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MEM Questions
de maths utiles
Soldes, sondages, loto, radars...
3€
Questions de maths utiles
Hervé Lehning
Questions
de maths utiles
Vibrio
Tout au long de cet ouvrage, nous vous proposons
des encadrés ludiques, signalés par une pastille.
Vous touverez en fin d'ouvrage les réponses aux questions.
Les soldes
Les comptes de la vie ordinaire réservent des surprises, en par
ticulier les jours de soldes. Nous passerons rapidement sur les faux
soldes. Éviter leurs pièges est plus question de bon sens que de
mathématiques.
En dehors de la pure escroquerie, la technique la plus simple
pour créer un faux solde est d'augmenter les prix au préalable pour
les réduire ensuite. Le prix est alors normal mais disparaît sous
l'expression magique « SOLDÉ à 50 % » écrite en rouge et en carac
tères plus gros que le prix lui-même. Le danger est d'oublier que
seul le prix final compte, la réduction pouvant être factice. Une
autre technique est propre à certains magasins de luxe, qui font
fabriquer pour les soldes des articles spéciaux, de qualité très infé
rieure à ce qu'ils vendent habituellement. Le client ne paye alors
qu'une étiquette. Dans tous les cas, plusieurs repérages avant la
période des soldes sont nécessaires pour faire des affaires. On ne
gagne rien sans dépenser un peu de son temps. Dans ce qui suit,
nous ne discuterons pas des soldes plus ou moins frauduleux mais
simplement de cas où l'acheteur pourrait se perdre dans les réduc
tions proposées.
La règle est simple en théorie : on achète un article, pas une
réduction. Sa mise en pratique demande toutefois un effort de
lucidité et même parfois un peu de calcul mental. Prenons un
exemple. Vous trouvez un même article soldé à 20 % dans un
magasin et à 30% dans un autre. Les étiquettes m ettent en
valeur ce point et non le prix. Votre instinct peut vous faire voir
la deuxième offre comme la meilleure. Un examen plus appro
fondi des étiquettes est nécessaire pour en être sûr. Selon le
règlement, vous devez y trouver les prix avant et après réduc
tion. Le dernier est le seul qui importe vraiment, il est écrit en
caractères minuscules pour cette raison. Pourtant, une réduc
tion de 20 % sur un prix initial de 200 € est préférable à 30 % sur
240 €. Un calcul mental rapide suffit pour s'en rendre compte !
Dans le premier cas, la réduction est de 40 € et, dans le second,
de 72 €. On pourrait penser que la seconde offre est plus inté
ressante ; pourtant, dans la première, le prix final est de 160 €,
dans la seconde, de 168 €. Ces deux nombres doivent normale
ment figurer sur les étiquettes. Il n'est donc pas nécessaire d'être
un as du calcul mental pour les connaître. Cependant, il ne faut
pas oublier de les regarder.
0
LA VALSE DES ETIQUETTES
Un pantalon soldé à 40% est vendu 54 €. Le commerçant
décide de le solder à 50 % au lieu de 40.
Quel est le nouveau prix ?
Réponses : a) 42 € b) 45 € c) 48 €
RESTANT INTÉRÊTS
PÉRIODE MONTANT INTÉRÊTS CAPITAL
DÛ CUMULÉS
1 20 000,00 100,00 786,41 19 213,59 100,00
2 19 213,59 96,07 790,34 18 423,24 196,07
3 18 423,24 92,12 794,30 17 628,95 288,18
4 17 628,95 88,14 798,27 16 830,68 376,33
5 16 830,68 84,15 802,26 16 028,42 460,48
6 16 028,42 80,14 806,27 15 222,15 540,62
7 15 222,15 76,11 810,30 14 411,85 616,74
8 14 411,85 72,06 814,35 13 597,50 688,79
9 13 597,50 67,99 818,42 12 779,07 756,78
10 12 779,07 63,90 822,52 11 956,56 820,68
11 11 956,56 59,78 826,63 11 129,93 880,46
12 11 129,93 55,65 830,76 10 299,16 936,11
13 10 299,16 51,50 834,92 9 464,25 987,61
14 9 464,25 47,32 839,09 8 625,16 1 034,93
15 8 625,16 43,13 843,29 7 781,87 1 078,05
16 7 781,87 38,91 847,50 6 934,37 1 116,96
17 6 934,37 34,67 851,74 6 082,63 1 151,63
18 6082,63 30,41 856,00 5 226,63 1 182,05
19 5 226,63 26,13 860,28 4 366,35 1 208,18
20 4 366,35 21,83 864,58 3 501,77 1 230,01
21 3 501,77 17,51 868,90 2 632,86 1 247,52
22 2 632,86 13,16 873,25 1 759,62 1 260,68
23 1 759,62 8,80 877,61 882,00 1 269,48
24 882,00 4,41 882,00 0,00 1 273,89
Tableau d’amortissement.
D ans la vie quotidienne
La vraie surprise se trouve si vous voulez assurer votre crédit
car le coût supplémentaire est de 21,67 € par mois. Le coût total de
Temprunt est ainsi augmenté de 520,08 €. Il s'élève donc mainte
nant à 1 793,97 €. Calculer le taux réel de l'emprunt est compliqué
si on désire utiliser une formule le donnant en fonction du coût.
Le plus simple est de noter que la mensualité fixe est maintenant
de 912,08 €. 11 est facile de trouver sur Internet des sites simulant
des emprunts selon le taux annuel proposé. Nous n'en donnons
pas d'adresses car elles peuvent changer. Voici la recette pour la
trouver : utilisez un moteur de recherche comme Google sous le
critère « calcul intérêt emprunt », vous trouverez plusieurs sites
vous proposant ces calculs en fonction du montant à emprunter,
du nombre de mensualités et du taux d'intérêt annuel. Ils vous
donnent la mensualité fixe.
MONTANT NOMBRE
TAUXANNUEL MENSUALITÉ
DE L’EMPRUNT DEMENSUALÏTÉS
20 000 24 6% 886,41
20 000 24 7% 895,45
20 000 24 8% 904,55
20 000 24 9% 913,69
20 000 24 8,8 % 911,86
20 000 24 8,9 % 912,78
20 000 24 8,85 % 912,32
20 000 24 8,82 % 912,04
20 000 24 8,83 % 912,14
20 000 24 8,825 % 912,09
20 000 24 8,824 % 912,08
Tenir sa moyenne
Les questions de taux perm ettent également de répondre à des
questions comme : quel est le gain de temps que vous pouvez
réaliser en roulant à 140 kilomètres à l'heure au lieu des 130 auto
risés tout au long du trajet de Paris à Marseille ? Pour répondre
à cette question, il est nécessaire de connaître la distance à par
courir. Par l'autoroute, elle est d'un peu moins de 800 kilomètres.
À 130 kilomètres à l'heure, le temps nécessaire est donc de 800
divisé par 130, soit 6,15 heures, compté dans le système décimal.
À 140 kilomètres à l'heure, le temps nécessaire est de 800 divisé
par 140, soit 5,71 heures. Le gain est égal à la différence entre
6,15 et 5,71, soit 0,44 heure, ce qui se traduit en minutes en multi
pliant ce nombre par 60. Le gain de temps est donc inférieur à 30
minutes, même si aucun obstacle n'oblige à ralentir. En revanche,
si vous ne ralentissez jamais, vous avez la quasi-certitude d'être
D ans la vie quotidienne 1.1
pris en excès de vitesse. Si vous voulez l’éviter, il vous faudra ralen
tir, au moins au passage des radars. Le jeu en vaut-il la chandelle ?
Distance de freinage
Nous ne discuterons pas ici la forte probabilité que cet excès de
vitesse continuel soit verbalisé car il y a plus grave. Examinons plu
tôt l’impact de la vitesse sur la distance nécessaire pour arrêter un
véhicule en cas d’urgence. Cette distance se décompose en deux.
Tout d’abord, celle parcourue avant que le chauffeur ne réagisse,
puis la distance de freinage proprement dite. Cette idée peut se
résumer en une formule mathématique : la distance d’arrêt est la
somme de la distance correspondant au temps de réaction et de
la distance de freinage proprement dite. Les deux sont de natures
différentes. L’une est proportionnelle à la vitesse et l’autre, au carré
de la vitesse.
Le temps de réaction du cerveau à un imprévu est normalement
d’une seconde. Avant que vous ne commenciez à freiner, votre voi
ture parcourt une distance proportionnelle à sa vitesse. Effectuons
un premier calcul pour une vitesse de 60 kilomètres à l’heure
par souci de simplicité car, une heure comptant 60 minutes, cela
signifie que votre voiture parcourt un kilomètre en une minute.
En une seconde, elle parcourt donc 1 000 mètres divisés par 60,
soit 17 mètres avant que la décélération ne puisse commencer. À
30 kilomètres à l’heure, il faudra la moitié du temps puisque cette
distance est proportionnelle à la vitesse, soit 8 mètres (en arrondis
sant). À 50 kilomètres à l’heure, vitesse autorisée en ville, le calcul
est un peu plus compliqué, on trouve 14 mètres (voir le tableau
Distance de réaction).
Line façon de réduire cette distance est d’anticiper : le temps de
réaction est alors divisé par deux. Une façon de l’allonger est de
manquer de vigilance. Téléphoner au volant va doubler ce temps.
Il vous faudra alors 28 mètres pour commencer à freiner en ville,
largement le temps d’écraser un piéton.
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Distance de réaction en fonction de la vitesse du véhicule. Celle-ci
étant proportionnelle à la vitesse, le graphique est une ligne droite.
Cest pour cela que Гоп parle de dépendance linéaire entre ces deux
variables (vitesse et distance).
0
LA MOYENNE DU CYCLISTE
Un cycliste part d'Alphaville pour se rendre à Bêtaville, à la
vitesse de 20 kilomètres à Theure, puis, pressé, il retourne à
Alphaville, à la vitesse de 30 kilomètres à Theure.
Quelle est sa vitesse moyenne ?
Réponses : a) 24 km/h b) 25 km/h c) 26 km/h
Loi en carré
Malgré cette remarque, Tinfluence de la vitesse sur la distance
de réaction reste modeste : si vous allez 10 % plus vite, la distance
ne sera augmentée que de 10 %. Ce type de raisonnement nous
est naturel. Uinfluence de la vitesse sur la distance de freinage est
beaucoup plus importante et, de plus, absolument non intuitive.
Un passage par Tabstraction est nécessaire pour le comprendre ! La
mécanique nous apprend que Ténergie acquise par un corps du fait
de sa vitesse, que Гоп nomme énergie cinétique, est proportionnelle
à sa masse et au carré de sa vitesse (c’est-à-dire à la vitesse multipliée
par elle-même : 10 au carré vaut 10 fois 10, soit 100). Cette énergie
D ans la vie quotidienne 13
doit être absorbée au cours du freinage pour que le véhicule s’arrête.
Sans entrer dans les détails techniques, cela explique que la distance
de freinage soit proportionnelle au carré de la vitesse. La dépendance
n’est plus linéaire mais quadratique. Ainsi, si on double la vitesse, on
ne double pas la distance de freinage, on la quadruple ! Pourquoi ?
Tout simplement parce que deux fois deux font quatre. Par temps
sec, à 50 kilomètres à l’heure, la distance de freinage est de 16 mètres.
À 100 kilomètres à l’heure, elle sera donc de 4 fois 16 mètres, soit
64 mètres ! Tout ceci peut être résumé dans un tableau regroupant
les vitesses et les distances normales d’arrêt par temps sec (voir le
tableau Distances d'arrêt).
DISTANCE DISTANCE D IS T A N C E
VITESSE
DE RÉACTION DE FREINAGE D’ARRÊT
30 8 9 17
50 14 24 38
90 25 78 103
110 31 117 148
130 36 164 200
150 42 216 258
Effet de la pluie. Distances d’arrêt par temps de pluie
pour un chauffeur et un véhicule tous deux en excellentes conditions.
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Ces tableaux montrent pourquoi la vitesse limite de 130 kilo
mètres à rheure est réduite à 110 par temps de pluie. Les distances
d'arrêt sont alors à peu près les mêmes, et égales à 150 mètres. Ce
nombre est à comparer avec celui de près de 260 mètres à 150 kilo
mètres à rheure par temps de pluie !
0
ARRIVER À L’HEURE
Si un automobiliste roule à 120 kilomètres à l’heure, il sera
vingt minutes en avance à son rendez-vous. S’il roule à 80 kilo
mètres à l’heure, il sera dix minutes en retard.
À quelle vitesse doit-il rouler pour arriver tout juste à l’heure ?
Réponses ; a) 90 kmAr b) 95 km/h c) 100 km/h
L'angle qu'il fait avec la route ne doit rien au hasard, il est égal
à 25 degrés. Pourquoi ? Pour le mettre dans l'axe de la route, il
aurait fallu le placer sur celle-ci, ce qui est impossible. On l'a donc
placé sur le bord mais de biais pour qu'il « voie » les véhicules pas
ser. De façon assez logique, le radar ne mesure pas directement
la vitesse des véhicules mais celle à laquelle ils s'approchent de
lui (voir la figure Le radar ne mesure pas). Cette vitesse étant plus
faible que la vitesse réelle, une correction est nécessaire pour en
déduire cette dernière.
Dans le langage familier, la vitesse est un nombre. On roule
à 100 kilomètres à l'heure ou pas. Dans la réalité physique,
la vitesse est un vecteur car elle a aussi une direction. Cette
notion est analogue à celle de déplacement. Dire que l'on
bouge d'un kilomètre n'a pas de sens si on ne dit pas dans
quelle direction. De même, la vitesse a une intensité et une
D ans la vie quotidienne 17
direction. Elle peut se décomposer comme se décomposent les
déplacements.
B
La vitesse se décompose comme les déplacements.
Ici, V (qui fait aller de A à C résulte de la composition de
(de A à B) et (de BàC).
Tours
Trajets de Tours à Lyon selon que l’on vole, suive les voies rapides
ou les routes les plus directes.
0
LES OISEAUX
Des oiseaux se posent sur deux fils électriques. Si l'un deux pas
sait du premier fil au second, il y aurait autant d'oiseaux sur
chaque fil. Si, au contraire, un passait du second au premier, il
y aurait deux fois plus d'oiseaux sur ce fil que sur l'autre.
Combien y a-t-il d'oiseaux sur le premier fil ?
Réponses : a) 5 b) 6 c) 7
Le Rápido
Quittons les assurances pour aborder un domaine où le hasard
intervient de façon manifeste : celui des jeux de hasard. En guise
d’exemple, voyons comment évaluer la probabilité de gagner au
Rápido, un jeu de la Française des Jeux.
Le joueur doit cocher huit numéros dans une grille qui en com
porte vingt (notée A) et un dans une grille de quatre (notée B).
Pour gagner, la règle est donnée dans le Tableau des gains, La
Française des Jeux affirme qu’un joueur a 1 chance sur 5,5 de
gagner. D’où vient cette prédiction? Comme toujours dans ce
type d’utilisation du hasard, son analyse est fondée sur deux pré
supposés. Le premier est que, à chaque tirage, toutes les grilles
possibles ont la même probabilité de devenir la grille tirée. Le
second est que chaque grille a autant de chances que les autres
30
d'être choisie par les joueurs. Le premier est bien vérifié, la
Française des Jeux tire le résultat au hasard. Le second est vrai
semblablement faux. Un humain va éviter certaines combinai
sons, qui lui semblent improbables. S'il évite certaines régularités
comme 12345678 sur la grille A, ses chances de gain en seront
pourtant diminuées.
Grille A
CDCDCDCDCD
Œ)CDŒ) Œ)®
®®®®®
Grille B
® ® ® ®
Grille de Rapide.
G A IN P O U R
vous AVEZ T R O U V É :
U N E M IS E D E 1€
8 numéros dans la grille A et le numéro de la grille B 10 000 €
8 numéros dans la grille A 1000€
7 numéros dans la grille A et le numéro de la grille B 150 €
7 numéros dans la grille A 50 €
6 numéros dans la grille A et le numéro de la grille B 30 €
6 numéros dans la grille A 10 €
5 numéros dans la grille A et le numéro de la grille B 6€
5 numéros dans la grille A 2€
4 numéros dans la grille A et le numéro de la grille B 1€
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Une seule grille remporte l’un des gros lots (8 numéros exacts).
Combien de grilles A ont-elles 7 numéros exacts sans en
avoir 8 ? Pour analyser cette question, prenons-la à l’envers.
Supposons la grille gagnante connue, combien existe-t-il de
tirages ayant exactement 7 numéros exacts ? Posé ainsi, le pro
blème est similaire à la question précédente. Nous choisissons
un numéro parmi les 8 gagnants et le remplaçons par l’im des
12 perdants. Ce qui fait 12 x 8 = 96 possibilités et donc 96 grilles
à 7 numéros.
De même, pour obtenir une grille à 6 numéros, nous devons
d’abord tirer 2 numéros parmi les 8 gagnants, ce qui donne
(8 X7) / (2 X1) = 28 possibilités. Ensuite, nous tirons 2 numéros
perdants pour les remplacer, ce qui donne (12 x 11) / ( 2 x 1 )
= 66 possibilités. Nous obtenons ainsi 28 x 66 = 1 848 grilles
à 6 numéros. De même, pour 5 numéros, nous obtenons
((8 X 7 X 6) / (3 X 2 X 1)) X ((12 x 11 x 10) / (3 x 2 x 1)) = 12 320
grilles. Pour 4 numéros, nous trouvons, ((8 x 7 x 6 x 5) / (4 x 3
X2 X1)) X((12 x l l x l 0 x 9 ) / ( 4 x 3 x 2 x 1)), soit 34 650 grilles.
Sur les 125 970 grilles possibles, une seule a 8 numéros exacts,
96 ont 7 numéros exacts, 1 848 ont 6 numéros exacts, 12 320 en ont
5 et 34 650,4. Une fois remplie la grille A, il reste à remplir la grille
B. Pour cela, il y a exactement 4 possibilités. Donc, nous trouvons en
tout 125 970 X 4 = 503 880 grilles distinctes. Parmi celles-ci, 1 gagne
10 000 fois la mise, 3 la gagnent 1000 fois, 96,150 fois, 288, 50 fois,
1 848, 30 fois, 5 544, 10 fois, 12 320, 6 fois, 39 960, 2 fois, 34 650,
1 fois. Les autres, soient 412170 personnes, perdent leurs mises.
En tout, nous trouvons donc 91 710 gagnants. Le nombre total
de grilles possibles divisé par le nombre de grilles gagnantes est
503 880 divisé par 91 710. Une petite division perm et de vérifier
que l’affirmation de la Française des Jeux est exacte : le joueur a
1 chance sur 5,5 de gagner. Notons qu’une grande part d’entre
eux ne gagnent que ce qu’ils ont misé ! En bon français, on dirait
plutôt qu’ils n’ont pas perdu. En fait, la chance de gagner vrai
ment est de 503 880 divisé par 91 710 - 34 650, soit 1 chance sur
8,9 ; le risque de perdre est donc de près de 90 %.
D ans la vie quotidienne 33
0
LE TIERCE
Ce dimanche, la course du tiercé ne comporte que cinq che
vaux. N’y connaissant rien, vous pariez au hasard.
Quelle est la probabilité que vous ayez joué la combinaison
gagnante dans le désordre ?
Réponses : a) 10 % b) 8,33 % c) 20 %
Le régime himalayen
De la taille moyenne de la Française, nous pouvons facilement
passer à son poids (63 kg) et au drame quotidien de la balance. Plus
efficace que le régime crétois, nous proposons le régime himalayen
que nous avons déjà testé plusieurs fois. Comme son nom le laisse
entendre, il s’agit de mincir en prenant de l’altitude. Ce régime,
fondé sur les mathématiques, est par ailleurs tout à fait fantaisiste.
Voyons de quoi il retourne. Tout d’abord, le corps consomme envi
ron 1 000 calories supplémentaires par millier de mètres de dénivelé
gravis. Cela a une certaine efficacité pour maigrir mais il convient
de ne pas oublier que le corps fait son possible pour garder son
poids. En grimpant, votre appétit va se trouver décuplé. Sauf mal
des montagnes aigu, vous allez vous goinfrer ! C’est là qu’intervient
une autre caractéristique de la haute altitude : la difficulté à assi
miler les graisses. Un séjour d’une semaine à une altitude d’environ
5 000 mètres suffît pour perdre deux kilos de ce fait, sans comp
ter ceux que vous perdrez dans l’ascension. N’allez cependant pas
trop haut. La zone au-dessus de 8 000 mètres est nommée la « zone
de la mort » par les alpinistes, car le corps ne peut s’y adapter et
la mort survient de façon certaine. L’homme, comme la femme,
ne peut survivre plus de deux semaines à une altitude supérieure
à 5 500 mètres. Ce régime très efficace garde malheureusement le
défaut de tous les autres : revenu à des conditions normales, le corps
cherche à retrouver son poids initial.
Le poker
Ces calculs de probabilités se retrouvent dans des jeux de hasard
comme le poker. Il est possible d’évaluer la valeur d’une main et de
tenir compte des réactions des autres joueurs dans cette évaluation,
qu’ils renchérissent ou qu’ils passent. Certains joueurs l’estiment
intuitivement, d’autres par le calcul. Dans tous les cas, pour ces
joueurs, le poker n’est pas un jeu de hasard mais un jeu où Ton uti
lise le hasard et la loi des grands nombres. Nous vous déconseillons
de vous y frotter, surtout si vous avez tendance à utiliser la loi des
petits nombres.
LE CARRE AU POKER
0
On vous distribue cinq cartes au hasard à partir d’un jeu de
32 cartes.
Quelle est la probabilité que vous ayez un carré ?
Réponses : a) 1 % b) 2 % c) 0,1 %
L’art de tricher
Quatrième carré d’as consécutif pour votre adversaire. Il triche,
vous en êtes sûr ! Comment le coincer ? Cette situation se retrouve
dans la vie courante. Comment débusquer les tricheurs? Tout
d’abord, essayons de les comprendre en suivant la typologie de
Sacha Guitry :
D ans la vie quotidienne 37
S'il y a cent façons de tricher, il n'y a que trois sortes de tricheurs.
Tout d'abord, il y a Je joueur qui triche - qui ne triche que parce
qu'il Joue. Qui lefait sans méthode, sans préméditation, d'une manière
presque inconsciente, involontaire, et dont on sent très bien qu'il est
parfaitement honnête en dehors du Jeu. Il y a l'homme qui Joue incor
rectement parce qu'il est incorrect d'un bout à l'autre de la vie - et qui
doit penser que ce n'est vraiment pas le moment de l'être. Enfin, il y a
le tricheur de profession, conscient et organisé.
Dans les deux premiers cas, un peu de psychologie suffit pour le
détecter. Le vrai professionnel est d’une autre nature. Les mathé
matiques sont alors un outil essentiel. Nous le verrons à propos des
sondages au chapitre suivant.
Dans la politique et les médias
Le paradoxe de la démocratie
Pour étudier la question, imaginons un vote entre trois candidats :
Alpha, Bêta et Gamma, pour ne pas les nommer. Nous nous propo
sons d'étudier l'influence du système électoral sur le résultat.
En toute logique, il existe six façons de les classer : Alpha en pre
mier puis Bêta et Gamma, Alpha en premier puis Gamma et Bêta
et de même en plaçant Bêta ou Gamma en premiers. Chaque élec
teur a son propre classement entre ces trois candidats. Imaginons
que le nombre d'électeurs optant pour chacun des six choix possibles
soit donné dans le Tableau des préférences des électeurs.
Alpha Bêta
26 000 35 500
Second tour après désistement : Bêta est élu.
Un scrutin exotique.
40
Les trois types de scrutin, tous démocratiques, donnent trois
résultats différents ! Nous pourrions en déduire que le système
électoral détermine le résultat, ce qui serait exagéré, mais il est
clair qu’il l’influence. Ce paradoxe est dû au marquis de Condorcet
qui l’énonça ainsi en 1785 : il est possible que dans un choix entre
trois solutions A, B et C, une majorité préfère A à B, B à C et
C à A... ce qui serait incohérent s’il s’agissait du choix d’un seul
individu. Si un être humain sain d’esprit préfère A à B et B à C, il
préfère A à C !
Condorcet
0
TRILEMME A ALPHAVILLE
Le conseil municipal d'Alphaville doit décider entre trois pro
grammes d'aménagements A, B et C. Voulant avant tout satis
faire la population, il organise un vote sur les préférences des
habitants. Les résultats sont :
60 % des habitants préfèrent la solution A à la solution B,
60 % des habitants préfèrent la solution B à la solution C,
60 % des habitants préfèrent la solution C à la solution A.
Ce résultat est-il crédible ?
Réponses : a) oui b) non
Le sondage probabiliste
Les sondages sont fondés sur cette idée ! Une partie bien
choisie d’une population représente le tout. Dans cette phrase,
l’important est le « bien choisie ». Comment faire ce choix ? La
question étant complexe, commençons par un cas particulier.
Imaginons que, dans un pays ou une ville importante, 40 % des
électeurs aient décidé de voter pour Alpha et les autres pour Bêta.
Prenons une personne au hasard. Elle ne peut représenter correc
tement les votes de la ville : soit elle vote Alpha (probabilité de
40%), soit elle vote Bêta (probabilité de 60%). Si nous prenons
deux personnes au hasard, il y a trois possibilités : soit les deux
votent Alpha, soit les deux votent Bêta, soit l’une vote Alpha et
l’autre. Bêta. Chacune de ces possibilités peut se produire, mais
chacune avec une certaine probabilité. Les sondages probabilistes
sont fondés sur ce calcul. Détaillons-le dans ce cas. Pour obtenir
deux fois Alpha, nous devons d’abord tirer un électeur d’Alpha, la
probabilité que cela arrive est de 40 %. Nous devons ensuite en
tirer un autre. Comme pour les soldes, les taux se multiplient, la
probabilité est maintenant de 0,4^, soit 0,16 ou 16 %. De même, le
tirage de deux électeurs de Bêta se produit avec une probabilité de
36 %. La probabilité d’avoir un électeur de chaque bord est donc
de 48 %. Deux électeurs tirés au hasard ne peuvent représenter la
ville entière, mais l’amélioration est nette par rapport au tirage
d’un seul électeur. Le même type de raisonnement peut se faire
avec 10 électeurs. La probabilité de tirer 10 électeurs d’Alpha est
maintenant infime puisque égale à 0,4 multiplié 10 fois par lui-
même, soit 0,4’“, ce qui vaut 0,01 %. Les calculs sont plus laborieux
mais du même type que les précédents. Finalement, nous obtenons
un tableau donnant les probabilités de tirer 0, 1, 2, etc. électeurs
d’Alpha parmi 10 pris au hasard.
44
Électeurs d'Alpha 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Probabilité en % 0,6 4 12 21 25 20 11 4 1 0,1 0,01
Nombres pseudo-aléatoires
Alors comment faire pour tricher intelligemment ? Utilisez un
générateur de nombres pseudo-aléatoires entre 1 et 100 comme en
fournissent les principaux langages de programmation et même
les tableurs. Leur nom vient de l'anglais, essayez « random » ou
« rand ». Si vous tirez un nombre entre 1 et 5, vous le comptez
D ans la POLmquE et les médias 47
dans le premier groupe. Si vous tirez un nombre entre 6 et 25,
vous le comptez dans le second, et ainsi de suite. Vous obtiendrez
ainsi une distribution vraisemblable. Le tableau Tirages pseudo
aléatoires montre ce que Гоп trouve en rappliquant dix fois.
Uespérance de vie
Continuons notre randonnée au pays du hasard et des proba
bilités. Votre fille vient de naître. Les médias vous apprennent
qu'elle a une espérance de vie de 85 ans. D'où vient cette prédic
tion ? Que signifie l'espérance de vie ? Pour le comprendre, dans
un premier temps, oubliez le sens commun du verbe « espérer »
car la définition n'est claire que pour les générations entièrement
décédées ! La voici. L'espérance de vie est la durée moyenne de
vie des personnes nées la même année. La définition est étrange
puisque, toutes ces personnes étant décédées, leur vie n'est plus
une espérance. N'était le côté macabre, peut-être vaudrait-il mieux
parler d'âge moyen à la mort ? La notion est identique, même si
l'espérance de vie devient équivalente à celle de mort. Toutefois,
le terme « espérance de vie » se comprend mieux pour les vivants.
Pour l'instant, restons malgré tout sur les générations passées
car ce sont les seules qui permettent des calculs certains. Pour
déterminer l'espérance de vie des gens nés en 1850 par exemple, il
suffit de connaître tous les actes de naissance de 1850 et tous les
actes de décès postérieurs. On en déduit les âges au décès et on en
fait la moyenne. Ce calcul s'effectue également à partir de la table
de mortalité de la génération née cette année-là (voir le tableau
Une génération du xix^ siècle).
Cette table de mortalité permet de calculer, parmi les personnes
nées en 1850, le nombre de morts dans leur première année. Il s'agit
du nombre de naissances (100 000) moins les survivants après un an
(84 905), soit 15 095. De même, 84 905 moins 79 355, soit 5 550 sont
morts dans leur seconde année. Le même calcul montre que 2 364
sont décédés dans leur troisième année, etc. L'âge exact au décès
étant inconnu, on peut estimer qu'il se situe au milieu de l'année
en cours.
D ans la POLmQUE et les médias 49
100 000 18 67 265 36 55 724 54 44 392 72 23 569 90 1181
84 905 19 66 749 37 55 155 55 43 607 73 22 039 91 805
79 355 20 66 102 38 54 600 56 42 766 74 20 433 92 542
76 991 21 64 905 39 54 058 57 41 868 75 18 818 93 368
75 304 22 63 645 40 53 497 58 40 964 76 17198 94 226
73 906 23 62 987 41 52 912 59 39 975 77 15 521 95 143
72 901 24 62 396 42 52 320 60 39 003 78 13 932 96 95
72132 25 61 855 43 51713 61 37 958 79 12 221 97 62
71 483 26 61 287 44 51 100 62 36 967 80 10 820 98 43
70 817 27 60 738 45 50 487 63 35 874 81 9 369 99 27
70 280 28 60197 46 49 873 64 34 722 82 8 072 100 17
69 877 29 59 655 47 49 276 65 33 453 83 6 842 101
69 508 30 59110 48 48 660 66 32179 84 5 741 102
69179 31 58 561 49 48 004 67 30 803 85 4 758 103
68 874 32 58 003 50 47 328 68 29 454 86 3 843 104
68 549 33 57 435 51 46 573 69 27 929 87 3 077 105
68141 34 56 863 52 45 881 70 26 570 88 2 390
67 728 35 56 294 53 45 136 71 25 149 89 1797
Ainsi, les bébés morts dans leur première année sont comptés
pour morts à six mois, les morts dans leur seconde année, à un an et
demi, etc. Pour le calcul de Fâge moyen au décès, 15 095 comptent
pour 0,5 an, 5 550 pour 1,5, 2 364 pour 2,5, etc. Notre calcul com
mence donc ainsi : 0,5 x 15 095 + 1,5 x 5 550 + 2,5 x 2 364 + etc. En
divisant le résultat final par 100 000, nous trouvons 41 ans et demi.
Le calcul est similaire si nous cherchons Fespérance de vie de
ceux qui ont survécu à leur première année. Nous trouvons main
tenant 48 ans (ce qui fait 49 ans en tout). Si nous excluons les morts
de nourrissons, la véritable espérance de vie de la génération née
en 1850 est de près de 50 ans, morts à la guerre compris.
50
Tables actuelles de mortalité
La façon historique d'établir les tables de mortalité ne permet
pas le calcul de l'espérance de vie d'un bébé venant de naître, seu
lement de ceux dont la génération entière est décédée. Vouloir esti
mer celle des vivants relève du domaine de la prévision. Comment
savoir combien d'enfants venant de naître mourront à l'âge de dix
ans par exemple ? En fait, on l'estime à partir des taux de morta
lité de l'année en cours. Plus précisément, on calcule le quotient
de mortalité des deux sexes à chaque âge grâce à des estimations
de population et de décès. En l'absence de toute migration, l'idée
est très simple. Le janvier 2009, on compte 440 428 hommes de
40 ans et 815 décès d'hommes de 40 ans pendant l'année 2009.
Le quotient de mortalité des hommes de 40 ans est donc estimé
à 815 divisé par 440 428, soit 1,850 %o (voir l'encadré Influence des
migrations pour la correction à apporter pour tenir compte des
flux migratoires). La méthode est fiable si on peut appliquer la loi
des grands nombres. Ses résultats sont fantaisistes quand ce n'est
pas le cas, particulièrement pour le grand âge.
0
ESPERANCE DE VIE
Pour 100 000 naissances d’une espèce animale, 10 000 indivi
dus s’éteignent chaque année jusqu’à disparition complète de
la génération.
Quelle est l’espérance de vie à la naissance d’un individu de
cette espèce animale ?
Réponses : a) 10 b) 5 c) 6
20 et 40 ans 2 0 ,2 %o 8 ,3 %o
40 et 60 ans 9 7 ,7 %o 4 5 ,8 %o
60 et 80 ans 3 3 9 ,5 %o 1 9 4 ,0 %o
Le surbooking
Quittons la mortalité pour gagner un terrain plus gai, mais
comparable au niveau des calculs : celui d’une pratique devenue
courante dans le domaine du transport aérien, le surbooking. Cette
pratique nous semble détestable quand nous en sommes victimes.
Certains tribunaux l’estiment même frauduleuse. Elle fait pour
tant aujourd’hui partie des habitudes de gestion des compagnies
aériennes et s’étend progressivement à d’autres moyens de trans
port, à des agences de voyage et même à certains hôtels. Restons
dans le domaine où elle est le plus répandue. Pour optimiser leurs
profits, les compagnies aériennes vendent plus de billets qu’il n’y a
de places disponibles dans les avions. Pourquoi ? Tout simplement
parce qu’un certain pourcentage des passagers ne se présentent pas
à rembarquement du vol sur lequel ils ont réservé. Bien sûr, ce sont
plutôt des passagers avec des billets remboursables, qu’ils ont payés
le prix fort. Inversement, ceux qui risquent d’être refusés à rembar
quement sont ceux qui se présentent toujours, sauf cas de force
majeure, car leurs billets bon marché ne sont pas remboursables !
Malgré tout, nous négligerons cet aspect pour ne pas compliquer
notre étude et ferons comme si tous les passagers étaient égaux.
Le calcul des compagnies aériennes s’apparente à celui de la
Française des Jeux, ou du joueur de poker, vu précédemment.
Prenons un exemple. Une compagnie aérienne vend 106 places sur
un vol pouvant en contenir seulement 100. Par une méthode sta
tistique ressemblant au calcul des taux de mortalité, elle estime
que chaque passager a une probabilité de 90% de se présenter
effectivement à rembarquement. Quel est le risque qu’un passager
ne puisse monter à bord ? Le calcul de probabilité est identique à
celui effectué pour un jeu comme le Rápido. Par exemple, la pro
babilité que les 106 passagers se présentent tous est de 0,9’®^, soit
environ 1,5 pour 100 000. Qn évalue de même la probabilité que
105 passagers se présentent (106 x 0,9’®^ x 0,1 comme au Rápido ou
au poker !), etc. En ajoutant les probabilités de présence de 101 à
D ans la politique et les médias 53
106 personnes, on obtient un risque de 4 % de devoir refuser un
passager. Dans ce cas, la compagnie aérienne doit dédommager le
passager mais le jeu en vaut la chandelle ! Qui refuserait de jouer
quand la probabilité de gagner est de 96 % ?
À partir de ces données, on peut également évaluer la probabi
lité que Tavion soit rempli à 100 %, 99 %, etc. À chaque remplissage
correspondent une probabilité et un coût. Il est donc possible d’éva
luer une espérance de ce coût, comme on le fait pour l’espérance de
vie d’un nourrisson. Par exemple, si une perte de 5 000 € est asso
ciée à une éventualité de 4 % et un gain de 1 000 € à une éventua
lité de 96 %, l’espérance de gain est de 0,96 x 1 000 - 0,04 x 5 000,
soit 760 €. Le calcul des compagnies aériennes est plus compliqué
mais de ce type. En effet, chaque type de passagers a sa probabilité
propre de ne pas se présenter. Ceux pour qui le billet est rembour
sable auront une probabilité de 80 % de se présenter sans doute,
tandis que celle des autres sera proche de 100 %. Dans tous les cas,
le calcul se justifie par la loi des grands nombres. Plus le nombre
de vols est important, plus on se rapproche de ces prévisions.
Le problème essentiel est donc d’évaluer correctement le nombre
de places à vendre sur chaque vol. Chaque place vide a un coût.
Chaque passager devant être refusé en a un autre, double du pre
mier environ. Il est impossible de prévoir exactement le nombre de
passagers qui ne se présenteront pas mais, comme nous venons de
le voir, on peut estimer les probabilités qu’il en manque un, deux,
trois, etc. Selon le surbooking appliqué, on peut en déduire une
espérance du nombre de sièges vides et donc celle des personnes
non embarquées.
L’espérance du coût est proportionnelle à la somme de l’espé
rance du nombre de sièges vides plus le double de l’espérance du
nombre de sièges indisponibles. On connaît le coût d’un siège vide.
On connaît donc les probabilités de coût selon le surbooking effec
tué. On en déduit une espérance de coût dans chaque cas, ce qui
donne deux courbes. Dans tous les cas, il existe un remplissage opti
mum des avions. Celui-ci n’est pas de 100 % mais plutôt de 115 %
environ (voir la figure Évolution de Fespérance), Les condamnations
par des tribunaux n’y feront rien car elles ne peuvent qu’être inté
grées dans les coûts à prévoir en cas de passagers refusés à rembar
quement. Le surbooking est une fatalité. Pour le passager, le mieux
est d’arriver en avance.
54
Évolution de Tespérance des coûts en fonction du surbooking:
en plein, espérance du nombre de passagers manquant à Tappel,
en petits pointillés, espérance du nombre de passagers ne pouvant
embarquer, en grands pointillés, espérance du coût. Cette courbe
présente un minimum.
0
TAUX DE REMPLISSAGE
La compagnie Alphajet gère une flotte d’avions en refusant le
surbooking. Elle vend toujours toutes ses places. En moyenne,
un passager sur dix ne se présente pas à rembarquement.
Quel est le taux de remplissage moyen de ses avions ?
Réponses : a) 95 % b) 90 % c) 80 %
Le jeu de la vie
Sortons de la question du surbooking pour en aborder une
autre où la notion de prévision est également centrale, par
exemple dans le cas des épidémies. Cent mille volailles sont
abattues à l’autre bout du monde, un oiseau migrateur m eurt
sur une île de la mer Égée, trois hommes décèdent. Pour cer
tains, cela augure quelques dizaines de morts en Europe, pour
d’autres, des centaines de millions dans le monde. D’où viennent
ces chiffres ? Il existe plusieurs méthodes pour les obtenir. L’une
d’elles peut être décrite comme un jeu. Dans les années 1940,
John von Neumann (1903-1957) fut le premier à imaginer une
D ans la politique et les médias 55
machine présentant certains aspects de la vie. En 1970, John
Conway a popularisé ce type de machine sous le nom de « Jeu
de la vie ». En voici les règles. Pour jouer, vous avez besoin d’un
damier et de pions. Les cases du damier sont considérées comme
des cellules ; elles peuvent être mortes ou vivantes. Utilisez les
pions pour matérialiser les cases des cellules vivantes. Au début
du jeu, placez des pions sur les cases que vous désirez. Procédez
alors par étapes selon les règles suivantes :
- une cellule morte entourée de trois cellules vivantes ressuscite,
sinon elle reste morte,
- une cellule vivante reste en vie si elle a deux ou trois voisines
vivantes, sinon elle meurt.
Mois 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
CJN vo vO ON oo ГМ m ON m oo
VO m ON r r^ O m O
Indice oC
T— 1
O
ГМ
O
(N (N
1— t
ГМ
1— t
(N
1— 1
(N
1— 1
<N
1— t
rsl (N
T— 1
rvl
<N
(N
1 T— 1 T— t 1—< rH 1—< T—• 1— 1 rH
Cet indice des prix est un instrument valable pour mesurer l’in
flation. En 2010, elle aura donc été égale au rapport entre l’indice
de décembre 2010 divisé par celui de décembre 2009, soit 122,08
divisé par 119,96, c’est-à-dire 1,77 %. Il mesure également le pou
voir d’achat d’un Français idéalement « moyen », qui achèterait
un peu de tout. Cependant, la répartition proposée dépend, en
particulier, du niveau de revenus de chacun. Une augmentation
de prix des produits alimentaires peut être dissimulée par une
diminution des prix de produits comme les ordinateurs. Pour sim
plifier, imaginons que les dépenses des ménages se répartissent
D ans la politique et les médias 61
en quatre postes. Chacun a son indice de prix et sa répartition
dans le budget moyen, comme indiqué dans le tableau Indices et
répartitions.
P R O D U IT
PO STES lO G E M E ÏS rr A L IM E N T A T IO N TRA N SPO RT
CULTUREL
PRODUIT
POSTES LOGEMENT ALIMENTATION TRANSPORT
CULTUREL
Hauts reve
30 10 30 30
nus
Bas revenus 40 30 30 0
62
QUESTION DEMOGRAPHIQUE
0
L'année de référence, 50 % des habitants d'Alphaville étaient
pauvres. Aujourd'hui, la ville a perdu le sixième de sa popula
tion et le pourcentage de pauvres a augmenté de 10 %.
Quel est le taux de croissance du nombre de pauvres à
Alphaville ?
Réponses : a) 10 % b) 5 % c) 0 %
L’évolution du climat
On retrouve le même problème dans la présentation usuelle de
la question climatique dans les médias. Nous ne voulons pas ici
entrer dans le cœur de ce débat, qui n'est pas d'ordre mathéma
tique d'ailleurs, mais simplement parler de sa présentation média
tique, qui n'est pas scientifique. En effet, pour simplifier et être
mieux compris sans doute, on ramène la question à un seul chiffre :
la moyenne des températures sur notre planète. On nous explique
qu'une augmentation de la température moyenne de 4 degrés
Celsius (ou 5 voire 10, peu importe) provoquera la fonte des glaciers.
L'argument n'a pas de sens en lui-même car la fonte des glaciers ne
dépend pas directement de la seule température moyenne mais de
la température des lieux où se trouvent les glaciers. On pourrait
très bien imaginer une augmentation de la température moyenne
qui résulterait d'une augmentation importante dans les régions
proches de l'équateur et d'une baisse dans les régions polaires.
Visiblement, ce n'est pas le cas, peut-être même le contraire, mais
il serait bon qu'une explication éclairée soit donnée. Une moyenne
ne rend pas complètement compte de la globalité.
Autrement dit, la question est extrêmement mal présentée.
Dans une moyenne, l'arbre peut cacher la forêt. Qtiel glacier fon
dra du fait d'une augmentation de 10 degrés Celsius en moyenne
à Singapour si elle s'accompagne d'un maintien de la température
à Vancouver ? Si fonte il doit y avoir, la raison est plus subtile
que cela. Il serait intéressant qu'elle soit divulguée et commentée
correctement.
Cryptographie
Un autre domaine souvent rencontré dans les médias est celui
du secret, où il est naturellement difficile d’avoir des informations
précises. Autrefois réservée aux usages diplomatiques et mili
taires, la cryptographie (l’art de cacher) est aujourd’hui garante
de la sécurité des échanges sur Internet et sert à crypter certaines
chaînes de télévision. Vu l’enjeu, les sociétés utilisant ces codes les
garantissent inviolables. Comment peuvent-elles l’assurer ? Aucun
code n’est fiable pour l’éternité. Si une intelligence peut créer
un code, une autre peut le percer. Croire le contraire vaut garantie
D ans la politique et les médias 65
d'échec, comme Га montré Thistoire de la Seconde Guerre mon
diale. Une erreur de procédure minime peut réduire à néant
une méthode que Гоп croit fiable. À cette époque, l'armée alle
mande utilisait des machines nommées Enigma pour coder ses
messages. La clef de chiffrement dépendait d'un certain nombre
de rotors : trois, quatre ou cinq. Pour déchiffrer la machine, il fal
lait connaître les rotors utilisés, qui appartenaient à un jeu connu
de tous. Ces rotors étaient changés chaque jour. La météo n'étant
pas vraiment un secret militaire, la marine allemande envoyait
à son quartier général les messages météo cryptés mais avec une
machine Enigma à trois rotors. Chaque jour, cette Enigma était
réglée comme celle à quatre rotors, mais avec le dernier rotor
en moins ! Les Britanniques savaient déchiffrer ces messages.
Ils avaient donc la position des trois premiers rotors, il restait
à essayer tous les rotors possibles pour le quatrième (26 possi
bilités) ! Les Allemands ne s'aperçurent jamais de cette erreur
de procédure monumentale ! Pourtant, ils se doutaient que les
Britanniques savaient déchiffrer l'Enigma à trois rotors puisqu'ils
étaient passés à quatre. Au contraire, ceux-ci ne se vantèrent
jamais d'avoir su décoder Enigma. Ils firent croire que la machine
était indéchiffrable. Ils purent ainsi revendre les machines prises
aux Allemands à la fin de la guerre à des entreprises et gouverne
ments étrangers.
Rien ne doit jamais être considéré comme acquis dans le
domaine du secret. Ainsi, la recherche n'est pas près de s'y essouf
fler, pas plus que dans tout ce qui concerne les mathématiques
liées à l'informatique. Les méthodes cryptographiques sont au
centre des échanges sur Internet et des cartes bancaires. Voyons
d'abord une question plus médiatique.
0
LE CODE DE BETA
Alpha intercepte le message suivant ; FH PHWDJH HVW
IDFLOH D GHFRGHU en provenance de Bêta.
Saurez-vous le décoder ?
Réponses : a) oui b) non
66
Le téléphone rouge
Gilbert Vemam (1890-1960) a inventé un code utilisé de nos jours
dans les milieux diplomatiques et, en particulier, pour le «télé
phone rouge » (qui n’est ni rouge ni un téléphone mais une ligne de
communication d’urgence) reliant Washington et Moscou. Il s’agit
du seul code dont l’invulnérabilité soit prouvée. Ses faiblesses sont
la taille et le nombre de clefs nécessaires ainsi que le besoin absolu
de secret dans leur transmission. Pour cette raison, son emploi est
limité aux milieux de la diplomatie et de l’armée. De nos jours, tout
message à transmettre est une suite de 0 et de 1 (on dit de « bits »).
La méthode de Vernam consiste à choisir au préalable une suite de
bits de même longueur, que l’on appelle clef de chiffrement, et de
transmettre le texte obtenu en ajoutant le message et la clef bit à
bit. Par exemple, supposons que le message soit la suite de 64 bits
suivante :
011000010101010001010100010000010101000101010101010001010
1011010,
et la clef, celle-ci :
1010110101111001010100011110000111010101101011100000011110
001110.
On chiffre le message en l’ajoutant bit à bit au message. Le tableau
Codage d’un message montre ce que cela donne pour les premiers.
Message 0 1 1 0 0
Clef 1 0 1 0 1
Message codé 1 1 0 0 1
Codage d’un message.
+ 0 1
0 0 1
1 1 0
Message 0
Clef
Message codé
Clef
Message décodé 0
110011000010110100000101101000001000010011111011010000101
1010100
011000010101010001010100010000010101000101010101010001010
1011010
70
0
LE DINER DE FAMILLE
Alpha invite le beau-frère de son père, le beau-père de son
frère, le frère de son beau-père et le père de son beau-frère.
Combien y a-t-il de convives au minimum sachant que, dans ce
pays, les mariages entre cousins sont autorisés ?
Réponses : a) 5 b) 3 c) 2
Les, réponses aux jeux sont données après leurs titres.
La page je u .................................................................................. 73
La valse des étiquettes........................................................ 73
Le taux de votre emprunt..................................................... 73
La moyenne du cycliste........................................................ 73
Arriver à l’heure..................................................................... 73
La durée du vo l....................................................................... 74
Les oiseaux.............................................................................. 74
Le tiercé.................................................................................... 74
Le carré au poker.................................................................. 74
Trilemme à Alphaville........................................................... 75
Pile ou face.............................................................................. 75
Espérance de vie.................................................................... 75
Taux de rem plissage............................................................. 75
Question démographique...................................................... 75
Le code de B ê ta ...................................................................... 76
Le dîner de famille................................................................. 76
Achevé d’imprimer en Italie par"3^ Grafica Veneta
en mars 2013
Dépôt légal mars 2013
EAN 9782290054062
OTP L21ELLN000449N001
ÉDITIONS J ’AI LU
87, quai Panhard-et-Levassor, 75013 Paris
Diffusion France et étranger : Flammarion
5Ôbrio
1064
Questions
de maths utiles
Au Loio^ la fRjunçuiêe Des Jeux
egi ôuR.e De gagr\t(L. ”
HERVELEHNING
Mathématicien de formation, Hervé Lehning est
aujourd’hui rédacteur en chef chez Pôle Éditions.
Spécialiste du jeu et de la culture mathématiques,
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CD IjP il a beaucoup œuvré pour la vulgarisation des sciences.
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Texte intégral
www.librio.net