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DES MOUCHES DE LA PLACE PUBLIQUE

Notes
L.1 : bruit → vacarme pour accentuer la vision négative des grands hommes
L.3 : se taire → être discret car je trouve que l’utilisation du verbe se taire ne se mari pas bien avec
le nom commun dignité. Le terme se faire discret marque déjà subjectivement l’idée de respect.
L.4 : l’arbre → celui pour accentuer l’idée que ce n’est pas n’importe quel arbre même si la
répétition du mot est déjà une forme d’instance, cependant on peut noter que dans la version
original, Nietsche ne répète pas le mot mais se contente de faire suivre les groupes qui se rapportent
à “ l’arbre ” à l’aide de virgules ( Gleiche wieder dem Baume, den du liebst, dem breitästigen ).
L.5 : Rajout de là x2 car construction grammatical plus proche du texte original avec la traduction
du “ da ” qui n’apparaît pas dans la traduction proposée et qui marque toujours une insistance “ Wo
… , da ” = deux pronoms qui marquent le lieu.
L.7 : choses → affaires car on retrouve le lexique de la société et cela précise le sens et l’utilité de
ces grands hommes mais on peut garder le terme chose car il amène à penser une expression
courante qui marche bien mais qui reste assez vague, en effet toutes les choses n’ont pas forcément
besoin d’être représentées pour avoir une valeur (sauf si on part d’un point de vue commercial ce
qui n’est pas le cas dans ce texte) mais les affaires oui.
L.8 : des grands hommes→ “ grands hommes ” car les guillemets viennent souligner l’ironie de N.
qui en allemand et montré par la place en 1ere position de “ groBe Männer ”.
L.9 : mal ce qui est grand → peu de ce qui est grand : en effet Wenig signifie peu et pas mal et
mettre mal est faux car on insiste sur la quantité et non la fausseté des connaissances du peuple.
L.9 : ce qui crée → la création qui peut faire penser à une référence religieuse mais qui est à prendre
au sens le plus courant, c’est-à-dire comme un mécanisme de pensée et de restitution de cette même
pensée. Ce qui crée ne convient pas car on y voit une perte de sens.
L.10 : pour tous les représentants, pour tous les comédiens → pour tous les représentants et
comédiens car la formule colle au texte sans en perdre la signification. Ainsi ce n’est pas seulement
les comédiens qui sont associés aux grandes choses mais aussi les représentants.
L.13 : peu de conscience de l’esprit → pas la conscience de l’esprit. J’ai volontairement changer
l’adverbe wenig qui signifie peu en pas. En effet si le comédien a peu de conscience de l’esprit,
alors il se peut qu’il ne croit pas toujours en ce qui lui fait obtenir ses meilleurs effets…
L.16 : prompt au changement → flaire les changements car rapprochement au texte alors que
l’auteur à voulu faire un effet de style qui ne marche pas vraiment ici et perd de la matière en ne
traduisant pas Witterungen qui j’ai préférer traduire en tant que verbe pour ne par répéter le verbe
avoir qui ne l’est pas dans la version originale.
L.19 : Remarque : le traducteur à traduit nennt er = il nomme en il appelle ce qui est plus pertinent
car on utilise plus nommer avec l’idée d’un changement (ex : on nomme le roi de son nom de statut
quand il se fait adouber) avec l’idée que nommer, c’est donner un nom alors qu’ici on est dans une
substitution ou plutôt une précision…
L.21 : tapageurs → pompeux, le traducteur a traduit “ feierlichen ” par tapageurs qui est trop
péjoratif et qui signifie davantage fêtard ou cérémonieux.
L.22 : Remarque : le traducteur, dans l’ensemble du texte masque le coté religieux, je pense qu’il
faudrait en faire allusion comme l’aurait fait Nietzsche je pense, surtout quand il s’agit d’ironiser et
ici sur la place des grands, des comédiens dans la société qui représentent ces fameuses mouches.
Ainsi on pourrait traduire “ Herrn der Stunde ” par Seigneur d’une heure (pour marquer l’idée du
masque que ce mettent les comédiens, les grands hommes pour manipuler les autres et qu’ils
enlèvent au bout d’une heure) cependant je pense aussi que le travail du traducteur et plus pertinent
que le mien puisqu’ayant eu à traduire l’intégralité de l’œuvre et donc ayant une perception peut
être plus vrai, ou tendant à s’approcher de celle de Nietzsche plus que moi.
L.23 : Ils veulent → et veulent : ainsi on ne coupe pas la rythmique de la phrase comme dans la
version originale.
L.26 : des intransigeants → d’un inconditionnel ; Le traducteur à voulu faire une expression
universelle ou du moins une généralité or j’aurais garder le “ eines ” car le narrateur (Nietzsche)
s’adresse directement à la personne qui tente de ne pas entrer dans le cercle vicieux de ceux qui
cherche la vérité mais qui ne la trouve pas à cause du mensonge et du néant de leur vie…
L.29 : Ce qui se passe dans les fontaines profondes s’y passe lentement → Tout ce qui ce passe dans
les fontaines profondes est ralenti : on a pas de perte de sens et ma traduction se rapproche plus du
texte avec le “ allen ” qui a été omis par le traducteur par exemple.
L.39 : maint édifice altier → de nombreux arbres fiers. En effet Nietzsche joue avec le mot “ Baue ”
qui signifie à la fois arbres et édifices, monuments pour montrer métaphoriquement à quel points
ses arbres, malgré leur robustesse, se sont fait avoir par les gouttes de pluies et les mauvaises herbes
( = les petits et les minables + on remarque un jeu avec les proportion qui marque une hiérarchie
très marquée) donc je pense que le mot arbre confient plus dans cette situation sinon la métaphore
perd son sens, de plus si on utilise les édifices, on marque une déshumanisation absolu des gens qui
sont en réalité innocent comme l’arbre…
L.44 : et la fierté dédaigne même de se mettre en colère → et ta fierté ne prend même pas la peine
de se mettre en colère : dein est traduit par ta sinon on a une perte de sens (ce n’est pas n’importe
quel fierté qui ne se met pas en colère) et l’utilisation du verbe dédaigner n’est pas une bonne option
car dans dédaigner il y a dédain donc mépris or ce n’est pas le message que veut faire porter N., il
veut garder l’idée de fatigue, de résignation presque ou du moins d’exaspération. En effet l’être qui
doit fuir le danger et qui souffre ne peut pas ressentir du mépris, ce n’est pas la bonne phase dans
les sentiments qu’il peut ressentir…
L. 48 : leur ver venimeux aura passé sur ta main → le ver venimeux aura rampé sur ta main :
traduction plus proche du texte sans perte de sens
L. 50 : porter → supporter : supporter montre plus la vision morale de l’avertissement, c’est plus
difficile de supporter quelque chose que de le porter.
L. 52 : importunités, voilà leurs louanges → leur louanges se trouvent dans leur comportement
entreprenant : on traduit “ Zudringlichkeit ” par comportement gênant, entreprenant et importunités
est un synonyme trop loin de ce mot dans le comportement entreprenant on a une sorte de perversité
là où celui qui est importun ennui ou fatigue.
Des mouches de la place publique

Fuis, mon ami, dans ta solitude ! Je te vois étourdi par le vacarme des grands hommes et meurtri par
les aiguillons des petits.
Avec dignité, la forêt et le rocher savent être discret en ta compagnie. Ressemble de nouveau à
l’arbre que tu aimes, celui aux larges branches : il écoute silencieux, suspendu sur la mer.
Là où cesse la solitude, commence la place publique ; et là où commence la place publique,
commence aussi le bruit des grands comédiens et le bourdonnement des mouches venimeuses.
Dans le monde les meilleures affaires / choses ne valent rien sans quelqu’un qui les représente : le
peuple appelle ces représentants “ grands hommes ”.
Le peuple comprend peu de ce qui est grand, c’est-à-dire la création. Mais elle a un sens pour tous
les représentants et comédiens des grandes choses.
Le monde tourne autour des inventeurs de valeurs nouvelles : — il tourne invisiblement. Mais
autour des comédiens tourne le peuple et la gloire : ainsi « va le monde ».
Le comédien a de l’esprit, mais pas la conscience de l’esprit. Il croit toujours à ce qui lui fait obtenir
ses meilleurs effets, — à ce qui pousse les gens à croire en lui-même !
Demain il aura une foi nouvelle et après-demain une foi plus nouvelle encore. Il a l’esprit prompt
comme le peuple, et flaire les changements.
Renverser, — c’est ce qu’il appelle démontrer. Rendre fou, — c’est ce qu’il appelle convaincre. Et
le sang est pour lui le meilleur de tous les arguments.
Il appelle mensonge et néant une vérité qui ne glisse que dans les fines oreilles. En vérité, il ne croit
qu’en les dieux qui font beaucoup de bruit dans le monde !
La place publique est pleine de bouffons pompeux — et le peuple se vante de ses grands hommes !
Ils sont pour lui les maîtres du moment.
Mais le moment les presse : c’est pourquoi ils te pressent aussi et veulent de toi un oui ou un non.
Malheur à toi, si tu voulais placer ta chaise entre un pour et un contre !
Ne sois pas jaloux des esprits impatients et absolus, ô amant de la vérité. Jamais encore la vérité n’a
été se pendre au bras d’un inconditionné.
À cause de ces agités retourne dans ta sécurité : ce n’est que sur la place publique qu’on est assailli
par des « oui ? » ou des « non ? »
Tout ce qui se passe dans les fontaines profondes est ralenti : il faut qu’elles attendent longtemps
pour savoir ce qui est tombé en leur profondeur.
Tout ce qui se passe loin de la place publique et de la gloire est grand : loin de la place publique et
de la gloire demeurèrent de tous temps les inventeurs de valeurs nouvelles.
Fuis, dans ta solitude, mon ami : je te vois meurtri par les mouches venimeuses. Fuis là-haut où
souffle un vent rude et fort !
Fuis dans ta solitude ! Tu as vécu trop près des petits et des minables. Fuis devant leur vengeance
invisible ! Ils ne veulent que se venger de toi.
N’élève plus le bras contre eux ! Ils sont innombrables et ce n’est pas ta destinée d’être un chasse-
mouches.
Innombrables sont ces petits et ces minables ; et de nombreux arbres fiers furent détruit par ces
gouttes de pluie et ces mauvaises herbes.
Tu n’es pas une pierre, mais déjà de nombreuses gouttes t’ont entammé. Des gouttes nombreuses te
fêleront et te briseront encore.
Je te vois fatigué par les mouches venimeuses, je te vois déchiré et sanglant en maint endroit ; et ta
fierté ne prend même pas la peine de se mettre en colère.
Elles voudraient ton sang en toute innocence, leurs âmes anémiques réclament du sang — et elles
piquent en toute innocence.
Mais toi qui es profond, tu souffres trop profondément, même des petites blessures ; et avant que tu
ne sois guéri, le ver venimeux aura rampé sur ta main.
Tu me sembles trop fier pour tuer ces gourmands. Mais prends garde que tu ne sois pas destiné à
supporter toute leur venimeuse injustice !
Ils bourdonnent aussi autour de toi avec leurs louanges : leurs louanges se trouve dans leur
comportement entreprenant. Ils veulent être près de ta peau et de ton sang.
Ils te flattent comme on flatte un dieu ou un diable ; ils pleurnichent devant toi comme devant un
dieu ou un diable. Qu’importe ! Ce sont des flatteurs et des pleurards, rien de plus.
Aussi jouent-ils souvent les affables avec toi. Mais c’est la ruse des lâches qui revient toujours. Oui,
les lâches sont rusés !
Ils pensent beaucoup à toi avec leur âme étroite — tu leur es toujours suspect ! Tout ce qui fait
beaucoup réfléchir devient suspect.
Ils te punissent pour toutes tes vertus. Au fond ils ne te pardonnent que tes erreurs.
Puisque tu es bienveillant et juste, tu dis : « Ils sont innocents de leur petite existence. » Mais leur
âme étroite pense : « Toute grande existence est coupable. »
Même quand tu es bienveillant à leur égard, ils se sentent méprisés par toi ; et ils te rendent ton
bienfait par des méfaits dissimulés.
Ta fierté sans paroles leur est toujours contraire ; ils jubilent quand il t’arrive d’être assez modeste
pour être vaniteux.
Tout ce que nous percevons chez un homme, nous ne faisons que l’enflammer. Garde-toi donc des
petits !
Devant toi ils se sentent insignifiants et leur bassesse s’échauffe contre toi en une vengeance
invisible.
Ne t’es-tu pas aperçu comme ils se taisaient, dès que tu t’approchais d’eux, et combien leur force
les abandonnait, tel la fumée abandonne un feu qui s’éteint ?
Oui, mon ami, tu es la mauvaise conscience de tes prochains : car ils ne sont pas dignes de toi. C’est
pourquoi ils te haïssent et voudraient te sucer le sang.
Tes prochains seront toujours des mouches venimeuses ; ce qui est grand en toi — ceci même doit
les rendre plus venimeux et toujours plus semblables à des mouches.
Fuis, mon ami, dans ta solitude là-haut où souffle un vent rude et fort. Ce n’est pas ta destinée d’être
un chasse-mouches. —
Ainsi parlait Zarathoustra.

Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra

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