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Quel type d’entreprises est soumis à des contraintes d’ordre linguistique, pour quelle activité
et dans quel contexte, pour quel public ?
*Le PNB des pays francophones représente environ 10% du PNB mondial.
La demande de formation linguistique des entreprises : une prise de conscience pas toujours
claire des besoins langagiers
• Précision de la demande
• Profil exact du public concerné
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• Comparaison entre les besoins prévisibles de ce public et ceux de l’entreprise
• Etude du contexte général de la formation demandée (situation linguistique,
contexte politique, social ou économique, politique éducative…)
• Conditions matérielles
• Evaluation requise.
Etude de cas
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Cas n°2 : société française ACC
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2. Etat des lieux et enquêtes de terrain, le français dans l’entreprise
Qu’en est-il de la situation actuelle de la politique linguistique préconisée par le ministère des
affaires étrangères ? Quel est l’état de la demande de formation en français et quelle
incidence sur l’appellation utilisée pour désigner un enseignement à des publics
professionnels, plus généralement quelle orientation de la didactique du FOS ?
Contrairement à une idée souvent répandue dans l’opinion publique, le ministère des affaires
étrangères (MAE) a pu recenser, depuis plusieurs années, une augmentation du nombre
d’apprenants de français dans le monde de l’ordre de 2 à 3% par an, augmentation globale
confirmée par le dernier numéro de l’Année francophone internationale, édition 2006 (p.332
et 333).
Dans une large mesure ces chiffres s’expliquent par la poussée démographique d’un certain
nombre de pays qui se répercute dans les classes de français.
Pour une autre partie, cette évolution positive est le reflet, en particulier pour les demandes
des publics adultes non captifs, de la mondialisation des échanges et de la mobilité
internationale qu’elle induit.
Ce constat a incité le MAE à élaborer en 2004 un programme de politique linguistique tourné
vers les « nouveaux publics » afin de permet au réseau culturel français à l’étranger de mieux
répondre à la demande.
Ces nouveaux publics maîtrisent souvent d’autres langues à côté desquelles ils veulent
rajouter une maîtrise du français dans un contexte précis.
Ils demandent des formations plus courtes, plus ciblées avec un important degré d’exigence.
Leurs objectifs sont encore plus spécifiques, mais pas toujours précis, et les débouchés
professionnels sont visés.
Par ailleurs les besoins linguistiques du monde professionnel confirment cette tendance. Une
enquête réalisée en 2003 par l’Observatoire de la Formation, de l’Emploi et des Métiers
(OFEM), auprès des entreprises françaises qui ont une activité à l’international, révèle que
pour échanger dans l’espace francophone, la maîtrise du français constitue un avantage
concurrentiel :
• Le français reste la langue de travail de 77% des entreprises
et 9% utilisent le français et l’anglais ;
• Les équipements de production et les technologies sont
exploités par la majorité des entreprises en français ;
• 50% des entreprises intègrent le français dans leurs
avantages par rapport à l’environnement concurrentiel
international.
Ainsi la maîtrise du français, aux côtés de l’anglais, est un atout considérable pour trouver un
emploi dans les entreprises francophones.
Comme le souligne le rapport de Catherine TASCA consacré aux pratiques linguistiques des
entreprises françaises (2003), l’usage unique de l’anglais dans le cadre des échanges
commerciaux affaiblit les capacités de négociation des entreprises, réduit les nuances
exprimées et appauvrit la communication. Si la nécessité de maîtriser l’anglais ne se discute
plus, en revanche elle ne suffit plus pour être pleinement compétitif. Il est notoire qu’on
touche mieux la clientèle d’un pays dans sa propre langue, qu’on communique mieux
lorsqu’il y a vraiment connaissance de la culture de l’autre (y compris les modes de vie) et
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échange entre les deux cultures. Comme l’indique le rapport : « plus l’entreprise est tournée
vers l’extérieur, vers une clientèle étrangère, et plus l’exigence de plurilinguisme est grande ».
Enquête 2006 du MAE et opération « Oui je parle français » ; 2006 (source : Francofil,
diplomatie.gouv)
Le Ministère des Affaires étrangères a réalisé en mars 2006 une enquête auprès de 78 filiales
d’entreprises françaises implantées dans 33 pays sur l’ensemble des continents (avec une forte
représentation de l’Europe, de l’Asie et du Moyen Orient) porte sur les pratiques linguistiques
de ces sociétés. Cette enquête vise notamment à mesurer si ces entreprises perçoivent leur
identité française ou francophone comme un atout dans la compétition mondiale.
Les entreprises françaises ayant répondu au questionnaire sont diverses (Air France, BNP-
Paribas, PSA, Bouygues, Accor, Carrefour, EDF…) et représentent les secteurs des
transports, de l’énergie, des finances, du tourisme, de l’agro-alimentaire et du bâtiment.
Il ressort des résultats de l’enquête que 99 % des filiales interrogées pensent que les
entreprises ont un rôle à jouer dans le rayonnement de la France. 59 % des filiales ont déjà
participé à un projet culturel en partenariat avec les services de l’ambassade de France.
(Parmi les filiales interrogées, 94 % entretiennent des rapports avec les services de
l’ambassade de France).
Les entreprises s’attachent à favoriser le plurilinguisme pour les échanges au sein de leur
société. Elles exigent de leur personnel une compréhension du français lorsque celui-ci est la
langue du siège. La culture d’entreprise est d’ailleurs plus facile à appréhender pour le
personnel local lorsqu’il maîtrise le français. Il devient alors plus « performant » comme l’a
constaté en 2001 le groupe Renault lors de sa fusion avec Nissan. L'usage généralisé de
l'anglais comme langue de l'alliance avec le groupe japonais s'est avéré être un handicap et a
été à l’origine d’un rendement réduit de part et d'autre. Renault a depuis choisi de donner des
bourses à des Japonais pour étudier le français en France.
L’enquête révèle ainsi que pour 41 % des filiales interrogées, la connaissance du français
« entre en ligne de compte » lors du recrutement de leurs salariés locaux. Elle est même une
condition expresse du recrutement dans 24 % des cas. Au total, la connaissance du français est
une question importante lors du recrutement dans 65 % des filiales interrogées.
La filiale de PSA en Slovaquie constitue un bon exemple de cette préoccupation des
entreprises. L’une des conditions d’embauche y est d’apprendre la langue française. PSA
offre donc des cours intensifs à ses salariés. L’année dernière, l’Institut français de Bratislava
a ainsi formé plus de 800 personnes pour le compte du groupe automobile qui a prévu de créer
3 500 nouveaux emplois à Trnava d’ici 2007. Les salariés de PSA vont donc s’initier au
français pendant les trois prochaines années. Il faut noter que la France est le deuxième
investisseur étranger en Slovaquie.
Les entreprises ont constaté que l’utilisation systématisée de l’anglais standardisé universel
peut conduire à un appauvrissement des échanges, voire à des incompréhensions, à l’intérieur
de l’entreprise comme dans les relations avec les partenaires. L’entreprise AXA Assistance a
ainsi mis en place début 2005 une « commission de terminologie » destinée à affiner la
communication interne du groupe, constatant que certains termes « franglais » étaient utilisés
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sans que certains salariés en connaissent la signification précise. Depuis 1995 déjà, le groupe
PSA met à disposition de ses salariés un glossaire de 500 mots français équivalents à des
termes techniques utilisés jusqu’ici en anglais.
L’analyse détaillée des résultats semble montrer une contradiction entre la prise de conscience
des enjeux et les pratiques linguistiques sur le terrain. L’emploi du français en interne au sein
de la filiale est un sujet qui intéresse 69 % des directeurs de filiales interrogés à titre
personnel. Seules 36 % des filiales utilisent cependant le français comme l’une des langues de
travail à l’interne et la tendance est à l’utilisation conjointe du français et de l’anglais afin de
ne pas exclure les cadres locaux non francophones.
Je parle
Quel intérêt ont les salariés locaux à apprendre le français ?
Quand le siège du groupe est français, la maîtrise de la langue française représente un atout
certain pour les cadres de la filiale en terme d’évolution de carrière. Le français reste en effet
la langue de travail avec le siège dans la moitié des filiales interrogées. 53 % des filiales
interrogées reconnaissent, en outre, que la pratique du français est « un plus » pour la mobilité
géographique et fonctionnelle. Cette pratique est même un préalable obligatoire à toute
mobilité dans 19 % d’entre elles. Au total, la pratique du français influe donc sur la mobilité
des salariés locaux dans 72 % des filiales.
55 % des filiales interrogées proposent des cours de français à leur personnel. Ces cours sont
obligatoires dans 5 % des filiales interrogées. 40 % d’entre elles sont impliquées dans le
financement d’une formation francophone ou d’une école mise en place par des instances
éducatives françaises.
La filiale de Carrefour en Roumanie soutient les formations dispensées par l’Institut Franco-
Roumain de Gestion de Bucarest et choisit une grande partie de ses futurs cadres parmi les
diplômés de ce cursus bilingue (100 salariés de cette filiale et 10 directeurs de magasins sont
issus de ces formations).
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1) Observation :
2) Entretiens détaillés :
3) Questionnaire :
Préparer un questionnaire avec des questions fermées et l’adresser à l’ensemble des personnes
concernées ainsi qu’au management.
Veiller à ce que le questionnaire soit rempli sous contrôle et à un moment donné pour éviter
les distorsions liées à la communication.
4) Lecture des annonces et des profils de postes, comparaison avec des référentiels
métiers :
Proposition de méthodologie :
1) Analyser des annonces et des profils de postes (ANPE, Code Rome, presse,
etc.) pour « se faire une idée » des compétences langagières nécessaires et/ou
demandées.
4) Mener deux ou trois entretiens détaillés (20 minutes environ chacun) pour
valider le questionnaire et y apporter éventuellement des modifications.
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Analyse des besoins ► Des hypothèses et une analyse évolutive
L’étape d’analyse des besoins consiste à recenser les situations de communication auxquelles
seront confrontés les apprenants à l'issue de la formation.
Il s'agit de répertorier les discours que les apprenants auront à dire, lire, écrire, commenter,
comprendre…, après un travail personnel de réflexion alimentée par l’expérience que
l’enseignant peut avoir du domaine concerné, dans un premier temps, puis d’une prise de
contact avec ce milieu professionnel ou universitaire dans un second temps.
Il formule des hypothèses en réponse à ces questions à partir de ses propres connaissances des
situations envisagées. La justesse et la précision des premières hypothèses s’avèrent très
variables en fonction du cas étudié. Si tout enseignant a déjà été confronté à des échanges à la
réception, au bar ou au restaurant d’un hôtel, d’autres situations apparaissant dans les
demandes de formation en FOS lui sont souvent peu familières
Le monde de la santé par exemple, même si tout le monde a fait l’expérience de la
consultation médicale ou de l’hospitalisation, il est en revanche plus difficile d’imaginer les
échanges qui interviennent entre médecins ou entre médecins et infirmières.
Même remarque s’agissant d’autres milieux professionnels comme celui du droit, des
agriculteurs en activité professionnelle…, tous échappent dans une large mesure aux
prévisions d’un enseignant de français.
C’est pourquoi l’analyse des besoins implique de prendre le premier contact avec le milieu
professionnel concerné.
Les outils de la première phase de l’analyse des besoins, celle qui se mène avant tout contact
avec le milieu concerné et toute collecte des données, consistent en des séries de questions
liées tout d’abord au lieu d’utilisation du français par les apprenants. Seront-ils en France ou
dans leur pays d’origine à l’issue de la formation ?
Dans le cadre de programme de formation en français langue d’enseignement universitaire, il
peut s’agir d’étudiants étrangers se préparant à poursuivre des études en France ou, dans le
cas de beaucoup de pays francophones, dans leurs propres universités où l’enseignement est
partiellement en français.
Il en va de même pour les publics suivant des formations liées au monde du tourisme et qui
dans la quasi totalité des cas exerceront leurs compétences chez eux dans l’accueil de touristes
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francophones (cas n°4 du chapitre précédent). Par contre les médecins du cas n°1, exerceront
une activité dans un hôpital français.
Selon que la formation a lieu sur le lieu d’utilisation de la langue ou à distance, l’enseignant
aura plus ou moins un accès facilité aux situations cibles.
La proximité géographique et culturelle avec ces situations cibles permet un meilleur travail
d’analyse de l’enseignant.
Quelles situations de communication peut-on prévoir par rapport à l’objectif assigné à la
formation ? Dans quels lieux, pour quelles actions ? En interaction orale ? Avec quels
interlocuteurs ? En lecture ? En écriture ?
Quelles sont les informations sur le contexte institutionnel ou social à connaître ?
Quelles sont les différences culturelles prévisibles ?
Dans le cas, souhaitable, où l’enseignant peut rencontrer les apprenants avant le début des
cours, les informations fournies par les apprenants vont s’ajouter à toutes les données déjà
collectées. Les apprenants l’informeront sur leur parcours professionnel et/ou scolaire -
universitaire, sur leur connaissance des situations cibles, de leur futur lieu de travail ou
d’études. Ces informations peuvent être recueillies sous forme de questionnaires écrits ou
d’entretiens, de préférence en langue maternelle.
Le questionnaire suivant, donné à titre d’exemple, a été conçu par l’Institut Français de Rabat1
afin d’analyser les besoins d’un public d’employés de l’hôtel D., dans le cadre d’un
programme de formation en FOS.
Questionnaire :
Nom : Sexe :
Prénom : Age :
Niveau de scolarisation :
Profession : Ancienneté à D. :
Parcours professionnel (avant D., puis à D.)
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Sous la direction de Dominique Casanova ancien directeur des cours de langue.
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Profession
Quelles sont les principales tâches que vous effectuez ?
Quels sont vos contacts avec la clientèle (nature, fréquence, langue(s) utilisée(s)) ?
Quels sont vos contacts avec vos collègues (nature, fréquence, langue(s) utilisée(s)) ?
Quels sont vos contacts avec votre hiérarchie (nature, fréquence, langue(s) utilisée(s)) ?
Rapport au français
En dehors du contact client, utilisez-vous le français dans votre travail ?
- En quelles occasions ?
Motivation
Que pensez-vous de cette formation ?
Observations
Etudes de cas
Pour chacun des cas suivants, établissez la liste des situations de communication dans
lesquelles des apprenants étrangers pourraient être impliqués à l’issue d’une formation en
FOS. Utilisez la grille fournie plus loin.
Pour chaque cas vous aurez aussi à répondre aux questions suivantes :
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la charte du patient, les parler et communiquer informations
notices des médicaments, avec les familles des concernant les
le dossier médical du patients patients lors de la
patient, les modes relève
d’emploi d’un outil ou solliciter un
d’un équipement médical, changement de jour
remplir la fiche de soins de travail ou de garde
infirmiers et le justifier,
comprendre les notices de appeler l’attention des
médicaments patients, de la famille,
remplir la fiche de des visiteurs en cas de
changement de services non observation du
règlement de l’hôpital
Le lieu d’utilisation de la langue est la France alors que la formation des infirmières est généralement l’Espagne.
L’enseignant peut recourir à sa propre expérience du milieu hospitalier ou interroger des infirmières françaises
de son entourage ou par l’intermédiaire de son institution.
Le recours à un questionnaire destiné à des infirmières et à des entretiens avec elles sur leur pratique
professionnelle est aussi nécessaire.
Cas n°2 : traduire et expliquer en Savoir accueillir les clients faire remplir des
français les documents francophones au guichet et documents écrits
Employés de banque devant locaux. traiter avec eux des
recevoir des Français dans opérations de change
leur pays, hors de la zone d’argent, d’ouverture de
francophone. compte
informer sur l’état du
compte, ou sur différents
problèmes tels que la perte
de carte bleue
savoir fournir toutes les
informations sur une
demande de prêt, une
opération de placement
expliquer les différences
de fonctionnement avec
les banques françaises
Le lieu d’utilisation de la langue est le même que celui de la formation des employés, c'est-à-dire leur pays
d’exercice.
L’enseignant peut recourir à sa propre expérience en se rendant dans une banque et en interrogeant les employés
au guichet.
Le recours à un questionnaire destiné aux employés et à leur hiérarchie ainsi qu’une observation des activités au
guichet semble nécessaire.
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