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Géoforum 70 (2016) 93­104

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« Vous tuez le barrage, vous tuez une partie de moi » : la suppression du

barrage et la politique environnementale de la restauration des rivières
b
, Francis J. Magilligan
un
Coleen A. Fox a, , Christopher S.Sneddon
aDépartement de géographie et programme d'études environnementales, Dartmouth College, 6017 Fairchild Hall, Hanover, NH 03755, États­Unis
bDépartement de géographie, Dartmouth College, 6017 Fairchild Hall, Hanover, NH 03755, États­Unis

informations sur l'article abstrait

Historique des articles : La restauration des rivières par la suppression de barrages offre l’occasion d’étudier la nature changeante des conflits
Reçu le 27 avril 2015 environnementaux et des politiques dans des paysages humanisés de longue date. En Nouvelle­Angleterre, où plus de 14 000
Reçu sous forme révisée le 9 février 2016
barrages fragmentent les rivières de la région, la suppression des barrages est souvent très contestée. Cela est dû, en partie,
Accepté le 14 février 2016
à la façon dont les rôles étroitement liés de l’histoire, de l’identité et de l’esthétique se conjuguent pour créer un attachement
Disponible en ligne le 26 février 2016
au lieu et inspirer la défense des paysages endigués. La suppression des barrages fournit une perspective utile pour examiner
les questions suivantes : Comment les contingences historiques et géographiques de cette région façonnent­elles et modifient­
Mots clés:
Suppression du barrage
elles les conflits liés à la suppression des barrages de manière spécifique ? Dans les cas où des conflits émergent, que
Restauration de la rivière révèlent­ils sur les politiques de restauration écologique dans des paysages très altérés ? Nous utilisons une approche
Écologie politique d’écologie politique pour révéler comment des dynamiques culturelles complexes, des interprétations concurrentes de la
Politique environnementale science et de l’environnement, la micropolitique et le rôle de multiples acteurs génèrent et façonnent les conflits liés à la
Enlèvement du déversoir suppression des barrages. Nous montrons que la géographie historique de la Nouvelle­Angleterre influence les conflits liés
au déplacement de manière importante, en particulier en ce qui concerne les rôles de l'esthétique et de l'identité dans des
paysages caractérisés en grande partie par des usages de consommation plutôt que de production. Nos résultats suggèrent
également que la restauration dans des paysages humanisés de longue date entraînera de nouvelles constellations d’acteurs
humains et non humains, nécessitant une attention particulière aux dimensions politiques et culturelles, ainsi qu’écologiques,
de la restauration. Cet article contribue à la recherche sur les dimensions politiques et sociales de la suppression des barrages,
ainsi qu'à la recherche sur le lien entre la restauration écologique et la politique environnementale.
2016 Elsevier Ltd. Tous droits réservés.

1. Introduction
En 2008, à la suite d'une étude de huit ans menée par le Corps des ingénieurs de
l'armée des États­Unis (USACE), la ville de Greenfield, dans le Massachusetts (MA), a
accepté de supprimer les barrages Wiley, Russell et Mill Street dans le cadre d'un projet
fluvial plus large. projet de restauration de la Rivière Verte. Après que les autorités
municipales ont déterminé que la suppression du barrage de Mill Street serait trop
coûteuse en raison de problèmes d'infrastructure en amont, le projet s'est concentré
sur le barrage de Wiley et Russell. Le barrage, que le Bureau d'État de la sécurité des
barrages de l'État de Massachusetts avait précédemment qualifié de « à risque élevé
»1, bloque le passage des poissons migrateurs tels que l'anguille d'Amérique, le hareng
à dos bleu, la lamproie marine et le saumon de l'Atlantique. C'est, selon presque toutes
les estimations indépendantes,
Auteur correspondant.
Adresses e­mail : Coleen.A.Fox@Dartmouth.edu (CA Fox) , Francis.J.Magilligan@Dartmouth.edu
(FJ Magilligan), Christopher.S.Sneddon@Dartmouth.edu
(CSSneddon).
1
Les agences d'État de la Nouvelle­Angleterre définissent le risque d'un barrage en fonction de
la perte potentielle de vies humaines et des dommages économiques encourus en cas de rupture
du barrage (« risque élevé »). En d’autres termes, la désignation ne reflète pas l’état matériel du
barrage.
un passif économique qui ne répond plus à son objectif initial de fournir de l’électricité
aux installations industrielles du XIXe siècle. Au total, 17 agences et organisations,
allant de la National Ocean and Atmospheric Administration (NOAA) à Trout Unlimited,
se sont associées au projet de suppression, dépensant plus de 500 000 $ sur cinq ans.
Pourtant, en août 2014, après une campagne menée par des membres de la
communauté préoccupés par la perte du barrage et du paysage qu'il a créé, qui
« constituent une partie essentielle de l'écosystème depuis 200 ans »,2 le maire de
Greenfield a décidé unilatéralement de mettre un terme à l'expulsion.
Des histoires similaires émergent dans toute la Nouvelle­Angleterre. À
Warren, dans le Vermont (VT), les habitants se battent pour préserver le barrage
à encoffrement délabré du village (et le réparer subrepticement, si nécessaire)
en tant qu'élément crucial du patrimoine industriel de la région, tandis que
l'Agence des ressources naturelles de VT (ANR), le propriétaire, a déclaré que
la structure était irrécupérable et devait disparaître. À Durham, dans le New
Hampshire (NH), les habitants ont protesté avec colère en 2009 lorsque les
représentants de l'État ont tenté de discuter de la suppression des barrages
vieillissants sur la rivière Oyster (Fig. 1). La proposition a ensuite été abandonnée. Au cent
2 http://www.industrialhistory.org/save­the­historic­wiley­and­russell­dam.

http://dx.doi.org/10.1016/j.geoforum.2016.02.013 0016­7185/
2016 Elsevier Ltd. Tous droits réservés.
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94 CA Fox et coll. / Géoforum 70 (2016) 93­104
Massachusetts, les résidents locaux ont galvanisé un mouvement remarquablement puissant
mouvement populaire pour protéger un barrage sur la rivière Swift, avec
un homme proclamant que si « vous tuez le barrage, vous en tuez une partie »
de moi » (Swift River Preservation Association, 2011). Alors que beaucoup
les suppressions de barrages en Nouvelle­Angleterre ont progressé avec relativement peu de progrès
opposition, un nombre important de personnes stagnent ou échouent complètement, divisant
communautés (et même familles), dans le processus. Contrairement à
le phénomène NIMBY (« pas dans mon jardin ») observé depuis longtemps
(voir van der Horst, 2007), « pas hors de mon jardin » (NOOMBY) est
devenant rapidement le cri de ralliement informel des individus et des
groupes opposés à la suppression des barrages dans la région.3 Les cas décrits
ci­dessus et d’autres dans toute la Nouvelle­Angleterre soulèvent des questions intrigantes
sur les dimensions politiques et sociales des efforts visant à restaurer, réparer,
ou réhabiliter les systèmes écologiques dans des zones fortement altérées par l'activité humaine.
activités (Helford, 2000 ; Hobbs et al., 2011 ; Seastedt et al., 2008).
Plus précisément, nous nous demandons : comment les contingences historiques et géographiques
de cette région façonnent­elles et modifient­elles les conflits liés à la suppression des barrages ?
Dans les cas où des conflits éclatent lors de la suppression d’un barrage, que faire ?
ces conflits révèlent la politique de restauration écologique dans
des paysages très altérés ? En conséquence, un objectif de cet article est de
étudier ce que l'écologie politique de la suppression des barrages en Nouvelle­Angleterre révèle
sur la nature changeante des conflits environnementaux
et la politique dans ce que beaucoup ont théorisé comme l'époque anthropocène
(Crutzen et Stoermer, 2000 ; Steffen et al., 2007 ; Castree, 2014 ;
Ogden et coll., 2013). Parce que les conflits environnementaux du XXIe siècle seront de plus en
plus centrés sur des interventions intentionnelles visant à
améliorer les paysages humanisés de longue date selon des critères spécifiques (et souvent
contestés), ils entraîneront de nouvelles constellations de
acteurs humains et non­humains, interprétations concurrentes de la nature,
et des dynamiques culturelles complexes. Une approche fondée sur le politique
l’écologie attire l’attention sur les dimensions politiques et culturelles de
restauration, qui pourraient tous deux être explorés plus en détail dans la littérature sur la
restauration écologique.
Les suppressions contestées de barrages en Nouvelle­Angleterre sont particulièrement
intéressantes, car ces conflits ne portent pas principalement sur l'accès et la
le contrôle des ressources, ce qui est souvent le cas dans d'autres conflits environnementaux
en Amérique du Nord, où l'utilisation des forêts,
des restrictions sur la pêche ou l’accès aux terres pour le pâturage ou l’exploitation minière sont
questions clés (voir Walker, 2003 ; Prudham, 2012). Plutôt, dans ce
les conflits régionaux concernant la suppression des barrages impliquent souvent une perception de perte
d’accès à un environnement culturel et biophysique précieux
(le paysage endigué), ainsi qu'un sentiment parmi les anti­suppression
des voix selon lesquelles le processus de suppression du barrage est bafoué
gestion communautaire des ressources « locales ». Les cas présentés ici contribuent à une
compréhension plus solide des conflits environnementaux et des politiques environnementales
tels qu'ils se sont déroulés récemment.
années aux États­Unis et ailleurs. Compte tenu des récents appels à réexaminer
les fondements épistémologiques et stratégiques de la politique environnementale américaine
politique (voir Chaloupka, 2008 ; Buck, 2013) et, de manière plus globale,
échelle, pour attirer l’attention sur de multiples possibilités socio­écologiques
(voir Braun, 2015 ; Mansfield et al., 2015), une telle intervention semble opportune. L'article
poursuit par une discussion sur la façon dont un
l’approche politico­écologique facilite un examen plus critique des dimensions politiques et
sociales de la restauration écologique
en soulignant des aspects jusqu'alors moins visibles de la littérature sur la restauration. Nous
expliquons également notre position sur la suppression des barrages comme un argument convaincant
exemple d’un large éventail d’interventions écologiques entreprises dans
le nom de la restauration. Nous décrivons ensuite nos orientations méthodologiques et
cadrage épistémologique, suivi d’un bref aperçu de la
paysage historique et actuel des barrages en Nouvelle­Angleterre. Nous
3
Comme van der Horst et d'autres (par exemple, Rootes, 2007 ; Michaud et al., 2008) le soulignent à juste titre
le NIMBYisme comme explication de l’opposition individuelle et collective à
les projets de développement ou les interventions écologiques telles que les installations éoliennes sont
trop simpliste et doit être invoqué en parallèle d'une plus grande sensibilité à la proximité comme
un facteur expliquant l’opposition à un type particulier de projet.
suivez les résultats de nos recherches, en utilisant des thèmes clés de l’écologie politique
pour cadrer notre analyse. Nous concluons par quelques
réflexions sur les implications de nos découvertes pour la politique environnementale et les
interventions écologiques en général.
2. Interprétation des conflits liés à la suppression et à la restauration des barrages
Il existe plus de 14 000 barrages fragmentant les rivières de la région
(Magilligan et al., 2014), une large majorité construite au cours de la
apogée de l'énergie hydraulique industrielle au 19e et au début du 20e siècle. Pour les
défenseurs, la suppression des barrages est souvent présentée comme l’outil le plus
important pour restaurer ou réhabiliter les systèmes fluviaux dégradés dans les pays du monde.
des régions comme la Nouvelle­Angleterre. Ceci est peut­être mieux représenté dans le
l'objectif le plus souvent déclaré par les partisans de la restauration des rivières : « des
rivières à écoulement libre » (American Rivers, 2002, p. 1). Pourtant des projets de déménagement
en Nouvelle­Angleterre ont rencontré un niveau peut­être inattendu de
antagonisme. Dans toute la Nouvelle­Angleterre, 127 barrages ont été supprimés
à la suite d’une action humaine intentionnelle4, et plus de 50 autres
sont soit activement supprimés, soit envisagés pour leur retrait.
Bien qu'il soit difficile de le dire avec précision, la majorité de ces suppressions
Les projets ont suscité un certain niveau d’opposition de la part des parties prenantes locales.
50 autres barrages identifiés pour une suppression potentielle par les agences d'État
en Nouvelle­Angleterre ont été bloqués ou retardés en raison de l'opposition sur un
variété de motifs. Le nombre de suppressions contestées est peut­être surprenant étant donné
que la majorité des barrages sont relativement petits.
être coûteux à réparer et apporter rarement des avantages économiques directs aux
communautés locales. De plus, les avantages environnementaux et de sécurité
de retrait sont souvent importants. Autrement dit, un étranger
ne prévoit peut­être pas de conflit, et la suppression du barrage semble être une solution
utilisation logique et efficace du temps et des ressources pour atteindre des objectifs à la fois
économiques et écologiques. Pourtant, les conflits étaient surprenants non seulement
à nous, en tant qu'étrangers, mais aussi à des personnes qui étaient bien plus impliquées
directement dans le processus de suppression du barrage. Nous avons entendu encore et encore
des partisans de la suppression des barrages sur la façon dont ils ont été « pris au dépourvu » par
l'intensité de l'opposition. Compte tenu de ces considérations, nous percevons une valeur
conceptuelle considérable dans l’examen des diverses et
les façons changeantes dont les efforts de réhabilitation des rivières endiguées deviennent
politisée, tout en soulignant simultanément comment les interventions intentionnelles dans des
paysages complexes de nature et de société sous la rubrique de
la restauration sont façonnées par les paysages matériels et culturels, historiquement contingents,
de régions particulières (Neumann, 2009).
2.1. Politiser la restauration
Les travaux scientifiques et pratiques sur la restauration écologique représentent un
large éventail de perspectives scientifiques naturelles et sociales.
qui se regroupent autour de l’objectif normatif de réhabilitation ou de réparation des systèmes
écologiques perçus comme dégradés ou autrement
altérée par les activités humaines. En tant que discipline relativement jeune
et la pratique, la restauration écologique « connaît une croissance croissante »
douleurs », souvent sous la forme de critiques émanant de scientifiques et de praticiens,
dont beaucoup visent à améliorer les résultats et la probabilité de
« succès » d'initiatives de restauration spécifiques (Suding, 2011, p. 466).
Parce que la restauration vise à « rétablir un environnement écologique
relation saine entre nature et culture » (Whisenant,
2011, p. 207), cela invite également à une enquête critique sur la relation
des humains au monde naturel. Géographes et chercheurs en
des domaines connexes ont commencé à soulever ces questions dans une variété de domaines
contextes institutionnels et écologiques. Ceci est démontré dans plusieurs cas : la restauration
des zones humides et des cours d’eau initiée dans le cadre du
rubrique des banques d’atténuation (Robertson, 2000, 2006 ; Lave, 2008,
2012a,b, 2014); restauration de l'habitat d'espèces emblématiques en voie de disparition
(Gros, 2008) ; restauration face aux espèces envahissantes généralisées.
4
Les agences d'État ont identifié plusieurs anciens barrages comme étant « violés », ce qui implique qu'ils
ne constituent qu’en partie une barrière au débit des rivières.
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Fig. 1. Enlèvements de barrages interrompus et bloqués. (A) Barrage Warren (B) Barrage East Burke (C) Barrage Mill Pond et (D) Barrage Swanton.
villes en Australie (Trigger et al., 2008) ; les efforts de restauration des forêts dans
le Midwest des États­Unis (Law et McSweeney, 2013) ;
les conflits autour des valeurs culturelles et écologiques lors de la restauration des
Everglades (Zweig et Kitchens, 2010) ; des initiatives visant à « réensauvager » certains
paysages européens (Lorimer et Driessen, 2014) ; visions contrastées
de la science dans les projets de restauration d'arboreta dans le Midwest
(Weng, 2015) ; préoccupations culturelles concernant les projets de restauration dans le
Fleuve Colorado inférieur et bassin (Varady et al., 2001) ; et appelle
pour une plus grande attention au contexte politique et institutionnel complexe des projets
de restauration dans le monde (Baker et al., 2014)
Pour la suppression des barrages en Nouvelle­Angleterre, la politisation de la
restauration est profondément liée à l'histoire, car les interprétations du passé
les paysages sont devenus des foyers de conflits. Pendant la restauration
l’écologie s’est éloignée de la recherche explicite du retour d’un
écosystème à sa « trajectoire historique » (Society for Ecological
Restauration, 2004 ; voir aussi Wohl et al., 2015) ou pour retrouver le
« mythe d'un paradis perdu » (Dufour et Piegay, 2009), historique
la réflexion joue toujours un rôle crucial dans les contestations sur la restauration des
rivières dans des écosystèmes très altérés. Cela reflète l’absence de consensus
au sein de la communauté de la restauration, tant parmi les scientifiques que
défenseurs, concernant les paramètres biophysiques précis de
leurs efforts. Comme nous le rappelle Jørgensen (2014, p. 1) , les scientifiques peuvent
'' Je suis d'accord sur le fait qu'ils essaient de rétablir quelque chose, ils le font simplement
Je ne suis pas d’accord sur ce que devrait être ce quelque chose.
Nos recherches s’ajoutent ainsi à une littérature croissante axée sur les rivières
et la restauration des cours d'eau qui encouragent à repenser le patrimoine culturel
et des processus politico­économiques qui sont souvent très éloignés de
les objectifs écologiques de la restauration, mais conduisent néanmoins
activités de restauration (Thompson, 2013; Lave, 2012a; Eden et al.,
2000 ; Tadaki et al., 2014). Cette recherche inclut la prise en compte de
bénéfices humains dans la définition d’objectifs de restauration des rivières dans l’Ouest
Europe (Dufour et Piegay, 2009) ; différentes perceptions de la rivière
95
succès de la restauration en Allemagne (Jahnig et al., 2011) ; le rôle de
les apports scientifiques et fondés sur la valeur dans la restauration d’une rivière en
Colombie­Britannique (Failing et al., 2012) ; le rôle des communautés autochtones et des
connaissances traditionnelles dans la restauration des rivières et
gestion (Salmond et al., 2014); cadres environnementaux dans
restauration des rivières (Emery et al., 2013) ; l’interface nature­culture
dans les projets de restauration des rivières (Eden et al., 2000; Eden et Tunstall,
2006); et interrogations sur le « caractère naturel » d'un paysage urbain revitalisé
rivière à Séoul, en Corée du Sud, qui dépend entièrement des innovations infrastructurelles
pour ses fonctions écologiques et esthétiques
(Busquets, 2011 ; Reed, 2011). Nos recherches sur les constructions de suppression de barrages
sur ce travail, soulevant des questions sur la manière dont nous pourrions imaginer des
« futurs socio­écologiques » possibles des écosystèmes fluviaux à travers des processus
de restauration (Holifield et Schuelke, 2015, p. 297) et sur
comment la politique et les valeurs s'entremêlent dans de telles interventions
(Tadaki et Sinner, 2014). Ceci est précieux car la plupart des recherches
sur les aspects sociaux et politiques de la suppression des barrages, car la restauration
des rivières a eu tendance à avoir une portée étroite, à adopter une attitude de gestion
axée sur la facilitation de la suppression, ou est restée sous­théorisée (voir Johnson et
Graber, 2002 ; Gosnell et Kelly,
2010 ; Jorgensen et Renofalt, 2012). Un cadre d’écologie politique
aide à mieux conceptualiser les pratiques de restauration écologique
en soulignant comment les processus de connaissance environnementale
la production façonne et est façonnée par les politiques et les cultures.
dynamique de lieux spécifiques.5 La recherche sur la restauration des rivières et des
ruisseaux en général (et la suppression des barrages en particulier) bénéficierait également
d'un engagement plus profond avec les façons dont apparemment
5
Le travail de Rikoon (2006) sur les contestations liées à la suppression des espèces « sauvages » non indigènes
Les chevaux dans la région des Ozarks, au centre du Missouri, sont un exemple de recherche qui prend une
approche similaire. Bien qu'elle ne soit pas centrale dans son analyse, l'exploration d' Ogden (2008)
l'écosystème appliqué à l'histoire des programmes de restauration des Everglades en Floride est
également théoriquement pertinent pour les arguments que nous présentons ici.
Machine Translated by Google
96 CA Fox et coll. / Géoforum 70 (2016) 93­104
des initiatives de restauration simples peuvent se retrouver mêlées à
conflits sociaux et politiques, ou même comment, prétendument scientifiquement,
les approches de restauration conçues sont toujours déjà des expressions de
pouvoir social (voir Eden et Tunstall, 2006)6.
Les liens confus entre la politique et la connaissance scientifique sont soulignés dans les
débats entre physiciens concernant la valeur des différentes approches et techniques de
gestion des rivières.
restauration, comme en témoignent les « guerres de Rosgen » (voir Lave, 2008,
2012b, 2014), qui font référence à des litiges autour du classement
approche de conception de canaux (Small et Doyle, 2012)7 .
les enjeux politico­économiques sont importants : actuellement aux États­Unis
Aux États­Unis, la restauration des rivières représente une industrie d’un milliard de dollars par an (Bernhardt
et al., 2005) couvrant des techniques allant de la stabilisation des banques,
reconfiguration, reconnexion des plaines inondables, passage à poissons, cours d'eau
l’amélioration de l’habitat, jusqu’à la suppression/rénovation des barrages. Bien que les
chercheurs et les praticiens puissent être en désaccord sur les méthodologies et les aspects
particuliers de la conception des canaux et d'autres interventions physiques, les rivières
la restauration reste globalement caractérisée par des approches d'ingénierie et
technologiques, avec des interventions généralement exécutées au
atteindre l'échelle, ce qui signifie qu'ils sont spatialement restreints et soigneusement
contrôlé. La suppression des barrages est quelque peu différente à cet égard. Alors que
soutenue par une expertise scientifique considérable, il existe beaucoup moins de certitude
scientifique quant à l’ampleur et à l’étendue spatiale de la planète.
réponse de restauration que dans d’autres projets de restauration de rivières. Chaque
La suppression d’un barrage est une expérience singulière, guidée par certaines attentes
basées sur la science fluviale et les conditions limites, mais également caractérisée par
l’incertitude (Grant et Lewis, 2015). Cette incertitude est
encore aggravé par le manque d'efforts de suivi avant et après la restauration (Downs et
Kondolf, 2002 ; Palmer et al., 2005 ; Bernhardt
et al., 2005) et, plus important encore, par un manque de motivations ou d'objectifs de projet
bien articulés (Bernhardt et al., 2005, 2007).8 Ces larges
les approches, y compris la suppression des barrages, défient une méthode scientifique
sous­jacente unificatrice ou une seule mesure de réussite, conduisant à une certaine restauration
les scientifiques font appel à une meilleure science pour évaluer l’efficacité des
efforts de restauration dans leur ensemble (Palmer et Bernhardt, 2006).
2.2. Suppression du barrage en guise de restauration
Alors que l'écologie de la restauration est devenue un site important de
production de connaissances scientifiques (tant dans le domaine biophysique que social)
sciences), la suppression des barrages en Nouvelle­Angleterre est fréquemment caractérisée
à travers différents discours des partisans et des opposants. Pour
les défenseurs de l'élimination au sein des agences d'État et des organisations
environnementales, tout en étant certainement capables d'employer la rhétorique de la
restauration des cours d'eau pour leurs collègues et un public soucieux de l'environnement,
les recours en expulsion sont le plus souvent fondés sur des motifs
de la sécurité du barrage (la structure « s'effondre ») et de l'économie
(réparer les barrages est « trop coûteux »), notamment en matière de communication
avec les résidents locaux lors de forums publics. A l’inverse, la communauté
les résidents cherchant à préserver un barrage particulier contestent activement
la notion de restauration écologique, arguant plutôt que le barrage
les suppressions concernent essentiellement la perturbation culturelle et écologique de
paysages précieux et d’importance historique.
6
Recherche sur les cadres environnementaux divergents dans un conflit de restauration de rivière en
le nord de l’Angleterre représente une contribution importante à cet égard (Emery et al.,
2013). Dans une veine différente, des travaux récents en Australie ont exploré de manière fructueuse comment
le sentiment d'histoire et d'appartenance des communautés axé sur des paysages spécifiques peut
influencent profondément les programmes de réhabilitation des rivières lancés par l’État (Spink et al., 2010).
7 il est crucial de ne pas trop généraliser les relations homme­environnement qui se produisent
Bien qu'ils soient importants dans une grande partie des États­Unis, les débats sur le flux de Rosgen
méthodes de classification et son « livre de recettes » pour la restauration des cours d'eau, ainsi que
les banques d’atténuation, savamment délimitées par Lave (2012b), sont largement sans conséquence
en Nouvelle­Angleterre.
8
Bernhardt et coll. (2005) ont indiqué que moins de 20 % des 3 700 projets dans leur
base de données avait des objectifs répertoriés, ou au mieux, ces projets de restauration étaient simplement
déclaré « restaurer les écosystèmes », et que moins de 10 % des projets n’étaient pas
conçu pour diffuser les résultats du suivi ou même, au minimum, pour évaluer
conséquences globales des efforts de restauration mis en œuvre.
Cependant, comprendre la suppression d'un barrage comme une restauration fournit
une perspective importante, bien que quelque peu contradictoire, à travers laquelle
évaluer et encadrer la politique micro et régionale du fleuve
restauration et, espérons­le, contribuera aux débats animés actuels
émergent autour de la restauration écologique. Considérant la suppression du barrage comme un
La composante de la restauration écologique est particulièrement cruciale dans une région
comme la Nouvelle­Angleterre, où l'héritage omniprésent de l'industrialisation
reste particulièrement manifeste ; où une restauration locale à grande échelle
les efforts (par exemple « conception de canaux naturels ») sont rarement déployés ; où les
efforts de privatisation néolibérales, tels que les banques d’atténuation (Robertson,
2006 ; Lave et al., 2010) sont rares ; et où la suppression des barrages est souvent
perçu par les ONG locales comme le meilleur outil de la boîte à outils de restauration
pour parvenir à une restauration à l’échelle des bassins versants (Magilligan et al., dans
préparation). Comme indiqué précédemment, la suppression des barrages diverge de
d'autres formes de restauration des rivières dans la pratique (comment cela est réalisé)
et scientifique (ce qu'il espère réaliser), et il génère des formes de conflit très différentes,
fournissant finalement de nouvelles
un aperçu de la mise en œuvre et de la rhétorique des conflits environnementaux.
Les conflits autour de la suppression des barrages tournent le plus souvent autour de la valeur
conflits ou autres divergences idéologiques plus fondamentalement binarisées : c'est­à­dire
que soit le barrage demeure, soit il est supprimé. D'autres efforts de restauration (par
exemple, conception de canaux naturels, stabilisation des berges, espaces verts dans les
corridors fluviaux) génèrent davantage de ce que les politologues
Bill Lord appelle les conflits d'intérêts (Lord, 1979), où plusieurs
des options existent dans sa mise en œuvre et là où les parties prenantes font pression
pour ou contre les particularités de ce qui est proposé, ce qui
qu'ils espèrent réaliser, et les mérites scientifiques justifiant une approche particulière. Cela
se produit souvent dans un cadre institutionnel descendant où les conflits ne portent pas
nécessairement sur la question de savoir si le
un effort de restauration doit être fait, mais s'il répond aux nécessités des exigences
réglementaires telles que le respect des exigences de l'EPA
(Rhoads et al., 1999) ou d'autres éléments de la Clean Water Act
(Tadaki et Sinner, 2014). Dans ces derniers cas, la politique participative, la gouvernance
environnementale et la production de connaissances constitutives définissent les contours
de la restauration des rivières, mais l’argument
conteste rarement les aspirations ou les résultats téléologiques potentiels
de restauration des rivières. En d’autres termes, la plupart des conflits ancrés dans
le discours sur la restauration des rivières porte davantage sur les moyens que sur les
se termine, tandis que pour la suppression des barrages, les conflits se situent moins
comment cela doit être fait, mais davantage si cela doit être fait du tout.
Malgré ces observations, il existe d’importants chevauchements
dimensions entre la suppression du barrage et la restauration plus large de la rivière
approches, notamment en ce qui concerne les asymétriques réelles ou imaginaires
rapports de force, savoirs et expertises scientifiques contestés,
contextes institutionnels fragmentés, revendications historiques sur la nature,
politique et des visions contestées sur ce que le paysage restauré
devrait ressembler (Rhoads et al., 1999; Urban, 2005; Robertson,
2006 ; Tadaki et Sinner, 2014 ; Holifield et Schuelke, 2015 ;
Wohl et coll., 2015). Ces dimensions sont bien démontrées dans
les cas de conflit sur la suppression de barrages en Nouvelle­Angleterre
2.3. Approche conceptuelle et méthodologique
Dans le but d’ancrer fermement les conflits liés à la suppression du barrage
En tenant compte des circonstances historiques et géographiques d'une configuration
territoriale, nos recherches s'appuient sur des appels à prendre les régions ­ dans tous les sens
leur caractère construit et leur complexité – plus sérieusement en politique
recherche écologique (Walker, 2003 ; Pincetl et al., 2011). Dans cette lumière,
dans des régions spécifiques, mais plutôt de reconnaître
qu'il existe des processus partagés et historiquement spécifiques « dans lesquels
la reproduction et la transformation de la société sont indissociables de
la transformation de la nature dans le cadre des relations de pouvoir dominantes »
(Neumann, 2009, p. 374). Travaillant dans la même veine et sous le
large rubrique de la première écologie politique mondiale, les chercheurs ont
la dernière décennie a mis en lumière des cas de conflits environnementaux
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aux États­Unis, en particulier depuis McCarthy (2001, 2002)
travail fondateur sur le mouvement Wise Use dans l’ouest des États­Unis.9
Tout au long de son œuvre, McCarthy soutient que les grands thèmes de
l'écologie politique pourrait contribuer à la compréhension de l'environnement
relations et conflits dans le monde industrialisé. Il y a maintenant un
un large éventail de recherches s'appuyant sur des concepts d'écologie politique dans
aux États­Unis, allant des études sur le développement côtier aux
Caroline du Nord (Campbell et Meletis, 2011), connaissances locales et
pêcheries en Alaska (Holen, 2004), connaissances environnementales dans le parc national
de Yel­lowstone (Robbins, 2006), la Sierra « ex­urbaine »
(Walker et Fortmann, 2003), l'obsession typiquement américaine
avec des pelouses de banlieue (Robbins et Sharp, 2003; Robbins,
2007), et le rôle des petits exploitants dans la facilitation du reboisement en
le sud de l’Ohio (Law et McSweeney, 2013).
Pour interpréter nos résultats et éclairer notre analyse, nous nous appuyons sur
concepts clés associés à une approche d’écologie politique – de nombreux
d'entre eux illustrés dans le travail ci­dessus ­ qui recoupent le
thèmes qui ont émergé des expériences des participants à la recherche avec
suppression. Premièrement, nous nous intéressons aux recherches sur les rôles entremêlés
de l’histoire et de l’identité dans l’élaboration des politiques du paysage, en particulier dans
paysages de consommation (Walker et Fortmann, 2003 ;
Robbins, 2007).10 Ce thème attire l’attention sur la façon dont les barrages
à « l'identité régionale, l'histoire et l'expérience personnelle », souvent
devenir des « symboles centraux des communautés », qui sont défendus
grâce à l’utilisation d’une « rhétorique personnalisée et détaillée » et reflètent donc des
identités « profondément liées au paysage »
(Rikoon, 2006, p. 200, 207).11 Deuxièmement, nous mettons au premier plan les discussions
concernant le rôle des connaissances environnementales dans l’élaboration et l’alimentation
des conflits écologiques (voir Forsyth, 2003). Cela implique de « repenser
« connaissances » environnementales » (Robbins, 2006, p. 190) et reconnaître
interprétations concurrentes des processus naturels, selon lesquelles « la connaissance
n'est pas quelque chose dont un individu possède « plus » ou « moins », mais plutôt
reflète les formes spécifiques de pratique entreprises dans la vie quotidienne ; épais
dans certains domaines, maigre dans d’autres, le savoir est ancré dans l’activité politique et
environnementale quotidienne » (Ibid., p. 191). Nous approfondissons ensuite
comment nos deux thèmes centraux – les identités paysagères historiquement teintées
et des connaissances environnementales divergentes – alimentent une micropolitique
dynamique de restauration écologique et de suppression de barrages en Nouvelle­Angleterre. Un
L’accent explicite mis sur la micropolitique (ou sur « l’écologie micropolitique ») des conflits
écologiques déplace l’attention vers « les particularités locales et l’importance des
interactions entre les individus dans les conflits écologiques ».
influencer les résultats environnementaux » (Horowitz, 2008, p. 260), et
cherche à expliquer la « défense résolue du local » (McCarthy,
2002, p. 1283) qui caractérisent bon nombre de ces conflits.12
Notre analyse s'appuie sur une sélection de barrages bloqués ou en rupture
renvois, qui reflètent une gamme de contextes institutionnels (c.­à­d.
mélange de juridictions locales, étatiques et nationales guidant le retrait
processus) et divers niveaux de conflit sur le processus de renvoi (par exemple,
opposition organisée ou non organisée au renvoi). Nous avons choisi
des cas représentatifs des problèmes que nous avons constatés dans notre
9
Nous reconnaissons le caractère profondément problématique du « troisième » et du « premier »
désignations, mais reproduisez­les ici comme moyen d’aborder les enjeux convaincants.
arguments au sein de l’écologie politique au cours des dernières années concernant la nécessité de
aller au­delà des catégorisations géographiques rigides des phénomènes.
dix
Les paysages de consommation peuvent être compris par opposition aux paysages de
production, qui sont celles qui fournissent des avantages matériels et des ressources tangibles telles que
comme les concessions de pâturage, les terres agricoles et les forêts. Paysages de consommation
font souvent référence à des zones qui ont des qualités paysagères ou rurales et qui sont attractives pour les
touristes ou résidents pour des raisons liées à l’esthétique ou à des notions d’« idylle rurale »
(Abrams et Gosnell, 2012 ; Walker et Fortmann, 2003).
11
Les recherches de Rikoon (2006) portent sur les chevaux sauvages, mais les thèmes sont très pertinents pour
notre recherche.
12
L’appel à une plus grande attention à la micropolitique au sein de l’écologie politique et du
L'étude des relations nature­société n'est pas nouvelle, comme en témoigne l'étude de Neumann (1992).
l’argument initial selon lequel le domaine serait mieux placé pour comprendre les conflits environnementaux en
attirant l’attention sur les politiques se produisant de manière informelle et à plus petite échelle.
échelles spatiales.
97
un échantillon plus large de renvois contestés. Nous utilisons des entretiens semi­structurés
pour interroger les acteurs clés afin de déterminer les enjeux économiques, politiques.
et les facteurs culturels à l’origine du conflit dans chaque cas. Semi­structuré
les entretiens sont des méthodes puissantes pour obtenir des informations sur
conflits sociaux car ils peuvent combler les lacunes de connaissances
à partir de données plus quantitatives, donner un aperçu des aspects souvent complexes
motivations à l’origine du conflit et s’adapter à une diversité de perspectives (Dunn, 2000).
Les informations fournies lors du processus d'entretien sont complétées par des récits de
suppression du barrage.
les conflits et les processus contenus dans les journaux et autres médias,
transcriptions des audiences locales et étatiques et autres sources textuelles.
Notre équipe de recherche (deux spécialistes des sciences sociales et un géomorphologue
fluvial) a également observé des réunions publiques et des séances d'information pour
déterminer les thèmes de préoccupation évidents parmi les différentes parties prenantes.
Les entretiens et l’observation permettent d’identifier
« le complexe de récits et d'idéologies » qui soutiennent certaines idées
concernant à la fois le paysage endigué et non endigué (voir
Duncan et Duncan, 2004, p. 38) comme le prétendent les partisans et
adversaires. Une fois collectés, nous avons recherché parmi les informateurs
réponses en tenant compte des discours les plus marquants entourant la résistance à
l'expulsion, ainsi que de la description par les participants de leur
motivations pour résister aux initiatives de renvoi. Pendant que nous nous concentrons ici
du point de vue des opposants à l’expulsion, nous comprenons leurs points de vue par
rapport aux opinions et aux expériences des partisans de l’expulsion dans
un large éventail d'agences gouvernementales et d'organisations non gouvernementales
actives dans des projets de suppression de barrages dans toute la Nouvelle­Angleterre.
3. Les paysages endigués de la Nouvelle­Angleterre
En tant qu'ensemble de paysages, la Nouvelle­Angleterre est en partie définie comme une région
par la transformation en profondeur de ses paysages par la construction de barrages
de ses réseaux fluviaux – principalement pour fournir de l’énergie à des fins industrielles
(voir Hunter, 1979) – au cours des deux derniers siècles. La Nouvelle­Angleterre possède
la plus forte densité de barrages (à petite, moyenne et grande échelle) par rapport aux
autres régions des États­Unis.13 Plus de 14 000 barrages
fragmenter les bassins versants de la région, et il est difficile d'exagérer
profondes altérations biophysiques provoquées par les barrages construits
La Nouvelle­Angleterre aux XIXe et XXe siècles. Tant l'individu
et les impacts écologiques cumulatifs des barrages de la Nouvelle­Angleterre sont importants
(Saunders et al., 2006 ; Hall et al., 2011 ; Opperman et al., 2011).
Certains impacts environnementaux sont « immédiats et évidents », comme
l'obstruction des voies de passage des poissons migrateurs ou le piégeage de sédiments
derrière les réservoirs et l'inondation des habitats (Nilsson et
Berggren, 2000, p. 784). D'autres impacts, tels que ceux associés à
les processus géomorphiques et hydrologiques altérés peuvent être plus progressifs
ou plus difficile à discerner immédiatement (Curtis et al., 2010). En Nouvelle­Angleterre,
les barrages ont été la principale cause du déclin de la pêche fluviale. Dans le
Au début des années 1800, le gaspareau, l'alose savoureuse et le saumon étaient encore
abondants dans la rivière de la région. En 1900, la plupart de ces espèces avaient disparu
commercialement. Même s'il y avait d'autres pressions sur
pêcheries, « l’élément décisif de la destruction dans tous les principaux bassins
hydrographiques de la Nouvelle­Angleterre a été la construction de barrages sur les rivières de
tout flux considérable pour fournir de l'énergie pour le développement de la région
économie industrielle » (Vickers, 2004, 686).14 Comme les fonctions originales de ces
structures – l'énergie hydraulique pour les machines et plus tard l'hydroélectricité
13
Le nombre de barrages varie selon les États, le New Hampshire en ayant le plus (5 076).
et Rhode Island le moins (668). Le Connecticut compte 3 624 barrages, le New Hampshire en compte
5 076, le Massachusetts en compte 3 002, le Vermont en compte 1 027 et le Maine en compte 760.
(Magilligan et coll. 2014).
14
Contrairement aux hypothèses de bon sens selon lesquelles les
attitudes à l'égard de la construction de barrages aux États­Unis au cours du 19e et plus
du 20e siècle, de nombreux barrages hydroélectriques de la Nouvelle­Angleterre ont été fortement
contestée, principalement par les communautés préoccupées par la perte de zones agricoles (due à
inondations) et l’accès à d’importantes pêcheries. De nombreux habitants touchés des quartiers supérieurs
Le bassin versant de Merrimack, par exemple, a mené ces batailles par le biais du système judiciaire.
(Steinberg, 1991 ; Hunter, 1979).
Machine Translated by Google
98 CA Fox et coll. / Géoforum 70 (2016) 93­104
production – ont été rendues inutiles en raison de considérations politiques et économiques plus larges.
changements intervenus à la fin du XXe siècle, leur valeur en tant qu'éléments des systèmes locaux de production
capitaliste et leur valeur pour les communautés locales en tant qu'éléments des systèmes locaux de production capitaliste.
tel, a également diminué. Alors que les industries ont disparu et que les paysages
ne sont plus productifs, les barrages persistent et les barrières au passage des poissons
demeurent.
En effet, seul un petit pourcentage remplissant leur fonction initiale,
qui servait souvent à alimenter les moulins à partir des années 1800 (Hunter,
1979 ; Steinberg, 1991). Par exemple, sur les 3 000 barrages du Massachusetts, seulement
10 pour cent environ fournissent de l'énergie, contrôlent les crues,
ou de l’eau potable (American Rivers, 2013). De plus, beaucoup de
les barrages qui parsèment la région dans le cadre de paysages autrefois productifs sont
vieillissants et soumis à des réparations coûteuses, ce qui
les propriétaires ne sont pas disposés à financer. Ce dilemme est bien illustré par
le barrage Mill Pond appartenant à la ville sur la rivière Oyster à Durham,
NH, qui a reçu deux lettres d'insuffisance de la part de l'État.
Le barrage a été construit au XVIIIe siècle pour exploiter l'énergie hydraulique
pour les moulins, mais n'a pas rempli cette fonction depuis 1913. Il s'agit plutôt
fonctionne comme une « icône scénique » avec « des aspects historiques, récréatifs et sociaux »
une valeur à laquelle il est difficile de donner une valeur monétaire » (Sanborn, 2009). Locale
les responsables estiment qu'il en coûterait jusqu'à 1,7 million de dollars pour
réparation.15 Le processus prolongé à Durham montre une autre voie
que les politiques de restauration et de suppression des barrages se jouent dans ce contexte
région. Les organismes locaux de la Nouvelle­Angleterre (par exemple, les comités de sélection,
les conseils municipaux, les commissions historiques) disposent d'un nombre relativement important de
pouvoir de décision pour influencer les politiques qui affectent les infrastructures locales
d’une manière qui pourrait ne pas être possible dans d’autres régions du pays.
pays (Ryan, 2006). La suppression d'un barrage implique généralement une longue période
de débat public avec la possibilité d'impliquer plusieurs acteurs.
(par exemple, les résidents locaux, les responsables gouvernementaux locaux et extra­
locaux, les représentants d'organisations environnementales) pour encadrer et exprimer
leurs positions concernant le retrait du barrage. De plus, face
d'apathie à l'égard du retrait ou de la réparation de la part d'une majorité de la communauté
membres, des groupes relativement petits de défenseurs de l’anti­expulsion peuvent
exercer une influence démesurée sur les processus décisionnels au niveau de la ville grâce
à des arguments minutieux, qu'ils soient fondés sur des données biophysiques.
connaissance ou non – en ce qui concerne le potentiel de renvoi pour irrévocablement
modifier le « caractère » d'un paysage d'une manière indésirable.
C'est dans ce contexte, une région où les paysages ont été
radicalement modifié à des fins productives qui, pour la plupart, ne
ne restent plus d’actualité – la suppression des barrages s’est accélérée. Le
le nombre de renvois varie selon les États, le Massachusetts ayant
a supprimé 31 barrages et le Rhode Island seulement quatre. Organisations environnementales
et agences d'État axées sur l'environnement en Nouvelle­Angleterre
ont généralement pris les devants dans ces cas, considérant la suppression des barrages comme
fait partie d'une stratégie plus large visant à restaurer les écosystèmes côtiers et les espèces
de poissons migrateurs le long de la côte atlantique (American Rivers, 2010 ;
NOAA, 2012). Cependant, rien n'indique que les suppressions
exécutés jusqu'à présent ont beaucoup contribué à rétablir le patrimoine historique de la région
migrations de poissons. Le schéma de prélèvement jusqu'à présent ne reflète pas une
stratégie coordonnée et descendante visant à protéger les poissons diadrames, mais révèle
un paysage régional d’« opportunisme stratégique » .16
bien que n'atteignant pas nécessairement les objectifs régionaux déclarés, la suppression
a eu d'énormes avantages écologiques, ouvrant plus de 3 700 km de
rivière à écoulement libre et amélioration de l'habitat des espèces aquatiques résidentes
(Magilligan et coll., 2014). Compte tenu de ces impacts, il convient d’envisager
de manière beaucoup plus détaillée, les raisons qui sous­tendent l'opposition à la suppression du barrage,
et comment la suppression de barrages en Nouvelle­Angleterre pourrait suggérer une nouvelle façon de
interpréter les conflits environnementaux.
15
Entretien, Département des services environnementaux du New Hampshire, 19 janvier
2009.
16
Tout au long de nos entretiens, cette expression a été invoquée à plusieurs reprises par des
représentants d'agences étatiques et fédérales, ainsi que par des organisations environnementales, travaillant dans
La Nouvelle­Angleterre comme la description la plus appropriée de leur approche organisatrice du plaidoyer
suppression du barrage.
4. Contester la suppression du barrage : histoire, connaissances et
micropolitique
Les facteurs humains et non humains qui influencent la trajectoire
de la suppression d'un barrage ou de sa préservation sont multiples et interdépendantes. Ces
facteurs comprennent, par exemple, l'âge du barrage, son statut de risque/responsabilité, sa
proximité avec les domiciles des résidents et les déplacements.
habitudes, le nombre et la ténacité des partisans du renvoi, les perceptions de ce qui compte
comme connaissance scientifique, l'implication des
agences de gestion locales, étatiques et fédérales, et bien d'autres.
Pour les besoins de cet article, nous nous concentrons sur les fonctionnalités qui
commencer à expliquer pourquoi plusieurs projets de déménagement en Nouvelle­Angleterre
ont été contestés par les personnes vivant à l'intérieur ou à proximité du barrage
paysage, ou qui expriment un type de lien avec ce paysage.
Dans ce cas, les barrages sont devenus des éléments cruciaux de la vie des individus.
et les domaines perceptibles des communautés (Gobster et al., 2007), où
l'esthétique, le sentiment d'appartenance et la connaissance de l'environnement viennent
ensemble pour influencer les perceptions et l’attachement aux paysages.
Lorsque ces paysages sont menacés par ce qui est perçu comme
changement radical, les résidents réagissent souvent avec colère, détresse et, la plupart du temps,
ce qui est important pour notre travail, des actions sociales concrètes pour défendre la
être soumis à la contrainte (Devine­Wright, 2013, pp. 62­63)17.
sur ces contestations de la matérialité et du sens des paysages
révèle les écologies politiques quotidiennes, souvent cachées, à l’œuvre dans
des lieux spécifiques qui, selon nous, sont des éléments importants des conflits
environnementaux contemporains.
4.1. « Si le barrage est sur le sceau de la ville : » Histoire et identité
Les rôles étroitement liés de l’histoire, de l’identité et de l’esthétique – et
comment ils fusionnent pour créer un attachement au lieu et inspirer le
défense d’un paysage endigué – sont d’une importance cruciale pour comprendre les
sentiments anti­expulsion en Nouvelle­Angleterre. Puissant
les attachements aux paysages émergent à la suite de « l'expérience »
événements et rencontres spécifiques », où les identités locales deviennent
« profondément lié aux constructions du paysage » (Rikoon,
2006, p. 207). Comme indiqué précédemment, dans de nombreuses villes de la Nouvelle­Angleterre,
"Les barrages sont un élément central de la communauté... ils sont un visuel
indice du passé ».18 La communauté s’habitue au
paysage modifié, et "ils ne peuvent pas imaginer que ce serait beau
sans barrage ».19 Un habitant de Warren, dans le Vermont, a comparé la situation locale
barrage sur un « monument » qui a marqué un moment important de l'histoire
(Fig. 1). Il a noté : « Warren était la partie industrielle de la vallée.
Les maisons sont le résultat du barrage à crèches. »20 Le paysage créé
près du barrage, de la cascade, de l'étang et du pont vieux de 200 ans, est, selon les
résidents locaux, « l'un des sites les plus photographiés du Ver­mont et, pourrait­on affirmer,
est une partie essentielle de l'unique
ressource la plus importante de la ville – sa beauté. »21 En tant que membre du personnel
du Conseil des ressources naturelles du Vermont (en général un
défenseur du retrait), observe à propos du barrage Warren :
[C'est] l'exemple type des barrages qui, même s'ils devraient être
dehors, c'est un barrage que vous ne voulez pas supprimer parce qu'il est sur le
sceau de la ville. La règle 101 sur la suppression des barrages est de ne pas s'en prendre aux barrages.
17
Dans cet article, nous avons choisi de nous concentrer sur les activités politiques à travers lesquelles
l'attachement des gens aux paysages familiers est canalisé ; en conséquence, un compte rendu plus complet
L’attachement au lieu dépasse le cadre de ce travail. Pour d'excellents aperçus du lieu
attachement aux niveaux individuel et communautaire, voir Vorkinn et Riese (2001) et
Antonsich (2010). Il existe désormais un dialogue riche et évolutif entre la géographie et
psychologie environnementale concernant la façon dont l'attachement au lieu peut se manifester à
plusieurs échelles spatiales (Devine­Wright, 2013).
18
Entretien, Bureau de préservation historique de l'État du New Hampshire, 7 août 2014.
19
Entretien, Vermont Agency of Natural Resources, 17 juillet 2013.
20
Réunion de la Warren Dam Preservation Society, Warren, Vermont, 4 février
21
2014. http://www.valleyreporter.com/index.php/en/news/myview/8323­essential­
part­of­warren .
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CA Fox et coll. / Géoforum 70 (2016) 93­104
qui figurent sur le sceau de la ville... Ils veulent le conserver dans le cadre de leur
culture et histoire.22
De même, le barrage Swanton sur la rivière Missisquoi au Ver­mont, selon les mots
de l'administrateur de la ville, devient « une partie de
notre histoire, une partie de notre culture... elle est là depuis des années » (cité
dans Thompson, 2008)(Fig. 1). En fait, même s'il y a eu un barrage sur
le Missisquoi depuis 1790, le barrage actuel, foyer de conflits, n'existe que depuis 1960.
Il est important de noter que l'attachement que ressentent les gens ne concerne pas seulement le
barrage menacé d’élimination. L'attachement est plutôt à un plus
paysage historique largement défini, dans lequel « ce n'est pas seulement le
barrage, mais qu'arrive­t­il aux ressources qui l'entourent... Nous examinons un
ressource de manière globale. Le moulin, le barrage, la retenue...Le
Le barrage n’est peut­être pas historique en soi, mais il peut faire partie d’un élément
historique. »23 Cette définition large du paysage historique
est révélateur des multiples interprétations attribuées à la consommation
paysages, ce qui complique encore davantage le conflit environnemental
cela en résulte. Se référant au barrage de Swanton, le conseil de sélection de la ville
Le président a noté : « Un pont de 2,8 millions de dollars qui offre une vue panoramique et
magnifique, si vous enlevez l'eau en dessous, cela ne fonctionne tout simplement pas.
c'est logique d'avoir ce beau pont sans eau en dessous
il. Et c'est la position de la ville. »24 Dans le cas du barrage Warren
sur la Mad River du Vermont, l'attachement n'est pas seulement au barrage mais
également à la « cascade et à l'étang du moulin qui en résultent avec son
pont...[le barrage] représente un élément d'ancrage clé du patrimoine historique
tissu dans un district bien connu du registre historique national ».25 Pour
le barrage Mill Pond à Durham, NH, c'est le « moulin et le barrage »
ensemble, [cela] aurait dû être sauvegardé pour l'histoire... Une fois que l'histoire est
parti, c'est parti pour toujours » (cité dans Sanborn, 2009). De même, le barrage Faul­kner et
Colony sur la rivière Ashuelot dans le New Hampshire est considéré comme une preuve de
l'histoire industrielle de la région, un « élément rare et intégral de l'histoire industrielle de la région ».
ce qui a fait Keene aujourd’hui » (cité dans Spegman, 2012). Comme ci­dessus
exemples clarifient, soutien au maintien des barrages pour leur valeur historique
la valeur est souvent liée au paysage plus large. Ces différents éléments constituent un
ensemble historique profondément significatif.
aux nombreux résidents locaux qui expriment de graves inquiétudes quant à sa perte potentielle.
Cela se voit clairement dans les cas où une sensibilité historique alimente
conflits actuels et reflète les identités communautaires. Des barrages tels que
le Wiley et le Russell sur la rivière Verte sont considérés comme « la clé du
l'histoire de la région... parce que l'énergie hydraulique est un élément essentiel
l'histoire. Tout commence littéralement ici... À la fin des années 1600, il y avait un moulin
ici ».26 Le barrage et l'ancien moulin deviennent le centre du quartier
identité, comme le réfléchissent deux membres de la communauté lorsqu’ils discutent de la
suppression proposée :
Et ce quartier, tout ce quartier, a une cohésion historique, parce que c'était un village
d'usines, vous savez.
vous savez, la commission historique l'a désigné ainsi.
Alors quand les voisins d'ici, beaucoup d'entre eux ne savaient pas
cela allait arriver, et une fois qu'ils l'ont découvert, ils ont vu
c'est que leur quartier est détruit, plus que simplement
comme un niveau scénique.27
Lorsqu'un barrage comme celui de Wiley et Russell est ciblé pour
retrait, la structure peut devenir le centre de la « performance »
de lieu », alors que les habitants cherchent à sensibiliser au patrimoine historique et
22
Entretien, Conseil des ressources naturelles du Vermont, 17 juillet 2013.
23
Entretien, Bureau de préservation historique de l'État du New Hampshire, 7 août 2013.
24
Cité dans http://www.wcax.com/story/10833762/should­swanton­dam­be­removed .
25
http://www.valleyreporter.com/index.php/en/news/myview/8323­essential­part­
of­warren .
26
Interview, Museum of Our Industrial Heritage, Greenfield, Massachusetts, 23 septembre
2014.
27 Ibid.
99
valeurs esthétiques associées à ces structures (voir Buizer et
Turnhout, 2011). L'échec de l'effort visant à supprimer l'Upper Bondsville
Le barrage sur la rivière Swift, près de Belchertown, dans le Massachusetts, témoigne de
la manière dont les membres de la communauté se sont comportés en réponse à de
puissants attachements aux paysages créés par le barrage, d'une manière qui va au­delà du simple
lien avec les histoires régionales et locales. Après abandon par
son ancien propriétaire, le Belchertown Land Trust, Inc. (BLT), a acheté
le terrain entourant le site du barrage en 2005. Lorsque les représentants de l'État ont découvert
le barrage étant structurellement fragile, le BLT a indiqué qu'il avait
ni intérêt ni fonds pour la restauration du barrage. Ensuite,
des représentants de l'État et des groupes environnementaux ont proposé de procéder
le processus de suppression du barrage et a exprimé une forte probabilité que
les fonds pour le retrait pourraient être obtenus auprès des agences fédérales et
groupes environnementaux nationaux. En réponse, les résidents locaux ont formé
la Swift River Preservation Association (SRPA) pour défendre le barrage
et son réservoir de 25 hectares au nom de la « préservation » du Martinet
River et a commencé à éduquer le public avec un site Web sur la façon dont
le retrait « drainera la rivière Swift » et endommagera « une partie intégrante de la
communauté » (SRPA, 2012). Comme le nom du
l'organisation suggère, les membres ont assimilé la préservation du barrage
avec préservation de la rivière et du paysage associé. Ce
l'attachement au paysage n'est pas seulement une question d'esthétique, mais aussi
sur l'expérience personnelle du lieu. Un kayakiste local sur le Swift
Le réservoir de la rivière a déclaré : « J'ai trouvé un nouveau pays des merveilles dans mon jardin.
Le faire effacer de la terre serait un péché » (Ibid.). Un autre membre de la communauté
a décrit à quel point le site constituait un lien entre les générations et que « Mes parents
l'ont apprécié. J'apprécie. Mes enfants
profitez­en, et j'espère qu'un jour mes petits­enfants pourront en profiter »
(Ibid.).
Comme le montrent clairement ces exemples, il existe souvent un « facteur mémoire ».
cela suscite la résistance à l’élimination d’un barrage ; les gens ne le font tout simplement pas
Nous voulons perdre ce qui est perçu par beaucoup comme un point central du paysage
et de la communauté.28 Même si, à l'occasion, la valeur historique d'un barrage
l'importance est exagérée afin de tester différentes politiques
stratégies, les conflits autour de la suppression des barrages de la Nouvelle­Angleterre sont
profondément informé par l'identification historiquement influencée des communautés avec le
paysage endigué. Souvent, ces connexions
sont également rattachés à des types très spécifiques de connaissances environnementales,
ce qui à son tour informe sur ce qui compte comme « nature ».
4.2. « La nature mérite d'être préservée » : connaissances environnementales
Nos résultats mettent également en évidence le rôle central de l’environnement
la connaissance et les perceptions de la nature pour encadrer et alimenter les conflits
écologiques liés à la suppression de barrages. Il n'y a rien de nouveau dans
observances de la façon dont la nature est socialement construite à travers des mentalités
et des institutions scientifiques, culturelles et politiques (voir
Demeritt, 2002), mais nous pensons qu'il est extrêmement important de taquiner
déterminer précisément comment les constructions du « naturel » comptent dans le
contexte de la politique environnementale et des conflits écologiques. Très souvent
le nouvel écosystème créé par un barrage inspire la défense car
il est perçu par les habitants des environs et les autres utilisateurs du paysage comme un
version de la nature qui mérite d’être préservée à part entière. Par exemple,
les Amis du réservoir Upper Roberts Meadow et du Upper
Le barrage Roberts Meadow sur la rivière Mill à Northampton, Massachusetts, a
a lancé un effort populaire pour préserver la structure afin de
''protéger un habitat faunique important et protéger une eau rare
vue sur ce site », qu'ils considèrent comme « un bel endroit
où même le passant occasionnel pourrait apercevoir une loutre de rivière ou un bleu
un héron, des canards harles, un castor ou encore un martin­pêcheur. La vie sauvage
vivre ici dépend de cet habitat établi. »29 De même, les
La SRPA se considère comme un défenseur de la nature et travaille
28
Entretien, Département des services environnementaux du NH, 19 janvier
29
2009. https://sites.google.com/site/savethechesterfieldroaddam/home.
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100 CA Fox et coll. / Géoforum 70 (2016) 93­104
« laisser la rivière Swift telle qu'elle est... [pour] préserver la nature », parce que
« l'épuisement de la ressource affecterait non seulement la communauté, mais
Cela aurait des effets drastiques sur la flore et la faune de la région. Les membres de la
communauté en viennent à comprendre le réservoir comme un « beau
écosystème » et exhorte ceux qui s’intéressent à la suppression des barrages à « arrêter
jouer avec ce qui reste de notre faune. Un défenseur du
l'écosystème a signé une pétition (voir tableau 1) pour sauver le barrage ''au nom
des créatures qui vivent dans les zones humides » (SRPA, 2011).30 Comme l’a fait remarquer
un membre de la communauté à propos de l’étang derrière le Wiley and Russell
Dam, « la faune est incroyable ici. C'est juste que personne n'a jamais
a la chance de le voir...[il y a] des aigrettes, des castors, des harles
des canards, du vison, une tonne de vison... Je les ai vus tirer deux livres
la truite hors de la rivière ».31 Souvent, les écosystèmes que les gens deviennent
ci­joints pourraient être décrits comme des « écosystèmes artificiels » et inclure
espèces non indigènes telles que le crapet, l'achigan, le cygne tuberculé et
phragmites.32
Dans tous ces cas, qui peut interpréter ce qu’est un « meilleur » ?
L’environnement est une question ouverte aux enjeux socio­écologiques potentiellement
élevés et qui renforce les divergences de vues sur la nature en ce début de XXIe siècle.
L'incertitude associée au barrage
la suppression crée des opportunités pour les gens de contester les « scientifiques »
des prédictions sur la façon dont une rivière réagira à son enlèvement. À l'occasion
les gens font des hypothèses sur les résultats écologiques qui n’ont aucune
base dans la compréhension biophysique des systèmes fluviaux, mais peut encore
retarder la suppression d'un barrage. Inquiétudes concernant le rétablissement des lamproies en
Les rivières de la Nouvelle­Angleterre en sont un bon exemple. Dans le cas du
Dépose du barrage Amethyst Brook dans le Massachusetts, à la fin du projet
quelqu'un:
a soulevé des inquiétudes quant à la réintroduction de la lamproie marine dans le
système et... en fait, j'ai fait le tour et j'ai eu, je tiens à dire, quarante
ou cinquante voisins signent une pétition pour ne pas le faire en raison de leurs inquiétudes
sur la ruine de la population locale de truites. Et nous avons fini par avoir une septième
ou huitième audience publique à laquelle ont participé de nombreux
probablement une quarantaine de personnes. Et nous venons de faire une présentation sur la mer
la lamproie, vous savez, et après quelques heures, ces inquiétudes
évaporé car il n'y a aucun risque car la mer
lamproie, quand elles entrent dans l'eau douce, elles sont aveugles
et je n'ai pas de dents. Il n'y a donc pas de nourriture et il n'y a aucun risque pour
vous ou les poissons, parce qu'ils viennent juste pour mourir et frayer.33
Même s'il est certainement exact que les lamproies marines sont envahissantes dans
la région des Grands Lacs et ont causé beaucoup de tort à certaines espèces indigènes, ils
sont indigènes dans les cours d'eau de la Nouvelle­Angleterre et ne constituent pas une
menace pour les autres poissons. Dans le cas du
échec de la suppression des barrages Wiley et Russell, membres de la communauté
s'est dit préoccupé par le fait que la lamproie dérangerait les nageurs une fois que
le barrage a été enlevé, mais il n'y a jamais aucune preuve de cela
se produisant.34
D’autres fois, la confiance dans les connaissances des experts est très limitée.
Les gens craignent que la rivière « va tout simplement s’assécher »,35 ou que
elle deviendra une « vasière puante »36 une fois le réservoir vidé.
Il s’agit d’une image puissante qui peut être très inquiétante pour les personnes qui
vivre près du barrage ou se recréer sur le réservoir. Dans les discussions sur
le barrage Wiley et Russell, les membres de la communauté n'ont pas été convaincus par les
études scientifiques et techniques qui mettaient l'accent sur le
30
La grande ironie des appels à l'état « naturel » de la rivière Swift est que la rivière Swift
dans cette région est limité par le barrage Upper Bondsville en aval et par le barrage en amont
par l'un des barrages qui formaient l'immense réservoir Quabbin dans le centre
Massachusetts, construit dans les années 1930 pour approvisionner la ville de Boston, Massachusetts, en énergie durable
source d'eau.
31
Entretien, Museum of our Industrial Heritage, Greenfield, Massachusetts, 23 septembre 2014.
32
Inter Connecticut­DEEP/Inland Fisheries Division, 13 février 2015.
33
Entretien, Massachusetts Riverways, 24 juillet 2013.
34
Entretien, Connecticut River Watershed Council, 23 septembre 2014.
35
Entretien, American Rivers, 17 novembre 2011.
36
Entretien, Connecticut DEEP – Division des pêches intérieures, 13 février 2015.
avantages de restaurer la rivière Verte à un état plus naturel, avant l'endiguement. Comme
l'a fait remarquer un opposant à l'expulsion à propos du
stabilité de la zone autour du barrage, il y a eu des « glissements de terrain majeurs » sur
« tout le plateau vers l'ouest qui n'est que sable et gravier »,
ce qui pour cette personne posait la question de « qu'est­ce qui va réellement
se produire » une fois le barrage retiré.37 En ce qui concerne ce cas, un membre du personnel
membre qui travaillait avec le bassin versant de la rivière Connecticut
Le Conseil chargé de faciliter la suppression des barrages a noté que les partisans de la suppression
simplement « je ne faisais confiance à rien de ce que nos consultants auraient dit »
sur ce à quoi aurait pu ressembler une rivière sans barrage.38
Ces exemples mettent en évidence les divers types de problèmes environnementaux
les connaissances appliquées sur la façon dont la « nature » est définie et soulignent
comment différentes constructions de la nature précipitent les conflits
sur la suppression de barrages et les programmes de restauration des rivières. Mais plus que
cela, ils mettent l’accent sur une politique de l’environnement – son
caractéristiques et son identité en tant que paysage culturel – dans la mesure où
question plus ouverte. Il n'est pas nouveau d'affirmer que « la nature est en
l’œil du spectateur ; » il est peut­être nouveau, cependant, de voir des invocations de
paysages anthropiques mobilisées dans le cadre de l’environnement.
la politique comme modèle d’une nature « vierge » (tableau 1).
4.3. « David contre Goliath » : la micropolitique de la suppression du barrage
Selon le directeur de la restauration des rivières à American Riv­ers, le « défi le plus
fondamental » pour les partisans de la suppression du barrage est
« que les gens n'aiment pas le changement » (cité dans Walton, 2015). Ce
était un refrain que nous avons rencontré à plusieurs reprises dans nos conversations avec
les partisans du renvoi, qu'ils soient exprimés par des représentants.
des agences de gestion des ressources fédérales et étatiques ou des ONG environnementales.
À un certain niveau, une telle réponse est compréhensible.
Cependant, nous pensons qu’il existe des forces socio­naturelles à l’œuvre
autre que la simple résistance au changement, quel qu’il soit. Cette section cherche à rendre
ces forces plus visibles en examinant plus en détail
détaillent la micropolitique de la suppression des barrages. Pour nos besoins, cela peut
être définie comme une sorte de politique environnementale quotidienne qui joue
dans de multiples endroits à travers la planète alors que les individus et les collectifs luttent
pour et avec les utilisations et les significations de certains
paysages. Des cas exemplaires peuvent être trouvés en Afrique australe
(Moore, 1998), l'ouest des États­Unis (Walker et Fortmann,
2003), en Caroline du Sud (Hurley et Halfacre, 2011) et dans le sud­ouest du Niger
(Batterbury, 2001). L’accent mis sur la micropolitique apporte
nous dans le monde des « dispositions humaines, humeurs et valeurs culturelles »
« ensembles » sans lesquels les objectifs plus larges d'écologisation des relations politico­
économiques aux échelles transnationales et nationales ne sont guère réalisables.
imaginables (Bennett, 2010, p. xii).
Les opposants aux programmes de restauration écologique lancés et parrainés par
l’État perçoivent souvent la défense des paysages altérés comme une
termes de surmonter les inégalités structurelles et de longue date qui
se manifestent à travers les circuits gouvernementaux et écologistes ou
même en raison de préjugés régionaux (voir Law et McSweeney, 2013). Ce
est souvent présenté comme un récit entre initiés et outsiders. Un représentant du Musée
de notre patrimoine industriel à Greenfield,
Massachusetts, plaidant pour la pertinence continue du Wiley
et Russell Dam, l'exprime ainsi :
J'ai besoin d'insister sur un point émotionnellement. Ce truc est comme David et
Goliath. Avec nous étant David. Les forces qui ont soutenu le barrage
enlèvement] étaient bien organisés, bien financés. Il y a un bulldozer
de cette philosophie, l'évitement d'un débat ouvert et la
idée de nos ressources. Nous avons dû mettre fin à nos vies privées et
mettez­vous de côté et combattez cette chose [la suppression du barrage].39
37
Entretien, Connecticut River Watershed Council, 23 septembre 2014.
38 Ibid.
39
Entretien, Museum of our Industrial Heritage, Greenfield, Massachusetts, 23 septembre 2014.
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CA Fox et coll. / Géoforum 70 (2016) 93­104 101

Tableau 1
Réponses des citoyens et des parties prenantes à la pétition Facebook « Sauvons le barrage de Bondsville et Swift River ».

Laissez la rivière Swift comme nous. Préservez la nature !

Sauvez le barrage. Sauvez la nature. Économisez du plaisir.

Arrêtez de jouer avec ce qui reste de notre vie sauvage.

Il s'agit d'une excellente zone de loisirs ainsi que d'un écosystème établi. L'épuisement de la ressource n'affecterait pas seulement la communauté mais aurait des effets drastiques sur
la flore et la faune de la région.
Pourquoi dévaster un espace naturel vierge.
Ce serait dommage de perdre cette belle ressource naturelle.
La rivière rapide fait partie de moi depuis que je suis petite. Vous tuez le barrage, vous tuez une partie de moi.
Sauver la faune et les zones humides pour l’avenir est une partie importante de nos vies et de celles de nos enfants, etc.
Sauvez le barrage et l’écosystème unique pour que les générations futures puissent l’apprécier.

SRPA (2011).

Une perspective similaire a été avancée par les membres de la SRPA
concernant la justification de travailler avec autant de véhémence pour conserver le
Barrage supérieur de Bondsville. Répondant à une question sur la perception d'un biais
oriental dans l'État (où la municipalité métropolitaine de Boston
région a tendance à dominer l'économie politique de l'État), un participant a commenté :
« Eh bien, vous savez... et franchement, c'est toujours [un parti pris],
Je veux dire... ils ne savent pas que nous existons ici, et c'est peut­être
bien, vous savez [rires]. »40 Cette perspective s’est intensifiée et
a adopté le langage du conflit de classe comme plan de suppression des
le barrage s'est déployé, promu par une fiducie foncière locale qui était perçue
comme contrôlé par les élites locales. Lors de la première réunion publique, tenue en 2009,
résidents du quartier adjacent à la rivière Swift en amont
du barrage s'est senti pris au dépourvu et a réagi avec colère au ton général
de la présentation concernant la suppression potentielle du barrage.
... tu savais, tu savais par l'attitude, tu savais par le
posture, que leur plan de match était de faire tomber ça... Le
L'autre chose qui ressortait... c'était l'arrogance. Et l'emphase.
Et mon Dieu, il n'y a rien qui m'irrite plus que ça. Depuis
du premier jour à la fin, quand ils sont partis, nous étions le pays
des rustres qui n’avaient pas de cerveau collectif entre nous tous.41
Finalement, la SRPA a lancé un programme local ciblé sur deux ans
campagne employant une gamme de tactiques (par exemple, les médias sociaux, les chars
lors de défilés locaux, de présentations lors d'événements municipaux, de lobbying auprès des législateurs des États)
qui a abouti à la survie du barrage.
L'affaire Swift River souligne la nature intensément personnelle
de la politique de suppression des barrages. Cela n'est nulle part plus évident que dans le
cas susmentionné d'efforts pour supprimer un barrage à Swanton, VT
situé sur la rivière Missisquoi à seulement 12 km en amont de l'endroit où il
se jette dans le lac Champlain. Le barrage de Swanton est depuis longtemps visé par la
suppression par plusieurs parties prenantes au motif qu'il
ouvrirait un habitat essentiel aux populations d’esturgeon jaune et de doré jaune. Parmi
les partisans du retrait les plus virulents figurent Lake
Champlain International (LCI), une ONG basée à Colchester, VT. Wayne
LaRoche, un affilié actuel de LCI et un résident local, a déclaré : « Je suis
le caractérisant [la suppression du barrage de Swanton] comme le meilleur projet potentiel de
restauration de l'habitat de la pêche dans l'État. »42 LaRoche, cependant,
se trouve dans une position intéressante en termes de micropolitique de l’expulsion.
En tant qu'ancien commissaire de la pêche et de la faune du Vermont, il a occupé un
poste de gouvernement très visible et l'a utilisé pour faire pression en faveur du retrait
la tête dure. »43 La micropolitique qui tourbillonne autour d’un retrait potentiel
du barrage de Swanton s'est également étendu à la gouvernance municipale locale. Comme
l'idée de supprimer le barrage a été lancée lors de réunions publiques
et dans les médias locaux, un partisan de la préservation du patrimoine historique et un puissant
faiseur d’opinion est apparu comme l’un des principaux opposants au projet.
suppression. Un collaborateur de LCI soutient que cette personne a utilisé
son influence pour atténuer tout enthousiasme latent parmi les résidents de la ville pour la
suppression du barrage.
Ensuite, vous avez le juge [du tribunal de district] qui est le président du
la Société historique qui est également l'administrateur du zonage, qui,
tous les gens en ville qui veulent la suppression du barrage nous le disent [LCI et les
forces pro­démontage], confient : "Je soutiens que vous le fassiez, continuez".
je le fais, mais vous ne pouvez le dire à personne, car j'ai besoin d'un permis l'été
prochain pour ma terrasse. »44
Sur la cinquantaine d’initiatives de suppression de barrages qui sont au point mort ou sont
complètement arrêté en Nouvelle­Angleterre au cours de la dernière décennie, même si
uniques dans la trajectoire spécifique de l'opposition et des stratégies politiques, présentent
une micropolitique caractérisée par des interactions personnelles au sein de la communauté
et une suspicion à l'égard des motivations des
étrangers. Comme nous l’avons montré, la micropolitique de la suppression des barrages
sont alimentés par une combinaison d’attachement à un paysage d’importance historique
et d’une compréhension particulière de ce paysage en tant que
naturel ou préférable. Cependant, il serait négligent d'ignorer comment
la micropolitique de la suppression des barrages est liée à la nature et à la société
discours et pratiques se produisant dans des configurations scalaires plus larges.
Par exemple, les acteurs étatiques et fédéraux jouent un rôle important dans
initier, financer et réglementer la suppression des barrages en Nouvelle­Angleterre
et sont inscrits dans la politique environnementale complexe du barrage
suppression.
5. Conclusion
Lors d'un entretien avec un biologiste des pêches qui a été
actifs dans les efforts de 14 ans visant à supprimer le barrage East Burke, nous
a demandé pourquoi le processus avait été si long. Il a répondu : « probablement
à cause de moi." Il a poursuivi en expliquant que même s'il venait de
Burke, il n'était pas d'East Burke. En d’autres termes, il était un étranger, et quand ils
« sont allés en ville et ont dit que nous allions
supprimer le barrage45 », cela a galvanisé (ou peut­être même créé) l’opposition. Cette anecdote

du barrage. Cependant, en tant que résident d'un township près de Swanton, il en dit long sur la façon dont la micropolitique

a également eu et continue d'avoir des interactions quotidiennes avec les voisins se retrouvent liés aux contestations sur les histoires et les identités locales, et à la manière dont

et des citadins catégoriquement opposés au renvoi, dont l'un est son cela affecte la personne qui définit et parle au nom de la nature.

deuxième cousin. Comme il l'a expliqué lors de notre conversation : « C'est comme si Parce que l’écologie politique concentre l’attention sur des problématiques culturelles complexes.

les Red Sox et les Yankees. C'est littéralement une affaire de famille et donc vous ne le faites pas dynamiques et interprétations divergentes de la nature – des questions qui ont

tu veux poursuivre ton cousin, alors que tu sais qu'il est déjà en train d'être traditionnellement exclue des préoccupations de restauration écologique ­
c’est un objectif crucial pour comprendre la politique environnementale qui

40
Entretien, Swift River Preservation Association, Belchertown, Massachusetts, 24 avril
2014. 43 Ibid.
41 Ibid. 44
Entrevue, Lake Champlain International, 17 juillet 2013.
42 45
Entretien, 17 juillet 2013. Entretien, Vermont Fish and Wildlife, 3 octobre 2013.
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102 CA Fox et coll. / Géoforum 70 (2016) 93­104
caractériser les interventions dans des écosystèmes très altérés. Notre enquête
sur la suppression de barrages en Nouvelle­Angleterre révèle comment les
initiatives de restauration écologique régionales et politisées font progresser la
compréhension de ces conflits. Dans cette région, où des milliers de barrages
ont transformé l’eau et le paysage, les contingences historiques et géographiques
façonnent et modifient de manière importante les conflits liés à la suppression
des barrages et à la restauration de l’environnement. De plus, il n’existe pas de
variable ou de facteur unique pouvant expliquer ces conflits. Des attachements
puissants aux paysages construits avec des barrages, l’incertitude associée aux
impacts écologiques de la suppression des barrages et une micropolitique
dynamique se conjuguent pour expliquer comment se déroulent les conflits
environnementaux. En essayant d’expliquer les suppressions contestées de
barrages, le paysage matériel et culturel de cette région est important.
Cela nous ramène à notre question de savoir ce que les conflits autour des
suppressions révèlent sur les politiques de restauration écologique dans des paysages
fortement altérés. Dans une certaine mesure, chaque cas de suppression de barrage
est unique, mais des thèmes clairs ressortent de tous nos cas. Ce qui ressort clairement
de nos recherches, c’est la nécessité de prendre au sérieux la manière dont l’esthétique,
le sentiment d’appartenance, l’histoire et les connaissances environnementales
s’unissent pour influencer les perceptions et l’attachement aux types de paysages
hautement humanisés qui caractérisent l’Anthropocène. Il se peut que, dans certains
cas de suppression de barrage, il y ait simplement une résistance au changement
apporté par l’intervention. Mais, pour l’essentiel, nos recherches suggèrent que les
raisons de l’opposition sont beaucoup plus complexes. Une dimension importante de
cette complexité réside dans le fait que les cultures, les identités et les communautés
sont dynamiques. Dans de multiples cas de suppression, les idées des gens ont changé
au fil des années, à mesure qu'ils repensaient et redéfinissaient leur relation avec un
barrage et le paysage adjacent, changeant finalement leur position concernant un projet
de suppression.
De plus, comme le révèlent nos recherches, très souvent, la résistance est tout
autant une réponse à des directives données par des étrangers que la suppression d’un
barrage lui­même. À la fin de notre entretien avec les opposants à la suppression du
barrage Wiley et Russell, l’un des interviewés a noté (en réponse à notre question de
savoir si leur succès dans la sauvegarde du barrage était temporaire) :
C'est tout ce que nous demandions ! C’était une évaluation juste. Et c'est en train
de subir. Alors vous savez, si le barrage finit par tomber, vous savez, je serai déçu,
mais, vous savez... il y a des réalités qu'il faut accepter.46
Cela rejoint l’une de nos revendications centrales : la nécessité de repenser
la politique environnementale de manière à mettre en évidence son apparition en
dehors des canaux institutionnels formels caractérisés par la législation
environnementale, les mouvements sociaux organisés (y compris le travail des ONG) et
même les campagnes spécifiques. La suppression de barrages et les exemples
similaires dans lesquels la micropolitique joue un rôle central s’appuient sur (et
problématisent) des affirmations plus grandioses selon lesquelles la politique
environnementale n’est qu’une sorte de sous­politique (voir Beck, 1997). Au fond, nos
efforts visent à faire la lumière sur les « politiques environnementales ordinaires » qui
sont davantage liées aux engagements quotidiens des gens avec leurs paysages et aux
réponses aux interventions perçues comme des menaces pour ces paysages (Tsing,
2005, p.112). Se concentrer sur ces contestations sur la matérialité et la signification
des paysages révèle les écologies politiques quotidiennes, souvent cachées, à l'œuvre
dans des lieux spécifiques qui, selon nous, sont des éléments importants des conflits
environnementaux contemporains. Les contestations sur la suppression des barrages
suggèrent que les questions sur ce qui constitue exactement un écosystème souhaitable
et, en même temps, un lieu où vivre et s’engager, caractériseront de plus en plus la
politique environnementale de l’Anthropocène. De plus, il est utile d’analyser et de
comprendre ces types de conflits. La restauration écologique en général, et la
suppression des barrages en particulier, sont coûteuses et
46
Entretien, Museum of our Industrial Heritage, Greenfield, MA, 23 septembre 2014.
efforts chronophages. Comme le démontrent les cas cités ci­dessus, l’incapacité à
anticiper et à comprendre l’opposition au renvoi conduit souvent à des efforts infructueux,
ce qui entraîne sans doute une perte de temps et d’argent, tout en créant des tensions
au sein des communautés et entre les parties prenantes.
Remerciements
Cette recherche a été financée en partie par la National Science Foundation des
États­Unis (BCS­1263519) et par une subvention de démarrage du Dart­mouth College
Rockefeller Center for Public Policy. Nous apprécions grandement la contribution du
département de géographie de Dartmouth dans le cadre de sa série d'ateliers sur les
manuscrits et les critiques constructives de trois réviseurs anonymes. Nous tenons
également à remercier les nombreuses personnes qui ont accepté d'être interviewées
par nos soins, ainsi que les étudiants qui ont aidé à la saisie des données et à la
transcription des entretiens.
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