le Tableau

105
Quantification de l’Incertitude Annexe E – Procédures statistiques

Tableau E3.2: Feuille de calcul pour l’implémentation des Simulations Monte Carlo
A B C D E F G
1
2 a b c y
3 Value 1.00 3.00 2.00 =C3/(D3-E3)
4 Standard uncertainty 0.05 0.15 0.10 =STDEV
(G8:G507)
5 Distribution Normal Normal Normal
6
7 Simulation a b c y
8 =NORMINV( =NORMINV( =NORMINV( =C8/(D8-E8)
RAND(), RAND(), RAND(),
C$3,C$4) D$3,D$4) E$3,E$4)
9 1.024702 2.68585 1.949235 1.39110
10 1.080073 3.054451 1.925224 0.95647
11 0.943848 2.824335 2.067062 1.24638
12 0.970668 2.662181 1.926588 1.31957
.. .. .. .. ..
.. .. .. .. ..
. . . . .
506 1.004032 3.025418 1.861292 0.86248
507 0.949053 2.890523 2.082682 1.17480
508
Les valeurs des paramètres sont entrées dans la ligne 2 depuis C2 à E2, et leur incertitude type dans la ligne du dessous
(C3:E3). Le calcul du résultat y est entré en G3. La formule pour générer les nombres aléatoires figure en ligne 8, avec
une copie du calcul du résultat (en G8). Il faut noter que G8 se réfère aux valeurs simulées en ligne 8. ligne est copiée
par le bas pour donner le nombre voulu de tirages de Monte Carlo ; la figure présente les valeurs générées aléatoires de
la ligne 9 jusqu’au bas du tableau. L’incertitude type de y est calculée comme l’écart type des valeurs simulées de y.

en analysant un histogramme des résultats simulés 110


(Figure E3.1). Même si les paramètres d’entrée ont été 100
90
distribués normalement, le résultat montre une 80
70
Effectif

asymétrie positive importante qui entraîne une


incertitude type plus élevée que prévu. Ceci est dû à la 60
non-linéarité importante. Il convient de noter que les 50
incertitudes de b et c sont des fractions importantes du 40
dénominateur b-c, qui entraînent une proportion de 30
valeurs très faibles pour le dénominateur et les 20
estimations élevées de y correspondantes. 10
0
0 - 0,6
0,7 - 0,8
0,9 - 1
1,1 - 1,2
1,3 - 1,4
1,5 - 1,6
1,7 - 1,8
1,9 - 2
2,1 - 2,2
2,3 - 2,4
2,5 - 2,6
> 2.7

Figure E3.1 Exemple histogramme des


résultats simulés

Résultat simulé

106
Quantification de l’Incertitude Annexe E – Procédures statistiques

E.3.5 Modalités pratiques d’utilisation de la SMC calculé à l’aide des estimations des grandeurs d’entrée
pour évaluer l’incertitude (tout comme dans le GUM). Pour la plupart des
objectifs en mesures chimiques, le résultat calculé à
Nombre d’échantillons SMC partir des valeurs d’entrée d’origine doit être
La SMC permet d’obtenir une bonne estimation de communiqué. Toutefois, l’estimation de la SMC peut
l’incertitude même pour les simulations comptant être utilisée pour obtenir l’incertitude type associée.
quelques centaines de cycles. Avec seulement 200
essais, on s’attend à ce que les incertitudes types E.3.6 Exemple d’une évaluation de l’incertitude par
estimées varient d’environ ± 10 % par rapport à la SMC
meilleure estimation. En comparaison, avec 1 000 et
10 000 échantillons, on s’attend à des variations L’exemple suivant se base sur l’Exemple A2,
d’environ ± 5 % et ± 1,5 % (sur la base d’un intervalle détermination de la concentration en hydroxyde de
de 95 % pour la distribution du chi²). En gardant à sodium au moyen d’un matériau de référence
l’esprit que de nombreuses incertitudes de valeurs d’hydrogénophtalate de potassium (HPK).
d’entrée proviennent d’observations encore moins La fonction de mesure de la concentration cNaOH en
nombreuses, des simulations relativement petites de NaOH est :
500-5 000 échantillons SMC sont susceptibles d’être 1 000mHPK PHPK
appropriées au moins pour des études préliminaires et c NaOH = [mol L-1],
souvent pour les incertitudes types rapportées. Pour M HPK V
cela, les calculs SMC en tableur suffisent souvent. où
mHPK est la masse du HPK,
Intervalles de confiance à partir de la SMC PHPK est la pureté du HPK,
En principe, il est également possible de faire une MHPK est la masse molaire du HPK, et
estimation des intervalles de confiance à partir des V est le volume de NaOH pour le titrage au
résultats de la SMC sans utiliser de degrés de liberté HPK.
effectifs, en utilisant par exemple les quantiles
appropriés. Toutefois, il est important de ne pas être Certaines grandeurs utilisées dans cette fonction de
induit en erreur par le détail apparent de la FDP mesure sont elles-mêmes exprimées au travers de
obtenue pour le résultat. Il faut également garder à grandeurs supplémentaires. On a alors besoin d’une
l’esprit le manque de connaissances approfondies sur représentation de cette fonction en termes de grandeurs
les FDP pour les grandeurs d’entrée, dû au manque de fondamentales car chaque grandeur doit être décrite par
fiabilité des informations sur lesquelles se basent les une FDP pour la base du calcul de Monte Carlo.
FDP. Les queues de distribution sont particulièrement
sensibles à ces informations. Par conséquent, comme le mHPK est obtenues par la différences des pesées :
souligne la section G 1.2 du GUM, « cela n’a pas de mHPK = mHPK.1 - mHPK.2
sens d’essayer la distinction entre des niveaux de
confiance similaires (par exemple entre un niveau de La masse molaire MHPK comprend quatre termes
confiance de 94 % et un autre de 96 %) ». De plus, le correspondant aux différents éléments de la formule
GUM indique qu’il est difficile d’obtenir des moléculaire :
intervalles avec des niveaux de confiance égaux ou MHPK = MC8 + MH5 + MO4 + MK.
supérieurs à 99 %. Par ailleurs, afin d’obtenir des
informations suffisantes sur les queues de FDP pour la V dépend de la température et de l’étalonnage du
grandeur de sortie, on a besoin de calculer le résultat système de mesure :
pour au moins 106 séries. Il devient alors important de V = VT[1 + α (T – T0)]
s’assurer que le générateur de nombres aléatoires où α est le coefficient d’expansion volumique de l’eau,
qu’utilise le logiciel est capable de maintenir le T est la température ambiante et T0 la température à
caractère aléatoire pour un nombre aussi élevé de laquelle la fiole a été étalonnée.
tirages au sort de FDP pour les grandeurs d’entrée.
Ceci nécessite alors un logiciel numérique Par ailleurs, on inclut une grandeur R représentant la
correctement caractérisé. Le GS1 donne des répétabilité des effets.
recommandations pour le choix d’un générateur de
nombres aléatoires fiable. La fonction de mesure qui en résulte est :

Biais dû à l’asymétrie de la distribution de sortie 1 000(mHPK .1 − mHPK .2 )


Lorsque le modèle de mesure est non-linéaire et que cNaOH =
l’incertitude type associée à l’estimation y est élevée ( M C8 + M H 5 + M O4 + M K .)VT [1 − α (T − T0 )]
par rapport à y (c’est-à-dire, u(y)/y supérieur à 10 %), la [mol L-1]
FDP de la SMC est quasiment asymétrique. Dans ce
cas, la valeur moyenne calculée à partir des résultats Ces grandeurs d’entrée sont toutes caractérisées par
simulés sera différente de la valeur du mesurande une FDP appropriée, en fonction des informations

107
Quantification de l’Incertitude Annexe E – Procédures statistiques

disponibles concernant ces grandeurs. Le Tableau A2.4 facteurs d’élargissement k, obtenus à partir des valeurs
fait une liste de ces grandeurs et donne les FDP de des résultats inférieurs et supérieurs à 2,5 % des queues
caractérisation. de distribution, correspondent aux facteurs d’une
distribution Normale et favorise l’utilisation de k = 2
Etant donné que la contribution de VT est dominante, pour l’incertitude élargie. Toutefois, on observe que la
deux FDP autres que rectangulaires (triangulaire, FDP de la concentration cNaOH est influencée par
normale) sont prises en compte pour cette grandeur l’utilisation d’une distribution rectangulaire pour
afin d’observer les effets sur les résultats calculés. l’incertitude de VT. Les calculs ont été effectués en
utilisant un certain nombre de cycles de Monte Carlo
L’incertitude type u(cNaOH) calculée à partir de la (entre 104 et 106). Cependant, une valeur de 104 donne
concentration cNaOH avec les trois FDP différentes pour des valeurs suffisamment stables pour k et cNaOH. Un
l’incertitude de VT correspond à celles qui ont été nombre plus élevé de cycles permet d’obtenir des
obtenues de manière conventionnelle avec la méthode approximations plus précises des FDP.
du GUM (Tableau E3.3) ou de Kragten. De plus, les

Tableau EErreur ! Signet non défini..3: Valeurs, incertitude et distribution pour l’exemple A2

Quantity Description Unit Value Standard uncertainty Distribution


or half-width

R repeatability factor 1 1.0000 0.0005 Normal

mKHP,1 container and KHP g 60.5450 0.00015 Rectangular

mKHP,2 container less KHP g 60.1562 0.00015 Rectangular

PKHP purity of KHP 1 1.0000 0.0005 Rectangular

M C8 molar mass of C8 mol–1 96.0856 0.0037 Rectangular

M H5 molar mass of H5 mol–1 5.0397 0.00020 Rectangular

M O4 molar mass of O4 mol–1 63.9976 0.00068 Rectangular

MK molar mass of K mol–1 39.0983 0.000058 Rectangular

VT volume of NaOH mL 18.64 0.03 Rectangular


for KHP titration

T-T0 temperature K 0.0 1.53 Normal


calibration factor
α Volume coefficient °C-1 2.1x10-4 Negligible
of expansion

108
Quantification de l’Incertitude Annexe E – Procédures statistiques

Tableau E3.3: Comparaison des incertitudes u(cNaOH) obtenues via GUM et SMC pour
différentes PDF de VT
VT Triangular PDF VT Normal PDF VT Rectangular PDF
GUM* 0 000099 mol L -1
0.000085 mol L -1
0.00011 mol L-1
SMC 0 000087 mol L -1
0 000087 mol L -1
0.00011 mol L-1
*les résultats du GUM et de l’approche Kragten [Erreur ! Source du renvoi introuvable.] son t en accord sur
au moins deux chiffres significatifs.

Figure EErreur ! Signet non défini..2: Concentration cNaOH basée sur VT caractérisée par une
PDF triangulaire
k95=1.94 u=0.000087 et valeur du GUM 0.00009
4
6×10

4
4×10
Frequency

4
2×10

0.1018 0.102 0.1022 0.1024


c NaOH (mol L-1 )

109
Quantification de l’Incertitude Annexe E – Procédures statistiques

Figure EErreur ! Signet non défini..3: Comme dans la

Figure EErreur ! Signet non défini..2, mais avec VT caractérisée par une PDF rectangulaire
k95=1.83 u=0.00011
4
6×10

4
4×10
Frequency

4
2×10

0.1018 0.102 0.1022 0.1024


0.1018 intv
-1
c NaOH (mol L )

110
Quantification de l’Incertitude Annexe E – Procédures statistiques

E.4 Incertitudes résultant de l'étalonnage linéaire par les moindres carrés


A partir des données d'étalonnage.
E.4.1 Souvent on étalonne une méthode analytique ou
un appareil en observant les réponses, y, aux Il est possible d'écrire la formule ci-dessus pour la
différentes concentrations de l'analyte, x. Dans la var(xpred) en termes d'ensemble de n points de données,
majorité des cas, cette relation est considérée comme (xi, yi), utilisés pour déterminer la fonction
linéaire : d'étalonnage :
y = b 0 + b 1x Eq. E3.1 var( x pred ) = var( y obs ) / b12 +

Ensuite on se sert de cette droite d'étalonnage pour S2  1 ( x pred − x ) 2 


⋅ + 
obtenir la concentration xpred de l'analyte à partir d'un b12  ∑ wi ⋅ ( ∑ ( w x ) − ( ∑ w x ) 2 ∑ w ) 
2

échantillon qui produit une réponse observée yobs à  i i i i i 


partir de : Eq. E3.4
xpred = (yobs – b0)/b1 Eq. E3.2
∑ wi ( y i − y fi )
2

Il est courant de déterminer les constantes b1 et b0 à où S = 2


, ( y i − y fi ) est le reste
l'aide d'une régression des moindres carrés pondérés ou ( n − 2)
non pondérés sur un ensemble de n paires de valeurs correspondant au iènième point, n est le nombre de points
(xi, yi). de données dans l'étalonnage, b1 le gradient calculé le
mieux ajusté, wi le poids assigné à yi et ( x pred − x ) la
E.4.2 Il y a quatre sources principales d'incertitude à
envisager face à une incertitude sur la concentration différence entre xpred et la moyenne x des n valeurs x1,
estimée xpred : x2 ...
• Des variations aléatoires sur la mesure de y, Pour les données non pondérées et quand var(yobs) est
affectant à la fois les réponses de référence yi et la fondée sur p mesures, l'équation E3.4 devient :
réponse mesurée yobs. S 2  1 1 ( x pred − x ) 2 
var( x pred )= 2 ⋅ + + 
• Des effets aléatoires donnant lieu à des erreurs b1  p n ( ∑ ( x i ) − ( ∑ x i ) n ) 
2 2
dans les valeurs de référence assignées xi.
• Les valeurs de xi et de yi peuvent être soumises à Eq. E3.5
un écart constant inconnu, par exemple

[∑ ( x ) − (∑ x ) n]= ∑ ( x − x )
apparaissant lorsque les valeurs de x sont obtenues C'est la formule qui est utilisée dans l'exemple 5 avec
2
à partir d'une dilution en série d'une solution mère Sxx = 2 2
.
i i i
• L'hypothèse de la linéarité peut ne pas être valide
Parmi elles, les variations aléatoires les plus
significatives pour une pratique normale sont des D'après les informations fournies par le logiciel
variations aléatoires sur y, et des méthodes d'estimation utilisé pour déduire les courbes d'étalonnage.
de l'incertitude pour cette source sont détaillées ici. Les Certains logiciels donnent la valeur de S, décrite de
sources restantes sont également envisagées façon différente par exemple en tant qu’erreur RMS ou
rapidement dans le but de donner une indication des erreur type résiduelle. Celle-ci peut être ensuite utilisée
méthodes qui existent. dans l'équation E3.4 ou E3.5. Toutefois certains
logiciels peuvent aussi donner l'écart-type s(yc) sur une
E.4.3 L'incertitude u(xpred, y) sur une valeur prévue xpred
valeur de y calculée à partir de la droite ajustée pour
due à la variabilité sur y peut être estimée de plusieurs
une certaine nouvelle valeur de x et il est possible de
manières :
s'en servir pour calculer var(xpred) puisque, pour p = 1
A partir de la variance et de la covariance
calculées. 1 ( x pred − x ) 2
Si les valeurs de b1 et de b0, leurs variances var(b1),
var(b0) et leur covariance, covar(b1,b0), sont
s( y c ) = S 1 + +
n (∑ ( x ) − (∑ x ) n)
2
i i
2

déterminées par la méthode des moindres carrés, la donnant par comparaison avec l'équation E3.5,
variance sur x, var(x), obtenue à l'aide de la formule du
Chapitre 8 En calculant les différentielles des équations var(xpred) = [ s(yc) / b1]2 Eq. E3.6
normales, est donnée par :
var( x pred )=
var( y obs ) + x 2pred ⋅ var(b1 ) + 2 ⋅ x pred ⋅ covar(b0 , b1 ) + var(b0 )
E.4.4 Les valeurs de référence xi peuvent comporter
chacune des incertitudes qui se propagent jusqu'au
b12 résultat final. Sur le plan pratique, les incertitudes sur
Eq. E3.3 ces valeurs sont habituellement faibles comparées aux
incertitudes sur les réponses du système yi, et peuvent
Et l'incertitude correspondante u(xpred, y) est √var(xpred). être ignorées. Une estimation approximative de
l'incertitude u(xpred, xi) sur une valeur prédite xpred due à

111
Quantification de l’Incertitude Annexe E – Procédures statistiques

l'incertitude sur une valeur de référence particulière xi dilution en série d'une solution mère qui comporte une
est : incertitude sur sa valeur certifiée). Si les incertitudes
u(xpred, xi) ≈ u(xi)/n Eq. E3.7 types sur y et x résultant de ces effets sont u(y, const) et
u(x, const), alors l'incertitude sur la valeur interpolée
Où n est le nombre de valeurs xi utilisées dans xpred est donnée par :
l'étalonnage. Cette expression peut servir à contrôler la u(xpred)2 = u(x, const)2 +
signification de u(xpred, xi).
(u(y, const)/b1)2 + var(x) Eq. E3.8
E.4.5 L'incertitude résultant de l'hypothèse selon
laquelle la relation entre y et x est linéaire normalement
n'est pas suffisamment importante pour nécessiter une E.4.7 Il est possible de calculer les quatre composantes
estimation supplémentaire. A condition que les résidus de l'incertitude décrites dans le paragraphe E3.2 à l'aide
montrent qu'il n'y a pas d'écart systématique significatif des Eq. E3.3 à Eq. E3.8. On peut alors calculer
de cette relation supposée, l'incertitude résultant de l'incertitude globale résultant du calcul réalisé à partir
cette hypothèse (en plus de celle couverte par d'un étalonnage linéaire en combinant normalement ces
l'augmentation résultant de la variance de y) peut être quatre composantes.
considérée comme négligeable. Si les restes montrent
une tendance systématique alors il peut être E.4.8 Bien que les calculs présentés ci-dessus
indispensable d'inclure des termes plus élevés dans la permettent une approche appropriée pour le cas le plus
fonction d'étalonnage. Des méthodes de calcul de la fréquent de régression linéaire selon la méthode des
var(x) dans ces cas-là sont données dans les textes des moindres carrés, ils ne s’appliquent pas aux méthodes
normes. On peut également émettre un avis fondé sur plus générales de modélisation par régression prenant
la dimension de la tendance systématique. en compte les incertitudes de x ou les connexions entre
x et/ou y. L’ISO TS 28037, Détermination et utilisation
E.4.6 Les valeurs de x et de y peuvent être sujettes à un des fonctions d’étalonnage linéaires [H.28], fournit une
écart constant inconnu (apparaissant par exemple analyse des cas les plus complexes.
quand les valeurs de x sont obtenues à partir d'une

112
Quantification de l’Incertitude Annexe E – Procédures statistiques

E.5 : Recueil d'informations sur l'incertitude en fonction de la concentration


d'analyte
E.5.1 Introduction conformément à la norme ISO 5725:1994. L'expression
correspondante est alors u( x ) ≈ s' 0 + x . s' 1
E.5.1.1 En mesure chimique on observe souvent que,
sur un large éventail de concentrations d'analyte, les E.5.2.2 La figure peut être séparée en régions
contributions qui prévalent sur l'incertitude globale semblables (A à C sur la figure) :
varient pratiquement de façon proportionnelle à la A : L'incertitude est dominée par le terme s0, et est
concentration d'analyte, c'est-à-dire u(x) ∝ x. Dans ces pratiquement constante et proche de s0.
cas là, il est souvent judicieux de chiffrer les
B : Les deux termes contribuent de manière
incertitudes sous forme d'écarts-types ou d’écart-type
significative ; l'incertitude résultante est
relatif (par exemple, % RSD).
significativement plus élevée que s0 ou que xs1, et
une certaine courbure est visible.
E.5.1.2 Lorsque l'incertitude n'est pas affectée par la
concentration, par exemple aux faibles concentrations C : Le terme xs1 prédomine ; l'incertitude croît
ou lorsqu'il s'agit d'un éventail relativement étroit de pratiquement de façon linéaire parallèlement à
concentrations d'analyte, il est généralement préférable l'augmentation de x et est proche de xs1.
d'indiquer l'incertitude sous forme d'une valeur
E.5.2.3 Remarquez que dans de nombreux cas
absolue.
expérimentaux le tracé complet de la courbe ne sera
pas visible. Très souvent, l'ensemble de la gamme de la
E.5.1.3 Dans certains cas, les effets constants et
concentration d'analyte autorisée par le domaine
proportionnels sont tous deux importants. Dans cette
d’utilisation de la méthode se situe dans une seule
section est formulée une démarche générale destinée à
région du graphique ; il en résulte un nombre de cas
consigner les informations relatives à l'incertitude où à
particuliers traités de manière plus détaillée ci-dessous.
la variation de l'incertitude quand la concentration
d'analyte constitue un résultat et que le fait d'en rendre
compte avec un simple écart-type est insuffisant. E.5.3 Recueil d'informations sur les résultats
des incertitudes dépendantes de la
E.5.2 Bases de la démarche concentration
E.5.2.1 Pour tenir compte à la fois de la E.5.3.1 En général, il est possible de fournir des
proportionnalité de l'incertitude et de la possibilité informations sur les incertitudes sous la forme d'une
d'une valeur pratiquement constante en fonction de la valeur pour s0 et pour s1. On peut se servir de ces
concentration, on se sert de l'expression générale valeurs pour obtenir une estimation de l'incertitude sur
suivante : la portée de la méthode. Ceci est particulièrement
u ( x)= s02 +( x ⋅ s1 ) 2 [1] intéressant lorsque des calculs pour des méthodes bien
caractérisées sont implémentés sur des systèmes
où informatiques, où la forme générale de l'équation peut
u(x) est l'incertitude type composée sur le résultat x être entrée indépendamment des valeurs des paramètres
(c'est-à-dire, l'incertitude exprimée sous forme (l'une d'entre elles pouvant être nulle - voir ci-dessous).
d'un écart-type) Il est par conséquent recommandé, sauf dans les cas
particuliers indiqués ci-dessous ou lorsque la
s0 représente une contribution constante à dépendance est forte mais n'est pas linéaire*, de
l'incertitude globale recueillir des informations sur les incertitudes sous la
s1 est une constante de proportionnalité. forme de valeurs correspondant à un terme constant
L'expression est basée sur la méthode normale qui représenté par s0 et à un terme variable représenté par
consiste à combiner les deux contributions à s1.
l'incertitude globale, en supposant qu'une contribution
(s0) est constante et que l'autre (xs1) est proportionnelle * Un exemple important de dépendance non linéaire est l'effet du
au résultat. La figure E4.1 présente la forme de cette bruit de fond d'un appareil sur la mesure de l'absorption pour des
expression. absorptions élevées proches de la limite supérieure de la capacité
REMARQUE : La démarche ci-dessus ne peut être appliquée de l'appareil. Cet effet est particulièrement prononcé si l'on calcule
que si le calcul concerne un grand nombre de valeurs. l'absorption à partir du pourcentage de transmission (comme dans
Lorsque l'on utilise une étude expérimentale, souvent il la spectroscopie en infrarouge). Dans ces circonstances, le bruit de
sera impossible d'établir la fonction parabolique base induit de très grandes incertitudes sur les chiffres d'absorption
correspondante. Dans de telles circonstances, on peut élevée et l'incertitude s'accroît plus rapidement que ce qu'une
obtenir une approximation à l'aide d'une simple régression simple estimation linéaire laisserait prévoir. La démarche
linéaire grâce à quatre incertitudes composées ou plus habituelle consiste à diminuer l'absorption, classiquement par
recueillies pour différentes concentrations de l'analyte. dilution, de façon à ramener les chiffres d'absorption dans la
Cette procédure est en accord avec celle employée dans gamme utile; le modèle linéaire employé ici normalement
des études de reproductibilité et de répétabilité conviendra. D'autres exemples englobent la réponse ‘sigmoïdale’
de certaines méthodes d'immuno-dosage

113
Quantification de l’Incertitude Annexe E – Procédures statistiques

E.5.4. Cas particuliers soit


on se sert d'une valeur moyenne ou d'une valeur
E.5.4.1. Incertitude ne dépendant pas de la typique pour x pour calculer une estimation donnée
concentration d'analyte (s0 dominant) de l'incertitude et on se sert de celle-ci au lieu
En général l'incertitude sera en réalité indépendante de d'estimations calculées séparément
la concentration d'analyte observée quand : soit
• Le résultat est proche de zéro (par exemple, dans on a obtenu un seul écart-type, fondé sur des études
les limites de détection fixées pour la méthode). de matériaux couvrant l'ensemble de la gamme des
Région A dans la figure E4.1 concentrations d'analyte autorisées (dans le
domaine d'estimation de l'incertitude) et selon toute
• L'éventail possible des résultats (fixé dans la
vraisemblance il n'y a pas de proportionnalité. Ceci
portée de la méthode ou dans une déclaration de la
devrait généralement être traité comme un cas de
portée concernant l'estimation de l'incertitude) est
dépendance nulle, et l'écart-type correspondant
restreint comparé à la concentration observée.
consigné comme étant s0.
Dans ces circonstances, la valeur de s1 peut être
consignée comme étant égale à zéro. s0 est
normalement l'incertitude type calculée. E.5.5. Détermination de s0 et de s1
E.5.5.1. Dans les cas particuliers où un terme prévaut,
E.5.4.2. Incertitude dépendant totalement de il suffira normalement d'utiliser l'incertitude en tant
l'analyte (s1 dominant) qu'écart-type ou écart-type relatif respectivement
comme valeurs de s0 et de s1. Lorsque la dépendance
Lorsque le résultat est loin d'être nul (par exemple, au- est moins évidente, cependant, il peut être nécessaire
dessus d'une « limite de détermination ») et qu'il est
de déterminer s0 et s1 indirectement à partir d'une série
vraisemblable que l'incertitude varie
d'estimations de l'incertitude pour différentes
proportionnellement à la concentration d'analyte concentrations d'analyte.
autorisée dans la portée de la méthode, le terme xs1
prédomine (voir Région C dans la figure E4.1). Dans E.5.5.2. Etant donné un calcul d'incertitude composée à
ces circonstances, et lorsque le domaine de la méthode partir des diverses composantes, certaines d'entre elles
n'englobe pas des concentrations d'analyte proches de
dépendent de la concentration d'analyte tandis que
zéro, s0 peut raisonnablement être consigné comme
d'autres n'en dépendent pas, il serait normalement
étant égal à zéro et s1 est simplement l'incertitude possible d'examiner la dépendance de l'incertitude
exprimée sous forme d'un écart-type relatif. globale vis-à-vis de la concentration d'analyte en
procédant à une simulation. La procédure est la
E.5.4.3. Dépendance intermédiaire suivante :
Dans les cas intermédiaires, et en particulier quand la 1 : Calculer (ou obtenir expérimentalement) les
situation correspond à la région B sur la figure E4.1, on incertitudes u(xi) pour au moins dix concentrations
peut choisir deux démarches : xi d'analyte, couvrant toute la gamme autorisée.
a) Application d'une dépendance variable 2. Tracer la courbe donnant u(xi)2 en fonction de xi2
La démarche la plus générale consiste à déterminer, à
consigner et à utiliser à la fois s0 et s1. Il est possible, 3. A l'aide d'une régression linéaire, obtenir les
quand c'est nécessaire, de fournir les estimations de estimations de m et de c pour la droite u(x)2 = mx2
l'incertitude en s'appuyant sur les résultats rendus. C'est +c
la démarche, quand elle est réalisable, qui est 4. Calculer s0 et s1 à partir de s0 = √c, s1 = √m
recommandée. 5. Consigner s0 et s1
REMARQUE : voir la remarque se rapportant à la section
E4.2.
E.4.6. Compte-rendu
b) Application d'une approximation fixée E.5.6.1. La démarche décrite ici permet d'obtenir une
Une alternative qui peut être utilisée dans un essai estimation d'une incertitude type pour un seul résultat.
général et lorsque : En principe, lorsqu'il faut rendre compte d'une
• la dépendance n'est pas forte (c'est-à-dire, lorsque incertitude, on le fera sous la forme suivante :
la proportionnalité est peu probable) [résultat] ± [incertitude]
ou où l'incertitude en tant qu'écart-type est calculée
• l'éventail des résultats attendus est restreint comme ci-dessus, et si nécessaire étendue
donnant lieu dans tous les cas à des incertitudes (habituellement d'un facteur de deux) pour augmenter
qui ne varient pas de plus de 15 % environ par le niveau de confiance. Lorsque plusieurs résultats sont
rapport à une estimation moyenne de l'incertitude ; rendus ensemble, il est possible cependant, et c'est
il sera souvent raisonnable de calculer et d'indiquer parfaitement acceptable, de donner une estimation de
une valeur donnée de l'incertitude, basée sur la l'incertitude applicable à tous les résultats rendus.
valeur moyenne des résultats attendus et d'utilité E.5.6.2. La table E.4.1 donne quelques exemples.
générale. C'est-à-dire, Selon les mêmes principes, il peut être utile de

114
Quantification de l’Incertitude Annexe E – Procédures statistiques

présenter sous forme de tableaux les chiffres donner des résultats sous la forme « <x » ou « nd »,
normalement il conviendrait d'indiquer les limites
d'incertitude pour une liste d'analytes différents.
utilisées en plus des incertitudes qui s'appliquent aux
REMARQUE : Lorsque l'on se sert d'une « limite de
résultats au-dessus des limites de rendu des résultats.
détection » ou d'une « limite de rendu de résultats » pour

Tableau E.5.1 : Résumer l'incertitude correspondant à plusieurs échantillons


Situation Terme prévalant Exemple(s) de compte(s)-rendu(s)
Incertitude pratiquement constante s0 ou approximation fixée Ecart-type : incertitude élargie;
sur l'ensemble des résultats (sections E.4.4.1 ou E.4.4.3a) intervalle de confiance à 95 %
Incertitude généralement xs1 Ecart-type relatif ; coefficient de
proportionnelle à la concentration (voir section E.4.4.2) variation (% CV)
Mélange de proportionnalité et de Cas intermédiaire Indiquer % CV ou RSD associé à
valeur limite inférieure pour (section E.4.4.3) la limite inférieure en tant qu'écart-
l'incertitude type.

Figure E.5.1 : Variation de l'incertitude en fonction du résultat observé


Incertitude u(x)
1.8

1.6 Incertitude Incertitude


significativement
pratiquement
supérieure à
s 0 ou x.s1 égale à x.s
1.4 1

1.2 A B C
1
Incertitude s0
pratiquement
x.s 1
égale à s
0 u(x)
0.8

0.6

0.4

0.2

0
0 1 2 3 4 5 6 7 8
Résultat x

115
Quantification de l’Incertitude Annexe F - Limite de détection

Annexe F - Incertitude des Mesures à la Limite de Détection /


Limite de Quantification

F.1. Introduction
F.1.1. Aux faibles concentrations, un nombre croissant petits et les incertitudes grandes comparées aux
d’effets devient significatif, y compris, par exemple : résultats. En effet, la forme de base de la « loi de
propagation des incertitudes », décrite au chapitre 8 de
• la présence de bruit ou une instabilité de la valeur ce guide, peut cesser de s'appliquer de façon précise
de base ; dans cette région ; une hypothèse sur laquelle est fondé
• la contribution d'interférences sur le signal le calcul est que l'incertitude est petite par rapport à la
(global) ; valeur du mesurande. Une difficulté supplémentaire,
• l'influence de tous les blancs analytiques utilisés, peut être d'ordre philosophique, découle de la
et définition de l'incertitude donnée par le Guide ISO :
• pertes survenant pendant l'extraction, la séparation bien que des observations négatives soient tout à fait
ou la purification. possibles et même fréquentes dans cette région, une
En raison de ces effets, tels que la diminution des dispersion implicite comprenant des valeurs inférieures
concentrations d'analyte, l'incertitude relative associée à zéro ne peuvent être « ... raisonnablement attribuées à
au résultat tend à augmenter, d'abord jusqu'à une partie la valeur du mesurande » lorsque le mesurande est une
substantielle du résultat et finalement jusqu'au point où concentration, parce que des concentrations ne peuvent
l'intervalle (symétrique) de l'incertitude comprend zéro. être elles-mêmes négatives.
Cette région est typiquement associée à la limite F.1.5. Ces difficultés n'excluent pas l'application des
pratique de détection pour une méthode donnée. méthodes exposées dans ce guide, mais il convient de
F.1.2. La terminologie et les conventions associées aux s'entourer de quelques précautions en ce qui concerne
mesures et aux publications pour les faibles l'interprétation et la façon de rendre compte des
concentrations d'analyte ont été amplement évoquées résultats de l'estimation de l'incertitude des mesures
par ailleurs (voir Bibliographie [H.29, H.32] pour les dans cette région. L'objectif de la présente Annexe est
exemples et les définitions). Ici, le terme « limite de de fournir des conseils pour compléter ceux que l'on
détection » suit la recommandation de l’IUPAC à la peut déjà trouver dans d'autres sources.
référence H.31 qui définit la limite de détection comme REMARQUE :
la quantité réelle d’analyte qui aboutit, avec une Des réflexions semblables peuvent s'appliquer à d'autres régions ; par
probabilité élevée, à la conclusion que l’analyte est exemple, des fractions de mole ou de masse proches de 100 %
présent, avec un critère de décision spécifique. Le peuvent occasionner des difficultés similaires.
critère de décision (« valeur critique ») est
habituellement fixé afin de permettre une faible F.2. Observations et estimations
probabilité de déclaration de la présence de l’analyte F.2.1. Un principe fondamental de la science des
lorsque celui-ci est en fait absent. Selon cette mesures est que les résultats sont des estimations de
convention, un analyte est déclaré présent lorsque la valeurs vraies. Les résultats analytiques, par exemple,
réponse observée est supérieure à la valeur critique. En sont disponibles initialement en unités du signal
général, la limite de détection correspond observé, par exemple en mV, en unités d'absorption
approximativement au double de la valeur critique etc. Pour pouvoir les communiquer à une audience plus
exprimée en terme de concentration d’analyte. large en particulier aux clients d'un laboratoire ou à
F.1.3. Il est largement admis que l'utilité la plus d'autres autorités, il faut convertir les données brutes en
importante de la « limite de détection » est d'indiquer à une grandeur chimique, comme la concentration ou la
quel moment les performances de la méthode quantité de matière. Cette conversion nécessite
deviennent insuffisantes pour une quantification typiquement une procédure d'étalonnage (qui peut
acceptable, de façon à pouvoir y apporter des comprendre, par exemple, des corrections
améliorations. L'idéal, par conséquent serait de ne pas correspondant aux pertes observées et bien
faire de mesures quantitatives dans cette région. caractérisées). Quelle que soit la conversion,
Néanmoins, il y a tant d’analytes importants à des cependant, le chiffre généré demeure une observation,
concentrations très faibles qu'il est inévitable de devoir ou un signal. Si l'expérience est correctement effectuée,
procéder à des mesures et rendre des résultats obtenus cette observation demeure la « 'meilleure estimation »
dans cette région. de la valeur du mesurande.

F.1.4. Le Guide ISO sur l'Incertitude des Mesures F.2.2. Les observations ne sont pas toujours entravées
[H.2] ne donne pas d'explications explicites pour par les mêmes limites fondamentales qui s'appliquent
l'estimation de l'incertitude lorsque les résultats sont aux concentrations réelles. Par exemple, il est

116
Quantification de l’Incertitude Annexe F - Limite de détection

parfaitement judicieux de rendre une « concentration généralement appropriée pour la plupart des usages
observée », c'est-à-dire, une estimation négative. Il est ordinaires. Toutefois, lorsque les observations sont
également judicieux de parler d'une dispersion particulièrement susceptibles de descendre en dessous
éventuelle des observations qui s'étend dans la même de zéro (ou au delà de 100 %), l’approche classique
région. Par exemple, lorsque l'on réalise une mesure peut entraîner des intervalles faibles non réalistes. Dans
sans biais sur un échantillon ne contenant pas d'analyte, ce cas, l’approche bayésienne décrite dans la section
on devrait constater que la moitié environ des F.6 peut s’avérer plus appropriée.
observations sont négatives. En d'autres termes, des
comptes-rendus du type : F.4. Utilisation de « inférieur à » ou de
concentration observée = 2,4 ± 8 mg.L-1
« supérieur à » dans un rapport
concentration observée = -4,2 ± 8 mg.L-1 F.4.1. Lorsque l'usage final des résultats présentés est
bien compris et quand l'utilisateur final ne peut être
sont non seulement possibles ; ils doivent être
informé de façon réaliste de la nature des observations
considérés comme des déclarations valides des
des mesures, il convient que l’utilisation de « inférieur
observations et de leur valeurs moyennes.
à » ou de « supérieur à », etc. suive les conseils
F.2.3. Lorsque l'on rend compte des observations et des généraux donnés ailleurs (par exemple dans la
incertitudes qui leur sont associées auprès d'une référence H.31) sur la façon de rendre compte des
audience avertie, il n'y a pas d'obstacles ou de résultats pour de faibles concentrations.
contradiction à rendre la meilleure estimation et
F.4.2. Une note de prudence est pertinente. La plupart
l'incertitude qui lui est associée même si le résultat
des articles de la littérature sur les capacités de
implique une situation physique impossible. En effet,
détection reposent essentiellement sur les statistiques
dans certaines circonstances (par exemple, lorsque l'on
des observations répétées. Il devrait être évident pour
rend une valeur correspondant à un blanc analytique
les lecteurs de ce présent guide que la variation
utilisée par la suite pour corriger d'autres résultats) il
observée est rarement une bonne indication de
est absolument essentiel de faire le compte-rendu de
l'incertitude totale des résultats. Exactement comme
l'observation et de son incertitude, si grande soit-elle.
avec des résultats dans toute autre région, il faut par
F.2.4. Ceci reste vrai même si l'emploi final du résultat conséquent réfléchir en profondeur à toutes les
est incertain. Comme seules l'observation et incertitudes affectant un résultat donné avant de rendre
l'incertitude qui lui est associée peuvent être utilisées compte de ces valeurs.
directement (par exemple, dans d'autres calculs, dans
l'analyse des tendances ou pour une ré-interprétation), F.5. Intervalles d’incertitude élargis
il faut toujours pouvoir disposer de l'observation dans proches de zéro : Approche
son intégralité. classique
F.2.5. L'idéal est par conséquent de rapporter des F.5.1. Le résultat désiré est un intervalle d’incertitude
observations valides et les incertitudes qui leur sont élargi qui répond à trois exigences :
associées sans se préoccuper des valeurs.

F.3. Résultats interprétés et 1. Un intervalle qui est compris dans l’étendue


fixée (l’« étendue fixée » correspond à
déclarations de conformité l’étendue de concentration à partir de zéro).
F.3.1. En dépit de ce qui précède, il faut admettre que 2. Un élargissement proche du niveau de
de nombreux comptes-rendus d'analyses et de confiance spécifié, de sorte que l’intervalle
déclarations de conformité comportent quelques d’incertitude élargi d’environ 95 % de
interprétations destinées à l'utilisateur final. confiance puisse comprendre la valeur vraie
Typiquement, une telle interprétation devrait comporter proche de 95 % du temps.
toute déduction importante à propos des concentrations 3. Les résultats enregistrés ont un biais minimum
d'analyte qui pourraient être raisonnablement présentes sur le long terme.
dans un matériau. Une telle interprétation est une F.5.2 Si l’incertitude élargie a été calculée à l’aide de
déduction tirée de l'observation du monde réel et par statistiques classiques, l’intervalle - comprenant toutes
conséquent devrait être selon toute attente (celle de les parties en dessous de zéro- aura par définition un
l'utilisateur final) conforme à des limites réelles. Ainsi, élargissement de 95 %. Toutefois, étant donné que la
de même, toute estimation de l'incertitude devrait être valeur (vraie) du mesurande ne peut se situer en dehors
rendue en valeurs « réelles ». Les paragraphes suivants de l’étendue fixée, il est possible de simplement
résument certaines approches acceptées. En général, la tronquer cet intervalle aux extrémités de l’étendue
première (utilisation de « inférieur à » ou de fixée tout en maintenant l’élargissement de 95 %. Cet
« supérieur à ») est cohérente avec la pratique intervalle de confiance classique tronqué conserve par
existante. La section F.5. décrit une approche basée sur conséquent l’élargissement exact de 95 %. Il est
les propriétés des intervalles de confiance classiques. également facile de le mettre en œuvre en utilisant des
Cette approche est très simple à utiliser et s’avère outils existants.

117
Quantification de l’Incertitude Annexe F - Limite de détection

F.5.3 Lorsque l’observation moyenne est en dehors de l’écart type est fixé à 0.01. La ligne diagonale en gras
l’étendue fixée et que l’intervalle pour la vraie montre comment la valeur reportée (avant troncature)
concentration est requis, il convient que le résultat depend de la valeur observée avec les lignes en
enregistré soit simplement décalé à zéro. Toutefois, le pointillés pour intervalle associé. Les intervalles
décalage à cette limite entraîne un léger biais sur le partiels représentent l’intervalle d’incertitude après
long terme, qui peut s’avérer inacceptable pour les troncature. Il faut noter que pour les valeurs onservées
clients (ou pour les prestataires d’EA) ayant besoin de inférieures à zero, l’intervalle tronqué devient trop
données brutes pour leurs propres analyses statistiques. petit.
Ces utilisateurs continueront à demander les
observations brutes, indépendamment des limites
naturelles. Néanmoins, parmi les différentes options F.6 Intervalles d’incertitude élargis
examinées pour pallier cette situation, il peut être proche de zéro : Approche
montré qu’une simple troncature à zéro permet bayésienne
d’obtenir un biais minimum.
F.6.1 Les méthodes bayésiennes permettent une
F.5.4 Si cette procédure est suivie, l’intervalle combinaison des informations provenant des mesures
d’incertitude élargi devient progressivement plus avec les informations préalables concernant la possible
asymétrique à mesure que le résultat s’approche de la (ou probable) distribution des valeurs du mesurande.
limite. La Figure 3 illustre la situation proche de zéro, Cette approche associe une distribution « préalable » à
lorsque la moyenne mesurée est déclarée jusqu’à ce une probabilité (la distribution déduite uniquement à
qu’elle descende en dessous de zéro. Ensuite, la valeur partir des résultats de mesure) pour obtenir une
déclarée est reportée commen étant zéro. « distribution postérieure » qui décrit la distribution des
F.5.5 Enfin, l’intervalle classique descend valeurs raisonnablement attribuable au mesurande.
complètement en dessous de la limite naturelle, L’intervalle d’incertitude élargi est esnuite choisi pour
entraînant un intervalle ajusté de [0 , 0]. On peut contenir une proportion adaptée de la distribution, alors
interpréter ceci comme une indication du fait que les que la valeur déclarée peut être toute valeur ponctuelle
résultats sont incohérents avec les vraies concentrations décrivant correctement l’emplacement de la
possibles. Normalement, les analystes devraient se distribution. On peut utiliser indifféremment la
tourner vers les données d’origine et déterminer la moyenne, la médiane et le mode de la distribution
cause, tout comme pour toute autre observation postérieure.
anormale du contrôle de la qualité. F.6.2 Dans le cas d’une grandeur connue pour être
F.5.6 S’il s’avère nécessaire de déclarer l’incertitude limitée à un intervalle donné (par exemple au-dessus de
type ainsi que l’intervalle d’incertitude élargi zéro) et de mesures fournissant des informations sous
(asymétrique), il est recommandé de déclarer, sans forme d’une distribution t, il peut être démontrer
modification, l’incertitude type utilisée pour établir [H.32] que la distribution des valeurs possibles qui en
l’intervalle de confiance. résulte correspond approximativement à une
distribution t tronquée. Afin d’obtenir des résultats
avec un bais minimum et un intervalle d’incertitude
élargi avec un recouvrement adéquat, il est
recommandé que :
0.10

i) Le mode de la distribution postérieure soit


communiqué. Dans le cas d’une distribution t
tronquée, cela correspond soit à la valeur
0.05

moyenne observée ou à zéro si la valeur


Reported value

moyenne observée est inférieure à zéro.


ii) L’intervalle d’incertitude élargi soit calculé en
0.00

tant qu’intervalle de densité maximale


contenant la fraction voulue de la distribution
postérieure. L’intervalle de densité maximale
-0.05

est également l’intervalle le plus court


contenant la fraction désirée de la distribution.
-0.10

F.6.3 Pour une distribution t basée sur une valeur


observée x , l’incertitude type u et les degrés de liberté
-0.04 -0.02 0.00 0.02 0.04
(effectifs) veff, l’intervalle de densité maximale pour le
Measured value cas d’une limite inférieure à zéro et le niveau de
confiance p peuvent être obtenu de la façon suivante :
Figure 3. Intervalle de confiance classique tronqué i) Calculer
autour de zero La moyenne varie entre -0.05 et 0.05, et
Ptot = 1 − Pt ( − x / u , v eff )

118
Quantification de l’Incertitude Annexe F - Limite de détection

où Pt (q,v) est la probabilité cumulée pour la classique dans l’étendue 0 < x < 5u, et il n’a donc pas
distribution t de Student. un taux de réussite d’exactement 95 %.
ii) Établir F.6.5 Tout comme pour l’approche classique, le calcul
q1 = q t (1 − (1 − pPtot ) / 2, v eff ) de la valeur déclarée et de l’intervalle d’incertitude ne
doit être effectué qu’après tous les autres calculs. Par
exemple, si l’on combine plusieurs valeurs proches de
où qt(P,v) est le quantile de la distribution t de
zéro, il convient tout d’abord de réaliser les calculs et
Student pour la probabilité cumulée P et les degrés
l’estimation de l’incertitude type de la valeur à déclarer
de liberté veff et p et le niveau de confiance voulu
et enfin de calculer l’intervalle d’incertitude.
(généralement 0,95).
F.6.6 S’il s’avère nécessaire de déclarer l’incertitude
iii) Si ( x − uq1 ) ≥ 0 , fixer l’intervalle à type ainsi que l’intervalle (asymétrique) d’incertitude
x ± uq 1 . Si ( x − uq1 ) < 0, l’intervalle est élargie, il est recommandé, de la même façon que pour
fixé à l’approche classique décrite plus haut, que l’incertitude
[0, x + uq ( P (− x / s, v
1 t eff ) + pPtot .v eff ) ] type utilisée pour établir l’intervalle de confiance soit
déclarée sans aucune modification.

REMARQUE :
Si l’on utilise les tableurs MS Excel ou OpenOffice Calc, Ptet qt sont
mis en œuvre de la façon suivante :

8
TDIST(ABS(q), v,2)/2 q <0 Max. dens.
Pt (q,v) = Classical
1 – TDIST (q,v,2)/2 q ≥ 0 6
R eported value

q (P,v) = 1 – TINV (2*(1-P), v),


4

où q et v dans les formules du tableur sont remplacés par le quantile


requis (- x / u ) et par les degrés de liberté désirés veff, et P est la
probabilité cumulée désirée (par exemple 0,95).
2

La complexité supplémentaire tient au fait que la fonction TDIST ne


donne que les probabilités de l’extrémité supérieure pour Pt et TINV
ne donne qu’une valeur bilatérale pour qt.
0

F.6.4 L’intervalle Bayésien donne le même biais -2 0 2 4


minimal que l’approche classique décrite en section
F.5, avec la propriété utile que lorsque la valeur Measured value ( x u)
moyenne observée descend en dessous de zéro,
l’incertitude déclarée augmente. Cela en fait donc une
Figure 4. Intervalle bayésien de densité maximum
approche appropriée pour rendre compte des résultats
(ligne continue) pour 5 degrés de liberté associé à x .
dont on attend qu’ils soient très proches d’une limite
telle que zéro ou 100 %, comme pour l’estimation de la La ligne en pointillés montre l’intervalle classique.
pureté des matériaux de haute pureté. Toutefois,
l’intervalle est beaucoup plus étroit que l’intervalle

119
Quantification de l’Incertitude Annexe G – Sources d’incertitude

Annexe G - Sources Communes d'Incertitude et Valeurs d'Incertitude

Les tableaux suivants résument quelques exemples typiques de composantes d'incertitude. Les
tableaux donnent :
• Le mesurande particulier ou la procédure expérimentale (détermination de la masse, du volume etc) ;
• Les principales composantes et sources d'incertitude dans chaque cas ;
• Une méthode suggérée permettant de déterminer l'incertitude résultant de chaque source ;
• Un exemple de cas typique.
Les tableaux sont supposés seulement indiquer des méthodes permettant d'estimer les valeurs de
certaines composantes typiques de l’incertitude dans les mesures analytiques. Ils ne prétendent pas
être exhaustifs et il est entendu que les valeurs données ne doivent pas être utilisées directement
sans justification objective. Les valeurs peuvent, toutefois, contribuer à la décision consistant à
savoir si une composante particulière est significative.

120
Quantification de l’Incertitude Annexe G – Sources d’incertitude

Quantification de l’Incertitude
Détermination Composantes de l'incertitude Cause Méthode de détermination Valeurs Typiques
Exemple Valeur
Masse Incertitude de l'étalonnage de la Exactitude limitée dans Indiquée sur le certificat Balance de la 0,5 mg
balance l'étalonnage d'étalonnage, convertie en écart-type figure 4
Linéarité i) Expérience, avec une gamme de Vers 0.5 x
poids certifiés dernier chiffre
significatif
ii) Spécification du fabricant
Lisibilité Résolution limitée sur l'écran A partir du dernier chiffre significatif 0,5 x dernier
ou l'échelle chiffre
significatif/√3
Dérive quotidienne Variées, y compris la Ecart-type des pesées de contrôle à Vers 0,5 x
température long terme. Calculer en tant qu'écart- dernier chiffre
type relatif si nécessaire. significatif.
Variation d'une mesure à l'autre Variée Ecart-type des échantillons Vers 0,5 x
successifs ou des pesées de contrôle dernier chiffre
significatif.
Effets de la densité La disparité entre poids Calculés à partir de densités connues Acier, Nickel 1 ppm
(base : conventionnelle)remarque 1 d'étalonnage / densité de ou supposées et des conditions Aluminium 20 ppm
l'échantillon est à l'origine atmosphériques typiques Solides 50 à 100 ppm
d'une différence dans l'effet organiques 65 ppm
de la poussée atmosphérique Eau 90 ppm

Annexe G –Sources d’incertitude


Hydrocarbures
Effets de la densité Comme ci-dessus. Calculer l'effet de la poussée 100 g eau + 0,1 g (effet)
(base : sous vide)remarque 1 atmosphérique et l'effet de la 10 g Nickel < 1 mg (effet)
poussée du substrat sur le poids
d'étalonnage.

Remarque 1 : Pour les principales constantes ou les définitions des unités du SI, les déterminations des masses à l'aide des pesées sont habituellement corrigées en poids
sous vide. Dans la plupart des autres situations pratiques, le poids est exprimé sur une base conventionnelle telle que celle que l'OIML a définie [H.18]. La convention
consiste à chiffrer les poids pour une densité de l'air de 1,2 kg m-3 et une densité de l'échantillon de 8 000 kg m-3, ce qui revient à peser de l'acier au niveau de la mer dans
des conditions atmosphériques normales. La correction de la poussée en masse conventionnelle est égale à zéro lorsque la densité de l'échantillon est de 8 000 kg m-3 ou
que la densité de l'air est égale à 1.2 kg m-3. Comme la densité de l'air est habituellement très proche de cette dernière valeur, la correction en poids conventionnel peut
normalement être négligée. Les valeurs de l'incertitude standard données pour les effets liés à la densité sur une base de poids conventionnelle dans le Tableau ci-dessus
sont suffisantes pour les estimations préliminaires des pesées sur une base conventionnelle sans correction de la poussée au niveau de la mer. La masse déterminée sur la
base conventionnelle peut, toutefois, différer de la « masse vraie » (sous vide) de 0,1 % ou plus (voir les effets à la dernière ligne du tableau ci-dessus).

121
Quantification de l’Incertitude
Quantification de l’Incertitude Annexe G – Sources d’incertitude
Détermination Composantes de Cause Méthode de détermination Valeurs Typiques
l'incertitude
Exemple Valeur
Volume (liquide) Incertitude de Exactitude limitée dans Indiquée sur la spécification du 10 mL (Grade A) 0.02 / √3 = 0.01
l'étalonnage l'étalonnage fabricant, convertie en écart-type. mL*
Pour la verrerie ASTM de classe A
de volume V, la limite est
approximativement de V0.6/200
Température La variation de la ∆T⋅α/(2√3) donne l'écart-type relatif, 100 mL d'eau 0.03 mL pour une
température par rapport à la où ∆T est la gamme des manipulation
température de l'étalonnage températures possibles et α le réalisée à 3°C près
provoque une différence coefficient de dilatation du volume de la température
dans le volume à la du liquide. α est approximativement opératoire fixée
température normalisée. égal à 2 x10-4 K-1 pour l'eau et à 1 x
10-3 K-1 pour les liquides
organiques.
Variation d'une mesure à Variée Ecart-type des volumes délivrés Pipette de 25 mL Répéter remplir /
l'autre successifs de contrôle (trouvés par peser :
pesée) s = 0.0092 mL

* En supposant que la distribution est rectangulaire

Annexe G – Sources d’incertitude


122
Quantification de l’incertitude
Quantification de l’Incertitude Annexe G – Sources d’incertitude
Détermination Composantes de Cause Méthode de détermination Valeurs typiques
l'incertitude
Exemple Valeur
Concentration des Pureté Les impuretés diminuent la Indiquée sur le certificat du fabricant. Hydrogéno Phtalate 0.1/√3 = 0.06
matériaux de quantité de matériaux de Les certificats de référence donnent de potassium de %
référence référence présents. Des habituellement des limites dans des référence certifié
impuretés réactives conditions non définies ; par comme étant :
peuvent interférer avec la conséquent elles devront être traitées
mesure. comme des distributions rectangulaires 99.9 ± 0.1 %
et il faudra les diviser par √3.
Remarque : si la nature des impuretés
n'est pas indiquée, des tolérances ou
des contrôles supplémentaires peuvent
s'avérer nécessaires afin de fixer des
limites quant aux interférences etc.
Concentration Incertitude certifiée sur la Indiquée sur le certificat du fabricant. Acétate de 2/√3 = 1.2
(certifiée) concentration du matériau Les certificats de référence donnent cadmium dans de -1
de référence. habituellement des limites l'acide acétique à mg l
inconditionnelles ; Par conséquent 4 %. Certifiée (0.0012 en
celles-ci doivent être traitées comme comme étant tant qu'écart-
des distributions rectangulaires et être -1 type relatif)*
(1 000 ± 2) mg l
divisées par √3.

Annexe G –Sources d’incertitude


Concentration Combinaison des Combiner les valeurs pour les étapes Acétate de 0.0012 2 +
(préparée à partir de incertitudes sur les valeurs préalables en tant qu'écarts-types cadmium après
matériaux certifiés) de référence et les étapes relatifs partout. trois dilutions à 0.0017 2 +
intermédiaires partir de 1 000 0.00212 +
mg l-1 à 0.5 mg l-1 0.0017 2
= 0.0034
en tant
qu'écart-type
relatif
* En supposant la distribution rectangulaire

123
Quantification de l’Incertitude
Quantification de l’Incertitude Annexe G – Sources d’incertitude
Détermination Composantes Cause Méthode de détermination Valeurs typiques
d'incertitude
Exemple Valeur
Absorbance Etalonnage de l'appareil Exactitude limitée dans Indiquée sur le certificat
l'étalonnage. d'étalonnage sous forme de limites,
Remarque : cette
convertie en écart-type
composante concerne la
lecture de l'absorbance
versus l'absorbance de
référence, non pas
l'étalonnage de la
concentration contre la
lecture de l'absorption
Variation d'une mesure à Variée Ecart-type des déterminations Moyenne de 7 1.63/√7 = 0.62
l'autre dupliquées, ou des performances de lectures de
l'AQ. l'absorption avec s
= 1.63
Echantillonnage Homogénéité Un sous-échantillonnage à i) Ecart-type des résultats de sous- Echantillonnage à Pour 15 portions
partir d'un matériau échantillons distincts (si partir de pain provenant de 72
inhomogène ne représentera l'inhomogénéité est importante par d'une portions
généralement pas l'ensemble rapport à l'exactitude analytique). inhomogénéité contaminées de
de manière exacte. supposée l'ensemble et de
ii) Ecart-type estimé à partir des
bilatérale 360 portions non
Remarque : un paramètres connus ou supposés de la
(Voir exemple contaminées de

Annexe G –Sources d’incertitude


échantillonnage aléatoire population .
A4) l'ensemble
donnera généralement un
biais nul. Il peut s'avérer S : RSD = 0,58
nécessaire de vérifier que
l'échantillon est réellement
aléatoire.

124
Quantification de l’Incertitude
Quantification de l’Incertitude Annexe G – Sources d’incertitude

Détermination Composantes de Cause Méthode de détermination Valeurs typiques


l'incertitude
Exemple Valeur
Rendement lors de Taux moyen de L'extraction est rarement Rendement calculé en tant que Récupération de 28/√42 = 4.3 %
l'extraction récupération de l’analyte complète et peut ajouter ou récupération en pourcentage à partir pesticides à partir (0.048 en tant
inclure des composés qui d'un matériau de référence du pain ; 42 que RSD)
interfèrent. comparable ou d'un spike expériences,
représentatif. L'incertitude est moyenne 90 %, s
obtenue à partir de l'écart-type de la = 28 %
moyenne des expériences de (Voir exemple
récupération. A4)
Remarque : la récupération peut
également être calculée directement
à partir des coefficients de partition
précédemment mesurés.
Variation d'une mesure à Variées Ecart-type des expériences répétées. Récupération des 0.31 en tant que
l'autre dans le rendement pesticides dans le RSD.
d’extraction pain à partir de
données appariées
dupliquées. (Voir
exemple A4)

Annexe G –Sources d’incertitude


125
Quantification de l’Incertitude Erreur ! Source du renvoi introuvable. - Bibliographie

Annexe H - Bibliographie

H.1. ISO/IEC 17025:2005. General Requirements for the Competence of Calibration and Testing
Laboratories. ISO, Geneva (2005).
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