D é v e lo ppe me n t d es c haî ne s d e v al e ur e t a ug me nt at i on d u r ev e nu
Technique améliorée d'élevage de poulet gasy
en Androy et Anosy:
une réponse à la décapitalisation des cheptels
L’élevage de poulet Gasy a une place
importante dans les ménages des
régions Androy et Anosy. Majori-
tairement opéré par des femmes,
D
cet élevage permet aux familles de
subvenir à leurs besoins quotidiens,
et progressivement d’accumuler un
revenu plus important leur permettant
d’acquérir un cheptel de caprins
ou de zébus : signe d’une ascension
sociale, par l’amélioration des
techniques d’élevage. Des améliora-
tions techniques permettent de
maintenir un cheptel « capital »
en place, débouchant sur une bonne
reproduction du cheptel
et l’augmentation du revenu issu
de cette activité économique.
L’expérience d’AVSF dans les régions
du Sud Malagasy, présentée dans
cette fiche, démontre que de néces-
saires et utiles améliorations de la
conduite de l’élevage de poulet gasy,
ont abouti à un accroissement
du revenu – difficile certes à démontrer
mais identifiable par l’amélioration
des conditions socio-économiques
des ménages ruraux et particulièrement
de celles des femmes.
1
Selon une enquête réalisée en octobre 2017 dans le district de Tsihombe auprès de 385 éleveurs
1. L'élevage de volaille dans les ménages
des régions Anosy et Androy : un compte épargne
qui s’effrite rapidement
ans les régions Anosy et Androy,
l’élevage de volaille est répar ti
géographiquement de manière
homogène étant donné que la plupart des
ménages le pratique. Le cheptel moyen est
de 17 volailles par ménages . L’élevage de
volaille reste une activité peu demandeuse
d’investissement et peu couteuse. En effet,
les poulets gasy sont élevés en
divagation et ne bénéficient pas de soins
particuliers en termes de gardiennage
et d’alimentation.
Ce modèle d’élevage a sa propre fonction
dans la vie sociale et économique des agro-
éleveurs de ces régions : les volailles sont
vendues pour couvrir les besoins financiers,
certes mineurs mais périodiques. De tels
besoins financiers apparaissent en cas de
c h o c s c l i m a t i qu e s , p a r exe mp l e u n e
sècheresse prolongée affectant les récoltes
issues de l’agriculture familiale, ou en cas
de maladies affectant les animaux d’éle-
vage, ou en cas de chocs économiques
comme la flambée des prix des produits de
première nécessité. Selon le degré
de sévérité du choc, de plus en plus
récurrents au cours de ces dernières
années, et selon le degré de vulnérabilité
du ménage, l’on assiste à une décapitalisation
partielle ou totale des cheptels de volaille.
Cet élevage à cycle court constitue une
épargne et une source de trésorerie en cas
d’urgence survenue dans la vie quotidienne
des ménages ruraux. En d’autres termes,
l’élevage de volaille peut être considéré
comme un compte épargne, dont le cheptel
de base est le capital.Les « sorties » sont
les produits de la vente, les volailles mortes
ou perdues et les intérêts sont les volailles
issues de la reproduction du cheptel de
base. Dès lors que les sorties dépassent
les intérêts issus de la reproduction, la
décapitalisation débute réduisant le chep-
tel à quelques têtes jusqu’à l'épuisement.
De telle situation rend le ménage encore
plus vulnérable à d’autres chocs, les
enlisant dans un cycle infernal de pauvreté.
De ce qui précède, l’élevage de volaille a
certainement une place non négligeable
dans la vie économique des agro-éleveurs
du Sud. Il mérite une attention soutenue
p o u r s e d é ve l o p p e r e f f i c a c e m e n t e t
contribuer à l’amélioration des conditions
de vie socio-économiques des agro-éleveurs.
 D é v e lo ppe me nt d es ch aî ne s d e v al e ur e t a ug me nt at i on d u re v e nu
2. Comprendre les contraintes multiples au maintien
d’un cheptel de base et au développement
de l’élevage de volaille
L’él evage t radit ionnel de vola il le est
confronté à plusieurs facteurs ralentissant
son développement :
n Social : Comme mentionné précédemment,
les agro-éleveurs des régions Anosy et
Androy pratiquent un élevage d’épargne
dont l’objectif est d’avoir accès à une
liquidité permettant de subvenir à des
besoins ponctuels voire imprévus. L’effectif
du cheptel est très fluctuant, dépendant
des aléas sociaux pour la décapitalisation,
de la di sp oni b i li té ali mentai re et de
l’absence de pathologies pouvant toucher
les animaux.
De plus, l’élevage de volaille est pratiqué
en majorité par des femmes . Cette activité
permet ainsi de responsabiliser les
femmesdans le domaine de l’élevage et
ainsi participer au développement écono-
mique de ce secteur.
n Environnemental : Les périodes de
sécheresse chronique sont les principaux
aléas climatiques auxquels sont exposées
l’élevage de volaille dans le Sud Malagasy.
Deux périodes de sécheresse peuvent
induire une décapitalisation :
i) La première lors de l’insuffisance de pré-
cipitations en saison des pluies,soit entre
Janvier et Mars, réduisant considérable-
ment la récolte agricole. Cette période
de sécheresse (ou pluviométrie inférieure
à la normale) engendre une vente mas-
sive des volailles pour acheter les vivres
nécessaires à l’alimentation familiale.
Le prix de vente est généralement bas
puisque l’offre est abondante sur le
marché.
ii) La seconde période de sécheresse sévit
en fin de saison sèche, soit entre
Octobre et Décembre. A la fin de la
saison sèche, les ressources éner
gétiques et hydriques sont réduites
affectant principalement l’élevage de
volaille car il est délaissé au profit des
cheptels de bovin et de caprin. Malgré le
faible besoin alimentaire des volailles,
les mor talités peuvent augmenter,
réduisant ainsi leur effectif.
80% des membres des groupements d’éleveurs de volaille suivi par AVSF en 2017 sont des femmes
3
La période de soudure se situe entre Novembre à Avril dans le district de Tsihombe, et d’octobre à février pour le district d’Amboasary Atsimo
n Sanitaire : Les volailles, malgré l’élevage
de race locale, rustiques et adaptées au
contexte climatique, restent sensibles aux
aléas sanitaires tels que les épidémies de
peste aviaire (maladie de Newcastle), le
choléra aviaire et le Gumboroqui peuvent
décimer jusqu’à 100% du cheptel en cas
de non vaccination. De plus, le taux d’infes-
tation parasitaire (interne et externe) reste
élevé altérant fortement la croissance des
animaux pouvant même provoquer des
mortalités.
L’élevage de volaille n’étant pas considéré
comme un élevage de rente, les dépenses
en santé animale pour cette espèce ne
sont pas courantes. L’inter vention de
certaines ONG œuvrantdans le secteur de
la santé animale permet aux agro-éleveurs
de profiter des soins de santé animale
gratuits lors de campagne de vaccination
et de déparasitage.
n Économique :Désorganisé, le marché de
la volaille enregistre des variations consi
dérables entre les communes. À titre d’illus-
tration, en Novembre 2017, une volaille se
négociait à 7.000 Ar à Tsivory, tandis que le
prix atteignait 15.000 Ar à Anjampaly.
Les prix de vente sont aussi fluctuants
selon la période de l’année, plus élevés en
période de fêtes et au moment des
récoltes, et moins avantageux en période
de soudure , pour les agro-éleveurs. De
plus, un accroissement du prix d’un poulet
moyen a été constaté depuis 2014,allant
de 5.000 Ar à 12.000 Ar, à période et lieu
équivalents. L’offre insuffisante par rapport
à la demande des consommateurs et la
dotation de cheptel par des opérateurs de
projets de développement ou d’assistance
humanitaire dans la région en sont les
principales causes.
Les animaux sont vendus en proportion de
leur poids. Le poids de vente d’un animal
sur pied oscille entre 1 kg et 1,5kg pour un
âge entre 10 à 18 mois en moyenne.
La vente d’animaux intervient souvent en
cas de nécessité,au désavantage donc de
l’éleveur car la vente doit être rapide,
offrant ainsi un pouvoir de négociation plus
élevé à l’acheteur. Dans le cas contraire, si
un acheteur potentiel souhaite acquérir des
volailles auprès d’un éleveur qui n’est pas
dans le besoin, il aura des difficultés de
négociation et le prix en sera d’autant plus
élevé. Ce second cas s’est produit dans
bon nombre de communes du Sud, avec
les achats volumineux de volaille aux
éleveurs locaux, opérés par des ONG à des
fins de dotations pour d’autres éleveurs
vulnérables, comme mentionné plus haut.
En conséquence, le prix de vente des
volailles a quintuplé en trois ou quatre
années dans certaines zones. De telles
pratiques génèrent des profits pour les
éleveurs en possession d’un cheptel par
contre elles défavorisent les éleveurs qui
souhaitent se recapitaliser ainsi que le
consommateur.
n Zootechnique : Les performances de
croissance des animaux est le dernier
objectif des éleveurs de volaille. En effet,
l’élevage en divagation offre un avantage
certain en ce qui concerne les ressources
humaines nécessaire et les dépenses en
aliment, mais cette pratiquea aussi des
inconvénients d’un point de vue zootech-
nique : i) l’alimentation est incontrôlée,
aussi bien au niveau quantitatif que quali-
tatif ; ii) la reproduction est anarchique ;
iii) l’infestation par les maladiesest facilitée
par le contact avec d’autres volailles
d ’ é l eva g e vo i s i n ; et i v ) l a p r é d a t i o n
nocturne est augmentée.
Néanmoins, certaines pratiques tendent
à s’améliorer :
i) Du son de riz, de maïs ou de la farine de
manioc ou de patate douce sont
distribués quotidiennement aux volailles
pour un complément alimentaire ;
ii) Un poulailler fait de matériaux locaux
permet de cloitrer les volailles durant la
nuit et d’offrir un lieu de ponte ;
iii) Un coq est souvent présent dans le
cheptel du ménage pour la reproduction ;
iv) Etun animal malade restera à proximité
du poulailler ou de la maison de l’éleveur
permettant ainsi sa surveillance et évite
la propagation trop rapide aux autres
congénères.
AVSF s’est appuyé sur ces initiatives
te c h n i qu e s l o c a l e s et a a p p o r t é d e s
améliorations afin de réduire au maximum
la décapitalisation des cheptels de volaille
des éleveurs de sa zone d’intervention.
D év e l opp e me nt d e s cha în e s d e v a le ur e t au gm en t at io n du r e v en u
3. Des techniques d'élevage améliorées : nombreux avantages mais toujours
quelques contraintes
n La Santé Animale
La priorité des éleveurs est, dans l’ordre,
la santé des animaux suivie de très près
Photo 1: Séance de vaccination de volaille
n L’Alimentation
Seconde priorité selon les éleveurs :
un animal en bonne santé ne pourra le
rester que s’il est bien alimenté. L’alimenta-
tion restrictive, à base de provende unique-
ment, ne peut être promue dans le contexte
du Sud. En effet, les matières premières,
nécessaires à la fabrication de provende,
sont prioritairement utilisées pour l’alimentation
des ménages. Ensuite, les variationsdu
volume de production, liéesaux aléas
climatiques, ne permettentpas d’accompagner
les éleveurs traditionnels vers ce type
d’élevage.
La divagation diurne reste souvent de
mise, mais une complémentation est
nécessaire pour apporter à l’animal une
source supplémentaire d’énergie, de vitamines,
voire de protéine pour améliorer ou maintenir
la croissance des animaux, mais également
influer sur l’état de santé des animaux.
Des rations complémentaires, à base de
sous- produits et produits agricoles, sont
diffusées aux éleveurs.Cette complémen-
tation peut être composée de son de riz,
son de maïs, maïs, mil, manioc, patate
douce, légume, fruit, coquillage, reste de
poisson, termites ou vers. Les proportions
par l’alimentation. Le bon état de santé
des animaux est souvent synonyme de non
mortalité pour un éleveur.
peuvent varier en fonction de la disponi-
bilité des composants, mais l’objectif
principal demeure la complémentation
alimentaire. Au-delà de cette pratique,
les agro-éleveurs sont initiés vers une
Photo 2: Mangeoire couverte pour distribution de complément alimentaire
n Le logement des animaux
Le poulailler traditionnel dans les régions
Androy et Anosy est souvent restreint à
l’espace minimum nécessaire (total ou
d’une partie) du cheptel du ménage et est
fabriqué à base de matériaux disponible
non marchand.
Les solutions simples et ef ficaces en
termes de soins de santé animale sont la
vaccination et le déparasitage,réduisant
ainsi la mor talité récurrente due aux
épidémies qui sévissent dans la région.
Des campagnes de prophylaxie sanitaire
ont été faites à travers la mise en place
d’agents de santé animale de proximité
(MMAV ou Mpiompy Mpanampy amin’ny
Asa Veterinera) dans les communes de
certains districts. Ces agents sont aussi
formés pour sensibiliser les éleveurs et à
ef fectuer des soins de santé animale
payants.
La vente d’un poulet moyen permet aisé-
ment de financer le coût de la prophylaxie
de 10 à 15 têtes.
Les larges campagnes de sensibilisation et
la diminutionexceptionnelle du taux de morta-
lité des animaux vaccinés ont incité les éle-
veurs à adopter très rapidement cette
pratique et ainsi de réduire de plus de 80%
le taux de mortalité des volailles vaccinées.
démarche de professionnalisation de
l’élevage de volaille à travers un gain de
productivité ou au minima un maintien
de l’état d’engraissement et de santé
lors de période de sécheresse.
Dans le cadre de l’amélioration des
techniques d’élevage, un modèle de
poulailler traditionnel amélioré (PTA) a été
p r o m u p a r AV S F d a n s l e s d i s t r i c t s
de Tsihombe et d’Amboasary Sud.
 D é v e lo ppe me nt d es ch aî ne s d e v al e ur e t a ug me nt at i on d u re v e nu

Photo 3: Exemples de poulailler traditionnel

Le PTA a plusieurs avantages, il permet de :

a. Lutter efficacement contre les prédateurs nocturnes.
b. Améliorer l’alimentation des volailles en concentrant en un seul lieu, des mangeoires et abreuvoirs permettant de
pratiquer une complémentation alimentaire.
c. Suivre l’état de santé de ses animaux lorsque le cheptel est réuni en fin de journée
d. Faciliter les actes vétérinaires au besoin, très tôt le matin avant la sortie des animaux.

L’utilisation de matériaux locaux par les éleveurs permet une large adaptation du mode de construction du poulail-
ler. L’essentiel étant d’offrir aux volailles les avantages cités précédemment.

Photo 4 : Modèle de PTA promu dans les régions du Sud

Un bel exemple d’adaptation local d’une
technique d’élevage améliorée pour
augmenter la productivité est la création
d’un modèle de mini-poulailler mobile par
des éleveurs de Sampona, dans le district
d’Amboasary Atsimo.Ces mini-poulaillers
mobiles sont destinés aux jeunes volailles
d’1 à 2 mois. Ils sont utilisés pour « sevrer »
les jeunes des mères et relancer la ponte
des reproductrices. Les poulaillers sont
emmenés au champ où les animaux sont
libérés pour une période de divagation
alimentaire en plus de l’apport de
céréales ou de tubercules au quotidien.
Enfin, le poulailler permet de récolter la
matière organique issue des fientes des
volailles et d’accompagner l’éleveur dans
une démarcheagroécologique à travers la
valorisation de la matière organique issu
de l’élevage de volailles en tant que
fertilisant des sols agricoles.
La matière organique est soit utilisée
directement à la sortie du poulailler soit
stockée dans une fosse fumière, comme
aménagé ci-dessous à Senoro, Tsihombe.
Le coût d’un poulailler traditionnel reste
un investissement onéreux pour l’éleveur
mais l’utilisation de matériaux locaux
permet de réduire la dépense, et les
avantages à moyen terme permettent de
rentabiliser cette infrastructure. En
moyenne, la vente de 5 à 10 volailles
adultes permet d’auto-construire un
poulailler amélioré, selon la taille et le
degré de finition, à partir de matériaux
locaux
Dé v e l oppe m en t d e s c haî ne s d e v al e ur et aug me nt a ti on d u r e ve nu

Photo 5: Extrait de la fiche technique diffusée aux agro-éleveurs

n La Reproduction des jeunes.La mise en place de lieux de

La gestion de la reproduction est amé liorée
en respectant le bon sexe ratio mâle/
femmes (1/10), optimisant ainsi la fécon-
dation des reproductrices, et par consé-
quent augmentant le nombre de poussins
i ssus de l’élevage. La séparati on des
jeunes des adultes permet également de
maintenir un bon taux de reproduction tout
en garantissant une croissance normale
ponte et de couvaison dans le poulailler
améliore également le taux d’éclosion des
pondeuses.
Cependant, il n’y a pas encore de sélection
génétique des reproducteurs ou de schéma
d e r e p ro d u c t i o n . U n r e n o u v e l l e m e n t
périodique des coqs permet d’éviter des
problèmes de consanguinité.

Photo 7: Matière organique

issu de l'élevage de volaille
stockée dans une fosse
fumière

Photo 6: Modèle de mini-poulailler

4. Une augmentation significative du cheptel de volaille

avec des simples gestes techniques
L’adoption, mais surtout l’adaptation des
techniques d’amélioration d’élevage de
volaille, est très importante. En effet, pour
qu’une technique soit considérée comme
acquise par un éleveur, elle doit être
d’une part comprise, mais surtout être
réalisable d’un point de vue sociologique,
économique et répondre aux besoins et
correspondre aux objectifs des éleveurs.
De nombreuses techniques améliorées
ont été progressivement appropriées par
l e s é l eve u r s ( h a b i t a t , a l i m e n t a t i o n ,
reproduction) en exploitant au mieux les
ressources locales disponibles afin de
répondre aux « exigences » techniques
promues.
L’amélioration des techniques d’élevage
permet aux éleveurs de prendre con-science,
d’une par t, qu’un maintien ou qu’une
croissance de l’élevage de volaille est
possible à travers de simples gestes tech-
niques améliorés, et d’autre part, que
l’élevage de volaille peut être une source
stable de revenu complémentaire permet-
 D é v e lo ppe me nt d es ch aî ne s d e v al e ur e t a ug me nt at i on d u re v e nu

tant de subvenir aux besoins des
ménages. L’adoption des techniques
améliorées permet de maintenir un effec-
tif-cheptel constant chaque année
jusqu’àaugmenter l’effectif dans 86 % des
ménages ayant adoptés les techniques
améliorées. De plus, l’élevage de volaille
est principalement une activité menée
p a r l e s fe m m e s , p e r m e t t a n t a i n s i d e
subvenir aux besoins liés aux activités
familiales et sociales dont elles sont
responsables.
Seul l’aspect santé, qui est défini par un
protocole bien strict a été adopté sans
modification de la part des éleveurs. Mais
il s’agit d’une des améliorations qui a été
la plus adopté par les éleveurs aux vues
des résultats positifs sans appel et de la
disponibilité en produits vétérinaire.

« Je fais de l’élevage de volaille depuis des années. J’élevais des volailles de manière
traditionnelle, en divagation. Depuis 2016, j’ai suivi les conseils des techniciens. J’ai
construit mon propre poulailler amélioré, un investissement assez onéreux au départ, mais
j’y suis arrivée. Les autres femmes du village étaient sceptiques quand elles m’ont vu
construire une maison pour mes poules. J’ai vacciné et déparasité tous mes animaux,
fabriqué des mangeoires et abreuvoirs en bois, et donné chaque jour un peu de maïs, du
son de maïs ou des restes de manioc. Mes volailles sont en bonne santé et se reproduisent
très bien. C’est à ce moment que les autres femmes du village ont entendu mes conseils et
ont reproduit ce système elles aussi. Aujourd’hui, nous sommes plus de 15 femmes dans
notre groupement. L’élevage de volaille nous permet de payer l’écolage de nos enfants,
acheter quelques vivres en période de « kere » (famine) et acheter des caprins. J’ai démarré
l’élevage avec 5 volailles, et en moins de 18 mois j’ai déjà réussi à en avoir près de 70. Je
souhaite que toutes les femmes de mon groupement puissent développer leur élevage de
volaille et ainsi assurer l’avenir de nos enfants »

Mme ARIVOE Tantiny, présidente du groupement des éleveurs de volaille dans la commune de Behazomanga,
fokontany TevareSenoro, District de Tsihombe

Le taux d’adoption des 785 éleveurs ayant
reçu un accompagnement technique est le
suivant :
- Santé (Vaccination) : 70% des bénéfi-
ciaires
- Logement amélioré : 64 % des bénéfi-
ciaires
- Reproduction (choix des reproduc-
teurs) : 56 % des bénéficiaires
- Alimentation : 66 % des bénéficiaires
La dotation de cheptel de base a été
déterminante en ce qui concerne l’adoption
des techniques. La dotation a permis de
minimiser le risque économique généré
par un changement de technique d’élevage.
Une dotation de 1 coq et 4 poules, en
tant que cheptel reproducteur, a permis
aux éleveurs de suivre les recommanda-
tions des techniciens et ainsi apprécier
les innovations et leurs avantages en
termes de productivité.Toutefois, la majo-
rité des éleveurs appuyés ne souhaitent
pas dépasser les 30 têtes de reproduc-
teurs, jugeant cet effectifsatisfaisant pour
subvenir à leurs besoins d’une part, et
peu contraignant d’un point de vue
alimentation d’autre part.
A l’échelle du projet ASARA, tout comme
AVSF, les autres opérateurs de la compo-
sante ‘Appui à la production’ ont diffusé
également ces techniques améliorées
permettant aux agro-éleveurs d’optimiser
et de rentabiliser leur système d’élevage
de poulet gasy. Des appuis similaires ont
été développés dans les 2 districts de la
région Anosy, dans les 3 autres districts
de la région Androy et dans le district de
Vangaindrano.
Au bout de 3 ans de mise en œuvre du
projet ASARA, les changements suivants
sont constatés par les éleveurs : une nette
amélioration de la reproduction et de la
croissance des poulets, une diminution si-
gnificative du taux de mortalité et une
meilleure résilience des ménages face à
l’insécurité alimentaire qui persiste dans
la zone Sud. En décembre 2017, environ
4.400 éleveurs ont adopté au moins
3 techniques améliorées d’élevage de
poulet gasy et une augmentation de cheptel
de 26 600 poulets avait été enregistrée.

5. L’appui à la commercialisation : une voie d’accompagnement

à l’amélioration de la production
L’amélioration des techniques d’élevage
de volaille, dans ce cas-ci du poulet gasy,
permet de soutenir durablement une
économie locale et d’améliorer la sécurité
alimentaire des ménages. La demande
locale existe étant donné que les Malagasy
apprécient la volaille de race locale.
Malgré cela, sa commercialisation doit
être améliorée et structurée pour offrir
aux éleveurs locaux une perspective
d’évolution.
En effet, la majorité des ventes de volailles sur les prix des marchés et d’accompagner
est effectuée sur les marchés locaux. Il et/ou structurer des groupements d’éleveurs
est constaté une absence de : afin de valoriser leur production.
- de moyen d’information sur les prix des
Mots Clés : Poulet Gasy, Femme, élevage à
marchés voisins (au sein d’un territoire
cycle court, résilience, technique d’élevage
du district ou inter-régional).
amélioré, revenu, cheptel, production
- de structuration de groupements
d ’ é l eve u r s c a p a b l e s d ’ a s s u r e r d e s
Auteur : Grégoire PLEURDEAU, Assistant
ventes groupées
Technique Élevage et Santé Animale
Ainsi, il serait pertinent d’envisager la
mise en place d’un système d’information