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1- Décrivez en quoi le redressement a contribué à l’émergence du langage oral chez

l’Homme.
Le langage est une fonction cognitive innée, propre à l’Homme. Résultat d’évolutions et de
sélections successives qui ont débuté il y a plus de 2,5 millions d’années, la fonction
langagière est inscrite dans le patrimoine génétique. Ainsi, l’Homme dispose d’une
morphologie et d’une architecture cérébrales lui conférant la faculté de développer et
d’utiliser une langue. Néanmoins, un certain nombre de conditions ont dû être réunies pour
favoriser l’émergence du langage oral, indépendamment des interactions pourtant
nécessaires à son apparition. Parmi ces conditions, l’une des plus souvent mentionnées
concerne le redressement. Les contraintes environnementales ont conduit à un redressement
progressif de la quadrupédie à la bipédie. Si la verticalisation a permis le développement
des poumons et, par conséquent, une augmentation du volume d’air et une amélioration du
contrôle et de la synchronisation respiratoires nécessaires à la production du langage oral,
ce sont bien les modifications de la morphologie de la boîte crânienne qui ont impacté
l’apparition du langage oral. La verticalisation ayant déplacé le centre de gravité, le point
d’ancrage de la colonne vertébrale dans le trou occipital s’est avancé afin d’équilibrer la
boîte crânienne au sommet de la colonne vertébrale, tout en en modifiant la forme qui s’est
étirée vers l’arrière – et vers l’avant avec le front –provoquant non seulement une
augmentation globale du volume cérébral qui a permis l’accroissement de surfaces dédiées
au langage, mais également un raccourcissement des mandibules, et la création du menton,
induit par la tension des muscles de la face tirant vers l’arrière et vers le bas la mâchoire.
Ce raccourcissement induit par une postériorisation a tiré la langue vers l’arrière et en
position basse libérant de l’espace dans la cavité buccale au niveau du palais et « calant »
la langue dans le plancher buccal pour lui donner plus de mobilité et de flexibilité. Par
ailleurs, l’abaissement de la mandibule entraîne, en corollaire, un abaissement du larynx,
organe de la phonation, et plus globalement du tractus vocal. In fine, le redressement a
particulièrement agi sur la morphologie et la mobilité des organes liés au langage.

2- Décrivez en quoi le langage humain est régulé ET réglé.


Le langage humain a pour particularités d’être régulé et réglé. Tout d’abord, l’héritage du
patrimoine génétique, au fur et à mesure des adaptations successives, a permis d’ancrer pour
l’Homme le langage comme une fonction partiellement déterminée dans sa trajectoire
développementale, mais également dans son fonctionnement. C’est ainsi que le cerveau
régule les activités cognitives dans leur globalité, et donc assure celles liées aux fonctions
langagières. Concrètement, le langage fonctionne correctement via des mécanismes et
processus dédiés pour la coordination bucco-phonatoire, la synchronisation audio-motrice,
etc. sous-tendus par des connexions neurobiologiques dédiées ou qui émergent selon les
expériences et contraintes environnementales (e.g., l’apprentissage de la lecture). L’Homme
dispose ainsi « d’outils » cérébraux, moteurs, etc. assurant le développement et l’exécution
dynamiques des activités langagières selon un rythme en partie pré-déterminé, en partie
dépendant de l’environnement. Par ailleurs, le langage obéit à des contraintes et des règles.
Par règles, il est entendu les principes auxquels l’Homme est subordonné pour qu’existe et
soit utilisé le langage. Ces règles sont propres à l’Homme, ce qui le différencie des autres
espèces animales, d’autant plus qu’elles disposent de caractéristiques les rendant plus ou
moins complexes. Parmi celles-ci, la régularité – qui impose la manière dont les lettres et
les sons peuvent s’associer dans une langue donnée –, la productivité – qui définit les sons
de base utiles et nécessaires à une langue donnée – et la créativité – qui permet de générer
une infinité de combinaisons tant que celles-ci ne transgressent ni les contraintes
morphologiques ni syntaxiques de la langue donnée – constituent les règles spécifiques au
langage humain auxquelles pourraient s’ajouter universalité, complexité et communauté.
L’ensemble de ces principes de fonctionnement garantissent le bon fonctionnement du
langage pour tous les membres de l’espèce humaine.

3- Décrivez en quoi le langage oral repose sur le quatuor : perception, discrimination,


extraction et catégorisation
Le langage humain est une fonction cognitive complexe, qui se développe progressivement
au travers de la maturation neurobiologique, motrice et cognitive. Si le langage est une
fonction cognitive « innée », son émergence repose sur les interactions permanentes
entretenues précocement et durablement par le bébé avec son environnement. Ainsi, le
développement précoce, dès la vie intra-utérine aux alentours de la 25e semaine de
grossesse, du système auditif perceptif permet une expérience et une immersion rapides
avec les stimulations langagières dont la familiarisation développe une sensibilité aux sons
langagiers avant même la naissance. Grâce à cette aptitude précoce de perception, le bébé
va rapidement être capable de discriminer les variations prosodiques de la langue maternelle
puis, via l’extraction des propriétés acoustico-phonétiques, pour catégoriser les sons
nécessaires à la langue maternelle : les voyelles vers 5-6 mois et les consonnes vers 10-12
mois. Être capable d’introduire de la discontinuité dans un signal acoustico-phonétique est
un prérequis essentiel et nécessaire à la catégorisation des seuls sons utiles à l’utilisation
d’une langue, car cela permet d’éliminer, parallèlement, les sons non pertinents qui
pourraient surcharger le fonctionnement perceptif et cognitif de l’enfant qui dispose jusqu’à
12 mois de la capacité universelle à percevoir toutes les variations de tous les sons de toutes
les langues du monde. Perçus, discriminés et catégorisés, les sons ont ainsi été extraits d’un
signal continu de parole par le bébé grâce à leurs propriétés, mais aussi grâce aux régularités
dans l’organisation des uns par rapport aux autres : le bébé complète ainsi ses aptitudes par
une capacité à détecter les régularités statistiques d’apparition des sons pour les segmenter
et les isoler. Cela facilite enfin la compréhension de la syntaxe de la langue et permet de les
orienter dans des catégories de plus au niveau : les catégories grammaticales (i.e., verbes,
noms, adjectifs, etc.).

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