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2024 10:51
Tous droits réservés © Faculté de droit de l’Université Laval, 2006 Ce document est protégé par la loi sur le droit d’auteur. L’utilisation des
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Daniel MoCKLe
Notre étude découle d’un projet de recherche subventionné par le Conseil de recherches
en sciences humaines du Canada. Nous remercions Marie Carpentier, doctorante, pour
son aide précieuse dans le repérage de plusieurs sources, notamment sur le thème des
agences.
Professeur, Faculté de science politique et de droit, Université du Québec à Montréal.
Pages
1 L’élaboration d’un nouveau paradigme 98
1.1 Le rôle prépondérant du droit dans le modèle classique 100
1.2 La recomposition des rapports droit-gestion dans le nouveau modèle 106
1.2.1 L’utilisation sélective du droit dans l’élaboration des mécanismes de
gouvernance 109
1.2.1.1 Les impératifs de la nouvelle gestion publique 111
1.2.1.2 L’évaluation des politiques publiques et le choix des instru-
ments 117
1.2.2 La rationalité juridique de la gouvernance et l’hybridation des caté-
gories du droit 126
2 Les principes de la gouvernance et les organismes publics différenciés : la distinction
entre le politique et l’exécution 134
2.1 L’élaboration des politiques : la diversité des organismes de régulation 135
2.1.1 La flexibilité des organismes polyfonctionnels 138
2.1.2 L’adaptation au paradigme de la gouvernance 141
2.2 L’expansion d’un nouveau modèle: les agences 147
2.2.1 Les origines et les éléments constitutifs du système des agences 149
2.2.2 La contribution canadienne dans l’élaboration d’un modèle interna-
tional 153
Conclusion 159
16. J.-B. AUBY, « L a bataille de San Romano, Réflexions sur les évolutions récentes du
droit administratif », (2001) A.J.D.A. 912, 922 (intégration du droit administratif dans des
ensembles plus vastes).
17. Pour la faisabilité et l’intérêt que représentent les transferts de droit, la référence reste le
débat initial qui a opposé, dans le contexte particulier de la guerre froide, les études du
professeur A. WATSON, Legal Transplants. An Approach to Comparative Law, Édim-
bourg, Scottish Academic Press, 1974, p. 21, et A. WATSON, «Legal Transplants and
Law Reform», (1974) 92 Law Quaterly Rev. 79, 80 (référence à Montesquieu), à celles
du professeur O. KAHN-FREUND, «On Uses and Misuses of Comparative Law», (1974)
37 Modem L. Rev. 1, 6 (objections fondées sur un célèbre passage de L’esprtt des lois
de Montesquieu).
18. J.-P. GAUDTN, L''action publique, Paris, Presses de sciences po/Dalloz, 2004.
D. MOCKLE La gouvernanee publique et le droit... 97
19. En droit américain, en droit britannique ainsi qu’en droit français et en droit italien,
l’impact des mécanismes et des modèles issus de la gouvernance alimente chez quel-
ques auteurs, encore minoritaires, l’idée d’une recomposition du droit administratif.
Pour le droit américain, voir: J. FREEMAN, «Private Parties, Public Fonctions and the
New Administrative Law», (2000) 52 Admin. Law Rev. 813, 854 (new directions in
administrative law). Pour le droit britannique, voir: C. HARLOW et R. RAWLINGS, Law
and Administration, 2 e éd., Londres, Butterworths, 1997, p. 148 (reinventing adminis-
trative law ?); C. HARLOW, « Back to Basics : Reinventing Administrative Law », (1997)
P.L 245, à la page 259 (contractualisation des rapports et conception managériale du
citoyen-consommateur). Pour la France, voir: J. CHEVaLLIER, «L’évolution du droit
administratif», (1998) R.D.P. 1794, et J. CAILLOSSe, «Quel droit administratif enseigner
au ourd hui?», La Revue administrative, n 328, 2002, p. 343 et n 329, p. 454. Pour le
droit italien: S. CASSESE «Le trasformazioni del diritto ammministrativo dal XIX al
XXI secolo» (2002) Rivista trimestrale di diritto pubbiico 27.
20. Si l’expression «agences de prestations» est plus élégante, elle répond mal toutefois
à la réalité des «agences d’exécution» (executive agencies) qui ont la responsabilité
directe de la mise en œuvre de programmes dont la finalité est la sécurité alimentaire ou
la sécurité des frontières.
21. E. BREEN, «Les indicateurs de performance de la justice: un test pour la réforme des
finances publiques», dans E. BREEN (dir.), Évaluer la justice, Paris, PUF, 2002, p. 25, à
la page 37 (enjeux liés à l’élaboration des indicateurs).
22. Loi sur la justice administrative, L.R.Q., c. J-3, art. 78.
98 Les Cahiers de Droit (2006) 47 c. de D. 89
23. À l’occasion du colloque Dire le droit: pour qui et à quel prix?, ,enu à llUniversité du
Québec à Montréal (UQAM), en octobre 2004, l’expérience pilote menée en Nouvelle-
Écosse, le Nova Scotia Judicial Development Project, a été commentée par D. Grossemy
de l’Observatoire de l’administration publique de l’École nationale d’administration
publique (ENAP) : D. GROSSEMY, « Virage client de la justice et évaluation de sa qualité »,
dans A. Riendeau (dir.), Dire le droit: pour qui et à quel prix?, Montréal, Wilson et
Lafleur, 2005, p. 141, à la page 150.
En droit américain, les inhibitions ont été moindres, comme en témoigne la Civil Justice
Reform Act (CJRA) de 1990; Pub. L. no 101-650, 10 Stat. 509096, modifié par Act of
Oct.6, 1997, Pub. L. no 105-53, 11 Stat. 1173; 28 USC, § 171-482.
24. D. Mockle, « L’évincement du droit par l’invention de son double : les mécanismes néo-
réglementaires en droit public», (2003) 44 C. de D. 297.
D. MOCKLE La gouvernanee publique et le droit... 99
25. D. MoCKLe, «Gouverner sans le droit? Mutation des normes et nouveaux modes de
régulation», (2002) 43 C. de D. 143, 178 (solutions de rechange à la réglementation).
26. Le conventionnalisme reflète davantage un engouement pour les techniques convention-
nelles que pour le contrat à titre d’institution fondatrice du droit privé. Sur cette dimen-
sion, voir J. CAILLOSse, Introduire au droit, coll. «Clefs», Paris, Montchrestien, 1993,
p. 101 (vers un ordre juridique conventionnel?). Plus en amont: A. HOLLeAUX, «Vers
un ordre juridique conventionnel», Bulletin de l’Institut internaiional d'administration
publique, no 32, 1974, p. 667.
27. J. BOURGAULt, « L a gestion horizontale», dans J. BOURGAULt (dir.), Horizontalité et
gestion publique, coll. «Management public et gouvernance», Québec, PUL, 2002, p.
25, à la page 26.
100 Les Cahiers de Droit (2006) 47 c. de D. 89
28. Loi sur l’administration publique, L.R.Q., c. A-6.01, en vigueur depuis le 1er octobre
2000.
29. J. CHEVaLLIER, Science administrative, 3 e éd., Paris, PUF, 2002, p. 309.
30. M. WEBER, Économie et société, t. 1, coll. «Recherches en sciences humaines», Paris,
Dl^n 10"71 [Ire XJ . lOOOl « OO/I
pion, i y / i [i ea.. ivzzj p. ZV4.
31. P. LeGENDRE, « La royauté du droit administratif », dans P. LeGEndRE (dir.), La bureau-
cratie et le droit, Paris, Sirey, 1974, p. 140, à la page 143.
D. MOCKLE La gouvernanee publique et le droit... 101
32. H. FAYOL, Administration industrielle et générale, Paris, Dunod, 1999 [1 re éd. : 1918], p.
20 et suiv. (affirmation de quatorze principes généraux d’administration).
33. L. BORGEAT, R. DUSSAULt et L. O U E L L e t , L’administration québécoise : ooganisation
et fonctionnement, Québec, Presses de l’Université du Québec, 1984.
34. «La vision juridique devait dominer pendant un siècle. La pénétration du droit dans
le monde administratif, voué apparemment à l’arbitraire, était d’une portée tellement
révolutionnaire qu’elle devait littéralement hypnotiser les théoriciens»: G. LANGRod,
«La science administrative et sa place parmi les sciences voisines», dans G. LANGRod
(dir.), Traité de science administrative, Paris/La Haye, Mouton, 1966, p. 92, à la page
104. L’influence du droit administratif est importante dans l’ouvrage de C. DEBBASCh et
F. CoLIN, Administration publique, 6e éd., Paris, Economica, 2005.
35. G. TIMsit, Théorie de l’administration, Paris, Economica, 1986, p. 372 (théorisation en
fonction de concepts du type modèle et stratégie, parfois empruntés à la biologie, afin
de fonder une analyse systémale de l’administration).
36. J. CHEVaLLIER, op. cit., note 29, p. 67 (institution administrative) et p. 121 (espace admi-
nistratif) ; J. CHEVaLLIER et D. LOSCHAK, Science administrative, t. I, Paris, L.G.D.J.,
1978, p. 14 (formation de la science administrative) et p. 44 (autonomie de la science
administrative).
102 Les Cahiers de Droit (2006) 47 C. de D. 89
37. Ce simple constat ne veut d’aucune manière diminuer la qualité et les mérites de ces
revues qui ont largement contribué à la compréhension du phénomène administratif,
surtout par la publication d’études empiriques.
38. H. SIMON et J.G. MARCh, Les organisaiion,, 2 e éd., Paris, Dunod, 1991. Dans leur analyse
des organisations (processus, conflits, plans, innovations), ces deux auteurs proposent
une analyse intégrée qui rend, en apparence, inutile une distinction entre le public et le
privé.
39. T. PARSONS, Structure and Process in Modem Societies, New York, Free Press, 1960,
p. 59 (théorie générale des organisations).
40. D. SILVERMAN, La théorie des organisaiion,, Paris/Bruxelles/Montréal, Dunod, 1973, p.
24 (organisations comme systèmes) ; A. ETZIONI, A Comparative Analysis of Complex
Organisaiion,, New York, Free Press, 1961, p. 3 (rôle central du thème compiiance pour
une typologie des organisations) ; A. ETZIONI, Les organisaiions modernes, Gembloux,
Duculot, 1971, p. 14 (analyse organisationnelle fondée sur l’organisation et non sur le
modèle wébérien de la bureaucratie) ; P. BERNOUX, La sociologie des organisations,
3e éd., Paris, Seuil, 1990, p. 135 (élaboration de l’analyse stratégique); P. MOESSINGER,
Les fondements de l’organisation, Paris, PUF, 1991, p. 150 (liens entre systèmes et
organisations); S. ZANetM. FERRANTE, Le phénomène organisationnel, coll. «Logiques
politiques», Paris, L’Harmattan, 1996, p. 86 (analyse des typologies organisationnelles
en fonction de configurations structurelles indépendantes du droit) ; et Y. PEsQUEUx,
Organisaiions : modèles et représentations, Paris, PUF, 2002, p. 121 (le modèle juridique
de l’organisation: la question de la gouvernance).
41. F. TAYLOR, The Principles of Scientific Management, New York, The Norton Library,
1967 [1 re éd.: 1911], p. 11 (recherchedel efficacité maximale).
D. MOCKLE La gouvernanee publique et le droit... 103
42. R.B. DENHART, «Public Administration Theory: The State of the Discipline», dans
N.M. LYNN et A. WILDAVsKy (dir.), Public Administration. The State of the Discipline,
Chatam (N.J.), Chatam House, 1990, à la page 43. L’administration publique reste un
champ d’analyse très contemporain, comme en témoigne l’importante contribution sous
forme d’ouvrage collectif de B.G. PETERS et J. PIerRE (dir.), Handbook of Public Admi-
nistration, Londres/Thousand Oaks (Cal.), Sage, 2003 (49 textes).
43. L’évincement de l’administration publique par le management public, promu au rang
de discipline, peut être retracé sur une base chronologique durant les années 70 et 80.
L’ouvrage collectif de R. PARENTEAU (dir.), Management public. Comprendee et gérer les
instituiions de l’État, Québec, Presses de l’Université du Québec, 1992, p. xVII (présen-
tation) constituait une première dans la littérature francophone. En 1990, H.G. Rainey
proposait un changement de paradigme en retraçant l’émergence du management dans la
gestion publique durant les deux précédentes décennies : H.G. RAINA Y, « Public Manage-
ment: Recent Developments and Current Prospects», dans N. LYNN et A. WILDAVsKy
(dir.), op. cit., note 42, p. 157, à la page 159. Pour une analyse rétrospective de ce chan-
gement, voir J. MERCIEr, L’administration publique: de l’École classique au nouveau
management public, Québec, PUL, 2002, p. 371 (comparaison entre l’administration
publique classique et le nouveau management public).
44. Beaucoup de manuels présentent les préceptes de la nouvelle gestion publique sans tenir
compte de l’analyse contextuelle (culture politique, administrative, organisationnelle) et
de la très grande diversité des systèmes politiques. Faute de science, il s’agirait davantage
d’une rhétorique dont les lacunes ont été soulignées par C. POLLITT et G. bouCKAERT,
Public Management Reform. A Comparative Analysis, 2 e éd., Oxford, Oxford Univer-
sity Press, 2004, p. 196 (management reform as a science?). Dans la perspective de
réformes ou de transformations des modes de gestion, même Peters doit reconnaître que
la théorie organisationnelle n’est pas suffisamment avancée pour introduire une approche
différentielle: B.G. Peters, «Qu’est-ce qui fonctionne? Les antiennes de la réforme
administrative», dans B.G. PETERS et D. SAVOIE (dir.), Réformrr le secteur public : où
en sommes-nous ?, Québec/Ottawa), PUL/Centre canadien de gestion, 1998, p. 59, à la
page 60.
45. J. CHEVALLIEr, op.cit,, note 29, p. 31.
46. H. SÉRIEYX et G. ARCHIER, L’entrepiise du 3e type, 2 e éd., Paris, Seuil, 1988, p. 150 (thème
de la qualité).
104 Les Cahiers de Droit (2006) 47 c. de D. 89
50. «Our thesis is simple. The kind of governments that developed during the industrial
era, with their sluggish, centralised bureaucracies, their preoccupation with rules and
regulations, and their hierarchical chains of command, no longer work very well...
They became bloated, wasteful, ineffective. » : D. OSBORNE et T. GAEBLER, Reinventing
Government : How the Entrepreneurial Spirit is Transforming the Public Sector, Reading
(Mass.), Adison Wesley, 1992, p. 11-12.
51. C. POLLITt et G. BOUCKaeRT, op.cit,, note 44, p. 62.
52. C. HECKsCHEr, «Defining the Post-Bureaucratic Type», dans C. HECKsCHEr et A.
DONNELLON (dir.), The Post Bureaucratic Organizaiion : New Perspectives on Organi-
zational Change, Thousand Oaks (Cal.), Sage, 1994, p. 14, à la page 24.
53. J. LeCLerC, Gérer autrement l’administration publique. La gestion par résultats, 2 e éd.,
Québec, Presses de l’Université du Québec, 2001, p. 79.
106 Les Cahiers de Droit (2006) 47 C. de D. 89
58. D.J. SAVOIE, «What is Wrong with the New Public Management?», dans S.P. oSBORNE
(dir.), Public Management. Critical Perspeciive,, t. I, Londres/New York, Routledge,
2002, p. 263 ; J.I. g o w et C. DUFOUR, « I s the New Public Management a Paradigm ? Does
it Matter ? », Revue internationale des sciences administratives, vol. 66, no 4,2000, p. 583
(réponse nuancée).
59. C. ROUILLARD et autres, La réingénierie de l'Etat, Québec, PUL, 2004, p. 53-55 (critique
de la rrengineering).
60. Pour un bilan critique de cette vision induite par le nouveau management public, voir:
R.B. DENHaRT et J.V. DENHART, «The New Public Service: Serving Rather than Stee-
ring», Public Adm. Rev,, vol. 60, no 2, 2000, p. 554 (tableau comparatif des objectifs du
nouveau management public et du nouveau service public).
61. D. MoCKLe, «Zéro contentieux. L’ouverture d’une troisième voie en droit administratif
par le règlement amiable des différends », (1991) 51 R. du B. 45, à la page 58.
62. J. CheVaLLIER, « L e discours de la qualité administrative», Revue française d’admi-
nistration pubiique, vol. 46, 1988, p. 121 ; O. GÉLINIER et P. PUMIR, «Qualité totale et
mutation du management», dans V. LABouCHEIX (dir.), Traité de la qualité totale-Les
nouvelles règles du management des années 90, Paris, Dunod, 1990, p. 101; M.
GUÉNAIRE, «La qualité juridique à l’intérieur de l’administration», (1990) A.J.D.A. 75;
S. CohEN et R. BRAND, Total Quality Management in Government, San Francisco,
Jossey-Bass, 1993, p. 10 (justifications du management de la qualité pour les organismes
gouvernementaux).
63. Les fondateurs de l’école du Public Choice ont été J.M. BUCHANAN et G. TULLOCK, The
Calculus of Consen.. Logical Foundaiions of Constituiionll Democracy, Ann Arbor
(Mich.), University of Michigan Press, 1962, p. 13 (postulat individualiste du choix). Pour
une synthèse, voir: D A . FARBER et P.P. FRICKEY, Law and Public Choice, Chicago/
Londres, University of Chicago Press, 1991, p. 38 (analyse économique du politique et
détermination économique des institutions politiques). Afin de mieux prendre la mesure
des controverses suscitées par l’approche Public Choice, voir: J.L. MashAW, Greed,
Chaos and Governance, New Haven/Londres, Yale University Press, 1997, p. 199. Pour
une justification politique de Public Choice, peu convaincante, voir: P. SELf, Govern-
ment by the Market? The Politics of Public Choice, Londres/Boulder (Col.), Macmillan
Press/West View Press, 1993, p. 56. L’impact du courant Public Choice sur le droit public
a été analysé par le professeur McAuslan notamment pour mettre en lumière le contraste
entre l’approche coercitive et les approches volontaires issues du modèle du marché:
P. MCAUSLAN «Public Law and Public Choice» (1988) 51 Mod. L. Rev. 681 698. Dans le
champ de l’administration publique cette influence a été plus précoce : V e t E OSTROM
«Public Choice A Different Approach to the Study of Public Administration» Public
Administration vol 31 1971 p 203
108 Les Cahiers de Droit (2006) 47 C. de D. 89
64. R.A. POSNEr, Economie Analysis of Law, 3 e éd., Boston/Toronto, Little/Brown, 1986,
p. 19 (source du mouvement Law and Economics dans les travaux de Guido Calabresi
et R.H. Coase). Sur ce dernier, voir R.H. CoASE, Le coût du droit, Paris, PUF, 2000, p.
16 (présentation d’Y.-M. Morissette).
65. J.M. BUChANAN, The Limits of Liberty, Chicago/Londres, The University of Chicago
Press, 1975, p. 6 (calculus of consent). L’origine hobbésienne est explicitement reconnue
par Buchanan.
66. V. VaLenTIN, Les conceptions néo-libérales du droit, coll. «Corpus essais», Paris,
Economica, 2002, p. 13 (application de la méthodologie économique aux institutions
juridiques et politiques).
67. À titre d’exemple, voir le site officiel du GOUVERNEMENt DU QUÉBEC, Portail Québec.
Votre portail gouvernemental de services, [En ligne], 2003, [www.gouv.qc.ca] (30 janvier
2006). Sur cette dimension, voir: P. JON, « L a commercialisation de l'Etat: citoyens,
consommateurs et émergence du marché public », dans B.G PETERS et D J . SAVOIE (dir.),
Les nouveaux défis de la gouvernanc,, Ottawa/Québec, Centre canadien de gestion/PUL,
1995, p. 49. Le phénomène du «gouvernement en ligne», qui constitue un progrès majeur
dans l’accessibilité des services, accentue paradoxalement cette tendance consumériste
par un clivage entre les attentes de l’usager à l’égard de l’interface informatique et les
finalités endogènes du e-Governement. Dans cette perspective, voir E. bROusseau,
«The Three Challenges for e-Governement», dans G. CHATILLon et B. du MARAIS (dir.),
eGovernmentfor the Beneftt of Citizens, Actes du colloque organisé par le Conseil d’État
et l’Université Paris-I Panthéon/Sorbonne, Bruxelles, Bruylant, 2004, p. 243, à la page
246.
D. MOCKLE La gouvernanee publique et le droit... 109
68. L.M. JohNSON BAGBY et J.L. FRANKE, «Escape From Politics : Philosophic Foundations
of Public Administration», Management Decision, vol. 39, 2001, p. 628 (influence de
Hobbes). Sur le thème de la nature humaine et de l’égoisme chez Hobbes : G.S. KaVKa,
Hobbesian Moral and Political Theory, Princeton (N.J.), Princeton University Press,
1986, p. 44 et suiv.
69. B. DE SPINOZA, Tractatus Theologico-Politicus, Œuvres, t. III, coll. «Epithémée», Paris,
DTTT7 1 n n n n r e ' j 1/TTAI K VTJT CAC + CAT K v^fTT Cyli
P U r , 1999 [1 éd. : 16/OJ, chap. XVI, p. JOJ et J O / , chap. A v i l , p. J 4 1 .
70. Cette formule de style dix-neuvièmiste constitue un élément du préambule de l’article
91 de la Loi constitutionnelle de 1867 relatif aux compétences des autorités fédérales
en droit canadien: Loi constitutionnelle de 1867, 30 & 31 Vict., R.-U., c. 3 ; L.R.C. 1985,
app. II, no 5.
110 Les Cahiers de Droit (2006) 47 c. de D. 89
71. «La gouverne constitue l’appareil dynamique central d’une politie instituée en régime
d’État»: G. BERGERON, L’État en fonctionnement, coll. «Logiques politiques», Paris/
Québec, L’Harmattan/PUL, 1993, p. 35. Avec le recul du temps, le terme «gouverne»
peut être adapté au contexte de la gouvernance où l’État collabore avec plusieurs acteurs
publics et privés dans l’élaboration des politiques publiques.
72. Si la question de l’efficacité a été posée en termes explicites par l’analyse économique du
droit, l’opposition entre le droit et l’efficacité est apparue en France, pour le droit admi-
nistratif, au début des années 80 et reste une interrogation récurrente: J. CheVALLIER
et D. LOSCHAK, « Rationalité juridique et rationalité managériale dans l’administration
française», Revue française d’administration publique, no 24, 1982, p. 703 (infléchisse-
ment de la rationalité juridique) ; J. CAILLOSSe, «L’administration française doit-elle
s’évader du droit administratif pour relever le défi de l’efficience ? », dans F. LAÇASse et
J.C. THOENIG (dir.), L’action publique, coll. « Logiques politiques », Paris, L’Harmattan,
1996, p. 307, à la page 309 ; J. CAILLOSSe, « Le droit administratif contre la performance
publique?», (1999) A.J.D.A. 195.
73. G. TEUBNER, Le droit, un système autopoïétique, coll. «Les voies du droit», Paris, PUF,
1993, p. 43; F. OSt, « L e droit comme pur système», dans P. BOURETZ (dir.), La force
du droit, Paris, Esprit, 1991, p. 139, à la page 141 (clôture autoréférentielle du droit).
D. MOCKLE La gouvernanee publique et le droit... 111
74. Loi organique no 2001-692 du 1er août 2001 relative aux lois de finances, J.O. du 2 août
2001, 12480 ; Projet de loi organique modifiant la loi organique du 1er août 2001 relative
aux lois de finances, Projet de loi no 343 adopté en première lecture par l’Assemblée
nationale, 19 novembre 2004.
75. S. TROSA et B. PERRET, «Vers une nouvelle gouvernance publique? La nouvelle loi
budgétaire, la culture administrative et les pratiques décisionnelles », Esprit, février 2005,
p. 68 (ampleur des transformations liées au nouveau management public) ; J.-F. STROLL,
« Réforme de V État et gestion par la performance », Esprit, décembre 2002, p. 193 (notion
de performance définie par cinq caractéristiques).
112 Les Cahiers de Droit (2006) 47 C. de D. 89
des milieux visés (appareil d’État et haute fonction publique) 76 , car, très
tôt, la littérature savante avait manifesté une ouverture envers la gestion
publique par objectifs 77 . Le débat que suscite désormais cette réforme
permet de mieux mesurer l’ampleur des transformations par rapport au
modèle traditionnel 78 . Sur ce point, l’évolution de plusieurs pays occiden-
taux, sans être identique, montre une nette convergence, avec néanmoins
des attitudes contrastées par rapport au rôle du droit dans la mise en œuvre
des changements. Ainsi, le décentrement du droit propre à la gouvernance
contemporaine ne constitue pas un phénomène uniforme et deux modèles
finissent par émerger.
Dans une perspective interne, propre au droit, le scénario de l’inclusion
/ exclusion constitue une réalité tangible, car une ou plusieurs réformes
législatives peuvent représenter une étape indispensable pour imposer les
principes du nouveau management public. En droit américain, le rapport
Gore de 1993 a été à l’origine de la Government Performanee and Results
Act de 199379 et de la Government Management Reform Act de 199480.
La même séquence a été reproduite au Québec où un rapport a précédé,
en 1996, l’adoption de la Loi sur Vadministration publique (2000)81. Cette
loi-cadre a introduit la gestion par résultats de façon extensive dans le
secteur public. La France présente également un cheminement du même
76. B. ABATE, La nouvelle gestion pubiiqu,, coll. «Systèmes», Paris, L.G.D.J., 2000, p. 9
(résistance au changement).
77. P. HUSSENOT, La gesiion publique par objectifs, coll. «Management public», Paris,
Éditions d’Organisation, 1983, p. 38 (contrôle de gestion des organismes publics). Le
rapport de la commission Blanc sur la réforme de l’État en 1993 était annonciateur
d’une volonté de changement: C. bLANC, Pour un État stratèg,, garant de l'intérêt
général, Commission «État, administration et services publics de l’an 2000», Paris, La
Documentation française, 1993, p. 77 (autonomie de management pour les services) et
p. 99 (évaluation des politiques publiques).
78. En vertu de la Loi organique no 2001-692 du 1er août 2001 relative aux lois de finances,
précitée, note 74, le budget est structuré en programmes dont l’élaboration relève de
chaque ministre conformément aux politiques publiques et aux contraintes budgétaires :
A. BARILARI, « L a mise en œuvre de la LOLF», dans M. BOUVier (dir.), Réforme des
finances pubiiques, démocratie et bonne gouvernance, Paris, L.G.D.J., 2004, p. 21. Les
programmes reposent sur la gestion par objectifs et l’évaluation des résultats requiert des
indicateurs de performance : A. BARILARI, « Réforme de la gestion publique et responsa-
bilité des acteurs», (2005) A.J.D.A. 696, 697.
79. Government Performance and Results Act of 1993', Pub. L. no 103-62,107 Stat. 285 (103rd
Congress),
80. Government Management Reform Act of 1994, Pub. L. no 103-356, 108 Stat. 3410.
81. Loi sur l’administration pubiiqu,, précitée, note 28. Sur l’évolution de la réforme après
2000, voir le bilan de D. PROULx et S. BRIÈRE, « La réforme administrative au gouverne-
ment du Québec: étude du processus de changement sur la culture organisationnelle»,
Administration pubiique du Canada, vol. 48, 2005, p. 53.
D. MOCKLE La gouvernanee publique et le droit... 113
82. Loi organique no 2001-692 du 1er août 2001, réformant Vordonnanee du 2 janvier 1959
portant loi organique relative aux lois de finances (LOLF), J.O. du 2 août 2001, 12480.
83. A. BARILARI, «Réforme de la gestion publique et responsabilité des acteurs», loc. cit,
note 78, 698: «C’est l’essence même de la responsabllité managériale qui est ainsi
instaurée»; S. TROSA et B. PERRET, loc. cit., note 75. R. HERTZOG, «Quelques aspects
de la loi organique relative aux lois de finances dans ses rapports avec le système admi-
nistratif», (2006) A.J.D.A. 531, à la page 533 (la gestion, instrument et finalité de la
réforme de l’État); M. LASCoMBEs et X. VANDENDRIESSCHE, « L e droit dérivé de la
LOLF», (2006) A.J.D.A. 538, à la page 539 (mise en œuvre de la loi par voie de circu-
laires, de recommandaiions et de mémentos émanant du ministère de l’Économie et des
Finances).
84. SECrétARIAT DU CONSEIL DU TRÉSOR, Gestion des agences dans quelques administra-
tions de l’OCDE, rapport de l’Observatoire de l’administration publique de l’ENAP,
Québec, Gouvernement du Québec, 2004, p. 85-86.
85. ORGANISAiION DE COOPÉRATION e t DE DÉVeLOPPEMENT éCoNOMiQUEs (OCDE), Les
autres visages de la gouvernance pubiique : agence,, autorités administratives et établis-
semenss publics, Paris, Service des publications de l’OCDE, 2002, p. 26.
114 Les Cahiers de Droit (2006) 47 C. de D. 89
86. Loi sur l’Agence canadienne d’inspeciion des aliments, L.C. 1997, c. 6.
87. Décret désignant l’Agence des services frontaliers du Canada comme ministère et le
président comme administrateur généra,, TR/2003-218, (2003) Gaz. Can. II, 3234.
88. Loi constttuant l’Agence des services frontaliers du Canada, Projet de loi C-26 (adopté
le 13 juin ZOOJ), 1 session, 38 législature, (Can.) ; désormais L.C. 2005, c. 38. En droit
fédéral, la création d’agences par voie législative est un phénomène contemporain. Ainsi,
en 2005, l’Agence de gestion des ressources humaines de la fonction publique du Canada
a été créée par la Loi modifiant la Loi sur la gestion des finances publiques, la Loi sur
l’École de la fonciion publique du Canada et la Loi sur les langues officielles, L.C. 2005,
c. 15, art. 1. Une agence de développement économique a été instituée par la Loi consti-
tuantl Agence de développement économique du Canada pour les régions du Québec,
L.C. 2005, c. 26. Au moment de la dissolution de la 38e législature, le 29 novembre 2005, le
projet de loi C-75, Loi concernant l’Agence de la santé publique du Canada et modifiant
certaines lois, avait été déposé : 1 session, 38 lég., 53-54 Elizabeth II, 2004-2005, C-75.
D’autres entités deviennent des organismes différenciés sur un modèle inspiré par celui
des agences de services. L’organisme «Bibliothèque et Archives du Canada» en est un
exemple: Loi constttuant Bibliothèque et Archives du Canada, modifiant la Loi sur le
droit d’auteur et modifiant certaines lois en conséquence, L.C. 2004, c 1 1 .
89. G. WAYMARK et J.D. WRIGHT, Les organismes de services spéciaux: Vue d’ensemble du
projet des organismes de services spéciaux, Ottawa/Hull, Centre canadien de gestion/
Approvisionnements et Services Canada, 1995, p. 9 (depuis l’annonce du projet des
organismes de services sociaux en décembre 1989, seize organismes fédéraux avaient été
ainsi désignés à des fins d’autonomie de fonctionnement tout en étant toujours intégrés
à leur ministère d’attache).
90. Loi sur l’Agence métropolitaine de transport, L.Q. 1995, c. 65; L.R.Q., c. A-7.02.
91. Loi sur l’Agence de l’efficacité énergéiiqu,, L.Q. 1997, c. 55; L.R.Q., c. A-7.001.
92. Loi sur l Agence des partenariats public-prive du Québec, L.Q. 2004, c. 32.
D. MOCKLE La gouvernanee publique et le droit... 115
tion ((PBO) doit faire l’objet d’un projet de loi soumis et approuvé par le
Congrès. Cette loi offre l’originalité d’inclure la structure de l’entente-cadre
qui doit lier l’organisation créée sur le modèle des agences de services
avec le ministère responsable. Depuis 1997, au moins cinq «agences» du
type PBO ont été conçues dans des champs d’intervention qui relèvent de
l’éducation, du commerce, de la défense et du transport 93 . La Nouvelle-
Zélande représente un cas singulier puisque la création d’organismes de
la Couronne (Crown entities,, qui correspondent au modèle des agences,
découle des dispositions de la Public Finance Act de 198994 qui impose
l’existence d’une loi organique pour chaque organisme créé. Le résultat est
un peu déroutant puisque les derniers chiffres publiés à ce sujet montrent
l’existence de 153 lois qui correspondent à un nombre équivalent d’orga-
nismes de la Couronne (environ 76 p 100 des employés du secteur public
non commercial) 95
Les États-Unis, le Canada et le Québec se démarquent de la tendance
générale sur deux points précis. Les agences représentent une formule en
nette progression tout en étant relativement peu nombreuses par rapport
à l’ensemble de l’appareil d’État qui conserve ses caractéristiques tradi-
tionnelles et, ce qui est essentiel, elles sont majoritairement, à quelques
exceptions près, créées par voie législative (une loi spécifique pour chaque
agence). Dans les quelques États de l’OCDE où la formule des agences
connaît un net succès, le contraste est très fort par l’importance numé-
rique de ce type d’organisation et une réelle distanciation du droit. La
Suède, la Grande-Bretagne et les Pays-Bas 96 forment une trilogie marquée
par la reconversion massive de l’appareil d’État en agences 97 et un relatif
désintérêt pour le droit, compte tenu de l’absence de support législatif.
L’Australie, pour sa part, représente un cas un peu particulier puisque les
autorités ont élaboré un guichet unique de prestation de services directs à
98. Centrelink, [En ligne], 1997, [www.centrelink.gov.au/]. Sur Centrelink, voir R. MuLGAN,
«L’imputabilité publique des agences prestataires : le cas de Centrelink en Australie»,
RISA, vol. 68, no 1, 2002, p. 51.
99. Commonwealth Services Delivery Agency Act (1997), Cth., Acts of Parliament of the
Commonwealth of Australia, No. 31 of 1997. Voir également C. o'FAIRCHEALLAIGH,
J. WANNA et P. WELLER, Public Sector Management in Australia: New Challenges,
New Direction,, 2 e éd., South Yarra, Macmillan Australia, 1999, p. 162 et suiv. (service
delivery).
100. En mai 2002, la Commission européenne avait préconisé la création d’une instance
commune des frontières extérieures chargée de la gestion de la coopération opéra-
tionnelle aux frontières extérieures des États membres: EUROPA, [En ligne], [europa.
eu.int/scadplus/] (16 mai 2005). Cette priorité a été reprise dans le programme
de La Haye adopté lors du Conseil européen des 4 et 5 novembre 2004 (liste de
dix priorités). Pour le site officiel de l’Agence (Boarder Management Agency),
voir Europa-Justice and Home Affairs-External Borde,, [En ligne], [europa.
eu.int/comm/jusiicehome/news/informationdoesiers/externalborder/indeueu.htm],
101. EU Agency for the Management of Operational Cooperation at the External Borders-EU
Expulsions Agency ; L. Fekete, The Deportation Machine : Europe, Asylum and Human
Rights, Londres, Institute of Race Relations, 2005, p.9.
D. MOCKLE La gouvernanee publique et le droit... 117
102. Cette dimension a été commentée dans notre étude de 2002 : D. MoCKLe, loc. cit., note
25, 163, ainsi que par le professeur Pierre Issalys dans la perspective plus globale de
l’action publique: P. ISSALYS, Répartir les normes. Le choix entre les formes d’action
étatique, rapport de recherche, Québec, ministère de la Justice du Québec et Société
de l’assurance automobile du Québec, 2002, p. 14 (porosité nouvelle de la normativité
étatique) et p. 16 (infléchissement des formes juridiques de l’action étatique).
103. P. DURAN, « Piloter l’action publique, avec ou sans le droit ? », Politiques et management
public, vol. 11, n 4,1993, p. 37 ; J. CAILLOSse, « Quand l analyse des politiques publiques
se déplace côté «droit»», (1999) 42-43 Droit et société 511, p. 514 (désuétude du droit
traditionnel) ; D. RENARD, J. CAILLosse et D. de BÉCHILLon, L’analyse des politiques
publiques aux prises avec le droit, coll. «Droit et société», Paris, L.G.D.J., 2000, p. 30
(statut mineur du droit dans l’élaboration des politiques publiques).
104. D. FELDMAN, « The Limits of Law : Can Laws Regulate Public Administration ? », dans
B.G. PETERS et J. PIerRE (dir.), op. cit., note 42, p. 279, à la page 283 (compatibilité du
droit et de la bonne gestion); K. HAWKINS, «Law as Last Resort», dans R. BALDWIN,
118 Les Cahiers de Droit (2006) 47 c. de D. 89
116. Cette influence rejoint les juristes : J.M. KEYES, «Power Tools: The Form and Function
of Legal Instruments for Government Action», (1997) 10 Can. J. of Admin. L. & Prac-
tice 133, 163 (choosing the right instrument). Dans la littérature propre aux politiques
publiques, cette tendance n’est pas une nouveauté: C O . JoNES, op. cit., note 109, p. 196
(evaluating programs); D.J. PALuMBO, «Politics and Evaluation», dans D. PALuMBO
(dir.), The Politics of Program Evaluaiion, Londres, Sage, 1987, p. 12; M. HENKeL,
Governmen,, Evaluaiion and Change, Londres, Jessica Kingsley, 1991, p. 213 (impacts
de l’évaluation); W. PARSONS, op. cit., note 110, p. 542.
117. G.C. EDWARDS et I. SHARKANSKY, Les politiques publiques : élaboraiion et mise en
œuvre, coll. « Management public », Paris, Édition d’Organisation, 1981, p. 227 (mise en
œuvre). Voir l’ensemble des textes de l’ouvrage de S.S. NAGEL (dir.), Policy Theory and
Policy Evaluaiion : Concepts, Knowledg,, Causes and Norms, New York, Greenwood
Press, 1990.
118. J.C. CLIFFORD et K.R. WEBB, Droit, objectifs publics et observaiion des normes, docu-
ment d’étude, Ottawa, Commission de réforme du droit du Canada, 1986, p. 42 (compa-
raison des moyens).
119. G. ÉTHIER, «Le management public et la performance», dans M.-M. GUAY, Performance
et secteur public. Réalttés, enjeux et paradoxe,, Québec, PUQ, 1997, p. 371, à la page
378 (concept de performance); L.M. SALaMON, «The New Governance and the Tools
of Public Action: An Introduction», dans L.M. SALaMon (dir.), op. cit., note 7, p. 1, à
la page 22 (evaluating tools).
120. R. ANGELMAR, «Les méthodes de l’évaluation», dans J.P. NIOChe et R. POInsaRD (dir.),
L’évaluaiion des politiques publiques, Paris, Economica, 1984, p. 75.
D. MOCKLE La gouvernanee publique et le droit... 121
121. P. DURAN, Penser Vaction pubiiqu,, coll « Droit et société », Paris, L.G.D.J., 1999, p. 29
(effort de rationalisation).
122. C. NOIVILLe, Du bon gouvernement des risques, coll. «Les voies du droit», Paris,
PUF, 2003, p. 26 (centralité de l'Etat dans la question des risques écologiques et sani-
taires); B. HUTTER, «Risk Management and Governance», dans P. eLIADIS, M.M. HILL
et M. HOWLeTT, Designing Government. From Instruments to Governance, Montréal/
Kingston, McGill-Queen's University Press, 2005, p. 303, à la page 303 (origines du
concept de risk-based regulaiion.. Le droit public doit intégrer cette dimension. Ainsi,
en France, la problématique du risque ouvre des perspectives nouvelles en droit adminis-
tratif : J.-B. AUBY, « Le droit administraiif dans la société du risque. Quelques réflexions »,
dans CONSEIL d’ÉTAT, Rappott pubiic 2005, Paris, Conseil d’État, 2005, p. 351.
122 Les Cahiers de Droit (2006) 47 c. de D. 89
123. Depuis 2005, le Canada a formulé une nouvelle politique sous forme de projet vert:
Aller de l’avant pour contrer les changements climatiques : un plan pour honorer notre
engagement de Kyoto, [En ligne], 2005, [www.changementsclimatiques.gc.ca/] (23 juillet
2005).
124. J. FREEMAN, «Collaborative Governance in the Administrative State», (1997) 1 Un. of
California in Los Angeles L. Rev. 1 ; R. AGRANOFF et M. MCGUIRE, Collaborative Public
Management, Washington (D.C.), Georgetown University Press, 2003, p. 43 (analyse de
modèles dans le contexte urbain).
125. CC. HOOD, The Tools of Government, Londres, Macmillan Press, 1983, p. 115; B.G
PETERS, « The Politics of Tool Choice », dans L.M. SALaMon (dir.), op. cit., note 7, p. 552,
à la page 559.
126. MJ. TREBILCoCK et autres, The Choice of Governing Instrument/Le choix des instru-
ments d’intervention. Étude faite pour le Consell économique du Canada, Ottawa,
ministère des Approvisionnements et Services Canada, 1982, p. 25 (efficacité technique
et choix des instruments). Pour une analyse rétrospective fondée sur l’introduction de
nouveaux critères : M.J. TREBILCOCK, « The Choice of Governing Instrument : A Retros-
pective», dans P. eLIADIS, M.M. H I L L et M. HOWLeTT, op. cit., note 122, p. 51, à la page
72.
127. S.H. L I N d e r et B.G. PETERS, «The Design of Instruments for Public Policy», dans S.S.
NAGEL (dir.), Policy Theory and Policy Evaluaiion : Concepts, Knowledg,, Causes, and
Norms, New York, Greenwood Press, 1990, p. 103, à la page 107 (critique des essais de
classification). Pour un aperçu des typologies, voir : F. VARONE, Le choix des instruments
des politiques publiques, Berne, Verlag Paul Haupt, 1998, p. 34.
D. MOCKLE La gouvernanee publique et le droit... 123
comparés 128 , évalués 129 , selon des paramètres fondés sur les ressources
requises, le degré de coercition, les caractéristiques behavioristes des
instruments retenus, le contexte institutionnel et le type d’acteurs, la nature
du processus, ainsi que les types de coût, pour ne donner que quelques
exemples 130 . Sans être explicités, les enjeux juridiques doivent être en
quelque sorte subsumés selon le moyen préconisé. Le choix du meilleur
instrument serait tributaire d’une connaissance optimale de nombreux
enjeux (art ou science?) 131 , ce qui débouche sur des spéculations fondées
sur la thèse des choix stratégiques et le type de mise en œuvre (implemen-
tation style)132. Le choix des outils de gouvernance présuppose en effet
une adéquation entre la détermination des objectifs et les fins recherchées,
adéquation qui permettrait de systématiser et de classer ces outils en fonc-
tion de paramètres stables du type effectivité, faisabilité, rendement, coût
et, parfois, légalité. Cette tendance est désormais critiquée, car elle ne tient
pas suffisamment compte des dimensions contextuelles liées aux diffé-
rents styles de «modèles de gouvernance», mais également parce qu’elle
ne prend pas assez en considération l’environnement politique, social et
culturel133. Autre élément significatif, la rationalité un peu naïve qui confère
à ces outils de gouvernance une perfection intrinsèque du seul fait de leurs
propriétés formelles pour atteindre des objectifs publics a été dénoncée
par le professeur Roderick Macdonald grâce à l’emploi d’une métaphore
fondée sur un outil polyfonctionnel : le couteau suisse. Sa critique met
en lumière la pauvreté de la logique instrumentale fondée sur les seules
128. M. HOWLeTT, «Policy Instruments, Policy Styles, and Policy Implementation : National
Approaches to Theories of Instrument Choice», Policy Studies Journa,, vol. 19, no 2,
1991, p. 1.
129. R. BAGChUS, «The Trade-off Between Appropriatness and Fit of Policy Instruments»,
dans B.G. PETERS et F.K.M. VAN NISPEn (dir.), Public Policy Instrumenss : Evaluating
the Tools of Public Administration, Cheltenham (R.-U.), Edward Elgar, 1998, p. 46.
130. R. LANDRY et F. VARONE, «The Choice of Policy Instruments : Confronting the Deduc-
tive and the Interactive Approaches », dans P. eLIADIS, M.M. HILL et M. HOWLeTT, op.
cit., note 122, 106, aux pages 109-110.
131. M.M. HILL, «Tools as Art: Observations on the Choice of Governing Instrument»,
dans P. eLIADIS, M.M. HILL et M. HOWLeTT, op. cit., note 122, p. 21, à la page 27. Cette
question renvoie à un débat récurrent sur la nature du management public, comme en
témoigne l’ouvrage de L.E. LYNN, Public Management as Art, Science and Profession,
Chatam (N.J.), Chatam House Publishers, 1996, p. 143.
132. M. HOWLeTT, «What is a Policy Instrument ? Tools, Mixes, and Implementation Styles»,
dans P. eLIADIS, M.M. H I L L et M. HOWLeTT, op. cit., note 122, p. 31, à la page 45.
133. S.H. L i n d e r et B.G. PETERS, «The Study of Policy Instruments: Four Schools of
Thought», dans B.G. PETERS et Frans K.M. VAN NISPEN (dir.), op. cit., note 129, p. 33,
à la page 36; A. RINGELING, «Instruments in Four: The Elements of Policy Design»,
dans P. eLIADIS, M.M. HILL et M. HOWLeTT, op. cit., note 122, p. 185, à la page 193
(governance models).
124 Les Cahiers de Droit (2006) 47 c. .d D. 89
134. R.A. MaCdONALd, «The Swiss Army Knife of Governance», dans P. eLIADIS, M.M.
HILL et M. HOWLeTT, op. cit., note 122, p. 203, à la page 225.
135. K. WEBB, «Government, Private Regulation, and the Role of the Market », dans M. M a C
NEIL, N. SARGENT et P. SWAN (dir.), Law, Regulation, and Governance, Oxford, Oxford
University Press, 2002, p. 240, à la page 253.
136. A.B. RINGELING, loc. cit., note 133, 199.
137. D . KENARD, J. CAILLosse e t D . d e D E C H I L L O N , op. cit,, n o t e 103, p . JU.
13ii. P. ISSALYS, op. cit., note 1uz, p. 1 / J (tecnmques non réglementaires).
UV. C-A. MoRAND, Le droit néo-moderne des politiques publiques, coll. «Droit et société»,
Paris, L.G.D.J., lyyy. Voir également l ouvrage collectif de J. CoMMAILLE, L . DUMouLIN
et C ROBERT (dir.), La juridicisaiion du politique. Leçons scientifiques, Pans, LGDJ,
2000. Parmi une riche moisson de contributions, voir notamment: J. CAILLOSSe, «À
propos de l analyse des politiques publiques: réflexions en tiques sur une théone sans
D. MOCKLE La gouvernanee publique et le droit... 125
droit officiel offre le maximum de latitude aux autorités afin d’élaborer des
outils de gouvernance adaptés à la logique maximaliste de l’efficacité, mais
également en fonction des moyens financiers des pouvoirs publics et des
limites de leur intervention. Ce type d’analyse suppose une vision critique
de la gouvernance qui, au-delà du discours de convivialité entre partenaires
publics et privés, engendre de nouveaux outils de pouvoir fondés sur le
dépassement progressif d’un droit public rendu « inintelligible » par l’action
ou l’inaction volontaire des concepteurs de politiques publiques. La logique
du «choix» reste plurielle, souvent fragmentée par domaines d’interven-
tion, et par la complexité des dispositifs pour atteindre des résultats dans
des champs où l’État ne peut agir isolément.
147. J. CHEVaLLIER, loc. cit., note 142, 118 (thème de l’évaluation); C.-A. MoRAND, op. cit.,
note 139, p. 108.
148. A.-J. ARNAUD, Critique de la raison juridique. 2. Gouvernants sans frontières, coll.
«Droit et société», Paris, L.G.D.J., 2003, p. 70.
149. P. LASCOUMES, «Autorité, efficacité et légitimité des instruments conventionnels d’action
publique», dans N. KASIRer et P. NOREAU (dir.), Sources et instrumenss de justice en
droit privé, Montréal, Éditions Thémis, 2002, 333, p. 342 (analyse contextuelle de l’ac-
tion publique conventionnelle) ; J.-P. GAUDIN, Gouverner par contrat : l’action publique
en quesiion, Paris, Presses de sciences po, 1999, p. 38 (essor des politiques contrac-
tuelles) ; Y. FORTIN, « La contractualisaiion dans le secteur public des pays industrialisés
depuis 1980: hors du contrat point de salut», dans Y. FORTIN (dir.), La contractuali-
sation dans le secteur pubiic des pays industrialisés depuis 1980, Paris, L’Harmattan,
1999, p. 5. Ce thème n’est pas une nouveauté en droit public. Pour la France, voir:
M. HECQUARt-THÉRON, « L a contractualisaiion des actions et des moyens publics
d’intervention» (1993) A.J.D.A. 451 ; P. LASCOUMES «Négocier le droit formes et
conditions d’une activité gouvernementale conventionnelle » Politiques et maaagement
publics vol. 4 1993 p. 47. Pour la Grande-Bretagne voir: I. HARDEN The Contracting
State coli « Studies in Law and Politics » Buckingham Open University Press 1992 ;
M FREEDLAND « Government by Contract and Public Law » (1994) Public Law 86 95 (le
D. MOCKLE La gouvernanee publique et le droit... 129
droit administratif britannique offre peu de règles contraignantes pour baliser l’utilisation
de la technique contractuelle). P. VINCENT-JoNES, « The Regulation of Contractualisation
in Quasi-Markets for Public Services », (1999) Public Law 304, à la page 316 (lien entre
régulation et contractualisation).
150. J.-P. GAUDIN, «Le sens du contrat dans les politiques publiques», Esprit, février 2001,
p. 115 (contrat et modernisation de l’action publique).
151. H. CoLLINs, Regulating Contracts, Oxford, Oxford University Press, 1999, p. 56.
152. M. CASTELLS, La société en réseaux. L’ère de l’informaiion, 2 e éd., Paris, Fayard, 2001,
p. 575 (société en réseaux) ; F. OST et M. VAN DE KERCHOVe, De la pyramide au réseau ?,
Bruxelles, Publications des Facultés universitaires Saint-Louis, 2002, p. 265 (l’impact de
l’émergence du réseau sur la théorie du droit).
153. J. BOURGAULt, loc. cit., note 27, p. 26.
154. J. PIerRE et B.G. PETERS, op. cit., note 11, p. Il et 45.
130 Les Cahiers de Droit (2006) 47 c. de D. 89
raux. Le décentrement relatif des politiques publiques par osmose avec des
acteurs privés, de même que l’impact non négligeable de la mondialisation
et le développement des institutions de marché au détriment des protections
nationales (néolibéralisme), rend plus aléatoire la configuration tradition-
nelle du droit positif. Dans la recherche de ce qui pourrait constituer une
nouvelle raison juridique, André-Jean Arnaud constate la rupture de la règle
des trois unités (unité de temps, unité de lieu, unité d’action) qui a régi le
droit aussi bien que le théâtre classique 158 . Dans le même esprit, la rupture
de l’unité de lieu et d’action est à l’origine des réflexions de Sabino Cassese
sur Y arena pubblica en transposant dans une autre dimension spatiale ce
droit composite (ordinamenti compositi) qui sert de laboratoire à l’expé-
rimentation de formules nouvelles 159 . En signalant la dualité croissante du
Ius Inventum et du Ius Positum Cassese met en lumière le phénomène
de dépassement du droit positif160 À défaut de pouvoir offrir un contre-
modèle cohérent et homogène la gouvernance accentue cette dimension
composite où le droit traditionnel est pour ainsi dire « complété » par un
vaste ensemble de formules de rechange qui ne peuvent DIUS être considé-
rées comme un phénomène marginal Cette tension oourrait éventuellement
engendrer un effort d’assimilation et d e rattranage n a r le droit nositif D a n s
l’attente de ce d é n o u e m e n t l’analyse inrirlirme He l'action miblinne ne nent
ç • v ™ A ' A- •+•*• A 161 A A \-
raire i économie cie ces nouveaux Qisposiuis cie gouvernance . /\u-cieia
A ' <-• U <-1 1 A' A <-• A A A <-162 1 'a
de reactions hostiles sur la degradation des sources du droit 1 , la reflexion
• A- 3 - • < - ' 1 U • 4. I A A' A 4.
juridique est orientée vers un laborieux travail de décodage, notamment
r 163
en t r a n c e .
158. A.-J. ARNAUD, op. cit., note 148, p. 90.
159. S. CASSESE, Lo spazio giuridico globale, Rome/Bari, Editori Laterza, 2003, p. 77.
Le thème de Varena pubblica revêt plus d’importance dans son ouvrage de 2002: S.
CASSESE, La crisi dello Stato, coll. «Sagittari», Rome/Bari, Editori Laterza, 2002, p. 74
(arenapubblica: nuoviparadigmiper lo Stato).
160. S. CASSESE, Lo spazio giuridico globale, op. cit., note 159, p. 77.
161. Pierre Issalys suggère de prendre acte de cette situation afin de résoudre le problème
de la légitimité tout en formulant des réserves sur les limites de l’approche formaliste
du droit: P. ISSALYS, loc. cit., note 140, 167 (accepting the explosion informs of public
action). Dans la littérature savante, la question de la légitimité est récurrente : M. LANORd
FARINELLI, « L a norme technique: une source du droit légitime», (2005) R.F.D.A. 738,
748 (absence ou sous-représentation de partenaires essentiels).
162. F. OSMAN, «Avis, directives, codes de bonne conduite, recommandations, déontologie,
éthique, etc., réflexions sur la dégradation des sources privées du droit», (1995) RTD
civ., 509.
163. P. DEUMier, Le droit spontan,, Paris, Economica, 2002, p. 323 (intégration du droit
spontané dans les ordres juridiques) ; B. DELAUNAY, «Chartes, usagers et engagements
de qualité dans le secteur public», dans Y. FORTIN (dir.), op. cit., note 149, p. 147;
V. bLéhAUT-DUBOIS, «À l’école des chartes», (2004) A.J.D.A. 2431,2433 (lacharte, acte
unilatéral ou contractuel ?).
132 Les Cahiers de Droit (2006) 47 c. de D. 89
Ce droit positif qui pourrait être qualifié par pure convenance de « droit
classique» est altéré dans ses trois composantes classiques du jugement, de
la loi et du contrat. Si les formules nouvelles induites par la gouvernance
reposent sur une logique d’hybridation, cette évolution résulte en grande
partie de l’élargissement de la technique contractuelle. Pour la loi (normes
abstraites, générales et impersonnelles), c’est davantage le processus d’éla-
boration qui est rejoint par l’approche consensuelle, car la nature finalisée
des programmes (normes-objectifs) ne repose pas systématiquement sur
la négociation pour leur application. Cependant, comme ces objectifs sont
souvent le fruit d’une action concertée entre l’État et des acteurs privés,
la gouvernance projette l’image d’un conventionnalisme qui imprègne ses
mécanismes et ses procédés. Ce phénomène de contractualisation des actes
unilatéraux revêt une importance particulière pour répondre aux objectifs
du développement durable ce qui incite la littérature savante à segmenter
la gouvernance par champ d’application Il existe ainsi une gouvernance
environnementale qui possède une rationalité proore tout en exacerbant
quelques caractéristiques de la gouvernance oubliaue Les mécanismes de
rechange à la réglementation occupent une olace grandissante: ententes
attestations certificats d’autorisation nrogrammes d’assainissement codes
volontaires '• partenariats certification Sur le plan He la technirme inr'irlirme
les c o d e s volontaires r e p r é s e n t e n t à bien des épards u n e altération rie
i> <- -i <-' i/- J M A A \ m-A i’ <- - ' •' ’-i •*
1 acte unilateral (modele du code) au profit de 1 acte négocie, sans qu il soit
possible de déterminer avec certitude si les engagements qui en découlent
' 1 1 A. A T1 C 4 A ' • 1> 1 • A. J ’ I'*.*.'
constituent réellement des contrats, ils font désormais 1 obi et d une litte-
• J ' I I J 1 1 ' - 1 ' J 1 ’ • 4. /
166. D. MoCKLe, loc. cit., note 25, 200 (codes de conduite et codes volontaires).
167. P. ISSALYS, op. cit., note 102, p. 62.
168. E. SERVERIN, «Quelles mesures pour la justice ?», dansL. CADietet L. RICHER, Réforme
de la justice, réforme de l'Etat, coll. «Droit et justice», Pans, PUF, 2003, p. 49, à la page
62 (diversité des indicateurs).
169. E. BREEN, loc. cit., note 21, 25.
170. Voir les textes regroupés sur le tneme de la contractualisation de la justice dans L. CADIET
et L. RIChER, op. cit., note 168, p. 185 et suiv.
171. C. OUY-eCABeRT, Procédure administrative et médiaiion. Inscription d un modèle proce-
dural dans un contexte en mutaiion, Bruxelles/Zurich, Bruylant/Schulthess, 2002, p. 109
(évocation de la nouvelle gestion publique).
1 II. E. Le ROY, « L a médiation mode d emploi», (1995) 29 Droit et dociete 39, 43.
134 Les Cahiers de Droit (2006) 47 c. de D. 89
177. «Congress created over 30 new agencies during this period alone, responding largely
to increasing public demands that government eliminate race and sex discrimination,
promote worker and consumer safety, protect individual and environmental health,
and prevent consumer fraud»: J.L. MASHAW, R.A. MERRILL et P.M. SHANE, Adminis-
trative Law. The American Public Law System, 5 e éd., St.Paul (Minn.), Thomson/West
Publishing, 2003, p. 6 ; C. Sunstein, After the Rights Revolution : Reconceiving the Regu-
latory State, Cambridge (Mass.), Harvard University Press, 1990, p. 25 (liste des agences
par période, New Deal et années 60 et 70).
178. Ce constat requiert quelques nuances. Si des organismes majeurs (en conservant les
appellations originales) du type du National Labor Relations Board (1935), ainsi que la
Civil Aeronautics Authority (1938), ont été créés durant le New Deal, le modèle initial,
l’Interstate Commerce Commission remonte à 1887 (Federal Trade Commission en
1914). Le Federal Reserve Board a été créé en 1913. Le système des agences n’est donc
pas né avec le New Deal.
179. Le paradoxe que pose leur association a été évoqué sous forme de «difficulté dialec-
tique» par M.-A. FRISON-ROCHE, «Définition du droit de la régulation économique»,
D. 2004.11.126, par. 6.
D. MOCKLE La gouvernanee publique et le droit... 137
A.C. aMAN et W. T. MAYTON, Administrative Law, 2 éd., St.Paul (Minn.), W est Publishing,
2001 ; G. LAWson, Federal Administrative Law, 3 e éd., St.Paul (Minn.), Thomson/West
Publishing, 2004.
181. J.L. MASHAW, R.A. MERRILL et P.M. SHANE, op. cit., note 177, p. 2 (place centrale du
modèle des agences); A.E. BONFIELD et M. ASIMOW, State and Federal Administrative
T 'le ' J Ci.- T-» 1 /A f \ 117 .. T~» 1 1 ' 1 ' 1f i n d 'l A J ' ' .- .-' T J 1
Law, 2 ed., St.Paul (Minn.), West Publishing, 1998, p. 2: «Administrative Law deals
with the legal principles common to all administrative agencies ».
182. «Ce type d’organisation gouvernementale, largement inspiré du modèle américain, est
un outil particulièrement attrayant lorsque l’État cherche à accroître son intervention
sur les plans économique et social»; CoMMISSION de RÉFORMe du DROIt du C A N a d a ,
Les organismes administratifs autonomes, rapport no 26, Ottawa, 1985, p. 5.
138 Les Cahiers de Droit (2006) 47 C. de D. 89
183. Cette distinction découle en partie de la Federal Tort Claims Act, Public Law, No. 79-
601, 60 Stat. 842 (1946), c. 753, 2 août 1946, art. 421(a), qui reconnaît une immunité de
principe pour l’exercice d’un pouvoir discrétionnaire dans l’exécution des lois et des
règlements. Sur cette origine américaine et son importation en droit canadien, voir : J.-D.
ARCHAMbAULt, La responsabilité extracontractuelle de l’État: le politique et l’opéra-
tionnel, Cowansville, Éditions Yvon Blais, 1996, p. 9.
184. S. ARROWSMITH, Civil Liability and Public Authorities, Londres, Earlsgate Press, 1992,
p. 170 (distinction between policy and operational levels of government activity).
185. ORGANISATION de CooPÉRaTION e t de DÉVeLOPPEMENt éCONOMiQUEs (OCDE), op. cit.,
note 85, p. 12.
186. Voir infra, note 229.
D. MOCKLE La gouvernanee publique et le droit... 139
193. J.L. MashAW, R.A. MERRILL et P.M. SHANE, op. cit., note 177, p. 11 (architecture of
an administrative agency). Les controverses récentes (2005) sur l’écoute électronique
sous l’administration Bush ont mis en lumière les agences qui relèvent directement de la
présidence et qui n’ont pas de loi constitutive. Ainsi, la Naiional Security Agency (NSA)
a été créée par un mémorandum du président Truman le 24 octobre 1952 et son rôle a
été redéfini par un «executive order» du président Reagan en 1981 : UNITED s t a t e s
INTELLIGENCe ACTIViTIES, Execuiive Order 12333, 4 décembre 1981, [En ligne], [www.
reagan.utexas.edu/archives/speeches/1981/120481d.htm].
194. P. ISsaLYS et D. LeMIEUX, op. cit., note 155, p. 389.
195. J.-L. AUTIN, «Les autorités de régulation sont-elles des autorités administratives indé-
pendantes ?», dans Environnements. Mélanges en Vhonneur du professeur Jean-Philippe
Colson, Grenoble, Presses universitaires de Grenoble, 2004, p. 439, à la page 443. Sur
la catégorie plus vaste des autorités administratives indépendantes, voir l’ensemble des
textes dans le rapport du CONSEIL d'ÉTAT, Les autorités administratives indépendantes,
Paris, Études et documents du Conseil d’État, 2001, p. 253 et suiv. ; J.-L. AUTIN, «Auto-
rités administratives indépendantes», (1997) JCA, fasc. 75; R. ChAPUs, Droit adminis-
tratif généra,, t. 1, 15e éd., Paris, Montchrestien, 2001, p. 231 (bibliographie).
196. C. F RANCH INI, «L’organizzazione», dans S. CaSSESE (dir.), Trattato di Diritto Ammi-
nistrativo Generale, 2 éd., t.I, Milan, Giuttre, 1005, p. 2M, à la page 31u,
197. E. GARCIA D E ENTERRIA et T.-R. FERNANDEZ, Curso de derecho administrativo, t. I,
12 éd., Madrid, Thomson/Civitas, 100J, p. 432 (autondades administrativas indepen-
dientes) et p. 436 (bibliografia) ; F. GARRIDO FALLA, A. PALoMAR o L M e d a , H. LoSADA
CJONZALEZ, Tratado de Derecho Administrativo, t. 1 (Parte general), 14 éd., Madrid,
Técnos, 2005, p. 471. A. BETANCOR RODRIGUEZ, «L’expérience espagnole en matière
d’autorités administratives indépendantes», dans CONSEIL d'ÉTAT, op. cit., note 195, p.
411.
D. MOCKLE La gouvernanee publique et le droit... 141
202. A.I. OGUS, Regulation: Legal Forms and Economie Theory, Oxford, Clarendon Press,
1994, p. 245 (instruments économiques).
203. ORGANISATION de COOPÉRaTION e t de DÉVeLOPPEMENt éCONOMiQuES (OCDE), Rapport
de l’OCDE sur la réforme de la réglementation, synthèse, Paris, Service des publications
de l’OCDE, 1997, p. 43 (large éventail de nouveaux instruments d’action).
204. D. MoCKLe, loc. cit., note 25, 178 (solutions de rechange à la réglementation).
205. G.B. DOERN et autres (dir.), Changing the Rules: Canadian Regulatory Regimes and
Instituiion,, Toronto, University of Toronto Press, 1999.
206. K. HAWKINS, loc. cit., note 104, 288.
D. MOCKLE La gouvernanee publique et le droit... 143
207. B.G. PETERS, «The Politics of Tool Choice», dans L.M. SALaMON (dir.), op. cit., note
7, p. 552, à la page 553 (absence manifeste du droit dans l’analyse du choix des instru-
ments) ; T. DAINTITH, « Legal Measures and their Analysis », dans R. BALDWIN, C. sCOTT
et C. HOOD (dir.), op. cit., note 104, p. 349, à la page 364 (choice of instruments).
208. L.M. SALaMon, loc. cit., note 119, 9.
209. Id., 11 : «tool choices are fundamentally political choices».
210. J. fREEMAN, loc. cit., note 124, 21.
211. K. HAWKINS et J.M. 1HOMAS, «Making Policy in Regulatory Bureaucracies», dans
K. HAWKINS et J.M. 1HOMAS (dir.), op. cit., note 200, p. 5.
144 Les Cahiers de Droit (2006) 47 c. de D. 89
224. Règlement, CEE, Règlement 302/93 du Consell du 8 février 1993, portant création d’un
observatoire européen des drogues et des toxicomanies, (1993) J.O.L. 36/1.
225. Règlement, CEE, Règlement 1035/97 du Consell du 2 juin 1997 portant création d’un
Observatoire européen des phénomènes racistes et xénophobes, (1997) J.O.L. 151/1.
226. Règlement, CEE, Règlement 2309/93 du Consell du 22 juillet 1993 établissant des procé-
dures communautaires pour l’autorisation et la survelllanee des médicaments à usage
humain et à usage vétérinaire et instituant une agence européenne pour l'évaluation
des médicaments, (1993) J.O.L. 214/1.
227. M. SHAPIRO, « The Problems of Independant Agencies in the United States and the Euro-
pean Union», Journal of European Public Policy, vol. 4, no 2, 1997, p. 276 ; M. TATCher,
« Regulation after Delegation : Independant Regulatory Agencies in Europe », Journal of
European Public Policy, vol. 9, no6, 2002, p. 276.
228. Afin de clarifier ces difficultés terminologiques, Paul Craig suggère de démarquer les
regulatory agencies des service delivery agencies: P. CRAIG, op. cit., note 191, p. 96.
148 Les Cahiers de Droit (2006) 47 c. de D. 89
mise en œuvre des programmes 232 . Par souci de limiter les interventions
politiques du pouvoir exécutif sur l’appareil administratif, la Suède a été la
première à promouvoir cette séparation, qui peut paraître paradoxale (pour
d’autres pays occidentaux), entre le gouvernement (avec les ministères) et
les agences. Depuis, le canevas de base est demeuré inchangé en dépit de
nombreuses réformes : les ministères et les ministres (le pouvoir exécutif)
ne peuvent intervenir dans la mise en œuvre des lois par les agences.
La crise budgétaire des années 80 est à l’origine du système actuel dont
il est possible de retracer l’évolution durant les deux dernières décennies 233 .
Dans le contexte de la révision de la Loi sur Vadministration publique
(1982-1988), la Suède a choisi de ne pas créer une loi spécifique pour
chaque agence en privilégiant des lois-cadres qui définissent le contexte
et les limites de leurs activités, ainsi que la gestion par objectifs. Dans une
seconde vague de réformes (1988-1998), les agences ont perdu des attribu-
tions importantes au profit des collectivités territoriales, et le cadre insti-
tutionnel a été revu pour accroître l’efficacité budgétaire et la gestion par
résultats. Le portrait actuel demeure quelque peu déroutant: les sources
que nous avons consultées à ce sujet révèlent l’existence d’une douzaine
de ministères et de petits départements de services publics, alors qu’en
contrepartie le nombre d’agences gravite autour de 300, avec pour résultat
un déséquilibre des effectifs (98 p. 100 des employés de l’administration
publique travaillent dans une agence) qui leur assure une nette prépondé-
rance politique.
Si les agences disposent d’une réelle autonomie pour leur fonction-
nement, elles restent en principe subordonnées au gouvernement en étant
rattachées à un ministère. Pour chaque agence, le contrôle du pouvoir
exécutif repose sur une «lettre de mission» qui énonce des objectifs, des
tâches, des normes au niveau opérationnel et des mécanismes de reddition
de comptes. Le modèle de l’agence incarne la gestion par objectifs et par
résultats. Une fois la mission énoncée, les agences disposent d’une latitude
considérable pour les moyens, ainsi que pour leur propre organisation. La
question du statut des employés est centrale en vue d’expliquer l’attrait
que représente ce modèle. En confiant en grande partie sa politique de
232. Art. 5, Constitution (Regeringsform) du 6 juin 1809, telle que traduite dans F.-R. et
P. DARESTE, Les constitutions moderne,, 4 e éd., t. II, Paris, Sirey, 1929, 479, p. 485. La
Constitution de 1809 n’est plus en vigueur en raison de plusieurs réformes constitution-
nelles subséquentes.
233. SECrétARIAT du CONSEIL du TRÉSOR, op. cit., note 84, p. 85 et suiv. ; T. L a r s s o n ,
«Suède», dans l'ORGANISATIOn de COOPÉRATIon e t de DÉVeLopPEMENT éCONoMiQUES
(OCDE), op. cit., note 85, p. 199 et suiv. Pour un tableau chronologique complet des
réformes, voir: C. POLLITT et G. BOUCKAERt, op. cit., note 44, p. 290-291.
D. MOCKLE La gouvernanee publique et le droit... 151
236. Pour les origines et un tableau général dans un ouvrage de droit administratif, voir:
P.P. CRAIG, op. cit., note 191, p. 91.
237. O. JaMes, «Business Models and the Transfer of Businesslike Central Government
Agencies», Governance, vol. 14, 2001, p. 235; C. TALBOT, «Executive Agencies: Have
They Improved Management in Government ? », Public Money & Managemen,, vol. 24,
2004, p. 111 (bilan critique).
238. «The agency will simply be regarded as part of the parent department»: P.P. CRAIg,
op. cit., note 191, p. 110-111 (agencies: legal status).
239. PRIMe MINISTeR's OFFICE OF PUBLiC SERVICes REFORM (THE), Better Government
Services-Execuiive Agencies in the 21st Century. The Agency Policy Review-Report
and Recommendations, Londres, Cabinet Office, 2002.
D. MOCKLE La gouvernanee publique et le droit... 153
240. R. LoVeLL, «Citizen’s Charter: The Cultural Challenge », Public Administration, vol. 70,
1992, p. 395.
241. O. JaMes, The Execuiive Agency Revoluiion in Whitehall, Londres/New York, Palgrave/
Macmillan, 2003, p. 2.
242. A. GIDDENS et T. bLAIr, La troisième voie, Paris, Seuil, 2002, p. 165.
243. Voir supra, note 85.
244. C. 1 ALBOT, « The Agency Idea », dans C. POLLITT et C. 1 ALbot (dir.), Unbundled Govern-
ment. A Critical Analysis of the Global Trend to Agencies, Quangos and Contractuah-
sation, Londres/New York, Routledge, 2004, p. 3, à la page 6.
154 Les Cahiers de Droit (2006) 47 c. .d D. 89
245. Id., 12: «By regulation we mean the “standard operating procedures” and rules which
are laid down within government for how public bodies must operate. ».
246. F. GAINS, « Adapting the Agency Concept », dans C. POLLITT et C. TALbot (dir.), Unbun-
dled Governmen,, op. cit., note 244, p. 53, à la page 54.
247. G. WAYMARK et J.D. WRIGHT, op. cit., note 89, p. 9.
248. Loi constttuant i Agence des services frontaliers du Canada, précitée, note 88.
D. MOCKLE La gouvernanee publique et le droit... 155
250. B.G. PETERS, The Future of Governing, op. cit., note 57, p. 77 (flexible ggvernment).
251. Loi sur l Agence des douanes et du revenu du Canada, L.C. 1999, c. 17.
252. Loi constituant l Agence des services frontaliers du Canada, précitée, note 88,
art. 20-28.
D. MOCKLE La gouvernanee publique et le droit... 157
253. Loi sur L’Agence canadienne d’inspeciion des aliments, précitée, note 86.
254. Loi sur l’Agence des douanes et du revenu du Canada, précitée, note 251 ; modifiée par
la Loi constttuant l’Agence des services frontaliers du Canada, précitée, note 88.
255. Loi sur l’Agence des partenariats public-privé du Québec, précitée, note 92.
256. Cette orientation reflète un compromis à la suite des polémiques concernant le dépôt
du projet de loi 61 le 17 juin 2004 (sanctionné le 17 décembre 2004). Sur les critiques
exprimées, voir: C. ROUILLARD et autres, op. cit., note 59, p. 100.
158 Les Cahiers de Droit (2006) 47 c. de D. 89
Conclusion
Le terme «gouvernance» est sans équivoque. Il indique la priorité
accordée aux méthodes et aux mécanismes de transformation de l’ac-
tion publique, ainsi qu’aux modes de gestion. Peu importe s’il est analysé
comme une expression nouvelle de la gouvernabilité ou comme un discours
plus ou moins homogène, il connaît une large diffusion dans plusieurs
disciplines. Il faut d’abord appréhender la gouvernance comme un phéno-
mène politique et administratif qui reflète la transformation du rôle des
États dans un contexte de mondialisation. Sous l’impulsion du nouveau
management public, l’expansion d’un mode universel de gestion des orga-
nisations contribue à une atténuation de la spécificité étatique. De même,
dans le contexte de l’élaboration des politiques publiques, de nouveaux
mécanismes et dispositifs sont en voie d’être créés sans considérations
particulières pour la question du droit. Le phénomène des agences, sur
le plan tant de la régulation que de l’exécution, accentue le morcellement
de l’appareil administratif au profit de l’État polycentrique. Si la recom-
position des modes de gestion est dictée par des impératifs d’efficacité, la
transformation de l’action publique reflète de nouveaux modes de légitimité
et une importance accrue de rapports négociés pour inclure, le cas échéant,
des acteurs non étatiques dans la mise en œuvre des politiques publiques.
Si une autre façon de gouverner devient manifeste, une autre figure de
l’État émerge graduellement264. La gouvernance publique requiert donc une
réflexion sur le pouvoir, les stratégies de reconversion de l’action publique,
les transformations de la gestion et la configuration de l’appareil d’État.
En dépit de sa vaste diffusion dans d’autres disciplines, le thème
de la gouvernance dans sa dimension de gouvernance publique démarre
plus lentement dans la littérature juridique, notamment celle d’expression
française, et les publications à ce sujet sont récentes 265 . Même du côté anglo-
américain, les analyses sont largement orientées vers les nouvelles techno-
logies de pouvoir (les outils de gouvernance) au détriment d’une réflexion
plus large sur la question du droit et sur l’évolution du droit public. Cette
vision instrumentale est toutefois contestée comme le montrent les études
citées dans notre texte. Le désintérêt relatif des juristes découle également
du phénomène de la constitutionnalisation du droit qui connaît un impact
médiatique considérable (chartes et contrôle de constitutionnalité des lois).
L’invisibilité des enjeux liés à la gouvernance procède ainsi de causes
systémiques et non de choix rationnels. Faut-il aller plus loin en postulant
l’incompatibilité? Pour reprendre un constat posé par Jacques Chevallier,
« la gouvernance [... ] commandée par une rationalité d’ordre politique [... ]
se situe à première vue dans un rapport d’extériorité au droit 266 ». L’idée
d’une gouvernance extérieure au droit serait ainsi le reflet d’une opposition
dans la rationalité et les modes d’intervention.
De façon plus pragmatique, la gouvernance constitue un cadre plus
propice que le droit formel pour trouver des solutions concrètes à des
problèmes techniques et commerciaux concernant des produits, des biens
et des services dont l’utilisation relève de l’accord entre des partenaires
économiques, techniques, scientifiques et sociaux de même que des orga-
nismes publics. Sur ce plan, elle apporte un autre éclairage à la question
de la démocratie politique en offrant un «procéduralisme conventionna-
liste» plus adapté aux attentes des groupes de pression et des postulats de
la théorie économique de l’efficience. Sur ce plan, elle répond davantage
au fonctionnement des lobby s et des groupes d’intérêts de la démocratie
américaine que des perspectives classiques de la démocratie délibérative,
comme le propose Habermas avec le concept procédural de démocratie
publique et transparente induit par l’État de droit 267 . Dans ce contexte
de démocratie négociée, les modes de formation du droit échappent aux
exigences qui rythment l’élaboration du droit formel, notamment les lois et
règlements. En apparence plus convivial et plus ouvert, le projet politique
de la gouvernance souffre toutefois d’un déficit de légitimité puisque les
acteurs en cause ne représentent souvent que leurs propres intérêts 268 . Son
mode de fonctionnement favorise un mode particulariste de formation du
droit au détriment du modèle universaliste qui est le produit de la loi et de
la démocratie représentative. Cette différence peut expliquer le sentiment
d’extériorité au droit, voire une incompatibilité avec l’osmose du couple
droit et démocratie issu de la philosophie politique des Lumières.
Au-delà de ces enjeux dans la conceptualisation de l’action publique,
la gouvernance publique ne peut être séparée du droit dans l’expression
des techniques de gouvernement. C’est un simple constat, car le droit et
la science politique ne peuvent être dissociés dans l’exercice du pouvoir.
Il est indispensable de clarifier l’existence d’une typologie du droit qui en
serait l’expression spécifique. Sur ce point, nous pouvons constater l’exis-
tence d’un droit de la gouvernance publique, avec néanmoins des réserves
et des nuances.
Le droit de la gouvernance entretient un triple rapport complexe et
ambigu avec l’objet «droit». Dans un premier temps, notre étude nous a
permis de constater et de souligner un ancrage important dans le droit légi-
féré traditionnel, notamment pour la nouvelle gestion publique. À des fins
de légitimité et de transparence, la loi a servi dans plusieurs droits natio-
naux de moteur pour imposer les préceptes de la nouvelle gestion publique.
Son rôle est encore plus manifeste quand elle offre un cadre structuré et
cohérent pour la création des agences, notamment les agences d’exécution.
La loi sert à formuler en termes explicites les impératifs du nouveau mana-
gement public, quitte à promouvoir la culture du rendement et de l’évalua-
tion. Dans un deuxième temps, c’est encore ce droit, que nous pourrions
qualifier par pure convenance de «droit traditionnel», qui sert comme
vecteur d’expansion de la logique de concertation propre à la gouvernance
contemporaine. Si le constat d’une contractualisation croissante de l’action
publique est un fait largement reconnu, le procédé du contrat connaît une
diffusion considérable, au point d’infléchir d’autres catégories associées
aux actes unilatéraux. Tant pour la gestion (négociation des objectifs et des
documents-cadres) que pour les politiques publiques (codes volontaires,
chartes d’usagers, règlements négociés), la figure classique du contrat est
268. La question de la légitimité représente une vaste problématique avec des réponses diver-
gentes ou contrastées comme en témoignent ces deux articles: C. LAFAYE, «Gouver-
nance et démocratie: quelles reconfigurations?», dans L. CARDINAL et C. ANDREw
(dir.), La démocratie à l’épreuve de la gouvernance, Ottawa, Presses de l’Université
d’Ottawa, 2001, p. 57, à la page 64 (la gouvernance en panne de démocratie?); J.-G.
BELLEY, «Gouvernance et démocratie dans la société neuronale», dans L. CARDINAL et
C. ANDREW (dir.), idem, p. 153, à la page 155 (la gouvernance comme processus collectif
d’apprentissage).
162 Les Cahiers de Droit (2006) 47 c. de D. 89
réactivée dans des proportions qui dépassent largement ce qui avait été
anticipé pour la technique contractuelle à titre de mode normal de l’action
gouvernementale. Si les fonctions du contrat sont multiples, comme le
montrent les travaux de Jean-Guy Belley269, le conventionnalisme diffus
de l’action publique pose sans équivoque la problématique de l’hybridation
et des formules de substitution.
Si l’allégement réglementaire ou l’évincement du droit commencent à
être mieux connus, cette dimension montre en revanche que la gouvernance
repose sur un programme plus ambitieux. Outre le fait que le droit n’est
plus indispensable dans l’élaboration de nouveaux dispositifs normatifs, la
gouvernance peut assigner au droit une fonction purement instrumentale
pour instaurer une gouverne néo-juridique. La loi peut devenir le support
formel d’instruments (codes, plans, chartes, engagements) dont la nature
juridique reste indéterminée, sorte de mode neutre où par simple imitation
ou cooptation de formules issues des trois composantes classiques du
Jugement, de la Loi et du Contrat, des solutions de rechange deviennent
les moyens privilégiés de dépassement du droit. L e «gérer autrement»
du nouveau management public trouve également sa contrepartie dans le
«Gouverner autrement». Le nouveau modèle montre que le droit n’est
plus le support exclusif de ces nouvelles technologies de pouvoir large-
ment calquées sur les catégories traditionnelles du droit. Ce retrait du
droit semble plus relever du calcul stratégique par domaines ou champs
d’intervention que de l’élaboration d’une «alternative» globale au droit.
Comme le droit de la gouvernance est un terrain fertile pour des solutions
de rechange, il peut donner l’illusion que la gouvernance relève d’un autre
droit ou d’une imitation du droit. En réalité, il n’existe aucune possibilité
de dissocier le droit public des succédanés qui servent de formules de
rechange au droit. Ces formules déjuridicisées sont le pur produit du droit
officiel afin que l’État, plus précisément le pouvoir exécutif et la haute
administration, puissent disposer des outils nécessaires pour gouverner à
la périphérie du droit ou « au-delà » du droit. Sur ce plan, la gouvernance
peut être interprétée comme un cadre plus propice à des choix stratégiques
dégagés en partie des contingences du droit. Le titre choisi par Christopher
Pollitt et Colin Talbot pour leur ouvrage paru en 2004, Unbundled Govern-
ment210, est révélateur des tendances contemporaines sur la reconfiguration
de l’État et la question du droit.
269. J.-G. BELLEY, Le contrat entre droit, économie et société, Cowansville, Éditions Yvon
Blais, 1998.
270. C. POLLITT et C. TALbot (dir.), op. cit., note 244.
D. MOCKLE La gouvernanee publique et le droit... 163
276. L. VON STEIN, Die Verwattungslehre (Science de l’administration), Stuttgart, J.G. Cotta,
1866-1884, 8 vol. Pour une introduction à l’œuvre de Lorenz von Stein, voir E. FORS-
THOFF, Traité de droit administratif allemand, Bruxelles, Bruylant, 1969, p. 96. Pour
von Stein, l’État était l’«État social», ce qui présupposait une fusion entre le principe
de l’administration sociale et les finalités de la science de l’administration. Même si von
Stein accordait une place importante au droit et à l’État de droit, il n’avait pas fait de
ces éléments le centre de sa construction théorique. Malgré le fait qu’elle puisse paraître
désormais bien lointaine, son œuvre marque une étape importante de la théorie de l’État
fondée sur la notion d’État social. Voir E.W. BÖCKENFÖRDE, Le droit, l’État et la consti-
tution démocratique, Paris/Bruxelles, L.G.D.J./Bruylant, 2000, p. 148 et suiv.