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UNILU

Faculté Polytechnique
Département de Chimie Industrielle
UNIVERSITE DE LUBUMBASHI

Notes de cours à l’usage des étudiants


de 3ème Bachelier Ingénieur Civil

Conception Environnementale
et Analyse du Cycle de Vie

Prof. Dr Ir Arthur KANIKI TSHAMALA

Année Académique 2015‐2016


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Table des matières


Table des matières ..............................................................................................................i
Engagements pédagogiques ............................................................................................ 1
CONTENU DU COURS THEORIQUE ......................................................................... 3
Chapitre 1. ........................................................................................................................... 4
ENERGIE ET PROBLÈMES ASSOCIÉS ....................................................................... 4
1.1. Energie .................................................................................................................. 4
1.2.1. Généralités sur le concept énergie ................................................................. 4
1.2.2. Sources d’énergie et consommation ............................................................... 5
1.2. Combustibles fossiles ......................................................................................... 7
1.2.1. Charbon.......................................................................................................... 9
1.2.2. Pétrole et gaz naturel ................................................................................... 17
1.3. Combustibles synthétiques et autres possibilités ......................................... 23
1.4. Energie nucléaire............................................................................................... 25
Chapitre 2. ......................................................................................................................... 30
CHANGEMENT CLIMATIQUE................................................................................... 30
2.1. Bilan carbone ..................................................................................................... 30
2.1.1. Méthodologie ................................................................................................ 30
2.1.2. Périmètre d’étude ......................................................................................... 31
2.1.3. Importance ................................................................................................... 33
2.1.4. Bilan des émissions de GES ......................................................................... 34
Chapitre 3. ......................................................................................................................... 40
EVALUATION ENVIRONNEMENTALE .................................................................. 40
3.1. Etude d’Impact Environnemental (EIE) ........................................................ 40
3.1.1. Origine et définition du concept .................................................................. 40
3.1.2. Aperçu historique ........................................................................................ 41
3.1.3. Contenu minimal ......................................................................................... 41
3.1.4. Causes d’insuffisances ................................................................................. 42
3.2. Audit Environnemental et Inspections .......................................................... 44
3.2.1. Audit environnemental................................................................................ 44
3.2.2. Exemple de l’audit environnemental à TFM ............................................... 44

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3.2.3. Audit environnemental selon le Règlement minier ..................................... 46


3.2.4. Inspection environnementale en RDC......................................................... 46
3.3. Références environnementales........................................................................ 47
3.3.1. Grands principes environnementaux « universels » ................................... 47
3.3.2. Principes de l’Equateur................................................................................ 51
3.3.3. Principes de l’OCDE ................................................................................... 52
3.3.4. CLIP ............................................................................................................. 54
Chapitre 4. ......................................................................................................................... 58
ANALYSE DU CYCLE DE VIE ..................................................................................... 58

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Engagements pédagogiques Page - 1 -

Engagements pédagogiques

¾ Intitulé du cours : Conception Environnementale et Analyse du Cycle de Vie

¾ Code : CHIM303 (CE & ACV)

¾ Volume horaire : 75 heures (30 h théories + 15 h TD + 30 h TPE)

¾ Contenu des travaux pratiques :


‐ Exercices d’application
‐ Conférences‐débats
‐ Cinémas‐fora
‐ Visites d’entreprises
‐ Réalisation et présentation d’un travail pratique

¾ Répartition horaire :
‐ Cours théorique : 30 h
‐ Exercices d’application et visites d’entreprises : 8h 75 heures
‐ Cinémas‐fora et conférences‐débats : 7h
‐ Réalisation et présentation d’un travail pratique : 30 h

¾ Méthodes d’enseignement et d’apprentissage : Le cours théorique est exposé


ex cathedra en utilisant un vidéo projecteur. Le cours n’est pas dicté !!! Les
notes et les diapositives sont mises à la disposition des étudiants (en principe
avant le début du cours). La partie pratique du cours comprend les exercices
d’application, les conférences‐débats, les cinémas‐fora, les visites d’entreprises
ainsi que la réalisation et la présentation en groupe d’un séminaire sur une
question pratique.

¾ Méthodes d’évaluation :
ƒ Epreuve écrite : Questions théoriques sans notes
ƒ Epreuve orale : Préparation du sujet et défense orale
ƒ Réalisation et présentation d’un travail pratique

¾ Pondération des évaluations :


‐ Interrogations : 50%
‐ Séminaire (réalisation et présentation du travail pratique) : 25%
‐ Autres (TD, TP, rapport de visite, etc.) : 25%

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Engagements pédagogiques Page - 2 -

¾ Langues : Le cours est dispensé en français. Les conférences‐débats, les


cinémas‐fora et les visites d’entreprises peuvent connaître la participation des
orateurs parlant anglais.

¾ Objectif général : Apprendre à l’étudiant les notions susceptibles de lui


permettre d’intégrer la protection de l’environnement dans la conception,
l’évaluation et le choix des procédés et des produits. De façon spécifique,
l’étudiant devra apprendre les types d’énergie et les problèmes associés ainsi
que les outils et les techniques d’évaluation environnementale.

¾ Finalité : A la fin du cours, l’étudiant doit être capable de connaître les


principaux outils d’évaluation environnementale et d’intégrer les critères de
protection de l’environnement dans la conception, le jugement ou le choix
d’un procédé ou d’un produit (industriel ou artisanal).

¾ Pré‐requis : En plus des notions élémentaires de géographie, d’histoire, de


chimie et de physique de l’école secondaire, ce cours nécessite à la base une
connaissance préalable des notions d’Environnement et développement
durable (voir cours de BAC 1) et de Procédés industriels et environnement
(voir cours de BAC 2).

¾ Séminaire : Le séminaire est à réaliser en groupe sur une question pratique. Il


doit porter sur l’évaluation environnementale d’un procédé ou d’un produit
(industriel ou artisanal). Il sera question de choisir un procédé ou un produit
(existant, en cours d’élaboration ou à élaborer), l’analyser sur le plan
environnemental, effectuer des mesures in‐situ (si possible), procéder au
prélèvement et à l’analyse d’échantillons (si possible), établir le bilan d’énergie
et d’émissions des gaz à effet de serre (GES), interpréter et discuter l’ensemble
des résultats obtenus, rédiger le rapport et enfin le défendre publiquement.
L’objectif du séminaire est de permettre à l’étudiant de mettre en pratique les
notions théoriques rencontrées au cours des différentes activités organisées
dans le cadre du cours.

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Contenu du cours théorique Page - 3 -

CONTENU DU COURS THEORIQUE

Chapitre 1. Energie et problèmes associés


- Combustibles fossiles
- Energie nucléaire
- Energies renouvelables

Chapitre 2. Changement climatique


- Causes
- Conséquences
- Protocole de Kyoto
- COP 21
- Bilan C

Chapitre 3. Outils d’évaluation environnementale


- Étude d’incidence environnementale
- Audit environnemental
- Normes et certification
- Analyse du cycle de vie

Chapitre 4. Introduction à l’analyse du cycle de vie


- Méthode de calcul des impacts et méthodologie
- Outils d’analyse du cycle de vie
- Etude de cas

Remarque importante

La documentation correspondant à ce contenu comprend les notes des cours et les


slides projetés dans l’auditoire lors du cours théorique et mis à la disposition des
étudiants. Certaines notions du cours devant être présentées sous forme de
conférence‐débat ou de ciné‐forum, les présentations et autres documents fournis
par les orateurs seront également mis à la disposition des étudiants et considérés
comme notes de cours.

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1. Energie et problèmes associés Page - 4 -

Chapitre 1.
ENERGIE ET PROBLÈMES ASSOCIÉS
1.1. Energie

1.2.1. Généralités sur le concept énergie

Lʹénergie est définie en physique comme la capacité dʹun système à produire


un travail, entraînant un mouvement ou produisant par exemple de la lumière, de
la chaleur ou de l’électricité. Cʹest une grandeur physique qui caractérise lʹétat
dʹun système et qui est dʹune manière globale conservée au cours des
transformations. Lʹénergie sʹexprime en joules (dans le système international
dʹunités) ou souvent en kilowatts‐heures (kW∙h ou kWh).

Outre lʹénergie au sens de la science physique, le terme « énergie » est aussi


utilisé dans les domaines technologique, économique et écologique, pour évoquer
les ressources énergétiques, leur consommation, leur développement, leur
épuisement, leur impact écologique. Les principales ressources énergétiques sont
les énergies fossiles (le gaz naturel, le charbon, le pétrole), l’énergie
hydroélectrique, l’énergie éolienne, l’énergie nucléaire, l’énergie solaire, lʹénergie
géothermique.

Les activités économiques telles que les productions industrielles, le


transport, le chauffage des bâtiments, lʹutilisation dʹappareils électriques divers,
sont consommatrices de beaucoup dʹénergie ; lʹefficacité énergétique, la
dépendance énergétique, la sécurité énergétique et le prix de l’énergie y sont des
préoccupations majeures.

Une sensibilisation accrue aux effets du réchauffement climatique a conduit


ces dernières années à un débat mondial sur la maîtrise des émissions de gaz à
effet de serre et à des actions pour leur réduction. Cela conduit à envisager des
transformations des modes de consommation énergétique (transition énergétique),
pas seulement en raison des contraintes liées à lʹépuisement de lʹoffre, mais aussi à
cause des problèmes posés par les déchets, lʹextraction des énergies fossiles, ou
certains scénarios géopolitiques.

Après avoir exploité sa propre force et celle des animaux, l’homme a appris à
exploiter les énergies contenues dans la nature (d’abord les vents, énergie éolienne
et les chutes d’eau, énergie hydraulique) et capables de lui fournir une quantité
croissante de travail mécanique par l’emploi de machines : machines‐outils,
chaudières et moteurs. L’énergie est alors fournie par un carburant (liquide ou
gazeux, issu dʹénergie fossile ou non).

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1. Energie et problèmes associés Page - 5 -

L’expérience humaine a montré que tout travail requiert une force et produit
de la chaleur ; que plus on puise d’énergie par quantité de temps, plus vite on fait
un travail, et plus on s’échauffe.

Comme l’énergie est nécessaire à toute entreprise humaine,


l’approvisionnement en sources dʹénergie utilisables est devenu une des
préoccupations majeures des sociétés humaines.

Il faut noter quʹau sens de la physique, il nʹy a pas de « sources dʹénergie », ni


dʹ« énergies renouvelables », ni de « pertes dʹénergie », car lʹénergie ne peut ni se
créer ni disparaître (premier principe de la thermodynamique, Lavoisier,
Anaxagore…). Les questions autour de lʹénergie concernent donc sa
transformation, son stockage et son transport.

Les transformations de lʹénergie peuvent sʹopérer de plusieurs façons :


lʹénergie interne dʹun système change de forme (transformation de son énergie
potentielle en énergie cinétique par exemple) ou bien un système transmet son
énergie à un autre (par exemple, la transformation de lʹessence en chaleur puis en
énergie cinétique...).

Les questions du stockage et du transport de lʹénergie sont très importantes


pour les activités humaines, notamment pour compenser le caractère intermittent
de la production des énergies renouvelables.

1.2.2. Sources d’énergie et consommation

Toutes les activités humaines nécessitent de lʹénergie. Nous utilisons de


lʹénergie pour nous déplacer et construire, pour chauffer, rafraîchir et éclairer nos
lieux dʹhabitation et de travail. Nous utilisons de lʹénergie pour planter, arroser,
récolter, transformer, transporter et stocker la nourriture. On a besoin dʹénergie
pour en obtenir (pour forer et pomper le pétrole, pour exploiter le charbon et
lʹuranium, pour construire des panneaux solaires et pour faire fonctionner les
éoliennes).

Il y a une petite centaine dʹannées, presque toute lʹénergie utilisée par les
hommes était dérivée de lʹagriculture (bois, fumier et tourbe), du vent ou de lʹeau.
Les sources dʹénergie étaient locales et les individus étaient limités par la densité
dʹénergie de ces sources. La découverte du feu et la domestication des animaux ont
accru considérablement les capacités des hommes à tirer parti de leurs
environnements, mais ces progrès étaient minimes en comparaison du contrôle de
la chaleur produite par les combustibles fossiles et lʹénergie nucléaire. Lʹélectricité
permet la concentration de grandes quantités dʹénergie très utile, à partir dʹune
grande variété de sources. Cependant, la concentration dʹénergie a aussi conduit à

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1. Energie et problèmes associés Page - 6 -

une concentration de déchets associés à lʹénergie, en particulier de chaleur et dʹune


série de polluants.

Il existe une différence de consommation dʹénergie par habitant flagrante


entre les pays développés et les pays en développement.
• Canada : plus de 400 gigajoules par an par habitant ;
• Mexique : mois de 100 gigajoules par an par habitant ;
• Inde : moins de 50 gigajoules par an par habitant ;
• Nigéria : moins de 20 gigajoules par an par habitant.

Les pays développés consomment beaucoup plus dʹénergie par habitant que
les pays en développement. Bien quʹen 2000, seuls 20 % de la population mondiale
vivent dans des pays développés, ces personnes utilisaient 60 % de lʹénergie
consommée dans le monde. Lʹaméricain moyen utilisait environ dix fois plus
dʹénergie que le nigérien moyen. De plus, environ 60 % de lʹénergie utilisée au
Nigéria lʹétaient à des fins domestiques, comparé aux 20 % des États‐Unis.

Une comparaison des besoins en énergie pour la production alimentaire


illustre clairement les différences de consommation dʹénergie entre les pays en
développement et les pays développés. Dans les pays en développement, les
agriculteurs dépendent de leur propre énergie physique et de celle des animaux
pour labourer et entretenir les champs. À lʹopposé, dans les pays développés les
agriculteurs utilisent beaucoup dʹengins consommateurs dʹénergie, comme les
tracteurs, les chargeuses automatiques et les moissonneuses‐batteuses. La
fabrication des engrais et des pesticides largement utilisés dans lʹagriculture
industrialisée nécessitent davantage dʹénergie. Une des raisons pour lesquelles la
productivité agricole des pays développés est plus importante que celle des pays
en développement est que les pays développés ont accès plus facilement à
lʹénergie.
La consommation mondiale dʹénergie a augmenté chaque année depuis 1982
et la majeure partie de cette augmentation a eu lieu dans les pays en
développement. De 2003 à 2004, par exemple, la consommation dʹénergie dans le
monde a augmenté dʹenviron 2,5 % et la majorité de cette augmentation venait de
la Chine et de lʹInde. Un des objectifs des pays en développement est dʹaméliorer
leur niveau de vie. Un moyen dʹatteindre cet objectif passe par le développe ment
économique, un procédé accompagné habituellement dʹune hausse de la
consommation dʹénergie par habitant. De plus, la population humaine continue de
croître et cette augmentation aura majoritairement lieu dans les pays en
développement.

À lʹopposé, la population des pays développés est plus stable et de nombreux


spécialistes pensent que la consommation dʹénergie par habitant de ces pays a
peut‐être atteint ou est proche de la saturation. Les demandes supplémentaires en
énergie peuvent être satisfaites par une efficacité énergétique accrue, une

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1. Energie et problèmes associés Page - 7 -

utilisation moindre dʹénergie pour accomplir la même tâche pour des biens de
consommation comme les appareils ménagers, les automobiles et lʹisolation des
maisons. Lʹefficacité énergétique va de 0 à 100 %, lʹutilisation de gaz naturel pour
le chauffage a une efficacité de presque 100%, alors que lʹefficacité de la
combustion de gaz naturel pour générer de lʹélectricité a une efficacité maximum
dʹenviron 60%.

Par exemple aux États‐Unis, lʹindustrie, qui englobe la production de


produits chimiques, de minerais, dʹaliments et dʹautres sources dʹénergie,
représente environ 42 % de lʹénergie que les citoyens américains consomment. Le
confort des bâtiments, cʹest‐à‐dire le chauffage, lʹair conditionné, lʹéclairage et lʹeau
chaude nécessitent 33 % dʹénergie supplémentaires. Les 25 % restant dʹénergie
consommée servent au transport, essentiellement aux véhicules motorisés.

1.2. Combustibles fossiles

On appelle combustible fossile tous les combustibles riches en carbone —


essentiellement des hydrocarbures — issus de la méthanisation dʹêtres vivants
morts et enfouis dans le sol depuis plusieurs millions d’années, jusqu’à parfois
650 millions d’années. Il s’agit du pétrole, du charbon, de la tourbe et du gaz
naturel. Parmi ces derniers, le méthane (CH4) présente le rapport H/C le plus
élevé, tandis que l’anthracite et certaines houilles sont composés de carbone
presque pur. Ces sources dʹénergie ne sont pas renouvelables car elles demandent
des millions dʹannées pour se constituer et parce quʹelles sont utilisées beaucoup
plus vite que le temps nécessaire pour recréer des réserves.

On obtient lʹénergie à partir de sources variées comme les combustibles


fossiles, les réacteurs nucléaires, la biomasse, les sources dʹénergie solaire et
dʹautres sources dʹénergie alternatives. Aujourdʹhui, les combustibles fossiles (le
charbon, le pétrole et le gaz naturel) fournissent la majorité de lʹénergie nécessaire.
Un combustible fossile est composé des restes dʹorganismes, comprimés dans un
environnement privé dʹoxygène. Les combustibles fossiles sont les résultats de la
photosynthèse qui a capturé lʹénergie solaire il y a des millions dʹannées.

Les combustibles fossiles sont des ressources non renouvelables (la croûte
terrestre a une réserve limitée de ces ressources et cette réserve diminue au fur et à
mesure quʹelle est utilisée). Bien que les processus naturels assurent toujours la
fabrication du charbon et dʹautres combustibles fossiles, ils se forment trop
lentement (sur une échelle de plusieurs millions dʹannées) pour remplacer les
réserves que nous utilisons actuellement. La formation de combustibles fossiles
nʹarrive pas à suivre le rythme de son utilisation et quand les combustibles fossiles
seront épuisés, nous devrons nous tourner vers dʹautres formes dʹénergies.

Comment les combustibles fossiles se sont‐ils formés?

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1. Energie et problèmes associés Page - 8 -

Il ya trois cent millions dʹannées, le climat de la Terre était tempéré et chaud


et les niveaux de dioxyde de carbone de lʹatmosphère étaient plus élevés. De
vastes marécages étaient remplis dʹespèces de plantes qui ont disparu depuis
longtemps. Beaucoup de ces plantes (prêles, fougères et mousses) étaient aussi
grandes que des arbres.

Dans la plupart des environnements, les plantes se décomposent rapidement


après leur mort en raison de lʹactivité des décomposeurs comme les bactéries et les
champignons. Au fur et à mesure que les vieilles plantes des marécages
mourraient naturellement ou à cause des dégâts causés par un orage, elles
tombaient dans le marécage et étaient recouvertes par de lʹeau. La présence dʹeau
empêchait les plantes de se décomposer entièrement; les champignons
responsables de la décomposition du bois ne peuvent pas agir sur le matériel
végétal dépourvu dʹoxygène et les bactéries anaérobies, qui se développent dans
des environnements pauvres en oxygène décomposent le bois très lentement.
Avec le temps, de plus en plus de plantes mortes se sont accumulées. À la suite de
changements périodiques du niveau de la mer, des sédiments (particules
minérales déposées par gravité) se sont accumulées, formant des couches qui ont
recouvert le matériel végétal. Des millions dʹannées sʹécoulèrent et la chaleur et la
pression qui accompagnaient son ensevelissement ont amené la transformation de
ce matériel végétal non décomposé en une roche riche en carbone appelée charbon
et les couches de sédiments en roche sédimentaire. Beaucoup plus tard, la
surrection géologique a soulevé ces couches qui se sont rapprochées de la surface
de la Terre.

Le pétrole sʹest formé lorsquʹun grand nombre dʹorganismes aquatiques


microscopiques sont morts et se sont déposés dans les sédiments.

Au fur et à mesure que ces organismes sʹaccumulaient, leur décomposition


réduisait le peu d’oxygène présent dans les sédiments. Lʹenvironnement en
résultant, pauvre en oxygène, empêchait quʹils se décomposent davantage. Au fil
du temps, les restes morts étaient recouverts et enterrés plus profondément dans
les sédiments. Bien que nous ne connaissions pas les réactions chimiques qui
produisent le pétrole, la chaleur et la pression provoquées par lʹensevelissement
ont sans doute aidé à transformer ces restes en un mélange dʹhydrocarbures
(molécules qui contiennent du carbone et de lʹhydrogène) connu sous le nom de
pétrole.

Le gaz naturel, composé essentiellement par lʹhydrocarbure le plus simple, le


méthane, sʹest formé de manière similaire au pétrole mais à des températures plus
élevées souvent au dessus de 100°C.

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Pendant des millions dʹannées, alors que les restes des organismes étaient
transformés en pétrole ou gaz naturel, les sédiments qui les recouvraient se sont
transformés en roches sédimentaires.

En un sens, la combustion de combustibles fossiles représente


lʹaccomplissement du cycle du carbone. Normalement lʹénergie solaire et le
dioxyde de carbone obtenus par la photosynthèse sont accumulés pendant des
semaines ou des années et ensuite consommés et relâchés. Dans le cas des
combustibles fossiles, lʹénergie et le carbone furent stockés pendant des millions
dʹannées, mais sont relâchés depuis environ un siècle.

1.2.1. Charbon

Bien que le charbon ait été utilisé comme combustible pendant des siècles,
ce nʹest qu’à partir du XVIIIe siècle quʹil commença à remplacer le bois et devint le
combustible dominant dans le monde occidental. Depuis cette période, le charbon
a eu un impact considérable dans lʹhistoire de lʹhomme. Cʹest le charbon qui faisait
marcher les machines à vapeur et qui fournissait lʹénergie pendant la Révolution
Industrielle, qui commença au milieu du XVIIIe siècle. Aujourdʹhui, on utilise le
charbon pour produire de lʹélectricité et les industries lourdes lʹutilisent pour la
fabrication de lʹacier. La consommation de charbon a monté en flèche ces dernières
années, en particulier dans les économies en rapide expansion de la Chine et de
lʹInde, toutes deux ayant de grandes réserves de charbon.

On trouve du charbon de différentes qualités, en fonction des différentes


quantités de chaleur et de pression auxquelles il a été soumis au cours de sa
formation. Le charbon qui a été exposé à une chaleur et une pression élevées est
plus sec, plus compact (et donc plus dur) et à un pouvoir calorifique plus élevé
(cʹest‐à‐dire quʹil a une densité en énergie plus élevée). La lignite, le charbon sous‐
bitumineux, le charbon bitumineux et lʹanthracite sont les quatre qualités les plus
courantes de charbon.

La lignite est un charbon tendre, marron ou marron‐noir, dont la texture est


ligneuse et douce. Il est humide et en comparaison avec les autres types de
charbon, il produit peu de chaleur. La lignite est souvent utilisée pour alimenter
les centrales électriques.

Le charbon sous‐bitumineux est un charbon de qualité intermédiaire entre


la lignite et le bitume. Comme la lignite, ce charbon a une valeur calorifique
relativement basse et il contient peu de soufre. De nombreuses centrales
électriques à charbon brûlent ce type de charbon car sa teneur en soufre est faible.

Le charbon bitumineux, le plus fréquent, est aussi appelé houille grasse,


même sʹil est plus dur que la lignite et le charbon sous‐bitumineux. Il va dʹun noir

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1. Energie et problèmes associés Page - 10 -

terne à un noir brillant avec des bandes ternes. La majeure partie du charbon
bitumineux contient du soufre, élément chimique qui provoque de sérieux
problèmes environnementaux quand le charbon est brûlé sans matériel permettant
de contrôler la pollution. Cependant, les centrales électriques utilisent
énormément le charbon bitumineux car il produit beaucoup de chaleur.

La meilleure qualité de charbon, lʹanthracite (ou charbon dur), a été exposé


à des températures extrêmement élevées pendant sa formation. Il est foncé, noir
brillant et pollue moins en brûlant (produisant le moins de polluants par unité de
chaleur dégagée) que tous les autres types de charbon parce quʹil nʹest pas
contaminé par de grandes quantités de soufre. Lʹanthracite a la capacité de
production calorifique la plus élevée de tous les charbons. On trouve
habituellement le charbon dans des veines, couches souterraines dont lʹépaisseur
varie de 2,5 cm à plus de 30 m. Les géologues pensent que la plupart, sinon tous,
les principaux gisements houillers ont été identifiés. La préoccupation des
scientifiques travaillant sur le charbon est donc moins la découverte de nouveaux
gisements que la sécurité et les problèmes environnementaux liés au charbon,
comme le brûlage des veines de charbon.

Figure 1.1. Types de charbon en fonction de la profondeur

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1. Energie et problèmes associés Page - 11 -

Réserves de charbon

On trouve le charbon, combustible fossile le plus abondant, principalement


dans lʹhémisphère Nord. Les plus grands gisements houillers se situent aux États‐
Unis, en Russie, en Chine, en Australie, en Inde, en Allemagne et en Afrique du
Sud. Les États‐Unis possèdent dʹimmenses gisements représentant 25 % des
réserves mondiales de charbon. Dʹaprès lʹInstitut mondial des ressources (World
Resources Institute), les réserves de charbon connues dans le monde pourraient
durer plus de 200 ans au rythme actuel de consommation. Les ressources en
charbon actuellement trop onéreuses à exploiter, peuvent fournir suffisamment de
charbon pendant encore 1000 ans ou plus (si lʹon sʹen tient au rythme actuel de la
consommation). Certains gisements houillers, par exemple, sont enfouis à plus de
1.500 mètres dans la croûte terrestre. Le forage dʹun puits aussi profond coûterait
considérablement plus cher que le prix actuel du charbon ne le justifierait.

Exploitation minière du charbon

Les deux principaux types de mines de charbon sont les mines à ciel ouvert
et les mines souterraines. Le type de mine choisi dépend de lʹaspect de la surface
et du lieu du gisement par rapport à la surface. Si le gisement est à moins de 30 m
de la surface, on utilise habituellement lʹexploitation à ici ouvert.

Dans un type dʹexploitation à ciel ouvert, une tranchée est creusée pour
extraire le charbon qui est retiré du sol et chargé dans des wagons ou camions.
Ensuite une nouvelle tranchée est creusée parallèlement à la précédente et le mort‐
terrain de la nouvelle tranchée est déposé dans lʹancienne tranchée, créant ainsi
une colline ou terril. Le creusement des tranchées nécessite lʹutilisation de
bulldozers, de pelleteuses géantes et dʹexcavateurs pour retirer la terre qui
recouvre la veine. Lʹexploitation à ciel ouvert permet dʹextraire 60 % du charbon
exploité aux États‐Unis.

Quand le charbon est plus profond dans le sol, ou lorsquʹil sʹenfonce


profondément dans le sol à partir dʹun affleurement à flanc de coteau, il est extrait
sous terre. Lʹexploitation souterraine représente approximativement 40 % du
charbon exploité aux États‐Unis.

Lʹexploitation à ciel ouvert présente plusieurs avantages sur lʹexploitation


souterraine: cette méthode est habituellement moins coûteuse et moins
dangereuse pour les mineurs et elle permet généralement une extraction plus
complète du charbon. Cependant, lʹexploitation à ciel ouvert perturbe plus
considérablement la terre que lʹexploitation souterraine et peut éventuellement
provoquer des problèmes environnementaux graves.

Problèmes de sécurité associés au charbon


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1. Energie et problèmes associés Page - 12 -

Bien que nous nous concentrions habituellement sur les problèmes


environnementaux provoqués par lʹexploitation minière et la combustion du
charbon, il existe, lors du processus dʹextraction, des risques pour les humains en
termes de sécurité et de santé. Lʹexploitation minière souterraine est une
profession dangereuse. Dʹaprès le Département américain de lʹénergie (DOE), au
cours du XXème siècle, plus de 90.000 mineurs américains sont morts dans des
accidents survenus au cours de lʹextraction, mais le nombre de décès par année a
énormément baissé pendant la dernière partie du xx∙ siècle. Les mineurs ont un
risque accru de contracter un cancer et de développer une silicose, maladie dans
laquelle les poumons sont couverts de poussière de charbon inhalée et lʹéchange
dʹoxygène entre les poumons et le sang est sévèrement restreint. On estime que ces
maladies sont responsables de la mort dʹau moins 2.000 mineurs chaque année aux
États‐Unis.

Impacts de lʹexploitation minière sur lʹenvironnement

Lʹexploitation houillère et plus particulièrement lʹexploitation à ciel ouvert,


a des effets considérables sur lʹenvironnement. Aux États‐Unis, avant le vote de la
Loi sur le contrôle de lʹexploitation à ciel ouvert (Surface Mining Control and
Reclamation Act, SMCRA) en 1977, les mines de charbon à ciel ouvert
abandonnées étaient habituellement laissées comme telles. De grands murs, des
falaises de roches creusées, dont certains atteignaient des hauteurs de plus de 30 m
étaient ainsi laissés à lʹabandon. Le drainage de minerais acides et toxiques à partir
de ces mines, ainsi que le retrait de la couche sommitale enterrée ou emportée par
lʹérosion, ont empêché la plupart des plantes de recoloniser naturellement le sol.
Les ruisseaux furent pollués par les sédiments et par le drainage minier acide qui a
lieu quand lʹeau de pluie sʹinfiltre à travers les minerais comme le sulfure de fer,
présent dans les déchets miniers. Des glissements de terrain eurent également lieu
sur les collines rendues instables par le manque de végétation.
Les terrains autour des mines à ciel ouvert peuvent être restaurés afin
dʹempêcher une telle dégradation et rendre la terre productive dans dʹautres buts,
même si cette restauration est coûteuse et techniquement difficile. La SMCRA
exige que les compagnies houillères restaurent les zones qui ont été exploitées à
ciel ouvert depuis 1977. La SMCRA protège ainsi lʹenvironnement en exigeant des
autorisations et des inspections des exploitations minières en activité et
lʹassainissement des sites.

La SMCRA interdit lʹexploitation minière dans les zones sensibles, comme


les parcs nationaux, les réserves naturelles, les rivières sauvages et pittoresques et
les sites qui font partie du Registre national des sites historiques (National
Register of historic Places). De plus, la SMCRA stipule que les terrains des mines à
ciel ouvert abandonnées avant 1977 (plus de 0,4 million dʹhectares) devraient être
petit à petit restaurés en utilisant les taxes que les entreprises houillères payent sur
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1. Energie et problèmes associés Page - 13 -

le charbon actuellement exploité. Un des types dʹexploitation à ciel ouvert les plus
destructifs est lʹextraction sur les cimes. Une pelleteuse géante dont le bras est haut
de 20 étages, extrait de la montagne dʹénormes morceaux de sol, finissant par
enlever la cime entière de la montagne pour atteindre le charbon situé en dessous.
Lʹextraction sur les cimes a rasé entre 15 et 25 % des cimes dans lʹouest de la
Virginie. Les vallées et les ruisseaux qui se trouvaient entre ces montagnes ont
aussi disparu et sont remplis de débris provenant des cimes. Lʹextraction sur les
cimes est aussi pratiquée dans certaines régions du Kentucky, de la Pennsylvanie,
du Tennessee et de la Virginie.

En 1977, lorsque la SMCRA fut votée, la technologie utilisée à lʹépoque pour


lʹextraction sur les cimes, était capable dʹextraire la veine de charbon supérieure le
long dʹune ligne de crête. De nos jours, lʹextraction des cimes retire jusquʹà 16
veines de charbon, de la crête jusquʹà la base dʹune montagne. En 2002, un juge
fédéral confirma une décision prise par la cour en 1999, qui consistait à limiter
lʹextraction sur les cimes, car le dépôt dʹune roche, qui a été retirée de la cime
dʹune montagne et qui est considérée comme un déchet dans les vallées est une
violation dʹune loi sur lʹeau (Clean Water Act) (les déchets comblent les ruisseaux).

Impacts environnementaux de la combustion du charbon

Lʹéquilibre entre le CO2 de lʹatmosphère, le CO2 dissous dans lʹocéan et le


CO2 des matières organiques, évolue sur de longues périodes (des milliers ou des
millions dʹannées). Au siècle dernier cependant, nous avons relâché tellement de
CO2 dans lʹatmosphère en consommant les combustibles fossiles que lʹéquilibre du
CO2 de la terre a été perturbé.

La température du globe a été affectée car la concentration en CO2 dans


lʹatmosphère empêche la chaleur de sʹéchapper de la planète. Une hausse de
quelques degrés de la température du globe, provoquée par des niveaux plus
élevés de CO2 et dʹautres gaz à effet de serre, nʹapparaît pas comme un problème
grave au premier abord, mais si lʹon observe de plus près ce phénomène, on
sʹaperçoit quʹune telle hausse est potentiellement dangereuse.

Une hausse globale des températures a entraîné la fonte de la calotte polaire


et des glaciers, augmenté le niveau des mers et conduira à lʹinondation de régions
côtières. Ce phénomène augmentera lʹérosion côtière et menacera les bâtiments
situés sur les côtes (ainsi que les habitants) en cas de tempêtes violentes. La
combustion du charbon entraîne des problèmes de CO2 plus graves que celle
dʹautres combustibles fossiles, parce quʹen brûlant du charbon, il y a plus de CO2
libéré par unité dʹénergie calorifique produite.

La combustion du charbon dégage plus de polluants dans lʹatmosphère


(CO2 compris) que le pétrole ou le gaz naturel. Le charbon contient souvent du
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1. Energie et problèmes associés Page - 14 -

mercure qui est relâché dans lʹatmosphère pendant la combustion. Ce mercure se


déplace facilement de lʹatmosphère vers lʹeau et la terre, sʹaccumule dans
lʹenvironnement et représente un danger pour les hommes et pour la faune et la
flore. Aux États‐Unis, les centrales électriques qui brûlent du charbon produisent
actuellement un tiers des émissions de mercure en suspension dans lʹair.

La majeure partie du charbon bitumineux contient du soufre et de lʹazote


qui, une fois brûlés, sont relâchés dans lʹatmosphère sous la forme dʹoxydes de
soufre (SO2 et SO3) et dʹoxydes dʹazote (NO, NO2 et N2O). Les oxydes de soufre
ainsi que les oxydes dʹazote NO et NO2 forment des acides lorsquʹils réagissent
avec lʹeau. Ces réactions ont pour résultat la formation de dépôts acides.

La combustion du charbon est responsable des dépôts acides qui sont


particulièrement répandus dans lʹair, transportés par le vent en provenance des
centrales électriques brûlant du charbon. Une pluie normale est légèrement acide
(pH 5,6) mais dans certaines régions, les précipitations acides ont un pH de 2,1,
soit lʹéquivalent de celui du jus de citron. Lʹacidification des lacs et des ruisseaux a
eu pour résultat le déclin des populations dʹanimaux aquatiques et est liée en
partie au dépérissement des forêts observé dans le monde entier.

Bien quʹil soit relativement facile dʹidentifier et de mesurer les polluants


comme le soufre et les oxydes dans lʹatmosphère, il est plus difficile de déterminer
leurs origines exactes. Les flux dʹair transportent et dispersent les polluants
atmosphériques qui sont souvent formés par des réactions chimiques au contact
dʹautres polluants de lʹair. Néanmoins, certains pays souffrent clairement des
dégâts causés par les dépôts acides provoqués par des polluants atmosphériques
produits dans dʹautres pays. Les dépôts acides constituent ainsi un problème
international.

Faire du charbon un combustible moins polluant

Il est possible de réduire les émissions de soufre associées à la combustion


du charbon en installant des filtres épurateurs ou systèmes de désulfuration afin
de nettoyer les gaz dʹéchappement des centrales électriques. Quand lʹair pollué
passe à travers un filtre, les produits chimiques de lʹépurateur réagissent à la
pollution et entraînent son dépôt. Les épurateurs modernes éliminent des
cheminées dʹusine 98 % du soufre et 99 % des matières particulaires. Les systèmes
de désulfuration sont onéreux; ils coûtent environ 50 à 80 € par kilowatt installés
soit environ 10 à 15 % du coût de construction dʹune centrale électrique à charbon.

Dans les épurateurs à chaux, un pulvérisateur chimique dʹeau et de chaux


neutralise les gaz acides comme le dioxyde de soufre qui restent sous forme de
dépôts de sulfate de calcium et qui devient problématique à éliminer. Une grosse
centrale électrique peut produire annuellement suffisamment de dépôts pour
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1. Energie et problèmes associés Page - 15 -

recouvrir 2,6 km2 de terres sur une épaisseur de 0,3 m. Même si les centrales
électriques se débarrassent actuellement de ces dépôts dans des décharges,
certaines ont trouvé des marchés pour ce matériau. Dans le cadre du recyclage des
ressources, la boue est traitée comme un produit commercialisable plutôt que
comme un produit pollué.

Certaines sociétés ont commencé à vendre du sulfate de calcium provenant


des dépôts dʹépurateurs aux fabricants de cloisons sèches. (Les cloisons sèches
sont fabriquées traditionnellement à partir de gypse, minéral composé de sulfate
de calcium.) Dʹautres sociétés utilisent les cendres volantes, les cendres provenant
des conduits de cheminée pour fabriquer du béton léger qui pourrait remplacer le
bois dans lʹindustrie du bâtiment. Certains agriculteurs ont commencé à utiliser
une forme de boue (sulfate de calcium) comme engrais pour le sol. Les plantes
poussent mieux car le sulfate de calcium neutralise les acides présents dans
certains sols et augmentent la capacité de rétention en eau du sol. (Le sulfate de
calcium agit comme une éponge.)

Les technologies pour un charbon propre sont de nouvelles méthodes mises


au point pour brûler du charbon qui ne polluera pas lʹatmosphère avec des oxydes
de soufre et qui réduiront sensiblement la production dʹoxyde dʹazote. Parmi ces
technologies, nous pouvons citer la combustion sur lit fluidifié ainsi que la
liquéfaction et la gazéification du charbon. Cependant, ces technologies ont peu
dʹimpacts sur la réduction des émissions de CO2.

La combustion sur lit fluidifié mélange le charbon concassé avec des


particules de calcaire dans un fort courant dʹair pendant la combustion (Figure
1.2).

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1. Energie et problèmes associés Page - 16 -

Figure 1.2. Combustion sur lit fluidifié du charbon

La combustion sur lit fluidifié a lieu à une température plus basse que le
brûlage régulier du charbon et produit moins dʹoxydes dʹazote (quand les
températures sont plus élevées, lʹazote atmosphérique réagit avec lʹoxygène et
forme des oxydes dʹazote.). Le soufre qui se trouve dans le charbon réagit avec le
calcium du calcaire pour former du sulfate de calcium. Celui‐ci précipite ensuite à
lʹextérieur et est ainsi éliminé du charbon lors de sa combustion. La présence
dʹépurateurs nʹest ainsi plus nécessaire pour lʹéliminer après la combustion.

Aux États‐Unis, plusieurs grandes centrales électriques testent la


combustion sur lit fluidifié et quelques centrales plus petites qui utilisent cette
technologie sont déjà mises en service. Les amendements à la loi sur la dépollution
de lʹair de 1990 accordent des primes aux sociétés du secteur public pour quʹelles
passent aux technologies propres comme la combustion sur lit fluidifié. Le coût
dʹun lit fluidifié est avantageux par rapport au coût dʹinstallation des systèmes de
désulfuration.

La combustion sur lit fluidifié est plus efficace que la méthode


traditionnelle de combustion du charbon (elle produit plus de chaleur pour une
quantité donnée de charbon) et par conséquent réduit les émissions de CO2 par
unité dʹélectricité produite. Si des améliorations de cette technologie étaient
développées et adoptées largement par les centrales électriques à charbon, la
combustion sur lit fluidifié pourrait réduire sensiblement la quantité de CO2,
relâché dans lʹatmosphère. La combustion sur lit fluidifié pressurisée est en cours
de mise au point afin de réduire le CO2, lʹazote et les oxydes de soufre. En faisant
fonctionner la combustion sur lit fluidifié sous pression élevée, la combustion

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1. Energie et problèmes associés Page - 17 -

complète du charbon a lieu à basse température. Les émissions de soufre sont


supprimées alors que le sulfate de calcium et quelques oxydes dʹazote se forment
du fait des températures basses. La combustion sur lit fluidifié pressurisée coûte
plus cher que la combustion sur lit fluidifié ordinaire car elle nécessite une cuve
pressurisée coûteuse.

1.2.2. Pétrole et gaz naturel

Alors que le charbon était la source dʹénergie la plus importante aux État‐
Unis au début des années 1900, le pétrole et le gaz naturel ont pris une place de
plus en plus importante à partir du début des années 1940. Ce changement a eu
lieu en grande partie car le pétrole et le gaz naturel sont plus faciles à transporter
et parce que leur combustion pollue moins que celle du charbon. En 2005, le
pétrole et le gaz naturel fournissaient approximativement 63 % de lʹénergie utilisée
aux Etats‐Unis, en comparaison dʹautres sources dʹénergie comme le charbon (23
%), lʹénergie nucléaire (8,1 %) et lʹénergie hydroélectrique (3,1 %). Le pétrole et le
gaz naturel fournissaient 60,6 % de lʹénergie mondiale en 2004, en comparaison
des autres sources dʹénergie comme le charbon (25,5 %), lʹénergie hydroélectrique
(6,3 %) et lʹénergie nucléaire (6,1 %).

Le pétrole, ou pétrole brut, est un liquide composé de centaines


dʹhydrocarbures. Pendant le raffinage du pétrole, les composés sont séparés en
différents produits (comme les gaz, lʹessence, le fioul, le gazole et lʹasphalte) selon
leurs différents points dʹébullition. Le pétrole est aussi utilisé pour produire des
produits pétrochimiques, composés que lʹon trouve dans des produits aussi divers
que les engrais, les plastiques, les peintures, les pesticides, les médicaments et les
fibres synthétiques.

À la différence du pétrole, le gaz naturel ne contient que quelques


hydrocarbures différents : du méthane et de petites quantités dʹéthane, de propane
et de butane. Le propane et le butane sont séparés du gaz naturel, stockés dans des
réservoirs pressurisés sous la forme dʹun liquide appelé gaz de pétrole liquéfié et
utilisés principalement comme combustible pour le chauffage et la cuisine dans les
zones rurales. Le méthane est utilisé pour chauffer les immeubles résidentiels et
commerciaux, pour produire de lʹélectricité dans les centrales électriques et pour
divers usages de lʹindustrie chimique.

On utilise de plus en plus le gaz naturel dans trois domaines principaux : la


production dʹélectricité, les transports et le refroidissement commercial. Un
exemple dʹutilisation est la cogénération, dans laquelle le gaz naturel est utilisé
pour produire de lʹélectricité et de la vapeur. Les systèmes de cogénération qui
utilisent le gaz naturel fournissent de lʹélectricité sans polluer et de manière
significative.

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1. Energie et problèmes associés Page - 18 -

Lʹutilisation du gaz naturel comme combustible pour les camions, les bus et
les voitures est, sur plusieurs points, plus avantageux pour lʹenvironnement que
lʹutilisation de lʹessence ou du diesel : les véhicules qui roulent au gaz naturel
émettent 80 à 93 % dʹhydrocarbures en moins, 90 % de monoxyde de carbone en
moins, 90 % en moins dʹémissions toxiques et presque aucune suie. Au cours de
lʹannée 2000, environ 100.000 véhicules utilisant du gaz naturel compressé étaient
en circulation aux États‐Unis. La ville de Los Angeles a la plus grande flotte de bus
qui marchent au gaz naturel en Amérique du Nord.

Le gaz naturel alimente de façon efficace les systèmes de climatisation des


résidences et centres commerciaux. Un exemple en est lʹutilisation du gaz naturel
dans un système de climatisation situé en milieu dessicatif (air sec), idéal pour les
supermarchés où le contrôle de lʹhumidité est aussi important que le contrôle de la
température. Les restaurants sont aussi de grands utilisateurs de ces systèmes de
climatisation.

Le principal inconvénient du gaz naturel est que les gisements sont souvent
situés loin des lieux où lʹénergie est utilisée. Le transport du gaz naturel par les
gazoducs coûte quatre fois plus cher que le pétrole brut du fait quʹil sʹagisse dʹun
gaz et quʹil soit moins dense que le liquide. Pour transporter le gaz naturel sur de
longues distances, il doit dʹabord être comprimé pour former du gaz naturel
liquéfié (GNL) et ensuite transporté dans des navires réfrigérés construits
spécialement. Une fois à destination, il doit être remis à lʹétat gazeux dans des
usines de regazéification avant dʹêtre transporté par des canalisations vers le site
où il sera utilisé. Actuellement, les États‐Unis nʹont que quatre usines de ce genre,
ce qui réduit sévèrement lʹimportation de gaz naturel provenant dʹautres pays. Les
compagnies américaines dʹénergie prétendent que les États‐Unis ont besoin dʹau
moins 40 usines de regazéification pour garder les prix du gaz naturel assez bas et
satisfaire une demande croissante. Le marché potentiel du GNL est immense : les
importations ont augmenté de 500 à 800 mètres cubes entre 2003 et 2006 et
lʹindustrie aimerait voir au moins 10 terminaux de plus aux États‐Unis dʹici 2020.
Cependant, les communes portuaires ne veulent pas construire de nouvelles
usines parce que, même si une explosion est peu probable, elle pourrait détruire
une grande zone géographique en provoquant des brûlures chez des personnes
habitant jusquʹà 1,5 km du lieu de lʹexplosion.

Prospection du pétrole et du gaz naturel

La prospection géologique est continuellement à la recherche de nouveaux


gisements pétroliers et de gaz naturel que lʹon trouve habituellement ensemble
sous une ou plusieurs couches de roches. Les gisements de pétrole et de gaz
naturel sont habituellement découverts de manière indirecte par la détection de
pièges structuraux.

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Le plissement vers le haut des strates de roches sédimentaires peut avoir lieu
lors des mouvements liés à la tectonique des plaques. Parfois, la strate qui forme
une voûte vers le haut, contient des roches poreuses et des roches imperméables.
Si des couches imperméables recouvrent des couches poreuses, tout pétrole ou gaz
naturel contenu dans une roche source comme le schiste, peut remonter à travers
la roche poreuse pour sʹaccumuler sous la couche imperméable.

On trouve un grand nombre des gisements importants de pétrole et de gaz


naturel (par exemple des gisements pétroliers dont on connaît lʹexistence dans le
Golfe du Mexique) avec des dômes de sel, colonnes de sel souterraines. Les dômes
de sel se développent lorsque de grands dépôts de sel se forment à la surface de la
terre à cause de lʹévaporation de l’eau. Toute la surface de lʹeau contient des sels
dissous. Les sels dissous dans lʹeau de mer sont si concentrés que l’on peut les
goûter et même lʹeau douce en contient. Si une masse dʹeau est privée dʹaccès vers
lʹocéan, comme cʹest souvent le cas pour un lac situé à lʹintérieur des terres, la
concentration de sel dans lʹeau augmente petit à petit. Le Grand Lac Salé
dʹAmérique du Nord est un exemple de masse dʹeau salée à lʹintérieur des terres
qui sʹest formé de cette manière. Bien que trois rivières se vident dans le Grand
Lac Salé, lʹeau sʹéchappe du lac uniquement par évaporation, compte tenu de sa
forte salinité, quatre fois plus élevée que lʹ eau de mer).

Si un lac comme celui‐ci venait à sʹassécher, il resterait un énorme dépôt de


sel. Des couches de sédiments peuvent finir par couvrir de tels dépôts et les
transformer en roche sédimentaire après des millions dʹannées. Les strates
rocheuses se posent et le dépôt de sel, qui est moins dense que la roche, sʹélève
sous forme de colonne (dôme de sel). Le dôme de sel ascendant, ainsi que les
strates qui se déposent par‐dessus, forment un piège pour le pétrole et le gaz
naturel.

Les géologues utilisent diverses techniques pour identifier les pièges


structuraux qui peuvent contenir du pétrole ou du gaz naturel. Une de ces
méthodes consiste à forer des puits de contrôle dans la surface et à récupérer des
échantillons de roche. Une autre méthode consiste à déclencher une explosion à la
surface et à mesurer les échos des ondes sonores qui sont renvoyés par les strates
sous la surface. Ces données sont interprétées afin de déterminer si des pièges
structuraux sont présents. Cependant, de nombreux pièges structuraux ne
contiennent ni pétrole ni gaz naturel.

La sismologie à trois dimensions est une nouvelle technologie qui permet un


levé topographique des champs pétrolifères en trois dimensions, ce qui amène les
géologues à avoir plus de probabilités de réussite lorsquʹils forent un puits. Une
autre technologie qui améliore la récupération de pétrole est le forage horizontal.
Les puits de pétrole traditionnels sont verticaux et ne peuvent pas dévier pour
suivre les contours des formations souterraines qui contiennent le pétrole. Les
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1. Energie et problèmes associés Page - 20 -

puits creusés à lʹhorizontale suivent les contours et ils produisent en général trois à
cinq fois plus de pétrole que les puits verticaux.

Même avec lʹaide des nouvelles technologies, la recherche de gisements de


pétrole et de gaz naturel est coûteuse. Les analyses géologiques de base pour
trouver des pièges structuraux, coûtent des millions dʹeuros et de dollars. Une fois
que le pétrole ou le gaz naturel sont localisés, le forage et lʹexploitation des puits
coûtent des millions supplémentaires.

Réserves de pétrole et de gaz naturel

Bien quʹil existe des gisements pétroliers et de gaz naturel sur chaque
continent, leur répartition est inégale et une grande partie de la totalité des
gisements est regroupée et ceux‐ci sont relativement proches les uns des autres.
Dʹénormes champs pétrolifères, qui contiennent plus de la moitié de la totalité des
réserves mondiales présumées, sont situés dans la région du Golfe Persique, qui
comprend lʹlran, lʹIraq, le Koweit, lʹOman, le Qatar, lʹArabie Saoudite, la Syrie, les
Émirats Arabes Unis et le Yémen. De plus, on sait quʹil existe des champs
pétrolifères importants au Vénézuela, au Mexique, en Russie, au Kazakhstan, en
Libye et aux États‐Unis (en Alaska et dans le Golfe du Mexique).

Presque la moitié des réserves mondiales de gaz naturel qui sʹavèrent


récupérables, sont situées en Russie et en Iran. Les États‐Unis possèdent plus de
gisements de gaz naturel que lʹEurope Occidentale et son usage est plus courant
en Amérique du Nord. Le Canada et les États‐Unis extraient également du
méthane des gisements houillers, une forme de gaz naturel mélangé à des
gisements houillers.

Les ressources de combustibles fossiles ne sont concentrées que dans


quelques pays. LʹAfrique et lʹAmérique du Sud (à lʹexception de quelques pays)
possèdent peu de ressources de combustibles fossiles. Leurs seules options pour
développer lʹutilisation dʹénergie sera dʹacheter des combustibles fossiles à
dʹautres pays ou de mettre au point des sources dʹénergie alternatives. Ce deux
solutions nécessitent un capital financier important (autre ressource qui manque
généralement aux pays en développement). Ainsi, lʹaccès à lʹénergie dans le
monde est un problème dʹéquité important.

Il y a peu de chance pour que de nouveaux gisements houillers majeurs


soient découverts aux États‐Unis où la production a commencé de décliner il ya
trois décennies. Depuis les années 1980, le taux de succès des recherches pour de
nouveaux champʹ pétrolifères a baissé tout comme lʹeffort de prospection.

De grands gisements houillers existent probablement sous les plateaux


continentaux, les zones sous marines assez plates qui entourent les continents et
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dans les zones abyssales attenantes aux plateaux continentaux. Malgré les
problèmes comme les tempêtes en pleine mer et les importants déversements
potentiels de pétrole, de nombreux pays se livrent à des forages pétroliers en mer.
Les nouvelles technologies. comme les plates‐formes aussi grandes que des
terrains de football, permettent aux compagnies pétrolières de faire des forages de
plusieurs milliers de mètres pour trouver du pétrole, exploitant ainsi des champs
pétrolifères au fond de la mer qui était considéré, à une époque, comme une zone
inaccessible à lʹexploitation. Il existe environ jusquʹà 18 milliards de barils de
pétrole et de gaz naturel dans les eaux profondes du Golfe du Mexique, juste au
large du plateau continental allant du Texas à lʹAlabama. Les plateaux
continentaux situés au large de lʹAfrique occidentale et du Brésil sont également
prometteurs. Lʹindustrie pétrolière met actuellement au point des robots
télécommandés qui peuvent installer et entretenir le matériel, les oléoducs et
gazoducs sous‐marins. Les écologistes sont généralement contre la prospection
pétrolière et la recherche de gaz naturel sur les plateaux continentaux du fait du
risque que des déversements pétroliers importants feraient encourir aux
environnements marins et côtiers. Les industries côtières, comme les industries de
la pêche et du tourisme, sont également opposées à la prospection pétrolière et à la
recherche de gaz naturel dans ces zones.

Combien de temps les réserves de pétrole et de gaz naturel vont‐elles durer?

Il est difficile de prévoir quand les ressources de pétrole et de gaz naturel du


monde seront épuisées, mais selon certaines évaluations, le niveau maximum de
production de pétrole a été dépassé et les ressources mondiales sont en baisse.
Nous ne savons pas combien de réserves supplémentaires de pétrole et de gaz
naturel seront découvertes, de la même manière que nous ne savons pas quand,
ou même si les progrès technologiques nous permettront dʹextraire davantage de
pétrole de chaque gisement. La réponse concernant le temps que ces combustibles
dureront, implique aussi de savoir si la consommation mondiale de pétrole et de
gaz naturel augmentera, restera la même ou baissera. Les facteurs économiques
ont une influence sur la disponibilité de la consommation de pétrole et de gaz
naturel. Lorsque les réserves sont épuisées, les prix augmentent, ce qui ralentit la
consommation et encourage un meilleur rendement énergétique, la recherche de
gisements supplémentaires et lʹutilisation de sources dʹénergie alternatives.

En dépit des réserves suffisantes de pétrole pour le futur proche, nous aurons
besoin à long terme dʹautres ressources. À lʹexception des courtes perturbations
qui ont eu lieu lorsque lʹOrganisation des Pays Exportateurs de Pétrole (OPEP) a
limité les réserves pétrolières mondiales au début des années 1970, lʹessence a été
toujours été facilement disponible et peu chère aux États‐Unis pendant la majeure
partie du siècle dernier. Cependant, au cours des prochaines décennies, le restant
du pétrole deviendra plus difficile à obtenir et coûtera plus cher. La plupart des

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1. Energie et problèmes associés Page - 22 -

experts pensent que nous commencerons à avoir de sérieux problèmes avec les
réserves pétrolières à un moment ou un autre pendant le XXIe siècle.

Certains experts pensent que la production pétrolière mondiale a déjà atteint


son pic, niveau auquel le pétrole est le plus exploité. Environ 80 % de la
production actuelle provient de gisements de pétrole qui ont été découverts avant
1973 et la majeure partie de la production de ces gisements a commencé de baisser.
Ces analystes prévoient que le monde doit se dépêcher de mettre au point des
sources dʹénergie alternatives car la demande mondiale dʹénergie va continuer
dʹaugmenter, même si la production baisse.

Les analystes industriels ont tendance à être plus optimistes. Ils pensent que
lʹamélioration des technologies nous permettra dʹextraire plus de pétrole des
gisements. Actuellement, environ 60 % du pétrole nʹest pas extrait car lʹextraction
avec les technologies actuelles est trop dispendieuse. Les nouvelles technologies
peuvent nous aider à obtenir du pétrole de gisements qui étaient autrefois
inaccessibles (comme dans les eaux profondes en pleine mer). Les technologies
plus performantes pourront peut‐être nous permettre de produire du pétrole à
partir du gaz naturel, de charbon et de combustibles synthétiques. Malgré cela, les
plus optimistes prévoient que le pic pétrolier aura lieu vers 2035.

Le gaz naturel est plus abondant que le pétrole. Les spécialistes estiment que
des réserves facilement récupérables de gaz naturel, si on le transforme en
combustible liquide, donnerait l’équivalent de 500 à 770 milliards de barils de
pétrole brut, suffisamment pour que la production continue à augmenter pendant
au moins 10 ans après que les réserves traditionnelles de pétrole aient commencé
de baisser. Cependant, si l’utilisation mondiale de gaz naturel continue de croître
comme ces dernières années, la durée de ces réserves sera plus courte que prévu.

Impact du pétrole et du gaz naturel sur l’environnement

Deux séries de problèmes environnementaux sont associés à l’utilisation du


pétrole et du gaz naturel : les problèmes qui résultent de la combustion des
combustibles et les problèmes qui résultent des moyens dont on les obtient
(production et transport). Tout comme le charbon, la combustion du pétrole et du
gaz naturel produit du CO2. Chaque litre d’essence consommé par voiture libère
environ 2,3 kg de CO2 dans l’atmosphère.

Un autre impact négatif de la combustion du pétrole sur l’environnement est


la production de dépôts acides. Bien que le pétrole ne produise pas des quantités
appréciables d’oxydes de soufre, il produit des oxydes d’azote, en particulier lors
de la combustion de l’essence dans les automobiles qui contribue pour environ la
moitié de la production d’oxydes d’azote libérés dans l’atmosphère. La
combustion du charbon est responsable de la seconde moitié. Les oxydes d’azote
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1. Energie et problèmes associés Page - 23 -

participent à la formation de dépôts acides et avec les vapeurs d’essence non


brûlées, à la formation de smog photochimique. Les moteurs mal réglés et les
véhicules diesels émettent aussi des matières particulaires.

A l’opposé, la combustion du gaz naturel ne pollue pas autant l’atmosphère


que la combustion du pétrole. Le gaz naturel est une source d’énergie efficace et
relativement propre qui ne contient presque pas de soufre qui est un facteur
important dans la formation de dépôts acides. De plus, le gaz naturel produit
beaucoup moins de CO2, moins d’hydrocarbures et presque aucune matière
particulaire, en comparaison du pétrole et du charbon.

Une des préoccupations de la production de pétrole et de gaz naturel


concerne les dégâts causés à l’environnement pendant le transport de ces
matériaux, souvent sur des longues distances, par le biais de gazoducs et oléoducs
ou de tankers. Les accidents lors du transport provoquent des crises
environnementales majeures, en affectant gravement les écosystèmes aquatiques
où les marées noires peuvent se répandre.

La plus grande marée noire que le monde ait jamais connue a eu lieu en 1991
pendant la guerre du Golfe, lorsque 947 millions de litres de pétrole brut furent
délibérément déversés dans le Golfe Persique. De nombreux puits de pétrole
furent brûlés et des lacs de pétrole se répandirent dans le désert autour des puits
de pétrole en feu.

1.3. Combustibles synthétiques et autres possibilités

Les combustibles synthétiques sont des combustibles dont la composition


chimique est similaire ou identique à celle du pétrole ou du gaz naturel. Parmi les
combustibles synthétiques, on trouve les sables asphaltiques, les schistes
bitumineux, les hydrates de gaz, le charbon liquide et le gaz de houille. Bien que
les combustibles synthétiques coûtent plus cher à produire que les combustibles
fossiles, ils deviendront peut‐être plus importants lorsque les réserves de
combustibles fossiles baisseront.

Les sables asphaltiques ou sables bitumineux sont des dépôts de sable


souterrains imprégnés de bitume, un pétrole épais qui ressemble à de lʹasphalte.
Le bitume que lʹon trouve dans les sables asphaltiques situés en profondeur dans
le sol, ne peut pas être pompé à moins quʹil ne soit chauffé sous terre à lʹaide de
vapeur, pour le rendre plus fluide. Si les sables asphaltiques sont situés près de la
surface de la Terre, ils sont exploités à ciel ouvert. Une fois le bitume extrait des
sables asphaltiques, il doit être raffiné comme le pétrole brut. On estime que les
réserves mondiales de sable asphaltique contiennent autant de combustible que la
moitié des réserves pétrolières mondiales. On trouve la plupart des sables
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1. Energie et problèmes associés Page - 24 -

asphaltiques au Venezuela et en Alberta, au Canada, avec environ 300 milliards de


barils de pétrole; cette estimation est supérieure à celle des réserves pétrolières
dʹArabie Saoudite. Les mines canadiennes produisent actuellement presque 300
millions de barils de pétrole chaque année à partir des sables bitumineux.

Les schistes bitumeux sont des roches sédimentaires qui contiennent un


mélange d’hydrocarbures connus sous le nom de kérogène. Les schistes bitumeux
sont broyés et chauffés pour produire du pétrole et le kérogène doit être raffiné
après qu’il ait été extrait. Il n’est pas encore rentable de traiter les schistes
bitumeux car l’exploitation et le raffinement nécessitent beaucoup d’énergie.
Comme les sables asphaltiques, les réserves de schiste bitumeux peuvent contenir
l’équivalent de la moitié des réserves pétrolières mondiales.

Les hydrates de gaz, appelés également hydrates de méthane, sont des


réserves de gaz naturel incrustés dans la glace, situées en profondeur dans les
roches poreuses. D’énormes gisements ont été localisés dans la Toundra arctique,
bien en‐dessous du permafrost et dans les sédiments sous‐marins du talus
continental et des fonds océaniques. Jusque récemment, l’industrie pétrolière
américaine n’était pas particulièrement intéressée par l’extraction du gaz naturel à
partir des hydrates de gaz, du fait des dépenses que cela entraînait. Plusieurs
compagnies pétrolières américaines mettent actuellement au point des méthodes
pour extraire les hydrates de gaz. Les pays qui en renferment de grandes quantités
(par exemple la Russie) ou qui ont peu de gisements de combustibles fossiles
classiques (par exemple l’Inde et le Japon) ont mis au point des programmes
nationaux de production d’hydrates de gaz.

Un produit gazeux du charbon, appelé gaz de houille, est un autre


combustible synthétique produit à partir de la gazéification du charbon. Un
avantage du gaz de houille par rapport au charbon solide est que le gaz de houille
brûle de manière presque aussi propre que le gaz naturel. Des dispositifs de
lavage de gaz ne sont pas nécessaires lorsque le gaz de houille est brûlé car le
soufre disparaît lors de la gazéification du charbon. Comme les autres
combustibles synthétiques, le gaz de houille coûte actuellement plus cher à
produire que les combustibles fossiles.

Impacts environnementaux des combustibles synthétiques

Bien que les combustibles synthétiques soient des sources d’énergie


prometteuses, ils comportent un grand nombre d’effets indésirables identiques à
ceux des combustibles fossiles. Leur combustion libère d’énormes quantités de
CO2 et d’autres polluants dans l’atmosphère, contribuant ainsi au réchauffement
climatique et à la pollution atmosphérique. Certains combustibles synthétiques,
comme le gaz de houille, nécessitent de grandes quantités d’eau pendant la
production et sont d’une utilité limitée dans les régions arides, où le manque d’eau
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1. Energie et problèmes associés Page - 25 -

est déjà chose commune. D’autre part, d’immenses étendus devraient être
exploitées à ciel ouvert pour récupérer le combustible dans les sables asphaltiques
et les schistes bitumeux.

1.4. Energie nucléaire

Quant l’énergie nucléaire fut découverte au XXe siècle, lʹhistoire de


lʹhumanité changea pour toujours. Louée en tant que source potentielle dʹénergie
pour lʹhumanité, on lʹaccusa aussi dʹêtre une arme capable de détruire la
civilisation humaine. Ce point de vue dichotomique continue aujourdʹhui à
imprégner les questions relatives à lʹénergie nucléaire La question principale que
nous abordons ici est relative au rôle que lʹénergie nucléaire aura dans
lʹapprovisionnement en énergie électrique dans les siècles à venir.

Les réactions nucléaires libèrent énormément dʹénergie, essentiellement sous


forme de chaleur. Au cours de cette réaction, une petite quantité de masse dʹun
atome est transformée en une grande quantité dʹénergie. En 1905, Albert Einstein
émet lʹhypothèse que la masse et lʹénergie sont liées, dans son équation
aujourdʹhui célèbre E=mC2, où lʹénergie (E) est égale à la masse (m) multipliée par
le carré de la vitesse de la lumière (C). Ceci sʹappuie sur les travaux du physicien
français Henri Becquerel, qui découvre en 1896 que les minerais contenant de
lʹuranium émettent spontanément et continuellement des rayonnements dʹénergie
invisibles, cʹest‐à‐dire des radiations. Le physicien britannique Ernest Rutherford
conduit à partir de 1898, une série dʹexpériences pour établir que la radiation est
constituée de particules de haute énergie. En 1911, son travail et celui dʹautres
chercheurs permet de conclure que chaque atome contient un noyau dans lequel
se trouve la majeure partie de sa masse.

Les physiciens commencent alors à étudier ce que deviennent les noyaux des
atomes lorsquʹils sont bombardés par des particules de haute énergie. En 1919,
Rutherford bombarde des noyaux dʹazote avec des particules alpha (rayonnement
chargé positivement), transformant lʹazote en oxygène au cours du processus ! Les
tentatives faites pour bombarder des atomes plus lourds avec des particules alpha
ont échoué car les noyaux plus lourds repoussent les particules chargées
positivement. En 1938, deux chercheurs allemands, Otto Hahn et Fritz Strassmann
réussissent à bombarder de lʹuranium avec des neutrons, qui sont des particules
non chargées. Au cours de cette réaction, quelques noyaux dʹuranium se divisent
en deux noyaux plus petits de baryum et de krypton. Des neutrons
supplémentaires et de lʹénergie sont émis.

Les scientifiques réalisent rapidement quelles sont les conséquences de la


fission du noyau de lʹatomeʹ si les neutrons émis peuvent bombarder dʹautres
noyaux dʹuranium, cela initiera une réaction en chaîne. Grâce à lʹéquation d’Albert
Einstein, les chercheurs calculent que 450 g dʹuranium peuvent libérer autant

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1. Energie et problèmes associés Page - 26 -

dʹénergie que 8.000 tonnes de TNT, suffisamment pour faire une bombe puissante.
Plusieurs nations entreprennent alors de développer les armes nucléaires comme
première application de l’énergie nucléaire parce qu’en 1939, l’Europe est en
guerre. Einstein s’enfuit aux Etats‐Unis pour éviter la persécution des nazis et il
apprend au Président Roosevelt que les allemands travaillent sur la bombe
nucléaire. Roosevelt crée le projet Manhattan, top secret, pour construire
également une bombe nucléaire. Les chercheurs commencent à faire des
expériences sur les réactions en chaîne et produisent suffisamment d’uranium
enrichi et de plutonium pour fabriquer une bombe. La première bombe atomique
du monde explose en juillet 1945 dans le désert près d’Alamogordo, dans l’état du
Nouveau Mexique. Peu après, en août 1945, les Etats‐Unis larguent deux bombes
atomiques sur deux villes du Japon.

Après la Seconde Guerre mondiale, le Canada, les États‐Unis, la France, Le


Royaume‐Uni et lʹUnion Soviétique commencent à concevoir des réacteurs
capables de produire de lʹénergie nucléaire à des fins pacifiques. La première
centrale nucléaire opérationnelle est mise en service à Calder Hall en Angleterre
en 1956, puis une seconde démarre aux USA, en Pennsylvanie en 1957. Vient
ensuite celle du Canada, qui sʹouvre en 1962 à Rophton, dans lʹOntario. La France
développe dans les années 50‐60 une première génération de réacteurs de la filière
Uranium Naturel‐Graphite‐Gaz (UNGG). En 1977, la construction à Fessenheim
du premier réacteur de série de la filière REP (réacteur à eau pressurisée) marque
lʹavènement, en France, de la deuxième génération de réacteurs nucléaires. Pour
1’Allemagne et le Japon, ce sont les REB (réacteurs à eau bouillante) et pour le
Canada, les réacteurs à eau lourde de type Candu. Aujourdʹhui 440 réacteurs
nucléaires fonctionnent dans le monde et 25 réacteurs supplémentaires sont en
construction, dont 2 EPR (European pressurized reactor), réacteurs de troisième
génération.

Réactions nucléaires

Pour obtenir de lʹénergie, les processus nucléaires sont fondamentalement


différents de la combustion qui produit de lʹénergie à partir de combustibles
fossiles. La combustion est une réaction chimique. Dans les réactions chimiques
ordinaires, les atomes dʹun élément chimique donné ne se transforment pas en
atomes dʹun autre élément, ni leur masse (la matière) en énergie. La combustion
libère lʹénergie des liaisons chimiques qui maintiennent les atomes entre eux. Les
associations dʹélectrons forment les liaisons chimiques et les réactions chimiques
ordinaires impliquent un réarrangement dʹélectrons.

À lʹopposé, lʹénergie nucléaire entraîne des changements dans le noyau des


atomes; de petites quantités de matière du noyau sont transformées en énormes
quantités dʹénergie. Deux réactions nucléaires différentes libèrent de lʹénergie : la
fission et la fusion. Dans la fission, procédé employé dans les centrales nucléaires,
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1. Energie et problèmes associés Page - 27 -

les atomes de certains éléments sont scindés en deux atomes plus petits dʹéléments
différents. Dans la fusion, réaction produite au cœur du soleil et dʹautres étoiles,
deux atomes légers sʹassemblent pour former un atome plus lourd dʹun élément
différent. Dans la fission comme dans la fusion, la masse du ou des produits issus
de la réaction est inférieure à la masse des produits initiaux car une petite quantité
des produits initiaux est transformée en énergie.

Les réactions nucléaires produisent 100.000 fois plus dʹénergie par atome que
les réactions chimiques comme la combustion. Dans les bombes nucléaires, cette
énergie est libérée dʹun seul coup, produisant une énorme et puissante explosion
de chaleur et de rayonnements qui détruit tout aux alentours. Quand on produit
de lʹélectricité avec lʹénergie nucléaire, la réaction en chaîne est contrôlée. De
petites quantités dʹénergie sont libérées sous forme de chaleur, qui est alors
transformée en électricité.

Fission nucléaire

Lʹuranium, minerai utilisé comme combustible dans les centrales nucléaires


classiques est une ressource non renouvelable présente en quantité limitée dans les
roches granitiques et sédimentaires de lʹécorce terrestre. On appelle cycle du
combustible nucléaire lʹensemble des opérations réalisées pour approvisionner les
centrales nucléaires en combustible, de lʹextraction du minerai au stockage des
déchets ultimes.

Des gisements substantiels dʹuranium naturel existent en Australie (20,4 % de


réserves mondiales connues), au Kazakhstan (18,2 %), aux États‐Unis (10,6 %) au
Canada (9,9 %) et en Afrique du Sud (8,9 %). Le minerai dʹuranium a trois
isotopes: lʹ238U (99,28 %), lʹ235U (0,71 %) et 1ʹ234U (moins de 0,01 %). Comme
lʹisotope 235 de lʹuranium, fissile, ne représente quʹune infime proportion de
lʹuranium naturel (moins de 1%), il faut enrichir lʹuranium naturel après son
extraction jusquʹà une teneur en 235U comprise entre 3 % et 3,5 %. Le procédé
dʹenrichissement utilisé actuellement en France dans lʹusine de Pierrelatte est
celui de la diffusion gazeuse. Il est long, coûteux et consomme énormément
dʹénergie : il sera remplacé par une technique beaucoup plus performante,
lʹultracentrifugation dans la future nouvelle usine.

Après enrichissement, lʹuranium est transformé en dioxyde dʹuranium puis


conditionné en pastilles, insérées dans des gaines. Chaque pastille contient une
quantité dʹénergie équivalente à celle dʹune tonne de charbon. Les pastilles dans
leurs gaines forment de longs tubes fermés les « crayonsʺ, long de 3,7 m. Ces
crayons de combustible sont ensuite regroupés en assemblages de 200 crayons
chacun. Un réacteur de 900 MWe (1 MWe = un million de watts électriques)
contient environ 250 assemblages de combustible, soit environ 70 tonnes de
dioxyde dʹuranium.
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1. Energie et problèmes associés Page - 28 -

Dans la réaction de fission nucléaire, 1ʹ235U est bombardé par des neutrons.
Quand le noyau dʹun atome dʹ235U est frappé par un neutron et lʹabsorbe, il devient
instable et se scinde en deux atomes plus petits, chacun faisant la moitié de la taille
de lʹatome dʹuranium initial. Lors de la fission, deux ou trois neutrons sont aussi
éjectés de lʹatome dʹuranium. Ils entrent alors en collision avec dʹautres atomes
dʹ235U, créant une réaction en chaîne, comme ces atomes se divisent à leur tour et
quʹil y a de plus en plus de neutrons pour bombarder les atomes dʹ235U
supplémentaires.

La fission de lʹuranium 235 libère une énorme quantité dʹénergie, utilisée


pour produire de la vapeur dʹeau. Elle est à son tour utilisée pour produire de
lʹélectricité. La production dʹélectricité est possible car la réaction de fission est
contrôlée. Rappelez‐vous que les réactions de fissions dans les bombes nucléaires
ne sont pas contrôlées. Si le mécanisme de contrôle dans les centrales nucléaires
devenait défaillant, il ne pourrait pas y avoir dʹexplosion semblable à celle dʹune
bombe nucléaire car le combustible nucléaire contient seulement 3 % dʹ235U, alors
quʹune bombe contient 20 % dʹ235U. Dans le cas très peu probable de réaction de
fission incontrôlable, une quantité énorme de chaleur serait libérée. Cependant,
lʹenceinte du réacteur et son bâtiment de confinement en béton armé sont conçus
pour contenir cette chaleur et la radioactivité générée.

Avantages et inconvénients de l’énergie nucléaire

L’un des arguments des partisans de l’énergie nucléaire pour généraliser son
adoption est qu’elle a moins d’impacts immédiats sur l’environnement que les
combustibles fossiles, le charbon en particulier. Ils soulignent que la combustion
du charbon pour produire l’électricité est responsable de plus d’un tiers de la
pollution de l’air aux USA. Le charbon est un combustible extrêmement polluant,
surtout parce que nous avons épuisé la majorité de nos réserves en charbon moins
polluant à brûler. Aujourd’hui, la plupart des centrales brûlent du charbon tendre,
qui produit des émissions contenant du soufre. Il interagit avec l’humidité de
l’atmosphère et forme des pluies acides. De plus, la combustion du charbon libère
du dioxyde de carbone, gaz qui contribue le plus au réchauffement climatique.

En comparaison, l’énergie nucléaire émet peu de polluants dans


l’atmosphère. Selon l’EIA (administration américaine de l’information sur
l’énergie), les centrales nucléaires en service entre 1973 et 2001 ont permis de
réduire les émissions de dioxyde de soufre de 70,3 millions de tonnes et celles
d’oxydes d’azote de 35,6 millions de tonnes par rapport à ce que des centrales à
combustibles fossiles auraient produit.

L’énergie nucléaire est une source d’électricité qui ne produit pas de dioxyde
de carbone, gaz à effet de serre. Un des ultimes arguments des tenants du
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1. Energie et problèmes associés Page - 29 -

nucléaire est qu’on devrait utiliser l’énergie nucléaire jusqu’à ce qu’une


technologie sans émission de carbone, comme l’énergie solaire, devienne plus
efficace et plus compétitive en termes de coûts.

Les carburants dérivés du pétrole restent la source principale d’énergie pour


les transports, mais il est possible qu’une combinaison de véhicules à hydrogène et
de véhicules électriques les remplacent dans le futur. Les centrales nucléaires
produisent normalement de l’électricité (qui peut servir à produire de
l’hydrogène, bien que ce procédé soit inefficace), mais dans le futur, il sera
possible de fabriquer de l’hydrogène gazeux directement dans des centrales
nucléaires spécialement conçues pour cela.

Cependant, l’énergie nucléaire génère des déchets radioactifs, comme le


combustible usé. Les centrales nucléaires produisent aussi d’autres déchets
radioactifs, comme les fluides de refroidissement et les gaz radioactifs du réacteur.
Le combustible usé et les autres déchets sont fortement radioactifs et dangereux.
Ces déchets nécessitent des mesures spéciales d’entreposage et de stockage pour
nous protéger des très grands dangers qu’ils font courir à la santé et à
l’environnement.

L’énergie nucléaire n’est pas neutre non plus pour le climat, puisqu’un
certain nombre d’étapes, de l’extraction du minerai à la fabrication du combustible
jusqu’au stockage ultime des déchets, nécessitent des quantités substantielles
d’essence et de diesel. L’énergie nucléaire contribue donc indirectement à l’effet de
serre, avec environ 2 à 6 grammes de carbone émis par kWh produit, soit un ordre
de grandeur environ deux fois supérieur à celui des combustibles fossiles. De plus,
s’il fallait remplacer seulement 10 % des combustibles fossiles actuellement
employés aux USA, il faudrait doubler le nombre de centrales nucléaires, ce qui
est un projet très coûteux et à long terme.

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2. Changement climatique Page - 30 -

Chapitre 2.

CHANGEMENT CLIMATIQUE
Voir documentation de la conférence

2.1. Bilan carbone

2.1.1. Méthodologie

La méthodologie mise au point par l’ADEME (Bilan Carbone®) permet


de parvenir à une estimation des émissions de gaz à effet de serre (en kg
équivalent CO2 ou kg équivalent C), grâce à un mélange de calculs et
d’observations. L’outil Bilan Carbone® permet d’identifier les postes
émetteurs et de les hiérarchiser en vue de dégager des pistes d’actions pour
réduire les émissions.

La méthodologie Bilan Carbone® de l’ADEME prend en compte tous


les gaz à effet de serre qui ont un rôle majeur sur le changement climatique
et qui sont repris dans le protocole de Kyoto (CO2, CH4, N2O, HFC, PFC et
SF6).

Lʹimpact sur le réchauffement climatique dʹun kilogramme de gaz à


effet de serre dans lʹatmosphère dépend de la nature du gaz, de la
température, du temps de présence dans lʹatmosphère et/ou de la
concentration. L’ensemble de ces facteurs sont autant de paramètres qui
conditionnent « lʹimpact sur le climat » dʹun gaz à effet de serre donné. Par
convention, et dans un souci de cohérence des résultats, on compare
« lʹimpact sur le climat » dʹun kilogramme de chacun des six gaz à effet de
serre à celui dʹun kilogramme de CO2 sur une durée déterminée,
généralement de 100 ans. Ainsi est défini le Pouvoir de Réchauffement
Global (ou PRG). Celui du CO2 vaut 1, et plus le PRG dʹun gaz à effet de
serre est élevé, plus lʹeffet de serre additionnel engendré par le relâchement
dʹun kilogramme de ce gaz dans lʹatmosphère est important. A titre
d’exemple, 1 kg de méthane (CH4) équivaut à 23 kg de CO2. Cette approche
permet de comparer les gaz à effet de serre entre eux et dʹutiliser une unité
commune, lʹéquivalent CO2 (éq. CO2).

La seule manière dʹestimer l’émission de gaz à effet de serre résultant


dʹune action donnée est de l’obtenir par le calcul, à partir de données

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2. Changement climatique Page - 31 -

physiques dites d’activités : consommations d’énergie exprimées (en kWh


par exemple), données de trafic routier avec nombre de véhicules et
distances parcourues, quantité et coût du matériel acheté, etc.

La méthode Bilan Carbone® a précisément été mise au point pour


permettre de convertir des données existantes aux unités multiples (kWh,
km, t, m2, etc.) en émissions de gaz à effet de serre estimées, ceci grâce à des
facteurs dʹémission. Les facteurs d’émission, élaborés à partir de multiples
sources à la fois scientifiques et techniques, déterminent donc la quantité
totale de gaz à effet de serre émise par la fabrication d’un produit ou par un
service. C’est pourquoi, il est important de signaler que le Bilan Carbone® a
pour vocation première de fournir des ordres de grandeur pour les
émissions de gaz à effet de serre.

De plus, comme bon nombre d’autres démarches d’audit, la précision


du résultat est étroitement liée à la nature des processus évalués et les
données chiffrées associées. Cependant, cela nʹempêche pas de tirer des
conclusions et d’envisager un plan d’actions en s’attardant sur les postes les
plus émetteurs.

2.1.2. Périmètre d’étude

Les émissions sont prises en compte depuis l’extraction des matières


premières qui sont utilisées par la structure jusqu’à l’expédition de certains
outils créés ou encore la fin de vie des déchets produits.

Figure 2.1. Périmètre du bilan C de CDPNE

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2. Changement climatique Page - 32 -

Le CDPNE est une association employant 14 salariés dont 2 CDD et


travaillant également avec des stagiaires de plus ou moins longue durée et 2
services civiques (chiffre 2011).

Le patrimoine et les services du CDPNE sont sources d’émissions de


CO2, variables en fonction des postes identifiés :

‐ Achat de matériels : les activités du CDPNE nécessitent l’achat de


matériels de type ordinateurs, imprimante, consommables divers (papier,
encre, timbres, etc.), etc. Les émissions associées à ce poste sont celles liées à
la fabrication du matériel en question.

‐ Transport (fret amont) : ce poste englobe les émissions liées au


transport des achats depuis les fournisseurs jusqu’au CDPNE (matériels
divers, moutons, dalles d’argiles pour la Réserve, etc.).

‐ Achat de services : ce poste peut concerner des prestations sous‐


traitées pour certaines études par exemple, des prestations d’assistance
informatique, d’entretien des locaux, de reproduction, de publicité, les
honoraires comptables, etc.

‐ Déplacements domicile/travail : ce poste recouvre les émissions


découlant des déplacements domicile/travail du personnel, y compris les
stagiaires et les services civiques.

‐ Déplacements clients/visiteurs : dans le cadre de ses activités, le


CDPNE organise régulièrement des animations et conférences par exemple,
engendrant des déplacements de public.

‐ Consommation d’énergie : ce poste recouvre l’achat d’électricité ou


de toute autre énergie pour le chauffage par exemple.

‐ Immobilisations : ce poste recouvre les investissements dans des


biens durables (ceux qui font l’objet d’un amortissement comptable,
essentiellement les bâtiments, les véhicules, le matériel informatique, etc.),
dont la fabrication engendre des émissions de gaz à effet de serre. Par
convention dans la méthode, on pratique alors la répartition des émissions
de fabrication sur une certaine durée, comme on la pratique pour les
amortissements comptables. Seuls les biens propriétés du CDPNE sont
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2. Changement climatique Page - 33 -

considérés dans ce cadre (les bâtiments en location n’en font pas partie par
exemple).

‐ Déplacements des salariés dans le cadre du travail : ce poste


recouvre les émissions découlant des déplacements de personnes dans le
cadre de leur activité professionnelle que le moyen utilisé soit ou non la
propriété du CDPNE (utilisation du train, de la voiture pour des réunions,
formations, animations, études de terrain par exemple, etc.).

‐ Activités de pâturage : dans le cadre de ses activités de gestion de


sites naturels, le CDPNE entretien certaines parcelles par pâturage avec des
moutons. Ces derniers produisent des gaz à effet de serre via leur processus
de digestion.

‐ Production de déchets : ce poste permet d’estimer les émissions de


gaz à effet de serre liées au traitement de fin de vie des déchets. Le CDPNE
produit différents type de déchets banals dans le cadre de ses activités
(papier, carton, métal, plastique, verre, ordure ménagère, etc.) et possèdent
un lombricomposteur permettant de réduire les volumes de déchets
organiques.

‐ Transport (fret aval) : ce poste englobe les émissions liées au


transport de produits divers, en partance du CDPNE (échantillons pour
analyse ADN Environnemental, envoi en nombre de courriers, etc.).

2.1.3. Importance

Un projet fédérateur

Se lancer dans un Bilan Carbone®, c’est aussi montrer à ses partenaires,


clients, salariés, que l’on s’implique activement dans la protection de
l’environnement. Outre l’image positive, la réalisation d’un Bilan Carbone®
permet de fédérer ses salariés autour d’un projet commun dans lequel ils
seront impliqués, depuis la collecte des données jusqu’à la mise en oeuvre
du plan d’actions de réduction.

Des résultats concrets

Le Bilan Carbone® permet d’identifier ses postes les plus émetteurs de


gaz à effet de serre, et ainsi de définir des priorités de pistes d’actions de

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2. Changement climatique Page - 34 -

réductions, qui permettent ensuite de réduire les émissions de gaz à effet de


serre.

Des actions économiquement pertinentes

Les principaux postes responsables des émissions de GES représentent


généralement des coûts non négligeables pour la structure évaluée. Ainsi,
très souvent, les actions de réduction des émissions de GES permettent aussi
de réduire ses coûts de fonctionnement (consommation d’énergie,
optimisation des déplacements, choix de fournisseurs locaux, etc.).
Cependant, avant de mettre une action de réduction de GES en place, il est
nécessaire d’évaluer la pertinence économique de celle‐ci au regard des
bénéfices environnementaux attendus. Si l’action prévue réduit faiblement
les émissions de GES, le coût de sa mise en œuvre doit rester modeste.

2.1.4. Bilan des émissions de GES

Répartition globale des émissions par poste

Les résultats obtenus à l’issue de la collecte des données disponibles au


CDPNE permettent de préciser les principaux postes d’émissions de gaz à
effet de serre. Il s’agit en premier lieu des déplacements puis des achats
(intrants), représentant respectivement pour l’année 2011 près de 50 et 25
tonnes équivalent CO2.

Figure 2.2. Émission du CO2 par poste

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2. Changement climatique Page - 35 -

Le Bilan Carbone® réalisé ne constitue pas un recensement exhaustif


des émissions de gaz à effet de serre des compétences et du patrimoine du
CDPNE. Il permet de faire ressortir les principaux postes émetteurs pour
pouvoir agir dessus en faveur d’une diminution des émissions de gaz à effet
de serre.

Comparaison des émissions de 2009 et de 2011

Figure 2.3. Comparaison des émissions de CO2 par poste entre 2009 et
2011

En ce qui concerne les émissions liées à la consommation d’énergie, les


chiffres ne sont pas comparables car les bâtiments ne sont plus les mêmes.
En effet les bureaux du CDPNE ont déménagés entre ces deux dates.

Les intrants correspondant aux différents achats du CDPNE, qu’il


s’agisse de fourniture de bureau, de matériels informatiques, de vêtements,
de repas ou encore de prestations de services, ont fait l’objet d’une
importante augmentation des émissions de CO2 entre 2009 et 2011. Cette
augmentation s’explique par la méthodologie employée ainsi que par les
intrants considérés. N’ayant pas de données quant au tonnage de matériels
acheté, tout a été considéré via les dépenses engendrées. La consultation du
compte de résultats pour l’année 2011 a permis de considérer l’ensemble des
intrants et de chiffrer les émissions de CO2 au plus proche de la réalité.

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2. Changement climatique Page - 36 -

L’augmentation des émissions de CO2 liée au fret est essentiellement


en lien avec les intrants considérés. En effet, dans la mesure où les intrants
ont été davantage détaillés en 2011, les émissions de CO2 du fret associé à la
livraison sont également plus importantes. De plus, les émissions de CO2
liées à l’expédition de courriers ou divers colis ont également été
considérées, contrairement au Bilan Carbone® réalisé en 2009.

Concernant les déplacements, principal poste d’émissions de CO2 pour


le CDPNE, ils sont également en augmentation entre 2009 et 2011 induisant
une augmentation des émissions de gaz à effet de serre. Ce poste est
davantage détaillé dans les pages suivantes.

Les activités du CDPNE ne sont pas génératrices d’un important


volume de déchets. Les émissions de CO2 entre 2009 et 2011 ont diminué
d’environ 25%. Les quantités de déchets produits peuvent difficilement faire
l’objet d’un suivi quantitatif, nous nous sommes donc basés sur des
estimations qui permettent à terme d’appréhender les émissions de CO2
associées à ce poste.

Concernant les immobilisations, l’augmentation des émissions de CO2


entre 2009 et 2011 s’explique essentiellement par le nombre d’ordinateurs
que possède le CDPNE. Quatre PC écran plat avaient été considérés en 2009
contre 15 en 2011.

Concernant le dernier poste d’émission, il s’agit des émissions de


méthane associées à l’activité de pâturage sur la réserve. Précédemment non
considérées, ces émissions ont désormais été intégrées dans le Bilan
Carbone® pour l’année 2011. En effet, ces émissions sont non négligeables,
dans la mesure où le méthane présente un pouvoir de réchauffement global
nettement supérieur à celui du CO2.

Comparaison des émissions rapportées aux effectifs du CDPNE

Le graphique présenté précédemment illustre les émissions de CO2


effectives du CDPNE. Les effectifs de l’association ayant fortement
augmentés entre 2009 et 2011 il est évident que les émissions de CO2
associées aux activités du CDPNE augmentent également. Ainsi pour
pouvoir effectuer une comparaison pertinente des émissions de CO2 d’une

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2. Changement climatique Page - 37 -

année sur l’autre il est nécessaire de ramener les émissions le nécessitant au


nombre d’Equivalent Temps Plein (ETP), soit :

Concernant le poste « Energie », il aurait été intéressant de ramener les


émissions à l’ETP mais dans le cas présent cela n’est pas pertinent car les
locaux ne sont pas les mêmes.

Concernant le poste « Hors énergie » constitué par les émissions des


animaux, il n’est pas nécessaire de ramener les chiffres à l’ETP car il n’y a
pas de lien entre les deux.

Pour les autres postes d’émissions, la comparaison des émissions de


CO2 2009 et 2011 rapportées à l’ETP du CDPNE sur ces deux années donne
le graphique suivant :

Figure 2.4. Comparaison des émissions de CO2 de 2009 et 2011 ramenées à


l’ETP

Ainsi, ramenées à l’ETP, les augmentations sont moins visibles entre


2009 et 2011, mais les justifications restent les mêmes.
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2. Changement climatique Page - 38 -

Le principal poste d’émission de gaz à effet de serre à l’échelle du


CDPNE reste les déplacements. Une analyse plus détaillée peut alors être
réalisée sur ce poste afin de proposer des pistes d’actions cohérentes.

Analyse détaillée du principal poste d’émissions : les déplacements

En analysant de façon plus fine le principal poste d’émission du


CDPNE, on s’aperçoit que l’augmentation des émissions de CO2 est liée à
l’augmentation des émissions associées aux déplacements domicile/travail
(+85%) ainsi qu’aux déplacements professionnels (+10%). Les déplacements
associés aux visiteurs quant à eux sont en diminution de 25% environ.

Figure 2.5. Comparaison des émissions de CO2 pour le poste «


déplacement »
Les émissions totales liées aux déplacements domicile/travail ne sont
pas comparables d’une année à l’autre dans la mesure où le nombre de
personnes travaillant dans la structure évolue très fréquemment. De même,
pour les déplacements professionnels qui varient en fonction du nombre de
salariés, des études et de leur localisation.

Ainsi afin d’effectuer un suivi pertinent des émissions de CO2, il est


important de rapporter les déplacements domicile/travail et professionnels
à l’ETP, tout comme précédemment.

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2. Changement climatique Page - 39 -

On obtient alors :

Figure 2.6. Comparaison des émissions de CO2 de 2009 et 2011 pour les
déplacements domicile/travail et professionnels, ramenées à l’ETP

Ramenées à l’ETP, les déplacements domicile/travail sont toujours en


augmentation entre 2009 et 2011, en revanche les déplacements
professionnels ont diminués d’environ 20%. Cela est peut être à mettre en
corrélation avec le déménagement du CDPNE qui permet de réduire l’usage
de la voiture du fait de la proximité de certains partenaires, administrations
(CAUE, CG, Préfecture, etc.).

Afin d’obtenir un suivi plus performant et une mise à jour plus rapide
du Bilan Carbone®, des fiches de suivi seront mises en place en interne afin
de disposer des données nécessaires à la réalisation d’un Bilan Carbone® le
plus proche de la réalité et le moins estimatif possible.

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3. Evaluation environnementale Page - 40 -

Chapitre 3.
EVALUATION ENVIRONNEMENTALE
3.1. Etude d’Impact Environnemental (EIE)

3.1.1. Origine et définition du concept

Lʹétude dʹimpact sur lʹenvironnement (Environmental Impact Assessment)


est un document scientifique et une procédure juridique dʹévaluation des effets
dus à certaines activités et projets de lʹhomme sur lʹenvironnement.

Elle est une politique et un instrument de gestion dans le cadre des projets et
des prises de décisions. En tant quʹinstrument scientifique, elle permet dʹidentifier,
de prévoir et dʹévaluer les conséquences dommageables sur lʹenvironnement des
projets industriels, de développement, de construction, etc.

Cʹest une évaluation effectuée a priori qui porte nécessairement sur une
activité de lʹhomme qui nʹest pas encore réalisée. Elle se distingue ainsi des audits
dʹenvironnement qui, eux, vérifient lʹimpact de certaines activités après leur
réalisation.

Une étude dʹimpact environnemental est donc une étude technique et


scientifique qui vise à apprécier les conséquences environnementales dʹun projet
pour tenter dʹen limiter, atténuer ou compenser les impacts négatifs.

La prise de conscience dans les années 1970 de la nécessité de limiter les


dommages à la nature s’est concrétisée par des lois obligeant à réduire les
nuisances et pollutions, et à atténuer les impacts des grands projets (ou de projets
dépassant un certain coût). Pour ce faire, des « Études dʹimpact environnemental »
(EIE) sont devenues obligatoires préalablement à la réalisation dʹaménagements
ou dʹouvrages qui, par lʹimportance de leurs dimensions ou leurs incidences sur le
milieu naturel, pourraient porter atteinte à ce dernier.

Les études d’impacts sont financées par le requérant du droit d’exploitation,


et elles ne sont obligatoires quʹà partir dʹun seuil financier ou pour certains projets
(installations classées, grands projets..), alors qu’une somme de nombreux petits
projets apparemment anodins peuvent générer des impacts environnementaux,
sociaux et sanitaires encore plus importants, voire majeurs quʹun grand projet très
coûteux.

Dans une EIE, on prend en compte lʹensemble des facteurs


environnementaux tout en se concentrant sur les éléments vraiment significatifs et

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3. Evaluation environnementale Page - 41 -

on considère les intérêts et les attentes des parties concernées, en vue dʹéclairer les
choix et les prises de décision.

Elle est faite à la demande d’une loi ou d’une autorisation d’exploitation.


C’est l’application du principe de prévention « approche préventive ».
Lʹapplication de lʹEIE a commencé timidement sur le plan international en raison
des réticences de certains pays. Il est vrai que, pour être efficace et prévenir les
phénomènes divers résultant dʹactivités de lʹhomme, la procédure dʹEIE requiert
un investissement considérable, tant sur le plan des ressources financières que des
ressources humaines.

3.1.2. Aperçu historique

Née en Amérique du Nord dans les années 1970, lʹEIE a été introduite
progressivement dans les législations des pays développés et émergents. Instituée
comme procédure nationale en premier lieu, elle a été intégrée peu à peu aux
rapports entre les États.

Face à lʹampleur inquiétante de certaines catastrophes écologiques, les États


durent prévoir les conséquences de leurs actes et mirent leurs efforts et leurs
connaissances en commun.

3.1.3. Contenu minimal

Une EIE doit contenir au minimum les informations suivantes :

1) « une description du projet » ;

2) « une analyse de lʹ« état initial » (ou « état de référence », « état‐zéro ») de la


zone susceptible d’être affectée et de son environnement » ;

3) « l’étude des effets du projet sur l’environnement ou la santé humaine, y


compris les effets cumulés avec d’autres projets connus » ;

4) « les mesures proportionnées envisagées pour éviter, réduire et, lorsque c’est
possible, compenser les effets négatifs notables du projet sur
l’environnement ou la santé humaine, ainsi quʹune présentation des
principales modalités de suivi de ces mesures et du suivi de leurs effets sur
l’environnement ou la santé humaine » ;

5) « une esquisse des principales solutions de substitution qui ont été


examinées par le maître d’ouvrage et une indication des principales raisons
de son choix, eu égard aux effets sur l’environnement ou la santé humaine » ;

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3. Evaluation environnementale Page - 42 -

6) pour les infrastructures de transport, lʹétude « comprend une analyse des


coûts collectifs des pollutions et nuisances et des avantages induits pour la
collectivité ainsi qu’une évaluation des consommations énergétiques
résultant de l’exploitation du projet, notamment du fait des déplacements
qu’elle entraîne ou permet d’éviter » ;

7) un « résumé non technique des informations prévues ci‐dessus ».

3.1.4. Causes d’insuffisances

Les études dʹimpacts sont encore souvent incomplètes ou mal faites,


notamment pour les raisons suivantes :

ƒ Manque de temps et de moyens financiers (pour les experts) nécessaires


aux évaluations environnementales fines.

ƒ Défaut de cahiers des charges (certains cahiers des charges imposent de ne


traiter que certains aspects en évitant par exemple les impacts indirects,
secondaires ou les impacts sur la santé humaine, les impacts cumulatifs
et/ou synergiques, ou induits par la pollution lumineuse, par les impacts
énergétiques (émissions de gaz à effet de serre), en matière d’empreinte
écologique, etc.).

ƒ Défaut d’accès à des informations essentielles mais jugées confidentielles


pour des raisons industrielles, de brevet, militaires ou politiques. Dans de
nombreux pays, les plans et documents établis à fins de défense nationale
ou de protection civile ne sont pas soumis à une évaluation
environnementale, bien que l’on sache que de nombreux sites pollués ont
une origine militaire ou sont des séquelles de guerre.

ƒ Manque de temps et/ou de compétences techniques pour les inventaires


faune‐flore et écologiques, en particulier en zone tropicale forestière,
aquatique ou marine où de nombreuses espèces sont inconnues ou connues
que de quelques spécialistes, où les espèces sont parfois difficilement
accessibles (sur la canopée, sous le sol) et les impacts peu prévisibles (par
exemple sur les récifs coralliens pour les aménagements portuaires et
littoraux).

ƒ Mauvaise prise en compte des impacts indirects et secondaires (différés


dans l’espace et dans le temps) : par exemple, l’expérience a montré en
France que la création d’autoroutes engendrait des impacts
environnementaux très importants via les remembrements qu’ils
entraînaient, autant sinon plus qu’à cause des retombées de pollution et de

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3. Evaluation environnementale Page - 43 -

l’effet de fragmentation écologique de l’autoroute elle‐même (idem pour les


canaux, TGV et autres contournements..).

ƒ Parfois l’étude d’impact est bien faite, mais les mesures compensatoires et
conservatoires qu’elle propose ne sont simplement pas mises en œuvre. Ou
les observatoires nécessaires pour ajuster dans le temps les mesures
compensatoires ne sont simplement presque jamais mis en œuvre).

ƒ Les grands projets doivent faire lʹobjet dʹétudes dʹimpacts sur


lʹEnvironnement, mais ils sont parfois saucissonnés par leurs promoteurs
(mis en œuvre par tranches successives dans le temps), ce qui leur permet
dʹéchapper aux études dʹimpacts.

ƒ Certains aspects tels que le dérangement de la faune sont particulièrement


difficiles à prendre en compte et à compenser.

ƒ Les impacts différés de la pêche (en mer), de la chasse et de l’agriculture ou


de la sylviculture qui peuvent être amplifiés par certains aménagements
sont rarement étudiés, et lʹétude des impacts des aménagements sur ces
activités est souvent très simplifiée, quand elle existe.

ƒ Les mesures compensatoires (replantation d’arbres, par exemple) peuvent


prendre des dizaines d’années avant d’avoir un effet significatif, alors que
l’impact négatif était majeur et immédiat.

ƒ La loi impose parfois des mesures contreproductives, avec par exemple la


remise en état des carrières, justifiant en général qu’elles soient rebouchées
par des déchets, alors qu’un aménagement plus propice à la biodiversité et
à la conservation des ressources en eau pourrait être proposé, permettant la
survie des espèces protégées qui s’y étaient généralement installées.

ƒ Des études d’impacts conditionnent certaines autorisations de mises sur le


marché (de pesticides, de médicaments, de produits chimiques, d’OGM ou
produits issus des nanotechnologies, etc, mais dans ces derniers cas, les
études dʹimpact transmises aux autorités chargées dʹautoriser ou
dʹapprouver ces produits (agrément, autorisation provisoire de mise sur le
marché..) sont généralement faites par le demandeur et à ses frais, sans
contre‐expertise possible, ce qui peut en limiter la crédibilité).

ƒ Dans le doute scientifique, face à des enjeux économiques souvent


importants, le principe de précaution est dʹapplication difficile.

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3. Evaluation environnementale Page - 44 -

3.2. Audit Environnemental et Inspections

3.2.1. Audit environnemental

Lʹaudit environnemental désigne un instrument de gestion comprenant une


évaluation systématique, documentée, périodique et objective de l’efficacité de
l’organisation, du système de gestion et des procédures destinées à la protection
de l’environnement.
On distingue plusieurs types d’audits dont :
ƒ Audit de conformité : Porte sur les obligations légales (permis et
conditions, étude du sol, gestion des déchets, eau…) ;
ƒ Audit en cas de cession/audit ʹDue Diligence : Détermine le passif
environnemental des entreprises. Ce passif ne se limite pas à une éventuelle
pollution du sol/de l’eau, mais oriente également les futurs investissements
nécessaires pour répondre aux conditions générales, ainsi que les contrôles
périodiques à réaliser.
ƒ Audit de certification (ISO 14001, SMEA) : C’est aussi un audit de
conformité, mais focalisé sur les normes du système de gestion de
l’environnement. Il aborde les aspects organisationnels, la gestion des
documents, …
En fonction de l’organe qui initie ou réalise l’audit, on peut distinguer :
‐ Audits externes réalisés par des entités externes à lʹentreprise auditée, à la
demande ou pas de ladite entreprise, en appliquant ses propres critères quant à la
portée, lʹorganisation et la réalisation de lʹaudit ou, au moins, quant aux deux
derniers aspects.
‐ Audits internes réalisés par le personnel de lʹentreprise ou par des entités
externes à lʹentreprise auditée, à la demande de ladite entreprise, et en appliquant
des critères propres en ce qui concerne la portée, lʹorganisation et la réalisation de
lʹaudit.

3.2.2. Exemple de l’audit environnemental à TFM

A TFM, l’audit environnemental est considéré comme une démarche visant à


déterminer la conformité des activités et pratiques aux exigences réglementaires,
aux politiques et procédures de l’entreprise et aux normes reconnues. Il consiste
en une évaluation systématique et objective des activités de l’entreprise pour une
périodicité annoncée, qui s’attache à :
• Vérifier la conformité aux réglementations sur l’environnement, aux
politiques internes et procédures autorisées ;
• Evaluer l’efficacité des « systèmes de gestion » de l’environnement mis
en place ;

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3. Evaluation environnementale Page - 45 -

• Identifier et évaluer tout risque raisonnablement prévisible lié à des


conditions de risques attribuables aux activités, et prévenir ou réduire
de tels risques.
Les objectifs sont donc les suivants :
• Identifier et documenter le statut des installations de l’entreprise. Les
audits d’entreprise ne doivent pas se limiter à relever les différences
ou défauts qui pourront être observés sur les sites ; ils doivent
mentionner de la même manière les secteurs de performance
exemplaire. Par ailleurs, l’étude devra comprendra une évaluation des
modèles défaillants susceptibles de se développer au sein de
l’entreprise et dans le temps.
• Améliorer la performance globale en matière d’environnement sur les
sites. Des audits planifiés régulièrement auront un caractère fortement
incitatif à la résolution définitive des questions liées à
l’environnement. En outre, ils fourniront un outil d’identification et
d’amélioration continuelles à tous les niveaux de l’activité.
• Faciliter la gestion des sites. En plus de vérifier le statut des
installations du site, les audits peuvent permettre à la direction de
comprendre et d’interpréter les règlements ou politiques en cours ou à
venir. Ils peuvent également aider à identifier les problèmes de
conformité, indiquer des solutions rentables, et permettre d’identifier
les besoins en formation des employés. De plus, les informations
fournies dans les protocoles et listes de contrôle développés par les
groupes d’audit peuvent aider les établissements à améliorer la
gestion de leur activité.
• Développer la sensibilisation a l’environnement à travers l’entreprise.
Le programme d’audit décrit l’engagement de la direction en matière
de conformité aux normes de protection de l’environnement. Par sa
nature, le programme d’audit va davantage développer la
sensibilisation à l’environnement sur le lieu de travail. Le résultat de
cette sensibilisation accrue à l’environnement influencera les employés
et se traduira également par leur implication à tous les niveaux de
l’organisation.
• Identifier et mesurer les risques en matière d’environnement. Les
audits mesureront les risques réglementés et non réglementés qui sont
liés aux incidents. Ils proposeront des mesures à prendre afin de
parvenir au contrôle, à la réduction, voire l’élimination des risques.
Enfin, les audits s’attacheront à évaluer les éventuelles conséquences
matérielles significatives pour l’entreprise.
• Optimiser les ressources. L’identification des activités et méthodes
environnementales conjointe à une enquête sur la consolidation des

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3. Evaluation environnementale Page - 46 -

ressources et technologies entraîne le développement de stratégies de


management plus efficaces et plus rentables.
• Fournir des garanties à la direction. Les audits environnementaux
apportent à la direction la garantie que les questions liées à
l’environnement sont traitées avec efficacité. En outre, ils réduisent au
minimum les risques encourus par l’entreprise, y compris les risques
encourus par les hauts responsables, relatifs aux questions de
conformité et les risques identifiés.
L’objectif à long terme de l’audit d’environnement en entreprise est
d’apporter une base qui permettra d’évaluer et d’améliorer les systèmes de
gestion, et aussi d’identifier et de résoudre les questions liées à l’environnement,
avant que ces dernières ne deviennent des problèmes, des dangers potentiels,
voire des risques.
En pratique, les principaux sites d’activité devront être audités en interne au
moins tous les deux ans. Cette fréquence pourra être augmentée ou réduite avec
l’accord de la direction. Les protocoles d’audit sont tenus à la disposition des
équipes chargées des opérations. Dans certains cas, il pourra arriver que certaines
équipes et certains secteurs d’activité, ressentent le besoin ou se voient priés par
divers organismes de faire mener des audits environnementaux externes. Ces
derniers ne pourront être effectués qu’avec l’accord de la direction. Cependant, ces
audits externes ne pourront remplacer les audits internes.

3.2.3. Audit environnemental selon le Règlement minier

D’après la législation minière congolaise, un Audit Environnemental a pour


objet d’évaluer l’évolution de la mise en application des dispositions contenues
dans l’Etude d’Impact Environnemental ou du Plan Environnemental d’un
titulaire d’un titre minier. Le rapport de l’Audit contient une évaluation des
travaux d’atténuation et de réhabilitation réalisés par le Titulaire, leur état
d’avancement par rapport au calendrier proposé dans le Plan Environnemental
initialement déposé et approuvé ainsi que l’étude de l’environnement du site et de
l’évolution de ses caractéristiques (air, eaux, sols et biodiversité).
L’article 459 du Règlement minier dispose donc que tous les deux ans à partir
de la date d’approbation de l’Etude d’Impact Environnemental du projet initial, le
Titulaire d’un droit minier ou de carrières est tenu de faire réaliser, à ses propres
frais, un audit par un Bureau d’études environnementales agréé autre que celui
qui a élaboré l’Etude d’Impact Environnemental du projet ou le Plan de Gestion
Environnemental du Projet.

3.2.4. Inspection environnementale en RDC

D’après le Règlement minier (cfr article 461) les travaux d’atténuation et de


réhabilitation réalisés par le Titulaire sont soumis aux inspections effectuées par la
Direction chargée de la Protection de l’Environnement Minier pour vérifier leur
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3. Evaluation environnementale Page - 47 -

état d’avancement par rapport au calendrier prévu et leur conformité par rapport
aux mesures prévues dans le Plan de Gestion Environnementale du Projet
approuvé.
A l’issue de chaque contrôle, un rapport est dressé en deux copies, dont une
est transmise au Titulaire et une autre à la Direction des Mines, dans un délai de
trente jours ouvrables à compter de la clôture de l’opération du contrôle.
Les opérations d’exploitation sont inspectées une fois par trimestre par la
Direction des Mines et deux fois par an par la Direction chargée de la Protection
de l’Environnement Minier.
Les inspections ponctuelles sont effectuées chaque fois que les circonstances
l’exigent. Les agents qui effectuent les inspections informent le Titulaire au
préalable des dates, heures et objets de leurs missions d’inspection sauf si cette
information est de nature à entraver l’efficacité du contrôle.
Les Agents et Inspecteurs en mission d’inspection ont libre accès aux
installations techniques et administratives, aux registres et documents, et aux
travaux de prospection, de recherches, d’exploitation et de transformation. Lors de
leurs missions, ils se font présenter les plans et registres, et y apposent leur visa. Ils
peuvent faire précéder ce visa de toutes observations ou recommandations
techniques sur les matières soumises à leur surveillance. Lesdites
recommandations sont exécutoires surtout pour le cas de péril imminent, et leur
non‐observance engage la responsabilité de l’opérateur minier concerné.
En outre, les Agents et Inspecteurs en mission d’inspection peuvent prendre
ou ordonner, en cas d’urgence, toutes les mesures utiles pour protéger le
personnel ou les populations en danger, y compris éventuellement l’arrêt de
l’exploitation en cas de danger imminent et grave pour la sécurité du personnel.
Dans ce cas, les inspections peuvent être faites conjointement par les agents et des
représentants d’autres ministères concernés.

3.3. Références environnementales

Par référence environnementale on entend le cadre législatif, règlementaire


ou scientifique auquel on se réfère pour réaliser son EIE. D’une manière générale
on se réfère à la loi de son pays. Comme généralement cette loi est incomplète ou
non à jour, il est conseillé, pour certaines considérations de se référer aux principes
considérés comme universels, aux accords internationaux ou aux connaissances
scientifiques du moment. L’objectif de cette section est de présenter quelques
références couramment utilisées.

3.3.1. Grands principes environnementaux « universels »

Les grands principes du droit de l’environnement ont été créés au fil des
conventions internationales. A Stockholm en 1972, d’autres lors de la convention
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3. Evaluation environnementale Page - 48 -

de Rio, en 1992, et certains sont nés de coutumes. Le droit français les a regroupés
dans le code de l’environnement.
Le terme « principe » est polysémique dans le vocabulaire juridique. On
l’emploie indifféremment pour désigner un constat d’évidence, la conclusion
d’une analyse, une norme non juridique ou une règle juridique obligatoire. Par
exemple, la Déclaration de Dublin de janvier 1992 sur l’eau énonce quatre
« principes » de nature et de portée très différentes. La Déclaration de Rio de Juin
1992 en compte 27 conçus de façon similaire. Ces deux déclarations ont une
prétention juridique et pourtant leurs énoncés ne sont pas tous libellés en termes
normatifs : certains sont de simples constats (d’évidence ou d’observation) alors
que d’autres ont un caractère normatif qui se manifeste à travers l’utilisation
récurrente du verbe « devoir », verbe impératif ou prescriptif.
Les principes sont une définition et une cristallisation normatives des valeurs
fondamentales de la société. Ils indiquent les objectifs fondamentaux ou la
doctrine de l’Etat et de la société en une matière donnée. Ce sont finalement des
normes programmatoires dont le législateur ou le juge auront la charge de préciser
le contenu.
Au plan international, les principes se retrouvent à la fois énoncés par les
textes déclaratoires ou par les préambules de certaines conventions. Par exemple,
la Conférence de Stockholm en juin 1972 sur l’environnement a approuvé une
Déclaration constituée d’une proclamation en 7 points et de 26 principes.
Cette Déclaration exprime comme premier principe, l’idée que « l’Homme a
un droit fondamental à la liberté, à l’égalité et à des conditions de vie satisfaisantes, dans
un environnement dont la qualité lui permette de vivre dans la dignité et le bien‐être ».
Cette « conviction commune » a été détaillée sous la forme d’autres principes,
parmi lesquels on peut particulièrement souligner :
ƒ l’Homme a le devoir solennel de protéger et d’améliorer l’environnement
pour les générations présentes et futures (principe 1)
ƒ les ressources naturelles doivent être préservées par une planification ou une
gestion prudente (principe 2) et leur conservation doit tenir une place
importante dans la planification pour le développement économique
(principe 4), ou encore
ƒ les rejets de matières toxiques ou d’autres matières, et les dégagements de
chaleur en quantités ou sous des concentrations telles que l’environnement
ne puisse plus en neutraliser les effets doivent être interrompus de façon à
éviter que les écosystèmes ne subissent des dommages graves ou
irréversibles (principe 6).
a) Principe de précaution
Le principe de précaution est formulé, dans un sens autre que scientifique,
pour la première fois en 1992 dans le Principe 15 de la Déclaration de Rio : « En cas
de risque de dommages graves ou irréversibles, lʹabsence de certitude scientifique
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3. Evaluation environnementale Page - 49 -

absolue ne doit pas servir de prétexte pour remettre à plus tard lʹadoption de
mesures effectives visant à prévenir la dégradation de lʹenvironnement. »
En France, la loi Barnier de 1995 précise que « lʹabsence de certitudes, compte
tenu des connaissances scientifiques et techniques du moment, ne doit pas
retarder lʹadoption de mesures effectives et proportionnées visant à prévenir un
risque de dommages graves et irréversibles à lʹenvironnement à un coût
économiquement acceptable ». La France a ajouté à la définition de Rio les notions
de réaction proportionnée et de coût économiquement acceptable. La Charte de
lʹEnvironnement de 2005 a modifié à nouveau cette formulation, en lui donnant un
sens sensiblement différent : les autorités publiques sont les seules à pouvoir
appliquer le principe de précaution qui est devenu un principe dʹaction et non
dʹinaction : face à lʹincertitude, il faut développer des programmes de recherche
pour lever le doute. La science reste donc une réponse et ne peut être entravée au
nom du statu quo.
Son interprétation reste difficile et controversée. Au sens juridique du terme,
le principe de précaution provient du droit de lʹenvironnement et du droit de la
santé, ayant été développé à la suite dʹaffaires telles que celle du sang contaminé
ou de la « vache folle ».
Ce principe existait à différents degrés dans les chartes et les conventions
internationales comme dans certaines lois nationales. Cʹest dans le domaine de la
santé environnementale (par exemple la question du réchauffement climatique ou
des zoonoses ou maladies émergentes) qui fournissent lʹessentiel des sujets
dʹinquiétudes « graves » et « irréversibles », et donc de la matière dʹapplication de
ce principe, mais la crise économique a aussi reposé la question de la précaution
dans la gouvernance de lʹéconomie, des bourses et des banques.
b) Principe pollueur‐payeur
Le principe pollueur‐payeur est un principe découlant de lʹéthique de
responsabilité, qui consiste à faire prendre en compte par chaque acteur
économique les externalités négatives de son activité.
En France, il est défini par à lʹarticle L110‐1, II, 3° du code de lʹenvironnement
selon lequel « les frais résultant des mesures de prévention, de réduction de la
pollution et de lutte contre celle‐ci doivent être supportés par le pollueur. »
Les mesures découlant du principe pollueur payeur ont pour but de rétablir
la « vérité des prix » : si une activité économique entraîne une pollution, le coût de
cette pollution (supportée par la collectivité) doit être pris en compte au niveau du
pollueur. Le pollueur intègre donc dans son choix économique la totalité des coûts
lié à sa production (coûts privés et coûts externes).
Le principe pollueur‐payeur a été adopté par l’OCDE en 1972, en tant que
principe économique visant la prise en charge, par le pollueur, des « coûts de
mesures de prévention et de lutte contre la pollution arrêtées par les pouvoirs
publics pour que lʹenvironnement soit dans un état acceptable ». Ce principe est
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3. Evaluation environnementale Page - 50 -

un des principes essentiels qui fondent les politiques environnementales dans les
pays développés. Il est à lʹorigine de lʹinternalisation des coûts de pollution par les
auteurs de la pollution par le biais dʹinstruments réglementaires (normes,
interdictions, permis, zonages, quotas, restrictions dʹutilisation et autres
réglementations directes), dʹinstruments économiques (redevances, subventions,
systèmes de consignation, création de marchés, incitations à la mise en
conformité), ou dʹinstruments fiscaux.
Au sein de lʹUnion européenne, ce principe figure parmi les principes
fondamentaux depuis lʹentrée en vigueur de lʹActe unique européen en 1987 dont
le titre XIX fonde juridiquement la politique de lʹenvironnement de lʹUnion,
laquelle : « est fondée sur les principes de précaution et dʹaction préventive, sur le
principe de la correction, par priorité à la source, des atteintes à lʹenvironnement et
sur le principe du pollueur‐payeur » selon lʹarticle 174 (2) du Traité instituant la
Communauté européenne. Il a été mis en avant dans le Livre blanc de 2000 sur la
« responsabilité environnementale », qui a débouché sur la directive 2004/35
dʹavril 2004.
c) Principe de prévention
Le Principe de prévention est l’un des principes généraux du droit de
l’environnement. Le Principe de prévention implique la mise en œuvre de règles
et d’actions pour anticiper toute atteinte à l’environnement qui doivent tenir
compte des derniers progrès techniques.
‐ La Déclaration de Rio sur l’environnement et le développement de 1992
prévoit que ʹʹ les États doivent promulguer des mesures législatives efficaces en
matière d’environnement ʹʹ, principe retenu aussi dans le droit communautaire.
‐ Le traité de Maastricht énonce : ʹʹ la politique de la Communauté dans le
domaine de l’environnement vise un niveau de protection élevé, en tenant compte
de la diversité des situations dans les différentes régions de la Communauté. Elle
est fondée sur le principe de précaution et d’action préventive, sur les principes de
la correction, par priorité à la source, des atteintes à l’environnement et sur les
principes du pollueur‐payeur ʹʹ.
La définition la plus courante est : Principe selon lequel il est nécessaire
dʹéviter ou de réduire les dommages liés aux risques avérés dʹatteinte à
lʹenvironnement, en agissant en priorité à la source et en recourant aux meilleures
techniques disponibles.
d) Principe de correction par priorité à la source
Il est proche du principe de précaution et du principe de prévention. L’idée
est qu’il est préférable d’arrêter l’émission de la pollution à la source plutôt que de
réparer les atteintes à l’environnement ou de traiter les émissions. Cette
intervention doit se faire à la racine et non au niveau des ramifications. C’est ici
que l’idée de l’écoconception a été développée. Le sens est d’intégrer les mesures
préventives dès la conception d’un projet ; c’est corriger à la source.
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3. Evaluation environnementale Page - 51 -

e) Principe d’information‐participation
L’information et la participation du public en matière environnementale est
une composante indispensable pour permettre de responsabiliser chacun et ainsi
obtenir de réelles évolutions des comportements à risques. Le droit à l’information
se traduit tout d’abord par l’obligation faite aux autorités de fournir d’eux‐mêmes
des informations sur l’état de l’environnement. Les citoyens peuvent quant à eux
réclamer des informations sur l’environnement sans qu’un intérêt ne soit justifié.
C’est la convention d’Aarhus (2ème grande ville de Danemark en termes de
population) qui définit les règles encadrant la remise de cette information.
Le droit à l’information implique le droit de participer aux consultations du
public organisées à l’occasion de la réalisation de certains projets. Pour certains
projets, la loi exige que soit réalisée une enquête publique qui a pour but
d’informer le public et de recueillir les avis ou propositions des citoyens. Enfin,
l’information des citoyens peut être assurée par l’organisation de réunions, de
commissions locales d’informations et de surveillance, leur création est par
exemple obligatoire sur les sites d’élimination ou de stockage des déchets.
f)Principe du développement durable
Le nouveau droit à un environnement sain concerne les générations
présentes. Mais lʹirréversibilité de certaines atteintes au milieu naturel et aux
espèces animales et végétales affecte nécessairement les générations futures. Aussi
la décision publique ou privée doit‐elle systématiquement prendre en compte ses
effets directs et indirects sur le long terme67. La consécration juridique de la prise
en compte du long terme est la reconnaissance des droits des générations futures
qui peut se traduire comme un devoir pour les générations présentes de protéger
lʹenvironnement sur le long terme en préservant les biens du patrimoine commun.
Déjà évoqué par les principes 1 et 2 de Stockholm, le principe 3 de la
Déclaration de Rio mentionne les besoins relatifs à lʹenvironnement des
générations futures. Cette prise en compte du futur est indissociable de lʹobjectif
visant à assurer un développement durable depuis Rio 1992.

3.3.2. Principes de l’Equateur

Les principes de lʹÉquateur sont des principes utilisés par des grandes
banques internationales. Ils impliquent la prise en compte des critères sociaux,
sociétaux et environnementaux dans le financement de projets. Les principes se
posent en base d’un financement responsable et respectent les standards édictés
par la Banque mondiale.
Les principes de l’Équateur (EP) sont un référentiel du secteur financier pour
l’identification, l’évaluation et la gestion des risques sociaux et environnementaux
pour les opérations de financement de projet. Ils s’appuient sur les normes de
performance en matière de durabilité environnementale et sociale et sur les
directives générales et spécifiques au secteur d’activité financier, en matière

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dʹenvironnement, de santé et de sécurité de la Société financière internationale. Les


78 institutions financières provenant de 33 pays ayant adopté les principes de
l’Équateur à la fin dʹavril 2013 représentent une part majoritaire de l’activité de
financement de projet dans le monde (plus de 70%).
Déclaration :
« Nous, les Etablissements financiers qui appliquons les Principes de
l’Equateur (ʺEPFIʺ), avons adopté les Principes de l’Equateur afin de nous assurer
que les projets que nous finançons et que nous conseillons soient développés
d’une manière socialement responsable reflétant des pratiques saines en matière
de gestion de l’environnement. Nous reconnaissons l’importance du changement
climatique, de la biodiversité et des droits de l’homme et considérons que les
impacts négatifs sur les écosystèmes, les communautés et le climat doivent être
évités dans la mesure du possible. Si ces impacts sont inévitables, ils doivent être
minimisés, atténués et/ou compensés ».
Les EPFI révisent périodiquement les Principes de l’Equateur à la lumière de
leur expérience dans leur mise en œuvre, et afin de prendre en compte à la fois les
enseignements et les nouvelles bonnes pratiques.
La version de juin 2013 comporte les principes suivants :
ƒ Principe 1 : Revue et Catégorisation
ƒ Principe 2 : Evaluation environnementale et sociale
ƒ Principe 3 : Standards environnementaux et sociaux applicables
ƒ Principe 4 : Système de gestion environnementale et sociale et Plan dʹAction
selon les Principes de lʹEquateur (Plan d’Action EP)
ƒ Principe 5 : Participation des parties prenantes
ƒ Principe 6 : Mécanisme de règlement des griefs
ƒ Principe 7 : Revue indépendante
ƒ Principe 8 : Engagements à faire ou à ne pas faire (ʺCovenantsʺ)
ƒ Principe 9 : Suivi Indépendant et Reporting
ƒ Principe 10 : Reporting et Transparence (s’assurera que, au minimum, un
résumé de l’EIES est accessible et disponible en ligne).

3.3.3. Principes de l’OCDE

Les Principes directeurs de lʹOCDE (Organisation de Coopération et de


Développement Economiques) à l’intention des entreprises multinationales sont
des recommandations que les gouvernements adressent aux entreprises
multinationales exerçant leurs activités dans les pays adhérents ou à partir de ces
derniers. Ils contiennent des principes et des normes non contraignants destinés à
favoriser une conduite raisonnable des entreprises dans un environnement

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mondialisé, en conformité avec les législations applicables et les normes


internationalement admises. Les Principes directeurs constituent, en matière de
conduite responsable des entreprises, le seul code exhaustif convenu à l’échelon
multilatéral que les gouvernements se sont engagés à promouvoir.
Les recommandations énoncées dans les Principes directeurs expriment les
valeurs partagées par les gouvernements des pays dont provient une grande
partie de l’investissement direct international et dans lesquels sont implantées
nombre des entreprises multinationales parmi les plus grandes.
Les Principes directeurs ont vocation à promouvoir une contribution positive
des entreprises au progrès économique, environnemental et social partout dans le
monde.
Les Principes directeurs sont étayés par un mécanisme de mise en oeuvre
unique en son genre, les Points de contact nationaux (PCN), qui sont les instances
établies par les gouvernements adhérents pour promouvoir et mettre en oeuvre les
Principes directeurs. Les PCN aident les entreprises et leurs parties prenantes à
prendre les mesures adéquates pour en renforcer encore l’application. Ils
constituent également un pôle de médiation et de conciliation permettant de
résoudre les problèmes pratiques susceptibles de se poser.
Le 4 mai 2010, les gouvernements de 42 pays membres et non membres de
lʹOCDE ayant adhéré à la Déclaration de lʹOCDE sur l’investissement international
et les entreprises multinationales et à la Décision connexe ont lancé les travaux de
mise à jour des Principes directeurs afin de tenir compte des évolutions du
paysage de l’investissement international et des entreprises multinationales
intervenues depuis la dernière révision effectuée en 2000.
Les entreprises ont pour obligation première de se conformer à la législation
de leur pays. Les Principes directeurs ne sauraient se substituer à une législation
ou une réglementation nationale, ni prévaloir sur elles. Si les Principes directeurs
vont au‐delà de la loi dans de nombreux cas, ils ne devraient pas ‐ et tel nʹest pas
leur but ‐ placer les entreprises dans une situation où elles feraient face à des
obligations contradictoires. Dans les pays où la législation ou la réglementation
intérieure contredisent les principes et les normes énoncés dans les Principes
directeurs, les entreprises devraient rechercher le moyen de respecter ces principes
et ces normes dans toute la mesure du possible sans toutefois risquer de
contrevenir à leur législation nationale.
Parmi les principes généraux on peut noter les recommandations faites aux
entreprises de :
1. Contribuer aux progrès économiques, environnementaux et sociaux en vue
de parvenir à un développement durable.
2. Respecter les droits de l’homme internationalement reconnus vis‐à‐vis des
personnes affectées par leurs activités.

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3. Encourager le renforcement de capacités au niveau local en coopérant


étroitement avec la communauté locale, y compris les milieux dʹaffaires, tout en
développant les activités de lʹentreprise sur le marché intérieur et sur les marchés
extérieurs dʹune manière compatible avec de saines pratiques commerciales.
4. Encourager la formation de capital humain, en particulier en créant des
possibilités dʹemploi et en facilitant la formation des salariés.
5. Sʹabstenir de rechercher ou dʹaccepter des exceptions non prévues dans le
dispositif législatif ou réglementaire concernant les droits de l’homme,
lʹenvironnement, la santé, la sécurité, le travail, la fiscalité, les incitations
financières ou dʹautres domaines.
6. Appuyer et faire observer des principes de bon gouvernement dʹentreprise
et mettre au point et appliquer de bonnes pratiques de gouvernement dʹentreprise,
y compris au sein des groupes dʹentreprises.
7. Élaborer et appliquer des pratiques dʹautodiscipline et des systèmes de
gestion efficaces qui favorisent une relation de confiance mutuelle entre les
entreprises et les sociétés dans lesquelles elles exercent leurs activités.
8. Faire en sorte que les travailleurs qu’elles emploient soient bien au fait des
politiques qu’elles ont mises en place et les inciter à s’y conformer en les diffusant
comme il convient, notamment par des programmes de formation.
9. Sʹabstenir dʹengager des actions discriminatoires ou disciplinaires à
lʹencontre des travailleurs qui auraient, de bonne foi, rapporté à la direction ou, le
cas échéant, aux autorités publiques compétentes, des informations sur des
pratiques contraires à la loi, aux Principes directeurs ou aux politiques de
lʹentreprise.

3.3.4. CLIP

Le CLIP est une notion récente qui tire son origine du domaine médical, mais
les germes de cette notion se trouvaient déjà dans le sermon d’Hippocrate. Le
CLIP est venu remplacer le «modèle paternaliste» de la relation médecin‐patient.
Dans ce modèle, le médecin se voit comme le gardien de lʹintérêt du patient et
transpose sa subjectivité sur la morbidité du patient. Le patient est perçu comme
nʹétant plus une personne raisonnable, capable de décider pour elle‐même de la
manière dont il veut vivre ou mourir. Le médecin se positionne comme étant celui
qui a le savoir. Le médecin est un expert et, pour sa part, le patient est dans
lʹignorance. Tout ce que le patient peut faire est dʹacquiescer au modèle
thérapeutique du médecin et sa liberté se limite alors à pouvoir changer de
médecin traitant.
Avec l’évolution de la notion des droits humains, le modèle paternaliste s’est
trouvé dénudé et le monde médical a compris la nécessité de demander le point de
vue du patient dans la démarche thérapeutique. C’est alors qu’est intervenue la
notion de consentement éclairé qui implique que le médecin est tenu de présenter
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clairement au patient tous les risques de l’intervention thérapeutique. Le


consentement doit être libre, c’est‐à‐dire en lʹabsence de contrainte, et éclairé, c’est‐
à‐dire précédé par une information. Lʹinformation et le consentement sont des
moyens pour remédier à la fameuse dissymétrie relationnelle existant entre le
médecin qui sait et le patient qui ignore.
Le consentement doit être libre et renouvelé pour tout acte médical ultérieur.
Cette liberté est requise dans tout le processus d’évolution de l’itinéraire
thérapeutique. Il doit être éclairé, cʹest‐à‐dire que le patient doit avoir été
préalablement informé des actes quʹil devra subir, des risques potentiels en lʹétat
des connaissances scientifiques et des conséquences que ceux‐ci pourraient
entraîner. Le patient informé se réserve le droit de refuser un acte de diagnostic ou
un traitement, de lʹinterrompre à tout moment à ses risques et périls. Il peut
également estimer ne pas être suffisamment informé, souhaiter un délai
supplémentaire de réflexion ou lʹobtention dʹun autre avis professionnel.
Le langage juridique a récupéré le concept du CLIP et les qualificatifs libre et
éclairé/informé sont repris dans tous les attendus de jugement ayant trait aux
problèmes de consentement. Aujourd’hui, le terme CLIP est repris dans plusieurs
instruments internationaux de protection des droits humains et de
l’environnement, avec la même architecture comme dans le monde médical. Les
communautés locales et les peuples autochtones entretiennent avec les opérateurs
économiques et les partenaires au développement cette relation du médecin‐
patient, qui respecte la décision du malade, qui implique que le malade demande
assez de temps pour donner sa décision et qu’il peut solliciter un avis
professionnel avant de donner sa décision.
Le CLIP est un principe fondé sur le droit international des droits de
l’homme, représentant une expression particulière du droit à lʹautodétermination,
les droits relatifs aux terres, territoires et ressources naturelles, le droit à la culture,
et le droit dʹêtre libre de la discrimination raciale. Le CLIP sʹapplique à des points
de décision clé pour les actions qui ont un impact sur les terres, les territoires et les
ressources dont dépendent les détenteurs de droits pour leur subsistance
culturelle, spirituelle et physique, leur bien‐être et leur survie.
Le Consentement libre, informé et préalable est l’épine dorsale de
promotion des droits des peuples autochtones. Les quatre mots‐maîtres, à savoir
consentement, libre, informé, préalable, ont chacun une charge sémantique
particulière, mais en même temps ils s’imbriquent l’un dans l’autre pour former
un concept commun aujourd’hui très connu sous l’acronyme de CLIP. Celui‐ci est
devenu un principe sacro saint du droit international des droits de l’homme et du
droit de l’homme des peuples autochtones. Il consiste à donner aux autochtones et
aux communautés locales la possibilité de se prononcer librement et en
connaissance de cause, sur les projets et programmes devant toucher leurs
ressources et leurs terres traditionnelles.

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Dans le droit international contemporain, les peuples autochtones ont le droit


de participer à la prise de décision et de donner ou refuser leur consentement par
rapport aux activités touchant leurs terres, territoires et ressources. Le
consentement doit être donné librement, obtenu avant la mise en œuvre des
activités, et basé sur l’entente au sujet de toute la gamme de questions impliquées
dans l’activité ou la décision en question ; d’où la formulation : consentement libre
préalable et informé.
Le consentement éclairé et préalable correspondant aux différentes phases du
processus dʹévaluation de lʹimpact devrait considérer les droits, les connaissances,
les innovations et les pratiques des communautés autochtones et locales,
lʹutilisation dʹun langage approprié, lʹallocation de temps suffisant et la fourniture
dʹinformations précises, factuelles et légalement correctes. Si besoin il y a d’opérer
des modifications à la proposition initiale de développement, il faudra un
consentement libre, préalable et éclairé supplémentaire des communautés
concernées.
La RDC a signé et ratifié plusieurs textes internationaux dans lesquels le
principe du CLIP est sérieusement pris en compte. Dans le domaine de la
reconnaissance des droits coutumiers collectifs des communautés, deux textes
ratifiés par la RDC et contenant des allusions multiples au CLIP sont la
Convention sur la Diversité Biologique et la Déclaration des Nations Unies sur les
droits des peuples autochtones. Le consentement donné librement et en
connaissance de cause est le pivot de ces deux instruments.
Beaucoup de compagnies et de partenaires au développement pensent que la
signature du cahier de charges avec une communauté est la fin du processus
d’obtention du CLIP. La signature du cahier de charges n’est qu’une étape du
CLIP.C’est un processus de discussion et d’échange permanents, sujet à révision ;
il n’est pas obtenu une fois pour toutes ; il change ; il s’adapte aux circonstances ; il
est fluctuant…Le CLIP est une chaîne qui comprend une multitude de chainons.
Chaque maillon de la chaîne du CLIP est un instant du CLIP qui est incorporé
dans le processus du CLIP. C’est un processus situé en amont et en aval des
négociations. La communauté peut retirer son CLIP à tout moment lorsque les
choses évoluent mal ou ses intérêts sont mis en jeu. Le CLIP est une chaine de
causalité relationnelle située dans l’espace et dans le temps et qui est sujette aux
redimensionnements permanents. Le CLIP est comme le moteur d’un véhicule qui
doit être entretenu régulièrement. Il requiert un travail permanent d’échange
mutuel et de recherche permanente de consensualité.
Le CLIP n’est pas une sorte de dictature ou de tyrannie bienveillante de la
communauté ; elle n’est pas un instrument de réclamations vindicatives ; elle n’est
pas une sorte de puérile vanité généalogique ni une histoire‐réponse des
communautés. Elle est plutôt la résultante d’une décision prise par la communauté
après que celle‐ci ait eu l’occasion de comprendre le pour et le contre des
programmes lui proposés, de poser des questions, de rectifier certains éléments,

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de les redimensionner et de les reformuler. Le CLIP n’est pas un processus qui


concerne les individualités au sein des communautés. Il n’appartient pas à l’élite
se trouvant au sein de la communauté ou en dehors d’elle de donner son point de
vue en lieu et place de cette dernière. Il n’appartient pas non plus aux chefs de
terre d’engager des apartés avec les investisseurs et les porteurs des projets en
mettant de côté la communauté. Il n’est pas question aussi que les représentants
des communautés et les membres de la société civile se substituent aux
communautés.
Le CLIP exige un face à face avec les communautés, dans un dialogue franc,
long et transparent, devant amener celles‐ci à prendre des décisions responsables
qui les engagent et qui auront des répercussions sur les générations futures. Le
CLIP doit être un acte responsable de l’ensemble de la communauté qui doit être
suffisamment informé sur les retombées et les risques des activités pouvant être
développées dans leurs terroirs.
En définitive, les compagnies, l’Etat et les partenaires au développement
doivent éviter de bricoler ou de « fabriquer » des consentements. Le processus
d’obtention du CLIP des communautés doit être étendu sur un temps
d’information et de capacitation des communautés suffisamment long qui exige
qu’avant la signature des contrats on puisse préalablement procéder à la
vérification de la compréhension de l’information par ces communautés. Au cas
où le processus de vérification de la compréhension de l’information par la
communauté démontre que l’information a été caviardée ou fardée, tout le
processus doit recommencer à zéro, jusqu’à ce qu’on ait des garanties d’une
compréhension suffisante de l’information par la communauté, qui devra motiver
son « oui » ou son « non ».

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Références Page - 58 -

Chapitre 4.
ANALYSE DU CYCLE DE VIE

Voir documentation de la conférence

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