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Introduction
tout ce vocabulaire, il met en usage juste une partie bien réduite. Pour les
conversations du quotidien, il n’utilise pas plus qu’environ 5 000 mots,
ce qui constitue son vocabulaire actif, tandis qu’un locuteur cultivé peut
maîtriser autour de 20 000 mots, y compris un vocabulaire passif (uni-
quement pour la compréhension).
Une question encore complexe des études qui établissent le lexique
fondamental actif des locuteurs natifs d’une langue quelconque, c’est
que l’on efface tout ce qui est propre aux discours de l’oralité, cela veut
dire, on met au propre la langue parlée et on n’enregistre pas les mots
non conventionnels (MNC). Castilho (2014) dit que : « La Linguistique
n’a jamais cessé de considérer que la langue parlée est la manifestation
principale d’une langue naturelle» et que « Pendant que la langue écrite
est la langue de l’État, acquise aux bancs de l’école, la langue parlée
est la langue de la famille et la première que nous acquérons dans notre
enfance ». Par conséquent, on a constaté la nécessité de mettre en relief
cette réalité, en étudiant, dans les sciences du lexique, les mots familiers
et aussi la présence des mots presque inconnus s’ils sont isolés de l’ex-
pression qu’ils composent, le cas de formes dépendantes de l’expression
(FDE).
En considérant ces raisonnements, ce travail a pour objectif de mettre
en relief un aspect observé lors de l’élaboration du projet de recherche
Dictionnaire des mots non conventionnels du Portugais Brésilien [en
portugais Dicionário de Palavras Triviais do Português Brasileiro], qui
vient d’être mis en place, fin 2013, dans le cadre du groupe de recherches
nommé GAMPLE – Groupe Académique Multidisciplinaire : Recherche
Linguistique et enseignement, enregistré auprès du CNPq – Conseil
National pour la Recherche, organisme brésilien qui réglemente et sou-
tient les recherches scientifiques au niveau universitaire. Il n’y a encore
que deux chercheuses engagées de deux institutions différentes, mais à
l’avenir nous inviterons d’autres chercheurs spécialistes à participer à
l’élaboration du dictionnaire. La deuxième chercheuse engagée étudie
les aspects discursifs de ces MNC, étant donné que la ligne de recherche
à laquelle le projet s’inscrit s’appelle Lexique, discours et enseignement.
Au premier abord, on a remarqué que parmi les mots du corpus
que l’on commençait à dresser, il y avait certaines unités qui, hormis
la présence dans une expression figée (EF), n’étaient pas importantes.
Il nous est ainsi apparu qu’il existe une fréquence d’usage différente si
l’on considère ces mots isolés ou dans l’expression à laquelle ils appar-
tiennent, comme par exemple : de mala e cuia (avec armes et bagages),
meter o bedelho (fourrer son nez), chamar na chincha (dire deux mots),
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dar na veneta (*avoir un désir soudain de faire une chose, avoir cette
idée qui nous vient à la tête).
Notre objectif dans ce travail est d’exploiter cet univers des MNC et
de montrer l’importance d’en savoir un peu plus sur leur formation et
l’usage synchronique, en considérant qu’ils sont mis de côté, souvent
méprisés, étant donné que, pour connaître le sens des EFs idiomatiques
il n’est pas nécessaire de connaître le sens individuel des mots qui les
constituent.
Par la suite, en envisageant que toute langue vivante est dynamique,
qu’elle prévoit la création et la transformation d’occurrences simples et
complexes, qui, par ailleurs, doivent être mises en relief, soit dans les
ouvrages lexicographiques soit dans l’enseignement régulier du lexique,
il devient nécessaire de décrire l’avant-projet et de présenter les notions
théoriques qui l’entourent.
Cela dit, il naît une préoccupation pédagogique par rapport aux MNC,
justement parce que, malgré les caractéristiques qui les incluent à la caté-
gorie des mots lexiculturels, ils sont mis de côté dans le contexte de l’en-
seignement scolaire. Il faut donc, définir quel est le concept de Langue
à apprendre, car selon la conception adoptée, cela entraîne des consé-
quences inégales, en particulier parce que les MNC et les unités phraséo-
logiques ont toujours été marqués comme impropres à l’enseignement.
En revanche, on apprend beaucoup sur la constitution d’une langue
quand on recherche ces unités. C’est là-dessus que le concept de lexi-
culture (Galisson, 1987) vient bien à propos pour expliquer la langue en
tant qu’objet culturel, dynamique et qui dépend d’un contexte sociocul-
turel, dont le lexique est le reflet et l’expression. Dans ce sens, Galisson
affirme qu’il convient de revaloriser la culture du locuteur généralement
sacrifiée à l’école et qu’il faut »réduire la fracture entre le courant et le
savant, pour les inscrire dans un même continuum.» (Galisson, 2000 :
51). Cet auteur réunit ainsi la lexiculture et la didactique dans le concept
de pragmatique lexiculturelle :
La pragmatique lexiculturelle est une discipline d’intervention qui se ré-
clame des mêmes choix épistémologiques et idéologiques que la didac-
tologie. La lexiculture, son objet d’étude, est la culture en dépôt dans ou
sous certains mots, dits culturels, qu’il convient de repérer, d’expliciter
et d’interpréter. (Galisson, 2000 : 52).
oral, souvent avec le même sens, et peuvent être attestées dans des textes
littéraires plus anciens et même sur un support plus moderne comme le
Web.
En sachant que le nombre des unités polylexicales dépasse de loin
celui des unités monolexicales dans le lexique, selon Gross (1994) ces
unités peuvent atteindre les 60% du total d’unité d’un texte, il est donc
nécessaire de les inclure à la nomenclature du dictionnaire, en considé-
rant uniquement les unités les plus fréquentes et synchroniques. Il faut
encore remarquer que les données quantitatives ne seront pas présentées,
car les observations sont encore préliminaires, seules quelques discus-
sions qualitatives peuvent être réalisées par le moment.
Le mot entrée est toujours une unité lexicale simple, puis les infor-
mations se suivent: variantes graphiques (l’oralité permet un éventail de
variations et cela est quelquefois la cause de la difficulté récurrente de
retrouver ces mots dans les dictionnaires standard) ; indication si l’uni-
té lexicale est libre ou phraséologique ; indication du groupe d’appar-
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8. de esguelha – « de travers »
10. dar na veneta – *avoir un désir soudain de faire une chose, avoir cette
idée qui nous vient à la tête.
Des dix EFs, deux ont reçu un équivalent d’un registre différent (vul-
gaire) en français, tandis qu’en portugais brésilien il est neutre. Deux
autres expressions n’ont pas eu un équivalent également phraséologique,
mais une explication du sens. Les six EFs restantes ont reçu une pro-
position d’équivalent idiomatique, mais qui compte avec des mots qui
n’appartiennent pas à l’ensemble des mots non conventionnels.
Il va de soi que de nouvelles décisions seront nécessaires pour établir
un article qui puisse répondre aux résultats obtenus, comme, par exemple,
définir des critères cohérents pour déterminer quand l’unité d’entrée sera
le mot simple (le cas où il y a les occurrences d’une unité lexicale simple
et aussi phraséologique) et quand ce sera à partir de l’expression (le cas
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En guise de conclusion
Ce texte a présenté les propositions initiales du projet du Diction-
naire des mots non conventionnels du Portugais Brésilien dont la no-
menclature est encore en train d´être constituée et qui fait face à quelques
contraintes : a) les sources d’information sont inégales en raison du
manque d’un corpus de la langue orale qui comprenne le parler des
vastes régions brésiliennes, il faut compter donc sur les collectes de don-
nées empiriques ; b) la classification suggérée des MNCs doit être révi-
sée et l’établissement d’un classement adéquat de ces mots ne sera pas
une tâche facile, car les informations étymologiques sont souvent incom-
plètes et divergentes même dans les dictionnaires étymologiques ; c) la
méthodologie est encore dans ses débuts, il faut penser à un logiciel pour
le stockage et le traitement du corpus (jusqu’à présent on n’a travaillé
que sur des documents .DOC et .XLS), y compris pour la construction
des articles, il conviendrait bien un éditeur plus efficace (XML) et d) les
EF dont la structure inclut une FDE méritent un traitement particulier,
avec des études sur ses origines et la raison de la disparition ou l’affai-
blissement du MNC dans la langue courante.
Les résultats du projet mis en œuvre sont destinés aux consultants de
tous les niveaux socioéconomiques et éducationnels, curieux du langage,
mais surtout pour les utilisateurs du contexte scolaire, même les étran-
gers apprenants le portugais brésilien, car on ne négligera pas le caractère
pédagogique de ce dictionnaire, qui regroupera les mots du quotidien, de
la langue qui circule dans notre territoire, parmi toutes les classes so-
ciales confondues et dans les différents moments. Rechercher ces mots
et expressions dans une perspective lexiculturelle, c’est reconnaître la
langue portugaise du Brésil manifestée concrètement par l’usage de ses
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