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CHAPITRE PREMIER : REVUE DE LA LITTERATURE

Ce chapitre expose le cadre conceptuel de notre recherche. Il est le fruit


d’une réflexion nourrie de lectures caractérisées par leur diversité disciplinaire. Si
l’objectif est bien de mobiliser des concepts qui puissent éclairer ce travail de
recherche sur les conséquences de la pratique de langues nationales sur la
performance académique, notre préoccupation du contexte d’étude a mené à
prendre en considération des problématiques plus larges, qui traversent le champ
des sciences humaines dans son ensemble [1]. L’objectif final est d’exposer
clairement notre posture de recherche et le positionnement scientifique de ce
travail.
I. 1 : PRATIQUE
Du latin practicus et du grec praktikos, la pratique définit tout ce qui est empirique,
expérimental, pragmatique, … D’un auteur à l’autre, la pratique peut être définie
de plusieurs façons dont les plus commodes sont les suivantes, celle qui approche
notre thématique étant la dernière sur la liste. Il s’agit de :
Une pratique est une façon de procéder dans la réalisation d'une action ou peut
qualifier une action particulière2.
Tout ce qui s'intéresse ou est relatif à l'application d'une discipline, d'une
connaissance, ou qui vise directement à l'action concrète, par opposition à
théorique3.
Ce qui est parfaitement adapté à l'usage qu'on en fait, qui présente un maximum
d'avantages : Pour la ville, cette voiture est bien pratique.
Ce qui offre le plus de facilité à quelqu'un, en particulier sur le plan de l'action :
Elle habite près de son travail, c'est très pratique.
Exemples : Mettre en pratique un principe, une théorie ;
Pratique abusive ;
Pratique religieuse ;
Pratique abusive (souvent pluriel).

[1]
Fanny DUREYSSEIX, Des politiques linguistiques et éducatives aux conditions
d’enseignement / apprentissage des langues : quelle(s) approche(s) du contexte ? Le cas de la
nation angolaise, Thèse de Doctorat ;
2
Fr.wikipedia.org
3
Dictionnaire français Larousse
I. 2 : LANGUE
I.2.1 : DEFINITION
On entend par langue, un système évolutif de signes linguistiques, vocaux,
graphiques ou gestuels qui permet la communication entre les individus4.
Selon le linguiste André Martinet, « une langue est un instrument de
communication selon lequel l'expérience humaine s'analyse, différemment dans
chaque communauté, en unités douées d'un contenu sémantique et d'une
expression phonique, les monèmes ; cette expression s'articule à son tour en unités
distinctives et successives, les phonèmes, en nombre déterminé dans chaque
langue, et dont la nature et les rapports mutuels diffèrent eux aussi d'une langue à
l'autre » [4].
Il n'existe pas de critère strictement linguistique permettant de distinguer une
langue d'un dialecte.
Dans une perspective sociolinguistique (étude des langues dans leur rapport aux
sociétés), le terme « langue » définit tout idiome remplissant deux fonctions
sociales fondamentales [5]: la « communication » (c'est au moyen de la langue
que les acteurs sociaux échangent et mettent en commun leurs idées, sentiments,
pensées, etc.) et l'« identification » (par son double aspect individuel et collectif,
la langue sert de marqueur identitaire quant aux caractéristiques de l'individu et
de ses appartenances sociales). Par conséquent, les « langues » sont des objets
vivants, soumis à multiples phénomènes de variations et les frontières entre les
langues sont considérées comme non hermétiques, car elles relèvent d'abord des
pratiques sociales.
I.2.2 : HISTOIRE
La question de l'origine des langues a été abordée dans des mythes très anciens,
dont le plus connu est le récit biblique de la Tour de Babel qui présente la diversité
des langues comme le résultat d'une punition divine.
Dans les Travaux et les Jours, Hésiode présente l'invention du langage comme un
des cadeaux que les dieux firent à Pandore5.
Dans ses Histoires, Hérodote rapporte l'anecdote selon laquelle le pharaon
Psammétique Ier (663-609) avait voulu déterminer de façon expérimentale la
langue innée et donc la plus ancienne en faisant élever par un berger pendant deux
ans deux nourrissons sans aucune interaction verbale avec la personne qui s'en
4
fr.m.wikipedia.org
5
Myriam Kissel, « Des origines du langage. L'expérience de Psammétique », Journées de
l'Antiquité, 2005-2006, p. 87-95 (lire en ligne [archive])
occupait. Il en a conclu que cette langue serait le phrygien6. Une expérience
similaire sera reprise par Jacques IV d’Écosse au début du XVI ème siècle et par
Frédéric le Grand au XVIII ème siècle.
Dans l'Europe médiévale, l'hébreu a souvent été reconnu comme la langue
originelle de l'humanité, notamment chez le théologien Juda Halevi (XII ème
siècle). Par la suite, les savants juifs furent nombreux à hésiter entre l'hébreu, le
grec, le latin et l'arabe [7].
Les travaux récents en anthropologie, en archéologie, en génétique et en
linguistique suggèrent l'hypothèse d'une langue originelle commune [8]. En se
basant sur des ressemblances lexicales, les linguistes avaient déjà pu établir depuis
plus d'un siècle l'arbre généalogique approximatif de la grande famille de langues
issues de l'indo-européen. En 2003, Russell D. Gray et Quentin Atkinson ont
proposé d'appliquer à 2 449 termes provenant de 87 langues de cette famille de
langues une méthode phylogénétique informatisée comme celle qu'utilise la
biologie pour construire des arbres généalogiques à partir de l'ADN [2].
Cette méthode prend comme unité de base non pas les lexèmes mais les phonèmes
présents dans les différentes langues. Considérant que le nombre de phonèmes
d'une langue augmente en fonction du nombre de locuteurs qui la parlent, mais
diminue lorsqu'un sous-groupe émigre loin de la famille mère, ils ont ainsi pu
établir que l'expansion des langues indo-européennes correspond au
développement de l'agriculture à partir du plateau anatolien entre 7 800 et 9 800
ans avant notre époque.
En 2011, Atkinson applique son modèle à un plus grand nombre de langues. Dans
une base de 504 langues, il observe que certaines langues africaines comptent plus
de 100 phonèmes, alors que le hawaïen, qui est la langue la plus éloignée du
berceau africain, n'en compte que 13, contre 45 en anglais et 36 en français. Cette
diminution de la diversité des phonèmes en fonction de la distance, comparable à
celle qu'on observe dans les caractéristiques génétiques, impliquerait selon
Atkinson que le langage humain aurait pris naissance dans le sud-ouest africain il
y a entre 50 000 ans et 100 000 ans [9], [10].

6
Histoires, II, 2
[7]
Moshe Idel, « À la recherche de la langue originelle: le témoignage du nourrisson », Revue
de l'histoire des religions, nos 213-4, 1996, p. 415-442 (lire en ligne [archive])
[8]
Merritt Ruhlen, L'Origine des langues, Débats Belin, 1997 (ISBN 2-7011-1757-7).
[9]
Nicholas Wade, « Phonetic Clues Hint Language Is Africa-Born », The New York Times,
14 avril 2011 (lire en ligne [archive])
[10]
Global Post, World's languages traced back to single African mother tongue: scientists
[archive], 2011-04-15
I.2.3 : CLASSIFICATION DE LANGUES
a. Langue naturelle et langue construite
On appelle langue naturelle une langue qui s'est formée au cours du temps par la
pratique de ses locuteurs, à partir d'états de langues antérieurs et/ou d'emprunts à
d'autres langues. C'est le cas d'une grande majorité des langues parlées dans le
monde.
Au contraire, on appelle langue construite, parfois improprement langue
artificielle, une langue qui résulte d'une création normative consciente d'un ou de
plusieurs individus. C'est notamment le cas de l'espéranto, seule langue construite
comptant un nombre significatif de locuteurs, parlée dans plus de 120 pays du
monde. Parmi les autres langues construites qui ont au mieux cent fois moins de
locuteurs et qui ont dépassé le stade du simple projet, on peut citer son dérivé ido,
le volapük qu’elle a supplanté, l'interlingua, et plus récemment le lojban, le
pandunia, le toki pona, ou des projets de langues imaginaires utilisées dans les
œuvres de fiction : klingon (Star Trek), na'vi (Avatar), elfiques (Seigneur des
Anneaux), etc.
Certaines langues ont également été créées historiquement pour permettre
l'intercompréhension entre des locuteurs à l'occasion d'échanges commerciaux,
comme le kiswahili, mélange de grammaire bantoue et de vocabulaire arabe,
développé après la Renaissance par les marchands sur la côte est-africaine.
b. Langue vivante et langue morte
On appelle langue vivante une langue qui est utilisée oralement par des personnes
dont elle est la langue maternelle (ou par une communauté suffisamment
nombreuse) de façon suffisamment intensive pour permettre une évolution
spontanée de la langue (grammaticale, phonétique, etc.).
On appelle langue morte ou éteinte une langue qui n'est plus pratiquée oralement
comme langue maternelle mais qui peut être encore utilisée dans certains
domaines (tels que la religion, comme le latin ou le copte). C'est pourquoi certains
préfèrent parler de langue ancienne [6]. La connaissance des langues mortes, en
permettant l'étude des textes anciens, est utile notamment à la linguistique
historique ainsi qu'à l'histoire et à ses disciplines annexes. Les deux langues
mortes les plus importantes de la culture occidentale sont le latin et le grec ancien.
Celle des cultures indiennes ou influencées par l'Inde est le sanskrit.
Il est possible de « ressusciter » et de reconstruire des langues mortes, comme le
montre l'exemple de l'hébreu moderne.
Une langue vivante est rarement un système uniforme et rigide, elle varie
généralement selon le lieu géographique (dialectes), le milieu social (sociolectes)
et les individus (idiolectes) et, bien sûr, selon le temps (diachroniquement), ce qui
fait que, considérée à un moment donné, une langue est toujours en évolution et
contient plusieurs états. Par exemple, le système phonologique des langues
évolue, ce qu'étudie la phonétique historique. Une langue vivante est définie dans
une géographie linguistique internationalement reconnue et se définit par sa
frontière linguistique. Si cette aire linguistique est traversée par une frontière, c'est
une langue transfrontalière, par exemple le basque.
c. Langue parentale
On appelle langue maternelle ou langue parentale d'une personne, une langue que
cette personne a apprise dans son enfance au cours de son apprentissage du
langage.
Dénominations linguistiques ou politiques
Une même langue définie par la linguistique, par la sociolinguistique et par la
typologie sociolinguistique des langues, dont les locuteurs se comprennent
spontanément, complètement et sans avoir besoin de traducteur ni de dictionnaire,
peut avoir plusieurs dénominations et s'écrire avec plusieurs alphabets pour des
raisons historiques, politiques, religieuses et identitaires : c'est par exemple le cas
du hindi/ourdou [11], du moldave/roumain [3] ou encore du serbo-croate appelé
désormais BCMS pour Bosnien-Croate-Monténégrin-Serbe [12].

Nombre de langues
Il est impossible de déterminer avec précision le nombre de langues parlées dans
le monde, en raison de la difficulté qu'il y a à tracer des frontières précises entre
les langues, notamment à différencier les langues des dialectes. Selon les

[11]
Le hindoustani se nomme hindi en Inde et pour les hindouistes, mais ourdou au Pakistan et
pour les musulmans (y compris de l'Inde) : (en) Colin Masica, The Indo-Aryan Languages,
Cambridge, Cambridge University Press, coll. « Cambridge language surveys », 1991, XVI-
539 p. (ISBN 978-0-521-29944-2, OCLC 463528424, BNF 35528738, LCCN 88037096, lire
en ligne [archive]).
[12]
Thomas, Paul-Louis, « Bosniaque, croate, monténégrin, serbe : de l’étude d’une langue à
l’identité des langues » [archive], Revue des Études slaves, vol. 74, n° 2, 2002, p. 311–325
(consulté le 13 juin 2017).
estimations, il existerait aujourd'hui entre 3 000 et 7 000 langues vivantes 13,14,15.
L'ONU reconnaît 141 langues officielles. Des estimations indiquent que la moitié
des langues existantes (en prenant en compte l'estimation de 7 000 langues dans
le monde en 2022) pourrait disparaître durant le XXI e siècle16.
Familles de langues
Quelques grandes familles de langues sont les plus importantes en nombre de
locuteurs.
A. Les langues flexionnelles de la famille indo-européenne sont parlées en
première langue par un peu plus de 40 % de l'humanité : Asie du Sud, Europe,
Amériques, Océanie. L'anglais, le français et le portugais sont souvent aussi
langues officielles en Afrique subsaharienne, donc pour plus de 10 % de la
population mondiale. Depuis le début du vingtième siècle, et surtout après 1945,
l'anglais est devenu la principale langue de communication internationale.
L'existence d'une langue commune parlée par le peuple des Indo-Européens est
établie sur la base d'une comparaison entre les langues. Aucun vestige historique
(monuments funéraires, œuvres d'art, artisanat, etc.) ne l'atteste par ailleurs de
façon sûre. L'existence des Indo-Européens n'est pas une donnée de l'histoire,
mais une hypothèse formulée à partir de la comparaison entre des milliers de mots.
Par exemple, le mot mère se dit mater en latin, mothar en gothique, mathir en vieil
irlandais, matar en sanskrit, etc. Le terme indo-européen a été introduit en 1816
par l'Allemand Franz Bopp pour désigner un ensemble de langues d'Europe et
d'Asie dont la parenté structurale s'est révélée remarquable. Le sanskrit, le grec,
le latin, le hittite, le vieil irlandais, le gothique, le vieux bulgare, le vieux prussien,
etc., présentent des liens communs.
B. Les langues isolantes et à tons de la famille sino-tibétaine sont parlées par plus
de 20 % de la population mondiale, la plus importante étant le mandarin.
C. Quelques autres groupes de langues sont parlés par environ 5 % de la
population mondiale avec une parenté souvent plus difficile à établir : langues
ouralo-altaïques majoritairement agglutinantes tels le (japonais, le coréen, le
turc...); langues austronésiennes (dont l'indonésien-malais) ; langues dravidiennes

13
(fr) « L'Ethnologue[.com] recense les 6.909 langues vivantes de la planète » (consulté le 16
avril 2010).
14
(ca) Toni Mollà, Manual de sociolingüística, Alzira, edicions Bromera, coll. « graella », 2005,
2e éd. (1re éd. 2002), 246 p. (ISBN 84-7660-733-4), p. 45.
15
Jean-Christophe Victor, Le Dessous des cartes : Itinéraires géopolitiques, France, Tallandier
/ Arte éditions, 2011, 226 p. (ISBN 978-2-84734-823-1), p. 192-195
16
Jean-Christophe Victor, Le Dessous des cartes : Itinéraires géopolitiques, France, Tallandier
/ Arte éditions, 2011, 226 p. (ISBN 978-2-84734-823-1), p. 192-195
(dont le tamoul) ; Langues chamito-sémitiques (dont l'arabe) ; langues nigéro-
congolaises dont le lingala.
Les autres groupes de langues repérés sont beaucoup moins importants
démographiquement.
I.2.4 : Langue nationale
a. Définition
Une langue nationale est une langue considérée comme propre à une nation ou
un pays, et dont la définition exacte varie selon les pays17. Dans certains pays, une
langue peut avoir un statut de langue nationale reconnu par le gouvernement ou
la loi. Selon les pays, la notion ne se confond parfois pas avec celle de langue
officielle.
b. En Afrique
Les langues officielles sont généralement des langues utilisées par
l'administration ou les écrits, alors que la ou les langues nationales18sont
généralement des langues orales et véhiculaires.
c. En République démocratique du Congo
La langue nationale est une langue véhiculaire légalement reconnue dans une
partie du pays. Elle n'est généralement utilisée qu'oralement. Pour la
communication écrite, le français, qui a le statut de langue officielle, est utilisé.
d. Langues Nationales Congolaises
d.1. Généralités
La population de la république démocratique du Congo (RDC) parle 2006,7 à 400
langues selon les distinctions entre langue et dialecte. Sur le plan linguistique, il
est l'un des pays les plus multilingues de toute l'Afrique. En effet, l’Atlas
linguistique du Congo Kinshasa dénombre 221 langues pour une population totale
(estimée en 1996) à 42,2 millions d'habitants, c'est-à-dire une langue par tranche
de 190 000 locuteurs. Cependant, 186 langues appartiennent à la seule famille
bantoue et elles sont parlées par plus de 80 % de la population congolaise. Les
autres langues sont représentées par la famille nilo-saharienne. Tous les Congolais
parlent l'une des quelque 200 langues « ethniques » [7], voire plus de 500
dialectes. En plus du français, langue officielle, la loi reconnaît quatre langues
nationales : lingala, swahili, kikongo et tshiluba. La plupart des Congolais parlent
plusieurs langues. Le français, le lingala (à l'ouest) et le swahili (à l'est) servent
de langues véhiculaires.
Outre la langue officielle, plus de 200 langues ethniques sont parlées dans le
pays14, dont quatre ont le statut de langues nationales : le kikongo ya leta (aussi
appelé « kikongo » en dehors du Kongo central 15,16,17), le lingala, le swahili et
le tshiluba8.
Depuis 1980, les élèves sont censés recevoir leur instruction dans l'une des quatre
principales langues nationales (kikongo ya leta (aussi appelé "kikongo" en dehors
du Kongo central), lingala, tshiluba et swahili) lors des deux premières années du
primaire, tandis que le français devient la langue d’enseignement à partir de la
troisième année. Le swahili est offert dans les provinces de l’Est ; le lingala dans
les provinces de l’Équateur et à Kinshasa ; le kikongo ya leta dans les provinces
du Kongo central, du Kwango et du Kwilu ; et le tshiluba dans les provinces du
Kasaï, du Kasaï oriental et du Kasaï central. Mais dans la réalité, le français est le
véhicule d'enseignement dès la première année dans bon nombre d'écoles en ville.
d.2. Historique
Les premières populations du Congo ont été les agriculteurs bantous qui s'y sont
établis au cours du premier millénaire. Les principales langues africaines parlées
en RDC (lingala, swahili, kikongo et tshiluba) sont de ce fait des langues
bantoues.
Lors de l'indépendance, le français est choisi comme langue officielle de la
nouvelle république démocratique du Congo. Le 17 octobre 1962, une ordonnance
présidentielle dispose que « le français est la langue de l'enseignement du cycle
primaire » et écarte donc les langues locales de l'enseignement. Le gouvernement
entend ainsi faciliter à la fois l'unité du pays et le développement économique.
Pendant les années Mobutu (1965-1997), la politique de « zaïrisation » réintroduit
les langues africaines dans l'enseignement, notamment pendant les deux
premières années de la scolarité primaire, mais ne remet pas en cause la primauté
du français dans le domaine économique et social.
En février 2006, le président Joseph Kabila, lui-même largement anglophone, fait
adopter une nouvelle constitution qui définit trois niveaux pour les langues parlées
en RDC : le français, qui est la langue officielle, les 4 grandes langues bantoues
(lingala, swahili, kikongo ya leta (aussi appelé « Kikongo » en dehors du Kongo
central) et tshiluba) sont déclarées « langues nationales » et « les autres langues
du pays [qui] font partie du patrimoine culturel congolais dont l’État assure la
protection. ».
La constitution dispose également que « le gouvernement assure la diffusion en
français et dans chacune des quatre langues nationales dans le délai de soixante
jours à dater de la promulgation. » Pour des raisons de manque de moyens, cette
disposition n'est pas exactement mise en œuvre. La justice et la police peuvent
opérer dans les langues nationales en fonction des besoins. Les permis de conduire
et la signalisation routière sont exclusivement en français.
Par ailleurs, la diversité linguistique du pays et la faiblesse de l'enseignement du
français comme langue commune provoque l'apparition de sabirs, mélanges de
plusieurs langues qui permettent la communication entre ethnies différentes
auquel on donne le nom de « congolo-franglais » ou du franglais congolais, avec
des contributions venues du lingala ou du swahili, par exemple. Le français reste
donc la langue des élites, ce qui limite la capacité à déployer la démocratie, qui
s'exprime en français (quasiment toute la presse écrite est en français), et permet
à la minorité la plus éduquée de bénéficier de nombreux privilèges [7].

I.3 : CONSEQUENCES
I.3.1 : Généralités
Couramment, une conséquence est le résultat logique d'une cause ou d'une action.
En grammaire, la conjonction de conséquence indique un état qui est la
conséquence de la proposition.
En économie, une conséquence économique est un événement prévu ou imprévu
faisant suite à une mesure qui affecte les marchés financiers locaux et
internationaux.
I.3.2 : Les types de conséquences
Elles peuvent être positives, négatives ou plutôt neutres. Par exemple, si Antoine
étudie bien, il est probable qu'il aura une meilleure note à son examen.
a. Conséquence négative
Les conséquences négatives sont conçues pour inciter une personne à éviter un
comportement problématique. Cependant, lorsque les conséquences ne sont pas
perçues comme étant justes ou qu'elles ne sont pas données de façon uniforme,
elles peuvent se transformer en punition.
b. Conséquence positive
Rappelons qu'une conséquence positive renforce ce qui est déjà réalisé pour que
cela soit soutenu et poursuivi dans le temps. Apporter une récompense en
souhaitant un changement, ne correspond à aucun mécanisme de motivation.
I.4 : PERFORMANCE ACADEMIQUE
I.4.1 : Généralités
La performance académique fait référence à l’évaluation des connaissances
acquises au niveau scolaire, tertiaire ou universitaire. Un étudiant ayant de bons
résultats scolaires est celui qui obtient des résultats positifs aux examens qu’il doit
passer tout au long d’un cours.
I.4.2 : Indicateurs de performance académique
I.4.2.1 : La théorie de l’autodétermination
La littérature identifie la motivation comme un facteur clé de réussite. Alors
qu’une motivation élevée laisse présager une plus grande probabilité de réussite,
une absence de motivation peut conduire à l’échec ou l’abandon d’un projet.
La théorie de l’autodétermination [8] a été retenue pour sous-tendre notre
recherche. Cette théorie postule l’existence d’un continuum de la motivation. A
l’extrémité de ce continuum se situe la motivation intrinsèque, celle qui pousse à
s’engager dans une activité pour l’intérêt et le plaisir associés à la pratique de cette
activité. Viennent ensuite trois formes de motivations dites extrinsèques.
La motivation extrinsèque par régulation identifiée se caractérise par un degré
élevé d’autodétermination : l’individu choisit de s’impliquer dans une activité
parce qu’il l’a consciemment identifiée comme importante à ses yeux. La
motivation extrinsèque par régulation introjectée consiste à agir sous l’effet de
pressions intériorisées. Ces pressions sont de natures très diverses : éviter
d’éprouver de la culpabilité, des remords, de la honte, de l’anxiété ou encore
renforcer l’ego - amour-propre, estime de soi. La motivation extrinsèque par
régulation externe traduit un faible degré d’autodétermination : le comportement
est régi par des facteurs environnementaux (obtenir une récompense ou éviter une
punition).
L’amotivation se situe à l’extrémité opposée du continuum. L’individu amotivé
n’accorde pas de valeur à une activité ou à un comportement, les forces qui
déterminent son comportement échappent à son contrôle intentionnel.
I.4.2.2 : Le modèle des préférences cérébrales de Ned Herrmann (HBDI)
D’autres critères interviennent dans la réussite d’un parcours en lien avec la
motivation, il s’agit des caractéristiques individuelles. Selon les travaux de
Holland « plus la correspondance est grande entre les caractéristiques de
l’individu et les exigences de son environnement, plus cet individu a des chances
d’y être efficace et d’y trouver satisfaction ».
La littérature s’intéresse moins aujourd’hui au pouvoir prédictif des variables
cognitives sur les performances et davantage à celui de la personnalité. Elle
montre que la personnalité prédit significativement la performance.
De nombreux auteurs utilisent le MBTI, Myers Briggs Type Indicator ou le
modèle des cinq facteurs, ou « Big Five » afin de décrire la personnalité des
individus. Le HBDI (Herrmann Brain Dominance Instrument) anéanmoins été
choisi comme outil d’analyse des différences individuelles dans le cadre de notre
recherche en raison des perspectives considérables qu’il offre sur le
développement des personnes et des organisations.
Ce profil de préférences cérébrales, développé par Ned Herrmann sur la base des
travaux des deux neurophysiologistes américains Roger Wolcott Sperry (cerveau
gauche / cerveau droit) et Paul D. MacLean (modèle du cerveau triunique),
identifie les modes préférentiels de traitement de l'information des individus. Il
est représenté sous la forme d'un cercle divisé en quatre quadrants : les quadrants
A (analyse, logique, raison) et B (planification, organisation, méthode) sont
associés à l’hémisphère gauche du cerveau ; les quadrants C (émotion, empathie,
communication) et D (imagination, créativité, intuition) à l’hémisphère droit.
Tout individu fait appel aux quatre quadrants de réactivité cérébrale mais les
utilise spontanément avec des intensités variables.
I.4.2.3 : Caractéristiques individuelles et performance
La littérature fait état de nombreux travaux sur les relations entre les
caractéristiques individuelles et la performance académique. Nous pouvons citer
par exemple : [9] et [10] constatent dans leur méta-analyse que la littérature
actuelle propose essentiellement des relations de corrélation entre ces variables.
Ils soulignent que bien que ces corrélations soient intéressantes pour établir un
premier lien entre la personnalité et performance, leur utilité est limitée.
Ainsi recommandent-ils d’accorder une plus grande attention aux analyses de
régression multiple car celles-ci permettent de déterminer la contribution unique
de chacune des variables dans la prédiction de la performance. Sur la base de ces
recommandations, nous nous proposons d’explorer la nature des liens entre les
variables du HBDI et la performance à l’aide d’études de corrélations complétées
par des analyses de régression multiple. Compte-tenu du caractère exploratoire de
cette recherche, nous ne présumons pas de liens spécifiques entre chacune des
variables du HBDI et la performance mais postulons que l’une au-moins des
quatre variables du HBDI influence de manière significative la performance.
I.4.2.4 : Caractéristiques individuelles et motivation
De même que Hart, Stasson, Mahoney et Story [2007] et Komarraju et al. [2009]
analysent l’influence des variables du Big five sur les différentes dimensions de
la motivation, nous souhaitons explorer l’influence des variables du HBDI sur la
motivation intrinsèque, la motivation extrinsèque et l’amotivation. Compte-tenu
du caractère exploratoire de cette recherche, nous ne présumons pas de liens
causaux spécifiques (positifs ou négatifs) entre chacune des variables du HBDI et
la motivation mais supposons que l’une au-moins des quatre variables du HBDI
exerce une influence significative sur la motivation (intrinsèque, extrinsèque,
amotivation).
I.4.2.5 : Motivation et performance
Selon de nombreuses études, alors que la motivation autonome est associée à la
réussite académique, la motivation contrôlée et l’amotivation induisent des
conséquences négatives et peuvent conduire à l’abandon scolaire [Fortier,
Vallerand et Guay, 1995 ; Grolnick, Ryan, et Deci, 1991 ; Guay et Vallerand,
1997 ; Miserandino, 1996 ; Ratelle et al., 2007 ; Vallerand et al. 1997 ; Vallerand
et Bissonnette, 1992]. Komarraju et al. [2009] ont examiné la part de variance de
la performance académique (Grade Point Average ou GPA) expliquée par la
motivation.
Parmi les trois grandes dimensions de la motivation (intrinsèque, extrinsèque et
amotivation), seule la motivation intrinsèque a un pouvoir significatif ; elle
explique 4 % de la variance du GPA. Lorsque la motivation comprend sept
construits, seule la motivation intrinsèque à l’accomplissement a une influence
significative, elle explique 5 % de la variance de la performance académique.
A l’image des travaux réalisés par Komarraju et al. [2009], nous souhaitons
examiner la part de variance de la performance académique expliquée par la
motivation, d’une part sous la forme de trois construits (les motivations
intrinsèque, extrinsèque et l’amotivation), puis en explicitant les différentes
dimensions de la motivation extrinsèque.
Conformément aux résultats généralement observés dans la littérature [Vallerand
et Bissonnette, 1992 ; Ratelle et al., 2007] nous supposons que la motivation
intrinsèque influence positivement la performance, alors que l’amotivation
l’influence négativement. Les résultats dans la littérature de l’influence des
dimensions de la motivation extrinsèque sur la performance étant plus
ambivalents [Guay, Ratelle et Chanal, 2008], nous supposons que l’une au-moins
des variables de la motivation extrinsèque influence de manière significative la
performance.
I.4.2.6 : Motivation, caractéristiques individuelles et performance
[8] et [9] recommandent l’utilisation d’analyses de médiation afin d’expliquer les
processus sous-jacents à l’influence de la personnalité sur la performance
académique. Ainsi, à l’instar des travaux de Komarraju et al. [9] et de Richardson
et Abraham [10], nous explorerons le rôle médiateur des variables de la
motivation entre les variables du HBDI et la performance.
I.5 : CONCLUSION PARTIELLE

Références Bibliographiques
[1] Fanny DUREYSSEIX, Des politiques linguistiques et éducatives aux
conditions d’enseignement / apprentissage des langues : quelle(s) approche(s) du
contexte ? Le cas de la nation angolaise, Thèse de Doctorat ;
[2] Russell D. Gray et Quentin D. Atkinson, « Language-tree divergence times
support the Anatolian theory of Indo-European origin », Nature, no 426, 27
novembre 2003, p. 435-439 (lire en ligne [archive]) ;
[3] En Moldavie, le nom « Roumain » (limba română /'limba ro'mɨnə/) découle de
la déclaration d’indépendance de 1991 et de l’arrêt n° 36 de la Cour
constitutionnelle du 5 décembre 2013 et le nom « Moldave » (limba
moldovenească /'limba moldoven'e̯ ascə/) découle de l’article 13 de la Constitution
(Constitution de la République de Moldavie [archive]). Ces deux dénominations
concernent la même langue parlée en Moldavie et Roumanie par environ 24
millions de locuteurs, dont 3,5 millions en République de Moldavie ;
[4] République démocratique du Congo / ELAN » [archive], sur elan-afrique.org
(consulté le 10 octobre 2021) ;
[5] « Democratic Republic of the Congo » [archive], sur Ethnologue (consulté le
3 septembre 2020) ;
[6] (en) « Glottolog 4.4 - Languages » [archive], sur glottolog.org (consulté le 10
octobre 2021) ;
[7] Jean-Claude Bruneau, « Les nouvelles provinces de la République
Démocratique du Congo : construction territoriale et ethnicités » [archive], sur
journals.openedition (consulté le 11 mars 2021).
[8] Marie Chedru, prédire la performance académique : les éclairages apportés par
les caractéristiques individuelles et la motivation, institut polytechnique, la salle
beauvais, 2020 ;
[9] Chamorro Premuzic et Furnham, O’Connor et Paunonen et Komarraju et al.,
2007 ;
[10] Rosati [1993, 1997, 1999a] et O’Brien et al.

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