Vous êtes sur la page 1sur 14

PHONOLOGIE :

LE SYSTÈME PHONIQUE D’UNE LANGUE

Introduction

Objectif : avant d’aborder la distinction entre la phonétique et la phonologie, les étudiants doivent en
premier lieu faire un rappel des études faites autour de la langue et établir le lien entre la dichotomie
langue/parole et celle de phonétique/phonologie. Contenu : - Etudes faites autour de la langue -
Langue/ Langage - Langue/ Parole - Phonétique/ Phonologie

1. Grammaire et linguistique : les trois phases avant la linguistique

Faire de la grammaire : inaugurée par les grecs, poursuivis par les français (la grammaire du port
royal). Il s’agit d’une discipline fondée sur la logique et dépourvue de toute vie scientifique). Elle est
normative, établit des règles pour distinguer les formes correctes des formes incorrectes, et se
désintéresse de la langue elle-même.

La philologie : elle s’intéresse à la langue et aussi à l’histoire des littératures, des mœurs et des
institutions. Sa méthode se base sur la critique : fixer, interpréter et commenter les textes de
différentes époques, déterminer la langue particulière à chaque auteur, déchiffrer et expliquer les
inscriptions rédigées dans une langue archaïque ou obscure. Ces recherches ont préparé La
linguistique historique.

2. La linguistique générale Elle peut être définie comme science du langage. Elle n’est pas statique,
comme toute discipline, elle ne sera pas acceptée totalement par tous les spécialistes.

Distinction entre linguistique générale (science ou étude scientifique du langage) et l’étude des
langues particulières : Dubois (2002) affirme qu’ « on s’accorde généralement à reconnaître que le
statut de la linguistique comme étude scientifique du langage est assuré par la publication en 1916
du Cours de linguistique générale de De Saussure qui a fixé son objet à la langue. De la définition de
l’objet découlent certains principes méthodologiques :

• Tous les faits de langue sont étudiés (la fonction et non la norme).

• La langue parlée, oubliée pendant longtemps, devient l’objet (presque) privilégié de la recherche.

• La langue est définie en synchronie.

• La langue est une structure, une forme et non une substance (structuralisme). 2.2. Langage/
langue/ parole

• Le langage est ce qui sert à communiquer, c’est la faculté de communication. Le langage apparait
chez l’homme sous forme d’exclamations imitatives en réponse à des cris d’animaux. A travers une
évolution continu : le développement anatomique de l’homme, le perfectionnement de son cerveau
et l’apparition de son langage. Il utilise des outils et il se distingue de l’animal (un caractère de son
intelligence) avec l’emploi de concepts. Avec le développement de ses organes (l’articulation), il
associe les sons aux idées. L’une des caractéristiques du langage humain, c’est sa capacité de se
transmettre de génération en génération : l’aptitude à l’acquisition, facultés mentales/
environnement social indispensable détermine l’acquisition spontanée, inconsciente et intuitive.
• L’étude du langage comporte donc deux parties. L’une, essentielle, a pour objet la langue, qui est
sociale dans son essence et indépendante de l’individu. L’autre, secondaire, a pour objet la partie
individuelle du langage, c’est-à-dire la parole y compris la phonation. La langue est nécessaire pour
que la parole soit intelligible et produise tous ses effets. Mais la parole est nécessaire pour que la
langue s’établisse (la parole précède toujours). C’est en entendant les autres que nous apprenons
notre langue maternelle ; elle n’arrive à se déposer dans notre cerveau qu’à la suite d’innombrables
expériences (la parole fait évoluer la langue).la langue existe dans la collectivité sous la forme d’une
somme d’empreintes déposées dans chaque nouveau cerveau, comme un dictionnaire. Ce n’est pas
une fonction du sujet parlant, elle est le produit que l’individu enregistre passivement. La parole est
au contraire un acte individuel de volonté et d’intelligence, dont lequel il convient de distinguer : les
combinaisons pour utiliser le code de la langue et le mécanisme.

• La langue (système de signes, signifiés) est liée à la phonologie, tandis que la parole (acte
individuel, phonation, sons) est liée à la phonétique. Cours N° 2 : Objectif : les étudiants aborderont
la distinction entre la phonétique et la phonologie, prendront connaissance des tâches de cette
dernière ainsi que son objet d’étude. Contenu : - Distinction entre phonétique et phonologie - La
double articulation 1. Phonétique/ phonologie La phonologie est une science qui étudie les sons du
langage du point de vue de leur fonction au sein d’un système linguistique, prenant en compte le
ton, l’accent et l’intonation du message émis. Ce qui la distingue de la phonétique qui étudie les
éléments phoniques indépendamment de leur fonction. La phonétique étudie des sons appelés
phones, la phonologie étudie des sons appelés phonèmes. La phonologie doit chercher quelles
différences phoniques sont liées à des différences de significations dans la langue étudiée. Elle étudie
comment les éléments de différenciation (marques/ traits) se comportent entre eux et selon quelles
règles ils peuvent se combiner les uns avec les autres pour former des mots et des phrases. 1.1. La
double articulation : Les langues assument donc ces deux fonctions contradictoires et ceci par le fait
qu’elles constituent toutes des systèmes doublement articulés, c’est la double articulation qui
différencie radicalement les systèmes langagiers des autres systèmes sémiologiques et qui constitue
selon Martinet la seule véritable caractéristique universelle des langues. 1.1.1. La première
articulation :

• L’analyse distributionnelle : c’est la méthode d’analyse caractéristique de la linguistique structurale.


Elle apparait aux U.S.A vers 1930 en réaction contre les grammaires mentalistes. Elle a son origine
dans la constatation empirique que les parties d’une langue ne se rencontrent pas arbitrairement les
unes par rapport aux autres. Chaque élément se rencontre dans certaines positions particulières par
rapport aux autres. Il s’agit de décrire les éléments d’une langue par leur aptitude à s’associer entre
eux pour aboutir à la description totale d’un état de langue en synchronie. On part de l’observation
d’un corpus achevé, qu’on considère comme échantillon représentatif. Ensuite on définit les règles
de composition de la langue sans faire appel à des facteurs tels que le sujet parlant ou la situation.
On s’attache à relever l’interdépendance des éléments internes de la langue, à travers un corpus
linéaire, un ensemble complexe qui sera réduit en différents éléments qui se présentent à différents
niveaux. Segmenter la chaîne parlée pour identifier les éléments afin d’étudier les groupements
dégagés et les comparer avec d’autres. On utilise le sens uniquement pour identifier l’existence ou
l’identité ou non identité : on étudie l’environnement de chaque élément à droite et à gauche. Cela a
permis de dégager les listes et les classes distributionnelles (les 9 catégories grammaticales de la
langue française).

1.1.2. Le corpus : pour étudier une langue, on doit soumettre un ensemble d’énoncés dans cette
langue à l’analyse, qu’on appelle corpus. Il s’agit de l’ensemble des énoncés à étudier et à analyser. Il
faut distinguer le corpus de l’univers qui est l’ensemble des énoncés tenus dans une circonstance
donnée, tant que le chercheur n’a pas décidé si ces énoncés entraient en totalité ou en partie dans la
matière de sa recherche. L’univers est l’ensemble réuni en vrac : trier les énoncés que l’on doit
soumettre à l’analyse constituera le corpus. (exemple : phrases ou mots qui présentent tel trait
phonétique qu’on veut étudier). L’analyse quantitative de ce corpus constituera l’échantillon. Un
corpus ne peut pas être considéré comme constituant la langue. Il reflète le caractère de la situation
artificielle dans laquelle il a été produit et enregistré. Mais seulement comme un échantillon de la
langue. Il doit être représentatif : représenter, illustrer toute la gamme des caractéristiques
structurelles.

1.2. Les étapes de l’analyse phonologique :

1.2.1. La segmentation : en linguistique structurale, la segmentation est une procédure consistant à


segmenter l’énoncé, c’est-à-dire à le diviser en unités discrètes dont chacune représentera un
morphème ou un monème qui sera à son tour segmenté en unités constituantes, les phonèmes. La
segmentation est indissociable de la commutation ; elle précise la classification des unités selon les
rapports syntagmatiques et paradigmatiques qu’elles entretiennent entre elles. Exemple : les
étudiants sont en visite chez le médecin. [vizit] : selon le locuteur, selon la situation et l’état de
chaque locuteur, le [i] de visite sera prononcé différemment. Il s’agira de sons différents qui
renvoient à un seul phonème qui participe à la formation d’un seul signifiant avec un seul et même
signifié, puisque le message ne sera pas altéré. D’où la définition 1 du phonème comme étant un
ensemble de sons qui ont la même fonction significative.

1.2.2. La permutation : c’est une opération consistant à modifier l’ordre des éléments adjacents dans
une structure linguistique. En phonologie, la permutation consiste à intervertir deux phonèmes de la
chaîne parlée sur l’axe syntagmatique. Exemple : bateau : [bato] ===== [bato] Le signifiant change
avec le changement de l’ordre des unités. Pour obtenir le monème « bateau », il faut que le [b] soit à
al première place, suivi de [a]. C’est la fonction démarcative du phonème. Chaque phonème marque
sa place dans la chaîne parlée.

1.2.3. La commutation : c’est une opération qui consiste à remplacer (substituer) un élément par un
autre sur l’axe paradigmatique, contrairement et par opposition à la permutation. Elle sert à montrer
si la substitution d’un élément à un autre (dans le cas de la phonologie, un son à un autre) entraîne
une différence de signification. Exemple : Père/ mère : [pɛR]/ [mɛR]====différence de signification en
remplaçant [p] par [m]. les deux sons sont différents et leur substitution entraîne un changement de
signification, donc les deux sons sont deux phonèmes différents et deux unités distinctives qui
forment une opposition distinctive. Il s’agit de la fonction distinctive du phonème. D’où la définition
2 du phonème comme une unité distinctive minimale. Les deux monèmes forment une paire
minimale.

1.3. Les traits distinctifs et le trait pertinent : Lorsque deux phonèmes s’opposent entre eux, il est
possible d’identifier les traits distinctifs articulatoires qui les opposent. Exemple : le trait de
voisement/non voisement en français [p], [t], [k]============[b], [d], [g] L’archiphonème /R/ en
français constitue une opposition non distinctive. [r] et [R] sont des variantes phoniques du même
phonème /R/. Exemple : en chinois, la même consonne peut se réaliser en [t]/ [d] sans que le sens
change, il s’agit aussi d’une opposition non distinctive. Lorsque deux phonèmes ou sons ont presque
les mêmes traits caractéristiques phoniques (articulatoires), on peut les distinguer ou bien les
différencier à travers le trait pertinent. Dans l’exemple 1, le trait pertinent est le voisement
(surdité/sonorité) qui constitue la seule différence articulatoire ou phonétique des sons en paires ([d]
qui est sonore est identique à [t] qui est sourd). D’où la définition 3 du phonème comme étant un
ensemble de traits pertinents.

1.1. Les variantes libres : la variation libre s’applique dès lors qu’une unité phonique peut être
substituée à une autre dans le même environnement sans qu’il y ait une différence dans le sens.
Elle ne dépend pas de l’environnement mais de l’étymologie du système linguistique lui-même.
Exemple : il est brun/ il est brin====[bRɛ] et [bRo ] contiennent deux variantes phoniques libres
du même phonème [ ] qui peuvent se prononcer hors contexte et ne véhiculer aucune différence
significative. Le choix de l’une des variantes peut être lié à des facteurs extérieurs au système de
la langue, tels que l’accent régional, niveau social et niveau de langue. Un autre exemple
pertinent en français est l’archiphonème /R/ qui contient deux variantes libre [r] et [R]. En
espagnol, c’est [s] et [z] qui constituent des variantes libres du phonème /s/. Un autre exemple
aussi, [l] et [r] renvoient au phonème /l/.

1.2. Les variantes contextuelles : contrairement à la variation libre, la réalisation d’un phonème
sous la forme de l’une ou l’autre de ses variantes peut être conditionnée par un contexte.
Différents types de contextes peuvent entrer en ligne de compte : position du phonème par
rapport à l’accent, aux limites de mot, de morphème ou de syllabe, type de phonèmes
avoisinant. En français, [k] de « car » et celui de « qui », il y a une légère différence due à un lieu
d’articulation légèrement décalé : [k] vélaire par opposition à [k] palatalisé, régis par le contexte.

Afin de présenter la phonologie, plaçons-nous dans les souliers d’un locuteur du Arabophone par
exemple (ou d’un locuteur d’une langue autre que le français) qui viendrait apprendre le français sans
avoir aucune notion de cette langue. La seule chose qu’il entendra sera une suite de sons continue sans
aucun sens. Comme il possède déjà une langue maternelle (le russe par exemple), il percevrait toutes
les variations que nous faisons selon sa langue première. Cependant, il ne saurait lesquelles de ces
variations sont pertinentes. Par exemple, notre locuteur ne pourrait déterminer si les variantes
affriquées des consonnes dentales du français canadien sont des sons qui créent des variations de sens.
Une étude purement physique de ces sons (phonétique), toute intéressante qu’elle soit, doit être
jumelée avec une analyse qui tient compte des variations significatives et qui créent des oppositions
sémantiques.

Rappelons-nous que la phonétique (étude des sons utilisés dans les langues naturelles) ne nous
permettait que de comprendre les mécanismes de production de sons, sans faire à aucun moment de
relation avec la sémantique. Nous ne savions donc pas si les sons en question étaient tous générateurs
de sens dans la langue étudiée. En phonologie, c’est exactement le but poursuivi.

4.1 Définition de la phonologie


En tout premier lieu, la phonologie est définie comme la science qui étudie les sons du langage du
point de vue de leur fonction dans le système de communication linguistique. (Dictionnaire de
linguistique Larousse)

Selon cette définition, la phonologie s’intéresse :


a) au classement des sons d’une langue en catégories, et
b) à la description du comportement des sons (combinaisons possibles, impossibles, etc.)

4.2 Notion de phonème

Le but premier dans une analyse phonologique est d’identifier les sons qui créent des distinctions de
sens. Pour ce faire, il faut mettre en relation la forme et le signifié des formes. En d’autres mots, nous
cherchons à déterminer si les différences sémantiques sont causées par des différences phonétiques.

Par exemple, en français, nous pouvons mettre en opposition les formes « pont » et « bon ». Nous
savons que les deux mots ont une définition différente et que leur transcription phonétique diffère par
un seul son (un [p] et un [b] respectivement) :
Le phonème sera donc défini comme étant une UNITÉ MINIMALE DISTINCTIVE. Il représente
l’unité d’analyse en phonologie. Il s’agit en fait d’un son qui a une réalité psychologique, qui est
reconnu comme appartenant à une catégorie renfermant toute une série de sons prononcés avec de
petites variations acoustiques qui sont considérées comme négligeables. Par exemple, nous pouvons
imaginer de prononcer le mot « phonologie » 50 fois. Durant toutes ces répétitions, les « p » que nous
produirons en début de mot ne seront jamais complètement identiques acoustiquement. Ils diffèreront
en terme de durée et d’intensité par exemple (et en termes d’autres indices acoustiques aussi).
Néanmoins, toutes ces variations sont minimes et tous les locuteurs du français reconnaîtront un « p »
tel que nous les produisons en français. En d’autres mots, nous entendrons le phonème /p/ malgré les
différences acoustiques.

Par exemple, nous avons identifié, pour le français canadien, tel que présenté dans les cours
précédents, les voyelles et les consonnes suivantes :

Parmi tous ces sons que nous avons utilisés dans la description du français, il est légitime de se
demander lesquels font partie du système phonologique du français canadien.

L’inventaire des sons d’une langue, que l’on appelle phonèmes, se fait à l’aide de paires minimales.
Une paire minimale fait un lien entre les oppositions de sons et les oppositions de sens.

4.3 Phonèmes ou variantes contextuelles?

Il y a une méthode relativement simple qui nous permet de déterminer si deux sons constituent des
phonèmes distincts ou des variantes de prononciation. Le problème simple suivant nous permet
d'illustrer cette méthode.

Problème 1:

Question: Les occlusives bilabiales orales du français sont-elles des phonèmes distincts? Répondez en
utilisant le corpus suivant :

Méthodologie suggérée :

1. faire la transcription phonétique des mots du corpus si ce n’est déjà fait; faire la liste des sons à
l’étude
2. Rechercher, dans le corpus, les paires minimales
3. Si nous sommes en présence de paires minimales, nous concluons que les deux phonèmes sont
différents. S’il n’y a aucune paire minimale, il nous faut faire la liste des environnements des sons à
l’étude, ou la distribution.
4. Faire la distribution.
5. Si nous pouvons généraliser la présence de l’une des variantes dans un contexte phonétiquement
similaire, nous avons des variantes contextuelles qui sont en distribution complémentaire.
6. Conclure en donnant la liste des variantes et les environnements dans lesquels nous les retrouvons.

Solution :
1. transcription phonétique du corpus :

Liste des sons à l’étude :


[b] : consonne occlusive, bilabiale, orale, sonore
[p] : consonne occlusive, bilabiale, orale, sourde

2. Y a-t-il au moins une paire minimale pertinente?

Oui : les mots « près » et « braies ».

3. Concluons : Les sons [p] et [b] sont, en français, des phonèmes distincts.

Maintenant, que faire si nous ne trouvons pas de paire minimale? Illustrons l’une des options à l’aide
du problème suivant :

4.4 Le cas des voyelles moyennes de français méridional

Déterminez à l’aide du corpus ci-dessous si les deux voyelles antérieures non arrondies d'aperture
moyenne (mi-ouverte et mi-fermée) sont deux phonèmes distincts ou deux variantes contextuelles en
français méridional:

Comme nous ne pouvons trouver de paire minimale, il nous faut faire la distribution. Regardons la
distribution des sons:
Il ne nous est pas possible de trouver un comportement régulier en faisant appel seulement à
l’environnement des sons.Par contre, si nous faisons appel à la structure de la syllabe, que voyons-
nous?

Nous observons que la variante mi-fermée apparaît toujours en fin de syllabe, et que la variante mi-
ouverte apparaît toujours suivie d'une consonne.

Notons que les syllabes qui sont terminées par une consonne prononcée sont appelées des syllabes
fermées, alors que les syllabes qui sont terminées par une voyelle prononcée sont appelées syllabes
ouvertes. Nous devons donc conclure qu’il n’y a qu’un seul phonème avec deux variantes
contextuelles :
Règle (en mots): Nous n'avons qu'un seul phonème en français, avec deux variantes contextuelles en
distribution complémentaire: nous retrouvons: la variante (mi-)ouverte en syllabe fermée, et la
variante (mi-)fermée en syllabe ouverte.

Refaisons la même analyse avec les voyelles postérieures d’aperture moyenne :

Dites quelle est la distribution des voyelles postérieures arrondies à partir du corpus ci-dessous:

Avons-nous des paires minimales pertinentes? Non.

Il nous faut donc faire la distribution des sons à l'étude.

Dans cette distribution, nous remarquons que, comme pour les voyelles antérieures non arrondies, que
nous retrouvons une seule des deux variantes en syllabe fermée et une seule en syllabe ouverte. En
conséquence, notre conclusion sera à l'image de la précédente (un seul phonème et deux variantes
contextuelles en distribution complémentaire):

Une analyse similaire sur les voyelles antérieures arrondies nous mènerait à une conclusion similaire
(ce qui illustre le fait que les sons appartenant à une même catégorie de sons--ici les voyelles
d'aperture moyenne en français--tendent à se comporter de façon similaire):
Nous pouvons donc généraliser en disant que toutes les voyelles d'aperture moyenne en français
méridional ne sont qu'au nombre de trois phonèmes et que chaque phonème a deux variantes
contextuelles en distribution complémentaire. Nous appelons ce phénomène la Loi de position.

En français "standardisé", nous observons aussi ce phénomène mais avec plusieurs exceptions
cependant. En conséquence, nous considérerons que nous avons affaire, en français standardisé, à
une tendance et non à une règle catégorique (sans exceptions) comme en français méridional.

4.5 Les voyelles d'aperture moyenne du français dit "standardisé"

Le français standard montre une tendance semblable à celle retrouvée en français méridional, avec un
certain nombre d'exceptions cependant. La situation est résumée dans le tableau ci-dessous:

Notons, pour chaque archiphonème, les observations suivantes:

Cas sans exceptions : cellules 2, 3, 5.

Cas avec exceptions (« * ») : cellules 1, 4, 6.

• Exceptions phonétiques: [o] en syllabe accentuée fermée (ose /oz/, pose /poz/, rose
/Roz/) correspond à une exception phonétique à cause du /z/ en position finale.
• Exceptions graphiques : « au » et « ô » dans les mots épaule /epol/, faute /fot/, rôle
/Rol/, pôle /pol/.

Les raisons internes menant à la modification d'un système phonologique réfèrent à la cohérence
théorique d'un système, aux conditions d'existence des phonèmes en tant qu'unités distinctives dans
une langue en particulier.

4.7 Structure syllabique

Nous avons déjà vu que la structure de la syllabe peut nous permettre d’expliquer certains phénomènes
phonologiques, comme les variantes contextuelles des voyelles d’aperture moyenne. La structure
syllabique est en réalité une unité d'organisation importante dans les langues naturelles. Cette structure
nous permettra d'expliquer certains faits intéressants et importants, comme la différence entre les
voyelles et les consonnes, tout comme l'existence de sons appelés "semi-consonnes".

La syllabe est constituée de trois éléments distincts :

A. Le seul élément essentiel de la syllabe: le noyau (une voyelle)

Ex. : « Jean a une pomme. » / « Paul y va. »


Ce noyau peut être précédé d’une consonne (C) qui forme l’attaque (« A » dans les figures ci-dessous)
:

Ex. : Je veux la paix !

Ces structures deviennent à leur tour des syllabes.Les attaques peuvent même se complexifier pour
contenir deux éléments ou plus :

Ex. : « Brutus prend la brosse. »

Ou : « Pierre fuit. »

Il est intéressant de remarquer que certaines combinaisons de consonnes seulement sont permises en
attaque de syllabe. Par exemple, dans le tableau suivant, les combinaisons de la colonne de gauche
sont impossibles (indiquées par l’astérisque « * ») alors que celles de la colonne de droite sont
permises :
Finalement, nous pouvons avoir une coda qui se trouve à la droite du noyau de la syllabe, comme dans
le mot « Brutus » et « brosse » de l’exemple précédent :

Ex. : « Brutus prend la brosse. »

Dans les visualisations précédentes, il y a deux mots qui ont une coda, symbolisée dans les structures
par un C dans la figure suivante:

Tout comme pour les attaques, il est possible d'avoir une combinaison de deux consonnes en position
coda. Encore une fois, ce n’est pas toutes les combinaisons de consonnes qui peuvent prendre la place
de la coda.

De cette construction théorique de la syllabe, nous pouvons tirer quelques règles :


• Le noyau ne peut être qu’une voyelle
• L’attaque et la coda ne peuvent être que des consonnes (ou des semi-consonnes)
• Seulement certaines combinaisons de consonnes sont permises en position d’attaque ou de coda
• Ces règles peuvent être différentes d’une langue à l’autre (par exemple la suite /ps/ est permise en
début de mot en français mais non en anglais.

Structure de la syllabe en français et en anglais :

4.8 Un troisième type de variante phonétique : les variantes libres

Certains cas de variation phonologique ne peuvent être expliqués par l'environnement d'un son
(variantes contextuelles). Ces cas sont souvent expliqués par des facteurs qui se rapportent à des
facteurs sociolinguistiques au sens large (situation de communication, origine des locuteurs, âge des
locuteurs, variantes de prestige, classe socio-économique, etc.). Prenons par exemple un exemple déjà
discuté dans le chapitre de la phonétique, le cas des variantes de "r" en français canadien.

4.9 Notion de système phonologique

Les traits distinctifs sont utilisés pour opposer soit une suite de sons à une autre, soit un son à un autre.
Ils sont basés sur les traits articulatoires. Prenons par exemple le système des consonnes occlusives du
français:
Tableau des occlusives du français (Léon 1992 :68)

À l'aide de ce tableau, nous observons que la série (suite de sons horizontale, même mode
d’articulation) des occlusives sourdes /p t k/ s’oppose à celle des occlusives sonores /b d g/ par le trait
de sonorité. De même la série des consonnes nasales s’oppose aux autres occlusives voisées par le
trait de nasalité. Elles s’opposent aux consonnes occlusives non voisées par deux traits distinctifs,
soit sonorité et nasalité.

Tableau des fricatives du français (Léon 1992 :68)

Les phonèmes de la série des fricatives sourdes s’opposent aux fricatives sonores par le trait de
sonorité (seule corrélation).

Le phonème /R/ est en hors corrélation, ne s'opposant à aucun autre phonème non voisé.

De ces comparaisons des diverses séries et ordres dans le système consonantique français, retenons
que:

• plus le système a de corrélations


• moins le système a de phonèmes non intégrés (dans les corrélations)
• moins nous avons besoin de traits pertinents pour décrire le système

Plus un système est stable et, par le fait même, il a moins de chances de perdre des oppositions.

À retenir de la section phonologie

1. Le but de la phonologie est de définir les phonèmes d'une langue, leurs variantes et
leurs combinaisons.
2. La phonologie diffère de la phonétique car elle s’intéresse à l’aspect psychologique
des sons, C’est-à-dire aux sons qui créent des différences de sens.
3. Les langues ont toutes un ensemble réduit de phonèmes (36 pour le français) mais un
nombre beaucoup plus grand de sons.
4. Les semi-consonnes du français sont appelées comme cela à cause de leurs propriétés
phonologiques (distributionnelles) plus proches des consonnes que des voyelles et de
leur ressemblance avec les voyelles à l’oral.
5. Les phonèmes d’une langue peuvent avoir une ou plusieurs manifestations (sons)
déterminées soit par le contexte (variantes contextuelles en distribution
complémentaire), soit par les caractéristiques sociolinguistiques des locuteurs
(variantes libres).
6. Le français a plusieurs types de variantes contextuelles en distribution
complémentaire :
1. Les voyelles d’aperture moyenne (Loi de position) en FM et en FS
2. L’affrication des occlusives dentales devant les voyelles fermées antérieures
en FQ
3. Les voyelles fermées /i, y, u/ qui se sont ouverte en syllabe fermée en FQ
7. Le français québécois a plusieurs types de variantes libres :
1. Les variantes de /R/ ([r, R])
2. Les voyelles diphtonguées
8. Les langues diffèrent quant à leurs caractéristiques phonotactiques :
1. Les structures syllabiques préférées du français sont CV alors que l’anglais
préfère les structures CVC
2. Chaque langue permet certaines combinaisons de phonèmes; par exemple :
1. L’anglais et le français permettent les suites C1+C2+C3+V en
position initiale, mais seulement si C1 est un /s/, C2 est une occlusive
et C3 une latérale /l/ ou vibrante /R/ (/stRyktyR/)
2. La suite /p+s/ en position initiale de mot n’est pas permise en anglais
mais elle l’est en français (psychologie)

MODELE D’EXAMEN :

QUESTIONS :

I- Quelle est la différence entre une variable libre et une variable contextuelle ?

- Illustrez ces deux variables à l’aide de deux exemples pour chaque variable.

…………………………………………………………………………………………………………………

…………………………………………………………………………………………………………………

…………………………………………………………………………………………………………………

………………………………………………………………………………………………………………

II- Placez chacun de ces «concepts » devant sa définition :

-Phone, -phonème, - allophone, - variante libre, - variante contextuelle.

Unité abstraite, unité minimale distinctive : ………..…………………………

Variante de réalisation d’un phonème, correspondant à un son effectivement

(concrètement) prononcé : ………………………………………..

Variante de réalisation d’un phonème déterminée par le contexte : ……………………


Réalisation concrète d’un son, caractérisée par ses propriétés

physiques :……………..........................

Variante de réalisation d’un phonème dépendant du locuteur et/ou de la situation

linguistique : ………………………………….

III- Soit les oppositions phonologiques suivantes, trouvez une paire minimale pour

chaque opposition :

– /i/, /e/ : ……………………………. …………………….

– /f/, /v/ : ……………………………………………………

– /y/, /u/ : …………………………………………………….

– /s/ / /z/ : ……………………………………………………..……..

IV- Transcrivez en API les groupes de mots suivants :

-Sera-t-il là : ……………………………………………………………..

– Un fol amour : …………………… ……………………………………

– C’était mercredi : ………..........................................................................

V- Exercices sur les traits distinctifs : Dites quel est le seul trait distinctif des deux

groupes de phonèmes suivants : Groupe A et Groupe B

Groupe A Groupe B Trait distinctif


a /i, e, ɛ/ /u, o, ᴐ, /
b /e, ø, o/ / ɛ, œ, ᴐ /
c /p, b, m/ /t, d, n/
d /f, s, ʃ/ /v, z, Ʒ/
e /b, d, k/ /m, n, ɧ/
f /t, d, n/ /k, g/
g /p, t, s/ /b, d, z/

Vous aimerez peut-être aussi