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La protection de l’entreprise

LOI N° 23-13 modifiant et complétant la loi 17-97 relative à la protection de la propriété industrielle

• La juridiction compétente :
o Art 5 du loi n° 53-95 instituant des juridictions de commerce « Les tribunaux de commerce sont compétents pour
connaître (...) des actions entre commerçants à l'occasion de leurs activités commerciales… ».
o Art 10 : La compétence territoriale appartient au tribunal du domicile réel ou élu du défendeur.
A. Le brevet et la marque :
1. Le brevet d’invention :
➢ Art 16 : Le brevet d'invention confère à son titulaire ou à ses ayants droit un droit exclusif d'exploitation de
l'invention. Le titre de la propriété industrielle appartient au premier déposant.
➢ Art 17 : La durée de protection du BI est 20 ans, à compter de la date de dépôt de la demande.
➢ Art 18 : L’invention faite par un salarié :
1- Si le salarié travaille dans une activité inventive (R&D), les inventions appartiennent à l'employeur. Ainsi que le
salarié doit bénéficier d’une rémunération supplémentaire à l’occasion de cette invention.
2- Si le salarié ne travaille pas dans une activité inventive ;
a- S’il utilise ses propre moyens, la propriété lui appartient (salarié).
b- S’il utilise les moyens de l’entreprise, on parle de la copropriété, et l’employeur dispose d’un délai de 6 mois
après avoir reçu la déclaration du salarié pour déposer l’invention. Sinon, l’invention revient de droit au salarié.
• Remarque : Le salarié et l'employeur doivent se communiquer tous renseignements utiles sur l'invention en
cause. Ils doivent s'abstenir de toute divulgation de nature à compromettre en tout ou en partie l'exercice des
droits conférés par le présent titre. Tout accord entre le salarié et son employeur ayant pour objet une invention
de salarié doit être constaté par écrit sous peine de nullité.
➢ Art 21 : L'invention peut porter sur des produits, des procédés, des compositions / produits pharmaceutiques, ou
remèdes de toute espèce y compris les procédés et appareils servant à leur obtention.
 Les conditions de brevetabilité :
➢ Art 22 : Est brevetable dans tous les domaines technologiques, toute invention nouvelle, impliquant une activité
inventive et susceptible d'application industrielle.
➢ Art 26 : Si elle n'est pas comprise dans l'état de la technique (nouvelle).
➢ Art 28 : Si, pour un homme du métier, elle ne découle pas d'une manière évidente de l'état de la technique.
➢ Art 29 : Elle doit obligatoirement être susceptible d’utilisation industrielle.
 Les droits rattachés au BI :
➢ Art 53 : Stipule que la fabrication du produit et l’utilisation des méthodes qui sont l’objet d’un brevet, sont
interdites à défaut du consentement du titulaire de brevet.
➢ Art 54 : Est interdite la commercialisation / la mise à disposition dans le circuit commercial sans l'autorisation du
propriétaire du brevet.
➢ Art 60 : Toute personne de droit public ou privé peut, 3 ans après la délivrance du brevet ou 4 ans après la date
de dépôt de la demande de brevet, obtenir du tribunal une licence obligatoire de ce brevet, si au moment de la
requête, et sauf excuses légitimes, le propriétaire du brevet ou son ayant cause :
a) n’a pas commencé à exploiter ou fait des préparatifs effectifs et sérieux pour exploiter l’invention objet du
brevet sur le territoire du Royaume du Maroc ;
b) n’a pas commercialisé le produit objet du brevet en quantité suffisante pour satisfaire aux besoins du marché
marocain ;
c) lorsque l'exploitation ou la commercialisation du brevet au Maroc a été abandonnée depuis plus de 3 ans.
➢ Art 61 : La demande de licence obligatoire est formée auprès du tribunal. Elle doit être accompagnée de la
justification que le demandeur n'a pu obtenir du propriétaire du brevet une licence d'exploitation à l’amiable
notamment à des conditions et modalités commerciales raisonnables et qu'il est en état d'exploitation effective
de l'invention.
➢ Art 77 : Chaque copropriétaire peut à tout moment céder sa quote-part.
2. Les marques de fabrique, de commerce ou de service :
➢ Art 133 : La marque est un signe de représentation qui permet d’identifier les produits de l’entreprise.

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 Les conditions de protection :
Pour qu’elle soit protégée, la marque doit être :
-Distinctif (Art 134) : elle ne doit pas être générique, banale ou descriptive.
-Licite (Art 135) : pas d’éléments trompeurs, interdits (drapeaux, armorie, emblème du Royaume), ≠ bonnes mœurs.
-Disponible (Art 137) : Pas de droits antérieurs.
 Les effets de l’enregistrement de la marque :
➢ Art 140 : La propriété de la marque s'acquiert par l'enregistrement. La marque peut être acquise en copropriété.
➢ Art 152 : L’enregistrement confère à son utilitaire un droit de propriété pour 10 ans indéfiniment renouvelable,
le renouvellement doit être 6 mois avant l'expiration du délai de protection. Délai de grâce : après l’expiration de
la durée de validité, un délai de 6 mois est accordé au déposant pour effectuer le renouvellement.
Remarque : Toute nouvelle modification doit faire l'objet d'un nouveau dépôt.
➢ Art 153 : L'enregistrement de la marque confère à son titulaire un droit de propriété sur cette marque, pour les
produits et services qu’il a désigné.
➢ Art 154 : Est interdite la reproduction (même avec l’adjonction de quelques mots), la suppression ou la
modification d’une marque sans l'autorisation de son propriétaire.
➢ Art 155 : Est interdit : l'usage d'une marque reproduite, d’un signe identique, similaire pour des produits,
services similaires, relatifs à ceux couverts par l'enregistrement ; L'imitation d'une marque, l'usage d'une
marque imitée.
3. La concurrence déloyale :
➢ Art 184 : Un acte de concurrence déloyale, est tout acte contraire aux usages honnêtes en matière industrielle ou
commerciale. Sont notamment interdits :
1- Tous faits quelconques de nature à créer une confusion par n'importe quel moyen avec l'établissement, les
produits ou l'activité industrielle ou commerciale d'un concurrent ;
2- Les allégations fausses dans l'exercice du commerce de nature à discréditer l'établissement, les produits ou
l'activité industrielle ou commerciale d'un concurrent ;
3- Les indications ou allégations dont l'usage dans l'exercice du commerce est susceptible d'induire le public en
erreur sur la nature, le mode de fabrication, les caractéristiques, l'aptitude à l'emploi ou la quantité des
marchandises.
 Conditions pour qualifier un acte de concurrence déloyale ; (la responsabilité civile délictuelle) :
✓ Un fait générateur : L'une des actes énumérés dans l'article 184 ;
✓ Un dommage ; (Par exemple : faillite, dégradation du CA…) ;
✓ Un lien de causalité : L’auteur de la faute et sa victime soient en concurrence directe (ils ont la même clientèle).
4. Les actions en justice :
➢ Art 201 : L’utilisation d’un BI, marque sans l’autorisation de son auteur constitue une contrefaçon.
➢ Art 202 : Le titulaire du brevet peut exercer une action en contrefaçon contre les tiers ayant utilisés son invention
sans en avoir une licence. Qui peut exercer l’action en contrefaçon ?
• Le propriétaire du BI / marque ;
• Toute autre bénéficiaire d'un droit exclusif d'exploitation, si après la notification, le propriétaire n'exerce pas
cette action.
➢ Art 206 : Le délai de prescription : 3 ans à compter de la date des faits qui en sont la cause.
➢ Art 213 : Toute atteinte portée aux droits du titulaire d’un brevet qu’ils sont définis aux articles 53 et 54, elles
sont punies d’une peine de 2 à 6 mois d’emprisonnement et d’une amende de 50.000 MAD à 500.000 MAD.
➢ Art 215 : Un emprisonnement de 6 mois à 2 ans et à une amende de 100.000 à 500.000 dirhams ou à l'une de ces
deux peines seulement si le contrefacteur est un salarié ayant travaillé dans les ateliers ou dans l'établissement
du breveté.
➢ Art 225 : Sont considérés comme contrefacteurs et punis d'un emprisonnement de 3 mois à 1 an et d'une amende
de 100.000 à 1.000.000 dirhams ou de l'une de ces deux peines seulement : ceux qui ont contrefait une marque
enregistrée ou ont frauduleusement apposé une marque appartenant à autrui…

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B. Les pratiques anticoncurrentielles : ententes, abus de position dominante / les pratiques restrictives :
Loi n° 104-12 relative à la liberté des prix et de la concurrence
1. La liberté des prix :
➢ Art 2 : « Les prix des biens, des produits et des services sont librement déterminés par le jeu de la concurrence ».
Exceptions :
➢ Art 3 : Exclue secteurs, zones [situation de monopole ou de difficultés durables].
➢ Art 4 : Possibilité d’intervention de l’Etat en cas de ➴ ou ➶des prix en des circonstances exceptionnelles.
➢ Art 5 : Prix réglementés par l’Etat après accord avec les organisations intéressés.
2. Les pratiques anticoncurrentielles :
 Les ententes :
➢ Art 6 : Sont prohibées les actions suivantes, qui ont pour objet de fausser le jeu de la concurrence sur un
marché :
✓ Limiter l'accès au marché ou le libre exercice de la concurrence par d’autres entreprises ;
✓ Faire obstacle à la formation des prix par le libre jeu du marché en favorisant artificiellement leur hausse ou
leur baisse ;
✓ Limiter ou contrôler la production, les débouchés, les investissements ou le progrès technique ;
✓ Répartir les marchés, les sources d'approvisionnement ou les marchés publics.
 Abus de position dominante :
➢ Art 7 : Est prohibée, lorsqu'elle a pour objet ou peut avoir pour effet d’empêcher, de restreindre ou de fausser le
jeu de la concurrence, l’exploitation abusive par une entreprise ou un groupe d’entreprises :
1- d'une position dominante sur le marché intérieur ou une partie substantielle de celui-ci ;
2- d'une situation de dépendance économique dans laquelle se trouve un client ou un fournisseur ne disposant
d’aucune autre alternative équivalente.
L'abus peut notamment consister en refus de vente, en ventes liées ou en conditions de vente discriminatoires ainsi
que dans la rupture de relations commerciales établies, au seul motif que le partenaire refuse de se soumettre à des
conditions commerciales injustifiées.
➢ Art 8 : Est interdit de vendre avec un prix inférieur au coût de production (vente à perte), ou tout autre pratique
qui a pour objectif d’éliminer d’un marché, ou d’empêcher d’accéder à un marché, une entreprise ou l’un de ses
produits. NB : Il est valable dans le cas revente en l’état.
➢ Art 9 : Ne sont pas soumises aux dispositions des articles 6 et 7 les pratiques qui ont pour ambition de
contribuer au progrès économique / technique ; la création d’emplois. {+ Le monopole légale}.
➢ Art 10 : Tout engagement, convention ou clause contractuelle se rapportant à une pratique prohibée en
application des articles 6 et 7 ci-dessus est nul de plein droit.
2. La concentration :
➢ Art 11 : La concentration (la réunion de plusieurs entreprises en une seule), est interdite lorsque cette dernière
peut fausser les jeux de la libre concurrence.
➢ Art 12 : Toute opération de concentration doit être notifiée au conseil de la concurrence par les entreprises et les
parties concernées, avant sa réalisation.
➢ Art 23 : L’instance à saisir lorsqu’il s’agit d’un acte qui fausse la concurrence est : Le conseil de la concurrence.
{Délai de prescription : 5 ans}.
➢ Art 60 : Est interdit le fait par toute personne d'imposer, directement ou indirectement, un caractère minimal au
prix de revente d'un bien ou d’un produit, au prix d’une prestation de service ou à une marge commerciale.
➢ Art 61 : Il est interdit à tout producteur, importateur, grossiste ou prestataire de services :
a. De pratiquer, à l'égard d’un partenaire économique ou d’obtenir de lui des prix, des délais de paiement, des
conditions de vente ou des modalités de vente ou d'achat discriminatoires et non justifiés par des contreparties
réelles en créant de ce fait, pour ce partenaire, un désavantage ou un avantage dans la concurrence : {Pratiques
discriminatoires} ;
b. De refuser de satisfaire aux demandes des acheteurs de biens ou de produits ou aux demandes de prestations de
services, pour une activité professionnelle, lorsque ces demandes ne présentent aucun caractère anormal et
qu’elles sont faites de bonne foi : {Refus de vente} ;

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c. De subordonner la vente d'un bien ou d’un produit ou la prestation d’un service pour une activité
professionnelle, soit à l’achat concomitant d’autres biens ou produits, soit à l’achat d’une quantité imposée, soit
à la prestation d’un autre service : {Vente liée} ;
d. {La vente illégale des produits halieutiques, des légumes et des fruits}.
➢ Art 62 : Stockage clandestin ; Il est interdit de stocker en vue de spéculer ; stocker par des non commerçants ou
non producteurs ou artisan ; stocker des produits non rentrant dans le domaine d’activité.
❖ Sanction :
➢ Art 75 : Un emprisonnement de 2 mois à un 1 an et d'une amende de 10.000 à 500.000 dirhams ou de l’une de ces
deux peines seulement toute personne physique : {Art 6 et 7}.

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